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SOCIETES ET CULTURES DE L’EUROPE MEDIEVALESOCIETES ET CULTURES DE L’EUROPE MEDIEVALESOCIETES ET CULTURES DE L’EUROPE MEDIEVALESOCIETES ET CULTURES DE L’EUROPE MEDIEVALE
1ère partie : la chrétienté médiévale
1/Dieu, partout et tout le temps
1.1)L’abbaye de Conques, miroir des croyances de l’homme du Moyen-Âge
1.2)L’Eglise et l’église au centre de l’existence
1.3)Clercs et laïcs dans la société médiévale européenne.
2/Croire au Moyen-Âge
2.1)Croire à quoi ? Les croyances des élites.
2.2)Croire mal. Les croyances populaires.
2.3)Croire en un autre Dieu. L’ère des croisades.
2ème partie : sociétés et cultures urbaines
1/L’essor des villes en Europe : comparaison de Paris et de Palerme
2/Le bouillonnement urbain
3/Un lieu de pouvoirs et d’échanges
4/L’apparition d’une culture urbaine
5/Les relations entre villes et campagnes
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1ère partie : la chrétienté médiévale
1/Dieu, partout et tout le temps
1.1)L’abbaye de Conques, miroir des croyances de l’homme du Moyen-Âge
Document 1 : Livre des miracles de Ste Foy de Conques, Bernard d’Angers, XIè siècle
« Cela suffit à prouver que l’on doit honorer les images des saints ; mais ce qu’il faut dire surtout,
c’est que leurs statues sont des reliquaires pour les saints corps ; le trésor qu’elles portent les rend
plus sacrées encore que jadis l’Arche d’Alliance. Dans la statue de Sainte Foy est conservé son chef
(crâne) entier, qui est sûrement une des plus nobles perles de la Jérusalem céleste. Par égard pour
ses mérites, la divine bonté opère des prodiges tels que je n’ai rien entendu de semblable à propos
d’aucun autre saint de nos temps. Et il est prouvé que jamais ce culte n’a porté personne à retomber
dans l’oreille païenne, n’a entravé les miracles ni causé le moindre tort à la religion (…). Un prisonnier
gémissait depuis longtemps au fond d’un cachot et ne cessait d’invoquer le secours de Sainte Foy. Un
jour, la sainte lui apparaît. Il lui demande son nom ; elle lui répond qu’elle s’appelle Sainte Foy et lui
présente un marteau couvert d’une rouille épaisse. Elle lui ordonne de briser ses entraves avec cet
instrument, de se rendre en toute hâte à Conques et d’y porter les tronçons de ses chaînes. Il
s’empresse d’obéir ; la porte s’ouvre d’elle-même sans intervention humaine ; le prisonnier
s’échappe et se rend directement à Sainte Foy ; là, plein de reconnaissance, il offre ses plus vifs
remerciements à Dieu et à la sainte pour ce bienfait. »
Document 2 : le tympan de l’église de Conques
a)Présentez les documents et le contexte de leur création.
Document 1 Document 2
Quelle est la nature du support proposé ?
Une histoire, une parabole, un récit hagiographique (sur la vie
Le tympan d’une église, au-dessus de la porte principale,
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d’un saint), un livre des miracles.
un « livre de pierre »
Quel en est l’auteur ? Un clerc lettré, Bernard d’Angers
A qui est-il destiné ? Aux fidèles lettrés ou écoutant son histoire à la messe
Aux fidèles, aux passants, aux non-clercs, aux illettrés
A quel moment est réalisé cette source, et dans quel contexte ?
XIè siècle XIIè siècle (début) : dans les deux cas une ère de réforme de l’Eglise, notamment sous le pape Grégoire VII (réforme grégorienne) en 1095
Quel est l’idée principale développée par l’auteur ?
On peut obtenir le salut et le pardon en rendant un culte aux saints (la devotio moderna)
S’inspire de l’évangile selon Mathieu et raconte le jugement dernier
b)Quelles sont les croyances évoquées dans ces deux documents ?
-l’intercession des saints pour la rédemption : ici Sainte Foy permet miraculeusement la libération
d’un prisonnier qui pour la remercier l’honore par un culte, une dévotion.
-le jugement dernier, l’enfer et le paradis. Les actes de la vie terrestre pèsent sur le Jugement
dernier, pendant lequel Dieu pèse les âmes et sépare les élus des damnés.
c)Quelle place tient le péché dans la religion chrétienne ? L’homme peut-il néanmoins être sauvé,
pardonné, et comment ?
