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AddictiveLove

EntreTomKelley,lequarterbackdesGiants,etMayaLeblanc,lajeunephotographe,rienn’auraitdûarriver!Tomvitdansunmondefaitdevictoiresetdepaillettes,dedollarsetdebimbos.Maya,elle,essaietantbienquemaldebouclersesfinsdemois.AlorsquandTomessaiedelaséduire,l’instinctdeMayaluiditdefuir…Nerisque-t-ellepasdesebrûlerlesailesàcôtoyercemondesidifférentdusien?D’autantquecetuniversauxapparencessuperficiellesdanslequelvitTomestmoinsinnocentqu’iln’yparaît…

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Toutça,c’estlafauteduchat!

Toutça,c'estlafauteduchat!JedevaisresteràSanFranciscoquelquessemainesseulement,letempsd'uneexpositiondephotos.MaisPrince,cemauditfélin,atoutfichuparterre!Prince,etsurtoutsonpropriétaire:Jason,lebeau,séduisant,irrésistiblechanteurdeGolden.Unaimantàproblèmes!Legenred'hommequejefuissansmeretourner,d'ordinaire.Seulement,jen'aijamaissurésisteràundéfi…Surtoutquandcelui-ciestaussisexyqueJason.Alors,lesproblèmes,j’enfaismonaffaire.Quitteàjetermoncœurettoutesmesconvictionsdanslabalance!

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Prêteàtout?

Deuxinconnusirrépressiblementattirésl’unparl’autrepassentensembleunenuittorride,ilsn’ontpasprévudeserevoir.Ouimaisvoilà,elle,c’estTessHarper,unejeunefemmequiaungrandbesoind’argentetquiparticipeàuneémissiondetélé-réalité,quitteàpasserpourunepoufiasse.Lui,c’estColinCooper,ilestproducteur,plutôtintello,etdétestelespaillettesetlesbimbos.Etilsn’avaientpasledroitdeserencontrer.

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SecretLove

AlexvaenfindécouvrirquiestOliver,lefrèredesoncolocataire…Maisquandvientlemomentdesprésentations,lajeunefemmeeststupéfaitederessentirunetelleattirancepourcethommeaussiagaçantquesexy.Enplus,Oliverestunrichissimebusinessman,l’undescélibataireslesplusenvuedelacôteOuest,etsurtoutleconcurrentdel’entrepriseoùelletravaille.EntreOliveretAlex,malgréuneattirancemagnétique,touterelationparaîtimpossible:Olivernepeutserésoudreàsortiraveclacollocdesonfrère,etencoremoinsavecuneconcurrente!Nepouvantrésisteràleurdésirdévorant,lesdeuxamantssontobligésdeprendreunedécision:renoncerousecacher.Commencealorsunjeude«suis-moijetefuis»oùsentimentsetraisonsedisputentlavictoire.

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Retrouve-moi

EmilyGreen,jeunecréativedanslapublicité,découvreparhasarduneportequ’ellen’avaitjamaisvueauparavantdanslebuildingdesasociété.Pousséeparunecuriositédévorante,elleouvrecetteporteetseretrouvealorsdansuneétrangeentrepriseoùlesemployéstapentsurdesmachinesàécrireetfumentdanslesbureaux!Maisplusétrangeencore,lajeunefemmerencontreunhommeintriguantetpleindecharmequiluifaitunepropositioninattendue.Emilysaitbienqu’elledevraitrefusermaispousséeparunétrangedésir,ellesignelecontratlesliantdésormaisl’unàl’autre…au-delàdutemps.Choixducœuroupireerreurdesavie?

LisaSwann

RÉSISTE-MOI

Volume6

ZLUD_006

1.Undernierrendez-vous

Jequittel’hôpitalBellevueàtoutevitesseetsansprévenirpersonne.C’estlapaniquecomplète.LetondeMartinétaittellementinquiétant,c’estpeut-êtreunequestiondesecondes.Jen’aipasletempsd’avertirClive,jesuissûrequ’ilcomprendra.

Quandjesonneàl’interphonedel’immeubledeMartin,ilnemerépondd’abordpas.Jeresteledoigtappuyésurleboutonpendantuneminuteenjurantsurletrottoir.Aumomentoùjem’apprêteàessayertouslesautresappartementsdel’immeuble,unlongbiprésonneetlaportesedéverrouille.Jemontequatreàquatrejusqu’audeuxièmeétage.Laportedel’appartementdeMartinestentrouverte.J’entre en trombe dans le couloir enme dirigeant droit vers le salon quand j’entends la porte serefermerderrièremoi.

Jefaisvolte-face.Martinestadosséàsaported’entrée.

–Hé,saluttoi!dit-ild’unevoixrocailleuse.

Jeprocèdeàunerapideinspectionvisuelledesapersonne.Jecommenceparsespoignetsquejecraignaisderetrouverouvertsetensang.Toutvabiendececôté-là.Malgrétout,Martinnefaitpastrèsnet.Cen’estpasl’hommequejeconnais,quelquechosecloche.Luid’habitudesisoignéporteunjeantaché,untee-shirtdétenduetaussisalequelejean,etunsweatàcapuchedanslemêmeétat.

–Salut,réponds-jed’unevoixincertaine,nevoulantparaîtreniraviedelevoirenvieniencolèrequ’ilm’aitfaitvenirjusquechezluialorsqu’apparemmentiln’estpasendanger.Çava?

–Sympadet’inquiéterpourmoi,dit-ilens’approchant.

Jereculeenessayantdeparaîtrenaturelle.

–Tuaseulesjetons,hein,avoue,ditMartinenhaussantlessourcilsd’unaircomique.–C’estcequetuvoulaissûrement,non?réponds-jesurunmodeléger.Tuvoulaisparler,jesuis

là.Tum’asl’aircrevé,entoutcas.

Jemedemandedepuisquandilnes’estpasrasénilavélescheveux.Unchaumerouxcouvresesjouesetemprisonnesonsourire. Il se frotte levisagenerveusementcommesicettebarbe l’irritait.Sesyeuxsontcernésdenoir,sestraitssontcreusésetsonregardn’estplusturquoisemaisd’ungrisdélavéassezdéstabilisant.

–Ouais,c’estpaslagrandeforme,répond-ilenhaussantlesépaules.–Depuisquandtun’espasallébosser?jedemandesuruneintuition.

Jeviensdebalayerlapièceprincipaleduregardetl’étatdedévastationmefaitpenserqueleslieuxsontoccupésenpermanencedansungrandlaisser-aller.

–Jesaispas,deuxsemaines,jecrois,répond-ilensedirigeantverslacuisineouverte.Tuveuxun

café,unthé,unebière?J’aiplusfortaussi,siçatebranche.

Illèveunebouteilledevodkaqu’ilagiteavecunairfacétieuxquifaitplutôtpeur.

–Uncafé,réponds-jeenposantmonsacsurlesol.–Tupeuxtemettreàl’aise,hein,tuasbiencinqminutes?ditMartinsuruntonenjoué.

J’enlèvemonimperetjelepliesoigneusementsurledossierd’unechaise.ÇamefaitdumaldevoirMartinainsi,parcequejenepeuxm’empêcherdepenserquejesuisresponsabledesonétat.Jeme sens coupable de sa déchéance. Où est l’homme au physique idéal qui faisait rêver toutes lesfemmes?Jenevoisqu’untypesaleettriste.Jel’entendsrenifleretmerendscomptequ’ilestentraindepleurer.

–Martin?Çava?

Ilrelèvelatêteets’essuielesyeuxetlenezdureversdelamain.

–Ah,merde!maisoui,Milla,çavasuperbien!répond-ild’unevoixfortequimefaitsursauter.Tunevoisdoncpasquejenageenpleinbonheur,quejesuisaumieuxdemaforme?

Illèveunverrequ’ilvientderemplird’alcool.

–Santé!dit-ilavecsarcasme.Àmonbonheur!

Leslèvrespincées, jerestesilencieuse.JesaiscequeMartincherche:quejemesentefautiveetquej’essaiederéparerlesdégâtsquej’aicausés.Ils’envoied’untraitlecontenudesonverrepuisilsecouelatête,s’ébrouetoutlehautducorpsenémettantunrâlesatisfait.

–Waouh,voilàquirequinqueunhomme!s’exclame-t-il.

Danscetaccèsd’humourforcé,j’entraperçoiscesourirequej’aitantapprécié.

Iladetouteévidenceoubliélecaféquejeluiaidemandé,maisjenecomptepasrester.Ilm’afaitvenirpourquejesoisspectatricedesonchagrin,quelafautemerongeetquej’essaiedemefairepardonner.Maisjenepeuxpasrattrapercequej’aifait.Jen’aimeplusMartin.Jenepeuxaffirmerlecontrairepourluifaireplaisir,uniquementparcequ’ilsouffre!

– Tu avais des choses à me dire, Martin, dis-je avec l’étrange impression d’être une sorte demédiatricedansunesituationdecrise.

Vusoncomportement,c’estunvraicolispiégé!

–Oui,oui,répond-ilenhochantlatêteetenglissantsurleparquetversmoi.J’aideschosesàtedire,maisd’abordj’aimeraisquetumeprennesdanstesbras,Milla.

J’écarquille les yeux de surprise. Je recule même d’un pas parce que je le trouve un peu tropprochepourquejemesenteàl’aise.Ilsondemonregardétonné.Puisd’uncoup,ilsejettesurmoietm’étreint. Tout d’abord inerte tant je suis prise de court, je me raidis très vite et commence à le

repousserquandjesenssaforceserefermersurmoi.C’estbientropbrutalpourêtredelasimpletendressemalheureuse.

–Milla,Milla…marmonne-t-ildansmescheveux.Mercid’êtrelà…Commetum’asmanqué.–Martin,lâche-moi,s’ilteplaît…jesiffle,mâchoiresserréesenlerepoussantpourmedégager.

Lâche-moi!

Cettefois,jeleluiordonneplusquejeneluidemande.Jemelibèreviolemmentetparsenarrièresurplusieurspasenluidécochantunregardnoir.Cequipassedanssesyeuxalorsmelaissepenserqu’ilestfortprobablequelasituationdégénère.Jesenschezluiuneviolencepotentielle.Chaquefoisquejeluiairésisté,chaquefoisquejel’airepoussé,ilm’adonnél’impressionderefréneruneragedévastatrice.

À cet instant, je perçois les vibrations de mon portable dans mon sac posé par terre. Je suiscertaine qu’il s’agit deClive.Nous devions convenir du programme de la soirée et il ne doit pascomprendrepourquoij’aifilésansrienluidire.Martinneparaîtpasavoirentenduquoiquecesoit.Ilesttropabsorbéparsondramepersonnel.

–Jetedégoûte,Milla?Jelevoisbiendanstesyeux…Çan’apastoujoursétélecas,hein?Avouequ’ilyaeudesmomentsoùçateplaisaitplutôtquejesoiscomplètementaccrodetapetitepersonneimbued’elle-même.

Jetiquemaispréfèrenepasrelevernirentrerdanssonjeu.

– Tu te rappelles le jour où on s’est rencontrés au Bellevue ? continue-t-il sur un ton moinsagressif. Tu me regardais comme si tu n’arrivais pas à croire que je puisse être réel. Je ne tedégoûtais pas. Tu te rappelles ce que tum’as demandé quand j’ai fini par craquer et t’adresser laparoleparcequej’étaisgênéquetumefixescommeça?

Ilrittoutseulensecouantlatête.Letempsdecesouvenir,sonregards’éclaircit.Jenemelaisseraipasalleràlanostalgiedanslaquelleiltentedem’entraîner.

–Tum’asdit,«Est-cequecesonttesvraisyeux?»,etmoi,jemesuisdemandéd’oùtuvenaispourposerunequestionaussispontanée,aussiinnocente.Jet’aiaimétoutdesuite,quandçam’apétéàlafigurequetuétaiscequ’ilyavaitdemeilleurpourmoi,deplussimple,quetunejouaispas.

Ilnemeregardepasetc’estbienleproblèmedelafindenotrehistoire,ilnem’apasvue,j’étaisrestéecelledelapremièrefois,sansavoiraucunemargedemanœuvrenilapossibilitédechangeretdedevenirautre.

–Dis-moicequetuavaisàmedire,Martin.

Mavoixestfroideetdéterminée,ildoitcomprendrequec’estfini.Ilmerépondparunsourirequin’aplusriendemerveilleux.Ilestaiguisécommeunearme.

–Pourquoi?Tuespresséedepartir,Milla?Tuneveuxpasentendretoutcequejegardedebondenotrehistoire?

Montéléphoneseremetàvibrer.JenetournetoujourspaslatêteetMartinsembleêtreperdudanssonmonologue.

–Iln’yapasquetoiquimemanques,tafamilleaussi.Tusaiscombientafamilleestimportantepourmoi,poursuit-ilenfronçantlessourcilsetenprenantunairtriste.Violetestcommemonenfant.J’ai envie de prendre soin de vous. Vous m’avez accepté tel que je suis. Ta mère et ta sœur onttoujoursétéaccueillantesethonnêtesavecmoi…C’estpourçaquej’aiétéprésentpourelles.Quandtasœura fait sadépression,qui s’enest renducompte?Et toutesces foisoù je suisalléchercherVioletàsoncoursdedanseparcequetutravaillais?

Jesuisirritéequ’ilmêlemafamille,cequej’aidepluscher,àtoutça.

– Il n’y avait pas que nous dans cette histoire, Milla, dit-il en adoptant cette fois un tonmoralisateur.Tul’asoublié.Tun’aspenséqu’àtagueulecommed’habitude.Tun’aspaspenséquetuallaisfairedumalàtoutlemondeendécidantdemejetercommeunemerde.

Jereculed’unpas.Ilparleplusfortetdemanièreplustranchante.

–Tuaspris tadécisionsanspenserqu’elleétait injuste,parceque tuasoublié toutcequ’on t’adonné,toutcequejet’aidonnéetcepourquoitum’esredevable,Milla.Monattention,monamour,mapatience,monadmiration…

Mapatienceàmoiadeslimitesqu’ilvientdefranchir.Bon,jesuisrassurée,ilnes’estpastranchélesveines, iln’apas l’aird’avoiravaléuntubedeTranxène, ilestsimplementalcooliséetsi jenemetspasleholàrapidement,jerisqued’êtrepriseenotagedesesmontagnesrussesémotionnelles,cequin’aideraaucundenousdeux.

