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Prête à tout ?

Deux inconnus irrépressiblement attirés l’un par l’autre passent ensemble une nuit torride, ils n’ont pasprévu de se revoir.Oui mais voilà, elle, c’est Tess Harper, une jeune femme qui a un grand besoin d’argent et qui participe àune émission de télé-réalité, quitte à passer pour une poufiasse. Lui, c’est Colin Cooper, il est producteur,plutôt intello, et déteste les paillettes et les bimbos. Et ils n’avaient pas le droit de se rencontrer.

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Résiste-moi

Ludmilla Providence est psychologue. Quand une de ses patientes lui raconte des choses étranges sur unéminent chirurgien esthétique, Ludmilla enquête, persuadée que sa patiente est manipulée, voire abuséepar le médecin. Mais elle est bien obligée de reconnaître que le docteur Clive Boyd est absolumentcharmant ! Luttant contre son attirance pour le médecin, Ludmilla décide de lui tendre un piège… Mais sic’était elle, la proie ? Le docteur Boyd est-il sincère ou essaie-t-il de manipuler Ludmilla comme il en amanipulé d’autres ? Impossible de le savoir sans se mettre en danger…

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Protège-moi… de toi

Célèbre actrice abonnée au succès et au sommet du box-office, Liz Hamilton est une jeune femme de 22ans, insouciante et légère. Sa vie se résume à une succession de tournages, de soirées, d’interviews – etd’amis pas toujours sincères. Jusqu’au jour où elle reçoit les lettres d’un détraqué. Des missivesinquiétantes, violentes, sinistres. Habituée à évoluer dans un monde de paillettes et de faux-semblants,elle n’y accorde guère d’importance… avant que son agent n’engage un garde du corps.Et pas n’importe lequel !

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Roméo et Jules

Croiser un type superbe quand on est déguisé en lapin géant… Ridicule ! Bousiller le téléphone – unprototype unique ultra-classe – du type canon et le mettre en colère… Un désastre ! Mais ça peut arrivernon ? S’apercevoir le lendemain, lors de son entretien d’embauche, que le type superbe en question estson nouveau patron… La cata ! Et cette catastrophe, c’est sur moi qu’elle est tombée, comme par hasard !Je m’appelle Jules, j’ai 23 ans et voici comment j’ai rencontré le sexy et ombrageux Scott Anderson…Ce roman contient des passages explicites et érotiques mettant en scène les relations entre deux hommes.

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Dark Light - À lui pour toujours, 1

Dans les bras d’Elliott Grant, le vampire le plus torride qu’il lui ait été donné de connaître, Iris estdevenue une véritable femme, tour à tour soumise et dominatrice. D’abord sorcière puis vampirisée, ellea pu surmonter toutes les épreuves, galvanisée par leur passion.

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Lucy Allen

SECRET LOVE

Volume 3

ZLEX_003

1. Une vraie tête à claques !

– Mina, excuse-moi, mais j’avais besoin de te parler… lancé-je laborieusement en étouffant unsanglot.

– Alex ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est la première fois que tu m’appelles depuis que tu es auxStates…

Je regrette déjà mon coup de tête. Je n’aurais pas dû lui téléphoner. Il est plus de 22 heures à Bordeauxet elle doit être épuisée par les répétitions de son nouveau spectacle burlesque. Et moi, je me sens débile,incapable de gérer seule une crise sentimentale. Cela fait presque une semaine que je broie du noir et queje me repasse en boucle l’image d’Oliver et Kate dans les bras l’un de l’autre… Il me manque tellement !

– Pardon. Je m’en veux de t’appeler alors que tu es super occupée… Mais ça va pas fort en cemoment, dis-je d’une petite voix.

– Tu sais bien que tu ne me déranges jamais. Raconte-moi tout…

Inspiration, expiration.

– C’est Oliver, je l’ai plaqué ! Je l’ai surpris dans les bras de sa superbe blonde, Kate Fox, laresponsable développement de son entreprise, annoncé-je d’un trait.

– Quoi ? T’es sérieuse ?– …

J’ai mal. Des larmes envahissent mes yeux, je ne peux plus me contenir et j’éclate en sanglots.

Exactement ce que je ne voulais pas !

– Mina, je me sens tellement désemparée… Il m’a menti ! Je ne pouvais pas fermer les yeux, tucomprends ?

– Tu les as surpris… Quelle horreur ! Chez lui, je suppose…– Non, non, à son travail. Je voulais lui faire une surprise et l’inviter à déjeuner. C’est là, dans le hall,

que je les ai vus enlacés tendrement !– C’est peut-être pas ce que tu crois.– Si tu les avais vus… tu ne dirais pas ça, m’écrié-je en reniflant.– Mais qu’est-ce qu’Oliver t’a dit quand tu les as pris en flagrant délit ?– Je ne sais pas… J’étais trop furieuse, je ne l’ai pas laissé parler et je me suis enfuie… Depuis, il

n’arrête pas de m’appeler. Mais je ne veux pas lui répondre ni écouter ses messages. Que pourrait-ilajouter ? Tout est clair.

– Tu n’es pas juste avec lui. Il la tenait dans ses bras, et alors ? Il peut y avoir plein de raisons à cegeste, non ? me rassure Mina.

– Sais pas, soupiré-je.– Ça fait un bout de temps qu’on est amie, Alex, et je peux dire que je te connais bien. Et là, je sais que

tu es amoureuse de cet homme. C’est génial. La seule chose qui ne va pas dans votre histoire c’est ton

manque de confiance en toi. Tu penses qu’un mec de son envergure ne peut pas être séduit par toi. Soit ilse trompe sur toi, soit il te trompe. Lâche-toi, Alex. Profite, mets de côté ton petit cerveau parce que là ilte joue des tours.

– Oh, je… Depuis qu’Oliver est entré dans ma vie, je ne me reconnais plus, Mina. Je suisinsupportable, invivable, pitoyable, déplorable, désagréable, exécrable…

– Ça y est ? La minute autoflagellation est finie ? Pour compléter ta liste, Alex, j’ajouterais aussiincroyable, irremplaçable, adorable, formidable…

Le rouge envahit mes joues. Tout cela me met mal à l’aise.

– Tu tiens à Oliver, c’est évident. Oublie un peu ta fierté et explique-toi avec lui. Je suis convaincueque vous avez une belle histoire à vivre.

– Je ne sais plus quoi penser, Mina… Je dois réfléchir.– Écoute ton cœur.

Je décide de mettre fin à cette conversation. Je pensais que Mina m’aiderait à y voir plus clair, maisc’est pire.

Il faut que je pense à autre chose… Allez, au boulot ! Le travail, y’a pas mieux pour se recentrer.

Le reste de la journée se déroule sans encombre chez GreenBe. J’ai réussi à me focaliser sur la mise àjour du site. Je me suis même attaquée à la création d’un compte Twitter. Aucun flash-back avec Olivern’est venu envahir mon cerveau… sauf celui où il me sourit. Ses fossettes si sexy…

Il est 19 heures quand je rejoins enfin La Maison Bleue.

– Hello Alex ! Je nous ai préparé un apéro. Chardonnay frais et olives t’attendent.

Je pose mon sac dans l’entrée, balance mes ballerines et file vers la terrasse. Détendu et insouciant,Jeremy m’accueille avec un verre. Il revient d’une escapade d’une semaine avec sa nouvelle conquête,une étudiante australienne, sur un beau voilier. Mais je n’ai droit qu’au récit des plaisirs de la voile, ilpasse totalement sous silence sa romance.

Encore une histoire qui n’aura duré que le temps de la nouveauté ?

– Assez parlé de moi. Comment ça se passe avec Oliver ?

Je suis embarrassée. Je bois une gorgée. Je ne voulais pas lui en parler mais… Tant pis, il faut que leschoses soient dites.

– J’ai rompu !

Je lui raconte tout. Les faits, ma colère, ma tristesse, mon humiliation… Jeremy me jette un regardétrange que je ne parviens pas à décrypter.

– Alex, tu n’es quand même pas jalouse de Kate ? me demande-t-il, amusé.

J’ouvre grand les yeux. Sa réaction me déstabilise complètement.

– Ben si… soufflé-je.

Tout d’un coup, il éclate de rire.

– Ça me rappelle un certain quiproquo sur « Alex », mon coloc masculin…

Comment ça ?

Je suis abasourdie. Je confie ma peine, et je récolte quoi ? Le degré zéro de la compassion.

Solidarité fraternelle ! Et moi, je me sens VRAIMENT très très bête.

– Tout ça n’a rien de drôle ! Je te laisse… Une bonne crème glacée aux cookies m’attend gentimentdans le frigo. Au moins, elle ne se moquera pas de moi, elle ! lancé-je en me levant brusquement.

– Pardon, pardon… Je ne voulais pas te blesser, me dit-il en me prenant dans ses bras. Je suismaladroit. Tu vas vite comprendre le pourquoi du comment.

J’en doute.

– Oliver et Kate sont d’excellents amis. Tu n’as rien à craindre. Ces deux-là se connaissent depuis trèslongtemps. Ils étaient même à l’école ensemble…

– Et alors ? Je ne vois pas ce qu’il y a de si drôle ? le coupé-je.– Laisse-moi parler, soupire Jeremy. J’ai un scoop pour toi. Kate est en couple et elle a une petite

fille.– En quoi le fait d’être avec quelqu’un l’empêcherait de partager des moments intimes avec Oliver ?– Attends, je vais te montrer.

Jeremy disparaît dans sa chambre. Moins de cinq minutes plus tard, il revient avec quelques photos.Ce sont des clichés de famille, spontanés et pleins de vie. Sur l’une d’elles, Oliver, adolescent toutsourire, et Kate sur son dos. Une autre photo, celle d’une fête d’enfants où je reconnais Jeremy soufflantquatre bougies aidé par Oliver et… Kate. Ces trois-là semblent très proches. Sur un dernier cliché, jedécouvre Kate adulte enlaçant amoureusement une femme qui tient dans ses bras une petite fille.

Je regarde mon ami. Je ne suis pas certaine de comprendre…

– Il n’y a rien entre ces deux-là, si ce n’est une profonde amitié. Kate est mariée avec Helena. Depuisquatre ans, elles sont les mamans d’une jolie petite fille, Rose. Oliver est le parrain. Ce que tu as prispour un geste amoureux n’était que du réconfort. Connaissant Kate, elle a dû encore se prendre la têteavec Helena. Même si elles ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre, elles n’arrêtent pas de se disputer.Elles ont chacune un caractère bien trempé, tu peux me croire.

Et moi qui me suis fait tout un film. Pire, je me suis donnée en spectacle… Quelle idiote !

– Et le père… bredouillé-je.

Oliver, le parrain et peut-être plus….

– Ce n’est pas Oliver. Elles ont opté pour une insémination avec un don de sperme auprès d’unebanque réputée en Californie.

Jamais je ne me suis sentie aussi embarrassée. Paniquée, je saisis mon téléphone. Il est plus que tempsd’écouter les messages laissés par Oliver.

Jeudi 22 août, 13 heures. Premier appel :

« Alex, il n’y a rien entre Kate et moi, nous sommes amis. Crois-moi… Je dois partir à Shanghaiquelques jours… On peut se parler avant mon départ ? »

Après quelques secondes de silence, Oliver poursuit son message sur un ton d’une douceur extrême :

« J’aimerais tellement te dire droit dans les yeux que tout cela n’a aucun sens. Rappelle-moi, je t’enprie… Il faut que tu saches… Kate est en couple… Et elle aime les femmes… »

Cette voix chaude et profonde. Cette information essentielle… Pourquoi n’ai-je pas écouté avant ?

Vendredi, 8 heures :

« Tu m’as reproché mon manque de confiance. Je remarque que je ne suis pas le seul… Bon sang !J’enrage d’être coincé à des milliers de kilomètres de San Francisco et de ne rien pouvoir faire d’autreque de parler à ta foutue messagerie. »

Et à 10 heures…

« Alex, décroche, lance Oliver. Il faut qu’on se parle… Tu ne peux pas me laisser comme ça, tonsilence me rend fou. »

Durant le week-end, ma messagerie n’a enregistré aucun autre appel.

Lundi, 20 heures :

« Je commence vraiment à m’inquiéter. Dis-moi juste que tout va bien, qu’il ne t’est rien arrivé… Unmot ? Une émoticône ? »

Mardi, 9 heures :

« J’ai eu Sébastien au téléphone. Il m’a dit que tu allais bien, ce qui n’est pas mon cas. Si c’est ce quetu cherchais, c’est gagné. »

Hier, 22 heures :

« Je ne suis pas un adepte du harcèlement. J’arrête d’inonder ta boîte vocale », conclut Oliver d’unevoix posée.

Mon cœur tambourine. J’étais loin d’imaginer ce déferlement d’émotions, tout y passe : colère,inquiétude, tristesse, puis résignation, comme s’il avait repris le contrôle de ses sentiments et que pour luitout était fini.

***

– Je ne veux plus rompre ! lancé-je à Jeremy qui me regarde, amusé. Il faut que je trouve une solutionpour réparer les dégâts. Je t’abandonne, je file…

À la hâte, j’attrape mon sac et me précipite dehors. Je saute dans un taxi, direction le Maxi CoffeeClub. Durant le trajet, j’en profite pour envoyer un texto à Mina.

