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    hophile

    OBENGA

    , ,

    L EGYPTE, LA GRECE

    ET

    ,

    L ECOLE D ALEXANDRIE

    Histoire interculturelle dans l'Antiquit

    A ux sources gyptiennes de la philosophie grecque

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    (;)

    KHEPERA, 2005

    ISBN : 2 -9 09885 -1 2-7

    http://www.ankhonline.com

    www.librairieharmattan.com

    diffusion [email protected]

    harmattan [email protected]

    ( )

    L 'H arm attan, 2005

    ISBN : 2 -7 47 5-9 19 9-9

    EAN : 9782747591997

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    T h o p h i le O B E N G

    L GYPTE, LA GRCE

    ET

    L COLE D ALEX ANDRIE

    Histo ire in tercu ltu relle dans l'An tiquit

    Aux sources gyptiennes de la philosophie grecque

    o

    KHEPERA ~

    BP 11

    91192 G if-su r-Yve tte - FRANCE

    L'Harmattan

    5-7, rue de l'cole-Polytechnique; 75005 Paris

    FR N E

    L'H an nattan H ongrie

    Konyvesbolt

    Kossuth L. u. 14-16

    1 05 3 B ud ap es t

    E sp ac e L 'H ar ma tta n K in sh as a

    F ac .. de s S c. S oc ia le s, P ol e t

    Adm; BP243, KIN X I

    Univers it de Kinshasa

    -

    RDC

    L 'H ar ma tt an It alia

    V i a Degl i A r ti st i, 1 5

    10124 Torino

    L'H arm attan B urkin a F aso

    1200 l og ement s v il la 96

    12B2260

    ITALIE Ouagadougou 12

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    u mme auteur

    L i v r e s

    L A f r iq u e d a n s l A n t iq u i t . g y p t e p h a r a o n iq u e - A f r iq u e n o i r e , P a r i s , P r s e n c e

    A fr i c a i n e , 1 9 7 3 .

    L a p h i lo s o p h ie a f r ic a in e d e la p r io d e p h a r a o n iq u e

    -

    2 7 8 0 - 3 3 0 a v a n t n o t r e r e , Paris

    L H a r m a t t a n , 1 9 9 0 ,

    O r ig in e c o m m u n e d e l g y p t ie n a n c ie n , d u opte e t d e s la n g u e s n g r o - a f r ic a in e s

    m o d e r n e s , P a r i s , L H a r m a t t a n ,

    1993

    L a g o m t r ie g y p t ie n n e

    -

    C o n t r ib u t io n d e l A f r iq u e a n t iq u e l a M a th m a tiq u e

    m o n d i a l e , P a r i s , L H a r m a t t a n / K h e p e r a , 1 9 9 5 ,

    C h e ik h A n ta D io p , V o ln e y e t le S p h in x

    - C o n t r ib u t io n d e C h e ik h A n ta iop

    l h is t o r io g r a p h ie m o n d ia le , P a r i s , K h e p e r a / P r s e n c e A f r i c a i n e , 1 9 9 6 .

    Articles:

    L e c h a m i t o - s m i t iq u e n e x is t e p a s , in

    A N K H n 0 1 , f v r ie r

    1992

    p p . 5 1 - 5 8 .

    A r is t o te e t l g y p t e a n c ie n n e , in

    A N K H n 0 2 , a v r i l 1 9 9 3 , p p . 9 - 1 8 .

    L a S t le d I r i t i s e n o u le p r e m ie r T r a i t d E s t h t iq u e d e l h u m a n i t , in A N K H n 0 3 , j u i n

    1 9 9 4 , p p . 28 49.

    L a p a r e n t g y p t ie n n e : c o n s id r a t io n s s o c io lo g iq u e s , in A N K H n 0 4 / 5 , 1 9 9 5 - 1 9 9 6 ,

    p p . 1 3 9 - 1 8 3 .

