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RECHERCHE&SANTÉ
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N°111
6 LA RECHERCHE EN DIRECT
Cirrhose : intervenir avant qu’elle ne tue
25 LA FONDATION ET VOUS
Anne Barrère, femme de médias et dame de cœur
Leucémies des seniors :enfin, la recherche progresse
15 DOSSIER
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JUILLET•2007
10 ENTRETIENS CROISÉSLa maladie d’Alzheimer : question de santé publique et défi de société
12 PARCOURS DE CHERCHEURJean Weissenbach, grand prix 2007 de la Fondation pour la Recherche Médicale
13 DOSSIER LEUCÉMIES DES SENIORSEnfin, la recherche progresse
15 Recherche : les voies prometteuses de l’épigénétique16 EN IMAGES
La genèse des cellules sanguines, au cœur de l’os18 Point de vue de Franck Amalric
Nouveaux médicaments : comment suivre l’envolée des coûts ?21 VIE PRATIQUE
Prévenir : les signes qui doivent alerter. Diagnostiquer : ce que le sang révèle. Soigner : médicaments et greffes. Vivre avec : des précautions à prendre.
23 QUESTIONS DE SANTÉGlossodynies : des douleurs de la langue bénignes mais longues à traiterHallux valgus : de bonnes chaussures peuvent éviter la chirurgie
25 LA FONDATION ET VOUS25 «La Parisienne» : une course contre le cancer du sein26 Avec la Fondation BNP Paribas pour aider les jeunes chercheurs27 En régions29 Anne Barrère, cent pour cent cœur30 QUESTIONS DE DONATEURS
Les legs, un geste de générosité méconnu
31 ON SE DIT TOUT
4 LA RECHERCHE EN DIRECT4 Autisme : du nouveau sur les gènes impliqués 5 Prothèses : le premier bras «bionique»6 LE POINT SUR
La cirrhose : intervenir avant que la maladie ne soit fataleEn France, le nombre de décès liés aux cirrhoses avoisine 15000 par an. Ce processus de dégradation du foie est provoqué par de nombreuses maladies chroniques et pas seulement par l’abus d’alcool.
9 Maladie de Huntington : la microscopie se met en mouvement, la recherche s’accélère
XSOMMAIREX XÉDITORIALX
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L a recherche médicale française a fait la preuve deson excellence et nombre de ses chercheurs sontreconnus dans le monde entier. Pourtant, aujour-
d’hui son avenir inquiète : les jeunes boudent les filièresscientifiques et ils sont de moins en moins nombreux àchoisir les carrières de recherche. Résultat, les labora-toires sont désertés par les étudiants en thèse qui en cons-tituent les forces vives et de nombreux chercheurs confir-més partent s’installer à l’étranger, faisant profiter d’au-tres pays de l’expertise qu’ils ont acquise en France.Les raisons sont nombreuses : des études très longues (plus de dix ans) ame-nant à une intégration professionnelle tardive en comparaison d’autres filiè-res, des débouchés incertains au sein des organismes publics de recherchequi recrutent au compte-gouttes et proposent des salaires peu attractifs.Ajoutez à cela des démarches administratives à n’en plus finir pour trouverles budgets de fonctionnement toujours plus élevés, et pourtant indispen-sables à une recherche de pointe… Autant d’obstacles à même de découra-ger les vocations les plus vives ! Évidemment, la politique de la recherche estde la responsabilité de l’État et, en ces lendemains d’élection, nous espéronsavec force que le nouveau gouvernement mettra en œuvre les restructura-tions nécessaires. Mais la Fondation pour la Recherche Médicale entend aussijouer son rôle pour les années à venir. Aujourd’hui à nouveau, elle préparedes actions pionnières pour que la recherche médicale française puisse main-tenir son rang dans la compétition internationale. Parmi celles-ci, le finan-cement d’ingénieurs dédiés aux plates-formes technologiques afin d’optimi-ser leur utilisation et d’en faciliter l’accès à un grand nombre de chercheurs.Autre défi : encourager des physiciens, mathématiciens ou informaticiens àtravailler sur des problématiques liées à la santé pour stimuler le croisementde compétences pluridisciplinaires. Car la recherche par discipline a vécu, ilest indispensable de décloisonner pour aller plus loin. Seule votre généro-sité nous en donnera les moyens.
Pierre Joly, président du Conseil de surveillance
de la Fondation pour la Recherche Médicale.
Directeur de la publication : Denis Le Squer
Comité de rédaction : Agnès Lara, Frédérique Camize,Joëlle Finidori, Pr Claude Dreux,
Isabelle Fleury, Céline Guéganou,Sandrine Coquerel, Claude Pouvreau,
Aurélie Bedin, Valérie Riedinger.Ont participé au dossier :
François Sigaux, Nicole Alby, FranckAlmalric, Hervé Dombret, Pierre
Fenaux, Eliane Gluckman, ClaudePreudhomme, Emmanuel Raffoux,
Gérard Socié, Jean Soulier.Ont participé à la rédaction:
Patricia Chairopoulos, Valérie Devillaine,Émilie Gillet, Anne Lefèvre-Balleydier,
Victoire N’Sondé.Couverture : Graphic Obsession.
Conception et réalisation :
41, rue Greneta, 75002 Paris.Responsable d’édition :
Valérie Devillaine.Direction artistique :
Marie-Laure Noel.Maquette :
Fabienne Laurent. Secrétariat de rédaction :
Olivier FarfalSophie Loubeyre, Laurent Raymond
Iconographie : Marion Ricard.Chef de fabrication : Sylvie Esquer.
Impression : Maury.Périodicité : trimestrielle.
Copyright : la reproduction des textes, même partielle, est
soumise à notre autorisation surdemande écrite préalable.
Date et dépôt légal à parution: Juillet 2007•ISSN 0241-0338
Dépôt légal no 8117
Pour tout renseignement ou pour recevoir
Recherche & Santé, adressez-vous à :Fondation pour
la Recherche Médicale54, rue de Varenne
75335 Paris Cedex 07Service donateurs :
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Chèque à l’ordre de la Fondation pour laRecherche Médicale
Site Internet : ww.frm.org
Des solutions concrètes pour la recherche médicale française
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RECHERCHE & SANTÉ l page 4 l N°111 • 3e trimestre 2007 RECHERCHE & SANTÉ l page 5 l N°111 • 3e trimestre 2007
quatre gènes connus pour leur rôledans le développement du pancréasou des cellules productricesd’insuline. Puis ils ont confirmé cesrésultats par des tests sur plus de5 500 diabétiques, et constaté queles variations de ces quatre gènesexpliquent 70 % de l’hérédité dudiabète de type 2 : on pourrait doncles traquer dans de nouveaux testsde dépistage, mais aussi en faire denouvelles cibles thérapeutiques. ■
Source : Nature, février 2007
DIABÈTE
Une étude révèle les gènes clésdu diabète le plus courant
C’est la plus vaste étude génétiquejamais entreprise sur l’autisme. Et ellecommence à porter ses fruits : en analysant l’ADN de 1168 famillesayant au moins deux enfants autistes,un consortium international, AutismGenome Project, rassemblant120 chercheurs – dont ceux de l’unitéInserm 513 et du département de
psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor deCréteil (Val-de-Marne) – vient d’identifierde nouvelles anomalies génétiques liéesà cette pathologie. Touchant en moyenne6 enfants sur 1000, et quatre fois plus degarçons que de filles, l’autisme est un syn-drome complexe qui se traduit par desdifficultés de communication, de socia-lisation et d’interactions avec l’entou-rage. On lui connaissait déjà une prédis-position génétique : le risque d’avoir unenfant autiste est 45 fois plus élevé dansles familles qui ont déjà un enfant atteint.Et ces dernières années, on a pu démon-trer que plusieurs marqueurs génétiquessur différents chromosomes sont associésà cette pathologie. Portant sur un grandnombre d’individus, cette étude a per-mis de mettre le projecteur sur une régiondu chromosome 11, jusque-là non asso-ciée à l’autisme. Elle a aussi mis en évi-
dence de petites anomalies situéessur le chromosome 2 avec, en parti-culier, la perte d’un gène codant pourla neurexine, une protéine connuepour son rôle dans les connexionsentre les neurones. Reste à identifierles gènes du chromosome 11 qui sontimpliqués dans la maladie et à relierplus finement les anomalies génétiquesaux diverses formes d’autisme… ■
Source : Nature Genetics, mars 2007
AUTISME
Du nouveau sur l’implication des gènes
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I l y a quinze ans, l’équipe dePhilippe Froguel (Institut Pasteurde Lille) dévoilait le rôle d’un gène
dans une forme particulière dediabète, dite Mody. À la suite d’unevaste étude menée en collaborationavec des chercheurs canadiens sur près de 7 000 Français, elle vientcette fois d’identifier des gènes en cause dans le diabète le pluscourant – celui de type 2, ou noninsulinodépendant qui touche plusde 150 millions de personnes dans le monde. Grâce à des puces à ADN,les chercheurs ont comparé leséchantillons de sang provenant dediabétiques et de non-diabétiques :ils ont ainsi repéré l’implication de
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L’équipe lyonnaise de PhilippeClézardin (unité Inserm 664) vientde montrer que l’injection quoti-dienne à faible dose de médica-ments appelés bisphosphonates,chez le rongeur, agit sur les cellulescancéreuses infiltrées dans l’os.Notons que ces bisphosphonates,connus pour combattre l’ostéopo-rose (dégradation excessive de l’osentraînant un risque de fracture),sont déjà utilisés chez des patientesatteintes d’un cancer du sein quis’est propagé à l’os, pour limiter lesrisques de fracture associés auxmétastases osseuses. Leur actionanticancéreuse avait toutefois étémise en évidence sur des cultures
de cellules : les bisphosphonatespoussent les cellules tumorales au«suicide», les empêchant de se fixerà la matrice osseuse et les privant del’apport d’oxygène des vaisseauxsanguins. Seul problème : les dosestrès élevées qui sont nécessairespour obtenir ces effets anticancé-reux entraînent de graves compli-cations rénales, ce qui interdit leurutilisation dans ce contexte chezl’homme. Pour savoir si des dosesmoins importantes pourraient aussis’opposer aux métastases osseuses,les chercheurs de l’Inserm ont donctesté différentes posologies chez lerongeur. Résultat : une administra-tion journalière à faible dose s’est
révélée suffisante pour réduire lataille des métastases osseuses de88 %. Il faut maintenant passer auxessais chez l’homme… ■
Source : Journal of National Cancer
Institute, février 2007
J usqu’alors, les prothèses utiliséespour remplacer des bras ou des jambes perdus étaient lentes,
maladroites et ne permettaient qu’unseul mouvement à la fois. Mais àl’Institut de réhabilitation de Chicago,des chirurgiens ont mis au point
une prothèse révolutionnaire : ellepermet à Claudia Mitchell, une jeuneAméricaine amputée voici trois ans, de commander ses mouvements par la pensée et de bouger spontanémentson bras et son poignet artificiels. Pourarriver à un tel résultat, les chercheursont greffé les terminaisons nerveusesdu bras sectionné dans des musclesdu thorax. Et ce sont ces nerfs qui, par l’intermédiaire d’électrodes colléesà la surface de la peau, transmettentles commandes du cerveau au brasbionique. Bientôt, ce bras devraitégalement permettre à la jeune femmede retrouver un certain sens du toucher, via le détournement de nerfs sensitifs. Dans ce domaine de l’interface cerveau-machine, les recherches progressent donc très vite : la Fondation organisera en septembre prochain un colloque sur ce thème, afin de définir les voiesde recherche à encourager. ■
Source : The Lancet, février 2007
PROTHÈSES
Le premier bras «bionique»
CANCER DU SEIN
Agir doublement sur les métastases osseuses
Un jeune chercheur del’équipe de Philippe Clézardina reçu le soutien de laFondation en 2004 pour sestravaux sur les métastasesosseuses.
7 500 €
LE DON UT ILE
Le laboratoire Inserm U513,dirigé par le Dr Thomas Bourgeron,a reçu deux aides de la Fondation,en 2005 et 2006, pour ses travaux sur l’autisme.
33600 €
LE DON UT ILE
Un diabète pas seulementhéréditaire Si l’hérédité joue un rôle dans la survenue du diabète de type 2, le surpoids est aussi un facteurdéterminant. Et de fait, comme lerappellent des chercheurs britanniquessuite à l’analyse d’une vingtained’essais cliniques, l’hygiène de vie est aussi efficace que lesmédicaments pour prévenir l’apparition de ce diabète : uneréduction du surpoids par unealimentation équilibrée, combinée àdes exercices physiques réguliers,réduit le risque de moitié.Source : BMJ, janvier 2007Puce à ADN : test permettant de déceler
dans un échantillon biologique laprésence d’une séquence d’ADN donnée.
