Download - Liberté 62 896

Transcript

CMJN

128, BOULEVARD BASLY - 62300 LENS -TÉL. 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : [email protected]) - 1,30 € - N°896 DU VENDREDI 15 AU JEUDI 21 JANVIER 2010

JEUDI 4 FÉVRIER À 18H30 - SALLE JEAN NOHAIN À LENS

M E E T I N GAVEC ALAIN BOCQUET ET JACKY HÉNIN

dans le cadre des élections régionales de mars 2010

HAÏTI,TERRE

DE DÉTRESSEPAGES 3 ET 13

SIX SALARIÉS DE CONTINENTAL CONDAMNÉSÀ DES PEINES DE PRISON AVEC SURSIS (LIRE PAGE 13)

UN PROCÈS POLITIQUEl’affaire a été mise en délibéré au 5 février alors que la solidarité grandit pour exiger la relaxe.

page 1:page 1 14/01/10 11:44 Page 1

CMJN

- 3 -

Élections régionales

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010

REPAS DES VÉTÉRANSSALLE DES FÊTES DE GRENAY - PLACE DANIEL BRETONSAMEDI 23 JANVIER DDEE 1122HH ÀÀ 2200HH

VOTRE MENU :Apéritif

Velouté d'asperges - Boudin blanc sur lit de pommesRôti de dinde ou rôti de porc

Pommes de terre duchesse et haricots vertsPlateau de fromage - DessertVin blanc et vin rouge - Café

La réservation est à faire auprès de la Fédérationdu PCF - 66 rue de la Gare BP 256 62305 Lens cédex.

Prix : 15 euros - Chèque à libeller à PCF 62.

LL’’HHUUMMAANNIITTÉÉ FFAAIITT SSOONN BBOOUULLOOTTDans un récent numéro de Libération, Daniel Scheïdermann, rendun certain hommage au journal lʼHumanité en soulignantcombien lʼensemble des médias comme lʼa reconnu lʼAFP«avaient participé, pas plus mais pas moins que les autres à latrouille ambiante» dans lʼaffaire de la grippe H1 N1.La venue la semaine dernière sur TF1 de Roselyne Bachelot, sansque Laurence Ferrari nʼévoque le rôle des médias dans la propa-gation générale de lʼaffolement, a encore accentué le sentimentde malaise. Pour Daniel Scheïdermann : «Lʼabsence de curiositéde Laurence Ferrari recevant lʼannonce de Bachelot aura finale-ment été à lʼimage de celle de tous ses confrères, tout au long dufeuilleton. Cʼest par lʼHumanité (et ce journal seul, qui a consacrésa une au sujet deux jours de suite) que lʼon a appris cette semai-ne que le conseil de lʼEurope lançait une enquête sur lʼinfluencedes laboratoires pharmaceutiques dans les comités dʼexperts delʼOMS, à lʼorigine de la psychose mondiale. Les labos ont-ils faitvivre lʼopinion mondiale dans la psychose pendant presque unan ? Il ne faudra pas compter sur la presse pour le savoir».

CCOMMEOMME toutes et tous, noussommes saisis d'effroi et dedouleur face au drame épou-

vantable qui frappe une nouvelle fois lepeuple haïtien. Si proche de nous,nous avons envers lui une dette quiremonte à Richelieu, lui qui fit dominerl'île par la France en y pillant ses res-sources et en y organisant l'esclavage.

Chaque minute compte pour desmilliers et des milliers d'Haïtiens,enfants, femmes et hommes, encoreensevelis sous les décombres.Chaque instant est précieux pour sou-

lager la peine des familles plongéesdans le chagrin et la douleur d'avoirperdu un être cher quand ce n'estd'avoir tout perdu. Dans cette angois-sante course contre la montre poursauver le maximum de vies, il est bienque les Etats, dont la France etl'Organisation des Nations unies, s'en-gagent fortement.

C'est amplement justifié par le faitque cette tragédie a été considéra-blement aggravée par l'état de fragilitéet de délabrement des infrastructures.On a du mal à imaginer comment lacapitale, Port-au-Prince, a pu être ainsiplongée dans cette spirale destructrice,dans l'horreur et la désolation si rapide-ment. Si le bilan devient si dramatique,c'est aussi parce que ce pays a conti-nué d'être dominé et pillé avec un pland'austérité imposé par le Fonds moné-

taire international, s'ajoutant aux vio-lences de dictatures dont celle desDuvalier et des tontons macoutes,mais aussi aux méfaits de gouverne-ments corrompus. Des milliers demorts et de blessés auraient pu êtreévités si les populations avaient pubénéficier d'une assistance médicaleimmédiate et d'un habitat plus solide.

Comment les puissants de cemonde continueront-ils de justifierqu'ils puissent dilapider chaque jourdes sommes colossales dans surar-mement et les guerres ou pour sauverles grands banquiers de ce mondealors qu'ils laissent, comme à Haïti, despeuples aux mains nues dans la pau-vreté la plus totale ? Cette effrayant tra-gédie se rajoute en effet au drame quo-tidien des 12 millions d'habitants de cepays dont près des quatre cinquième

survivent avec moins de deux dollarspar jour. Nos frères haïtiens s'étaientfait entendre durant l'année 2007 avecles "émeutes de la faim". Ils alertaientdéjà contre un ordre mondial foncière-ment égoïste qui les étrangle depuisdeux siècles.Les puissants de la planète ne leurauraient-ils pas encore pardonné leurdignité conquise depuis 1804, annéede l'indépendance de l'île ? Dès ledébut, les dominateurs et les impéria-listes sanctionnèrent ce peuple enorganisant contre lui un blocus com-mercial et en installant des présidentsfantoches jusqu'à la mise sous tutelledu FMI.Voilà ce qui l'empêcha de gagner défi-nitivement sa liberté totale, de construi-re son développement, de prendre enmain son destin, jusqu'à vivre aujour-d'hui dans un pays exsangue.

Nos amis haïtiens n'ont que tropsubi le sang, les armes et la misère.Cela ne fait que renforcer encore l'im-portance vitale de la mobilisation inter-nationale en marche, et notammentcelle de la France, qui doit ressentir uneresponsabilité particulière vis-à-vis despopulations d'Haïti. L'heure est mainte-nant à la solidarité active la plus large.Ils sont et seront des dizaines de mil-liers là-bas à avoir besoin de nous, àavoir besoin de tout : des médicaments,du matériel de base, des vivres, desmoyens financiers pour reconstruire.Ne perdons pas un seul instant ! Nosjournaux l'Humanité et Liberté 62 s'as-socient une nouvelle fois avec leSecours populaire français pour orga-niser la solidarité. Solidarité pour Haïti !

Patrick Le Hyaric

SOLIDARITÉ HAÏTIé

d

i

t

o

Ils sont des dizaines demilliers là-bas à avoirbesoin de nous, à avoirbesoin de tout.

IINDÉCENTNDÉCENT ! Alors qu'il a réalisé14 milliards d'euros de profits en2008, avec 5 milliards d'euros de

dividendes répartis aux actionnaireset encore 4,5 milliards au premiersemestre 2009, au plus fort de lacrise, le groupe pétrochimique Totalcontinue de supprimer des postes.L'annonce par le groupe GPN, filialede Total, de la cession de l'usine deMazingarbe au groupe espagnolMaxam, leader européen des explo-sifs civils, est une nouvelle illustrationde la course au profit de Total et dumépris de ce groupe pour ses sala-riés.Mais que pouvait-on attendre alorsque l'année dernière, la seule répon-se du ministre Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, à la propo-sition des communistes de taxer lesprofits fabuleux de Total avait été dedire que «la réalité n'est pas aussisimple que ce raccourci» ? Commeles autres grands groupes capita-listes, Total sait qu'il n'a rien àcraindre du gouvernement, plus pré-occupé de renflouer les banquesque de sauver l'emploi.Pourtant, la cession de l'usine GPNde Mazingarbe entraînera la sup-pression de 74 postes sur les 238

que compte actuellement l'usine. Ladirection de GPN ne parle pas delicenciements, mais de retraites anti-cipées qui concerneraient 62 sala-riés. Pour autant, les salariés deMazingarbe sont inquiets.Alain Bocquet, député-maire deSaint-Amand-les-Eaux a interpelléChristine Lagarde, ministre del'Economie, de l'Industrie et del'Emploi pour demander au gouver-nement d'intervenir auprès de Totalpour imposer des choix conformesaux intérêts économiques et sociauxdes habitants de notre région.Solidaire des salariés de GPN deMazingarbe, le PCF 62 dénoncel'absence de concertation avec lessalariés et les choix de la multinatio-nale Total qui fait passer ses profitsavant l'emploi dans un départementdéjà sinistré.Le PCF 62 appelle le gouvernementet les pouvoirs publics à réagir pourfaire cesser la casse de l'emploiindustriel dans notre région en taxantbeaucoup plus fortement lesentreprises qui suppriment desemplois alors qu'elles réalisent desprofits.