    A n th r o p o lo g ie p h a r a o n iq u e

    -

    T e x t e s

    l a p p u i , in

    A N K H n 0 6 / 7 , 1 9 9 7 - 1 9 9 8 , p p . 8 - 5 3 .

    A f r ic a , t h e c r a d le

    o f

    w r i t in g , in

    A N K H n 0 8 / 9 , 1 9 9 9 - 2 0 0 0 , p p . 8 7 - 9 6 .

    L g y p te p h a r a o n iq u e e t I s r a l d a n s l A n t iq u i t , in A N K H n 0 1 0 / 1 1 , 2 0 0 1 - 2 0 0 2 , p p .

    1 0 6 - 1 3 1 .

    C o m p a r a is o n s m o r p h o lo g iq u e s e n t r e l g y p t ie n a n c ie n e t le D a g a r a , in

    A N K H n 0 1 2 / 1 3 ,

    2 0 0 1 - 2 0 0 2 , p p . 4 8 - 6 3 .

    B ib l i o g r a p h i e e x h a u s t iv e s u r I e s it e w e b : http://www.ankhonline.com

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    L'interprtation des m onuments de l'gypte m ettra encore mieux en vidence l'origine

    gyptienne des sciences et des principales doctrines philosophiques de la G rce

    Champollion,

    Grammaire gyptienne,

    Paris, 1836, pp. XX II.

    Le point de dpart des Grecs Jut la somme de savoir accumul lentement depuis des

    millnaires en Orient et en gypte

    Jean Zafiropu l0 , Anaxagore de C lazomnes,

    Paris, S ocit d' dition L es B elles L ettres , 1948, p. 229.

    La civilisation antique est une civilisation de la beaut. Le doit-elle sa composante

    grecque? Mais on peut penser aussi l'gypte, o la beaut est la marque de l'ternit

    Pierre Gr imaI, Pr fa ce de l'o uv rage

    La Rome an tiqu e, H isto ire et C ivilisa tio ns,

    par Jochen Martin, dit., P aris, ditions B ordas, 1998, p. 5.

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    A la mmoire de Patrice BEJEDI NTONE

    pour tout le Bien (M at) qu'il jt sur terre.

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    Avant-propos

    D ans cet ouvrage d'histoire culturelle dans l'A ntiquit, les questions im portantes

    su iv an te s so nt tra ite s:

    1.

    le rle ducateur de l gypte pharaonique vis--vis de la Grce

    ancienne,

    2. l cole d A lexan drie,

    3. les m ots grecs d o rigine gyptienne.

    Isocrate (436 - 338 avo notre re), orateur athnien, dans son ouvrage Busiris, et

    Plutarque (vers 50 - vers 125), crivain grec qui voyagea en gypte, dans son

    Isis et Osiris, font, l'un et l'autre, un loge non mitig de la civilisation

    pharaonique, en insistant sur la sagesse gyptienne qui a nourri bien des religions

    et des philosophies sur le pourtour de la M diterrane, notam ment la pense

    grecque .

    L 'archologie confirme largement cette influence civilisatrice de l' gypte sur le

    monde grec dans son ensemble. L es fouilles du P rofesseur V . K A RA G EO R GH IS

    Chypre, dans les annes 80, apportent des tmoignages irrcusables. La

    num ism atique ne contredit pas les m ythes qui font de Delphos, le fondateur de

    Delphes au pied du Parnasse, un roi ngre (travaux

    d Ernest BABELON,

    1907-

    1914).

    Il est alors vident, sur la base de faits varis et vrifiables, que la civilisation

    pharaonique a rayonn sur bien d'autres mondes voisins (Canaan, Phnicie,

    Chypre, C rte, S yrie antiq ue, G rce, Asie M in eure). Tou te l'E uro pe mrid ion ale,

    des Balkans aux Pyrnes, a ador la divine Isis, seule desse vraiment

    interna tiona le dans l 'Antiquit pa enne.

