Décembre 2011 - n° 16
Nuit
pampero by tanc
1 — Nuit
À l’orée de 2012, la nuit semble être devenue le grand déversoir névrotique du monde diurne, l’ultime recours aux petites frustra-tions et autres pesanteurs d’une journée à Paris. C’est que l’opinion commune aime expérimenter, une fois le soleil couché, la quête improbable d’une certaine vérité en se libérant des codifications de jour. Essayant d’oublier les carcans administratifs et professionnels qui rythment le quotidien, la nuit serait le lieu de “vraies” rencontres, avec de “vraies” gens pour vivre de “vraies” émotions.
Un cliché absurde ? Au-delà des confessions de piliers de bar, la per-mission la plus excitante qu’offre la nuit est, au contraire, la liberté de mentir en toute impunité, et d’éprouver en soi le pouvoir et la jouissance de ce mensonge. Exit donc la nostalgie du In vino veri-tas. Il s’agit désormais de prendre sa place sans aucune culpabilité dans une constellation de sourires séducteurs, de bobards plus ou moins bien ficelés et de feintes non dénuées de style… Puisqu’après tout, le plaisir libérateur n’est-il pas là ? Comme si, l’exercice de la tromperie et de la dissimulation nous ramenait à quelque chose de joyeusement plus véridique qu’une séance de psy de comptoir. À force de manipuler les simulacres, nous apprenons peut-être, comme disait Nietzsche à propos des Grecs anciens, à être « superficiels par profondeur ».
En attendant, on vous souhaite de joyeuses fêtes et de belles nuits. Et fuck la crise !
Michaël Pécot-Kleiner & Violaine SchützRédacteurs en chef
édito
Bonne Nuit
Rédactrice en chef — Violaine Schütz [email protected] | Rédacteur en chef adjoint — Michaël Pécot-Kleiner [email protected] | Directeur artistique — Tom Gordonovitch [email protected] | Président — Jacques de la Chaise | Photo
couverture — Lulu Gainsbourg par Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction — Anne-Charlotte Anris-Vanek
| Contributeurs — Christophe Brunnquell, Peanut Butler, Cal Labrosse, Per Kristiansen, Aurore Vinot, Mark
Maggiori, Thibaut Victor, Adam Bordow, Sarah Dahan, Oliva Partel, Manon Troppo, Claire Palardy, Irina Aupetit-
Ionesco, Marine Goutal, Amélie Chassary, Anthony Lee Watson | Régie publicitaire — [email protected]
Jean 06 48 26 88 53 ou Matthieu 06 50 71 92 71 | Contactez-nous — [email protected] | Siret — 510 580 301
00016 | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris© G
éral
dine
Eel
bode
02/12 21H LIPS IN SUGAR + ENOSENSE + LITTLE SISTER 00H SOIRéE BONBON03/12 21H CLOCK N’ WORKS + DANCERS IN RED + THE WEASEL & THE WASTERS09/12 21H THIS IS NOT HOLLYWOOD + NAUGHTY MOUSE 00H SOIRéE BONBON
10/12 21H FLANGERS + TAZIEFF + JUNE HILL13/12 21H CARAVAGE PAR LA CIE BODY DOUBLE16/12 21H DEAD ROCK MACHINE + PINK NOISE + GIRLS IN THE KITCHEN 00H SOIRéE BONBON17/12 21H BESSA + SPLEEN + WLADIMIR
3 — Nuit
sommaire
Le Bonbon Nuit
le bon timing
le bon musicien
la bonne étoile
la bonne révélation
la bonne voix
paris la nuit
le bon producteur
la bonne ombre
le casse bonbon
le bon en arrière
le bon look
la playlist de
trousse de secours
les bons cadeaux
le bon cocktail
la bonne fête
le bon agenda
p. 05
p. 07
p. 11
p. 17
p. 21
p.24
p.27
p.29
p.35
p. 37
p. 39
p. 40
p.41
p. 43
p.44
p.47
p.48
Lulu Gainsbourg
David Lynch
Surkin
Cœur de Pirate
Christophe Brunnquell
Mickey Moonlight
Foc Kan
Calendrier de l ’avant
Bal des victimes
Anything Maria
Joyeux Noël
C’est qui le Patrón ?
Metropolis
5 — Nuit
le Bon timing
Les événements à ne pas manquer
Soulwaxmas
La soirée devenue culte se déroule cette année le
jeudi 22 décembre. De 23h à l’aube, vous aurez le
droit à la nouvelle version du live spectaculaire des
2manydjs, ainsi que les DJ sets de leurs invités Erol
Alkan, Breakbot, Mixhell et Riton. Un cadeau sonore
et visuel avant Noël à ne pas manquer.
Le 22 décembre dès 23h, Grande Hall de la Villette
Préventes conseillées sur digitick.com
Full Moon
Le Social Club vous donne rendez-vous dans un cycle
lunaire le 12 décembre prochain pour une nouvelle
édition de ses Full Moon. Un concept efficace pour
clubbeurs insomniaques : une pleine lune, de l’électro,
de la Singha beer. Bref les célèbres teufs thaïes
mises en cube au Social, la plage en moins, la hype en
plus. Avec Andy Butler, Stopmakingme, Get a Room.
Le 12 décembre dès 23h, au Social Club
La Java des Balkans
Depuis 10 ans, le nouvel an tzigane s’installe dans
différentes salles parisiennes (Bataclan, Cabaret
Sauvage, Bellevilloise) pour faire voyager les noc-
tambules. Cette année, c’est à la Java que ça se
passe ! Au programme : Aalma Dili, Ziveli Okestar, DJ
Tagada et le très attendu Raki Balkans Sound Sys-
tem. Ça va swinguer !
Le 31 décembre à la Java, de 21h à l’aube, 20 €
What the Funk New Year Eve
Une autre idée de réveillon, pour les amateurs de
funk cette fois. Mais aussi soul, hip-hop, breakbeat,
disco, latin groove, dubstep et électro, le tout servi
par les résidents Soulist, Freeworker et DJ Vas, plus
quelques guests surprises. Pour bien commencer la
nouvelle année.
Le 31 décembre au Nouveau Casino, de minuit à
l’aube, 22 € avec une coupe de champagneDR
/ D
R /
DR
/ D
R
6 — Nuit
7 — Nuit
le Bon musicien
® Michaël Pécot-Kleiner Ω Mark Maggiori
Ouais lorsque j’aurai disparu / Plante pour moi quel-
ques orties / Sur ma tombe mon petit Lulu. Mieux que
des orties, ce sont 15 reprises au casting prestigieux
et un titre original très cinématographique qu’offre
Lulu à son auguste pater. Pour le Bonbon Nuit, le fils
prodigue explique ses intentions et passe en revue
la liste de ses guests. Entretien.
Question incontournable. Ton premier album est un
album de reprises de ton père. Est-ce pour ensuite
t’affranchir de cet héritage ?
Oui, il y a quelque chose comme ça. J’ai beaucoup hésité avant de me lancer dans ce projet, car j’ap-préhendais d’être jugé sur les chansons de papa. Finalement j’ai franchi le cap. Ce premier album est une étape nécessaire pour me permettre de suivre mon propre chemin par la suite.
Hormis l’hommage d’un fils à son père, qu’est-ce qui
a motivé From Gainsbourg to Lulu ?
Je voulais surtout faire écouter ou re-écouter Serge Gainsbourg à l’étranger. D’où le choix des guests. Il fallait également que chaque morceau ait sa couleur musicale particulière, comme pour saluer l’éclectisme de mon père qui s’est illustré dans le jazz, le reggae, le rock et des choses plus
orchestrales… Et puis je me dis que c’est aussi une bonne occasion pour faire connaître sa musique aux jeunes générations.
Pourquoi ne pas avoir fait des interprétations rap ou
électro ?
J’avais pensé au rap en effet, mais électro… bof, bof… Il n’y a que 16 titres, il fallait que j’aille à l’essentiel.
Parlons du casting. Comment as-tu fait pour réunir
autant d’artistes prestigieux ?
J’avais couché sur le papier une liste de person-nalités avec qui je voulais travailler, et cette liste était, quand j’y repense, assez ambitieuse. Certains étaient déjà des amis, pour les autres je suis passé par la voie normale en contactant leurs managers. Le fait de collaborer à un album sur Serge Gains-bourg a sans doute facilité les choses…
Quels artistes aurais-tu aimé avoir et que tu n’as pas
eu ?
Il y en a quelques uns… Stevie Wonder, Her-bie Hancock, Jamiroquai, Leonard Cohen, Bob Dylan, Tom Waits, Bono et… Natalie Portman !
luluGAINSBOuRG
ŒdIpe roI
8 — Nuit
Revenons sur tes invités, qui constituent l’une des
lignes fortes de ce disque. Tu fais un duo avec Scar-
lett Johansson, quel effet ça fait d’être son Clyde
Barrow ?
