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L’édition en Thaïlande
Décembre 2012
Département Etudes du BIEF
Claire Mauguière
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Remerciements
Anne-Emmanuelle Grossi, Attachée de coopération pour le français et Vipha Suchinai-
Bervas, Assistante linguistique m’ont apporté une aide précieuse pour la réalisation de
cette étude, qu’elles en soient ici remerciées.
Je tiens également à remercier les professionnels du livre rencontrés à Bangkok qui ont
bien voulu me consacrer du temps pour partager leur savoir et leur expérience.
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Sommaire
Introduction ...................................................................................................................... 5
I. Eléments de contexte ..................................................................................................... 6
A. Contexte général et données économiques .............................................................. 6
B. Données politiques ................................................................................................... 7
II. Le secteur de l’édition en Thaïlande : données générales ........................................... 9
A. Quelques chiffres ..................................................................................................... 9
B. Les principaux éditeurs .......................................................................................... 10
C. Le prix du livre et le système de TVA ................................................................... 12
III. Lectorat, points de vente et distribution ................................................................... 14
A. Le système de distribution ..................................................................................... 14
B. La promotion .......................................................................................................... 16
C. Les points de vente ................................................................................................. 16
D. Les pratiques de lecture ......................................................................................... 25
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IV. La production éditoriale ........................................................................................... 28
A. Le roman ................................................................................................................ 28
B. Les ouvrages jeunesse ............................................................................................ 30
C. Les ouvrages de type académique .......................................................................... 32
D. La non-fiction « commerciale » ............................................................................. 34
E. L’édition en anglais ................................................................................................ 35
V. Les échanges internationaux ...................................................................................... 36
A. Les traductions dans la production éditoriale thaïlandaise .................................... 36
B. Les ouvrages en français et la place du français en Thaïlande ............................. 38
Conclusion ...................................................................................................................... 40
Annuaire ......................................................................................................................... 41
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Introduction
Le secteur de l’édition en Thaïlande connait – dans l’ensemble – une période de
croissance depuis plusieurs années. Celle-ci repose notamment sur la montée en
puissance de certains grands groupes qui jouent souvent un rôle à différents échelons du
secteur : la librairie, la distribution, l’édition.
C’est un des traits caractéristiques du secteur du livre en Thaïlande : certains acteurs
sont très dominants sur le marché, et ce à tous les niveaux de la chaîne du livre. Ces
mêmes acteurs sont ceux qui connaissent la plus forte croissance de leurs chiffres
d’affaires.
De plus, plusieurs de ces groupes développent une activité qui s’inscrit dans un
cadre plus large que celui du livre (l’éducation pour certains, les médias pour d’autres)
et les canaux de vente de livres sont eux-mêmes fréquemment associés à d’autres types
d’activités (les libraires sont souvent situées dans des malls commerciaux et proposent à
la vente beaucoup de non-book, une part importante des ouvrages jeunesse est diffusée
via l’école, par des clubs de livres, etc).
Et l’on trouve là un second aspect important du secteur du livre en Thaïlande : son
dynamisme prend sans doute plus qu’ailleurs appui sur des activités connexes.
Les secteurs forts de l’édition thaïlandaise sont ceux de la jeunesse et du roman.
Les éditeurs thaïlandais sont dans l’ensemble très favorables aux projets de traductions
qui représentent pour eux certaines garanties.
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I. Eléments de contexte
A. Contexte général et données économiques
La Thaïlande compte près de 68 millions d’habitants et son PIB est de 312
milliards de Dollars (2010), soit un PIB par habitant de 8 600 dollars/an environ. Ce
niveau de PIB confère à la Thaïlande la place de deuxième économie la plus importante
de l’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations), après l’Indonésie. L’économie
thaïlandaise se caractérise par une très forte ouverture sur le reste de la zone Asie du
Sud-est puisque la Thaïlande est le troisième importateur et exportateur de la région.
Outre les pays asiatiques, les premiers « clients » de la Thaïlande, en termes
d’exportation, sont les Etats-Unis qui sont également les troisièmes fournisseurs du pays
(importations). Ainsi très exposée, la Thaïlande a été fortement frappée par la crise
asiatique de la fin des années 90 et par la crise de 2008.
