Mariageetconséquences
TamaraBalliana
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TabledesmatièresTabledesmatières
Chapitre1
Chapitre2
Chapitre3
Chapitre4
Chapitre5
Chapitre6
Chapitre7
Chapitre8
Chapitre9
Chapitre10
Chapitre11
Chapitre12
Chapitre13
Chapitre14
Chapitre15
Chapitre16
Chapitre17
Chapitre18
Chapitre19
Chapitre20
Chapitre21
Chapitre22
Chapitre23
Chapitre24
Chapitre25
Chapitre26
Chapitre1Lesvacancessontfinies.C’estsurcetristeconstatquejetentaidefairedémarrermavoiture.
Au cas où je ne l’aurais pas encore réalisé, mon antique Twingo verte première génération merappelaquelespaillettesetleglamourétaientbienrestésàVegas.Maintenantretouràlaréalité.
Aprèsavoircrachotéunpetitmoment,mavoiturefinitparsemettreenbranle,et jequittai leparkingdemarésidence.Jepensaisaufaitqu’ilfaudraitprochainementl’emmenerchezlegaragistepourunepetiterévision,sijenevoulaispasavoirdeproblèmescethiver.Riendepirequ’unevoiturequinedémarrepasunmatinglacédumoisdeFévrier,surtoutquec’estinévitablementlematinoùleréveil n’a pas sonné, le matin où vous avez un rendez-vous important. Cela n’arrive jamais undimanchemidi alorsquevous étiez invitée chez tanteBertha (cellequi adupoil aumentonet quiradote),ducoup,vousauriezeuunebelleexcusepournepasyaller,maisnonjamaisledimanche.
C’étaitunedépensequej’auraisvolontiersévitée(j’auraispréféréunnouveausacàmainparexemple).
Cependantilseraitcompliquéd’allertravaillersansvoiture.Etdoncdegagnerdel’argent.Cerclevicieux.Je pris donc la route du travail, rejoignant des centaines d’automobilistes en ce matin
d’Octobre.Laradio(aveclecteurdecassettes intégrés’ilvousplait)diffusait les interventionsplusoumoins drôles d’un animateurmatinal célèbre, entrecoupées de jeux débiles, de publicités et dequelquestroprareschansonsàlamode.
Depuis un an, j’avais repris le petit salon de coiffure niçois dans lequel j’avais fait monapprentissage,monanciennepatronneayantprisuneretraitebienméritée.J’yavaisinvestitoutesmeséconomies, et surtout m’était liée au diable — alias mon banquier — pour une bonne dizained’années.J’avaisréussiàembarquerdanscetteaventure,Sandrauneanciennedemescollègues.Lesaffairesn’étaientpascequ’onpourraitappelerflorissantes,maisnousréussissionsànousensortirpastropmal.Laclientèled’habituéesétaitrestéefidèle,etafindedéveloppernotrechiffred’affairesnous proposions également des services à domicile pour les mariages notamment. Deux de mesamies étant Wedding Planner, j’avais la chance qu’elles nous proposent régulièrement à leurs
clientes[1]
.Cen’étaitpasungrandsaloncommeceuxquel’onpeuttrouversurlesboulevardschics.Plutôt
un petit salon de quartier. Alors certes, la décoration n’avait pas été pensée par un décorateurrenommé,mais les travauxquenousavions réalisésà la forcedenospetitsbrasmusclés (oupas)avecSandra,avaientdonnéaulieuunboncoupdejeuneetsurtoutuneatmosphèrechaleureuse.Adieu
lesmursenlambristousdroitéchappésd’unchaletàlamontagne(dansunevilleoùilneigeunefoistous les dix ans), et bonjour ceux aux couleurs claires et reposantes.Dorénavant nous adorions ytravailleretnosclientss’ysentaientbien.
J’arrivaienfindans lequartier,etcommençaimaintenantmonchallengehabitueldudébutde
journée:arriveràtrouveruneplacedestationnementpourmavoiture.Après trois tours du pâté de maison et avoir checké mes bons plans parking habituels, je
grognai intérieurement, la partie était loin d’être gagnée. Je finis par trouver unemini place danslaquelle je rentrai au chausse-pied, c'est-à-dire en poussant un peu la voiture de devant et celle dederrière. D’où l’intérêt d’avoir une vieille voiture qui ne craint plus les rayures ! Il faut bien luitrouverdespointspositifsàmatitine.
Jeclaquailaportièreetm’empressaiderejoindrelesalondecoiffure.Sandraétaitdéjàarrivéeetavaitouvertlalourdegrillequiprotégeaitlavitrine.
—Bonjour,chantonnai-jeenpassantlaporte.—Marie!Notrevacancièreestderetour!AlorsVegasc’étaitcomment?Jeveuxtoutsavoir.
Tuasprisdescouleurs!Jerevenaisd’unséjourd’unedizainedejoursàLasVegas,oùmesamisd’enfanceAliceetPaul
s’étaientmariés.Amoureux l’un de l’autre, apparemment depuis des années, ils avaient fini par seretrouverilyaquelquesmois,etPaulnevoulantpasattendrepourl’épouser(MadameestWeddingPlanner et il avait peurqu’ellepartedansdespréparatifs trop longs et compliqués), il nous a tousembarquéspourVegas.Unebonnebandedecopains,unsuperbemariage,ettousfraispayés?J’avaisditouisanshésiter.Çafaitunpeuvénalditcommeça,maisqu’auriez-vousfaitàmaplace?
—Alorstuasjouéaucasino?Tuasgagnéquelquechose?Est-cequec’estlesosied’ElvisquiamariéPauletAlice?
C’était tout à fait le style de Sandra de poser des dizaines de questions avant d’avoir eu laréponse à la première. Elle a toujours été une vraie pile électrique. Son caractère flamboyant sedéclinaitjusqu’auboutdesescheveux,d’unrougeenflammé.
—Etsurtoutcombiendebeauxaméricainsas-turamenédanstonlit?questionna-t-elle.—Sandra!protestai-jeenluijetantunregarddésapprobateur.— Quoi ? Si tu n’es pas allée à Vegas pour t’amuser je ne vois pas l’intérêt, lança-t-elle.
Commeondit«cequisepasseàVegasresteàVegas».C’estl’endroitidéalpourlescoupsd’unsoir.—Vegasoupas,tusaisquecen’estpascequejerecherche.—Pffftuesvraimentennuyeusetulesais?Sinontun’asrienfaitd’unpeufou?—J’aiquandmêmejouéaucasino,etnousavonsfaitdesupers fiestas il faut le reconnaitre.
Notammentlederniersoir.Pourtoutt’avouerj’aitellementbuquejenemesouviensmêmeplusdelasoirée,etjen’aiaucuneidéedecommentjesuisretournéedansmachambred’hôtel.Parcontre,je
me fais le sermentdeneplus retoucherà la téquila avantunmoment !Le retourenavionavec lagueuledeboisn’estpasuneexpériencequej’aienviederetenterdesitôt.
—Cac’estdel’expérienceVegas!Etalorstun’enasmêmepasprofitépourteréveilleràcôtéd’unbel inconnu!Tunet’espasfaite tatouer lenomd’unmecsur lesfesses,ouunmotifridiculegenreunpetitcochonrose,pendanttonamnésiealcooliqueaumoinsj’espère?ajouta-t-elled’unairsoudaineffrayé.
—Nonjeterassure,luiassurai-jeenriant.Tuastrouvéçaoùcommeidée,dansunfilm?—Euhouijecrois,admit-elle.Nouscontinuâmesnotreroutinematinaleavantl’arrivéedespremièresclientes.Plusieursfoisjejetaimachinalementuncoupd’œilàl’extérieur,regardantlequartierprendre
viepeuàpeu.Unhommem’intrigua.Ilétaitadosséàunevoituregaréedevantletrottoird’enfacedepuisunmomentmaintenant.Iltenaitdanssamainunappareilphoto.Maispaslegenred’appareilcompact ou bonmarché que bonnombre d’entre nous possédons, le sien semblait être unmodèleprofessionnel.
—Tusaisquic’estcegarsdehors?demandai-jeàSandra.—Aucuneidée,ilm’ajustedemandéquandjesuisarrivéesic’étaitbienlàquetutravaillais.—Moi?!dis-jeétonnée.Ettuneluiaspasdemandépourquoiilvoulaitsavoirça?—Nonjen’yaipasprêtéplusattentionqueça.Jemesuisditquepeut-êtrequelqu’unluiavait
recommandélesalonenluiparlantdetoietqu’ilvoulaitêtresûrqu’ilétaitaubonendroit.Ilauraitbienbesoind’unecoupedecheveux.
L’entréedenotrepremierrendez-vousdela journéecoupacourtàmesquestions,et j’oubliaitrèsvitel’inconnuàl’appareilphoto.
Toutelamatinéejefusassailliedequestionssurmonséjourdanslavilledupêché.Lesclientes,
pourlaplupartdeshabituées,avaienteuventdemonabsencedequelquesjourslasemainepassée.Ilfautdirequ’ayantreprisl’affairedepuispeu,nosvacancesétaientpourlemomentquasiinexistantes.Donc chaque absence ne passait pas inaperçue. Et je soupçonnais Sandra de n’avoir pas hésité àdonnerdesdétailssurmonséjourauxEtats-Unis.
Pour êtrehonnête, rienne reste jamais secret très longtempsdansun salondecoiffure, c’estl’endroit idéal pour échanger les derniers potins du quartier, ou même ceux des célébrités. Lesmagazines people étant la lecture préférée de nos clientes pendant la pose de leur couleur, ou laréalisationdeleurbrushing,iln’étaitpasrarequecelles-cinousfassentundébriefingdesdernièresfrasquesdetelleactriceoudetelsportif.
Aumomentoùjerelevailatêtepourregarderlarueaprèsavoirraccompagnéuneclienteàla
porte,jeremarquaidel’agitationdehors.
L’inconnuàl’appareilphotoavaitétérejointparunautrehomme,luiaussiéquipédematérielphotographiqueprofessionnel.Toutàcoup,ilssemblèrentsurvoltéslorsqu’uneberlinenoirefitsonapparition.Celle-ci stationna endouble-file devant le salon, et unhommedescendit souplement del’arrière.Ils’arrêtauninstantsurletrottoir,contemplalafaçadedusalonpendantquelquessecondes,puiss’avançad’unpasdécidéverslaporte.Al’extérieur,onpouvaitentendrelesdeuxhommesauxappareilsphotosessayerd’attirersonattention.
La porte du salon s’ouvrit et le petit carillon au tintement ridicule annonçant l’entrée dequelqu’unretentit.L’hommescannad’unregardperçantleslieuxpours’arrêtersurmoi.Sonvisages’éclaira immédiatementd’unsourire lumineux, ilme rejoignitendeuxenjambéespuissanteset seplantajustedevantmoi.D’unebellevoixgraveteintéed’unlégeraccentanglo-saxonilmedit:
—Bonjourmachérie.
Chapitre2—Bonjourmachérie.Jedévisageail’hommeenfacedemoiaveccequidevaitêtrel’airleplusincréduledumonde.
Etquelhomme!Certainementleplusbeauquim’aitétédonnédevoir.Unemâchoirecarréeetvirile,légèrementombréed’unebarbedequelquesjourssavammententretenue.Descheveuxblondsunpeuenbataille,encadrantunfrontdroit.Unnezfinetsurtoutdesyeuxd’unbleucéruléend’uneintensitéfantastique.
Maiscequimeperturbaàcetinstant,outrelefaitqu’ilm’aitappelé«machérie»,c’estquesonvisagenem’étaitpastoutàfaitinconnu.Maisjen’arrivaipasàsavoirpourquoi.
Okrésumons,j’aiunsuperbeaugosseenfacedemoiquimedonneunpetitnomaffectueux.Tuessûrequec’étaitdusucredanstoncaféMarie?
Un silence, à peine perturbé par un séchoir à cheveux resté en route, s’était installé dans le
salon.L’ensembledesclientesetemployéesavaient leursyeuxbraquéssurnous,etonpouvaitdirequelaplupartd’entreellesappréciaientlavue(jepouvaislescomprendre).C’estfinalementSandraquipritlaparole:
—Bonjour,c’estpourunecoupe?—Nonmerci,luisourit-ilensetournantverselle.VousdevezêtreSandra?Mariem’aparléde
vous.—Ouic’estça,minauda-t-elle.J’étais encore plus perdue. J’avais apparemment déjà rencontré cet hommemais je ne savais
plus où.Comment ai-je puoublier unmecpareil ?Lui connaissaitmonprénom?Et je lui auraisparlédeSandra?Maisquand?
Je commençais à faire une revue mentale de mes derniers rendez-vous Meetic, en medemandantlequeld’entreeuxauraitpusubirunegreffetotaledevisage,maisjenevoyaisvraimentpas.
Sandradesoncôté,meregardaitavecdesyeuxgrandsécarquilléscommeceuxd’unechouette.Samâchoirerisquaitdesedécrocheràtoutmoment.Sijen’avaispasétéaussiperturbéeparlebelinconnu,j’auraisadoréprendresonexpressionenphoto.
— Excusez moi, interpella Madame Barbier une de nos clientes installée sous son casqueséchoir,ensecouantsonmagazinepeople.VousneseriezpasColtonClarkeparhasard?questionna-t-elle.
—Ouic’estbienmoi.
Illuidécrochaunsourireà100000volts,quifitrougirlasémillanteoctogénairecommeunejeunefille,jusqu’àlaracinedesespapillotes.
Colton Clarke ! L’acteur américain connu internationalement, avec au moins deux GoldenGlobes et un oscar, élu « homme le plus sexy de la planète » l’année dernière, et à la réputationsulfureuse. Voilà pourquoi son visage me disait quelque chose ! J’ai vu un de ses films l’annéedernière.Qu’onnemedemandepas lenom, jenesaisplus.Caparlaitde lamafia jecrois?Enfinpeut-êtrepas,ilyavaitdesméchantsçac’estsûr.Ilmesemblequejemesuisendormieavantlafin…
Son visage faisait surtout régulièrement la une desmagazines lus parmes clientes, pour sesfrasquesaveclagenteféminine.
Bon, cela ne m’expliquait toujours pas pourquoi il me connaissait, et surtout pourquoi ilm’appelaitmachérie.Cen’étaitpasmonanniversaire,doncpasmoyenquecesoituneblagued’Alice
ouNico[2]
quiauraientembauchéunsosie.Làvraiment,j’étaisperdue.Etcommevousl’avezpeut-êtreremarqué,jen’avaistoujourspasdécrochéunmotdepuissonarrivée.
Coltonrecentrasonattentionsurmoi,etmoncœurmanquaunbattement.Ilmeregardaitavec
unetelletendressedanslesyeuxquejefaillismeliquéfiersurplace.Ilavançasamainpourremettreunedemesgrandesbouclesbrunesderrièremonoreille,sanslâchermonregard.Lecontactsuccinctdesesdoigtssurmapeaum’électrisa immédiatement.Moncorpssemblait le reconnaîtrealorsquemonespritluin’enavaitaucunsouvenir.
—Jepeuxteparlerenprivé?demanda-t-ild’unevoixbasse.Encoreincapabledeprononcerunesyllabe,jehochailatêteetluifissignedemesuivredansla
réservequimeservaitégalementdebureau.L’espace était assez étriqué et rempli de produits cosmétiques, l’odeur âcre des colorations
n’étaitpasdesplusagréables,maisàcetinstantc’étaitlecadetdemessoucis.JecherchaissurtoutàcomprendrepourquoiColtonClarke,acteuraméricain,sexsymbol,etstarinternationale,voulaitmeparleràmoi:MarieLeroy,petitecoiffeuseniçoisequelconque.
Nous nous regardâmes sans rien dire quelques secondes, l’intensité de ses yeux bleusme fit
baissermon regard noisette vers le sol.Quelque chose au-delà de son physiquem’attirai chez cethomme, pourtant nous n’avions échangé pas plus d’une dizaine demots… tous prononcés par luid’ailleurs.Ilfinitparromprelesilencelepremier.
—Tunetesouvienspas.Cen’étaitpasunequestionmaisuneaffirmation.Etjevistoutsoncorpssetendre,ilpassases
deuxmainsdanssescheveuxenbaissantlatêtedemécontentement,puisilexpirabruyamment.—Jenesaispassijedoismesentirsoulagéoutristedecettenouvelle,continua-t-il.
—Pourquoi?parvins-jeàarticuler.Il leva sesdeuxprunellesazurversmoi, et j’eus la sensationquec’est la tristessequi l’avait
envahi.Maispourquelleraison?J’espéraienapprendreunpeuplus.—Assied-toi,dit-il.Je pris place sur l’unique chaise de la pièce, Colton tendit versmoi unemain comme pour
attraper lamienne puis se ravisa.A la place, il fourragea dans ses cheveux prenant un air embêtécommeungaminquiallaitavouerunebêtise.
MonDieuilestencoreplussexycommeça!—TuétaisàLasVegasilyaunesemaine,c’estexact?—Oui,affirmai-jelavoixtremblante.—Moiaussi.C’estdonclàquenousnoussommesrencontrés,j’auraipum’endouteraprèstout.Jesupposai
quecelaavaitdûseproduire ledernier soir lorsdema fameusecuite.Plus jamais jeneboiraideTéquila.
—Tuétaisseuleaubardetonhôtel,nousavonsentaméladiscussionetdefilenaiguillenousavonspassélasoiréeensemble.
Il fit une pause et scrutamonvisage.Demon côté, j’essayai deme concentrer unmaximumpouressayerdetrouverlemoindresouvenirquipourraitm’aideràcomprendrecettesituation.Ok,nousnousétionsapparemmentrencontrésàLasVegas,maiscelan’expliquaitpascequ’ilfaisaitici,à9407kilomètresdecebar(ouij’avaisvérifiéladistanceNice-Vegasavantdepartir),avecmoidanslaréserved’unsalondecoiffure.Undéfipourlatélévision?Ilpensequej’aiembarquésonportableparerreur?Remarquequeçacouteraitmoinscherd’enracheterunneuf.
Iljouaitnerveusementavecsesdoigts,etprisunegrandeinspiration.Jesentisqu’ilyavaitautrechosequ’ilvoulaitmedire.
—NousnoussommesmariésMarie,balança-t-ild’unetraite.—Quoi?!Jemerelevaid’unbond tant labombequ’ilvenaitde lâchermepritparsurprise. Il s’avança
d’unpaslaissantentrenosdeuxcorpsseulementquelquescentimètres.Jevisqu’ilréprimaitl’enviedemetoucher.L’aircrépitaentrenous.
J’étaisunpeutropconscienteettroubléeparlachaleurémanantdelui.—Cen’estpaspossible,balbutiai-je,jenesuispasmariée.—J’aibienpeurquesi.Jem’éloignaideluiafind’échapperàsaproximitéquimebrouillaitlesidées,etmemisàfaire
les100pas.Dumoins,cequiyressemblaitdansunsipetitespace.— Je ne comprends pas, comment ai-je pu passer la soirée avec toi, me marier et ne me
souvenirderien?
—Jesupposequej’aimalévaluétontauxd’alcoolémie.Tumesemblaisunpeupompettemaispasivreàcepoint.Merde,gronda-t-il.
Ilécrasa rageusementsonpoingsur la table. Jesursautaieteuunmouvementde reculetmeprotégeantinstinctivementdemesmains.Songesteavaitréveilléenmoidessouvenirsquej’essayaisd’oublierdepuisquelquesannées,maislesvieilleshabitudesavaientlaviedure.
L’attitude de Colton changea immédiatement passant de la colère aux remords, et sonexpressions’adoucit.Sesyeuxseremplirentdecompassion.
—Excuse-moi,jenevoulaispast’effrayer,dit-ilavecempressement.Il soupira et mit ses mains dans ses poches comme pour s’empêcher de faire des gestes
déplacés,etprononçad’unevoixdouce:—Je ne te ferai jamais demalMarie, jamais je ne pourrai lever lamain sur une femme, et
surtoutpassurtoisachantcequetuastraversé.Mon estomac se noua d’un coup.Comment était-il au courant ? Je n’en avais jamais parlé à
personne.Ilyadixminutesjeneconnaissaispascegars(enfinmisàpartsurpapierglacé),etlàjedécouvrais qu’il connaissait des détails intimes de ma vie ! Comprenant certainement monquestionnementsilencieux,ilcontinua:
—Cesoir-lààVegas,nousavonsbeaucoupparléet tum’asconfiécequetuastraverséplusjeune.Jesuisdésolé,jemepointeicietj’espérais…Jenesaispascequej’espérais,jeferaimieuxdem’enaller.
Il se retournabrusquementvers laporte,prêt àpartir, et sanshésiterun instant j’attrapai sonpoignetauvol.
—Attends.Sonregardmetransperçaets’attardauninstantsurmamaintoujoursposéesursonbras.Jene
l’enlevaipasayantbizarrementbesoindecelienphysique.J’avaisl’impressionquesilecontactétaitrompuilleseraitpourtoujours.
—Jeveuxcomprendre,murmurai-je.Jenesuispaslegenredefilleàmemariersuruncoupdetête,mêmebourrée.Jeveuxcomprendrepourquoij’aifaitça.
Mesparolesm’étonnèrentmoi-même,maisaufonddemoijesavaisqu’effectivementcen’étaispasmoietquejevoulaissavoirpourquoij’avaisfaitcela.Etcethommemetroublait.Paslastardecinéma.J’avaisl’impressionquedanscetteréserve,cen’étaitpasleColtonClarkedesmagazinesàscandalesmaisunhommedifférent.Cequimepermettaitd’affirmercela,jen’enavaisaucuneidée,maisjelesentais.
Unlégersourirepresquetimides’imprimasurseslèvresetilpritmamaindélicatement.—Dineavecmoicesoir.Cen’étaitpasunordre,plusunesuppliquepleined’anxiété, commes’il redoutaitque jedise
non.(Petiteparenthèse:jenepensepasqu’unefemmeaitdéjàditnonpourdîneravecColtonClarke)
—D’accord.Oùserejoint-on?—Jepasseteprendrecheztoiàhuitheures?—Ok—Jevaistelaissertravaillermaintenant.Ildéposasurmajoueunebiselégèrecommeuneplumequimefitfrissonner,puisilpartit.Je
restaiencorequelquesminutes,seuledanslaréserve,essayantvainementdereprendremesespritsetd’essayerdemerappelerdecettefameusesoiréeàVegas.
Ilfautcroirequecequis’étaitpasséàVegasétaitvraimentrestéàVegas.
Chapitre3Le reste de la journée j’essayai deme concentrer sur mon travail uniquement. Pour couper
courtauxquestions,j’avaisannoncéàSandradèsmasortiedelaréservequejenevoulaispasparlerdecequ’ilvenaitdesepasser.Ellerespectamarequête,maisjesurprisdenombreuxchuchotementset regards intrigués des clientes.C’est vrai que notre salon de coiffure n’était pas vraiment connupourêtreunrepèreàcélébrités,encoremoinsdececalibre!
Sandranemeditriennonplusquandjeprétextaiunemigrainepourpartirplusvitedusalon.J’étaisunpeugênéede luimentir etde la laisser fermer seulemais j’avaisbesoinde retrouver lasolitudedemonappartementpourcommenceràfairelepointsurcequiétaitentraindem’arriver.
JesuismariéeavecColtonClarke.Unefoisrentrée,jemefiscoulerunbainhistoiredemedétendre,etquelmeilleurendroitpour
remettresesidéesenplacequ’unebaignoiremoussante?Sionavaitétédansunfilmj’yauraisbuunverredevinrouge,dansunverreàpiedtypeœnologueetécoutédujazz,maisonétaitdanslavraievie et les bullesme suffisait.Heureusement car je n’avais pas de verres à pied. Et pas de bon vinrougenonplus.Toutjusteunebaignoireetc’estdéjàpasmal.
Je posai délicatement la tête sur le rebord de la celle-ci et me laissait submerger par lesendorphines.Toutàcoup,j’euunflash.Jemerevisdanslabaignoiredemachambred’hôtelàVegas,làaussiavecunbainmoussant.Pourtantjenevisquecetteimageriendeplus.
J’étais furieuse contre moi-même. Furieuse de ne pouvoir me souvenir de cette soirée. Jen’avaispaspourhabitudedeboireetencoremoinsdeboireaupointd’enoubliercequej’avaisfait.
Jesortisprécipitammentdubainetséchaimoncorpsmouillé.Jejetaiuncoupd’œilaumiroir.
J’yvisune fillebanale, bruneavecdesyeuxnoisette, unepeaumatedeméditerranéenne.RienquipourraitattirerunhommetelqueColtonClarke.Nousn’étionsclairementpasdelamêmeligue.Acet instant jemedemandaispourquoim’avait-il épousé?Etpourquoiest-il ici àNice? Jen’avaismêmepaspenséàluiposerlaquestioncematin.
J’enfilai un peignoir et je pris la résolution d’appelermon amie Lara. Elle était avecmoi à
Vegasetpourraitpeut-êtrem’aideràremplirlesblancs.Dumoinsj’espérai.Elleréponditdèsladeuxièmesonnerie.—SalutMarie!—Salut,çava?
—Oui,jesuisencoreauboulot,maisçava.—Ah…Désolée,tuveuxpeut-êtrequel’onserappelleplustard?—Non,pasdesoucisçamefaitplaisirdet’avoirauboutdufil.Tuvasbien?Tuasunepetite
voix,affirma-t-elleinquiète.—Oui…Enfinjecrois,soupirai-je.Larasijet’appellec’estquej’aibesoindetonaide.—Toutcequetuveux.Dis-moi.—Ecoute,tutesouviensdeladernièresoiréeàVegaslaveilledenotredépart?—Oui ! La fameuse soiréeTéquila, où tu as joué les rabat-joie et refusé de nous suivre au
casino.—Onvadireçacommeça,éludai-jeagacéeparsaremarque.Euh…tupourraismeraconterce
quis’estpasséparcequej’aidumalàm’ensouvenir…—Tum’étonnes!ricanna-t-elle.Vulatêtequetufaisaislelendemain,jesoupçonnequetuas
dûdévaliserleminibardetachambre,étantdonnéquejenet’aipasretrouvéeaubardel’hôtel.—C'est-à-dire?—Ben, comme je te l’aidit tout à l’heure, tu as refusédevenir avec Julien,Nicoetmoi au
casino,sousprétextequetuavaisdéjàtropdépensé.Tuesrestéeaubardel’hôteldisantquetuvoulaisresterunpeuseule.Jet’aipromisdevenirterejoindreuneheureaprès,etquandjesuisrevenuetun’étaispluslà.J’aipenséquetuavaisdûmonterdanstachambre,vuquetunerépondaispasnonplusautéléphone.Vutonétatdulendemain,j’aipenséquetuavaisfinidetesaoulerdanstachambre.
Charmant,ditcommecelaondiraitquejesuisalcoolique.—Tuessuredenepasm’avoircroiséavecquelqu’un?—Sûre,pourquoi?—Commentdire…hésitai-je.Apparemmentj’aipassélasoiréeavecunhomme.—Ahah!Tum’avaiscachéça!Enfintuasbienraisond’enavoirprofité.Aprèstoutondit«ce
quisepasseàVegas…»—«ResteàVegas»,coupai-je.Jesais.Maismonproblèmetuvoisc’estquetoutn’estpasresté
àVegas,hésitai-je.Aprèsunblancdequelquessecondes,elles’exclama:—OhmonDieu!Tuesenceinte?!—Ausecours!Non!Enfin j’espère !Acemoment je fus prise d’un affreuxdoute, est-ce quenous avions couché
ensemble?Est-cequejepourraiêtreenceinte?Labilemeremontadel’estomac.Nonjen’auraipasfaitça!Enfinqu’est-cequej’ensais?Aprèstoutjemesuismariéeàunparfaitinconnu!
—Enfait,…ilsembleraitquejesoismariée.—Quoi?!—Raviedevoirquetuaslamêmeréactionquemoiquandjel’aiappris,dis-jesarcastique.
—Tut’esmariéeettunet’ensouvienspas?questionna-t-elleincrédule.L’incrédulitédesavoixmefitprendreconsciencequ’elleaussinepouvaitpascomprendreque
j’euoubliéunetellechose.Tousceuxquiprétendentquele jourd’unmariagelaissedessouvenirsimpérissablesseraientbienestomaquésdem’entendre.
—Apparemment.—Maisavecqui?C’est là que çadevenait drôle, jemedis qu’elle neme croirait jamais. Je fermai les yeux et
lâchaidansunegrandeexpiration:—TuconnaisColtonClarke?—L’acteur?—Lui-même.—Qu’est-cequ’ilvientfairelàlui?Attends,attends…Jepensequej’aimalcompris…Tuesen
traindemedirequetut’esmariéeavecColtonClarke?s’égosilla-t-elled’unevoixbeaucouptropaigüe.
J’éloignailecombinédemonoreillepourtenterdepréservermestympans.—Oui.—Tumefaismarcherlà?—Nonjetejure,dis-jed’unevoixcalmeetrésignée.—Tu t’esmariéeavecColtonClarke,undesmecs lesplussexyde laplanète…et tune t’en
souvienspas?Maiscen’estpaspossible!Jesentaisqu’elleétaittotalementdéstabiliséeparlabombequejevenaisdelâcher.—Ben…si.—Marie, si c’est une blague elle est un peu grosse tu ne trouves pas ? C’est Nico qui t’a
demandédemepiéger?—Cen’estpasuneblague, soufflai-je. Ilestvenuausalonaujourd’hui.Tupeuxdemanderà
Sandrasitunemecroispas.—Ausalon?IciàNice?répliqua-t-ellecomplètementdéstabilisée.—Non,nonàceluideLosAngeles,répondis-jeunbrinexaspérée.—Ahah,trèsdrôle.Maiscommentvousêtes-vousrencontrés?—Aubar il paraît. Je n’en sais pas plus, c’est pour cela que je t’appelai, pour savoir si par
hasardtuavaisdesindices.—Nonaucunmalheureusement, tupensesbienquesi jen’avaisqueseulementcroiséColton
Clarkedansuncouloirjet’enauraiparlépendantdesmois.Maistuneluiapasdemandédet’endireplus?
—Disonsquej’aiétéunpeudéstabiliséesur lemoment,dedécouvrirquej’étaisunefemmemariée,etàunecélébritédesurcroit.Ilm’aproposéqu’onsevoiecesoirpourendiscuter,maisjene
saispasquoifaire.Jesupposequ’ilveutnégocierlestermesdenotredivorce.Làj’aijusteenviedeme pelotonner sur mon canapé avec des cookies et essayer de faire le vide dans ma tête pourcomprendrecequ’ilsepasse.
—Tuasrendez-vousavecColtonClarkecesoirettunesaispassituveuxyaller?Maisqu’estcequine tournepasrondcheztoi?Cemecaunsourirequipourrait faire tomber tapetiteculottetouteseule.Etiladesabdosdignesd’unesculpturededieugrec.
—Commentsais-tucommentsontsesabdostoi?—Tun’aspasvusondernierfilm,celuioùilestenmaillotdebainetsortd’unepiscineetque
despetitesgouttesd’eau ruissèlent sur son torseparfait? J’enaipresqueunorgasmerienqued’ypenser.
Bizarrementjeressentisunpeud’irritationàsespropos.—Nonjamaisentenduparler.—C’estbientoiça,épouserunacteurcélèbredonttun’asvuaucunfilm.MonDieu!Illesait
aumoins?–Jen’ensaisrien.Etpuisj’enaivuun…jecrois…Brefjenesaispassij’airéellementenvie
d’yaller.Leproblèmec’estquejenepeuxmêmepasl’appelerpourannuler,jen’aipassonnuméro!D’ailleurseny repensant, ilavaitditqu’ilvenaitmecherchermais jene luiavaispasdisoù
j’habitais.Cependant, ilavaitbienréussitàtrouvermonsalondecoiffure, jesupposaisqu’ildevaitdéjàêtreenpossessiondemonadressepersonnelle.
—Vas-y ! Tu risques quoi au pire ?De passer une bonne soirée avec un super canon ? Tuimagines dans la liste des choses à faire avant de mourir, tu peux cocher « rencard avec unecélébrité».Etpuisc’estpasn’importelaquelle,c’estColtonClarke!
—Jecroisquejen’aipastroplechoixdetoutefaçon,soupirai-je.—Metsunejolierobe,pomponne-toietpasselasoiréeavectonmari.Etaprèsçajeveuxun
rapportdétaillé!Tonmaricesmotsmepercutèrentviolemmentetjeréalisaiàcemomentquej’étaismaintenant
unefemmemariée.Pourcombiendetemps?Celaétaituneautrequestion,àlaquellejenepourraipasrépondresij’évitaisColton.JefinisdoncmaconversationavecLaraetdécidaidemepréparerpourlasoirée.
Nesachantpasdansquelgenred’endroitColtonpensaitm’emmener,maismedoutantqu’ilne
s’agiraitpasduMcDonaldducoin,jerevêtisunepetiterobenoireaudécolletésage(onnesetrompejamais avec une petite robe noire). Je l’accessoirisai avec des escarpins à talons et des bouclesd’oreillespendantes.Jelaissaimescheveuxnaturelsavecleurslargesboucles.Unmaquillagediscretcommej’enavaisl’habitudemaisquisoulignaitmesyeux.Aprèstoutpourquoichanger?
Apeineleglossétalésurmeslèvres,lasonnettedelaported’entréeretentit.Leventrenouépar
le stress j’ouvris la porte. Je faillis défaillir sur le seuil.Colton était vêtu d’un pantalon noir biencoupé, et d’une veste assortie. Le bleu de sa chemise, identique à celui de ses yeux les rendaientencoreplusintenses.Enmevoyantsonregards’éclairaetsonsourires’illumina.
— Entre, je t’en prie, il faut que je prenne mon sac, l’invitai-je afin de me donner unecontenance.
—C’estdonciciquetuhabites,dit-ilpluspourlui-mêmequepourmoi.Jeréalisaiàcet instantquemonappartementdevaitparaîtrebienmiteuxparrapportaugenre
d’endroitsqu’ildevaitavoirl’habitudedefréquenter—C’estmonchezmoi.—Ladécoesttrèsdifférentedecelledusalondecoiffure.—Oui,jen’aipaseuencorelesmoyensdedonneruncoupdeneufici,rétorquai-jeunpeutrop
sèchement.Aumomentoùjeprononçaicesparoles,jelesregrettaiimmédiatement.Jen’avaispasenviede
luiparlerdemesproblèmes financiers.Etencoremoinsdu faitque j’avaisdéjàdumalàhonorermonloyerchaquemois,doncquerefairelatapisserieoulapeintureétaientlescadetsdemessoucis.
Unefoismonsacrécupéré,j’attrapaimavestedansl’entréeetColtonseprécipitapourm’aider
àl’enfiler.Cepetitgestemetouchaparticulièrement.Ilestjustebienélevéc’esttout.Dans l’ascenseur, son odeur me chatouilla agréablement les narines. Mon trouble ne cessa
d’augmenter lorsqu’une fois sortis de la cabine il posa samain dans le bas demon dos pourmeguiderjusqu’àlavoiture.
Lagrosseberlinenoireque j’avaisaperçueplus tôtausalonétait stationnéedansmarue.Enapprochant,Coltonpassadevantmoiafindem’ouvrirlaportièrearrière.Jemeglissaisurlesiègeencuirenmefaisantlaréflexionquejen’étaisjamaismontédansunevoituresiluxueuse.
Chapitre4Unsilencegênants’installaentreColtonetmoi.Quedit-onàsonmariquel’onneconnaitpas?
Jen’étaispasvraimentaucourantdesusetcoutumesdanscegenredesituation.Nous arrivâmes enfin à destination, apparemment nous nous rendions auChanteclerc le très
select restaurantétoiléde l’hôtelNegresco, lepalacede la fameuse«PromenadedesAnglais[3]
».J’étaisdepuismonenfancefascinéeparcetendroit,maisjen’avaisjamaiseul’opportunitéd’ymettrelespieds.
Lechasseurdel’hôtels’avançapourouvrirmaportière,etjetentaidem’extrairedelaberlineélégamment.Coltonme suivit et remercia l’employé d’un signe de tête. Il replaça délicatement samaindanslecreuxdemesreinscequiencoreunefoisdéclenchaunfrissonagréabledansmonbasventre.
Lemaîtred’hôtelnousinstallasurunetableunpeuàl’écart,jesupposaispourresteràl’abri
des regards indiscrets. J’avais remarqué que plusieurs personnes s’étaient retournées sur notrepassage,bienquecesmursetdonclaclientèledoiventêtrehabituésàcroiserdescélébrités.
Lagênequ’ilyavaitentrenousnes’étaitpasdissipée,fortheureusementl’étudedelacartefutunejustificationànotresilence.Néanmoins,j’étaistellementnerveusequecelamerendaitincapabled’enlireuneseuleligne.Lorsquelemaitred’hôtelrevintpourprendrenoscommandes, jeréalisaiquejenem’étaisabsolumentpasdécidée.
—Puis-jesuggéreràMadameles« langoustinesrôtiesaupimentd’Espelette»,dit-ildans lebutdem’éclairer.
—Mafemmeestallergiqueauxfruitsdemer,répliquaaussitôtColton.Je levai alors les yeux de ma carte pour le regarder incrédule, je ne savais pas ce qui me
choquaileplus:qu’ilm’aitappelé«safemme»oubienqu’ilsoitaucourantdemonallergieauxfruitsdemer.Luienaurai-jeparléàLasVegas?A-t-ilfaitdesrecherchessurmoi?Aprèstoutildoitavoir des moyens et des connexions que je ne soupçonne même pas. Il avait bien trouvé où jetravaillaisetoùj’habitais.Maisbon,cen’estpascommesimonallergieétaitécritesurmonprofilFacebook,j’aidûluienparler…Maispourquoi?Quelintérêt?
Coltons’aperçudemonairdécontenancéetm’adressaunpetitsourireencoin.Celui-cimefitoubliermesélucubrationspourreveniràquelquechosedebeaucoupplusterreàterre:monDieuquecemecestsexy.
C’estfinalementunsubtilraclementdegorgedumaîtred’hôtelquimeramenaàlaréalité.Jepassaimacommandeenprenantdesplatsauhasard,puisjelaissaiColtondiscuteraveclesommelier
delacartedesvins.Quand enfin nous nous retrouvâmes tous les deux,Coltonme posa la question qui devait le
tarauderdepuisunmoment:—Marie,dequoitesouviens-tuexactementdecettesoiréeàVegas?Me sentant rougir jusqu’à la racinedes cheveux, jeprisuneprofonde inspiration afindeme
donnerducourage.—Ahvraidirepargrand-chose,murmurai-je.—C'est-à-dire?Commentluidirelavérité?Rien,nothing,nada.Jefiniparmelancer.—Jeme souviensm’être installée aubar de l’hôtel pendant quemes amis étaient au casino,
commençai-jetimidemententriturantmaserviette.—Et?—C’estàpeuprèstout…Jecomprisquemaréponseneluifitpasplaisir.Ilpassalamaindanssescheveuxensoufflant.
Sestraitsétaienttendus.—Merde.—Jesuisdésolée,balbutiai-je.—NonMarie,c’estmoiquisuisdésolé,rétorqua-t-ild’unairlas.Aaucunmomentdelasoirée
jen’airéaliséquetuavaisautantbu.J’étaismortifiéeparsaremarque.Jen’aipasl’habitudedeboireetencoremoinsdemesaouler.
Ce soir-là, Lara m’avait certes un peu entrainée en début de soirée dans son euphorie (elle avaitgagnéauxmachinesàsous).J’avaisensuitebuseule,maispasgrand-chose,carj’avaisl’espritunpeumorose,jen’avaispasdûmerendrecomptequej’avaisdépasséleslimites.
—Jemesuisaussisouvenueavoirprisunbain…Jerougisunpeuendisantcela.Jen’osaiposerlaquestionquimebrûlaitleslèvres.—Tuasprisunbainavantd’allertecouchereffectivement.—Est-cequenousavons…demandai-jed’unevoixhésitanteenayantenviedemecachersous
latabledehonte.—Non.Tuétaisfatiguée,tuasprisunbainpendantquejet’attendaisdanslachambrepuisnous
noussommescouchés.—Nousavonsdormiensemble?—Ouitoutelanuit,enfincequ’ilenrestait,ajouta-t-ilavecunpetitrire.Quandjemesuislevé,
jesuisallédansmachambrerécupérerdesvêtements,prendreunedoucheetàmonretour tuétaispartie…
Merde,jel’ailaisséenplanalorsqu’ilpensaitmeretrouverapparemment.
—Tuascruquej’avaisfuis?—Oui.J’étaisfurieux.Tunem’avaismêmepaslaisséunmot.—Quandjemesuislevée,jenemesouvenaispasdemasoirée.J’aiétéréveilléeparmonamie
Lara quime hurlait à travers la porte deme dépêcher car nous devions aller à l’aéroport. En dixminutesj’avaisquittémachambre.
—C’estbêtequandonypense,dit-ilenbaissantlesyeuxverslatable.—Oui.Jepeuxteposerunequestion?—Toutcequetuveux.—Pourquoies-tuiciàNice?Ilmeregardadroitdanslesyeuxetsanshésitationmerépondit:—MafemmevitàNice.Cettesimplephrasemecoupalesouffle.Serait-ilvenuparcequ’ilavaitenviedemevoir?Une
petiteflammed’espoirpritnaissancedansmoncœur,maistoutàcoupjeréalisaiquecequ’ilvenaitdedireétaitégalementunsimplefait.OuijevivaisàNice,etdoncilétaitpeut-êtreicicarilsouhaitaitdivorcer.Enmêmetempsildevaitavoirunearméed’avocatsàsonserviceprêtsàs’occuperdeçasansavoirbesoindevenirmevoir.
—Excusez-moi?Une ravissante blonde sortie tout droit des pages d’unmagazine demode s’adressait à nous.
EnfinplutôtàColtonqu’àmoi.Elleportaitunesuperberoberouge,quimettaitparticulièrementenvaleursacarnationpâle,etquidevaitcoûterpluscherquemagarde-robetouteentière.Coltonposasescouverts.
—Jeneveuxpasvousdérangeravecvotreamie,maisseriez-vousColtonClarke?questionna-t-elleenbattantdescils,d’unairquidisaitqu’elleconnaissaitdéjàlaréponse.
—Oui,c’estbienmoi.—Monamieetmoi suivonsvotre carrièredeprès.Nousadoronsvos films,nous les avons
tousvus.Sonamie,unecharmantebrunetteinstalléequelquestablesplusloin,luifitunpetitgestedela
mainaccompagnéd’unsouriresponsorisé«EmailDiamant».—Merci.C’esttoujoursagréablederencontrerdesfans,réponditColtonpoliment.—Vousêtesunacteurexceptionnel,roucoula-t-elled’unefaçonquimelaissaitpenserquece
n’étaitpassestalentsd’acteurquiluiplaisaitleplus.—Onmeleditsouvent.Quellemodestie!Jelevailesyeuxauciel.—Etes-vousdanslarégionpouruntournage?—Non,jesuisicipourraisonspersonnelles,répondit-ilenm’adressantunlégersourire,que
lafillenesemblamêmepasremarquer.