C’est plutôt pas mal (rires). En reprenant Bonnie and Clyde, je me suis demandé qui pouvait être la plus proche de la Bardot des sixties. Scarlett Johannson, de par son charme et son magnétisme s’est imposée comme une évidence à mes yeux. Elle avait en plus l’avantage d’être déjà chanteuse, et d’avoir sorti un second album que j’apprécie particulièrement. Elle a tout de suite dit oui et m’a proposé de me rencontrer pour qu’on déjeune
ensemble. Lors de notre discussion, elle m’a avoué être fan de mon père depuis un sacré bout de temps… Enfin, quand il a fallu choisir quelqu’un pour lui donner la réplique, je me suis dit : « vas-y, fais-toi plaisir », c’est pas tous les jours que l’on bosse avec Scarlett (sourire).
Johnny Depp et Vanessa Paradis, c’est la première
fois qu’ils chantent ensemble.
Oui, sur la Ballade de Melody Nelson. Ils sont très attachés à ce morceau car ils ont appelé leur fille Lily-Rose Melody. Et puis Vanessa avait déjà tra-vaillé avec mon père, et l’un des plus grands regrets de Johnny, c’est de ne l’avoir jamais rencontré. J’ai halluciné sur la belle voix grave de Johnny, quand tu entends Sweeny Todd, ça n’a rien à voir !
M aussi a un père connu. Tu as un rapport particulier
avec lui ?
J’ai découvert sa musique en 2005 et j’ai vraiment adoré. Quand j’ai décidé de faire ce projet, c’est un des premiers mecs que j’ai contacté. Je l’avais déjà rencontré quelques fois, comme ça… En bos-sant avec lui sur le requiem pour un con, je me suis rendu compte qu’il était extrêmement généreux et qu’il avait une incroyable créativité. Pour moi, c’est le nouveau Jimmy Hendrix. En plus, il a su se distinguer de son père. Un parcours sans faute. Depuis, nous sommes très proches.
Tu es toujours amoureux de Mélanie Thierry, ton fan-
tasme de jeunesse que tu as fait chanter sur Ne dis
rien ?
(gêné) Ouais, euh… ça m’est passé ! Je l’avais vue dans la Légende du pianiste sur l ’océan et j’étais tombé sous son emprise comme n’importe quel ado. Aujourd’hui, je préfère largement Natalie Portman (sourire).
Tu bloques sur Natalie Portman ? (rires) À la base, je voulais faire ce duo avec Nata-lie. J’aurais aimé également la faire chanter sur
Lulu Gainsbourg
“Ce pRemIeR
AlBum eSt uNe étApe
NéCeSSAIRe pOuR me
peRmettRe de SuIvRe
mON pROpRe
ChemIN pAR lA SuIte.”
9 — Nuit
Lulu Gainsbourg
un autre morceau que mon père avait écrit pour Israël. (ndlr, Le Sable d’Israël)
C’est très “Gainsbourg” de faire chanter les femmes
qui vous plaisent…
No comment !
Pas trop difficile de gérer Shane Mc Gowan sur Sous
le soleil exactement (ndlr, le génial chanteur édenté
des Pogues) ?
Ben… C’était pas évident de faire chanter un mec qui n’a pas de dents, qui est alcoolique et pour couronner le tout, qui est irlandais et ne parle pas un brin de français. On a passé 6 heures à bosser sur une prise de voix, et au total, il y a eu 80 essais. Les trois premières heures, je me suis dit que l’on n’y arriverait jamais. On m’avait dit qu’il ne tra-vaillait que la nuit, et je l’avais fait lever à 13h30… Il était arrivé avec un sac de couchage sous le bras et une bouteille de vodka. Tout d’un coup, il s’est réveillé et a enchaîné les phrases parfaitement ! En fait, il avait juste besoin de décompresser un peu… Au final, ce fut une super expérience, et Shane est réellement un vrai gentil.
Dans la catégorie des chanteurs un peu rock’n’roll, il
y a Iggy Pop aussi…
Ce fut différent avec Iggy, car c’est le seul guest que je n’ai pas rencontré physiquement. Au début, j’avais préparé un truc pour lui sur La Javanaise, mais j’ai appris qu’il était lui-même en train d’en-registrer sa propre version. Il m’a alors proposé d’arranger ses cordes, ce que j’ai fait, et j’en ai pro-fité pour lui demander d’interpréter Initials B.B. Je lui ai envoyé la maquette et une semaine après, j’avais cette version très originale et crue.
Quel est le morceau que tu préfères dans le réper-
toire de ton père ?
La Noyée. C’est une véritable œuvre d’art. Mon père disait que la chanson est un art mineur, je suis complètement d’accord avec lui, mais là, c’est de
l’art majeur. Juste un piano et une voix, en toute simplicité, et une juste adéquation entre la mélo-die et le texte…
Et sur cet album ?
Question difficile ! (Il réfléchit) Il y en a quatre. Le poinçonneur des Lilas parce que j’ai essayé de remonter à l’essence de cette chanson. Le requiem a été arrangé d’une manière très intéressante et symbolise ma collaboration avec M. Initials B.B. d’Iggy est très rock et dégage une énergie particu-lière avec ce son qui sort de nulle part. Et Bonnie and Clyde, car j’ai voulu mettre en avant l’histoire d’amour. La version de mon père avec Bardot était plus autoritaire en s’axant sur les « Bang-bang », « nous, on est des braqueurs de banques »…
Quel titre tu dédicacerais à ta mère ?
Je suis venu te dire que je m’en vais. On l’a enregis-tré avec Rufus Wainwright le jour de son anni-versaire, le 1er mars, la veille des 20 ans de la dis-parition de mon père. Je me dis que quelque part, c’était un signe.
Lulu Gainsbourg — From Gainsbourg to Lulu Universal
≥ lulugainsbourg.artiste.universalmusic.fr
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la Bonne étoile
® Thibaut Victor Ω Adam Bordow
Après David sort en boîte – on lui doit la DA du Silen-
cio -, David fait du dessin – un ouvrage réunissant
ses œuvres vient d’être publié -, David fait de la
musique avec son laptop – son album Crazy Clown
Time est dans les bacs-, David joue désormais au
squatteur arty. Direction la Fondation Cartier où il
prend ses aises à l’occasion de l’expo Mathéma-
tiques – Un dépaysement soudain. Mais David, au
fait, tu retournes quand au cinéma ?
David fait de la peinture
Depuis des années, Lynch n’a de cesse de le répé-ter : il a toujours voulu être peintre. Raté, ses premières expérimentations le mèneront à era-serhead. Et il faudra attendre la grande exposition que lui offre la Fondation Cartier en 2007, david Lynch – The Air is on Fire, pour une mise au point française : David Lynch n’incarne pas que le meilleur du cinéma contemporain, il est un artiste multimédia. Photos, montages, peintures, instal-lations peuplent son univers hybride et forcément dark. La Fondation Cartier perpétue aujourd’hui ce travail salutaire avec la publication de Works on paper, soit plus de 600 dessins du maître. Comme à son habitude, Lynch se refuse à contextualiser les oeuvres et offre un carnet de voyage mental, au
cœur de son processus de création et de son cer-veau barré. Les films de Lynch ont toujours réussi à créer des images capables de s’immiscer dans les rêves pour les transformer en cauchemars. Le réalisateur culte de Mulholland drive s’en prend, ici, directement à notre réalité. Pas un support – boîte d’allumettes, serviettes en papier, etc. – qui n’échappe à sa folie créatrice. Monomaniaque, Lynch dessine partout, et sur tout.
David fait son devoir de mathématiques
Puisque David a pris un abonnement à la Fonda-tion Cartier – toujours moins cher que dans son club -, il y propose, parmi une sélection d’artistes, sa vision des maths. Trois films d’animation, des installations et des images reviennent de manière lynchéenne – comprendre : pas évidente – sur la science et ses enjeux. Un rationalisme d’appa-rence – c’est bien le processus psychique lié à la science qui l’intéresse ici - qui pourrait étonner de la part du promoteur de la méditation transcen-dantale. Les rêves tordus de l’agent Dale Cooper dans Twin peaks n’étaient pas qu’un trip sous MD, paraît-il… Sérieux, Lynch en fait la promotion à travers une fondation. En attendant, on plonge dans une bande-son composée avec Patti Smith
dAvId lYNCh
MoNdeS MuLTIpLeS
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David Lynch
et une étrange construction réalisée par l’artiste, en charge de la scénographie du rez-de-chaussée.
David fait des boums dans sa cave
Car David est aussi designer. Et fait dans le meuble – introuvable puisque la galerie qui l’éditait aurait fait faillite… On peut tout de même rendre hommage à l’homme qui a réalisé lui-même les décors de son premier film. Et qui aime à rendre hommage au bois. Au Silencio par exemple, où il multiple les bûches feuilletées à l’or et monte un salon-forêt façon Alice au pays des merveilles ten-dance Tim Burton. Un goût qui doit sans doute beaucoup à un père ingénieur des eaux et forêts. Et à quelques années chez les scouts. C’est éga-lement dans son club parisien que l’homme s’est offert une carte blanche d’un mois : entre line-up musical indie - The Kills, Au Revoir Simone, Kitty Daisy & Lewis, Dirty Beaches, Lykke Li et quelques autres – et projection de ses films préfé-rés dans la petite salle d’une vingtaine de places du club de la rue Montmartre (Mon oncle, 8 ½, Lolita, Fenêtre sur cour…).
