Post on 16-Sep-2018
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Ecole d’oraison Bordeaux 2015
Paroisse Saint Ferdinand
"L’oraison n’est qu’une relation intime d’amitié
où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu
dont on se sait aimé."
Sainte Thérèse d’Avila
2
L‟Ecole d‟oraison est animée par les frères carmes du
Broussey, merci à frère Marie-Pierre et à frère Laurent
Marie http://monastere-broussey.fr/
Tous les dessins sont extraits de : Réveille ton cœur,
Floris, ©EdB 1992 avec l‟aimable autorisation des Editions
des Béatitudes.
L‟école d‟oraison d‟annecy a également contribué en
mettant à disposition un certain nombre de textes, Merci
à Claude Sabatié et Lydie Ferdergrün
L‟article de la séance 2 sur la structure de la personnalité
a été emprunté au cahier d‟oraison de Philippe Duvaux
3
4
Sommaire du cahier de l’Ecole d’oraison
Page
Sommaire des chants 4
Pourquoi aller à l‟école d‟oraison 5
Déroulement des rencontres 7
Charte de l‟école d‟oraison 8
Prières d‟introduction 10
Questions pour les groupes de partage 12
1ère rencontre : Pourquoi l‟oraison ? 13
2ème rencontre : Structure de la personne 24
3ème rencontre : L‟oraison de recueillement 33
4ème rencontre : difficultés et sécheresses 44
5ème rencontre : Quelques fondement de la vie
d‟oraison
51
6ème rencontre : La foi et la contemplation 65
Carnet de chants 74
Bibliographie 83
Qu’est-ce que l’oraison ? c’est …
5
Chants Chant à
l'Esprit saint
Page 74
Introduction
à l'oraison
Page 75
Chant pendant
l'oraison
Page 78
Chant à
Marie
Page 79
Chant d'action de
grâce
Page 80
Soirée 1 Viens esprit
Saint
P 74
Que vive
mon âme à
te louer
P 75
Garde-moi mon
Dieu
P78
Envoie-nous
ton fils
p 79
Que tes œuvres
sont belles
p 80
Soirée
2
idem Je viens
vers toi
P 75
Mon âme se
repose en paix
P 78
Chercher
avec toi
Marie
p 79
Les mains
ouvertes devant
toi
p 81
Soirée
3
idem Comme un
souffle
fragile
P 76
Jésus le Christ
lumière
intérieure
p78
Envoie-nous
ton fils
p 79
Psaume de la
création
p 81
Soirée
4
Viens esprit
Saint, couvres
nous de ton
ombre
P 74
N‟aie pas
peur
P 76
Garde-moi mon
Dieu
P78
Chercher
avec toi
Marie
p 79
Si le Père vous
appelle
p 82
Soirée
5
idem Ecoute la
voix du
seigneur
P 77
Mon âme se
repose en paix
P 78
Envoie-nous
ton fils
p 79
Que tes œuvres
sont belles
p 80
Soirée
6
idem Ecoute,
Ecoute
P 77
Jésus le Christ
lumière
intérieure
p 78
Chercher
avec toi
Marie
p 79
Les mains
ouvertes devant
toi
p 81
6
Pourquoi aller à l’école d’oraison … par le Frère Laurent-
Marie, ocd, Monastère des Carmes du Broussey
Accompagnant l’école d’oraison 2015 de St Ferdinand
Revenir à l‟école, revenir à l‟école de la prière, c‟est entrer
dans le mouvement filial du Verbe de Dieu fait chair, Jésus,
tourné vers le Père, notre Père des Cieux (en exemple sa
prière sacerdotale, Jn 17).
« Apprends-nous à prier » (Lc 11,1) Lui demanderont
ses disciples. Pourquoi cette question à Jésus alors que la
prière fait déjà partie de l‟univers judaïque ? Jésus Lui-
même s‟est nourri de la prière liturgique commune adressée
au Père Céleste : « Après le chant des psaumes, ils partirent
pour le mont des Oliviers » (Mt 26,30).
Mais voici qu‟une fois de plus, Jésus, souvent seul, à
l‟écart, est « quelque part à prier, quant il eut cessé… », ses
disciples l‟interrogent…, parce qu‟ils sont touchés au plus
profond d‟eux-mêmes par sa prière qui manifeste une
Présence, celle de Dieu, celle du Père au milieu d‟eux, sa
proximité. Il nous faudrait reformuler la question des
disciples pour saisir cette demande qu‟à susciter Jésus en
eux : « Apprends-nous à entrer en relation avec Dieu le Père,
de cette même intimité qui transparaît entre Toi et Lui ».
Les disciples désirent faire dans la prière cette
rencontre personnelle avec Dieu. Si bien qu‟ils demanderont
encore à Jésus : « Montre-nous le Père » (Jn 14,8). Ils n‟ont
pas encore compris que pour regarder le Père, il faut
regarder le Fils : « Qui M‟a vu a vu le Père », répondra Jésus
à Philippe. Il faudra qu'ils soient témoins de la Résurrection
pour que leurs yeux et leur cœur s‟ouvrent. Et nous ?
L‟oraison est cette rencontre personnelle, intime, avec
le Christ, cet entretien familier que nous prenons à l‟écart
avec Celui qui est plus présent à nous-mêmes que
7
nous-mêmes, et que nous le sommes à Lui. Avons-nous
vraiment foi en Sa Parole, et en Sa Présence ? « Vous
reconnaîtrez que Je suis en Mon Père et vous en Moi et Moi
en vous » (Jn 14, 20).
C‟est toujours à cette même expérience du prophète
Elie que nous sommes conviés : « Il est Vivant le Dieu devant
qui je me tiens » (1 Roi 17,1 ; 18,15). En même temps, il nous
faut éviter quelques écueils dans la prière, un peu comme
lors de la manifestation de Dieu à son prophète Elie sur la
montagne de l‟Horeb : « Yahvé dit : „„Sors et tiens-toi dans la
montagne devant Yahvé‟‟. Et voici que Yahvé passait. Un vent
violent et fort déchirait les montagnes et brisait les rochers
en avant de Yahvé : Yahvé n‟était pas dans le vent. Après le
vent, un tremblement de terre : Yahvé n‟était pas dans le
tremblement de terre. Après le tremblement de terre, un
feu : Yahvé n‟était pas dans le feu. Après le feu, le murmure
d‟une brise légère. Or, dès qu‟Elie l‟entendit, il se voila la
face de son manteau, sortit et se tint à l‟entrée de la
grotte… » (1 Roi 19, 11ss). Il nous est précisé en note que le
« murmure d‟un vent tranquille symbolise la spiritualité de
Dieu et l‟intimité dans laquelle il s‟entretient avec ses
prophètes ».
Désormais, nous le savons par Sa Parole, il ne s‟agit plus
de gravir la montagne de l‟Horeb, mais de descendre en
notre cœur, nous y recueillir pour Le trouver, Le
rencontrer : « Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta
chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là,
dans le secret » (Mt 6,6). Encore nous faut-il entendre
quelques fondamentaux de la prière, éviter ou comprendre
les écueils, ou encore se comprendre, se connaître pour
mieux Le connaître, c‟est-à-dire faire une rencontre en
esprit et en vérité. Cela implique de retourner à l‟école ou
peut-être enfin d‟y entrer
…
8
Déroulement des rencontres
Soirée 1 : Accueil et présentation générale
enseignement : Pourquoi l‟oraison - définition et place parmi les
prières de l‟église … et Questions/réponses
Oraison
Inscriptions
Soirée 2 : Groupes de partage
enseignement : Structure de la personne et Inhabitation de Dieu
en l‟âme … et Questions/réponses
Oraison
Soirée 3 : Groupes de partage
enseignement : Oraison de recueillement … et
Questions/réponses
Oraison
Soirée 4 : Groupes de partage
enseignement : Difficulté et sécheresses … et
Questions/réponses
Oraison
Soirée 5 : Groupes de partage
enseignement : Quelques fondements de la vie d‟oraison … et
Questions/réponses
Oraison
Soirée 6 : Groupes de partage
enseignement : La foi et la contemplation … et
Questions/réponses
Oraison
9
« Plus de gens qu’on ne le croit seraient capables de faire oraison,
mais personne ne leur a appris. Or, sans cette intériorité, les
baptisés s’essoufflent, leur action devient cymbale sonore et
même leur pratique religieuse, quand elle existe, se dessèche. »
Saint Jean-Paul II
Charte école d’oraison
1 - L’école d’oraison se veut une aide concrète pour découvrir
l’oraison. Selon Sainte Thérèse d’Avila, « l’oraison n’est qu’une
relation intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul
avec ce Dieu dont on se sait aimé ».
2 - Dieu est réellement présent dans l‟âme. Cela vaut donc la peine
de réaliser sa présence.
3 Ŕ L’école d’oraison s’adresse donc aux personnes qui désirent
commencer ou poursuivre l’oraison, ancrée dans leur vie
quotidienne.
4 - Le participant s’engage à assister à toute la session (six
soirées). Il veillera également à prendre un temps d’oraison
quotidien.
10
5 - L‟école d‟oraison s‟inscrit dans une paroisse. Elle se fait à la
demande et avec le soutien du curé, en obéissance avec l‟évêque. Le
curé de la paroisse aura à cœur d‟en assurer le suivi selon la forme
la plus appropriée…
6 - L‟école d‟oraison repose sur des enseignements doctrinaux
simples et sur des conseils pratiques, dispensés par une équipe
mêlant prêtre et laïcs. Au début de chaque séance à partir de la
seconde, un moment d‟échange entre participants permet de
partager sur sa pratique entre chaque rencontre. Un temps
d‟oraison de trente minutes permet de s‟exercer à poursuivre
quotidiennement cet apprentissage de l‟oraison.
7 - Dans la fidélité à la doctrine de l’Eglise, l’enseignement
s’inspire principalement des écrits des maîtres du Carmel
(Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Thérèse de l’Enfant Jésus).
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Prières d’introduction
Prière à la trinité pour l’oraison
Seigneur Jésus,
Viens me purifier par ton Sang précieux,
et que la puissance de Ton Esprit Saint vienne établir
ta Seigneurie sur tout mon être et
m‟ouvre à une réelle intimité avec toi.
Esprit Saint,
que cette école d‟oraison t‟appartienne entièrement
et que Ton souffle embrase tout entier mon cœur.
Viens allumer en moi un feu ardent qui ne s‟éteindra jamais.
Je n‟ai rien d‟autre à t‟offrir que ma bonne volonté,
mais certain de Ton Amour pour moi,
je viens humblement, te demander ce soir,
le don et la grâce de l‟oraison
parce que j‟ai un grand désir
de mieux te connaitre et mieux t‟aimer.
Viens me dépouiller maintenant
de tout ce qui m‟empêche d‟entendre, d‟écouter, de
recueillir,
d‟assimiler et de mettre en pratique Ta parole.
Père très bon, trois fois Saint,
je crois en Toi, j‟espère en Toi, et je t‟adore,
Donne moi par l‟oraison la simplicité et la pureté
D‟un petit enfant devant toi.
Amen
12
prière officielle du 5° centenaire de la naissance
de sainte Thérèse de Jésus (Avila, 1515-2015)
Sainte mère Thérèse de Jésus !
Toi qui t‟es livrée tout entière au service de l‟amour,
enseigne-nous à marcher avec détermination et fidélité
sur le chemin de l‟oraison intérieure,
en fixant notre attention sur le Seigneur Dieu Trinité,
toujours présent au plus intime de notre être.
Consolide en nous le fondement
d‟une véritable humilité,
d‟un détachement renouvelé,
et d‟un amour fraternel inconditionnel,
à l‟école de Marie, notre Mère.
Transmets-nous ton ardent amour apostolique pour l‟Église.
Que Jésus soit notre joie,
notre espérance et notre dynamisme,
Source inépuisable
de la plus profonde intimité.
Bénis la grande famille carmélitaine,
et apprends-nous à prier de tout coeur avec toi :
« Je suis à Vous, Seigneur, pour Vous je suis née.
Que voulez-Vous faire de moi ? »
Amen.
13
De la 2 ième à la 6 ième rencontre :
Question au sein des groupes de partage sur l’oraison
Echanger autour des questions (non exhaustives) suivantes :
(peut-être un premier tour où chacun s’exprime et s’écoute sans
enchainer sur une discussion, puis un second tour où chacun peut
partager une réaction, un complément de son partage, un ressenti
sur un témoignage …)
1. Quel est votre attente par rapport à l’école d’oraison ?
2. Avez-vous pû dégager du temps pour l’oraison ? combien de
temps ? A quel moment de la journée ?
3. Avez-vous fait oraison dans le même lieu ou en avez-vous
changé ? Quelles différences ? Avez-vous aménagé un espace
(icone, bougie, fleurs …) ?
4. Quelle posture vous convient ? Qu’est ce qui vous gène
encore ? Avez-vous essayé toute posture (banc, coussin …) ?
5. Comment s’organise pendant l’oraison vos pensées, votre
imaginaire ?