    De faon plus prcise, nous examinons, scrupuleusement, textes l'appui,

    l'duca tion de l'in te lligen ts ia g recque , de

    Thals Ar is to te ,

    dans la Valle du Nil

    gyptienne, par des savants de ce pays. C heikh A nta D IO P lu i-mme a consa cr

    de long s travaux su r c ette que stion fondamenta le.

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    Quant l co le d A lexandrie , elle a t le trait d'union culturel et scientifique

    entre l'gypte hellnistique et Rom e. O r cette gypte grecque est elle-m m e

    l'hriti re de la g lo rieuse gyp te pha raon ique

    J ea n LECLANT,

    1984).

    Il est tout naturellement fait appel l'tymologie, la linguistique (phontique) et

    surtout la philologie pour traiter des m ots grecs d'origine gyptienne. Il faut

    peut-tre prciser rapidem ent que la philologie, encore balbutiante en A frique

    noire, est la science des docum ents crits, sous l'angle de leur tude critique, de

    leurs rapports avec la civilisation, de l'histoire des m ots et de leur origine. Au

    chapitre 18 de Civ ilisation ou Barbar ie (P aris, P rsence A fricain e, 1981, p p. 4 79 -

    482), C heikh A nta D IO P propose, pour la prem ire fois en A frique, la m thode

    que l'on pourrait suivre avec profit dans cette recherche des m ots gyptiens qui

    ont pass en grec.

    Au fond de toute cette dm arche historique, il y a l'intention, avoue, de faire

    b n ficier l'h isto ire cu ltu relle d ans l'Antiq uit de nouvelles appro ch es p ro pos du

    dossier gypte ancienne et trangers o les tendances conservatrices

    l'emportent bien souvent, falsifiant ainsi l'criture de l'histoire gyptienne dans

    ses rapports avec d 'autre s peuple s, trangers l'Af rique .

    Il s'agit donc de revenir sur ces tendances chauvinistes et ethnocentristes, dans

    une attitude de vrit historique et surtout de rconciliation de l'homme avec toute

    son his toire .

    La conclusion gnrale de cet ouvrage insiste prcisment sur cette leon

    d'histoire interculturelle, dans un monde qui sent de plus en plus la ncessit de

    son unit huma ine, l'u rgence d 'un fcond d iscours cultu re l p lan ta ire .

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    P rem ire partie

    GYPTE ET GRCE:

    LE SENS DU COURANT DE L'HISTOIRE

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    Chap itre l

    Les Grecs dans la Valle du Nil.

    Itinraires em prunts. Prix du voyage.

    Comment les Grecs d'Ionie et les Grecs des temps classiques eurent-ils accs

    la valle du N il?

    G recs de toute provenance: Ioniens et C ariens d'A sie M ineure, G recs des les et

    du continent proprement dit, G recs de Cyrne, se rpandirent dans toute

    l'gypte, terre de vieille civilisation et d'une fertilit prodigieuse, sous les

    Pharaons de la XXVIe dynastie (664-525 avo notre re), Psammtique

    J,

    Nchao

    II,

    Psammtique

    II,

    A pris et A masis, rois enterrs dans le tem ple de

    N eith Sas. Prcism ent, durant cette dynastie gyptienne, le pays connut une

    belle renaissance politique (la cour et l'adm inistration reconstitues aprs

    l'expulsion des A ssyriens et des thiopiens de la XXve dynastie), intellectuelle

    (l'criture dm otique), artistique et religieuse (toutes les grandes villes

    s'em bellissent de constructions pieuses). L 'gypte com merce alors avec les

    G recs: N aucratis, sur la branche canopique du N il, prs de Sas, est un comptoir

    com mercial grec fond par les M ilsiens, sous Psam mtique J (V Ile sicle avo

    notre re). Naucratis ne sera clipse qu' la fondation d'Alexandrie, en 332

    avant notre re, par A lexandre le Grand. Les corps d'lite de l'arme

    gyptienne sont forms par des mercenaires et des aventuriers de C arie, d'Ionie

    et de D oride. Les intellectuels suivent les com merants et les m ercenaires; un

    sage de Sas dira Solon (qui n'tait ni commerant ni mercenaire, mais

    tudiant en qute de savoir) que les G recs n'taient que des enfants, au regard de

    l'h isto ire et d e la philo soph ie , d es connaissances en gnra l.