Hervé PolySecrétaire Fédéral du PCF 62 AA PRÈSPRÈS la ratification

des candidats jeudidernier par le Comitéfédéral du Pas-de-Calais ceux-ci commeceux du Nord seront

présentés à la presse ce samedi àLille. L'intervention politique qu'aconstituée la création du Front degauche, à l'occasion des électionseuropéennes de juin 2009, trouve unprolongement au scrutin régional demars prochain. Au moment où le Partisocialiste envisage des accords politi-ciens avec une partie de la droite, leModem (lire page 5) et où les Vertsont brouillé leur positionnement àgauche dans la nébuleuse d'EuropeÉcologie, il était indispensable d'offrirau choix des citoyens une gaucherassembleuse qui soit vraiment degauche, capable de porter une poli-tique progressiste au Conseil régio-nal. Lundi, une cinquantaine d'élus etde responsables de section se sontretrouvés avec Alain Bocquet etJacky Hénin à l'heure du midi autourd'un casse croûte, pour peaufiner lesgrands axes de la campagne enayant à l'esprit que l'une des clefs del'avenir du Nord/Pas-de-Calais estdans le résultat que le Front degauche réalisera au soir du premiertour. Le vote pour la liste du Front degauche avec Alain Bocquet sera levote de l'antisarkozysme utile, c'est àdire une sanction qui se transformeen action. J.M.H.

ÉLECTIONS RÉGIONALES DU 14 MARS 2010

LA CAMPAGNE S'ACCÉLÈREAvec le Front de gauche, les communistes duNord/Pas-de-Calais veulent réinstaller l'espérancedans une région debout et solidaire.

SUPPRESSIONS DE POSTES CHEZ GPN(MAZINGARBE) :

LE GROUPE TOTAL CHOISIT LE PROFIT ET SACRIFIE L'EMPLOI !

Page 3:Page 3 14/01/10 11:49 Page 1

CMJN

- 4 -

Élections régionales

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010

LLEE Palais des congrès archi-comble, où 4 000 personnesavaient pris place, lʼambiancecombative, lʼaspiration à lʼunité,mot souvent scandé alors quesʼagitaient les drapeaux du PCF

et du Parti de gauche, le premier meetingdu Front de gauche pour les élections régio-nales avait retrouvé les accents des plusgrands rassemblements de la campagnedes élections européennes. À cette nuanceprès quʼil sʼagissait, samedi à la porteMaillot, de la toute première réunionpublique, non seulement du Front degauche, mais de toutes les formations etcoalitions en lice pour le scrutin de mars.Le rassemblement, animé conjointementpar Patrick Apel-Muller, directeur de larédaction de lʼHumanité, et Raquel Garrido,membre de la direction du Parti de gauche,

a vibré à nouveau dans un élan solidaire enaccueillant les salariés immigrés en luttepour leur régularisation, ou avec la popula-tion de Gaza. Il a exprimé une volonté dʼar-ticuler la campagne avec les mouvementssociaux les plus larges, comme en a témoi-gné lʼaccueil chaleureux réservé à DidierDreyfuss, de lʼAppel des appels.Pari gagné de lʼunité renouvelée pour lespartis et les militants qui fondèrent le Frontde gauche, fin 2008. Jean-Luc Mélenchon,qui au cours des discussions avait avancésa candidature en Île-de-France, a félicité etfait applaudir Pierre Laurent, investi tête deliste. Mais le Front de gauche a gagné aussile pari de lʼélargissement. Christian Picquet,de la Gauche unitaire, qui mènera la liste enMidi-Pyrénées, a mesuré le chemin parcou-ru depuis le premier meeting au Zénith, le8 mars 2009. De nouveaux visages, de nou-

velles voix ont rejoint la gauche qui nerenonce pas, dont, sʼen félicite ChristianPicquet, «de nombreux camarades duNPA», en dépit de lʼattitude de sa direction.

Avec comme maîtres mots unité,solidarité

Les listes du Front de gauche sont uniesautour dʼengagements clairs.«Rien avec le Modem», ont réaffirmé Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent.Le président du PG a critiqué les listesEurope Écologie : «Le capitalisme, cʼest dela foutaise ! »Le discours de Marie-George Buffet fut par-ticulièrement mordant à lʼégard de «labande du Fouquetʼs». La secrétaire natio-nale du PCF a exigé que lʼon traite les chô-meurs en fin de droits comme on a traité lesbanques, nʼhésitant pas à manier lʼhumour,

comparant Nicolas Sarkozy à un «boxeurdentiste qui voudrait vous vendre un dentieraprès vous avoir démoli le portrait». La diri-geante communiste a lancé un appel auxouvriers, aux chercheurs, aux professeursdʼuniversité à partager lʼespoir dʼunegauche qui gagne. La campagne est donclancée et Pierre Laurent a fustigé la chef defile de lʼUMP, Valérie Pécresse, «qui a déjàmis à feu et à sang lʼuniversité et larecherche». «Ce serait une folie de lui lais-ser les clés de la région, ce nʼest pas deplus de concurrence dont a besoin notrerégion», a-t-il déclaré à propos du GrandParis, «ou plutôt du Paris des actionnaires,mais de plus de solidarité», avant dedétailler les propositions du Front degauche pour lʼÎle-de-France. Unité, solidari-té, ces maîtres mots de ce lancement dʼunecampagne que chacun, samedi, avait hâtede mener…

GRAND SUCCÈS POUR LE MEETING PARISIEN DU FRONT DE GAUCHE

L’IMPATIENCE DE MENER CAMPAGNEPari réussi pour le Front de gauche qui a réuni 4000 personnes samedi à Paris, au Palaisdes congrès. Toutes les formations et coalitions en lice pour le scrutin du 14 mars prochainétaient présentes. Lʼélargissement a été salué par tous les participants.

— Marie-George Buffet (PCF) :«Ce qui nous soude et fait notreforce, cʼest le combat pour lʼintérêtgénéral, pour le changement.Nʼécoutez pas ceux qui parlent àvos peurs, écoutez ceux qui parlentà votre intelligence. Nos listes sont100 % mouvement social, nos élusseront des boucliers contre larépression, de soutien à tous ceuxqui luttent. Le vote pour le Front degauche sera le vote anti-Sarkozyutile, cʼest-à-dire une sanction qui setransforme en action.»— Jean-Luc Mélenchon (Parti degauche) : «Voter avec nous, cʼestvoter pour un message clair et net,de résistance sociale tous azimuts.Je nʼai pas peur de le dire : nous necherchons à récupérer aucune luttemais nous sommes dʼaccord pourêtre récupérés par tous ceux qui

veulent lutter. Nous voulons que lesrégions soient un point dʼappui desluttes.»— Pierre Laurent (tête de liste duFront de gauche en Île-de-France) : «Valérie Pécresse (UMP)vient avec un objectif unique, leGrand Paris, que jʼappelle le Parisdes actionnaires. Cʼest un projetarchaïque, inégalitaire et autoritaire.Pour nous, lʼégalité sera le moteurpour le développement dʼune métro-pole parisienne, ainsi, en matière detransport, un titre unique pour tousau prix des zones 1-2. Le 14 mars,nous devons être la locomotive dela gauche.»— Christian Piquet (Gauche uni-taire) : «Hier, le front de gauche aouvert le chemin de lʼespoir àgauche, aujourdʼhui, cet espoir sʼestélargi. Les colères sont aujourdʼhui

orphelines dʼune gauche à la hau-teur. Nous voulons rassembler tousceux qui veulent une gauche bien àgauche, qui veulent une ruptureavec le capitalisme.»— Yann Cochin (syndicalisteEDF) : «EDF et GDF appliquent descritères de rentabilité avec, pourconséquence, la souffrance au tra-vail. Cʼest le ras-le-bol, la colère,face à des directions qui refusentdʼentendre et prononcent 240 sanc-tions et licenciements, cʼest une pre-mière. Cʼest pourquoi, comme diri-geant syndical, je me suis engagédans une grève de la faim. Je suisici pour dire que la gauche de lagauche unie peut promouvoirdʼautres choix politiques.»— Éric Nabet (syndicalisteRATP) : «Nous devons porter lʼexi-gence du droit au transport pour

tous. Le vote pour le Front degauche cʼest le construire un rapportdes forces au plan régional nousdonnant les moyens de nous oppo-ser aux choix libéraux de NicolasSarkozy.»— Didier Dreyfuss (professeur demédecine, signataire de lʼAppeldes appels) : «Le pouvoir veutdétruire notre système de santédont 80 % des Français se disentsatisfaits. La réforme Bachelot etcelle sur la tarification à lʼactivité fontdisparaître les missions de servicepublic pour privilégier la logique derentabilité. Il ne suffit plus de criti-quer, aujourdʼhui je mʼengage.»— Christian Favier (présidentPCF du conseil général du Val-de-Marne) : «Alors que le gouverne-ment veut faire passer ses dange-reux projets sur la réforme des col-

lectivités locales qui vont remettreen question les services publics deproximité, les régionales doiventêtre le moyen de sʼy opposer.»— Loïc Penne (syndicalisteurgentiste) : «Nous avons besoindʼélus qui redescendent auprès descitoyens. Avec des listes gagnantesà gauche nous pourrons créer par-tout des assemblées constituées deprofessionnels de la santé, decitoyens, dʼusagers, pour faireopposition à la réorganisation dupouvoir des hôpitaux.»— Claire Villiers (Alternative) :«Nous devons réussir ce rassem-blement, cette campagne. Celapourrait rouvrir lʼespoir. Nous enavons tous la responsabilité. Celleaussi de recomposer la gauchepour construire enfin des politiquesde rupture.»