Le péché détermine son accès à l’au-delà, au Paradis. La justice terrestre apparaît comme inféodée à
la justice divine dans cet extrait, soumise à la justice divine : enfermé par les hommes, il est libéré par
Dieu. La métaphore est claire : l’homme peut être sauvé, il a droit à la rédemption et peut avoir accès
au salut s’il adopte une bonne attitude face à Dieu et l’Eglise ; vénérer les saints, prier, se confesser…
Il peut aussi « acheter » ce salut (en offrant des messes pour le salut de son âme¸ en faisant des
bonnes œuvres…). C’est un moyen d’imposer un ordre social dans la société, de fixer des normes
que les hommes respectent parce qu’ils les craignent : cette vision de la société est fixe, immobile,
immuable, car chacun reste dans sa vie terrestre ou Dieu l’a mis. Elle est porteuse d’espoir
néanmoins, car pour le Jugement dernier, chacun peut espérer le salut.
d)Comment l’Eglise diffuse-t-elle son message et ses valeurs aux croyants ? Pourquoi ?
Par le verbe : le récit et l’oralité des paraboles, des histoires à vocation morales.
Par l’image, la pierre notamment : on voit les épisodes de la vie du Christ et les grands épisodes de la
Bible sur des sculptures sur bois (les retables), les fresques peintes en couleur dans les églises
romanes, ou encore les fresques de pierre comme à Conques ou à Autun. Les tympans (les entrées)
sont particulièrement décorées, souvent par cette image du Jugement dernier, signe que Dieu
surveille (punisseur mais bienveillant) chaque acte des croyants.
C’est le reflet de sociétés majoritairement analphabètes : l’écrit, le latin, est uniquement maîtrisé par
les clercs.
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1.2)L’Eglise et l’église au centre de l’existence
La paroisse construite autour de l’église (le bâtiment central et repère du village, grâce aux cloches)
est le cadre de la vie quotidienne. Elle rassemble autour du prêtre tous les chrétiens d’une
communauté. Elles se multiplient alors (X 5 en Angleterre) ou apparaît là où elle n’existait pas, dans
le nord et l’est de l’Europe notamment. Le fidèle y est baptisé, s’y marie, y est enterré, comme
l’attestent les registres paroissiaux. Le cimetière paroissial devient le lieu obligé pour l’inhumation, et
malgré les interdits on y danse et on y fait du commerce. On retrouve comme dans les danses
macabres la cohabitation des vivants et des morts. Cette paroisse, avec la seigneurie, encadre et
enferme, protège et limite les croyants. Au-delà, c’est « l’étranger » : à 10 kms, on peut parler, déjà,
un patois différent, utiliser des mesures différentes… Donc les paroissiens restent au cœur de leur
paroisse : on parle d’encellulement. Parallèlement à cette paroisse, les paroissiens se réunissent
souvent dans la fabrique, sorte de cellule d’entraide : ils organisent les fêtes, aident financièrement
les membres de la communauté dans le besoin (pour payer des obsèques, une sorte d’assurance
maladie…)
L’Eglise en tant qu’institution, plus distante, n’en est pas moins omniprésente, d’abord via le clergé :
le curé a en charge les âmes de sa paroisse, qu’il confesse, moralise, éduque aux épisodes de la bible
pendant la messe. Il doit incliner ses paroissiens à rester dans le droit chemin de la morale, même s’il
est séparé d’eux par des pratiques spécifiques (célibat, tonsure, maîtrise de l’écriture et du latin –
théoriquement). Il leur administre des sacrements, le plus important étant le baptême qui fait entrer
l’enfant dans la communauté chrétienne. Privé de ce sacrement, l’enfant qui viendrait à décéder
serait perdu dans les limbes, n’aurait pas droit au salut et donc au paradis. Néanmoins, le mariage
devenu sacrement avec la réforme grégorienne embarrasse surtout les nobles, habitués à rompre
des mariages pour des raisons patrimoniales… Surtout, l’Eglise est très largement propriétaire de la
terre et nombre d’évêques sont issus de familles nobles, et deviennent des seigneurs, prélevant des
taxes, notamment la dîme. La réforme grégorienne a renforcé l’emprise religieuse et sociale de
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l’Eglise sur les fidèles, en améliorant la formation du clergé entre le XIè et le XIIè siècle. Surtout,
chaque paroissien organise son temps de manière chrétienne : les cloches dictent la journée de
travail, le dimanche consacré à Dieu, en souvenir de la genèse, doit être chômé. A la tête de cette
Eglise (romaine depuis le schisme de 1054) se trouve le pape, détenteur d’un pouvoir temporel (chef
de l’Etat du Vatican) et spirituel (détenteur d’un pouvoir qu’il tient de l’apôtre Pierre, choisi lui-même
par Jésus, et qui fait de lui l’évêque de Rome). Enfin, nous sommes dans une période d’expansion de
la religion chrétienne « romaine » vers l’est et le centre de l’Europe, et le nord aussi, avec l’appui de
rois et de chefs de guerre locaux : les chevaliers teutoniques christianisent les pays baltes au XIIIè
siècle, autour de Thorn et de Riga. La Norvège également est christianisée notamment au XIè siècle
sous l’impulsion du roi Olaf Haraldsson qui fait abandonner à son peuple le polythéisme et le
paganisme (en 1022) même si une partie de ses sujets se révoltent en 1030.
1.3)Clercs et laïcs dans la société médiévale européenne.