Le lymphome folliculairebientôt détectable au tout début de la maladieS’attaquant au systèmelymphatique, le lymphomefolliculaire est une tumeur qui secaractérise par un échange d’ADNentre les chromosomes 14 et 18des cellules malignes. On peutdétecter des cellules porteuses d’untel réarrangement dans le sang depersonnes en bonne santé. Or, lestravaux récents d’une équipe del’Inserm montrent que l’existence etl’évolution de ces cellules pourraientconstituer un marqueur précoce de ce lymphome.Source : Journal of Experimental
Medicine, octobre 2006
Système lymphatique : ensemble des ganglions et vaisseaux qui véhiculent la lymphe. Il transporte, entre autres, des anticorps et des globules blancs.
Ce bras bionique est directement reliéaux muscles du thorax de la jeunefemme. En pensant à un geste, ellecommande ses muscles qui déclenchentalors l’action de la prothèse. Unepremière mondiale !
Marqueur génétique : séquence d’ADNparticulière sur un chromosome, qui seretrouve d’un malade à l’autre.
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Les chercheurs tentent de trouver le moyen de stopper la progression de la fibrose et la survenue d’une cirrhose. Leurs espoirs reposent sur le rimonabant, un médicamentdestiné au traitement de l’obésité, mais qui pourrait trouver ici une nouvelle application.
EN DIRECTLA RECHERCHE EN DIRECTLA RECHERCHE
RECHERCHE & SANTÉ l page 6 l N°111 • 3e trimestre 2007 RECHERCHE & SANTÉ l page 7 l N°111 • 3e trimestre 2007
Quelle est votre stratégie derecherche ?Depuis une dizaine d’années, nousétudions les mécanismes déterminantl’apparition d’une cirrhose au coursdes maladies chroniques du foie.Notre objectif est de trouver destraitements susceptibles de prévenirla progression de la fibrose et la survenue d’une cirrhose. Notrerecherche associe des études chez lespatients et des travaux chez l’animalou sur des cellules en culture. Notreéquipe regroupe des médecins et deschercheurs qui travaillent en étroitecollaboration, ce qui fait notre force.
Qu’avez-vous d’ores et déjà mis en évidence ?Nous nous intéressons auxendocannabinoïdes, des molécules
qui sont produites naturellement parl’organisme. Elles sont apparentées à celles que l’on trouve dans le cannabis et se lient à la même cibleà la surface des cellules hépatiques. La production de cesendocannabinoïdes et de leurs ciblesest augmentée au cours de la cirrhose.Le Pr Ariane Mallat, qui travaille dans notre équipe et dirige l’unitéd’hépatologie de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, a montré que chezles patients atteints d’hépatite C,l’usage quotidien de cannabis accélèrel’évolution vers la cirrhose. De là nous est venue l’idée que le faitd’empêcher les endocannabinoïdes de se fixer sur leurs cibles pourraitfreiner, voire interrompre la progression de la fibrose associéeaux maladies chroniques du foie.
Nous avons confirmé cette hypothèsechez la souris, à l’aide du rimonabant,un nouveau médicament préconisépour le traitement de l’obésité et de ses complications (commercialisésous le nom de marque Acomplia®).
Quelles pourraient être lesapplications de vos travaux ?Pour l’instant, il convient d’êtreprudent. L’efficacité du rimonabantn’est actuellement démontrée chez l’homme que dans l’obésité et ses complications. Aucune étude n’a encore été menée concernant le traitement de la fibrose ou de la cirrhose. Cette approchethérapeutique représente un espoir,mais la démonstration de sonefficacité demandera plusieursannées. ■
INTERVIEWSouvent associée à l’abusd’alcool, « la cirrhose est
en réalité la complication
de toutes les maladies
chroniques qui peuvent
affecter le foie, quelle que soit leur
c a u s e » , r e c t i f i e l e D r S o p h i eLotersztajn, qui mène des travaux derecherche sur cette affection àl’Inserm, à l’hôpital Henri-Mondor deCréteil (Val-de-Marne).En France, l’abus d’alcool reste cepen-dant la première cause d’apparitiond’une cirrhose, suivie par l’hépatite Cchronique. Mais il en existe de nom-breuses autres. Toutefois, les méca-nismes conduisant à la cirrhose sontsuperposables, quelle que soit l’originede la maladie hépatique. L’agression prolongée du foie provoquel’apparition et la progression de cica-trices fibreuses qui, au stade decirrhose, désorganisent l’architecturede cet organe et perturbent le fonc-tionnement des cellules hépatiques. I l en résulte des complicat ionsredoutables.
DES CONSÉQUENCES SÉVÈRESLa cirrhose est en effet à l’origined’hémorragies digestives, d’ascite (unépanchement liquidien dans la cavitéabdominale), d’infections sévères,voire de troubles de la conscience etd’insuffisance rénale responsables, àl’heure actuelle, de 15 000 décès paran dans l’Hexagone. À ces complica-tions s’ajoute le risque de survenued’un cancer du foie après dix àvingt ans d’évolution de la cirrhose.
OBJECTIF : BLOQUER LA FIBROSEIl est donc particulièrement importantde prévenir l’affection. « La préven-
tion de la cirrhose fait avant tout
appel à la suppression de la cause
de la maladie chronique du foie, par
exemple l’arrêt de l’alcool ou le
recours à des traitements antiviraux
au cours des hépatites chroniques
virales », recommande le Dr SophieLotersztajn. Mais cette stratégie n’estpas toujours efficace. C’est pourquoi leschercheurs tentent de « développer
des molécules qui bloquent la pro-
En France, le nombre de décès liés aux cirrhosesavoisine 15 000 par an. Ce processus de dégradation du foie est provoqué par de nombreuses maladies chroniques et pas seulement par l’abus d’alcool.
Dr Sophie Lotersztajn,directrice d’une équipe de recherche du laboratoire Inserm Remodelage tissulaire et fibrosesL’équipe de Sophie Lotersztajn
a reçu le label « Équipe FRM » en 2006. Cette somme financera ses travaux, très originaux et auxretombées cliniques importantes,durant trois ans.
300000 €
LE DON UT ILE
La force du laboratoire de Sophie Lotersztajn,c’est l’étroite collaboration entre médecins etchercheurs.
le point sur…LA CIRRHOSE
Intervenir avant que la maladiene soit fatale
Dr Sophie Lotersztajn, unité Inserm 581, hôpital Henri-Mondor de Créteil.
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gression de la fibrose, voire la font
régresser », poursuit la spécialiste. À la recherche de traitements antifi-brosants, les scientifiques s’intéressentnotamment aux cellules responsablesde la fabrication des composants de lafibrose : les myofibroblastes. « Une
des stratégies consiste à cibler ces
cellules pour les empêcher de se
multiplier et/ou de produire les
constituants de la fibrose », expliquele Dr Lotersztajn. Chez l’animal, destraitements antifibrosants ont déjàmontré un certain potentiel. Mais chezl’homme, on ne dispose pas encore de molécule dont l’efficacité ait étébien établie. ■
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Des malades en quête de vérités…Ce qu’ils veulent ? Qu’on les reconnaisse, qu’on cesse de dire que « tout est dansleur tête ». Car actuellement, les patients atteints de fibromyalgie ne bénéficientd’un arrêt de maladie longue durée que si une dépression est diagnostiquée.« Très motivés et parfois revendicatifs, contrairement aux patients dépressifs, ils sont en quête d’explications et de traitements », souligne le Dr Grégoire Cozon,de l’hôpital de la Croix-Rousse (Lyon), président du conseil scientifique del’Association française du syndrome de fatigue chronique et de fibromyalgie. Se désespérant du manque de formation des médecins et des disparités deprise en charge qui en découlent, les malades demandent davantage de moyenspour la recherche afin que leur sort s’améliore.
O n a d i t q u e c ’ é t a i t u n e
maladie imaginaire. Nous
soutenons au contraire que ce
syndrome a une réalité clinique. »
Co-auteur du récent rapport sur lafibromyalgie de l’Académie de méde-cine, le Pr Charles-Joël Menkès, ancienchef de service à l’hôpital Cochin(Paris), sait que ces conclusions vontapporter du baume au cœur desmalades. Qu’y apprend-on ? D’abordque la fibromyalgie, qui touche sur-tout des femmes de 30 à 50 ans, secaractérise par des douleurs diffuses,une fatigue chronique et des troublesdu sommeil. Ensuite, qu’elle ne se tra-duit par aucune anomalie biologique,et que, mises à part les douleurs, sessymptômes ne sont pas constants.Enfin, qu’on ne peut la définir commeune maladie psychique, bien qu’ellepuisse être liée à des symptômesdépressifs, anxieux ou à un état destress post-traumatique. De fait, les mécanismes physiopatho-logiques responsables de ce syndromerestent mystérieux. Ces dernièresannées, les progrès de l’imagerie céré-brale ont cependant conforté l’idéed’une plus grande sensibilité à la dou-leur : « Quand on pince pareillement
un patient atteint de fibromyalgie
et un témoin, on voit que chez le pre-
mier, il y a bien plus de régions céré-
brales activées », rapporte le Pr Men-kès. D’autres études laissent supposerun déficit des mécanismes inhibiteursde la douleur, et l’on a constaté que,dans le liquide baignant le cerveau desmalades, le taux d’un messager chi-mique appelé sérotonine est diminué.Cela permet aussi bien d’expliquer laplus grande sensibilité à la douleur queles problèmes de sommeil, la dépres-sion et d’autres troubles liés à la fibro-
FIBROMYALGIE
Une maladie mieux connue,des patients reconnus
myalgie, tout en ouvrant la voie à denouvelles pistes de traitement.Au-delà des classiques antidépres-seurs tricycliques (amitriptyline), effi-caces à faible dose pour soulager ladouleur, on s’oriente ainsi vers de nou-velles substances, des dérivés du Prozacagissant sur plusieurs messagers chi-miques (sérotonine, norépinéphrine).
«
Jusqu’ici, la souffrance des personnes atteintes de fibromyalgie avait du mal à trouver uneécoute et des traitements adéquats. Désormais, leur maladie est reconnue officiellementpar l’Académie de médecine. Un grand pas en avant vers une prise en charge adaptée.
Les chercheurs avaient beau collerl’œil au microscope, certains phé-nomènes restaient difficiles à com-prendre ; il manquait la dimensiontemporelle. La voici intégrée, grâceaux travaux de chercheurs de l’Insti-tut Curie. Ils ont perfectionné un vidéo-microscope désormais capable deprendre jusqu’à 15 clichés parseconde tout en se déplaçant dans levolume de l’échantillon à observer.Une fois ces images mises bout àbout, on obtient un effet travelling entrois dimensions, des conditions idéa-les pour suivre les mouvements à l’in-térieur d’une cellule.Frédéric Saudou et son équipe« Signalisation intracellulaire et mortneuronale », également à l’InstitutCurie, ont très vite su tirer parti de cetteinnovation, au profit de leurs recher-ches sur la maladie de Huntington.Cette affection génétique rare toucheenviron une personne sur dix mille.Le plus souvent, elle ne se manifestequ’à l’âge adulte. Surviennent alorsdes symptômes psychiques – anxiété,dépression, agressivité –, auxquelss’ajoutent des troubles moteurs –mouvements involontaires, dits
choréiques, qui donnent à cette mala-die son autre appellation, la chorée deHuntington. Des médicaments permet-tent de contenir certaines manifestations,mais ils ne parviennent pas à enrayerl’évolution de la maladie…On savait déjà que la maladie était liéeà la mort de neurones dans certainesrégions du cerveau (striatum et cortex). Onconnaissait aussi la protéine anormalechez les malades, qui porte d’ailleurs lenom de huntingtine. On savait enfin qu’uneautre molécule, nécessaire à la survie desneurones, le BDNF (brain-derived neuro-trophic factor), était présente en moinsgrande quantité dans le striatum desmalades. Restait à faire le lien entre toutcela. Les chercheurs ont émis l’hypothèseque la huntingtine anormale entravait letransport du BDNF vers le striatum. Maisles observations au microscope classiquene permettaient pas de le confirmer. C’estchose faite grâce à la vidéomicroscopie.Sur des neurones de souris atteintes de lamaladie, on a observé que la huntingtinemalade ralentissait de 40 à 50 % la vitesse
de transport du BDNF. Ce qui, à longterme, engendre la mort des neurones,par manque de BDNF. Grâce à cettedécouverte, l’équipe de Frédéric Sau-dou est sur la piste d’un traitement. Eneffet, on connaît un médicament déjàutilisé contre une maladie du rein et quia le pouvoir d’augmenter la productionde BDNF, ce qui, faute d’accélérer sontransport, permet de combler son défi-cit. Il a fait ses preuves dans le traite-ment de la maladie de Huntington chezla souris, et le lancement d’un essai cli-nique chez l’homme a été validé parle ministère de la Santé. ■
MALADIE DE HUNTINGTON
La microscopie se met en mouvement, la recherche s’accélère
VOSDONS
en action
Le laboratoire de Frédéric Saudoureçoit une aide de la Fondation pourla Recherche Médicale à hauteurde 10000 € par an depuis septans, grâce à un soutien régulier dela Fondation BNP Paribas.