LOCOMOTIVE D’UNE GAUCHE DE COMBAT, 100 % MOUVEMENT SOCIAL

page 4:page 4 13/01/10 14:29 Page 1

CMJN

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010- 5 -

Élections régionales

LL EE MUP, trois lettresque Robert Huecherche à vendreau plus offrant àlʼoccasion des élec-tions régionales. Déjà

il a réussi à trouver pour lui mêmeune place sur la liste de Jean-PaulHuchon, président du PS de larégion Île-de-France. Fort de cepremier coup, il fait la tournée desrégions pour faire passer son mes-sage et placer quelques uns deses disciples fort peu regardantcomme lui, sur la politique récentedu Parti socialiste.La semaine dernière, il était à Lillepour proposer ses services àDaniel Percheron.Il était entouré pour cet acte debravoure de Yvan Renar, sénateurcommuniste du Nord, et de Jean-Paul Decourcelles, adjoint aumaire de Lens. Alors que le PS adéjà bouclé ses listes et que lescommunistes du Nord/Pas-de-Calais partiront à la bataille derriè-re Alain Bocquet sur une liste Frontde gauche, Robert Hue essaie desemer le trouble en se déclarant«communiste constructif». Ce futla même démarche pour Jean-Paul Decourcelles qui avait intégrélors des élections municipales de2008 la liste du maire socialiste deLens en se déclarant «nouveaucommuniste». Une occasion rêvéepour Guy Delcourt, maire de Lens,dʼafficher un «candidat communis-te» sur sa liste alors que la listePCF partait en campagne sous sespropres couleurs,Guy Delcourt ayant refusé lʼunion.Ce ralliement de Jean-Paul Decourcelles nʼa pas eu lʼeffetescompté car, pour la première foisdepuis la libération, le candidatsocialiste ne passait pas la barredes 50% dès le premier tour à lʼoc-casion dʼune élection municipale.Pis encore, la liste de Guy Delcourtne dépassa pas non plus les 50%lors du second tour.Daniel Percheron va certainementy regarder à deux fois avant deproposer une place à Jean-PaulDecourcelles ou à un autre de sesamis aux dépens dʼun colistiersocialiste qui risque de ne pas biencomprendre la démarche.Robert Hue estime que «la gaucheaspire à lʼunité. Les régionales pré-figurent le premier tour de la prési-dentielle, des succès de la gaucheen mars dépend sa capacité à êtreforce dʼalternance en 2012».Un argument qui ne tient pas laroute. En 2004, le PS prenait latête de 20 régions sur 22. Cela nʼapas empêché le candidat socialistede sʼincliner devant Sarkozy en2007. Pour battre la droite, il fautune gauche audacieuse qui rompeavec la politique dʼaccompagne-ment du capitalisme dont sʼaccom-modent de nombreux respon-sables socialistes. Le meilleurmoyen de faire bouger le PS cʼestde refuser cette dérive et de mon-trer quʼun autre chemin à gaucheest possible.

Robert Hue sʼégare sur la listede Jean-Paul Huchon

Si les communistes en général peu-vent avoir des critiques à formulersur la politique de la social-démocra-tie qui devient de plus inféodée à lasacro-sainte «construction euro-péenne néolibérale», cela est enco-re plus évident quand il sʼagit deJean-Paul Huchon, actuel présidentde la Région Île-de-France, auquelRobert Hue doit trouver quelquesqualités pour avoir postulé une placesur sa liste pour les prochaines élec-tions régionales.Pourtant, un récent livre* commispar le président socialiste dʼÎle-de-France est à même de prouver quesa ligne politique se rapproche plusdu centre droit que de la gauche.

Voici quelques morceauxchoisis :

• Education/école :“Il faudra quand même, un jour, oserposer la question de la régionalisa-tion de lʼEducation nationale. Je saisbien que je bise, là, un tabou fonda-mental de la gauche, mais on vientde nous confier les personnels tech-niques, on va certainement nousconfier dans la foulée les personnelsadministratifs, cʼest-à-dire les inten-dants et les personnels administra-tifs, quʼest-ce qui empêche que lʼonnous confie les professeurs dès lorsquʻil existe toujours des programmesélaborés au plant national par unecellule de prospective intelligente delʼEducation ? Franchement, je nevois rien qui puisse sʼopposer à cettemutation !” - p. 125“Il nʼy a aucune raison que des mil-liers de fonctionnaires de larecherche relèvent de lʼEtat”. p. 137“Au sein du Conseil régional dʼIle-de-France, par exemple, jʼai fait voterpar les socialistes, lʼUMP, lʼUDF et leFront national une aide à lʼenseigne-ment privé dans les lycées. Les che-vènementistes ont voté contre, maisles communistes et les Verts se sont,eux, abstenus, ce qui, en soi, estdéjà un progrès !” - p. 72• Services publics :“Il ne faut pas confondre servicepublic et entreprise publique. Jepense quʼil nʼy a plus tellement dejustification à lʼexistence dʼentre-prises publiques. On peut imposer àcertaines entreprises un cahier descharges, lʼEtat peut disposer de“Golden Shares” pour faire entendresa voix, bref on peut imaginer desdispositifs qui font que lʼEtat a sonmot à dire, pour autant on ne peutignorer le marché et maintenir à toutprix une entreprise dans les secteurpublic lorsquʼelle est soumise auximpératifs de la concurrence…” p.135“Tout débat sur la renationalisationest de nature à nous renvoyer25 ans en arrière, don je nʼy suis pasfavorable. On peut encadrer trèsstrictement une entreprise conces-

sionnaire sans la nationaliser. Cʼestce quʼil faudrait faire si on privatisaitcomplètement EDF. Au fond, laquestion, désormais, est ailleurs.Les problèmes de taille dʼentre-prises, dʼinvestissement et de rap-prochement qui sʼimposent du fait dela mondialisation rendent le débatsur les nationalisations caduc.” -p. 136• Cadeaux au grand patronat :“La région Ile-de-France vote descrédits, y compris pour les grandsgroupes, pour développer des pôlesde compétitivité. Sincèrement, il y aencore 3 ans, je nʼaurais pas étécapable de faire adopter cesmesures par ma majorité… puisqueles crédits sont versés dans deszones qui marchent”. - p. 72• Institutions : à bas le départe-ment, lʼunicité de la Loi ! :“Mais, globalement, si une collectivi-té devait disparaître, à long terme ceserait évidemment le département.Non parce quʼil gère la proximité (aucontraire) mais parce quʼil est deve-

nu, en fait, le refuge du jacobinisme.Cʼest là que sʼinstallent les servicesde lʼEtat pour se développer.” -p. 127“Une sous-préfecture ne sert prati-quement à rien”. - p. 134• Vive lʼEurope des régions ! Abas la France ! :“Je vous livre le fond de ma pensée :je me sens plus Européen queFrançais. Il mʼest très facile dʼimagi-ner une cosmogonie institutionnelledans laquelle il y aurait lʼEurope,directement branchée sur lesrégions, et les régions sur des com-munes regroupées par lʼintercom-munalité. Cʼest la logique à venir dela chaîne du pouvoir. Je nʼai pas dʼat-tachement national. Je me sens plusà lʼaise dans certains pays qui sontmoins violents, moins durs, moinsdiscutailleurs. Jʼai une sympathienaturelle pour les Anglo-saxons, lesScandinaves : ce sont des gens quifont la queue, qui ne vous klaxon-nent pas quand vous êtes perdus, ily a une discipline. Cette civilisation