La société est divisée entre ceux qui sont membres de la hiérarchie de l’Eglise, les clercs, et les laïcs.
A la frontière entre ces deux mondes se trouvent des laïcs désireux de vivre pieusement, comme les
clercs. On parle de tiers ordre.
Les distinctions sont parfois minces : ainsi nombre de prêtres vivent comme leurs ouailles, sont
quasiment illettrés, méconnaissent ou se méprennent sur le message des Ecritures, vivent
maritalement (avec une ou plusieurs femmes, ce que l’on appelle le nicolaïsme) et abusent de la
bonne chère. Les hauts représentants du clergé, loin de respecter les principes de pauvreté et de vie
modeste, vivent dans le luxe.
Au sein du clergé, on distinguera les « séculiers », ceux qui vivent dans le siècle, auprès de leurs
fidèles, comme eux, et les « réguliers », qui vivent selon une règle, en communauté pour la plupart, à
l’écart du monde mais priant pour le rachat des péchés du monde. Cette frontière entre régulier et
séculier tend à se réduire au XIIè siècle, lorsque des mouvements monastiques apparaissent qui
décident de vivre pauvrement et d’aller au contact du petit peuple, pour l’évangéliser : ce sont les
ordres mendiants (franciscains, dominicains, carmes). La plupart des moines suivent la règle de Saint
Benoît, moine de la fin de l’Antiquité insistant sur la nécessité, pour les moines, de faire alterner dans
leur journée prière, travail manuel (jardinage, élevage, …) et intellectuel (lecture, copie…).
Un exemple : Bernard de Clairvaux (1090-1153) et la réforme du monachisme
Au XIè siècle, Cluny est l’institution la plus puissante d’Occident, et les moines de Cluny vivent dans
l’opulence la plus totale. Cette situation crée des tensions et un désir de réforme, notamment animé
par Bernard de Clairvaux qui fonde l’ordre de Citeaux (1098, près de Dijon). Il veut revenir à la règle
primitive de St Benoît, fondé sur le principe de pauvreté, et défend ces principes dans son monastère
de Clairvaux dont il est père abbé jusqu’à sa mort. Il prêche pour la seconde croisade, mais défend
également les juifs contre les exactions qu’ils subissent. Il est sanctifié une vingtaine d’années après
sa mort. L’ordre de Cîteaux a essaimé, Moribond, la Ferté, Pontigny, jusqu’à, surtout, la création en
1119 de l’abbaye de Fontenay. Le conflit est âpre entre les « moines blancs » (Cisterciens) et les
« moines noirs » (Clunisiens).
Documents du Belin, 1 et 4 page 91
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1)Présentez les deux documents :
Document 1 Document 2
Quelle est la nature du support proposé ?
Un règlement, une règle, un recueil de prescriptions à caractère moral et pratique
Un essai polémique
Quel en est l’auteur ? Benoît, un saint de la fin de l’Antiquité (VIè siècle) ayant fondé un monastère sur le mont Cassin aux portes de Rome
B. de Clairvaux, réformateur et fondateur de l’ordre des Cisterciens, en réaction à Cluny
A qui est-il destiné ? A tous les mouvements monastiques suivant la règle de St Benoît
Aux moines suivant la règle de St Benoît, aux Clunisiens
A quel moment est réalisé cette source, et dans quel contexte ?
VIè XIIè, en pleine « renaissance » religieuse
Quel est l’idée principale développée par l’auteur ?
Un ordre fondé sur la pauvreté, le partage du temps entre les tâches manuelles, l’étude et la prière
Les dérives de ceux qui à Cluny se revendiquent de cette règle mais ne la respectent pas.
2)Pourquoi peut-on dire que les moines de l’ordre de Cluny se sont éloignés des principes fondateurs
de leur ordre, d’après la confrontation de ces deux textes.
-non-respect du vœu de pauvreté alors que la règle de St Benoît imposait aux moines de vivre
« pauvres en Jésus Christ ».
-cela se traduit par un excès de luxe dans les rites et les pratiques religieuses mêmes : trop
d’ornements, d’or, de « brillant et de précieux »…
-trop d’intérêt pour les choses matérielles et les sens… or la règle impose une méfiance et une
résistance aux tentations des sens, quelles qu’elles soient.
2/Croire au Moyen-Âge
2.1)Croire à quoi ? Les croyances des élites.
Trois croyances essentielles définissent le chrétien :
-La croyance de base des chrétiens est le credo adopté au concile de Nicée en 325 : Dieu est une
seule en même entité mais présente en trois personnes, Dieu, Jésus est le Saint Esprit. Les élites
chrétiennes fixent le dogme, décident de ce qui est conforme à la doctrine chrétienne et de ce qui
l’est pas : ils se réunissent en synodes (à l’échelle d’un diocèse, l’évêque réunissant ses prêtres) ou à
l’échelle de conciles, plus rares, mais décisifs (réunions des évêques et des cardinaux).
