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Les Clés d’un royaume

textes et photographies

Sébastien Braquet

éditions Pages du Monde

collection Anako

ISBN 9782915867374

Cambodge

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Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Mondolkiri, l’appel de la forêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Les dernières tribus du Cambodge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Phnom Penh, la « colline de Mme Penh » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Les pagodes de Phnom Penh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

Pradal serey, un art ancestral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

Le renouveau du Ballet royal khmer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

Le Cambodge des campagnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Pchum Ben, la fête des morts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Angkor, le Cambodge éternel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Carnet de route, sur la piste khmère rouge . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

Rattanakiri, les terres rouges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

Ban Lung . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

Ta Vaeng, lieu de naissance du maquis khmer rouge . . . . . . . . . . 88

Lumphat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

Bo Kaev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

Prasat Preah Vihir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

Anlong Vaeng . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

La route des Mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

Le tatoueur de Mong Reussey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

Battambang . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

Païlin, des diamants et des mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

Après la guerre… le sourire retrouvé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

L’auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

Sommaire

Phnom Penh

Sen Monoron

Ban Lung

Kompong Cham

Preah VihirAnlong Vaeng

Angkor

Battambang

Païlin

Sihanoukville

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petite Cambodgienne, orpheline de la guerre, adoptée par desamis de mes parents ! Rien d’étonnant si une passion dévorantea germé très tôt en moi. Quand mes amis de classe se passion-naient pour les motos ou le football, je me plongeais dans lessubtilités du panthéon hindouiste ou j’apprenais le nom desdynasties successives ayant régné en Chine. A la moindre occa-sion je suis parti vers ce continent, avec mon père, ses confrè-res, tout seul. A Lhassa un moine m’expliqua que tout n’estqu’illusion et que mon énergie karmique me portait là parce quemon esprit le voulait. Au Cambodge, des amis me dire quej’avais été cambodgien dans une vie antérieure et que mon âmevoulait revenir où elle avait vécu avant ! Je suis un hommerationnel mais je finis par me poser des questions tant les coïn-cidences furent nombreuses qui m’entraînèrent en Inde, enChine, au Viêtnam, au Népal, au Tibet.

Quand je suis arrivé au Cambodge, j’y ai trouvé une autre Asie.C’était le mois d’avril qui est si chaud. C’était le Nouvel Ankhmer. J’avais trente ans, et je voulais commencer une nouvellevie.

Je suis parti tout seul, dans le pays des Khmers, pour tournermon premier film. Paul Morand a dit : « L’impression que vouscause une ville, le choc d’un pays nouveau, c’est en somme l’af-faire des premières quarante-huit heures. Sinon il faudra desannées. » Justement, ma première impression fut assez étrange :« Le Cambodge, c’est l’Afrique en Asie. » Pensée idiote, d’autantque je ne suis jamais allé en Afrique, et que je ne connais de cepays que des images vues dans des reportages pas toujours trèsjoyeux. Face à la sécheresse des paysages, la simplicité du modede vie, le manque d’infrastructures, c’est ce qui m’est venu à l’es-prit. Je ne reconnaissais pas l’Asie ! C’est pourtant là que je vou-lais faire un film. Plus exactement, c’est là que je devais faire unfilm. Je ne saurai jamais ce qui m’inspira cette mission tombéedu ciel, mais tout au long du tournage j’ai éprouvé la sensationque le chemin de ma vie devait passer par cette étape cambod-gienne. Pour vivre cette expérience pleinement, pour qu’elle

bouleverse ma vie et ma culture, je n’ai fréquenté que desKhmers, fuyant tous les Occidentaux que je pouvais croiser. Ilfaut que je rende ici un hommage à David Livingstone (encorel’Afrique !). J’adore la littérature de voyage, et Livingstone estun de mes modèles. Je ne suis pas missionnaire protestant, maisLivingstone aimait voyager seul, avec pour guides les hommesd’Afrique. Dès son arrivée sur le continent, il partit six moisdans une tribu pour apprendre la langue, les us et coutumes. Voulant vivre un peu de cette expérience, je passai une petiteannonce pour trouver un assistant cambodgien, et le lendemainje rencontrais Im Visith. Elégant, un peu play-boy, costaud, unevingtaine d’années, très intelligent, il m’aida dans mes premiersreportages. Peu après, j’eus des problèmes pour accéder à moncompte en banque et je me suis retrouvé sans un sou ; je n’avaispas assez d’argent pour me payer un hôtel, même minable. Safamille m’a hébergé pendant plusieurs semaines dans leur mai-sonnette au bord d’un étang dans les faubourgs de KompongCham. J’y avais une minuscule chambre, sans télé bien sûr, niclimatisation, ni même matelas. Je dormais comme eux, sur uneplanche, protégé des millions d’insectes par une indispensablemoustiquaire. Moments intenses de ma vie. J’apprenais tout : àfilmer, à construire un film, la langue khmère, (…)