–OK,j’enaiassezentendu,Martin,dis-jeentendantlamainversmonimper.

Ilm’attrapelepoignet.Jemefige.Samainm’emprisonnecommeunbraceletdemenotte.Jeplantemes yeux dans ceux deMartin. Ilme sourit avec un petit air satisfait. Je vois du danger dans sonexpressioncommes’ilétaitprêtàbasculerdansunétatquejeneseraipeut-êtrepascapabledegérertouteseule.Jedécidedenepasmedébattre,denepasattisersacolère.

– Je te gâche ta soirée ? siffle-t-il avec un rictus mauvais. Tu as prévu d’aller retrouver tonchirurgien esthétique de mes deux ? Clive, n’est-ce pas ? Ça, c’est de l’homme admirable ethonorable,hein,Milla?Unvraihérosquirafistoledesrombièresetdesstarsdecinéma.L’HommeavecungrandHquines’intéressequ’àlaBeautéavecungrandB.Çanedoitpasêtrefacilepourtoiquias toujoursdécrié lesdiktatsde la sociétémoderne !En fait, tuasvendu tonâmeaudiableenquelquesorte,non?Oubientuascomplètementperdulatête?

Ilapprochesonvisagedumien.Ilaceregardfouquimefaitvraimentréfléchiràdeuxfoisquandl’envieme prend de le gifler. Il doit sentir que je capitule d’une certainemanière car son sourires’épanouit. Son visage est trop proche dumien et soudain il plante un baiser surmes lèvres. Sonregards’enflammed’uncoupquandjem’essuielabouched’unemainrageuse.

–Onétaitpourtantbien,touslesdeux,non?reprend-ild’unevoixplusclairementmenaçante.Sex

friends!C’estcommeçaque tudisais,hein?Ça teplaisaitbien…Àmoiaussid’ailleurs.Toutvabienavectonchirurgien?Tues…satisfaite?

Latensionestmontéed’uncran.

–Onpourrait remettre lecouvert,non?chuchote-t-ilens’approchantdavantagedemonvisage.Justecesoir.Histoiredeserappelerlebonvieuxtemps.Onverraitsionn’apasperdulamainetçameferaitunbeaucadeaud’adieu.

Jemeraidiset samainse resserreaussitôtautourdemonavant-bras. Ilmefaitmalmais jemegardebiendeleluidire.J’ail’intuitionqueplusjerésisteplusilrisqued’êtreviolent.

– Ton nouveau petit copain n’en saura rien, je te le promets, poursuit-il en commençant àm’entraînerverslachambre.Jesauraigarderlesecretetjesuissûrquetunet’envanteraspas.Aprèstout,mentirnetedérangepas.

Lasituationesthumiliante,etcelavients’ajouteraufaitquejesuisterrorisée.Cequ’ilmedit,dequellemanière il secomporteavecmoicommesi jen’avaispasd’alternativeàsubirsacolère, sahargneet cequ’ilprojetteencoredeme faireme fontpeur.Le téléphonevibre.Moncœur ralentitmaisilbattropfort.Magorgeestsèche.

Jenepeuxvraimentpasprévoirdequellemanière ilvaréagir.Jepeuxprendredescoups.Je lesuisdoncmaisenluifaisantcomprendrequejen’yvaispasdegaîtédecœur.Leregardméchantquejeluidécochedoitêtreassezéloquentcarilricane.

–Ceneserapasunsimauvaismomentàpasser,Milla.Tuterappelles,c’étaitpasmalquandmêmeentrenous?Tun’avaispasàteplaindre.

Ilmetientmaintenantparlesdeuxpoignets.Jenesaispassil’alcooldécuplesaforcemaisjesuiscertainequemapeauvarestermarquée.Moncerveaufonctionneàpleinrégime.Ilfautquejetrouveunplanpourmesortirdececauchemar.Quoiqu’ilsepasse,çanesepasserapascommeilveut!

Je ne l’aurai pas par la force, il est bien plus costaud quemoi et je risque de ne pas en sortirindemne.Ilvafalloirqu’unmomentouunautre,ilcroiequejecède,qu’ilvapouvoirobtenircequ’ilveutdemoi.Maisilrisquedesentirl’arnaquesijecapituletropfacilementet,selonleplanquivientdesemettreenplacequasimentdelui-mêmedansmoncerveau,j’aibesoinqu’ilcollaboreenpensantqu’ilaledessus.

Une foisdans lachambre, ilessaiedenouveaudem’embrassermaiscette fois, j’ai le tempsdedétournermonvisageavecuneexpressiondégoûtée.

– Tu pues l’alcool, Martin, dis-je en le regardant avec un air défiant. Tu pues tout court. Tapropositionestdéjàassezignoblepourquejen’aiepasàsupporteruntypequines’estpaslavé.Vatedoucher,aumoins!

Ilencaissemoncommentairedésagréableavantdem’adresserunsourirevicieux.

–Tumeprendspouruncon,Milla?Biensûrque jevaisallerprendreunedouchepourque tupuissestetirerendouce.

–Fermelaporteàclé,prendsmonsacavectoi,jenesaispas…–OK,déshabille-toietfile-moitesvêtements.

Nous échangeons un long regard silencieux. Puis très rapidement, j’enlèvemon pull et tout cequ’ilyaendessous.JedéboutonnemonjeanetfinispartendremesfringuesentasàMartinquimebouffedesyeux.

J’ai froid. Je ne suis pas très fière de me retrouver à poil devant mon ex qui a purement etsimplementprévud’avoiravecmoidesrapportssexuelscontraints.Sonregardmedonnelanausée.Pourtantcen’estpaslemomentdemanquerdecourage.

Martinpartdans l’entrée,mesaffairessous lebras.Je l’entendsfermer laporteàclé,puis ilvacherchermonsacdanslesalonetl’emporteavecluidanslasalledebains.Jelesuisetmeplantesurle palier pendant qu’il se déshabille. Je ne le regarde pas. Cette intimité forcée est odieuse. Ilremarquemonexpressionrépugnée.

–J’aibesoind’unverre,jemarmonne.Jenevaispaspouvoirfaireçasijesuissobre.

Ilmebalanceunregardnoir.

–Je t’enprie,va teservir, ilyadequoi faire,me lance-t-ild’un tonsarcastique.Tupeuxm’enrapporterunaussi.J’aicommel’impressionqueçanevapasêtreunepartiedeplaisirpourmoinonplus.

Horsdesavue,jeserrelesdentsetlespoingspourétoufferunpetitcrivictorieux.Danslacuisine,jeretrouveassezviteletubedepuissantssomnifèresqu’ilaplanquédepuisdesannéesderrièrelesépicesetqu’ilasûrementoublié.Lecœurbattantàtoutrompre,jepileàlava-vitelemaximumdecachetsetdilueletoutdansunverrebienremplidewhisky.Puisjeretournedanslasalledebains.

–Putain,jemesuisditquetuallaisreveniravecuncouteauouuntrucdanslegenre,meditMartinquandjeluitendsleverre.Soittuesstupide,soittutesensvraimentfautivepourcoucheravecmoi…

–Aubonvieuxtemps!dis-jeenlevantmonverresuruntonodieusementironique.Qu’ilsoitmortetenterréaprèscettedernièreépreuve!

LacolèreembrasedenouveauleregarddeMartin.Ilvidesonwhiskyendeuxsecondesetbalanceleverreparterreavantdemetraînerdanslachambre.Cettefois,jenemelaissepasfaire.JerésistepourobligerMartinàbrûlersesdernièresforces.

Avecladosequ’ilvientd’ingurgiter,jeneluidonnepasdixminutesdebout!

Eneffet,deuxminutesplustard,alorsquenoussommestoujoursentraindenousbagarrersurlepalier de la chambre, le regard de Martin se fait complètement vitreux et, après un drôle de crisurpris,iltournelittéralementdel’œilets’écrouleparterre.

Je ne traîne pas plus longtemps dans l’appartement. Je m’assure juste que Martin respire

normalement.

Jemerhabilleendixsecondes,maisavantdequittercetendroit,sacenbandoulière,jeprendsletempsdelaisseràMartinunmessage:

«Laprochainefois,c’estlesflics!»

2.J’aibienfait

Danslarue,jefaisdixpaspuis,prisedevertige,jesuisobligéedem’appuyercontrelemur.Jememets à transpirer, j’ai la tête qui tourne et je m’accroupis. Je relève les yeux et, bouche ouverte,j’aspiretoutl’airquejepeux.

–Çava,mademoiselle?medemandeunefemmequis’inquiètedemaposition.–Oui,oui,réponds-je.C’estjusteunétourdissement.

C’estsurtoutunegrossecrisedepanique…

Sij’aiagiavecsang-froidentenantmesémotionsàdistancependanttoutemaconfrontationavecMartin,l’énormitédecequejeviensdetraversers’imposemaintenantàmoietmesnerfslâchent.J’aifailli me faire molester et me faire violer par mon ancien petit ami. Je me suis retrouvée nue àattendrequ’ildisposedemoietnousensommesvenusauxmainsaprèsquejel’aidrogué…

Pas un seul instant, je n’ai douté que j’allais m’en sortir. Je suis allée de l’avant, sans faiblir,acceptantmêmedefrôlerledangerdetrèsprèspourmenermonplanàsonterme.

Etsi ladosedesomnifèresn’avaitpasétéassezforte?EtsiMartinn’avait toutsimplementpasmorduàl’hameçonquandjeluiaidemandéd’allerprendreunedouche?!

Jetrembleviolemmentetobserve,hébétée,mesmainssecouéesdevantmoi.Montéléphonevibredenouveaudansmonsacàmain.Quandjeconsultel’écran,jeconstatequec’estlacinquièmefoisqueClivetentedemejoindre.J’écoutelederniermessagequ’ilalaissé.

«Milla, je ne veux pas m’inquiéter, peut-être que je n’ai pas compris ce sur quoi nous étionstombésd’accord,maisjepensaisqu’ondevaitseretrouverenfindejournée.S’ilteplaît,tiens-moiaucourant.Rappelle-moi.»Unsilencepuisunclaquementdelangueagacé.«Ohetmerde,si,jesuisinquiet.Jeneveuxpasappelercheztoipournepasaffolertouteslesfemmesdelamaison.Oùes-tu,Milla?»

Jenemesenspascapabledeluirépondretoutdesuite.Ilvasentirquequelquechoseclocherienqu’ausondemavoix.Jenesuismêmepassûredenepasmemettreàpleurersijel’appelle.Ilfautque je me calme d’abord. Pourtant j’aimerais tellement qu’il soit là et que je puisse me réfugiercontre lui. Mais avant toute chose il faut que je me tire de ce quartier et que je m’éloigne del’appartementdeMartin.

Je me relève en m’accrochant au mur puis avance d’un pas flageolant jusqu’à une rue pluspassante. Je hèle un taxi et, une fois à l’intérieur, je donne l’adresse de Gabriel. J’ai besoin d’unrefuge, j’ai besoin qu’on s’occupe de moi. J’ai besoin qu’on ne me reproche pas d’avoir étéinconséquenteennedisantpasoùj’étais.

***

Jenepeuxpas tromperGabriel.Dèsqu’ilm’ouvre laportede sonappartement, ilprendunairaffolé.

–MonDieu,Milla,qu’est-cequit’arrive?dit-ilenmefaisantentreretmeprenantparlesépaulespourmedévisager.

Jesouffleetsecouelatête.

–Jesuis…envie,maisj’aieupeur,Gabriel.–Tuvasmeracontercequit’estarrivé,Milla.Tuespâlecommeuncadavre.

Ilm’entraînedanssonsaloncossu,remplidelivresetd’œuvresd’art.Ilprendréellementsoindemoi.Ilm’ôtemonimper,meschaussuresetm’allongesursoncanapé.Puisilm’emmitoufledansungrandplaidetmerapporteunthéquandilvoitquejeneparvienspasàm’arrêterdetrembler.

Jeluiracontetout.Sansrienlaisserdecôté.Jeneveuxriencacherdecequejeviensdetraverser.J’ai trop peur qu’une miette de cette histoire reste coincée au fond de moi et pourrisse en mepourrissantlavieparlamêmeoccasion.Gabrielasonairdepsy.Ilm’écoute,lescoudesappuyéssursonfauteuildesign,lesmainsjointesàhauteurdebouche,leregardattentif.

–Tureviensdeloin,Milla,dit-ilunefoisquej’aifinimonrécit.J’admiretaprésenced’esprit,tonsang-froidettoncourage.Tuasunsacréinstinctdesurvie.Tupeuxêtrefièredetoi.

Jesensquelqueslarmescoulersurmesjoues,puisj’aienviedesourire.

–Tuasraison,jepeuxmeremercierd’êtreencoreenvie,dis-jeenreprenantdupoildelabête.–Tu as bien fait de lui laisser cet avertissement écrit. J’espère qu’il en tiendra compte.Mais je

croisqu’il ne sert à riende risquerquecela se reproduise,Milla.Tudois absolument allerporterplainte.

Ilmefixeensilenceetjehochelatête.

–Etj’espèreaussiqueçanet’empêcherapasd’appelerlapoliceàtoutmoments’ilinsiste.–Jen’hésiteraipasuneseconde, réponds-je,déterminée, lacolère refaisant irruptionenmoi.Et

oui,jevaisallerdéposerplainte,Gabriel.Pascesoir,parceque…

À ce moment-là, mon téléphone se met à vibrer. Je consulte l’écran et repose l’appareil sansrépondre. J’ai bien relevé que Gabriel m’observait, visage incliné, et qu’il attend maintenant uneexplication.

–Cen’estpasMartin,dis-jesimplement.Net’inquiètepas.–Àtonvisage,jemesuisbiendoutéquecen’étaitpasluimaisquelqu’und’autreàquituneveux

visiblementpasparlerpourlemoment…– C’est Clive. Ça fait plusieurs fois qu’il appelle. Mais je ne me sens pas d’attaque pour lui

répondre.

–Ilestpeut-êtreinquiet,Milla.–Oui,ill’est.

Gabriel me fixe sans rien dire. Je me sens plus apaisée depuis que je lui ai raconté monmalheureuxépisodechezMartin.Ilaraison,jenepeuxpaslaisserClives’inquiéterpluslongtemps.Etpuisj’auraisbienbesoindelevoiraussi,meblottirdanssesbraspourmerappelerquejesuisenviecertes,maispasseulement:envieetaimée.