-La croyance essentielle, parce qu’elle fixe un cadre et un ordre social, est celle du Jugement dernier.
Néanmoins elle s’infléchit avec l’invention, au XIIè siècle, du Purgatoire, sorte de sas dans lequel le
pécheur se retrouve « prisonnier » le temps de « purger » ses péchés.
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-pour les élites, la croyance vitale demeure celle de la Transsubstantiation, ou la « présence réelle »,
l’idée qu’au moment de la communion (l’Eucharistie) la bénédiction du prêtre permet à Jésus d’être
physiquement présent dans le pain rompu et le vin partagé. C’est cette croyance qui ensuite est
remise en cause par certains courants du protestantisme. Après 1215 (concile de Latran), les fidèles
doivent, pour communier, se confesser au moins une fois par an. Les prêtres gagnent ainsi en
pouvoir sur leurs ouailles, et dans une même volonté d’unité et d’homogénéisation des
comportements suivent des « manuels » de confesseurs prescrivant des peines adaptées aux fautes
commises.
Document : conseils à un confesseur.
« Que le prêtre ait soin de ne pas regarder ses pénitents en face, surtout les femmes ; qu’il ait revêtu
sa chape, qu’il tienne sa tête sous son capuchon rabattu. Si on l’accuse d’un péché horrible, qu’il ne
détourne pas la tête, qu’il ne lève pas les yeux au ciel ici ou là, qu’il ne manifeste aucun mépris, ne
profère aucune parole, ne fasse aucun geste qui témoigne de son horreur pour le pécheur ou pour le
péché, de peur que le pécheur, frappé de honte, n’ose révéler d’autres péchés semblables (…). Aux
nobles, le prêtre demandera s’ils n’ont pas fait des règlements contre les libertés ecclésiastiques ;
s’ils ont bien rendu la justice à tous ceux qui se sont présentés devant eux (…). Il interrogera les
paysans au sujet des larcins et des fraudes qu’ils ont pu commettre, notamment pour les dîmes, les
prémices, les tributs, les cens, les redevances qu’ils doivent aux seigneurs ; il leur demandera s’ils
n’ont point déplacé les bornes, s’ils n’ont pas empiété sur le champ d’autrui. » Statuts synodaux de
Nîmes, milieu du XIIIè siècle.
En quoi voit-on d’après ce texte que le prêtre a un rôle d’arbitre et de médiateur, qu’il est là pour
préserver l’ordre social ?
Il est là pour assurer que le contrat social entre nobles et petit peuple est respecté, que les pauvres
paient des impôts et que les nobles protègent les pauvres, notamment par une justice équitable. Il
est aussi là pour assurer à l’Eglise, son institution, un revenu régulier !
Quelle image de la femme et des pauvres ce texte donne-t-il ?
La femme est toujours suspecte d’être une plus grande pécheresse que l’homme, les pauvres sont
des voleurs et des escrocs en puissance, ce qui dénote une vision du pauvre très éloignée de celle
prônée et incarnée par Jésus. Quant à la femme, elle reste prisonnière du péché originel.
Les inquisiteurs sont chargés de traquer ceux qui ne croient pas ou croient mal
2.2)Croire mal. Les croyances populaires.
Le chien Guinefort a été injustement tué par son maître alors qu’il venait de sauver son enfant.
L’endroit de sa mort devient un lieu de culte ; le chien est réputé guérir les enfants faibles et malades.
Dans un bourg fortifié distant de cet endroit, elles allaient chercher une vieille femme qui leur
enseignait la manière rituelle d’agir, de faire des offrandes au démon, de les invoquer, et qui les
conduisait en ce lieu. Quand elles y parvenaient, elles offraient du sel et d’autres choses ; elles
pendaient aux buissons alentours des langes de l’enfant ; elles plantaient un clou dans les arbres qui
avaient poussé en ce lieu ; elles passaient l’enfant nu entre le tronc de deux arbres ; la mère qui était
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d’un côté tenait l’enfant et le jetait neuf fois à la vieille femme qui était de l’autre côté (…). (D)es
mères infanticides reprenaient leur enfant et le posaient nu au pied de l’arbre sur la paille d’un
berceau, et avec le feu qu’elles avaient apporté là, elles allumaient de part et d’autre de la tête deux
chandelles mesurant un pouce, et elles les fixaient dans le tronc au-dessus. Puis elles se retiraient
jusqu’à ce que les chandelles fussent consumées. (…) Lorsque les mères retournaient à leur enfant et
le retrouvaient vivant, elles le portaient dans les eaux rapides d’une rivière proche (…) où elles le
plongeaient neuf fois : s’il s’en sortait ou ne mourait pas sur le champ ou juste après, c’est qu’il avait
les viscères bien résistants. » Etienne de Bourbon, dominicain et inquisiteur dans les Dombes, traité
des Diverses matières à prêcher, milieu du XIIIè siècle, traduction de J. C. Schmitt, Flammarion, 2004
Pourquoi peut-on parler de croyances populaires, voire de sorcellerie ? Quel regard portent les
clercs, dont l’auteur, sur ces croyances ?