nʼexiste malheureusement pas enFrance ! Autrement dit, je nʼauraisaucune difficulté à vivre dans unepatrie qui serait lʼEurope, avec unepatrie secondaire qui serait la régiondans laquelle je vis, à condition quʼel-le ait un dessein culturel suffisam-ment compréhensible et partagé. LaNation ? Je ne crois pas à son ave-nir parce que je nʼai jamais cru àcette histoire dʼidentité nationale. Jene mʼaccroche pas à ces idées-là !” -p. 142 et 143• PCF : hier redouté, aujourdʼhuiméprisé :“La SFIO, puis le nouveau partisocialiste, à partir du congrèsdʼEpinay, ont toujours dû prouverquʼils étaient à gauche. Le PCF acontraint les socialistes à une per-manente surenchère.” - p. 28“Nous sommes un parti dʼélus relati-vement pragmatiques. Le socialismemunicipal ne sʼest, en effet, jamaissoumis au communiste ou aumarxisme”. - p. 29“La stratégie dʼUnion de la gauche aété dʼune redoutable efficacité. Elle ainversé très vite le rapport de forceentre PS et PC. Mais nous avonspayé un prix idéologique très élevé.”- p. 54“Les communistes peuvent évoluer,mais ce nʼest plus un parti véritable-ment national : il contrôle des pochesélectorales, il nʼa plus de doctrine,ses dirigeants sont perdus, une par-tie dʼentre eux pensent quʼils sontencore les porte-parole des damnésde la terre, mais cela ne va pas au-delà. Et plus personne ne croit, parailleurs, au communisme salvateur.Dans une certaine mesure, on peutdire, tant pis si ça choque, que lecommunisme, au sens historique,messianique, a disparu”. - p. 85“Donc le seul chemin possible, cʼestde continuer à refuser la dominationidéologique des communistes… Jʼaila conviction que nous nʼavonsjamais été aussi proches de cettealliance entre la gauche et le centre.Avec les communistes, il faut leurproposer un chemin, commun, lesaider à évoluer : ce nʼest pas impos-sible, ils représentent une sensibilitéréelle, mais ils doivent avec nousassumer le monde dʼaujourdʼhui etles contraintes du pouvoir, aurebours dʼune tradition purement tri-bunitienne.” - p. 86Nʼen déplaise à Martine Aubry, cenʼest pas avec ce genre de discoursque les socialistes vont dans lesrégions changer la vie des gens,faire surgir une gauche engagée etcréer les foyers de résistance à lapolitique de Sarkozy.

Jean-Michel Humez

* De battre ma gauche sʼest arrê-tée. Éditions du seuil mars 2008.

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA GAUCHEAVANT DE GLISSER

UN BULLETIN DE VOTE DANS LES URNESRobert Hue crée le MUP (Mouvement pour une Union Populaire) et courtiseles responsables socialistes régionaux contre la volonté majoritaire desmilitants communistes.

Jean-Paul Huchon : “J’ai laconviction que nousn’avons jamais été aussiproche de cette allinaceentre la gauche et lecentre”.

page 5:page 5 14/01/10 11:56 Page 1

CMJN

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010- 6 -

Agriculture

• Liberté 62 : «La durée et larépétition des poursuitesjudiciaires engagées contre laConfédération paysanne suite àson action syndicale à Cuincyen décembre 2004 semblent,pour beaucoup de personnes,relever de lʼacharnement. Quʼenpensez-vous ?»— François Théry : «La volontédu pouvoir dans cette affaire, cʼestde casser la contestation et demaîtriser lʼopinion publique. Et lemeilleur moyen pour casser desluttes syndicales cʼest, quandmême, dʼintimider les syndica-listes, de mettre la pression sureux et de leur faire peur pour quʼilsne bougent plus. A cette fin, lepouvoir utilise la justice mais je nesuis pas sûr que les magistratsapprécient de traiter ce genre dʼaf-faires à répétition parce quʼils ontautre chose à faire. La preuvecʼest que des relaxes et desamendes très faibles sont requisespar eux. Par contre, lʼeffet sur lʼac-tion syndicale, à mon avis, est bience qui est recherché et risque desʼavérer efficace. Quand on voitdes syndicalistes au tribunal, celanʼincite pas les paysans à se mobi-liser et à lutter aux côtés des syn-dicalistes.»• L. 62 : «Pourtant le monde agri-cole se mobilise. Peut-on vraimentlʼintimider ?»— F. T. : «Les paysans, aujour-dʼhui, se mobilisent en France. Onle voit à travers la crise du lait enparticulier. Ils se mobilisent mêmede façon quelquefois brutale etsoudaine parce quʼils sont face àune impasse, celle de la politiqueagricole telle quʼelle est conduiteet qui les mène à des situationscatastrophiques. Quand il nʼy aplus de revenus du travail, quand ily a la faillite, effectivement, lespaysans vont dans la rue et nʼontplus peur. Mais, je ne suis pas cer-tain que les plus bruyantes de cesmobilisations soient porteuses dechoses très positives. Pour moi, laseule mobilisation qui puisse per-mettre de construire un avenirpour les paysans, cʼest une mobili-sation syndicale qui sʼappuie surdes revendications solides, surune réflexion politique, sur deschoses construites. Et nous, cʼestce que nous proposons quandnous proposons la régulation desmarchés et la répartition des droitsà produire. Tout cela se construitet se revendique. Pas seulementquand tout va mal.»• L. 62 : «Le terme de «régula-tion» revient souvent dans les dis-cours du syndicalisme agricoleactuel et ceci, de tout bord. Est-ceun effet de mode lié à la montée dela crise actuelle ? «Régulation»,quʼest-ce que cela veut dire ?»— F. T. : «Lʼidée de régulation està la mode parce que, depuis un anet demi, on voit les dégâts de

lʼabandon de la régulation desmarchés et notamment sur le lait.On sʼaperçoit bien que lʼexcès deproduction entraîne tout le mondedans la faillite. Effectivement,aujourdʼhui plus quʼhier, on parlede «régulation». Nous, ce quenous disons cʼest que la régula-tion, cela ne suffit pas. Dʼabordparce que cette régulation peutêtre construite de différentesfaçons. On peut simplement pro-poser de nouveaux contrats entreles industriels et les agriculteursmais on voit bien que ce sont lesgros producteurs et les industrielsqui tireront leur épingle de ce jeu.Une simple régulation, si cʼestpour conforter la concentration dela production dans quelquesmains, cela nʼest pas ce que veutle monde paysan. Nous, à laConfédération paysanne, ce quenous proposons depuis longtempscʼest, à la fois une maîtrisepublique des marchés et unerépartition des droits à produire.Nous pensons que la maîtrise desmarchés ne peut exister que si ona une volonté de répartir cʼest-à-dire si on a pour objectif social demaintenir un maximum de produc-teurs. Sinon, je ne vois pas pour-quoi la société accepterait de sou-tenir des marchés, parce que celaa un coût, pour satisfaire quelquesagri-manager et puis laisser à larue la majorité des producteurs.Aujourdʼhui, il nʼy a plus seulementque les «petits» qui sont en faillite.Même les plus productivistes sont

au pied du mur. Si on ne marcheque sur la compétition dans unsystème ultralibéral, il nʼy a pasgrand monde qui pourra sʼen sor-tir.»• L. 62 :«Le système «ultralibéral»est en crise actuellement dans lemonde agricole comme dans lesautres domaines de lʼéconomie. Ya-t-il selon vous une alternative àce système pour ce qui est dumonde agricole ?»— F. T. : «Pour nous, lʼalternativecʼest lʼagriculture paysanne. Or,pour pouvoir développer une agri-culture paysanne, il faut travaillersur la question de la souverainetéalimentaire cʼest-à-dire sur le droitdes peuples à définir leur politiquealimentaire et donc à se protéger.La souveraineté alimentaire, pournous, donc, est un thème essen-tiel. Cʼest à la fois une questioninternationale et en même tempsune question locale. On ne peutenvisager la souveraineté alimen-taire cʼest-à-dire le droit à se proté-ger et à définir notre politique quesi lʼon adopte une politique respec-tueuse vis-à-vis des autres pays.Pour nous, cʼest cela lʼalternative :le droit des peuples à protéger leuragriculture et à définir le systèmedʼalimentation qui leur convient lemieux. A partir de là, si on admetcela, on peut avoir une politiquequi, à la fois, protège les produc-teurs et qui garantisse un revenude leur travail à un maximum de

producteurs sur les territoires.Aujourdʼhui, on est plutôt dans unepolitique qui garantit un maximumde revenus aux capitaux et, enmême temps, cela nʼest pas forcé-ment couplé à une politique quisoit exigeante dʼun point de vueenvironnemental. Les deux vontde pair. La société peut accepterde rémunérer le travail paysan sice travail contribue à une alimen-tation saine de qualité et qui pré-serve lʼenvironnement pour lʼave-nir.Au niveau international mais aussià lʼéchelle dʼune ferme, on a toutintérêt à aller dans ce sens-là. Enfait, les pratiques qui préserventlʼenvironnement, ce sont les pra-tiques les plus productives sur lelong terme et si on raisonne globa-lement. Les pratiques producti-vistes actuelles qui produisentpour produire, sans sʼoccuper delʼenvironnement, ce sont des pra-tiques qui nʼont pas dʼavenir : ellesengendrent un coût pour la sociétéqui est énorme : elles polluent,elles détruisent les sols. Commentdemain pourra-t-on encore produi-re ? Actuellement, il y a des mil-lions dʼhectares dans le monde quidisparaissent chaque année àcause de lʼintensification et despratiques productivistes.»• L. 62 : «Productivisme et pro-ductivité ne sont-ils pas syno-nymes ? Ne faut-il pas produireplus pour faire face aux enjeux dudéveloppement actuel ?»