[Tu avais raison. Je me suis trompée sur Oliver. Je vais essayer de rattraper mes conneries. Je te tiensau courant.]

Arrivée en catastrophe. Je manque de m’étaler à l’entrée.

Ouf, pas de casse ! Inspire, expire.

Assise à l’une des tables du bar, je sens une boule d’angoisse dans le creux de mon estomac. Jerepense aux moments passés ici avec Damian. Nos rencontres matinales avaient provoqué la jalousied’Oliver. Il s’était imaginé que je l’espionnais pour le compte de son ancien ami et associé alors quec’est Damian qui me manipulait afin d’obtenir des informations sur GreenBe. Heureusement, nous noussommes expliqués et surtout réconciliés.

Mais cette fois, c’est moi qui ai été aveuglée par les apparences. Je vois Oliver dans les bras de sacollaboratrice et je perds pied… Pourquoi cette jalousie ? Mina aurait-elle raison ? Je doute de moi aupoint de penser qu’un homme comme lui ne peut être séduit par la femme que je suis ?

Tout n’est pas perdu. Enfin, je l’espère…

Après avoir été à l’origine de notre première dispute, ce bar sera celui de notre réconciliation. Pourcommencer, je prends en photo la chaise vide où j’ai été vue en compagnie de Damian par Kate. Jepianote ensuite le numéro d’Oliver sur mon téléphone. Je joins ma photo et surtout ces quelques mots :

[Pardon. La confiance n’est visiblement pas mon fort non plus mais je veux m’améliorer…]

Je croise les doigts et j’appuie sur « envoyer ». Pendant de longues minutes, j’attends, espérantqu’Oliver comprenne et surtout vienne me retrouver. En vain.

Impossible de partir d’ici.

Quoi qu’il en soit, je suis la cause de mon propre malheur. Ce que je craignais, à savoir le perdre, estsans doute arrivé. Pourquoi ne lui ai-je pas fait confiance ?

Encore un latte soja… après je m’en irai !

Une vingtaine de minutes passent, je reste toujours collée sur ma chaise. J’ai encore l’espoir de le voiraccourir ici après un simple MMS alors qu’il est certainement en déplacement à l’autre bout du monde etque moi-même je ne lui ai pas répondu pendant une semaine. Je m’obstine à nier l’évidence : il neviendra pas.

Croire en l’impossible, quitte à en perdre la raison, telle est ma devise.

Une heure plus tard, mon cœur est au bord de l’explosion. Mon message, la force de mon espoir ainsique les milliers d’ondes positives que je lui ai envoyés ont fonctionné. Oliver est là, devant moi. Avecson gilet de costume taillé sur mesure, sa chemise ouverte aux manches élégamment retroussées, il estdivinement sexy.

Incroyable ! Il a pu se libérer de ses innombrables obligations ! Pour moi.

Pour nous…

J’angoisse. Voudra-t-il encore de moi ? Mes yeux se noient dans les siens. Les mots se bousculentdans ma tête.

– Je pense que tu as des choses à me dire, commence-t-il en s’asseyant.

Je crois lire de la douceur dans ses yeux.

Tout n’est pas perdu.

Quelques tout petits centimètres nous séparent. Son parfum boisé et épicé flotte délicieusement dansl’air.

– Je… Merci d’être venu, bredouillé-je.

C’est tout ce que t’arrives à dire ! Ça promet… me nargue une affreuse petite voix intérieure.

Mes doigts frôlent les siens. J’ai besoin de le toucher. Son regard m’interroge. Il caresse délicatementma joue. Un frisson me parcourt.

– Désolée, dis-je d’une voix tremblante.

J’inspire profondément. Il faut qu’il comprenne ce que je ressens.

– Quand je t’ai vu avec Kate, j’ai éprouvé une douleur insupportable. C’est comme si je tombais dansun trou noir. C’était d’une violence. Je ne pensais pas pouvoir être aussi bouleversée par quelqu’un. Touten toi me met dans un état pas possible. Ta façon de bouger, de sourire, de me caresser la joue, dem’écouter, ta force… expliqué-je d’une voix étranglée par l’émotion.

Ses lèvres charnues dessinent un sourire tendre, ses fossettes sexy… Il me regarde, visiblement ému.Je m’accroche à ses mains douces. Je fonds.

– Moi non plus, je n’ai jamais rien éprouvé de tel, murmure-t-il. J’ai l’impression d’être possédé.

Quand je suis avec toi, mon corps, ma tête ne pensent qu’à te toucher, te sentir, t’écouter…

Je reste sans voix. Mon cœur bat à 1000 à l’heure. J’ai du mal à respirer.

– … Kate est une amie d’enfance et on a toujours été très proche. J’ai été l’un des premiers à qui elle afait son coming out. Elle vit avec Helena et elles ont une petite fille, Rose, dont je suis le parrain.

– Pardon, je sais que j’ai été nulle… À ma décharge, tu es très secret, je ne sais quasiment rien de toi,de ta vie. Sans oublier les cachotteries autour de GreenBe. Tu ne me fais pas confiance…

Stop ! Alex. Tu veux avancer ou tout lui mettre sur le dos ?

– … Je te dis ça, mais moi je ne vaux pas mieux, ajouté-je en caressant sa main. Nous avons un défautcommun… Mais si on veut que notre histoire fonctionne, il faut qu’on se livre plus l’un à l’autre.

Oliver ne dit rien, il ne me quitte pas des yeux. Son regard se remplit tout d’un coup de malice commes’il se réjouissait à l’avance de quelque chose. Il resserre ses doigts autour des miens avant de lesabandonner pour poser sur la table une petite boîte.

Ça veut dire oui ?

– C’est pour toi, m’annonce-t-il, tout excité.– Qu’est-ce que c’est ? demandé-je en prenant l’écrin bleu signé Tiffany.– Je voulais te l’offrir à mon retour de Shanghai, me répond-il, un brin énigmatique.

Je défais délicatement le ruban blanc et découvre le cadeau. Je retiens mon souffle. Devant moi, unpendentif magnifique. Une merveille ! Je regarde Oliver, déroutée.

– C’est… ma fée Clochette !

Mon fidèle grigri est là, serti de diamants, saphirs, rubis et émeraudes. Les larmes me montent auxyeux. Les mots me manquent.

– Je… Tu n’aurais pas dû…– Ton fidèle porte-clés ne va pas tarder à te lâcher, il est fatigué, me dit-il d’une voix douce. Avec ce

pendentif, je suis certain que ta Baboussia veillera éternellement sur toi.

Je n’y tiens plus, je me jette sur lui pour retrouver ses bras qui m’ont tant manqué. Mes lèvress’enflamment au contact des siennes. Notre baiser est langoureux, délicat, divin. Toutes mes craintess’envolent. Nous sommes à nouveau connectés et j’ai envie de crier de joie.

– J’ai confiance en toi, Alex, me glisse-t-il à l’oreille.

Il prend mon visage entre ses mains et pose un baiser léger sur ma bouche. Puis il me fixe droit dansles yeux.

– Si je ne te dis pas tout à propos de GreenBe, c’est pour ne pas te mettre dans une positioninconfortable, tu comprends ? Je veux juste te protéger.

Bon, d’accord… pour cette fois !

***

Après le départ d’Oliver, qui est retourné à son bureau pour régler un problème professionnel, jetraîne encore un peu au Maxi Coffee Club. Je me sens bien. J’ai confiance en l’avenir car je saismaintenant que je retrouverai très vite mon wonderboy. Il y a quelques heures, je me morfondais dans unetristesse sans nom, et maintenant j’ai le cœur léger et je souris toute seule !

Oh non !

Damian, alias Arthur, est là, à la caisse. Souriant, il me fait signe.

Je fais quoi ? Je lui dis que je sais tout ?… Ou je fais comme si de rien n’était ? Autre possibilité,la fuite.

– Alex, c’est génial de te voir ! Tu m’as manqué, tu sais, me dit-il en s’asseyant à mes côtés.

Trop tard pour fuir. J’opte pour le plan Mata Hari. Je feins l’ignorance, glaner le plus d’infos serama mission.

– Arthur, quelle bonne surprise ! Tu n’es qu’un horrible lâcheur ! Tu m’as abandonnée sans une excuseà la solitude de mon mokaccino matinal, annoncé-je, l’air innocent.

Ouf ! Bon début. J’ai réussi à ne pas l’appeler Damian.

– Désolé. Je n’ai pas eu une seule minute de libre. Beaucoup trop de travail. Je trouverai biencomment me faire pardonner, s’excuse-t-il en souriant. Et toi ? Raconte-moi, ça se passe toujours bien tonboulot ?

– Je suis contente pour toi…– Comment ça ? s’étonne-t-il.– Si tu as plein de travail, c’est bon signe, non ? Tu m’as bien dit que tu bossais à ton compte ?

Il ne m’a jamais parlé de son travail… Pourvu qu’il ait une mauvaise mémoire.

– Oui, tu as raison. Je ne me plains…– Tu travailles dans quel domaine déjà ? Je ne m’en souviens plus, demandé-je en lui coupant la

parole.– Les affaires. Achats, ventes. Rien de très sexy. Tu m’en poses des questions ! Mais toi, tu n’as pas

répondu ! Ça se passe bien chez GreenBe ?

Je choisis soigneusement d’éluder le sujet travail, gardant pour objectif d’amener Damian à se confier.Je finirai bien par avoir des infos. Au jeu du chat et de la souris, je suis la meilleure !

– Le travail, ça va… Heureusement. Cela me permet de ne pas trop penser à ma vie privée qui n’estpas ce que j’appellerais simple, dis-je en triturant mes doigts.

– Oh ? Qu’est-ce qui t’arrive ?

– Avant de te raconter quoi que ce soit, il faut que tu me promettes de ne rien dire à personne.– Évidemment, Alex. Je serai muet comme une tombe.– J’ai une relation amoureuse avec Oliver Larsen.– Et ?

Il ne laisse rien paraître. Le mensonge est une seconde nature chez lui.

– Larsen, le PDG d’AlphaMed, le milliardaire, le wonderboy… insisté-je.– Ah, lui ! Oui, je vois. J’ai lu effectivement quelques articles dans la presse sur ce type.

Tu parles !

– Ce type, comme tu dis, est surtout un homme compliqué, un goujat, un baratineur, un don Juan…Depuis que je l’ai rencontré, ma vie ressemble à des montagnes russes, soupiré-je.

Damian m’écoute attentivement, il se montre même compatissant et me demande de plus amples détailssur mon histoire.

– … Il est convaincu que le monde tourne autour de lui, qu’il est le meilleur, qu’il a réponse à tout…Impossible de discuter avec lui, il ne supporte pas la critique. Ce monsieur a un ego surdimensionné,m’emporté-je. Mais je peux te dire qu’avec GreenBe, il va se prendre une belle claque !

Il toussote. Je crois bien que mes révélations le perturbent. Je poursuis mon rôle.

Alex, la femme bafouée…

– Comment ça ? m’interroge-t-il avec intérêt.– Oliver négocie avec nous, mais il n’obtiendra rien. Ce monsieur va descendre de quelques étages.

Pavel est bien plus doué que lui en affaires !

Mais après plus d’une heure de conversation, de critiques sur Oliver et de pseudo-révélations surGreenBe, je me retrouve toujours au point zéro. Cet hypocrite ne lâche rien si ce n’est un irish coffeequ’il m’a généreusement offert.

Mission Mata Hari : échec.

2. Viva Sin City !

Ce jeudi est une magnifique journée d’été. Le brouillard a tiré sa révérence face au vent chaud del’océan. Un soleil radieux baigne San Francisco d’une lumière intense. Oliver et moi sommes à nouveauen phase. Je suis pleine d’énergie, de joie, de piaillements d’oiseaux, de petites fleurs chatoyantes !

Pas de doute, je plane.

Une nouvelle journée de travail m’attend. Je salue mes collègues. John arrive en retard, les traitstendus. Il vient de passer quelques jours chez ses parents et j’ai comme l’impression que ça n’a pas été detout repos.

– Hey, je suis contente de te revoir. On s’ennuyait sans toi ! lancé-je d’un ton enjoué.– Bonjour Alex. Si tu savais… Cette semaine a été épouvantable, me salue en retour mon ami.– À ce point ?– Pire que tout. Mon père ne supporte pas que j’aie abandonné mes études, il n’a pas arrêté de me

harceler… Quant à ma mère, elle se désole de ne pas me voir en couple. Elle n’a pas trouvé mieux que deme faire rencontrer le fils gay d’une amie de son atelier d’aquarelle… Je suis épuisé ! Tu parles devacances, dit-il en s’asseyant à son bureau.

– Ne sois pas si dur avec eux. Tes parents t’aiment, ils se soucient juste de ton bonheur.– Qu’ils se soucient davantage du leur et qu’ils m’oublient, soupire-t-il.– Ouh la ! Le moment est grave… Toi, je sais ce qu’il te faut, dis-je avant de filer vers la salle de

repos.

Je reviens quelques instants plus tard et lui tends un verre rempli de M&M’s multicolores.

– Tiens, ces petites bombes vont te faire le plus grand bien, fais-je sur un ton espiègle.– Alex Larcier, tu es une vraie amie. Tu sais ce qui est bon pour moi. Je t’adore !

John prend une poignée de bonbons, les croque et me fait un signe OK avec le pouce. Je souris.

– Je peux te laisser maintenant ? J’ai du boulot qui m’attend, m’exclamé-je.