Au-delà de ces croyances populaires, ancrées dans le passé et les pratiques héritées du paganisme,
émergent des courants de dissidence. La redécouverte autour de l’an Mil des textes bibliques, la
volonté de retrouver une fidélité par rapport aux textes des origines, le rejet d’un clergé corrompu,
déviant et immoral conduit à des mouvements d’opposition qui revendiquent une autre manière de
croire. L’Eglise les pourchasse via l’Inquisition comme des mouvements hérétiques. Au XIIè siècle ils
se multiplient : les Vaudois à Lyon autour de Pierre Valdès prêchent la pauvreté et nient l’existence
du Purgatoire. Les Cathares, qui veulent revenir à une pratique pure et à une Eglise pauvre, se
soulèvent dans le Languedoc et vivent dans de véritables camps retranchés à flancs de montagnes,
dans des châteaux qui résistèrent plusieurs décennies. On les retrouve en Italie du nord et en
Rhénanie. Dans le sud-ouest de la France, ils prennent le nom d’Albigeois. En 1209 ils refusent le
culte des images et la vénération des reliques, ce qui leur vaut la colère du pape qui lance contre eux
une croisade, la croisade des Albigeois. C’est à la suite de cette croisade que l’Inquisition est créée
(1231-33).
2.3)Croire en un autre Dieu. L’ère des croisades.
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Document 2 :
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Le départ de la première croisade, en 1095, s’accompagne dans la vallée du Rhin de terribles
violences populaires, que les autorités ecclésiastiques ne parviennent pas à endiguer.
Le pape de Rome la funeste (…) déclara chez tous les peuples qui croyaient dans le Christ, qu’ils
devaient se regrouper, aller à Jérusalem, conquérir la ville par les armes (…) et aller jusqu’à la
sépulture de Jésus qu’ils avaient reconnu comme seigneur. Il vint (…) et les nations se rassemblèrent
toutes en un seul élan pour exécuter cet ordre, se regroupant comme le sable sur le rivage, et leur
voix était semblable au tumulte de l’orage et de la tempête. Après s’être rassemblés, ils
recommandèrent le mal contre la nation de Dieu (les juifs), demandant pourquoi il faudrait se
charger de lutter contre les Sarrasins alors qu’en leur sein était une nation qui ne professait pas de
respect pour leur religion, et que de plus leurs ancêtres avaient crucifié leur Seigneur. Pourquoi
devrions-nous leur laisser la vie sauve, dirent-ils, et pourquoi devraient-ils vivre au milieu de nous ?
Frappons-nous la tête de nos fers et, après, nous irons dans la voie du Seigneur ? Salomon Bar
Siméon, Chronique, cité par Pierre Aubé, Jérusalem 1099, Actes sud, 1999.
Présentez ces deux documents et les événements dont il est question.
Une carte thématique sur les croisades dans le bassin méditerranéen, un extrait d’une chronique, un
récit d’un contemporain chrétien relatant la première croisade. Elle fait suite à l’appel du pape
Urbain II à Clermont pour récupérer Jérusalem pris par les musulmans. Ce fut chose faite en 1099.
Les croisades se poursuivent néanmoins, comme le monde le document 1, jusqu’en 1270, celle où
Saint Louis meurt à Tunis.
Quels sont les buts de la croisade d’après ces deux documents ?
Récupérer les terres saintes, Jérusalem, parce que la ville détient le tombeau de Jésus (présumé), le
Saint Sépulcre. Constantinople, Acre et Antioche dans la Turquie et la Syrie actuelle, furent aussi les
destinations des croisés : ils voulaient d’une part délivrer les lieux saints chrétiens, et d’autre part
installer des garnisons pour sécuriser les routes commerciales et les cités médiévales qui étaient les
pivots des échanges. Pour un certain nombre de princes chrétiens, c’est aussi l’occasion de se forger
un « fief » hors d’Europe, où ils puissent asseoir leur autorité, sur des routes commerciales
privilégiées entre les Indes, la Chine et l’Europe. Ils seraient ainsi émancipés de la tutelle des rois et
de l’empereur en Europe, obtiendraient des terres et des richesses qu’ils ne peuvent plus espérer en
Occident.
Quels sont les ennemis des chrétiens et pourquoi ?
Les musulmans, appelés « Infidèles » ou « impies », sont les premiers ennemis car ils refusent de
reconnaître Jésus comme leur prophète, lui préférant Mahomet. Ils se sont emparés un temps de
Jérusalem, que les chrétiens veulent leur reprendre.
Mais le document 2 révèle aussi la haine de certains croisés pour les juifs, que les chrétiens veulent
exiler (dans des quartiers fermés, des ghettos) ou bien maltraiter et tuer (on parle de pogroms, des
émeutes sanglantes). Parfois leur sont imposés des signes distinctifs (le chapeau pointu, la rouelle,
petite rondelle rouge cousue ou posée sur un vêtement). 3 motivations les poussent à détester les
juifs.