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Merveilleux Cambodge ! Oui, le temps est venu où l’on peut ledire, parfois avec insouciance ou comme une prière pour pro-voquer le destin. Ce fut d’ailleurs le titre d’un livre de ClaudeFillieux, publié en 1962, époque bénie pour les Cambodgiens,qui y voient un âge d’or avant l’horreur. Et aujourd’hui, pour-rait-on écrire un Merveilleux Cambodge ?

Ce n’est pas certain. Même s’il y a du merveilleux dans ceroyaume, même si ce que j’y ai vécu et que j’y vis encore est mer-veilleux, les obstacles qui séparent la plupart des Cambodgiensdu bonheur sont nombreux, et à ceux-ci s’ajoute le désordre de

la mondialisation. La vie est dure au Cambodge. L’injustice faitpartie du quotidien. Je le sais, je l’ai vu et ne peux l’effacer.Pourtant, devant les sourires des enfants, la gentillesse des pay-sans, face à l’humour que les Khmers aiment à voir partout, je lepense sincèrement, quel merveilleux Cambodge !Mon expérience est un peu particulière. Fils de reporter, devenumoi-même reporter, je connais l’Asie depuis la petite enfance.Quand mes parents m’emmenèrent pour de longs séjours enInde et au Népal, j’avais cinq ans. J’aurais même été conçu,paraît-il, sur la route de la Soie alors qu’ils se rendaient enAfghanistan en 2cv ! Et, au Népal, ma meilleure amie fut... une

Avant-propos

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Plus qu’une aventure, c’est une quête. Ces sages sauvages que sont les dernières tribus du Cam-bodge, Phnongs, Jaraïs, Tampuons..., le savent bien : rebellespacifiques, depuis des millénaires, elles fuient la civilisationet restent dans la jungle. A force de s’éloigner des Khmers,elles se sont retrouvées accrochées à ces montagnes

délaissées des Mondolkiri pour continuer à vivre selon leurstraditions.Moi aussi j’ai ressenti cet appel de la jungle ; j’ai voulu ren-contrer ces tribus étonnantes qui se transmettent leur cultureoralement, à la veillée, près du feu. L’appel de la forêt c’estleur chuchotement dans la jungle. (…)

Mondolkiril’appel de la forêt

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Les Phnongs forment une peuplade particulièrement intéres-sante. Elle a été étudiée par un savant français au début du XXe

siècle : Adhémar Leclère. Nous disposons donc d’un témoi-gnage assez fiable sur la manière dont ces peuples vivaient.Mais la science a révélé autre chose. Les Phnongs partagent

avec les Khmers l’ensemble des traits physiques et génétiques.Ils possèdent ce mystérieux rhésus sanguin, le rhésus E, pro-pre aux Khmers et qui les protège partiellement de la malaria.Les Phnongs sont des Khmers qui ont refusé la civilisation, lesKhmers d’avant les Khmers. (…)

Les dernières tribus du Cambodge

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et décida d’élever en ces lieux une collineafin d’y bâtir au sommet un temple pour lesabriter, un temple entièrement construitavec le bois de l’arbre qui les avait transpor-tées. C’est ainsi que fut dressé le VatPhnom, que l’on peut traduire par temple-montagne ou temple de la montagne. Peu àpeu, on prit l’habitude d’appeler cet endroitPhnom Penh, la « colline de Mme Penh ».

En 1434, après l’abandon définitif d’Angkorcomme capitale, la cour vint s’y installer untemps, jusqu’en 1526, date à laquelle la capi-tale est déplacée à Longvek. Il fallut atten-dre plusieurs siècles pour que Phnom Penhredevienne capitale. D’ailleurs les capitalesse succèdent ; pour échapper au roi du Siam,le roi du Cambodge transfère la capitale àSrey Santhor vers 1595. Puis pour la mêmeraison elle fut déplacée une nouvelle fois, àUdong, autour de 1625. C’est à Udong que seprépara le protectorat, entre Mgr Miche,Doudart de Lagrée et le roi Norodom entrele 12 et le 17 avril 1863. En 1866, le roidécida que sa capitale serait Phnom Penhqui retrouvait son prestige après trois siè-cles.