6. Avez-vous traversé des moments agréables ou des moments
désagréables ?
7. Avez-vous noté des changements dans votre vie quotidienne
que vous pensez liés à l’oraison ?
14
1ère rencontre : Il est grand le mystère de la prière !
Pourquoi faire oraison
Dans le Catéchisme de l'Eglise catholique et l’évangile
« D'où vient la prière de l'homme ? Quel que soit le
langage de la prière (gestes et paroles), c'est tout l'homme qui
prie. Mais pour désigner le lieu d'où jaillit la prière, les Ecritures
parlent parfois de l'âme ou de l'esprit, le plus souvent du cœur
(plus de mille fois). C'est le cœur qui prie. S'il est loin de Dieu,
l'expression de la prière est vaine. Le cœur est la demeure où je
suis, où j'habite (selon l'expression sémitique ou biblique : où je
"descends"). Il est notre centre caché, insaisissable par notre
raison et par autrui ; seul l'Esprit de Dieu peut le sonder et le
connaître. Il est le lieu de la décision, au plus profond de nos
tendances psychiques. Il est le lieu de la vérité, là où nous
choisissons la vie ou la mort. Il est le lieu de la rencontre, puisque
à l'image de Dieu, nous vivons en relation : il est le lieu de
l'alliance. »
nn°2562-2564
« On entre en prière comme on entre en liturgie : par la
porte étroite de la foi. À travers les signes de sa Présence, c'est
la Face du Seigneur que nous cherchons et désirons, c'est sa
Parole que nous voulons écouter et garder. »
n°2656
« Le choix du temps et de la durée de l'oraison relève
d'une volonté déterminée, révélatrice des secrets du cœur. On
ne fait pas oraison quand on a le temps : on prend le temps d'être
pour le Seigneur, avec la ferme détermination de ne pas le lui
« Jésus,
15
reprendre en cours de route, quelles que soient les épreuves et la
sécheresse de la rencontre. »
n°2710
« La prière, formée par la vie liturgique, puise tout dans
l'Amour dont nous sommes aimés dans le Christ et qui nous donne
d'y répondre en aimant comme Lui nous a aimés. L'Amour est la
source de la prière ; qui y puise, atteint le sommet de la prière. »
Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°2658
« La prière chrétienne est une relation d'alliance entre
Dieu et l'homme dans le Christ. Elle est action de Dieu et de
l'homme ; elle jaillit de l'Esprit Saint et de nous, toute dirigée
vers le Père, en union avec la volonté humaine du Fils de Dieu fait
homme. »
Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°2564
Matthieu 6, 5-8 Sur la prière…
« Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites :
ils aiment, pour faire leurs prières, à se camper dans les
synagogues et les carrefours, afin qu'on les voie. En vérité je vous
le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu pries,
retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton
Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le
secret, te le rendra. Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les
païens : ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux
écouter. N'allez pas faire comme eux ; car votre Père sait bien ce
qu'il vous faut, avant que vous le lui demandiez. »
16
Pour aller plus loin :
Au rendez-vous de Dieu Texte de Henri Caffarel
Je voudrais vous gagner à l'idée de réserver chaque jour, toutes
occupations cessantes, un certain temps pour Dieu seul. Ce
pourrait bien être pour vous la grande expérience de votre vie.
Vous savez, cela change l'existence d'un homme, de se rendre
chaque jour au rendez-vous de Dieu.
Mais peut-être êtes-vous loin d'être conquis à cette idée. Et vous
allez m'objecter: « Dieu, mais je le connais à peine. Suis-je même
sûr de croire en lui! ». L'objection ne m'arrête pas. Tant que vous
chercherez à connaître Dieu avec votre seul cerveau, vous
n'avancerez guère. Mais si une bonne fois vous cessiez de discuter
sur Dieu?
Et si, pendant ce temps donné, chaque jour, vous essayiez de vous
entretenir avec lui, ou même tout simplement de vous exposer à
son regard comme un drap déployé au soleil ? Je vous assure qu'il
se passerait quelque chose. Oh ! rien de spectaculaire. Mais après
quelques jours ou quelques semaines, vous remarqueriez du
changement en vous: déjà, en moins d'inquiétude, plus de calme, de
meilleurs rapports avec les autres. Très probablement aussi en
profondeur, une certaine joie de vivre. Et, surtout, Dieu moins
incertain.
Et si vous persévérez, vous ne tarderez pas à penser comme tant
d'autres: "je ne peux plus m'en passer; ce temps quotidien réservé
à Dieu est devenu pour moi une nécessité. " Mais oui: prier, c'est
vital. Comme il est vital pour l'arbre de plonger ses racines en
terre et pour les fleurs coupées d'avoir leurs tiges dans l'eau.
Comme il est vital pour tout homme de respirer, de manger, de
dormir.
L'âme a des besoins aussi impérieux que le corps; sont-ils
insatisfaits, elle dépérit. Tant d'hommes et de femmes seraient-
ils aussi malheureux, agressifs si leur âme n'était pas sous-
alimentée, malade ? La prière nourrit l'âme.
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Vous hésitez encore. Ne serait-ce pas que vous avez peur de Dieu?
Que de gens ont peur de Dieu! Rien de surprenant à cela: Celui qui
leur a été présenté n'était souvent ni attirant ni rassurant. Mais
voyons, si Dieu a créé la petite fleur du sentier, ce n'est pas pour
l'écraser du pied; s'il a créé le cœur humain, comment ne le
prendrait-il pas avec d'infinies précautions ?
Je veux vous dire encore une chose. Et si Dieu vous attendait? Et
si vous comptiez beaucoup à ses yeux ?
Le laisserez-vous attendre en vain ?
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Citations et Textes de méditations
« L'homme est un mendiant de Dieu.
Dieu a soif que nous ayons soif de Lui. »
St Augustin
« Souvent le silence seul est capable d'exprimer ma prière, mais
l'hôte divin du tabernacle comprend tout; même le silence d'une
âme d'enfant qui est remplie de reconnaissance !... »
Ste Thérèse de l'EJ (LT 138)
« Qu'elle est donc grande la puissance de la Prière ! (...)
Je fais comme les enfants qui ne savent pas lire, je dis tout
simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de
belles phrases, et toujours Il me comprend... Pour moi la prière,
c'est un élan du cœur, c'est un simple regard jeté vers le Ciel,
c'est un cri de reconnaissance et d'amour au sein de l'épreuve
comme au sein de la joie ; enfin c'est quelque chose de grand, de
surnaturel qui me dilate l'âme et m'unit à Jésus. »
Ste Thérèse de l'EJ (Ms C 25rv)
« Dieu est comme un soleil. Le soleil ne peut pas ne pas
éclairer. Dieu ne peut pas faire autrement que d'aimer !
Nous devons chercher l'intimité avec ce soleil qui est au centre de
notre âme. Ouvrez la fenêtre par la foi et le soleil arrivera sur
votre âme ! »
P. Marie-Eugène de l'EJ, ocd
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"Cent lettres sur la prière".
Prier c'est un besoin vital, comme de respirer, de manger, de
dormir, d'exercer ses facultés corporelles et spirituelles. Je dis
bien "vital". Qui omet de prier dépérit. Si la fonction spirituelle
est déficiente, c'est l'être entier qui est perturbé; tout comme
au plan physique quand un organe est en mauvais état.
La contre-épreuve me paraît plus éloquente encore. Je veux
parler de cet équilibre qui peu à peu s'instaure chez ceux qui
prient. Équilibre non seulement spirituel mais de la personnalité
entière.
Père Caffarel 1903-1996
L'idée que nous nous faisons de Dieu, n'est pas le vrai Dieu, ce
n'est qu'une étiquette et non une personne. Il faut passer de
l'idée à ce qu'elle représente, à la réalité; de l'idée du Seigneur
au Seigneur Lui-même. Il faut que Dieu devienne pour nous
Quelqu'un avec qui nous avons des rapports directs, vivants,
personnels, Quelqu'un dont on tient compte dans sa vie et qui,
peu à peu, remplit toute notre vie et devient notre préoccupation
constante, qui s'impose à nous et finit comme le soleil par
éteindre toutes les autres lumières, par être pour notre âme
l'élément dans lequel elle se plonge avec une joie sans bornes.
Père Étienne de Ste Marie "Conversation avec Dieu"
Le Saint-Esprit, compatissant à notre faiblesse, nous visite,
même non encore purifiés; pourvu seulement qu'il trouve notre
intelligence priant avec le désir de l'oraison véritable, il survient
en elle et dissipe toute la phalange des raisonnements et des
pensées qui l'assiègent, et la porte à l'amour de l'oraison
spirituelle.
Évagre le Pontique « Traité sur l’oraison » N°62
20
Faire oraison, c'est rencontrer Dieu, c'est s'ouvrir de plus en
plus à sa connaissance, à son amour. Une comparaison avec
l'amour conjugal le fera mieux comprendre Si les époux, le soir,
quand ils sont enfin seuls, continuent à s'occuper chacun de son
coté, sans jamais se faire don l'un à l'autre d'une parcelle de leur
temps, sans dialoguer pour essayer de se connaître mieux, sans
jamais se "contempler" avec amour, j'ai bien peur que, non
seulement leur amour ne croisse pas, mais qu'il ne résiste pas à
l'usure du temps. Il en est de même en ce qui concerne notre
amour pour Dieu, avec cette différence que ce que nous
recevrons sera incommensurablement plus grand que notre don.
Camille C. « l’emprise de Dieu »page 148
Il faut aller à l'oraison non pas comme à une corvée, une chose
imposée, en se disant:" je dois encore faire mon oraison", mais
comme à une fête, à une chose d'autant plus désirée que nous la
savons voulue par Dieu. Il y a tellement de joie à accomplir un
acte dont nous savons sans l'ombre d'un doute que c'est la
volonté de Dieu. C'est dans cette disposition d'esprit que nous
devons aborder l'oraison, et non pour jouir d'une ferveur que
nous n'éprouverons peut être pas, ou pour d'autres raisons
analogues.
Camille C. « l’emprise de Dieu »page 195
Voulez-vous aller à la mer ? Embarquez-vous sur une rivière et,
insensiblement et sans effort, vous y arriverez.
Voulez-vous aller à Dieu ? Prenez cette voie de l'oraison, si
douce, si aisée; et en peu de temps vous y arriverez d'une
manière qui vous surprendra.
Mme Guyon "Le moyen court"
Les âmes qui ne font pas oraison, me disait, il y a peu de
21
temps, un grand théologien, sont comme un corps paralysé ou
perclus, qui a des pieds et des mains mais qui ne peut s'en servir.
Certaines âmes, en effet, sont tellement infirmes et tellement
habituées à ne s'occuper que de choses extérieures, qu'on ne
saurait les en tirer et qu'elles semblent dans l'impuissance de
rentrer en elles-mêmes.
Ste Thérèse d'Avila " Château de l'âme" Ch I
Peu à peu, d'année en année, (par l'oraison) la pointe de notre
être spirituel affinée par la grâce deviendra plus sensible à la
"respiration de Dieu" en nous, à son Esprit d'amour. Peu à peu
nous serons divinisés et notre vie extérieure alors sera la
manifestation, l'épiphanie de notre vie intérieure. Elle sera
sainte parce qu'au fond de notre être nous serons étroitement
unis au Dieu Saint, elle sera féconde et des fleuves d'eau vive
s'échapperont de nous parce que nous serons branchés sur la
source même de la vie.
Père Caffarel "L'oraison, jalons sur la route" page 7
Il en coûte plus pour faire oraison que pour communier. La
communion est un acte extérieur qui est en lui-même un plaisir,
une consolation, une joie pour l'âme… L'oraison, qui est un
entretien secret entre Dieu et l'âme, dans les commencements
surtout semble au contraire un assujettissement et une peine.
Marthe Robin
Le seul bonheur que nous ayons sur la terre c'est d'aimer Dieu et
de savoir que Dieu nous aime.
St Jean-Marie Vianney - Curé d'Ars
22
L'homme ne doit pas se contenter d'un Dieu qu'il pense, car
lorsque la pensée s'évanouit, Dieu s'évanouit aussi. Bien plutôt, on
doit posséder un Dieu dans son essence, loin au-dessus des
pensées de l'homme et de toute créature. Ce Dieu ne s'évanouit
pas, à moins que l'homme ne se détourne volontairement de lui.
Maître Eckhart « Instructions spirituelles »
chap. 1
Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos
tant qu'il ne demeure en Toi.
St Augustin “Confessions” 1,I
« Pour maintenir ce contact avec le Maître il faut recourir à
l‟activité des facultés ou même à toutes sortes de petites
industries. Chacun prendra les moyens qui lui réussissent le mieux
et font ce contact le plus intime et le plus vivant. ».