    Le roi Amasis fut encore plus favorable aux Hellnes, qui s'tablirent d'ailleurs

    un peu partout, Memphis, Abydos, dans la Grande Oasis. Hrodote

    rapporte: Ami des Grecs, Amasis donna quelques-uns d'entre eux des

    m arques de sa bienveillance (.). Amasis conclut avec les Cyrnnens amiti et

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    alliance. (.). Amasis a aussi consacr des offrandes en pays grec: Cyrne,

    Lindos, Samos, Hera (.). Il est le prem ier au monde (i.e. le premier

    gyptien) qui se soit empar de l'le de Chypre et l'ait rduite payer tribut. I.

    Cet accs massif, permanent et durable, des Grecs la terre gyptienne, sa

    civilisation mutli-m illnaire, lors de l'avnement de la XXVIe dynastie qui fut,

    pour tout le pays, le signal d'une vritable renaissance artistique, littraire et

    scientifique, avec de trs nombreux scribes, fonctionnaires de l'Etat,

    reprsentants de l'lment cultiv de la population, cet accs des Grecs la

    valle du Nil va donc constituer un tournant dans l'histoire hellne: Le fait est

    retenir, il est d'une importance capitale. En effet, c'est peu aprs cet

    vnement que la science et la philosophie grecques commencent prendre leur

    essor.,,2.

    E t comment n'en serait-il pas ainsi, vu la supriorit crasante de l' gypte, dans

    tous les domaines du savoir, sur les peuples voisins, notamment les H ellnes?

    Avan t leu rs contacts p rolo ng s av ec les gyptien s, les G recs n'on t p ratiqu emen t

    rien apport la civilisation de l'ancien m onde mditerranen. C 'est l une

    vidence historique. O r, dans la valle du N il, l'instruction tait fort rpandue

    dans tout le pays. La classe des prtres dtenait le m onopole des sciences et des

    lettres. C haque grande ville possdait une ou plusieurs coles qui dpendaient

    des temples o vivaient de puissants collges sacerdotaux, bien hirarchiss.

    Sas, Bubaste, Tanis, Hliopolis, M em phis, Herm opolis, A bydos et Thbes

    avaient de grands savants, qui ne pouvaient ne pas exploiter les anciennes

    bibliothques, par exemple la bibliothque du temple d'E dfou, la bibliothque

    sacerdotale de Tebtunis, au Fayoum (avec de nom breux textes littraires, des

    traits religieux ou scientifiques), les bibliothques prives de Thbes, celle de

    D eir el-M dineh (l'actuelle collection C hester-B eatty ) qui comprenait des

    textes m agiques, des contes populaires et m ythologiques, des psaum es, des

    textes littraires et m dicaux. Il faut sans doute rappeler aussi que le collge

    sacerdotal d'H liopolis (la ville de R ) avait une rputation universelle: les plus

    illustres d'entre les Hellnes vinrent y puiser une grande partie de leurs

    connaissances.

    I

    Hrodo te , L iv re I I

    (Euterpe),

    178 , 181 , 182 .

    2 G . M ilh au d,

    Les leons sur les origines de la science grecque,

    chap. I. Le sanctuaire grec

    N aucratis s'appelait H ellnion : il avait t fond en com mun par les cits ioniennes de C hios,

    T os, P hoce et C lazom nes; les cits doriennes de Rhodes (lalysos, C am eiros et L indos), C nide,

    Ha lic arn as se , Phas Iis e t la c it olienne de My tilne (H rodo te , I I, 1 78 ).