Jemelèveetm’approchedelafenêtrepourappelermonamoureux.

–Bonsang,Milla!s’exclameClivedèsqu’ildécroche.Jemefaisaisunsangd’encre.J’essaiedetejoindredepuisplusdedeuxheures.Oùétais-tu?

Ausonde savoix, je sensqu’il était réellement angoisséparmonsilence.Non seulement jeneveuxpasrajouteràsonstressenluinarrantcequejeviensdevivreavecmonex,maisjemesenscoupabledenepasluiavoirditqueMartinmeharcelait,d’êtrerentrédanslejeudemonexetdenepasluiavoirditoùjemerendais.Çaetégalementlefaitquej’imaginedansquelétatilseraquandilapprendraquecequeMartinm’afaitetdansquelletenuejemesuisretrouvéedevantlui…

JesaisClivetoutàfaitcapabled’allercasserlafigureàMartinpourluirentrerunmessagedanslecrâne.Etjeneveuxpasqueçaarrive!

–Pff,jesoupireenm’efforçantdeparaîtreagacée.Jemesuislaisséaccaparerparlafamilled’undemespatientsadolescents.Ilsm’attendaientdanslehalldel’hôpital.

–Ah,riendegrave,j’espère…–Non,non,c’étaitjustetrèspénible,jenepouvaispasterépondre.Excuse-moi,Clive,j’aivuque

tuessayaisdemejoindremaislasituationétaitunpeudélicate.Décidémentjen’aipasdechanceavecmespatients!

–Tuesenvieettum’appelles,répondClived’untonenjoué.Jenevaispasenfaireunehistoire.Je ne sais pas pourquoi jeme suis inquiété comme ça. J’ai eu une drôle d’intuition, je crois. Unmauvaispressentiment.Pourêtrefranc,jesuisavecSteve.Jel’aiappelé,nesachantpasquoifaire.

Nouvelle boufféede culpabilité, je regrette déjà la décisionque j’ai prise de luimentir. Je sensdansmondosleregardappuyédemononcle.

–JesuispasséechezGabriel,ducoup,dis-jesansquecelaexpliquepourautantquejesoislà.–Ah?OK,fait-il,unpeusurpris.Tuessûrequeçava,Milla?Tuveuxquejeterejoigne?–Situveux,oui.

Jedonnel’adresseàCliveaprèsm’êtretournéversmononclepouravoirsonaccordsilencieux.

–Tusais,c’estétrange,Milla,maisj’aidemandéauxfillesdel’accueilsiellest’avaientvuetoutàl’heure,ditClive.Etellesm’ontassuréquenon.Lafamilledetonpatientt’attendaitdanslehall?

– Oh, elles ne peuvent pas faire attention à tout, non plus, dis-je pour esquiver la question. Jet’attends,àtoutdesuite,Clive.

LeregarddeGabrielsesuffitàlui-même.Jemesenssoudaintoutepetitedevantluiunefoisque

j’aimisuntermeàmadiscussionavecClive.Ilneditrienmaisjeressensaussitôtl’obligationdemejustifier.

– Jeneveuxpasdonneràcetépisodeplusd’ampleurqu’ilne lemérite,dis-jeàGabrielenmeréinstallantsurlecanapéfaceàlui.

– Je trouve que tuminimises un peu ce qui t’est arrivé. Tu crois queClive réagiraitmal ?medemande-t-il.

–Martinnerecommencerapas,j’ensuissûre.Lemessageestpassé.–Ça,c’estcequetuespères.Tuaspeut-êtreraisondelepenser,maisjenesuispascertainquece

quetuimaginesdelaréactiondeClivesoitjuste.Saréactionluiappartient,sitantestquetuluilaissesleloisirderéagir,biensûr.

–Jeluiaimenti,dis-jecommesic’étaitladécouvertedusiècle.–Jecomprendsquetuveuillesprotégercequevousvivez,Milla,maisClives’inquiètepourtoi.Je

supposequ’ilabesoindetesentirensécurité.Luifais-tuconfiance?Penses-tuqu’ilsoitcapabledetedéfendreoudeteprotéger?

–Oui,oui,biensûr,réponds-jeenhochantrésolumentlatête.

Puisjemefigeenentendantlemot«confiance»résonnerenmoi.

–J’aiencoreducheminàfaireenmatièredeconfiance,n’est-cepas?jedemandeàGabrielavecunemouecontrariée.

– Que ce soit difficile, après toutes ces années de méfiance, me semble normal. Mais cetapprentissageestletien.TunedoispaspourautantpriverClivedelaprésencequ’ilveutincarneràtescôtés.

–J’aicompris,Gabriel,dis-jeenintégrantsaleçon.Quandmême…tusaisquetuparlesunpeucommeMaîtreYoda,parfois?

– Il faudrait que je revoie la syntaxe de mes phrases, alors… me répond-il avec un sourirecomplice.

Malgrétout,quandClivearrive, jenedistoujoursriendecequej’aienduréavecMartin.Jemeblottiscontreluietrespiresonparfumenfermantlesyeux,heureusederetrouverlasécuritédesesbras.

–Ehbien, dis donc !Et ça ne fait que quelques heures qu’onne s’est pas vus,murmure-t-il enm’embrassantlescheveux.

QuandnousrepartonsàBrooklyn,leregarddeGabrielestsanséquivoqueetdésapprobateur.

***

Ilfauttoujoursunepremièrefoisetc’estcesoir.Cliven’ajamaispassélanuitchezmoi,danslamaisondesMatriochkas.Enfait,aucundemespetitsamisn’ajamaispassélanuitchezmoi…Etcesoir,jeveuxmesentirentourée.Parmafamilleetparmonamoureux.

Cliven’estpasdupe.Ilmescruteducoindel’œil,ildoitsedouterquejeluicachequelquechose.Aprèstout,c’estvraiquejesuispluscâlinequed’habitude.Quoiquesoitcequejenesouhaitepaslui

dire,iln’yaquedesavantagespourlui.Lefaitqu’ilaitlaprimeurd’unenuitchezlesMatriochkas,d’unesoiréedansmafamille,achèved’atténuersessoupçons.

–Clivedortàlamaison,dis-jeàmamèrequandjelarejoinsdanslacuisine.

JeviensdelaisserClive,IrinaetVioletdanslesalond’oùnousparviennentdeséclatsderireetdes notes de piano. Violet a décidé de répéter son enchaînement de danse et Irina s’improviseaccompagnatrice.Cliveapplauditlesprouessesd’uneVioletravied’avoirunpublicaussiprestigieuxquele«chirurgienesthétiquedesstars»!

–Çanetedérangepas?jedemandealorsquemamèreaàpeineréagiàcequejeviensdedire,tropabsorbéedanslaconfectiond’unepâteàtarte.

Ellelèveunregardétonnéversmoi.

–Milla,tuaspresque30ans,dit-ellecommesijen’étaispasaucourant.–Oui,maisc’estlapremièrefoisqu’unhommequejefréquentepasselanuitici,maman.–Oui,sansdoute,maispersonnenet’enajamaisempêchée,ilmesemble.Jesuisplutôtcontente

queClivepasselasoiréeavecnous.Lerestevousregarde.

Je la fixeensilence.Ellea raison.Jenemesouvienspasd’unseulmotdesapartm’interdisantd’amenermescopainsàlamaison.C’estmoiquimelesuisinterdittouteseule.Cettedécouvertemelaissebouchéebée.

–Toutvabien,machérie?medemandemamèreenfonçantlessourcils.

Jehochelatêtesansriendire.

–TucroisqueCliveaimelatarteàlarhubarbe?medemande-t-elleenpétrissantsapâtecommesiriend’exceptionneln’étaitentraindesepasser.

Je repars dans le salon enmarchant comme un zombie. C’est réellement étrange deme rendrecomptequej’aisuividesrèglesquejemesuisfixéestouteseule,pensantquec’étaitmamèrequilesavaitposées,m’imaginantfairecequ’elleattendaitdemoi.

Cliveme lanceunregard intriguéen remarquantque je lesobserve tousdans lesalonavecuneexpressionoùsemêleàlafoisbéatitudeetrévélation.Puisilm’envoieunbaiserduboutdesdoigtsetjesuistraverséeparl’échodesonélanamoureux.L’humiliation,lacolèreetledégoûtéprouvésplustôtdisparaissentgrâceàcemomentmagique.

Irinatapecommeunefurieusesur lepianodemaman.Violetrebonditsur le tapisencriant«JedansevachementmieuxqueBeyoncé ! » etClive rigole franchement, appréciant de toute évidencel’euphorieetl’espritfantasquequirègnentdanscettemaison.Quandiltournelesyeuxversmoi,sonregards’emplitdedésiretjedevinequelanuitserasensuelle.

J’aibienfaitdeneriendiredecequis’estpasséavecMartin…Nousn’aurionscertainementpasvécuunetellesoirée…etj’enavaiscruellementbesoin.

3.Tropbeaupourqueçadure

Lelendemain,jeneconsultepasauBellevue,maisClivedoitrepasserchezluiavantdeserendreàl’hôpital. Ilaquandmême le tempsd’être initiéau rituelquotidiendupetitdéjeunervolubileentrefemmes.Laprésencedemonamoureuxadéjàl’airsinaturellepourtoutlemondequepersonnenechangesoncomportementmatinal.

Quandmamèrecommenceàroulerlesrpoursonhoroscopedujour,jejetteunregardàCliveetle rassure d’une moue comique et d’un froncement des sourcils. Quand Violet débarque dans lacuisine et que je la renvoie d’un simple signe de lamain dans la salle de bains où elle est censéeenleversonvernisàongles,Clivem’interrogeduregard.PuisIrinasejointànous,déjàvêtuedesatenue de ferrailleuse, gants de chantier dans la poche et diffusant une forte odeur demétal. Cliveécarquillelesyeux.

–Jesculptel’acier,déclareIrinaquiasurpriscetéchangederegard.–Sympa,commenteCliveavantdecroquerdanssontoastavecuneexpressionrêveuse.

Je l’observeen souriant et ilmevoit faire.Sonvisage s’illumineaussitôt.Nousnenousdisonsrien,maisnousn’avonspasbesoindemots.Lasoiréequenousavonspasséeenfamille,lanuitcâlineet ce petit déjeuner haut en couleur ont véritablement effacé lemauvais souvenir deMartin. Et dumêmecoup,lessoupçonsdeClivequejeluicacheraisquelquechose.C’enestpresquesurprenant,lavitesse à laquelle cet épisode a été effacé.Cet hommedoit être définitivement celui que j’attendaispourmepermettredesurmonterainsilespiresépreuves.

Irinafiledanssonatelier,mamèrejouequelquesgammesdanslesalonetVioletpartàl’école.Jeraccompagne Clive à la porte. Nous nous embrassons tendrement, toujours sans grand discours,toujoursétonnésparcette«premièrefois»auxalluresd’essaitransformé.

Commencer une journée ainsi, c’est tout simplement le pied. Je suis pressée de retrouver mespatients.Enthousiasted’entamermasuccessiondeconsultationsdanscetétatd’espritserein,cettejoiede vivre qui ne laisse la place à aucune crainte, à aucun doute. De fait, il me semble être plusaccompagnanteetmesclientsplusréceptifs.AuxmessagesquejereçoisdeClive,jecomprendsquelemomentpassédanslamaisondesMatriochkasaeusurluideseffetsaussimagiquesqueceuxquej’airessentis.

10h30 [C’était…complètement inédit et surprenant.Çamedonneenviedeplus.D’une familleànous.]

D’uncoup,lademandeenmariagedétournée,enmanièredeplaisanterie,queClivem’aadresséedevantlamaisonjusteavantquejeneleprésenteàmafamillemereviententête.Qu’avait-ilditdéjà?«Jemedemanded’ailleurssic’estàtononcleGabrielqu’ilfautquejedemandetamain.»Jefixesurl’écrandemonportableleSMSqu’ilvientdem’envoyeretjenepeuxm’empêcherdefairelelien.

Je refoule courageusement une image bien connue chezmoi, celle des petits bonshommes quicourentdanstouslessenssurlepontduTitanic.Jenesais toutsimplementpasquoirépondreàcemessage.JenesaistoutsimplementpassiCliveattenduneréponsedemoi.

11h25[Çanetedonnepasenviedeplusàtoi?Avecmoi?]

Là,c’estcarrémentclair,ilattendaituneréponse…

Lecalmeestrevenusurlepontdunaviremaismoncœurbataugalop.Jesuiscertainedelanaturedemaréponseàlapropositionqu’ilmefaitindirectementparSMS.

Jerépondsenpianotant,lesdoigtstremblants:

[OUI]

J’ailesentimentqu’iltâteleterrain.Parcequ’onnedemandepaslafemmequ’onaimeenmariagepartexto,n’est-cepas?SurtoutpasClive…luiquimettoujourstantdeformesàtoutessesattentions.Jedoissurinterpréter.Celadoitparlerd’undésirque jen’osepasm’avouer,unrêvedepetite filledont le héros est un prince charmant. Ma réponse ne vaut pas engagement ! Malgré tout, j’ail’impressiondejoueraveclefeudessentimentscommeuneadolescenteamoureuse.

Je sais que j’ai tendance à vite oublier ce qui peut me gêner ou m’encombrer. Mon cerveaufonctionnecommeçaet,quandlavies’ymetennem’offrantquedesbelleschoses,ilm’estd’autantplus facile d’effacer les souvenirs douloureux.Comme ce qui s’est passé la veille avecMartin. Jegardecetépisodeàdistance.J’ailaconsciencetranquille.J’aifaitlenécessairepourquesavienesoitpasendangeret ilnemanqueraitplusque je l’appellepourprendredesnouvellesaprèscequ’ilaessayédemefairesubir.

Etpuisçasegâted’uncoup…

Vers 17 heures, je reçois un coup de fil d’Irina sur mon portable. C’est assez rare pour quej’interrompelaséanceencoursafindeprendrel’appeldemasœur.Ausondesavoix,jecomprendsimmédiatementquequelquechosecloche.