— F. T. : «A la Confédérationpaysanne, nous sommes pour uneagriculture qui soit intensive sur letravail : plus sur le travail et moinssur les capitaux. Une agriculturepaysanne, cʼest une agriculturequi va encourager le travail et quiva arrêter de soutenir la capitalisa-tion.Cʼest tout le contraire de ce quʼonfait aujourdʼhui. En France, il nesʼagit pas de produire plus pournourrir le monde mais de produiremieux. Si certains pays doiventproduire plus, ce sont les pays envoie de développement et euxaussi, dʼune manière non producti-viste. Il faut faire le constat que lespaysans, en France, se sontlaissés complètement embrigadéspar les grandes firmes et mêmedes grandes coopératives qui sontcensées être aux mains despaysans. Le seul moyen de sʼensortir cʼest, pour les paysans, deprendre conscience de cela et derevenir à des pratiques plus auto-nomes à la fois dans la tête etdans les bras. Lʼautre moyen desʼen sortir, qui paraît plus réaliste,cʼest de compter sur la société, surles citoyens et les consommateursqui, a un moment donné, en ontmarre de payer pour une alimenta-tion qui nʼest pas correcte, qui enauront assez de payer pour despollutions et des faillites. Cʼest toutce que le système engendre.»

Propos recueillis parJérôme Skalski

«UNE SIMPLE RÉGULATION,SI C’EST POUR CONFORTER LA CONCENTRATION

DE LA PRODUCTION DANS QUELQUES MAINS,CE N’EST PAS CE QUE VEUT LE MONDE PAYSAN»

Présent aux côtés des syndicalistes convoqués au TGI de Douai ce mardi 12 janvier,François Théry, porte-parole de la Confédération paysanne du Pas-de-Calais, sʼentretientavec Liberté 62 sur les combats portés par son organisation.

Pour avoir participé à une action syndicale à Cuincy, dans le Nord, en décembre 2004, six membres de la Confédération paysanne du Nord-Pas-de-Calais avaient été condamnés, en mai 2008, à 800 eurosd'amende pour «vol en réunion» - trois amendes fermes et trois avec sursis. Ce mardi 12 janvier, deux d'entre eux, Bernard Coquelle et Antoine Jean, étaient convoqués par le Tribunal de Grande Instance(TGI) de Douai pour avoir refusé de se soumettre à leur fichage génétique suite à cette condamnation. En décembre dernier, Bernard Coquelle, été condamné à 1€ d’amende en première instance, peinecontestée par le procureur de la République. Après audience ce mardi, sa peine a été confirmée par le TGI de Douai. Antoine Jean, pour sa part, comparaissait en première instance. Il a été requis 1€ fermeà son encontre. Non loin du tribunal de Douai, une vingtaine de citoyens, de militants associatifs, syndicaux et politiques s'étaient rassemblés pour manifester leur soutien aux membres de la Confédérationpaysanne poursuivis et pour dénoncer l'acharnement du pouvoir judiciaire à leur égard.

page 6:page 7 13/01/10 10:56 Page 1

CMJN

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010

Calais

- 7 -

PPARAR la présente, je sou-haite vous présentermes voeux lesmeilleurs pour l'année2010. Bonne annéevous, vos familles, les

personnes qui vous sont chères.Tous mes voeux de santé, de bon-heur, et de réussite dans vos pro-jets personnels et professionnels.L'année 2009 a été très difficilepour un grand nombre de noscitoyens. Des milliers de per-sonnes ont subi de plein fouet lesdérives d'un système capitaliste,les paupérisant encore un peuplus chaque jour et créant desinégalités de ressources et derevenus.Ainsi, qu'est-il devenu de la joiepromesse du candidat Sarkozyd'être le président du pouvoird'achat, tandis que les prix à laconsommation et les chargesénergétiques ne cessent d'aug-menter, quand les revenus de lamajorité des français, eux, stag-nent. Quant aux plus fragilesd'entre eux, les chômeurs, les tra-vailleurs pauvres et les retraités,ils tentent tant bien que mal desurvivre. Au point que certainsd'entre eux sont contraints d'ex-plorer les poubelles des supermar-chés pour pouvoir se nourrir. Cettesituation est intolérable, et elle estindigne du «pays des droits del'homme».Il est par conséquent indécentd'entendre, dernièrement, NicolasSarkozy, s'autocongratuler et van-ter ses réformes qui selon luiauraient sauvés la France d'uncataclysme économique. En réali-té, la seule France qui ait bénéficiédes bienfaits de sa politique, c'estcelle d'en haut ! Celle qui le reçoità bord de ses yatchs, celle qu'ilinvite au Fouquet's, celle qui fouleau pied l'identité française enmenaçant de quitter le pays, voired'acquérir une autre nationalité, sielle n'obtient pas des allègementsfiscaux outrageusement avanta-geux.Dans la France de NicolasSarkozy, il y a la grande majoritéde ceux qui tentent de survivre et

puis il y a le petit nombre de nan-tis qui s'enrichit toujours plus, àl'image du bouclier fiscal qui rap-porte en moyenne 33.000 euros àceux qui pourtant n'en avait pasplus le besoin. En vérité, le gou-vernement génère ds mesuresinégalitaires, injustes, méprisanteset il entretient des rapports mal-sains avec les plus fortunés.Ainsi en pleine crise financière, lesvannes de Bercy ont été ouvertespour éponger les dettes de richesbanquiers sur les marchés spécu-latifs, pour renflouer les groupesautomobiles et cela sans contre-partie pour l'emploi et sans impo-ser de contrôle minutieux sur l'uti-lisation cohérente de ces fondspublics. A contrario, la source esttarie lorsqu'il s'agit de l'éducationde nos enfants, de la sauvegardede nos hôpitaux, de la préserva-tion de nos services publics, denotre protection sociale ou encorede donner un coup de pouce auxsalaires et aux retraites.L'état de notre économie est très

préoccupant, la baisse du pouvoird'achat, pour la majorité desFrançais l'augmentation du chô-mage, les délocalisations, la pertede savoir-faire n'ont pas attendu lacrise financière pour s'installer enFrance, la crise n'a fait qu'aggra-ver la situation.Ainsi la mise à mort de notreindustrie est programmée depuislongtemps, le gouvernement luipréférant des activités de services.Nos gouvernants nous ont présen-té la disparition de l'industrie enEurope comme inéluctable, pour-tant l'Allemagne a préservé lasienne, l'a modernisée et conser-vée toute sa compétitivité.La France, de ce fait, produit demoins en moins de richesses etdevient de plus en plus dépendan-te de ses importations. Or, uneéconomie ne peut être saine lors-qu'elle importe plus qu'elle n'ex-porte. Là encore la comparaisonavec l'Allemagne est édifiante,alors que nous accusons un déficitde notre commerce extérieur de