P. Marie-Eugène Je Veux Voir Dieu, p. 188
23
Et le résumé en images …
24
Notes personnelles de la séance 1
25
2ème rencontre : Structure de la personne et
inhabitation en Dieu
Un peu d‟anthropologie chrétienne ! Sous ce nom savant
on trouve des notions sur la structure de la personnalité
(comment nous sommes faits), tirées de la Bible. Ces notions sont
utiles pour mieux se connaître, et mieux comprendre la nature
des relations entre nous, et avec Dieu.
En représentant notre personne par couches
successives, nous trouvons :
- Le corps
qui nous met en relation avec le
monde extérieur, le monde des
sensations (les cinq sens).
- L’affectivité
qui nous met en relation avec le
monde des sentiments, des
émotions (la sympathie,
l‟antipathie, la colère, la joie,
l‟envie, la peur, l‟angoisse, la
sérénité, etc...)
- Le mental
qui nous met en relation avec le monde des idées, de la mémoire,
des raisonnements, souvenirs, sciences, jugements, imaginations,
etc...
26
Ces trois premières facultés sont portées par le corps, ce sont
les facultés sensibles.
Elles ne disposent, en elles-mêmes, d‟aucune liberté.
C‟est la quatrième faculté qui est le siège de la liberté qui
caractérise un être humain.
- Le coeur
au centre de l‟être, le cœur, le cœur profond, n‟est pas le siège
des sentiments (c‟est l‟affectivité qui l‟est), mais comme on dit le
coeur d‟un arbre, il est le plus profond de la personne, l‟essentiel
unique de son être.
Le coeur est généralement ignoré par les psychologues, comme
par la plupart des gens. Il est pourtant la faculté qui nous met en
relation avec Dieu. Dieu y habite. Il est le lieu de la liberté et de
l‟amour. S‟il n‟est pas utilisé, il s‟atrophie, on devient incapable
d‟aimer, incapable de toute relation avec Dieu.
Normalement les couches de notre personnalité
communiquent entre elles et avec le monde extérieur (ce que
symbolisent les pointillés). Ainsi notre corps enregistre les
sensations de chaud, de froid, etc., il peut aussi agir sur le monde
extérieur. Nos sentiments dépendent souvent de ce que voit le
corps ; le mental peut contrôler : laisser libre cours aux
sentiments ou au contraire les inhiber. Le mental dépend du
cerveau qui fait partie du corps. Il peut aussi agir sur le corps
par les ordres qu‟il lui donne.
Le deuxième schéma montre une situation extrême : « l’homme
ancien » (St Paul). 13
27
Les facultés sensibles sont imperméables les unes aux autres
et avec l‟extérieur. Elles sont
fissurées à l‟intérieur d‟elles-
mêmes. L‟homme est divisé, en
conflit avec lui-même et avec
les autres. Son coeur est
comme une pierre dure et
inerte. Dieu s‟y trouve comme
en prison, forcé à l‟inactivité.
L‟homme ancien est totalement
incapable d‟aimer et de se
sentir aimé, ennemi de tous et
de lui-même, il est absolument
malheureux.
Dans ce schéma le «moi» est
situé dans les facultés sensibles.
Par exemple dans le corps, c‟est le cas du jouisseur qui vit
principalement de ses sensations. Ou bien dans l‟affectivité,
c‟est le sentimental qui est gouverné par son « ressenti » et
peut devenir une girouette que toute impression nouvelle fait
tourner. Enfin, dans le mental, l‟intellectuel qui se délecte
indéfiniment de ses idées et raisonnements sans rien
percevoir des joies ou des peines de ses proches. L‟homme
ancien est l‟esclave de ses facultés sensibles, son coeur
pratiquement est mort. Seule une intervention divine peut le
sauver ; ce qui est possible à tout moment.
28
Le troisième schéma, c‟est « l’homme nouveau » (St Paul),
l‟homme libéré.
La pierre du coeur a
été brisée ( peut-être
par la Parole de Dieu,
« tranchante comme
une épée »). L‟Amour et
la Lumière de Dieu ont
envahi toute sa
personne, unifié toutes
ses facultés et
irradient même à
l‟extérieur, pour la plus
grande joie de tous. Son moi est centré en son coeur, un coeur
vivant, libre, dirigé vers le bien et moteur de tout son être. Il
aime et il est aimé ; profondément heureux.
Naturellement, on n‟est jamais complètement l‟homme ancien
ou l‟homme nouveau, mais entre les deux, tantôt plus l‟un, tantôt
plus l‟autre, en espérant cependant que l‟on devienne
progressivement l‟homme nouveau.
Le cœur est l’ « organe » de la prière et aussi de l’oraison. La
prière sort du cœur en mettant en œuvre les facultés
sensibles. Pour l’oraison, les facultés sensibles se taisent, le
cœur est la demeure où Dieu vient aimer.
29
Citations
« Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre ;
ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est dans le secret. »
(Mt 6,6)
« Si quelqu‟un m‟aime, il gardera ma parole, et mon Père
l‟aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une
demeure chez lui. »
(Jn 14,24)
« La prière chrétienne est toujours déterminée par la
structure de la foi chrétienne, dans laquelle resplendit la vérité
même de Dieu et de la créature. C‟est pourquoi elle se présente, à
proprement parler, comme un dialogue personnel, intime et
profond, entre l‟homme et Dieu. Elle exprime donc la communion
des créatures rachetées à la vie intime des Personnes trinitaires.
[…] Elle repousse les techniques impersonnelles ou centrées sur
le moi, capables de produire des automatismes dans lesquels celui
qui prie reste prisonnier d‟un spiritualisme intimiste, incapable
d‟une libre ouverture au Dieu transcendant. »
(Cardinal Ratzinger, Lettre de la Congrégation pour la
doctrine de la foi, 1989)
« considérer notre âme comme un château fait tout entier
d‟un seul diamant ou d‟un très clair cristal, où il y a beaucoup de
chambres, de même qu‟il y a beaucoup de demeures au ciel… les
unes en haut, les autres en bas, les autres sur les côtés ; et au
centre, au milieu de toutes, se trouve la principale, où se passent
les choses les plus secrètes entre Dieu et l‟âme. » (1 Dem 1, 1.3)
30
« … pendant quelques années, j‟étais plus désireuse de voir
la fin de l‟heure que je devais passer en oraison, et d‟entendre
sonner l‟horloge, qu‟à d‟autres bonnes choses ; et, j‟aurais bien
souvent affronté de meilleur cœur je ne sais quelle pénitence
grave plutôt que de me recueillir dans l‟oraison. Il est vrai que le
démon me faisait violence si intolérablement, lui, ou mes
misérables habitudes, pour que je n‟aille pas faire oraison,
j‟éprouvais une telle tristesse en entrant à l‟oratoire, que je
devais faire appel à tout mon courage (et on dit que je n‟en
manque guère…) pour me contraindre ; enfin le Seigneur m‟aidait.
Après m‟être imposé cette contrainte j‟éprouvais plus de
quiétude et de régals que certaines fois où j‟avais eu envie de
prier. »
Thérèse d’Avila (Vie VIII, 7)
« … le centre de l‟âme, c‟est Dieu » (VF Str 1, p. 920)
« la foi est le seul moyen prochain et proportionné pour
l‟union (de l‟âme) à Dieu » - « plus une âme a de foi, plus elle est
unie à Dieu » (MC II, VIII)
« Il faut savoir avant tout que si l‟âme cherche Dieu, son
Bien-Aimé, qui est Dieu, la cherche elle-même avec infiniment
plus d‟amour. » (VF Str 3,4 ; p. 992)
« … l‟amour est une inclination de l‟âme, une force ou une
faculté qu‟elle possède pour aller à Dieu, c‟est par l‟amour qu‟elle
s‟unit à lui ; voilà pourquoi plus elle possède de degrés
d‟amour,plus elle pénètre dans les profondeurs de Dieu et se
concentre en lui. »
Jean de la Croix (VF Str 1 ; p. 921)
31
« Faisons-Lui au plus intime de notre âme une solitude, et là
demeurons avec Lui, ne le quittons jamais, c‟est son
commandement : “Demeurez en moi, et moi en vous.” Cette cellule
intérieure, nul ne pourra nous la ravir, aussi que m‟importent les
épreuves par lesquelles nous passerons : mon Unique Trésor, je le
porte “en moi”, et tout le reste, c‟est ce qui n‟est pas ! »
Élisabeth de la Trinité (L 160)
« la présence de Dieu doit être entretenue plutôt par le
cœur et par l‟amour que par l‟entendement et le discours » « il
n‟est pas nécessaire d‟avoir de grandes choses à faire (pour
l‟entretenir) : je retourne ma petite omelette dans la poêle pour
l‟amour de Dieu ; quand elle est achevée, si je n‟ai rien à faire,je
me prosterne par terre et adore mon Dieu de qui m‟est venue la
grâce de la faire, après quoi je me relève plus content qu‟un roi. »
(Frère Laurent de la Résurrection Écrits et entretiens sur
la Pratique de la présence de Dieu, p. 223)
« L‟homme n‟arrive jamais à pénétrer totalement dans son
fond intime. Celui-ci est un secret de Dieu, que Lui seul est
capable de dévoiler dans la mesure où il Lui plaît. Pourtant ce
fond intime qui a été donné à l‟homme il a aussi le devoir de le
conserver comme un bien précieux que Dieu lui a confié. »
« Dieu est bien en nous, la Trinité Très Sainte tout entière.
Si nous apprenons à bâtir à l‟intérieur de nous-mêmes une cellule
bien fermée et à nous y retirer chaque fois que cela est possible,
alors rien ne peut nous manquer en aucun endroit de ce monde. »
Sainte Edith Stein (Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix)
32
Et le résumé en images …
33
Notes personnelles de la séance 2
34
3ème rencontre : L’oraison de recueillement
La voie graduelle de l’oraison : Les 4 manières d'arroser
(de l'oraison active à l'oraison d'union, en passant par l'oraison
passive) de Ste Thérèse d'Avila (récit de sa vie Ch XI)
Ste Thérèse d'Avila nous donne une image pour comprendre
les différents niveaux d'oraison:
"Il me semble qu'il y a quatre manières d'arroser un jardin
(entendez: notre âme):
- D'abord en tirant de l'eau d'un puits à force de bras, ce
qui exige une grande fatigue de notre part.
- Ou bien en actionnant une pompe: avec moins de travail on
puise une plus grande quantité d'eau.
- Ou bien en amenant l'eau, soit d'une rivière, soit d'un
ruisseau (par une rigole ou un aqueduc): la terre est alors mieux
arrosée et mieux détrempée; il n'est pas nécessaire d'arroser
aussi fréquemment et le jardinier a beaucoup moins de travail.
- Enfin il y a la pluie abondante: c'est le Seigneur qui arrose
alors, sans aucun travail de notre part, et ce mode d'arrosage est
sans comparaison supérieur à tous ceux dont nous venons de
parler."
Je résume: le jardin, c'est l'âme; le Maître du jardin, c'est le
35
Seigneur; l‟arrosage, c'est l'oraison.
Il y a 4 situations
- 1ére étape: nous tirons un à un des seaux d'eau, avec peine.
C'est nous qui faisons, par une ascèse. C'est l'oraison active
- 2ème étape: nous actionnons une pompe qui donne plus d'eau.
- C'est encore nous qui agissons préférentiellement - donc
oraison encore active - mais, par instants, Dieu intervient plus
visiblement.
- 3ème étape: nous avons construit une rigole ou un aqueduc et
l'eau coule seule.
- Nous vivons maintenant assez ordinairement sous l'emprise
de Dieu, dans une oraison passive.
- mais, 4ème étape, lorsque Dieu nous arrose lui-même de sa pluie
et que nous n'avons plus qu'à veiller à ne pas l'en empêcher,
alors là nous sommes aux abords de l'union.
Essayons de décrypter plus en détail l'évolution que veulent
résumer les images de Sainte Thérèse d'Avila.
Voyons la première manière …
… à force de bras, laborieuse et peu transformante ; un seul
seau d'eau à la fois. Elle correspond aux prémices de l'oraison
active. Nous avons d'abord pratiqué la lecture spirituelle et la
méditation, toutes deux des pratiques mentales, et nous avons
ainsi appris à mieux connaître Dieu, donc à mieux l'aimer.
Nous sommes passés ensuite à un début d'oraison, à laquelle
nous nous sommes préparés corporellement et spirituellement, et
qui nous mène à l'oraison de recueillement actif où nous imposons,
durant un temps plus ou moins bref, le silence à nos facultés.
Á ce stade, quand nous entrons en oraison parfois nos sens
s'apaisent un temps et notre cœur se porte vers Dieu; nous
pensons à lui, nous produisons des actes d'amour.
36
Quelques fois nous devons jeter des brindilles pour raviver la
flamme, en revenant à la méditation ou à la lecture spirituelle.
Bref nous restons actifs, comme dans le monde.
C'est déjà bien et, sans que nous en soyons conscients, la
Grâce nous aide.
C'est déjà bien certes, mais c'est encore bien loin du but à
atteindre. En effet nous agissons encore uniquement suivant nos
désirs et nos critères et non ceux de Dieu. Nous ne le laissons
pas encore nous diriger à sa guise, en toutes ses exigences.