La Thaïlande est l’un des membres fondateurs de l’ASEAN (créé en 1967). La
prochaine étape pour cette association est la création d’un réel marché commun entre les
pays membres (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Viêt-
Nam, Laos, Birmanie, Cambodge), à l’image du marché européen. La mise en place de
cette Communauté Economique de l’ASEAN (AEC) est fixée pour 2015 ; beaucoup
doutent de la faisabilité du projet dans ces délais, mais quoiqu’il en soit, l’intégration de
ce marché est amenée à être de plus en plus importante à l’avenir. A noter que
l’ASEAN se rassemble également très régulièrement sous la forme de l’ « ASEAN+3 »,
qui ajoute comme partenaires la Chine, le Japon et la Corée du Sud.
La première religion en Thaïlande est le bouddhisme, pour plus de 90% de la
population, et la principale minorité religieuse est la minorité musulmane (5%).
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B. Données politiques1
L’histoire contemporaine de la Thaïlande est celle d’un ancrage progressif mais
mouvementé et hésitant des institutions et des pratiques démocratiques.
Le 19 septembre 2006, le gouvernement démocratique de M. Thaksin Shinawatra,
contesté par l’armée et par les élites conservatrices de Bangkok, a été renversé dans un
coup d’Etat qui n’a donné lieu à aucune effusion de sang. Ce coup d’Etat faisait suite à
plusieurs mois de crise politique. Le régime militaire fait ensuite voter une nouvelle
Constitution et tient des législatives en décembre 2007. Le Parti du Pouvoir du Peuple
(PPP), proche de l’ancien Premier ministre Thaksin, remporte une large victoire. Son
leader, M. Samak Sundaravej, forme un gouvernement de coalition.
Ce gouvernement est renversé par les éléments conservateurs les plus radicaux, réunis
dans un mouvement baptisé PAD (« People’s Alliance for Democracy »), dont la
couleur est le jaune, couleur royale. Ils ont occupé le siège du gouvernement à partir
d’août 2008 puis les aéroports de Bangkok en décembre, entraînant la chute du
gouvernement. S’appuyant sur la même coalition à l’assemblée, M. Somchai
Wongsawat, proche de M. Thaksin Shinawatra, a été nommé Premier ministre, mais le
PPP a finalement été dissout par décision de justice, entraînant une nouvelle chute du
gouvernement.
En décembre 2008, le pouvoir change de camp avec l’élection par le Parlement du
Premier ministre M. Abhisit Vejjajiva, du Parti démocrate. Ce parti était parvenu à
désolidariser certaines composantes qui soutenaient la majorité PPP.
1 Extrait du site diplomatie.gouv.fr
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D’autres membres du PPP se sont regroupés dans un nouveau parti, le Puea Thai, qui
reste dominant dans les provinces du Nord et du Nord-est de la Thaïlande. Face au
PAD, des partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra ont constitué un
autre mouvement de masse, l’UDD (United Front for Democracy Against Dictatorship)
dont la couleur est le rouge. Les violentes manifestations des « chemises rouges » en
avril 2009 ont provoqué le report du sommet de l’ASEAN prévu à Pattaya.
La scène politique a connu une accalmie à la suite de la formation du gouvernement
d’Abhisit Vejjajiva. Pour autant, les divisions au sein de la société thaïlandaise entre les
partisans et adversaires de M. Thaksin Shinawatra, loin d’avoir disparu, ont conduit à
d’importantes manifestations du mouvement des « chemises rouges » au printemps
2010 à Bangkok. Les affrontements violents qui ont suivi, ont fait 91 morts et 1900
blessés. Depuis, le calme est revenu à Bangkok et le gouvernement a organisé des
élections législatives anticipées le 3 juillet 2011.
