LE MANUEL DU PLONGEUR BIOLOGISTE
Les Spongiaires
©Association Flabelline Plongée – Reproduction interdite – Vente interdite
Juin 2016
Association Flabelline Plongée : Siège Social : 5 Lot de Bella Vista 20600 Furiani Lieu d’activité : Port de Toga 20200 Bastia
Tel : 06.88.30.99.27. Mail : [email protected] Site : www.flabelline-plongee.fr
Les Spongiaires
1
Table des matières
I. Introduction ................................................................................ 2
II. Classification ............................................................................. 3
III. Anatomie et morphologie ........................................................ 5
IV. Comment vivent les Spongiaires ? ............................................ 6
A. Nutrition .................................................................................................. 6
B. Reproduction ........................................................................................... 7
C. Prédateurs et relations avec d’autres espèces ......................................... 8
D. Biotope .................................................................................................... 9
E. Protection législative ............................................................................... 9
V. Comment reconnaît-on les Spongiaires en plongée ? ............ 10
VI. Sources et crédits ................................................................... 22
Les Spongiaires
2
I. Introduction
Autrefois vues comme des végétaux, les éponges sont en réalité des animaux sessiles1
possédant des choanocytes2. Ce sont des colonies faites de cellules simples dont le squelette est
utilisé par l’Homme pour absorber des liquides (éponges de cuisines). Ces colonies peuvent avoir un
port dressé (en forme de coupe par exemple), être rampantes (forme encroûtante), ou encore être
ramifiées (sur un seul plant ou en boule). Elles sont généralement colorées, dépourvues d’anus et de
bouche, d’appareil génital, d’appareil respiratoire et d’appareil excréteur.
Les éponges sont également dotées d’une importante capacité de régénération et de résistance. En
effet, il y a d’abord une dissociation des cellules puis une réassociation afin de former de nouveaux
individus. De plus, elles peuvent résister à plusieurs années de déshydratation puis revivre une fois à
l’eau : elles peuvent donc atteindre un âge très avancé (jusqu’à 12 000 ans). Cependant, elles ne
supportent que faiblement les variations de salinité.
Ces animaux servent aussi d’abris et d’apports de nourriture pour les autres organismes (crevettes,
larves, cnidaires) : elles représentent un véritable écosystème sous-marin.
1 Sessile : vivant fixé au substrat 2 Chanocytes : cellules flagellées caractéristiques des éponges et permettant la phagocytose (ingestion de
particules étrangères solides à travers la membrane).
Les Spongiaires
3
II. Classification
L’embranchement des spongiaires compte environ 9000 espèces. Ce sont des organismes
diploblastiques3 faisant partie des métazoaires4 puis des parazoaires5.
Ils sont parsemés de pores inhalants permettant l’entrée d’eau afin de respirer et de se nourrir. Leur
système nerveux est primitif mais permet d’ouvrir et fermer les pores inhalants.
Le squelette de ces organismes est fait de spicules. Il peut être calcaire, siliceux ou fibreux et leur
permet de garder leur forme.
La classification des spongiaires est faite en fonction des spicules, de la composition des spongiaires
et de leur forme. En effet, il existe les éponges calcaires, les éponges de verre et les démosponges
(voir figure 1).
• Les éponges calcaires possèdent des spicules calcaires en forme d’étoile. Elles sont
exclusivement marines.
• Les éponges de verres (hexactinellides) sont formées de spicules creuses en forme d’étoile à
six bras et en silice. On les retrouve dans les grandes profondeurs des mers chaudes.
• Les démosponges sont dépourvues de spicules et leur maintien est assuré par la spongine
(protéine). Elles prennent en générale une forme encroûtante.
3 Diploblastiques : contrairement aux triblastiques, ce sont des organismes ne possédant, au niveau
embryonnaire, que deux feuillets séparés par une mésoglée. 4 Métazoaires : contrairement aux protozoaires, ce sont des organismes pluricellulaires regroupant tous les
animaux. 5 Parazoaires : contrairement aux Eumétazoaires, ce sont des animaux dépourvus de véritables tissus (muscles,
nerfs, organes internes)
Les Spongiaires
4
Figure 1 Classification des Spongiaires
Les Spongiaires
5
III. Anatomie et morphologie
Le corps des éponges peut être de trois formes (voir figure 2) en fonction du substrat et des
courants : de forme asconoïde (principalement pour les petites éponges, c’est une forme
relativement simple) ; syconoïde (forme plus évoluée) ; ou leuconoïde (forme complexe).