70000 €
LE DON UT ILE
Douloureuse et invalidante, la fibromyalgie est longtemps restée mal expliquée. Mais, comme le rapporte l’Académie de médecine, l’imagerie cérébrale a permis de progresser dans la compréhension de ce syndrome.
Mais, comme le souligne le Pr Menkès :« En pratique, chaque cas est diffé-
rent, et il faut aussi s’appuyer sur la
psychothérapie et les traitements
non médicamenteux. » ■
Source : Rapport sur la fibromyalgie d’un
groupe de travail de l’Académie nationale
de médecine, coordonné par Charles-Joël
Menkès et Pierre Godeau, janvier 2007.
Grâce à la vidéomicroscopie, les images en mouvement remplacent les images figées.Cette technique a notamment permis de percer certains mystères d’une graveaffection, la maladie de Huntington.
FRÉDÉRIC SAUDOUCHEF DE L’ÉQUIPE « SIGNALISATIONINTRACELLULAIRE ET MORTNEURONALE », À L'INSTITUT CURIE.
Dans cette cellule neuronale normale, la huntingtine, en rouge, est localisée aux mêmesendroits que le BDNF (brain-derived neurotrophic factor), en vert, le long des rails de microtubules qui guident son transport.
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le réseau de consultations mémoire, maisaussi dynamiser la recherche.
F. P. : En France, contrairement à d’au-tres pays européens ou aux États-Unis,il n’y a pas de réelle prise de consciencedes enjeux de recherche. Pour l’instant,les médicaments dont nous disposonsn’empêchent pas la maladie d’évoluer,même s’ils permettent de gagner dutemps sur la perte d’autonomie. Pourtrouver des traitements encore plus effi-caces, il faudrait mobiliser des moyens.Tout est en place mais l’impulsion poli-tique manque.
S. C. : En matière de recherche, la socio-logie peut aussi beaucoup apporter, sur la question des relations entre lespersonnes, par exemple, ou sur les inégalités sociales de prise en charge,ainsi que sur les traitements non médi-camenteux. Nous manquons d’étudespertinentes afin d’évaluer ce qui est proposé.
Ne serons-nous pas amenés à changer le regard que nous portons sur cette maladie et sur les malades ?J.-F. D. : Les premiers à devoir chan-ger sont les médecins eux-mêmes. Ils
ont souvent une très mauvaise imagede la maladie d’Alzheimer, car ils ne sesentent pas valorisés dans cette ma-ladie compliquée qui interrompt la rela-tion habituelle du médecin avec sonpatient. Il faudrait imaginer un dis-
ease manager [littéralement : « ges-tionnaire de la maladie »], une sorted’infirmière coordinatrice qui soutien-drait le malade, le médecin et l’entou-rage.
F. P. : C’est terriblela façon dont lesfamilles s’isolentavec cette maladie.Elles ressententcomme de la honte.Il faut du temps
pour faire accepter l’image de quelqu’unqui n’est plus en pleine possession de sesmoyens. Je vais essayer d’intervenir dansles écoles, car ce sont les enfants quichangent la société. Dans nos centres experts, nous parti-cipons aussi à changer ce regard. Nousrecevons des patients au tout début deleur maladie à qui nous annonçons pro-gressivement le diagnostic. Nous lesaccompagnons dans leur parcours, lesrassurons et nous essayons d’éviter lessituations de crise.
CROISÉSENTRETIENS
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S. C. : Pour chan-ger l’image de lamaladie d’Alzhei-mer, il faut donnerla parole auxmalades. Le diag-nostic étant posé de
plus en plus tôt, ils sont en mesure de s’exprimer. Il faut montrer commentils se débrouillent assez longtemps avec leur maladie, en famille. Nous sommes dans une culture dans laquellela valeur accordée à l’esprit domine trop.Pourtant, même quand le cerveau nefonctionne plus correctement, l’huma-nité subsiste. Nous l’oublions trop souvent. ■
1. Rapport sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées, par Cécile Gallez, députée.www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/rap-off/i2454.pdf.
CROISÉSENTRETIENS
Où en sommes-nous, aujourd’hui,de la prise en charge médico-sociale de la maladie d’Alzheimer ?Le plan Alzheimer a-t-il porté ses fruits ?Pr Jean-François Dartigues : En fait,deux plans Alzheimer se sont succédé,de 2001 à 2004, puis de 2004 à 2007, cequi témoigne d’une continuité de l’actiongouvernementale malgré le changementde majorité. Les objectifs du plan étaientmultiples. Tout d’abord, il fallait déve-lopper des centres mémoire de res-sources et de recherche. Ils sont actuel-lement au nombre de vingt-cinq. Nousdisposons également de plus de400 consultations mémoire de proxi-mité, qui couvrent toutes les régions.Donc au niveau sanitaire, le plan a portéses fruits. Sur le plan médico-social, la création denouveaux lits en établissements pourpersonnes âgées dépendantes (Epad)ne couvre pas les besoins de la popula-tion. De plus, le coût de la mise en placede l’allocation personnalisée d’autonomie(APA) n’a pas été suffisamment anticipéau niveau des Conseils généraux. C’estpourquoi dans les recommandations durapport sur la maladie d’Alzheimer1, nousavançons l’idée d’une assurance dépen-dance qui serait payée par la solidarité
nationale ou prise de manière indivi-duelle.
Pr Florence Pasquier : La prise encharge médico-sociale de la maladie d’Al-zheimer a beaucoup progressé en dixans, même si on manque encore d’ac-cueils. Les accueils de jour, comme leshébergements temporaires, sont de trèsbonnes solutions pour le maintien à domicile. Il faut savoir que la maladied’Alzheimer a un retentissement énormesur l’entourage. Grâce à ces structures,le conjoint ou la famille peuvent souffler.En revanche, une frange de la popula-tion fait le choix de ne pas recourir à l’hé-bergement de longue durée, parce quecela revient très cher.
Serge Clément : Le travail d’accompa-gnement est réalisé à 80 % par la famille.Les familles ne se désengagent pas, tou-tes les enquêtes le montrent. Mais lessolutions de répit pour les aidants – lesnon professionnels qui accompagnentle malade – ne remplissent qu’en partieles besoins. Des initiatives existentcomme le « baluchonnage », importé du Québec : dans ce dispositif, au lieu d’amener la personne à l’extérieur, unaidant externe « apporte son baluchon »et s’installe dans le domicile pendant
24 heures en présence des aidants fami-liaux, puis reste en l’absence de ces der-niers. Ces initiatives doivent être finan-cées. Le maintien à domicile le pluslongtemps possible est une bonne déci-sion, mais il ne faut pas que les aidantsfamiliaux s’épuisent.
Dans l’avenir, notre société pourra-t-elle supporter le coût de prise encharge de cette maladie? Et quellesdevront être les priorités?
J.-F. D. : Aujour-d’hui, le coût annuelde la maladie d’Al-zheimer est de10 milliards d’euros.Un peu moins de la moitié est à la
charge des familles. Actuellement,850 000 personnes sont atteintes de lamaladie d’Alzheimer. Or, du fait duvieillissement de la population, on estimeque cette maladie touchera 1200000 per-sonnes en 2020. Après le cancer et lesida, la maladie d’Alzheimer est un troi-sième défi. Nous avons 10 ans pour lerelever.Il est difficile de hiérarchiser les priori-tés. Il faut favoriser la prévention (enévitant d’altérer le cerveau, notammentpar l’hypertension artérielle), conforter
La maladie d’Alzheimer,question de santé publique et défi de société
Proposer demain un accompagnement digne et de qualité aux personnes, de plus en plus nombreuses, atteintes de la maladie d’Alzheimer : c’est l’enjeu que devra relever notre société. En prend-elle la mesure ? Trois personnalités du monde médical et de la recherche échangent leurs points de vue.
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PR FLORENCE PASQUIER,CHEF DU SERVICE «NEUROLOGIE ETCENTRE MÉMOIRE DE RESSOURCES ET DERECHERCHE » AU CHRU DE LILLE.
PR JEAN-FRANÇOIS DARTIGUES,ÉPIDÉMIOLOGISTE, DIRECTEUR DERECHERCHE À BORDEAUX (ISPED, INSERM).
SERGE CLÉMENT,SOCIOLOGUE ET CHERCHEUR AU CNRS-UNIVERSITÉ DE TOULOUSE-LE MIRAIL..
DR DR
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PARCOURS DE CHERCHEUR
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L ’homme donne l’impression depréférer la discrétion et l’intimitédes laboratoires. Pourtant, grâce
à sa fonction de directeur du Géno-scope – le Centre national de séquen-çage –, Jean Weissenbach a souventtravaillé sous le feu des projecteurs.Ce pharmacien de formation confesseégalement une passion pour la recher-che fondamentale. « Au départ, je
me suis intéressé aux mécanismes
fondamentaux plus qu’aux patho-
logies. » Pourtant, il a mené des tra-vaux de recherche sur la génétique et le génome humain qui préfigurentla médecine de demain. « Ce sont
des outils qui doivent nous amener
vers la médecine moléculaire, une
médecine qui permettra l’identifi-
cation des facteurs moléculaires
responsables des pathologies. » JeanWeissenbach vient de recevoir legrand prix de la Fondation pour laRecherche Médicale 2007, qui saluece parcours exceptionnel. « C’est une
grande satisfaction, car c’est une
façon de me dire que le travail que
j’ai effectué a été reconnu. »
Comment lui est venue l’envie dedevenir chercheur? Jean Weissenbachne sait que répondre, tellement larecherche scientifique est pour lui une évidence. « Dès le début de mes
études supérieures, je n’ai jamais
pensé à faire autre chose parce que
c’est un monde à découvrir, avec
tellement de questions plus pas-
sionnantes les unes que les autres. »
À 61 ans, il aura consacré plus de lamoitié de sa vie à cette passion. Débutant par la chimie, il glisseensuite vers la biochimie, puis la biologie, et plus particulièrement lagénétique humaine moléculaire – audébut des années 1980, cette disci-pline est encore une terre vierge àdéfricher. « C’est à ce moment-là
qu’ont été découverts les premiers
gènes responsables de maladies
génétiques, comme la myopathie de
JEAN WEISSENBACH, GRAND PRIX 2007 DE LA FONDATION POUR LA RECHERCHE MÉDICALE
L’un des grands nomsde la génétique humaine
ISA
BELL
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Duchenne ou le rétinoblastome.
C’était à chaque fois une aventure
de trouver un gène ! »
L’ARTISAN DE LA CARTE GÉNÉTIQUEDe 1990 à 1995, Jean Weissenbachcoordonne un programme d’enver-gure : l’établissement de la carte génétique humaine. « La carte géné-
tique, c’est ce qui permet, au moyen
d’études familiales, de suivre la
transmission de gènes. On peut
ainsi savoir si un individu va
transmettre le gène qui lui vient
de sa mère ou celui de son père.
La première conséquence de la
carte génétique aura été de décou-
vrir les gènes de nombreuses ma-
ladies monogéniques [maladiesgénétiques dues à un seul gène,NDLR]. » Le chercheur français mènela course dans ce domaine, au granddam des Américains. C’est en 1996que, fort de ce succès, ce directeur derecherche du CNRS prend la directiondu Génoscope. Un fauteuil qui lui siedtoujours aussi bien. ■
Sa carrière se confond avec les grandes avancées de la biologie moléculaire. À la clé : des résultats fondamentaux pour comprendre comment se transmettent les maladies génétiques héréditaires.