LablondesepenchasurlatableversColtontoutenmordantsalèvreinférieurerecouvertedeglosscerise.Jevisàcetinstantqu’elleavaitunmorceaudepapierdanslamain.Elleluichuchotaàl’oreilled’unevoixsuaveassezfortepourquej’entende:
—Appelle-moi,quandtuveux.Unevagueacideremontademonestomac.Cettefillesecomportaitcommesijen’existaispas.
Maislaréalitémefrappaaussitôt.Cen’estpasqu’ellenem’avaitpasvue,c’estquetoutsimplement,ellenepouvaitpasconsidéreruneseulesecondequejesoisencoupleavecColton.J’étaisbienloinderessemblerauxmodèlesouactricesaveclesquellesilposaitdanslapresse.J’étaistrèstrèsloindesontypedefemmes.Elleavaitdûsupposerquejetravaillaisavecluiparexemple.
—C’est très gentil de votre part, mais je ne suis pas disponible. VoiciMarie, mon épouse,continuaColton.
Un éclair d’étonnement traversa le visage de la blonde, tandis qu’elle me dévisageait. Elleouvrit labouche,puis la referma.Ellemarmonnauneexcuseetpartit rejoindresonamie tellementvitequ’ellefaillittrébucher.
—Etbien,jesupposequecelaserasurtwitterdansdixminutes,etquelanouvelleseradiffuséeenFrancemaintenant,s’amusaColton.
—Pourquoielleestdéjàdiffuséequelquepart?Sonregardm’appritenuninstantlaréponse.— Disons que les employés de la chapelle où nous nous sommes mariés n’ont pas tenu
longtempsavantdediffuserlanouvelle.Enplus,ilsontmêmediffuséunephoto.—Quoi!Quellephoto?—Tiensregarde.IlmetenditsonSmartphonederniercripourquejepuisseadmirerlaphotodenotreunion.Sur le cliché, nous affichions tous les deuxun sourire jusqu’auxoreilles. Je portai une robe
blanche près du corps, qui je suppose devait être fournie par la chapelle, ainsi qu’un voile et unbouquetdefleursentissusringard.Ausecoursmescheveux!Coltonluiétaitensmokingsombreetnœudpapillon,impeccablebiensûr.
—DèsmonretouràNew-Yorkj’avaisunehordedepaparazziàmesbasquesmedemandantoùsetrouvaitmanouvelleépouse,etjen’enavaisaucuneidée.
—Pourquoinouvelle?Tuasdéjàétémarié?—Non,pasdutout.Cen’estpasmongenre,ajouta-t-ilbientroprapidementàmongoût.Pourquoicetteinformationmefitl’effetd’uncoupdepoignard?Jedéglutisdifficilement.—Jesupposequetuveuxdivorcer?demandai-jecassante.—J’aidit que cen’était pasmongenredemecaser, pasque celanem’arriverai jamais.De
toutefaçon,nousnepouvonspasdivorcer.—Pourquoiça?
Ilprituneinspirationcommepoursedonnerducourage,etposasamainsurlamiennesurlatable.
—Marie,cesoir-làjet’aiexpliquéquemonpasséaétéassezmouvementé.Jen’aipastoujourseuuncomportementmodèleetj’aiaccumulépasmald’erreurs.Pasmal,aupointquecelaaentachémacarrière,etquemonnomnesoitplussynonymede«bankable»pourlesstudios.Depuisquelquesmois j’essaye deme racheter une conduite. Cemariage,maintenant qu’il est public est une bonnenouvellepourmonimage.
Aufuretàmesuredesesexplications,unfrissonglacémetransperça.Ilcontinua:—Jecommenceunnouveaurôlelasemaineprochaine,etlesproducteursm’ontfaitsignerune
clausedemoralité.Jenedoisavoiraucunécartdeconduitesinonjeserairenvoyé.Cefilmesttrèsimportantpourmacarrière,jevaisenfintravailleravecleréalisateuraveclequelj’aitoujoursrêverdetourner.Enplus,j’ailerôleprincipal.Undivorceentraineraitlarupturedemoncontrat.
J’avais l’impression d’être un vulgaire pantin dont il avait besoin pour redorer son blason.C’estdoncpourcelaqu’ilm’avaitépousé?Etj’aiacceptéça?
Jeréprimailanauséequimenaçaitdemeprendrepourluiposercettequestion:—Qu’attends-tudemoi?— J’aurai besoin que tu donnes le change un petit moment au moins. Que nous fassions
quelquesapparitionspubliquespourquelapressepuissenousprendreenphoto,etconfirmernotremariage.Ceserait l’affairedequelquessemaines, le tempsdu tournage.Soit jusqu’auxfêtesdefind’année,toutauplus.Jenetedemandepasd’avoirunevraierelationavecmoi,justedeprétendreêtremafemme,cequiestvraisurlepapieraprèstout.
— J’avais bien compris que tu voulais juste « prétendre ».Malheureusement pour toi, monemploidutempsestunpeuchargéencemoment.Alorstum’excuserasmaistutrouverasuneautrecruchepour«prétendre»êtretafemme.Mercipourlerepasetboncourage.
Surcesmots,jemelevaid’unbondetleplantailà.
Chapitre5Jesortisdurestaurantentrombe,etcommençaiàmarcherdanslanuitfraîchedecettefinde
moisd’Octobre.Dansmaprécipitationj’avaisoubliéderécupérermavesteauvestiaire.Jedécidaiquejenevoulaispasrebrousserchemin,jen’avaisaucunementenviederevoirColton.Jeviendrailarécupérerlelendemain.
Si à l’extérieur j’avais froid, à l’intérieur je bouillais. J’étais furieuse contremoi.Commentavais-jepupenserunseul instantqueColtonpuisseêtre intéresséparmoi? Ildevaitêtre luiaussisous l’emprise de l’alcool le soir de notremariage, sinon il nem’auraitmême jamais adressé laparole.
Ou bien il avait déjà dans l’idée de contracter un fauxmariage dans l’idée de se faire de labonnepub?Ilacherchécesoir-làunebonnepoireassezcruchepourl’épouseralorsqu’elleneleconnaissaitnid’Evenid’Adam,etc’est tombésurmoi.Siçase trouveilétaitmêmevenuàVegasexprèspourça,histoired’avoirtoutsouslamainpourunmariagevitefait.Aprèstout,pasbesoindepasseruneannoncequandonestColtonClarke, iladûm’avoiravecunclind’œilet troisparolesflatteuses.J’étaistellementseuledepuisquelquestempsquelepremierbeaugossequim’avaitadressélaparolem’avaitfaittournerlatête.
Mes talons battaient le trottoir énergiquement. Comment allais-je rentrer chez moi ? Jen’habitaispastroploinducentre-ville,maisàpiedcelafaisaitquandmêmeunepetitetrotte.Horsdequestiondeprendreuntaxi,celaallaitmecoûterunbras.Avecunpeudechance,jepourraispeut-êtretrouverunbusàcetteheure-cisansdevoirl’attendreuneheure.
Au fur et à mesure de mes réflexions, je réalisai que je sentais une présence derrière moi,
comme quelqu’un quime suivait. Ca ne pouvait pas être Colton, j’étais sortie trop rapidement durestaurantetavaitpresquecouruensuite.Enfincourir…commeonpeutcouriravecdesescarpinsdedixcentimètresdehaut.
Jejetaiunœilderrièremoi,etjevisunesortedecolossequimarchaitquelquesmètresderrièremoi.Jeraffermismonemprisesurmonsacàmain,toutenmemaudissantden’êtrejamaisalléeaucoursdeKravMagaauquelLaraavaittentédemetrainer.J’essayaid’accélérerlacadenceautantquemespiedsdéjàmeurtrismelepermettaient.
Notepourplus tard : nepasmettred’escarpins trophauts si tupenses t’enfuir en courantdurestaurant.
J’entendis que le colosseme criait quelque chosemains étant trop concentrée sur le fait detrouverunesolutionpourluiéchapperjenemeretournaipas.
—MadameClarke!s’exclama-t-il.MadameClarke?Cesmotsmirent bien une dizaine de secondes àme faire réagir. Serait-ce
moi?Quemevoulait-il?Jemarchaileplusvitepossiblemaisladistanceentrenousseréduisait.—MadameClarke!dit-ilencoreunefoisenm’attrapantparlebras.Jemeretournaid’uncoupverslui,prêteàluibalancermonsacàmainenpleinefigurepour
medéfendre.L’hommeenfacedemoidevaitmesurerpresquedeuxmètresetétaittaillécommeunearmoireàglace.Sapeaunoire luisaitgrâceauxrefletsdesréverbèresetsesyeuxfoncéseuxaussisemblaientmécontents.
Lasoiréenepouvaitpasêtrepire,j’allaismaintenantmefaireagresserenpleinerue.—Lâchez-moi!criai-je.Ausecours!Ilouvritinstantanémentlamainpourlibérerlepoignetcommesijel’avaisbrulé.—Excusez-moiMadame,jenevoulaispas…Sonexpressionfutempliedeconfusion.C’estluiquisemblaiteffrayéparmoimaintenant.—Qu’est-cequevousnevouliezpas?M’effrayer?Parcequesic’estlecascroyezmoic’est
raté.Canevaspaslatêtedemesuivrecommeçaenpleinerue?Qu’est-cequevousvoulezd’abord?Jenevousconnaismêmepas!Pourquoim’appelez-vousMadameClarke?Cen’estmêmepasmonnom!hurlai-jeensadirection.
— Je suis désolé, Madame Clarke. J’ai des consignes, je ne voulais pas vous faire peur,répliqua-t-ilenlevantlesmainsensigned’apaisement.
Oualorsavait-ilréellementpeurd’uncoupdesacàmain.—Desconsignes?Quellesconsignes?Etdequi?—Demoi,meréponditunebellevoixgrave.Colton.— Laisse-moi te présenter Sam, continua-t-il. Mon chauffeur et garde du corps. Et Sam, tu
connaisdéjàmatendreetdélicateépouse:Marie,railla-t-il.Oups—BonsoirMadameClarke,jesuisravidevousrevoir.—Nem’appelezpascommecela,cen’estpasmonnom.Etpourquoimerevoir?Vousétiezà
Vegasvousaussi?—OuiMadame.—Tuasdevant toinotre témoindemariagemachérie.Laseulepersonnequiaitassistéà la
cérémoniemis à part l’officiant. Et accessoirement c’est lui qui nous a emmené tout à l’heure aurestaurant.
—Désolée jenemesouvienspasbiendecette soirée-là,balbutiai-jeà l’attentiondeSam.Etj’étaisunpeupréoccupéecesoir.
—Cen’estpasgrave.Lelargesourireauxdentsblanchesqu’ilabordaitmaintenantfaisaituncontrastesaisissantdans
lanuitnoire.—JevaisrécupérerlavoitureMonsieur?—Oui,jevaismarcherunmomentavecMarie,merciSam.—Peut-êtrequemoijen’aipasenviedemarcheravectoi,affirmai-jeboudeuse.—Ilfautquel’onparleMarie.Jecroisquetuasmalinterprétémesparolestoutàl’heureetje
veuxm’expliquer.—M’expliquerquoi?Quetuasbesoind’unefemmed’apparatetquetum’asépouséedansce
but,mercij’avaisdéjàcompris.—C’estcequetucrois?Ilmeregardadroitdanslesyeux,etmonsilencefûtmaseuleréponse.Sonregardétaitemplide
tristesse,ilsemblaitblesséetj’avouequecelatouchaquelquechoseenmoi.—J’aimeraistellementquetutesouviennesdenotresoirée,soupira-t-il.J’aimeraisquetut’en
souviennespourquetupuissesmedirequelessouvenirsquej’enainesontpasunedivagationdemonesprit.Quetoiaussituasfaitunebellerencontrecesoir-làetquetuneregrettespas.
A ces mots, mon cœur se serra. Je compris que je m’étais trompée. Ce mariage il l’avaitapparemmentvoulupourautrechosequ’unesimplestratégiepublicitaire.Maispourquoi?Pourquoimoi?Jeluiplaisais?Jevoyaisenluiledésarroifaceàcettesituationetsafragilité.Commeplustôtausalondecoiffure, j’eu l’impressionque leColtonClarkefaceàmoiétaitunhommesensibleethumainbiendifférentdeceluidescouverturesdemagazines.J’avaismêmeenviedeleprendredanslesbrasetleserrercontremoipourfairedisparaitrecettetristesse.Maisjen’osaipas.
—Tupeuxpeut-êtremeraconter?suggérai-je.— Si c’est moi qui te raconte, tu auras mon point de vue pas le tien. Je veux que tu me
connaissespartespropresyeux.—Peut-êtreque tupourrais justemeraconterdesanecdotes, justepourvoirsicelam’aideà
retrouver lamémoire.Regarde, j’ai bien euun flashdansmonbain tout à l’heure.Pourrais-tumeracontercommentons’estrencontrés?Est-cequec’esttoiquim’asabordé?Oumoi?
Ilm’adressaunpetitsourireencoinquimefitprésagerquelasuiteneseraitcertainementpasceàquoijem’attendais.
—Tu étais assise aubar, seule.Avrai dire, je ne t’avais pas vraiment vue audépart, j’avaispassé une mauvaise journée et j’avais juste besoin d’un verre. J’ai passé commande auprès dubarman,ettum’astoutdesuitedemandésicelanemedérangeaispasdepasserdevanttoi.Enfait,tuessayaisd’attirersonattentiondepuisunmoment.Jemesuisexcuséetaiproposédecommandertonverreetdetel’offrir,cequetuasimmédiatementrefusé.Jet’aialorsdemandécommentjepouvaisme fairepardonner, et tum’as répondud’allerme fairevoir avec, je te cite«monbaratin àdeux
balles»etdetelaissertranquille.—Apparemmenttunem’aspasécoutée.—Absolumentpas,répond-ilavecunsourirequimefaitfondre.J’étaisplutôtintriguépartoi.—Intrigué?—Oui,premièrementqu’est-cequ’unebellefemmecommetoifaisaitseuledansunbaràboire
desTequilas.Etdeuxièmement,pourquoitum’avaisenvoyébalader.—Tonégoaétéblessé?ricanai-je.—Ouivoyons,tusaisbienjesuisirrésistible!Encoreune fois je levai lesyeuxaucield’exaspération,mais il fallait avouerque le sourire
qu’ilm’adressaàcemoment-làétaitirrésistible.Jefinisparpouffer.—Jediraisquecelam’aplu.—Quejet’envoiebalader?—Oui, tu sais j’aiplus l’habitudeque lesgensveuillentà toutprixattirermonattentionque
l’inverse.—Jen’avaispasdûtereconnaitredetoutefaçon,tentai-je.—Etbiencontrairementàcematin,apparemmenttum’avaisreconnu.Tunetesouvenaisplus
demonnommaistum’asditquetuavaisvuundemesfilms.—Jenesuispasunegrandecinéphile.Jen’aipasbeaucoupdetempspouralleraucinéma.Etj’évitelesdépensesnonnécessaires.Jemegardaibiendeluiconfiercettedernièrepartie.—Jesaistumel’asdit.De quoi je ne lui avais pas parlé telle était la question ? Il semblait connaitre beaucoup de
chosesàmonsujet,etmoisipeu.Nousmarchions toujours sur la «Prom», la ville s’étirait devantnous jusqu’à la collinedu
châteauenunarcdecerclegracieux.Lalumièresdesréverbèressereflétaientsurlamerd’unnoird’encre.Jefrissonnaiunpeuàcausedelafraicheurdelanuit,etdel’oublidemaveste.SansunmotColtondéposadélicatementlasiennesurmesépaules.
—Samvientdem’envoyerunmessage.Ilarriveaveclavoiture,ilyadespaparazzisdevantlerestaurantquinousattendent.
—Canet’énervepasunpeud’êtreconstammentsuivi?—Jesupposequecelafaitpartiedujob,dit-ilenhaussantlesépaules.Cadépenddesmoments,
cequim’énervec’estquand ils rependentde fausses rumeurs et quecela touchemesproches.Cesmecssontdesvautours,ilssontcapablesdetoutpourunscoopouunerumeurquirapporte.
Samétantarrivé,nousmontâmesdanslavoitureetprîmesladirectiondemonappartement.***
Unefoisenbasdechezmoi,nouseûmesladésagréablesurprisedenousrendrecomptequelespaparazzisavaienttrouvémonadresseetqu’ilsnousattendaientdepiedferme.
—Tuvasveniravecmoiàl’hôtel.—Pardon?Jenevienspasavectoi,j’habiteici.Ilesthorsdequestionquejedormeailleurs,
ajoutai-jed’untonfermeetdéterminé.—Etpourmoiilesthorsdequestiondetelaisserseuledanstonappartement,alorsqu’ilya
unemeutedechacalsprêtsà te sauterdessusà lamoindreoccasion. Iln’yamêmepasdegardiendans ton immeuble, tucroisqu’ilsnevontpasessayerdecamperdevant taported’entrée?Jesaisqu’enFrance ils sontmoinsagressifsqu’auxEtats-Unismaisquandmême.Jen’aipasenviequ’ilssoientaucourantdetesmoindresfaitsetgestes.Etpuiscommentva-t-onexpliquerquejetedéposecheztoialorsquejevaisdormirailleurs.Noussommescensésêtremariés.
—Ahouij’oubliaitaprécieuseimage,lançai-jesarcastique.— A cet instant, mon image je n’en ai rien à foutre, s’énerva-t-il. Par contre si nous leur
donnonsdequoiseposerdesquestionsilsnevontpasnouslâcher.J’acceptaidoncmalgrémoide le suivreà l’hôtel.Bienentendu jemeposai laquestionde la
répartitiondescouchages.Ilnes’attendaitquandmêmepasàcequejedormedanssonlit?Coltondûliredansmespenséescarilm’appritquesasuiteavaitdeuxchambresàcoucher.
Lasuiteétaitdeuxfoisplusgrandequemonappartement,etmeubléeavecgoûtetraffinement.
Coltonposasavestesurl’accoudoirducanapé,etouvritunpeupluslesboutonsdesachemise.Jenepuspasm’empêcherdelorgnersurletriangledepeauhaléequesongestedévoila.
Ilmeproposaensuitedeboirequelquechose,jedéclinaisonoffreenavançantquej’étaisjustefatiguéeetquejevoulaisjusteallermecoucher.Jemeretiraidoncdansmachambreetm’assissurleborddulit.J’avaisenlevémesescarpins,histoiredesoulagermespiedsmeurtris.
Quelquescoupsfrappésdiscrètementàlaportemesortirentdematorpeur.Coltonmedemandaà travers la porte s’il pouvait entrer. Il tenait à lamainun t-shirt gris soigneusement plié etme letendit.
—Jemesuisditquetuauraisbesoindequelquechosedeplusconfortablepourdormir.—Merci.—BonnenuitMarie.—BonnenuitColton.Ilseretiraenfermantsoigneusement laportederrière lui.Jeretiraimarobeetmonsoutien-
gorgeetenfilaisont-shirtquim’arrivaitaumilieudescuisses.Ilsentaitdélicieusementbon.L’odeurquej’avaispudécelerchezColtonplustôtdanslajournée.
Jem’installaisouslacouettedel’énormelitkingsize,etappréciaitladouceurdesdrapsetlemoelleuxdelaliterie.Jemedemandaissil’ons’habituaitàtoutceluxe.Certainement.Jerepensaisalorsàlajournéequejevenaisdevivre.
Jem’étaislevéepourallertravailler,pourensuitemedécouvrirunmariricheetcélèbreetfinir
lajournéedansdesendroitsoùjenepensaispasavoirlesmoyensd’ymettrelespiedsunjour.Jemisunmomentavantdem’endormir,j’avaisbesoinjepensederevivrelajournéeetfairele
pointsurlesémotionsquis’étaientsuccédées.Jefinisparsuccomberàunreposbienmérité.
Chapitre6Jeme réveillai grâce à l’alarmedemon téléphonedans un endroit inconnu. Jemis quelques
secondes àme rappeler où jeme trouvais.Colton, le dîner, les paparazzis, l’hôtel. Jeme levai etattrapaiunpeignoirdansl’armoire,histoirederecouvrirmachemisedenuitimproviséequiétaitàlalimitedeladécence.
Jepassaiégalementparlacasesalledebains,pourfaireunétatdeslieux.Ausecours,ilyaduboulot.Entrelesrestesdemascaradégoulinantsfaçonpanda,leteintblafarddeMortitiaAdamsetlecheveuhirsute, jepouvaispresqueauditionnerpour fairepartiedugroupeKiss, sans retouches. Jetentaidemedonnerapparencehumaineaveclesmoyensdubord.Jefinispardégoterunélastiqueàcheveuxaufonddemonsacàmainspourdomptermacrinière.
Jeprisuneprofonderespirationavantd’ouvrirlaporteetdepeut-êtreretrouver«monmari»derrièreelle.Maisàmagrandesurprise,oudéception,lasuitesemblaitvide.Personnedanslesalon,etlaportedesachambreétaitouverte,maisaucunbruitn’ensortait.
Jevisalorsunetabledresséepourlepetitdéjeuner,pouruneseulepersonne.Uneprofusiondeviennoiseries,fruits,painsentousgenres.Ilyavaitdequoinourrirunrégiment.Enm’approchant,jetrouvaiunmotlaisséparColton.
Marie,J’espèrequetuasbiendormi.J’aidûpartirtôtcematinayantdesobligationsprofessionnellesàCannespourlajournée.J’aimerais que tu penses à l’idée de passer quelques temps aux Etats-Unis avec moi. Je net’obligeàrienmaisjeveuxjustequetuyréfléchissespourlemoment.Bonnejournéeetàcesoirpourdiner.ColtonSijetrouvaiquelefaitdem’avoirlaisséunmotétaitunedélicateattention,lateneurdecelui-ci
memitdemauvaisehumeur.Premièrement, le fait qu’il me demande de passer du temps avec lui aux Etats-Unis. Je me
demandaisiMonsieuravaitpenséneserait-cequ’uninstantquejepuisseavoirdesobligationsici,enFrance,quim’empêcheraientdevenir?Ilpensaitcertainementquejepouvaism’absentercommeça,quandcelamechantait.Abandonnermontravailetmesclientes,pourlesbeauxyeuxdeMonsieur.Ilavaitcertainementl’habitudequetoutlemondeluiobéissed’unclaquementdedoigts,etrépondeàtoutessesvolontés.
Deuxièmement, il m’indiquait dans son mot que nous dinions ensemble, chose dont nousn’avionsabsolumentpasparlé.J’étaisquandmêmeendroitd’avoiruneviemoiaussidemoncôté,etj’auraisaiméqu’ilaitladélicatessedemedemandersij’étaisdisponible.J’avaisbienenvie,pourlapeine,deluidirequenon.Maisilfautavouerégalement,quej’avaisappréciésacompagnielaveille,etquejemesentaisattiréeparlui.
L’odeur des croissants encore chauds, me rappela qu’un petit déjeuner de compétition
m’attendait. J’entreprisdoncdeme rassasier car il fallaitque jeparteunedemi-heureplus tardautravail. C’est alors, que je réalisai que je n’avais pas ma voiture, et que je n’avais pour seulsvêtementsetchaussuresqueceuxdelaveille,àsavoirpasdutoutadaptéspourrestertoutelajournéedeboutàcoifferdesclientes.Horsdequestionquejeremettecesinstrumentsdetortureauxpieds.
Jemeruaidoncdans lasalledebains,histoiredeperdre lemoinsde tempspossible,surtout
qu’il fallait que je repasse par chez moi. À ma grande surprise, une pile de vêtements neufsm’attendaitsurleplanenmarbre.UnensembledelingeriebleupâleAubade,ainsiqu’unJeanetuneblouse(àsavoirmonuniformede travailpréféré)etunepairedeballerinesRepetto(j’adoraicettemarquemaisn’avaisjamaispum’enoffrir).Letoutàmataillebienévidemment.Quandavait-ileuletempsdetrouvertoutcela?Etsurtoutenpleinenuit?Ilavaitcertainementdûdemanderàquelqu’undefairelescoursespourlui,etjedécidaisdoncdenepastropmeposerdequestions.Jen’avaispasenviedesavoirquiétaitalléchoisirdelalingeriepourmoi.
Unefoisdouchéeetcoiffée, jem’habillaiet jepartisrécupérer lesquelqueseffetspersonnels
dansmachambre.J’avaispris ladécisiondemerendreausalonàpied,après toutcen’étaitpassiloin,lorsquej’entendisquelquescoupsdiscretsfrappésàlaporte.J’ouvrispourmeretrouvernezànezavecSam.Enfin,plutôtlenezàlahauteurdesontorse,vuqu’ilfaisaitaumoinsdeuxtêtesdeplusquemoi.
Aprèsm’avoirsaluéd’unnouveau«MadameClarke»,ilm’indiquaqu’ilavaitpourordredemeconduireautravail.J’hésitaiuninstantàl’envoyerpaître,carmoi,jen’avaisàobéiràpersonne,maisétantdéjàenretardj’acceptaidepartiraveclui.
Cefutunchoixjudicieux,lenombredepaparazziayantconsidérablementaugmentédepuisla
veille.Sam,qui trouva luiuneplacedevant le salondupremiercoup (chosequinem’étais jamaisarrivé),me demanda d’attendre dans la voiture. Il vintm’ouvrirma portière etme suivis jusqu’àl’intérieur.
Lorsdesquelquesmètresparcourusdehors,lespaparazzism’assaillirentdequestions:Est-ceque Colton pensait s’installer à Nice, est-ce j’étais déjà enceinte, est-ce que j’allais continuer à
travaillerici,etc…Maisladernièrequej’entendismefitfroiddansledos.Onmedemandas’ilétaitvraiquej’avaissubidemauvaistraitementspendantmajeunesse.
La stupeur me coupa les jambes et je m’arrêtai de marcher subitement. Heureusement Samattrapamoncoudeetmetiraàl’intérieur,mettantfinauxquestions.Ilm’assitsurunechaiseàl’abridesregardsindiscretsets’accroupitdevantmoi.
— Marie regardez-moi. Ne leur montrez jamais qu’ils peuvent vous déstabiliser. Feignezl’indifférence,n’écoutezpascequ’ilsdisentsinonvousendeviendrezmalade.
J’acquiesçaid’unsignedetêtetropsecouéepourluirépondre.Commentpouvaient-ilsêtreaucourant ? Jen’enai jamaisparlé àpersonne…Sauf àColtonapparemment.Mais jenevoyaispaspourquoiilauraitdivulguécetteinformation.
Sandrame tira dema torpeur en secouantmon épaule.Elle nedit rienmais son regard était
rempli de question et de compassion. Je me demandai si elle avait entendu les questions desphotographes.
Je décidai d’aller poser mes affaires dans la réserve et de memettre au travail, histoire depenseràautrechose.Auboutd’unedizainedeminutes,jeréalisaiqueSamétaittoujourslà.Sandrad’ailleursluifaisaitunedémonstrationdesesplusbeauxsourires,toutens’occupantd’unecliente.
—VouspouvezyallerSam.JesuissûrequeColtonvaavoirbesoindevous.—NonMadame,ilm’ademandéderesteravecvoustoutelajournée.Je soupirai bruyamment pour lui montrer mon exaspération.Mais décidai qu’après tout s’il
avaitenviedejouerlesbaby-sitters,jen’enavaisrienàfaire,dumomentquecelaneperturbaitpasmajournée.J’allaisdevoiravoirunepetitediscussionavecsonpatron.
La présence deSamau salon ne passa pas inaperçue. Il faut dire que le garde du corps était
plutôt impressionnant.Et lavisionde l’armoire àglace installée sur sapetite chaise, feuilletantunmagazinefémininpourpasserletemps,avaitquelquechosedecomique.Lesclientescomprenaientvite qu’il n’était pas là pour une coupe (petit détail il avait le crâne rasé). Chaque tintement duCarillondéclenchaitdesapart,uneinspectionvisuelleenrègledunouvelarrivant.Sandraneputpass’empêcher de lui décrocher des regards séducteurs toute la journée, auxquels il répondait par unsourirepolilimitegêné.
Nousfûmesdébordéesdumatinausoir,apparemmentlanouvelledemonmariageavecColtons’étaitdiffuséesurlesréseauxsociauxfrançais,etavaitdéclenchédesenviesdecoupesdecheveuxchezcertainesclientescurieusesquim’avaientreconnues.
Bienentendu,jefusquestionnéesurlavéracitédecesinformationsunebonnedizainedefois.Esquiver les questions, était un réel challenge.Heureusement celles qui devenaient trop pressantesfurentremisesdansledroitchemin,parunsimpleregardassassindeSam.
J’eus à peine le temps de déjeuner. Si mon ange gardien de la journée n’était pas allé mechercherunsandwichàlaboulangerie, j’auraiscertainementdûmecontenterdelavieillebarredecéréalesdufonddutiroirdemonbureau.
Il était déjà 19h30 lorsque la dernière cliente partit. J’avais les pieds en compote, ma tête
bourdonnait, et jen’avaisqu’uneenvie : rentrer chezmoipourmepelotonner sousmacouette. Jeréalisai alors que Colton avait certainement des plans pour nous ce soir. Je ne m’en sentais pascapable,maisunepartdemoiavaitquandmêmeenviedelerevoir.
JeprisplacedanslaberlineconduiteparSam,directionmonappartement.Jen’avaismêmepaslaforcedeluidemanderquellesconsignesluiavaitlaisséColtonpourlasuitedelasoirée.
Jefusréveilléeparunelégèresecoussesurmonépaule.Jem’étaisassoupiedanslavoiture,et
Saml’airgênémetiraitdemonsommeil.Ilm’indiqua que nous étions arrivés et qu’il allaitm’escorter jusqu’àma portemême si les
paparazzisavaientapparemmentdésertél’endroit.J’étaistropfatiguéepourprotester.Quandenfinjefuschezmoi,jeluidemandaiàquelleheureColtonétaitcensépasser.Ilm’informaqu’ayantapprismonépuisement,celui-cipréféraitmelaisserseulecesoir.Cettenouvelle,quiauraitdûmeréjouirpuisqu’aprèstoutc’estcequejesouhaitais,melaissauneimpressiondouce-amère.
JecongédiaiSam,prisunedoucherapide,etenfilaiunpyjamaenpilouconfortableroseetgris.Jedécongelaiunepizzaetdécidaidepassermasoiréeavecunbonbouquinlovéesurlecanapé.
Chapitre7Perdue dans l’intrigue demon roman d’art et d’essai…Non pas du tout, j’avoue, c’était un
bouquin à l’eau de rose bien niais, mais avec une fin heureuse comme je les aime. Je sursautailorsquelasonnetteretentit.Quipouvaitvenirmevoirsitard?Mesamis,nepassaientjamaissansuncoupdefilaupréalable.Colton?Non,ilavaitditqu’ilmelaissaitmereposercesoir,celan’auraitpasdesens.Desjournalistes?Ceseraitétonnantqu’ilsenviennentjusqu’àsonneràmaporte.Monpropriétaire?J’avaiscertespayémonloyerunpeuenretardcemois-ci,maisc’étaitfait.
Jeregardaidanslejudas,etvisunepetitefemmeassezaustère,habilléeentailleurpantalonetles cheveux tirés en un chignon strict.Des lunettes à la largemonture en écaille lui donnaient unaspectd’institutricerevêche.
J’entrebâillailaporte,sanstoutefoislafairerentrer.Onnesaitjamais,qu’ellem’attaqueavecunerègle.
—Bonsoir,quepuis-jefairepourvous?—BonsoirMadameClarke,jesuisMarissaWalker,l’attachéedepressedeColton.Pourrais-je
m’entreteniruninstantavecvouss’ilvousplait?demanda-t-ellesuruntonprofessionneletcourtois.Jen’avaispaspourhabitudedefaireentrern’importequichezmoi,etjen’avaisaucunepreuve
qu’elle soit réellement son attachée de presse, mais quelque chose chez cette femmem’impressionnaitetjereculaid’unpasetluiouvrislaporte.
Elleentraetdétaillaavecunœilquimesemblaitcritiquemonpetitappartement.Jeluifissignede prendre place sur le canapé, sur lequel elle s’assit comme s’il allait ruiner définitivement sontailleurdemarque,etaprès luiavoirproposéunrafraichissementm’installai surunechaise faceàelle.J’étaisunpeugênéedematenue,surtoutcomparéeàlasienne.Maisaprèstout,ilétait21heuresj’avaisledroitd’êtreenpyjama.
—MadameClarke…—Appelez-moiMarie,lacoupai-je.Je n’avais pas très envie deme faire appeler par un nom que je neme rappelais pas avoir
adopté.L’irritationmegagnaitdéjà,carjemedoutaisquelaprésencedecettefemmechezmoin’étaitpasunesimplevisitedecourtoisie.Ellen’avaitpasditdeuxphrasesquedéjàjenel’aimaispas.
—BienMarie…,jesuisunefemmepresséevoussavez,doncjenevaispasyallerparquatrechemins:si jesuisicicesoir,c’estquejeveuxquevousrentriezàNew-YorkavecColton.Jesaisqu’il vous a déjà expliqué que la production du filmdont il commence le tournage dans quelquesjours,luiaimposéuneclausedemoralité.MaintenantquevotreunionestdevenuepubliqueauxEtats-Unis,Coltonsedoitd’avoiruneattituded’hommemariéirréprochable.Deplus,lepublicahâtede
voircellequiaravi lecœurducélibataire leplusendurcide l’Amérique.Ilestdoncindispensablequevousvousaffichiezensembledanslesprochainessemaines.Ilvaêtretrèspris,ilestdonchorsdequestionqu’ilresteici.Ilfautquevousveniezauplusvite.Voicivosbilletsd’avion,levolestaprèsdemain.Celavouslaissetoutelajournéededemainpourpréparervosbagages.Paslapeinedetropvousencombrer,detoutefaçonilfaudraquel’onvousrachèteunegarde-robeplusadaptée.
Avecsesderniersmots,ellearquaunsourcildésapprobateurtoutendétaillantmatenue.Jenepusempêcherunrirenerveux.
— Excusez-moi, lui répondit-je passablement énervée. Je crois que c’est la chose la plusridiculequej’ai jamaisentendu.Vouspensezréellementquejevais toutabandonnerpoursuivre legrandColtonClarkeàl’autreboutdumondejustepourvousfaireplaisir?J’aiunevievoussavez,j’aiuntravailetuneentreprisequejenepeuxpaslaissercommeçapourpartirmebaladeràNew-York.J’aiaussidesamis,unappartement…unefamille.Acederniermot,jedéglutisdifficilement.
—Ouietunmari,répliqua-t-elle.—Quejenemesouviensmêmepasavoirépousé!criai-je.—Pourtantvousl’avezfait.Etdites-vousquedesmilliersdefemmestueraientpourêtreàvotre
place.—Jenesuispascesmilliersdefemmes,répondis-jerenfrognée.—C’estcequeColtonsemblepenser,souffla-t-elle.Ecoutez,monjobestdefaireensorteque
l’imagedeColtonsoitirréprochable,etcroyez-moiilnemefaciliteengénéralpaslatâche.Maisence moment avec cette clause de moralité, il est sur la corde raide. J’avais réussi à lui fairecomprendrequ’ilfallaitqu’ilsetienneàcarreaux,etcelamarchaitplutôtbiendepuisquelquesmois,maiscemariagechangeladonne.Attention,jenedispasquec’estunemauvaisechose,ilestmêmeenquelquesorteprovidentiel.Deplus,vousêtes lacandidateparfaite : issuede laclassemoyenne,avec un passé mystérieux, une sorte de Cendrillon des temps modernes. Vous êtes française, lesAméricainsont toujoursdans l’idéeque les femmes françaisesontquelquechosede spécial.Nousn’aurionspaspurêvermieuxpourfaireremonterlacotedepopularitédeColton.Ilestdonchorsdequestion que ce mariage se solde par un divorce si rapidement, la production de son filmn’apprécieraitpasetlapressesedéchainerait.Nousallonsdoncdevoirtrouveruncompromisetjesuissûrequevoussaurezvousmontrerraisonnable.
Jebouillaiintérieurement,j’avaisl’impressiond’êtreunevulgairemarchandise.Unmouchoirenpapierqu’onuseetqu’onjetteensuite.Jemesentaisinsultée.J’étaisunproblèmeàgéreretpasunêtre humain. OK, je n’avais aucun souvenir de notre mariage, mais j’en venais à me dire que sij’avaisépouséColton,c’estquesur lemomentcelam’avaitsembléavoirunsens(dansmonespritalcoolisécertes).Et là, elle réduisait tout çaenunemascaradedestinéeà fairede lapublicité.Ellerepritensuited’unevoixmielleuse.
— Vous savez Marie, vous avez tout à gagner dans cette histoire. Je vous mentirais si je
n’avouaispasquej’aifaitquelquesrecherchessurvous.Jesaisquevotresituationfinancièren’estpasdesplusprospères.Vousavezdegroscréditssur ledospourvotresalondecoiffurequevousarrivez tout juste à payer, et vous réglez votre loyer tous les mois avec du retard. Vous ne vousaccordezquepeudeloisirsetavezl’airdefairetrèsattentionàvosdépenses.Cequipeutfacilementsevérifierrienqu’enregardantl’étatdevotrevoiture.
Jel’écoutaibouchebée,cettefemmeavaitenquelquesjourstrouvétouteslesinformationssurmes finances, etmalheureusement elle avait raison, je n’avais pas un sou en poche.Même si ellen’affirmaquedesvérités,jemesentaismiseànu,violéedansmonintimité.
—Jevousproposedoncunarrangementfinancier.Nousallonsvousdédommagerd’unebellesommeà6chiffres,jevousfaislechèquedèsdemainsinécessaire.Etvous,enéchange,voussuivezColton à New-York, acceptez de parader avec lui en tenues de créateurs, faites quelques avantpremières et soirées, et vous profitez du statut de «MadameClarke » aumoins jusqu’à la fin del’année.Letournagefini,vouspourrezrentrerchezvousetvousaurezunjolipetitpactoleenpoche.
Heureusementquej’étaisassise,carjen’encroyaispasmesoreilles.ElleétaitprêteàmepayeruntellesommepourprétendreêtrelafemmedeColtonpendantdeuxmois?
—Vousplaisantezjesuppose?—Est-cequej’ai l’airdeplaisanter?Jesuiscomplètementsérieuse,vousdevezcomprendre
que je prendsmon travail très au sérieux. Il s’agit de la réputation de Colton,mais de lamienneégalement,ma capacité à fairemon job correctement. Je ferai tout ce qui sera nécessaire pour lesprotéger.
Unetoutepetitepartiedemoi,auraitététentéed’acceptercetteoffre.Vivresansdettes,etavecd’autresprojetsqueceluid’arriveràbouclerlafindumois.UnetoutepetitepartiedemoiégalementavaitenviedepasserdutempsavecColton,mêmesijen’étaispasprêteàmel’avouer.
Maismafiertérefitsurface,iln’yavaitpasmoyenquejefassepartied’unetellemanipulation.—Engros,vousmeprenezpouruneprostituée?—Jen’iraipasjusque-là.Jenevousobligepasàcoucheraveclui,justeàjouerlerôledesa
femme,quevousêtesdéjàsurlepapier.—Jen’accepteraijamaisd’argentpourjouerlafemmedequiquecesoit,alorsvouspouvez
remballervospropositionsetprendredirectementvotreavionpourNew-Yorksansmoi.Jenesuispasdésespéréeàcepoint.
—Toutlemondeaunprix.Dites-moilevôtre.—Jecroisquel’ons’estmalcomprisesMarissa.Je.Ne.Suis.Pas.A.Vendre.Jemelevaifurieuse,etespéraiqu’ellecomprendraitl’invitationàprendrelaporte.Ellen’avait
apparemmentpascomprislemessagepuisqu’ellenebougeapasd’unpouce.—Asseyez-vousMarie.Nousn’avonspasfini.Sontonétaitcalmeetferme.J’hallucinai,j’étaischezmoietjemefaisaisreprendrecommeune
élèveenfauteparleprincipalducollège.—Vous savez, je n’aurais pas faitmon travail correctement si jem’étais bornée à faire une
petiteenquêtesurl’étatdevosfinances,j’aipasséaucriblechaqueaspectdevotrevie,etjepeuxdirequej’aiapprisbeaucoupdechosessurprenantes.
Jeserrailespoings,prêteàentendrecequ’elleavaitàdire.Cettefemmequinem’étaitdéjàpastrèssympathique,m’exaspéraitmaintenantauplushautpoint.
—Voyez-vous, j’ai par exemple découvert que votre enfance n’a pas été idyllique. Un pèrealcooliquequivousbattaitvousetvotremère.Etellequirefusaitdeporterplainte.Celan’apasdûêtrefacile tousles jours.Vousêtespartie trèsjeunedechezeux,etvousavezpasmalgaléré.Maisbizarrement,vousn’enavezparléàpersonne,cequiveutdire jesupposequevousnesouhaiteriezpasébruitervotrepetitsecret.
—C’estColtonquivousl’adit?demandai-jeamèrement.—Pasdutout,lepauvrenesaitmêmepasquejesuislà.Jen’aipasbesoinqu’ilm’emmèneles
informations,jesuisassezbonnedansmonmétierpourdéterrerlessecretsdesgenstouteseule.Etvoussavezquelleestlacaractéristiqueessentielledemonmétier?Lacommunication.Jesaisrendreuneinformationpubliqueetdiffuséepartout,enmoinsdetempsqu’iln’enfautpourladireàhautevoix.Ceseraitbiendommagequevotreentourageapprennetoutcelaparlapresse.
—Etvouscroyezquecelavamedécideràdevenirvotrepantin?—Pasuniquementcela,mesrecherchesm’ontapprisd’autreschosestrèsintéressantes.Comme
parexemplelemétierquevousavezexercéafindefinancervosétudes…Jesuissûrequevosclientesseraient ravies de savoir qu’elles sont coiffées par une ancienne opératrice de téléphone rose, quifaisait fantasmer leursmaris. Sans parler de votre pauvremaman à qui vous ne l’avez jamais dit,certainementpournepasl’accablerunpeuplusdanscessombresannéesjesuppose…Ellepritunairdramatiqueetsoupira.Maisleplusimportant,c’estquejesuisaucourantquevousavezmentiafind’obtenirleprêtpourl’achatdevotresalondecoiffure.Vousavezomisdepréciseràlabanquequevousn’aviezpas finidepayervosprêtsétudiants.Aveccela,ellenevousaurait jamaisaccordédecrédit.Ceseraitdommagequequelqu’unvousdénoncemaintenant,etquevousperdieztoutcepourquoivousaveztravaillésidur…
J’étais estomaquée, la bileme remontait de l’estomac.Cette femmeétait le diable incarné.Etelleétaitentraindemefairechanter.
—Sortezdechezmoi!dis-jed’unevoixblanche.— Je suis sûre que ces éléments vous feront réfléchirMarie et que vous prendrez la bonne
décision,répondit-elleavecunpetitsourireforcéquej’avaisenviedeluifaireravalerparunegifle.—Sortezdechezmoi!hurlai-jecettefoisenmontrantlaporte.Jel’attrapaiviolemmentparlebrasetlatiraijusqu’àcelle-ci.Puisl’ouvris,lapoussaidehorset
refermaienclaquant.