Je m’empresse aussitôt de plonger la tête dans mon ordinateur. Quelques minutes plus tard, je lèvedistraitement les yeux sur un nouvel arrivant. Encore un des clients de Pavel. Après Bretkov et sesarmoires à glace, celui-ci passerait presque pour un homme d’affaires « normal ». Il est poli et discret.Par contre, ses petites dents blanches carnassières, ses lèvres fines, ses minuscules yeux enfoncés dansleurs orbites, son air de fouine me mettent mal à l’aise. Avec son costume froissé, ce petit homme sansâge trimballe une grosse mallette en cuir.

Il pourrait y cacher une mitraillette… Merci papa ! Tes histoires de gangsters pour m’endormir lesoir font encore des ravages.

Malgré les mois qui se sont écoulés depuis mon arrivée chez GreenBe, Pavel reste une énigme pour

moi. À part sa préférence pour les clients étranges, son caractère déplaisant et son amour des chiffres, jene sais pas grand-chose de lui. Tout ce qui concerne cet ancien trader est nébuleux. Grâce à de bellesopérations financières, il a fait fortune, puis il s’est pris de passion pour GreenBe. Il l’a sauvée de lafaillite en injectant pas mal d’argent et a remis de l’ordre dans la compta.

Pavel, les Russes, Oliver… Je ne comprends pas ce qui attire tout ce monde chez GreenBe. Et ce nesont pas les documents auxquels j’ai accès qui m’éclairent. Pavel ne fait pas grand cas de ma personne.Je ne suis qu’une petite stagiaire. Fort heureusement, je ne suis pas sensible à ses aboiements ni à sonmépris. Ma mère me dirait que ce monsieur souffre d’une virilité défaillante qu’il compense avec unexcès d’agressivité.

Pourquoi pas ?

Ses sautes d’humeur glissent sur moi. Je reste toujours impassible, excepté une fois où j’ai été plustouchée que je n’aurais voulu l’être. C’était lors de ma première présentation. J’étais en panique totale,notamment en raison de la présence d’Oliver.

Ses yeux bleus qui me dévoraient…

L’ordre du jour portait sur un nouveau produit alimentaire et sur la transformation des algues. Maprésentation s’était bien déroulée. Mais Pavel, loin d’être reconnaissant, avait exigé que je n’assiste pasà la suite de la réunion « hautement confidentielle et stratégique ». Sans le soutien de Sébastien etd’Oliver, je dégageais séance tenante. Oliver était si calme, si bienveillant… Difficile d’imaginer lacrise qu’il allait me faire quelques jours plus tard. Tout ça à cause de Damian et de ses mensonges. Je memordille les lèvres. Une petite voix s’agite dans ma tête. Damian est apparu peu de temps après cetévénement. Une coïncidence ?

Ou pas…

Il faut absolument que j’arrive à trouver plus d’informations. Je ne peux pas me contenter de tout ceflou. Mon instinct me dit de creuser. Je décide de googliser Pavel mais je suis interrompue au bout dequelques minutes par la vibration de mon téléphone. C’est un SMS d’Oliver.

[Quelque chose de prévu pour ce week-end ?]

Une chaleur dans le bas de mon dos se fait sentir, une petite pause serait la bienvenue. Je souris tout enpianotant aussitôt ma réponse.

[Je suis libre comme le vent.]

Nouvelle vibration.

[Parfait. Je t’enlève pour quarante-huit heures. RDV Maison Bleue. Je passe te prendre à 19 heures.]

***

Incroyable !

J’écarquille les yeux. Du haut de ce 23e étage, tout est splendide. Je savoure cette vue sur une tourEiffel scintillante et sur le Strip de Las Vegas. Après un vol en jet privé (hallucinant), je suis maintenantassise confortablement face à Oliver, tout sourire. Nous dînons en amoureux au Twist. Notre menu estsigné par le grand chef étoilé Pierre Gagnaire.

Je rêve éveillée.

J’adore cette journée. Ce matin encore, j’étais loin de m’imaginer une soirée aussi dépaysante !

Nous rions, discutons, jouons avec nos regards pleins de sous-entendus torrides… tandis qu’à nospieds règnent la fièvre du jeu, les néons multicolores et la frénésie de Sin City. Le temps a suspendu sonvol. Il est vrai que ce lieu unique est parfait pour laisser libre cours à notre complicité. Au-dessus denotre table, des globes dorés flottent dans les airs. Les étoiles ne sont pas que dans nos yeux, ellesveillent aussi sur nous.

La salle du restaurant est élégante et feutrée. Outre la magnifique baie vitrée, ce lieu contemporainépuré jouit d’un escalier féerique tout en verre qui mène à une cave à vin suspendue dans les airs. Lamagie est totale.

En guise d’apéritif, un serveur vient de nous apporter des petits cubes translucides. Je regarde Oliver.Je ne comprends pas. Il me sourit gentiment.

– C’est bien l’apéritif ! glisses-en un sous la langue, dit-il, un brin malicieux, tout en se servant.

Je l’imite. Surprenant ! Il éclate sous ma langue, laissant échapper un mélange de Guinness et dewhisky. Je fais la moue, je ne suis pas habituée à ces saveurs. Oliver s’amuse manifestement de maréaction.

Florilège de couleurs et de saveurs, le repas est à tomber par terre. Il l’est également grâce à Oliverqui me régale de nombreuses anecdotes sur la ville. J’ai droit à un historique des plus vivants sur Vegas,les fortunes qui s’y sont faites et défaites, sans oublier les grands noms de la mafia. Je découvre safascination pour Frank Sinatra et le Rat Pack. Tantôt sérieux tantôt drôle, mon amant excelle dans lanarration. Mon père l’adorerait. Et moi, je l’aime de plus en plus ! Je veux profiter pleinement de cettesoirée, de ces instants voluptueux, mais j’ai besoin aussi de lui dire ce qui s’est passé avec Damian. Leterrain est miné, certes, mais je ne veux rien lui cacher. J’inspire profondément, je fonce.

– Oliver, je suis tombée sur Damian mercredi soir, peu après ton départ du Maxi Coffee Club, dis-jesur un ton détaché.

– Et… se renfrogne-t-il.

Toujours aussi susceptible sur la question.

– Et je lui ai parlé.– Quoi ? Alex, je t’ai dit de te méfier de lui, gronde mon amant.– Oliver, zen. Je ne suis pas idiote. Je n’ai pris aucun risque. Tu veux bien me faire confiance et me

laisser te raconter ? rétorqué-je, souriante.

Oliver se calme, son beau visage se détend. J’ai même droit à un sourire en coin. Il me fait un effetterrible quand il me regarde comme ça. S’il n’y avait pas tout ce monde autour de nous, je lui sauteraisbien dessus.

Plus tard…

– Je ne pouvais pas l’éviter. Ça aurait été trop bizarre. J’ai donc fait comme si je ne savais rien. Pourmoi, il est toujours Arthur. Et là, je dois t’avouer que je me suis lâchée…

– Comment ça ? s’inquiète Oliver tout en me dévisageant.– Tu en as pris pour ton grade, je ne t’ai pas loupé ! L’idée m’est venue tout d’un coup. Si, comme tu le

penses, il se joue de moi pour obtenir des infos, je peux en faire autant avec lui. Je lui ai donc faitquelques confidences sur ma vie privée. Je lui ai d’abord révélé notre liaison, puis j’ai joué la femmeblessée. Je t’ai affublé des pires défauts. Menteur, coureur, égocentrique…

– J’espère que ce n’est pas ce que tu penses de moi, me lance-t-il avec un clin d’œil.– Pour qu’un mensonge soit crédible, il faut toujours un fond de vérité, le taquiné-je.– Tu t’es prise au jeu, manifestement. Et Damian ? Il a mordu ?– Il m’a écoutée sans rien laisser paraître… C’est donc un échec cuisant, réponds-je en faisant la

moue.– Tant pis pour les infos, Alex. Ce qui compte c’est que Damian ne soupçonne pas ton double jeu.– Si j’avais eu plus de temps, j’aurais pu obtenir des infos…– Tu es incroyable ! Rien ne t’obligeait à rester avec Damian. Tu pouvais partir après l’avoir salué…

Mais non, tu voulais en savoir plus sur ses manigances et ce au mépris de toute prudence. J’admire taténacité, me confie Oliver, son regard plein de tendresse plongé dans le mien.

– Ce n’est que partie remise. Je finirai bien par le faire parler, continué-je, sous le charme.– Non, non, non, tu arrêtes tout. Tu ne comprends donc pas que tu joues avec le feu ? Jusqu’à présent,

Damian ne t’a montré que ses bons côtés, mais s’il se rend compte que tu l’as manipulé, ça va seretourner contre toi. Tu ne sais pas de quoi il est capable, il est prêt à tout pour arriver à ses fins, et iln’est pas question que tu mettes ta carrière en danger ! s’emporte-t-il soudain.

– Peut-être que la prochaine fois il se montrera plus bavard… continué-je sans me laisser démonter.– Peut-être aussi que Noël tombera en juillet ! fait-il, dubitatif.– J’adorerais ! Un sapin en plein été, ce serait super ! m’écrié-je pour détendre l’atmosphère.– Alex ! s’exclame-t-il en fronçant les sourcils.– Quoi ? Ce serait génial, non ?

Oliver lâche un petit rire crispé. Je le sens se détendre imperceptiblement.

– Tu ne vas pas t’en sortir si facilement… Je compte bien te punir dès que nous serons seuls, ironise-t-il, faussement sévère.

– Une punition torride, j’espère ? dis-je en le défiant.– Ne me regarde pas comme ça… Je vais avoir beaucoup de mal à patienter jusqu’à la fin de ce repas

pourtant exquis, mumure-t-il d’une voix suave.– Je dois avouer que ton sens de la repartie a tendance à m’enflammer, réponds-je en caressant son

genou sous la table.– Puisque nous en sommes aux confidences, moi aussi j’aime ta vivacité d’esprit. Nos petites joutes

verbales sont loin de me déplaire…

Je suis aux anges. Pour rien au monde, je ne voudrais être ailleurs. Le dîner s’achève en apothéoseavec une vraie farandole de desserts. J’en ai compté dix : bavaroise, tarte au citron meringuéedéstructurée, sorbet, granité de concombre… Tout est délicieux.

Mon amant me regarde avec un petit sourire insolent.

– Ce repas m’a mis l’eau à la bouche. Il est temps de passer à un autre mets de choix, bien plus délicatque tout ce que nous venons de manger. La fête continue, mademoiselle Larcier… mais cette fois, elle estconfidentielle, me lance d’une voix rauque mon amant en se levant d’un coup.

Le visage en feu, le cœur battant à 1000 à l’heure, je serre la main chaude d’Oliver qui m’entraînevers la sortie. Une berline noire avec chauffeur nous attend. Attentionné, mon gentleman m’ouvre laportière. Avant de monter, je ne résiste pas à ses lèvres qui viennent s’accrocher avec fougue auxmiennes. J’aime ses baisers passionnés, généreux, tendres… Je voudrais qu’ils durent éternellement.

Blottis l’un contre l’autre, nos corps sont impatients de se retrouver. Le trajet se fait en silence, lesmots n’ont plus leur place. Seules nos bouches et nos mains fébriles s’expriment. Quelques minutes plustard, je découvre notre destination : Le Bellagio.

Enlacés, nous pénétrons dans l’entrée spectaculaire dont le plafond est orné de milliers de fleurs enverre soufflé à la main. Je ne peux m’empêcher de m’extasier devant le décor superbe du lieu.

– Ce hall est connu sous le nom de la Cité aux mille tentations. Un nom plein de promesses… mesouffle Oliver à l’oreille avant de s’enquérir des clés.

Complètement ébahie, je me laisse guider par cet homme incroyable qui m’ouvre les portes d’unmonde jusque-là insoupçonné. Nous prenons la direction du dernier étage de ce grand palace, suite 3006.

Je suis au paradis de la démesure.

Il ouvre la porte de la suite, je m’accroche à son bras, étourdie par ce que je découvre. Tout ici n’estqu’opulence. Tissus somptueux, bois nobles, équipements dernier cri, cheminée, marbre… et surtout unjardin intérieur et une vue magnifique sur le lac et les fontaines.

– Oliver, c’est splendide ! Je ne mérite pas tout ça, dis-je, impressionnée.– Bien sûr que si ! murmure-t-il avant de m’emporter dans ses bras.

***

Notre nuit s’est transformée en retrouvailles intenses. Nos corps affamés se sont exprimés dans toutesles pièces de la suite. Du vestibule à la salle de bains, chaque endroit a servi d’écrin à notre complicitécharnelle. Dans les bras de mon amant, j’ai oublié les larmes, les insomnies et les doutes de ces derniersjours.

Je suis aux anges en repensant à cette nuit courte. Divine. Merveilleuse.

– Bonjour, ma belle endormie.

J’ouvre les yeux. Oliver est déjà habillé. Il est sublime avec ses cheveux mouillés et sa barbenaissante.

– Prête pour une nouvelle journée ? me demande-t-il en posant un baiser sur mon épaule nue.– Oh que oui, dis-je en lui caressant la joue.

J’enfile un peignoir et me dirige vers le salon. Devant moi, un petit déjeuner surprenant m’attend.