Jean Weissenbach, dans les laboratoires du Génoscope, à Évry : une véritable usineà multiplier, séquencer, décrypter et« cuisiner » les gènes.
Le grand prix de la Fondation pour la Recherche Médicale viendra soutenirles travaux de ce brillant chercheurdans le domaine de la génétiquehumaine.
45000 €
LE DON UT ILE
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LEUCÉMIESDOSSIER
Pr FrançoisSigaux,directeur de l’Institutuniversitaired’hématologie,CHU Saint-Louis(Paris).
Dossier parrainé
par…
Plutôt connues pour toucher les enfants, les leucémies – ou cancers des cellules sanguines – n’épargnent pourtant pas les adultes, surtout après 60 ans. Des malades face auxquels la médecine se trouve encore souvent désemparée. Les traitements s’avèrent en effet difficiles à supporter pour des personnes déjà fragiles. Si la «minigreffe» de moelle osseusecommence à se pratiquer avec succès, on mise aussi sur denouvelles approches médicamenteuses «allégées» et efficaces…
15I Recherche : Lesvoies prometteuses de l’épigénétique18I Nouveauxmédicaments :comment suivrel’envolée des coûts ?Point de vue de Franck Amalric (Inca)19I Greffe : Le sang decordon supplantera-t-il la moelle osseuse ?
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ENFIN, LA RECHERCHE PROGRESSE
LEUCÉMIES DES SENIORS :LEUCÉMIES DES SENIORS :
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benzène (par exemple présent dans l’essence sansplomb) ou les pesticides. « Mais dans la majorité
des cas, aucune cause de survenue précise n’est
identifiée, si ce n’est celles déjà connues pour
d’autres cancers, et au premier plan, le tabac… »,précise Claude Preudhomme, chef de service dulaboratoire d’hématologie au CHRU de Lille.
Deux formes de leucémie très proches sur-viennent chez l’adulte : les syndromesmyélodysplasiques (SMD), ou myélo-dysplasies, et la leucémie aiguë myéloïde(LAM). Chaque année, en France, on
compte pour les premiers environ 2500 nouveauxcas, le plus souvent des hommes entre 65 et 70 ans.Le nombre est un peu plus élevé pour la LAM, avecprès de 3000 personnes, dont la moitié a plus de63 ans, car l’incidence de ces maladies est croissanteavec l’âge. Il faut savoir que ces maladies altèrent cer-tains précurseurs decellules sanguines qui setrouvent dans la moelleosseuse : les myéloblastes, à l’origine des granulo-cytes (une des grandes familles de globules blancs).Bloqués à un stade précoce de leur évolution, cesmyéloblastes se mettent à proliférer dans le sang etdans la moelle osseuse. 10 à 15 % des myélodyspla-sies et des LAM sont liés à des facteurs de risqueconnus : une chimiothérapie et/ou une radiothéra-pie antérieure, une exposition à des toxiques tels le
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Chaque année, en France, oncompte près de 3000 nouveaux casde leucémie aiguë myéloïde.
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ET
Une maladie en entraîne une autreOn sait qu’environ une personne atteinte de SMD surtrois va développer ultérieurement une LAM. Voilàpourquoi les experts parlent de continuum entre lesdeux pathologies. L’une comme l’autre se caractéri-sent par un excès médullaire (dans la moelle osseuse)de myéloblastes anormaux « compris entre 5 et
20 % dans les SMD, tandis qu’un chiffre supé-
rieur signale la survenue d’une LAM, souligne lePr Pierre Fenaux, président du Groupe francophonedes myélodysplasies à l’hôpital Avicenne, à Bobigny.La phase de transition peut durer de quelques mois
à quelques années, sachant que tous
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LEUCÉMIESDOSSIERLEUCÉMIESDOSSIER
À l’origine d’une leucémie aiguëmyéloïde (LAM), on trouve bien souvent des désordres detype épigénétique : il ne s’agitpas de défauts dans la structuremême d’un gène, mais plutôtd’une détérioration de sonenvironnement, qui empêche le gène de fonctionnercorrectement. « Depuis quelques
années, deux approches
thérapeutiques sont testées en
épigénétique : les agents
déméthylants et les inhibiteurs
d’histone désacétylase (HDAC) »,explique le Dr EmmanuelRaffoux, hématologue àl’hôpital Saint-Louis à Paris.Lors d’un essai clinique dephase II sur 20 patients âgés,son équipe a observé qu’unecombinaison de ces deuxapproches permettait d’observer83 % de rémission. Ces résultatssont suffisamment intéressantspour qu’on veuille désormaiscomparer l’usage de cesmolécules à la chimiothérapieclassique, que des malades âgésne sont pas toujours capablesde supporter. En effet, cestraitements épigénétiques ontun avantage de taille : pris parvoie orale ou injectés en sous-
cutané, ils peuvent facilementêtre administrés par lesmédecins de ville. D’autre part,« utilisés seuls, les agents
déméthylants permettent aussi
d’observer une amélioration
chez 40 à 50 % des patients
âgés atteints d’un syndrome
myélodysplasique (SMD) »,poursuit-il. En parallèle, de nombreuses équipes de recherche travaillent à la mise au point de nouvelleschimiothérapies, plus ciblées et donc aux effets secondairesmoins importants. Des inhibiteurs de la farnésyl-transférase sont actuellementtestés en essais cliniques de phases II et III, notammentpar une équipe de l’hôpitalÉdouard-Herriot de Lyon. Ils permettent de refréner la prolifération des cellulestumorales dans la moelleosseuse. « Les résultats sont
modestes mais intéressants
tout de même, juge le Dr Raffoux.Toutes ces approches seront
certainement utilisées en
combinaison pour traiter au
mieux chaque type de leucémie
en fonction de l’état général
d’un malade. »
RechercheLes voies prometteuses de l’épigénétique
Commercialisé depuis 2001 sous lenom de Glivec®, l’imatinib a radica-lement changé la prise en charge desleucémies myéloïdes chroniques (LMC),au point qu’il a progressivement rem-placé la greffe de moelle osseuse enpremière intention. « Ce médicaments’adresse aux patients atteints deleucémie et porteurs d’une mutationgénétique acquise, le chromosomePhiladelphie (cf. p.17), explique leDr Hervé Dombret, hématologue àl’hôpital Saint-Louis à Paris. Il s’agitd’une translocation chromosomiquefusionnant deux gènes situés norma-
lement sur des chromosomes diffé-rents et produisant une protéine appe-lée BCR-ABL. Les cellules qui produi-sent cette protéine se multiplient defaçon accélérée et sont à l’origine dela leucémie. » En bloquant la protéineBCR-ABL, l’imatinib limite le phéno-mène et permet de traiter les LMC. Ilest ainsi de plus en plus rare qu’uneLMC se transforme en leucémie aiguë.Comme l’anomalie génétique, unefois apparue, est définitive, le traite-ment doit être pris à vie, mais danscertains cas, « des cellules résistant àl’imatinib apparaissent. C’est pour-
quoi, aujourd’hui, les chercheurs s’ap-pliquent à mettre au point des inhibi-teurs de deuxième génération, commele dasatinib, pour cibler ces cellulesrésistantes. Il s’agit aussi de trouver destraitements complémentaires à l’ima-tinib afin de pouvoir détruire com-plètement toutes les cellules maladeset d’éviter ainsi aux patients de pren-dre des traitements jusqu’à la fin deleur vie », ajoute le Dr Dombret.
MÉDICAMENT
Le Glivec® révolutionne le traitement des leucémies
Translocation chromosomique :échange d’un fragment dechromosome avec un fragment d’un autre chromosome.
Un traitement par chimiothérapie intensif permet une rémission complète chez 60 % des malades de plus de 60 ans.
Les leucémies de la personne âgée sont parfois la conséquence d’une exposition à des produits polluants,comme le benzène, utilisé dans l’imprimerie.
(suite page 18)
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La genèse des cellules sanguines,au cœur de l’os
C’est dans la moelle osseuse que sont produites les cellules souches qui donnent naissance aux globules blancs,globules rouges et aux plaquettes. Mais c’est aussi là, lors de la maturation des cellules souches, que surviennentparfois des altérations génétiques à l’origine de leucémies.
GlobulesrougesIls transportent l’oxygène et le dioxyde de carbone dans notre sang grâce à un pigment rouge appelé hémoglobine.
PlaquettesCes éléments jouent un rôleessentiel dans la coagulation et la protection des parois des vaisseaux sanguins.
MacrophagesIls collaborent avec les lymphocytes T pour détruire les microbes mais aussi les cellulesusées de notre corps.
Les cellules souches de la moelle osseuse sontcapables de générer les différentes cellules dusang. À chaque division,elles se spécialisent un peu plus. Ainsiapparaissent d’abord des progéniteurs quiproduiront ensuite la lignéelymphoïde à l’origine deslymphocytes ou la lignéemyéloïde à l’origine desautres cellules du sang.
Le chromosomePhiladelphieDécouvert par des chercheurs de la ville du même nom, le chromosomePhiladelphie est à l’origine de plus de 90% des leucémies myéloïdeschroniques (LMC) et de 15% desleucémies lymphoïdes aigues. Il s’agitd'un chromosome 22 qui présente unbras plus court que la normale parcequ’il a échangé un fragment avec un chromosome 9 : on appelle ça une translocation t(9;22). Du coup, sur le chromosome 22, se retrouventcôte à côte deux gènes, ABL et BCR, qui vont conduire à la production d’uneprotéine qui n’existe pas à l’état normalet qui va agir comme un signal deprolifération au sein de la cellulesouche. Celle-ci va alors se multiplier de façon anarchique.
Neutrophiles
Chromosome 9normal
Les leucémies myéloïdes aiguës(LAM)
illus
tratio
n : S
ylvi
e D
esse
rt
LEUCÉMIESDOSSIERLEUCÉMIESDOSSIER
Eosinophiles
Basophiles
Monocyte
Progéniteur
Cellule souchetotipotente
Coupe de l’os
GranulocytesCe sont des globulesblancs capables deneutraliser et dedétruiredes particules degrande taille ou des microbes.Ils sont de troistypes : basophiles,éosinophiles etneutrophiles.
Mastocytes TRegroupés autour des petitsvaisseaux sanguins, ils sontimpliqués dans la réactionimmédiate à un agentallergisant comme un veninpar exemple.
Lymphocytes Tresponsables de la réponse de type cellulaire.Ils interviennent directement dans la réactionimmunitaire contre les agents infectieux et lescellules anormales de l’organisme.
Lymphocytes Bils sont en charge de la réponse immunitaire de type humorale, c’est-à-dire de la fabrication d’anticorps spécifiques àchaque intrus (virus, toxines, allergènes…)
Moelle osseuse
Chromosome 22normal
Chromosome 22transloqué
Les leucémies
Les défauts génétiques acquis dans des cellules immatures de la lignéemyéloïde vont bloquer leur évolution en cellules sanguines matures. Ces cellules immatures envahissent la moelle et certains organes, et perturbent la production des autres lignées (globules rouges,
plaquettes et globules blancs).
La leucémie myéloïde chronique(LMC)
Elle est causée par une anomalie chromosomique appelée chromosomePhiladelphie (voir encadré). Cette altération génétique va conduire
à la prolifération excessive de l’ensemble des cellules de la moelle avec souvent un envahissement de la rate. Le risque
principal est l’évolution vers une leucémie aiguë.
Plus de 200 anomalies génétiques à l’origine des leucémies ont été décrites. Ce sont des anomalies acquises, c’est-à-dire non présentes à la naissance et non transmissibles à la descendance.
Ensemble des globules blancs
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La greffe de moelle osseuse estle traitement de référence pourbon nombre de leucémies. Maisle manque cruel de donneurs etles exigences de compatibilitéHLA (entre donneur et receveur)limitent son usage. Il existe uneautre source de cellules souchesdu sang : le cordon ombilical.Ses avantages sont nombreux :« Le sang de cordon est facileà obtenir, beaucoup plus sûr entermes de risques infectieux, lescellules sont immédiatementdisponibles et, comme elles sont immatures, il n’y a pas debesoin de compatibilité HLAavec le receveur », explique lePr Éliane Gluckman, de l’hôpitalSaint-Louis à Paris. Mais pour desraisons budgétaires, la France nedispose aujourd’hui que de5 000 greffons disponibles, alors qu’il en faudrait près de
50000 selon les estimations duPr Gluckman. Ils sont pour l’instantrépartis entre deux banques, àBordeaux et à Besançon. Commepour le sang, ces banques fonc-tionnent sur la base de donsanonymes et gratuits. Mais avecle développement rapide desconnaissances sur les cellulessouches, on voit fleurir à traversle monde des banques privéesqui proposent aux jeunes parentsde stocker le sang de cordon deleurs enfants afin de le réutiliserun jour pour les soigner. Il estaujourd’hui exclu de voir ouvriren France de telles banquesprivées. En revanche, le Pr Gluckmansalue l’initiative britannique dupatron de la firme Virgin, quisouhaite ouvrir une banque mi-publique, mi-privée. « Si legouvernement français nedébloque pas rapidement desbudgets, ce sera la seule façond’augmenter rapidement lenombre de greffons disponiblesen France », estime-t-elle.