Mais si la région était très peuplée (car trèsfertile), Phnom Penh n’était toujours qu’unhameau. Angkor, cité de pierre aux mesuresharmonieuses et sacrées, fut bâtie pourplaire aux dieux hindous. Phnom Penh futchoisie pour des raisons stratégiques etcommerciales. Phnom Penh a donc unevieille histoire, mais il ne faut pas imaginerque la ville a été conçue à l’image d’Angkor.

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Mme Penh vivait il y a bien longtemps en un lieu appelé Chak-tomukh, « les Quatre Visages ». Ce nom énigmatique est lié à lagéographie de l’endroit. C’est là que se mêlent les eaux duMékong et de la rivière Tonle Sap, eaux qui se séparent peuaprès donnant, vu du ciel, l’image de quatre bras liquides. Cette

Mme Penh était une vieille femme très riche qui vivait sur lebord du fleuve. Un matin elle aperçut sur la rive le tronc d’unarbre koki charrié par le cours d’eau. Elle approcha et décou-vrit quatre images du Bouddha sculptées dans la pierre et uneautre représentant un génie. Elle les recueillit précieusement

Phnom Penhla « colline de Mme Penh »

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Avant même d’être une ville, PhnomPenh fut une pagode. Et parmi les specta-cles les plus touchants dans cette cité, ily a la balade matinale des moines quimendient leur nourriture selon la tradi-tion bouddhique. Dans cette ville tournéevers la modernité, et qui en adopte sou-vent les plus mauvais côtés, leur pré-sence apparaît comme une purificationcollective.

Le Cambodge compte 4 106 pagodes, dontenviron 80 à Phnom Penh, et il s’enconstruit encore. Les Khmers ont pour lebouddhisme un immense respect. « Roi,patrie, religion », telle est la devise duCambodge. Et Sihanouk l’a dit en sontemps : être khmer et être bouddhiste,c’est la même chose.

Pourtant le Cambodge n’a pas toujoursété bouddhiste. La religion d’Etat futlongtemps l’hindouisme. La conversionofficielle eut lieu durant le règne deJayavarman VII (au XIIIe siècle). Mais ilsemble bien que le peuple ait adopté lebouddhisme bien avant son souverain.C’est pourquoi la phrase de Sihanoukn’est pas si anodine. (…)

Les pagodes de Phnom Penh

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La danse a toujours été au cœur de la culture khmère. On ditsouvent que la danse est aussi vieille que les Khmers eux-mêmes. Les plus anciennes traces de cet art apparaissent surdes représentations sculptées du IXe siècle. La danse revêt unrôle sacré incarnant les valeurs de raffinement et de spiritualité.

Le Ballet royal khmer est donc l’emblème d’une culture. Lié à lavie de la cour depuis plus de mille ans, il accompagne les nom-breuses cérémonies royales, les couronnements, les mariages,les funérailles et les fêtes du calendrier. (…)

Le renouveau du Ballet royal khmer

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Lorsqu’on me parle de la mousson au Cambodge, je pense tou-jours à la ville de Kompong Cham où habite la famille de monami Viseth. J’ai séjourné chez eux en août et septembre 2004. Ilpleuvait presque tout le temps. Le jour, nul autre bruit quecelui des paysans au travail et celui des orages. La nuit, unconcert d’oiseaux nocturnes, de batraciens et de reptiles. Jevoulais filmer la vie des champs. J’ai moins filmé que regardé,pour comprendre, pour m’imprégner de l’esprit de la rizière.

Comme dans beaucoup de pays d’Asie, la vie au Cambodgetourne autour du riz. Il est cultivé depuis le Ve millénaire avantJ.-C. (en Chine d’après nos connaissances actuelles), et lesarchéologue peuvent affirmer qu’il l’était au Cambodge depuisau moins le IVe millénaire ! Aujourd’hui encore, 80 % desCambodgiens sont des paysans. Un taux si important que l’his-toire du Cambodge et l’agriculture sont totalement liées, spiri-tuellement, socialement, historiquement, économiquement...(…)