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-ils en font le peuple déicide, qui a tué Jésus en l’envoyant à la mort sous Ponce Pilate, préférant la
libération d’un brigand, Barabas, à la sienne. On parle d’antijudaïsme.
-ils font des juifs des profiteurs du commerce et de la banque, les accusant de s’enrichir par l’usure,
des prêts à intérêts très élevés ; or cela révulse également chrétiens et musulmans, qui ne tolèrent
pas que l’on puisse « vendre du temps », privilège de Dieu.
-ils en font les boucs-émissaires de tous les malheurs du temps, notamment en les accusant de voler
et de tuer les enfants dans des meurtres rituels (à partir du XIè siècle) et d’empoisonner les puits (en
fait le responsable est l’ergot de seigle, qui en se décomposant libère une toxine responsable d’une
dégénérescence du cerveau et des centres nerveux, la « danse de Saint Guy »).
Tous ne les haïssent pas, certains au contraire comme Bernard de Clairvaux les défendent justement
parce qu’ ils sont les dépositaires d’une culture ancienne et brillante.
Les croisades s’en prennent-elles uniquement à ceux qui pratiquent une autre religion ?
Les croisades peuvent également être décrétées contre les hérétiques, ceux qui pratiquent mal la
religion chrétienne, s’en détournent, notamment les Cathares (croisade d’Innocent III), les Vaudois
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2ème partie : sociétés et cultures urbaines
Entre le XIè et le XIIIè siècle, les villes sont en plein renouvellement : elles se multiplient, s’étalent,
grâce à la construction de nouveaux transports pour les relier. Le percement de tunnels, comme le St
Gothard au début du XIIIè siècle, permet de rapprocher les villes italiennes (la plupart comptant
entre 25000 et 40000 habitants) des villes de la Hanse (parfois plus importantes). Le commerce est à
l’origine de la création de nombreuses villes, dites de « foire » (Provins, Bar-sur-Aube…). Rares sont
néanmoins les grandes villes de plus de 100 000 habitants (seules Paris, Milan et Venise atteignent ce
seuil, alors que Paris ne comptait au XIè siècle que 50 000 hab). Ces villes sont souvent des lieux de
décision politique (présence de palais royaux, ducaux), religieux (présence d’évêchés) ou culturels
(ouverture d’universités dans le sillage de la Sorbonne par exemple en France). La croissance liée aux
échanges est très importante : par exemple la population de Paris quadruple.
Comment s’organise les hommes en villes au Moyen-Âge ? Peut-on parler déjà d’une culture
urbaine ?
1/L’essor des villes en Europe : comparaison de Paris et de Palerme
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Paris Palerme
Où se trouve-t-on ? Docs 1 p 136 : cœur du royaume de France, boucle de la Seine, sur le site de l’ancienne Lutèce
Doc 2 p 140 : cœur de la Sicile, royaume normand conquis sur les musulmans
Quels sont les signes de l’attraction et de l’extension de la cité ?
Docs 1 et 2 p 136 : aménagement de nouveaux quartiers, notamment les Halles qui sont un espace voué au commerce et à l’artisanat, développement des métiers du luxe (orfèvres) et aménagement d’espaces auparavant peu lotis comme l’île de la cité qui devient un cœur religieux et politique. Importance des migrations notée par les docs, signe de l’attraction.
Doc 2 p 140 : extension du quartier commerçant des Amalfitains, signe de la croissance de la population et du pouvoir d’achat. Beaucoup de marchands et d’hommes de sciences viennent d’horizons lointains. La ville est donc un carrefour culturel.
Quelles activités économiques font le dynamisme de la ville ?
Docs 2, 3, 5 p 136-137 : présence de marins venus ou non du royaume, intense activité portuaire et commerciale grâce aux marchés, y compris sur l’île de la cité.
Docs 2, 3, 6 p 140-141 : activités commerciales et artisanales, présence de marchés notamment arabes (souks) mais aussi italiens. Ces activités sont centrales dans l’économie comme dans la cité (autour de la Via Marmorea) et le quartier, tout de marbre, doit montrer la puissance de la cité. Développement aussi des jardins autour de la ville pour répondre à une demande alimentaire croissante du fait de la croissance démographique.
Quelles activités politiques et culturelles contribuent à son rayonnement ?
Docs 4, 6 page 137 : la présence de l’université fait que Paris rivalise dorénavant avec les villes italiennes (Bologne). La ville devient le cœur du pouvoir royal (le roi s’y fixe) aussi et du pouvoir religieux (présence de Notre Dame, …).
Docs 2, 4 page 140-141 : le roi Roger II laisse se développer toutes les formes de savoir, y compris la religion qui n’est pas la sienne (musulmane). Le roi se fait représenter investi d’un pouvoir théocratique (divin) en recevant sa couronne de Jésus lui-même.
Comment se manifeste le contrôle du roi sur le territoire de la cité ?