–Hé,Milla,tuesoùlà?–Aucabinet,tusaisquejeconsultecetaprès-midi.Pourquoi?Qu’est-cequisepasse,Irina?–Euh,c’est-à-direquejemedemandaissituétaisalléechercherVioletàsoncoursdedanse…–Irina,oùest-cequetues?!jedemandealorssèchement.

Lapanique surgit au fondmonventre commeundiablebondissant de saboîte.C’est comme sij’avaisétoufféunpressentimentquejesavaispourtantêtrelàdepuisledébutdelajournée.

–Jesuisaucoursdedanse,Milla.Çafaitunquartd’heurequej’attendsdevantetVioletn’estpluslà.Jemedemandaissituavaisprisd’autresarrangementsdontjen’auraispasétéinformée.

Violet!

Jerésisteàlapaniquequiparalyse.

– Je vais voir si elle n’est pas à la maison, dis-je alors. La mère d’une copine l’a peut-êtreraccompagnée.

–Jen’étaispasenretard!Tiens-moiaucourant.J’attendsquesaprofdedansesechangepourluidemandersielleavuVioletpartir.

Jecoupelacommunicationpuisprendsrapidementcongédemapatiente.JemeprécipitedanslamaisondesMatriochkasattenanteoùjetrouvebienmamèremaispasmafille…Sansriendireàmamèrepournepasajouterunefemmehyperémotivepaniquéeautableau,jeretournedansmoncabinetsoussonregardinterloquéetun«Milla?»ensuspensauqueljenerépondspas.

–Ellen’estpasàlamaison!dis-jeàIrinadèsqu’elledécroche.Qu’est-cequ’ont’aditaucoursdedanse?

–J’aipudiscuteravecunemèrequitraînaitencoredanslecoin.Violetestpartiavecunmonsieurqu’elleavaitl’airdeconnaître.Lamères’enestassuréeapparemment.Ellem’aditqu’ellel’avaitdéjàvu.Violetavaitl’aircontented’allerprendrelebateau.TucroisqueMartinestpassélaprendre?Tuétaisaucourant?

Jemevidelittéralementdetoutmonsangetmesossemettentàs’entrechoquer.J’ail’impressiond’êtresoudainenferméedansunblocdeglace.

Martin,espècedesalaud,situtouchesàuncheveudemafille…

JeneveuxpasinquiéterIrina,maisjemetsmamainàcouperquelabaladeimprévuedeMartinn’apasétémotivéepar l’enviedepasserunbonmomentavecmafille.Merde,siaumoins j’avaisparlé de ce qui s’est passé hier, sans renter dans les détails. Si j’avaismis en gardema fille sansdéveloppersurlefaitqueMartinpuisseessayerderentrerencontactavecelle…

Maiscommentaurais-jepuimaginerqu’ils’enprendraitàViolet!

–ÇanepeutêtrequeMartinpourqueVioletnes’inquiètepas.Ilsontdûpartirprendrelanavettedel’EastRiver.C’estcequ’ilsavaientl’habitudedefaire.

–Jem’ensuisdoutéemaisj’aiessayédejoindreMartinetçanerépondpas.–Jedoutequ’ilteréponde,dis-je.Ilafaitsoncoupendouce.–Merde,c’estgrave,non?– Écoute, Irina, on n’a pas le temps mais sache juste que Martin est dangereux. Il faut qu’on

retrouveViolet. Jeparsà l’embarcadèrepouressayerde les intercepter.Tumerejoins là-basmaisavanttuappellesClive,s’ilteplaît.Tuluidiscequisepasseetsitupeux,tuessaiesdeprévenirlacompagniequigèrelesnavettes.

–Lapoliceaussi?

Jerepenseaumessagequej’aiécritàMartin.Soitilnesaitpaslire,soitiladesproblèmesdevue.

–Oui,d’abord les flics !dis-jeavantderaccrocheretdefilercherchermonVTTdans l’atelierd’Irina.

L’embarcadèreoùMartinavaitl’habitudedeprendrelanavetteavecVioletlesjoursoùilallaitlachercherestassezéloignéducoursdedanseetjesupposequ’ilnevapasprécipiterVioletpournepasl’affolerniéveillersessoupçons.Jenepensepasqu’ilveuillefairedumalàmafille.J’essaiedem’enconvaincre,mêmesic’estdifficileaprèscequ’ilprévoyaitdemefairehier.Jecroisqu’ilveutmefairepeuretmefairesouffrir.Cethommen’aplusrienàvoiravecceluiquiaétémonsexfriendpendanttroisans.Rienàvoiraveclegendreidéalauregarddepiscineetausouriredejeunepremier.C’est juste unmalade. Rien ne justifie qu’il déraille à ce point,même pas la rupture que je lui aiimposée.

JesautesurleVTTdèsquejeleposesurletrottoir.Sijevaisvite,sanspercuterunpiétonouunevoiture,jepeuxyêtreenseptminutes.Ilsn’aurontpeut-êtrepasencoreembarqué,carlesnavettesnesontpassifréquentesqueça.

Je ne suis pas habillée pour la course à vélo, avecmon pantalon ajusté etmon chemisier,mesbottines à talons, je prends juste le temps de me coiffer d’un casque. On n’est pas à l’abri d’unempilementdedramesdansunemêmejournée.

Mamèreabiencomprisqu’ilsepassaitquelquechosedegraveoubienelleareçuunappelurgentdesesesprits,carellesortentrombedelamaisonaumomentoùjedonnelepremiercoupdepédale.Jen’aipasletemps!Jefile,jemoulinecommeunefolle,jebatsdesrecordsdevitesseetderisquesenslalomantsurlestrottoirs,entrelesarbresetlespiétons,enfranchissantdescarrefoursavecjusteunrapidecoupd’œil.Jepenseàmafille.Jevaislasauver.Jevaislaprotéger.

Cesalaudvapayercherd’êtretombéaussibaspoursevengerdemoi!

Marespirationsaccadéemebrûle lespoumons.LequartierdeWilliamsburgest trèsfréquentéàcetteheuredelajournée.Lesgensrentrentdutravail.Jemecasselavoixàforcedehurlerpourquelespassantss’écartentdevantmoi.

J’approche du bord de l’East River que j’aperçois au loin sans encore être en vue del’embarcadère.Jeneralentispaslacadence.J’ailagorgeenfeuetlesangquipulsedansmatête.Mafureuradécuplémonénergie.Puis j’arrivesur l’esplanadequidescenden terrassevers l’eau.Unenavetteestà l’approchequisedirigeversDumbopuis lapointedeManhattan.Quelquespersonnesattendentquel’embarcationaccoste.

JemeretiensdehurlerenapercevantVioletetMartin.Pournepasmefairerepérer,jedescendsdevéloet leposecontreunmassifbétonnépuis jememarchejusted’unpasrapidecommesi j’avaispeurdemanquerlepassagedelanavette.Aucunedespersonnesquimevoientapprocherneparaîtsesoucierdemafigurerougeécarlate.

EtpuisVioletseretourneetmeremarqueaussitôt.Jenesuisplusqu’àcinqmètresenvirond’eux.

–Mum!Qu’est-cequetufaislà?lance-t-ellesansavoirl’airaffolé.

Martin fait volte-face, avec une expression à la fois paniquée et mauvaise. Autour de nous,personnenes’alarmeettouspatiententtranquillement.Pourlemoment,toutestnormalestcalmeetjesuismaintenantàcôtédeVioletdontjeprendslamainenplongeantleregarddansceluideMartin.Il

esttellementdéstabiliséparlafroideurdemonvisagequ’illâchelamaindeViolet.

Jeprendsalorsmafilleparlesépaulesetl’écartedelafouledespassagersquiattendent.Jeluifaisrapidement signe de ne pas bouger alors qu’elle me fixe sans comprendre, puis je me retournebrutalementversMartinetluibalanceuncoupdepoingauvisage.

–Pauvremec!jesiffleentremesdentsalorsqu’ils’écroule,lesmainslevéesauvisage.

Je recule de deux pas pour prendre ma fille dans mes bras et la serrer fort contre moi. Lespersonnesquinousentourentsontinterloquées.

–Cethommeétaitentraindekidnappermafille,dis-jeenhoquetant.

Maintenant jesuisassaillieparunecolèremonumentaleenmêmetempsqu’unepeur terrible.JemeretiensdemeruerunenouvellefoissurMartinquandjelevoisessayerdeserelever.Ilsetientlapommetteetsonœilgaucheestdéjààdemiclos.Autourdelui,lesgenss’écartent,toutensetenantsurlequi-vive.Quandilestdebout,ilmedécocheunregardmauvaisetjem’avanceencoreversluienmaintenantVioletdansmondos.

Jesuisprêtàlefrapperencore.Etquandilmedéfievraimentavecunsourirevicieux,jelèvemonpoingserré.

–Arrêtez!crieunhommeprèsdemoiquiessaiedes’interposer.

Puisj’entendsdespasderrièrenoussurl’embarcadèreetilyaunbrouhahaincroyable.J’entendslavoixdemasœurquim’appelleetClivemedépasseendeuxpas.IlchopeMartinpar lecolet leplaquefroidementausolavantquemonexaitletempsdedireouf.

Ensuitecesontlessirènesd’unevoituredepoliceetdeuxflics,quiaccourentavecIrinaquileurexpliqueentrottantàcôtéd’eux.JeserreVioletcontremoi.ClivemaintientfermementMartinausolenmecouvantdesonregardinquiet.Monpoingmefaitunmaldechien.

***

Il faut expliquer ensuite à Violet. Raconter la peur que j’ai eue quand j’ai appris qu’elle avaitdisparu. Lui dire que Martin n’avait pas le droit de l’emmener comme ça, que je n’étais pas aucourantmaisquecelanesignifiaitpaspourautantqu’illuivoulaitdumal.

–Ilavaitl’airtriste,Mum,meditViolet.Iln’étaitpascommed’habitude.–Martinesttriste,c’estvrai,maisçan’excusepastout.Etpuisilestencolèrecontremoi,maisil

nedoitenaucuncastemêleràdeshistoiresdegrands.– Jen’aipas eupeur, répondma fille enprenantunquatrièmedoughnutdans le sachetque j’ai

rapporté.–Entoutcas,çanet’apascoupél’appétit…–Non,çam’ajustefaitdrôledetevoirfrapperMartin.

D’instinctjeprendsmamaindroitebandéedanslagauche.

–Frappern’estpasunesolution,maisjenesupportepasl’idéequ’ontoucheàuncheveudemafille…Jen’aipasréfléchietjenevoulaispasdiscuteravecMartin.Çanesertplusàrien.

–C’estfini,Mum,meditVioletenseserrantcontremoi.

Plustard,ClivepuisGabrielnousrejoignentàlamaison.Pendantquemamèreestauxfourneauxetnousprépareunemontagnedepiroshki,nousnousregrouponsdanslesalonautourdeVioletpourlui faire sentir toute l’importancedu clan et sa chaleur.Quand Irina raconte àGabriel cequi s’estpassédanslesdétails,mononclemecherchedesyeuxetm’adresseunregardpleindesous-entendus.Cliven’enperdpasunemietteetmeconsidèreàsontourd’undrôled’air.Jem’approchedeluietluiprendslamain.Jel’entraînedanslecouloiravecunairennuyé.Ilmeredresselementonpourquejeleregardedroitdanslesyeux.

–Jeteconnaistrop,Milla,medit-ilsansagressivité.Tum’ascachéquelquechosehier,c’estça?TuavaisdéjàeudesennuisavecMartin?

–Plutôtoui,réponds-jeenmemordantlalèvreinférieure.

Etjeluiracontetout.TOUT.Àlafindemonrécit,Clive,blêmederagecontenue,serrelespoings.

–J’auraispuluicasserlagueuletoutàl’heure,marmonne-t-il.

Jeposedoucementmesdoigtssurseslèvres.

–C’estexactementcequej’aipenséquetuferaisetc’estunedesraisonspourlesquellesjenet’airien dit. Je ne voulais pas non plus que tu saches la situation humiliante dans laquelle jeme suisretrouvée,jusqu’oùjesuisalléeenrisquantfinalementbeaucoup.J’aieupeur,trèspeur.Etpuisquandtuesvenuemechercher,jen’avaispasenviederevenirsurcetépisodeatroce.Jem’enétaissortie,tuétaislà,nousavonspasséunesoiréemagiqueici,non?

J’écarquillelesyeux,pleined’espoir,dansl’attentequ’ils’apaiseenentendantdequellemanièrejemelivreaveccalmeetsérénité.

–Plusj’ypense,tusais,plusjemedisqueçan’auraitrienchangépouraujourd’hui,poursuis-jeenposantmesmainssurletorsedeClivedontlestraitssesontadoucis.Jen’auraisjamaiscruqueMartinsoitcapabledes’enprendreàViolet.

Clivem’attired’uncoupcontreluietm’étreintfort.

–Tuvasmefaireleplaisird’allerraconterçaàlapolicedèsdemainmatin,OK?medit-ild’unevoixautoritaireterriblementsexy.

–D’accord,réponds-jeenhochantlatêtecontresontorseparfumé.–Etpuis tuvasarrêterdemecacherdes trucs importants.Tuvasmefaireconfianceàpartirde

cetteseconde.–D’accord,jerépèteensouriantsansqu’ilmevoie.–Jet’aime,Milla,tulesais?–Oui,jelesais.–J’aieuterriblementpeurpourVioletettoi,toutàl’heure.J’auraisétécapablededémonterton

ex.

–J’ensuissûre,jepouffeenpalpantsesbrasmusclés.

Nousretournonsnousjoindreàlafamilledanslesalon.Mamanasortiunebouteilledevincuit.Quelquesminutesplustard,l’atmosphèreestdéjàplusdétendue.J’aidumalàcroirequenousavonsvécuunmomentdigned’unfilmd’actionaveckidnappingmanquéetcoupdepoing.Violetnesemblepasêtreperturbéeparceàquoielleaassistémaisjesaisqu’ilfaudraquejesoisvigilantedurantlesjoursquiviennent.Pour l’instant, elle est enpleinnumérodecharmeavecClive.Quand il se lèvepourjouerlerôleducavalierdansunechorégraphiequ’ellevientjusted’inventer,jelesobservetouslesdeuxvalserenprenantdegrandsairs.

FinalementVioletselaissetomberengloussantetserouleauxpiedsdeClive,ravieetàboutdesouffle.