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    Par consquent, sous la X XV Ie dynastie, au tem ps des rois sates, de 664 525

    avant notre re, les G recs pouvaient visiter la valle du N il en toute tranquillit,

    s'y installer et s'y instruire dans les meilleures conditions. Mme sous la

    dom ination perse (X XV II dynastie: C am byse, D arius, X erxs, de 525 401

    av notre re), rien n'em pcha voyageurs, historiens, philosophes et hom mes

    d'Etat grecs, de parcourir l'gypte en toute quitude, d'tudier ses m urs, ses

    arts, ses croyances religieuses, com me le prouve par exem ple Hrodote, le

    pre de l 'h is to ire .

    L a possibilit des relations intellectuelles entre l' gypte et la G rce est un fait

    d 'histoire. T ous les G recs d'une haute intelligence (T hals de M ilet, P ythagore

    de Samos, Empdocle d'Agrigente, Anaxagore de Clazomnes, Platon

    d'A thnes, etc., etc.) taient donc parfaitement mme d'aller puiser la source

    de la sagesse gyptienne, et ils l'ont fait, sduits par le prestige et l'antiquit de

    la plus grande civilisation qui rayonnait dans le m onde m diterranen depuis

    des m illnaires. La G rce doit l'gypte ses prem iers philosophes. La pense

    gyptienne a exerc une certaine influence sur la pense grecque, comme

    aujo urd 'h ui les scien ces et les technolo gies no rd -amrican es dom inen t le monde

    entier. Affaire de sim ple supriorit crasante de la part des U .S.A . Dans

    l'Antiquit, et la priode qui nous intresse, la suprm atie scientifique de

    l'gypte n'avait pas d'quivalent en Grce. M ais l'criture de l'histoire de

    l'hum anit selon des thm atiques indo-europennes exclusives, a gauchi

    volonta iremen t le s faits, qui sont pou rtant ce qu'il sont.

    Pour se rendre en gypte, les Grecs, tudiants, commerants, touristes,

    mercenaire s, aventu rie rs emprunta ient fo rcment l'une ou l'autre de ces route s:

    1. la route orientale: rade de Phalre au VIe sicle - puis partir du Pire (port

    et banlieue d'Athnes) aux ve et Ive sicles

    -

    les Cyclades (les grecques de la

    mer Ege, autour de Dlos) - l'le de Rhodes (escale commerciale importante

    entre l'gypte, la Phnicie et la Grce) - ctes de Lycie (sud-ouest de l'Asie

    M ineure)- et de Pam phylie (contre m ridionale de l'A sie M ineure, entre la

    Lycie et la Cilicie)

    -

    Chypre (K ypros, le du cuivre )

    -

    cte syro-palestinienne -

    gypte: cette route tait dj frquente l'poque m ycnienne;

    2. la route occidentale: c'est la route directe entre la Crte (ancienne Candie) et

    l'gypte: cette route tait galement suivie l'poque mycnienne (cf.

    Odysse,

    XN, 252-257).

    Il

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    Socrate rappelle CalIicls que le prix du voyage en gypte est de 2 drachmes

    au dbarquem ent: n:o[3t[3a.O aO a'd TOV tllva o paXIl

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    Chapitre II

    ,

    Egypte et Grce: historiographie

    Dans l'Antiquit classique, aucun savant grec ne mettait en doute la supriorit

    intellectuelle et scientifique des prtres de la valle du N il. C 'est ce que l'on

    p eut constater brivemen t av ec ce qui suit.

    Homre, vivant vers 850 avo notre re, loue sans ambages l'gypte, pays o le s

    mdecins sont les plus savants du monde .