40 milliards d'euros, nos voisinsd'outre Rhin affichent un excédentde 200 milliards.La lutte contre les délocalisationsétait aussi voeu pieux du candidatSarkozy. Pourtant, le phénomène,loin d'avoir été stoppé, s'est ampli-fié, avec pour conséquences l'ag-gravation du chômage et de laprécarité engendrant des drameshumains. Les délocalisations affai-blissent le tissu économique de laFrance, mettent à mal le dévelop-pement du territoire et sont desfacteurs de chantages sur les rela-tions sociales.Le bilan de l'année écoulée estsombre et malheureusement l'an-née 2010 ne se présente pas sousles meilleurs hospices. Le gouver-nement compte bien mettre enchantier un certain nombre deréformes qui auront un impact nonnégligeable sur nos concitoyensavec des effets dramatiques surles plus fragiles d'entre eux enco-re une fois.Le système de retraite, pour com-

mencer, avec des mesures d'al-longement de la durée de cotisa-tion, d'âge de départ à la retraite,des discussions sur la pénibilité dutravail et l'employabilité desséniors.La réforme des collectivités, poursoumettre les élus locaux en limi-tant leurs marges de manoeuvresfinancières et fragiliser ainsi l'auto-nomie des communes, des dépar-tements et des régions et affaiblirla démocratie locale. La suppres-sion de la taxe professionnelle quiprive les collectivités d'une recetteprincipale au risque de devoir faireporter aux seuls ménages la pertede cette manne financière.Même si l'avenir de notre payssous l'ère Sarkozy paraît bien bru-meux, les Français peuvent néan-moins gardés espoir. Le récentcamouflet subit par Sarkozy, aprèsl'annulation par le ConseilConstitutionnel de l'injuste «taxecarbone», son échec à la confé-rence de Copenhague, sa dégrin-golade dans les sondages et laperspective d'une défaite cinglanteaux élections régionales de marsprochain doivent donner dubaume au coeur, à tous ceux quicroient en une autre politiquebasée sur l'équité, la solidarité etla justice sociale.Lors de sa présentation de voeuxaux français, Nicolas Sarkozy avoulu «redonner un sens au beaumot de notre devise nationale, fra-ternité». En ce qui me concerne, jel'invite à ne pas occulter les deuxautres mots qui complètent cettedevise et de les mettre en applica-tion pour le bien de la France. Enattendant, je la reprends à moncompte et je souhaite, à toutesnos concitoyennes et à tous nosconcitoyens quelque soient leursorigines ethniques, leurs confes-sions religieuses, leurs sensibilitéspolitiques ou syndicales, leursorientations sentimentales, qu'ilsobtiennent pour cette nouvelleannée, plus de liberté, plus de fra-ternité et plus d'égalité. Bonneannée à tous !

Jacky Hénin

VŒUX 2010 DE JACKY HÉNIN :“DES VALEURS DE RÉSISTANCE, DE LUTTESPOUR LA POPULATION DU LITTORAL”

Tête de liste pour le Pas-de-Calais aux élections régionales du 14 mars prochain, le députéeuropéen a fait parvenir aux médias la déclaration que nous reproduisons ici :

• LUNDI 23 NOVEMBRE 2009 :Compte rendu d'une réunion des«verts» de la région sur le projet«Calais port 2015» soumis audébat public (CNPD) avec inter-view de la conseillère régionale«verts» Catherine Bourgeois et lecommentaire de la rédaction«excellent résultat du parti auxEuropéennes».• JEUDI 26 NOVEMBRE 2009 :4ème reportage sur l'entrepriseCUNO et toujours pas allusion surles interventions de MonsieurHénin (seulement député euro-

péen !). Madame Courmont (prési-dente OPH, adjointe au maire deCalais) met en cause l'ancienmaire Jacky Hénin et la télévisionlocale ne donne toujours pas laparole à celui-ci pourtant mis encause, ni Claude Vanzavelbergque la TV locale (à la différencedes autres médias) n'a pas vu lorsdu rassemblement des locatairesde l'OPH.• VENDREDI 27 NOVEMBRE2009 : Évoquant le Conseil régio-nal (reportage à Lille), la TV localefait parler M. Roman (vice-prési-

dent PS), interview Mme Bouchartet bien évidemment pas M.Vanzavelberg, conseiller régionalPCF...Reportage sur une réunion duMODEM sur les Régionales et tou-jours pas trace de ClaudeVanzavelberg qui a adressé unelettre à Calais TV sur le projet«Calais port 2015».• JEUDI 10 DÉCEMBRE 2009 :Compte rendu du conseil municipalde Calais où Calais TV ne donne laparole qu'au maire Mme Bouchart.Compte rendu d'un point presse

sur «Calais port 2015» du prési-dent de la CCI Puisseseau et tou-jours pas une allusion aux déclara-tions de Claude Vanzavelberg.• VENDREDI 11 DÉCEMBRE2009 : Reportage sur le chômage àCalais, la TV annonce 14% de lapopulation au chômage alors quedepuis juin 2009 les statistiquesofficielles sont de 16,2%.• ET VENDREDI 18 DÉCEMBRE2009 : Cerise sur le gâteau àmoins de 3 mois des électionsrégionales...Reportage au Conseil régional à

Lille sur la session des 16, 17 et18 décembre, la TV donne la paro-le à Bouchart (UMP), Dubout (FN),François (PS), Bourgeois (Verts) etpas de trace du conseiller régionalVanzavelberg (intervention portantsur le projet «Calais port 2015» duPCF).Interview longue de Monsieur Bletsur la réunion de la communautéd'agglomération...Ceux qui doutent peuvent allervérifier sur le site de CTV qui, enprincipe, stocke les images desreportages !

UTILISATION MÉDIATIQUE PAR LA DROITE DE LA TÉLÉVISION LOCALE...Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) doit répondre !Comme nous l'indiquions dans une précédente édition, la section du PCF a fait parvenir uncourrier au Président du CSA dénonçant, exemples à l'appui, la politique «Télé Madame leMaire» et «Télé Monsieur le Président de l'Agglomération» notamment à quelquessemaines seulement des élections régionales de mars prochain. Parmi les exemplesflagrants de reportages diffusés cités dans cette lettre...

page 7:page 14 13/01/10 9:57 Page 1

CMJN

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010- 8 -

DépartementDIMANCHE 14 FÉVRIER

C'EST LA SAINT-VALENTINET LE LOTO DU PCF !

organisés à la salle des sports de Marck,rue du Stade (la maire UMP de Calaisinterdit depuis 2008 les lotos organiséspar le PCF).

VOTE DES MILITANTSDU PCF

Samedi dernier, malgré les conditions climatiques, les adhérents de lasection ont participé au vote organisé au siège et ratifié à 100% les pro-positions de liste du C.F. pour les Régionales avec notamment JackyHénin et Bertrand Péricaud comme candidats pour le Calaisis.

L’ACTUALITÉ DE LA SEMAINEVUE PAR BABOUSE

ÉLECTIONS RÉGIONALES 2010 :LA SOUSCRIPTION,

C’EST PARTI

LLEE rouleau compresseurdu libéralisme deSarkozy et de la droitecontinue à détruiretoutes les fondationssociales de notre socié-

té ; dernier exemple en date : l'im-position des indemnités accidentdu travail de la Sécurité sociale ;tout en maintenant le bouclier fis-cal pour les fortunés.Dans ce contexte politique, il esturgent de faire entendre une autrevoix : celle de l'espoir, de l'audace,de l'ambition. Plus que jamais larésistance, l'exigence du respectde la dignité humaine, sont d'ac-tualité.A la veille de rendez-vous poli-tiques importants, les commu-nistes du Nord et du Pas-de-Calais veulent être présents à l'en-semble de ces rendez-vous et yjouer un rôle déterminant.Ceci nécessite non seulement unengagement de tout instant de

chacun d'entre nous, mais celapasse aussi par un effortconséquent de communication surles contre-vérités développéeschaque jour par les détenteurs dupouvoir. Cela nécessite aussi d'in-former sur le contenu et les propo-sitions d'un projet alternatif au libé-ralisme ainsi que sur sa traductionpolitique.Nous nous devons également d'in-former sur l'enjeu des prochaineséchéances électorales, notam-ment les régionales de 2010.Celles-ci seront déterminantespour notre vie quotidienne comp-te-tenu du rôle de plus en plusimportant du Conseil Régionaldont les compétences ne cessentde croître.Pour cette échéance des 14 et21 mars, les communistes du Nordet du Pas-de-Calais ont sollicitéAlain Bocquet pour qu'il anime uneliste de large rassemblementbasée sur l'expérience du Front de

Gauche aux dernières électionseuropéennes.Afin de briser le mur du silencedes médias, construit par leMedef, la droite et le pouvoir ély-séen, pour museler l'expressionde toutes celles et de tous ceuxqui rejettent la logique libéralefaçonnant une société destructri-ce, il importe de donner plus devisibilité au mécontentement gran-dissant et davantage de lisibilitéaux messages d'espoir d'uneautre politique. Accroître nosmoyens de communication estdonc impératif : tracts, affiches,sites Internet, vidéos, débats, col-loques…Relever de tels défis implique desmoyens financiers à la hauteurdes exigences politiques actuelleset de nos ambitions pour un autreavenir