—BonnenuitMarie,entendis-jederrièrelaporte.Je fis les cents pas dans l’appartement. J’étais au bord des larmes. Cette femme était
l’incarnationdeSatan.Commentavait-elleréussiàtrouvertoutescesinformationssurmoi,jen’enavais aucune idée. J’essayais de considérer les différentes options qui s’offraient à moi,malheureusement je n’en voyais pas énormément. Je repensai à tout ce qu’elle m’avait dit, je nevoulaispasperdrecepourquoij’avaistravaillésidur.Jenevoulaispasnonplusêtretrainéedansboue, et cette fois-ci ce n’était pas à cause demoi. Je pensais àmamère qui avait déjà tellementsouffert.Ellequiatoujourstoutfaitpourquepersonnenesoitaucourantdecequemonpèrenousavait faitsubir.Quandàmonjobd’opératrice,c’étaitunefaçondesefairede l’argent rapidement,alorsquejecumulaiplusieursboulotsetelleaussipournousensortirunefoismonpèreparti.Elleauraitprofondémentdésapprouvéetjeneluienavaispasparléàcausedeça.Maisj’avaisbesoindecetargent.
Etpuisjepensaiaussiàmesamis,commentréagiraient-ilsàcesrévélations?Etenfin,Colton?Unepartdemoiavaitenviedenepasledécevoir.Cettemêmepartquiavaitenviedepasserdutempsaveclui,d’apprendreàleconnaître.Découvrirl’hommequisecachederrièrelastardecinéma.
Je prismon téléphone dans lesmains, comme si celui-ci allaitm’apporter la réponse que jecherchais.C’estalorsquejevisunmessagequeColtonm’avaitenvoyéunpeuplustôt.
Reposetoibienmabelle.Jepenseàtoi.C.Cepetitmessagem’alladroitaucœur.Savoirqu’ilavaitpenséàmoicesoirmefitplaisir,etje
memisàsourireàmonécrancommeuneadolescente.Jesusàcemomentcequejedevaisfaire.Etcettedécisionn’avait rienà faireavec lesmenacesdeMarissa.Cettedécision, je lapris avecmoncœur.Jeluirépondis:
OKpourNew-York.Dorsbien.M.
Chapitre8Maviefutmétamorphoséeàlavitessedel’éclair.Jem’étaisendormiel’avant-veilledansmon
petitappartementdéfraichietj’étaismaintenantdansunjetprivéau-dessusdel’Atlantique.J’avais passé la journée de la veille à prendre des dispositions pour mon départ, au salon
premièrement.J’auraispenséqueSandran’apprécieraitpaslefaitquejel’abandonnepouruneduréeaussilongue.Maisaucontraire,elleétaitenchantéepourmoietmeconseilladesautersurl’occasionquim’était offerte.A elle, comme àmes amiesLara etAlice que j’étais passé voir, je ne donnaisvolontairement pas tous les détails. Et je n’avais notamment pas abordé la question du chantageexercéparladétestableMarissaWalker.
Celle-ciétaitd’ailleursavecnousdansl’avion,etsaseulevisionmedonnalanausée.Elleneputbiensûrpass’empêcherdem’adresserunsourireentenduenmevoyantarriveràl’aéroport,etdemesouffleràl’oreillealorsquejelacontournai:
—Jesavaisquevousprendriezlabonnedécision.J’étaisàdeuxdoigtsdeluienvoyermamaindanslafigure,maisjemeretinscarColtonétait
justederrièremoi.Celui-cinemequittaitpasd’unesemelledepuisqu’ilétaitvenumechercherchezmoi.Salarge
paumechaudeseposaitrégulièrementdanslebasdemondospourmeguideràtraversl’aéroport,puislorsquenousmontâmesàborddel’avion.
Unecharmantehôtesseauphysiquedemannequinnousaccueillit,etColtons’empressademeprésenter comme sa femme. La demoiselle qui jusqu’à présent me souriait sympathiquement, medécrocha un regard noir, et je ne pus pas m’empêcher de me demander si cela allait m’arriversouventdanslesprochainessemaines.
Nousnousinstallâmesdansdesfauteuilsdecuirbeigeconfortables.Coltonprisplaceàcôtédemoi.Moiquin’avaisvoyagéqu’enclasseéconomiquejusqu’àprésent,et,voyageàVegasmisàpart,toujours sur des compagnies low-cost, je devais avouer que le luxe et le confort de l’avionm’impressionnaient.
Commetoujoursj’étaisunpeunerveuseaudécollage.J’avaisbeaumerépéterquel’avionétait
undesmoyenslesplussûrsaumondepoursedéplacer,etqu’auvudunombredepassagersparjour,quiutilisentcemodedetransport,letauxd’accidentestvraimentinsignifiant,jen’étaispasrassurée.Coltonlesentit,etposasamainsurlamiennequitenaitdefaçoncrispéel’accoudoir.Puisdesavoixchaudeetsensuelleilmedit:
—Net’inquiètespas,toutsepasserabien.
J’avaisl’impressionqu’ilnemeparlaitpasseulementduvoyageenavion.Unpeuplus tard, après avoir discutédepetites choses sur nosvies respectives, il s’assoupit.
J’eualorsl’opportunitédel’observerdeplusprés.Ilsemblaitsidétendu,etilétaitterriblementbeauetsexy.Sescheveuxluiretombaientunpeuendésordresurlefront.Sespaupièresétaientourléesdelongscils.Ildégageaitunebeautéàlafoisvirileetenfantinedanssonsommeil.Jecomprenaisquedenombreusesfemmesaientsuccombéàsescharmes.Toutétaitallésivitehier,quenousn’avionspasexactementdiscutédecequ’ilattendaitdemoi.Jem’étaisengagéeauprèsdesonattachédepresse,àjouersafemme,maisluiqu’espérait-il?Unsimplerôledefiguration,ouplus?
Moi-mêmejenesavaispasexactement.Maisilfallaitreconnaitrequ’aufonddemoij’espéraisqueceseraitplus.
***Arrivés à New-York en début de matinée, décalage horaire oblige, je fus saisie dès mes
premierspassurletarmacparlefroidenvironnant.NousavionsperduquelquesdegrésparrapportàNice,etunventglacials’engouffraitdanslecoldemonmanteau.
Alorsquejegrelotai,Coltonpassasonbrassurmesépaulespourmeserrercontre luietmeréchauffertoutenfrottantsamainsurmonbras.
—Courage,lavoitureseralàdansuneminute.—Tupeuxm’expliquerpourquoilesacteursviventpourlaplupartàHollywood,làoùilfait
beauetchaudtoute l’année,et toi tuvisàNew-Yorkoùonsegèleroyalementalorsque l’onn’estmêmepasencoreenhiver!
Colton rit franchement àma remarque. Son rire était le plus sexy que j’avais eu l’occasiond’entendre.
— Je vois queMadame fait déjà la difficile, sourit-il. Je n’aime pas Los Angeles, c’est unparadisdegensartificiels.Etj’aigrandiici,àNew-York,jem’ysensbien.Ici,jepeuxmepromenerenvilleplusfacilementsansmefaireremarquer.Maissituveux,onpourraalleràLosAngeles,etjeteferaivisiter.J’aiunemaisonlà-bas.Enfin,nousavonsunemaison,corrigea-t-il.
— Je ne disais pas ça pour que tum’y emmènes,mais je suis une fille du sud, j’aime râlerlorsqu’ilfaitfroid.Jetepréviensçamarcheaussiquandilpleut,c’estmêmepire.
—Ilfaudraqu’onailleaussifairedushoppingpourtetrouverunegarde-robeplusadaptéeàl’hiverNew-Yorkais,constata-t-il.
Instantanément,jemeraidisunpeu.JerepensaiauxmotsdeMarissaquim’avaitclairementfaitcomprendrequemagarde-roben’étaitpasauniveaudecequiétaitattendupourlafemmedeColton.Maisjen’avaispasenvienonplusdemelajouerséanceshoppingàla«Prettywoman»,pourmoicelamedonnaitencorel’impressionquel’onmepayaitpourlejob.
Heureusement,lavoiturearrivaetjemedécollaidesonétreinte.
Une grande partie du trajet se fit en silence. Colton vérifiai ses messages, moi j’avais vite
abandonnécette idée,monabonnement téléphoniquen’étantpasassezsophistiquépour fonctionneraux Etats-Unis. J’étais par contre subjuguée par l’extérieur. Alors que nous approchions deManhattan,j’étaisscotchéeparlalignedegrattesciels,tousplushautslesunsquelesautres.Unefoissur l’île, l’agitation des rues, le trafic et les hautes tours étaient des distractions fascinantes, je nesavais plus où regarder pour ne rien rater. J’avais l’impression d’être une gosse àDisneyland. Jem’aperçusauboutdequelquesminutes,queColtonavaitdélaissésontéléphone,etm’observaiavecunpetitsouriremystérieux.
—Çateplait?demanda-t-il.—Pourl’instant,beaucoup.J’aihâtededécouvrirlaville.—Tuverras,New-Yorkestpleinedesurprises.J’yaipassépresquetoutemavie,maiselleme
surprendencore.J’aihâtedetelafairedécouvrirmoiaussi.Jevaisêtrepasmalprisàpartirdelasemaineprochaine,maisjeteprometsquejet’emmèneraifaireuntour.
Je lui répondisparun sourire éclatant.L’idéequ’il veuillem’emmener avec lui découvrir lavillemefitchaudaucœur,etj’avaishâted’yêtre.
La voiture ralentit et se gara devant un building élégant face à Central Park. Si je ne me
trompaispas,nousdevionsêtredansletrèschicquartierdel’UpperEastSide—mercilesExpertsManhattan, etLarapour sonobsessiondes sériespolicières américaines.Samdescendit ouvrirmaportière,etdeuxhommesenlivrées’avancèrentversnous.Certainementlesportiersdel’immeuble.Effectivementl’und’entreeuxs’occupadenosbagages,etl’autrenoussaluad’un«Bienvenueàlamaison,MonsieuretMadameClarke».
Décidément j’avaisencoredumalàassimilerque j’étaisdorénavant,etpourquelques temps,«MadameClarke ». Il appela l’ascenseur pour nous, puis nous entrâmes dans la cabine qui à elleseuledonnaitunpremieraperçuduluxequidevaitrégnerdanscebâtiment.
Aprèsquelquessecondesdemontée,nousarrivâmesàcequidevaitêtreundesderniersétages.Surlepalieriln’yavaitqu’uneseuleporte.
Coltonseretournaversmoi,etm’adressasonsourirecharmeur.—Tusaisparfoisjesuisunhommedetraditions.—Situledis…—Jevaisdonctefairepasserleseuildelamaisoncommeleveutlatradition.Sansattendremêmequej’assimilesesparoles,Coltonpassaunbrassousmesgenouxetl’autre
sousma tailleetme fitbasculerdanssesbras.Par instinct,et surtout,depeurde tomber, jepassaimonbrasautourdesoncouenpoussantuncridesurprise.
Ilentrepritalorsd’ouvrirlaported’entrée,etnousentrâmesdansunvestibuleassezgrandpour
contenirmonpropreappartement.—Bienvenuecheznous,MadameClarke.Jenepusm’empêcherderire,ilavaitl’airsiheureuxdem’avoirsurpriseetdesonidée,qu’il
enétaitadorable.—Jevousfaisunevisiteguidée?—AvecplaisirMonsieurClarke,maisvouspouvezmeposermaintenant.—Vosdésirs,sontdesordresmachère.Coltonmefitentrerdanscequidevaitêtreleplusgrandsalonquej’avaispuvoirdetoutema
vie. Des immense baies vitrées donnaient sur Central Park et apportaient à la pièce une lumièrenaturelle éclatante.Les lieuxétaientmeublés avecgoût, certainementparundécorateurd’intérieur.D’ailleurs cet endroit semblait tout droit sorti d’unmagazine. Pas un objet ne semblait être là parhasard,etmalgrécetteperfectionétudiée,ilmanquaitcruellementdequelquechose.Celieun’avaitpasd’âme.Aucunephoto,pasdebibelotquisemblaitrefléterlapersonnalitédel’occupantdeslieux.Justedesœuvresd’artquiavaientdûêtrechoisiespourleurgabarit,leurcouleur,ouleurrendudansl’harmoniegénéraledusalon.
La visite continua, par la cuisine. Un espace moderne et aussi bien équipé qu’une cuisineprofessionnelle.
—Tucuisines?demandai-je.—Pasvraiment.Avoua-t-ilenhaussantlesépaules.Mafemmedeménagemeremplitlefrigoet
mepréparedespetitsplatsquandjesuislà.Ettoitucuisines?—J’adoreça.Quandj’ailetempsbiensûr.—Jesavaisbienquej’avaisépousélafemmeparfaite,sourit-il.Jeluidonnaiunepetitetapesurl’épaulehistoirederépondreàsaprovocation.Nouscontinuâmeslavisitedeslieuxparsonbureau(peut-êtrelapiècelapluschaleureusedela
maison)quiétaitéquipéd’uneimmensebibliothèqueetd’unepetitesalledeprojectionattenante.Bienquejecomprenaisl’utilitédecelle-civusonmétier,jefusplusattiréeparlesrayonnagesdelivresetm’aperçusquenosgoûts littérairesétaientassezsimilaires,cequimemisdubaumeaucœurpourdeux raisons. Nous avions au moins un point en commun, et cela s’avérerait utile lorsque je meretrouverai seule dans les prochains jours. Car je ne me faisais pas d’illusions, Colton avait sontravail,etmoipasgrand-choseàfaire.Lalecturem’aideraitàpasserletemps.
DanslebureausetrouvaitaussisesdeuxGoldenGlobesetsonOscar.Cechoixdelesinstallerdansunepiècepersonnelle,plutôtqu’àlavuedetoutlemondedanslesalon,m’enapprenaitplussurluiqu’onn’auraitpulepenser.
Coltonmemontra ensuite les deux chambres d’amis, toutes deux pourvues d’un dressing et
d’unesalledebains.Puissaproprechambre.Ellerespiraitlamasculinitéetcommetouteslesautrespiècesavaitunedécorationaseptisée.Al’exceptiond’unephotosurlacommode.Alorsqu’ilavaitledostourné,jem’approchaisducadrequicontenaitleportraitd’unetrèsbellefemme.Blondefoncéeauxyeuxbleus,ellearboraitunsourireéclatant.Laphotosemblaitprisesurlevifd’unéclatderire,et le vent lui rabattait quelquesmèches sur le visage.Qui était cette femme ?Une ancienne petiteamie ? Une actuelle petite amie ? Après tout, les limites de notre relation n’étaient toujours pasétabliesetsurtoutavionsnousunerelation?
Deretourdanslecouloir,Coltonouvritlabouchepourdirequelquechosepuisseravisa.Ilmedévisageaquelquessecondespuismedemandagêné:
—Dansquellechambreveux-tudormir?—Jevaism’installerdanslapremièrechambred’amis.Aprèsavoirvulaphotodanssachambre,jeressentaislebesoindem’éloignerunpeudeluiet
décidaidem’installerdanscellequiétait laplus loinde lasienne.Commepourmepréserver.Sonvisageétaitimpassible,jenesuspascequ’ilpensademaréponse.
—D’accord,jevaisdonnerdesinstructionspourquel’onyinstalletesaffaires.Jeveuxensuitet’emmenerfaireunecourse,tuveuxmangerquelquechoseavantdepartir?
—Nonmerci,jen’aipasfaim.Parcontrej’aimeraimedoucheretmechanger.Ilm’indiqua que lui aussi allait prendre une douche, nous décidions donc de nous retrouver
dansuneheure.Sousladouchemonespritdivagua,etjepensaiàColtonquiluiaussiétaitnusouslasienneà
quelquesportesdemoi.Unevaguedechaleurm’assaillitàcetteidée,etjetournailerobinetsurl’eaufroidehistoiredemecalmerimmédiatement.
Chapitre9—Tunem’aspasditoùnousallons,luidemandai-jedanslavoiture.—Tulesaurasbienassezvite,nousn’enavonspaspourlongtemps.Maisjesuissûrqueçava
teplaire.—Donne-moiunindiceaumoins…suppliai-je.Ilcommençaàfredonner:—"MoonRiver,widerthanamile,I'mcrossingyouinstylesomedayOh,dreammaker,youheartbreaker,Whereveryou'regoingI'mgoingyourway"—Cen’estpas«MoonRiver»lachansoninterprétéeparAudreyHepburndans«Breakfastat
Tiffany’s[4]
»?—Pourquelqu’unquiseditnoncinéphile,tuastrouvéplutôtrapidement!—Quelestlerapportavecnotredestination?m’étonnai-je.—IlmanquequelquechoseàvotremaingaucheMadameClarke.Nousallonsremédieràça.Apeinecesmotsprononcés,lavoitures’arrêtadevantunimmeubledelacinquièmeavenue.Je
reconnusimmédiatementlavitrineducélèbremagasinTiffany&Co.Noussortîmesdelavoitureetjeregardai subjuguée l’élégante façade flanquée de deux bannières étoilées, et l’immense portesurmontéedelastatued’unhommeportantunehorloge.Coltons’adressaàmoi:
—Tuviens,allonst’acheterunealliance.Jeleregardaiéberluée.—Tuveuxm’acheterunealliance?Maispourquoifaire?—Jenesaispas,c’estuntrucqueportentlesgensmariésnon?s’amusa-t-il.Jeréalisaisoudainquelasituationn’avaitrienderomantique.Ilfaisaitcelacarnousdevions
êtrelespluscrédiblespossiblespour«saréputation».Etantencoreplantéeaumilieudutrottoir,ilattrapamamainpourquejelesuiveàl’intérieur.
— Ne restons pas là, nous n’avons pas besoin que les paparazzis s’aperçoivent que nousachetonslesbaguesaprèslemariage.
Ladoucesensationdesoncontact,futaussitôteffacéeparlecôtéterreàterredecettedernièreréplique.
Apeinelesportespassées,unehôtessequiavaitdûêtremiseaucourantdenotrevenue,nousescortaaupremierétage,délaissantainsiderrièrenouslafouledecurieuxvenusvisitercetempledelajoaillerie.
Nousfûmesemmenésdansunpetitsalonprivéauxteintesbeiges trèsélégantes.Nousprîmesplacedansdeconfortablesfauteuilscapitonnés,toutdanscettepièceétaitpurraffinement.Unefemmeélégante d’une cinquantaine d’années, s’approcha de nous, me salua d’une poignée de mainschaleureusepuiss’adressaàColton:
—Colton,quelplaisirdevousrevoir.Toutesnosfélicitationspourvotremariage.Jenepusm’empêcherdemedemanders’ilétaitunhabituédeslieux.Nonpasqu’ilaitacheté
des alliancesmais peut-être offrait-il régulièrement des cadeaux à ses nombreuses conquêtes.Unefoisencorelajalousiemeconsumait.J’essayaideprendreunegranderespirationetdemeconcentrersurmonenvironnement.
— J’ai préparé une sélection de bagues de fiançailles et d’alliances, comme vousme l’avezdemandé.
Une jeune femmequi l’accompagnait, installa devantmoi plusieurs écrins où s’alignaient enrangéesdesbaguestoutesplusfantastiqueslesunesquelesautres.J’eneulesoufflecoupéquelquesinstants.Jepensaisàlapetitefortunequis’étalaitdevantmoi,plusquejenepourraisgagnerentouteunevieàréaliserdesbrushings,couleursoucoupesdecheveux.JemetournaiversColton:
—Jenepeuxpas…,balbutiai-je.—Siaucuneneteplait,jesuissûrqu’ilsaurontd’autresmodèlesànousprésenter.—Non!Cen’estpascequejeveuxdire.Ellessontbeaucouptropbellespourmoi,jenemérite
pasuntelluxe…Coltonmefixaintensémentetl’éclatdesesyeuxmetransperça.Ilmepritlamainetlaportaà
seslèvrespourydéposerunbaiserquim’électrisa.—Etmoij’estimequetulesméritesamplement.Jen’arrivaipasàdécrochermonregarddusien,etjem’étaisliquéfiéeàl’intérieur.Unléger
toussotementnousrappelaquenousn’étionspasseulsdanslapièce.Jerougisjusqu’auxoreilles,ettentai de ne pasm’enflammer suite à ses dernières paroles. Nous savions tous les deux que nousétions làcaronmefaisaitchanter,etqu’il fallaitquenotrecouplesoitcrédiblefaceauxétrangers.Cettemiseaupointintérieureterminée,jeconcentraimonattentionsurlesjoyauxfaceàmoi.
Je me prêtai à l’exercice avec beaucoup de sérieux et essayait plusieurs modèles tout en
demandantsonavisàColton.Jefinisparchoisirundiamanttailleprincessemontéensolitaire,etunealliance assez simple (enfin si l’onpeut considérerqu’une alliance enplatine et diamants sertis enbandetoutautourestsimple).
Une foismon choix effectué, Colton s’apprêta à s’occuper de l’aspect financier de la choselorsquejeluiposaiunequestion:
—Ettoi?Tunevaspasporterd’alliance?Ilrelevaunsourcilinterrogateur.
—Tuveuxquejeporteunealliance?—Jenesaispas, tumedemandesdemontreraumondeque jesuis ta femmeenarborantun
énormecaillousurmamaingauche,ettoituneportesrien?luirépliquai-jeavecunsourireencoin.— Pourriez-vous nous emmener des modèles d’alliances pour homme, réclama-t-il à la
vendeusesansmequitterdesyeux.Mafemmeaimeraitquejeporteunealliance.—Jenet’obligeàrien.—Peut-êtrequefinalementj’aienviedemontreraumondequ’ilyaunefemmedansmavie,
merépondit-ilenmefaisantunclind’œil.Il prit son temps lui aussi. Son choix se porta sur un anneau en platine assez large, qui était
égalementmonpréféré.
Nousquittâmeslemagasinavecnosfameuses«bluebox[5]
».Apeineinstallésdanslavoiture,Coltonmedemandasij’avaisfaim.
—Jemeursdefaim!m’exclamai-je.Touscesdiamantsm’ontmisenappétit.—Parfait,moiaussi.Nousprîmesladirectiond’unquartierquejenereconnaissaispas.Quelquesminutesplustard,
Samnousarrêtadevantunpetitrestaurantàladevanturetrèssimple.—Viens,jevaistemontrermacantine,medit-ilenattrapantmamain.Laportepassée,jemeretrouvaidansunlieuquejen’auraisjamaisimaginéfréquentéparune
star comme Colton Clarke. Le restaurant était de petite taille, et les murs en briques rouges lerendaient encore plus étriqué.De larges banquettes en cuir, qui avaient connu des joursmeilleurs,étaient disposées tout le long dumur de droite, face à des tables en bois usées par le temps.Deschaisesdépareilléesleurfaisaientface.
Del’autrecôté,unbaroccupaitunegrandepartiedel’espace,destabouretspermettantdes’yinstallerpourboireunverre,étaientoccupésparquelquesclients.Lebarmanànotrearrivéelevalatête,toutencontinuantd’essuyerénergiquementdesverres.L’hommeàquiilétaitdifficilededonnerunâge,vusapeautannéeetsabarbenaissante,criad’unevoixérailléecertainementparunexcèsdetabac:
—Anita,viensdoncvoirquiestlà.Unepetitefemmerondelettesortitdecequidevaitêtre lacuisine.Elles’essuyalesmainssur
sontablierets’avançaversnousens’exclamant:—Colton,caromio,entredonc.Quinousas-tuemmenélà?—Anita,jeteprésentemafemmeMarie.Marie,jeteprésenteAnita,lapatronnedurestaurant.—Tut’esmarié!Ohmaistoutesmesfélicitationsmongarçon,celamefaittellementplaisir!E
chebellaragazza[6]
!
—Graziemille[7]
,luirépondis-je.
—Oh!Eparlal’italiano[8]
?—Si,unpetitpeu.J’aigrandidanslesuddelaFrance,toutprèsdel’Italie.—Elleestparfaite!JesuissicontentepourtoimonpetitColton.Ellelepritalorsdanssesbraspourluiadministreruncâlinchaleureux.—MerciAnita.Ilnousdécrochasonsourirelepluscharmeur.—Prenezplacemesenfants,aujourd’huij’aidesCannellonis,vousm’endirezdesnouvelles.Jesalivaid’avance,lescannellonisétantundemesplatspréférés.—Jenem’attendaispasàcequetum’emmènesdanscegenred’endroit,dis-jeàColton.—Ah oui ? J’adore ce restaurant. Anita est une excellente cuisinière, elle et son mari sont
adorables.IlsnemeconsidèrentjamaiscommeColtonlastardecinéma,poureuxjesuisunclientcommelesautres.Çafaitdubiendesesentirnormal,rajouta-t-ilavecunpetitsouriretriste.
Jetendislamainpourprendrelasiennesurlatable,cegestelesurprit.—Jecomprends,dis-jeenleregardantdanslesyeux.La suitedu repas futplus légère.Anitaet sonmari était effectivement très sympathiques.Les
clientsquientraientet sortaientnenousdévisageaientpascommedans lesautresendroitsoùnousnousétionsrendusdernièrement.
Lacuisineétaitdivine,etAnitainsistatellementpourquejegoûteàsontiramisu,quejefinisparcraquer.CequifitéclaterderireColton.
Ilétaittellementdétendudanscetendroit.J’avaisl’impressionqu’unefoisencorej’avaisaccèsau vrai Colton, et qu’au fond de mon cœur cet homme commençait à se faire une place quigrandissaitdejourenjour.Jemedemandaisic’étaitcelaquim’avaitpluàVegas.
—Jesuisheureuxquetuaiestoujourssibonappétit!Jerougisunpeuàlaremarque,jen’avaispasenviedepasserpourunglouton.—Jesuissérieux,riennem’exaspèreplusquetoutescesactricesetmannequinsquichipotent
avec leur feuillede salade, etqui finissentparcreverde faim toute l’après-midicarellesontpeurd’êtrejugéesparcequ’ellesmangentnormalement.
J’eussoudainunflash:—Dis-moi,noussommesallésmangerunepizzaàVegas?Unlargesourireluibarralevisage.—Oui!Tut’ensouviens?—Çavientdemerevenir.J’avaisprisunecarnivoreettum’asditquec’étaitlapremièrefois
quetuvoyaisunefemmechoisirunepizzaavecdelaviande!
—C’estexactementça.Tutesouviensd’autrechose?—Malheureusementnon.—C’estdéjàpasmal.Peut-êtrequ’avecletemps,d’autressouvenirstereviendront…—J’espère,murmurai-je.Sonregardsurmois’étaitfaitvraimenttendre.Apparemmentlefaitquejemesouvienned’une
partie,mêmeinfimedelasoiréeluifitplaisir.Nouspartîmesdurestaurant,nonsansavoirpromisaumoins4foisàAnitaderevenirbientôt,
etrentrâmeschezColton.AnotrearrivéeleportierremitunpliàColton.Montésdansl’appartementjem’installaisurle
canapé pour contempler la vue splendide de Manhattan. La fin du jour déclinant donnait uneatmosphère très différente de ce matin, mais renforçait, je trouvais, la froideur de l’appartement.Coltonqui s’était installé faceàmoi,ouvris l’enveloppequ’on lui avaitdonnéetme tendituneunrectangledeplastique,delatailled’unecartedecrédittoutenoire.
—Tiens,c’estpourtoi.—Qu’est-cequec’estColton?—Tacartedecrédit.Prendslà,tupourrasenprofiterpourallerfaireunpeudeshopping.Je détaillai un instant ma tenue. Certes, je n’étais pas habillée par un grand créateur, mes
vêtementsétaientmêmeachetésdansdesenseignesplutôtbonmarché,maisj’estimaiquemagarde-robeengénéraln’étaitnivulgaire,niindécente.Onmefélicitaitrégulièrementpourmonbongoût.Mêmesimesmoyensétaientlimités,jeportaitoujoursdesvêtementsenbonétatetenprenaitleplusgrandsoin.
Saremarquemeblessadoncauplushautpoint.—Tupeuxtelagardertacarte,ilesthorsdequestionquetum’entretiennes,aboyai-jefurieuse.—Jeneparlepasdet’entretenir,jesuisconscientqu’envivantàNew-Yorktuvasavoircertains
frais,etj’aidemoncôtélargementdequoilessupportercontrairementà…—Contrairementàmoi,quinesuisqu’unepetitecoiffeusedequartierc’estcequetuveuxdire,
lecoupai-je.DésoléedenepasêtreassezbienpourMonsieur.EtdefairehonteàMonsieuravecmesvêtementsbonmarché.
—Maisjen’aijamaisditça!—Nonc’estvrai ta remarque sur le shoppingétait àpeinevoilée !Maisne t’inquiètepas je
peux rester cachée, ça t’évitera d’être embarrassé parmoi.Ah non, j’oubliais ! C’est précisémentpourmemontrerque l’onm’a faitevenir ici.Queldommageque jene ressemblepasàquelqu’undanstesstandards!m’exclamai-je.
Jemelevaicommeunefurie,etleplantailàaubeaumilieudusalon.J’entraidansmachambreetrefermailaporteenclaquantderrièremoi.
Chapitre10J’étais restéeenferméedansmachambre toute la soirée. J’avaispasséunebonnepartiede la
soiréeàgambergersurnotredispute.Ouplutôt,surmonemportement.Enyréfléchissantaprèscoup,j’avais quandmême dûm’avouer que Colton nem’avait pas fait directement de reproches et quej’avaispeut-êtredémarréunpeuvite.
Il est vrai que depuis quelques jours, je ne me sentais pas toujours à ma place, excepté àquelquesraresmomentscommeaurestaurantd’Anita.Cettedébauchedeluxeautourdemoinefaisaitquemerappelerquej’étaisloindetoutcela,etqu’unjourtouts’arrêterai.
Je reconnaissais également que j’allais devoir à un moment ou un autre devoir accepter lagénérositédeColton,carjeneseraipasenmesuredefinancerdeuxmoisàNew-York,surtoutdanssonenvironnementetavecmesseuleséconomies.
J’avaisfiniparm’endormirassezrapidement,fatiguéeparlevoyageetledécalagehoraire.Le
lendemain,jefusréveilléeparuneodeurdecaféetdel’agitationdanslacuisine.Curieuse,jemelevaietenfilaiunpantalondeyoga(pasvraimentenviededébarquerenpetite
culotte),rajustailet-shirtaveclequelj’avaisdormiettirailescheveuxenqueuedecheval(histoiredenepasluidévoilermonbrushing«sautdulit»).
J’entraidanslacuisine,etjestoppainetfaceauspectaclequis’offraitàmoi.Coltonétaitdeboutaccoudéaucomptoirdelacuisine,lisantlejournalavecunmugdecaféàlamain.Ilétaitseulementvêtud’unshortdesport,etd’unecasquettedesYankeesmiseàl’envers.Sont-shirtétantposésurunechaise.
Sontorsenuetbronzéétaitcequiserapprochait leplusde laperfection.Despectorauxbiendessinés, au-dessus d’abdominaux saillants, soulignés par un V divinement masculin. Une légèrelignededuvets’étiraitdesonnombrilàl’élastiquedesonshort.
Mondieu,etdirequ’iln’estmêmepasencorehuitheures!Ilfaitchaudtoutàcoup.—Tu apprécies la vue, me dit-il en levant le nez de son café et m’offrant un petit sourire
charmeur.Jedéglutisdifficilement,j’étaisgênéed’avoirétépriseenflagrantdélitdereluquageenrègle.—Salut,répondis-jeenmeraclantlagorge.—Mariepourhier…hésita-t-il,jesuisdésolé.Jeréalisaiquenousnenousétionspasquittésdanslesmeilleurstermeslaveille.J’avaiseutort
etc’estluiquiétaitentraindes’excuser.—Nonc’estmoiquisuisdésolée,jemesuisemportéeetjenet’aimêmepasécouté.Jesuisun
peudéstabiliséedepuisquelquesjours,jenemesenspastoujoursàmaplaceetj’aipassémesnerfssurtoi.
—Jenevoulaispastevexer,tuesiciàcausedemoietjevoulaisêtresûrquetunemanquesderien. Tu sais j’ai grandi dans une famille assez aisée, et je ne sais pas toujours comment mecomporter dans ce genre de situations. Je ne cherchai surtout pas à te faire sentir inférieure ouquelquechosedanscegenre.Etenaucuncasjenevoulaisteblesser.
—Ouij’aicomprisnet’inquiètespas.—Bienetaucasoùtuenauraisbesoin,sachequelacarteestdanslebureau.Tusais,continua-
t-il sur un ton plus léger pour détendre l’atmosphère, tu peux très bien l’utiliser pour acheter deschosespourmoi,siçat’embêtedelesprendrepourtoi.Jenesuispascontreunpetitcadeaudetempsentemps.
Ilponctuasaphraseparunclind’œil.—Cen’estpasuncadeausic’esttoiquilepaye,répliquai-je.—Pffffdétailtechnique,tun’asqu’àtedirequetuesjusteuneépouseattentionnéequiveilleà
cequesonmarinemanquederien.Enyréfléchissantj’auraipeut-êtrebesoindenouvelleschemises.Pourcachercetorsemagnifiquehorsdequestion.— Nous ne sommes plus dans les années cinquante, les hommes s’achètent leurs propres
vêtements.Tunepréfèrespaslesachetertoi-même?—Jedétesteleshopping.Jen’enfaisquasimentjamais,qu’encasd’extrêmenécessité.—Commentfais-tualorsquandtuasbesoindenouveauxvêtementsparexemple?—Jefaisappelàunpersonalshopper.—Ahbenouic’esttellementévident!m’exclamai-je.Jeponctuaimaphrased’unéclatderire.Décidément,j’avaisencorebeaucoupàapprendredu
mondedesnantis.—Tuasfaim?Jenesavaispastropcequetuprendsaupetit-déjeuner,alorsj’aicourujusqu’à
laboulangerie françaiseprendredescroissants.Jemesuis rappeléque tous les françaisaiment lescroissants.
—Touslesfrançaisn’aimentpaslescroissants,c’estquoicecliché?Personnellementjen’enmangepresquejamais.
Devantsonairdéçujem’empressaid’ajouter:—Mais j’adoreça.Jen’enmangepassouventcar jen’aipasdeboulangeriedansmarue,et
quej’ailaflemmedemarchertroploinlematin.Sonsourireréapparut.Je trouvaismignonqu’ilsoitalléà laboulangerie justepourmefaire
plaisir.—Tun’espastropdumatin?demanda-t-il.—Pasvraiment,situt’attendsàcequejemelèveavanttoipourtepréparerlepetit-déjeuner
autanttedirequec’estsansespoir.—Jenedoispascomptersurtoipourvenircouriravecmoinonplusjesuppose?—Euh…Encoremoins!Tucourstouslesmatins?—Trois àquatre foispar semaineen fonctiondemonemploidu temps.Engénéral j’yvais
avec Sam mais si tu te décides je ne serai pas contre un peu de compagnie féminine, ajouta-t-ilcharmeur.
—Ahouiquandmêmetroisouquatrefoisparsemaine!—Commentcrois-tuque j’entretienscecorpsde rêve?dit-ilen levantunsourcilquime fit
éclaterderire.—Lamodestienet’étouffepastoi.Parcontrepourlecorpsderêvejesuisplusqued’accord.Jem’étaisinstalléeaucomptoirdelacuisinefaceàlui.Mauvaiseidée.Monsieurn’avaittoujourspasremissont-shirt,etmoij’avaisdumalàavalermoncafé.Pour
arrêterdeleregarderetsurtoutqu’ilneleremarqueunedeuxièmefois,jemelevaietallaitmettremonboldanslelave-vaisselle.
—Cetaprès-midijedoisalleràuneréunionaveclesscénaristesdemonnouveaufilm.Jesuisdésoléjevaisdevoirtelaissertouteseule,maissituasbesoindeSampourallertebaladern’hésitespas.
—C’estgentilmaisjesuisencoreunpeujet-laguée,jecroisquejevaisrestericiàmereposer,et puis je devrais bien trouver un bouquin pour me tenir compagnie dans ton impressionnantebibliothèque.
—Tulisbeaucoupenanglais?—Ouibiensûr.Mamèreestanglaiseetc’estellequim’atransmislegoûtdelalecture,j’ailu
tous les classiques de la littérature anglaise en version originale. Et toi, où as-tu si bien appris lefrançais?
—Ecoleprivée.Etpuismanounouquandj’étaispetitétaitfrançaise,jel’adorais,etjecroisquej’aiapprislefrançaisjustepourqu’ellemefasseplusdecâlins.
Sonexpressionétaitsitendreàcetinstant,quejecomprisquecettefemmeavaitdûbeaucoupcompterpourlui.
—Parle-moidetesparents.Il fit semblant de ne pas m’entendre, du moins c’est ce que je pensais, et détourna la
conversationsurunautresujet.Jenerelevaipas.—Çatediraitdevenirsurleplateauavecmoidemain?—C’estautorisé?—Ouibiensûr.Ilsnepeuventpasrefuseraurôleprincipaldeleurfilm,d’emmenersa toute
jeuneépousesursonlieudetravail.Déjàquenousavonsdûécourternotrelunedemielàcausedesdatesdutournage.
Ilpritunair tellementoffusquéque j’éclatai immédiatementde rire.Cependant j’étaisencorepartagée. Me demandai-t-il de l’accompagner car cela lui faisait plaisir, ou seulement parce quec’étaitbonpoursonimage?
Je n’eus pas beaucoup le temps de me poser la question. Du bruit dans l’entrée attira notre
attentionàtouslesdeux,etnoustournâmeslatêteverslaportedelacuisine.Unesuperbeblondeauxyeuxbleuspassaentrombe,etsejetadanslesbrasdeColtonennouant
ses jambes autour de sa taille, et ses bras autour de son cou. Je reconnu instantanément la jeunefemme de la photo dans sa chambre. Lui avait affiché un air surpris à son entrée, et manqua devacillerlorsqu’elleluisautadessus.Unefoisstabilisé,illuirenditsonétreinteenposantsesbrasdanssondos.
—Tum’astellementmanquéColton,dit-elledansunsonétouffécontresapoitrine.Unedoucheglacées’abattitsurmoi.Ilyavaitdoncquelqu’undanssavie.Unraclementdegorgedesapart,fitreleverlatêteàlajeunefemme.—TupeuxdescendremaintenantAshley.J’aiquelqu’unàteprésenter.Voilà on y était. Lemoment où il allaitm’annoncer que cetteAshley est sa copine et que si
j’étaislafemme«officielle»pourlesmédias,j’allaisdevoirpendantcesdeuxmoiscohabiteravecsacopine. J’étaisdécomposée,et triste.Tristecarmalgrécettehistoiredechantageetdeclausedemoralité,j’avaisgardéaufonddemoi,sansvouloirmel’avouer,l’espoirqu’ilpuisses’intéresseràmoi.Etqu’ils’étaitmariéàmoienétantcélibataire.L’arrivéedecettefilletuaittousmesespoirs.
—Marie,jeteprésenteAshley,mapetitesœurtrèsaffectueuseettrèsenvahissante.Aquijevaissupprimerlaclédel’appartementpourqu’ellearrêtededébarqueràl’improviste.
Acesmots,monvisage repritdescouleurset jeme remisà respirernormalement.Sa petitesœur.Jenesaispaspourquoimaisjamaisilnem’étaitvenuàl’espritqu’ilpuisseavoirunefratrie.N’enayantpasmoi-même,celanemevenaitpeut-êtrepasnaturellement.
—Eh !Tu esbien content que j’ai tes clefs pourvenir arroser tesplantesvertespendant tesabsences,s’exclama-t-elleenluiadministrantunetapesurlebras.
—Jen’aipasdeplantesvertes,répliqua-t-ild’untonennuyé.—Ouimaislejouroùtuenauras,tuapprécieras.Maisarrêtedem’embêter.Laisse-moiplutôt
saluermanouvellebelle-sœur.Ashleys’avançaversmoi,etavantquej’aiepudirequoiquecesoit,mefitunénormecâlinàla
limitedel’étouffement.—Jesuisfurieusecontrevousdeux!s’exclama-t-elle.
Nouslaregardionsmaintenant,Coltonetmoi,l’airétonné.—Premièrement,vousvousmariezencachetteàLasVegasetjenesuismêmepasinvitée.Et
deuxièmement,j’apprendslanouvelleparmacoiffeuse!Vous voyez quand je disais qu’un salonde coiffure est lemeilleur endroit pour apprendre les
potins!Doncapparemment,sasœurn’étaitaucourantquedelaversionofficiellepourl’instant,etje
nesavaispasdutoutcommentjedevaisréagirfaceàelle.J’essayaidevoirdansl’attitudedeColtonuneréponse,maisilétaittropoccupéàsefairefusillerduregardparAshley.
—DésoléAsh,j’étaistellementpressédememarieravecMariequej’avoue,j’aimanquéàtousmesdevoirs.Tum’enveux?luidit-ilavecunebouilledechienbattu.
—Oui,répondit-elleenlevantundoigt inquisiteurverslui.MaistuteferaspardonnerenmechoisissantcommeMarrainepourvotrepremierbébé.
Je manquai de m’étouffer suite à sa réplique. Colton en profita pour faire semblant des’inquiéter pour moi, afin de dissimuler l’air paniqué qu’il avait eu lorsque sa sœur avait parléd’enfants.Lapauvre,elleallaitêtredéçuequandelleseraitaucourantdelavérité.Dansl’étatactueldeschoses,iln’yavaitaucunechancequ’elledeviennetata.
—Ce qui est dommage pour toiMarie, c’est que si je t’avais rencontrée avant que tu ne tefassespasserlabagueaudoigt,j’auraisputedonnertouteslesinfoscroustillantessurl’enfancedeColton, et tu aurais pu faire ton choix en toute connaissance de cause.Maintenant, ne vient pas teplaindrequ’ont’aitcachédesmalfaçons.Etcrois-moiellessontnombreuses…
—Ashley,grognaColton.Laconversationentrenoustroissepoursuivitunebonneheure.AshleyetColtoncontinuèrent
de s’envoyer des piquesmais on voyait bien que ces deux-là s’adoraient. J’enviai leur relation. Jen’avais jamaiseudefrèresetsœurspourpartagermes joiesetmespeines,et j’avouaiqueparfoiscelam’avaitmanqué.Surtoutpendantlesannéesnoiresoùmonpèreavaitlamainlestesurmamèreetmoi.Heureusementquej’avaisdesamisadorablesquim’avaientbeaucoupapporté.Maisjamaisjen’avaisparlédecequ’ilsepassaitchezmoiunefoislaporteclose.Peut-êtrequecelaauraitétéplusfacile de se confier à un frère ou une sœur. Enmême temps, il ou elle aurait certainement été unpunchingball de plus pourmon père. Quelquefois j’avais rêvé que j’avais un grand frère qui meprotégeaitdelui.
Ashleyfinitparpartir,nonsansavoiressayédemeconvaincred’allerfairedushoppingavec
elle(qu’est-cequ’ilsavaientàtousvouloirquej’aillefairedushoppingdanscettefamille?).Coltonpritlechemindesstudiosetj’enprofitaidemoncôtépourfaireunepetitesiesteetbouquiner.