David fait de la musique
Pas vraiment en mode silencio, David se rap-prochait depuis quelques années de la musique. Après plusieurs collaborations avec Angelo Bada-lamenti (Twin peaks), le pianiste polonais Marek Zebrowski (Inland empire), ou Sparklehorse et Danger Mouse (dark Night of the Soul), le voici qui débarque avec un album solo. Ou presque. Entre un blues gothique et une électro qu’auraient prises d’assaut les cultes Bauhaus, Lynch décline son univers entêtant en boucles numériques. Entre chaud et froid, les guitares folk ravivent les flammes et les motifs lancinants se répètent jusqu’à devenir obsessionnels. Quand il ne chante pas avec sa voix nasillarde, c’est Karen O des Yeah Yeah Yeahs qu’on retrouve au chant pour un pinky’s dream déchiré. Entre BO d’un film d’hor-reur qu’il aurait réalisé en pleine méditation et
invitation à la ballade vaporeuse, l’univers de Lynch révèle encore quelques surprises. Comme ce Good day Today sorti il y a déjà plusieurs mois et qu’on avait pris pour le nouveau Moby. Mais on savait depuis longtemps que, chez Lynch, le laid était un merveilleux vecteur d’émotions.
Musique : Une édition super deluxe de Crazy Clown
Time (Pias) sera disponible courant décembre
avec, en plus du CD et du double vinyle, une série
d’artworks exclusifs de Lynch. Le tout dans un coffret
luxueux designé par l’artiste Vaughan Oliver.
—
Art : Works on paper (Fondation Cartier/Steidl) est
déjà disponible pour la modique somme de 145 €.
Mathématiques – Un dépaysement soudain se tien-
dra jusqu’au 18 mars à la Fondation Cartier, Paris 14e.
—
Club : Le Silencio, toujours au 144 rue Montmartre,
Paris 2e.
—
Ciné : Malgré les (nombreuses) rumeurs, aucun film
n’est actuellement en production… pour le moment.
Page précédente : COL-LYN-1456© David Lynch, sans titre, non daté
Page de droite : COL-LYN-1449© David Lynch, sans titre, non daté
Dessin extrait de Works on paper, David LynchCoédition Fondation Cartier pour l’art contemporain / Steidl, Göttingen, 2011
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la Bonne révélation
® Sarah Dahan Ω Oliva Partel
Après de nombreux EPs, Surkin était attendu au
tournant avec son premier album. Ce fut long mais
ça en valait la peine. Rencontre avec le petit prodige
de l’électro.
Avant de se consacrer exclusivement à la musique, Surkin, Benoit de son prénom, était entouré de cagoles dans sa PACA natale où il étudiait l’art contemporain à la prestigieuse Villa Arson de Nice. Mais très vite, un choix dut s’opérer entre l’art et la musique pour ce petit prodige de l’électro que tout le monde commençait à s’arracher.« C’est à Nice que j’ai commencé à faire de la musique en parallèle de mes études. Les retours étaient bons, j’ai obtenu beaucoup de gigs et j’ai très vite été confronté à un choix. La vie d’artiste contemporain n’étant pas beaucoup plus sûre que celle d ’un musi-cien, j’ai décidé de me lancer à corps perdu dans ce que j’aimais faire le plus, la musique. Je suis donc natu-rellement monté à paris. »
C’est finalement le label Institubes qui rafle la mise et qui le signe en 2006, et sur lequel il sor-tira 4 EPs et un mini album. Et c’est d’ailleurs par l’intermédiaire de sa maison de disques qu’il ren-contrera ses deux acolytes, ses deux compères “à la
vie à la mort”, Bobmo et Para One. Après moult annonces de sorties, le premier album tant attendu de Surkin est finalement sorti le 14 novembre, nous l’avons rencontré à cette occasion dans son studio de l’Est parisien pour qu’il nous raconte la genèse de uSA : « Cet album est un projet sur lequel je travaille depuis longtemps. Malheureusement, sa conception n’a pas cessé d’être reportée du fait de mes voyages répétés à l ’étranger où je suis invité à jouer régulièrement. Je voulais un truc super fort esthéti-quement, un truc extrême, je n’étais pas prêt à me plier au jeu des radios ou des majors. depuis long-temps je suis obsédé par la musique rétro des 80’s et des 90’s, c’est peut-être ça mon point de départ. Mais le fil conducteur s’est créé au fur et à mesure que je pro-duisais mes morceaux. puis très vite l ’idée de la radio 90’s (l’album est conçu comme une sorte de play-list de la Fireworks FM, une radio fictive, ndlr.) est apparue, avec une esthétique très GTA, Miami, tout ça. Je ne voulais pas avoir un disque avec un son qui sonne comme les sons de club de base. »
Sur ce point Surkin a tout à fait réussi son pari, la texture de l’album étant bien plus proche de la Miami Bass que de l’Eurodance surannée et putassière d’un certain David Guetta.
SuRKINL’eNFANT prodIGe
18 — Nuit
Cet album est à la fois européen comme son auteur, mais revendique également les influences américaines, de Detroit en passant par Chicago ou Miami.
D’où le titre de son album, uSA ?« L’histoire derrière ce titre est assez marrante, d ’ailleurs au départ certaines personnes sont allées chercher très loin en pensant que c’était un titre ironique, antiaméricain ! Mais bien au contraire, j’aime les États-unis, beaucoup de mes influences viennent de là. Le nom vient en fait de Gaspard (Augé, moitié de Justice, qui s’occupe de l’artwork de Surkin sous le nom de Gaspirator) qui rêvait de faire depuis des années un tee-shirt en détournant une pochette des Beach Boys, où on m’y verrait en train de surfer avec en dessous écrit « Surkin uSA ». Toute l ’esthétique américaine de mon album ne m’a pas laissé d’autres choix que d’adopter ce titre, qui claque et qui est direct. »
Non content d’avoir une idée très précise et exi-geante pour son album, il a également monté en mars dernier son propre label, Marble, avec ses potes Bobmo et Para One, né sur les cendres prématurées d’Institubes et sur lequel est sorti l’album. Et s’il n’a pas encore atteint la trentaine, inutile de dire que Surkin impressionne par sa maturité et sa connaissance du marché et de la réalité économique de la musique.
« J’avais déjà travaillé sur mon album quand Insti-tubes a eu des difficultés puis a fermé à l ’hiver der-nier. Mais l ’équipe avait déjà commencé à bosser sur des deals de licence notamment. Nos interlocuteurs, qui étaient des gros indés mais aussi des majors, voulaient sans cesse repousser la sortie du disque et y ajouter des contraintes artistiques pour que ça puisse passer à la radio, alors que ce n’est pas mon délire, j’en ai rien à foutre de passer sur NrJ ou pas. du coup, à la fin d’Institubes, on s’est dit qu’on allait monter Marble et qu’on sortirait l ’album dessus. L’intérêt des
Surkin
“Cet AlBum eSt
à lA fOIS euROpéeN
COmme SON AuteuR,
mAIS ReveN-dIque
éGAlemeNt leS IN-
flueNCeS Amé-
RICAINeS, de détROIt eN pASSANt
pAR ChICAGO Ou
mIAmI.”
19 — Nuit
Surkin
grosses maisons de disques n’est plus aussi énorme que dans le passé. Il y a dix ans, tout était basé sur les réseaux de distribution que les petits labels n’avaient pas mais que les majors avaient. Aujourd’hui ça a changé, la différence s’est réduite. Au final, quand tu es sur iTunes on ne voit pas si tu es sur universal ou sur Marble. et puis, comme on est trois derrière ce label, on s’empêche de faire n’importe quoi, de partir dans des délires insensés, on discute de nos sons régu-lièrement, on est très proches et on se soutient. C’est vraiment la plateforme idéale pour bosser. »
Exigeant dans ses choix mais jamais à court de nouvelles idées, Surkin avoue envisager de pro-duire pour d’autres artistes, hip-hop et r’n’b notamment. Nourri au rap, mais petit prince de l’électro, il est le successeur idéal de feu DJ Mehdi, celui qui avait sublimement réussi à faire le pont entre les deux disciplines. « Sa mort m’a touché, c’était un très bon pote à moi, j’étais là le soir de l ’accident, c’est un énorme traumatisme. Le hip-hop, que j’écoutais en boucle jusqu’à mes 20 ans, pour-rait être une direction à prendre pour le futur. Les claques musicales que j’ai prises cette année viennent d’ailleurs de cette mouvance. J’ai beaucoup aimé l ’al-bum de Beyoncé, sinon je n’aime pas particulièrement Chris Brown mais il y a deux morceaux qui déchirent sur son album. Le morceau Look at me now qui est produit par diplo et un autre qui s’appelle Trum-pet Lights, produit par Swizz Beats, qui aurait très bien pu sortir en 2025 tant il est futuriste. Après c’est vraiment un milieu particulier, différent du mien, avec d’autres méthodes de travail. À mon avis, c’est difficile d ’être libre dans ce milieu-là si tu n’es pas Swizz Beatz justement. »
Cet opus va naturellement l’amener à voyager aux quatre coins du monde, exercice qu’il pra-tique depuis ses 20 ans et auquel il se prête avec plaisir, notamment lorsqu’il s’agit d’aller au Japon où il est accueilli comme un roi. « J’ai une relation particulière au Japon, la première fois que j’ai quitté
l ’europe, c’était pour aller à Tokyo. Se retrouver à Shibuya à 20 ans c’est une expérience traumatisante et en même temps totalement magique car j’ai tou-jours eu une fascination pour ce pays. Il se trouve que j’ai acquis une grosse fan base là-bas car, à mes débuts, mes albums étaient très durs à trouver pour eux. J’ai donc sorti un mini album sur un label japonais, du coup les gens m’ont vite adopté, j’ai très rapidement franchi une étape là-bas. J’adore ce public, il est super attentif et respectueux mais sait aussi se lâcher. Il fait aussi très confiance aux dJ, ils n’ont pas peur de découvrir des choses, de se remettre en question, il ont une grande ouverture d’esprit. »
Avec uSA, il est bien possible que Surkin devienne le roi du monde.