Michel AnsartTrésorier départemental PCF 62

NOUS APPELONS NOS LECTRICESET LECTEURS À LA SOUSCRIPTION

Je verseNOM : ………………………

………………………………

Prénom : ……………………

Adresse : ……………………

………………………………

Ville : …………………………

Code Postal : ………………

Téléphone* : ………………

E-mail* : ……………………

MONTANT : €LES CHÈQUES SONT À LIBELLER

À LʼORDRE DE “ADF-PCF 62”“ADF-PCF 62”ET À ADRESSER

ADF-PCF 6266 rue de la Gare - B.P. 256

62305 LENS CedexUn reçu ouvrant droit à la réduction fiscale vous sera adressé

* Mentions facultatives

page 8:page 6 13/01/10 9:59 Page 1

CMJN

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010 - 9 -

Solidarité

Rappel des faitsArrêté une première fois le 30 sep-tembre 2001, juste avant sa ren-trée scolaire en classe de premiè-re, Salah Hamouri, alors âgé de 16ans, se trouve placé deux mois enisolement à la Moskobieh, centredʼinterrogatoire et de détention deJérusalem. Il est jugé et condam-né à cinq mois de détention pouravoir collé des affiches et fait de la«propagande anti-israélienne»dans le cadre scolaire. Libéré enjanvier 2002 après avoir passé lereste de sa détention dans la sec-tion des mineurs à la prison deHasharon, il réintégre son lycée etpoursuit ses études jusquʼà lʼob-tention de lʼéquivalent du bacca-lauréat en juin 2003. Il sʼengage

alors dans des études de sociolo-gie à lʼuniversité de Bethlehem.A la fin du mois de février 2004,Salah Hamouri est arrêté uneseconde fois alors quʼil passait lasoirée chez des amis. Une despersonnes présente étant recher-chée par lʼarmée israélienne, lʼen-semble des jeunes présents sontarrêtés. Salah Hamouri passequatre mois en «détention admi-nistrative» dans différents campsmilitaires (Ofer, Katziot puisMaggido) au motif de cette seuleprésence.

Sept ans de prisonpour un «délit» imaginaire

Troisième et dernière arrestationle 13 mars 2005. Alors quʼil serend à Ramallah, Salah Hamouriest emmené à la prison deMoskobiah à Jérusalem. Il restetrois mois en isolement et en inter-rogatoire. Un mois après sonarrestation, sa famille apprend par

la presse quʼil est accusé dʼavoir«comploté» avec deux autresjeunes contre Ovadia Yossef, undirigeant du parti israélien Shass.Un «complot» qui se ramène poureux, en fait, à être passés en voi-ture, au ralenti, devant le domiciledu chef spirituel de ce parti dʼex-trême droite ultraorthodoxe quatremois auparavant.A cela sʼajoute la «présomption»de lʼappartenance de SalahHamouri à un mouvement de jeu-nesse réputé proche du FPLP(Front Populaire de Libération dela Palestine) organisation dont ilnʼa jamais été membre. Un «délitdʼintention» est constitué par le tri-bunal militaire. Salah Hamouri esttransféré à la prison de Beershebaoù il reste un an et demi pourrejoindre ensuite celle deHadarim, puis de Rimonim.Le 17 avril 2008, après trois ansdʼemprisonnement au cours des-quels une vingtaine dʼaudiencesont fait lʼobjet de reports succes-sifs faute de témoins et dʼélémentsde preuve permettant dʼétablir saculpabilité, Salah Hamouri estcondamné par le tribunal militairedʼOfer à sept ans de prison pour«complot et appartenance aux jeu-nesses du FPLP», et ceci à lasuite dʼune procédure de «plaidercoupable» quʼil a été contraintdʼaccepter sous la menace dʼunelourde aggravation de sa peine.Depuis, Salah Hamouri a fait lʼob-jet dʼun nouveau transfert et setrouve à la prison de Gilboa aunord dʼIsraël. Selon les termes du«jugement», il sera libérable le21 novembre 2011.

«Telle est donc la simplevérité»

«Telle est donc la simple vérité» :sept années de prison imposéespar une «justice» de cauchemarpour un «délit» imaginaire Lachose semble relever dʼun mau-vais roman aux allures kaf-kaïennes. Elle est pourtant réelleet se déroule à quatre heures devol de Paris, dans un Etat, «ami»de la France et pour un citoyenfrançais.«Notre jeune compatriote françaisest donc un otage» indique lʼappeldu Comité national de soutien àSalah Hamouri signé à lʼheureactuelle par des centaines de per-sonalités appartenant à diversesorganisations associatives, syndi-cales et politiques : «Il est otagede lʼoccupation israélienne quijuge ceux quʼelle opprime. Il estotage de la “justice” militaire israé-lienne qui lʼa contraint à sʼaccuserfaussement sous peine dʼune

sanction plus lourde sʼil refusaitson chantage.» Afin de faire plierlʼEtat dʼIsraël et faire sortir le gou-vernement français du «silenceassourdissant» entretenu autourdu scandale de la détention deSalah Hamouri la mobilisation enfaveur de la libération de SalahHamouri sʼétend. Dans le départe-ment, le Comité régional duNord-Pas-de-Calais de soutien àSalah Hamouri organise le lundi18 janvier, de 10 h 30 à 12 h 30,une réunion publique et une confé-rence de presse à la Maison desSociétés dʼArras.

Salah Hamouri est un otagefrançais de lʼEtat israëlien

Pour que le 13 mars 2010 ne soitpas la date anniversaire dʼuneannée de détention supplémentai-re de Salah Hamouri dans les pri-son militaires israëliennes et quele gouvernement français fasse lenécessaire pour faire cesser,avant cette date, le scandale deson incarcération, chacun estconvié à cette réunion ainsi quʼàrejoindre le Comité national desoutien à Salah Hamouri ensignant – en ligne, en particulier,sur le site régional de lʼAFPS duNord-Pas-de-Calais - lʼappel duComité national de soutien àSalah Hamouri ou en rejoignant leComité de parrainage à salahHamouri.

Jérôme Skalski

LIBÉREZ SALAH HAMOURI !Cela fera-t-il cinq ans à la date du 13 mars 2005 quʼaura été emprisonné Salah Hamouri,jeune compatriote franco-palestinien, dans les geôles israéliennes ? Cʼest la question que seposent les personnes qui sont mobilisées pour sa libération et qui voient arriver cette dateanniversaire avec consternation.Rappel des faits sur la base de la «biographie» de Salah Hamouri exposée en détail sur lesite de son Comité national de soutien ainsi que de la «simple vérité».

LE COMITÉ RÉGIONAL NORD-PAS-DE-CALAISDE SOUTIEN À SALAH HAMOURI

sous la présidence d’honneur de sa mère,Madame Denise Hamouri,

ORGANISE UNE RÉUNION D’INFORMATIONET UNE CONFÉRENCE DE PRESSE

À ARRASLE LUNDI 18 JANVIER DE 10 H 30 À 12 H 30Maison des sociétés - rue Aristide Briand

page 9:page 9 12/01/10 11:55 Page 1

CMJN

Liberté 62 n°896 - Le 15 Janvier 2010 - 15 -

Monde

LL EE 25 décembre, noël2009, un jeune nigé-rien de 23 ans, UmarFarouk Abdulmutallah,aurait tenté de faireexploser un avion de

ligne américain assurant la liaisonAmsterdam-Détroit.Il aurait caché un explosif puissantdans ses vêtements et était prêt àlʼutiliser. Seule lʼintervention de pas-sagers a pu éviter le pire.Deux jours après, on apprenait quele jeune homme, fils dʼun banquier,aurait avoué agir pour Al Qaïda-Yemen, aveu confirmé par la suitepar cette branche dʼAl Qaïda baséeen Arabie Saoudite qui a revendiquélʼattentat.Cette tentative a donné lieu à uneenquête au Royaume Uni où UmarFarouk Abdulmutallah poursuivaitdes études, enquête avec perquisi-tions de locaux.Les différents services de rensei-gnement américains dont le CIA etle FBI ont été mis en cause, puisquele nigérian a pu passer facilementles contrôles à lʼaéroport. Or cesservices étaient au courant puisqueUmar Farouk Abdulmutallah figuraitsur les listes de plusieurs milliers desuspects terroristes et que sonpropre père avait averti lesAméricains du radicalisme islamistede son fils. Le président américainBarak Obama a estimé que sa res-ponsabilité était engagée et sonconseiller pour lʼantiterrorisme JohnBrennan a avoué quʼil nʼétait pas àla hauteur de sa mission.Comme au temps de G.W. Bush, lapsychose du terrorisme qui menacelʼAmérique, réapparait. BarakObama a annoncé une série deréformes du renseignement et de lasécurité aérienne pour prévenir lesattentats. Le ministre de la sécuritéantérieure Jamel Napolitano a

annoncé le déploiement de300 scanners corporels dans lesaéroports dʼici un an et un renforce-ment de la coopération internationa-le.G.W. Bush sʼétait illustré en théori-sant sur la guerre contre le terroris-me.La tactique de Barak Obama étaitdifférente, banissant le terme deguerre et insistant sur le droit despersonnes.Après lʼinstallation de sept basesaméricaines en Colombie, lʼenvoi de30.000 soldats supplémentaires enAfghanistan, le prix Nobel de la paixrenoue mais avec un style moinsagressif avec la politique de sonprédécesseur.À ces concitoyens, Barak Obama aexpliqué : «Nous sommes en guer-re. Nous sommes en guerre contreAl Qaïda, un réseau violent haineuxdʼune grande portée qui nous a atta-qués le 11 septembre 2001, qui atué près de 3000 personnes inno-centes et nous allons faire tout cequi est nécessaire pour les défaire»ajoutant : «Dans la course sans finpour protéger notre pays, nousdevons avoir un pas dʼavance surun adversaire agile», ce qui autorisedonc toutes les interventions ponc-tuelles ou permanentes, dʼuneampleur plus ou moins grande par-tout dans le monde...