–Çaseraitplutôtcoold’avoirunbeau-pèrecommetoi,dit-elleavecl’aplombpropreauxenfants.Mêmesitum’asl’airunpeucoincé,parmoments…

Cliveprendunairoffusquéetnouséclatonstousderiredevantleculotdelafillette.

–C’estquelquechosequ’onpeutarranger,non?répondCliveenluiadressantunclind’œil.

Violet se redressed’un coupetmoncœur s’emballequandClive s’approchedemoi et poseungenouàterre.Touslesyeuxsontrivéssurnous.Mafillereconnaîttoutdesuitelapostureromantiquedechevalierservantdevantsadamoiselle.Ellesemetàapplaudir.

–Oui,oui!piaille-t-ellesurexcitée.

Jen’aiplusdesaliveetjefrissonne.Jedévisagel’hommesuperbequimeconvoiteduregard.Sesyeuxpétillentdemalice,maispasseulement,ilsmedévorentavecuneintensitéquejeluiairarementconnue.Lesilencesefaitdanslesalon.C’estcommeavantlatempête,avantl’orage,avantlegrandmomentd’unevie.

Etc’estmaintenant?

–Cettefois,c’estlabonne,meditCliveenprenantmamaindanslasienne.Cen’estpasunesortededemandepourunesortederéponse.Jen’accepteraipasquetuesquivesniquetuplaisantes.

Mon sourire est tellement crispé par l’émotionquime submergeque j’aimal jusquedansmoncou.Jeregardeaffoléeautourdemoi.Gabrielm’enveloppedesonregardpaternel.Mamèrea lesmains devant la bouche et les yeux qui brillent. Irina a déjà des larmes plein les joues.Violetmedévisageavectoutuncontedeféesdanslesyeux.

–Parcequemoi,jeneplaisantepas,poursuitClivedesabellevoixchaude.Jen’aijamaisplaisantéchaquefoisquej’aiévoquéuneviecommune,Milla.Àchaquefois,jelepensais.

Nouveausilencesolennel.Quelquechoseestentraindeserésoudredanscettefamille.C’estmaréponsequivascellercetteépoquequicommence.Celleoùleshommesretrouventuneplace.

–Milla,veux-tudevenirmafemme?Veux-tuvivreavecmoi?medemande-t-ilenfin.

Violetretientsonsouffle.

–Oui,réponds-je,leslarmesauxyeux.Oui!

Je tombe à genoux pourme blottir dans les bras qu’ilm’ouvre pendant queViolet,montée surressort,bondittoutautourdenousenchantant.

4.Legrandplongeon!

On passe l’hiver. Il nous faut bien trois mois pour nous accoutumer à la nouveauté de notrequotidien. Il y a des étapes importantes dans notre apprentissage de la vie commune : quand nousdécidonsqueGramercyParkconviendra toutà faitànosdébuts ; le jouroùVioletvientvisitersanouvellemaison,samineémerveilléedevantl’immensitédespiècesetdesachambre;lasecondeoùellecomprendqu’ellearéussiàconvaincreClived’accepterdeprendreEdgarlebasset…

Nous ne cachons pas l’existence de lamère de Clivemais il nous est difficile de la garder audernierétagedelamaisonavecVioletdanslesmurs.Lemutismeetlescrisesdelamaladepourraientimpressionneruneenfant,mêmesimafilleenavud’autres,mêmesiellenousassurequeçaneladérangepas.Finalement,Clivereconnaîtaussiqu’ilabesoind’espacepournous,qu’iln’estpeut-êtrepasobligédeporterlepoidsdelamaladiedesamèreàluiseul.Surleconseildemédecinsdesesrelations,ilatrouvéunétablissementmédicalhautdegammeassezproche,quiluipermetderendrevisiteàsamèrequandilenaenvie.

Çan’apasétésimplemaisc’estungrandpaspourlui.J’ail’impressionquesamèreluiafacilitéleschosesaussi.Sonétats’estamélioré.Commesiellesentaitquesonfilsavaitbesoindevivresavie.MaintenantqueCliveestpeut-êtreplusheureux,moinsanxieux,sonétatd’espritsembleavoirdeseffetspositifssursamère.MêmesiViolet restepersuadéequec’estparceque lavieille femmel’aentenduerireetqu’elleestdanscettemaisoncommeunepetiteféebienfaisante…

Cen’estdéfinitivementpasladernièreannéedelamèredeClive.Ellerécupèrechaquejourunpeuplusdesatête.Elleamêmeretenumonprénom.

Ilpassedumondecheznous.NonpasquejemesoissentieseulependanttoutesmesannéesauxMatriochkas,maisj’avaislesentimentdequelquechosedestatiqueetd’enferméentrequatremurs.Jemesouviensavoireulebesoindefuir,autravail,chezMartinoumesamantsprécédents.

ÀGramercy,lemondevientànous.Jenefuisplus.Nousavonsdel’espacepourchacun.MamanetIrina sont souvent là. Parfois, leweek-end, je descends pour découvrirClive etGabriel en grandeconversation dans le salon.Mon oncle etmon amoureux vivent une histoire complice qui n’a pasbesoindemonassentiment.Ilyadesgoûtersd’enfant,unchienquiaboieetquifaitdesglissadessurleparquet,desdînersavecSteveetsesnombreusesconquêtes,despassagesimpromptusdeKirstin,lacompagnedupèredeClive,quivientnousvoirendouce.JamesBoydbrilleparsonabsence.C’estbienleseulàrefuserd’êtreletémoindenotrebonheur.

Je fais plusieurs fois par semaine le trajet jusqu’à mon ancien cabinet à Brooklyn, mais nousparlonsavecClivedem’entrouverunplusprochedelamaison,dansManhattan.Histoiresansdoutedecoupertoutàfaitlecordon…

Etpuisleprintempsarriveetavecluinotredésirde«conjurrrerlesorrrtdeséprrreuvesquevousavezdûtrrraverrrser»,commeadéclarémamèredansunmomentdegrandeinspirationésotérique.

Enfait,nousallonsdonnerformeàlademandeenmariagetrèsémouvantequeCliveafaitelejouroù,dansuncoupdepoing,j’aimismonpasséK.-O.

ÀGramercy,onprépareledépartversunecontréelointaine.Ceseraunmariagemémorable.Jesuisentraind’empilerlesvêtementsdeVioletpourremplirsavalisequandj’entendsClivem’appelerdanslehalldelamaison.

–Jesuisrentré,Milla!dit-ilenbasdel’escalier.

J’attrapel’enveloppeetlacartequej’aiposéessurleborddulitetjerejoinsaussitôtCliveaurez-de-chaussée. Jem’approche en agitant la carte comme un éventail.Mon hommem’adresse un airinterrogateur.

–NousavonsreçuunecartedeMimiBrings,dis-jeavecunpetitsourire.Notreanciennepatientecommune.

–Celleparquitoutestarrivé,poursuitClivesurlemodeléger,sansvouloirraviverlesépisodesépiquesdenosdébuts.Commentva-t-elle?

– Eh bien, plutôt pas mal apparemment, elle ne me dit pas grand-chose de sa thérapie avec leconfrèreversqui je l’aidirigée.Ellemeparlede retrouverun travail,d’uneamouretteaussimaissurtoutelleaeuventdumariageetellenousenvoietoussesvœuxdebonheur.

Aprèsm’avoir demandé l’autorisation d’un regard entendu, Cliveme prend la carte desmainspourlalire.Ilaunsourireému.

–Çaressembleàunehistoirequifinitbien,c’estasseztouchantdesapart,dit-ilsimplement.

Jemerapprochedeluietcaressesajoueavantdel’embrasserdoucement.

–Commentvatamère?jeluidemande.–Plutôtpasmalvusonétat,répond-ilenmerendantlacarte.Jeluiaiditquej’allaisêtreabsent

quelques jours et que je ne pourrais pas venir la voir, mais elle ne donne pas l’impression decomprendre. J’en ai parlé avec sonmédecin et lesmoments de lucidité sont rares,mais il compteessayerunnouveau traitementquiaété testéenEuropequi lasoulageraitenmême tempsqu’il luipermettraitderécupérerunpeudeconscience.

Je le fixesans riendire. Jeneveuxpasm’immiscerdans laproblématiquedélicatedes liensdeClive avec sa mère et de sa gestion de la maladie. Nous respectons certains territoires privés del’autre.Celas’estfaitnaturellement.

–Jeneveuxpasd’acharnementthérapeutique,mais,d’aprèscequ’ilm’enadit,çaneserapaspluslourdquesontraitementactuel.

J’acquiesceenposantunemainsurson torse.Pourêtreencontactavec lui,pour lui fairesentirquejesuislà,mêmes’ilestseuldevantcegenrededécision.

–Ah,j’aieuuncoupdefildemonpère,déclare-t-ilensuitecommesicelaarrivaittouslesjours.–Ah,oui?fais-jeenécarquillantlesyeuxdesurprise.

–Oui,ilademandéàmevoir.Ilnedevraitpastarder.–OK,jevaispeut-êtrevouslaissertranquilles,alors…

Lasonnettedel’entréeretentitàcemomentdansunesynchronicitéonnepeutplusparfaite.

–J’yvaaais,hurleVioletdanslehallimmense.

Jetiqueetgrimace.Violetvatombernezànezavecl’horriblepèredeClive.Dieusaitcequ’ilestcapablededireàunegamine.Clivefaitunemouecomiquepuisfilerejoindremafilledansl’entrée.Je lui emboîte lepas. Jevoulais êtrediscrète et nepas croiser sonpère,maisondirait que JamesBoydvaavoirdroitàunepetiteréuniondefamillerecomposée.

Quandjelesrejoins,JamesBoydtrèsguindéserrelamaindeVioletsousleregardprotecteurdeClive. Ma fille s’appuie ensuite naturellement contre Clive qui pose une main tendre sur sa têtecommesicesdeux-làs’étaienttoujourscôtoyés.Jem’approched’euxetVioletsetourneversmoienfaisantunedrôledetête.

–Iln’apasl’airtropsympa,lepèredeClive,meglisse-t-elleàvoixbasseavantdefileravecsonchienbaveuxsurlestalons.

– Bonjour, James, dis-je d’une voix neutre qui ne laisse transparaître ni fausse convivialité nifroideur.

–Ludmilla,j’espèrequejenevousdérangepas.Jesuisaucourantquevousêtessurledépart.–Viens,allonsdanslesalon,luiproposeCliveenl’invitantàleprécéder.

Dansledosdesonpère,Clivemefaitsignedeveniraveceux.AprèsavoirdemandéàJamess’ilsouhaite boire quelque chose, je disparais cinq minutes dans la cuisine puis reviens avec desexpressos.

–Mercibeaucoup,Ludmilla,meditJamesquandjeluitendssatasse.

Sapolitesse et le tondouxde savoixme font presque suffoquerde surprise. Je jette un regardinterrogateuràClivetoujoursimpassible.

– Si vous voulez vous asseoir avec nous, Ludmilla, continue JamesBoyd. J’aimerais que vousentendiezaussicequej’aiàdireàClive.

Jem’exécuteetm’installeàcôtédeClive,faceàJames.Nousnousprenonstendrement lamain.Cliven’apasdu tout l’airnerveuxet tenduque j’aipu luiconnaîtreenprésencedesonpère.D’unautrecôté,JamesBoydestd’unehumilitéquejeneluiavaisjamaisvuenonplus.

–Kirstinestentraindepréparersesvalises,commence-t-il.Maisellenes’apprêtepasseulementàpartir avec vous pour assister à votremariage.Ellem’a aussi annoncé qu’elleme quitterait à sonretoursijen’avaispasfaitl’effortdemeréconcilieravecvous.

CliveetmoirestonssilencieuxpournepascouperJamesBoyddanssonélan.JemedoutaisbienqueKirstin, franchecommeelle est, n’allaitpas lui cacherpourquoi ellepartaitquelques jours. Jen’aurais jamais cru qu’elle aurait été capable de faire autant pression sur lui.Cependant, quand je

regarde levisagede James, jen’aipas l’impressionqu’il joue lacomédie. Il a sansdoutepeurdeperdreKirstinmaisiln’apluscetairdégoûtéqu’ilapuavoirenconsidérantsonproprefils.

–Jesuisvenuteprésentermesexcuses,Clive,commence-t-ilalorsetj’ail’intimeconvictionqu’ilnevapasfalloirqu’onl’interrompe.JeviensdetevoiraveclafilledeLudmilla.Violet,c’estça?J’aivucommenttutecomportesavecellealorsqu’ellen’estpastonenfant.Jesuistouchédetevoiraussiprotecteuretbienveillant,bienplus, ilmesemble,que jen’ai su l’êtreavec toi. J’enéprouvemêmedelahonte.Jen’aipasprissoindetoi,jenet’aipasaccompagné,jenet’aipassoutenu.Jesuisvenuaujourd’huipourreconnaîtrelemalquejet’aifaitetquejesuiscapabledefairemaintenantàtacompagne.Jesuisvenupourtedirecombiencelamedésoleaupointquejenepensepasmériterlepardon.

Cliveestvisiblementtouchéparlesmotsdesonpère.Jepressesamainpourluisignifierquejesuislà,prèsdelui.

–Pourquoiaujourd’hui,papa?demande-t-ild’unevoixenrouée.–Parcequetuvastemarier,qu’aucundetesparentsneseralàpourcegrandmomentdetavie.Je

sais que tamère est tropmalade pour le déplacement. Et j’ai refusé l’invitation quand tume l’asadressée.Kirstinm’enveuténormément.Celafaitdessemainesqu’ellenem’adressequasimentpluslaparole.Ellem’alaisséseuldansmoncoin,etfaceauproblème,jen’aipaspufuir.

Il seprend levisagedans lesmainsquelquessecondesavantdese recomposerunvisagemoinsbouleverséetdepoursuivre.

–J’aifailliàmonrôled’épouxetj’aifailliàmonrôledepère.Aujourd’huitucommencestavied’époux,tuesmêmebeau-père,jesuisvenutedirequejesuisfierdetoi,Clive.

Un silence très émouvant s’abat entre nous. Je suis étonnée d’être aussi touchée par ce à quoij’assiste.Cliveserremamain.Jeleregarde.Ilesttouchéluiaussietsestraitssontencoreplusbeauxdanscemomentd’intimité.Ilestencoreplushommedanslareconnaissancedecepèreoppressant.