Chapitre11Lelendemain,levéedèslespremièreslueursdel’aube,jemepréparaienvitesse.J’étaisexcitée
desuivreColtonsursonlieude travail.Excitéeetstressée.Commentdevais-jemecomporter?Lemondeducinémam’étaitcomplètementinconnuetj’étaissenséeêtrelafemmed’undesacteurslespluscélèbres,donclesgenss’attendraientcertainementàcequejem’yconnaisseunpeu.
Colton avait une nouvelle fois préparé le petit déjeuner. J’étais tellement sur les nerfs quej’avaisdumalàmanger.Alorsquejemassacraiuntoastdepuisaumoinsdixminutes,ilfinitparsemettredevantmoietprendremonvisageentresesmainspourmedirequetoutallaitbiensepasser.
Comment lui dire, qu’en plus demon stress, le fait de le sentir si proche demoi, qu’il metouche, et qu’ilme scrute de son regard céruléen ne faisait qu’empirer les choses, enme rendantencoreplusnerveuse.
Jeprofitaiduvoyageenvoiturepouressayerdemedétendreenobservantcettevillefascinantepar la fenêtre.Nousnousrendionsdans leQueensoùse trouvaient lesstudiosde tournage.Coltonm’avaitexpliquéqu’ilsallaientd’abordcommencerpardesscènesenstudio,avantdetournerenvillependantquelquesjours.C’étaitunfilmd’actionetColtonavaitlerôleprincipal.Ilyauraitquelquescourses poursuites et cascades. Il allait en réaliser certaines lui-même, et pour d’autres tropdangereuses,ilseraitremplacéparuncascadeur.
Arrivés aux studios, je descendis de la voiture bouche grande ouverte. L’endroit était
impressionnantetimmense.Coltonm’attrapalamain.—Viens,jevaistefairevisiter,maisd’abordonvatefairefaireunbadged’accès.Nous entrâmes dans un hall immense surmonté d’une verrière qui donnait à l’endroit une
luminosité exceptionnelle. Nous nous dirigeâmes vers une sorte de comptoir d’accueil, derrièrelequelunegrandejeunefemmenoireauxlongscheveuxd’ébènesetenait.Dèsqu’elleaperçutColtonunlargesourireluifenditlevisage.
—MonsieurClarke,heureusedevousrevoir.Quepuis-jefairepourvous?—BonjourMichelle,pourriez-vousfaireunbadged’accèspourmafemme.Ellerisquedeme
rendrevisitedetempsàautredanslesprochainessemaines,ceserapluspratique.Apeinelemot«femme»prononcé,lesourireéclatantdisparutotalementetlajeunefemmese
tournaversmoi,alorsqu’ellen’avaitmêmedaignéremarquermaprésencequelquesinstantsplustôt.Ellemedétailladespiedsàlatêteetleregarddedégoutqu’ellem’adressanem’échappapas.
Je récupéraimon badge, etColton qui semblait n’avoir rien remarqué,m’entraina à sa suitepourmemontrersaloge.Nouscroisâmesenroutequelquespersonnesquilesaluèrentd’unsignede
tête.Pourceuxquiespéraientengager laconversationavec lui, toutdanssonattitude leur indiquait«jen’aipasletemps».Doncpersonnen’osal’aborder.Privilègedelastarjesuppose.
Nousarrivâmesenfindevantuneportesurlaquelleétaitinscritsonnom.Lalogeétaitspacieuse
et équipée de canapés aux tons chocolat, qui avaient l’air très confortables. De petites lampesdiffusaientunelumièretamisée.Surlatablebasse,unecorbeilledefruitsexotiquesmedonnaitl’eauàlabouche.Surlagaucheunbureau,avecunordinateurportable,étaitinstallélelongdumur.
Au-dessus,étaitaccrochéunesortedepêle-mêledephotos,certainesdeColtonnotammentuneàuneremisedeprix.Suruneautreilapparaissaitavecunemagnifiqueblondesuruntapisrouge,sonvisagem’était vaguement familier, certainement quelqu’un de connu.Avait-il eu une relation avecelle?Ilyavaitégalementdesphotosdepersonnesquidevaientêtresesamis,etunephotod’Ashley.C’étaitironiquedevoirtoutescesphotosici,alorsquejen’enavaisvuaucune,misàpartcelledesasœur,dansl’appartement.
Voyantquejem’attardaidevantlepanneau,Coltonmerejoignitetseplaçajustederrièremoi.—Qu’est-cequeturegardes?—Unpeutout,jesupposequecesontdespersonnesàquitutiens.—Ouiplusoumoins.Cepanneauestunpeuancien,jel’avaisfaitilyaquelquesannéessurun
tournageàl’étranger,monagentadûlefairerécupéreràlafin,etdepuisilmel’installepartoutoùjevais.Çadoitêtresafaçonàluidemedirequ’ilfaitpersonnalisermalogevuquejenedemanderiendeparticulier,ajouta-t-ilenhaussantlesépaules.
—Commentça?—Certainsacteursdemandentàavoirdeslysblancs,oudesrideauxbleusouleurmarquede
glacepréféréesystématiquementdansleurloge.Personnellementj’aitoujourstrouvéçaridicule.Jeveuxjusteunendroitpourmereposer,medétendreetpouvoirprendreunedouche.Ladécojem’enfiche.Cequirendunendroitchaleureuxc’estlesgensquis’ytrouvent,lerestec’estartificiel.Çanesertqu’àsefaireremarquer,etpastoujoursdelameilleuredesfaçons.
Jepensaialorsqu’avectoutcequej’avaispuentendresurluicesdernièresannées,ilnes’étaitpasnonplustoujoursfaitremarquerpourlesmeilleuresraisons.Maisjegardaismesréflexionspourmoi.Aprèstoutpersonnen’estparfait.
Je finismon tour de la loge et découvre au fonduneporte qui donne sur une salle de bains
attenante. Celle-ci est assez luxueuse avec ses vasques enmarbre et sa douche assez grande pourrecevoiraumoinsquatrepersonnes.Encorefaut-ilvouloirprendreunedoucheàquatre.
Colton étant attendu au maquillage, nous ne nous attardâmes pas. Nous repartîmes dans un
dédale de couloirs, toujours en croisant des dizaines de personnes. Cet endroit était une véritable
fourmilière. Je pensai intérieurement que si Colton m’abandonnait là maintenant, je seraiscertainementincapabledem’orienterverslasortie.Ilsdistribuaientpeut-êtredesplansquelquepart?
Nous atteignîmes enfin le lieu saint de la coiffure et du maquillage. Déjà les odeurs me
semblaientfamilières,etjemedisquejeseraispeut-êtreunpeuplusàmonaisedanscetendroit.Coltonentraenlançantàlacantonade:—Bonjourlesfilles!Instantanémentdesdizainesderegardsfurentbraquéssurlui,tousplusénamouréslesunsque
les autres, et accompagnés de sourires séducteurs. Je commençai à comprendre qu’il y avait un«Coltoneffect».Dèsqu’ilapparaissaitquelquepart,lesfemmes,etmêmequelqueshommes,étaientimmédiatementsouslecharme.Luin’avaitpasl’airdeleremarquerplusqueça.Oualors,ilyétaittellementhabituéqu’iln’yfaisaitplusattention.
Une petite brunette aux cheveux courts s’approcha de nous. Avec ses lunettes aux montures
rosesetsonpullviolet,elleressemblaitàuneadolescente.Sonvisageauréoléd’unsourire timide,mefutaussitôtsympathique.
Colton avait l’air content lui aussi de la voir. Je commençai à déceler dans son attitude deschangementsenfonctiondespersonnesqu’ilrencontrait.Etlà,illuiadressalesourirequ’ilgardaitpourlesgensqu’ilapprécie.
— Marie, je te présente Jenny qui est maquilleuse et qui s’occupe de sublimer ma beauténaturellepourqu’ellepassemieuxfaceàlacaméra.C’estlatroisièmefoisquenousallonstravaillerensemble.
Sublimersabeauténaturelle,jereconnaisbienlàsonamourdelui-mêmesurdimensionné.—Jenny, continua-t-il, je te présenteMariema femme.Vous avezunpoint en communc’est
qu’elletravailleaussidansl’esthétique,elleestcoiffeuse.— Super ! Une consœur, s’exclama-t-elle. Bienvenue. Et surtout lorsque tu en auras marre
d’admirerlebellâtretourner,n’hésitepasàveniricipapoteravecnous,ajouta-t-elleenmefaisantunclind’œil.
—Mercic’estgentil,jeretiensl’invitation.Cettefillemeplaisaitdéjà.—Peut-êtrequelebellâtren’estpasprêtàtelaisserseule,etveuxquetun’aiesdutempsque
pourlui,ditColtonenmetirantàluienm’enlaçantparlataille.— Laisse-la un peu respirer ta femme, lança Jenny en lui administrant une petite tape sur
l’épaule. Sinon elle ne va plus te supporter, toi et ton égo de la taille duTexas.Va t’assoir sur lefauteuil là-bas, que jem’occupe de te redonner forme humaine avant que tu sois en retard sur leplateau.
Oui,j’allaisdéfinitivementbienm’entendreaveccettefille.Jelesentais.***
Quelquesminutesplustard,jediscutaiavecColtonetJenny,alorsquecettedernièretravaillaittoujourssurlui.Unesuperbefemmefitsonentréedanslapièce.Ilétaitimpossibled’avoirloupésonarrivée,sachantqu’àcemomentlesconversationss’arrêtèrentet touslesregardssebraquèrentsurelle.Elleavançaittelleunereineavecunportdetêtedistinguémaishautain.Ellescannalapiècedesesyeuxperçantcommesielleintimaitàtoutlemondedebaisserlesleurs.Seslongscheveuxblondstombaientencascadesursesépaulesrecouvertesd’unpeignoirensoienoire.Celui-ciluiarrivantau-dessusdugenou,onnepouvaitqueremarquerseslonguesjambesinterminablesethâlées,chausséesdemulesàtalons.
Lorsqu’elle repéra Colton, elle plaqua sur son visage un sourire carnassier et avança en sadirectiond’unedémarcheféline.
—Colton,moncœur,tevoilà,déclara-elled’unevoixsensuelle.Moncœur?—Chelsea,commentvas-tu? lui réponditColtond’un tonneutresansprendre lapeinede la
regarder.— Très bien, j’ai hâte de commencer ce nouveau tournage avec toi. Tu m’as manqué ces
dernierstemps...minauda-t-elle.Elleposaunemainsursonépaulequ’ellecaressadoucement.Coltonattrapasamainpourlui
retirer.Etsetournaversmoi.—Jemanqueàtousmesdevoirs,désoléechérie,medit-ild’unairsatisfait,anticipantlabombe
qu’il allait lâcher. Chelsea, voici ma femme Marie. Marie, je te présente Chelsea Johnson mapartenairepourlefilm.
Chelsea Johnson, OK, c’est officiel je suis vraiment nulle pour reconnaître les célébrités.C’était elle en photo avec Colton sur le tapis rouge dans la loge. Je savais qu’ils avaient eu uneliaison.Combiendetemps,jenem’ensouvenaisplus,etpuisétait-ellefinie?Aenjugerparl’attitudedistantedeColton,oui.EnvoyantcelledeChelsea,passûrquedesoncôtétoutsoitfini.
LorsqueColtonmeprésenta, elle se retournad’uncoupversmoi etmedévisageacommesij’avais trois têtes. Je jetai un rapide coupd’œil dans lemiroir à côté demoi pour vérifier que cen’étaitpaslecas.
Si le regard de la réceptionniste tout à l’heure m’avait paru désagréable, je ne savais pascomment décrire celui quem’adressaimaintenantChelsea. J’aurais été une crotte de chien qu’ellen’auraitpasparûtaussidégoutée.
— Tu t’es marié avec elle, s’exclama-t-elle comme si j’étais une chose affreuse, tout enaffichantunemouehorrifiée.Maisc’estarrivéquand?
—IlyatroissemainesàVegas,répondit-ilcalmementenattrapantmamain.Tunem’adresses
pastesfélicitationsChelsea?ajouta-t-ilenluiadressantunpetitsourirenarquois.—Mais…jecroyaisquetunevoulaispastemarier?balbutia-t-elle.—Iln’yaquelesidiotsquinechangentpasd’avis.Ilaffirmacelaendéposantsurledosdemamainuntendrebaiser,toutenmeregardantcomme
sij’étaislaseulechosedanscemonde.Cebaiserdéclenchaimmédiatementuneréactionépidermique,etjenepusm’empêcherdesentirmesjouesseteinterderouge.
—Etbien, toutesmesfélicitationspuisque tusembles les réclamer,ajouta-t-ellealorsqu’elles’était redonné une contenance, et avait repris son air froid et hautain. Quand à vousMaria, boncourage.Vousenaurezbesoinlorsquevousdécouvrirezqu’ilestincapabledegardersabitedanssonpantalonplusdedixminutesenprésenced’unejoliefemme.
Elle s’éloignaaussitôtpouraller s’installer à l’autreboutde lapiècedevantunmiroiroù samaquilleusel’attendait.Jeneprispaslapeinedelacorrigersurmonprénom,encoreunpeusonnéeparsonattitudeetsadernièrerévélation.JesavaisqueColtonn’étaitpasunsaint,maisapparemmentilavaitdûlablesseràunmomentpourqu’elleréagissedelasorte.
Jennyquiavaitassistéàtoutelascène,s’approchademoietmechuchotaàl’oreille:—Nefaispasattentionàellec’estunevipère.Jeluirépondisparunpetitsourire,pourlaremercierdesagentillesse.JereportaimonattentionsurColtonquin’avaitpaslâchémamainetquimeregardaitavecun
airpenaud.Jeluiadressaiàluiaussiunsourire,pourluifairecomprendrequejeneluienvoulaispas pour la scène qui venait d’avoir lieu. Il m’embrassa une fois de plus la main, comme pours’excuser.
Chapitre12Après lemaquillage,Colton retournadans sa logepour sechangeretenfiler lecostumeque
l’habilleuse lui avait sélectionné. Il m’entraina ensuite sur le plateau de tournage. Je fusimpressionnée par les lieux, où un nombre important de personnes étaient en train de s’afférer.J’avaisvaguementvudesreportagessurlestournagesdefilm,maisc’étaitbeaucoupplusgrandioseenvrai.
Coltonmeprésentaàtoutlemonde,metenantconstammentparlamainouparlataille,commes’il avait peur que jem’échappe.Son contactm’était très agréable,moi qui était unepersonnequiavaitdumalàselaissertoucherparquiquecesoitd’habitude.Alorsquejenesupportaispas,quandunamimemettait lamaindansledospourmefairelabiseparexemple,làlesimpletouchédesamainmeréconfortait,etmeprocuraitdessensationsquiserépercutaientdansmonbasventre.Surtoutcelamesemblaitnormal.
Unefoisletourfini,Coltons’assitsurlachaisemarquéedesonnom,ettirasurmamainpour
que jeme retrouve sur ses genoux.Nem’y attendant pas, je poussai un petit cri en tombant. Je leregardaiinterrogative,ilréponditàmaquestionsilencieuseenhaussantunsourcil.
—Quoi?Jeprofitedemafemmeavantd’allertrimerpourgagnermavie.J’éclataiderire.Jecroisqu’iln’avaitpasvraimentidéedecequec’estdetrimerpourgagner
savie,mais jenedis rien. Ilétait tellementcraquantàcet instantque jesentismoncœurseserrer.J’étais réellement en train de tomber sous son charme. Et c’était une mauvaise nouvelle. Si jecommençaiàm’amouracherdelui,lorsquetoutecettecomédieallaitseterminer,j’allaissouffrir.
Lorsque lemomentoù il devait enfin jouerdevant les caméras arriva, ilm’assénaunepetitetapesurlesfessespourquejemelève.
—Souhaite-moibonnechance,femme,ordonna-t-il.—Jenesuispassûrequ’êtreappeléecommeçamedonneenviedet’encourager,répondis-je.Ildéposaunebisesurmajoueettournalestalons.
***J’assistai au tournagepresque toute la journée.Achaquecoupuredu réalisateur,Coltonavait
toujoursunclind’œilouunsourirepourmoi.Auxyeuxdetous,nousdevionspasserpouruncouplesérieusementamoureux.
RegarderColtontravaillerétaitfascinant.Ildégageaitunmagnétismefantastiqueetétaitcapabledesefondredanssonpersonnageenuneseuleseconde.Sonattitudeétait trèsprofessionnelle,et ilsemblaitécouteravecattentionlesdirectivesduréalisateur.
Lors de la pause demidi, ilm’emmena à la cafétéria et nous déjeunâmes aumilieu d’autres
acteursdufilm,dontcertainsnefaisaientqu’uneapparitionsuccincte.Coltonnesemblaitpasfairededifférence entre ceux qui tenaient le haut de l’affiche et les autres, il semêlait à tout lemonde etsemblaitsurtoutappréciédetous.
Chelseaparcontre,s’installaseuledansuncoinavecpourseulcompagnon,unjeunehommequidevaitêtresonassistant.Ilpassasonrepasàseleverpourallerchercherdeschosespourelle,oului tenir son téléphone, ou même lui éplucher sa pomme ! Je fus même surprise qu’elle daignedéjeuneràlacafétéria.
Pour la reprise de l’après-midi, elle partageait une scène avecColton.Bien que je sois sûre
qu’elleaitdétectémaprésence,elles’évertuaàfairecommesijen’étaispaslà.Dèsquelescamérasétaient éteintes, elle s’empressait de se coller à Colton, posant systématiquement sa main sur sonavant-bras,luidécrochantdesœilladesénamourées.
Nesupportantplussonpetitmanège,jedécidaideretournervoirJenny.Celle-cim’accueillit avec plaisir etme présenta toute l’équipe coiffure etmaquillage. Ilsme
posèrentdemultiplesquestionssurmontravailetmonsalonenFrance.Nousparlâmesboutiqueunlongmoment,celafaisaitdubienderencontrerdesgensquiconnaissaientmonunivers.Jenevispasl’après-midipasser.
Jennyétaitvraimentsympathique,jesentisquejepouvaisvraimentm’enfaireuneamie.Cequi
neseraitpasdetropdanscettevilleoùjeneconnaissaispersonne.Enpensantàcela,jeréalisaiquemesamis àNicememanquaientdéjà. J’avais àpeine eu le tempsde leur annoncermondépart, etpourcertainsjenelesavaismêmepasrevusdepuisLasVegas.Jenotaimentalementd’essayerdelesappelerdemainmatin.Décalagehoraireoblige,ilétaittroptardpourlefairemaintenant.
—Tevoilà,j’étaissûrquejetetrouveraisici,ditColtonenmerejoignant.Tuenavaismarre
d’admirertonmaripendantqu’iltravaille?medemanda-t-ilsuruntonmoqueur.Jeneluirépondispasquej’enavaissurtouteumarredelevoirsefairetripoterparsonex,vu
que jen’avaispasvraimentde«droits»sur lui. Iln’attenditde toute façonpasque je lui répondequelque-chose.Ilmetiraverslasortieenlançantun«aurevoir»général.
—Tuesbienpressédis-moi.—Ouijesuiscrevé,jen’aiqu’uneenviec’estrentrercheznous,etmangerunmorceaudevant
unbonfilmavectoi,situesd’accordbiensûr?Chez nous ?Mon cœur se gonfla en pensant qu’il considérait l’appartement comme « chez
nous».Toutdesuitemoncôténégatifprisledessus,pourmerappelerqu’ilavaitpeut-êtreformulé
commecela au cas où des oreilles indiscrètes nous entendent.Cependant, j’étais contente qu’ilmeproposedepasserlasoiréeensemble.J’acquiesçaidoncensouriant.
***Arrivés « chez nous » nous commandâmes des plats asiatiques, aucun de nous deux n’ayant
vraimentenviedecuisiner.Unefoisceux-ciarrivés,Coltonmeproposadelesmangerdanslasallevidéo.Jeluilaissaichoisirlefilm,n’yconnaissantfinalementpasgrand-chose.Sijeluiavaisavouéque ladernière foisque je suisalléeaucinémac’était l’annéedernière,etquemesacteurs favoris
sontBob,StuartetKevin[9]
etqu’ilssonttoutjaunes,jecroisqu’ilseseraitétoufféavecunenouillechinoise.Nonpasquel’idéedeluifaireduboucheàbouchemerebute,notezbien.
Il décida donc de prendre en charge mon éducation cinématographique. En commençant en
premierparlefilmleplusvudetouslestemps:Avatar.Ilmefitunetellepublicitédufilmavecunenthousiasmedébordant,quejen’osaipasluidirequejedétestailascience-fiction.IlmeracontaqueJamesCameronétaitunvisionnaire,etqu’iladoreraittravailleraveclui.M’expliquapourquoilefilmétait si original, bref il était tellement passionné par son explication qu’il tenta quand même macuriosité.
Nousnousinstallâmesdoncconfortablementsuruncanapé,etColtonm’apportaunplaidsouslequeljemeblottis.J’étaisunpeutropconscientedesongrandcorpsmusculeuxtoutprèsdemoi,etj’avaisdumalàmeconcentrersurlefilm.
Lafatiguedelajournéecommençaàsefairesentir,etmespaupièresdevinrentlourdes.Jefinis
parm’endormir.Réveilléeparunbruitdufilm,jeréalisaiquej’étaismaintenantallongéesurlecanapé…latête
surlescuissesdeColton.Commentavais-jeatterrislà?Luimecaressaidoucementlescheveux,lasensationétaittrèsagréable.J’eusalorsunmouvementpourmerelever,unpeugênéeparlasituation.
—Rendorstoimabelle,memurmura-t-il.J’étaistropfatiguéepourlutteretmerendormisbienvolontiers,bercéeparladouceurdeses
caresses.***
Lorsquejemeréveillailelendemain,j’étaistotalementperdue.Puisjeréalisaiquej’étaisdanslasallevidéo,toujourssurlemêmecanapé.Cependantmondosétaitpressécontrequelquechosedechaudetdur.Unemainpasséeau-dessusdemeshanchesmetenaitfermementauniveaudelataille.Cettemain grande, aux doigts fins, portait une alliance en platine que je sus très bien reconnaitre.Coltondormaitcollécontremoi.
Je vis sur l’horloge du lecteurDVDqu’il était déjà sept heures dumatin.Nous avions donc
passétoutelanuitsurcecanapé!Jefermailesyeuxuninstantpourprofiterdel’instant.Ouivousmeprenezpourqui?Jemeretrouvaisdanslesbrasdumecélu«hommeleplussexydel’année», jepouvais bien en profiter quelques secondes ! Au moins pour réfléchir à l’attitude que je devraiadopterplustard.Honnêtementjen’enavaisaucuneidée.Làl’urgencec’estquejedevaismerendreauxtoilettes.
Je tentai donc de m’extirper doucement de son emprise, mais Monsieur en avait décidéautrement.
—Hummm,bonjourtoi,dit-ild’unevoixrauquequienvoyainstantanémentetdirectementdesdéchargesdansmapetiteculotte.
Pourlafuiteendoucec’estraté!—Salut,pastropmaldormi?tentai-je.—Turigoles, jen’aipasdormicommeçadepuisdeslustres.Jedevraisdormirplussouvent
avectoi.OhmonDieu,Colton,nedispasdeschosescommeçasituneveuxpasquejetesautedessus,là
toutdesuite.—Jedoismelever…Pourallerfairepipi.Maisbonçajeneledispas.—Attends,resteencoreuninstant.Endisantcesmots,ilresserrasonétreinteetenfouitsonvisagedansmescheveux.Mesfesses
seretrouvèrentplaquéescontre…unepartietrèsduredesonanatomie,quitendaitlatoiledesonjeanaveclequelils’étaitendormi.J’eussubitementtrèschaud,serait-ilpossiblequ’ilaitenviedemoi?Jecroisquesij’avaispumevoiràcetinstantdansuneglace,monvisageauraitétéplusrougequelescheveuxdeSandra.Jetentaidemeraisonner,enmedisantquec’étaituneréactionnormalechezunhommelematin,etquecen’étaitpasmoipersonnellementquil’avaitdéclenchée.
Jem’extirpaialorsdesonemprise,etcouruauxtoilettessansluiaccorderunregard.***
Plustard,jeleretrouvaidanslacuisineoùilpréparaitnotrepetit-déjeuner.—Aufait,mesparentsaimeraientqu’onvienne lesvoirceweek-end.Mamèrefaitpartiedu
comitéd’organisationd’ungaladecharité,etelletientàcequ’onsoitlà.Enplus,ilsaimeraientfairetaconnaissanceavant.Çateditd’yaller?
Avais-je vraiment le choix de dire non ? J’étais un peu stressée à l’idée de rencontrer sesparents,surtoutquenousn’étionspasvraimentun«vrai»couple.J’auraisbiensortiuneexcusedustyle:désoléej’aiaquaponeyceweek-end.Maiscommeilétaitaucourantquemonemploidutempsétaitabsolumentvide,celaneseraitpaspasséjecrois.
—IlsviventàNew-York?—Oui,maislàilsserontdansleurmaisondesHamptons.Tuvoisoùc’est?demanda-t-il.
—Magéographiede l’étatdeNew-Yorkn’estpasparfaite,mais j’ai regardé«Revenge» jesaisàpeuprèsoùçasetrouve.
—Parfait,onpartsamedimatin.Iltefaudraunerobedesoiréepourlesamedisoir,jepeuxtefairelivrerdesrobescetaprès-midiicisituveux,demanda-t-iltimidementcommes’ilcraignaitquejemevexeencoreunefois.
—Nonjevaismelanceretaffronterlagrossepomme,j’iraifairedushopping.Çam’occuperaaujourd’hui.
—Commetuveux.Nouscontinuâmesnotrepetit-déjeunercommesiderienn’était.Del’extérieurnousaurionspu
ressembleràn’importequelcouplequidiscutedevantuncaféetdestartines.Coltonpartitensuiteauxstudios,etmoidemoncôtéàlarecherchedelarobeparfaitepourma
premièresoiréeofficielleàsonbras.Maiscen’étaitpaslemomentduweek-endquimefaisaitlepluspeur.La rencontre avecmes « beaux-parents »me tourmentait davantage. Surtout que je ne savaisabsolument pas à quoi m’attendre. Colton ne parlait jamais de ses parents. S’ils étaient aussisympathiquesqu’Ashleytoutiraibien,maisj’avaislesentimentsic’étaitlecas,Coltonauraitétéunpeuplusbavardàleursujet.
Chapitre13Premièreétapeduweek-endenenfer:supporterletrajetenhydravion.Coltonm’avaitbienproposédefairelevoyageenvoiture,maisjenevoulaispasluiimposer
de passer presque toute la matinée sur la route, alors qu’il était possible de se rendre dans lesHamptonsenseulementquarante-cinqminutesparcemoyendetransport.
Restaitàvaincremastupidephobie.Et cela ne s’arrangea pas quand je vis la taille de l’engin. Il semblait tout frêle et prêt à
s’envoleraumoindrecoupdevent.Jerespiraiungrandcoup:jepouvaislefaire.Coltonessayademedistrairependanttoutletempsavantledécollage.Ilréussitpresque.Mais
finalementdèsquenousavonsprisdelahauteurau-dessusdel’EastRiver,lavuemefittoutoublier.New-York vu de haut est encore une expérience nouvelle. Nous flirtâmes avec les buildings deManhattantoutenapercevantauloinCentralPark.
NoussurvolâmesensuitelaprisondeRikerIsland,puisl’aéroportdeLaGuardia,surlequellesavionsausolressemblaientàdesjouetsd’enfantsvudelà-haut.Peuàpeulavillelaissalaplaceàlabanlieue,etnousnoustrouvâmesau-dessusdeLongIslandoùlesdemeuressefirentpluscossues.JepensaiimmédiatementàGatsbylemagnifique.
Levoyageduraencorequelquesdizainesdeminutesau-dessusdeschamps,puisdenouveaulesbellesvillasréapparurent.Lepiloteamorçaladescenteetatterritsansencombresurleseauxcalmes.Ilamarralepetithydravionàunquaiprivé.
Coltonm’aidaàdescendre,cequin’étaitpasaisé,carilfallaitprendreappuisurleflotteurdel’appareil avant de s’élancer sur le ponton.Lepilote s’occupades bagages.Coltonqui n’avait paslâchémamaindetoutlevol,m’entrainaàsasuiteverslamaison.
Pouvait-on encore parler de maison dans ce cas-là ? Je ne pensais pas. La demeure qui setrouvaitfaceànousau-delàdelaplage,méritaitpluslenomdemanoiroudepetitchâteauàlalimite,qu’autrechose.
Avec ses deux étages, la longue bâtisse grise s’étirait sur un terrain planté d’un gazonirréprochable, à faire pâlir d’envie les golfs les plus réputés. Les larges baies vitrées du rez-de-chausséelaissaientdevineruneenfiladedesalonsluxueuxavecunevueimprenablesurlamer.Lespièces des étages semblaient se dissimuler derrière de riches tentures. De larges balcons blancsdonnaientàl’ensembleunaspectaéréetraffiné.Lestoits,àlaformesicaractéristiquedelarégion,étaientagrémentésdeplusieurscheminées.
Aprèsavoircontournéunepiscineauxdimensionsdémesurées,nousapprochâmesd’unelarge
porte blanche au heurtoir rutilant. Colton frappa une fois, et m’enlaça par la taille pour merapprocherdelui,commepourmeprotéger.Cegestenemerassuraitqu’àmoitié.Qu’allais-jedevoiraffronterderrièrecetteporte?Cruellad’enfer?HannibalLecter?
Unepetitefemme,habilléed’ununiformeautablierblancimmaculé,nousouvritlaporte.BienentendulesClarkeavaientdupersonneldemaison.Auvudelatailledelamaison,moiaussij’auraieubesoind’aidepourtraquerlestoilesd’araignées.Jedoutaid’ailleursquelamèredeColtonleurcourederrièredetoutemanière.
—MonsieurColton!s’exclama-t-elleavecunfortaccenthispanique,noussommessiheureuxdevousvoir!Vosparentsvousattendentdanslesalonbleu.
Il y avait forcement des couleurs pour désigner les salons, puisqu’il y en avait plusieursévidemment.J’étaistentéededemanderàlagentilledamedel’entrées’ilexistaitunplandel’endroit,pensantquej’enauraisbienbesoinpourceweek-end.
Nous traversâmesquelquespiècesplus fabuleuses lesunesque lesautres,mais jen’y fispastropattention.Lenœuddansmonestomacseserraitunpeuplusàchaquepas.
Avantdepasserladernièreporte,Coltons’arrêtaetsetournaversmoi.—Toutvabiensepasser,medit-ilenmeregardantdroitdanslesyeux.Sonregardazurapaisa
unpeumonstress.Ildéposasurunbaisersurmonfrontetouvritladoubleporte.—Marie,Coltonvousêteslà!s’écriaunevoixquejereconnutoutdesuitecommeétantcelle
d’Ashley.Elle me prit aussitôt dans ses bras pour un énorme câlin, comme si j’étais un nounours en
peluche.Unefoisqu’ellerelâchasonétreintepoursejeterdanslesbrasdesonfrère,jelevailesyeuxendirectiondesparentsdeColton.
Sonpèreétaituneversiondeluiplusâgée.Lesmêmesyeuxbleus,lamêmemâchoirecarrée,onpouvaitdifficilementdouterqu’ilspartagent lemêmepatrimoinegénétique.Sescheveuxétaientparcontreentièrementgris.Unlargesourireidentiqueàceluidesesenfantsluibarraitlevisage.
Samèreétait,elle,trèsdifférente.Seslongscheveuxnoirspresquecorbeau,ainsiquesesyeuxnoisettes,tranchaientnettementavecsacarnationtrèspâle.Vêtued’unerobenoiretrèschic,jenepuscependantm’empêcherdetoutdesuitelacompareràMortitiaAdams.Ilfautdirequesonabsencedesouriren’aidaitpas.J’espéraisqu’elleétaitplusdrôlequ’elleenavaitl’air,sinonleweek-endallaitêtrelong.
Lesprésentations furent faites, la reinedesglacesnes’étaitpasdéridéed’un iota.LepèredeColton,Joshua,m’accueillitpluschaleureusementetdonnauneaccoladevirileàsonfils.
La petite femme qui nous avait ouvert la porte, revint pour nous annoncer que nos affairesavaientétémontéesdansnotrechambre,sinoussouhaitionsnousrafraichir,etqueledéjeunerseraitservidansdixminutes.
Je n’avais pas pensé à ce détail. Pour tout lemonde ici, nous étions un couplemarié, doncforcémentnouspartagionslemêmelit.Çanesefaitpaschezlesgensrichesdefairechambreàpart,mêmeauboutdetroissemainesdemariage?Jenem’étaispasrenseignée.Colton,dûcomprendreàquoijepensais,carilmechuchotaàl’oreillequ’iln’avaitriencontredormirsurlecanapéquiétaittrès confortable. Je repensai immédiatement àuneautrenuitpassée suruncanapé, et je sentismesjouess’empourprer.
Nouspassâmesdoncàtable.VictorialamèredeColtons’installaenboutdetableetsonpèreà
l’autreextrémité.Coltonprisplaceàmescôtés,etAshleyenfacedenous.Moiquiavaitpenséqu’unefoislespremiersinstantspassés,jeseraimoinsstressée,jem’étais
trompéemajestueusement.Jemesentaiscommeunéléphantdansunmagasindeporcelaine,voire,untracteurdansunmagasindecristal.EtonnepeutpasdirequeMadameClarke fitquoiquecesoitpourquejemesenteplusàl’aise,bienaucontraire.
Pendanttoutelapremièrepartiedurepas,ellenes’adressaqu’àsonfils,ouàsonmari.Ashleysemblaitelleaussiexcluede laconversation,d’ailleursellen’enrataitpasunepouressayerdemefairerire,étantdonnéqu’elleétaitassiseenfacedemoi.
Puis vint enfin le moment où elle cessa de faire comme si je n’étais pas là. Je le regrettaipresque.Enplus,jen’avaisaucuneidéedecequeColtonluiavaitracontéoupasàmonsujet.
—Dites-nousMarie,ilparaitquevousseriezcoiffeuse,c’estexact?demanda-t-ellecommesimaprofessionn’était àpeineplus estimablequeprostituéeoudealeusededrogues. Je comprenaispourquoiellem’ignoraitdepuisledébut,elleestimaitquejen’étaispasassezbienpoursonfilsetsafamille.
—OuiMadamec’estexact.Répondis-jed’unevoixlimitetremblotante.Coltonposasamainsurlamienneensignedesoutien,etajouta:—Elledirigesonpropresalondecoiffurequ’elleaachetéilyaunanàsonanciennepatronne.
Cequ’elleafaitdel’endroit,esttrèsimpressionnant.— Je n’en doute pas, elle doit avoir hâte de retourner y travailler, lâcha-t-elle d’un ton
méprisant.Que devais-je répondre à cela ? Oui, parce que de toute façon l’accord avec votre fils est
temporaire,oubien,noncarjevaisresterauprèsdeColtonàManhattan?Enfaitellen’attendaitpasvraimentderéponse,puisqu’ellecontinua:—Non je supposequemaintenantqu’ellemène lagrandeviegrâce à ton compte enbanque
monchéri,ellenedoitpasêtrepresséederetournerfairedesbrushingsàlachaine.—Maman!s’écrièrentColtonetAshleyenmêmetemps.Quantàmoijerestaisansvoix,voilàpourquiellemeprenait,uneprofiteuse.Unecroqueuse
dediamants.Maisaulieudeluirépondre,jemestatufiais,etsij’avaisputrouveruntroudesouris
pourmecacher,jem’yseraisprécipitée.—Vousavezvraimentgagnéle jackpotàVegasmapetite, railla-t-elle.Vousavezséduitmon
filsetvousvousêtesdébrouilléepourvousfairepasserlabagueaudoigt,etbingo!Fini,votrepetiteviemiséreuse…
Cettedernièrerépliquefutcommeundéclicquimesortitimmédiatementdematorpeur,jenepouvaispastolérercesparoles.
—Jen’aipasuneviemiséreuse,m’offusquai-je,jetravaille,jegagnemaviehonnêtement.Jenegagneraicertainementjamaisdequoim’offrirunemaisoncommelavôtre,maisjemecontentedecequej’ai,etj’ensuisheureuse.
Une sourde colère avait remplacé ma léthargie passagère. Je ne valais peut-être pas grand-choseauxyeuxdecettefemme,maisjenepouvaispaslaisserpiétinermafiertédelasorte.
—Maisbiensûr,c’estfacileàdirequandonvientdepasserlasemaineàManhattanàfairedushopping,dit-elleavecunpetitriresarcastique.Maisdites-moi,sivousn’avezpasépousémonfilspoursonargent,pourquelleraisonalors?
Sesyeuxposés surmoi essayaientdeme sonder, comme si ellevoulait lire au fonddemonâme.
—Vousquiêtessamère,repris-je,vousdevriezsavoirquevotrefilsneserésumepasqu’àsonportefeuille!C’estquelqu’und’attentionné,dedrôle,d’intelligent,d’adorableetquinejugepaslesgensenfonctiondeleurcompteenbanque.
L’émotion et la colère faisait trembler ma voix, mes poings étaient serrés et mes ongless’enfonçaientdansmespaumes.
—Çajel’avaisremarqué,vousenêteslapreuvevivante,souffla-t-elle.—Excusez-moi,jecroisquejenesuispaslabienvenuedanscettemaisonjeferaismieuxde
m’enaller.Jemelevaid’unbond,nelaissantmêmepasletempsàColtonderéagir.Jepartisencourant,
traversantplusieurspiècespourfinirpartrouveruneissueverslejardin.Unefoisdehors,jecourusde plus belle en direction de la plage. Les larmes que j’avais retenues pendant ma dispute avecVictoria, commencèrent à couler surmonvisage.Mespieds foulèrent enfin le sable, et auboutdequelquespas,jem’écroulaiàgenoux,j’éclataialorsensanglots.
Jem’envoulaisd’avoiracceptédevenir iciauxEtats-Unis,d’avoiracceptédemettremavieentreparenthèses, toutcelapourquoi?Pourqui?Pourunhommequejedésiraiconnaitre?Pourcomprendreunedécisionque j’avaispriseunsoiroù j’avais tropbu? Jem’envoulaisaussipourmessentimentsàl’égarddeColton.Cesderniersjours,jemesentaisdeplusenplusattiréeparlui,etj’appréciailesmomentspartagésaveclui.J’étaisentraindetomberamoureuse,alorsquetoutcelan’étaitpourluiqu’unmoyenderedorersaréputationetsauversoncontrat.Nousn’étionsclairementpasdumêmemondeetn’avionsaucunavenirensemble.
Jemerelevaietcommençaiàmarchersansbutsurlaplage.J’étaispartiesansmêmemonsacàmainouuneveste. Je ne savais pas trop comment j’allais faire plus tard.Mais pour lemoment jen’avais pas la force d’y penser. Je regardai les vagues s’échouer sur le rivage, et essayai de meconcentrersurleurbruitapaisant.
Au bout d’une centaine demètres, j’entendis des bruits de pas derrièremoi. Jeme retournaipourvoirColtonquicouraitversmoi.
Une fois arrivé àma hauteur, il ne dit rienmaisme prit immédiatement dans ses bras.Meslarmesquis’étaienttaries,redoublèrentd’intensitéetjememisàsanglotercontresontorsemusclé.
—Chuuut,jesuisdésolé,murmura-t-il.—Cen’estpastafaute,pleurai-je.—Sij’auraisdûlastopperavant,cequ’ellet’aditétaithorribleetsurtoutfaux.Tusaisqueje
nesuispasd’accordavecunseulmotqu’elleaprononcé,j’espère?—C’estvrai?reniflai-je.Coltonreculad’unpasetlevamonvisageverslesien.Illepritencoupedanssesmainsetfixa
son regardsur lemien.Sesyeuxsibleusd’ordinaire,étaientd’une teinteplus foncéeet reflétaientpresquedelacolère.
—Marie,regarde-moi,ordonna-t-il.Jenesaispascequetupenses,outuressens,maismoijesaisquecesderniersjoursavectoijeneleséchangeraispourrienaumonde.Cesoir-lààVegas,j’aifait la connaissance d’une fille exceptionnelle : une fille forte, drôle, belle à l’extérieur et àl’intérieur.Unefillequiasumeremettreenplacequandillefallait,quiavuau-delàdupersonnagepublic,etavecquijepeuxêtremoi-même.Cettefille,jevisavecelledepuisdixjours,etplusjepassedetempsavecelle,plusj’aienvied’enpasserencore.Etjesaisquecejour-lààVegas,nousn’étionspeut-êtrepasdansnotreétatnormal,maisjeneregretterien.Etcelametuedenepassavoircequetuenpenses,carlàjen’aiqu’uneseuleenvie,c’estdet’embrasseretjenesaispassituesd’accord,ousijevaismeprendreunebaffemonumentale.
L’émotion faisait trembler sa voix, ce qui rendit ce qu’il avait dit encoreplus touchant. Je leregardai,bouchebéeenessayantd’assimilertoutcequ’ilvenaitdemedéclarer.Moncœurbattaitàun rythme effréné dans ma poitrine, et s’il ne me tenait pas contre lui, je crois que mes jambesauraientétéincapablesdemesoutenir.
—Disquelquechoses’ilteplait,dit-ildoucementencaressantmajouedesonpouce.Plutôtquedeluirépondre,jefisremontermesmainslelongdesontorsepourallerlesnouer
autour de sa nuque. Je pris appui surmes pointes de pieds pour hissermon visage.Mes yeux, sevrillèrentauxsiens,leurdonnantlapermissionsilencieusequ’ilattendait.
Seslèvrespleinesetdoucess’écrasèrentsurlesmiennes.Ellesavaientlegoûtduselportéparl’océan.Samainremontasurmonvisage,pourallerseposerdélicatementsurmanuque.Sonautremainglissapourallerselogersurmataille,etmepresserunpeupluscontrelui.Ungémissementde
satisfactions’échappad’entremeslèvres,etColtonenprofitapouryglissersalanguequémandantunpeuplusdemoi.Lachaleurdesoncorpssepropageadanslemien,quis’étaitunpeuengourdiparl’airmarinet les larmesversées.Seslèvrescontinuaientdebougersur lesmiennes,etnoslanguesavaienttrouvéleurproprerythmelentmaissensuel.
La vague de désir que je réprimai depuis notre rencontre se déversa en une seule seconde,j’avaisbesoindesentirsesmainssurmoi.Notrebaisers’intensifia.Ilreflétaittoutelafrustrationquenousavionsressentiecesderniersjours.
Coltonrompitnotrebaiser,etposasonfrontcontrelemien,fermantlesyeux.—J’aibesoindetoi,resteavecmoi,murmura-t-il.—Jenevaisnullepart,répondis-jeencaressantsajoueetlongeantlalignedesamâchoire.—JeteveuxdansmavieMarie,pasparcequemonattachédepresse,oulesstudiospensentque
c’estbien.Jeteveuxparcequec’esttoietquej’aienviedeteconnaître.Jenelaisseraipastomber.
Chapitre14Nous continuâmes à nous promener main dans la main sur la plage. Colton ne pouvait
s’empêcherdemevolercietlàunbaiser.Ilmeracontaquelquesanecdotesdesonenfancelorsqu’ilvenaitdéjàici.