Mon amant si prévenant…

– Génial ! Des croissants, des pains au chocolat, du pain perdu… Tout ce dont je rêve le matin avantde me retrouver devant mon pauvre muesli ! m’exclamé-je, ravie par cette surprise.

– J’ai pensé que c’était la meilleure des manières pour commencer cette journée… Et je savais que çate ferait plaisir, dit-il en mordant dans un croissant.

– Je vois que ces viennoiseries ne te laissent pas non plus indifférent, lancé-je en riant.– Un délice ! fait-il avec gourmandise.– Tu ne m’as toujours rien révélé de notre programme, sauf qu’il semble chargé…– Surprise !– Un indice ?– OK, je peux te dire que dans moins de dix minutes, tu vas devoir filer sous la douche et te préparer.

Nous devons partir à 9 heures !

***

À l’heure dite, je suis prête pour attaquer la journée. La matinée s’égrène à découvrir cet immenseparc d’attractions pour adultes. Les canaux de Venise du Venetian, le volcan du Mirage, les montagnesrusses du Stratosphère, les sirènes du Treasure Island , les salles égyptiennes du Luxor… Et toujoursmon Oliver qui se montre tendre, attentionné, rieur, détendu et si sexy dans son jean brut qui descend surses hanches et son tee-shirt blanc près du corps.

– Je vais envoyer un selfie à John. Il n’a pas trop le moral en ce moment…– Je comprends. Tu es généreuse, c’est une qualité qui attire les gens. Mais dans le lot, tous ne sont pas

forcément sincères…

Je ne relève pas cette allusion contre John. Je sais qu’il ne l’apprécie pas trop. Il ne voit en lui qu’unado attardé et superficiel. Mais il ne le connaît pas comme moi. Avec le temps, je suis certaine qu’ilchangera d’avis.

– Que dirais-tu d’un selfie délirant de nous deux devant la tour Eiffel, genre Lilo et Stitch ?– Lilo et Stitch ? Je ne sais même pas qui c’est…– Tu sais, le film d’animation… La petite Hawaïenne fan d’Elvis qui adopte un extraterrestre ! J’y

tiens, Oliver. J’adorais Lilo… D’ailleurs, c’est grâce à elle que j’ai découvert Elvis…– OK, tu marques un point, sans cette petite fille, Elvis aurait perdu une fan inestimable. Mais en quoi

cela concerne John ? Ne me dis pas qu’il est fan de l’extraterrestre ? s’exclame-t-il.– Exactement ! Tu as deviné, ris-je en l’embrassant.– Je comprends mieux… Bon, d’accord, je veux bien faire ce selfie. Tu me promets juste que je ne me

retrouverai pas sur les réseaux sociaux ? Je ne suis pas certain que mes actionnaires apprécieraient, meconcède-t-il en faisant mine de s’inquiéter.

– Promis ! Je signe où la clause de confidentialité ? Et John ?– Ta parole me suffit. Quant à John, je me contenterai de le buter s’il balance la photo sur le Net, lance

Oliver en imitant le Parrain.– Je le préviens dans ce cas de la peine qu’il encourt en cas de trahison…– Attends-moi là, je vais chercher les éléments qui nous manquent pour que la photo soit parfaite,

m’explique-t-il tout en faisant défiler des images de Lilo et Stitch sur son téléphone.

Ingrédients manquants ? J’ai bien entendu ? Qu’est-ce qu’il veut dire ?

Aussitôt dit, aussitôt fait. Dix minutes plus tard, Oliver revient avec un véritable sosie d’Elvis quiparadait dans la rue, des oreilles bleues de Stitch, une perruque aux longs cheveux et deux chemiseshawaïennes.

Oliver perfectionniste en toutes circonstances… Tellement touchant…

Clic clac, tout le monde sourit. Grandiose. J’envoie le MMS accompagné de ces mots :

[Las Vegas, une ville pleine de surprises ;-)]– C’est notre première photo à deux. Merci d’avoir joué le jeu, m’écrié-je en l’embrassant tendrement.– Un selfie déguisé avec le King comme première photo de nous deux, c’est tout toi ! s’exclame-t-il en

riant.

Il m’attrape la main et m’entraîne vers un nouveau lieu, le Caesars Palace, pour la pause déjeuner. Jeme sens bien. Oliver est insouciant et malicieux. Rien à voir avec le businessman préoccupé par lesmagouilles de Pavel et de Damian.

Il est 14 heures quand nous entrons dans le spa du palace. Je découvre les bienfaits du massage LomiLomi hawaïen tant vanté par Oliver durant notre repas. Pour le deuxième soin, nous expérimentons lesflocons de neige carbonique de la salle Arctic. Alors que je ne peux m’empêcher de lâcher des petits crisaigus, Oliver joue les athlètes impassibles.

– Petite nature, va ! lance-t-il en gonflant les pectoraux.

Il essaye de m’impressionner…

– C’est stratégique. J’ai lu que les cris augmentaient les bienfaits de la neige, blagué-je.

Je ne me lasse pas de regarder mon amant, beau comme un dieu. Une nuée de papillons prend sonenvol dans mon ventre. Une jolie flamme scintille dans ses yeux. Je lui plais, pas de doute.

– Je n’ai jamais vu des flocons fondre aussi vite… dit-il en me fixant, avec un sourire insolent au coindes lèvres.

– Je peux t’assurer que pourtant c’est un supplice, je suis frigorifiée. Je vais succomber si je nebénéficie pas très rapidement de chaleur, réponds-je d’une voix sensuelle.

Mon amant se lève tout d’un coup pour me rejoindre, m’enlace avec passion et s’empare de mabouche. J’enroule mes bras autour de ses hanches pour faire durer son baiser le plus longtemps possible.Sa langue se faufile entre mes lèvres. Sans réfléchir, je saisis ses fesses pour le coller davantage contremon corps.

Température maxi-mâle.

Je gémis. Mais déjà, des clients font irruption dans notre salle et stoppent net notre rapprochement.Pris en flagrant délit, Oliver saisit ma main et nous filons comme des gamins.

***

De retour à notre hôtel, alors que nous prenons l’ascenseur pour regagner notre suite, mon amant exigede me bander les yeux.

Oh ?!?

– Il faut que tu me fasses confiance, murmure-t-il.

Je ferme les yeux en guise d’acquiescement. Mon cœur s’emballe. Je sens le souffle de mon hommedans mes cheveux, tandis que ses mains chaudes et délicates nouent un foulard de soie derrière moncrâne.

Étrange sensation…

La peur m’excite. Je ne peux m’empêcher de penser à un nouveau jeu érotique. Les yeux bandés, je nevois plus rien. Oliver me saisit par la taille quand j’entends la porte s’ouvrir. Je sens alors un vent chaudcontre ma peau. Nous sommes dehors.

– Attends-moi là. Ne triche pas… me dit-il en caressant ma main.

J’entends un nouveau bruit, quelque chose de métallique. Une autre porte ? Des chaînes ? Je commenceà paniquer. Si dans cinq minutes, rien ne se passe, j’arrête tout et tant pis pour la surprise.

– C’est bon Alex, tu peux enlever le bandeau et me rejoindre, me crie Oliver.

Ce retour à la lumière m’éblouit. Ma vue est trouble. Je cligne des yeux pour être certaine de ce que jevois. Nous sommes sur le toit de l’hôtel, face à moi… un hélicoptère ! Installé derrière les manettes decontrôle, Oliver, fier de lui, me fait signe de le rejoindre et de m’asseoir à ses côtés. Je suis ébahie,surexcitée, pantelante, paniquée, impatiente… et tellement heureuse de partager ces émotions avec cethomme hors du commun.

Je n’en reviens pas. De l’hélicoptère et encore moins de son pilote.

Après les contrôles du tableau de bord, les consignes de sécurité et trois Charlie Tango (moi quipensais que cela n’existait qu’au cinéma), l’hélicoptère s’élève et quelques secondes plus tard noussurvolons tous les hauts lieux de la Cité du vice. Le Mirage, Fremont Street Experience, Le Stratosphère

ou encore Le Venetian.

Mon wonderboy aux commandes…

J’ai l’impression de flotter. Plus je regarde autour de moi, plus je me dis que je vis un rêve éveillé. Jeferme les paupières, puis je les rouvre. Mais non… Je ne dors pas. Je suis installée dans un hélicoptèreaux côtés de mon pilote attitré. Nous survolons maintenant les paysages lunaires du Grand Canyon, lesgorges étroites de grès coloré et les étendues d’eau vert émeraude.

– Alex, prépare-toi. Nous allons atterrir. J’ai une surprise pour toi, me sourit-il.

Quelques minutes de marche après notre arrivée sur la rive sud, loin des regards des touristes, nousempruntons un sentier isolé qui débouche sur une crique paradisiaque. Les falaises s’étendent à perte devue et un silence insaisissable règne autour de nous. Je reste interdite. Plantée là dans cette naturesauvage une petite table ronde est dressée avec le plus grand raffinement.

– C’est magnifique, Oliver ! m’exclamé-je, ébahie.

Il me tend une chaise.

– Vous prendrez du champagne, mademoiselle ?

Une voix derrière moi. Celle d’un maître d’hôtel. Je sursaute. Ma surprise est telle que j’ai failli crier.C’est tellement étrange, inattendu.

– Je me suis permis de choisir le menu, dit Oliver, un sourire aux lèvres.– Pour ne pas changer… le taquiné-je.– Je peux t’assurer que tu vas adorer, reprend-il plus sérieusement, piqué au vif.– Je n’en doute pas, tu commences à bien me connaître ! Je ne peux pas en dire autant… Il y a des

zones d’ombre chez toi que j’aimerais bien découvrir.– Je n’ai pas l’habitude de me confier. On ne m’a pas transmis ta confiance dans le genre humain.

C’est un don précieux, ne le perds pas. Apprends juste à ne pas le montrer à tout le monde… C’est uneforce et une fragilité, insiste Oliver.

Je n’ajoute rien, pensant qu’il va enfin se laisser aller aux confidences. Mais je suis comme Anne dansl’histoire de Barbe bleue, je ne vois rien venir. Il préfère me déshabiller du regard.

Je sursaute. Cette fois, c’est une musique qui se fait entendre dans mon dos. Elle s’approche. Je meretourne sans comprendre. Mon apollon exulte. Je suis bouche bée. Un trio à cordes vient de faire sonapparition comme par magie.

– Portons un toast en l’honneur de ce merveilleux week-end, propose-t-il, la voix enjouée.– Avec plaisir. Du fond du cœur, merci pour tous ces instants inoubliables.– Ce n’est qu’un début, Twinkle. Il y en aura d’autres, beaucoup d’autres, déclare-t-il.– Twinkle ? m’étonné-je.– Pardon… C’est sorti comme ça, me dit-il, gêné. « Twinkle Star » est une chanson que ma mère me

chantait quand j’étais enfant. Mais c’est surtout un poème anglais que j’adore… Si haut, au-dessus de la

terre, comme un diamant dans le ciel. Scintille, scintille, petite étoile. Je me demande bien ce que tues ! Ce sont ta clarté et ta lueur, qui éclairent le voyageur dans le noir. Tu me fais penser à cette petiteétoile…

– Je veux bien être ta Twinkle Star, murmuré-je rougissante.

Ses magnifiques yeux me caressent le visage. J’entrouvre les lèvres. Envie de sa bouche chaude.Maintenant. Il se penche lentement vers moi et m’embrasse de la plus douce des manières. Je voudraisque ce baiser dure toujours…

Le Grand Canyon comme chambre d’amour… Et tout ce monde autour de nous, quel dommage !

Nous savourons la musique, le repas, la douceur de vivre… Je sens que cet homme fera toujours partiede ma vie. Je suis incapable de lutter contre l’attraction qu’il exerce sur moi.

Aucune envie de lutter. Avec lui, je me sens complète.

Mon magicien choisit le crépuscule pour notre vol de retour. Le soleil se couchant derrière lessommets nous offre un spectacle unique. Le survol du Strip illuminé de néons et d’enseignes est aussiexceptionnel.

Oliver, vivifiante incarnation d’un fantasme.

3. Un dossier top secret

Le lendemain soir, après avoir profité toute la journée des plaisirs de Vegas, nous rentrons à SanFrancisco, et Oliver me raccompagne jusqu’à la Maison Bleue. Je le sens anxieux.

Le dimanche serait-il une nouvelle fois maudit ? Un réveil brutal serait-il proche ?

– J’ai passé un superbe week-end, m’annonce-t-il d’une voix douce.– Moi aussi, Oliver. Merci, merci pour tout, dis-je en me noyant dans le bleu de ses yeux.

Du bout des doigts, il me caresse les cheveux. Je n’y tiens plus, je l’embrasse. Il me rend mon baiseravec fougue. Sa langue pénètre ma bouche, joue avec la mienne. Il me plaque contre son corps tandis queje caresse ses larges épaules et sa nuque. Je respire son odeur épicée, je suis en feu, je ne veux fairequ’un avec lui.

– Ne pars pas… Jeremy est absent. On a la maison pour nous, dis-je, le souffle court.– Je ne peux pas, Twinkle. Je dois partir pour New York cette nuit, mais je serai de retour vendredi,

me glisse-t-il d’une voix apaisante.

Nous restons enlacés devant la porte d’entrée.

– Je ne devrais peut-être pas te le dire… mais tu me manques déjà, murmuré-je, la tête posée sur sontorse.