Il en va autrement à partir de la 2ème manière d'arroser.
Peu à peu nous avons "lâché prise" et Dieu prend parfois plus
ou moins la direction de notre vie, de notre cœur, de notre âme.
Nous faisons plus oraison pour lui et avec lui. Nous avons établi
une certaine intimité habituelle, quotidienne, avec Dieu, tant dans
l'action que dans le silence de l'oraison.
L'eau coule avec plus d'abondance; nous sommes ouverts à
l'influence divine, plus souples sous ses impulsions, plus
obéissants. Nous ne fonctionnons plus totalement par notre
activité, à la manière humaine, naturelle, mais de temps en temps
à la manière de Dieu, surnaturelle. Nous commençons à "vivre
dans notre âme".
Parfois Dieu nous fait bénéficier alors de l'oraison de
recueillement passif ou recueillement surnaturel. Décrivons-le.
Subitement tombe sur nous, n'importe où, n'importe quand,
une douce paix. On est "attiré au dedans" Le monde extérieur
perd de sa prééminence.
Certes la mémoire fournit toujours des souvenirs et
l'imagination des images, le mental des idées, mais cela reste en
arrière-plan de cette paix que nous goûtons un temps,
généralement bref.
« On est paisibles comme la tortue rentrée dans sa
carapace », dit Ste Thérèse d'Avila.
37
Et puis…cela passe - au début très vite - et la prééminence du
monde revient.
Ne méprisons cependant pas cette grâce volatile: elle est le
signe du passage de Dieu en notre oraison. Et en notre vie.
Et pourtant il est inutile de tenter de recréer cet état, ce
serait le faire fuir au loin car il est surnaturel: Dieu donne quand
il veut, où il veut et autant qu'il veut, à l'âme, quand elle est sans
autre désir que de lui.
C'est alors, de temps en temps, la paix et la joie du "fond de
l'océan" en oraison (et parfois dans la vie courante).
C'est ce qu'on appelle l'oraison de quiétude: entrée affirmée
dans l'oraison passive, où l'âme sent l'action de Dieu en elle et lui
est soumise.
Somptueux cadeau de Dieu, heureux instants, rares au début,
souvent très brefs, où l'orant est totalement pacifié dans sa
profondeur et qui le transforment déjà en secret.
Le monde est loin ; l'orant est comme fasciné, sa volonté étant
toute tournée vers Dieu, impuissante à ressentir autre chose que
l'aimer.
Mais on doit savoir que dans cette oraison de quiétude, si la
volonté est saisie et immobilisée (car c'est au niveau profond que
l'on ressent la paix), après une accalmie initiale, le mental,
l'imagination et la mémoire, recommencent généralement très
vite à tourner, parfois en tous sens.
Il y a comme un dédoublement de la personne: le cœur
profond, l'âme étant en Dieu alors que le reste de la personne
peut être dans l'agitation. Si vous voulez une image : Ben Hur
dort dans les bras de son Dieu pendant que ses chevaux
caracolent en tous sens. Hélas, trop souvent, l'orant non averti
de ce dédoublement négligera la quiétude totale de la
profondeur, l'enchaînement bienheureux de sa volonté, et
38
se polarisera sur les distractions.
Ce sera alors seulement en constatant, plus tard, les fruits
dans sa vie qu'il aura confirmation qu'il a vécu une oraison
passive.
Dans la 3ème manière d'arroser …
la quiétude se généralise et des phénomènes mystiques - parfois
extatiques - peuvent apparaître. Ils ne sont pas souvent donnés
mais l'essentiel est que la volonté de l'orant s'unifie avec celle
de Dieu. C'est l'oraison d'union de volonté. Voyez la phrase de la
rencontre, aboutissement de la remise à Dieu: "c'est ce que Dieu
fait que j'aime" dit Ste Thérèse de Lisieux.
Dans la 4ème manière enfin …
… c'est la pluie de la Grâce qui tombe directement du ciel. Elle
humecte le sol de l'orant sans aucune participation de sa part.
Il a perdu le contrôle. Dieu fait tout. Là, l'âme de l'orant se
dilate aux dimensions du surnaturel qui l'envahit : " tu as dilaté
mon cœur", dit le psalmiste. Ce sont les grâces d'union,
éminemment transformantes.
Attention en effet de ne pas se tromper d'objectif ! Ste
Thérèse d'Avila nous a décrit les grâces physiques et mystiques
qui, pour elle, ont accompagné les différentes "eaux".
St Jean de la Croix n'en parle pas aussi systématiquement et
Ste Thérèse de Lisieux pas du tout.
En effet les grâces sensibles ne sont pas toujours données et
c'est, non à ces phénomènes mais à la transformation de la
volonté, que l'on reconnaît l'avancement de l'âme de l'orant. Ne
cherchons donc pas ces grâces et ne nous inquiétons pas si nous
ne les recevons pas sous cette forme.
39
Textes de l’écriture et Citations
« Je reconnais devant Toi le prodige, l'être étonnant que je suis »
(Ps 138,14).
« Il est vivant le Dieu devant qui je me tiens ! » (1R 17,1)
« Je crois ! Viens en aide à mon peu de foi ! » (Mc 9,24)
L'Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons
pas prier comme il faut, mais l'Esprit lui-même intervient pour
nous en gémissements inexprimables…
St Paul Rom 8;26,28,31,38-39
Précisons ici que le recueillement ne peut être réalisé comme une
chose en soi, une opération de vide de l'esprit et des sens qui
permettrait ultérieurement de faire le plein de la présence de
Dieu. Il est plutôt l'effet, le résultat d'un effort d'attention à
Dieu, qui absorbe les forces de l'âme au point d'évacuer de sa
conscience tout ce qui n'est pas Lui. En somme l'abstraction du
monde extérieur n'est que l'envers de l'attention à Dieu.
Père E.Renault "L'oraison thérésienne" page 32
Mais il arrive à tous un moment où nous ne savons plus prier. Nous
ne savons plus joindre deux mots. C'est une invitation de Dieu à
entrer dans ce vide que nous ne savons plus combler, pour
prendre conscience que nous sommes prière. Je ne peux plus
faire de prière, je "suis" prière. Nous sommes prière par toute
notre vie, tout notre être. Dieu n'est jamais négatif: s'il paraît
enlever, c'est qu'il a déjà donné.
Sœur Marie-Paul , ocb
(Dans cette contemplation) abondant est certes ce que l'on
découvre, mais infini ce qui est au-dessus de ce que l'on saisit à
40
chaque instant…l'âme allant de commencements en
commencements par des commencements qui n'ont jamais de fin.
St Grégoire de Nysse "Commentaire sur le cantique", 940-941
C'est ainsi que, dans l'oraison, le commerce avec Dieu parvient à
une union simple et familière qui est au-delà de tout discours.
Mais il faut que Dieu fasse uniquement par lui-même cette sorte
d'oraison en nous, et rien ne serait ni plus téméraire ni plus
dangereux que d'oser s'y introduire soi même
Fénelon « Oeuvres spirituelles », aubier page 192
La contemplation consiste à recevoir.
St Jean de la Croix "Vive flamme" B 3,36
Ainsi sommes-nous, nous autres pécheurs : notre âme et nos
pensées sont tellement habituées à ne rechercher que leur plaisir -
ou plutôt leur malheur : que la pauvre âme ne se comprend pas elle-
même; pour qu'elle conçoive un nouvel amour pour son mari, et
s'accoutume à rester à la maison, il faut user de beaucoup
d'artifices, l'entourer d'amour et agir tout doucement ; sinon,
nous n'obtiendrons jamais rien. Et croyez fermement que si vous
avez soin de vous accoutumer à l'idée que vous portez ce Seigneur
avec vous, et si vous lui parlez fréquemment, vous en retirerez un
si grand profit que, voudrais-je vous le décrire, vous ne me
croiriez vraisemblablement pas. »
Thérèse d’Avila, Chemin de Perfection, 26,9-10
Sachons-le bien, le Verbe Fils de Dieu, avec le Père et
l‟Esprit-Saint, est, par essence et par présence, caché dans l‟être
intime de l‟âme ; par conséquent il faut que l‟âme qui doit le trouver
sorte de toutes choses, selon l‟affection et la volonté, et entre en
elle-même dans un très grand recueillement, considérant toutes
les choses comme si elles n‟existaient pas. C‟est pour cela que saint
Augustin, parlant à Dieu dans les Soliloques, disait: "Je ne te
trouvais pas au-dehors, Seigneur, parce qu‟au-dehors je
41
te cherchais mal, puisque tu étais au-dedans."
Dieu est donc caché dans l‟âme et c‟est là que le bon
contemplatif doit le chercher avec amour en disant : "Où t‟es-tu
caché ?" »
Saint Jean de la Croix, Cantique Spirituel B1
« Ô âme, la plus belle d'entre toutes les créatures, toi qui
désires tant connaître le lieu où se trouve ton Bien-Aimé pour l'y
chercher et t'unir à lui, voilà qu'on te dit que tu es toi-même la
demeure où il habite, la retraite et le lieu secret où il est caché ;
c'est un sujet de grand contentement et de grande joie pour toi
de voir que celui qui est ton bien et ton espérance est si près de
toi qu'il est en toi ou, pour, mieux dire, que tu ne peux exister sans
lui. Voici - dit l'Époux (Lc 17,21) - que le royaume de Dieu est au-
dedans de vous, et l'apôtre saint Paul (2Co 6,16), son serviteur, dit
: "Vous êtes temple de Dieu". Il y a seulement une difficulté, c'est
que, bien qu'il soit en toi, il est caché. Mais c'est une grande chose
que de connaître le lieu où il est caché, pour le chercher avec
certitude. »
Saint Jean de la Croix, Cantique Spirituel B1
« Je comprends et je sais par expérience que le royaume de Dieu
est au-dedans de nous… Jamais je n'ai entendu Jésus parler, mais
je sens qu'Il est en moi. »
Sainte Thérèse de l'EJ
« Croire qu'un être qui s'appelle l'Amour habite en nous, à tout
instant du jour et de la nuit et qu'Il nous demande de vivre en
société avec Lui. » « Quand on aime, on n'est plus à soi, mais à
l'objet aimé, et l'on vit plus en lui qu'en soi-même. »
Bse Elisabeth de la Trinité
Le corps et l'âme ne sont pas deux réalités distinctes au
point d'être étrangères l'une à l'autre. Les attitudes de l'un
42
réagissent sur les états de l'autre. Une position vautrée dans un
fauteuil-relaxe ne sera pas une attitude idéale pour favoriser le
recueillement de l'âme qui cherche à se concentrer pour se tenir
devant Dieu. Tout ce qui nous permet de rester longtemps
immobile et paisible, sans fatigue comme sans contention, tout
cela est à rechercher. De même les mains, les yeux, la respiration
jouent un rôle ; ou la manière d'être assis, pour avoir le buste
bien droit, etc.
P. Jean Abiven, ocd
Prenez, Seigneur
Prenez, Seigneur, et recevez, toute ma liberté, ma
mémoire, mon intelligence et toute ma volonté,
tout ce que j'ai, tout ce que je possède.
Vous m'avez tout donné : je Vous rends tout, Seigneur.
Tout est à Vous, disposez-en selon Votre bon plaisir.
Donnez-moi seulement ce qui me suffit : Votre amour et
Votre grâce ! Saint Ignace de Loyola
P. Marie-Eugène : « Pour maintenir ce contact avec le Maître il faut recourir à
l’activité des facultés ou même à toutes sortes de petites
industries. Chacun prendra les moyens qui lui réussissent le mieux
et font ce contact le plus intime et le plus vivant. » (Je Veux Voir
Dieu, p. 188).
« Le ciel vit tout entier dans mon âme. En me faisant tenir
compagnie à la Trinité sainte qui y habite, l’oraison de
recueillement est plus qu’une préparation à la vie céleste, elle en
est l’exercice réel sous le voile de la foi. » (JVVD p. 193)
« Je reconnais
devant Toi
le prodige,
l'être étonnant
que je suis. »
(Psaume 138, 14)
43
Et le résumé en images …
44
Notes personnelles de la séance 3
45
4ème rencontre : Difficultés et sécheresses
« Après de si belles promesses de joie et de paix, je me dois
de vous mettre en garde.
Je ne vous en dirai pas plus sur les grâces sensibles qui
peuvent jalonner le chemin de l'oraison, et qui ne sont ni
fréquentes ni nécessaires, avons-nous souligné. Les écoles
d'oraison n'en parlent d'ailleurs généralement pas. Savez-vous
pourquoi ?
Tout d'abord pour éviter les illusions. (Je répète qu'un
accompagnateur spirituel peut vous aider, mais à condition qu'il
soit lui-même compétent en matière d‟oraison).