–Jesuisfierdetoi,oui,fier,répèteJamesenhochantlatêtesansquittersonfilsdesyeux.Tuesunhommeadmirable.Brillant.Aimantetaimable.Aulieudem’enprendreconstammentàtoi,aulieudete reprocher tout ce qu’il était possible de te reprocher, y compris dem’avoir volé la femmequej’aimais,tamère,j’auraisdût’accompagneretteprotéger.J’auraisdûmeréjouird’avoirunfilstelquetoi.Jesuisd’autantplusfieraujourd’hui,quetuesdevenucequetuesenrésistantàtoutcequej’aipuêtreettediredeméchant.J’auraisaiméquetupuissesteconstruiredansl’amouretnondanslalutte.L’amourdeLudmillaestunbeaucadeau,jecrois.

Clivelèvelamaincommepoursignifieràsonpèrequec’estbeaucoup,qu’iln’enpeutplus.Jemetourneverslui.Ilestdigneetterriblementsexy.C’estàl’hommequ’ilestdevenuauquelsonpèreestentrainderendrehommage.Moiaussijesuisfièredelui.

–Papa,j’entendstesexcuses,jeteremercie,dit-il.–Attends,Clive,laisse-moitediretoutcequej’aiprévudetedire.Jem’envoudraisd’enoublier,

j’aurais l’impression de faillir encore. Kirstin m’a fait comprendre combien j’ai été odieuxmais

aussi combien j’ai été ridicule enpersévérant toutes ces annéesdans ce comportement aberrant. Jesuisconscientqueçavaêtredifficiled’oubliercequej’aifaitetdit,maisj’aimeraisessayerd’avoirdesrelationsplussainesavectoi.J’aimeraisquetumelepermettes.J’aimeraisaussiessayerd’êtreunbongrand-père,est-cequevousmelaisseriezcetteplace?conclut-ilenm’incluantdanssaquestion.

JamesselèvealorsdevantnousettendlamainàCliveensignedepaix.Clivesemetégalementdeboutmais au lieu de répondre au geste de son père, il ouvre les bras et l’étreint virilement. Jeremarque la surprise et l’hésitation sur le visage de James qui n’est certainement pas habitué à cegenred’effusionentrehommes,puisilcèdeetprendsonfilsdanssesbras.

Jelesobserve,lesourireauxlèvrespuisjemelèveàmontour.

–Est-cequeçaveutdirequevousacceptezdevenirànotremariage?jedemandeàJamesavecunpetitsourire.

–Oui,çaveutdirequetuviens,ditCliveàsonpèreenletenanttoujoursparlesépaules.–Ehbien,çameferaittrèsplaisir.Oui,j’aimeraisbeaucoupêtredelafêteavecvous.–Alorsc’estd’accord,papa,maisuniquementsitututoiesMilla.Jen’aipasdutoutenviequetu

t’adressesàtabelle-fillecommesic’étaituneétrangère.

Clivemesourit.Nouséchangeonsunlongregardcompliceetamoureux.Puisaprèsavoirdiscutépendant quelques minutes encore de l’organisation du mariage, James prend congé et nous leraccompagnonsdansl’entréeoùilnousserredanssesbraschacunnotretour.

– Fais attention, tu risques d’y prendre goût, plaisante Clive en observant son pèreme dire aurevoir.

–Ilyabeaucoupdechosesquej’aiàapprendre,répondJamesavantdesetournerverssonfilsdeprendreunemineplussérieuse:Clive,jevoulaiségalementtedirequejesaisoùestsoignéetamère.À partir de maintenant, c’est moi qui prendrai en charge ses soins médicaux. Tu as assez portéjusqu’ici.

Quand laporte se refermeenfin sur lui,Clive, après s’être ébrouécommepour se remettre lesidéesenplace,m’ouvrelesbras.Ilagitcommeunaimant,jemeretrouveaussitôtcontresontorse,lesyeuxfermés.

–Merci,Milla,merci,machérie,murmure-t-ilencaressantmescheveuxdeseslèvres.Toutcelaneseraitpasarrivésanstoi.

***

Ilfautcomptervingtheuresdevoyagesjusqu’àAuckland,NouvelleZélande.Nousallonsloinetnous avons embarqué tout lemondedansun jet privéqui fera plusieurs escales. Il y ama familleévidemment,SteveMcBaccaraavecsapetiteamiedumomentetlepèredeCliveavecKirstin.Celafaitdel’animationdanslejet,lesmomentsoùl’onnedortpas.

Nousnousmarionsenpetitcomité.C’estcequ’onavoulutouslesdeux.Sansenparlerautourdenous.Pourbeaucoupdenoscollègues,noussommesjusteenvacances.Toutlemondeapprendraque

noussommesmarietfemmeànotreretour.Jeseraibienobligéed’enparler,pourmapart,puisquejeseraidorénavantLudmillaBoyd.

Clive a choisi la villa où nous séjournons en famille dans laBaie de l’Abondance à Tauranga.C’estunedemeureimmensetoutenboisblanc,destoitsmultiplessurélevésdeclochers,desfaçadespercéesdebow-windowsetdeverrières.L’intérieurestultra-moderneetoffretoutleluxeimaginableetpleind’autreschosesquejen’auraisjamaisimaginées.

Dupersonnelnousattendetnousallonsresterlàpendantdixjours.Jenageenpleinrêve.Violetestauxanges.Cliveamêmepenséàcequ’ilyaitdeschevauxdanslapropriétéetlapossibilitéqu’onlesmonte.

SiCliveatenuàorganisernotreconfortetleluxedanslequelnousbaignonspendantcesjournéesidylliques,c’estàmoiqu’estrevenuleprivilègedenousconcocterunsouvenirmémorablepourlemomentoùnousnousdirons«oui».

Le jour fatidique, alors quenousnoushabillons avant departir pour la cérémonie à proposdelaquellejesuisparvenueàgarderlemystère,j’inspectelatenuedeClive,toutenlinblanc.

–Tuesàl’aise,hein?jedemandeencaressantsoncorpsautraverslefintissu.Tuessûrquetun’espasserré?

–Si tu continues àme caresser comme ça, il se peut que je le sois assez vite,me répond-il enm’attirantcontrelui.Toi,tuestoutsimplementsuperbe,danscetterobe.Vousêtesmajeure,vousêtescertaine,mademoiselle?

Ilglissesabouchedansmoncouetjem’écartedoucementdeluiavecunsourirecoquin.

–C’estunpeutôtpourlanuitdenoceetilnousfautbiendeuxheurespournousrendreàl’endroitoùalieulacérémonie,dis-jeentirantsurmarobecourteendentelle.

***

NousrejoignonsleLacTaupoenundéfilédevieillesvoituresanglaisesdecollection.Ilyapeudechance qu’on oublie en effet cette journée. À l’approche du lac, je commence à préparerpsychologiquementmonfuturépoux.

–Tum’asditque lesactivitésextrêmes teplaisaient, tu te rappelles? jedemande,caressantsonvisageduboutdesdoigts.

–Oui,eneffet, j’aiditquel’idéemeplaisait, répond-il.Et jemedoutebienquec’est le jouroujamaispourtestermacapacitéàtesuivredanstespéripleslesplusfous.

–Onsefaitconfiance,maintenant?

Clivemedévisagelonguement.Sesyeuxd’unvertintenseessaientdepercermonmystère.

–Jenesaispascequetumeréserves,maisj’aicommel’impressionquejem’ensouviendraitoutemavie.

Jelecroisbien,oui.Personnenes’estdoutédecequej’aiconcoctéavantquenousnousarrêtionsaubordducanyondelarivièreWaïko.Cliveéclatederiredèsqu’ilaperçoit laplateformedesautsuspenduedanslevideetsajoierésonnedanslaforêtenvironnante.Unautelluxueuxaétéaménagéet fleuri en abondance dans l’abri surplombant l’eau bleu turquoise. Le prêtre nous attend. Lacérémonieestponctuéedesreniflementsdemamèreetdesesexclamations.Lanatureparadisiaques’étaleautourdenous,nousrappelantàCliveetmoiunautremomentintimepartagédansledécormerveilleuxduGrandCanyon.

Aumomentdedireoui,lavoixdeCliverésonneavecdéterminationcontrelarocheencontrebas.Mon«oui»àmoisecoincedansmagorge,Clivemesourit,uneseulelarmem’échappequifinitpardévalersurmajoue.Labaguequemonmarimepasseaudoigtestd’oretdediamants.Féerique.

Notrebaisers’éternisesous lesapplaudissementset lescrisdebonheurdenosproches.Puisonnousharnachepournotre saut.Piedsnusdansnos tenuesblanchesdemariés,nouséchangeonsunlongregardamoureuxpuisunautrebaiserpassionné.

Côteàcôte,lebrasaccrochéàlatailledel’autreselonlesrecommandationsdesanimateurs,nousnousapprochonsduborddelaplateforme.

– Jemesouviendrai jusqu’àmamortdu jouroù je t’aiditouipour lavie,Milla,memurmureClive.

–Onappelleracejour,celuidugrandsaut…

Etnousplongeonsdanslevideau-dessusdel’eaucouleurlagon.

***

Jemesouviensdecettejournéecommed’unesuccessiondemomentsémouvants,pleinsderires,delarmes,d’embrassadesetdesermentsàvie.Jemesouviensleregardpleind’étincellesdeViolet,lespetitséclatsderirenerveuxdemamère,lesregardséquivoquesqueSteveMcBaccaralanceàmasœur, lemoment où je danse avecmononcleGabriel, le spectacle d’unpère et d’un fils réunis etessayantderattraperletempsperdu.

Et je me souviens de cette heure, tard dans la nuit, quand Clive et moi valsons, pieds nus,lentement,alorsquetoutlemondeestallésecoucher,qu’iln’yaplusdemusiquepourguidernospas,quenoscœursquibattentàl’unisson.

–Jevoudraisquecettejournéen’aitpasdefin,mechuchote-t-ilseslèvrestoutcontremagorge.–Jecroisqu’onestdéjàdemain,réponds-jeàvoixbasse.– Alors si c’est déjà demain, il faut qu’on célèbre cette nouvelle journée, qu’on lui donne la

couleurdetouteunevie.

Cliveprendmamainetm’entraîneavecassuranceverslamaison.Puisilréfléchitets’arrête,mesoulèved’uncoupdanssesbras.Jepèselepoidsd’unsoupir,jemesensprêteàm’envoler.

–C’estpeut-êtreunpeuconvenu,non,deporterlamariée?dis-jeenfaisantunemouetaquine.

–Tuasraison,medit-ilenentrantdansnotrechambreavantdemeposerparterre.

Jelisdanssonregardl’enviesensuellequ’ilaretenuetoutelajournée,lafaimaveclaquellenousavonsjouéenattendantl’instantoùnousserionstouslesdeux.Ilm’attireàluietcollesoncorpsaumien.Sondésirestsensiblecontremonventre.

–Unenuitdenoce,c’estordinaireaussi,non?mesusurre-t-ild’unevoixrauqueenprenantmonvisagedanssesmains.Jevaisfaireensortemoiaussiquetut’ensouviennestoutetavie.

Jem’accrocheàsatailleetmepressecontresonventretenduparl’attente.Monsouffles’emballe.J’ouvreleslèvresàsalanguepassionnée.

Son corps enveloppe le mien, ses bras m’entourent, ses épaules me ceignent, son visage medomine.Salangueenvahitmabouche.Jesuissapossession,ilmefaitdisparaîtretoutentièrecontrelui.Noussommespiedsnusdéjàdepuisquelquesheures,àgoûter lachaleurdelapierrequiacuittoutelajournée.

Sesmainspassentsousmarobecourteendentelleblanche.Sesdoigtscrochètentlescôtésdemafine culotte et la tirent vers le bas.Les lèvres deClivem’abandonnent quelques secondes quand ils’accroupitpourfairedescendrelalingerielelongdemesjambes.

Jesoulèvemespieds l’unaprès l’autreet,quandilserelève, ilglisse la têtesousmarobepourcollersonvisageàmescuissesetmonventre.Sesmainscontinuent leurascensionalorsqueClivepicorelapeaudemonventredebaisers.Sesdoigtsdéfonthabilementl’attachedemonsoutien-gorge.QuandCliveréapparaîtdesousmarobe,ildéfaitmesbretellesparlesmanchesdemonvêtement.

Saboucheretrouvelechemindemeslèvresetnousjouonsàcettedansedouceetexcitantedenoslanguesquisecaressentetquiselèchent.

Dans lapénombrede lanuit uniquement éclairéedequelques flambeaux, tousnosgestes et noscontactsparaissentdouxetfeutrés,nosrespirationsensourdines’harmonisantàcelledel’autre.

Clivesereculeuninstantpourdéboutonneretenleversachemisedelinblanc.Puisilprendunegrandeétoleposéesur l’accoudoird’un fauteuiletm’encoiffe lescheveux telunvoiledemariée.Sansunmot,maissonregardtoujoursaussiintenseetardent,ilmesoulèveànouveaudanssesbraspuisressortdelachambrepourtraverserlapelousejusqu’àlapetiteplageprivéedelavilla.

Je sens surmes jambes la légèrebrisemarinequim’effleure et se faufile sousma robe. Jemelaisse aller contre le torsedeClive etmes lèvresvagabondent contre sapeaubrûlante tandisqu’iltraverselabandearboréequinoussépareencoredusableblanc.

Ledécorestféerique.Lamerestcalmeetlesvaguelettesproduisentunrythmedontl’échorestediscret,commelarespirationapaiséedetoutelamersurlaquellenouspouvonscalquernotresouffle.

Clivemedéposelespiedsdanslesabletièdeetôtelafineétoffedemescheveuxpourl’étendresurlaplagedanscettenuitclaireetsansvent,toutjustecettebrisequicontinuedes’immiscerentremesjambes,sousmarobejusqu’àmesseinsquipointent.

Dans l’obscurité bleue, nous nous regardons alors et prenons le temps d’un véritable baiseramoureux.Nousgoûtons l’autreavecdélicatesseetmesdoigts, tellesde finesbrindilles,effleurentlestempesdeClive,déambulentlelongdesoncouetdesagorge.

–Jeteveuxnue,murmure-t-ilensoulevantlebasdemarobequ’ilfaitpasserpar-dessusmatête.Jeteveuxnue,douce,salée,offerte…Jeteveuxmienne.