– J’aime ta franchise. J’aime tout chez toi, d’ailleurs, me rassure-t-il avec douceur.

Je savoure cette quiétude qui marque la fin de ce week-end merveilleux.

– Il y aura bien d’autres escapades, je te le promets. Je n’avais jamais rencontré de femmes comme toiavant, tu sais, me confie-t-il. Tu… Tu comptes vraiment pour moi.

Oh, mon Dieu ! Ça ressemble fort à une déclaration… Non ?

– Oliver… Je n’ai envie que d’une chose, c’est d’être avec toi, rien qu’avec toi, réponds-je.– Es-tu prête à me le prouver ? me demande-t-il sur un ton mystérieux.

Oh la la ! Qu’est-ce qu’il attend de moi ?

– Oui, bien sûr…– Je voudrais qu’on fasse un test HIV, finit-il par m’annoncer.– Je suis à 1000 % d’accord ! lancé-je, émue, en lui sautant au cou.– La prochaine fois qu’on se verra, tu seras toute à moi. Plus de barrière entre nous !

Me serrant tout contre lui, il m’embrasse fougueusement. Nos bouches reprennent leur danselangoureuse. Mais très vite il s’immobilise et pousse un soupir.

– Stop, stop, Twinkle. Je ne peux vraiment pas rester. On m’attend à New York cette nuit, souffle-t-il.

La patience va devenir ma principale qualité.

***

Une nouvelle semaine débute chez GreenBe. Deuxième jour de septembre, l’été semble à son apogée.Avec lui, une odeur enivrante de pins parasols chauffés au soleil inonde la ville. Je virevolte. Pour ne pasbriser cette délicieuse légèreté, je zappe le mokaccino matinal du Maxi Coffee Club. Je n’ai aucune enviede tomber sur Damian qui ne manquera très certainement pas de me faire son numéro et de chercher je nesais quelle information.

Pas envie de me prendre la tête après les mises en garde d’Oliver.

Le jour J est encore loin. Plus de 4000 kilomètres et cinq jours me séparent de lui. Je repars pour madouce routine : Maison Bleue, bus 39, GreenBe. Il est 8 h 30 quand je m’installe à mon bureau, un grandmug de café et un muffin aux fruits rouges à la main, mais je ne suis toujours pas redescendue de monnuage.

Avant même d’allumer mon ordinateur, mon téléphone vibre.

[Test effectué, plus qu’à attendre le résultat. Ai trouvé du sable dans ma poche. Je le gardeprécieusement.]

Le sourire aux lèvres, je pianote rapidement une réponse.

[Moi, RDV pris à midi. Ma tête est pleine de ce magnifique week-end. J’attends avec impatience tonretour.]

Trente minutes plus tard, John fait son entrée. Sachant où j’étais ce week-end et surtout avec qui, il mefonce dessus. Le regard affamé d’infos croustillantes, il réclame sa dose. Sourire béat, je lève la tête pourlui faire la bise. Il s’empresse de poser un baiser sur ma joue.

– Balance. Je veux tout savoir, commence-t-il tout excité.

Je ne me fais pas prier, je suis trop contente de partager avec lui ce week-end merveilleux. Toujoursaussi expressif, mon ami ponctue mon récit de nombreuses mimiques. Clins d’œil appuyés, mains sur latête, moues boudeuses, sourires surdimensionnés… Toute la gamme de son jeu d’acteur y passe.

Il aurait fait des merveilles dans un film muet.

– Tu vois, être la petite amie d’un milliardaire, c’est génialissime. N’oublie pas ce que tu m’aspromis…

– Comment ça ?– Une montre Patek, s’esclaffe-t-il.– T’es dingue ! pouffé-je.– En attendant, je vois que ce monsieur ne se contente plus de t’offrir un panier repas à 500 dollars. Il

vise plus haut, dit-il en pointant mon nouveau pendentif.– Oh, Clochette. Il me l’a offerte vendredi soir, fais-je en la caressant du bout des doigts.– Diamant, rubis… Ce monsieur Larsen tient vraiment beaucoup à toi. Son message est limpide.– Limpide ? m’étonné-je.– Oh que oui ! Avec ces petits diamants, il fait référence à la pureté des sentiments. Les saphirs, c’est

pour la sincérité, les rubis la passion et enfin les émeraudes la fidélité. Limpide, non ?

Waouh !

Mon cœur s’arrête. Je n’ai pas vu tout ça. Pour moi, Oliver m’avait déjà fait le plus beau des cadeauxen magnifiant ma fidèle Clochette que ma mère m’avait offerte à la mort de ma grand-mère. J’étais loind’imaginer toute cette symbolique.

– Debout, Alex ! Tu pourras rêvasser sur notre beau monsieur Larsen pendant la réunion de Pavel.Allez, ça urge, on va finir par être en retard, dit-il en me tirant par le bras vers la salle de conférencesorange.

Rêvasser. Très certainement, sachant que Pavel va nous tenir enfermés dans cette salle et nousassommer avec son milliard de chiffres récités telle une litanie au dieu de la Bourse. Ni les murs decouleur pétillante ni l’énorme bonzaï cinquantenaire importé du Japon préconisé par un maître feng shuin’y changera rien. Aucune dynamique positive ne sortira de ce lieu. À peine calée dans l’un des siègesverts, je me retrouve aussitôt submergée par les tableaux PowerPoint qui se suivent et se ressemblent. Jene sais pas pourquoi mais Pavel me met de plus en plus mal à l’aise. Malgré la quantité astronomique deses chiffres, je trouve toute sa présentation floue. Ce doit être moi, je n’ai pas l’âme d’une comptable. Etce ne sont pas mes collègues geeks et encore moins Sébastien qui vont pouvoir m’éclairer.

Peut-être Oliver ?

Deux heures plus tard, la liberté. Enfin ! En retournant à mon bureau, je m’empresse d’envoyer un mailà Oliver.

De : Alex LarcierÀ : Oliver LarsenObjet : Sublime Clochette Bonjour Oliver,Je m’en veux de ne pas avoir compris tout de suite le merveilleux message que tu avais confié àClochette. Je suis plus habituée au langage des fleurs qu’à celui des pierres précieuses. Avec unbouquet de roses rouges, de lys blancs, de violettes et de jonquilles, j’aurais directement perçu tesmots. Mais là, je me sens un peu stupide… Et mes remerciements tardifs me semblent si ridicules !Ton cadeau est SUBLIME. Mille mercis pour ce geste que personne n’avait jamais fait pour moi.J’ai tellement hâte de te voir…Je t’embrasse tendrement dans le creux de ton cou.Alex

Quelques minutes plus tard, Oliver me répond.

De : Oliver LarsenÀ : Alex LarcierObjet : Re : Sublime Clochette Twinkle,Tu n’as pas à t’en vouloir. Surtout pas. La joie que j’ai vue dans tes yeux quand tu as découvertClochette était le plus beau des mercis.Un baiser dans le creux de mon cou est un bon début, mais vendredi ce ne sera pas suffisant…O

Je ne peux réprimer un sourire en lisant son mail.

Twinkle. Résolument, j’adore !

Après un sandwich mangé sur le pouce dans le laboratoire d’analyses médicales pour le test HIV, jepasse le reste de la journée à essayer de comprendre les opérations financières de Pavel. Tout ça pour unrésultat nul. Ce n’est pas gagné pour mon rapport de stage.

– Que faites-vous encore ici ? soupire Pavel, le regard mauvais.

Pour entendre votre voix si délicieuse. Quelle question !

– Il n’y a rien dans votre planning qui justifie des heures supplémentaires. Si vous avez perdu votretemps à bavarder avec vos collègues, prenez vos responsabilités et travaillez chez vous. Ce n’est pas àGreenBe d’assumer votre manque de professionnalisme !

Toujours aussi charmant !

– J’étais sur le départ, n’ayez crainte. Je vous souhaite une bonne soirée, et surtout un excellent voyagedemain, dis-je le plus sobrement possible.

Pavel, demain, bye bye… Un voyage d’affaires à Moscou pour quatre jours… Hourra !

À peine ai-je tourné les talons que mon téléphone s’agite, je viens de recevoir un SMS d’Oliver.

[Rythme très intense ici. Ma première pause depuis ce matin, je pense à toi…]

Je pianote aussitôt :

[De quelle manière penses-tu à moi ?]

Oliver réagit très vite.

[De toutes les manières possibles.]

Je veux le taquiner. Besoin de garder mon amant à mes côtés.

[Mais encore ?][Nue, gourmande, sauvage, douce, timide, indomptée…]

Ma bouche s’assèche tandis que le bas de mes reins s’enflamme. Je meurs d’envie de me plonger dansses bras, de sentir sa force contre moi… en moi. Je tape rapidement ma réponse.

[Vendredi, je serai à toi de toutes ces manières… et de bien d’autres encore.]

Je fixe l’écran de mon téléphone. J’attends un nouvel SMS. En vain. Oliver ne joue plus, il a disparuune nouvelle fois dans les brumes new-yorkaises.

Faites que cette semaine passe très vite.

***

Les journées s’enchaînent. Boulot et dodo sont mes deux grands amis. Ils occupent tout mon espace-temps. Ça me convient parfaitement. Oliver me manque tellement. Même si nous gardons le contact parmails et SMS, je me sens vide. Une part de moi est à New York.

Heureusement, le travail ne manque pas. Entre la rédaction de la newsletter de septembre, un nouveaucommuniqué de presse et des tweets, je poursuis mes recherches sur la gestion de Pavel.

Toujours à Moscou. Le pied !

La voix bienveillante de Sébastien me sort de mes pensées.

– Est-ce que tout se passe bien, Alex ? Je m’en veux de ne pas venir te voir plus régulièrement maismes recherches sont tellement prenantes, s’excuse-t-il.

Quelle différence avec Pavel ! Au-delà de son côté poupon et de son allure d’ado attardé, le créateurde GreenBe est si prévenant. Il n’a jamais un mot blessant. Pas une seule fois depuis que je suis arrivéeici je ne l’ai vu s’énerver. Sans oublier ses talents de chercheur.

Je l’adore.

Je saisis cette opportunité pour l’interroger sur Pavel.

– Tu n’as pas d’inquiétude à avoir, Sébastien. Ce stage est vraiment génial. J’avoue que Pavel n’y estpas étranger. Quel homme orchestre ! Communication, finance, administratif… Il assume toutes lesresponsabilités. Quand je pense à tout ce qu’il fait pour GreenBe, je ne peux qu’être admirative.

Mata Hari, le retour.

– Tu as raison. Pavel est un génie de la finance. Mais c’est aussi un très bon gérant. Il ne cherche pas àse mêler de mes travaux, il me laisse même toute liberté. Je peux faire ce que je veux et travailler à

100 % sur mon algue. Je touche au but ! Imagine, avec elle on pourrait remplacer un, voire deux repas parjour.

Quoi ?!

J’ouvre de grands yeux. Sébastien panique, il regarde autour de nous. Je vois très bien qu’il se calmeun peu en constatant que personne d’autre que moi ne l’a entendu.

En aurait-il trop dit ?

– Oui, je sais, c’est incroyable. Mais, Alex, c'est top secret, il ne faut pas en parler, tu me le promets ?chuchote-t-il.

– Tu peux me faire confiance, Sébastien. Ce que tu viens de me dire ne sortira pas d’ici, réponds-jed’une voix rassurante.

Après un bref instant d’hésitation, Sébastien décide de me laisser et file dans son labo au sous-sol.Mais il a réussi à titiller encore plus ma curiosité. Je laisse mon esprit vagabonder. À quoi peut servirune telle algue ? Des repas minceurs ? Des super compléments alimentaires ? Des substituts végétariens ?

***

De : Oliver LarsenÀ : Alex LarcierObjet : Plus de barrière entre nous Pièce jointe : test HIVTwinkle,Je viens de rentrer à San Francisco. Encore une journée, et ce soir tu seras tout à moi.Je t’embrasse partout, surtout là où il fait si chaud…

De : Alex LarcierÀ : Oliver LarsenObjet : Re : Plus de barrière entre nous Vendredi, le plus beau jour de la semaine. Le décompte des heures a commencé. Il me tarde…P.-S. : mes résultats seront dispo dans la journée, je me ferai une joie de te les apporter en mainpropre.

Dire que le temps passe lentement est un euphémisme. Je n’arrête pas de regarder l’heure qui s’affichesur mon écran d’ordinateur. J’ai hâte d’être à ce soir. J’ai beaucoup de mal à me concentrer sur mesdossiers courants. Durant toute cette matinée, mes pensées se focalisent en alternance sur le retourd’Oliver et sur les révélations de Sébastien.

Je ne peux pas rester là à attendre, à soupirer devant l’horloge. Il faut que je passe à l’action. Pendantma pause de midi, je décide donc de faire un saut au laboratoire afin de récupérer les résultats de montest HIV, puis de me rendre dans les bureaux d’AlphaMed pour un déjeuner improvisé avec Oliver.

Je n’ai même pas le temps de glisser mon téléphone dans mon sac qu’il se met à vibrer.

[J-6 heures. Tic-tac…]

Oliver, mon tentateur.

Vingt minutes plus tard, je suis dans l’ascenseur privé du PDG d’AlphaMed. Je ne résiste pas à l’enviede le taquiner. Je lui envoie un message.

[Et si le tic-tac s’accélérait…]

Sa réaction est immédiate.