Il se pourrait, parfois, que nos expériences intenses puissent
n'être que des remontées d'énergies de notre inconscient ou
bien une autosuggestion plus ou moins consciente, car de tels
états sont très gratifiants et, suivant la nature, on les désire
assez humainement. »
Claude Sabatié, Ecole d’oraison d’annecy
Les difficultés et sécheresses vont avoir un rôle pour se
prémunir contre ces illusions et pour réellement grandir dans l a
Foi.
Ecoutons Sainte Thérèse de Jésus :
« Ces misères (les distractions) ne vous causeront pas à vous
toutes autant de peine qu'à moi, elles ne s'attaqueront pas à vous
comme à moi. Songeant qu'il est possible que vous subissiez vous
aussi ce qui me fut si pénible, je vous en parle sans cesse,
46
partout, avec l'espoir de parvenir une seule fois à vous faire
comprendre que c'est inévitable et que vous ne devez ni vous en
inquiéter ni vous en affliger ; laissons aller ce traquer de moulin,
contentons-nous de moudre notre farine sans que cessent d'agir
la volonté et l'entendement. »
Château intérieur, 4 Demeures 1
« Si quelqu‟un me dit qu‟il n‟a jamais éprouvé de difficulté
dans la prière c‟est la preuve même qu‟il n‟a pas prié. Ce que je
recommande surtout c‟est qu‟on n‟abandonne pas l‟oraison, par elle
on comprend ce que l‟on fait, on obtient du Seigneur le repentir
de ses fautes et la force pour se relever. »
Vie 15,3
« Tous ces travaux ont leur prix… Mais, je l'ai vu
avec évidence, Dieu ne manque pas de les récompenser largement
même dès cette vie. Il est certain en effet qu'une seule de ces
heures où le Seigneur s'est donné ensuite à goûter à mon âme,
m'a surabondamment payée, ce me semble, de toutes les
angoisses que j'ai endurées longtemps pour persévérer dans
l'oraison »
Vie 11,11
« On ne saurait parler en même temps à Dieu et au monde,
c'est pourtant ce que nous faisons lorsque nous prions en
écoutant ce qui se dit autour de nous, ou en pensant à nos
affaires. »
Chemin de Perfection 24,4
« L'âme qui commence à marcher résolument dans cette
voie de l'oraison mentale et qui en est arrivée à ne plus faire cas
des consolations ou des tristesses excessives, des goûts et des
tendresses qu'elle reçoit ou dont elle est privée, a déjà parcouru
une grande partie du chemin. »
Vie 11,13
47
Autre témoins
« Quelquefois, lorsque mon esprit est dans une si grande
sécheresse qu'il m'est impossible d'en tirer une pensée pour
m'unir au Bon Dieu, je récite très lentement un "Notre Père" et
puis la salutation angélique ; alors ces prières me ravissent, elles
nourrissent mon âme bien plus que si je les avais récitées
précipitamment une centaine de fois. »
Ste Thérèse de l'EJ (Ms C 25v°)
« Jésus, mon seul Ami, toi que j'aime uniquement… malgré
ma petitesse extrême j'ose fixer le Soleil divin, le Soleil de
l'amour… je sais que par-delà les nuages le Soleil brille toujours.
»
Ste Thérèse de l'EJ (Ms B 5 r°)
« La première chose à faire est de dédramatiser. Il est normal
d'avoir des distractions et le Seigneur sait que nous en avons !
Tout le monde prie en ayant des distractions, telle est notre
condition d'être humain ! L'imagination tourne et c'est bien
qu'elle tourne ! L'imagination est faite pour imaginer, et il s'agit
de la laisser réaliser ce pour quoi elle a été créée, tant qu'elle ne
dérange pas trop. Nos facultés sont indépendantes et nous ne
pouvons pas les maîtriser complètement. Offrons simplement ce
désagrément au Seigneur ; Il voit notre bonne volonté ! »
Fr. Aurélien-Marie, o.c.d
Avant de mourir par le glaive, mourons à coups d'épingles.
Ste Thérèse de Lisieux, lettre 86
« Mais hélas ! O mon Dieu, que de fois nous voulons juger des
choses spirituelles comme des choses de ce monde, d‟après nos
48
propres lumières et des vues très opposées à la vérité ! Il nous
semble que devons juger de notre avancement spirituel d‟après les
années passées dans quelque exercice d‟oraison ; on dirait que nous
voulons fixer une mesure à Celui qui, quand il lui plaît, donne sans
mesure ses bienfaits et peut davantage enrichir une âme en 6
mois, qu‟une autre en plusieurs années. »
Sainte Thérèse de Jésus (Vie 39,9)
« La grande difficulté que nous trouvons dans l‟oraison,
c‟est de croire que Dieu ne se donne pas ;
nous trouvons une impression de solitude.
Nous ne percevons pas le fruit de l‟activité divine.
Le découragement vient la plupart du temps de ce que nous
croyons être seuls, que nous nous fions à l‟impression éprouvée….
Nous devons renouveler notre foi en cette vérité que le fruit de
l‟oraison est le fruit d‟une double activité : La nôtre et celle de
Dieu. »
Père Marie Eugène, ocd
« … pendant quelques années, j‟étais plus désireuse de voir
la fin de l‟heure que je devais passer en oraison, et d‟entendre
sonner l‟horloge, qu‟à d‟autres bonnes choses ; et, j‟aurais bien
souvent affronté de meilleur cœur je ne sais quelle pénitence
grave plutôt que de me recueillir dans l‟oraison. Il est vrai que le
démon me faisait violence si intolérablement, lui, ou mes
misérables habitudes, pour que je n‟aille pas faire oraison,
j‟éprouvais une telle tristesse en entrant à l‟oratoire, que je
devais faire appel à tout mon courage (et on dit que je n‟en
manque guère…) pour me contraindre ; enfin le Seigneur m‟aidait.
Après m‟être imposé cette contrainte j‟éprouvais plus de
quiétude et de régals que certaines fois où j‟avais eu envie de
prier. » (Vie VIII, 7)
49
Et le résumé en images …
50
51
Notes personnelles de la séance 4
52
5ème rencontre : Quelques fondements de la vie
d’oraison
Une fois sorti de l'oraison de quiétude, on peut s'interroger
ou doute même de l'authenticité de la grâce reçue (car, c'est
vrai, il faut se méfier des illusions ou bien on n'ose croire à tant
de grâces), s'il s'interroge donc, l'orant doit alors se souvenir
des 4 critères de véracité de l'expérience donnés par Ste
Thérèse d'Avila (pour discerner ce qui vient de Dieu de ce qui est
illusion, et servent à tous les niveaux, toute la vie).
1- transformation positive de notre attitude de vie et
détachement du monde
2- paix en profondeur. (En toutes circonstances le signe de la
venue de Dieu c'est la paix, plus que la connaissance.)
3- accroissement de l'amour, pour Dieu et pour nos frères
4- certitude de la touche divine. Thérèse d'Avila parfois
n'osait pas croire aux splendeurs que Jésus lui prodiguait
ou bien, souvent, ses confesseurs lui disaient que ce n'était
que des "imaginations de femme". Et pourtant, disait-elle,"
au fond de moi je sens que c'est vraiment de Dieu".
La nature de l'oraison est simple, toutefois, comme nous le dit
le Père Marie-Eugène, carme, la pratique de l'oraison
implique le respect de certaines conditions (p.168 de "Je
veux voir Dieu")
"Se porter vers Dieu, c'est déjà faire oraison….mais ce
mouvement filial doit être régularisé, éclairé et soutenu. Il doit
devenir assez puissant pour entraîner toutes nos énergies, assez
continu pour vivifier tous nos actes, assez profond pour saisir
toute notre âme et la faire passer en Dieu grâce à une oraison
devenue transformante."
53
Nous avons vu ce qu'il ne fallait PAS faire. Nous verrons
aujourd'hui ce qu'il FAUT faire, (et que Ste Thérèse d'Avila a
magnifiquement décrit, particulièrement au chapitre XVII de son
"Chemin de Perfection"):
- ce que nous devons acquérir pour entrer valablement en
amitié avec Dieu,
- ce qui est nécessaire pour accéder à l'oraison contemplative,
- quelle est cette attitude, qui, à la fois, prouve une vie
d'oraison et en est l'aboutissement en un merveilleux "cercle
glorieux".
Le goût et l'habitude du silence dans la recherche de la paix
Le Père Jacques Philippe introduit ainsi son livre "Recherche la
paix et poursuis la":
"Notre époque est une époque d'agitation et d'inquiétude.
Cette tendance, évidente dans la vie quotidienne de nos
contemporains, se manifeste aussi, bien souvent, dans le
domaine de la vie chrétienne et spirituelle: notre recherche
de Dieu, de la sainteté, du service du prochain, est
fréquemment, elle aussi, agitée et anxieuse, au lieu d'être
confiante et paisible comme elle devrait l'être si nous étions
dans l'attitude des petits enfants, comme le demande
l'Évangile."
"Recherche la paix et poursuis la". Eh Oui ! Combien de fois
nous l'a-t-on dit et nous le sommes nous dit ! Aller à Dieu, c'est
aller vers la paix mais aller vers la paix est la condition pour aller
à Dieu.
Il y a divers moyens de trouver la paix. Tout d'abord, on ne
peut trouver Dieu sans mettre un frein à notre agitation:
agitation mentale mais aussi agitation physique. De même
s'efforcer de devenir un être de paix c'est apprendre à
tempérer nos passions, nos émotions, nos peurs, nos
54
doutes, dans le quotidien. Alors nous saurons écouter Dieu dans
le silence intérieur.
Vivre en présence de Dieu nécessite d'être vigilant face aux
bruits extérieurs: pas de radio continuelle, normaliser la
télévision, agir avec douceur sans bruit brutal, comme fermer les
portes sans les claquer; et je suis sûr que vous avez en tête
beaucoup d'autres exemples.
Il nous faut, plus encore restreindre nos bruits intérieurs:
"Seigneur fais taire en moi ces bruits qui m'empêchent de
t'entendre" écrivait un auteur spirituel.
Apprenons à écouter l'Esprit. On peut, ainsi, devenir silence
tout en parlant avec les autres.
Selon notre temps et nos possibilités, sachons prendre de
longs moments de silence (lors d'une demi-journée de congé chez
soi, par exemple, ou, mieux encore, par un temps de retraite
spirituelle, loin de l'agitation du monde).
Imprégnons nos sens de cette belle formule: "que l'amour du
silence te mène au silence de l'Amour".
Je livre à votre réflexion ce superbe passage de Maurice
Zundel : "pour rencontrer cette présence de Dieu au plus
intime de nous, pour rencontrer ce Visage imprimé en nos
cœurs, pour découvrir cet immense espace qui fait d'un être
humain un être universel, il faut entrer dans le silence le plus
profond, il faut cesser de faire aucun bruit avec soi-même, il
faut atteindre jusqu'à la racine de l'être, là où précisément
notre personnalité jaillit du cœur à cœur avec l'Hôte bien aimé
qui nous habite. Si on ne descend pas jusqu'à ce centre, si on ne
vit pas dans ce silence infini, on ne peut vivre que dans les régions
superficielles de son être, on est voué nécessairement au
55
préfabriqué, au règne des instincts individuels et collectifs."
Et Zundel ajoute: "Voilà pourquoi le silence n'est pas une
consigne, une discipline que l'on s'impose. Le silence est quelqu'un
que l'on regarde, en qui l'on vit; quelqu'un que l'on espère et dont
la présence, justement, suscite continuellement l'émerveillement
et le respect."
L ' h u m i l i t é
Voyons maintenant la vertu d'humilité, fondement
indispensable de la vie spirituelle.
Tout d'abord, l'humilité est un don de Dieu.
C'est un fruit de l'Esprit; donc c'est une grâce à demander
chaque jour pour entrer dans la connaissance de Dieu sur nous.
L'humilité est la voie directe qui nous introduit dans le cœur à
cœur avec Dieu.
Thérèse d'Avila nous dit : " quand l'âme reçoit l'humilité,
elle ne la regarde point comme un bien propre mais comme un
don qui vient de la main de Dieu "
L'humilité est sœur de la douceur. Jésus n'a-t-il pas dit:
"Venez à moi… car je suis doux et humble de cœur"
Voici quelques dispositions du cœur nécessaires pour
acquérir cette vertu d'humilité. Je vous en propose 3 :
La 1ière : la connaissance de soi
Dans le Magnificat Marie dit: "Mon âme exalte le Seigneur
car il a fait en moi de grandes choses."
L'humilité, selon Ste Thérèse de Lisieux, ce n'est pas de
se dire nul mais de reconnaître que ce que l'on a de bien
nous a été donné ; donc qu'on ne peut pas s'en glorifier.
La 2ème condition pour acquérir l'humilité c'est d‟avoir un
cœur de pauvre
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C'est se voir simple créature face à Dieu Créateur infini et
Tout Puissant. "Il renverse les puissants de leur trône, il élève
les humbles" dit le Magnificat.