Les forme des Démosponges est caractéristique, et en forme de cône.
Figure 2 Différentes formes des éponges
Les Spongiaires
6
IV. Comment vivent les Spongiaires ?
A. Nutrition
Les éponges sont des organismes suspensivores et filtreurs. Ils se nourrissent donc en filtrant
l’eau de mer et en y récupérant les bactéries, les débris organiques et les algues unicellulaires (voir
figure 3). Elles se nourrissent également au moyen de la phagocytose, c’est-à-dire par l’ingestion de
particules étrangères à travers la membrane. De plus, certaines éponges peuvent être carnivores.
Figure 3 Nutrition par filtration
Les Spongiaires
7
B. Reproduction
Les éponges sont hermaphrodites et afin de se reproduire, les éponges utilisent deux
méthodes :
• La reproduction sexuée : c’est la différenciation d’amibocytes (cellule à différentes fonctions)
qui permet d’obtenir les gamètes. Les spermatozoïdes sont ainsi expulsés en pleine eau, puis
entrent à l’intérieur d’une éponge femelle. Il y a alors fécondation indirecte : les
spermatozoïdes sont capturés par des choanocytes différenciés qui se transformeront en
archéocytes, puis deviendront mobiles. Cette mobilité permettra le transport des
spermatozoïdes jusque dans la mésoglée afin de féconder les ovules. L’œuf s’y développe
alors et l’éclosion donnera une larve nageuse flagellée, expulsée ensuite en pleine eau afin
de se fixer au substrat pour se métamorphoser.
• La reproduction asexuée : elle se fait par le biais de petits bouts d’éponges qui se
reconstruiront et donneront de nouveaux individus ; ou par bourgeonnement d’individus ou
de cellules. Les cellules sont regroupées dans une coque dure et solide appelée gemmule et
se trouvant au sein d’un individu.
Les Spongiaires
8
C. Prédateurs et relations avec d’autres espèces
Les éponges sont sujettes à un grand nombre de relations avec d’autres espèces. En effet, il
existe des cas de mutualisme entre la Subérite-gîte et un Bernard L’hermite (voir figure 4). L’éponge
se fixe sur la coquille du crustacé et sa toxicité lui confère une protection. En échange, le spongiaire
profite des restes de repas de son hôte.
Il existe aussi des associations symbiotiques6, notamment entre l’Eponge d’eau douce et des algues
vertes, appelées Chlorelles (voir figure 5), entre des éponges et des bactéries (principalement avec
les bactéries Pseudomonas et Aeromonas), mais aussi avec des cyanobactéries (embranchements
autrefois appelé algues bleues).
De plus, il existe un grand nombre de prédateurs des éponges. Par exemple, la Tortue imbriquée est
exclusivement spongivore. La Patelle, le bigorneau, certains échinodermes, et quelques poissons
comme les daurades mangent régulièrement des éponges.
6 Association symbiotique : association durable entre deux individus d’espèces différentes
Figure 4 Carapace de Bernard Lhermitte recouverte d'une Subérite-gîte
Figure 5 Symbiose d'une algue verte et de l'Eponge d'eau douce
Les Spongiaires
9
D. Biotope
L’aire de répartition des spongiaires est très vaste. En effet, ils sont présents en eau de mer,
en eau douce et eau saumâtre, jusqu’à 9000 m de profondeur. De plus, ils s’acclimatent aussi bien
aux zones tempérées, tropicales ou froides mais n’apprécient pas les variations de salinité.
Ils peuvent également se fixer sur des substrats rocheux, sur du sable, des coquillages, des crustacés
etc.
Les éponges calcaires sont plus fréquemment rencontrées dans les zones tempérées tandis que les
demosponges préfèrent les zones tropicales.
E. Protection législative
Pas de protection législative.
Les Spongiaires
10
V. Comment reconnaît-on les Spongiaires en plongée ?
L’Eponge-pierre
Nom : Petrosia ficiformis
Figure 6 Eponge-pierre
Les Spongiaires
11
Morphologie :
Cette éponge n’a pas de forme appropriée. Elle est irrégulière, trapue, dure et rugueuse, de
couleur brune voire rouge-rosâtre et parsemée de petits pores (voir figure 6).
Habitat :
L’éponge-pierre aime les substrats rocheux ensoleillés jusqu’à 60 m de profondeur. Elle est
mangée par la Doris dalmatien (Petrosia ficiformis), c’est pourquoi il sera fréquent de les voir
ensemble.