[?????][Réponse devant ta porte dans moins de cinq minutes.]

Bourdonnement dans mes oreilles, palpitations cardiaques, mon pouls s’affole. Je fixe le tableau debord de l’ascenseur. Les étages défilent. 1er, 2e, 3er, 4e. J’y suis. Mes pieds ne touchent plus terre. Undigicode me sépare encore de mon amant. Je compose la combinaison de quatre chiffres transmise il y aquelques jours par mail. Aussitôt la porte s’ouvre. Oliver est là devant moi. Rasé de près, il est vêtu d’uncostume sombre parfaitement ajusté. Je remarque une cravate en soie à son cou. Une première qui n’estpas pour me déplaire. Il est encore plus magnétique et irrésistible.

Comment est-ce possible ?

Il me fixe intensément. Je me liquéfie.

Il n’aime pas les surprises ? J’aurais dû attendre ce soir…

– J’ai apporté des sushis, dis-je avec un grand sourire.

Silence.

Aïe aïe aïe ! Noter quelque part que monsieur Je-Maîtrise-Tout ne semble pas aimer les surprises…du moins celles des autres.

– Et puis ça aussi, dis-je en agitant la feuille des résultats HIV.

Tout d’un coup, sans le moindre préambule, Oliver m’attire contre son torse puissant et m’embrasseavec fougue. Je gémis entre ses lèvres, savourant le bien-être qui se répand en moi. Puis sa bouche quittela mienne et il me chuchote d’une voix chaude :

– Je suis ravi de te voir ici. Tu es magnifique.

Alléluia !

En parfait gentleman, il me fait entrer dans son bureau. C’est une pièce de 40 m2, bercée d’une bellelumière naturelle et dotée d’une vue plongeante sur le patio central et ses arbres centenaires taillés ennuage. De style industriel, la déco signée d’un tout jeune designer écolo se compose essentiellement d’ungrand bureau vintage des années 1950, d’un canapé en cuir végétal et d’une superbe bibliothèque. Mêmesi tout est élégant, je n’y décèle rien de personnel. Le temps a sans doute manqué à mon PDG si sexy.

– Je ne supportais plus d’attendre encore toute une après-midi en te sachant si proche, me plaigné-je.– Ne t’inquiète pas. Tu as pris une excellente initiative. L’attente tournait au supplice pour moi aussi,

me rassure-t-il.

Toujours lovée dans les bras de mon amant, je me serre encore plus contre lui.

C’est si bon de le retrouver.

Oliver me caresse l’épaule, puis il s’éloigne de moi.

– Viens, installe-toi sur le canapé. On ne va pas oublier tes sushis.– J’ai besoin également de te parler, je ne sais pas trop comment… soufflé-je en sentant sa main sur la

mienne.

Oliver ne dit plus rien. Son regard bleu océan me transperce tout en cherchant à comprendre.

– Détends-toi, Twinkle. Qu’as-tu de si difficile à me dire ?

Je respire un bon coup et me lance.

– J’ai eu une discussion avec Sébastien. Son objectif est de remplacer des repas par une algue. C’estce qui te pousse à négocier avec Pavel. Et tu lui en veux de te mettre des bâtons dans les roues. C’estaussi cette algue qui explique les approches de Damian avec moi. J’ai raison ?

Oliver se raidit. Je vois sa mâchoire se crisper. Le point positif, c’est qu’il m’écoute. En revanche, ilest muré dans son silence. Je me doutais bien que ma curiosité n’allait pas lui plaire.

– Tu dois me dire ce qui se passe. Tu ne veux pas que je me mêle de ça, OK, mais sache que jecontinuerai mes recherches. Tu veux me protéger ? Alors ne me laisse pas dans l’ignorance… Et puis, ons’est promis de ne plus avoir de secret l’un pour l’autre ! S’il te plaît, fais-moi confiance…

Je ne finis pas ma phrase, interrompue par Oliver qui vient brusquement de se lever.

– Je constate que ta curiosité est plus forte que tout, dit-il en fronçant les sourcils. Alors voilàcomment je vois les choses. Je te donne les informations qui te manquent à une seule condition : tu restesen dehors de tout ça. D’accord ?

Je souris. Je ne dis rien.

– Je prends ça pour un oui. Pour faire court, Sébastien travaille bien sur une micro-algue nutritive.Cette algue couplée à un complément nutritionnel développé chez AlphaMed permettrait de créer unsubstitut alimentaire capable de remplacer un ou deux repas par jour. Nous pourrions contribuer àéradiquer la faim dans le monde ! m’explique-t-il avec enthousiasme.

– C’est merveilleux ! C’est même carrément génial ! m’écrié-je, surexcitée.– J’ai proposé à Sébastien de ne pas déposer de brevet. Cette algue doit appartenir au domaine public.

Mon entreprise pourra élaborer des substituts de repas hautement énergétiques à très bas prix. Il estessentiel que personne ne puisse faire de bénéfices sur un tel produit révolutionnaire. En échange,j’investis dans GreenBe et prends des parts. Mais quand il l’a appris, Pavel est carrément devenu livide.J’ai cru qu’il allait s’étouffer.

– Dommage… ironisé-je.– Nous nous sommes vus tous les trois, puis Pavel a voulu rester seul avec moi, prétextant que nous

allions aborder des aspects financiers. Il sait que les chiffres rebutent Sébastien. Quoi qu’il en soit, quandon s’est retrouvé tous les deux il s’est vite dévoilé. Selon lui, ma vision est utopique. Elle n’entre pasdans sa logique d’entreprise qui est de gagner le plus d’argent possible. Il est partant pour un apportfinancier mais sans prise de participation ni partenariat. Et juste au moment de partir, il m’a balancéqu’un concurrent était également sur les rangs et qu’il avait sa préférence.

– Je suppose que c’est Damian ?

Oliver acquiesce de la tête.

– Damian veut également cette micro-algue, mais son ambition n’a rien d’humanitaire. Il veut devenirle leader des substituts de repas amincissants, souffle-t-il, dépité. Je ne doute pas qu’il y arrive s’ilparvient à s’entendre avec Pavel. Si ça se trouve, c’est déjà fait. Ce qui expliquerait ce soudain désintérêtpour toi.

– GreenBe ne se résume pas à Pavel. Sébastien n’est pas comme ça. C’est avec lui qu’il faut traiter,m’exclamé-je.

– Sébastien n’est pas comme ça, c’est certain. Mais Pavel fait barrage ! Je lui ai balancé que jen’avais pas besoin de lui et que désormais j’allais négocier directement avec Sébastien. Et ça l’a faitrire ! s’énerve Oliver. Il s’est même carrément foutu de moi en me disant qu’il faisait tout ce qu’il voulaitde Sébastien, que tant qu’il le laissait jouer tranquillement avec ses joujoux, il se moquait du reste, c’estmot pour mot ce qu’il m’a dit. Quand je pense que Sébastien a une confiance aveugle en lui ! J’enrage. Jen’ai rien pu faire. Tous mes rendez-vous, même celui avec Kate qui est pourtant une excellentenégociatrice, n’ont rien donné. Bref, pour l’instant, on est au point mort.

Je me doutais bien que Pavel n’était pas la générosité et la gentillesse incarnées, maintenant, c’estune certitude.

Silence troublant. Je ne quitte pas des yeux Oliver. Son idée est brillante, si généreuse. Je ne peux pasme résigner à laisser les manigances de Pavel anéantir cet ambitieux projet.

Je veux l’aider !

4. Love in the office

– C’est fou, chaque jour qui passe, je découvre une nouvelle facette de toi. Tu es un hommeextraordinaire, soufflé-je.

– Un homme incapable jusqu’à présent de battre Pavel… Je crois que Damian et ses substituts derepas pour régimes de riches ont gagné, dit-il, perplexe, en me tournant le dos.

Il s’éloigne de moi et se perd dans ses pensées en contemplant les arbres centenaires du patio à traversla fenêtre. Qu’importe, je continue.

– Moi, Alex, stagiaire, je peux t’aider ! Je travaille chez GreenBe. Je vais parler à Sébastien. Ilm’écoutera, dis-je, pleine d’enthousiasme.

Pas un mot d’Oliver. Je reste plantée dans son canapé à attendre une réaction.

Ohé ! Je suis là !

Après un long silence, il se décide enfin à se retourner et me fait face. Je scrute la moindre réaction. Jecherche à comprendre ce qui se passe dans sa tête. Pendant une seconde, il me semble ému. Mais une foisde plus, il reprend très vite son masque d’homme puissant, invincible, mais protecteur. Il s’avance versmoi.

– Je suis touché par ta proposition, Alex, mais ce sera non. Je t’ai demandé de rester en dehors decette affaire, dit-il avec autorité.

Assise comme ça dans son canapé, je me sens ridiculement petite. Je me relève à mon tour, histoire dedonner plus de poids à mes mots. Mais même debout ce n’est pas gagné. Avec mon mètre soixante-deux,pas facile de faire le poids face à son mètre quatre-vingt-dix, tout en muscles.

Que la force soit avec moi !

– Oliver, j’y tiens.– Non, Alex. Pense à ta carrière, ton avenir. Si tu m’aides, c'est un conflit d'intérêts. Je trouverai une

solution, et ce sera sans toi ! Je suis dans une impasse, mais c’est momentané. Je n’aurais pas dû teraconter tout ça, regrette-t-il soudain.

Faire comme si je n’avais rien entendu.

– Je suis heureuse et surtout fière que tu partages ça avec moi. Tu as bien fait de tout me dire… Et jecomprends tes réticences. Mais rassure-toi, même si le jeu en vaut la chandelle, je ne compte pas mesuicider professionnellement. Il faut juste que Sébastien ouvre les yeux sur Pavel et arrête de l’idéaliser,dis-je en faisant les cent pas.

Durant quelques secondes, je me tais. Oliver ne réagit pas. Il me fixe. Son visage est impassible. Je

cherche mes mots, je veux qu’il me comprenne et accepte mon aide. Je poursuis mes explications :

– Ce que je te propose, c’est de chercher des infos pour savoir où en sont les négociations entre Pavelet Damian. Je ne risque rien… C’est Sébastien le patron et il n’est pas du genre à me renvoyer pour fautegrave et encore moins à déposer plainte.

Mata Hari is back. J’espère juste ne pas finir comme elle…

– Hors de question, Alex ! Tu ne peux pas faire ça. Pour la dernière fois, je te demande de ne pas t’enmêler !

Oliver n’apprécie vraiment pas mon idée. Je m’apprête à protester, mais je me heurte au regard froidde mon amant.

Puis, après un bref moment, il semble s’adoucir.

– Excuse-moi, je ne voulais pas être aussi brusque. Je sais que tu veux m’aider et j’en suis sincèrementtouché, dit-il, visiblement inquiet.

– Je sais que tu veux me protéger, Oliver, mais je ne suis pas une petite chose qui risque de se casserau moindre choc. Je veux t’aider, ce n’est pas négociable, m’écrié-je. Ce projet est trop important, tuveux éradiquer la faim dans le monde…

– N’exagère pas, je vais apporter une contribution dans la lutte contre la faim. Mais dire que je vaisl’éradiquer serait présomptueux et irréaliste.

– Lutter, si tu préfères. N’empêche, c’est un projet incroyable… Et quoi qu’il en soit, ma décision estprise. Il me faut juste un allié au sein de la boîte. John sera parfait. Il est bien placé en tant queréceptionniste pour entendre des infos. Il voit tout, entend tout. Et il est encore plus curieux que moi, c’estdire s’il va nous être précieux, lancé-je en réfléchissant à haute voix.

– Tu es une vraie tête de mule. J’aurai beau t’expliquer par A + B pourquoi il ne faut pas faire ça, temettre en garde, tu n’en feras toujours qu’à ta tête. C’est comme ce John. Je ne vais pas te dire qu’il nem’inspire pas confiance, tu n’en tiendras pas compte ! Alors que moi, je ne le sens pas. Pour je ne saisquelle raison mystérieuse tu l’adores… Et même Jeremy est tombé sous son charme, s’agace-t-il.

– Fais-moi confiance. Apprends à le connaître et tu changeras d’avis, dis-je avec tendresse.– Ça reste à voir.

Nouveau silence. Oliver en profite pour s’asseoir sur un coin de son bureau. Il me fixe. Je l’interroged’un mouvement de la tête en esquissant un sourire. Son regard s’éclaire peu à peu. Baisserait-il lesarmes ?

– D’accord. De toute façon, pour le moment, je ne vois pas trop comment faire autrement.

Hourra !

– Tu verras, John est un mec bien, dis-je en attrapant mon téléphone.

Je pianote aussitôt un texto à mon collègue.

[RDV chez moi à 19 heures. T’expliquerai tout ce soir. Pas un mot chez GreenBe. Alex]

[Te voilà bien mystérieuse. Serais-tu enceinte ? Mariage ? Oh la la, il me tarde de savoir. Je seraimuet comme une tombe, promis.]

Toi, tu vas être déçu…

– Réunion au sommet ce soir, dis-je en m’approchant d’Oliver.– Ça m’ennuie que tu t’exposes comme ça, il faut que je trouve un autre moyen.– Chut, dis-je en posant mes doigts sur sa bouche. Ne t’en fais pas pour moi. Et si je fais tout ça, ce

n’est pas que pour le projet, Oliver. C’est aussi pour toi, parce que tu comptes beaucoup pour moi. Je…– Je tiens à toi aussi, Twinkle. Plus aucun secret, ni privé ni pro, entre nous, je le jure, glisse-t-il au

creux de mon oreille.– Moi aussi, Oliver.