GREFFE
Le sang de cordon supplantera-t-il la moelle osseuse?
les patients ne présentent pas le
même risque d’évolution. » Une des complicationsest indirecte : la moelle envahie par les myéloblastesanormaux ne fabrique plus assez de précurseurs nor-maux des cellules sanguines (globules rouges, gra-nulocytes et plaquettes). Ce déficit, appelé aplasie,peut se traduire par une anémie, des infections répé-tées et des hémorragies… Autant de signes d’alerteà prendre très au sérieux chez une personne âgée etqui doivent inciter à la prescription d’une prise de sangpour comptabiliser les différentes cellules sangui-nes. En cas d’anomalies, le diagnostic peut êtreconfirmé par un myélogramme : après aspiration d’un échantillon de moelle liquide, on recherche, aumicroscope, des altérations morphologiques sur lescellules souches à l’origine des globules sanguins.
Des anomalies au cœur des gènesDernière étape du diagnostic : la recherche d’anomalieschromosomiques et génétiques dans le sang et dansun échantillon de moelle osseuse pour aider à déci-
der du traitement. Non héréditaires et localisées dansles seules cellules malades, ces anomalies se retrouventdans la majorité des LAM. Il peut s’agir d’échanges defragments de chromosomes (translocations) ou demutations particulières (des gènes NPM ou AML1),qui signent un bon pronostic, contrairement aux casoù différentes anomalies sont détectées de façon asso-ciée (au moins trois). « Les techniques de biologie
moléculaire ont ici un double intérêt, préciseClaude Preudhomme, car elles permettent de confir-
mer certaines anomalies chromosomiques ou d’en
identifier d’autres, non visibles lorsqu’on analyse
l’ensemble des chromosomes d’une cellule. Et puis
elles aident au suivi après traitement : ces
anomalies étant présentes uniquement dans les
cellules malades, elles peuvent être utilisées comme
des marqueurs de la tumeur. »
Quid du traitement?Dans le cas d’un SMD de faible risque, la priorité estde prévenir ou de corriger l’anémie. Soit par trans-
fusions répétées, soit – c’est le cas de plus en plussouvent – à l’aide de médicaments comme l’éry-thropoiétine (la fameuse EPO), qui favorise laformation des globules rouges, empêchant la surve-nue de l’anémie et évitant les transfusions. Quant à la LAM, deux options thérapeutiques : la greffe de moelle allogénique (venant d’un don-neur compatible) et la chimiothérapie. « Mais au-delà
de 50-55 ans, et d’autant plus s’il existe des ma-
ladies associées, je pense qu’il faut éviter la greffe
allogénique conventionnelle car elle présente un
risque trop important de mortalité toxique »,explique le Pr Hervé Dombret, chef du service Héma-tologie de l’hôpital Saint-Louis, à Paris. La solution?Peut-être la « minigreffe », « mini » parce qu’on nedétruit pas totalement la moelle malade du patientavant la greffe : cette technique requiert ainsi une pré-paration chimiothérapeutique moins forte et moinstoxique. Comme le note Gérard Socié, chef du serviceHématologie-Greffes de moelle osseuse à l’hôpitalSaint-Louis, «30 à 40 % de patients supplémentaires
pourraient en bénéficier, notamment les sujets plus
âgés et ceux encore jeunes mais présentant des
maladies associées, donc plus fragiles ». À la condi-tion de trouver un donneur compatible, dans la famille(frère ou sœur) ou non (fichier de donneurs volon-taires ou fichier de sang de cordon et placentaire)…Une condition remplie dans seulement la moitié descas de patients de plus de 50 ans atteints de LAM.Pour les autres patients, le traitement repose essen-tiellement sur une chimiothérapie. Lorsqu’elle estintensive, on compte 60 % de rémissions complètespour l’ensemble des malades de plus de 60 ans. Resteà pouvoir supporter ce traitement, plus fort que leschimiothérapies habituellement utilisées pour lesautres types de cancer. Risques de toxicité, d’apla-sie induite et de réponse souvent amoindrie au trai-tement… « Comme le but est de tenter d’obtenir
tout de même une rémission complète chez les
patients non éligibles pour la greffe, on propose
souvent une chimiothérapie plus légère, à base
de cytarabine à faibles doses en traitement ambu-latoire », reprend Hervé Dombret.
De nouveaux médicaments à l’essaiUne bonne nouvelle : ces dernières années, on assisteà l’essor de la recherche pharmaceutique dans cedomaine, et à l’arrivée prometteuse de nouvellesapproches. L’une mise sur des drogues mieux tolé-rées, comme la clofarabine, prescrite seule et à faiblesdoses; l’autre, sur des molécules dites de modula-tion épigénétique, c’est-à-dire capables de modifierl’activité des gènes (voir encadré p. 15). « Dans
LEUCÉMIESDOSSIERLEUCÉMIESDOSSIER
HLA : le système HLA (human leukocyte antigen) est un ensemble de protéinesprésentes à la surface descellules, qui sont propres à chaque individu etpermettent au systèmeimmunitaire de distinguer le « soi » du « non-soi ». Pour que le risque de rejet soit minimal lors d’une greffed’organe, il faut que lessystèmes HLA du donneur et du receveur soient les plus proches possible.
Quelle charge financière représentent les moléculesinnovantes?En 2004, les hôpitaux ont utilisé pour près de 900 millionsd’euros de médicaments anticancéreux. Dans cette enve-loppe, les médicaments innovants, appelés molécules oné-reuses, représentent plus des deux tiers du total. Ce chiffrea augmenté de 41 % entre 2003 et 2004, alors que la pro-gression du coût de l’ensemble des médicaments utilisés àl’hôpital n’a été «que» de 9 % sur la même période. Cette aug-mentation s’est poursuivie en 2005 et en 2006. Cela signifiedonc que ces molécules innovantes représentent une part deplus en plus importante dans les dépenses des hôpitaux.
Comment les hôpitaux financent-ils ces dépenses?Auparavant, cela faisait partie de l’enveloppe globale de rem-boursement. Mais depuis 2004 et la réforme de la tarificationhospitalière, les molécules onéreuses ont été sorties de cetteenveloppe globale. Désormais, les hôpitaux sont remboursésà l’euro près pour ces médicaments-là, ils n’ont donc plusaucune entrave financière à les prescrire à leurs patients. Maisil faut garder en tête que ces molécules innovantes ne repré-sentent aujourd’hui que 4 à 5 % de la totalité des dépenses en
matière de lutte contre le cancer. Quand bien même cette partaugmente, elle reste minoritaire par rapport au coût de la chi-rurgie et des frais d’accueil hospitalier, il n’est donc pas ques-tion de remettre en cause son financement.
Vers quelle évolution se dirige-t-on?De nombreuses molécules sont actuellement en essais cliniqueset devraient bientôt arriver sur le marché, et augmenter ainsiles dépenses. Il va falloir être vigilant. Nous sommes actuelle-ment en train de réfléchir à la mise en place de règles de bonusage de ces molécules onéreuses. On sait aujourd’hui que20 à 30 % de ces molécules, en moyenne, sont prescrites endehors des indications pour lesquelles elles ont reçu une auto-risation de mise sur le marché. À l’avenir, seuls les hôpitauxqui respecteront les règles de bon usage de ces moléculesonéreuses seront remboursés. Bien sûr, ce système aura unecertaine souplesse afin de permettre aux chercheurs de tra-vailler sur de nouvelles utilisations de ces médicaments au fortpotentiel thérapeutique.
1. Le 10 avril dernier, l’Inca a publié un rapport intitulé « Analyse économiquedes coûts du cancer en France », sous la direction de Franck Amalric.
Nouveaux médicaments : comment suivre l’envolée des coûts ?
FRANCK AMALRIC, DIRECTEUR ADJOINT DU DÉPARTEMENT SCIENCES HUMAINES-ÉCONOMIE DU CANCER À L’INSTITUT NATIONAL DU CANCER (INCA)1.
POINT DE VUED
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Aplasie : appauvrissement de la moelle osseuse qui cesse de fabriquerles globules sanguins.Traitement ambulatoire : traitement reçu à l’hôpital, mais permettantun retour au domicile le jour même.
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(suite de la page 15)
La greffe de sang de cordonombilical peine à se développer en France, faute de budget pour financer les banques destockage des greffons.
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LEUCÉMIES DE LA PERSONNE ÂGÉEDIAGNOSTIQUER
LEUCÉMIES DELA PERSONNE ÂGÉEPRÉVENIR
LEUCÉMIES DE LA PERSONNE ÂGÉESOIGNER
VIE PRATIQUE VIE PRATIQUE
VIE PRATIQUEVIE PRATIQUE
Des précautions à prendre
Les signes qui doivent alerterLes symptômes des leucémies aiguës myéloïdes traduisentsouvent l’incapacité de la moelle osseuse à fabriquernormalement les globules du sang, du fait de la proliférationdes cellules leucémiques. Plusieurs signes doivent alerter etinciter à consulter son médecin traitant :
• Fatigue, pâleur, essoufflement… peuvent traduire uneanémie.
• Saignements, hématomes, hémorragies gingivales oucutanées, qui signalent une baisse des plaquettes.
• Infections, apparition de ganglions… dues à la chute dunombre de globules blancs.
• Le traitement de base est une chimiothérapie souventlourde, associant divers produits. Au-delà de 65 ans, environ,la chimiothérapie est plutôt administrée en doses faibles etespacées afin de réduire les effets secondaires, notammentle risque infectieux.
• Comportant trop de risques de complications, la greffeest rarement prescrite chez le sujet de plus de 70 ans. Enrevanche, certains spécialistes pratiquent au cas par cas la«minigreffe» : ne nécessitant pas de détruire toutes les cellulesmalades avant injection de la moelle du donneur, sonprétraitement est moins lourd.
• Après le traitement en hôpital, s’organiser avec la familleet le médecin traitant pour bénéficier d’aides médicalisées àdomicile ou d’auxiliaires de vie, si nécessaire.
• Respecter quelques consignes diététiques pour évitertoute infection d’origine alimentaire (lait cru, crudités mallavées, viande peu cuite sont interdits…).
• Si vous travaillez encore, et sans greffe, la reprise peuts’envisager après quelques mois. En cas de greffe, la périodede convalescence est plus longue.
• Ne pas hésiter à solliciter le soutien de l’entourage voired’un psycho-oncologue.
• Une simple analyse de sang peut révéler une baisse dunombre de cellules sanguines normales et montrer la présencede cellules leucémiques.
• Ensuite, seule l’analyse morphologique des cellules dela moelle osseuse peut confirmer le diagnostic. Leurprélèvement se fait par un myélogramme ; effectué sousanesthésie locale, par ponction dans le sternum ou dans l’osdu bassin, il ne dure que quelques secondes.
• L’étude des chromosomes de la cellule tumorale permetd’affiner le diagnostic et le pronostic pour prendre la meilleuredécision thérapeutique.
Ce que le sang révèle
Médicaments et greffes
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LEUCÉMIES DE LA PERSONNE ÂGÉE VIVRE AVEC
Chez les personnes âgées, le cancers’ajoute fréquemment à d’autres patho-logies chroniques. Or « ce contexte deplusieurs maladies associées rend lediagnostic du cancer beaucoup plusdifficile », explique Nicole Alby,présidente d’honneur d’Europa DonnaFrance, une association internationalecontre le cancer du sein. Ce sont lespersonnes âgées fragiles et isolées qui posent le plus de difficulté dans la prise en charge du cancer. Le dia-
gnostic est souvent porté tardivement,par négligence : environ 20 % despatients âgés attendent près d’un anavant de consulter pour des symptômesclairement définis. « Quand il s’agitd’un cancer du sang, comme la myélo-dysplasie, où les symptômes – fatigueet pâleur – ne sont pas très évocateurs,le retard est encore plus important.C’est souvent à l’occasion d’un bilansanguin réalisé pour une autre raisonque l’on découvre l’existence d’un tel
cancer », précise Nicole Alby. Parailleurs, à cause de leur fragilité souventliée à d’autres maladies, les servicesde cancérologie sont peu enclins àaccueillir les personnes âgées atteintesd’un cancer, préférant les voir prisesen charge par les services concernéspar ces autres pathologies. L’après-traitement est aussi une phase difficile,car parfois synonyme de déracine-ment, pour les personnes âgées obli-gées d’aller en maison de repos.