Une de ses novices disait un jour à Ste Thérèse de Lisieux "
Oh! quand je pense à tout ce que j'ai à acquérir" (sous-
entendu: pour aller vers Dieu). "Dites plutôt à perdre" lui
répondit Thérèse. "C'est Jésus qui remplit votre âme de
splendeurs à mesure que vous la débarrasserez de ses
imperfections".
Avoir un cœur de pauvre c'est se sentir enfant face au Dieu
Père, plein de tendresse.
C'est avoir aussi une âme qui s'émerveille car tout vient de
Dieu et tout retourne à Dieu dans la profondeur de notre
émerveillement : « Dieu c'est quand on s'émerveille" (Maurice
Zundel).
3 - Pour pénétrer dans le cœur de l'humilité il nous faut aussi
un cœur obéissant.
L'obéissance est toujours un appel à la Foi. Elle demande un
cœur souple, docile à la Grâce qui passe dans le quotidien de
notre devoir d'état; dans les événements, les personnes que Dieu
met sur notre route pour nous interpeller dans notre vie de
relation avec Lui.
Mais, à coté de cette obéissance extérieure (qui n'est pas
toujours facile), il y a cette obéissance aux appels intérieurs que
Dieu nous adresse personnellement à l'intime de notre cœur, et
tout spécialement au cours de l'oraison.
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L'amour du prochain
Deux textes de l'Évangile disent, mieux que tout,
l'importance d'aimer son prochain.
Dans Marc 19, 29-31
Jésus répondit: « Le premier (commandement)
c'est: Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'unique
Seigneur, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton
cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta
force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-
même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-
là »
Dans Jean 4-20 "Si quelqu'un dit "j'aime Dieu" et qu'il
déteste son frère, c'est un menteur: celui qui n'aime pas son
frère qu'il voit, ne saurait aimer Dieu qu'il ne voit pas. Oui
voilà le commandement que nous avons reçu de lui: que celui
qui aime Dieu aime aussi son frère."
Et pourtant, ce n'est pas à l'origine un mouvement spontané
d'aimer, bien sûr les inconnus, mais parfois ses proches
également. Mais, avec l'oraison, l'Eucharistie et le sacrement du
Pardon, l'expérience de se sentir enfant aimé du Père nous
pousse à regarder le prochain différemment ; non plus comme
quelqu'un de lointain ou de menaçant mais de proche. Il devient
l'occasion d'une bienveillance, d'une ouverture du cœur, d'un
intérêt, voire d'une admiration. La vie de l'autre me concerne et
j'en suis transformé(e).
Aimer son prochain - dans sa famille, dans son travail, ses amis
- c'est le faire s'épanouir plutôt que d'avoir raison contre lui.
C'est lui montrer la voie que nous ouvre la Grâce, vers Dieu.
Mais je crois qu'on ne peut envisager une relation vraiment
aimante à l'autre sans la dimension du pardon.
58
le pardon
Jésus ne dit-il pas à Pierre (Mat 18-21) : « je ne te dis pas
(de pardonner) jusqu’à 7 fois mais jusqu’à 77 fois»…c‟est à dire
en fait toujours ?
Même dans nos familles, nous pouvons vérifier que le pardon
est nécessaire, pour que l'Amour circule, alors que le non-pardon
est un blocage, un frein dans ce mouvement de proximité avec
l'autre, un blocage redoutable de notre propre vie spirituelle.
On peut définir le pardon comme "vouloir le bien à qui vous a
fait du mal", rester disponible pour le bien.
Comme l'amour, le pardon est parfois un long chemin, une
grâce à demander et à recevoir. Il est libérateur et source de
paix.
Maurice Zundel a magnifiquement synthétisé notre propos sur
l‟amour et le pardon du prochain lorsqu‟il dit:
" Dieu est notre racine commune.
C'est en Dieu que notre vie a son origine et son berceau.
C'est dans le cœur de Dieu qu'elle jaillit à chaque instant.
C'est en Dieu que nous atteignons à notre véritable identité et
c'est par là que nous pouvons réellement
nous rencontrer les uns les autres,
nous aimer en échangeant Dieu,
nous aimer en respirant sa Présence,
nous aimer en nous communiquant les uns aux autres ce bien
infini qui est le Dieu vivant."
L e d é t a c h e m e n t
Tournons-nous, à nouveau, vers le Nouveau Testament.
59
En Matthieu 19, 16-24, le jeune homme dit à Jésus :
"tout cela je l'ai observé. Que me manque-t-il encore ?"
Jésus lui dit: "si tu veux être parfait, va, vends ce que tu
possèdes….puis viens et suis moi!". A cette parole il s'en alla
tout triste, car il avait de grands biens.
Alors Jésus...dit à ses disciples" comme il sera difficile à
ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le royaume de
Dieu."
St Paul, dans sa première lettre aux corinthiens, en 7-31, nous
conseille de posséder, « d'user du monde, comme ne possédant
pas ». En un mot, d'user du monde avec détachement. C'est la
différence entre "jouir" du monde, comme nous y invite la société
actuelle, et simplement "user" du monde.
Ce n'est pas du mépris des choses du monde, car il est
légitime d'en user, en en rendant grâces. Ce n'est pas, non plus,
une ascèse pour se mortifier; du moins pas forcément. C'est voir
la valeur relative des choses; c'est ce qu'on appelait jadis une
"sainte indifférence" qui préfère Dieu au monde. C'est
"l'apatheia", l'absence de passion des Pères du désert. C'est se
mettre sous le joug de Dieu.
Pour avoir toute sa portée, ce détachement doit être plus
intérieur qu'extérieur et il doit devenir une attitude spontanée.
Mais se détacher pourquoi ?. Par amour et non par
masochisme ni même mortification. C'est vouloir vivre pour Dieu,
et non pour ses dons (qui viendront quand même s'il le veut).
C'est se détacher pour être libre pour Dieu.
Ste Thérèse d'Avila elle-même raconte comment, pendant plus
de 10 ans, elle ne pouvait renoncer à recevoir en parloir des amis;
pour parler spiritualité, certes, mais elle en était devenue
dépendante, n'ayant pas la force d'y renoncer comme le lui avait
demandé Jésus.
60
Pour nous qui ne sommes pas des saints, cet attachement peut
être un simple besoin irrésistible de télévision ou une frénésie de
chocolat, ou telle autre habitude même minime mais qui nous
domine.
Sachons, pour prendre confiance, que, quand on a connu la joie
de l'amour de Dieu, le détachement se fait tout seul, sans
douleur ni regret: c'est la base même de l'enseignement de St
Jean de la Croix.
61
Citations : Ecoutons saint Jean de la Croix :
Image de la bûche enflammé (ou comment Dieu nous
transforme en Lui) : « Cette lumière divine (l‟Esprit Saint)
se comporte envers l'âme, la purgeant et disposant pour l'unir
parfaitement avec lui, de même que le feu envers le bois pour le
transformer en lui. Parce que le feu matériel appliqué au bois
commence premièrement à le sécher, chassant l'humidité dehors
et faisant pleurer l'eau qui est encore dedans. Après il le noircit,
l'obscurcit et enlaidit, et même le rend malodorant; et en le
séchant peu à peu, il l'éclaircit et jette dehors tous les accidents
difformes et obscurs qui sont contraires au feu.
Et finalement, commençant à l'enflammer par dehors et à
l'échauffer, il vient à le transformer en lui et à le rendre aussi
beau que le feu même.
Ce qu'étant fait, il n'y a plus de la part du bois aucune passion ni
action propre - excepté la pesanteur et la quantité plus épaisses
que celles du feu - vu qu'il a en lui les propriétés et les actions du
feu; car il est sec et dessèche, il est chaud et il échauffe ; il est
clair et éclaircit; il est beaucoup plus léger qu'auparavant, le feu
opérant en lui toutes ces propriétés et effets. »
Nuit Obscure, II, 10
La chose est donc évidente: pour que l'âme arrive à s'unir à Dieu
par l'amour et la volonté, elle doit d'abord s'affranchir de tout
appétit volontaire si minime soit-il…. Je parle d'une habitude
qu'on ne mortifie pas….par exemple l'habitude de beaucoup parler,
une petite attache à une chose qu'on ne se résout pas à sacrifier:
attache à une personne, un vêtement, un livre, un genre de
nourriture….Tant que l'on garde cette attache, quelle qu'elle
puisse être, l'imperfection aura beau être minime en soi, il est
impossible d'avancer dans la perfection.
62
Peu importe qu'un oiseau soit retenu par un fil mince ou épais: tant
qu'il ne l'aura point brisé, il sera incapable de voler….Ainsi en est-il
de l'âme retenue par une attache. Quelque vertu qu'elle pratique
par ailleurs, elle n'atteindra jamais la liberté de l'union divine.
C'est que, on le sait bien, dans ce chemin spirituel, ne pas avancer
en remportant des victoires, c'est retourner en arrière, et ne pas
gagner, c'est perdre.
St Jean de la Croix "La montée du Carmel" I ch XI
« Ô Dieu d‟amour, de quelles richesses ne comblez-vous pas celui
qui n‟aime que vous et ne met son bonheur qu‟en Vous ! Vous vous
donnez vous-même à lui… »
Lettre 10
« C‟est au sein de la nuit aride que l‟âme grandit dans
l‟amour de Dieu et le désir ardent de le glorifier. Les sources de
la sensualité diminuant peu à peu, elle ne donne plus d‟aliment à la
convoitise qui l‟attirait ; il lui reste seulement dans le dénuement
de tout créé, un désir ardent de glorifier Dieu. »
Nuit Obscure, I, 13
« Ô nuit ! Toi qui as uni l‟Aimé avec son Aimée. » « À mon avis
perdre la route ce n‟est pas autre chose que laisser l‟oraison...
Que nul de ceux qui ont commencé à faire oraison ne se décourage
jamais. »
Cantique Spirituel
63
Autres témoins
« Restons donc bien loin de tout ce qui brille, aimons notre
petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres
d'esprit et Jésus viendra nous chercher, si loin que nous soyons
Il nous transformera en flammes d'amour… »
Ste Thérèse de l'EJ (LT 197)
« Une à une les illusions tombent. Les impatiences
s'apaisent. De détachements en dépouillement, l'oraison libère
toutes ces richesses qui l'appauvrissaient, et c'est ainsi que, peu
à peu, ô patience de Dieu, sous l'effet conjugué de la
détermination de l'âme et de l'influence de la grâce, la pauvre
oraison de celui qui avançait péniblement se mue en oraison de
pauvre de celui qui approche. »
P. Pierre-Marie de la Croix, o.c.d
« Je ne sais si je vous l'ai jamais dit : il nous faut avoir patience
avec tout le monde, et premièrement avec nous-mêmes, qui nous
sommes plus importun à nous-mêmes que nul autre, depuis que
nous savons discerner entre le vieil et le nouvel Adam, l'homme
intérieur et extérieur. »
Saint François de Sales (en 1606)
64
Et le résumé en images …
65
Notes personnelles de la séance 5
66
6ème rencontre : La foi et la contemplation
Le rôle de l'oraison pour développer la Foi : Père Marie-
Eugène de l‟Enfant-Jésus, conférence lors d‟une retraite à N-D de
Vie, 1964.
Notre grâce baptismale est faite de deux éléments :- la réalité de
Dieu qui habite dans nos âmes, l‟Esprit Saint dont nous sommes les
temples (1 Co 3,16) ;- un organisme surnaturel composé des trois
vertus théologales (foi, espérance, charité) et des dons du Saint
Esprit qui perfectionne nos facultés naturelles.
Nous allons successivement examiner ces trois vertus théologales,
que nous pouvons distinguer comme suit : la foi prend contact avec
Dieu ; l‟espérance marche vers Dieu ; la charité unit à Dieu. Les trois
vertus théologales nous permettent avoir des relations avec Dieu ; on
pourrait presque dire qu‟elles se trouvent au début, au milieu, et à la
fin de cette relation. On comprend que Saint-Paul est affirmé que
seule la charité demeure, car notre vocation éternelle est l‟union
d‟amour avec Dieu.
1. La foi prend contact avec Dieu
La foi et cette vertu par laquelle nous prenons contact avec Dieu,
nous adhérons à Dieu, nous adhérons à sa personne et à sa vérité. Un
passage de l‟Évangile illustre bien ce contact, c‟est celui de la
guérison de cette femme atteinte d‟une perte de sang (Mc 5, 25-34).
L‟acte de foi produit toujours un effet ; il réalise le contact avec
l‟amour infini de Dieu qui se déverse, se diffuse en nous.
2. La foi est greffée sur l’intelligence
L‟intelligence n‟est faite que pour le domaine créé. Elle ne dépasse
pas le domaine des idées humaines, le domaine fini. L‟intelligence
n‟adhère qu‟à l‟évidence rationnelle. Or, devant le mystère de Dieu,
67
mon intelligence essaye de raisonner, mais ne comprend pas. Elle se
trouve pour ainsi dire bloquée devant le manque d‟évidence.