Le parti d’opposition Puea Thaï a remporté une majorité absolue à ces élections et c’est
Mme Yingluck Shinawatra (44 ans), la sœur de l’ancien Premier ministre, qui a pris la
tête d’un nouveau gouvernement de coalition avec quatre partis dont le nombre cumulé
de parlementaires avoisine les 300 sur un total de 500. Les attentes de la population
thaïlandaise à l’égard du nouveau gouvernement portent principalement sur l’économie
et la réconciliation nationale (les « chemises rouges » réclament la lumière sur les
violences du printemps 2010 à Bangkok).
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II. Le secteur de l’édition en Thaïlande : données générales
A. Quelques chiffres
En 2010, selon les chiffres communiqués par la Publishers Agency of Thaïland
(PUBAT), le chiffre d’affaires du secteur de l’édition représenterait environ 500
millions d’euros, soit une progression de 6% environ par rapport à l’année 2009. D’une
façon général le CA du secteur est en augmentation constante depuis plusieurs années ;
c’est un marché qui – à plusieurs titres – est en phase de constitution et qui progresse
régulièrement.
Pour autant, la croissance du secteur en 2011 a été fortement ralentie par rapport à
l’année précédente et enregistre une croissance de 1,5% « seulement ». Mais ce
ralentissement est a imputer au ralentissement générale de l’économie thaïlandaise –
qui, en 2011 a affiché une croissance de 0,1% alors que le taux de croissance était de
près de 8% en 2010 – dû en grande partie aux très graves inondations qui ont paralysé le
pays pendant de nombreux mois et qui ont entraîné la mort de 666 personnes ainsi que
des dégâts matériels estimés à près de 30 milliards d’euros.
Le nombre de nouveautés publiées par an est de 15 000 environ en 2010 et ce chiffre est
en augmentation depuis plusieurs années :
Nombre de nouveautés publiées par an
Années 2007 2008 2009 2010
Nombre de nouveautés 11 455 13 348 13 624 15 086
Source : Publishers association of Thaïland - PUBAT
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Le nombre d’éditeurs est, lui aussi, en augmentation constante. Sur les plus de 400
éditeurs membres de la PUBAT, se détachent 8 éditeurs « leaders », de loin les plus
importants, puis suivent 60-70 éditeurs de taille moyenne, et enfin, la plus grande partie
des éditeurs qui sont de petites structures et correspondent à plus de 300 entités.
D’après les derniers chiffres publiés par la PUBAT, les 8 groupes leaders ont tous, à
l’exception de l’un d’eux, connu une croissance de leur chiffre d’affaires supérieure à la
croissance du secteur entre 2009 et 2010, alors que plus de 200 éditeurs ont enregistré
une croissance négative entre les deux mêmes années.
En 2009, les 8 éditeurs leaders représentaient près de 32% du CA global de l’édition,
alors que les petits éditeurs dégageaient tous ensemble 16% du CA global environ. 66%
du CA global est réalisé par les 33 plus importantes maisons d’édition.
B. Les principaux éditeurs
Les 8 éditeurs leaders sont les suivants :
Amarin printing and publishing est un des plus importants éditeurs, mais c’est aussi
le deuxième plus gros distributeur du pays et la deuxième chaîne de librairie : les
librairies Nai-in. Le groupe possède également plusieurs magazines, ainsi que sa propre
structure d’impression qui réalise également des travaux pour d’autres éditeurs. En tant
qu’éditeur, Amarin est généraliste et édite environ 450 titres par an dans les domaines
du livre pour enfants (environ 25% de la production), des « educational mangas » (10%
de la production) et des ouvrages pour adultes, à la fois en fiction et non-fiction. La
société est cotée au SET, la bourse de Bangkok.
Asia Books édite des ouvrages en thaï et en anglais. C’est également, avec Kinokunya,
l’une des principales chaines de librairies pour les livres en langue anglaise.
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Nanmeebooks est une maison d’édition notamment reconnue pour ses ouvrages
jeunesse à la fois en fiction et en non-fiction et la maison développe également un
important catalogue d’ouvrages pour adultes, notamment dans le domaine de la fiction.
Le groupe possède 5 librairies.