ACCÈS AUX SOINS
Personnes âgées : un diagnostic difficile
LEUCÉMIESDOSSIER
les SMD et les LAM, on connaît deux types
d’anomalie qui touchent les chromosomes, la
condensation trop importante des chromosomes
et l’inactivation de gènes par méthylation, expliqueClaude Preudhomme. Toutes deux ont pour effet
d’empêcher le fonctionnement normal des gènes
et la production de protéines essentielles à la
maturation des cellules sanguines. » D’où l’idéed’utiliser des molécules correctrices, à commencerpar des agents déméthylants. La France est trèsavancée dans ce domaine : des équipes comme celled’Emmanuel Raffoux, à l’hôpital Saint-Louis, tententde les combiner avec des inhibiteurs d’histone dés-acétylase (HDAC), servant à décondenser les chromo-somes. Administrés en cure ambulatoire mensuelle,ces traitements sont en cours d’essais cliniques dephase II, et leurs résultats, très encourageants : 80 %des patients voient leur état de santé s’améliorer etla moitié d’entre eux est en rémission complète.
Privilégier le traitement à domicileDe tels traitements bénéficieront d’abord aux per-sonnes très âgées, souvent perturbées par une hospi-talisation de longue durée. Non seulement fragilesd’un point de vue immunitaire, donc exposées auxrisques d’infection nosocomiale, celles-ci sont aussidésorientées à l’hôpital par le manque de repères fami-liers. « C’est bien pire que d’attendre chez soi le
passage de l’infirmière ou des enfants. Le traite-
ment à domicile permet au moins à la personne
âgée de garder un certain contrôle sur sa vie »,ajoute Nicole Alby, psychologue et présidente del’association Europa Donna. Rester chez soi, oui,
mais à la condition que l’accompagnement soit pré-sent… N’oublions pas qu’avec l’âge, l’isolement socialet familial tend à s’accroître. Quant au retour aprèsplusieurs semaines d’hospitalisation, il pose la ques-tion du choix entre les maisons de convalescence etle domicile… Si elle est préférable, cette dernièreoption requiert un solide réseau d’aides à domicile.Le médecin traitant a ici toute sa place pour facili-ter un suivi régulier et rigoureux de ces patients plusfragiles que d’autres. ■
Méthylation : recouvrement d’un gène par des résidus chimiques méthyl. Il ne peut alors plus ordonner à la cellule de produire la protéine correspondante.
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Plutôt qu’unehospitalisation delongue durée,synonyme dedéracinement etde perte derepères, les soinsà domicile sont àprivilégier pour lespersonnes âgées,en s’appuyant surun réseau d’aideprofessionnel etfamilial.
…
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ALLERGIESUN MONDE HOSTILE
S’INFORMERLa Fédération nationaledes centres de lutte contre le cancer (FNCLCC) proposedes informations adaptées aux spécialistes comme aux patients. Elle tient aussi à la disposition des patientsdes guides d’information très détaillés pour les aider,eux et et leurs proches, à mieux comprendre la maladie et ses traitements,et pour faciliter le dialogueentre patient et médecin.On peut également lesconsulter en accès libre sur lesite Internet de la Fédération.
101, rue de Tolbiac, 75013 Paris.Tél. : 01 44 23 04 04www.fnclcc.fr
Société canadienne du cancer Un site qui offre desinformations sérieuses et fouillées sur les diversesformes de cancers et de leucémies (en français et en anglais).www.cancer.ca
Cancer Info ServiceC’est un service téléphoniqued’information et d’orientation. Il offre aussi un serviced’écoute personnalisé etanonyme.Tél. : 0 810 810 821 (coût d’un appel local), du lundiau samedi, de 8 h à 20 h.
LEUCÉMIES DE LA PERSONNE ÂGÉEprévenir
SE FAIRE AIDER À DOMICILEL’Union nationale de l’aide,des soins et des servicesaux domiciles (UNA)regroupe les unions etfédérations départementalesayant pour vocationd’apporter aux personnesfragilisées les services à domicile leur permettant de rester chez elles.108-110, rue Saint-Maur, 75011 Paris.Tél. : 01 49 23 82 52www.una.fr
S’INFORMERConnaître les servicesd’aide et de soins àdomicile qui assurent à la fois les missions d’un service
de soins infirmiers et celles d’un service d’aide etd’accompagnement : www.personnes-agees.gouv.fr/dossiers/spasd/sommaire.htm
Les centres locauxd’information et decoordination (Clic) proposent aux personnesâgées un lieu d’accueil etd’information afin de les aiderà faire valoir leurs droits et de les orienter vers lesstructures spécialisées. Pour connaître le Clic le plus proche de chez vous,adressez-vous à votre mairieou téléchargez la liste sur www.personnes-agees.gouv.fr/dossiers/clic/clic.pdf
LEUCÉMIES DE LA PERSONNE ÂGÉEvivre avec
LEUCÉMIES DE LA PERSONNE ÂGÉEdiagnostiquer
VIE PRATIQUE VIE PRATIQUE
VIE PRATIQUEVIE PRATIQUELEUCÉMIES DE LA PERSONNE ÂGÉEsoigner
REPÉRER UNE ANÉMIE Une fatigue inhabituelle, l’aggravation d’une insuffisancecardiaque ou respiratoire, voiredes épisodes de confusionmentale peuvent pousser à consulter son médecintraitant, qui verra s’il y a lieu defaire un bilan sanguin pourdétecter une anémie. Commechez les personnes jeunes, elleest diagnostiquée en dessousde 120 g/l d’hémoglobine (Hb)pour la femme et de 130 g/ld’Hb pour l’homme.
S’ENTRAIDERDes espaces de rencontre etd’information (ERI), présentsdans de nombreux hôpitaux,offrent aux malades et à leurentourage la possibilité de s’informer sur la maladieet ses traitements.
Ils orientent aussi sur lesservices de soutien social et psychologique au domicilecomme à l’hôpital.
À LIRE« Survivre à la leucémie »,par le Dr Robert Patenaude(Édition Québec-Amérique,1997.) Un témoignage sur lesdifférentes étapes de soin(diagnostic, hospitalisation,chimiothérapie, greffe demoelle osseuse…) et, du pointde vue médical, le point surl’ensemble des questionstouchant les maladiesmalignes du sang :symptômes, phases de lamaladie, traitements, effetssecondaires, conseils àl’intention des malades.
S’ENTRAIDERFédération leucémie espoir (FLE)Regroupant une vingtained’associations départementalesréparties sur toute la France,son but est d’apporterinformation, soutien et aide(morale voire matérielle). 37, rue Paul-Valéry,29000 Quimper.Tél./fax : 02 98 95 53 71www.leucemie-espoir.org
Cent pour sang la vie Structure rassemblant tous ceux qui luttent contre la leucémie : médecins,chercheurs et associations de malades (voir aussi notrearticle en page 29).83, boulevard Vincent-Auriol,75013 Paris.Tél. : 01 45 84 85 17www.centpoursanglavie.org
S’INFORMERAssociation Laurette-Fugain Elle informe le public sur les maladies du sang, maisaussi sur les dons de sang, de plaquettes et de moelleosseuse. Elle offre égalementun espace forum pour lesmalades et pour les donneurs.99-103, rue de Sèvres,75006 Paris.www.laurettefugain.org
À LIRE« Les maladies du sang » :compte-rendu de la Journéede la Fondation pour laRecherche Médicale,septembre 2004.
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Les glossodynies se manifestent
par des douleurs ou par une impression de brûlure de la langue, ce qui peut correspondre à une glossite, c’est-à-dire uneinflammation de la langue.Dans ce cas, la gêne estsouvent permanente, jour
et nuit, et s’aggrave pendantles repas. Les glossitespeuvent avoir denombreuses causes, parexemple une maladie plusgénérale comme lesyndrome de Gougerot-Sjögren. Parfois, les douleurset les glossites sont liées àun phénomène d’irritationmécanique (après uneradiothérapie dans la régionbuccale pour traiter uncancer, à la suite del’application de certainsproduits dentaires, d’uneprise d’antibiotiques oud’anti-inflammatoires, ouencore après une utilisationtrop fréquente de bains debouche). La glossite peut être la conséquence d’unemanifestation allergique à des médicaments ou à des produits de beauté(rouges à lèvres, produitspour les lèvres,anesthésiques locaux, etc.).Enfin, certaines glossitessont liées à des carences, en fer ou en vitamines, par exemple. Les causes bactériennes, avec des aphtes ou deschampignons, en particulier
les candidoses, peuventaussi être à l’origine deglossites et de glossodynies.Parfois, aucune cause localeni aucune maladie généralen’apparaît dans le bilan desglossodynies : on parle alorsde glossodynies essentielles,c’est-à-dire sans causegénérale ou locale décelable.Il s’agit d’une pathologieheureusement toujoursbénigne, mais longue à traiter, et qui rend souventpénible la vie des patients, au point même parfois qu’ilsen deviennent dépressifs. D’ailleurs, ces douleurs peuvent être le signe d’unedépression masquée ets’atténuent par destraitements antidépresseurs. Ce sont souvent les centresantidouleur qui prennent encharge les patients souffrantde glossodynie essentielle afin de trouver avec eux le traitement le plus efficace,une fois que les causesgénérales ont été éliminées.Certains services spécialisésde stomatologie ou dedermatologie buccalepeuvent aussi aider à la prise en charge. ■
Chaque trimestre, Recherche & Santé répond aux questions les plusfréquentes dans vos courriers et vos appels quotidiens à la Fondation,sans jamais poser de diagnostic, de pronostic, ni donner de conseilthérapeutique. Seul un médecin traitant est habilité à le faire.
QUESTIONS
Des douleurs de la langue bénignes mais longues à traiter
GlossodyniesPR PHILIPPECHANSON,professeur au serviced’endocrinologieet des maladiesde la reproductionau CHU Kremlin-Bicêtre.
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“Douleurs et brûlures de la langue, les glossodynies, bien que bénignes,sont des affections très pénibles. Elles peuvent conduireà la dépression. C’est pourquoi les antidépresseursfont partie intégrantede leur traitement.
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« Je souffre d’une glossodynie […] Que faire ? Souffrir en silence ? »M. P. (Internet)
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DE SANTÉ
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L’hallux valgus
(en langagepopulaire : « oignon ») est une déformation du pied arqué par uneangulation du bord externe.Le gros orteil est dévié en dehors et le premiermétatarsien déplacé en dedans.Une tuméfaction dure(exostose) apparaît souvent
à l’angle du gros orteil et du premier métatarsien.Celle-ci dépasse et gêne le chaussage, voire entraînedes douleurs. Certaines personnes sontprédisposées de manièrecongénitale à souffrir d’un hallux valgus.