J’apprisqu’il avaitgrandi àNew-York, sonpèreavocat renomméavait toujours espéréqu’ilsuiveses traces.Lorsqu’ilavaitdéclaréqu’ilnesouhaitaitpasfairededroit,on luiavait répondu:«cen’estpasgrave,situveuxdevenirmédecinoncomprend».Saufqu’ilrêvaitd’Hollywoodetdecinéma,maiscen’étaitpasconcevablepoursafamille.Ilavaitdoncquittélamaison,etlacôteEst,pourtentersachanceàLosAngeles,vivantdepetitsboulotsetenchainantlesauditions.Sesparents,et surtout samère, ne lui avaient pasparlé pendant presquedeux ans.Cen’est que sur l’insistanced’Ashleyqu’ilsavaientrenoué,etsacarrièrecommençantàdécoller, ilsavaienteumoinshontedeleurfilsquijouaitau«saltimbanque».Ils’étaitbattupoursonrêve,etjenepouvaisquel’admirerpourcela.
Lesoleilcommençaàdécliner,l’airsefitplusfrais,etnousdûmesreprendrelechemindecette
sinistremaison.Coltons’excusaaumoinsunedizainedefois.Ilavaitpromisderemettreunprixlesoiraugaladecharité,etétaitdoncobligéd’yassister.Ilmeproposaderentrerdèslafindelasoiréeà Manhattan. J’acceptai bien volontiers, trop heureuse d’échapper à une nuit dans cet endroitinhospitalier.
Arrivés dans la grandemaison, nous ne croisâmes personne,mis à part le personnel. J’étais
persuadéequedeuxpersonnesétaientcapablesdevivre icisanssecroiser.JedécidaidenepasmedéplacersansColton,jen’avaispasenviedemeperdreetd’êtreretrouvéemortedefaimetdesoifdeuxjoursplustard.
Nousallâmesdansnotrechambre.Celle-ciétaitsuperbe.Danslestonsbleusrehaussésdeboisfoncé.Unénormelit trônaitaumilieudelapiècetelunvaisseau.Deconfortableschauffeusesbleumarineétaientorientéesdefaçonàprofiterdelavuesurlamer,etunpetitbureauenboisetsachaisecouleurcrèmecomplétaientlemobilier.
Apeinelaportereferméederrièrenous,Coltons’avançaderrièremoietmeplaquacontrelui.Jesentissonsouffleàlabasedemanuque,quidéclenchaimmédiatementuneréactionépidermiqueintense. Il commença àm’embrasser à l’endroit si sensible derrièremon oreille, et peu à peu desbaisersdescendirentdansmoncou.Ilrepoussamonpulllégèrementpourdénudermonépauleetlamordiller à son tour. Je lâchai un soupir de plaisir. Ses grandesmains chaudes, s’étaient faufilées
sous mes vêtements et remontaient lentement sur mon ventre. L’une d’entre-elles se fit plusaudacieuseetcaressaladentelledemonsoutien-gorge.
—Colton,dis-jed’unevoixétranglée.Nousn’avonspas le temps, il fautsepréparerpour lasoirée.
—Ilmefautseulementcinqminutespourm’habiller,répliqua-t-ilsanscessercequ’ilétaitentraindefaire.
— Parle pour toi, lui répondis-je. J’en ai pour un peu plus longtemps avec la coiffure, lemaquillage…
Jem’écartaiunpeudelui,metournaietdéposaiunbaiserrapidesurseslèvres.—Plustard,MonsieurClarke,luipromis-jeenlançantunregardbrulantensadirection.J’attrapailahoussedemarobe,matroussedemaquillageetdisparudanslasalledebains,en
prenantsoinderefermerlaportederrièremoi.Jen’étaispasencoreprêteàmedéshabillerdevantlui.Jemeregardaidanslaglace.Mesjouesétaientroses,certainementàcausedelabaladeenborddemer,maispasque.Monregardétaitpluspétillant.Jesourisàl’idéequec’étaitColtonquimerendaitplusjolie.
Jecoiffaimescheveuxenunchignonélégantetunbrinsophistiqué,aprèstoutpourquois’en
priver?Jemaquillaimesyeuxunpeuplusqued’ordinaire,puisappliquaiunglosssurmeslèvresafindedonneràColtonl’enviedelesdévorer.J’enfilaienfinmarobe.Jel’avaischoisiebleunuit.Ladélicate étoffe composée de mousseline vaporeuse, rebrodée de perles moulait mes formes. Ledécolletéassezsagemettaitquandmêmeenvaleurmesatouts,toutenconvenantàcetypedesoiréeàlaquellejedevaisfairebonneimpression.
Je sortis de la salle de bains, pour me retrouver dans la chambre où Colton m’attendait en
pianotant sur son téléphone, négligemment affalé dans une des chauffeuses.Lorsqu’ilmevit, il selevaetmerejoignitendeuxgrandesenjambées.
Il était superbe dans son smoking noir avec sa chemise blanche immaculée et son nœudpapillon.Sonregardétaitbrulantdedésir,ilremontalentementdemesjambesàmonvisagetoutens’attardantuninstantsurlanaissancedemesseins,etmabouche.
—Tourne-toi,m’ordonna-t-il,toutenposantseslargespaumessurmesépaulespourmefairepivoter.
J’étaismaintenantfaceaumiroir.Ilplongeasamaindanssapochepourenressortiruncollierétincelant.Ilposacelui-cisurmagorgeetlenouadélicatementautourdemoncou.L’objetouvragéétaitconstituédesaphirs,delateinteexactedemarobe,etdediamants.Ilmeplutimmédiatement.Ilétait raffiné et élégant sans être trop ostentatoire. Il semblait dessiné pour aller avec cette robe etaucuneautre.
Alors que je lui demandai comment il avait fait pour savoir exactement lequel choisir, ilm’avouaqu’ilavaitpréparésoncoupdepuisplusieursjoursetétaitalléespionnerdansmondressingpourvoirquellerobej’allaisporter.Jeluipardonnaibienvolontiersl’intrusiondansmonintimité,tantsonattentionmetoucha.
—MadameClarke,ilfautquenouspartionstoutdesuite,sinonjenegarantispasquelesrichesrésidentsdeMontaukquiserendentaugala,n’aientletempsd’admirertoutcetravailquevousavezeffectué dans la salle de bains. Car j’ai bien envie, de tout défaire, déclara-t-il avec un sourireéquivoque.
J’attrapaidoncmonétoleetluifissignequej’étaisprêteàpartir.
***
La réception se tenait au Yacht Club deMontauk. Tout le gratin local et quelques célébritéshabituées de la région s’étaient donné rendez-vous pour une bonne cause. Jemedemandai tout ensortantdelavoiture,siseulementlamoitiéd’entreeuxsavaientlaquelle.L’endroitétaitsplendide,jepensaiimmédiatementàmesamiesAliceetLaraquiorganisaientdesmariages,maisaussid’autresévènements.Lelieuleurauraitcertainementplu.
Lasallederéceptionauhautplafondenboisblancétaitimmense.Delourdslustresenferforgédiffusaientunelumièrechaudequisublimaitlapièce.Aufond,unénormefeudecheminéedonnaitunair presquedomestique à ce tableau.Les tables rondes étaient savamment décorées par degrandescompositionsfloralesauxcouleursautomnales.L’ensembleétaitbienentendutrèschic,maisquandmêmechaleureux,cequiquelquepartmesurprit.
ColtonmeprésentaàplusieurspersonnesdelabonnesociétéquesesparentsfréquentaienticiouàNew-York.Jereçusdenombreuxcompliments,notammentdelagentemasculinesurmatenueetmacoiffure.Achacund’entreeux,jesentisColtonseraidirunpeuetraffermirsonemprisesurmataille, comme pour rappeler à tout le monde que j’étais bien à lui. Cette démonstration presqueinconscientedesapart,mefiténormémentplaisir.Etpuisjel’avoue,cescommentairesfirentdubienàmonégo,surtoutaprèslaréactiondesamèreaudéjeuner.Nousévitâmesd’ailleurscelle-citoutelasoirée.
Nousprîmesensuiteplaceà tablepour ledînercomposédehomardsetpoissonsde lapêche
locale.LàencoreColtonavaiteuladélicatessedeprévenirlesorganisateursdemonallergie,etonmeproposadesmetsadaptésettoutàfaitsucculents.Ilnecessaitdem’étonner.
Verslafindurepas,Coltonmontasurscènepourremettreunprixcommeconvenu.Commentréaliserquecethomme,auqueltouteslesfemmesdel’assistancelançaientdesregardsappréciateurs,étaitmaintenant lemien.Quelle étiquettemettre sur notre relation ? Je ne savais pas.Mais j’avais
enviedevivrecequ’ilyavaitàvivre.Monvoisindetableessayaàplusieursreprisesdecaptermonattention,maismesyeuxétaient
rivéssurColton.Lorsqu’ildescenditdescèneilfonçadroitsurmoi,etm’embrassafougueusementensemoquantdes regardsdésapprobateursoucurieuxdequelquespersonnesautourdenous.Unetelledémonstrationd’affectionn’avaitpasl’aird’êtrebienvueparici.Nousnousenmoquionstouslesdeux.
—Danseavecmoi,chuchota-t-ilàmonoreille.—Jesuisunetrèsmauvaisedanseusetusais,luirépondis-jeterroriséedemeridiculiserdevant
cesgensquejeneconnaissaispas.—Jem’enfiche,jeveuxjustetetenircontremoi,répliqua-t-il.Commentluirefuserdanscecas?Ilm’entrainadoncsurlapistededanse,puislâchamamainpourallerdiscuteravecl’orchestre,
certainementpourdemanderunechanson.J’avaishâtededécouvrirsonchoix.Il revint versmoi, alorsque lesmusiciens entonnaient lespremièresnotesde« Iwon’t give
up » de JasonMraz. Ilme prit dans ses bras et nous nous laissâmes porter par lamusique et sesparoles.
WhenIlookintoyoureyesIt'slikewatchingthenightskyOrabeautifulsunriseWell,there'ssomuchtheyholdQuandjeregardetesyeuxC'estcommesijeregardaislecieldenuitOuunbeauleverdesoleilIlyatantdechosesqu'ilsdétiennent
AndjustlikethemoldstarsIseethatyou'vecomesofarToberightwhereyouareHowoldisyoursoul?EttoutcommedevieillesétoilesJevoisquetuasparcouruunlongcheminPourêtrelàoùtuesQuelâgeatonâme?
Well,Iwon'tgiveuponusEveniftheskiesgetroughI'mgivingyouallmyloveI'mstilllookingupJenerenonceraispasànousMêmesilecieltournemalJetedonnetoutmonamourJeveillesurtoi
Andwhenyou'reneedingyourspaceTodosomenavigatingI'llbeherepatientlywaitingToseewhatyoufindEtquandtuasbesoindetonespacePourfaireunpeudenavigationJeseraislàattendantpatiemmentPourvoircequetutrouves'CauseeventhestarstheyburnSomeevenfalltotheearthWe'vegotalottolearnGodknowswe'reworthitNo,Iwon'tgiveupParcequemêmelesétoilesbrûlentCertainestombentmêmesurlaTerreNousavonsbeaucoupàapprendreDieusaitquenousenvalonslapeineNon,jen'abandonneraispasIdon'twannabesomeonewhowalksawaysoeasilyI'mheretostayandmakethedifferencethatIcanmakeOurdifferencestheydoalottoteachushowtouseThetoolsandgiftswegot,yeah,wegotalotatstakeJeneveuxpasêtrequelqu'unquis'éloignesifacilementJesuisicipourresteretfaireladifférencequejepeuxfaireDenosdifférences,ellesfontbeaucouppournousapprendrecommentutiliser
Lesoutilsetlescadeauxquenousavonsouais,nousavonsbeaucoupenjeuAndintheend,you'restillmyfriendatleastwedidIntendForustoworkwedidn'tbreak,wedidn'tburnWehadtolearnhowtobendwithouttheworldcavinginIhadtolearnwhatI'vegot,andwhatI'mnot,andwhoIamEtàlafin,tuestoujoursmonami,aumoinsnousavionsBienl'intentionQueçafonctionneentrenous,nousn'avonspascassé,nousn'avonspasbrûléNousdevonsapprendrecommentpliersansquelemondes'effondreJ'aidûapprendrecequej'ai,etcequejenesuispas,etquijesuis
Iwon'tgiveuponusEveniftheskiesgetroughI'mgivingyouallmyloveI'mstilllookingup,stilllookingup.JenerenonceraispasànousMêmesilecieltournemalJetedonnetoutmonamourJelèvetoujourslesyeux,JelèvetoujourslesyeuxWell,Iwon'tgiveuponus(noI'mnotgivingup)GodknowsI'mtoughenough(Iamtough,Iamloved)We'vegotalottolearn(we'realive,weareloved)Godknowswe'reworthit(andwe'reworthit)Jenerenonceraispasànous(nonjen’abandonneraispas)Dieusaitquejesuisassezfort(jesuisfort,jesuisaimé)Nousavonsbeaucoupàapprendre(noussommesvivants,noussommesaimés)Dieusaitquenousenvalonslapeine(etquenousenvalonslapeine)
Iwon'tgiveuponusEveniftheskiesgetroughI'mgivingyouallmyloveI'mstilllookingupJenerenonceraispasànous
MêmesilecieltournemalJetedonnetoutmonamourJelèvetoujourslesyeux
Lachansonterminée,j’avaisleslarmesauxyeux.Lesparolessonttellementévocatrices,quejesavaisqu’ilnel’avaitpaschoisieparhasard.Coltonmeregardaiavectellementdetendresseencetinstant,quej’étaisàdeuxdoigtsdepleurer.
—Jeproposequenousrentrionscheznous,meglissa-t-ilàl’oreille.J’acquiesçai,incapablededireunmotmagorgeétantnouéeparl’émotion.
Chapitre15De retouràNew-York, àpeine laportede l’appartementpassée,Coltonmesoulevadans ses
bras,commesijenepesaisrien,etmeportaàlamanièredemapremièrevisite.Letrajetenvoitureavaitexacerbénotredésiretl’aircrépitaitentrenous.Toutmoncorpsétaittenduparl’anticipation,etjen’avaisqu’unehâte:m’abandonnerdanssesbras.Traversantlecouloir,ilsedirigeadirectementverssachambre.
—Cen’estpasmachambreMonsieurClarke,dis-jeamusée.—Ca tombebien, tunevaspasdormir toutde suite, répondit-il avec son sourire à100000
voltssurleslèvres.Il me déposa délicatement au sol, comme si j’étais faite de porcelaine, et se pencha pour
allumerlalampedechevet.Jesentaismoncœurcognercontremapoitrine.Coltons’avançaversmoitelunfélin,toutensedébarrassantdesaveste.Sonnœudpapillonqu’ilavaitdénouédanslavoiture,pendaitnégligemment autourde soncou.Sachemiseblancheépousait les courbesde son torse, etlaissaitdevinerlesmusclesfermesqu’elledissimulait.J’avaisfaceàmoiunmâlehypersexy,etsesyeuxbrulaientdedésirpourmoi.
Arrivéenfinàquelquescentimètresdemoi,ilpenchalatêteetjesentissonsoufflechaudsurmes lèvres.Puis elles seposèrent enfin sur lesmienneset toutesmesbarrières tombèrent lesunesaprèslesautres.
Samainseposadanslecreuxdemesreins,meplaquantcontrelui,tandisquel’autreremontaitle longdemonflanc. Jeposai lamienneà labasedesanuquepour l’empêcherdesesoustraireànotre baiser, bien que ce ne fût apparemment pas son intention. Au contraire, il en profita pourintensifiercelui-cienglissantsubtilementsalangueetentrainerlamiennedansunedansesensuelle.Unedoucechaleursediffusaitdansmoncorps,etsefrayauncheminautourdel’emprisequ’ilavaitdéjà sur mon cœur. Celui-ci cognait dans ma poitrine presque douloureusement. J’étouffai ungémissementcontrelabouchedeColtonsubmergéeparledésir.
D’ungesteexpert ildescendit la fermeturede larobeetcelle-ciglissaélégammentautourdemeschevilles.Lacoupenepermettantpasleportd’unsoutien-gorge,jevisleregarddéjàbrulantdeColton s’intensifier à la vue de ma poitrine dénudée. Alors que mes doigts s’affairaient sur lesboutonsdesachemise,ilcouvritlalignedemamâchoiredebaisers.Seslargespaumespartirentàl’assautdemesseinstendusparledésir.Ungrognementprimitifs’échappadeseslèvres,etenvoyaunedéchargeélectriquedirectemententremescuisses.J’enprofitaipourfaireglissersachemisedeseslargesépaules,découvrantdesbicepsmusclésauxquelsjem’empressaidem’agripper.Sabouchecontinuaitsonlentcheminendirectiondemapoitrine,sesmainsétaientpartoutsurmoncorps.Ses
lèvresprirentenfinl’assautd’undemesseinsenallantdirectemententitillerlapointe.Jebasculaimatêteenarrièresubmergéeparceflotdesensations,memordantlalèvrepournepasgémirencore.Quandjereprismesesprits,Coltonmeregardait,sespupillesdilatéesàl’extrême.
—Sublime,susurra-t-ild’unevoixrauquequimedonnalachairdepoule.D’ungestelent,ilmefitreculerverslelit,ennequittantjamaismonregard.—Allonge-toi,ordonna-t-il.Alors que je prenais place sur le lit,Colton finit de se déshabiller ne gardant que sonboxer
noir,dontlecotontendunecachaitriendesonexcitation.Ilmerejoignitensuite,songrandcorpsmecouvrantdesachaleur,toutenprenantsoindenepasm’écraser.Mesmainscaressèrentsondosdontjesentaislesmusclesroulersoussapeau.Ilcaressadesonpoucemeslèvresavantdelesreprendreavec les siennesdansuneétreinte fiévreuse.Sonérectionappuyaitmaintenantdirectement surmonpointsensible,avecpourseulobstacleentrenous,nossous-vêtements.Jenepouvaisnierque je ledésiraisàenperdrelaraison.
Luisemblaitprendresontemps,etsesbaisersmouillésredescendirentdoucementendirectiondemagorge,mordillantdélicatementlabasedemoncou.Sespoucescrochetèrentenfinl’élastiquedelaculotte,etlafirentglisserlelongdemesjambes,dévoilantmonintimité.Coltons’étaitredresséet se trouvait à genoux devantmoi toujours allongée. Son regard dévoraitmon corps, le scrutantminutieusementetjemesentisrougir.Jenepusempêcherdesongeràcetinstant,qu’ilavaitdûvoirdesdizainesdefillesnuesdevantlui,etquejenepouvaiscertainementpasrivaliseravecelles.
—Tuesmagnifique.Entroispetitsmots,Coltonbalayatousmescomplexes.Ilpromenasonsoufflechaudsurmon
ventre,alorsquesesdoigtspartirentexplorerlapartiedemoncorpsqu’ilvenaitdedévoiler.Alorsqu’ilsglissèrentàl’intérieurdemonintimité,sonpoucevientcaresserdélicatementlecentredemonplaisir. Je ne pus retenir, cette fois-ci un gémissement de satisfaction. Un sourire coquin étira leslèvresdeColton,qu’ildirigeapeuàpeuversl’intérieurdemescuisses.Jesentaismonsangbouillirsousmapeau,aufuretàmesuredesaremontéeversl’endroitoùsesdoigtss’activaientencore.Sonsoufflebalayaensuitemonsexegonfléparledésir.Lorsquesaboucheseposaenfinsurcelui-cimarespiration se fit erratique. Sa langue experte décupla toutes les sensations que j’avais pu avoirjusqu’alors.Unorgasmepuissantmesubmergea,alorsquejecriaisonprénomcommeunelitanie,remisantauplacardtouteslesprécédentesexpériencesquej’avaispuavoirparlepassé.
Alors que j’avais encore l’esprit embrumé par ma jouissance. Colton se débarrassa de sonboxeretm’embrassatendrement,mongoûtencoresurseslèvres.
Lavuedesonmembrefièrementdressécontresonabdomen,réveillamonenvieetjel’attiraiscontre moi. J’avais hâte de le sentir en moi. Colton riva son regard au mien me demandantsilencieusementlapermissiondecontinuer.J’attrapaisonsexepourlepositionneràl’entréedumien,répondant ainsi à sa requête. Il commença alors à me pénétrer doucement, son pénis coulissant
centimètreparcentimètrecommes’ilavaitpeurdemeblesser.Jeplaquaidoncmespaumessursesfesses,afindeluimontrermonempressementàlesentiren
moi. Je soulevais les hanches lui permettant unmeilleur accès, et Colton commença un lent va etviens,toutenmordillantmonépaule.
Puis lacadences’accéléra, lavuedesonmembrequientraitetsortaitdemoideplusenplusvite, accrûtmon excitation.Haletante, et le corps en feu, je sentis le plaisir irradier enmoi etmeguiderverslessommetsdel’extase.L’orgasmedéferlaunenouvellefoisenmoi,décimanttoutsursonpassage.Coltongrognaàsontour,etseperditenmoidansunderniercoupdereins.
Il bascula sur le dos, toujours ancré en moi, m’emportant avec lui. Je me retrouvai àcalifourchonsursoncorps,etnichaimatêteaucreuxdesoncou.Jedessinaiduboutdesdoigtsdesarabesques sur son torse, appréciant le toucher velouté de sa peau, tandis que lui jouait avec unemèchedemescheveux.Noussavourionsl’instant,lecalmeaprèslatempête.
***Alorsqu’ilsepenchapouréteindrelalampedechevet,quelquechoseattiramonattention.—Attends,attends,remetstoisurleventre!Ils’exécutaenm’adressantunpetitsourire,melaissantcomprendrequ’ilsavaitoùjevoulaisen
venir.—Maisqu’est-cequec’estqueça?demandai-jeincrédule.—Tuvoisbienmachérie,c’estuntatouage,railla-t-il.Unpetitpapillonmulticoloreétiraitsesailessur…sonpostérieur!Aveclesinitiales«M»et
«C»entrelacées.—Pourinfo,puisquejedoutequetut’enrappelles,c’esttoiquim’asdéfiédelefairefaireà
Vegas.—C’est-à-dire?dis-jedeplusenplusétonnée.—Noussommespassésdevantlesalondetatouage,ettum’asdemandésij’enavaisquelque
part.Jet’aiditquenon,ettum’asdemandésic’étaitparcequej’avaispeurdesaiguilles.Cequej’aibienentendu réfuté.Tum’asdonc lancé ledéfi, tuaschoisi lemodèleet l’emplacement.Pourêtreexactc’estmêmetoiquil’adessiné.
—Maispourquoitum’aslaisséefaire…c’esthideux!m’exclamai-je.Ilpartitdansunrirefrancquimefitsourireégalement.—Paramour,partorture,vasavoir,ajouta-t-ilavecunclind’œil.—MonDieuColton,tusaisquej’aitoujourséténulleendessin?Maprofd’artsplastiqueau
collègem’avaitmêmeconfisquélapeinture!Tropdangereuxdisait-elle.—Disonsquejen’aipaseucetteinformationàtemps,metaquina-t-il.Maiscen’estpasgrave,
jel’aimebien,etpuispersonnenelevoit.—Moisimaintenant!m’écriai-je.Jesuisdésolée.
Chapitre16—Tudevraisprendrelarouge,elleplairaàColton,affirmaAshleyalorsquejesortaisdela
cabined’essayaged’uneboutiquedecréateuràSoho.Elleavaitréussiàm’embarquerdansuneséanceshoppingavecelle.Engroselleavaitdébarqué
àl’appartementpendantmonpetit-déjeuner,nemelaissantaucunementlechoixdemedésister.Soitdisant,elleavaitabsolumentbesoindemesconseilsafindetrouverunerobepouruneobscuresoiréedanslecadredesontravail.Passûrequelestroisjeansetlesdeuxpairesdebottesqu’elleavaitdéjàachetés,luisoittrèsutilespourlasoirée.Amonavis,ellevoulaitjusteuneexcusepourm’entraineravec elle. Cela neme dérangeait pas, j’appréciais sa compagnie et son énergie, et je n’avais pasbeaucoupd’amisautourdemoiàNew-York.
Cependant,depuisenvironuneheure,elles’étaitmisdanslatêtederenouvelermagarde-robe,m’enfermantdansunecabined’essayageetmepassantarticlesaprèsarticles.
—Jenevoispasàquelleoccasionjepourrailaporter,elleestbeaucouptropélégante,dis-jeenm’admirantdanslemiroirdusalond’essayage.
Ilfautavouerquelarobem’allaitparticulièrementbien,etlacouleurétaitplutôtflatteuseavecmeslongscheveuxbruns.Parcontre,elleétaitbeaucoupplussexyquecequej’avais l’habitudedechoisir.
—Tupourraislaporteràl’avant-premièredesonfilmquisortlemoisprochain.Tuvasfairesensation,lesphotographesvontt’adorer.
Ceux-ci avaient fait le pied de grue pendant des jours en bas de l’immeuble, afin de nousprendre en photo tous les deux.Au bout, d’un certain temps ils s’étaient lassés. Je crois que voirColton partir faire son jogging, oumoi allant à la superette ne devait pas enflammer la page six.Malgrélefaitquej’avaisapprisàfaireavec,letapisrougeétaitencoreuneexpérienceàpart,quejen’avaispastestéetcelam’angoissait.Lefaitdeportercejour-làunerobedanslaquellejemesentaisbien, m’aiderait certainement à booster ma confiance en moi. J’en aurais certainement besoin. Jedécidaidoncdel’acheter.
Alorsque je réglaismonachat avec la fameusecartedecréditqueColtonm’avait fourni, je
m’étouffai presque lorsque le vendeur, un hipster un peu efféminé,m’annonça le prix. Je pouvaispayerunandemonloyeràNiceaveccesimplemorceaudetissu.EtDieusaitsisurlaCôted’Azurlesloyersnesontpasdonnés!
Nouscontinuâmesensuitenotreviréeshopping,parlantdechosesetd’autres.Lorsdudéjeunerquenousprimesdansunetrattoriaduquartier,Ashleyrevintsurlesujetdel’avant-première.
— Est-ce que tu l’as déjà accompagnée à ce type d’évènement ? demandai-je par simplecuriosité.
—Unefoisaudébutdesacarrière,c’étaitfunsionaimecegenredesoirées.Aprèsilpréféraityalleravecsaconquêtedumoment,oudumoinscellequesonattachéedepresseluiconseillait.OualorsavecChelsea.
ApeineleprénomdeChelseaprononcé,elleparutaussitôtgênéed’avoirabordélesujet.—Queltypederelationont-ilseutouslesdeux?Ilssontrestésensemblelongtemps?L’occasionétaittropbellepourquejenemerenseignepassurcesujet.—C’estunpeudifficileàdire,Coltonn’enparlaitpasbeaucoup.Ilspassaientleurtempsàse
disputerpuisserabibocher.Jemedemandaiparfois,sileurrelationenétaitvraimentune,ouplutôtquelquechosemontépourfairedelapubàleurscarrièresrespectives.
Acesmots, jemesentismalà l’aise, siellesavaitcommentmarelationavecsonfrèreavaitcommencé, ou du moins la raison pourquoi j’étais venue ici à New-York, elle ne me verraitcertainementpasdumêmeœil.
—JepensequeColtontenaitàelleenquelquesorte,etétaitsurementaussiattiréparelle.Maiscedontjesuissûre,c’estqu’ilnel’ajamaisregardéecommeilteregardetoi,affirma-t-elleavecunsourirecomplice.
—Etcommentmeregarde-t-il?—Commeunhommeamoureux.Cesparolesfirentbattremoncœurunpeuplusvite.Coltonserait-ilamoureuxdemoi?Avrai
dire,ilm’avaitfaitunedéclarationmagnifiquesurlaplagemaism’aimait-il?LaconversationreprissoncourtetmêmesinousreparlâmesdeColton,nousn’abordâmesplus
lesujetdeChelsea.***
Nouspartageâmesuntaxipourrentrer,etAshleymedéposadevantmonimmeuble.Alorsquejerentraisdansd’ascenseur,jenotaileseffluvesd’unparfumcapiteuxquiembaumaitlacabine.Jemedisqu’unevieillerombièrehabitanticiavaitdûmeprécéder.
Arrivéesurmonpalier, jeglissaimaclédanslaserrureet tentaid’ouvrir laporte,chosequin’étaitpasaiséeàcausedetousmespaquets.Jen’avaispasvoululeslaisserauportierpourqu’ilmelesmonte,j’étaisencorecapabledemonterlerésultatdemonshoppingmoi-même.
Jebalançaiunpeunégligemmentlessacsdansmachambre.AlorsquejedormaisdorénavantdanscelledeColton, jen’avaispasdéménagémesaffairesdans sondressing. Il neme l’avait pasproposénonplus.
Jeretiraimesescarpins,etmedirigeaiverslacuisinepourallerchercherunverred’eau.Alorsque je me servais, je me fis la réflexion que l’odeur du parfum de l’ascenseur m’avait suiviejusqu’ici.
—Tevoilàenfin!Jet’attendais,m’invectivaunevoixféminine.Je sursautai, me pensant seule, et le verre d’eau que m’étais servie s’écrasa contre le sol,
éclatantenmillemorceaux.Jelevailatêteverslapersonnequim’avaitparlé,quin’étaitautrequeChelsea.Sa silhouetteparfaite étaitmouléedansunpantalonde cuir noir, et un col rouléde lamême
couleur,faisantressortirlablondeurdesescheveuxparfaits.—Quefais-tuici?Commentes-tuentrée?—Je suis venue te voir. Il faut croire que j’ai toujoursmes entrées, dit-elle avec un sourire
narquois. Ilm’a suffi d’unbonjour auportier, et une excuse commequoi j’avais perdumes clefs,pourqu’ilmelaisseentrer.ApparemmentilpensequeColtonetmoisommestoujoursensemble,cequimefaitpenserqu’ilneconsidèrepasquetoitupartagessavie…D’ailleurs,jemesuispermisedefaireunpetittourdupropriétaireent’attendant,etj’aiétéassezsurprisedevoirquenotrecharmantcoupledejeunesmariésfaitchambreàpart…
—J’utilisejusteleplacarddel’autrechambre,répliquai-jepourmejustifier.—Siçat’amusesdepenserça.Moicequejevoisc’estqueColtonnet’aspasfaitdeplacedans
savie.Elleavançaàpasdechatjusqu’aucomptoirdelacuisinemedominantparsataille,rehaussée
deLouboutinsauxtalonsvertigineux.Demoncôté,j’étaispétrifiéeetunpeublesséeparsesparoles.—Queveux-tu?demandai-jeenessayantdemasquerletremblementdansmavoix.—Teprévenir.Coltont’acertainementfaitdebellesdéclarations,tecouvred’attentions.Ilt’a
mêmeépousée,celle-cijenel’avaispasvuvenir.Maisunjourilselassera,etcejour-là,ilviendramechercher.Ilrevienttoujoursversmoi.Jesuiscellequ’illuifaut.Alorsunconseil,neperdspasdetempsà tomber amoureusede lui, c’est sansespoir.Amuse toi encorequelques semainesavec lui,dépense son argent si ça te fait plaisir,mais réserve déjà ton billet retour. Il n’y en aura pas pourlongtemps.
Acesmotselletournelestalonsetquittelapiècepuisl’appartement.Jen’aitoujourspasbougé,encore hébétée par ce qu’elle vient de dire. Je finis par sortir de ma torpeur, et alors que je medéplace,jemecoupelepiedavecundesboutsdeverrerépandussurlesoldelacuisine.Envoyantlesang couler, je m’assis par terre et me mis à sangloter. Et si cette harpie avait raison ? Coltonretournerait-ilverselle,unefoislassédemoi?
Je repensai alors aux paroles d’Ashley un peu plus tôt dans l’après-midi : il ne l’a jamaisregardéecommeilteregardetoi.Siseulementellepouvaitavoirraison…
Reprenantmesesprits, jedécidaique jenedevaispasm’apitoyersurmonsort,etsurtoutmechangerlesidées,jedécidaidecuisinerpourledîner.
***Coltonrentradebonneheure,etmetrouvaaffairéedanslacuisine.Ilm’enveloppadesesbras
musclés et j’oubliais alors tous mes malheurs de l’après-midi. Lorsqu’il me questionna sur majournée,j’occultaivolontairementmarencontredésastreuseavecsonex.
Nouspassâmesà tableet jenousservideuxverresdevinrouge. Ilmeracontasa journéedetournage, ponctuéed’anecdotesquime firent éclater de rire.Nous étionsbien, là, assis dansnotrecuisine comme n’importe quel couple après le travail, riant et nous racontant nos journéesrespectives.
—Jenetournepasceweek-end,jemesuisditqu’ilseraitpeut-êtretempsdetefairefairecefameux tour de New-York que je t’ai promis, me proposa-t-il à la fin du repas, alors que nousdébarrassionslatable.
—J’adorerai!m’exclamai-jeenmependantàsoncoupourl’embrassertendrement.—Etbien!Quelenthousiasme!Sij’avaissujel’auraiproposéavant,plaisanta-t-il.—Tum’asmanquécesderniersjours,susurrai-jeàsonoreille.Jesuisheureusedepasserdu
tempsavectoiceweek-end.— Toi aussi tu m’as manqué. J’aurai tant aimé t’avoir avec moi sur le plateau. Plusieurs
collèguesm’ontdemandéoùsetrouvaitmasuperpetitépousesexy.Ilponctuasaphrasedelégersbaisersdansmoncou,quiréveillèrentmessensimmédiatement.—Personnen’avraimentditça,non?—Non,parcequesinonjeluiauraismismonpoingdanslafigure,répondit-ilsanscesserses
baisers.—VousseriezviolentMonsieurClarke?demandai-jeenarquantunsourcil.—Non,mais jen’aimepasqu’on lorgnesurcequim’appartient, répliqua-t-ilenm’attrapant
pourmesoulever.Jepoussaiunpetitcri,auquel il réponditparunéclatderire.Alorsque jenouaimes jambes
autour de sa taille pour qu’il puisse nous déplacer plus facilement, il m’interrogea d’un tonpréoccupé:
—Quet’es-tufaitaupied?—Oh,jemesuiscoupéebêtementavecunmorceaudeverre.—Laisse-moivoirça.Au lieu de m’embarquer vers une quelconque surface plane, où j’avais espéré que nous
continuâmescequenousétionsen traindecommencer, ilm’emmenadans la salledebains. Ilmedéposadélicatementsurlereborddelabaignoireets’agenouilladevantmoi.Ilentrepritdedéfairemonbandagedefortune.
—Tusaisj’aiquandmêmedésinfectélaplaie,cetaprès-midi.Jen’aipasenviedemourirdelagangrèneàmonâge.
—Laisse-moifairemondevoirdemariaimant,s’ilteplait.—Tondevoirdemariaimant?
—Ouiprendresoindetoi,danslasantécommedanslamaladie,çadevraitterappelerquelquechosenormalement…
Jeleregardaiavecunregardnoir.Puisj’éclataisubitementensanglots.J’enavaismarredenemesouvenirqued’infimesbribesdusoirdenotremariage.J’auraistantaimémerappelerl’instantoùnousavonséchangénosvœuxparexemple.
Coltondésemparéparmonbrusquechangementd’humeur,me regardaun instant,ne sachantpasquoifaire,puismeprisdanssesbraslorsqu’ilcompritpourquoijepleurai.
—Cen’estpasgravemapuce,chuchota-t-ilàmonoreille,toutenmecaressantlescheveux.Onvas’encréerd’autresdessouvenirs.
Jeséchaimeslarmes,puisColtonreprissessoinssurmonpiedmeurtri.Ilmefitunbandagedigned’unvéritableinfirmierprofessionnel.
—Tuasétésecouristedansuneautrevie?— Non mais j’ai toujours pensé qu’il serait utile d’apprendre à faire un pansement
correctement, au cas où un jour une belle femme en détresse ait besoin demes services, dit-il enm’adressantunclind’œil.
Ilavaitréussiàmeredonnerlesourire.Ilmeproposaensuited’allervisionnerunfilmdanslasalledeprojection.Macrisedelarmes
m’ayantfaitpasserl’enviedeluiarrachersesvêtementsmomentanément,j’acceptaibienvolontiers.
Chapitre17— Puisque j’ai pour mission de faire ton éducation cinématographique, je me suis dit que
j’allaistefairedécouvrirunacteurautalentfou,quiaétérécompensépoursonrôledanscefilmparunGoldenGlobeetunOscar,m’annonçaColtonenmettantleDVDdanslelecteur.
—Ahouilequel?demandai-jeenm’asseyantsurlecanapé.—Moi,merépondit-ilavecunsouriredegaminquivientderéussirunebonneblague.Jelevailesyeuxauciel,réprimantuneenviederire.Coltons’installaàcôtédemoi,etmetira
verslui,puisdéposaunbaiserdansmescheveux.Lefilmcommençaettrèsvitel’intriguecaptatoutemonattention.Quantàsonacteurprincipal,
malgrésonmanquedemodestiedanslavraievie,ilfallaitavouerqu’ilavaitbeaucoupdetalent.Unpeu avant lamoitié du film, un personnage féminin fit son apparition etme jeme raidis
immédiatement.Chelseajouaitbienentendudanslefilm,etétaitcelledequilehéros(aliasColton)allait tomberamoureux.Lavoirà l’écranalorsquej’avaisencoresoninterventiondel’après-midibienprésentedansmonesprit,soulevalabiledansmonestomac.Sesminauderiesàl’écranm’étaientinsupportables,jemedétachaisansmêmeyprêterattentiondel’étreintedeColton.
Lors de leur premier baiser à l’écranmonventre se noua.Etaient-ils ensemble lorsque cettescèneavaitététournée?Avait-ilappréciédel’embrasserfaceàlacaméra?Toutàcouplefilmmeplaisaitbeaucoupmoins,etj’avaisdumalàcontinueràm’yintéresser.Lajalousieetledouteavaitpristoutelaplacedansmonesprit.
Puis,vintunescènequej’eusencoreplusdemalàsupporter:Coltonyfaisaitunedéclarationd’amouràChelsea.Sonregardbleuazuremplidetendressecrevaitl’écran.Etait-cesincère?Etait-cejoué?Etait-cecefameuxregarddontAshleym’avaitparlé?Lorsquelascènedevintplusintime,etqu’ilcommençaàladéshabiller,jenetinsplus.Jemelevaid’uncoup,faisantsursauterColton.
—Jesuisfatiguée,désolée,jevaisallermecoucher.Je tournai déjà les talons, mais Colton me retint par le bras. De l’autre main il attrapa la
télécommandeetmitlefilmsurpause.—Qu’est-cequ’ilyamapuce?Jevoisbienquetun’espasdanstonassiettedepuisquelques
minutes.C’estdemevoirembrasseruneautrequetoiquitedérange?demanda-t-ilamusé.—Noncen’estpasça,soupirai-je,j’aipasséunemauvaiseaprès-midijesuisfatiguée.—Unemauvaiseaprès-midi?Jecroyaisquetut’étaisbienamuséeavecmasœur?Mincej’aitropparlé.—Can’arienàvoiravectasœur,m’empressai-jedecorriger.Disonsquej’aieuunevisitecet
après-midiquinem’apasfaitforcementplaisir.Enfait,pourtouttedireils’agitdeChelsea,etlefait
delavoirlààl’écran…—Qu’est-cequ’ellevoulait?Ellesavaittrèsbienquejeneseraispaslàcetaprès-midi,nous
avonstournéensemblecematinetelleétaitaucourantquejetournaiscetaprès-midiégalement.—Enfait,c’étaitàmoiqu’ellevoulaitparler.Jel’aitrouvéedansl’appartementquandjesuis
rentrée.J’aiétésurprise,c’estcommeçaquej’aicasséleverreaveclequeljemesuiscoupéeet…—Pardon,mecoupa-t-il,elleétaitdéjàdansl’appartementquandtuesrevenue?—Ouiapparemmentleportierl’avaitlaisséentrer…—J’enconnaisunquivam’entendre,etdèsmaintenant,explosa-t-ilensortantsontéléphonede
sapoche.—Colton,cen’estpasgrave.Iladûpenser…dis-jedansunetentativedelecalmer.—Iladûpenserquoi?Bordel!Dequeldroit,sepointe-t-elleicietexige-t-ellederentrerchez
nous ?Merde ! Je ne veux pas que n’importe qui puisse débarquer et t’importuner pendant monabsence.Etsurtoutpaselle!s’exclame-t-il.Enplustut’esblesséeparsafaute!
—Asadécharge,c’estmoiquiaifaittomberleverre.Colton est tendu par la colère, il commence à faire les cent pas dans la pièce en passant
nerveusementsamaindanssescheveux.—Merde,Mariepourquoinem’enas-tupasparlétoutàl’heure?Jenerépondaispasàsaquestionetfixai leboutdemesorteilsvernis.Coltons’arrêtadevant
moi,posasonindexsousmonmentonetrelevamonvisageendirectiondusien.Ilmefixaitinquiet.—Qu’est-cequ’elletevoulait?J’expiraibruyammentetrépondisd’unepetitevoix:—Meprévenirqu’unjourtutelasserasdemoi,etqu’àcemoment-làtureviendrasverselle.—Tunel’aspascruj’espère?Devantmonsilence,Coltonposasonfrontcontrelemien.Desonpouceilentrepritdecaresser
majoue.—Dis-moique tune lacroispasMarie.Je tiensà toi,etcrois-moi jenesuispasprêtdeme
lasserdetoi.Dis-moiquetunecroispasauxmensongesqu’ellet’araconté.—J’aiconfianceentoi,murmurai-je.Jen’avaisplusenviedeparlerd’elle,jepréférailuidirequec’estluiquejecroyais.Ses lèvres se posèrent alors doucement sur les miennes, ravivant immédiatement la chaleur
dansmoncœur.Sonbaiserexprimait tellementplusqueceque lesmotspourraient le faire. Ilétaittendreetaimantaudépart,puissefitsensueletvoluptueuxensuite.
Sesmainss’insinuèrentsousmonpullet remontèrent lentementsurmesflancs.Lecontactdesespaumessurmapeaum’électrisa,j’oubliaiinstantanémentChelseaetsesinsinuations.Jenepensaiqu’à Colton, et à l’envie irrépressible de le sentir contremoi, surmoi, enmoi. Je crochetaimesdoigts au bas de son t-shirt pour le soulever, et lui enlever, laissant apparaitre son torse presque
glabrequejem’empressaidecaresser.Monhautdisparuluiaussirapidement.Coltonsuivitalorsduboutdesesdoigtsladentelledemonsoutien-gorge,toutenadmirantlecheminementdeceux-ci.
—J’adoretapoitrine,dit-illavoixrauquetrahissantsondésir.L’habileté avec laquelle il décrochamon soutien-gorge ensuite aurait été déconcertante, si je
n’étaispasperduedansd’autrespensées.Saboucheattraparapidementundemesseins,etentrepritdelesuçoter.