Les Spongiaires
12
L’Axinelle rugueuse
Nom : Axinella verrucosa
Figure 7 Axinelle rugueuse
Les Spongiaires
13
Morphologie :
Cette éponge de couleur jaune à orangé (voir figure 7) peut atteindre les 20 cm de
hauteur et est formée de rameaux épais en forme de doigts et recouverts de verrues. La
section des rameaux est cylindrique et parsemée de crêtes.
Habitat :
Préférant les endroits sombres, cette éponge se rencontre à partir de 20 m dans les grottes
et anfractuosités, et au-delà jusqu’à 150 m sur des substrats rocheux. Elle apprécie aussi se retrouver
sur la coquille de bivalves tels que l’Arche de Noé (Arca noae).
Les Spongiaires
14
L’Eponge encroûtante orange-rouge
Nom : Crambe crambe
Figure 8 Eponge encroûtante rouge-orangé
Les Spongiaires
15
Morphologie :
Cette éponge s’étale sur le substrat en formant des plaques lisses de couleur rouge orangée
(voir figure 8). Elle est parsemée de gros pores reliés entre eux par des veines.
Habitat :
Cette éponge apprécie la lumière, c’est pourquoi elle sera observée jusqu’à 40 m de profondeur, sur
des substrats rocheux.
Les Spongiaires
16
L’Eponge cornée noire
Nom : Scalarispongia scalaris
Figure 9 Eponge cornée noire
Les Spongiaires
17
Morphologie :
Cette éponge massive et charnue est de couleur noir (voir figure 9). Elle est encroûtante,
épaisse, parsemée de pores importants.
Habitat :
Elle apprécie les substrats rocheux peu ensoleillés jusqu’à 70 m de profondeur. Il est fort
probable de retrouver des Doris tricolores sur ce spongiaire. En effet, ces Doris se nourrissent
régulièrement de l’Eponge cornée noire.
Les Spongiaires
18
La Clathrine jaune
Nom : Clathrina clathrus
Figure 10 Clathrine jaune
Les Spongiaires
19
Morphologie :
Cette éponge est formée de longs tubes regroupés en coussins. Elle de couleur jaune et il
est possible d’y observer quelques pores.
Habitat :
La Clathrine préfère les substrats durs des zones peu ensoleillées, jusqu’à 25 m de
profondeur.
Les Spongiaires
20
L’Eponge épineuse orange
Nom : Acanthella acuta
Figure 11 Eponge épineuse orange
Les Spongiaires
21
Morphologie :
Cette éponge est formée de petits éventails regroupés en amas, le tout fixé au substrat par
un court pédoncule. Elle est de couleur orange, et semble hirsute.
Habitat :
Elle aime les substrats durs des zones ombragées jusqu’à 140 m de profondeur. Cette éponge
est dévorée par la Phyllis à ponctuation blanche (Phyllidia flava).
Les Spongiaires
22
VI. Sources et crédits
Webographie :
• http://www.ecosociosystemes.fr/spongiaires.html
• www.wikipedia.fr
• www.doris.ffessm.fr
Crédits photos :
Figure 1 Classification des Spongiaires – ©Flabelline plongée ________________________________________4
Figure 2 Différentes forms de spongiaires – CC BY-SA 3.0 – Ewann ar Bom ______________________________5
Figure 3 Nutrition par filtration – Domaine public – X. Vàzquez _______________________________________6
Figure 4 Carapace de Bernard Lhermitte recouverte d'une Subérite-gîte – CC BY-SA 3.0 – Guido Pichetti
http://www.guidopicchetti.it - http://www.mondomarino.net _______________________________________8
Figure 5 Symbiose d'une algue verte et de l'Eponge d'eau douce – CC BY-SA 4.0 – Lamiot __________________8
Figure 6 Eponge-pierre – CC BY-SA 3.0 - Guido Picchetti - http://www.guidopicchetti.it -
http://www.mondomarino.net/ ______________________________________________________________10
Figure 7 Axinelle rugueuse – CC BY-SA 3.0 – Matthieu Sontag _______________________________________12
Figure 8 Eponge encroûtante rouge-orangé – CC BY-SA 3.0 – Matthieu Sontag _________________________14
Figure 9 Eponge cornée noire – CC BY-SA 3.0 – Esculapio ___________________________________________16
Figure 10 Clathrine jaune – CC BY-SA 3.0 – Esculapio – Opera propria _________________________________18
Figure 11 Eponge épineuse orange – CC BY-SA 3.0 – Matthieu Sontag ________________________________20
Top Related