Il ponctue chaquemot qu’il prononce d’une caresse aérienne de la paume, sur le creux demataille,mes reins, puis une épaule,mes fesses, le bombé d’un sein,me perdant dans sa promenadeincohérente et délicate. Surprise à chaque contact de sa main sur moi, je frémis et gémis, lèvresentrouvertessurlessiennes.

Il se reculeencoreune foispourdéfaire le liendesonpantalonde linet sedébarrasserdans lemême mouvement de son boxer. Nous voilà nus sur cette plage comme deux naufragés. Clivem’allonge sur le tissu couvrant le sable.Étenduprès demoi, ilmeparcourt de samain comme ilpourraitflatteretsavourerlecontactd’unecréatureprécieuse.

Jem’offre totalementauxvaguesde frissonsquinaissent lesunesaprès lesautressurmapeau,dardantmesseins,resserrantmonventreetmefaisantroulerdubassin.Latêtereposantsurlesable,je regardemonamouravecdouceur,savourant la fermetédesamain, toute lapuissancedont je lesaiscapable.Jemesensfragileetàlamercidesondésir.

– Je suis à toi, je chuchote d’une voix qui se perd dans le tempo du ressac. Je suis à toicomplètement.J’aienviequetufassesdemoicequetuveux.

Ilsuspendsacaresseetsesyeuxs’embrasentdansl’obscurité.

–J’aienviedeteposséderavecdouceuretavecforce,tesentirt’épanouirett’ouvrir,dit-ilàvoixbasseensepenchantpourfairecourirsalangueautourd’undemesmamelons.

Jecreuseledos,rejettelatêteenarrièreetportemesmainsàsatête,perdantmesdoigtsdanssescheveuxpendantqu’ilsuceetmordillelapointedemonsein.Unemainseposeàplatsurmonventrequisecreusedavantage.J’ouvrelescuissesengémissantdoucementpourluifairecomprendrequej’aienviequ’ildescendeplusbas.

–Tuveuxquejetecaresse?Tuveuxquejetefassejouiravecmesdoigts?Avecmabouche?medemande-t-ild’unevoixrauque.

En guise de réponse, j’écarte encore plus les cuisses et me redresse sur mes coudes. J’ai lesentiment que la brise attise mon désir ; elll couvree mon corps comme un voile qui frotteraitlégèrementmapeau.

Monregardseposesur l’érectiondeClive.Sonmembre tenduressembleàunestatueprimitivedans la lumière nocturne de lamer. Toute la scène paraît surréaliste. Bien plus que lorsque nousavonsfait l’amourdans lecanyon.Là,nosgestesvontauralentietnospeauxsont transfiguréesetd’unéclatfroid.

Jelesensglissersonvisageentremescuissestoujoursprêtesàl’accueillir.Moncorpssedétend,jem’abandonne contre le sable, puis je relève la tête pour émettre un petit cri de plaisir quand ilécartemonsexedesesdoigtspourdécouvrirmonclitorisqu’ilsemetàlaperavecferveur.Duplatdelalangue,ilouvreleslèvresdemonsexepuis,delapointe,agacemonclitoris.Ilprendsontempscommepourunfestin.Jesuistraverséed’ondesdélicieuses,leplaisirtoujoursàquelquesbattementsdecœur.Pourtantjeneveuxpasjouirtoutdesuite.Moiaussi,jeveuxlegoûter.

Jeme redresse et l’attrape aux épaules pour lui faire comprendre, le faire pivoter au-dessus demoi.

–Viens,jehalète,priseparmafaimanimaledesonérection.

En quittant à peine mon sexe, Clive bascule et s’allonge sur le côté près de moi, mettant sonmembreàportéedemeslèvres.Jem’accrocheaussitôtàluietleprendsdansmabouchetandisqu’ilpoursuitladansedesalanguesurmonclitoris.

Chaque foisque leplaisir s’accentue, je suceCliveplus énergiquementpournepas crier.Nouscalquonsnotrerythmesurceluidel’autre,nosventresinondésd’excitation.

QuandCliveenfoncedeuxdoigtsdansmonsexe,jelogesonglandtoutàl’entréedemagorgeetreste ainsi, tout sonmembredansmabouche, à faire jouer les parois intérieuresdemes joues. Jefermelesyeuxtandisqu’ilmepénètredesesdoigtsrégulièrement,salangueremuanttoujoursàlalisière demon sexe. Quand il recourbe ses doigts pour presser par intermittence contre la partieinternedemonvagintoutenstimulanttoujoursmonclitoris,jejouissifortquemoncrirésonnesursonmembreprisonnierdemeslèvres.

Clivememaintient lebassinenplacealorsquemonsexesecontracteautourdesesdoigts. J’ail’impression qu’une fleur de jouissance s’épanouit dans mon ventre jusqu’à l’intérieur de mescuisses,laissanttoutemapeausensibleaumoindresouffled’air.

Sa bouche toujours rivée àmon clitoris qu’il aspire comme je suce sonmembre, il donne descoupsdereinsquilogentsonsexeplusloindansmabouche.

–Jevaisjouir,Milla,gémit-il.

Ilcrispesonventreetimmobilisesonbassinavantdecommencerlentementàretirersonsexedemabouche.Maisjeleretiens.Jeveuxqu’iljouisseentremeslèvrescommesalangueagoûtéàmonplaisir.Jeleretiensd’unemain,maintenantsesfesses,pendantquedel’autre,jesollicitelabasedesonmembreetexercedelégèrespressionsdemesdoigtsenanneau.

Ilgémitfort,toutd’abordsurpris,avantdecapituleretdejouirdansunva-et-vientmesuréentremeslèvresmouillées,sasemenceinondantmabouchedesachaleurdemer.

Nousroulonsensuitesurledossansnouséloignerl’undel’autre,brasetjambesentremêlés.Nousreprenonsnotresouffleencherchantàretrouverlerythmedesvagues,volantdel’airàlabrisequidéjàsèchenospeaux.

–MonDieu,Milla,commec’estbon,murmure-t-il

Jeperdsmonregarddanslecieldecettenuitétoilée,ivredugoûtdemonamantquimerappelleraàjamaisceluidelamer,etgriséeencoreunefoisparlafaimanimalequecethommeprovoqueenmoi.Nousbougeonsunpeusurl’étoffepournousretrouverdanslesbrasl’undel’autre,puisCliveselèveetm’entraîneprèsdel’eaudanslaquellenousentronsjusqu’auxcuisses.

Ilmelaveenportantlamerdanssesmainsencoupeetendéversantleliquidecouleurdenuitsurmoncorps.Illavemonventre,mescuisses,mesépaules,messeinsaveclesquelsiljouedenouveaupour le plaisir de les voir se tendre sous ses doigts, il lavemonvisage et écartemes lèvres entrelesquels il glisse son pouce pour agacer ma langue. Sans détourner les yeux des siens qui medévorent,mabouchedevientunanneaudanslequelsondoigtcoulisse.

L’analogieestévidenteetleregardquejeluilancetellementprovocateurqueledésirdeCliveseréveilletrèsrapidement.Danslamerquibatcontremesfesses, jem’avanceetmecollecontresonsexebandé.D’unemainenveloppantsestesticules,jelemasturbedel’autreencoinçantsonmembreentrenosdeuxcorps.

Ilfermelesyeux,rejettelatête.Puisilmesoulèvedanssesbrasetm’arracheàl’eaupoursortiretsedirigerversnotrecouchedefortunetoujourstenduesurlesable.

–Jeveuxteprendretoutelanuit,grogne-t-ilenmedéposantsurledos.

Ils’agenouilleetmehisseàhauteurdesonventre,sesdeuxmainsmemaintenantfermementsouslesfesses,lescuissesouvertespourl’accueillir.

–Jeveuxteprendreautantdefoisquejelepourrai,jeveuxtefairejouiretcrier.Jeveuxprofiterdetoidanstouteslespositions,tedonnerduplaisiretencoreduplaisir,t’épuiseràcoupsd’orgasme.

Sonsexepousseàl’entréedumien.Jehalètefort,excitéeparsesmots.

–Est-cequetuveux,Milla?insisteClived’unevoixanimaleetchaude.–Oui,jegémis,lagorgepriseparledésir.Oui,prends-moifort.

D’uncoup,ilestenmoitoutentier.Jefermelesyeuxetcriedanslanuit.

–Tuveuxquejeteprennecommeça?demande-t-il,deplusenpluséchauffé.

Ildonneuncoupdereinquimeremplit toutàfait.Metenanttoujoursfermementenposition, ilrouledubassinpourépanouirmonsexe.Mesmainsseportentàmesseinsquejepinceetvrilleentrelesdoigts.

–Oui, continue, soupire-t-il en commençant à aller et venir en longsmouvements amples dansmonsexe.C’estboncommeça?

Je gémis encore mon accord. Le plaisir me fait bouillir le front. Mes doigts sont comme desgriffesautourdemesmamelonsquejetireetmalmènesousleregardgrisédemonmariquisemetà

cognerplusfort.Chaquefoisquesonmembreestcomplètementenmoi,sonventrebutecontremonclitoris.Jelaisseéchapperdes«ah»surprisdeplaisirsauvage.Celalerendfou,ilmepilonnealorsavecvigueur.Jemecourbe,rehaussantmeshanchespourl’accueillirmieuxencore,metenantmoi-mêmeenéquilibre,lespiedsenfoncésdanslasurfacedusablesousletissu.

Puis,dedeuxdoigtsagiles,Clive,toutenmepénétrantavecardeur,ouvremonsexeàlabriseetàl’air.J’anticipedéjàunautrecontactplusferme,celuidesesdoigtsquinetardentpasàvenir.Ilmedéploie le clitoris etm’en agace la pointe. Il suffit de très peu de temps alors, presque rien, deuxsecondes,pourquej’écarquillelesyeuxdevantlapuissancedel’orgasmequiarrive.JejouissifortqueCliveestobligédemetenirenplacesursonsexealorsquemestalonss’enfoncentdanslesableetquejemecabretelunchevalindomptable.

JeresteensuitepantelantesouslesassautsplussouplesdeClivequicontinuedemepénétrer,soncorpstoutentiercouvrantdorénavantlemien.

–Jeglisseentoi,murmure-t-ilavantdefairecourirsalanguesurmeslèvres.Tuesbrûlante.

Jedivaguepresqueaucoursdessecondesquisuiventcepuissantorgasme.JesensbienCliveenmoi. Je sens combien ses allées et venues dans mon sexe sont douces comme une caresse. J’ail’impressiondefondreautourdelui,d’êtreveloursetlave.

J’ouvre lesyeuxsur lebeauvisagede l’hommeque j’aime. Ilmesourit endansant toujoursenmoi.Ilfermeàdemilespaupièresparmomentscommepourapprécierlatouffeurmoelleusequ’ilpénètre.

Ilmarqueunepauseavantdeseretirer.

–Tuveuxqu’onrentre?medemande-t-ilsoudain.Onseramieuxàl’intérieur.

Jebatsdespaupièresenguisederéponse.

Il ramassenosaffaires,puism’aideàmereleveravantdemedraperdans lefin tissusur lequelnousavonsfaitl’amour.

Je reprends alors le chemin de la maison, devançant Clive de quelques pas, les jambesflageolantes.L’étoffedoucecontremapeauentretientledésirquidécidémentneveutpassetaireenmoi.C’estsansdouteparcequejesaisqueClive,àdeuxpasderrièremoi,estencoreenérection.

Aumilieudesarbres,avantdetraverserl’étroitebandedepelousequinousséparedelabaievitréerestéeouvertedenotrechambre,jemeretourneversmonmari.Monsouffledenouveausefaitcourt.

–Qu’est-cequ’ilya?demande-t-il,inquiet.

Plantéedevantlui, jetendsletissutransparentsurmesseinsetl’aplatisdelamainsurmonsexehumide.JevoisClivedéglutir.Illâched’uncoupnosaffairessurlesolpuiss’approcheaussitôtdemoisansmêmem’adresserlemoindremot.Sabouches’abatsurundemesseinsqu’iltèteàtraversle tissu,puis ilmordille l’autre.Mamain jouedéjàavecsonérectionencoreplus impressionnante

quequelquessecondesplustôt.LamaindeCliveglissesurmonsexe,quesesdoigtsvisitentaussitôt.

Ilgrognedesurpriseenmesentantencoreruisselante.

–Toutelanuit,Milla,jevaisteprendretoutelanuit,susurre-t-ilenmeretournantcontrel’arbreleplusproche.

JetendsmesfessesversClivequirelèveletissusurmataille.Unseulregardjetépar-dessusmonépaule,regardvagueetprovocateur,lèvremordillée,lerendfou.Ilagrippemeshanchesets’enfonceenmoienlâchantunrugissementsourd.

Jemecambreetm’accrochefermementautroncquifrottecontremesseinspourtenirdeboutsouslesassautsfougueuxdemonmari.

–Tefairejouirtoutelanuit,affirme-t-il,lesoufflecourt.

5.Unevraiefamille

Jem’installedanslasalled’attentedemoncabinet.Jedevraisdire«demonanciencabinet»,maisjen’arrivetoujourspasàm’yfaire.C’estvraimentétrangedemeretrouveràlaplacedemespatients.

Presquesixmoisquejen’aipasconsultéici,j’ail’impressionqueçafaitunevie…

Jeparcoursduregardlasalled’attenteenquêtedeslégerschangementsquiontétéopérés.Ilétaitimportant de ne pas déstabiliser les patients, de leur laisser quelques repèresmais leur thérapeuteayant changé, il était également primordial que quelque chose le leur rappelle chaque fois qu’ilsattendentl’heuredeleurrendez-vous.Jeremarquequedesmarinesontétéaccrochéesauxmurs.Unemaquettedevoilieranciensur lacommode.Etcetétrangebalancierperpétuelenverre renfermantune vague allant de droite et de gauche sans jamais s’arrêter. Je fixe l’objet pendant quelquessecondesetmerendscomptedesonpouvoirapaisantetpresquehypnotisant.

Lasituationdemeuremalgrétoutdéstabilisanteetjetriturenerveusementl’allianceàmondoigt.

UnandéjàquejesuisMadameBoyd.