Mais il s’agit plus souventd’une déformation acquise,apparaissant de manièreprogressive, notammentchez la femme, du fait d’une forme de pied un peu particulière, où le gros orteil est pluslong que le deuxième orteil. Dans ces cas, les chaussures à boutspointus, en particulier,ont tendance à repousser le gros orteil vers le deuxième. L’hallux valgus peut être le siège d’uneinflammation au niveau de la tuméfaction osseuse.Il peut aussi entraîner une déformation des orteils (orteils en griffe) et des douleurs au niveaude la plante du pied. Le traitement préventif del’hallux valgus consiste àéviter le port de chaussuresà talons hauts et à boutspointus, qui favorisent cette déformation lorsqu’ona une forme de pied qui y prédispose. Si les douleurs deviennenttrès gênantes et lechaussage trop difficile,
on peut envisager untraitement chirurgical, qui consiste à corrigerl’angle excessif en réalisantune ostéotomie, c’est-à-direen sectionnant un petitmorceau d’os de manière à réduire l’angle formé par la première phalange du gros orteil et le premiermétatarsien. Des techniques, dites mini-invasives, sontactuellement développéesdans certains centres. Elles permettent deminimiser les cicatrices et se pratiquent sousanesthésie locale oulocorégionale, sanshospitalisation. En fonction des techniques,l’appui du pied est autoriséimmédiatement ou peuaprès l’ostéotomie, à la condition d’utiliser des chaussures spéciales. Ensuite, des orthèsespermettent de maintenir le gros orteil en positiondroite et écartée du deuxième orteil. Le contrôle par radiographiepermet de confirmer la bonne position desdifférents segments osseux. Rappelons néanmoins qu’il s’agit d’uneintervention chirurgicale et que, à ce titre, elle n’est indiquée qu’en cas de déformation trèsgênante et, surtout, de douleurs importantes. ■
De bonnes chaussures peuvent éviter la chirurgie
Hallux valgus
“« Faut-il vraiment opérer un hallux valgus ? Comment cela se passe-t-il ? »
B. M. (Seine-Saint-Denis)
QUESTIONS DE SANTÉ
D u 14 au 16 septembre, toutes lesfemmes ont rendez-vous à Paris,au Champ de Mars, pour La
Parisienne : trois jours de sport, dedétente et de solidarité avec toutes cellesqui sont victimes du cancer du sein. Pointd’orgue de la manifestation : la course àpied dominicale de 6 km qui rassemble10000 femmes de tous âges ! Pour ladeuxième année consécutive, les orga-nisateurs renouvellent leur partenariatavec la Fondation pour la RechercheMédicale au profit de la lutte contre lecancer du sein. Comme l’an dernier, pourchaque inscription à la course, 1 € serareversé à la Fondation. Pendant les troisjours de festivité dans le Village consa-cré au sport et au bien-être, des rubansporteurs du slogan « Opération 1 €,1 ruban, je lutte contre le cancer du sein »seront également vendus au profit de laFondation. En 2006, ces deux actionsavaient permis de réunir 13480 €. Lasomme a financé les travaux d’une jeunechercheuse, Karine Raymond, sélec-tionnée par le Conseil scientifique de laFondation pour ses recherches sur lesprotéines impliquées dans le dévelop-pement des tumeurs du sein.
Cette année, La Parisienne va plus loin en lançant le « bénévolat caritatif ».En effet, toutes les bonnes volontés sontinvitées à se manifester auprès des orga-nisateurs pour participer bénévolementà l’organisation et à l’animation de l’évé-nement. Et La Parisienne s’engage à
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reverser 20 € par bénévole et par jour àla Fondation. Un moyen pour les hommes,aussi, d’apporter leur soutien…Sur le stand de la Fondation, ces troisjours seront également l’occasion de sen-sibiliser le public à cette maladie quiatteint une femme sur dix au cours desa vie, et d’expliquer le soutien essentielque représente la Fondation pour leschercheurs : au cours de ces trois der-nières années, elle a financé une qua-rantaine de projets contre le cancer dusein, pour un montant global de1 154 000 €.Coureuses, bénévoles, supporters ou sim-ples visiteurs, venez nombreux décou-vrir et soutenir la Fondation! ■
Informations pratiques :La Parisienne 69, av. Paul-Vaillant-Couturier94250 GentillyTél. : 01 46 65 39 38www.la-parisienne.netPour devenirbénévole : contactez Fanny Le Barillec ([email protected]) Pour en savoir plus sur la course : [email protected]
ÉVÉNEMENT
Actions Fondation
« La Parisienne » : une course contre le cancer du sein
RECHERCHE & SANTÉ l page 24 l N° 111 • 3e trimestre 2007 RECHERCHE & SANTÉ l page 25 l N° 111 • 3e trimestre 2007
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Une première réussie : la Fondationdisposait d’un stand au dernierSalon des seniors. L’occasion pourelle de rencontrer ses donateurs etde se faire connaître des quelque29000 visiteurs de la manifestation.Rendez-vous est déjà pris pour laprochaine édition, fin mars 2008.
La Fondation au Salon des séniors
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LA FONDATION ET VOUS
❏ Oui, je souhaite aider la recherche en faisant, par chèque à l’ordre de la Fondation pour la Recherche Médicale, un don de :
❏ 20 € ❏ 25 € ❏ 30 €
❏ 40 € ❏ 50 € ❏ autre…………
❏ Oui, je souhaite recevoir, sans engagement, une documentation sur le prélèvement automatique.
Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectificationou suppression, ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation.
Bulletin de soutien
Merci de découper ce bulletin ou de le recopier et de le retourner accompagné de votre règlement à l’adresse suivante :FONDATION POUR LA RECHERCHE MÉDICALE - 54, rue de Varenne, 75335 Paris Cedex 07
Déduction fiscale 66% de votre don est déductible de vos impôts à concurrence de 20% de votre revenu imposable. Vous recevrez un reçu fiscal.
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NOM Prénom
Code postal VILLE
Téléphone
Adresse
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Partout en France, les comités régionaux et leurs bénévoles multiplient les initiatives pour faire connaître la Fondation pour la Recherche Médicale
et collecter des fonds. Exemples.
En régionsLA FONDATION ET VOUS
« Cela fait deuxans que je présideArt’&Fac, uneassociation crééepar des étudiantsen pharmacie deMontpellier. Notre but est de promouvoir laculture, mais notresensibilité auxquestions
médicales a voulu que nous élargissions notre champ d’action à la santé. Chaque année, une soirée de notre festival(spectacles de danse, théâtre et musique), donnéegratuitement par les étudiants, est consacrée à la Fondationpour la Recherche Médicale. En 2007, pour les 60 ans de la Fondation, nous y avons consacré les cinq soirées du festival. Ainsi, plus de 1 000 spectateurs ont été sensibilisésaux besoins de la recherche médicale et ont pu participer à la quête organisée au profit du comité régional de laFondation. » ■ Pierre Journet
MONTPELLIER
Les étudiants d’Art’&Fac montent sur scène au profit du comité régional
V oilà un partenariat inscrit dansla durée ! Depuis dix-sept ans, laFondation pour la Recherche
Médicale et la Fondation BNP Paribasapportent un soutien tant financier qu’humain à de jeunes équipes de cher-cheurs. Avec un tournant en 2001 :« Nous avons eu envie d’orienter
notre mécénat vers des perspectives
plus larges dans le temps, expliqueMartine Tridde-Mazloum, déléguéegénérale de la Fondation BNP Paribas.D’où la décision d’inscrire ce
partenariat avec des scientifiques
sur une durée minimale de trois
ans. Il vient d’ailleurs d’être renou-
velé pour la période 2007-2009. »
Objectif : tisser de véritables liens avec les chercheurs et les sortir de l’anonymat… Pari réussi !Réparties à travers la France(Bordeaux, Clermont-Ferrand, Nice,Orsay, Paris, Strasbourg et Toulouse)
PARTENAIRE
Avec la Fondation BNP Paribas pour aider les jeunes chercheurs
« par esprit de réseau et pour évi-
ter tout “parisianisme” », préciseMartine Tridde-Mazloum, les sept équipes soutenues ont pour points
communs de mener une recherche fondamentale sur les problématiquescellulaires (croissance et processuscancéreux, mécanismes de la synthèsedes protéines…) et de faire preuved’« esprit d’entreprise ». Leur sélec-tion s’est opérée à l’aune de l’exper-tise scientifique de la Fondation pourla Recherche Médicale avec, à la clé,depuis l’année 2001, une subventionannuelle de 10000 euros versée par laFondation BNP Paribas à chaqueéquipe. De quoi dégager les scienti-fiques du souci quotidien de trouverdes ressources – qu’il s’agisse de l’achat de matériels ou du financementd’un déplacement à l’étranger. « Nous
nous efforçons aussi de mettre en
valeur les travaux des chercheurs
que nous soutenons auprès d’un
public plus large lors des événements
que nous organisons dans d’autres
domaines. » ■
DR
Actions Fondation
Chaque année, 10 000 victimesde traumatisme crânien gravesont plongées dans un coma
profond. Un chiffre aussi alarmantqu’ignoré et qui explique pourquoil’Institut pour la recherche sur lamoelle épinière et l’encéphale (Irme)s’est associé à la Fondation pour laRecherche Médicale. Depuis deuxans, en effet, les deux organismesfinancent conjointement treize pro-jets, pour un montant annuel de270 000 euros. « Les lésions trau-
matiques n’intéressent pas l’in-
dustrie pharmaceutique, regrettele Pr Marc Tadié, président de l’Irme.Le rôle des fondations privées est
donc essentiel ! » Les recherchessoutenues sont fondamentales(comme l’étude des mécanismes decicatrisation de ces lésions), maisaussi cliniques, car les récents pro-grès de l’imagerie par résonancemagnétique (IRM) permettent demieux comprendre ces traumatis-mes chez les blessés, sans passer pardes recherches chez l’animal. Dèsseptembre, l’Irme et la Fondationpour la Recherche Médicale se lan-ceront dans un ambitieux projet :définir, avec les experts internatio-naux, les axes de recherche à déve-lopper dans le domaine de l’inter-face homme-machine. ■
FONDATION IRME
Ensemble contre les lésionsdu système nerveux
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MARTINE TRIDDE-MAZLOUM
déléguée générale de la Fondation BNP Paribas
STRASBOURG
L’Europe courtpour la FondationLes 12 et 13 mai avaient lieu les Courses de Strasbourg-Europe, rassemblant 8 000 coureurs. Le comité régionalAlsace de la Fondation pour la Recherche Médicale,animé par son Président, Jean Louy, était partenaire del’opération aux côtés d’institutions prestigieuses commele Conseil de l’Europe qui regroupe plus de 40 pays, la Ville de Strasbourg et de nombreuses entreprises de la région. Dès le 4 avril, un cycle de quatreconférences était consacré à la santé et au sport. Et les 12 et 13 mai, la Fondation pour la RechercheMédicale disposait d’un stand pour faire connaître ses actions au public. Une présentation de la Fondation figurait aussi dans le Cahier des courses
(15000 exemplaires), dans le dépliant du Conseil de l’Europe (25 000 exemplaires en trois langues) et sur le site Internet de l’office des sports de la ville, sur lequel on pouvait également faire un don à laFondation. Plusieurs coureurs portaient des T-shirts auxcouleurs de la Fondation. Cette participation multiformede la Fondation a aussi trouvé un écho dans la presse.Un événement sans autre coût que la bonne volonté des bénévoles du comité Alsace qui espèrent que denombreux dons viendront récompenser leurs efforts. ■
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LA FONDATION ET VOUS
Femme de médias et dame de cœur, Anne Barrère met depuis près de vingt ans son énergieau service de la recherche médicale. Pour l’opération « Pièces jaunes », pour son association
Cent pour sang la vie et, aujourd’hui, pour la Fondation pour la Recherche Médicale.
Ils s’engagent
O n l’a connue sur TF1 où elle pré-sentait « Santé à la Une ». Elle estsortie de la lumière pour diriger une
société de production audiovisuelle. Maisderrière cette vitrine professionnelle, AnneBarrère révèle un autre visage : celui d’unefemme généreuse qui s’engage pour sou-tenir la recherche médicale et venir en aideaux malades. Cette énergie lui vient d’uneexpérience personnelle : enfant, son filss’est battu contre une leucémie. « Très vite,
le Pr Claude Griscelli, qui le soignait, m’a
alertée sur la détresse des enfants hospi-
talisés. Nous avons impulsé la création
de l’association des Hôpitaux de Paris,
qui deviendra la Fondation des Hôpitaux
de Paris-Hôpitaux de France. Et depuis
1989, nous menons chaque année l’opé-
ration “Pièces jaunes”. »
Bien plus tard, en 1998, alors que son filsest sorti d’affaire, c’est le Pr Étienne Vilmerde l’hôpital Robert-Debré qui la sollicite. Il
l’alerte sur l’état d’abandon qui guette larecherche sur les leucémies : « Avec 2000
nouveaux cas par an, dont 500 enfants,
cette maladie était en passe de devenir
une maladie orpheline. J’ai été interlo-
quée, s’alarme la journaliste. J’ai donc
songé à créer une association pour sou-
tenir la recherche, mais aussi pour que
les patients aient la parole, comme je l’a-
vais souhaité dans le cadre de l’émission
“Santé à la Une”. En regardant autour de
nous, nous avons constaté que plus d’une
cinquantaine d’associations existaient
déjà. Il aurait été inutile d’en créer une
de plus. En revanche, il manquait une
structure pour fédérer toutes ces éner-
gies et ainsi relancer la recherche et amé-
liorer la vie des malades. C’est dans ce but
que nous avons créé Cent pour sang la
vie, qui réunit une trentaine de ces asso-
ciations. » Depuis huit ans, l’associationmène une opération phare : un peu avantNoël, Michel Leeb réunit sur scène humo-ristes de renom et jeunes talents du rirepour un spectacle retransmis sur France 3.L’émission et les différentes opérations ontpermis de réunir 1,2 million d’euros qui ontfinancé 57 projets de recherche. Mais cela nesuffit pas encore. Avec son association, AnneBarrère s’est fixé un nouveau challenge :créer un numéro de téléphone d’écoute etd’information sur les leucémies. «Recrute-ment» de bénévoles, formation, constitu-tion d’une base de données d’information…le projet est en marche!La Fondation pour la Recherche Médicaleavait déjà salué la carrière d’Anne Barrèreil y a quelques années, en lui décernant le
prix Escoffier-Lambiotte, attribué tous lesans à un ou une journaliste. Son discoursde remerciements lui valut le « plus grand
trac de sa carrière », se souvient-elle, tantcette marque de reconnaissance lui parais-sait importante. Aujourd’hui, elle met sontalent et sa générosité au service de la Fon-dation en participant bénévolement à l’or-ganisation de la conférence de presse qui,le 25 septembre prochain, annoncera lesévénements liés au 60e anniversaire de laFondation. Nul doute que l’expérience etles conseils de cette grande professionnelleseront précieux à la Fondation. ■
« Nous avons créé “Cent pour sang la vie” qui réunit une trentaine d’associations. »
Anne Barrère, cent pour cent cœurPORTRAIT
ANNE BARRÈRE,femme de médias et
dame de cœur.