Le Cambodge des campagnes

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Pour évoquer Angkor, je voudrais commencer par parler d’unhomme. Un simple balayeur. Il s’appelle Louon. Depuis vingtans, il vient tous les jours aux aurores à Ankgor Vat. Avant toutle monde, armé de son balai, il gravit les escaliers du temple,pour ensuite prendre soin de ces pierres sacrées. Son travail nelui rapporte presque rien mais il passe toutes ses journées ausommet d’Angkor Vat.Sa vocation est née durant l’époque khmère rouge. Le templesous le contrôle de jeunes soldats qui s’amusaient à souiller les

lieux de culte. Et lui, avec comme arme son seul balai, il venaitréparer leur sacrilège. Les soldats khmers rouges le regardaienten riant, le menaçant de leur mitraillette, mais jamais ils n’osè-rent tirer sur cet humble dévot. Les Khmers rouges sont partis,Louon est toujours là, amoureux de ce que le Cambodge a pro-duit de plus beau. Sa présence souriante, n’est-ce pas le triom-phe de la beauté sur l’horreur, la victoire du balai sur lakalachnikov ? (…)

Angkorle Cambodge éternel

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Quand je pense aux montagnes du Rattanakiri, je me souviensde l’homme le plus pauvre que j’ai rencontré de ma vie. J’espèrequ’il est confortablement installé dans sa chaise longue, en trainde fumer une cigarette et de rêver, car c’est son grand plaisir.Cet homme au destin terrible est redevenu bête sauvage pouréchapper aux Khmers rouges, il a vécu vingt-huit ans dans lajungle. C’est un témoin bouleversant de l’histoire de ces monta-gnes indochinoises qui vont être le décor de ce chapitre.

En décembre 2004, j’envisageais d’aller dans ces montagnesquand Cambodge Soir publie un article qui me décide : ungroupe de montagnards de diverses ethnies a été rapatrié à BanLung. Ils avaient fui les Khmers rouges et s’étaient réfugiés pen-dant toutes ces années au cœur de la jungle ! Lorsqu’ils sorti-rent de la forêt, après des décennies de lutte contre la nature, ilsétaient au Laos. Ils ne savaient pas que la guerre était finie etque Pol Pot était mort...

Rattanakiriles terres rouges

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On ne va pas à Anlong Vaeng par hasard : il n’y a rien à y faire.Si la ville n’était pas entrée dans la geste khmère rouge endevenant après la chute du régime leur capitale de secours,nul n’en parlerait. Dans les années 1980, les derniers chefskhmers rouges s’y réfugient, chacun suivi de ses partisans :Son Sen, Khieu Sampan, Ta Mok, Pol Pot. De là ils organisent

leur combat contre l’occupant vietnamien et les troupes gou-vernementales. Mais ils se livrent aussi une guerre internemeurtrière qui aboutira à l’assassinat de Son Sen et à l’arresta-tion de Pol Pot par Ta Mok. Pol Pot meurt en prison. AnlongVaeng restera à jamais le fief de Ta Mok et le lieu où Pol Potfut incinéré. (…)

Anlong Vaeng

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Un peu plus loin nous arrivons à Samrong,où les troupes royalistes furent vaincues parcelles de Hun Sen, et où fut signé l’armistice.La guerre civile dans toute sa folie, sacruauté, son absurdité. Ici, nul mémorial ouplaque commémorative. Les champs demines sont l’unique héritage. Les panneauxde mise en garde nous escortent tout le longde la piste.Un paysage monotone, semblant porterl’écho des violences de naguère, défile sousnos yeux. Les quelques temples, comme leBantey Chmah, la « citadelle des Chats »,sont en ruine. Sisophon, une ville sanscharme, se dresse à un carrefour. Quant àPoïpet, la ville la plus repoussante duroyaume, elle fut coupée du monde pendantdes années : la route qui y mène était la plusminée du pays. Poïpet se situe à la frontièrede la Thaïlande, ce voisin si riche et si envié.Les porteurs se massent au poste frontièrepour profiter d’un commerce renaissant,grappillant des poussières de richesse. Maisle but de notre voyage approche. AprèsBattambang, nous rejoindrons Païlin.

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Après Anlong Vaeng, la route s’infléchit pour rejoindre lesrégions de l’Ouest. Quelques villages balisent la route. Autantde non-lieux, de bourgs provinciaux improbables que nul neconnaît. Ils nous racontent une autre phase de l’histoire, cellede la fin des Khmers rouges, quand les combats triangulaires les

opposent à l’armée royaliste et à l’armée de Hun Sen (qui se bat-tent entre elles également). Des combats violents entre lesKhmers rouges et les troupes gouvernementales se déroulèrentà O’Smach par exemple. Qui s’en souvient ?

La route des Mines

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Après la guerre… le sourire retrouvé

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Le Nouvel An khmer à Phnom Penh