L‟intelligence n‟est donc faite que pour le domaine fini. Or entre Dieu
et moi, il y a l‟infini. C‟est pourquoi il faut que la foi entre en action ;
elle a une aptitude à franchir cet espace infini et à adhérer à Dieu.
Maintenant donc que je suis arrivé au bout de l‟activité de mon
intelligence, mon intelligence n‟a plus qu‟à se soumettre. Son dernier
acte est un acte de soumission, de démission pour ainsi dire, mais en
faveur de la foi qui est greffée sur elle. Pour croire, il faut consentir
à un sacrifice de la raison. Ce sacrifice est un geste d‟humilité et de
vérité devant Dieu. Par la foi, l‟homme se décentre de lui-même et
reconnaît qu‟il n‟est pas la mesure de toute chose. Ce sacrifice peut
être plus ou moins ressenti suivant l‟âge, la psychologie, la culture, la
forme d‟intelligence ; l‟enfant, par exemple, est de plain-pied avec le
mystère, puisqu‟il n‟a pas encore d‟exigence rationnelle. C‟est un peu
le sacrifice d‟Isaac par Abraham. Pour croire et persévérer dans la
foi, il faut vouloir, donc il faut aimer. Et c‟est bien l‟amour qui donne
la force de consentir à ce sacrifice de la raison. On peut donc
comparer la foi à un greffon sur un cep. Il se passe en effet ce que
réalise le vigneron lorsqu‟il veut greffer. Il a un cep qui a pris racine
et qui a poussé. Il vient avec un sécateur. Il coupe la tige presque au
ras du sol et la jette. Dans le cep qui reste, il fait une entaille et
dans cette entaille il va placer un greffon, c‟est-à-dire une tige de
vigne d‟une autre qualité, celle dont il veut avoir le raisin. Il l‟attache,
il recouvre de terre et laisse pousser. La greffe va devenir la
véritable tige qui va pousser progressivement.
3. La foi grandit dans la prière d’oraison
Par le fait que je dis : je crois, l‟acte de foi que je fais prend contact
avec Dieu, adhère à Dieu, et prend possession de Dieu. La foi atteint
Dieu, touche Dieu, pénètre dans les entrailles de Dieu, prend contact
avec l‟infini. Il n‟y a que la foi qui puisse avoir ce contact. Saint Jean
de la Croix nous dit qu‟ici-bas, « la foi est le seul moyen prochain
proportionné pour atteindre Dieu » (Montée 2,8). Ce Dieu avec qui
nous prenons contact fait l‟Amour infini, et l‟Amour se
68
répand, il se diffuse, il est diffusif. Par conséquent, il y aura
nécessairement un effet, pas forcément sensible, mais surnaturel. La
prise de contact avec Dieu va amener une augmentation de la grâce.
D‟où l‟importance capitale et vitale de la prière d‟oraison. Prière
silencieuse, cœur à cœur avec Dieu, abandon et adoration. Nous
allons à l‟oraison pour trouver Dieu, pour établir ce contact, pour
faire un vase communiquant avec lui. Et Dieu ne peut pas ne pas agir
quand nous le touchons avec foi, une foi baignée de charité. Le vase
communiquant se déverse en nous. En effet, est produite une
augmentation de la grâce ; il s‟opère en nous une transformation
intérieure, « de clarté en clarté jusqu‟à la ressemblance de Dieu » (2
Co 3,18).
« Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ; et, comme il
commençait à enfoncer, il cria : Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus
étendit la main, le saisit et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi
as-tu douté?»
Matthieu 14,22-27
69
au coeur de l’oraison, la foi en Jésus Christ
A Emmaüs (Lc 24), les 2 disciples qui ont vu, entendu, connu
Jésus sont déroutés par les faits. Ce Jésus absent pour eux est
présent à leurs côtés et ils ne le reconnaissent pas. Qu‟est-ce
qui dépend d‟eux pour qu‟ils reconnaissent cette présence ? « O
cœurs lents à croire tout ce qu’ont annoncé les
prophètes… »Jésus renvoie à la Parole de Dieu en reprochant
de ne pas y croire. Il leur interprète ce qui le concernait. Il
s’agit de faire confiance à sa parole ou non.
Ils font confiance à la Parole de cet inconnu, Jésus se manifeste,
ils le reconnaissent vivant, présent à leurs côtés car ils ont cru à
la parole.
Jésus dit qu‟on croit avec son cœur ; en hébreu, donc pour
Jésus, le cœur est le siège de la personnalité profonde ; c‟est
notre affectivité profonde, notre liberté, le lieu de nos choix ;
C‟est avec le cœur que nous choisissons de faire ou non
confiance à la parole de l’autre.
Le secret de la prière est de croire à la Parole de Jésus avec
son cœur, de lui faire confiance. Ce qui nous donne d’entrer
en relation vraie avec le Seigneur vivant, présent mais caché,
échappant aux prises de notre sensibilité et à notre seule
intelligence, c’est la foi qui consiste à faire confiance à Dieu
qui se dit en nous par Jésus Parole de Dieu.
Pour mieux comprendre : qu‟est-ce qui assure une vraie rencontre
entre deux personnes ?
- les sens qui à eux seuls sont insuffisants.
-l ‟intelligence, insuffisante (connaître son curriculum vitae.)
- le cœur de la rencontre est dans la liberté des personnes = si
je fais confiance et si je me dis à l‟autre et si je crois à la
parole de l‟autre. Ce n‟est pas avoir confiance qui relève du
70
sentiment, alors que faire confiance relève du choix, de re
choisir dans la liberté.
Alors l‟amour prend des racines profondes.
Donc la prière est toujours à ma portée car cette rencontre ne
consiste pas à éprouver un sentiment de la Présence de Dieu, ni
à se persuader qu‟il est là, ni à être assez concentré pour ne pas
avoir de distractions, mais à croire en la parole, en ce qui est
dit en Jn 14,23 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et
mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez
lui notre demeure. »
Donc si nous gardons sa parole, si nous croyons en sa parole,
Il vient demeurer en nous invisiblement présent lui, le vivant.
« que le Christ habite en vos cœurs par la foi. » (Ep 3,16)
« Pour toi quand tu veux prier, entre dans ta chambre… Ton Père
qui est là dans le secret te le rendra… »(Mt6,6)
Je n‟ai pas besoin de grâces spéciales pour être assurée de
rencontrer Dieu, il me suffit de croire.
2° point de repère pour prier : le cœur.
Après avoir pris le temps de sentir mon corps, de l‟accueillir
dans la foi corps vivant, temple de l‟Esprit, je descends dans
mon cœur siège de mes sentiments profonds. Je prends
conscience de ce qui m‟habite, j‟accueille, je nomme et je l‟offre
au Seigneur, puis avec mes mots, je dis au Seigneur ma foi :
je crois que tu es présent dans mon cœur, je te fais
confiance, je t’adore toi, Dieu caché, vivant.
Prolonger ma prière en cherchant à aimer Dieu.
« Ne venez pas d’abord à l’oraison pour recevoir, mais pour
donner, pour aimer. » (T.d’Avila), pour venir tenir compagnie à
Jésus. Il y a des milliards d‟hommes qui n‟y pensent pas. A
certaines heures, nous unir à la foule, se rendre solidaire de
l’humanité et la présenter au Seigneur pour lui tenir
compagnie. C’est simple….
71
Citations
Mon Seigneur et mon Dieu réside véritablement en moi.
Le Ciel tout entier vit dans mon âme.
En me faisant tenir compagnie à la Trinité Sainte qui y habite,
L‟oraison est plus qu‟une préparation à la vie céleste,
elle en est l‟exercice réel sous le voile de la foi. »
P. Marie-Eugène de l'EJ, ocd (JVVD)
« Se connaître ! Connaître Dieu ! voilà la perfection de l‟homme…
Ici toute immensité, toute perfection et le bien absolu ; là : rien ;
savoir cela, voilà la fin de l‟homme… Être éternellement penchée
sur le double abîme, voilà mon secret ! »
Sainte Angèle de Foligno
« Mais lorsque Dieu se cache, l'oraison devient-elle inutile,
comme vous l'écrivez ? Loin de là. Je vous dirai tout d'abord
qu'Il est toujours là, près de vous, que vous Le sentiez ou non.
N'oubliez pas que nous n'atteignons Dieu que par la foi, et non
par le sentiment.
L'oraison est un commerce d'amitié avec Dieu dont on se sait
aimé, et non dont on se sent aimé. Quand vous Le sentez, Il n'est
pas plus près, et quand vous ne Le sentez pas, Il n'est pas plus
loin. Sa proximité dépend seulement du degré de charité (et de
FOI) que vous avez atteint. Lorsqu'Il se cache à l'heure de ce
rendez-vous qu'est votre temps d'oraison, c'est une bonne
occasion de grandir dans la charité (et dans la FOI), puisqu'Il
vous invite à Le chercher. »
P. Pierre-Marie de la Croix, o.c.d
72
Ne soyons donc pas déconcertés si dans l‟oraison, nous restons
dans l‟obscurité. Ne disons pas : « si mon oraison était bonne, je
trouverais Dieu, j‟aurais des lumières… » C‟est peut-être
justement parce que nous le trouvons que nous n‟y voyons rien.
Dans l‟oraison, parce que je prends contact avec la foi, l‟effet de
lumière naturelle pour mon intelligence n‟est pas nécessairement
produit ; normalement même il ne l‟est pas. Pour adhérer, il faut
simplement soumettre son intelligence et dire : « mon Dieu, je
crois, sans voir ».
P. Marie-Eugène de l'EJ, ocd (JVVD)
Si je mène une vie d‟intimité avec Dieu, il faudra que j‟étudie de
plus en plus pour assurer une alimentation puissante à cette base
de départ de ma foi, qui se trouve dans la connaissance de la
vérité révélée, de la Parole de Dieu, et de l‟enseignement de
l‟Église.
Car la vigueur et la pénétration de notre foi détermineront la
qualité de nos relations et de notre intimité avec Dieu. Il faut
donc que ma foi soit forte et vigoureuse. Avoir une fois
développée et affinée est donc, pour ainsi dire, la meilleure et la
plus grande richesse que nous puissions trouver ici-bas.
P. Marie-Eugène de l‟Enfant-Jésus(1894-1967, carme, fondateur
de l‟Institut Notre-Dame de Vie à Vénasque, dans le Vaucluse ;
procès de béatification en cours)
P. Marie-Eugène de l'EJ, ocd (JVVD)
« la foi est le seul moyen prochain et proportionné pour
l’union (de l’âme) à Dieu » - « plus une âme a de foi, plus elle est
unie à Dieu »
Thérèse de Jésus (MC II, VIII)
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Et le résumé en images …
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Notes personnelles de la séance 6
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CHANTS À L’ESPRIT SAINT
VIENS SAINT ESPRIT
1. Viens Saint Esprit, viens par ton vent,
Remplir le temple que je suis,
Oh viens Saint Esprit, souffle puissant,
Brise d‟amour courant de vie.
Souffle sur moi, souffle (Bis)
Souffle sur moi, souffle vent de Dieu.
2. Viens Saint Esprit, viens par ta pluie,
Mouiller la terre que je suis,
Oh viens Saint Esprit, flot impétueux,
Source d‟amour, fleuve de vie,
Coule sur moi, coule (Bis)
Coule sur moi, coule pluie de Dieu.
3. Viens Saint Esprit, viens par ton feu,
Brûler l‟offrande que je suis,
Oh viens Saint Esprit, feu dévorant,
Brasier d‟amour, flamme de vie,
Embrase-moi, brûle (Bis)
Embrase-moi, brûle feu de Dieu.
VIENS ESPRIT SAINT, COUVRE-NOUS DE TON OMBRE
Sonde-nous, inspire-nous,
Guide-nous chaque instant de ce jour qui vient
Console-nous, purifie-nous
Guéris-nous chaque instant de ce jour qui vient
Conduis-nous, embrasse-nous
Guide-nous chaque instant de ce jour qui vient
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CHANTS D’INTRODUCTION À L’ORAISON
QUE VIVE MON ÂME
R. Que vive mon âme à te louer.
Tu as posé une lampe,
Une lumière sur ma route:
Ta parole Seigneur, ta parole, Seigneur.
1. Heureux ceux qui marchent dans tes voies, Seigneur !
De tout mon cœur je veux garder ta Parole,
Ne me délaisse pas, Dieu de ma joie.
2. Heureux ceux qui veulent faire ta volonté.
Je cours sans peur sur la voie de tes préceptes,
Et mes lèvres publient la vérité.
3. Heureux ceux qui suivent tes commandements.
Oui plus que l‟or, que l‟or fin, j‟aime ta loi,
Plus douce que le miel est ta promesse.
4. Heureux ceux qui méditent ta sagesse.
Vivifie-moi, apprends-moi tes volontés,
Dés l‟aube de ta joie tu m‟as comblé.
Ô SEIGNEUR, JE VIENS VERS TOI, je viens vers toi, je te
cherche, mon Dieu, Ô Seigneur, écoute-moi, écoute-moi je t'espère,
mon Dieu.