    Hrodote (v. 484 - v.420 avo notre re) insiste sur le fait que le calendrier

    astronomique est une invention proprement gyptienne: Les gyptiens

    avaient, les prem iers de tous les hommes, invent l'anne, et divis en douze

    parties, pour la former, le cycle des saisons; ils avaient fait cette invention en

    obse rva nt le s a stres.,,2

    Les G recs ont em prunt aux gyptiens l'art de m esurer la terre (la gom trie),

    et aux B abyloniens, celui de m esurer le temps (le calendrier) : .. . l 'invention de

    la gom trie, que des G recs rapportrent dans leur pays. Car, pour l'usage du

    polos, du gnomon, et pour la division du jour en douze parties, c'est des

    Babyloniens que les Grecs les apprirent. 3

    Pour Isocrate (436 - 338 avo notre re), l'gypte tait le berceau de la

    philosophie, l'origine des soins donns la pense: Ces p rtres (g yp tien s)

    inventrent pour le corps le secours de la m decine. (...). Pour les mes ils

    I Homre ,

    Odysse,

    IV , 231 : lTJTpO xwno tmcrnxflvo TTPl mxvn.

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    rvlrent la pratique de la philosophie qui peut la fois fixer des lois et

    chercher la nature des choses.,,4

    Platon

    (428 ou 427 - 348 ou 347 avo n otre re) rapporte un im aginaire collectif,

    devenu une tradition accepte, savoir que c'est le dieu gyptien Thot qui

    inventa les arts, les sciences, les lois, l'criture. E t c'est Socrate qui le raconte

    Phdre:

    Eh bien j'ai entendu conter que vcut du ct de Naucratis, en

    gypte, une des vieilles divinits de l-bas, celle dont l'emblme sacr est

    l'oiseau qu'ils appellent, tu le sais, l'ibis, et que le nom du dieu lui-m m e tait

    Theuth.

    C 'est lui, donc, le prem ier qui dcouvrit la science du nom bre avec le

    calcul, la gom trie et l'astronom ie, et aussi le trictrac et les ds, enfin, sache-

    le, les caractres de l'criture. s

    On retrouve ce rcit dans

    Philbe

    (l8b) : Thot, in venteur d e l' critu re .

    Socrate a ra ison : Thot (Dl;wty, en gyptien), est bien le dieu-lunaire form e

    d'ibis (le mot grec ibis est d 'o rigine gyptienne: hby, l'ib is sacr au corp s b lan c,

    avec une tte et une queue noires). Et, pour les gyptiens eux-m m es, le dieu

    Thot rgnait sur toutes les oprations intellectuelles et scientifiques:

    l'ta blissement de l'c ritu re, la spara tion des langages, l'a nnalistique, le s lo is, le

    calcul du temps, des annes, du calendrier. Des textes gyptiens affirment

    clairement, par ailleurs, que

    Thot

    est le cur de R , c 'est--dire l 'essence

    mme de la p en se cratrice.

    Pourquoi Socrate reprend-t-il l'hom mage que les gyptiens rendaient leur

    dieu

    Thot?

    Pourquoi

    Socrate

    n'attribue-t-il pas l'invention des arts, des

    sciences et de l'criture au m onde assyro-babylonien? Ce m irage gyptien

    est-il s ans fondements rels ?

    Il faut comprendre dans ce mythe de Thot la signification, par les Grecs

    instruits, de la trs haute antiquit de la civilisation gyptienne, son

    rayonnement en M diterrane, son influence chez les G recs eux-m mes. C ette

    haute antiquit de la civilisation gyptienne impliquait, aux yeux des G recs, par

    une sorte d'vidence indiscutable, la grande avance intellectuelle, littraire,

    4

    Isocrate,

    Busiris

    (X I), 22: Tal lJ uxa1

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    artistique, scientifique, du pays de la valle du N il. Et quel intrt les Grecs,

    d'ordinaire si fiers, si satisfaits d'eux-mmes, avaient-ils reconnatre

    explicitem ent et unanim em ent l'autorit suprieure des sages et savants de

    l' gypte? Quelle ncessit y avait-il inventer le rcit de

    Thot,

    matre s-arts et

    s-sciences?