Sur ces mots, il m’enlace et s’empare de mes lèvres.

Je l’aime…

Oliver laisse parler son corps. Il me serre tout contre lui tandis que sa bouche joue délicatement avecla mienne. Puis il m’embrasse encore et encore comme si sa vie en dépendait. Une douce chaleurm’envahit. Puis il se recule et me dévisage avec une lueur des plus éloquentes dans les yeux. Son regardbrûlant ne laisse aucun doute, il me désire ardemment et me trouble au plus haut point.

– Je te veux, Alex. Ici, maintenant, souffle-t-il d’une voix grave.

Ici, dans ton bureau ? Et si on nous entendait ? Si quelqu’un arrivait ?

Je fais taire ma petite voix intérieure, je veux céder au désir tel qu’il se présente, et peu importe lelieu.

En guise de réponse, je lui prends le visage entre les mains et l’embrasse. Nos lèvres enflammées seréunissent à nouveau. Nos mains avides partent à la conquête de nos corps. Nos parfums se mélangent,tout comme nos souffles.

– Tu m’as tellement manqué…

Sa bouche adopte un pas de danse langoureux durant lequel elle prend ma lèvre inférieure entre lessiennes, la mordille, la suce avant de glisser sa langue. Conquérante, elle s’enfonce et rencontre lamienne. D’abord aux aguets, elles s’apprivoisent, se reconnaissent puis se mêlent avant de succomber àla frénésie. J’aime ce jeu de baisers tantôt doux, tantôt fort. La cadence s’accélère, l’air nous manque.Mes sens s’enflamment, je suis ivre de désir.

Avec douceur, Oliver abandonne ma bouche pour mes paupières, mes pommettes, le creux de mon cou.Puis, toujours avec cette voluptueuse délicatesse, il mordille le lobe de mon oreille. Je l’entendschuchoter.

– Pendant cinq jours, tu as hanté chaque instant. Je n’ai pas cessé de rêver de ton corps. À chaque fois,je t’ai bousculée, renversée, chahutée, touchée, possédée…

Tout en disant cela, il dégrafe ma petite robe d’été qui tombe sur le sol. Sa langue dessine ensuite untrajet sinueux qui le mène de mes épaules à ma poitrine. Cela me fait chavirer encore un peu plus. Monbel apollon s’attarde sur le bout de mes seins encore à l’abri sous mon soutien-gorge qui, très vite,disparaît à son tour. Pendant qu’il me dévore le cou, il pince mes tétons entre ses doigts. Envoûtés par lesmains chaudes de mon explorateur, ils durcissent, gorgés par cet afflux d’attentions.

C’est si bon…

Je respire son odeur boisée et virile, je suis accro à ce parfum qui me met toujours en émoi. Je fermeles yeux, mon bas-ventre se crispe et envoie des ondes voluptueuses dans tout mon corps. Mon amantpoursuit la route de ses caresses vers d’autres zones. Il glisse le long de mon dos, passe sur mes hanches,mon ventre et remonte vers mes seins dressés.

Je me sens totalement nue devant lui. Il me détaille des pieds à la tête avec une lueur intense dans leregard.

– Tu es magnifique. Je pourrais passer des heures à te contempler. Je ne m’en lasserai jamais…murmure-t-il en se mordillant le coin de la lèvre.

Une chaleur intense envahit toute ma colonne vertébrale. Ma peau brûle. Mon cœur palpite encore plusà l’idée que nous faisons l’amour pour la première fois dans son bureau. Je passe ma langue sur meslèvres. Je voudrais lui dire tout ce que je ressens, l’embrasement qu’il provoque en moi. Mais je n’arrivequ’à gémir son prénom contre son épaule.

– Oliver.– Ta peau est si douce, tu es si chaude, susurre-t-il.

Puis il me prend la nuque avec l’une de ses mains, sa langue plus sauvage envahit une nouvelle fois mabouche. Avec l’autre, il caresse mon sein droit fougueusement. Je perds un peu plus pied. Tout d’un coup,il s’arrête comme s’il voulait me rendre folle. Ma gorge s’assèche. Il s’accroupit devant moi, glisse sesdoigts sous ma culotte et la retire prestement. Je renverse la tête en arrière et me cambre. Me voilà deboutdevant lui, nue et hagarde.

Je sens ses caresses sur mon clitoris. J’ai du mal à respirer, mon ventre se crispe. J’aime la partitionque ses mains expertes jouent sur mon sexe. Pourvu qu’il n’arrête pas…

Tout d’un coup, Oliver plonge deux doigts dans mon intimité humide. Les yeux mi-clos, je vacille.Toujours en moi, il colle son visage entre mes cuisses. Sa langue titille, lape et mordille mon sexe. Monapollon s’attarde sur mes lèvres, les grandes, les petites. J’ai beaucoup de mal à ne pas bouger. C’esttellement jubilatoire ! J’essaye de me maîtriser. Je ne veux pas qu’il quitte mon intimité. Oliverm’empoigne les fesses de son autre main pour me coller au plus près de sa bouche avide. Mon clitoris segonfle de désir, mes seins se tendent toujours plus. Je glisse mes mains dans ses cheveux que je caresse.Je suis au supplice, mes jambes s’écartent, flageolent. Je halète.

– Hmmm, tu me rends folle, Oli…

Je ne vais pas tarder à jouir alors que ses doigts s’agitent au plus profond de moi. Sa langue continue

son jeu gourmand, elle happe, aspire, suce, tète mon clitoris qui s’affole encore plus. Mon amantmultiplie les assauts voraces et passionnés. Ma respiration s’accélère, je lutte pour ne pas crier en memordant les lèvres. Je gémis. Ses caresses deviennent plus fermes mais sont toujours aussi divinementlentes. Puis, contre toute attente, Oliver s’immobilise et me laisse au bord du gouffre. Délicieuse torture.Il retire ses doigts doucement, remonte et pose sa bouche sur la mienne. Elle a mon goût. Un goût salé…Une découverte qui augmente encore mon excitation.

Collés l’un contre l’autre, nous nous regardons. La passion brûle dans ses yeux. Il me murmure alorsavec malice :

– Ton désir est terriblement excitant. Je veux t’entendre crier. Ne te retiens surtout pas, la pièce estinsonorisée. Je veux entendre chacun de tes gémissements.

J’ai de plus en plus chaud, je le veux avec avidité. Ses yeux sont plantés dans les miens, ses pupillessont complètement dilatées. Je me sens terriblement belle, désirable. Personne ne m’a jamais fait ceteffet-là. Aimantée, je colle mes lèvres sur les siennes. Nos baisers se font sauvages. Nos bouches secaressent avec furie, se mordent, se dévorent, se pénètrent, tandis que nos mains se cherchent, palpent,découvrent, malaxent.

– Oliver, je te veux… dis-je, haletante.

Je tente de reprendre pied, en passant mes mains sur sa poitrine. Hagarde, j’enlève avec rapidité saveste, sa cravate, puis défais un à un les boutons de sa chemise et caresse son torse imberbe parfaitementciselé. Mes doigts dessinent ses pectoraux avant de titiller ses tétons. Il tremble légèrement.

Ce corps divin… Véritable appel à la luxure !

À hauteur de son torse, ma bouche le mordille, le dévore. Il gémit, frissonne. Je sens contre ma peaunue son sexe en érection. Oliver retire sa chemise. Je défais doucement sa ceinture, puis le bouton, lafermeture éclair et baisse son pantalon. Mes doigts se glissent sous son boxer, caressent sa toison douce.Je libère son membre puissamment dressé de cette ultime prison. Je commence à le caresser, les yeux mi-clos. Il se laisse faire. Je l’entends soupirer. Avant de le sentir dans mon sexe, je veux faire durer leplaisir et savourer cette gourmandise dans ma bouche, le pousser lui aussi jusqu’à la frontière del’orgasme.

Je m’accroupis et contemple son flagrant désir pour moi. Il est magnifique, doux et terriblementpuissant. Je prends le temps de l’admirer, bientôt il sera au plus profond de mon être. Pour la premièrefois, je le sentirai pleinement. Aucune barrière ne viendra s’interposer entre nous. La pointe de ma languele caresse tout en douceur. Oliver gémit, ce qui m’encourage à continuer en le léchant plus avidement. Jeperçois ses grognements de plaisir tandis que ma bouche l’emprisonne et que ma langue le titille. Je vaiset je viens, j’impose un rythme de plus en plus rapide. Pendant que je me délecte de lui sans modération,j’en profite pour saisir ses fesses fermes et musclées. Mon jeu concupiscent plaît à mon amant qui en veutdavantage. Je sens qu’il est prêt à jouir, il se cambre, râle… Alors que je le sens au bord de l’explosion,il se retire, me supplie d’arrêter.

Il me prend la main pour me relever. Cette plénitude, il veut la partager.

– Notre promesse… Je veux que tu sois totalement mienne. Je veux jouir en toi… sans rien entre nous,dit-il dans une respiration saccadée.

Moi aussi, j’en rêve…

En disant cela, il me soulève dans ses bras telle une plume et me pose sur le bureau. Mais à cet instant,je ne veux plus de cette douceur. Seule la jouissance compte. Je sens son sexe dressé, dur comme de lapierre, contre mon ventre, je perds la tête et écarte les cuisses. Ruisselante, j’ai envie qu’il me pilonne,me fasse hurler de plaisir. Oliver sourit, mon message est clair.

– Ma gourmande effrontée, souffle-t-il.

Tout en me fixant de ses yeux affamés, il s’enfonce sauvagement au plus profond de moi d’un coup dereins, happé par mon sexe humide. Je pousse un cri insensé. Je sens son énergie virile envahir chaqueparcelle de mon corps. Prenant appui sur mes mains, je me laisse submerger par son va-et-vient rapide etplein de fougue. Mon souffle est court. Mes gémissements inondent le bureau.

Je reste accrochée à son regard. Je suis hypnotisée par lui. Ses yeux sauvages, ses cheveux en bataille,son sexe puissant… plus rien d’autre n’existe. J’agite les hanches, je veux accompagner son mouvement,me caler sur son rythme et surtout le sentir toujours plus profondément en moi. Ses mains resserrées surma taille, Oliver maintient sa cadence. Il ne faiblit pas. Ses ongles pénètrent dans ma chair. Son plaisirgrandissant s’accompagne de râles virils.

– Oliver, je vais jouir. Je ne tiens plus… gémis-je d’une voix que je ne reconnais pas.

Ma respiration s’accélère, mes muscles se raidissent. D’un seul coup, mon corps s’arc-boute, je suisélectrocutée par la fulgurance de mon orgasme. Cette explosion est si forte que je perds totalement piedavec la réalité. Je ne sais plus où je suis, qui je suis et encore moins quel jour on est.

Oliver ne tarde pas à me rejoindre dans cette transe. Il s’enfonce une dernière fois en moi avant de sefiger. Son visage, son corps, tout est tendu. Il pousse un cri d’extase violent, logé dans mon intimité.

Essoufflés, nous respirons fort, toujours imbriqués l’un dans l’autre. J’aime cette sensation de fusion.Je souris aux anges, certaine de partager ce sentiment de plénitude. Oliver me regarde avec douceur. Seslèvres retrouvent les miennes, elles sont chaudes. Un baiser chaste qui n’a rien à voir avec ce que l’onvient de vivre mais qui n’en est pas moins délicieux. Je passe mes bras autour de son cou, je ne me lassepas de le sentir nu contre moi. Il me caresse le dos tandis que j’embrasse son torse.

– Ce bureau est diabolique, dis-je, le cœur battant.– C’est toi qui l’es, surtout nue devant moi, me lance-t-il malicieusement.

Après quelques minutes, Oliver se détache de mon corps. De ses grandes mains fermes et douces, ilme prend par la taille et me fait descendre encore flageolante de son bureau. Il embrasse le creux de moncou. Je suis comblée.

5. Opération commando

Le soir même, les murs centenaires de La Maison Bleue protègent l’élaboration d’une opération. Johnest arrivé à l’heure. Une première pour ce retardataire chronique. Il est vrai qu’il est surexcité. Il croitque je vais lui annoncer un événement mondain. Monsieur s’est fait son film, il se voit invité à monmariage ou carrément parrain du futur héritier Larsen.

Et là, grosse déception.

Dix minutes après un topo très condensé sur les travaux de Sébastien concernant la micro-algue, leplan humanitaire d’AlphaMed et les manigances de Pavel pour bloquer les négociations, je réussis à luirendre le sourire et surtout à l’enrôler dans mon opération secrète.

– Comploter contre Pavel, mais quel pied ! Oh que oui, j’en suis, ma chérie, et plutôt deux fois qu’une.Après, on sera plus tranquille pour les noces et le bébé. Je compte sur toi pour m’inviter et aussi pour maPatek, dit-il malicieusement en agitant son poignet devant moi.

Je lève les yeux au ciel en guise d’indignation.

– John, tu es vraiment too much !

Comment ? Me marier avec Oliver ! Un bébé avec lui !

Oliver nous rejoint vers 20 heures. Il a troqué son costume sombre contre un jean brut et un tee-shirtprès du corps. Je ne peux réprimer un sourire langoureux en le voyant. Le souvenir tout frais de notrecorps-à-corps imprévu dans son bureau envahit mes pensées.