1 - Toi, Seigneur, tu es la vie, moi, je n'étais rien
Toi, tu m'as donné la vie, moi, je suis ton enfant
2 - Toi, Seigneur, tu es l'amour, moi, j'étais perdu
Toi, tu es toute tendresse, moi, je cherche ta main.
3 - Toi, Seigneur, tu es pardon, moi, je suis pécheur,
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Tu écoutes et tu pardonnes, oh ! mon Dieu, je t'implore
4 - Toi, Seigneur, tu es lumière, moi, je ne vois pas
Ta parole nous éclaire, fais, Seigneur, que je voie.
COMME UN SOUFFLE FRAGILE U 45
R. Comme un souffle fragile, Ta Parole se donne.
Comme un vase d’argile, Ton amour nous façonne.
1. Ta Parole est murmure, Comme un secret d‟amour ;
Ta Parole est blessure, Qui nous ouvre le jour.
2. Ta Parole est naissance, Comme on sort de prison;
Ta Parole est semence, Qui promet la moisson.
3. Ta Parole est partage, Comme on coupe du pain;
Ta Parole est passage, Qui nous dit un chemin.
N’AIE PAS PEUR G 249 - R 249
R. N’aie pas peur, Laisse-toi regarder par le Christ ;
Laisse-toi regarder car il t’aime.
N’aie pas peur, Laisse-toi regarder par le Christ ;
Laisse-toi regarder car il t’aime.
1. Il a posé sur moi son regard,
Un regard plein de tendresse.
Il a posé sur moi son regard,
Un regard long de promesse.
2. Il a posé sur moi son regard,
Et m‟a dit : « Viens et suis-moi. »
Il a posé sur moi son regard,
Et m‟a dit : « Viens, ne crains pas. »
3. Il a posé sur moi son regard,
Et ses yeux en disaient long.
Il a posé sur moi son regard,
C‟était celui du pardon.
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ÉCOUTE LA VOIX DU SEIGNEUR A 558
R. Toi qui aimes la vie. Ô toi qui veux le bonheur,
Réponds en fidèle ouvrier, de sa très douce volonté.
Réponds en fidèle ouvrier, de l’évangile et de sa paix.
1. Écoute la voix du Seigneur,
prête l‟oreille de ton cœur.
Qui que tu sois Ton Dieu t‟appelle,
qui que tu sois, il est ton père.
2. Écoute la voix du Seigneur,
prête l‟oreille de ton cœur.
Tu entendras que Dieu fait grâce,
tu entendras l‟Esprit d‟audace.
3. Écoute la voix du Seigneur,
prête l‟oreille de ton cœur.
Tu entendras grandir l‟Église,
tu entendras sa paix promise
ÉCOUTE ÉCOUTE T 40
1. Ils ont marché au pas des siècles vers un pays de joie.
Ils ont marché vers la lumière pour habiter la joie.
R. Écoute, écoute, surtout ne fais pas de bruit,
On marche sur la route, on marche dans la nuit.
Écoute, écoute, les pas du Seigneur vers toi,
Il marche sur la route, il marche près de toi.
2. Ils ont laissé leur bout de terre pour habiter la paix.
Ils ont laissé leurs cris de guerre pour des chansons de paix
3. Ils sont venus chercher des frères pour habiter l‟amour.
Ils sont venus les mains ouvertes pour accueillir l‟amour.
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CHANTS PENDANT L’ORAISON
MON ÂME SE REPOSE EN PAIX sur Dieu Seul ;
de Lui vient mon salut.
Oui sur Dieu seul, mon âme se repose.
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JÉSUS LE CHRIST, LUMIÈRE INTÉRIEURE ne laisse pas
mes ténèbres me parler, Jésus le christ, lumière intérieure,
donne moi d’accueillir ton amour
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GARDE-MOI MON DIEU IEV 815
Garde-moi mon Dieu, ma force est en toi,
Garde-moi mon Dieu, mon bonheur c'est toi (bis)
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CHANTS À MARIE
ENVOIE-NOUS TON FILS
R. Vierge bénie entre toutes les femmes,
Mère choisie entre toutes les mères,
Mère du Christ et mère des hommes,
Donne nous ton fils, donne-nous ton fils.
1. Entre toutes les femmes du monde
Le Seigneur t‟a choisie
Pour que brille à jamais sur la terre
La lumière de Dieu.
2. Comme coule la source limpide,
La tendresse de Dieu
Envahit chaque instant de ta vie
Et nous donne un sauveur.
3. Tu chemines avec nous sur la route,
Tu connais notre espoir,
Au milieu de nos croix et nos larmes
Tu nous montres ton fils.
CHERCHER AVEC TOI MARIE
R. Chercher avec toi dans nos vies Les pas de Dieu, Vierge Marie,
Par toi accueillir aujourd’hui Le don de Dieu, Vierge Marie.
1. Puisque tu chantes avec nous
Magnificat, Vierge Marie.
Permets la Pâque sous nos pas,
Nous ferons tout ce qu‟il dira.
3. Puisque tu demeures avec nous
Pour l‟Angélus, Vierge Marie,
Guide nos pas dans l‟inconnu,
Car tu es celle qui a cru.
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CHANTS D’ACTION DE GRACE
QUE TES ŒUVRES SONT BELLES
R. Que tes œuvres sont belles,
Que tes œuvres sont grandes!
Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie. (Bis)
1. C‟est toi, le Dieu qui nous as faits,
Qui nous as pétris de la terre!
Tout homme est une histoire sacrée,
L‟homme est à l‟image de Dieu !
Ton amour nous a façonnés
Tirés du ventre de la terre! Tout homme est…
Tu as mis en nous ton Esprit :
Nous tenons debout sur la terre! Tout homme est …
2. La terre nous donne le pain,
Le vin qui réjouit notre cœur. Tout homme est …
Tu fais germer le grain semé,
Au temps voulu, les fruits mûrissent ! Tout homme est …
Tu rassasies tous les vivants ;
Les hommes travaillent pour vivre. Tout homme est …
3. C‟est toi qui bâtis nos maisons,
Veilleur, tu veilles sur la ville! Tout homme est …
Tu bénis chez nous les enfants ;
Tu veux la paix à nos frontières ! Tout homme est…
Tu tiens le registre des peuples ;
En toi chacun trouve ses sources ! Tout homme est …
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LES MAINS OUVERTES
R. Les mains ouvertes devant toi, Seigneur,
Pour t’offrir le monde,
Les mains ouvertes devant toi, Seigneur,
Notre joie est profonde.
1. Garde-nous tout-petits devant ta face,
Simples et purs comme un ruisseau.
Garde-nous tout-petits devant nos frères
Et disponibles comme une eau.
2. Garde-nous tout-petits devant ta face,
Brûlants d‟amour et pleins de joie.
Garde-nous tout-petits parmi nos frères,
Simples chemins devant leurs pas !
PSAUME DE LA CRÉATION
1. Par les cieux devant toi, splendeur et majesté,
Par l'infiniment grand, l'infiniment petit
Et par le firmament, ton manteau étoilé
Et par frère soleil, je veux crier :
Mon Dieu, tu es grand, tu es beau,
Dieu vivant, Dieu très-haut,
Tu es le Dieu d'Amour
Mon Dieu, tu es grand, tu es beau,
Dieu vivant, Dieu très-haut,
Dieu présent, en toute Création.
2. Par tous les océans, par toutes les mers,
Par tous les continents, et par l'eau des rivières
Par le feu qui te dit comme un buisson ardent
Et par l'aile du vent, je veux crier :
3. Par toutes les montagnes et toutes les vallées,
Par l'ombre des forêts et par les fleurs des champs,
Par les bourgeons des arbres et l'herbe des prairies,
Par le blé en épis, je veux crier :
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4. Par tous les animaux, de la terre et de l'eau,
Par le chant des oiseaux, par le chant de la vie,
Par l'homme que tu fis juste moins grand que toi
Et par tous ses enfants, je veux crier :
5. Par cette main tendue qui invite à la danse,
Par ce baiser jailli d'un élan d'espérance :
Par ce regard d'amour, qui relève et réchauffe,
Par le pain et le vin, je veux crier :
SI LE PÈRE VOUS APPELLE T 154
R. Tressaillez de joie, tressaillez de joie,
car nos noms sont inscrits
pour toujours dans les Cieux.
Tressaillez de joie, tressaillez de joie,
car nos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu.
1. Si le Père vous appelle à aimer
Comme il vous aime
Dans le feu de son Esprit,
Bienheureux êtes-vous!
2. Si le monde vous appelle
À lui rendre une espérance,
À lui dire son salut,
Bienheureux êtes-vous!
11. Si le monde vous appelle
À marcher vers la lumière,
Pour trouver la vérité,
Bienheureux êtes-vous!
12. Si l‟Église vous appelle
À semer avec patience
Pour que lève un blé nouveau.
Bienheureux êtes-vous!
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Bibliographie
Livres (accessibles) sur l’oraison
HUGUENIN M.-J., Au cœur de la Miséricorde Divine avec Thérèse
d’Avila, Editions des Béatitudes, 2014.
HUGUENIN M.-J., L’oraison selon Thérèse d’Avila et Jean De La Croix,
Editions des Béatitudes, 2010
P. PHILIPPE J., Apprendre à prier pour apprendre à aimer, Editions des
Béatitudes, 2013.
VILAR E, La prière contemplative dans la vie normale d’un chrétien,
Editions des Béatitudes, 2013
=-=-=-=-=-=
P. ABIVEN J., Prier 15 jours avec Thérèse d’Avila, Editions Nouvelle
Cité, Montrouge, 1993.
P. CAFFAREL H., 5 soirées sur la prière silencieuse, Editions Parole et
Silence, Paris, 1980.
P. CAFFAREL H., Présence à Dieu, cent lettres sur la prière, Editions
Parole et Silence, Paris, 1961.
P. D'AUGUSTIN A., L'oraison, une école de l'amour, Cahiers de l'école
cathédrale, Editions Parole et Silence, 2006.
85
P. ETIENNE DE STE MARIE, ocd, Conversation avec Dieu, Editions du
Carmel, Vive Flamme, 2002.
P. HERRAIZ GARCIA M., ocd, L'oraison, une histoire d'amitié, Paris,
1995.
P. JORDY V., L'art de la prière, Epiphanie, Editions du Cerf, Paris, 2002.
P. LUC-MARIE, ocd, La prière, une divine aventure, Jeunes en route,
Editions du Carmel, 2008.
P. MARIE-EUGENE de l‟Enfant Jésus, ocd, L’oraison des débutants,
Editions. du Carmel, Toulouse, 2008.
Sr MARIE-LAETITIA, Découvrir l'oraison, coll. "Petits traités
spirituels", Pneumathèque, Nouan-le-Fuzelier, 1992.
P. PHILIPPE J., Du temps pour Dieu, guide pour la vie d’oraison, Editions
des Béatitudes, 1992.
P. PIERRE-MARIE DE LA CROIX, ocd, L'oraison du pauvre, Editions du
Carmel, Vives Flammes Hors séries, Toulouse, 2003.
PP. RENAULT E., ABIVEN J., ocd, L’oraison thérésienne, « Collection
ExistenCiel », Éditions du Carmel, Toulouse, 1999.
P. RETORE F., Je vous appelle mes amis, Baptisés dans le Christ,
Editions du Carmel, Parole et Silence, 1999.
REVUE CARMEL, L'oraison du pauvre, Editions du Carmel, Venasque,
1989/2 n°53.
P. SION V., ocd, Chemin de prière avec Thérèse de Lisieux, Foi vivante,
Editions du Cerf, Paris, 1982.
P. SCHMIDT A., La prière intérieure au cœur de la vie quotidienne, Vie
spirituelle, Editions de l'Emmanuel, 2007.
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P. SANKALE L., Demeurer en ma présence, Le Sarment Fayard, 1993.
P. STINISSEN G., ocd, Comment faire oraison. Un itinéraire sur les
traces de Thérèse d’Avila, Paris, 1997.
P. STINISSEN W, ocd, L'oraison contemplative, Editions du Carmel,
Vive Flamme, 2002.
Textes sources
Vie, de Thérèse d'Avila par elle-même
Le chemin de la perfection, de Thérèse d‟Avila
Le château de l’âme ou le livre des demeures, de Thérèse d‟Avila
Histoire d’une âme, de Thérèse de l‟Enfant Jésus
Cantique spirituel, de Jean de la Croix
Vive Flamme d’amour, de Jean de la Croix
Œuvres Complètes, d'Elisabeth de la Trinité
Je veux voir Dieu, du P Marie Eugène de l‟Enfant Jésus
Catéchisme de l'Eglise catholique
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"Que rien ne te trouble
Que rien ne t'épouvante
Tout passe
Dieu ne change pas
La patience triomphe de tout
Celui qui possède Dieu
Ne manque de rien
Dieu seul suffit !"
Sainte Thérèse d’Avila
Ecole d’Oraison 2015
Paroisse Saint Fredinand
Diocèse de Bordeaux