    Aristote

    (384-322 avo notre re), si rudit, si glorieux, affirm e que les prtres

    gyptiens, jouissant de beaucoup de loisirs, ont par consquent fait faire des

    p rogr s consid rables aux conna issance s huma ines: Au ssi l' gyp te a -t-elle t

    le berceau des arts m athm atiques.,,6

    Pourquoi Aristote, le Grec macdonien, n'attribue-t-il pas le berceau des

    math matiq ues l'A ssy rie et la Babylo nie, la Chald e?

    Aristo te, P lato n, Isocrate, H rod ote et H om re n 'ta ien t-ils que de vulgaire s

    m enteurs , en soutenant que l'gypte tait le berceau des m athmatiques, des

    jeux de socit, de l'astronom ie, de la gom trie, de l'criture, du calendrier

    astronom ique, de la m decine, de la religion7, de la m agie, de la philosophie, de

    l 'architecture monumentale?

    Les historiens grecs eux-m m es qui ont eu s'intresser aux relations entre

    l' gypte et la G rce n'ont pas m anqu de relever le fait, savoir l'instruction des

    Grecs clbre s aupr s des p r tre s gyptiens .

    A in si, p ar ex emple,

    D iod ore d e S icile,

    historien grec, n Agyrion (1 er sicle

    avant notre re), auteur d'une utile compilation, la Bibliothque his torique, qui

    retrace l'histoire universelle des origines 58 avo notre re : en effet, Diodore

    de S ic ile conclut le Livre I de sa Bibliothque his torique par un recensem ent de

    ceux des G recs clbres qui, pour leur instruction, ont voyag en gypte, et qui

    aprs y avoir acquis un grand nombre de connaissances utiles, les ont rapportes

    en Grce. Pourquoi Diodore de Sicile a-t-il entrepris un tel recensem ent

    historiq ue s'il n 'y av ait au cun fond ement le faire?

    D iodore de Sicile nomme Lycurgue, Platon, Solon, pour les institutions

    politiques; Pythagore, pour les choses sacres, ses thormes gomtriques, sa

    fi

    Aristote, Mtaphysique, A, l, 981 b 23

    ;

    ta m :pt A 'tYUTTTOV al la8T) lanxat TTPW TOVTxvm

    aUV

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    doctrine des nom bres et de la transm igration des m es dans le corps de toutes

    sor tes d 'animaux;

    Dmocrite,

    pour l'a stro logie e t l'a stronomie ;

    nopide,

    pour

    l'astronom ie galement; enfin Eudoxe, pour les sciences m athm atiques et

    astronomiques.

    Toujours d'aprs Diodore de Sicile, nopide de Chio, qui tait un

    pythagoricien, tenait des gyptiens la connaissance de l'orbite que parcourt le

    soleil, qui par sa marche oblique est emport en un sens contraire celui dans

    lequel se m euvent les autres astres. g

    Il s'agit l de l'obliquit de l'cliptique sur l'quateur, dcouverte si essentielle

    en ast ronomie.

    L 'astronom ie gyptienne avait un caractre quatorial et stellaire. D ans la zone

    quatoriale, large de dix degrs, on com pte une cinquantaine d'toiles; il y en a

    huit qui sont les plus proches de l'quateur: les astronom es des calendriers

    gyptiens d'A ssiout par exem ple ont utilis six de ces huit toiles. Or, pour se

    faire une ide exacte de la position de ces toiles autour de l'quateur cleste, il

    faut quelques lments cosmographiques. P rcisment, les gyptiens avaient

    cr des compartiments gomtriques contenant quelque toile rattache une

    constellation plus tendue. Certaines toiles avaient donc t choisies et

    repres dans des astrismes, des constellations, et les dcans gyptiens taient

    des toiles ou des groupes d'toiles bien visibles choisies dans une large zone

    qu atoriale: chaque nouvelle d cade tait caractrise par le lev er h liaqu e d'un

    nouveau dcan. Les levers hliaques de Sothis (S iriu s) et les levers co sm iqu es

    calcul s, enregis tr s supposent, coup sr, une astronomie perfectionne9.