Nation Multimedia Group est un grand groupe media, propriétaire du journal Nation,
un des plus importants quotidiens en anglais en Thaïlande, ainsi que de deux autres
journaux et d’une chaîne de télévision. Le département édition publie beaucoup de
mangas, mais aussi des livres pour enfants et pour adultes. La compagnie est cotée en
bourse.
Se-education (« Se-ed ») publie environ 200 titres par an dans tous les domaines
éditoriaux. Le groupe possède également plusieurs titres de magazines spécialisés
principalement sur les sciences, l’électronique, l’ingénierie, etc. C’est surtout le premier
distributeur en Thaïlande et le premier réseau de librairies avec 400 points de vente
environ. Le groupe est également très inséré dans le milieu éducatif puisqu’il possède
une école – privée, donc – proposant des cursus allant de la crèche à l’équivalant du
niveau bac et qu’il développe des programmes de formation des enseignants en
coopération avec le Ministère de l’éducation. L’entreprise est cotée au SET.
Siam inter multimedia est surtout connu pour l’édition de mangas, mais son catalogue
est assez généraliste. Le groupe possède également plusieurs médias (magazines,
télévisions, etc.)
Aksorn Charoentat est l’un des plus importants groupes pour l’édition scolaire et
parascolaire. Le groupe propose également des solutions « e-learning », ainsi que des
fournitures et du mobilier adapté à l’univers scolaire, des programmes de formation
pour les enseignants et dispose d’un centre d’activités pour le développement des
enfants.
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Watana Phanit Printing and publishing est également un éditeur d’ouvrages scolaires
et parascolaires.
Cet aperçu de quelques-uns des plus grands groupes d’édition en Thaïlande
semble montrer que, souvent, c’est la capacité de ces groupes à développer une activité
économique intégrée verticalement qui fait leur force : soit dans le secteur du livre à
proprement parler, avec des groupes qui disposent de ressources en termes
d’impression, de librairies, de distribution, soit sur dans des domaines plus spécifiques
comme celui de l’éducation – qui « fournit » lecteurs, prescripteurs de contenu, auteurs
et réseaux de ventes spécifiques – ou des médias.
C. Le prix du livre et le système de TVA
La Thaïlande ne dispose pas de loi sur le prix unique. L’éditeur fixe un prix de
vente pour le livre, qui est imprimé sur la couverture de celui-ci et c’est à partir de ce
prix que les remises distributeurs et libraires sont calculées. En bout de chaîne, le
libraire peut octroyer les remises qu’il souhaite à ses clients, sous réserve de rester dans
les limites de sa marge.
Les livres en Thaïlande sont vendus à un prix moyen situé aux alentours de 160 THB
(Bahts) soit 4€ environ. Très peu d’ouvrages sont vendus à un prix supérieur à 300 THB
et on trouve par contre toute une catégorie d’ouvrages vendus aux alentours de 40 THB
(environ 1€). Les prix sont donc bas, et c’est une condition sine qua non pour que
l’éditeur puisse espérer des ventes. A titre indicatif le salaire minimum journalier en
Thaïlande a récemment été augmenté de 40% pour atteindre les 300 THB par jour
(environ 7,50€).
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La TVA sur les produits de consommation courante en Thaïlande est de 7%, mais il n’y
a pas de TVA sur le livre. En réalité, le livre ne bénéficie pas d’une TVA à 0%, il est
plutôt « hors TVA » : les éditeurs bénéficient d’une absence de TVA sur le prix du
livre, mais ils ne peuvent récupérer la TVA à aucun moment du processus de
production. Ils doivent la payer sur le papier, l’impression, etc. C’est le seul secteur de
l’industrie en Thaïlande qui fonctionne ainsi. Certains éditeurs militent pour une autre
législation qui ferait entrer l’édition dans le système de TVA, tout en offrant une TVA
réduite, ou nulle, pour le livre.
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III. Lectorat, points de vente et distribution
A. Le système de distribution
Les deux principaux distributeurs, Amarin et Se-ed, font tous deux partie de
groupes d’édition et de groupes media.