—Colton!exhalai-je.Alorsqu’ils’affairaitdéjàsurmonautretéton,ilmedébarrassaégalementdemonpantalonet
durestedemessous-vêtements.J’étaismaintenantnuefaceàlui,etempliededésir.Ilreculad’unpaset tombaassis sur le canapé,m’entrainant avec lui. Jeme retrouvai à califourchon sur ses jambes.Monintimitébrulantefrottantcontreletissurêchedesonjeantenduparsapropreexcitation.
Jeme relevai donc pour lui faire retirer son pantalon et son boxer, puis reprisma positioninitiale.Seslèvrespicorèrentlalignedemamâchoire,puismoncouavantderepartieàl’assautdemapoitrine.Mesmainsseperdaientdanssescheveuxsisoyeux,luiintimantl’ordredecontinuersadoucetorture.Jeremuailebassin,mefrottantcontreleveloutédesonérection.
—Jeveuxtesentirautourdemoi,murmura-t-ilcontremapeau.Jem’écartai légèrementpourmieuxrevenirm’empalersursonmembredressé.Alorsque je
gémissaisdeplaisir,Coltonempoignamesfessesetmesoulevalégèrement,donnantainsilacadenceànotreétreinte.L’excitationsefrayauncheminàtraverstoutmoncorps.Coltonattrapamonvisageentresesmains,etrivasonregardaumien.L’intensitédecelui-cietleplaisirquejepouvaisylire,décuplèrentlemien,etjesentisl’orgasmeapprocher.Alorsquesesyeuxbleusmescrutaient,j’éclataienunmilliondepetitesétoiles,propulséesparunejouissanceextrême.Coltonseraiditsousmoi,etmerejoignitdansungrognementdepuresatisfaction.
—Onaenfinpuprofiterdececanapécommej’enrêvai,déclara-t-ilsoudainement.—Tuveuxdirequetuenasrêvélorsquenousavonsdormidessusladernièrefois?demandai-
jeamusée.—Pourtoutt’avouer,jen’aipasbeaucoupdormicettenuit-là,j’avaisunejoliebrunedansmes
brasetjenepouvaism’empêcherdel’admirerdanssonsommeil.Ilponctuasaphrased’unlégerbaisersurmeslèvres.—Viens,allonsprendreunedouche,l’invitai-jeàmesuivre,enattrapantsamainpourlelever
ducanapé.Nous nous dirigeâmes vers la luxueuse salle de bains de sa chambre, « notre chambre »
dorénavant.Nousprîmes le tempsdenous savonner l’un l’autre.Etaler legeldouche sur le corpsparfaitdemonmari,allaitdevenirundemeshobbiespréféré,j’enétaiscertaine.Coltonmefitencorel’amourtrèstendrement,lesjetsd’eaucontinuantdefaireruisselersursapeaudoréedesgouttelettes
quejeléchaigoulument.Ilm’enveloppaensuitedansuneserviettemoelleuse,etmeportajusqu’aulit.Jem’endormisce
soir-là,blottiecontrelui,profitantdesachaleur,mesentantaimée.
Chapitre18—Réveille-toimarmotte.Furentlesmotsquimeréveillèrentcematin-là,accompagnésdetendresbaisersdansmoncou.
J’auraispeut-êtredûluiavouerqueceux-làmedonnaientplusl’enviederestersouslacouette,etdelapartageraveclui,quedemelever.Ilselevaalorsetm’arrachacarrémentleconfortableduvet.Lefroid soudain — enfin remettons les choses à leur place, nous étions dans un appartement deManhattanavec tout le confortmoderne,pas laSibérie—attaquamapeau, et j’émisun sonàmi-cheminentrelegrognementanimal,etlecrihystérique.
—Pourquoi,ilfautàtoutprixquejemeréveille?râlai-je.Jecroyaisquetunetravaillaispasaujourd’hui.
—Tuasoubliéquejet’emmènefairetonriteinitiatiqueNew-Yorkais,etvutoutcequ’onaàvoir,ilfautcommencertôt,répliqua-t-ilsuperenjouécommesic’étaitluiquiallaitdécouvrirNew-York.
J’ouvraiunseulœil,Coltonmesouriaitdetoutessesdents,ilétaitdéjàdouché,rasé,habilléetilavaitdanslesmainsunplateausurlequelétaitdisposéunpetit-déjeunerpourdeux.Ilavaitmêmepritletempsdetrouveruneroserougepouragrémentertoutcela.Merdecemecestparfait!Jemeredressaidanslelit,etattachaimescheveuxavecl’élastiquequejegardai toujoursaupoignet.Ouimêmelescoiffeusesontdescheveuxhirsutesauréveil.
Nous nous installâmes sur le lit, le plateau entre nous. Une fois de plus, Colton était alléchercherdescroissantslorsdesonjoggingmatinal.Jecroquaiavecdélicedanslapâtisseriequipourles américains était un symbole incontournable de notre belle France. Prenant soin de ne rienrenverser—riendepirequelesmiettesdanslelit,beurk!—nousavalâmescepetitfestinpendantque Colton me dévoilait une partie de son programme de la journée. Puis il m’enjoignit d’allerprendremadoucheenm’administrantunepetitetapesurlesfesses.
Une fois habillée confortablement d’un jean (pour le côté pratique) et d’un pull rose poudré(pourlefroidNew-Yorkaisdecettemi-Novembre),j’enfilaiunepairedebasketetmadoudouneetj’étaisparéepourladécouvertedelaGrossePomme
Nousdescendîmesdanslehalldel’immeuble,oùleportierquiavaitlaisséentrerChelseanoussalua avecunpeu tropd’empressement. J’en conclusquemon tendre épouxavait dû lui passerunsavon.NousrejoignîmesSamquinousattendaitaveclavoiture.Coltonm’avaitindiquéquecommenousserionsparmilafouleaujourd’hui,Samdevraitnoussuivre.Celanemegênaitpasplusqueçaétantdonnéquejel’appréciaiparticulièrement,etj’avaisl’impressionqueColtonégalement.
NousprîmesladirectiondeLowerManhattan,etsonembarcadèrepourleferryserendantsur
LibertyIsland,oùsetrouvelastatuedelaLiberté.ColtonenfonçasacasquettedesYankeespréféréesursatête,déposaunbaisersurlamienne,et
m’attrapaparlataillepourmedirigerversl’entrée.Alorsqu’unefouledetouristessepressaitdansunequeuebruyanteetpolyglotte,unagentdesécuriténousouvritunebarrièresurlecôtépourquenousévitionstoutcemonde.Jesupposequ’êtreColtonClarkevousévitedefairelaqueuedanslesattractions touristiques, honnêtement j’en étais plutôt ravie. Je devrais peut-être lui suggérer dem’emmeneràDisneyland,pourunefoisjepourraisfairetouteslesattractionsplusieursfoisenuneseulejournée!
Nous embarquâmes sur le ferry, un peu à l’écart des autres passagers et le bateau semit enbranle quelques minutes plus tard. Alors que nous apercevions Ellis Island, je vis un grouped’adolescentes qui nous jetaient des regards furtifs en gloussant. L’une d’elle finit par quitter legroupepours’approcherdenous.Sam,toujoursauxaguetséchangeaunsignedetêteavecColton,qui lui indiqua de la laisser passer. La pauvre petite était rouge comme une betterave prête à laconsommation.Elleluidemandagentiment,d’unevoixàpeineaudible,s’ilaccepteraitdefaireunephotoavecelleet sesamies.LorsqueColton lui réponditpar l’affirmative, levisagede lagamines’illumina et elle fit rapidement signe à ses amies de nous rejoindre. L’une d’entre elle sortit unappareil photo, et Sam s’improvisa photographe. Je m’écartai afin de leur laisser la place, maisColtonnel’entendaitpasdecettefaçon.Ilm’attrapaparlamainetmetiraverslui,puispassasamainsurmesépaulespourévitercertainementquejem’enfuis.Samfitplusieursclichés,renditl’appareilaux adolescentes qui nous remercièrent chaleureusement, tout en poussant des soupirs énamourés.Ellesrepartirentensuiteendirectiondeleurssièges.
—Tuesconscientquec’esttoiqu’ellesvoulaientsurlaphoto,pasmoi.—Oui,maismoijetevoulaistoisurlaphoto,répondit-ilendéposantunbaisersurmonfront.—Nousn’avonsmêmepasdephotodenous,remarquai-je.—Simachérie, laphotodenotremariage.Maisc’estvraiqu’onn’enapasd’autres.Onva
remédieràcelatoutdesuite.Ilsortitdesapochesonsmartphoneetentrepritderéaliserunesériedeselfies.Prenantaufuret
àmesuredesclichés,desposesimprobablesquimefirentrireauxéclats.Notre trajetenferrysefinissant,Coltondûcoupercourtàsespitreries,etnousdébarquâmes
enfinsurLibertyIsland,lafameusestatuesedressantfièrementdevantnous.ElleétaitbeaucoupplusimpressionnanteenvraiquedanslesExpertsManhattan!Etquecelle
deNice[10]
aussi(sisiilyenabienuneréplique),bonçacen’étaitpasdur.—Tusaisquec’estlaFrancequinousl’aofferte?mequestionnaColton.—Tucroisquoi,c’estunedespremièreschosesqu’onnousapprendàl’écolequandonparle
deNew-York!répondis-jefièrement.
Nousfîmesunrapide tourde lastatue,puisnousmontâmesdans lacouronnedepuis laquellenousavionsunevuesurlabaieabsolumentmagnifique.Parchance,letempsétaittrèsbeau,etnousapercevionslesdifférentsquartiersdeNew-York,sansoublierlesgratte-cielsdeManhattan.
Lors du retour sur le bateau, jeme blottis contreColton. Le vent avait forci etmes oreillesétaientpasséesenmodecongélation.Monventreserappelaaussiàmonbonsouvenir,malgrémoncopieuxpetit-déjeuner,enungargouillisdesplussignificatifsquifitéclaterderireColton.
—Jecroisquemachérieafaim,affirma-t-il.—Oui,répondis-jetroubléeparlefaitqu’ilm’aitappeléesachérie.—Jevaist’emmenerdécouvrirunhautlieudelagastronomienew-yorkaise.—Tunem’avaispasditqu’onallaitaurestaurant,sinonjemeseraishabilléedifféremment!
m’exclamai-je.—Net’inquiètespas,tuesparfaitecommetues.Une fois dans la voiture, nous nous dirigeâmes vers un quartier animé, rempli de petites
échoppes,oùl’onpouvaittrouvercertainementdelacuisineenprovenancedescinqcontinents.Sams’arrêtasur lebordde la route,etColtonmetiraàsasuitesur le trottoir.Jeregardaiàdroiteetàgauche, essayant de deviner où est-ce qu’il allait m’emmener, lorsqu’il s’arrêta devant une …échoppederuequivendaitdeshotdogs!
—Colt!Monpote!s’exclamalevendeurenéchangeantavecluiunesériedetapesentreleursdeuxmains,commeseulsleshommessaventlefaire.
—Cafaitunbail,man!continua-t-ilavecsonaccentprononcédesquartierspopulaires.TropoccupéàleverdespoulettespourpasservoirtonvieuxpoteAl.
Coltonritd’unrirefrancetattrapamamainpourmetirervereux.—Al, je teprésenteMariema femme.Marie,voiciAlquiprépare lesmeilleurshot-dogsde
Manhattan,unevéritableinstitutionNew-Yorkaise.—Waouh,tut’embêtespasmonpote,dit-iltoutenattrapantmonautremainpourmefaireun
semblant de baisemain, assorti d’une révérence quime fit rire également. Heureux de faire votreconnaissanceMadame.NouvelleàNew-York?
—Ouic’estmapremièrefois,jesuisfrançaise.—Monpote,unefrançaise!Toituasvraimentlaclasse!Alorsqu’estcequ’ilvousfallait?Nouscommandâmesdeuxhot-dogsavecdesfritesbiengrasses,qu’Alinsistapournousoffrir.
«Cadeaudemariage»,insinua-t-il.Nousemportâmesnotreprécieusecargaisoncalorifiqueverslavoiture,card’aprèsColtonnousavionsrendez-vousquelquepart.
***Cette fois-ci nous quittâmesManhattan, direction leBronx.Après quelquesminutes de trajet,
nousnousengouffrâmesdansleparkingd’unimposantbâtiment:leYankeeStadium.JesavaisqueColtonétaitunfandebaseball,etplusparticulièrementdecetteéquipe,jesupposaiquenousallions
voirunmatch.Alorsquenousprenionsplacedanslestribunesetquejem’étonnaisqu’unestarcommelui,ne
regardepaslematchdepuislesloges,ilmerépondit:—Lesloges,jelaisseçaauxfrimeursquiviennentpluspourleChampagnequepourlesport.
Lesvraissupporterssontdanslestribunes.Petiteconcessionauluxe,nousavionsquandmêmelesplacescertainement lesmieuxplacées
detoutlestade,prèsduterrain.Passurunvieuxstrapontinrouillétoutenhaut,duquelonnevoitlesjoueursquecommedesfigurinesdemaquettes.
Coltonsortitensuitedesapoche,unbonnetdesYankeesqu’ilenfonçasurmatête.
—Etsij’avaisenviedesoutenirlesRedSox[11]
?Ilmeregardacommesijevenaisdeluiavouerqu’enréalitéj’étaisunhomme.
—Tusaisquesic’estlecasjedemandeillicoledivorce?LesMets[12]
àlarigueur,maislesRedSox,horsdequestion!dit-ilàmoitiésérieux.
—Jeplaisante ! Jeneconnaismêmepas les règlesdu jeu,commentveux-tuque je supportedéjàuneéquipe!
— Je préfère ça, souffla-t-il soulagé. C’est parfait, je vais pouvoir faire ton éducation deparfaitesupportricedesYankees.
—Explique-moi les règles, je verrai ensuite quelle équipe je veux soutenir, répliquai-je, pasprêteàluidonnersatisfaction.
Il entreprit donc de me faire découvrir son sport préféré, en m’expliquant les règles et enm’abreuvantd’anecdotessurl’équipe,lestade,lessupporters…
Pourmoi,malgrésesefforts,celarestaitunsportdemecsquijouaientenpyjamaavecunbâtondeboisetunebaballe.Maisjelevoyaissianiméetheureuxd’êtrelà,queleseulfaitdecontemplersonbonheurmesuffitàpasserunebonneaprès-midi.
***Aprèslematch,nouspartîmesàl’assautdeBroadway.Nousnousrendîmesd’abordsurTime
Square,oùColtonmefitdécouvrirundrôledeDiner:LeEllen’sstardustdiner.Làaussiunefiled’attente interminables’étalaitdevant le restaurant,pasdeçaquandonvient
avec Colton Clarke. Nous avons commandé desHamburgers accompagnés deMilkshake (pour lebilancalorifiquedujouronrepassera).Puistoutàcoup,notreserveusemontasurlatabled’àcôtéetsortit unmicro de son tablier. Elle commença à chanter un air connu de comédiemusicale, et futrejointe par d’autres serveurs qui l’accompagnèrent vocalement. La prestation électrisa la salle.C’était hallucinant. Ne m’y attendant absolument pas, j’étais béate d’admiration devant cesserveurs/chanteursquiavaientuntalentfou.
—Tusavaisqueçasepasseraitcommeça?demandai-jeàColton.
—Oui,c’estpourçaquejet’aiemmenéelà,enplusonymangebien.Jelefélicitaiensuitepoursonidée.Une fois la note réglée, nous finîmes par rejoindre un petit théâtre deBroadway, oùColton
avaitseshabitudesaussibienentantquespectateurqu’entantqu’acteuràsesdébuts.Nousassistâmesà une pièce dont Colton connaissait quelques acteurs. Nous allèrent donc les saluer à la fin de lareprésentation.
Quand nous rentrâmes enfin chez nous, j’étais tellement épuisée que je m’endormis dans lavoiture.JenefusquelégèrementréveilléelorsqueColtonmeportaetmedéshabillapourmemettreaulit.J’avaispasséunemerveilleusejournéeauprèsd’unhommetoutaussimerveilleux.
Chapitre19Lesjoursquisuivirent,passèrentàtoutevitesse.NousnousdécouvrionspeuàpeuavecColton,
et lesmomentsque jepassais avec lui étaient délicieux. J’entrepris aussi dedécouvrir unpeuplusNew-York par moi-même, j’appréciai de plus en plus cette ville, même si Nice me manquaiténormément,etsurtoutmesamis.Jepassaiségalementdu tempsavecAshleyetJenny, lacoiffeusequitravaillaitsurletournage,quiétaienttoutesdeuxdevenuesdevraiesamies.
Je passais de temps à autres sur le tournage, évitant aumaximum les jours où Chelsea étaitprésente.Celle-cifaisaitdetoutefaçoncommesijen’existaispas.
Unechosemechiffonnaitcependant,nousn’avionspasparléavecColtondenotreavenir.Quese passerait-il après les fêtes de fin d’années ? Nous n’étions réellement ensemble que depuisquelquessemaines,maisj’angoissaidesavoircommentluienvisageaitnotrerelation.J’avaisquandmême une vie entre parenthèse, là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique, au bord d’un petit bout deMéditerranée.
EnpensantàmesamisNiçois,jedécidaid’appelerLarapourdiscuterunpeuavecelle.C’était
ledébutdesoiréeenFrance,aumoinsjeneladérangeraipas.Apeinelapremièresonnerieretentitqu’elledécrocha.—Marie !Alors tu viens de te rappeler que tu as des amis qui ne font pas partie du show-
business?ricana-t-elle.C’était de bonne guerre, il faut dire quem’étais plutôt faite rare au bout du fil ces derniers
temps.—Excuse-moi,jen’aipasétéunebonneamiecesdernierstemps.Commentvas-tu?—Bien, la routine.Maisparle-moiplutôtde toi,quellessont lesdernièresnouvellesaupays
despaillettesetduglamour?As-turéussiàfairesuccomberlebeauColtonàtescharmes?—Ondiraitbienqueoui,ris-jedoucement.Noussommesensembledepuisquelquessemaines.—Quelques semaines ! Et c’est seulementmaintenant que tum’en parles ! Tu sais que je te
hais?Premièrementtusorsaveclemecleplussexydelaplanète,etdeuxièmement,moitonamiedetoujours,tumel’annoncesauboutdeplusieurssemaines!
—Jesuisdésolée,je…—T’inquiètes pas je ne t’en veux pas. Comme tu ne pourras pas te faire pardonner enme
prenantcommedemoiselled’honneuràtonmariage,tumegarderaslaplacedeMarrainepourvotrepremierné.
—Qu’est-cequevousaveztoutesavecça?Ashleyademandélamêmechose!
—C’estquicetteAshley?DequeldroitellemepiquemaplacedeMarraine?—C’estlasœurdeColton,elleestsuper,jesuissûrequ’elleteplairait.—Bon,ok,c’estlafamilleelleestprioritaire.Réserve-moiledeuxième.Etnemefaispasle
coupdel’enfantunique!—Ondiraitquetuparlesd’uneportéedelapins!m’exclamai-je.—Maisnonvoyons,enplusaveclepatrimoinegénétiquequ’ilsauront,ilsserontparfaits.Ça
endeviendradégoutantaupointquejedécideraidenepasmereproduiremoi-mêmedepeurdenepas atteindre le niveau. Je me vois déjà lui faire imprimer des bodys avec#jailamarrainelaplusfantastiquedumonde. Oh, tu crois que je pourrais lui en faire un avec : Mamarraineestgénialeetcélibataire,sivousêtesintéréssémercidel’appelerau0620…
—Lara,Lara,arrêtetonchar!Onenestloindetoutça.Pourl’instantjenesauraimêmepastedirecommentnousenvisageonslefutur.J’aimavieàNice,luiici,c’estunpeucompliqué…
—Vousn’enavezpasparlé?—Non, je n’ai aucune idée de ce qu’il enpense.Comment il voit les choses après la fin de
l’année.—Pose-luilaquestion!—C’estplusfacileàdirequ’àfaire…—Ouimais c’est la seule façon de savoir.Arrête de te passer la rate au court bouillon,ma
cocotte, respire un grand coup et lance-toi. Et surtout tiens moi au courant ! Je te laisse je doischangermonstatutFacebookpourannoncerquejesuislamarrainedufuturenfantdeColtonClarke.Etpromets-moidenepasfairepasserAliceavantmoi!
—Promis!rigolai-jeensachantpertinemmentquesonhistoiredefacebookétaitbidon.Elleavaitraison,ilfallaitquejeparleàColton.
***Pourmedonnerducourage,jedécidaidecuisiner.Depuisquej’étaisicij’avaisenfinletemps
dem’adonneràcettepassion.Etpuisaussiquelqu’unpourquipréparerdesbonspetitsplats.Monchoixseportasurdespetitsfarcisniçois,histoiredefairedécouvriràmonchériceplatdechezmoi.La recette était en plus assez simple, et j’avais le coup demain l’ayant réalisée souvent avecmagrand-mèrequandj’étaispetite.Jem’affairaidoncunebonnepartiedel’après-midiauxfourneaux.
Jedressaiensuite la tabledans lasalleàmanger,quandnousétionsseuls tous lesdeux,nousmangionshabituellementsur lecomptoirde lacuisine,mais j’avaisenviedecréeruneatmosphèreplusromantique.Jemechangeai,rajustaimonmaquillageetmacoiffureetallumailesbougies.
Coltonarrivapeudetempsaprèsetm’embrassafougueusement.—C’estenquelhonneur?demandai-je.—Tum’asmanqué,murmura-t-ildansmoncou.—Ons’estvusàmidi,répliquai-je.
—Ouimaisc’étaitquandmêmelong,protesta-t-il.Jel’embrassaiàmontour,attendrieparsespropos.S’iltrouvaitqu’uneaprès-midiétaitlongue,
commentallait-onfairelorsquejedevraisrepartir?Il essaya d’entrer dans la cuisine, dont je lui refusai l’accès, l’attirant plutôt dans la salle à
manger.Envoyantmapetitemiseenscèneils’exclama:—Tusaiscommentparleràunhommetoi :une tenuesexyetunbonrepaspréparémaison.
Bienque je ne sois pas sûr d’avoir très faimdenourriture là tout de suite, continua-t-il en faisantremontersesmainssurmescuisses,s’aventurantsousmarobe.
—BaslespattesMonsieurClarke,ilfaudraattendreledessertpourça.—Etsijen’enveuxpasdudessert?—Jen’enaipascuisiné,maisjepensequetupréférerasceluiquejet’aipréparé,dis-jeenlui
adressantunclind’œilaguicheur,toutenmedirigeantverslacuisine.NouspassâmesàtableetColtondévoramespetitsfarcisenmoinsdetempsqu’ilnefautpourle
dire.Jemedemandaicommentj’allaisaborderlesujetquimepréoccupait,lorsqueColtonmeparladesonattachéedepresse.
—DemainMarissapassera ici,elleveutnousparlerde l’avant-premièreenDécembre,et jedoisvoirquelquesautrespointsavecelle.
—Jedétestecettefemme,soupirai-je.C’estundragon.—Jedoisadmettrequ’elleestunpeurevêchesurlesbords,maisellefaitbiensonboulot.— Juste un peu revêche ? Je te trouve bien sympa. Tu sais qu’elle m’a carrément fait du
chantagepourquevienneiciàNew-York?—C’est-à-dire,tun’espasvenuepourmoncharmeirrésistible?dit-ilavecunsourireenjôleur.—Tusaisqu’audébut,jen’étaispastrèsemballéedelaissertoutemavieentreparenthèsepour
tesuivreetpourjouertafemmepourlesmédias,commençai-jetimidement.—Ouijem’enétaisaperçu.— j’admets quelque part qu’il faudrait peut-être que je la remercie pour sa pugnacité et sa
détermination.é—Moiégalementdanscecas,sourit-il.—Ellearéussiàtrouverdesinformationssurmoidontpersonnen’étaitaucourant,jenesais
mêmepascommentelleafait.Elleavaittouteslesinformationssurmesdettes,mescrédits.Tusaisquetuvauxunpetitchèqueà6chiffres?luidemandai-je.
— Attends, tu veux dire qu’elle t’a offert de te payer pour jouer le rôle de ma femme ?questionna-t-ilsonsourireayantdisparu.
—Oui!Tupeuxlecroire?—Waouh!dit-ilenpassantsamaindanssescheveux.Etbientusaisquoij’aiétébienstupide
depenserquetuvoulaisbienmesuivreparcequeemêmesituavaistavieetdesobligationstuavaisenviedepasserdutempsavecmoi.
Sonvisages’étaitferméenunmasquefroidetsesyeuxlançaientdeséclairs.—Ilfautcroirequemamèreavaitraison,tun’asvuenmoiqu’unportefeuilleetunmoyende
réglertesproblèmesfinanciers.Ilricanaamèrement.Etdirequetum’asfaittouttoncinémaquandj’aivoulutedonnerunecartedecrédit.Enfait,tun’enavaispasbesoin,tuavaisdéjàgagnéunpetitpactole. Tu sais j’ai fait pasmal de conneries par le passé,mais je n’ai jamais payé pour qu’unefemmeresteavecmoi.C’estdégoutant.
Ilavaitattrapésavestedansl’entréeetétaitdéjàentraindelapasser.—Nonmaisattends!—Non,merci.Jeneresteraipasuneminutedeplusavectoi.Considèresquetueslibredetout
contrat.Tupeuxrentrercheztoi,jen’aiplusbesoindetoi.Sur cesmots il claqua la porte etme laissa là, dans l’entrée sansmême finir d’écoutermon
histoire.
Chapitre20Jemelevailelendemainmatin,latêtebourdonnante.J’avaistrèspeudormi.J’avaisfinalement
succombé au sommeil après des heures passées à pleurer et à tenter de joindre Colton pourm’expliquer.Ajouté à ça, jem’inquiétaipour lui, il n’était pas rentréde lanuit. J’avais finalementappeléSamquiavaitconsentiàm’avouerqueColtonétaitavecluietqu’ilallaitbien.J’avaistentédem’expliqueravecluipourqu’ilpuisseplaidermacause,maisilavaitcoupécourtàmesexplicationsenmedisantqu’ildevaitmelaisserpouruneurgence.Cequifitrenaitremoninquiétude.OùColtonavait-ilpassélanuit,etqu’avait-ilfait?
Je fis un tour de l’appartement, pour vérifier qu’il n’était pas rentré pendantmon sommeil,
espérantpresqueletrouverdanslacuisineavecducaféetdescroissantsenguisededrapeaublanc.Maisnon,j’étaisdésespérémentseuledanscegrandappartement.
Je passai la matinée à essayer de le joindre, mais il avait coupé son téléphone. Je finis parappeler Jennyquim’indiquaqu’il ne s’était pasprésenté sur le tournage, et que le réalisateur étaitfurieux.
Je repassai dans ma tête nos derniers échanges, et notamment sa dernière phrase : Tu peuxrentrercheztoi,jen’aiplusbesoindetoi.
Qu’allais-je faire ? Je ne me sentais pas de retourner à Nice. Pas comme ça, pas sur unmalentendu.Maisjesavaisquejenepouvaispasresterdansl’appartement,detoutefaçon,j’étaissûrequ’ilnerentreraitpastantquejeseraiencorelà.JedemandaidoncàJennysiellepouvaitm’hébergerquelques temps. Je ne pouvais décemment pas demander à Ashley, et je n’avais pas vraiment lesmoyensd’alleràl’hôtel.Dieusaitcombiendetempsjedevraiyrester.
Je nevoulais pasm’imposer chez Jenny,mais elle étaitma seule amie ici.Elle semblait trèsenthousiasteàl’idéedenotrecolocationfuture.Jedéménageaidoncmesaffairesdanslajournée,nonsansavoirverséencoredesmilliersdelarmes,surtoutquandjeclaquailaportesurcetappartementoùnousavionsvécudesibonsmoments.Jelaissaimacléauportierquimesaluad’unairtriste.
Jepassailesdeuxjourssuivantsdansunbrouillard,menourrissantexclusivementdechocolat
etdecrèmeglacéeet tentantencoredecontacterColtonquelquesfoissanssuccès.Messmsetmesemailsrestèrentégalementsansréponse.Auboutdedeuxjours,Jennymetirapourlapremièrefoisàl’extérieur,m’emmenantavecellesuruntournage—différentdeceluideColton—pourl’aideràcoiffer les actrices.Le fait dememettre unpeu au travail,me changea les idées, etme fit un peuoublierceluiquihantaitmespenséesnon-stop.
J’avaispensémerendresurleplateaupourtrouveruneopportunitédediscuteraveclui,maisJennym’avaitindiquéqu’ilstournaientenextérieurmaintenant.Deplus,jen’avaispasvraimentenviedefaireçaavecunpublic.
Pluslesjourspassaient,pluslemanquesefitgrand.Jeréalisaipetitàpetit,quejeneressentais
pas pour lui un simple attachement. J’étais tombée amoureuse de lui. Profondément etirrémédiablement.Jel’aimais.Etlaviesansunenouvelledesapartétaitunepuretorture.
***Auboutde10jours,unmatinenmelevantletempsétaitsuperbeetjedécidaiquecejourserait
ledernierdemonapitoiementsurmoi-même.IlfallaitquejemebattepourqueColtonentendemaversion,etsiaprèscelailnevoulaitplusmeparlerjem’enirais,maisjen’abandonneraipasavantdeluiavoirparlé.Ilm’avaitpromisdenepasrenoncerànous,j’allaisluirappelersesparoles.
Mais avant ça je décidai de faire une chose que je n’avais pas faite depuis des années : allercourir.Pourquoi?Jenesaispas,uneenviesoudaine.Peut-êtreparcequejesavaisqueColtonquelquepartdanscettevilles’adonnaitrèscertainementàcetteactivitéluiaussiàcetteheure-là.J’exhumaidufonddemavaliseunevieillepairedebaskets,quej’avaisemmenéesunpeuparhasard.J’avouelesavoirachetéespluspour lespetitesbandesrosesqui leurconféraientun lookgirly,quepourautrechose.
Jennyvivait àBrooklynprèsd’unparc,voilàqui ferait l’affairepourmongrand retourà lacourse à pieds. Enfin retour…La dernière fois que j’avais couru je pense que c’était autour d’unstade, au lycéeencoursd’EPS.Unmatinglacial.Bon ilne faisaitguèrepluschaud ici,New-Yorkdébutdécembrecen’estpasMiaminonplus.Canedevaitpasêtre si terrible.Si j’yarrivais ilyaquoi…dixans,jedevraistoujoursenêtrecapable!
C’estdoncrevigoréeparmanouvellerésolutionsportive,quejem’élançaisurlepetitcheminen terre du parc. J’avais effectué de vagues étirements, me souvenant que c’était plus ou moinsnécessaire.
Si tant de gens courraient c’est que cela ne devais pas être si sorcier que ça non ? Neconnaissant personnes àBrooklyn, j’avais peu de chances de rencontrer un spectateur indésirable,doncdemeridiculiser.Etlesphotographesmelaissaienttranquillesdepuisquelquestempsetsurtoutn’avaientaucuneidéed’oùjemetrouvais.
Jetrottaistranquillement.Pasmal,c’étaitfacileenfait!L’airvifmepiquaitlapeau.Jerespiraien rythme. C’était super la course à pied, jem’imaginai déjà en faire plusieurs fois par semaine.J’aurai grâce à ça un corps ferme et musclé. Je pourrais m’acheter des leggings de course etpourquoipasunejoliepetitebrassièreauxcouleursvivespourl’été.
J’avais déjà l’impression de courir depuis un moment quand je regardai ma montre : deuxminutes.Jelasecouaiunpeuaucasoùellenemarchepasbien.Toujoursdeuxminutes.Jecontinuai
macourse,etlorsquejevérifiaiencoreunefoisl’heure:quatreminutes.Jevérifiaisurmonportable,quatreminuteségalement. J’essayaide focalisermespenséessur lepaysage, lesarbresdénudésdeleursfeuillesparl’hiver,lesbâtimentsentourantleparc,sitypiquesavecleursbriquesrouges.
Lebruitdemespoumonsaspirantl’airfroid,n’étaitguèreencourageant.Jesongeaiàfaireunepetitepause,maisjesavaispertinemmentquesijem’arrêtaijeneredémarreraipas.Inspire,expire,inspire, expire. Ce n’était pas si difficile quand même. Mon souffle sifflait comme celui d’unasthmatique en pleine crise.Mes jambesme semblaient lourdes etmesmusclesm’élançaient déjà.C’estalorsquej’aperçuunecolline,quijedoisl’avouerétaitplusvéritablementunepetitcôte,maisquidevint alors l’obstacle infranchissable.Mon sang tapait contremes tempes, jedevais être aussirougequemonsweat.J’attaquailaterribleascensionendirectiondusommet,àuneallureprochedecelle d’un gastéropode sous morphine. L’Everest fut finalement conquit, ce qui m’arracha ungrognement de satisfaction. Je décidai de rebrousser chemin. La descente serait certainement plusfacile.
Quenenni,jemesentaisauborddelanausée.J’imaginaidéjàlesgrostitresdemain:lafemmed’un acteur américain retrouvée dans un état grave, suite à une séance de jogging d’environ deuxkilomètres!
Jemeforçaiàoubliermes jambesetmesmusclesdouloureux.Jem’étais fixéepourobjectifd’arriverencourantchezJenny,jedevaisyarriver.J’étaisunebattante.Unefoisles4marchesdesonperrongravies,j’ouvrislaportedesonappartementàtoutevitesseetmelaissaittomberlourdementsurunechaisedelacuisine.J’étaisensueur,mont-shirtetmonsweatétaienttrempés,mescheveuxs’échappaientdemaqueuedechevalcommesijem’étaisbattue.J’étaisdansunétatlamentable.Maisj’avaisréussi!
Comme quoi tant qu’on n’abandonne pas, tout est possible. Pourvu que ce soit pareil avecColton. Je devais cependant trouver un moyen de communiquer avec lui, car pour le moment cen’étaitpasgagné.
Jedécidaidoncquejeluiécriraiunelettre.Jepouvaisladéposerauportierdesonimmeuble.
Voilàunbonplan.Une foisdouchée, jem’attelaidoncà la rédactionde la lettre.Cequimeprit…beaucoupde
temps.Jen’étaisclairementpasune littéraire.Aprèsplusieurs feuillesqui finirentà lacorbeille, jefinispardéciderdel’écriredelafaçonlaplussimple,telquelesmotsvenaient.
***Deretourdanslehalldel’immeubleoùj’avaispassédemerveilleusessemaines,moncœurse
serradansmapoitrine.JepensaiqueColtonétaitpeut-êtrelà,àquelquesétagesdemoi.Jetendismalettre au portier en insistant pour qu’il lui remette en personne. Jem’échappai ensuite le plus vitepossible,decraintedememettreàpleurerdevantlui.
J’avais espéré ressentir du soulagement, mes mots une fois couchés sur le papier. J’étaismaintenant dans un état de stress encore plus important. Savoir quemon avenir avecColton tenaitjusteàcettepetitelettre,etquejen’avaisplusqu’àattendreunsignedesapart.
Chapitre21
ColtonÇafaitdixjours,dixputaindejoursquejevisdanslebrouillard.Unbrouillardauxrelentsde
Whisky.Dixjoursquecellequitienttoutelaplacedansmoncœur,quejecroyaisinexistant,estpartie.
Ouplutôtc’estmoiquil’aimiseàlaporte.Dix jours que j’ai découvert qu’ellem’avait trahi, qu’elle avait avouém’avoir suivi àNew-
Yorkpourde l’argent.Moiqui pensais commeun idiot que c’était parcequ’ellevoulait passerdutempsavecmoi.Quec’étaitparcequ’endépitd’avoiroubliénotremerveilleusesoiréeàVegas,ellevoulaitnousdonneruneautrechancedenousconnaitre.
CettemerveilleusesoiréeàVegas,oùj’avaispriscequejepensaisêtrelameilleuredécisiondetoutemavie.Uneévidence.
Uneévidence,quis’étaitrenforcéecesdernièressemaines.Apparemmentjem’étaisplusquetrompé.Toutemavie j’aiétéentourédegensquienvoulaitàmonargent,puismacélébrité.Etavec
Mariej’avaiscruqueceseraitdifférent.Qu’elleétaitdifférente.Qu’ellemevoyaitmoi,Colton.Pasle fils des richissimes Clarke, pas l’acteur à la belle gueule, pas la star en première page desmagazines.
Elles’étaitbienmoquéedemoi.Etmoi,commeunabruti,j’étaistombéamoureuxd’elle.Ouij’étaisbeletbienamoureuxdemafemme.
Et j’étais là, dans ce qui fut le temps de quelques semaines, notre appartement, à noyermonchagrindansl’alcool.Cetappartementquin’avaitplusrienencommunavecceluiqu’ilétaitavantsavenue.Ellel’avaitrenduenl’espacedequelquesjours,pluschaleureux,vivant.Parsonrire,parsespetits plats qu’ellemepréparait le soir quand je rentrais duboulot.Mais aussi par pleins de petitsdétails.DesphotosdenousdeuxdansNew-Yorkqu’elleavaitfaitimprimer,ornaientlesmeublesdusalon.Etdesplantesvertes.Desputainsdeplantesvertes.MoiColtonClarke,jesuisentraindememorfondredevantunputaindeficus!Enfin,aucuneidéesic’estunficusouautrechose.
Jebuun énièmeverred’alcool, celanemebrûlaitmêmeplus lagorge, en jouant avecmonalliancequejem’obstinaiàgarder.J’aifiniparjetermontéléphonecontreunmur,aumoinsavecuntéléphonecasséjenepeuxplusrecevoirsesappelsetsessms.Latentationétait tropforteàchaquefoisquesonnometsaphotos’affichaientsurl’écran.
Jesuiscommeundroguéenpleinecrisedemanque.Hierjemesuissurprisàallerreniflerla
bouteille de son shampoing à la framboise, qu’elle a oublié dans la salle debain. J’ai engueulé lafemmedeménagequiachangélesdrapsquiportaientsonodeur.Pathétique.
Après avoir écumé lesbars lespremiers jours, jemecontentaimaintenantde rester enferméchezmoi,àpartpourallertourner.Là-bas,personnen’osaim’adresserlaparole,commesij’allaisexploseraumoindremot.Chosequis’estproduitequelquesfoisilfautdire.
J’ai zappé le dîner de Thanksgiving chez mes parents la semaine dernière, malgré lesprotestationsd’Ashley.Jen’avaispasenvied’entendreleurs«jetel’avaisbiendit»etleursregardscondescendants.Laseulepersonneavecquij’avaisenviedepassercemomentm’avaittrahie.
Latélédiffusaitenfondunprogrammequelconque.Undécompteattiramonattention.C’étaitla
cérémonie du lancement des illuminations au Rockefeller center. J’attrapai rageusement latélécommande pour zapper. J’avais prévu d’emmener Marie là-bas. A croire que les éléments sedéchainaientcontremoipourmerappelersanscessesonabsence.
La sonnette de l’entrée retentit. Je n’attendais personne, je décidai donc de ne pas prendre lapeinedemelever.Lapersonneinsistajusqu’àcequelebruitstridentdelasonneriemedonnel’enviedeme taper la tête contre lesmurs. Jeme levai donc en grommelant etme dirigeai vers la ported’entréeenmaudissantl’intrusquiperturbaitmasoiréedereclusalcoolisé.
J’ouvrailaporteàlavolée,prêtàm’enprendreàlapersonnequisetrouvaitderrière.MarissaWalker, mon attachée de presse. Celle qui avait proposé de l’argent à Marie. Si il y a bien unepersonnequejen’avaispasenviedevoir,c’étaitbienelle.Ellen’attenditpasquejel’inviteàrentrer,ellesefaufiladansl’appartement,nonsansm’avoirjetéunregarddedégoutcertainementdûàmonapparencenégligée.
—NousdevonsparlerColton,lança-t-ellesansmêmeprendreletempsdedirebonjour.JerepensaiàMariequim’avaitditqu’elletrouvaitqu’elleressemblaitàunevieilleinstitutrice
acariâtre.Ellen’avaitpastoutàfaittort.Unefoisencore,jemesurprisàsourireenpensantàMarie,etchassaisdoncimmédiatementcespensées.
Jesuivislapetitefemmequiétaitdéjàdanslesalonetavaitcoupélatélé.—VousvousêtesdisputéavecMarie,affirma-t-elleens’asseyantsurlecanapé.—SansblagueSherlock,c’estpourmedireçaquevousavezfaittoutcechemin,répondis-je
sarcastique.—Non si j’ai osé déranger le grandColtonClarke dans son cycle d’auto apitoiement, c’est
pourluidirequ’ilestunimbécile.—Merci,vousvouspointezchezmoisansyêtreinvitée,etenplusdeçavousm’insultez.Vous
aveztoutpourplairevous.—Vous êtes un imbécile, réitéra-t-elle, car vous ne voyez pas plus loin que le bout de vos
chaussures,etvousjugezlesgensavantmêmedeleuravoirdonnéunechancedeprouverquiilssont.
—Merci pour l’analyse dema personnalité,maintenant vous savez où se trouve la porte, jevousconseilled’enprendreladirection,répliquai-jeglacial.
—Quevousa-t-elledit?—Celanevousregardepasjecrois.Detoutemanièrevousêtesdéjàaucourantpuisquec’est
vousquivousêtesoccupéedetoutecettemascarade.—Quevousa-t-elleracontéexactement?—Quevoulez-vousqu’ellem’aitraconté?Ellem’aditpourlechèquequevousluiavezfait
pouraccepterdeveniricijouerlesépousesdévouées.Maisvouslesavezdéjà.Unlégersourires’imprimasurleslèvresdeMarissa,commesiellesemoquaitdemoi.J’avais
enviedeluienvoyerunerépliquebiencassantequileferaitdisparaîtreavecsesdentsaupassage.—Etavez-vousécoutésesexplicationsjusqu’aubout?s’enquit-elle.—Aquoibon?L’essentielaétédit.Elleselevaensoupirant.—AhColton,voussavezl’écoutecen’estvraimentpasvotre truc.Alorscommevousne lui
avezpaslaisséletempsdesejustifier,prenezaumoinsletempsd’écoutercequej’aiàvousdire.Jem’enfonçaidanslecanapéenmarmonnantdansmabarbe.Plusviteellem’auraitsortisasoit
disantexplication,plusviteelleseraitpartie.—Toutd’abord,sachezqueMarien’apastouchéuncentimepourvenirici.Jelevaidesyeuxinterrogateursverselle.—Oui je luiaiproposédel’argent, jeneleniepas.Unegrossesommemême.Beaucoupde
fillesà saplaceauraient accepté.Surtout enconnaissant sa situation financière.Maisellenon.Ellem’areprochédelaprendrepouruneprostituée.Ellem’apratiquementéjectéedechezellequandjeluiaiproposéça.Jen’aipasinsisté.Jesavaisdetoutefaçonqu’ilnefaudraitpasgrand-chosepourlaconvaincredevenir.Sesyeuxbrillaientdèsqu’onprononçaitvotreprénom,elleétaitàdeuxdoigtsd’acceptersansmêmeuneinterventiondemapart.Maisbonceseraitmalmeconnaitrequedepenserquej’allaislalaisserprendrecettedécision,sansêtresûreà100%qu’ellediseoui.Doncj’aidécidédeluimettreunpeulapression.