    Il n'y avait rien en Grce, en astronomie, cette poque, c'est--dire au Moyen

    Em pire gyptien (2052-1778 avo notre re).

    Les Dogon et les Bambara par exemple ont, comme les anciens gyptiens,

    tudi l'obliquit de l'cliptique sur l'quateur, c'est--dire l'angle du plan de

    l'cliptique (grand cercle de la sphre cleste dcrit en un an par le Soleil dans

    son mouvement propre apparent, dans le cas de l'astronom ie gyptienne, dogon

    et bam bara) avec celui de l'quateur cleste. Les D ogon et les B am bara du M ali

    dterm inaient m athmatiquement et graphiquement les positions du Soleil sur

    R

    D iodore de S icile, l,

    2 ' par tie , XCVIII .

    9

    Ch. Fivez, Les tro is calendr ie rs ind its d 'Assiout , in Chronique d'gypte, 1936,n022,pp.

    345-367.

    16

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    l'cliptique: L'ide bambara et dogon de l'cliptique ne doit pas tre

    considre comme une notion isole dans la pense de ces populations

    soudanaises. Elle se relie une synthse intellectuelle, une vue d'ensemble de

    l'univers et des grands phnomnes de la nature. 1O

    Ainsi, les Dogon et les Bambara ont labor, eux aussi, comme les anciens

    gyptiens, une astronom ie de caractre quatorial, et ils ont employ le

    gnomon, mesur les angles, reprsent graphiquement le mouvement du Soleil,

    divis le cercle en degrs, dterm in 360 levers et couchers du Soleil durant

    l'anne, reprsent l'orbite apparente du Soleil sous la forme du cercle divis en

    360 d egrs, mesu r l'inclinaison de l'clip tiq ue qui fu t, selon toute probabil it ,

    une de leur s principale s recherches astronomiques. n

    Dans l'Antiquit et dans les temps prcoloniaux, il existait, en A frique noire, de

    la valle du N il l'A frique extrm e-occidentale, de la valle du N il en A frique

    orientale (thiopie, Som ali, K enya), de vritables collges d'astronom es

    ruditsl2.

    En apprenant la dtermination et le calcul de l'obliquit de l'cliptique sur

    l'quateur auprs des prtres gyptiens, nopide avait accs un vritable

    savoir scientifique et non des recettes empiriques , comme aiment le

    rp te r certa in s auteurs modernes ma l in tentionns .

    E t, de fait, une bonne partie de l'historiographie moderne pose malle problme,

    en ramenant l'instruction des Hellnes clbres dans la valle du Nil de

    simples acquisitions empiriques . Du moins, on ne nie plus avec fracas les

    voyages d'tude des G recs au pays de P haraon.

    Henri JOLY (1979), Luc BRISSON (1987) et M ario VEGETTI (1988), ont tudi

    de faon approfondie la place importante que fait Platon, en connaissance de

    cause, dans ses crits (de maturit), de l'antiquit immmoriale de l'gypte, qui

    est videmment dsigne comme instauratrice de l'criture, des jeux de dames,

    JO

    D om inique Z ahan, tudes sur la cosm ologie des D ogon et des B am bara du Soudan Franais. I.

    La notion d'cliptique chez les D ogon et les B am bara , in Africa (Lon dre s), Vol. XXI, Ja nv ie r

    1951, nO I, p p. 13-23; pour la citation, p. 19.

    Il

    Domin ique Zahan, op . c it ., p. 19.

    12M arco Bassi, O n the Borana Calendrial System : A Preliminary Field Report , in

    Curren

    Anthropology,

    vol. 29, n04, 1988, pp. 619-624. Les Borana vivent au N ord du K enya et au Sud de

    l'thiopie. E n 1978, 8.M . L ynch et L .H . R obbins avaient tudi l'observatoire astronom ique de

    Namora tu ng a, l'E st d u Lac Turk an a.

    17

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