Surkin — USA Marble
≥ www.myspace.com/surkin
20 — Nuit
21 — Nuit
la Bonne voix
® Manon Troppo Ω Claire Palardy
C’est dans sa chambre de l’Hôtel Amour que je
retrouve Cœur de Pirate, installée devant une tisane
relaxante et prête à dégainer son album. La Québé-
coise qui a conquis les iPod de 7 à 77 ans en 2009
nous propose aujourd’hui son 2e journal intime :
Blonde. Si on devait le résumer, il faudrait dire que
c’est un album «+».
Plus adulte, plus pop, plus femme, plus tran-ché. Plus risqué, en somme ; et réussi par-dessus le marché. Plus adulte parce que c’est la vie. « À la sortie de mon premier album, j’étais encore un peu bébé, son succès m’a propulsée très vite dans un monde d’adultes, j’ai grandi d’un coup, je ne pou-vais pas prétendre le contraire. J’avais 19 ans, j’en ai aujourd’hui 22 et je ne passe plus ma vie cachée derrière mon piano, sans amis et invisible mais dans les aéroports et en tournée ! »
Plus pop parce que ce nouveau monde lui a aussi permis de voyager, d’écouter des musiques diffé-rentes, et de rencontrer de nouvelles têtes. « par exemple, j’ai créé Armistice entre les deux albums, j’ai travaillé à L.A., je me suis plongée dans le style mariachi. Bref, pendant tout ce temps à penser à mon nouvel album, j’ai éduqué mes oreilles, je me suis
inspirée des années 60, et j’ai affiné mes goûts tout en les élargissant.»
Plus femme parce qu’elle a vécu ses amours à cent à l’heure et commence à connaître le panel facé-tieux des ressentis depuis la rencontre amoureuse jusqu’à la rupture. En riant à demi, elle avoue : « C’est un album de sentiments, je raconte ma per-ception de l ’amour, je crois qu’elle est complètement décalée d’ailleurs, cette vision… C’est un album de fille pour les filles ; c’est un album de codépendante en fait ! Les moments les plus durs, pour moi, sont les ruptures, mais au moins, je crée. du coup, ça donne le déroulé des événements, en commençant par la phase fâchée (Adieu) et en finissant par l ’envie de recon-quérir l ’autre (Les Amours dévouées). »
Plus tranché parce qu’en ayant grandi et vécu à fond, elle n’a plus peur d’être cash et ne mâche pas ses mots. « Je ne pense pas que ça effraiera les fans, j’espère pas parce que c’est ce qui compte le plus pour moi. Il faut que ça aille les chercher eux, en priorité. ensuite, j’ai l ’impression que la façon dont je m’ex-prime peut aussi parler à un nouveau public. Avant je ne connaissais pas bien la nuit, je n’avais aucune légitimité pour en parler, maintenant, je connais,
CœuR de pIRAte
AuprèS de MA BLoNde
22 — Nuit
ça m’inspire, alors pourquoi ne pas en faire quelque chose ? » Cette sage décision nous permet de découvrir des thèmes inexplorés auparavant ; sous la même voix douce et enfantine, des histoires plus dures prennent forme. Dans danse et danse, elle nous raconte la vie nocturne, l’agitation des bars où elle se noie et flirte pour oublier, tout en répon-dant « C’est ça, prends-moi pour une conne » à ceux qui lui jurent qu’elle est leur “only one” . En effet, ça tranche avec Comme des enfants…
Mais ce que nous autres, enfants sauvages de la Ville Lumière, remarquerons dès la première écoute, c’est que cet album est surtout plus pari-sien. Et pour cause, la chanteuse vit désormais entre Montréal et Paris, où ses séjours durent parfois plus d’un mois. Et ça n’est pas pour lui déplaire.
place de la république n’est pas qu’une chanson d’amour entre personnes humaines, avec deux bras et deux jambes, c’est aussi une petite décla-ration à la capitale et le témoignage d’un souvenir prégnant. « Beaucoup de gens découvrent les quais de Seine ou les Champs-Élysées en premier, moi c’était la place de la république, c’est comme ça. » Son quartier de cœur sera donc celui-là. Une vision de Paris qui est loin d’être donnée à tout le monde tant elle contourne les lieux communs et balaie les cartes postales. Grâce à ses fréquentations nocturnes bien sûr, comme André - chez qui elle habite, en quelque sorte - ou Frédéric Beigbeder - lui sautant dessus au Baron pour lui annoncer que sa fille est une fan absolue -, Pierre Siankowski, des Inrocks, chaperon de quelques soirées ou notre Jean Vedreine national qui lui proposera de mixer au Sans Souci… Mais principalement grâce à sa curiosité et sa soif de connaissance, la profane s’est tournée spontanément vers les coins les plus authentiques. Et n’a jamais visité la tour Eiffel.
Pourtant, depuis son Montréal et ses - plus -
Cœur de Pirate
“évIdem-meNt, SAINt
GeRmAIN deS
pRèS eSt mAGIque,
mAIS le tRIANGle
deS BeRmudeS de pIGAlle
eSt uN CONCeNtRé
de NuIt.”
23 — Nuit
Cœur de Pirate
jeunes années, la capitale est mystifiée et presque sacrée. Pour quelqu’un qui dit s’être gavée toute sa vie de Godard, Aznavour et Gainsbourg, qui connaît la Bohème par coeur et qui définit Paris comme un dossier merveilleux qui venait toujours la titiller, on s’étonne de ne déceler aucun cliché dans sa perception de la ville. Malgré une admira-tion encore un peu naïve et que d’aucuns lui envie-raient aisément, même si elle affirme « en arrivant, j’ai tout trouvé beau y compris le périph ! », même si chaque sortie l’émerveille, elle n’en est pas moins attirée par ce qu’elle appelle le vrai Paris. « pour mon premier séjour ici, j’ai été hébergée chez Vin-cent Moon (la blogothèque, ndlr) dans un tout petit appart du 19e. L’authenticité m’a beaucoup marquée, j’ai adoré cette ambiance de village, et je continue de penser que le 18e, le 19e et le 20e sont les quartiers les plus parisiens. C’est juste parce que j’aime pas les collines et que je veux être près de tout à pied que je choisirai mon fameux coin de la république si je devais vivre ici, sinon ça serait dans ces endroits-là. »
Du coup, quand elle sort, elle sort comme nous et aux mêmes endroits.
« Évidemment, Saint Germain des près est magique, mais le triangle des Bermudes de pigalle est un concentré de nuit. Avec le trio infernal du Lautrec / Sans Souci / Chez Moune et tous les petits bars incon-grus autour, on rencontre une faune et une flore que j’adore. » C’est la raison pour laquelle Tolga, l’an-cien physio de Chez Moune, est cité dans l’album. C’est la raison pour laquelle, également, un titre est entièrement consacré à Ava, une prostituée de Pigalle, Blonde, à l’image de Béatrice.
« paris m’a influencée, bien sûr. Je n’aurais pas été la même fille si j’étais restée à Montréal. Cinq mois par an, là-bas, c’est l ’hiver, le froid, les tempêtes de neige, t’as pas envie de sortir de chez toi. Ici, c’est définitivement plus fou. Je crois pas pouvoir y vivre, parce qu’on peut manquer d’air, de verdure et de
calme et parce qu’on ne trouve pas de beurre d’ara-chide Kraft ! Mais, les soirs où le jet lag m’empêche de dormir, je sais qu’il y aura toujours quelque chose à faire, quelqu’un ok pour faire la fête. C’est culturel, c’est dans votre sang, cette habitude de sortir tout le temps, de se coucher tard et… de ne pas se lever très tôt aussi…»
On arrive à la fin de l’album, plus calme, contrai-rement à Béatrice qui s’emballe au sujet de Paris. D’après elle, nous aimons la détester et détestons l’aimer mais nous ne sommes pas les mauvais bougres individualistes pour lesquels on veut sou-vent nous faire passer. « Il y a tellement d’action tout le temps, vous ne pouvez pas être partout à la fois, et puis, je crois que vous vous protégez mais vous n’êtes clairement pas méchants. » Avant que je parte, Béatrice remet Golden Baby, son morceau “french touch” et particulièrement entraînant (produit par The Shoes, ndlr). C’est tout Cœur de Pirate : il y a à peine une heure, elle me parlait tristement d’amour, (ou peut-être me parlait-elle plutôt d’amours tristes) elle semblait cabossée, déjà, mal-gré son jeune âge, et maintenant, elle dodeline de la tête, son visage s’éclaire, sa bonne humeur écla-bousse les murs. Et nous avec.