Docs 1, 5, 6 p 136-137 : il légifère pour encadrer l’activité économique en corps de métier (corporatisme) notamment avec les orfèvres. La création de l’université va dans ce sens
Docs 1, 2, 6 p 140-141 : un roi bâtisseur qui crée un palais moderne et un roi défenseur qui protège sa ville en en renforçant l’enceinte et les tours de guet.
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car il encourage ainsi le développement du droit et son propre pouvoir normatif. Il incarne aussi le roi savant et défenseur de la culture. Il apparaît comme un bâtisseur en impulsant le projet des Halles.
Pourquoi peut-on dire que la ville est un lieu cosmopolite, de métissage culturel et de brassage soccial ?
Docs 1, 2, 3 p 136 : mélange de populations inégalement favorisées (marchands et marins d’un côté, orfèvres de l’autre), sédentaires ou plus mobiles, venant d’horizons géographiques distincts.
Docs 2, 3 p 140 : coexistence des marchands arabes et des anciens habitants musulmans, regroupés par quartiers, avec les Normands
Sujet de composition : l’essor urbain en Europe occidentale et méridionale du XIè au XIIIè siècle..
-Définissez les termes du sujet :
Essor
urbain
Europe occidentale et méridionale
Précisez le contexte qui est celui de votre sujet
-Choisissez la problématique qui vous paraît la plus adéquate entre ces trois propositions et justifiez
votre choix.
a)Pourquoi les hommes choisissent-ils de se regrouper davantage dans les villes après le XIè siècle ?
b)Quels sont les rapports entre villes et campagnes entre le XIè et le XIIIè siècle ?
c)Comment vit-on en ville après le XIè siècle ?
-Trouvez les exemples (d’après les documents et vos connaissances) pour illustrer le plan détaillé
fourni ci-dessous.
I-Des villes qui se multiplient, grossissent et s’étalent.
1)Des villes de plus en plus nombreuses en Europe (aidez-vous de la carte page 132-133 de votre
manuel)
2)Des villes qui s’étalent et sont réaménagées.
3)Et attirent une population cosmopolite, malgré la présence de fortifications pour protéger et clore
leur espace
II-Ces villes deviennent des pôles très dynamiques où se concentrent tous les pouvoirs.
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1)Le pouvoir économique de la cité.
2)Le pouvoir politique de la cité.
3)Le dynamisme religieux et culturel des villes.
III-Cette évolution traduit souvent la volonté politique du roi de développer les cités.
1)Un roi bâtisseur.
2)Un roi savant, promoteur des arts et du savoir.
3)Un roi investi de pouvoirs religieux.
A la maison : rédigez intégralement la composition (introduction, développement avec transitions,
conclusion)
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II-Le bouillonnement urbain :
Le visage des villes est extrêmement changeant : de vieilles cités en expansion voisinent avec des
bastides et villeneuves qui sont en fait des constructions royales avec pour fonction de quadriller les
espaces qu’ils veulent contrôler. La croissance urbaine en fait un chantier permanent : la ville est en
perpétuelle reconstruction, à travers de grands chantiers (les cathédrales qui souvent s’effondre), qui
souvent font suite à des catastrophes (incendies liés à l’omniprésence des tentures pour garder la
chaleur ou encore des charpentes en bois). Les édiles peu à peu veulent assainir et réorganiser la
ville, la voirie, parfois l’accès à l’eau, pour rendre plus vivable cet environnement saturé. Les
documents administratifs et juridiques de l’époque le prouvent.
Cet espace finalement réduit grouille d’une population très diverse : l’artisanat textile domine
chaque phase étant effectuée par un artisan spécialisé (le tisserand, les femmes qui battent et filent
que l’on appelle les foulons [donner plus de douceur au tissu en le foulant au pied] et les ongles bleus
[teinturiers]). Les métiers de bouche ou « victuaillers » se font aux yeux de tous, donnant sur la rue
principale souvent. Les fourreurs, les pelletiers travail des peaux) et les orfèvres jouissent d’une
dignité supérieure et ne sont pas forcément dans la même ville.
III-Un lieu de pouvoirs et d’échanges
La ville est en plein renouveau économique : la fin de l’empire romain d’Occident avait entraîné le
recul des villes, du commerce, et jusque très tard elle n’est que le déversoir des produits agricoles de
la campagne. Mais peu à peu elle devient le lieu où ces produits sont transformés ce qui en fait un
centre de production attractif pour de nouveaux migrants : les villes s’étendent sous la forme de
banlieues, les enceintes sont reconstruites plus loin du centre-ville. La place du marché devient
souvent la place centrale. Les villes de la Hanse comme Bruges, ou italiennes comme Venise, et les
foires de Champagne, sont les hauts lieux de ces échanges.
Les villes commerciales, de foires notamment, tirent leur dynamisme des franchises qui leur sont
accordées : un seigneur ou un roi leur accorde un privilège, une exemption, une préférence fiscale,
qui leur donne un avantage commercial sur les villes voisines et leur permet de vendre à moindre
coût, les taxes étant moins élevées.