Le Yemen, nouvelle ciblede lʼantiterrorisme

Umar Farouk Abdulmutallah avaitavoué quʼil a été entraîné dans uncamp dʼAl Qaïda au Yemen.Cela fait du Yemen, aux yeux desaméricains, un nouveau sanctuairedʼAl Qaïda.Pour autant, Barak Obama nʼenvi-sage pas lʼenvoi de troupes auYemen comme en Irak et en

Afghanistan. Il considère en effetque la lutte essentielle doit êtremenée dans la région frontalièreentre lʼAfghanistan et le Pakistan.En fait, au Yemen, la plus grandemenace ne vient pas dʼAl Qaïda. Lepays est destabilisé par une multitu-de de conflits. Au Nord, le gouverne-ment est confronté à une insurrec-tion des chîites zayilistes. En dépitde lʼaide apportée par lʼArabieSaoudite, le président AbdallahSalah ne parvient pas à écraser cemouvement.Au Sud, qui a fusionné avec le NordYemen en 1990, les tendancesséparatistes se manifestent.Jusquʼen 1990, le sud formait laRépublique démocratique et popu-laire du Yemen, de régime socialis-te. La division entre deux Yemennʼétait pas issue de la secondeguerre mondiale mais remontait auXIXe siècle avec la colonisation duSud par les Anglais. Très tôt, lʼoppo-sition entre les deux régions du nou-veau Yemen sont réapparues,compte tenu de lʼautoritarisme duprésident Abdallah Saleh. Une guer-re civile a eu lieu en 1994.Lʼopposition actuelle est davantageune opposition sociale mais les ten-dances séparatistes réapparaissentavec des manifestations pour lʼindé-pendance. Enfin, touché par la criseéconomique, le Yemen est confron-té à une vive opposition intérieurequi réclame des élections.Les Américains craignent quʼunedestabilisation du régime ne touchelʼensemble de la péninsule ara-bique. Ils nʼenvisagent pas uneintervention militaire qui ménerait àune montée de lʼanti-américanisme.La solution est donc lʼaide au gou-vernement, aide financière (150 mil-lions de dollars donnés au gouver-nement) et aide militaire par la for-mation et lʼencadrement de lʼarmée

Yemenite. Cependant, les forcesspéciales américaines agissent bienavant ces événements au Yemen etdes interventions ponctuelles améri-caines ont lieu. On impute auxforces américaines le bombarde-ment de supposés camps dʼentraî-nement dʼAl Qaïda au Yemen les 17et 24 décembre 2009 qui auraientfait 60 victimes.Par ailleurs, à partir de Djibouti, unebase américaine très importante(infanterie, aviation et marine) lesAméricains peuvent intervenir à toutmoment.Lʼobjectif nʼest pas tant le pétrole etle gaz du sud-Yemen dont lesréserves sʼépuisent que le contrôlede la péninsule arabique.

Les nouvelles mesuresanti-terroristes envisagées

Dans la lutte contre le terrorisme àlʼintérieur des États-Unis, G.W.Bush avait adopté des mesuresdʼexception mettant en cause leslibertés individuelles avec le PatriotAct.B. Obama, au nom du droit, a aban-donné en partie ces mesures. Maisil a conservé les tribunaux militairespour juger les terroristes présumésde même quʼil a conservé le contrô-le aux frontières et les lois sur lʼim-migration (la marche des sanspapiers montre lʼopposition à cettepolitique).Le Congrès américain qui doit seréunir mi-janvier examinera lesmesures à prendre dans le systèmede renseignement mais surtout surla sécurité aérienne.La Commission du transport duSénat doit surtout discuter du dispo-sitif de filtrage dans les aéroports enparticulier au plan international.La question des scanners corporelsest en débat, du point de vueéthique car elle met en cause lʼinti-mité des individus, et plus encore dupoint de vue financier car le coût estparticulièrement élevé. Commentles États-Unis entendent-ils imposerun tel système de contrôle aux paysétrangers ? Déjà les Pays-Bas et leRoyaume-Uni ont déclaré envisagercette solution sans doute pour nepas perdre le marché des vols versles États-Unis.Surtout la question porte sur lecontrôle des individus suspects. Lesservices de renseignementsauraient établi des listes de plu-sieurs milliers dʼindividus suspects.Le gouvernement américain a établiune liste de pays soutenant le terro-risme ou de pays «à risque» soit14 pays, parmi les premiers Cuba,lʼIran, la Syrie, le Soudan et pour lespays à risque lʼAfghanistan,lʼAlgérie, lʼIrak, le Liban, la Libye, leNigéria, lʼArabie Saoudite, laSomalie et le Yemen. Les passa-gers en provenance de ces paysdoivent être systématiquementfouillés dans tous les aéroports dumonde : une discrimination intolé-rable dénoncée par Cuba.Actuellement, le contrôle et la sécu-rité sont confiés à des sociétés pri-vées. Ainsi, la société israëlienneIGES était précisément chargée dela sécurité à lʼaéroport dʼAmsterdam(cette société fourni aussi ses ser-vices dans dʼautres aéroports enFrance, Royaume Uni, Espagne,Hongrie, Roumanie et même

Russie). Elle a mis au point un sys-tème informatique permettant dʼéta-blir le profil des passagers à risquesà partir de la nationalité, de leur ori-gine, de leur passé et de leur com-portement. La société nʼa pas ététrès efficace à Amsterdam...Le fichage selon des critères discu-tables, la mise en cause de lʼintimi-té, les discriminations deviennentdes normes utilisées au nom de lalutte anti-terroriste.

Les enjeux géostratégiquesLe Yemen nʼest pas le seul pays oùse manifeste lʼinterventionnismeaméricain, dans une région qui vade la Corne de lʼAfrique àlʼAfghanistan.Outre les opérations en Irak et enAfghanistan, les États-Unis éten-dent leur contrôle du Proche etMoyen Orient à lʼAfrique de lʼEst.On se souvient de lʼaventure améri-caine en Somalie qui sʼest soldéepar un échec retentissant en 1992,sous la présidence de B. Clinton.Près de 1500 militaires stationnentà Djibouti. À partir de Djibouti unezone dʼopérations englobe lesComores, lʼErythrée, lʼÉthiopie, leKenya, la Somalie, le Soudan, laTanzanie, lʼOuganda et le Yemen.Depuis 2008, la force est placéesous le commandement de lʼUnitedStates Afrika Command.Aux militaires intervenant ponctuel-lement, il faut ajouter les forces spé-ciales et les «conseillers» militairesdont on ignore le nombre. En outre,la force navale permanente enMéditerranée avec 1200 militairesest aussi un moyen de contrôle.Pour justifier leur interventionnismedans cette région, les États-Unissʼappuient sur la résolution 1873 delʼONU du 28 septembre 2001 adop-tée au lendemain de lʼattentat du11 septembre et qui invite tous lesÉtats membres à prendre desmesures législatives contre le terro-risme.Les États-Unis se sont autorisés àmettre en place un «état dʼexceptionpermanent» avec le concept deguerre préventive. La guerre contrele terrorisme combine la lutte direc-te (démantèlement de cellules terro-ristes, destruction de camps dʼen-traînement) et la lutte indirecte(pression sur les gouvernements,les organisations et les personnes,gel des avoirs, aides financières auxpays qui luttent contre le terrorisme-coopération avec les services derenseignements étrangers, tentativede réorganisation politique).Barak Obama ne fait que continuerla politique de son prédécesseurdans la guerre contre le terrorisme.En moins dʼun an de sa présidence,on compte 50 frappes aériennescontre la terrorisme soit plus quependant les deux mandats deG.W. Bush.Dans sa guerre contre le terrorisme,Barak Obama a le soutien des payseuropéens (Royaume-Uni, France,Allemagne).On peut penser que lʼOTAN, brasarmé de lʼEmpire américain, seraplus encore mis à contribution.Le 28 janvier, une conférence inter-nationale sur lʼAfghanistan a étéprogrammée. Il a été décidé dʼyajouter le Yemen. La guerre sansfin ?

L’ATTENTAT MANQUÉ CONTRE L’AVION AMSTERDAM-DÉTROIT

«LA GUERRE» AMÉRICAINECONTRE AL QUAÏDA

page 15:page 14 13/01/10 10:52 Page 1