Cœur de Pirate — Blonde Universal
≥ www.coeurdepirate.com
Paris la Nuit Christophe Brunnquell blogs.colette.fr/christophebrunnquell
26 — Nuit
le Bon producteur
® Irina Aupetit-Ionesco Ω DR
Le plus sibyllin des membres du label Ed Banger a
enfin sorti son très attendu premier album. Un petit
bijou où l’on peut retrouver Twin Shadow, Lou et
Tahita de New Young Pony Club, Zongamin en fea-
turings. On a tenté de percer le mystère de l’Anglais
Mickey Moonlight et c’était pas gagné.
Comment a été réalisé ton album ? Un CD promo cir-
culait depuis des années… S’agit-il d’un disque né
au gré des rencontres ou était-ce une commande ?
Cet album a été publié par Ed Banger Records et Because Music. Le CD dont tu parles n’était pas un promo, c’était une version qui était juste pour les amis et la famille. L’album qui vient de sortir est totalement différent. Il y a seulement quatre morceaux en commun entre les deux éditions : Interplanetary Music est l’un d’entre eux.
Quel est ton concept d’album favori ?
J’adore l’album In the court of the Crimson King de King Crimson, mais est-ce vraiment un concept album ? Pour moi, ce qui est intéressant, c’est ce qui est inconséquent et moins ambitieux. À tous ces albums pompeux des années 70 je préfère les choses sans prétention.
J’ai entendu parler de ta théorie conspirationniste,
de quoi s’agit-il ?
Il n’y a pas qu’une seule conspiration dans ce monde. Lorsque trois personnes se rencontrent, c’est une conspiration.
Pourquoi avoir signé sur un label français ? Quelle a
été la connexion ?
Pedro Winter a sorti Bongo Song de Zongamin mais c’est grâce à Dave de Soulwax que le lien a été fait. Il était à l’époque mon manager officieux que je ne payais pas et a suggéré à Pedro qu’on se rencontre.
Quelle sont tes relations avec la scène anglaise ?
Zongamin, Fergadelic et Will Sweeney sont mes amis, mais moi je suis « out of the blue », je n’ap-partiens à aucune scène en particulier. Fergus Purcell (le graphiste qui a signé un disque avec Soulwax et Riton sous le nom de Die Verboten) a réalisé l’artwork de mon disque avant tout car nous étions proches. Je bosse sur mon nouvel album sur lequel il y aura beaucoup moins d’invi-tés ; ça ne sera que Susumu Mukai (ndlr : Zonga-min) et moi.
mICKeY mOONlIGht
Au CLAIr du SoLeIL
27 — Nuit
Tu es respecté par tes pairs (Trevor Jackson, Mat-
thias Modica), et les nouvelles têtes (Twin Shadow,
New Young Pony Club). Comment juges-tu ta place
dans la scène électronique ?
Je suis flatté et honoré d’être ainsi respecté par ces artistes même si je crois que c’est déplacé. Je suis un perpétuel outsider, et je suis très heureux là où je suis.
Tu es plutôt chill out ou dancefloor ?
Ma musique n’est pas du tout dancefloor, l’album est plutôt fait pour être écouté dans un salon. En revanche, lorsque je joue en club je suis très dance-floor. J’aime beaucoup la dance music mais mon ambition était de faire quelque chose qu’on peut écouter chez soi. La dance a une durée de vie limi-tée et a pour fonction de faire danser. Mon album n’a pas de fonctionnalité ni de but direct.
Tu es plutôt expérimentation ou efficacité ? Je suis efficacement expérimental.
Tu es plutôt Sun Ra ou Justice ?
Je suis Sun Ra un jour et Justice l’autre. J’aime les deux comme j’aime AC/DC autant que j’aime John Coltrane. Un jour je suis LFO et un autre je suis plus SebastiAn. J’écoute de tout et je ne comprends pas les gens qui ne font pas de même.
Où sors-tu quand tu es à Paris ?
J’aimais beaucoup le Pulp et les soirées Kill The DJ d’Ivan Smagghe. Sinon, j’adore jouer au Social Club, c’est mon endroit préféré à Paris.
Mickey Moonlight — And the Time Axis Manipula-
tion Corporation Ed Banger/Because
≥ www.myspace.com/mickeymoonlight
28 — Nuit
29 — Nuit
la Bonne omBre
® Irina Aupetit-Ionesco Ω Foc Kan
Trente ans de carrière dont dix-neuf chez Voici, et
beaucoup de pellicules plus tard il est toujours là.
Aujourd’hui en freelance, il reste LE photographe
people qui détient parmi les plus belles archives
du Palace et des Bains Douches. Plus qu’un photo-
graphe, une institution des nuits parisiennes.
Comment es-tu devenu photographe de nuit ?
Parce que je suis insomniaque. À l’époque où j’ai commencé, j’étais dans la bande dessinée, j’écrivais des storyboards mais j’ai vite trouvé ça chiant de passer des nuits entières à gribouiller des feuilles blanches, tout seul. Faire de la photo est beaucoup plus excitant, tu te marres, tu rencontres des gens. J’ai commencé par travailler pour Actuel, puis au Figaroscope pour enfin terminer chez Voici. J’ai appris la photo avec mon beauf en un après-midi.
Tu te souviens de ta première photo ?
La première photo que j’ai faite, c’était au Palace en 1983. J’avais un pote qui était chauffeur de maître et avait ses entrées un peu partout. Ce soir-là, c’était une soirée en l’honneur de Grace Jones sponsorisée par Ford. Nous sommes passés par les cuisines et nous sommes tombés sur Fabrice Emaer qui nous a demandé par où nous étions rentrés. Nous lui avons répondu comme deux mômes pris en flagrant délit et il nous a dit que nous avions bien fait ! Je suis arrivé près du carré VIP où se trouvaient Azzedine Alaïa et Grace
Jones montrant ses dents à une fille qui était assise sur ses genoux. Elle mangeait du gâteau à pleine bouche. Je n’avais jamais vu une telle « gueule ». Il fallait que je fasse une photo ! C’est là que tout a commencé pour moi, après avoir failli me prendre un morceau de gâteau balancé par la muse de Jean-Paul Goude.
Peut-on te qualifier de paparazzi ?
Oui, mais je n’en suis pas un. Un vrai paparazzi c’est un mec qui campe, et qui se trouve derrière les fourrés… ce que j’ai déjà fait mais uniquement au cinéma (ndlr : Foc Kan a joué son propre rôle dans le film Jet Set).
Quel est ton meilleur souvenir de soirée ?
Là tout de suite, ce qui me vient à l’esprit c’est la soirée que Karl Lagerfeld avait donnée aux Bains Douches pour Victoire de Castellane en 1992… C’était incroyable ; il y avait des top-modèles de partout qui dansaient et fumaient. Kylie Minogue et Elle Macpherson, sublimes, agenouillées par terre en train de parler avec leurs clopes et leurs verres. Un grand moment !
C’était mieux avant ?
Mais bien sûr. La meilleure époque, c’était vers 1985 où on ne connaissait pas encore le sida. Tout le monde baisait avec tout le monde n’importe où, nous étions libres.
fOC KANLe p’TIT oISeAu de NuIT VA SorTIr
30 — Nuit
31 — Nuit
32 — Nuit
Tu ne te sens pas perdu aujourd’hui avec tous les
gens qui se disent VIP ?
Le problème vient de la téléréalité… Qui va voir du Rohmer aujourd’hui ? Alors que tout le monde a vu Loana dans la piscine… Pour tout te dire, je n’ai jamais vraiment bien retenu la tête des gens, je ne suis pas physionomiste du tout. Je me sou-viens d’une soirée donnée en l’honneur de Joan Collins. À l’époque, il n’y avait pas Internet et je ne connaissais pas sa tête. Tout le monde était très chic et toutes les femmes étaient en robe de cock-tail. On m’avait dit que la comédienne était brune avec une très belle tenue. À un moment donné les photographes ont commencé à s’agiter devant une belle brune en Perfecto. Je l’ai photographiée, mais ça n’était pas Joan Collins… c’était Eliza-beth Taylor.
Tu as la réputations d’être un grand charmeur, as-tu
déjà eu une histoire d’amour avec une “people” ?
Tu rigoles ou quoi ? C’est très compartimenté. Tu fais partie du décor. Mais les nanas me respectent quand même. Emmanuelle Béart m’avait dit : « Je ferai des photos pour vous lorsque vous quitterez Voici. » Ce que j’ai évidemment fait après avoir été licencié.
Pourquoi les artistes, VIP & co., détestent-ils tant
Voici ?
Parce que Voici met du poil à gratter là où il ne faut pas. Je ne sais pas s’ils disent toujours la vérité mais il n’y a pas de fumée sans feu.