Hmmm.

– Jeremy n’est pas là ? demande-t-il en promenant sa main dans mon dos.

Chaleur fulgurante dans tout mon corps…

– Il récupère dans sa chambre. Il a fait la fiesta toute la nuit avec ce monsieur qui est là, me moqué-jegentiment en pointant John du doigt.

– Jerem a moins d’énergie que moi. Les nuits blanches glissent sur moi sans état d’âme, s’amuse monami.

Le visage d’Oliver se durcit. Je sais qu’il ne l’aime pas. Il le trouve superficiel. Quelle erreur ! Il selaisse tromper par cette façade de légèreté, mais il finira bien par découvrir le vrai John.

– Et surtout, Jeremy a des journées plus chargées. Il a des études de droit à réussir, grommelle Oliver,agacé.

Pitié ! Pas de dispute.

– J’ai tout expliqué à John.

C’est à ce moment-là que Jeremy fait son entrée. Il a reconnu la voix de son frère, mais aussi celle deJohn. De quoi éveiller sa curiosité et le sortir de sa sieste.

– Tout va bien ? fait mon coloc, intrigué.– Euh… Oui… dis-je rapidement.– Te fatigue pas, Alex. J’ai entendu des bribes de votre conversation. Vous n’êtes pas franchement

discrets pour des comploteurs, lance-t-il, amusé. Alors on fait quoi ?– Comment ça « on » ? s’inquiète Oliver.

Grand frère protecteur un jour le sera toujours.

– Cool, Oliver. Je trouve tout ça génial. Et ce qui m’épate plus encore, c’est ta présence. Je suis superfier de toi. Mon grand frère se lâche enfin. Merci Alex, tu as réussi ce que je pensais impossible. Viensdans mes bras, dit-il, taquin.

Pendant que Jerem me fait un câlin, je ne quitte pas Oliver des yeux. Il fronce les sourcils. Son visageest fermé. Je peux deviner chacun de ses muscles tendus. La situation lui échappe et il ne l’accepte pas.

– Du champagne, ça vous dit ? On…

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase, Jeremy poursuit sur sa lancée.

– Je veux participer. Donnez-moi un rôle dans votre opération. Pour une fois que je peux t’aider,Oliver, je ne vais pas rater le coche.

– Génial ! Nous serons quatre. Tremble, Pavel, tu vas affronter les nouveaux mousquetaires… Un pourtous, tous pour un, plaisante John.

– Ou les 4 Fantastiques, ajouté-je en rigolant.– Sauf que nous ne sommes pas dans un film, mais dans la vraie vie. On parle d’espionnage, bon sang !

s’énerve Oliver.

Le silence de mort qui suit ne laisse présager rien de bon.

– Oliver, on plaisante ! On sait que c’est important. Ce projet est incroyable. Et tu n’es pas tout seul !Pour la première fois de ta vie, laisse-moi t’aider. Fais-moi confiance, riposte Jeremy.

Détourner l’attention, vite, une idée.

– Zen, les garçons. On ne va pas se tirer dessus. On est tous du même côté, non ? Je propose defouiller le bureau de Pavel lundi très tôt. C’est sans danger. Il n’arrive jamais avant 9 heures. Il ne serendra compte de rien, annoncé-je.

Ma stratégie du « faire comme si de rien n’était » semble fonctionner.

Oliver s’est posé sur le canapé, il nous observe. Son regard est froid, ses traits sont toujours tendus. Jeprends place à ses côtés, j’ai besoin de le toucher. Mes doigts caressent sa main puissante. Il ne s’yoppose pas. C’est bon signe. Je lui lance mon plus beau sourire en espérant que cela le détendra.

S’il te plaît…

Je perçois une lueur de chaleur dans ses yeux bleus qui me transpercent. Je poursuis en l’embrassanttendrement. D’abord surpris, il répond ensuite à mon baiser.

Victoire !

L’intermède ne dure pas longtemps. Mon wonderboy se relève tout d’un coup, m’abandonnant sur lecanapé. Il nous fixe, chacun à notre tour, sans un mot.

– Vous êtes dingues… Et je ne peux rien y faire, finit-il par dire. Mais j’avoue que votre enthousiasmeest contagieux. En revanche, j’exige que ce soit à ma façon. Je peux limiter les risques et rendrel’opération la plus efficace possible.

En trente minutes, il nous livre un plan de bataille détaillé. Notre cible est le bureau de Pavel. Aucours de ses réunions, il a repéré une armoire dans laquelle il range ses dossiers stratégiques. C’est làqu’il faut chercher en priorité. L’objectif est de trouver la proposition commerciale de Damian, ce quinous aidera à trouver la faille. Il nous fait promettre de ne sortir sous aucun prétexte le dossier du bureaude Pavel. Si les choses tournent mal, il ne faut pas que nous ayons en notre possession le moindre élémentcompromettant. Il insiste également sur le fait que nous ne devons pas examiner les comptes del’entreprise ni tout autre document confidentiel.

Brillant et terriblement sexy.

Nous trinquons à notre future réussite avec mes deux acolytes. Quant à Oliver, il reste impassible. Ilprend même la direction de la terrasse pour s’isoler. Intriguée, je lui emboîte le pas.

– Tu ne veux pas trinquer avec nous ? demandé-je prudemment.– Je ne partage pas votre légèreté. Avec cette opération je ne suis pas meilleur que Damian. Je suis

même pire. Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose… m’explique-t-il, droit dans les yeux.

Parce que tu tiens à moi… Je sais, mon amour.

– Tu noircis le tableau. Ce n’est pas un cambriolage qu’on prépare. Ne t’inquiète pas, tout ira bien.Personne ne se fera attraper. Et GreenBe n’en pâtira pas. Si c’est un problème de morale, on n’a qu’à direque tu n’as rien entendu ! dis-je pour le rassurer.

Ma proposition n’a pas du tout l’effet escompté. Oliver me fixe intensément.

– On arrête de jouer. Je trouverai une autre solution, légale, précise-t-il. Je n’aurais pas dû vousécouter. Merci pour ton aide, mais je refuse d’agir ainsi. Twinkle, promets-moi de ne rien faire pour lemoment.

Je comprends Oliver, il ne veut pas agir comme un Pavel ou un Damian. C’est aussi pour ça que jel’aime. Je signe notre accord provisoire en déposant un baiser sur sa bouche. Je pars ensuite expliquer ànos deux complices la situation. John est le plus déçu, Jeremy, lui, remercie Oliver de l’avoir écouté.Cette réunion improvisée aura au moins eu le mérite de délier un peu les langues. Enfin, un sourire mutinsur les lèvres, je propose à Oliver de finir la soirée devant un film et des pizzas. Mon bel amant s’apaise.

Demain est un autre jour.

***

Lundi, 7 heures du matin.

Avec John, je viens de pénétrer dans les locaux déserts de GreenBe. Je ne devrais pas être là, Oliverserait fou de rage s’il l’apprenait. Mais nous avons discuté avec mon ami, sérieusement pour une fois. Etnous avons conclu ensemble que l’enjeu était trop important pour ne rien faire.

Il se plante illico à l’entrée du bureau de Pavel pendant que je me charge de fouiller la pièce. Je foncedirectement sur l’armoire indiquée par Oliver. Je sors quelques dossiers et tombe sur une chemise danslaquelle je découvre des notes sur la dispute de Damian et Oliver. Il y a plus d’un an, Damian avaitsoudoyé certaines personnes pour fausser des résultats d’essais cliniques. Rien de bien grave selon lui,contrairement à ce que pensait Oliver. Je trouve ensuite quelques coupures de presse relatant les déboiresde Damian avec des associations de patients.

Son côté obscur intéresse Pavel.

Tandis que je prends quelques photos avec mon Smartphone, j’entends un bruit. Je sursaute. La peurs’empare de moi. Ce sont les voix de John et de Pavel, là, juste derrière la porte. Je planque vite fait monportable. Mince ! En remettant à sa place le dossier que je viens d’examiner, je fais tomber une pochetteen carton qui était collée à la paroi de l’étagère par un bout de scotch.

Des choses à cacher, Pavel ?

Pas le temps de vérifier ce qu’elle contient ni de la ramasser, tant pis, je la glisse sous l’armoire etvérifie en deux secondes que le dossier Damian est bien à sa place. Pas question que Pavel comprenne ceque je cherchais.

Moins d’une minute plus tard, Pavel entre. Il me jette un regard noir. Je ne sais pas quoi faire. Mespensées filent à la vitesse de la lumière, il faut que je trouve une excuse. Va-t-il appeler les flics ? Macarrière est-elle finie ? Peut-être aurais-je dû écouter Oliver… Mon cœur cesse de battre, je suis foutue.

– Mademoiselle Larcier, que faites-vous ici ?– Bonjour monsieur Baxter. Excusez-moi, j’ai besoin du dernier dossier Comtrans pour mon rapport

de stage. Je ne le retrouve plus sur mon bureau. J’ai pensé qu’il était chez vous. Et comme vous n’étiezpas encore arrivé, je voulais gagner du temps en cherchant…

– Vous êtes très désorganisée pour une stagiaire en communication, m’interrompt-il. Je ne vous prédispas un bel avenir avec un tel défaut. La prochaine fois que vous cherchez des informations, demandez-

moi. Ce sera plus efficace et cela vous empêchera de mettre du désordre dans mon bureau !

Fort heureusement, je ne remarque aucun changement dans son attitude à mon égard. Il est toujoursaussi méprisant.

– Dehors ! J’ai du travail. Quant à votre dossier, je vous le donnerai quand j’en aurai le temps, mais jepense que vous avez mieux à faire que de travailler sur votre rapport. J’attends toujours votre derniercommuniqué de presse pour la Businessweek !

Ouf !

Je me précipite à la réception où je retrouve John paniqué.

– Alex, je ne… Quand je l’ai vu arriver, j’ai voulu te prévenir. Mais c’était trop tard. Il aurait pum’entendre… Je ne savais pas quoi faire… s’excuse-t-il, livide.

– Du calme. Tout va bien. J’ai bien géré la crise et Pavel ne se doute de rien. En revanche, la missionest un échec, expliqué-je rapidement.

Mes jambes sont en coton. Pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment eu peur. Je n’en peux plus, jerelâche la pression et pars dans un fou rire, partagé très vite par mon complice.

Ça fait du bien.

– On manque d’entraînement. Il faudra qu’on se fasse la totale des James Bond avant notre prochaineopération, s’amuse John. Bon, on a bien mérité un cappuccino XXL avec un muffin triple chocolat.

– OK, laisse-moi juste trier les quelques dossiers importants sur mon bureau et je te rejoins.

***

Quelques minutes plus tard, je pars retrouver John au café. Tout en marchant pour évacuer le trop-plein d’émotions, j’appelle Oliver pour lui raconter brièvement l’opération commando ratée. Je le faissur un ton anecdotique. Je ne veux pas l’entendre me dire qu’il avait raison. Je passe bien sûr sous silencela peur magistrale que j’ai eue.

– Quoi ? Tu es inconsciente ! s’écrie-t-il. Évidemment, tu ne m’as pas écouté ! Tu risques de toutgâcher, tes études, ton stage… Quand j’ai parlé de votre plan à Kate, j’ai cru qu’elle allait faire uneattaque…

Kate, Kate…

Sa voix tremble. J’y décèle de la colère mais surtout de l’inquiétude.

– Oliver, je n’ai rien, tout va bien, insisté-je, mal à l’aise.– Tu ne comprends pas. Si ça avait mal tourné, jamais je ne me le serais pardonné …

La gorge serrée, je ne sais pas quoi répondre. Je reste un moment sans bouger, laissant l’agitation de larue bousculer mon corps statufié.

– Oh… Je… Oliver, je… n’avais pas vu ça sous cet angle… On peut en parler calmement durant ledéjeuner ?

Il ne me répond pas.

– Tu me manques, murmuré-je en traversant la rue.

Je guette le moindre son venant de mon téléphone. J’en oublie la prudence. Tout d’un coup, des cris mesortent de ma torpeur. Je me retourne… Seuls quelques mètres me séparent d’une hybride silencieusefonçant droit sur moi. Tétanisée par cette terrible vision, je lâche mon portable. Je ne bouge pas.

Instinct de survie, zéro !

Une force invisible me pousse violemment dans le dos. Je hurle. J’ai mal. Puis, rien. Juste une douleurbrûlante dans mon corps. Et cette odeur nauséeuse du bitume chaud et surtout la voix d’Oliver s’égosillantdans mon téléphone tombé non loin de moi.

– Alex ! Allô ! C’est quoi ces cris ? Putain, réponds-moi…

Je n’arrive pas à parler. Je suis fatiguée. Je dois dormir… juste un peu.

À suivre,ne manquez pas le prochain épisode.

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Lui, moi et le bébé

Léonie remplace son frère comme chauffeur auprès du richissime Jesse Franklin. Alors qu'elle attend sonnouveau patron au volant de la Rolls Phantom, une femme, se présentant comme la gouvernante, installesur le siège arrière Zoé, un adorable bébé de quelques mois. Problème : Jesse Franklin, en arrivant, ditn’avoir ni gouvernante, ni bébé. À qui appartient ce bébé ? Par qui et pourquoi a-t-il été déposé là ?

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