La ville est un lieu de pouvoirs et de conflits de pouvoirs. Dans les vieilles cités, le comte local
dispute le pouvoir à l’évêque, car souvent ce sont les deux principaux propriétaires fonciers : le palais
comtal / ducal et le palais épiscopal dominent l’espace central de la cité et souvent se font face,
miroir de cette querelle. Le pouvoir des seigneurs de la ville apparaît, notamment dans les cités
italiennes, par la multiplication des tours marquant la puissance et l’autorité des différentes familles :
à San Gimignago en Italie on compte jusqu’à 73 tours au Moyen-Âge dans la ville. C’est aussi le
moment où le groupe des marchands, des banquiers, la « bourgeoisie urbaine » (le popolo grasso) en
Italie, tentent de s’émanciper de ces tutelles seigneuriales, laïques ou pas : ils s’organisent
notamment en Italie en fondant, entre 1070 et 1150, des communes, des associations qui s’unissent
par un serment et cherchent à obtenir du seigneur local une charte qui leur confirme pour longtemps
diverses libertés. Ils veulent notamment pouvoir désigner leurs propres magistrats, pour échapper à
la justice (et souvent à la fiscalité) seigneuriale. Ce sont aussi, souvent, des notaires, qui ont une fine
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connaissance du droit. Cette élite va peu à peu s’approprier le sol et les terroirs agricoles alentours,
se partager les institutions de la ville, distribuer le travail, à tel point que l’on parle de patriciat
urbain.
Les conflits sont nombreux en ville : ils éclatent au sein ou entre les métiers, notamment parce que
certains s’estiment désavantagés ou que d’autres nuisent à la communauté : les élites urbaines
italiennes ou flamandes légifèrent pour interdire les tanneurs dans la ville, donc les activités sont
extrêmement polluantes ou malodorantes. Des émeutes éclatent aussi entre magnats dans les cités
qui se déchirent lors d’émeutes pour faciliter l’accès au pouvoir de son camp (guelfes et gibelins à
Rome par exemple). Certains métiers se rebellent contre les familles qui détiennent le pouvoir,
comme les drapiers de Flandres au XIIIè siècle, ou les marchands florentins en 1293 qui mènent une
révolution et privent du pouvoir les magnats de la ville.
Un peu partout en Italie, les communes sont perdues par les familles nobles au profit des
bourgeois.
IV-L’apparition d’une culture urbaine
La culture urbaine reste marquée par l’emprise de l’Eglise, accru par la présence en ville des ordres
mendiants, dominicains et franciscains. Des confréries (associations d’entraide) se multiplient par
quartiers ou en fonction de corps de métiers. Ce sont des familles de substitution pour les pauvres
déracinés des campagnes. Elles expriment la cohésion de la ville lors de processions, où chacun défile
dans un ordre précis selon son rang et sa richesse.
La ville voit le développement de nombreuses écoles et surtout de l’université, que l’Eglise essaie
de mettre au service de la foi chrétienne : ce mouvement fondé sur la théologie, l’exégèse et le droit
canon s’appelle la scolastique (lecture et commentaire des textes qui font autorité, connaissances
encyclopédiques).
En ville, le travail et l’argent occupent une place particulière : les villes sont des lieux de rencontre
de marchands de tous horizons, de savants, ce qui favorise le cosmopolitisme, elle voit éclore des
grands écrivains et artistes et annonce d’une certaine manière la Renaissance. Les marchands et les
princes y font circuler des richesses et cherche à montrer ces richesses dans le paysage pour rendre
visible l’étendue de leur pouvoir, notamment à Milan où les bourgeois et l’Eglise financent des
fontaines publiques qui illustrent la circulation des richesses (métaphore de la circulation de l’eau)
dans la ville.
La culture urbaine rime aussi avec criminalité : les villes sont des lieux de prostitution (à l’époque
10% de la population vénitienne est constituée de prostituées !), de violence, car les armes circulent
déjà très librement, malgré la volonté du pape puis des édiles locaux de limiter leur usage et de leur
droit de port.
IV- Les relations entre villes et campagnes
Les campagnes ont largement progressé au XIIè siècle et ont été mises en valeur notamment grâce
aux Cisterciens qui ont orchestré le défrichement et l’assèchement de marais pour y construire des
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hameaux. Elles vivent la plupart du temps en autarcie, mais de plus en plus la proximité des villes fait
que les campagnes deviennent les terroirs qui approvisionnent la ville. En Italie la città n’est guère
séparée du contado.
Souvent en plus, ce sont les élites urbaines qui possèdent la terre des campagnes… Les liens sont
donc très étroits, même si le passage par la ville coûte cher, puisqu’il faut payer l’octroi. Sous l’effet
de la croissance démographique au XIIè siècle, stoppée au XIVè par la Peste Noire (et dans le cas
français par la guerre de cent ans), beaucoup de ruraux viennent alimenter un petit peuple pauvre en
ville.
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