Quels sont tes lieux de nuit de prédilection ? À l’époque, lorsque tu allais au Palace tu avais l’impression d’être dans un rêve. Maintenant, dès que tu vas dans des boîtes de nuit c’est l’usine. Il faut presque une pointeuse. C’est franchement chiant. Je sors peu à part pour aller au ciné ou dans des gargotes vietnamiennes ou chinoises du 13e arrondissement.
Que penses-tu de tous ces photographes de soirée
et plus particulièrement du site Say Who ? Ne te
font-ils pas un peu de l’ombre ?
Say Who me sert de référence. Je regarde toujours si j’ai manqué une soirée ou si ça valait le coup que je me déplace. C’est très branché je trouve. Toutes les photos sont en longueur, alors qu’une photo est bien plus intéressante en hauteur : tu as le décolleté de la nana, le cendrier pourri rempli de mégots, les verres, les canettes de bière. C’est ça que je voulais montrer lors de mon expo Les Fleurs du bal à la galerie Le Simoun.
Foc Kan
≥ www.facebook.com/foc.kan
GRACe jONeS
mANGeAIt du GâteAu
à pleINe BOuChe. je N’AvAIS jAmAIS vu
uNe telle « Gueule ».
33 — Nuit
34 — Nuit
le casse BonBon
® Manon Troppo
Le concert nous avait plu, ça oui, fichtrement, mais nous nous y attendions. Ce qui nous avait surpris, en revanche, c’était la faune présente ce soir-là à la Gaieté lyrique. D’accord, le créneau même de Mustang peut rassembler plusieurs caté-gories sociales et racoler à tous les âges et étages, d’accord, mais tout de même, on se serait cru dans une soirée à quota obligatoire tant les pro-portions de diversité étaient respectées. Autant de cols blancs trentenaires que de quadras jadis roc-kers. Autant de frais retraités dandinants que de mioches inattentifs leur passant entre les pattes. Autant de jeunes comme nous que de jeunes comme vous. L’ambiance était presque familiale et c’était un enchantement. Revigorés par tant de fraîcheur, nous nous rendions à l’International.
Contrairement à ce que le nom pourrait laisser penser, pas de diversité ici. Tout le monde est blanc, et bien blanc, du genre qui sort le bout du nez qu’une fois la nuit tombée. Tout le monde a un pénis, et du genre qui compte le sortir à chaque nuit tombée. Tout le monde a 20 ans, et pas du genre Charles Aznavour. Pas de lendemains pleins de promesses pour ces bambins-là, des matinées d’Alka Seltzer, tout au plus. Moins bigarré que ce rade, y’a pas.
Tout le monde parle de la même façon et en même temps, tout le monde aime la même musique au même moment, personne n’a rien lu depuis un an. C’est pas faute d’avoir tenté d’entre-tenir les conversations maladroitement engagées, mais elles tournaient invariablement à la drague balourde et, en fin de compte, je me sentais étran-gère et lasse.
On est toujours le vieux de quelqu’un mais ce soir-là, nous n’étions plus les jeunes de qui que ce soit. Je ne veux pas tomber dans le sempiternel et réac « c’était mieux avant », mais je ne résiste pas à l’en-vie de retrouver, dans mon Paris nocturne d’au-jourd’hui, un peu de celui d’il y a à peine quinze ans. Les « vieux » étaient là, alors. Pas à tous nos concerts et certainement pas dans nos clubs. Bien sûr, ils existaient déjà, et ils existeront toujours, ceux qui avaient décidé que notre musique était pour les sauvages ou les dégénérés, et nos façons de faire entraînaient souvent des ribambelles d’in-sultes que même les oiseaux, ils en veulent pas. Pour eux, c’était vraiment mieux avant. Mais la différence, de taille, c’est que nous pou-vions en parler quand ils traînaient dans nos guin-guettes ou nous dans leurs QG. Le vieux est un mythe, aujourd’hui. On sait qu’il
CAleNdRIeR de l’AvANt
35 — Nuit
Calendrier de l’avant
existe, enfin, il paraît qu’un ami d’ami en a croisé un au bar de son tabac, mais on ne les voit plus, on ne leur parle plus, on ne peut plus les insulter en retour ou se trouver, finalement, plus de points communs qu’on aurait bien voulu le croire.
J’ai parfois la sensation d’appartenir à une armée d’envahisseurs, qui, quand elle débarque par acci-dent ou par lassitude dans un bar-tabac, fait fuir tout le monde et repousse petit à petit les plus de 50 ans aux portes de Paris, comme certaines per-sonnes élues démocratiquement le font avec ceux qui dorment dehors. Quoi de plus triste que de se retrouver toujours entre clones, me demande-je de plus en plus souvent à l’heure de la fermeture des caisses.
Au Smoke en 2000, Chez Georges en 1998, au Harry’s Bar en 2002, même aux débuts de Chez Jeannette il n’y a pas si longtemps, c’était la Gaîté lyrique, et les anciens avaient la place qu’ils méri-taient, à savoir celle de l’ancienneté qui prime, comme chacun sait, sur toutes les autres. Un empoté, pour qui le rendez-vous amoureux se passait mal, se retrouvait conseillé, au coin du bar, par un briscard qui en avait couché, des poules. Ah ça oui. Et les conseils se transformaient en conver-sations, et la conversation tournait au monolo-gue. Et le bras cassé emmagasinait l’expérience du papi et repartait gonflé à bloc, pour draguer mieux, pour draguer plus et ramer moins, tout en se demandant si, tiens, ça serait pas seyant sur lui aussi, ce petit gilet des années 60 alors que le pré-nom de la convoitée sus citée lui échappait déjà.
Une petite biche fraîchement quittée se voyait chaperonnée par la femme fatale des années 80, et, pendant que des kilos de rides lui offraient du vrai bon cognac, le temps passait plus vite et autre-ment plus intelligemment qu’avec les copinous du même âge qui, ici, auraient essayé de la sauter en profitant du désarroi, là-bas auraient essayé de sauter son ex, en profitant du désarroi. La biche
écoutait la viocque lui dire, dans un vocabulaire qui sentait la naphtaline, que les amours passent, les alcools restent, et faisait un câlin au petit matin à une femme qui aurait pu être la mère de sa mère, alors qu’elle était devenue son amie. Sans compter que, en chemin, elle se rappelait avoir vu traîner le même bibi noir dans sa cave et qu’elle décidait de le mettre dès demain. Elle pensait à un chapeau, six heures après avoir perdu l’homme d’un bout de sa vie.
On ne veut peut-être pas l’admettre, mais on a pris beaucoup aux vieux, et appris d’eux encore davantage. Le problème c’est qu’on les a égale-ment virés, et qu’on fait du stand-by, laissant crou-pir nos années dans une eau stagnante qu’aucun sage ou bien plus schtarbe que nous ne vient aérer, renouveler, dézinguer un peu, bordel. Il n’y a plus personne pour intervenir au beau milieu d’une engueulade de meilleurs amis en posant sa main sur l’épaule et en disant, confiant, convaincant, apaisant : « C’est vraiment con ce que tu fais, fils, reprends tes esprits. » Maintenant on doit se conten-ter d’un « Hé ! Bouffon ! », lancé depuis le trottoir d’en face. Où sont-ils nos doyens poussiéreux ? Nous qui n’avons de cesse de dire que la nuit et la fête sont mortes depuis trente ans, ne pourrions-nous pas obtenir quelques conseils de ceux qui ont vécu une époque qu’on regrette sans même l’avoir connue ? Est-ce qu’on leur fait peur plus qu’ils ne nous effraient ? Pour le savoir, encore faudrait-il pouvoir s’échanger trois mots. Se croiser quelque part. Savoir où ils se cachent. Les accueillir avec un peu de bienveillance quand ils osent se montrer. On a tout intérêt à les dorloter et à leur voler leurs combines. Quitte à enfoncer des portes ouvertes, allons-y gaiement : les vieux ont cet avantage sur nous qu’ils ont déjà été jeunes. Contrairement à nous qui n’avons pas encore été vieux. L’eau, ça mouille, le feu, ça brûle, et les vieux, ça rafraîchit.
Mais le vrai problème de la nuit à Paris, c’est qu’elle est toujours trop courte.
36 — Nuit
le Bon en arrière
Au lendemain de la Révolution française, la société
parisienne s’empare d’une frénésie de plaisirs mar-
quée par l’ouverture d’établissements dédiés à la
danse. S’y presse une foule avide qui dépensera
l’énergie vitale qu’elle a dû réprimer pendant les
sombres jours du régime de la vertu.