LA FONDATION ET VOUS
ORLÉANS
Parlons de lamucoviscidose
MONTPEZAT
Un concert au château contre les leucémies de l'enfant
En régions
Oui, je souhaite contribuer à soutenirRecherche & Santé en recevant ou en offrant 4 numéros (un an) pour 10 €, que je joins par chèque libellé à l’ordre de : Fondation pour laRecherche Médicale. Voici mes coordonnées ou celles de la personne à laquelle j’offre cette revue :
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Contribution de soutien à Recherche & Santé – Demande de brochure
Oui, je souhaite recevoir, sans aucun engagement et sous pli confidentiel, la brochureLéguez aux générations futures le plus beau des héritages, le progrès médical.
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La mucoviscidose, une maladiegénétique, qui touche200 nouveau-nés par an, en France. Encombrement des bronches, infectionsrespiratoires, problèmesdigestifs… Ces symptômessont lourds, même s’ils sont demieux en mieux pris en charge.Le comité d’Orléans a choisicette maladie comme sujet desa prochaine conférence, dansle cadre des « Rendez-vous dela santé » coanimés par lamunicipalité. Le mercredi19 septembre prochain, le Dr Isabelle Fajac de l’hôpitalCochin à Paris, spécialiste decette maladie, viendra exposerl’état des connaissances et lespistes de recherche actuelles. Il faut savoir que deux millionsde personnes en France sontporteuses du gène et doncsusceptibles de le transmettre àleur enfant. Pour vous informeret poser vos questions, lecomité d’Orléans sera heureuxde vous accueillir au Muséumd’Orléans, le 19 septembre à 20 h 30. L’entrée est gratuite et sans inscription préalable. ■
Le 12 mai dernier, visiteurs, lumières etmusique ont rempli la cour du château deMontpezat (Gard). À l’initiative de GeorgesAlessandri, vice-président du comité du Gardde la Fondation, l’ensemble orchestral deNîmes y donnait un concert au profit de larecherche sur les leucémies de l’enfant. Sous la direction du chef, Mme Chevalier,l’orchestre a interprété quelques grandespièces classiques, alors que les élèves del’école de musique de la communauté dupays de Sommières avaient assuré la
première partie du concert. De nombreusespersonnalités de la région et de la Fondationétaient présentes. Et M. Alessandri a pucompter sur de multiples bonnes volontéspour monter ce concert : les sociétés UrbainNet, Casal Sport et Top Print, Mme deLachapelle, propriétaire du château, ladirectrice de l’école de musique, le Midi
Libre, qui a relayé l’événement grâce à soncorrespondant, M. Rivas, et enfin, tous lesbénévoles. La soirée a ainsi réuni plus de 150 spectateurs et la somme de 1248 euros. ■
RECHERCHE & SANTÉ l page 29 l N° 111 • 3e trimestre 2007
La ville de Montpellier recèle un patrimoineculturel médical et pharmaceutique que peu connaissent. Le comité régional de la Fondation pour la Recherche Médicale a décidé de le mettre en valeur à l’occasion du 60e anniversaire de la Fondation. Le 19 avril dernier, une cinquantaine de visiteurs ont ainsi pu découvrirsuccessivement la faculté de médecine, le jardin des plantes, le droguier et le musée de la faculté de pharmacie. Après un lunch à la faculté de pharmacie, l’après-midi étaitconsacré à une conférence, donnée par le Pr Joël Bockaert, membre de l’Académie des sciences, sur les enjeux de la recherchemédicale. En fin de journée, lors d’un dîner
de gala, le comité montpelliérain a procédé à une remise de prix scientifiques aux troischercheurs sélectionnés par le conseilscientifique. Ce sont ainsi 30 000€ quiviendront soutenir les travaux deschercheurs de la région. À cette occasion, M. Guibal, premier adjoint au maire, a annoncé le soutien de la Ville au profit du comité régional de la Fondation, et ceci à hauteur de 10000€. ■
MONTPELLIER
Journée de fête pour les 60 ans
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LA FONDATION ET VOUSLA FONDATION ET VOUS
Questions de donateurs
À VOS PLUMESCoup de cœur ou coup de griffe, suggestions ou opinions à partager, écrivez à :On se dit toutFondation pour la Recherche Médicale54, rue de Varenne 75335 Paris Cedex 07 ou par e-mail à :[email protected]
On se dit tout...
Que représente pour vous la recherchemédicale ?C’est toutes les avancées concernant la santé. Tout ce quel’on peut faire pour l’homme. La recherche très longue etpatiente de tous les chercheurs. À l’échelle de notre vie, onvoit ce qui a pu se faire et toutes les avancées de la science.
Je suis frappé de voir la vitesse de progression de larecherche. J’ai un ami atteint d’un cancer du pancréas et du foie. Il y a quelques années, on lui donnait un and’espérance de vie. Aujourd’hui, c’est cinq ans et, pendant ce temps, la recherche continue d’avancer.
Je connais des personnes qui sont sorties d’un cancer dusein ou de la prostate depuis vingt ans.
Pour notre famille, la recherche est très importante : c’est le progrès, la guérison. Mon fils ne pensait qu’à ça. Il a eu un microscope à l’âge de 8 ans et il n’a jamais cesséd’observer depuis. Aujourd’hui, il a reçu une bourse de la Fondation pour la Recherche Médicale.
Le 22 février dernier, la Fondation invitaitquelques donateurs fidèles à donner leuravis sur la Fondation. Quelles sont lesraisons de l’engagement de ces personnesaverties et résolues dans leur soutien à larecherche médicale? Réponse en quelquesextraits choisis.
Les legs, un geste de générosité méconnuEn pratique
La Fondation pour laRecherche Médicale est-elle habilitée à recevoirdes legs?Cela fait partie de sa mission :collecter des fonds et lesredistribuer à la recherchemédicale. Cette dispositionest inscrite dans ses statutsqui indiquent qu’elle peututiliser les produits delibéralités. De plus, parcequ’elle est reconnue d’utilitépublique, notre Fondation ne paie pas de droits de succession.
Les legs représentent-ilsune part importante desressources de laFondation?En 2005, les legs et autreslibéralités (assurances-vie…)représentaient 37 % de nos ressources. Cette part augmente depuis plusieurs années. En 2006, elle atteint même41 %, mais ce « record » est lié à des dossiers exceptionnels, supérieurs à 1 million d’euros. De tellessommes sont rares…
À partir de quel montantpeut-on faire un legs?La loi ne définit pas deminimum, mais la Fondationne peut accepter de legsinférieurs à 750 euros, car lesfrais de notaire pourraientêtre alors supérieurs aumontant légué.Près d’un tiers des libéralitésconcernent des sommes
inférieures à 1000 euros. Les personnes qui lèguent à la Fondation ne sont pasforcément «fortunées» : ce sont en majorité desdonateurs réguliers qui, à lafin de leur vie, font un derniergeste pour nous. Il s’agit alorssouvent de sommes modestes,notamment quand cesdonateurs ont des héritiersqu’ils ne souhaitent pas léser.Il reste une proportion nonnégligeable de donateurs quine l’étaient pas de leur vivant ;souvent sans descendance, ils peuvent nous laisser unpatrimoine important.
Comment procéder pourfaire un legs à la Fondation?Il faut rédiger son testamentou le faire rédiger par sonnotaire. Il est important d’êtreprécis : « Je lègue à la
Fondation pour la
Recherche Médicale… »
et non pas « Je lègue à la
recherche médicale », car lelegs pourrait ne pas nous êtreattribué. Il faut veiller aussi àmentionner l’adresse de notresiège (54, rue de Varenne,75335 Paris Cedex 07). Le testament doit être daté et signé, mais reste modifiablejusqu’au dernier moment.
On peut garder son testament chez soi, mais je conseille de le déposerchez un notaire, pour être sûr qu’il soit retrouvé lemoment venu et qu’il ne soit pas détruit par unepersonne malveillante.
À quoi servent les legs à la Fondation?Comme nos autresressources, ils servent avanttout à financer notreprogramme d’excellencebiomédicale, qui vise à faireprogresser la recherchecontre toutes les maladies.Mais, selon les volontés du testateur, les produits d’un legs peuvent aussi être orientés vers unepathologie particulière.Comme il s’agit de ressourcesinattendues et parfoisélevées, elles peuventégalement nous permettre de créer des programmesspécifiques, pour soutenir la recherche dans un domainequi mérite d’êtreparticulièrement encouragé. ■
Pour en savoir plus, faites une demande de brochure en utilisant le bulletin p. 28.
CÉLINE POUVREAU, responsable du service legs.
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RECHERCHE & SANTÉ l page 30 l N° 111 • 3e trimestre 2007 RECHERCHE & SANTÉ l page 31 l N° 111 • 3e trimestre 2007
Pourquoi faites-vous confiance à la Fondation ?Je me sens zélée pour votre Fondation car mon fils est neurochirurgien. Jusqu’à présent, il devait léser les cerveaux pour en retirer les tumeurs. Aujourd’hui, il y a des progrès inimaginables avec les rayons.
Ma fille est chercheuse et a passé deux ans à l’institutd’oncologie de Melbourne. Les chercheurs ont compris que les problèmes d’hypertension pouvaient susciter des cancers et travaillent sur le sujet depuis plusieursannées. Si l’on isole les recherches sur le cancer et que l’onn’étudie pas l’hypertension, on peut manquer quelquechose. Il est donc important d’aider la recherche sur toutesles maladies.
J’ai confiance en la Fondation. Je lis ce magazine avecbeaucoup d’attention : il est très bien fait et il parle au cœur.On a rarement un tel compte rendu des résultats qui sontobtenus grâce aux dons.
Un commentaire parmi de nombreux autresIl n’y a pas de petits donateurs. Celui qui donne 1 euro et qui en gagne 10 donne en fait autant que celui qui en gagne 100 et en donne 10. Il ne faut pas découragerles gens modestes. C’est pourquoi les gros donateurs doiventagir discrètement et ne pas faire la publicité de leur geste. Il faut garder le secret des dons. Nous ne fonctionnons passelon la mentalité américaine.
Qu’attendez-vous de la Fondation et quellessont les recommandations que vouspourriez lui faire ?- Aider le plus possible les chercheurs (réponse unanime).- Je voudrais que la Fondation soit plus connue
et davantage aidée.- On ne peut vous dire qu’une chose : continuez.- Continuez, mais veillez à la bonne destination des dons.- Comment peut-on aider pour que les chercheurs
ne partent pas à l’étranger ? C’est une grande saignéepour la France !
ENVOYEZ VOSQUESTIONS Vous souhaitez des informations sur le fonctionnementde la Fondation, sur la gestion des dons...Écrivez au Service donateursFondation pour la RechercheMédicale54, rue deVarenne, 75335 ParisCedex 07
PRÉLÈVEMENTS AUTOMATIQUESÀ la demande de nombreux donateurs ayant fait le choix du prélèvement automatique pour effectuer leurs dons, le prélèvement ne sera plus effectué le 5, mais le 10 de chaque mois.
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