Jenemanipulejamaismonalliancesanspenseràmonbonheur.Chaquefoisquejemesurprendsàavoircegeste,touslessouvenirsdemamerveilleuseannéeentantqu’épousedeClivedéfilentdansma tête. La bande-son est un mélange de musique romantique, de salsa, de rires de Violet, dedéclarationsd’amourmurmurées,desoupirsdeplaisir.

Jerelèvelatêteetm’arracheàcesdoucesréminiscencesquandj’entendsensourdinelesvoixdanslecabinet.Uneseconde,jemedisquec’estencoremoiquiofficiedanslebureau,quejesuisfaceàl’undemespatients,jefaisuneétrangeexpérienceprochedelaschizophrénie.Etpuisladiscussionserapprochedelaporte,lapoignéetourneetGabrielapparaît.Ilprendcongéd’undemespatientsquiestsurprisdemevoirlàetm’adresseungrandsourire.

Nouséchangeonsquelquesmots,maismêmesi jemeursd’enviedeluiposerdesquestionsplusprécisessurl’évolutiondesproblématiquesquenousabordions,jemeretiens.

–Quandreprenez-vousvosconsultations,Ludmilla?medemande-t-ilavantquenousmettionsfinàladiscussion.

–Disonsquepourlemoment,cen’estpasd’actualité,réponds-jeavecunpetitsourireembarrassésansvouloirdévelopperdavantage.

Nousnousserrons lamainchaleureusementpuis ilprendcongédenous.Gabrielm’invitealorsd’ungestedelamainàentrerdanslebureauquiaétélemien.Ilm’embrasseaffectueusementetmeserrequelquessecondesdanssesbras.

–Enfin,tuasfaitlepas,dit-ilaprèsquenousnoussommesinstalléssurlecanapé.–J’avouequec’esttrèsétrangederevenirlà.Çamefaisaitvraimentpeur.

–Etalors?demande-t-ilenpenchantlatête.– Eh bien, c’est OK, je crois, réponds-je en haussant les épaules. C’est ton cabinet, ce sont tes

patients dorénavant. Je reconnais cet endroitmais je vois aussi que tu as su ymettre ta patte et jesupposequetuvastelepermettredeplusenplus.

Jedésigne lesmursd’unmouvementde tête.Mesphotosdenaturevertigineuseetdesensationsfortesontlaissélaplaceàdesencresjaponaises.

–Alorsc’estdoncque tadécisionestprisedéfinitivement,ditGabriel enhochantdoucement latête.

– Si tu es toujours d’accord pour continuer à suivre mes patients. L’université ne va pas temanquer?

– Je ne prends jamais autant de plaisir que lorsque j’exercemonmétier, me ditmon oncle ens’installantconfortablementdanslecanapéetenregardantautourdelui.Etmesgroupesdethérapieneremplaçaientpaslapratiqueenindividuel.Jesuisheureuxquetum’aiesfaitconfiance,Milla.

–Gabriel,tuplaisantes,dis-jeenm’esclaffant.Mespatientsontsurtoutdelachancequetuprenneslerelais.Ilsgagnentcertainementauchange.

Gabrielfroncelessourcils.

–OK,OK,jenemedévalorisepas,dis-jeensecouantlatête.Ilfautjustequejemefasseàl’idéeque,d’unecertainemanière,jelesabandonne.

–Milla, jeconnaispeude thérapeutesquiprennent soinde leurspatientsaupointd’assurerunerelèvequandilscessentd’exercer.Doncnonseulementtunelesabandonnespasmaisilmesemblequetuvascontinuerailleurscequetuasicisibrillammentcommencé.

Jeprendslamaindemononcleetlaserretendrement.

–Oui,jesais.Etmavien’estpasvide.C’estpeut-êtresimplementdifficiledeprendreunenouvelletrajectoiremêmequandellenousplaîtetqu’onlachoisit.

–En tout cas, celle que je prends aujourd’hui grâce à toimeplaît beaucoup,m’assureGabriel.D’autantquecelamepermetdemerapprocherde tamère.J’avaisoubliéàquelpointmasœurestbonnecuisinière.Àallerdéjeuneràlaported’àcôtétouslesmidis,jerisquedeprendrerapidementquelqueskilos.

–Jecomptesurtoipourfairedel’exercice.–Ilmefaudraunenouvellepartenaire,Milla.Oubienc’estchezvousquejeviendraialorspour

pouvoirperdreseskilossuperflus.–Onnemanquerapasd’occasionsdesedépenserdansleMontana,réponds-je.

J’aimalgrétoutunpetitpincementaucœur.Jenesuispasseulementvenuetournerlapagedemacarrièreprofessionnelleetpasserofficiellementlerelaisàmononcledanslesuividemaclientèle,jeperds également mon compagnon régulier d’aventures à frissons. Comme s’il lisait dans mespensées,Gabrielpoursuitavecunairtaquin:

–Tuasbieninitiétonmariàtesactivitéshorsnormes,iln’yapasderaisonsquejen’arrivepasdemoncôtéàdébusquerunepartenairedejeu.

–Tunenouscacheraispasunepetitecopine,toi?jedemande,amuséeetsubitementtrèscurieuse.

Mononcleavraimentlechicpourmettredescouleursdansmesidéesquandellesdeviennenttropgrises.

–Ehbien,ilyacettecharmantedamequej’airencontréel’autrejouràmoncoursdeyogaetquim’al’airassezd’accordpourexpérimenterd’autresactivitésplus…risquées.

–Ahnon,jeneveuxriensavoir!jem’exclameenagitantlesmainsetenriantdeboncœur.Jeneveuxpasdedétails.

–Jeteconfirmequetuesbienl’exactcontrairedetamèrequiveutabsolumentlarencontrerpourmedonnersonaval,ditGabriel,leregardmalicieux.

–Netelaissepasenvahir,Gabriel!–Milla,masœurm’atellementmanquéquejeveuxbienmelaissermalmenerunpeu.–EllevabeaucoupmanqueràViolet en toutcas,dis-jealorsavecunemouemélancolique. J’ai

cetteresponsabilité.Mêmesijesaisquejevousverraisouvent.–Tuprendstonenvol,Milla.LeMontanan’estpasleboutdumonde.C’estunbeaucadeauquele

pèredeClivevousfaitenvousoffrantcettemaisonpourvotrenouvellevie.–Oui,Cliveaététrèstouché.C’estfoucommelarelationqu’ilaavecsonpèreacomplètement

changé. Évidemment Kirstin n’y est pas pour rien, mais pour autant ce n’était pas gagné. On al’impressiond’avoir affaire àun autrehomme. James fait comme il sait faire et oui, cettemaisonqu’ilnousoffre,c’esttrèsinattendu.

Ilmesembleentendreunbruitdanslapièced’àcôtéetjemarqueunepausepourtendrel’oreille.Gabrielm’observeenhaussantlessourcils.

–CliveetVioletvontnousrejoindre,dis-je.–Parfait,répondmononcle.Jesupposequ’ilssaurontbiennousfairesavoirquandilsserontlà.

J’acquiescesansriendire.Jenesaispourquoijemesensfébrileetunpeutendue.Jenepensaispasquevenirdireaurevoiràmonanciennevieallaitmefaireceteffet-là.

–Jeseraiheureuxdelesvoir.Violetvitbientousceschangements?ditGabrielpourm’arracheràmespensées.

–Ellevabien,tuleverraspartoi-même.Elleestvraimentjoyeuseetemballéepartoutcequinousarrive.Et elle est encoreen trainde s’essayer à sonnouveaunom. J’ai l’impressionqu’elle enestfière…Commejelesuisaussid’ailleurs.

Une bouffée d’émotionme serre la gorge. Le bonheur peut désemparer autant que la tristesse.L’évocationdesgrandsmomentsheureuxdecesderniersmoismefaitmonterleslarmesauxyeux,commesijeprenaissoudainlamesureducaractèreprécieuxdetoutcequej’aivécu.

–Tusais,c’estClivequiavouluadopterViolet,dis-jeenlevantlesyeuxversmononcle.Jeneluiairiendemandé.Ilvoulaitquel’onformeunefamille.

–Etvousenformezune,eneffet.Jesuisheureuxquetuaiestrouvéetépousél’hommeenquituasconfiance,Milla,etquisaitterendreheureusedebiendesmanièresapparemment.Cequ’ilafaitpourVioletesttoutcasadmirableettrèstouchant.

–J’enai,delachance…jemurmureenpressantlamaindemononcle.

Onfrappedeuxbrefscoupsàlaporte.PuislavoixdeCliverésonnedanslasalled’attente.

–C’estClive,jepeuxentrer?demande-t-il.–Biensûr,répondGabrielenselevantpourallerl’accueillir.

Lesdeuxhommess’étreignentvirilement.Jelesobserveavecaffection.Cliveareprisunerelationplutôtpositiveavecsonpère.Iln’empêchequ’ils’esttrouvéunesortedepèredecœuravecGabriel.J’aime les écouter discuter. J’aime découvrir qu’ils se parlent et se voient sans pour autant m’eninformer.

Tousleshommesdemavie…enfinpresque…

Ilséchangentquelquesmotspuisviennentmerejoindreautourducanapé.Cliveseglisseprèsdemoietm’embrasseavantdepassersonbrasautourdemesépaules.

–Violet a voulu rester avec sa grand-mère,m’expliqueClive avant de se tourner versGabriel.Tout ce petit monde va nous rejoindre dans quelques minutes. Milla était en train de te faire lesdernièresrecommandations?plaisante-t-il.

–Jen’oseraispas,dis-jeensecouantlatête.Jemedisaisquejenerisquaispasderevoircecabinetdesitôt.Quantaureste,Gabrielsait trèsbiencequ’ilfait.Jeseraismalplacéepourluidonnerdesconseils.

Gabriel écarte le compliment d’ungeste de lamain et d’un sourire gêné, puis il se tourneversClive.

–Quelleest la tournuredéfinitivedevotreprojet,alors?demande-t-ilàmonmari.Ladernièrefoisquetum’enasparlé,ilétaitjustequestiondereprendretonactivitédechirurgie.

Clive et moi échangeons un regard complice et je sens l’enthousiasme me traverser le corpscommeunedécharge électrique. Je remue sur le canapé comme si je crevaisde révéler une superbonnenouvelle.Gabrielremarquenotreattitudeetéclatederire.

–Ehbien!Detouteévidence,voilàquelquechosequimotiveMilla!–Dansunpremier temps, oui, je vais reprendremonactivitéde chirurgiendans l’hôpital de la

ville proche de notre nouveau domicile.Mais je crois savoir ce qui excite un peuMilla et la faittrépignersurplace,ditCliveavecunsourireencoin.Enfait,onaentreprisl’écriturecommuned’unlivre.

–Tiensdonc,ditGabrielensereculantdanssonfauteuilavecuneexpressionattentive.–Oui,j’enchaînesuruntonénergique.Unlivredestinéauxfemmesquiaimeraientavoirrecoursà

la chirurgie esthétique. Un ouvrage qui les aiderait d’abord à s’interroger sur la possibilité des’acceptertellesqu’ellessontavantdepasseraublocopératoire.

Gabrielnousadresseunemoueappréciatrice.

– Bravo pour ce projet, c’est une belle nouvelle. Je suis heureux d’entendre que vous allez

travaillerensemble.–Et ça peutmener à pasmal d’autres choses, tu sais, poursuis-je, toujours aussi animée par le

sujet. On peut imaginer la création d’une fondation ou d’une clinique qui proposerait unaccompagnementpsychologiqueenmêmetempsquedesinterventionschirurgicales.

JemetourneversClivequiafficheunsourireradieuxetm’attireàluipourm’embrasser.

–Bon sangque j’aime cette femme ! dit-il à l’attention deGabriel qui nous couve d’un regardbienveillant.Tuviendrasnousvoir,n’est-cepas?

–Jen’ymanqueraipas,répondmononcle.–Ont’organiseraautrechosequedesstagesdesurviedansCentralPark,j’ajoute,rigolarde.

Gabriel fait ses gros yeux pour rire. Je me sens joueuse comme une gamine. Le moment demélancolieetdenostalgieestpassé.Jem’avance,pleinedejoie,verslacasedépartdemanouvelleroute.

Desvoixnousparviennentalorsdelasalled’attente.JereconnaiscellesdeVioletetdemamère.Je me redresse d’un coup, c’est presque un réflexe. Gabriel m’adresse un regard affectueux etentendu.

–Voilàunemamanquiréagitbienvite…dit-ilensedirigeantverslaportedubureau.

Cliveetmoisommesjustederrièreluiquandilouvresurlasalled’attente.Mamèreestinstalléedansunfauteuil.Dansceluid’àcôté,ilyauneVioletradieuse,lesbrasbienchargés.Jetouchemapoitrineparréflexe.Cliveremarquemongesteetfroncelessourcils.

–C’estl’heure?demande-t-il.

J’acquiesceetcommenceàdéboutonnermonchemisier.Gabrielavancedanslasalled’attente.

–Commentvas-tu,Violet?dit-ilàmafille,assise,trèssagedansunfauteuil.–Trèsbien,répond-elleavecunlargesourire.EtAlexaussi!–Oh,maisquidonccommenceàavoirfaim?demandemononcleenmelaissantpasserpourque

j’approchedeViolet.Tuasunbienjolipetitfrère,Violet.

Jem’installe dans le fauteuil près dema fille etme penche pour prendre le nourrisson qu’ellegardeprécieusementdanssesbras.JejetteunregardàClive.Ilnousdévoredesyeux.

– Tu ne veux pas te mettre à l’aise dans le canapé pour la tétée ? me demande ma mère quis’approcheàsontourpours’assurerquejesuisbieninstallée.

Jemesenscouvée,aimée,protégée.Dansmesbras,monfilsgeintdoucement.Ilestbeaucommesonpère.Cliveditqu’ilalapeauaussidoucequemoi.Violettrouvequ’iladéjàsavoix.

Jejetteencoreuncoupd’œilversClivequimefixetoujours,desonregarddouxetprofonddanslequeljelistoutl’amouretlaconfiancequ’ilmeporte.Etjeréalisequetouteslesannéesdecolèreetd’angoissesontenfinderrièremoi.Nosprochessontànoscôtés,aupropreouau figuré, l’avenir

s’ouvreànousetjesuisheureuse.

FIN

Retrouveztouteslesséries

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Mars2016

ISBN9791025730027