Sous le Directoire (1795-1799), les salons pari-siens, engloutis dans la tourmente révolution-naire, cèdent la place à de nouvelles mondanités, dédiées au culte de Terpsichore (la muse de la danse). Contemporain du processus, le journa-liste Sébastien Mercier dans sa gazette commente ainsi le développement d’une véritable manie de la danse : « on danse aux Carmes où l ’on égorgeait ; on danse au noviciat des jésuites ; on danse au couvent des Carmélites du Marais ; on danse au Saint-Sul-pice ; on danse aux Filles de Sainte-Marie, on danse encore dans chaque guinguette des Boulevards, aux Champs-Élysées, le long des ports. » Les coteries aristocratiques se recomposent peu à peu, autour de Joséphine de Beauharnais, Mme Tallien et Mme de Staël, connues alors comme les Me(r)veilleuses et Inc(r)oyables, deux mots que l’on se plaît à prononcer sans le « r », afin de conjurer la souffrance qu’ont connue les aristocrates pen-dant la Terreur révolutionnaire. Mais, danser pour oublier, c’est une démarche qui ne se limite pas à la noblesse rescapée et peu à peu, tout le monde s’y met : « Chaque classe a sa société dansante, et du petit au pauvre, c’est-à-dire du riche au pauvre, tout danse ; c’est une fureur, un goût universel. »
Du « thé parisien au Suprême Bon Ton » aux « Bals
des victimes »
La presse a parlé de « dix-huit cents bals ouverts tous les jours ». Cette exagération témoigne de l’in-tensité à laquelle les lieux se multiplient, et sur-tout, laisse supposer la variété de l’offre. Précédée par la Révolution et la Terreur, cette période, mar-quée par les contradictions, célèbre, de manière schizophrène, la douceur de vivre tout autant que la mort des siens. On peut ainsi prendre son thé l’après-midi, dans des lieux dont le raffinement n’a d’égal que la poésie du nom, en se rendant au salon le Suprême Bon Ton, avant de prolonger la soirée dans un des quelques Bals des victimes. Ces bals furent créés par des jeunes gens dont des parents ou proches avaient été guillotinés, mais à qui la Révolution avait restitué les biens pré-cédemment confisqués, un argent qui en retour leur permit de monter d’étranges festivités. Pour être admis au Bal des victimes, on devait avoir eu un proche parent guillotiné pendant la Révo-lution. Tout de noir vêtus, les hommes servaient de cavaliers aux femmes qui portaient des vête-ments gréco-romains et aux cheveux relevés « à la victime ». En guise de salutation, au lieu d’un signe de tête élégant, le danseur secouait sa tête pour imiter le moment de la décapitation. À se fier au climat social actuel, il n’est pas exclu que nos nuits parisiennes soient ressaisies par le spectre de la dansomanie, dont la fonction initiale fut bien celle d’une catharsis de l’exécution des proches et des bouleversements sociaux.
® Marine Goutal Ω Peanut Butler
BAl deS vICtImeS
LA dANSe SouS Le dIreCToIre
37 — Nuit
38 — Nuit
le Bon look
Ω Amélie Chassary 7 Anthony Lee Watson
Dimitri Storoge
Comédien, il est préselectionné pour
le César du meilleur espoir masculin.
—
Chemise et veste chez GANT
Automne / Hiver 2011
www.gant.com
39 — Nuit
Le Bon Look
Virginie de Clausade
Ecrivaine et animatrice de télévision.
—
Blouson en peau d’agneau retourné - DIESEL
Chemise à carreaux - DIESEL
Automne / Hiver 2011
www.diesel.com
40 — Nuit
la playlist de
Ω Per Kristiansen
Marseillaise exilée à Paris,
la chanteuse-compositrice
Anything Maria s’est déjà fait
remarquer grâce à un superbe EP
et des prestations live intenses.
Également DJette à ses heures
perdues, elle nous livre sa playlist
d’hiver.
—
Nouveau single Wild Heart réalisé
avec Henry Blanc-Francard dans
les bacs.
Sortie du single Holy Kiss fin
janvier. Album à venir fin 2012.
—
www.anythingmaria.com
ANY-thING mARIA
Amy Winehouse — Love is a Losing Game (demo version). J’ai tou-jours boudé Amy Winehouse, faute d’être touchée, jusqu’à ce que je tombe sur cette version de Love is a Losing Game. Le songwriting est juste, tout simplement juste, et quelle émotion dans sa voix, quelle profondeur, on croirait presque Billie Holiday. Un classique.
Vigon — Harlem Shuffle. Ce morceau un peu comme Love Man d’Otis Redding me donne le shake et m’hérisse le poil à la fois. J’adore cette fièvre, cette transe, le « soulful » que je peine à retrouver dans la musique électronique.
Mike Dunn — Phreaky MF. Je passe souvent ce titre en début de soirée quand je fais un DJ set, je ne m’en lasse pas. Les paroles sont sympa aussi… du grand songwriting…
James Blake — To Care. Ce titre est impeccable, à la fois un sens aigu du songwriting et un son très actuel et organique, des basses qui vrombissent, sans parler de la voix.
Jamie xx — Far Nearer. Depuis l’album avec Gil Scott-Heron (une révélation !) et le remix de Adele (une inspiration !) je suis devenue vraiment fan de Jamie XX qui, techniquement, est impressionnant et qui, surtout, ne néglige jamais l’émotion.
Burial & Thom Yorke — EGO. Ce duo déchire. Point. Thom Yorke a tout compris. (Son titre This avec Modeselector est à tomber égale-ment). Ce mec-là inspire et émeut depuis le milieu des années 90… c’est énorme.
N.E.R.D — Hypnotize You. J’adore ce titre, les synth très new wave et le flow à la Prince me rendent dingue. J’aime beaucoup également l’edit qu’en ont fait récemment DJ DJEL & Meisterfackt.
Marco Del Horno & DJ Swerve — Ho! Riddim. Un peu de fatness que diable ! Non mais ces basses sont gargantuesques. Et le mec a la rage, et ça, ça me donne les frissons.
Austra — Beat And The Pulse (Still Going Remix). Ce titre m’hypnotise littéralement, il y a un côté fin années 90/Chemical Brothers qui me plait beaucoup beaucoup. J’hésitais entre ce remix de Still Going et celui de Blue Steel de Bot’ox à dire vrai.
41 — Nuit
Pharmacies de garde
84, av. des Champs-Élysées 8e
≥ 01 45 62 02 41
6, place de Clichy 9e
≥ 01 48 74 65 18
6, place Félix-Éboué 12e
≥ 01 43 43 19 03
Livraison médicaments 24/24
≥ 01 42 42 42 50
Urgences
SOS dépression
≥ 08 92 70 12 38
Urgences psychiatrie
Se déplace sur région parisienne
≥ 01 40 47 04 47
Drogue, alcool, tabac info service
≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13
Livraison sextoys
Commande en ligne
www.sweet-delivery.fr/
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Livraison alcool + food
Nemo 01 47 03 33 84
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Faim de Nuit 01 43 44 04 88
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
Allô Hector 01 43 07 70 70
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Apéritissimo 01 48 74 34 66
≥ 7/7 — jusqu'à 4h
Allô Glaçons
01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24
Épiceries
L'Épicerie de nuit
35, rue Claude-Bernard 5e
≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30
Épicerie Shell
6, boulevard Raspail 7e
≥ 7/7 — 24/24
Minimarket fruits et légumes
11, boulevard de Clichy 9e
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
Alimentation 8 à Huit
151, rue de la Convention 15e
≥ 7/7 — 24/24
Supérette 77
77, boulevard Barbès 18e
≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h
Resto
L’Endroit, 67, place du Docteur-
Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00
≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,
samedi de 10h à 5h
Tabac
Tabac du Châtelet
4, rue Saint-Denis 1er
≥ 7/7 — jusqu'à 3h
Tabac Saint-Paul
127, rue Saint-Antoine 4e
≥ 7/7 — jusqu'à minuit
Le Pigalle
22, boulevard de Clichy 18e
≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h
Poste de nuit
52, rue du Louvre 1er M° Louvre-
Rivoli / Étienne-Marcel
Boulangeries
Snac Time
97, boulevard Saint-Germain 6e
≥ 7/7 — 24/24
Boulangerie pâtisserie
99, avenue de Clichy 17e
≥ 7/7 — 24/24
Chez Tina
1, rue Lepic 18e
d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h
Boulangerie Salem
20, boulevard de Clichy 18e
≥ 7/7 — 24/24
Fleuristes
Chez Violette, au Pot de fer fleuri
78, rue Monge 5e
≥ 01 45 35 17 42
Relais Fleury
114, rue Caulaincourt 18e
≥ 01 46 06 63 97
Carwash
Paris Autolavage 7/7 — 24/24
Porte de Clichy 17e
Shopping
Virgin Megastore
52, av. des Champs-Élysées 8e
≥ jusqu'à minuit
Librairie Boulinier
20, boulevard Saint-Michel 6e
v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h
Kiosques à journaux 24/24
38, av. des Champs-Élysées 8e
16, boulevard de la Madeleine 8e
2, boulevard Montmartre 9e
Place de Clichy 18e
Internet 24/24
53, rue de la Harpe 5e
≥ 01 44 07 38 89
20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e
≥ 01 43 40 03 00
Envoyez-nous vos bons plans
ouverts la nuit : [email protected]
trousse de secours
Ouvert toute la nuit !