—Vousl’avezmenacée?dis-jed’unevoixblanche.—Pasmenacée,jen’iraipasjusque-là.Disonsquejeluiairappeléqu’elleavaitquelquespetits
secretsqu’ellen’avaitpasenviedevoirétaléssurlaplacepublique.Jecroissavoirquevousêtesdéjàau courant de quelques-uns.Au sujet de son enfance par exemple.Elle n’a pas pour habitude d’enparler.Savez-vouségalementcommentelleagagnédel’argentpendantsesétudes?Jedoutequ’ellesesoitvantéed’avoirétéopératricedetéléphonerosedevantbeaucoupdegens.
—Etalors,répliquai-jefroidement,elleafaitcequ’elleapupourpouvoirpayersesfactures.Etellenes’estpasprostituéequejesache.Menacerderévélertoutcelaauraitsurtoutfaitmalàelleetsesproches,jenevoisvraimentpasl’intérêtdedévoilercetteinformation.
—Ouimaiselletienténormémentàsesproches.Je sentais la colère me submerger. Comment cette femme, que je pensais un minimum
professionnelle,avaitpurecouriràdepareillesmanipulationsdansleseulbutdeblesserMarie.Toutçapourluifaireaccepterdeveniravecmoi.
—Maiscen’estpastout,votrefemmeaégalementeurecourtàunempruntpourachetersonsalonde coiffure.Celui-ci a été accepté car elle amenti, elle aomisde leurpréciserqu’elle avaitencoredesprêtsétudiantsquicouraient.Jel’aidoncmenacéedeprévenirsabanque.
—Vousavezquoi?explosai-je.Vousl’avezmenacéedeluifaireperdresonseulbien,lachosepourlaquelleellesebatchaquejourenallanttravailler,sonrêve,toutçapourqu’elleacceptedemesuivreàNew-York!Maisqu’estcequinetournepasrondchezvous?
—Commejevousl’aiditjenepouvaispasprendrelerisquequ’elledisenon.—Maisc’estduchantage!C’estignoble!m’écriai-je.—Detoutefaçonilyavaitdegrandeschancesqu’ellediseouisanscela,répliqua-t-ellesans
sourciller.Jeme pinçai l’arête du nez pour essayer de reprendremes esprits. Je n’avais jamais levé la
mainsurunefemme,maislàj’étaisàdeuxdoigtsdeluienvoyermamainàtraverslafigure.—Sortezdechezmoi!—N’oubliez pas que vous avez l’avant-première la semaine prochaine, ce serait bien qu’on
vousyvoittouslesdeux,répondit-elleenramassantsonsacàmains.—Sortezdechezmoi!Jeneveuxplusvousvoir!hurlai-je.—Vousêtesencolèrepourlemoment,maisvousmeremercierezplustard, ironisa-t-elleen
passantlaporte.Jetentaidemecalmer.LesrévélationsdeMarissaauraientdûmesoulager,Marien’avaitdonc
pasacceptédevenir icipourde l’argent.D’aprèselle, elle seraitmêmevenuesanschantage.Maisjustementcettehistoiredechantagemeretournaitl’estomac.Quelqu’unquitravaillaitpourmoiavaitabusédecesinformations,cequimerendaitquelquepartcomplice.QuellevisionavaiteuMariedemoi?J’avaishonte.Hontequ’ellepuissepenserquej’utiliseraidetellesméthodespourarriveràmesfins.
Il fallait que je l’appelle, pourm’excuser déjà.Mais voudrait-elleme parler ?Après tout jel’avaismisedehorssansmêmeluilaisserletempsdes’expliquer.
Jeportaismachinalementmamainàmapochepour enextrairemon téléphone,quand jemerappelaiquejel’avaisdétruitilyaquelquesjours.Samm’enavaitachetéunautremaisilétaitencoredansl’emballage.
En y réfléchissant il fallait que je discute avec elle de vive voix, pas par téléphone.Mais oùétait-elle?Etait-ellerentréeenFrance.Jenecroispas,Sammel’auraitdit.Jeluiavaisdemandédene
pasmeparlerd’ellemaisjesavaispertinemmentqu’ilsavaienteuquelquescontacts,etqu’ilgardaitunœil surelle.Çame rassuraitde le savoir,mêmequand je lui envoulais. Jemedirigeaivers laporte, prêt à aller questionner Sam lorsque la sonnette retentit encore. J’ouvris la porte, c’était leportierdemonimmeublequimetendaitunelettre.
Jeleremerciairapidementetj’allaisjeterlalettresurlaconsoledel’entrée,celapouvaitbienattendre.
Chapitre22JerentraiendirectiondeBrooklyn.J’avaistrainéunpeudansManhattanaprèsavoirdéposéla
lettre chez Colton. Je m’étais rappelée que c’était ce soir que les illuminations du sapin duRockefellercenterétaientlancées.J’avaispenséyaller,maislafouleetunecertainenostalgieavaienteu raison de mon idée. Je n’avais pas envie d’y aller sans lui. Il avait projeté de m’y emmener,quelquesjoursavantnotredispute.
Alorsquej’approchaidel’immeubledeJenny,jevisunevoituredesportassezluxueusegaréeenbas.Mêmesilecoinn’étaitpasmal,cen’étaitpasvraimentlestyleduquartier.Coltonpossédaitlemêmemodèle.Etait-ilpossiblequecesoitlui?Moncœursemitàbattreàlachamadeetj’accéléraile pas, jusqu’à presque courir (n’oubliez pas que j’avais encore les jambes douloureuse de monjoggingmatinal).
Iln’yavaitpersonnedanslavoiture.Jegravislesmarchesàtoutevitesseenprenantsoindenepastrébucher,cen’étaitpaslemomentdemerefairelesdentssurlesnezdemarches.J’entraiàtoutevitesse dans l’immeuble, fouillant frénétiquement dansmon sac pour trouvermes clés. Alors quej’essayaid’unemaintremblantedelesintroduiredanslaserrure,laportes’ouvritsurJennyquimesouriaitdetoutessesdents.
—Tuasdelavisite,m’annonça-t-elleens’effaçantpourmepermettredepasser.Jelaissaitombermonsacàmainausol,quisevidad’unepartiedesoncontenusurlesolde
l’entrée,maisjen’yportaiaucuneattention.Paslemomentdes’offusquerdelafuiteroulantedemestamponshygiéniques.
Jedébarquaientrombedanslesalon,madoudounemouilléeencoresurlesépaules,lesjouesenfeuàcausedemonsprintdanslesescaliers.Ilétaitlà.Assissurlecanapé,ilselevapourmefaireface.Sesyeuxétaientcernésdenoir,sonteintblafardtrahissaitsontmanquedesommeil,maisilétaittoujours aussimagnifique. Ses cheveux en bataille dans lesquels il avait dû passermaintes fois samainenm’attendantlerendaientencoreplussexy.
Nousnousdévisageâmesuninstant,aucundenousn’osantbougerlepremier.—Marie,je…balbutia-t-ilenavançantversmoi.Marissam’atoutdit.
Je le regardai essayant de sonder son âme et ses pensées. Il avait l’air misérable. Aussi
misérable quemoi. Celame faisaitmal de le voir comme cela,mais je devais avouer que j’étaiségalementsoulagée.Soulagéedevoirquenotreséparationdecesderniersjours,nel’avaitpaslaissétotalementinsensible.Soulagéedevoirqu’ils’envoulaitdenepasm’avoirfaitconfiance.
— Je suis désolé ma chérie, j’ai été un imbécile, je ne t’ai pas écoutée, dit-il d’une voixchevrotante. Pardonne-moi s’il te plait. Je t’avais promis de ne pas abandonner, et à la premièreoccasionjet’aitournéledos.
—Tum’asblesséeColton.Jemesurprismoi-mêmeendisantcesparoles.Cesderniersjours,j’avaispleuré,étéencolère,
eulasensationdevivreuneinjustice.J’avaischerchécommentfairepourqu’ilsachelavérité.Maisjen’avaispasréaliséquesurtoutj’avaisétéblessée.Blesséequ’ilnem’aitpasécoutée,blesséequ’ilnem’aitpaslaissélebénéficedudoute.Etsurtoutblesséequ’ilaitpupenserquej’avaisréellementacceptédel’argent.
Jesavaisque l’onneseconnaissaitpasdepuis longtemps,mais j’avaisnaïvementpenséqu’ilmefaisaitconfiance,etqu’ilm’avaitcernéemieuxquecela.
Jesentisunelarmeroulersurmajoue.—Nepleurepasmoncœur,jesuissûrquejet’aifaitassezpleurercesderniersjours.Ils’avançaversmoi,etmepritdanssesbras.—Tun’imaginesmêmepas,répondis-jeenmeblottissantcontrelachaleurdesontorse.—Jesuistellementdésolé,dit-ilenmecaressantlescheveux.Nousrestâmesuninstantcommecela,nosrespirationssecalantl’unesurl’autre.— Marie, je voudrais que tu rentres à la maison avec moi. Si tu es d’accord bien sûr ?
s’empressa-t-ild’ajouterensondantmonregardpouressayerd’ytrouversaréponse.—Riennemeferaitplusplaisir.
***J’allaistrouverJennyquis’étaitenferméedanssachambrepournouslaisserunpeud’intimité.
Ellemeseserradanssesbras.—Alors,dois-jecomprendrequenotrecolocationestfinie?—Ondiraitbienqueoui.MercipourtoutJenny.Tuesvraimentuneamieenor.Jeluirendissonaccolade.—Dommage,j’avaisachetéungrospotdeglaceauxraisinsàpartagerdevantlatélépource
soir.Jenesuispascertained’arriverà legarder intact jusqu’àtaprochainevisite,dit-elled’untonfaussementennuyé.
—Pasgrave, jepréfère les raisins sous leur forme fermentéeet liquide.Sipossibledansun
verreàpied.Jet’enemmèneraiunebouteillelaprochainefois.—Avecplaisir,tusaisquetueslabienvenuequandtuveuxpourunesoiréefilles.—Etmoinon?s’enquitColtonenentrantdanslachambre.—Toi,ditJennyenlepointantdudoigtetprenantunairdetueuse,jet’aimaisbienavant.Mais
çac’étaitavant.Net’aviseplusjamaisdefairedumalàmacopine,ousinontupourraisbienavoirunpetit accident, je ne sais pasmoi… avec un ciseau, une lame de rasoir, unmanche de pinceau, laprochainefoisquetupassesaumaquillage…Ceseraidommagetunecroispas?
Coltonquifixaitmaintenantseschaussuresluirépondit:—Messagebienreçu.—Allez,dépêchez-vousdepartirlesamoureux,jesuissûrequevousavezmieuxàfairequede
discuteravecmoi.NousfîmesnosadieuxetquittâmesJennypourrentreràManhattan.
***Dans la voiture, un silence gêné s’installa. Autant le simple fait de s’être retrouvés dans la
mêmepièceunpeuplustôt,avaitsuffiàcequejeluipardonne,autantnousaurionsbesoindeparlerde tout cela. Le fait qu’il m’ait jugée, sans même prendre le temps de m’écouter m’avaitprofondémentblessée,etj’auraicertainementbesoind’unpeudetempspourluirefaireconfiance.
—Tuaslumalettrejesuppose,luidemandai-jeafindebriserlesilence.—Talettre?Quellelettre?— J’ai remis à ton portier une lettre cet après-midi pour tenter de t’expliquer ce qui s’était
réellementpassé.Jepensaiquec’étaitcommecelaquetum’avaisretrouvée.—Leportierm’aeffectivementremisunelettrequandjepartaispourteretrouver.Jen’yaipas
faitattention,jenesavaispasqu’ellevenaitdetoi.—Commentas-tufaitpourmeretrouveralors?—Disonsquecelan’apasétéuneminceaffaire.Jesavaisquetun’avaispasquittélepayssinon
Samm’auraitaverti.Il coulaun regardversmoi, certainementpourvérifierma réaction tandisqu’ilm’annonçait
qu’ilm’avaitfaitsurveillerparsongardeducorps.Jedécidaidenepasreleverpourlemoment.—Sachantque tun’avaispascinquanteendroitsoùaller, j’aisupposéqueJennydevaitavoir
une petite idée du lieu où tu te trouvais. Le problème étant que je n’avais pas son numéro detéléphone.J’aidûappelerlesstudios,etparlementerunmomentaveceuxpourqu’onacceptedemedonnersescoordonnéespersonnelles.Ensuite,jel’aiappeléeetellem’aconfirméquetuvivaisbienchezelle.JesuisalorspartidirectementàBrooklyn,lasuitetulaconnais.
—Tuvoulaisdoncmeretrouveravantd’avoirlumalettre?—Oui,commejetel’aiditMarissaestpasséecetaprès-midietm’atoutavoué.—Etbien,jen’auraijamaiscruquemonsalutviendraitdelaréincarnationdeMelleMangin.
—C’estquicelle-là?—Ladirectricedans«PrincesseSarah»,c’estundessinaniméque je regardaipetite.Tune
doispasconnaître.—Aucontraire,dit-ilensoupirant,figuretoiquec’étaitledessinanimépréféréd’Ashley.J’ai
vuchaqueépisodeaumoins trois fois. Jen’ai jamaiscomprispourquoielle s’évertuait à regardersystématiquementcetruc,sachantqu’elleallaitpleurer.C’estsupertriste!
—Jesavaisbienquetasœurétaitquelqu’undebien.— Contrairement à moi, soupira-t-il en engouffrant la voiture dans le parking de notre
immeuble.Ilgaralavoitureetsetournaversmoi,attrapamamainetfixasonregarddanslemien.—Marie, je suis désolé d’avoir pu penser que tu avais accepté deme suivre pour l’argent.
D’autantplus,quejesaispertinemmentaufonddemoiquetun’espascommeça.J’aidoutédetoietjeneme lepardonnerai jamais.Et je suis aussi désolépour le chantagequeMarissa t’a fait subir.Crois-moijen’étaisabsolumentpasaucourant.Jamaisjen’auraispermisqu’ellet’utilisedelasorte.Je sais que tu as beaucoup souffert plus jeune, et je ne veux pas être celui qui te fera souffrird’avantage.C’estpourçaquesitudécidesmaintenant,oumêmeunautrejour,quetuveuxrentrerenFrance,jenet’obligeraipasàresterici.Situdécidesderester,jeveuxquecesoitdetonpleingré.
—Colton, le jouroù j’aidécidéque j’allais t’accompagneràNew-York,cen’étaitpasparcequ’onmeproposaitungroschèqueouparcequ’onmefaisaitchanter,c’estparcequ’unhommequej’avaisenviedemieuxconnaitremel’aproposé.Jenemesouvienspasdegrand-chosedenotrenuitàVegas,maisjesaisquecesoir-làj’aiprisunedécisionquejeneregrettepas,carellemepermetdedécouvrirunhommefantastique.Etcethomme-là,jen’auraipaspuleconnaitreenrestantàNice.Jevoulaistesuivre,etjeneregretteraijamaiscettedécision,quoiqu’ilsepasseaprèsentrenous.
Coltonavaitréduitladistancephysiqueentrenous,etsonpoucecaressaitmaintenantmalèvreinférieure.Puisseslèvreschaudesseposèrentsurlesmiennes.Jefondisinstantanément.Cesbaisersm’avaientmanqué,etj’étaisàcetinstantcommeuneassoifféedansledésertquivenaitdedécouvriruneoasis.Nouscontinuâmesànousembrasserunbonmoment,puisjenesaisparquellemagie,nousnousretrouvâmesfinalementdansl’appartement.LesbouteillesdeWhiskyvidesabandonnéesunpeupartout,medonnèrentunaperçude l’étatd’espritdeColtonpendantnotreséparation. Ilme jetauncoupd’œilunpeugêné.
—Jenesuispastrèsfierdetoutcequej’aifaitpendanttonabsence,admit-il.Ilmeguidaversnotrechambre,ets’évertuaunebonnepartiedelanuitàmemontrerquejelui
avaismanqué.Nousnousendormîmesenfin,etjepassaiunedesmeilleuresnuitsdepuisunmoment,allongéeaucreuxdesesbras.
Chapitre23Les jours qui suivirent, nous reprîmes nos habitudes plus ou moins comme avant notre
séparation.Cependantuncertainmalaisesubsistaitettoutn’étaitpasrégléentrenous.Nousn’avionstoujourspaseuladiscussionsurnotreavenirensemblequej’auraisaiméavoir.JenesavaistoujourspascequeColtonattendaitdemoiaprèslesfêtesetcommentpourrions-nousvivrenotrerelation.Jenepourraipaséternellementfairecommesijen’avaispasuneviequej’avaismiseenpausequelquepartenFrance.
Aujourd’hui était un jour que j’attendais et que je redoutais depuis un certain temps.Ce soir
avaitlieul’avant-premièredesonprécédentfilmettouslesobjectifsseraientbraquéssurnous.Bienévidemmentnousavionseunotrelotdesortiesofficiellesetenpublic,maislàceseraitdifférent:ilétaitlastardelasoirée,etmoilafemmeàsonbras.Doncjedevaiséviter:
Demecasserlafigureensortantdelalimousine,Coltonm’avaitassuréqu’ilm’offriraitsonbraspourm’aideràsortir.
De me prendre les pieds dans le tapis rouge, j’avais porté mes talons à la maison pourm’entrainer.
Decoincermontalondansunegrilled’arbre(nemeditespasqueçanevousestjamaisarrivé),j’avais donc effectué une recherche sur internet, et d’après la vue satellite, il n’y avait pasd’ornements à feuilles devant la salle de cinéma (pourvu que personne n’ai décidé d’en installerdepuislaphoto).
De coincer l’arrière dema robe dansmon collant en sortant des toilettes. Chose quim’étaitarrivé en sixième et dont je gardais les stigmates depuis. J’avais décidé de porter des bas (moinsrisqué,etjepensequeColtonsauraitapprécier).
Dedireunebêtiseàlaréception.J’avaisdoncdécidédeparlerlemoinspossible,demetenirécartéedel’alcool(onsaitcequeçaadonnéladernièrefois),etd’évitertoutsujetépineux.
Pourl’occasion,Jennyétaitvenuem’aideràmepréparer.Bienquejemaitrisenormalementlacoiffureetlemaquillage,j’étaisunetellebouledenerfsqu’unpeud’aideétaitlabienvenue.Ashleypassaaussi,etfinalementnouspassâmesunesuperaprès-miditouteslestrois.Jecroisquetouteslesdeuxavaientcomprisquej’étaisunpeutendue,etfirenttoutleurpossiblepourmefairerire.
Jepassai ensuite la fameuse robe rouge, achetéequelques semainesplus tôt avecAshley.Lesfillesmegratifièrentdesifflementsapprobateurs.Jemesentaisplutôtenconfiancedanscetterobe,cequiétaittoujoursbonàprendre.
Je fis ensuite mon entrée dans le salon, où Colton m’attendait dans son smoking. Il était à
couperlesouffle.Unelueurdedésirtraversasonregardaumomentoùsesyeuxseposèrentsurmoi.Jesusquelaroberougeavaitfaitsoneffet.
Ashley et Jenny nous demandèrent de poser tous les deux et nous mitraillèrent avec leurstéléphonesportables.Onauraitditdesparentsavecleurprogénitureprêteàpartiraubaldepromo.J’espérai qu’on avait cependant l’air un peu moins niais que les ados sur ce genre de photos engénéral.Jem’attendaispresqueàcequ’ellesnoussermonnentsurlefaitdenepasboired’alcool,etdenepasrentrertroptard.
Samvintenfinnousindiquerquelalimousinenousattendaitenbas.Pendantletrajet,nousparlâmespeu.Préoccupéeparmespropresangoisses,j’enavaispresque
oubliéqueColtondevait être lui aussi stressé.Après tout c’était la sortied’unde ses films !Nousarrivâmesenfinenvueducinémaoùsedéroulaitl’avant-premièreetduboutdetapisrougequenousallionsdevoirremonter.D’oùnousétions,lecrépitementdesflashsétaitdéjàbienvisible,commedeséclairsdanslanuit.
Coltonsetournaversmoietserrasamainsurlamienne.—Toutvabiensepasser,murmura-t-ilcommes’ilessayaitdes’enconvaincreluiaussi.Puis il se pencha etm’embrassa tendrement. La limousine ralentit jusqu’à stopper devant ce
fameuxtapisrouge.Coltoncaressaunedernièrefoismonvisage,sonfrontsoudécontrelemienpuism’interrogea:
—Prête?—Prête,répondis-je.La portière s’ouvrit à l’instant même et la clameur de la foule, jusqu’alors étouffée par
l’habitacle de la voiture, parvint de façon plus distincte. Mon estomac était noué comme jamais.Coltonsortitetadressaunpetitsigneaupublicquiluiréponditpardescrisd’excitation.Puiscommeilme l’avaitpromis, il se tournaversmoietme tendis lamainafindem’aideràm’extirperde lalimousine,avecunmaximumdegrâce(enfindumoinsjel’espère).Ilverrouillainstantanémentsonbras autour de ma taille, et ce geste de possessivité me galvanisa et fit naitre sur mes lèvres unsourire,qu’ilme renditaucentuple.Son regardplongeadans lemien,etàcet instantprécis iln’yavait plus quenous aumonde.Les journalistes, les photos, les fans endélire, plus rien n’exista letempsdequelquespetitessecondes.
Malheureusement, le moment prit fin, et Colton passa en mode « star ». Répondant auxquestionsdesjournalistes,signantdesautographes,prenantmêmedesphotosavecquelquesfans.Onm’interpellaégalement,surtoutpourmeposerdesquestionspersonnellesetparfoisloufoques:
—Marie,est-cevraiquevousattendezdesjumeaux?Benmince,moi qui croyait que la robem’allait bien !Ok le régime glaces et chocolat chez
Jennyn’avaitpasétédesplussains,maisquandmême!—Marie,allez-voustournerdansleprochainfilmdevotremari?
Etd’autresquimefirentgrincerdesdents:—Marie,est-cevraiqueColtonvousatrompéeavecChelseaJohnson,maisquevousluiavez
pardonné?Jeme contentai de plaquer un sourire artificiel surmon visage, tenant lamain deColton et
avançantpetitàpetitversl’entréeducinéma.Une fois à l’intérieur, je m’attendais à un peu de répit, mais c’était sans compter sur les
nombreux invitésqui souhaitaientparler àmonmari.Après tout il avait le rôleprincipal et c’étaitnormal.Jecontinuaidoncmonrôled’épousemodèle,souriantauxuns,faisantsemblantderireauxblaguesdesautres(ouiparcequ’iln’yavaitpastantdevraishumoristesqueça,croyez-moi).
—JevaisnouschercherunpeudeChampagneaubar,chuchotaColtonàmonoreille.—Jenesaispassic’estunesibonneidéequeçaquejeboivedel’alcooltusais,répondis-je.—Trinqueaumoinsavectonmari,ausuccèsdecefilm.Ilm’adressa un regard tellement charmant que j’acquiesçai d’un signe de tête. Comment lui
résister?AlorsqueColtonm’avaitabandonnéepourallerchercherdequoinousdésaltérer,lescrisdela
foule se firent un peu plus prononcés. Certainement une des vedettes du film qui venait d’arriver.Lorsque,laportes’ouvrit,jevisavecagacemententrerquelqu’unquejen’attendaispaslà:Chelsea.Quefaisait-ellelàalorsqu’ellen’étaitmêmepasàl’affichedufilm?Ellescannad’unregardperçantlasalle,etaumomentoùsesyeuxseposèrentsurledosdeColtonquidiscutaitaveclebarman,ellefonçaversluid’unpasassuré.
Luiseretournaavecnosdeuxflûtesàlamain,etlesrenversapresquesurelledesurprise.Dansmoncoin,j’avaispresqueespéréquecelaseproduise.Enfinpaspresque,j’avoue,j’auraisbienaimé.Jesais,c’estmal,maiscettefilleétaitlemal.
Elleluipritunverredesmainsetsepenchaversluidefaçonàluimurmurerquelquechoseàl’oreille, posant sa main sur le biceps de Colton. Je décidai de m’approcher, hors de questiond’assister à ça sans rien faire. Enme voyant approcher,Colton se dégagea de son emprise, etmetendisl’autreflûteàChampagne.Jeleremerciaid’unsourire,etm’accrochaiàluicommeunemouleàsonrocher,histoirequelapimbêcheblondecomprennebienavecquiilétaitdorénavant.
—Maria,quelplaisirdeterevoir,minauda-t-elle.Jecroyaisquevousvousétiezséparés.Bienentendu,elleavaitdûentendreparlerde l’affaireetnepouvaits’empêcherderemuer le
couteaudanslaplaie.— Il faut croire que tes fiches ne sont pas à jour, lui répondis-je enme serrant un peu plus
contremonmari.—Sinousallionsvoircefilm?toussotaColtonm’entrainantverslasalledeprojection.Jefisquelquespasaveclui,etunefoissûrequeChelseanepouvaitplusnousentendreluidit:—Tunecroispasquetuauraispudirequelquechose?
—Luidirequoi?Queouinousétionsséparésmaisquec’estfini.Onauraitapportéplusd’eauàsonmoulinqu’autrechose.Etpuisjen’avaispasenvied’assisteràuncrêpagedechignonenrègle.Noussommesicipourquel’onparledufilm,pasdemavieprivée,ajouta-t-ilunpeufroidement.
Nousprîmesplacedanslasalleetlasoiréecommença.Leréalisateurprésentalefilm,puislesacteursdontColtonrépondirentàquelquesquestions.Laprojectionmescotcha.Coltonétaitfabuleuxdans ce rôle et il crevait l’écran. Ok, le fait que je sois amoureuse de lui neme rendais pas trèsobjective,mais croyez-moi son interprétation était vraiment superbe. Je nevis pas passer les deuxheuresetdemisuivantes.
Lorsque le générique de fin commença, une salve d’applaudissement retentit dans la salle, etplusieurspersonnesscandèrentsonnom.
Pourmapart,jelerécompensaid’untendrebaiseravantdem’excuserpourallermerepoudrerlenez.Traduction:j’avaispleurécommeunemadeleinependantlamoitiédufilmetilfallaitquejevérifiequelemascaraqueJennym’avaitappliquéétaitbienwaterproof.Sinondemainlesjournauxtitreraient:Révélation,lafemmedeColtonClarkeestenréalitéunpanda!Pourvupourluiqu’ellen’aitpaslamêmelibidoquelemammifèrechinois!
Une fois mon checking maquillage effectué, je rentrai dans une cabine de toilettes afin de
soulagermavessie.J’entendisalorsunevoix,quejereconnuimmédiatementetquidiscutaitavecuneautrefemmequejenereconnaissaispas.Parmitouteslespersonnesprésentescesoir,ilfallaitquecesoitellequiailleauxtoilettesenmêmetempsquemoi!
—Qu’est-cequetufaislà?demandal’inconnue.TuesvenuesoutenirColton?—Biensûr,jeviensàchacunedesesavantspremières,tunecroispasquej’allaisratercelle-ci
quandmême!—Pourtantvousn’êtesplusensemble,jel’aivuarriveravecunepetitebrunettetoutàl’heure.
Ilsontl’airtrèsamoureux.C’estl’effetquel’ondonne?Chouettealors!Parcequec’estvrai,jesuisbeletbienamoureuse
delui.—Lagrelucheenroberouge?Cen’estquepassagercrois-moi.Jenesaismêmepaspourquoi
elleestlàcesoirpuisqu’ilssontséparésdepuisplusieurssemaines.Connasseonétaitséparés,cen’estpluslecas!—Commenttusaisçatoi?—Crois-moi, j’aimes sources.Etpuis je suispeut-être sansprincipesparmoments,mais je
n’aipaspourhabitudedecoucheravecunmecs’ilvaégalementvoirailleurs.J’ail’habitudedeluipardonnersespetitsécarts,maisàchaquefoisqu’ilrevientj’exiged’êtrelaseule.
Unfrissondeterreurcommençaàmeglaceràl’intérieur.—Tuveuxdirequevousavezremislecouvert?
—Qu’est-cequetuveux,tournerensembleçarapproche,réponditChelsea.Mon rythme cardiaque accéléra et je sentis que j’avais dumal à respirer. Je ne pouvais pas
croireàcequ’elleétaitentraind’insinuer.—Tuenasdelachance,soupirasonamie.Ilavraimentuncorpsdigned’undieugrec, j’en
feraibienmonquatreheure.—Tuasraison, ilsaits’entretenir.Queldommagequ’ilsesoit fait fairece tatouageridicule
surlesfesses!Jen’écoutaiplusleurconversation.Jesuffoquaivéritablementcettefoisci.Labilemeremonta
del’estomac.Commentpouvait-elleêtreaucourantpourletatouage?Iln’yavaitqu’unseulmoyen:ellel’avaitvunu.Etilnefallaitpasêtreungéniepourcomprendredansquellesituationcelaavaitpuse produire. Je repensai alors aux paroles qu’elle m’avait dites lors de notre confrontation àl’appartement : il revient toujours versmoi. Colton avait donc couché avec elle pendant que nousétions séparés. Comment avait-il pume faire ça alors qu’il me clame dorénavant qu’il est tombéamoureuxdemoiaupremierregard?Amoureuxmaisiln’ajamaisditqu’ilt’aimait.
Sesparoleslorsquenousétionsrentrésàl’appartementmerevinrent:Jenesuispastrèsfierdetoutcequej’aifaitpendanttonabsence.
Celavoudrait-ildirequ’ilm’avaittrompé?Nousétionsséparéscertes,maistoujoursmariés.Luiquiditqu’ilapriscesoir-làladécisionla
plusimportantedetoutesavie,areniésesvœuxàlapremièreoccasion.Jerepensaiencoreunefoisàcettediscussionquenousn’avionspaseuausujetdenotreavenir
ensembleaprèslafindel’année.Effectivementquandontrompesafemmeàlapremièreoccasion,onn’envisagepasunerelationsurlelongterme.
Meslarmessemirentàcouler,maisjelesravalaisbienrapidement.J’avaisdéjàtroppleuréàcausedeluicesderniersjours,ilfallaitquejesoisplusfortequeça.Jesortisdoncdelacabinedestoilettesetm’aspergeailafigured’eau.Jemeregardaiensuitedanslemiroiruninstant.Madécisionétaitprise.
Chapitre24—BonvolMademoiselle.L’hôtessemetenditmonpasseportetmonbilletetj’entraidansletunnelmenantdirectementà
l’avion.Unstewardm’adressaunsignedetêtealorsquejemontaisàbord,etjemedirigeaiverslaqueuede l’avion.Fini les privilèges d’épouse de célébrité, j’étais redevenueMarieLeroy la petitecoiffeuseniçoiseetjerentraichezmoi.
J’essayaidecalermonbagagecabineentreunevalisetteHelloKitty,certainementlapropriétédelapetitefilledel’autrecôtéducouloir,etunattachécasedubusinessmanventruettranspirant,quis’était déjà approprié le siège côté allée.Une vieille dame occupait la place côté hublot, il nemerestaitdoncquelesiègedumilieu.
Jemefaufilaisàmaplaceetbouclaitmaceinture.Lavieilledameentrepritalorsdirectementdemeracontersavie.J’aitoujourseuceteffetsurlesvieillesdames.Engénéral,ilnefallaitpasdeuxminutespourqu’ellesm’adressentlaparole,etmeconfientlesdétailsintimesdelaviedeleurspetits-enfants,oudeleurschats.Ilfautdirequ’avecmonmétier,j’étaisunpeuhabituéeàécouterlesgensparler.Jelalaissaifaire,enmedisantqu’aumoinscelamedistrairaitpourledécollage.
Saufque j’étais tombéesur lamamiepipelettedecompétition.GenevièveouGermaine, jenesais plus, parla pendant les presque dix heures de vol sans interruption ! Je fismême semblant dedormiràunmoment,maisjel’entendaisparlerencore.
Bienentendu,ellemefitlarevuepeople,meracontantlesdernierspotinsdeteloutelchanteur(commentunepersonnedesonâgepouvaitconnaitre lesOneDirection?),des têtescouronnéesetbiensûrdesacteurs.Etcequidevaitarriver,arriva,elleabordalesujet«ColtonClarke».
—Voussavezqu’ilaépouséunefrançaise?Uneniçoiseenplus!Jesuis tellementfière!Jen’aimaispasdu toutçacopineavant, lablonde.Comments’appelai-t-elledéjà?Chelsea!C’estça.Quelleairdepimbêchecelle-là!
Sivoussaviez…MoiquifaisaistoutpouressayerdenepaspenseràluietàsatrahisonaveclafameuseChelsea,
ilfallaitquejetombesurlapersonnedel’avionquiconnaissaittouslesdétails(dumoinspublics)deleurhistoire.
Jen’avaispaspleurédepuisquej’étaissortiedestoilettesducinéma,jesentisleslarmesroulersurmesjoues.
—Ohmaisnepleurezpasmapetite!s’exclamalagrand-mère.Sicelui-cin’estplusdisponible,ilyenapleind’autresàtraverslemondequilesontpourvous.Avecvotrejoliminoisetvosgrandsyeux,voustrouvezvousaussiunhomme.Etquisait,peut-êtreunestardecinémacommecettepetite
coiffeuseniçoise!Mes larmes redoublèrent d’intensité, et la petitemamieme tendit unmouchoir brodé qu’elle
venaitdeprendredanssonsac.Jem’essuyaislevisagelorsqu’ellemeglissaàl’oreille:—Enplus,jesuissûrequ’ilestnulaulit.Si je n’avais pas été sous le poids de l’émotion, je crois bien que sa réplique m’aurait fait
mourirde rire.Maismalheureusementelle réveillades souvenirsd’étreintespartagées,quiavaienttantcomptépourmoi,etleslarmesrepartirentdeplusbelle.
***NousatterrîmesenfinàNice.LesurvoldelaBaiedesAnges,meremplitlecœurdejoie.Ma
régionm’avaitbeletbienmanquée.Unefoisdébarqués,jedisaurevoiràmavoisineetmedirigeaiverslasortie.Alorsquejerécupéraimonbagageetquejepassailadernièreporte,j’aperçumesdeuxmeilleuresamies:LaraetAlicequim’attendaientdel’autrecôté.
Je délaissai alorsma valise pourme jeter dans leurs bras, et nous nous abandonnâmes à uncâlincollectif.
—Vousm’aveztellementmanquélesfilles!m’exclamai-jeentredeuxsanglots.—Allez,viensont’emmènecheztoi,meditAlice.Arrivéesdansmonappartement, jem’aperçusque lesfillesétaientvenuesfaireduménageet
tout préparer pendant mon absence. Des fleurs fraîches étaient sur la table basse, le frigo et lesplacards étaient pleins de nourriture réconfortante. Elles ont même pensé à acheter ma marquepréféréedecookies.J’avaisvraimentdesamiesenor.
Alorsquejedéposaimesvalisesdansmachambre,AliceetLaraétaiententraindepréparerduthé. J’avais bien compris qu’elles n’envisageaient pas deme laisser seule pour lemoment. Je lesrejoignisdoncdanslesalon.
Ellescommencèrentàmeraconterdansunpremiertempsleursvies, iciàNice,pendantmonabsence. Leurs clientes (futures mariées) hystériques, les anecdotes des derniers mariages, lesnouvellesdenosamisrespectifs.J’étaisheureusedepasserdutempsavecellesetdediscutercommeavant.Bienévidemment, jenepuséviter lesujetColtonbienlongtemps.Jecommençaidoncà leurracontercemoisetdemiàNew-Yorkaveclui.Lefaitderessassertouscessouvenirsétaitàlafoisréconfortant et douloureux. Je savais que je n’oublierais jamais ces moments, et que malgré satrahisonnousavionsétéheureuxensemble.Jeleurracontaiensuitelasoiréed’avant-premièreetmadécouvertedelaconversationdeChelsea.
—Etalorsquet’a-t-ilditpoursejustifier?demandaAlice.—Rien,répondis-jelaconiquemententredeuxlarmes.—C’est-à-direrien?Iln’apasvoulusejustifier,outuneluiaspasdemandé?—Jenel’aipasrevu,jesuispartiedelasoirée,j’aiprisuntaxijusqu’àl’appartement.Jeme
suischangée,airécupérémesaffairesetsuispartiepourl’aéroport.
Lesfilleséchangèrentunregardétonné.—Tuesconsciente,ditLara,quetuneluiaslaisséaucunechancedes’expliquer?—Que tu as fait exactement comme lui lorsqu’il a cru que tu avais accepté l’argent de son
attachédepresse?poursuivitAlice.Jenerépondispas,réfléchissantàcequ’ellesvenaientdemedire.Etcequejeréalisaisoudain
c’est qu’elles n’avaient pas tout à fait tort. J’avais été si aveuglée par ma colère en entendant lesrévélations de Chelsea que je ne lui avais laissé aucune opportunité de me dire si elles étaientcorrectes.
—Machérie,tusaisquejeseraitoujoursdetoncôté,maissiilyaunechancepourqueColtonsoit innocent, il doit êtremort de trouille à l’heure qu’il est. Tu l’as planté au beaumilieu d’unesoirée,tuasfaittesbagagesetilnesaitmêmepaspourquoi.Ilaaumoinsledroitdesavoirpourquoituespartie,non?
—Iln’apascherchéàtejoindre?questionnaAlice.—Jen’ensaisrien,montéléphoneétaitcoupédansl’avionetjenel’aipasrallumé.Ilnepeut
pasêtreinnocent,elleétaitaucourantpoursontatouagebordel!—Bonpeut-êtrequetuasraison,etdanscecasilaintérêtànepasmettreunpiedicisinonj’en
feraimonaffaire.GenreleFestivaldeCannes,ceserafinipourlui,commentaAlice.Nousdiscutâmesencoreunmoment,puis jeprétextai ledécalagehorairepourlesmettreà la
porte. Je voulais me retrouver seule pour penser par moi-même. Tout s’était enchainé dans lesdernièresheuresetj’avaisbesoinderecul.
Etsilesfillesavaientraison?Sepeut-ilqu’ilsoitinnocent?Danscecas…Non!Cen’estpaspossible.Maisilestvraiquejeneluiailaisséaucunmoyendes’expliquer.J’avaisfaitexactementceque je lui avais reproché lors de notre séparation. Peut-être devrais-je l’appeler ? Je décidaid’attendreunpeu,ilfallaitdéjàquejeremettemesidéesenplace.
Jepassaidonccequ’ilrestaitdelasoirée,puislanuitàfairelescentpas,puisàmeretournerdansmonlit.Litoùjemeretrouvaiseule.Enplusledécalagehorairenem’aidaitpas.
Etqu’allais-jefairemaintenants’ils’avéraitqu’ilm’avaittrompée?Reprendrelecourtdemonexistencecommederienn’était?J’étaistoujoursmariéeàColton.Etpuisilallaitbienfalloirquejerallumemontéléphoneunjour.
Ets’ilétait innocent?Mepardonnerait-ildem’êtreenfuiesansmêmeluidonner le tempsdes’expliquer.Uneangoisseterriblemetorditl’estomac.Sic’étaitlecasetqu’ilnevoulaitplusjamaismeparler?
Décidemment,cettehistoireétaitsurementloind’êtreterminée.
Chapitre25Lelendemainjemelevaiunpeutard,àcausedudécalagehoraireetdemespenséesnocturnes.
Je décidai d’aller faire un tour au salon de coiffure. Les fillesm’avaient appris la veille qu’ellesavaient prévenu Sandra de mon retour, et que celle-ci ne serait pas contre un coup de main.ApparemmentlamédiatisationdemarelationavecColtonavaitfaitunepublicitémonstreausalon,etilnedésemplissaitpas.
Je pris donc les clés de ma fidèle Twingo dans l’entrée et descendis au sous-sol de monimmeuble.L’odeurdusapinmagiqueaccrochéaurétroviseur—cadeaud’Alicejeprécise,personnen’aidéed’acheteruntrucavecuneodeurpareillepoursaproprevoiture—mechatouillalesnarines.Jemis laclédans lecontactet la tournaiunepremière fois.Lebruit souffreteuxdumoteurquinedémarre pas, pour faute de batterie à plat, se fit entendre. Après plusieurs essais infructueux,j’abandonnai. J’auraibienpudemanderde l’aide àunvoisin,mais tous à cetteheure tardivede lamatinée,étaientpartistravailler,ouavaientplusde90ans,doncpeudechanced’êtreassezvaillantspourmedonneruncoupdemain.
Je tirai sur la clé, et bien entendu celle-ci resta coincée dans leNeiman.Après 10minutes àessayer de toutes mes forces de la dégager, je posai ma tête contre le plastique dur du volant,actionnantaccidentellementleklaxon.Lajournéecommençaittrèsmal.Jedécidaidelaisserlavoitureouverte puisque la clé était à l’intérieur. Je doutais que quelqu’un vienne la réparer pour s’enfuiravec, ou pire, me subtilise ma collection de cassettes (oui je n’avais pas de lecteur CD je vousrappelle).Fautdirequemesvieillescassettesdesannées90,tellesquelesSpiceGirlsouLarussonedevaitpasconnaitrebeaucoupdefansparmilesvoleursdevoituresdenotreépoque,JanetJacksonencore…
Jemedirigeaidoncversl’arrêtdebus.Aprèsuneétudedeslignesethorairesquiduraunbonmoment—aprèstoutjem’étaisjuréedeneplusjamaisenprendreun,lejouroùj’avaispassémonpermisdeconduire—jefinisparentrouverunquim’emmèneraitàunpâtédemaisondusalon.
J’arrivaidonclesjouesrougesetlecheveuraplatitparlacoursesurmonlieudetravail.Sandrame fit un accueil du tonnerre.Les clients de la boulangerie du coinde la rue avaient
certainementdûentendresescrishystériques.Plusieursclienteshabituéesprirentdemesnouvellesetmeracontèrentlesdernierspotinsduquartier.Jemechangeaidansl’arrière-boutiqueetmemismoiaussi au travail. Les filles n’avaient pas exagéré, le salon ne désemplissait pas, et une clientèlenouvelleetunpeuplusjeuneavaitfaitsonapparition.
***Le carillon de l’entrée retentit, alors que je m’appliquai à étaler au pinceau la teinture
nécessaire aubalayagedeMadameDupont.Laporte se refermaunpeuviolemment, ce quime fitleverlenezdemonouvrage.Coltonétaitlà.Ilfonçaitversmoi,etilavaitl’airTRESencolère.Sesmusclesétaienttendusetsadémarcheexultaitl’énervement.
—PutainMarie,qu’est-ceque tu fous ici ?explosa-t-il enpassant samaindans sescheveux,soufflantàlafoisdecolère…etdesoulagement?
— Comme tu le vois je travaille, toi qu’est-ce que tu fais ici ? répondis-je en feignantl’indifférence.
—Qu’est-cequejefaisici?D’aprèstoi?Mafemmem’abandonneenpleinmilieud’uneavant-première,jeremuecieletterrepourlaretrouver,etjedécouvrequ’elleapliébagagesansunmotets’estbarréeàl’autreboutdumonde.Etjelaretrouvelàtranquillementàfairejenesaispasquoiavecunpinceausurdescheveux.