42 — Nuit
les Bons cadeaux
Ω Violaine Schütz
Noël approche et vous n’avez toujours pas fait vos cadeaux ? C’est le
moment de piocher ici quelques idées. Pour la maman bobo nostalgique
Serge Gainsbourg Coffret Deluxe 2 CD, 2 vinyles, 1 DVD ≥ 80 €
Pour la petite sœur
Adele, live at the royal Albert Hall≥ DVD 22 € / Blu-ray 23,50 €
Pour papa cool
Le blouson de Ryan Gosling dans drive≥ 160 $ (soit 120 €) sur Steady Clothing
http://steadyclothing.com/NEW%20SITE/PAGES/drive.html
Pour le petit frère
Tee-shirt Brain / Original Music Shirt : chorégraphies Single Ladies de Beyoncé, Around The World des Daft…≥ 19,90 € sur www.originalmusicshirt.com
Pour le papy trendy
Foie gras Fauchon, chocolats et marrons≥ 20 € les 100 g
Pour la petite cousine
Amy Winehouse - Lioness : Hidden treasures≥ 16 €
Pour le cousin gay (et sensible)
A very She&Him christmas record≥ 16 €
Pour la belle-mère (qu’on connaît si peu)
Carte cadeau Rêvons Plus, valable dans plus de 1 500 boutiques de mode, beauté, déco, culture et loisirs en France. ≥ Carte cadeau prépayée entre 15 et 150 € sur www.lacartecadeau.fr
Pour la demi-sœur par alliance
Une place pour l’expo Mapplethorpe by Sofia Coppola≥ Galerie Thaddaeus Ropac - 7, rue Debelleyme - Paris 3e
43 — Nuit
Pour la tante qu’on aime bien
Lampe Living Colors Philips ≥ 150 €
Pour l’oncle hype
Boîte de chocolats Champs-Élysées de Lindt par Ora Ito≥ 12,50 €
Pour soi-même
Bougies en verre Astier de Villatte≥ 50 €
Pour sa petite amie chic
Thé Kusmi Tea, boîte de 125 g≥ 12,20 €
Pour son petit ami nerd
Baskets Jeremy Scott x Adidas≥ 180 €
Pour les enfants
Teddy en chocolat / Sapin sur mesure Pierre Marcolini≥ Teddy : 54 €
≥ Sapin : Grand (50 cm) 244 € / Petit (30 cm) 91 €
Pour son meilleur ami geek
Enceintes Merkury Eco-Nation à colorier≥ Fnac It, 19 €
Pour le beau-frère artiste
Coffret de deux livres J’ai toujours rêvé d’être un artiste224 pages / Textes & design graphique : ViiiZ chez Tana Éditions≥ 16 €
Pour la cousine pop
Coffret The Beach Boys Smile Sessions - Édition Super Deluxe≥ 135 €
Pour la famille russe
Bûche Café Pouchkine - Gâteau de voyage de Noël ≥ 66 € à la pâtisserie Café Pouchkine - 64 bd. Haussmann - Paris 9e
Les Bons Cadeaux
44 — Nuit
le Bon cocktail
Quand mon amie m’a dit : « Viens, je fais une soirée mexicaine», j’avais comme un gros doute, la tequila et moi on est fâchées depuis mes 15 ans, suite à trop de paf dans un PMU de Noirmoutier. À peine un pied dans son conapt* elle me tend un verre. Ça sent le café et le pousse-café aussi. Je m’attendais à une margarita de base, aussi je hausse un sour-cil et siffle la mixture d’un trait. Une merveille. Mince ! C’est quoi ? Un expresso-martini. J’avoue mon ignorance et je lui intime, sous peine de la fouetter avec un lasso, de m’en refaire un, là tout de suite. C’est là je crois que tout s’est mélangé dans ma tête. Je ne sais pas comment je me suis retrouvée devant Francisco Alcarez, maître dis-tillateur du Tequila Patrón de son état. Parce que déjà on dit « le » tequila en espagnol ¿ Entiende mujer ? On est devant des lignes entières d’agaves bleus dans l’état de Jalisco, Mexique. Francisco, en pédagogue, me dit qu’il faut huit ans avant de les récolter, de les cuire 80 heures, de les broyer, de les faire fermenter et enfin de les distiller. Qu’en-suite, on fera vieillir ce distillat en fût de chêne entre deux mois et deux ans et qu’on y ajoutera des zestes d’orange ou de l’essence naturelle de café. Ce qui explique pas mal de trucs. Déjà que je n’avais jamais vraiment bu du tequila de ma vie, n’ayant connu que des « mixtos », 51 % agave, 49 % de « ce qui traîne dans la pompe à essence ». Qu’ensuite, il s’agit pour les Mexicains d’une sorte d’AOC, un produit avec lequel on ne plaisante pas. Parce que comme notre champ’ et nos bour-gognes, il est un emblème révolutionnaire et son
terroir est strictement encadré. Et qu’enfin, assez logiquement, ça en fait le spiritueux le plus cher à produire. Francisco, fier comme un bar-tabac, a enchainé sur le conditionnement et le site de production, là juste derrière les champs d’agave dans l’hacienda Patrón. Bouteilles en verre recy-clé, étiquetées à la main et numérotées et vérifiées 60 fois chacune. La maison est verte, les déchets de la fabrication servent de compost au jardin bio, et ils sont engagés auprès de nombreuses organi-sations caritatives. Ça c’est rapport au big boss, John Paul Dejiora, ayant connu la misère, devenu patron de salons de coiffure et millionnaire avant de fonder Patrón. Une success story made in USA avec, à la clé, de la figu dans rien que pour vos cheveux. Le sourire de Francisco s’est brouillé… Je lui ai demandé où je pouvais en trouver, moi pauvre péon dans ma pampa parisienne, mais c’est mon amie qui m’a rétorqué : « Ben demande à ton caviste, sinon commande-en online… je te fais goûter la Silver en shot ? » *Conapt : appartement connecté (Philip K. Dick)
® Communiqué
C’eSt quI le pAtRóN?
Expresso-martini : 1 cl de sirop de sucre, 4 cl de
Patrón XO Café + un expresso bien chaud. À dégus-
ter avec modération au Mansart, au Floréal, au
Barbershop…
Tequila Patrón : à réclamer à son caviste ou sur le
site de Culture Cocktails, son distributeur français
www.culturecocktails.com
≥ Patrón Silver 55 € / Patrón XO Café 34,95 €
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La Perfection,le noir lui va si bien.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ - À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
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Metropolis Bonbon Party | Bataclan 10/11/11 Ω Aurore Vinot + Carl Labrosse
48 — Nuit
Jeudi 01/12 20h La Gaîté lyrique 20 €
≥ Holly Cook
Vendredi 02/12 20h La Flèche d’Or 15 €
≥ Quadron23h Showcase 15 €
≥ WIHMini Festival Day 1 avec Trentemøller23h30 La Machine 14 €
≥ Sonotown 3 Years avec Shed, Dorian Concept,
Roman Lindau, Machinedrum & Lando Kal23h59 Le Bus Palladium Gratuit
≥ Bonbon party
Samedi 03/12 23h30 Nouveau Casino 10 €
≥ Make the Girl Dance release party : Missill +
Vicarious Bliss + Anteros & Thanaton
Mardi 06/12 19h30 Nouveau Casino 20 €
≥ Toro Y Moi19h30 Point Éphémère 20 €
≥ Das Racist
Mercredi 07/12 23h Chez Moune Gratuit
≥ Soirée Pearch avec Tiger Sushi, Maman Records,
Versatile, Cinq7, Record Makers et Sound Pellegrino23h Mama Shelter Gratuit
≥ J Live DJ Set
Samedi 10/12 19H La Bellevilloise 18 €
≥ Free Your Funk avec Onra 23h Chez Moune Gratuit
≥ Aftershow Onra + friends23h30 Le Rex 15 €
≥ 48h00 InFiné Part 1 avec Francesco Tristano,
Rone, Downliners Sekt & Gordon Shumway23h30 La Machine 15 €
≥ Release party de Spank Rock (Live) + DSL +
guests23h30 La Java 6 €
≥ Off The Hook + Marco Dos Santos + L.A.D.R.I +
Anteros & Thanaton + Loli Zazou
Dimanche 11/12 19h30 Nouveau Casino 20 €
≥ Jamie Woon00h Le Rex 15 €
≥ 48h00 InFiné Part 2 avec Seth Troxler Et Agoria
Vendredi 16/12 23h30 Le Showcase 10 €
≥ Open House avec Busy P + DJ Feadz23h59 Le Bus Palladium Gratuit
≥ Bonbon party
Samedi 17/12 23h30 La Bellevilloise 15 €
≥ Free Your Funk avec DJ Pone et Para One special
hip-hop all night long
Mercredi 21/12 19h Batofar 9 €
≥ Versus & Modonut
Jeudi 22/12 23h30 Le Social Club Gratuit
≥ Sound Pellegrino avec Joakim
Vendredi 23/12 23h30 Nouveau Casino 10 €
≥ Emilomar (Radio Nova) & Aline all night long
special “Nova 2011”23h59 Le Bus Palladium Gratuit
≥ Bonbon party
Mardi 27/12 20h Sunset Sunside 28 €
≥ Malia “Hommage à Nina Simone”
Vendredi 30/12 00h Le Rex 15 €
≥ Rebel Rave Avec Damian Lazarus & Jozif 23h59 Le Bus Palladium Gratuit
≥ Bonbon party00h Nouveau Casino 10 €
≥ Snatch Party avec Surkin (Marble), Logo (Kitsuné)
& Club Cheval
Samedi 31/12 23h Le Social Club 20 €
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Envoyez votre prog à : [email protected]
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