Ilétaittellementhorsdeluiquesavoixentremblaitetsesyeuxétaientinjectésdesang.—Unbalayage,ças’appelleunbalayage,luiprécisai-jecalmement.—Jem’enfousdecommentças’appelle!Mariequ’estcequit’apris,qu’est-cequisepasse?—Tun’enapasunepetiteidée?demandai-jeavecunrictusmauvais.—Nonpasdutout,alorstuseraisgentilledem’expliquer!Jeledétaillai,ilavaitl’airencoreplusfatiguéquelorsdenotreprécédenterupture.Ilportaitun
vieuxpulléliméauxmanchesavecunjeanbrut,quejel’avaissouventvumettreàlamaison,etdesconversesgrises.
—Ok,onaqu’àseretrouvercesoiraprèslafermeture,commençai-je.—Horsdequestion,mecoupa-t-il.Jenevaispastelaissertouteseuleici.Etjen’attendraipas
cesoirpouravoirdesexplications.Jevaist’attendredanslaréserve.Ils’éloignaalorsquetouslesregardsétaientbraquéssurnous,etsurlascènequenousvenions
deleuroffrir.UnefoisColtondanslaréserve,lesconversationsreprirentainsiquelebrouhahadesséchoirs.
— Il est sacrément mignon votre copain, commenta Madame Dupont. C’est marrant, ilressembleàcetacteurconnu,comments’appelle-t-ildéjà?
—ColtonClarke.—Ouic’estça,ondoitvouslediresouvent!Etcetaccent,çaauncharmefou!Sij’avaisvingt
ansdemoins,soupira-t-elle.Jesourismalgrémoiàsaremarque.Ma cliente terminée, je le rejoignis dans la réserve. Sa présence dans cette petite pièce me
rappela notre première, ou plutôt seconde rencontre, icimême. Il était adossé au bureau, les brascroiséssursapoitrine.Sapositionfaisaitressortirlesmusclesdesesbiceps.Sisesyeuxavaientputueràcetinstant,jen’auraipasdonnécherdemapeau.
—Vas-yexpliquemoi,lança-t-il.—Tunecroispasquec’esttoiquiadeschosesàm’expliquer?contrai-je.—T’expliquerquoi ?Que jeme suis retrouvécomme le roides abrutis àmapropre avant-
premièreparcequemafemmeavaitdisparu,etquejen’avaisaucuneidéedeoùellepouvaitêtre?Quej’ai fait retourner lamoitiéducinéma,prévenulesflics, toutçapourqueSamm’apprenneaubout de plusieurs heures d’angoisse, que pratiquement toutes tes affaires avaient disparu de cheznous!
—Pauvrechouchou,désoléesijet’aicréédel’embarrasdevanttouscesgens.—Del’embarras,maistutemoquesdemoi!Lafemmequej’aimeavaitdisparuettucroisque
jemesuissouciédecequ’onallaitpenserdemoi?hurla-t-il.Lafemmequej’aime…—Commentpeux-tuprétendrem’aimer,alorsquetum’astrahie?criai-jemoiaussi.—Trahie ?Mais comment t’ai-je trahieMarie ? Explique-moi, parce que là je suis dans un
putaindebrouillard,etjen’ycomprendrien!—Chelsea, j’ai surprisuneconversationoùelle racontait quevousvous étiez revuspendant
notreséparation.—Revus,c’estnormal,ontournaitensemblejeterappelle.—Nejouepassurlesmots,jeveuxdirerevoirdefaçonintime.—Tucroisquej’aicouchéavecelle?demanda-t-ilestomaqué.—Jenesaispas,àtoidemeledire.Commentest-elleaucourantpourtontatouage?—Maisqu’est-cequej’ensais?PutainMarie,jen’aipascouchéavecellejet’assure!Ilpassasesdeuxmainsdanssescheveux,leurdonnantunairencoreplusdésordonnéqu’ilsne
l’avaientdéjà.Ilmefixaintensément,etjesentisàcetinstantqu’ilmedisaitlavérité.Iln’avaitpascouchéavecelle.Etj’étais…lareinedesimbéciles.
—Jesaiscommentelleapulesavoir,déclara-t-ilsoudaincommes’ilavaitétépercutéparunerévélation.Lorsquenousétionsséparés,j’aidûtournerunescèneoùjesortaisnudeladouche.Onnemevoitquededos,maisducoup l’équipemaquillageadûcamouflermon tatouage, le réalisateurtrouvait quemon petit papillon ne collait pas trop avecmon personnage de gros dur. Ça s’est suparmil’équipe,etonm’achambrétoutelajournéesurlesujet.Ellel’acertainementappriscommecela,jenevoispasd’autresolution.
Ilfitunpasenmadirection.—Mariecrois-moi, jamais jen’auraipu tefaireça.Mêmesiàcemoment-là je t’envoulais,
pourdemauvaisesraisonscertes,jamaisjeneseraiallévoirailleurs.Nielle,nipersonned’autre.Etçametuequetupuissespenserquej’enseraiscapable.
Son corps était toujours tendu,mais non plus par la colère. Il était tendu car il attendaitmaréponse.
—Tu sais, vumonmétier, cen’est pas ladernière foisque tu entendrasdes rumeurs àmonsujet,quelesgensviendrontteraconter,àgrandsrenfortd’arguments,deshistoiresquitesemblerontvraies.Maiss’ilteplait,parle-moi-en.Jesaisqu’ilestmalvenudemapart,detereprocherdenepasavoirécoutémaversionavantdet’enfuir,puisquec’estexactementcequej’aifaitlafoisdernière.Jenepeuxmêmepastereprocherd’avoirpupenserquejeseraiscapabledetetrahir.Mêmesilàtoutdesuiteçamefaitmal.Etducoup,jecomprendsencoremieuxcequetuaspuressentirquandjenet’aijugéesanstelaisserletempsdetejustifier.Maiscequejesaisc’estquesionenavaitdiscuté,nousneserionspaslààavoircourudesmilliersdekilomètrespourfinirpars’engueulerdansunplacardàbalais.
—Unpeuderespectpourmonbureaus’ilteplait,dis-jeenfronçantlessourcils.Leslarmesmenaçaientdecoulerunefoisdeplus.—Colton,jenesaispassijesuiscapabledevivrecommecela,danscemonde.Soupirai-je.Tu
sais j’avais ma petite vie tranquille, pas très passionnante certes, et toi tu as débarqué et toutchamboulé, et parfois j’ai du mal à me sentir à ma place. Et je ne sais même pas comment tuenvisageslavieentrenousdanslefutur.Nousn’abordonsjamaislesujet.
Ils’avançaencore jusqu’àêtredevantmoi,etm’attrapapourmetirercontre lui,meplaquantcontresontorse.Jerespiraisonodeurmasculinequim’avaittellementmanqué.
—Marie,jet’aime.Etlaviejenel’imaginepassanstoi.Jesuisconscientquenotreparcoursrisqued’êtreseméd’embuches,etquenousauronsbesoindecertainsajustements,maistuenvauxlapeine.Jenerenonceraipas.Jetel’aipromis.Etdèsledépart,cequis’estpasséàVegas,étaitfaitpourcontinuer.
Son regard se vrilla aumien et j’y lu toute l’intensité des paroles qu’il venait de prononcer.Nouséchangeâmescommeceladespromessessilencieusesrienqu’ennousregardant.
—Ilvafalloirqu’onaméliorenotrecommunication,fis-jeremarquer.—C’estclair, jepensequec’est lepremierpointsur lequel il fautqu’onbosse.Tucroisque
Marissanousdonneraitquelquesconseils?C’estsonmétieraprèstout.—Ah,nonpitiéparelle,m’écriai-je.—Jeplaisantebien sûr, on apprendra tous lesdeux.Pasquestionquequelqu’und’autre s’en
mêle,murmura-t-ildansmescheveux.Il m’embrassa ensuite doucement caressant mes lèvres des siennes. Je l’attirai vers moi, en
crochetant mes mains autour de sa nuque, afin d’intensifier ce baiser. Nos deux langues serencontrèrentetnotreétreintesefitpluspassionnée.Unedoucechaleurenvahittoutmoncorpsquiseréveillaitpeuàpeu.Jem’arrachaiensuiteàlui,essoufflée.
—Jet’aimeColton,murmuraije.—Enfin!J’aicruquejamaistuneledirais!s’amusa-t-il.—Jecroyaisquec’étaitlesfemmesquis’attachaientàcegenredechoses.
—Jen’aipas ledroitd’avoirunpetitcœurromantique?Lorsquejedisàunefemmequejel’aimepourlapremièrefoisdemavie,j’espèrequelaréciproqueestvraie.
—C’estlapremièrefois?m’étonnai-je.—Toutàfait,etjem’apprêteàledirepourladeuxièmefois:jet’aimeMarie.—Jecroisquejen’aipasbienentendu,letaquinai-je.—Jet’aimemonamour.Nouséchangeâmesencoredescentainesdebaisers,j’avaisfaittotalementabstractiondulieuoù
nous nous trouvions, jusqu’à ce que Sandra toque discrètement à la porte pour venir chercher dumatériel.Jesoupçonneégalementqu’elleavaitenviedesavoirsinousnousétionsétripés,etquenousgisionstousdeuxausoldansunemaredesang,oualorssinousétionsentraindenousréconcilierdefaçoncharnelle.
—Voudriez-vousbienm’hébergerpourlanuitMadameClarke?—Vousn’avezpasréservéunesuiteindécemmentluxueuseMonsieurClarke?m’étonnai-je.—Nonj’aienviededécouvrirl’appartementdemafemme,carjusqu’àprésentellen’ajamais
vouluquej’ymonte.Jeluiadministraiunepetitetaperéprobatricesurlebras.—Lafauteàqui?Cen’estpasàcausedemoiquedesdizainesdepaparazzinoussuivaientla
dernièrefois.Etpuistuesbienprésomptueuxetsûrdetoi,pournepasprendredechambred’hôtel,peut-êtrequejen’auraisrienvouluentendre…
—Jeterappellequejenesavaismêmepaspourquoituétaispartie,nisûrà100%quetuseraislà.Donctouslesespoirsétaientpermis.
—Camarche,maisavantçaj’aimeraiteprésenterquelquespersonnes.—Toutcequetuvoudrasmachérie.
Chapitre26Nous passâmes donc la soirée entourés demes amis, dans le nouvel appartement d’Alice et
Paul.C’étaitformidable,lesgensquej’aimaisétaienttousautourdemoi.Coltons’intégratrèsviteaupetit groupecommes’il en avait toujours fait partie. Je réalisai à cemomentquec’était importantpourmoi, jen’auraispaspuêtreavecunhommequines’entendaitpasavecmesamis.Lui-mêmem’avouaplus tardqu’il lesavait trouvés très sympathiques, et surtoutqu’il avait appréciéqu’ils leconsidèrentcommeungarsnormalquiétaitencoupleavecleuramie.
Le lendemain, après une nuit (plutôt courte) passée dans mon petit appartement, Coltonm’annonçaqu’ilavaitquelquechoseàmemontrer.
—Jepensaist’enparleràNew-York,maispuisquenoussommeslàautantenprofiter.Ilrefusadem’endireplus,medemandantjustedemepréparer.NousprîmesladirectiondeVillefranchesurMer,uncharmantvillageauborddel’unedesplus
bellesbaiesaumonde.J’adoraiscetendroit:lesmaisonscoloréescommeunavant-goutd’Italie,lesbougainvilliers au printemps qui recouvrent les façades, et de nuit l’atmosphère est encore plusmagique lorsque les lumières de la ville se reflètent sur la mer. Nous dépassâmes cependantVillefrancheetColtons’engageasur laroutedeStJean-Cap-Ferrat, lapresqu’iledesmilliardaires.Coltonrefusaittoujoursdemedireoùnousallionsexactement.
La voiture stoppa devant un portail blanc qui s’ouvrit immédiatement laissant entrevoir unealléegravillonnée,plantéedepartetd’autredepinsparasolsetd’essencesexotiques.Nousstoppâmesprèsd’unevillaenpierres,austyletypiquedelarégion.Detaillemoyenne(pourlequartier!)elleavait lecharmedesanciennesconstructions,alorsqu’unbrefcoupd’œilaujardin,garantissaitquel’intérieurdevaitêtretoutaussiraffiné.
Unejeunefemmeblonde,autailleurstrictetauxcheveuxnouésenqueuedecheval,seprésentaànousetnousindiquadelasuivre.
JejetaiunregardintriguéàColton,quisecontentademerépondreparunpetitsourire.Ilposasamaindanslebasdemondospourm’intimerl’ordresilencieuxdelasuivre.
Notre guide, Marine de son prénom, nous fit entrer dans la bâtisse et commença à nousprésenterlesdifférentespiècesdelavillaetleursnombreuxatouts.
Unecuisineéquipée,àfairepâlirlapluschevronnéedescuisinières.Deschambresspacieusesettouteséquipéesdeleurspropressallesdebains,avecenprimeunevueàcouperlesoufflesurlamer.Un séjour spacieux et confortable,mais surtout chaleureux, où l’on imaginait volontiers unefamillepasserdesuperbessoiréesaucoindelacheminée(ouionestquandmêmefrileuxsurlaCôte
d’Azur).Noussortîmessurlaterrasseéquipéedesalonsdejardinsetd’unbarbecue,idéalpourlesrepasestivaux,auborddelapiscine.Lavuesurlabaieétaitencoreunefoissuperbe.
Marinenousvantalesméritesdujardin,puiss’éclipsa.Coltonsetenaitàmescôtés,nosregardsétaient rivés sur la grandebleuequi scintillait devantnous, grâce au soleil hivernal qui régnait enmaîtredanscecielazursansunseulnuage.Ilpritmamainetjemetournaiverslui.
—Marie,honey,est-cequelamaisonteplait?—Ouibiensûrelleesttrèsbelle,maisjenecomprendspastropcequ’onfaitici?—Etbien,jemesuisdit,quevuquenousallionspasserpasmaldetempsdanslarégiondans
lefutur,ceseraitpeut-êtrebiend’avoirunpiedàterresurplace.Jen’airiencontretonappartement,maisdisonsqu’avoirunpeuplusd’espacepourrecevoirnosamisparexemple,pourrait-êtresympa.J’ai cherché depuisNew-York quelques endroits, et jeme suis dit que commenous étions dans lecoin,nouspourrionsenprofiterpourlesvisiter.Sicelle-cineteplaitpas,onpeutenvoird’autresbiensûr,s’empresse-t-ilderajouter.
—ElleestparfaiteColton.Maisalorscommeça,tupensespasserdutempsdanslecoin?dis-jeamusée.
Ils’approchapourm’enlacer.—JetrouveMadameClarke,quevotrerégionabeaucoupd’atouts,parcommenceronytrouve
detrèsjoliesfemmes,sourit-il.—Eh!protestai-jeenessayantdem’extrairedesonemprise.Pastropdejoliesfillesj’espère!—Amesyeux, iln’yenaqu’uneseulequicompte,susurra-t-ilsurmes lèvres.Etpourcette
femme, si cela signifieque jedoispasser lamoitiéde l’annéeauGroenlandouau fin fondd’unegrotte,jeleferai.Dumomentqu’elleestlà…etqu’ilyaaussiaccèsauxretransmissionsdesmatchsdesYankees!
— Je savais bien de ton cœur n’était pas tout à moi, répliquai-je faussement fâchée enétrécissantlesyeux.
Coltonsemitàrireetmecommuniquasonhilarité.—Plussérieusement,reprit-il,jepensaisleverunpeulepieddanslesprochainsmois.J’aidéjà
quelquestournagesdeprogrammés,maisjepensaisnepasenaccepterd’autrespourlemoment.J’aienvie de profiter de ma petite femme. Donc nous pourrions passer un peu de temps ici. Cela tepermettradevoircommenttuveuxgérertonsalondecoiffure,carj’espèrebienquetuarriverasàtedégagerdutempspourégalementvoyagerunpeuavecmoi.
Nouscontinuâmesàfairedesprojets,enyincluantlamaisonpourlaquellenousavionseuunréelcoupdecœurtouslesdeux.Nousfûmesfinalementinterrompusparunraclementdegorgedel’agentimmobilierquenousavionsunpeuoubliée.
Coltonluifituneoffre,etàenjugerparlesouriredelademoiselle,nulledoutequ’elleseraitacceptéeetqu’elleallaittoucherunebellecommission.
Nousreprîmesdonclavoiture,etColtonm’indiquaqu’ilsouhaitaitm’emmenerenpromenade.
Au bout de seulement quelques minutes de route, nous nous garâmes sur le parking de la villaEphrussideRothschild.LagrandebâtisserosequisurplombelabaiedeVillefranched’unepart,etlabaiedesfourmisdel’autre,estsurtoutconnuepoursesjardinsàthème.Personnellementjenem’yétaispas renduedepuisunesortiescolaire ilyabien longtemps.Bonaprès tout,siMonsieuravaitenviedefairedutourisme,pourquoipas…
Nousentrâmesdanslavillatransforméeenmusée,maisColtonm’entrainadirectementverslesjardins.Ouf,onaéchappéàlacollectiondeporcelaines!Nousadmirâmeslesjardinsàlafrançaiseavec leurs jets d’eau animés, la roseraie, les jardins provençaux, exotiques et japonais. Puis nousarrivâmesdansunpetitjardindestyleflorentin,traverséensoncentreparunmagnifiqueescalierenarc de cercle, quimenait tout droit à un point de vue absolument fabuleux sur lamer.Nous nousarrêtâmesun instantpour lacontempler.Colton seplaçaderrièremoietm’entourade sesbras, sebaissantlégèrementpourrapprochersonvisagedumien.Jesentaissonsoufflechaudréchauffermonvisagelégèrementengourdiparlefroiddecetaprès-mididedécembre.
Lejourdéclinaitdéjà,etlesrayonsdesoleilmourantscoloraientlecield’uncamaïeuderoseetd’orange.Coltondéposaunbaisersurmoncouàpeineaccessibleàcausedemagrosseécharpedelaine.Puis,ilmefitpivoterlentementverslui.Sonpoucecaressamalèvreinférieure,qu’ilembrassaensuite avec une douceur infinie. Il m’avait à peine touchée, mais je sentais déjà mon corpss’embraser.Ilmeregardaitavecuneinfinietendresseetsurtoutbeaucoupd’amour.
—Marie,moncoeur,commença-t-il,certainsdisentquecequisepasseàVegas,resteàVegas.Noussavonsmaintenantqu’ilsonttort,carVegaspournousn’étaitquelecommencementdequelquechosequicontinueratoutenotrevie,etbienplusloinqueVegas.
Ilreculad’unpasets’agenouilladevantmoiungenouàterre.— Je t’aime, et je sais que tu m’aimes également, alors si je ne l’avais pas déjà fait, je te
demanderaidem’épouser.Aujourd’hui,alorsque tuportesdéjàmabague, jesuisprêtà tedonnertoutcequetudésires,maisjesaisqu’ilyaunechosequejenepourraisjamaist’offrir,cesontlessouvenirsdecettesoiréeàVegasetdenotremariage.Alorsj’aimerais,situesd’accord,t’offrirdenouveauxsouvenirs.Marie,monamour,voudrais-tumeré-épouser?
Jeleregardaistupéfaite,lesmotsqu’ilvenaitdeprononcerrésonnantauplusprofonddemonêtre.Leslarmessemirentàcouleralorsquejeriaisenmêmetemps.J’éprouvaistantd’amourpourcethommeàgenouxdevantmoi,qu’ilétaitimpossibledel’exprimerpardesmots.
—Tusaisquec’estlemoment,oùtuessenséedireoui?metaquina-t-il.Lapremièrefois,ilnet’apasfalluautantdetemps…
—Oui!hurlai-je,OuiColton!Jeveuxteré-épouser!Ilseredressaalorsetmeplaquacontreluipourm’embrasseràencouperlesouffle.Mondieu
que mon mari embrassait bien ! C’est alors que des applaudissements retentirent, rompant notrebaiser passionné. Je me tournais vers les fauteurs de trouble, et aperçu avec surprise… tousmesamis!Alice,Lara,Paul,Nico,JulienetmêmeSandra.JemetournaisincréduleversColtonquivulepetitsourireencoinqu’ilaffichait,étaitpoursûrl’auteurdecetteopération.
Tous nous prirent dans leurs bras pour nous féliciter, et un serveur avec des flûtes deChampagneapparutdenullepart,commeparmagie.
— J’ai eu un peu d’aide pour l’organisation,m’avouaColton en désignant Lara etAlice dumenton.
—C’estparfaitColton,jen’auraispaspurêvermieux.—Quelstyledemariageaimerais-tu?—Quelquechosed’intime,nosfamilles,nosamisprochespasplus.—Parfait,çameva.IciàNice?—Ouiceseraitgénial.Tucroisquenouspourrionsorganiserçadansnotrenouvellemaison?—Toutcequetuveuxmaprincesse.— Et tu crois que ça serait jouable de faire cela juste après Noël, pour le nouvel an par
exemple?Tuaurasterminédetournern’est-cepas?Ohmaisaurons-nouslamaisonàtemps?— J’aurai fini de tourner, et oui nous aurons la maison. N’as-tu pas peur que cela fasse
beaucoupdepréparatifsensipeudetemps?— Ne t’inquiètes pas, j’ai deux wedding planners sous le coude qui n’attendent que ça,
répondis-jeenlançantuncoupd’œilàLaraetAlicequidevaientcertainementdéjàavoirplanifiélamoitiédelaréception,aumomentmêmeoùj’avaisditoui.
—Danscecas,okpourunmariagepourlenouvelan.Ilm’embrassasurleboutdunezetajouta:—Queldommagequetuneveuillespasunesuperberéceptiondanslamaisondemesparents
danslesHamptons,mamèreauraitétéenchantéed’organiserunmariagemonstrueuxavecaumoins300invités,soupira-t-ilenprenantunairfaussementdéçu.
—Ahnonquellehorreur!— Dit toi que c’est exactement ce qu’elle va dire, lorsqu’on lui parlera de notre projet,
commenta-t-il.Mais il faudra bien qu’elle fasse avec. On fera ce que toi tu veux, enfin nous, j’aiquandmêmeunepetiteexigence.
—Ahouilaquelle?—Jeveuxunvidéastequifilmetoutelacérémonieetlaréception,commeçasil’undenous
deuxestsujetàdestrousdemémoire,nousauronstoutenregistré!—Jesuisd’accord!Nousrejoignîmesnosamispourtrinqueruneénièmefois,etlasoiréecontinuaentreéclatsde
riresetidéeslesplusfolleslancéesparmesdeuxamiesorganisatricesdemariages.
MarieC’est legrandjour.Enfindevrais-jediremondeuxièmegrandjour?Dansunpeuplusd’une
heure,jevaisépouserunesecondefoisColton.Jenedevraispasêtrestresséeaprèstout,toutestsouscontrôle.AliceetLaraont faitun travailsuperbepourorganisercemariageenquelques jours.Deplusjenesuispas(enfinj’espère)commeunedeleursbridezilla,àvouloirquelemoindredétailsoitparfait,commesijejouaismaviesurlacouleurdesporte-noms.
Unmariagesimple,entouréedemesamis,demamèreetdelafamilledeColton.Colton,quiaété encore formidable ces derniers jours, qui a organisé unNoël avec nos deux familles, tout enterminantsontournage.Mamèreestd’ailleursimmédiatementtombéesoussoncharme,ilfautdirequ’il s’est plié en quatre pour lui faire plaisir.Moi par contre, j’ai l’impression que ce n’est pasdemainquemabelle-mèrem’offrirasarecettedetarteauxpommes,çatombebien,jedoutequ’elleenaitdéjàfaitune.Maisbon,nousavonsenterrélahachedeguerre,pourlemoment.
Jejetteunœilaumiroir,SandraetJennyontvraimentfaitdubontravail.Jemesensvraiment
comme une princesse. Cela a été plutôt comique de les voir au départ, se jaugeant chacune poursavoirsil’autreallaittenirlaroute.Aufinalauboutd’uneheureàs’affairersurmapetitepersonne,laglaceaétébrisée,lacoiffeusefrançaiseetlamaquilleuseaméricaineontmêmesympathisé.
Unpetitcoupfrappéàlaportemesortdemarêverie.—Entrez!Lafrêlesilhouettedemamèreseprofileàlaportedemanouvellechambre,ayantemménagé
danslamaisondeStJeanCapFerrat,ilyaquelquesjours.Jemelèveetm’approched’elle.—Ohmachérie,tuesmagnifique!s’exclame-t-elle.L’émotionemplitsesyeuxnoisetteidentiquesauxmiens.Etjelasersdansmesbras.—Faisattention,tuvasfroissertabellerobe,medit-elle.Ellereculed’unpaspourmieuxm’admirer—Jesuissifièredetoi!Sifièredevoirlabellejeunefemmequetuesdevenue,malgrétoutce
quetuasdûendurer.Les larmes affleurent, et je suis à deux doigts de craquer. J’espère que Jenny m’a mis du
mascarawaterproof!—Machérie,j’aiunpetitquelquechosepourtoi.Ellemetendunpetitécrindevelours,uséparletemps.Jel’ouvredélicatementpourdécouvrir
cequ’ilrenferme.—LebraceletdeGranny!
L’émotionmesubmergeànouveau,lesouvenirdecettegrand-mèrequej’aitantaimé,etquiestpartietroptôt.L’odeurdelatarteauxmyrtillesquiembaumaitsonpetitcottagedel’Oxfordshireoùj’allaisenvacancesd’étépetite.
—Ilestàtoimaintenant,ellem’avaitfaitpromettredeteledonnerpourtonmariage.Jen’aipaspu le faire lapremière fois,maisheureusementqu’il y aune séancede rattrapage,medit-elleavecmalice.
Jesuisunpeuhonteuse,c’estvraiquecemariageexpressàVegasasurementétépourelleunedéception.Ellequin’aquemoiaumonde.
Ellem’aideàaccrocherlebracelet.C’estparfait.JeportelecollierdesaphiroffertparColtonpour lebleu,monvoileaétéempruntéàAlice,marobeestneuve, ilnememanquaitquequelquechosed’ancien.
—Tuesprête,medemande-t-elle?—Plusquejamais.—Coltonabeaucoupdechancetusais.—J’enaibeaucoupaussiMaman,réponds-jeenserrantsamaindanslamienne.
ColtonOny est. Les premièresmesures de « Iwon’t give up » résonnent.Marie a tenu à faire son
entréesurnotrechanson,celleaveclaquellejeluiaipromisdenepasabandonneretrenoncerànous,etdefairetoutpourpréservernotreamourmêmedanslesmomentsdifficiles.Cettefois-cic’estellequimelepromet.
Jeretiensmonsouffle,et lavoiciquiarriveaubrasdesamèreetquicommenceàremonterdoucement l’allée.Ledécorn’a rienàvoir avec la chapelleouverte24h/24àVegasoùnousnoussommesmariéslapremièrefois.Cettefois-ci,noussommesdanslejardindenotrenouvellemaisonavec la mer pour toile de fond. Ses amies ont fait un travail exceptionnel pour organiser cettecérémonieenquelquesjours,etsurtoutpourlarendrechaleureusecommenouslasouhaitions.
Marie s’avance enmadirection, dans sa robeblanchequi n’a rien en communavec celle deVegaségalement.Maisjesaisqu’ellepourraitêtrevêtuedeguenilles,qu’ellen’enseraitpasmoinsbelle àmes yeux. Ses larges boucles brunes retombent souplement sur ses épaules, comme je lesaime.Ledorédesapeaucontrastemagnifiquementaveclablancheurdesarobe.Sonsouriretimideaudépart,s’étireàl’instantoùnosyeuxseverrouillentensemble.
Elleestmaintenant touteproche,samèredéposeunebisesursa joueetdéposelamaindesafille dans lamienne. Sa petite paume chaude électrifie toutmon corps. Je la lâche cependant pourleversonvoile,etcaressedoucementsajoueavecledosdemamain.EllesetourneuninstantpourconfiersonbouquetàLara,l’officiantseraclelagorgeetlacérémoniecommence.
Ledécor, lesgens, tout s’efface et jenevoisplusqu’elle.Si àVegas je l’ai épousée avec lacertitude que je prenais une bonne décision, aujourd’hui je sais que je l’épouse car je l’aime toutsimplement.Etquejevaisl’aimerjusqu’àlafindemavie.Jenousimagineparfoisavecdesenfants,dansnotremaison.Marieleurapprendraitàcuisineretmoij’emmèneraisnotrepetitetribuauYankeestadium.MoiColton,quipensaitnejamaism’attacherassezàquelqu’unpourfonderunefamille,jerêvedesoiréesaucoindufeu,deNoëlsavecdesenfantsquis’émerveillent,etdevacancesàlaplageàfairedeschâteauxdesable.Etdemoments torridessouslacouetteavecmafemmeégalement, jel’avoue.
Siilya6moisonm’avaitannoncéquejeseraismariéetfouamoureuxavantlafindel’année,j’aurais bien rit. Mais l’amour ne se commande pas il faut croire. Cela vous tombe dessus sansprévenir.Putain, qu’est cequim’arrive ? Jedeviensunvrai romantique.Acette allure, jevaismemettreàécriredelapoésielasemaineprochaine.Remarquequesiellemeledemandait,jeleferaisrienquepourluifaireplaisir.Cettefemmepourraitfairen’importequoidemoi.
Lacérémoniesedéroulesansquej’ensoisréellementconscient, lorsqu’estarrivélemoment
oùjedoisrécitermesvœux,lesmotsquejeprononcesontlesplussincèresquej’aijamaisdits.J’aiessayé d’y mettre tout l’amour que j’éprouve pour elle. Les larmes qui roulent sur ses jouesm’indiquent qu’elle les a entendus. Son tour arrivé, ses paroles résonnent enmoi et je sais que jen’auraipasàdouterdel’amourqu’ellemeporteégalement.
L’officiantprononcealors lesparolesquej’attendsdepuis ledébut,medonnant l’autorisationd’embrassermafemme.J’aienfinledroitdeposermeslèvressurlessiennes,quicommetoujourssont sucrées commeun fruit bienmûr.La douceur de son touché fait instantanément bouillirmonsang, et je dois me contenir pour ne pas m’emballer sur ce baiser. Il y a quandmême nos deuxfamillesetnosamisassislà,àquelquesmètresdenous,etquin’enratentpasunemiette.D’ailleursleursapplaudissementsretentissentvaguementàmesoreilles.
Jeme détache dema femme, quim’adresse alors le sourire le plus lumineux qu’ilm’ait étédonnédevoir.Jesuisvraimentheureuxdeluiavoirproposécedeuxièmemariage.S’iln’avaittenuqu’àmoi, le premier m’allait très bien puisque j’avais eu le plus important : elle.Mais je savaisqu’elle regrettera toute sa vie de ne pas s’en souvenir. Elle aura aumoins la consolation d’avoircelui-là.Etmêmesijenesuispasemballédepasserlasoiréeàmangerdespetitsfours,alorsquejen’aiqu’uneenviec’estdemonteravecelledansnotrechambrepourluifairel’amour,jesaisquesiçapeutluifaireplaisir,jesuisprêtàl’épouserautantdefoisqu’ellelevoudra.
Lara
Tout est parfait. Je regarde avec satisfaction le ballet des serveurs qui virevoltent parmi latrentaine d’invités à la réception. Encore unmariage réussit pour Paillettes et Pampilles. Sauf quecelui-ciestunpeuspécial.Cen’estpastouslesjoursqu’onmarieunedesesmeilleuresamies.Etàunacteurmondialementconnuenplus!Ettrèstrèsséduisantcequinegâcherien…Jedevraispeut-êtreplussouventtrainerdanslesbarsmoi,onyfaitdesrencontressurprenantesaprèstout.
Bref, ces deux-là sont follement amoureux, et cela ça n’arrive pas tous les jours non plus.
Croyez-moi je suisweddingplanner, autrementdit les couples amoureux (oupasvraiment) çameconnait.Bonok,vousallezdireque jesuispartipris, jesuis leur témoin.Maisavec tout leboulotqu’ils m’ont donné ces derniers jours, pour l’organisation de leur mariage express (enfin moinsexpressquemepremier),plusl’organisationdel’enterrementdeviedejeunefille(ouionsait,elleétait déjà mariée, mais qui rechigne devant une journée fille au spa ?), j’aurais de quoi leur envouloir.
JemerapprochedubuffetpourlorgnersurlesmacaronsauFoiegras.J’hésite.Larobeprèsdu
corpsquejeportenepermetpasvraimentdesegoinfrer.QuelleidéedesemarierunesemaineaprèsNoël !Entre les repasde fêtes, les chocolats, leChampagne…Bon,cen’estpascommesi j’allaisrencontrerl’hommedemaviecesoir,ilssonttousmariés,encouple,oualorsjelesconnaisdepuistellement longtempsque jene saismêmeplusdepuis quand. Il y abien l’oncledeColtonquim’aadresséunclind’œiltoutàl’heure,maislesvieuxbeauxaubronzageartificielcen’estpasvraimentmatassedethé.
Puisquequecen’estpascesoirquejerisqued’emballer,autantreprendreduChampagne.J’ailuquelquepartqueçafaisaitfondrelacellulite,ceseraitbiendetesterparmoi-même.
Enparlant deChampagne, j’ai remarquéqu’Alicen’en a pas buunegoutte. Je l’aimêmevu
refilerdiscretossacoupeàsonmariPaul.Amonavis,ilyaquelquechoseàcreuserlà-dessous.Jevaiscontinuermonobservationdiscrètement.Les filaturesçameconnait, je suisune fande sériespolicières. Je ne rate jamais un épisode des Experts. En plus, dansmonmétier, j’ai l’habitude depasserdutempsàobserverlesgenspendantlesréceptions.
— Tu sais que c’est vraiment bon ces petits trucs, me dit Nico mon ami d’enfance (etaccessoirement jumeau d’Alice, son ainé de 10minutes) en arrivant avec une assiette pleine à rasborddepetitsfours.
Mince!C’estratépourlafilature,j’avaisoubliéquejeconnaislamoitiédesinvitéscettefois-
ci.Pasmoyend’êtretranquille.—Merci,cen’estpasmoiquilesaifaits,maisjelesaichoisis.—Ahouais?demande-t-ilenenenfournantdeuxàlafoisdanssabouche.—OuiMariem’alaissécarteblanche,maisnemangepasçacommeça!C’estdelaStJacques
pasdesCurlys!mexclamai-je.—C’estbienmeilleurquelesCurlys,affirme-t-il.—Tum’étonnes,répondis-jeenlevantlesyeuxauciel.—Bonalors,tun’aspasrencontrétonprincecharmantcesoir?—Nonettoi,tun’espassouslecharmed’unebelleaméricaine?—Non,tuvoisleproblèmeaveclesaméricaines,etbienc’est…qu’ellessontaméricaines.—Cequetupeuxêtrelimitéparmoment,répliqué-jeensoupirant.—Mais c’est pour çaque tum’aimes.Etpuisnem’insultepas, au rythmeoù çava, je serai
bientôttonseulamicélibataire.Etcrois-moiçateserasbienutile.Etquisait,peut-êtrequ’ondevraitfaireunpacte,tusaiscommecesamisquidisentàquaranteanssijenesuispasmarié…
—Jerentredanslesordres,ouij’yaidéjàpensé,coupé-je.Jen’aipasenvied’entendresablaguehabituellesur lefaitqu’onfiniraunjour tous lesdeux
ensembles.Mêmesinoussavonspertinemmentquecelan’arriverajamais.Nousavonspratiquementétéélevésensemble,ceseraitcommecoucheravecundemesfrères.
Moncélibatcommenceàmepeser,etilestvraiquevoirsesdeuxmeilleuresamiessemarier
enmoinsdetroismoisalorsquejesuistoujoursseule,ilyadequoiêtredéprimée.Moiaussij’aienvied’avoirmapartdecontedefées…Pourl’instantjevisparprocurationle
bonheurdesautres.Bonc’estsûrjenesuispasàplaindre,maisj’aimeraisbienavoirquelqu’unavecquipartagermonplaid lorsque jeregarde«Espritscriminels».Quelqu’unquipourrait réchauffermespiedsfroids,etmeracontercequ’ils’estpassélorsquejemecachelesyeuxcarjeneveuxpasregarderlesangàlatélé.Surtoutpourçad’ailleurs,parcequepourpartagerleplaidj’aiBabarmonchat.
— Dit moi Nico, tu sais pourquoi ta sœur ne boit pas de Champagne ? décidé-je de luidemanderpouréviterlesujetsurlequelnousnousétionslancés.
Aprèstout,autantdemanderàladeuxièmepersonnelaplusproched’AliceaprèsPaul.Bienquej’espéraisparfoisavoircettedeuxièmeplace.Maisjedoisadmettrequetoutleurtrucon-est-jumeaux-alors-on-se-comprend-sans-même-se-parlerestplutôtimpressionnantparmoment.
— Euh, je crois qu’elle a dit un truc à Noël à ma mère, au sujet de médicaments, desantibiotiquesjecroisquineferaientpasbonménageavecl’alcool.
Jelèveunsourcilsuspicieux.Premièrement,Alicen’estJAMAISmalade.
Deuxièmement,sielleétaitalléevoirunmédecinjel’auraiscertainementsu.Troisièmement, elle ne ferait pas semblant de boire du Champagne ce soir, elle refuserait
polimentetpuisc’esttout.Là,elleneveutpasqu’ons’enaperçoive…J’ai déjà ma petite idée sur la raison, de son abstinence. J’ai comme l’impression que la
deuxième chambre de leur nouvel appartement qui est destinée, soit disant, à devenir un bureau(bureautoujourspasinstalléjeremarque),risqued’accueillirunnouveaulocataired’icigenreunpeumoinsde8moisàvuedenez.
Mais je laconnaismonAlice,ellenevapasme lâcher lemorceaucommeça.Jesensque jevaisbienm’amuserdanslesprochainessemaines.Jesuisdéjàentraind’échafauderunplanpourluifaireavouer.Jevais la tortureravectoutcequ’elleadoreetquiest interditauxfemmesenceintes :sushis,Champagne,charcuterie…
Vousmetrouvezsadique?Non,justedéterminée.Onnepeutrienmecacher.Etpuisj’aibienledroitdelatorturerunpeu,quiest-cequivadecoltinerlasaisonprochainedemariagesavecsabossenceintejusqu’aucou,c’estbibi!
Bon,bibiseraaussiunetatagâteaujepromets.Vuqu’apparemmentjemesuisfaitsoufflerlapremièreplacedemarrainechezlesClarke,autantsepositionnerchezlesDumontpourlemoment.
Cettenouvelleannéequicommencevaêtretrèstrèsintéressante.
EnmusiqueParce que la musique fait partie intégrante de mon processus d’écriture, voici les titres qui
m’ontaccompagnéstoutaulongdel’histoiredeMarieetColton.Certainesfois lesparolesontétésourced’inspiration,parfoisiln’yapasvraimentderapport.
—Sia:Chandelier—PonyPonyRunRun:Walkingonaline—Kiss:Iwasmadeforlovingyoubaby—Nickelback:Faraway—AudreyHepburn:MoonRiver—DeepBlueSomething:BreakfastatTiffany’s—Sia:Alive—Lifehouse:Youandme—Muse:Timeisrunningout—Muse:Pluginbaby—Jay-z:Empirestateofmind—LillyWoodandtheprick:Thisisalovesong—SnowPatrol:Justsayyes—Queen:Don’tstopmenowEtbiensûr:—JasonMraz:Iwon’tgiveup
Motdel’auteurMercid’avoirachetécelivre.J’espèrequevousaurezprisplaisiràlirel’histoiredeMarieet
Colton.Sivousavezaiméce livre,n’hésitezpasàallerposteruncommentairesurAmazon.C’est le
seulmoyenpourquecelivrevive,etcelam’encourageàcontinuerd’écrire.Mercid’avanceàceuxquiprendrontletempsdelefaire.
En tant qu’auteure autoédité, je n’aimalheureusement pas d’armée de correcteurs. Simalgré
mesnombreusesrelecturesquelquesfautessubsistent,j’espèrequevousnem’entiendrezpasrigueur.Sivoussouhaitezmecontacter:[email protected]://tamaraballiana.wordpress.com/https://www.facebook.com/tamaraballiana/Jeremercietoutesleslectrices,etleslecteurs(ilyenaquelques-uns)de«TheWeddingGirl»,
monpremierlivre,etsurtouttousceuxquim’ontcontactéepourmedirecombienilsl’avaientaimé.Celivreaétépourmoiunchallenge,celuidevoirsijepouvaismoiaussi,couchersurlepapierunehistoirequimetrottaitdanslatête.Jenem’attendaispasàuntelaccueil!
Merciégalementauxautresauteurs,quim’ontencouragéeàcontinuer,etpour leursconseilsprécieux.
Merciàmonmari,àquijen’aiavouéavoirécritunlivrequ’unefoiscelui-cipublié,etquimesoutientmaintenantdanscetteaventure.
Merciàmes3choupettesd’illuminermes journées,etdebiendormir lanuitpour laisserdutempsàMamanpourécrire.
AproposdulivreMarierevientdeLasVegasoùelleaassistéaumariagedesesamisAliceetPaul.Elles’apprête
à reprendre sapetitevie tranquilledans son salondecoiffureniçois.Cequ’ellen’avaitpasprévu,c’est d’y recevoir la visite surprise de Colton Clarke, star de cinéma au CV impressionnant :récompensépardeuxGoldenGlobesetunOscar,éluhommeleplussexydel’année…etaussiconnupoursontalent,quepoursesfrasques.
Petitsouci:alorsqu’ilal’airdelaconnaître,ellenesesouvientabsolumentpasl’avoircroiséautrementquesurunécran…Etpourtantilluiaffirmel’avoirépousé!
Ilsepourraitquecontrairementaudicton,cequ’ils’estpasséàVegas,nesoitpasrestéàVegas,etaitdesconséquencesbienréellesdanslaviedeMarieetColton.
[1] Rappelez-vousmes amiesAlice et Lara dans « TheWeddingGirl ». Comment ça vous ne l’avez pas lu ? Ce n’est pas
nécessairepourlacompréhensiondecelivremaissivousêtescurieux(se)n’hésitezpas![2]
Nicoestlefrèrejumeaud’Alice.Cesonttousdeuxmesamisd’enfance.[3]
Voussavezlagrandeavenuequibordelameretquel’onvoitsur90%descartespostales.[4]
«BreakfastatTiffany’s»estlenomanglaisdufilm«DiamantssurCanapés»sortien1961avecl’actriceAudreyHepburn,etconsidérécommel’undesesfilmslesplusmémorables.LarobenoirecrééeparGivenchyqu’elleporteenmangeantunbageldevantlavitrinedeTiffany&Co,estrestéeàlapostéritécomme«lapetiterobenoire».
[5]La«bluebox»littéralement«boitebleue»estl’emballageemblématiquedesproduitsTiffany&Co.
[6]Enitalien:Etquellebellefille!
[7]Enitalien:Millemercis.
[8]Enitalien:Elleparlel’italien?
[9]Personnagesdufilmd’animation«LesMinions».
[10]LastatuedelaLibertédeNicesetrouvesurlequaidesEtats-Unis,signéeégalementdusculpteurBartholdi,ellemesure…
1m35![11]
LesRedSoxsontl’équipedeliguemajeuredeBaseballdeBoston,lesennemisjurésdesYankees.[12]
AutreéquipedeNew-York.