Il existe également d’autres distributeurs, plus petits et plus spécialisés : c’est le cas par
exemple de Kledthai, de Tanaban ou de Chulalongkorn university book center
(« Chula books »), le distributeur des éditions universitaires de l’université
Chulalongkorn. Ces plus petits distributeurs passent néanmoins tous, à un moment ou à
un autre par la structure de diffusion d’Amarin ou de Se-ed pour que les livres
parviennent jusqu’aux librairies de ces deux groupes (Se-ed book centers / Librairies
Nai-in).
Certains distributeurs, mais essentiellement ceux dédiés aux livres académiques comme
Chula books ou Kledthai, assurent également un service de promotion auprès de la
presse et de certaines institutions liées au milieu universitaire pour les éditeurs qu’ils
représentent. En ce qui concerne Chula books, c’est notamment le fait que beaucoup de
journalistes soient issus des universités publiques qui explique que le distributeur
prenne en charge ce volet promotionnel : il existe des contacts étroits entre acteurs de la
presse et universités publiques.
La marge des distributeurs est de 40% sur le prix public du livre. Ce pourcentage est
fixe quel que soit le distributeur. Cela étant, pour bénéficier d’une mise en avant
particulière sur site dans les grandes chaînes de librairies, l’éditeur devra proposer un
meilleur taux de remise (aux alentours de 45%). Ceci permet à ses livres d’être disposés
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sur des présentoirs intitulés « livres recommandés » ou « à lire absolument » et situés
aux lieux stratégiques des librairies.
Le libraire, lui, conserve une marge de 20 à 25% sur le prix du livre. Le système
de vente est celui de la consignation : les livres sont laissés en « dépôt » chez le libraire.
Celui-ci fait un relevé des ventes au distributeur tous les mois et paie la somme due en
fonction du nombre d’exemplaires vendus. Il a la possibilité de retourner les titres à tout
moment et dans l’intégralité s’il le juge opportun.
La plupart des librairies proposent des cartes de membres qui permettent de bénéficier
de rabais. Les remises sont généralement plus importantes pour les ouvrages provenant
de l’éditeur du même groupe (Se-ed dans le cadre des Se-ed book center, Amarin dans
le cadre des librairies Nai-in, etc) que pour les autres éditeurs dont les livres sont en
vente. Pour des nouveautés, et hors opération promotionnelle spécifique, les rabais
excèdent rarement les 10/15%. Le fait de posséder une carte de membre donne
également droit à d’autres rabais issus de partenariats entre les groupes d’édition et
d’autres acteurs : des rabais sur les abonnements de téléphones portables par exemple
sont proposés en échange de certains achats ciblés au sein de la librairie.
La relative faiblesse du réseau de librairies conduit à ce que les livres restent assez peu
de temps en librairie : il faut dégager des espaces de rayonnage pour placer les
nouveaux titres. Certains éditeurs déplorent cet état de fait qui – en l’absence d’un réel
travail de marketing et sans moyen financier permettant de payer pour une mise en
avant spécifique du titre – rend difficile la valorisation d’un ouvrage « long-seller ».
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B. La promotion
Les éditeurs ne réalisent pas de campagne de publicité pour les ouvrages, la
promotion des titres passe essentiellement par la presse : les journaux thaïlandais sont
très lus – les tirages des deux premiers journaux en thaï sont de l’ordre d’1 million
d’exemplaires. Sur ce terrain, il est certain que les éditeurs dépendant de groupes qui
possèdent journaux et magazines sont avantagés, même si les rubriques « livres » sont
ouvertes à la production d’autres éditeurs. La plupart des éditeurs utilisent également
massivement les réseaux sociaux comme outils de promotion des ouvrages.
Les salons du livre sont également le lieu de nombreux lancements de nouveautés (voir
plus bas).
Il n’existe pas de prix littéraire comme il peut en exister en France. Le prix le plus
important est le S.E.A Writer Award (S.E.A pour South East Asia) délivré par
l’organisation de l’ASEAN.
C. Les points de vente
1. Les librairies
La PUBAT estime qu’il y a environ 1000 points de vente de librairie en
Thaïlande, dont la très grande majorité appartient à des chaînes de librairies. Les
principales chaînes sont :
- Se-ed book center (400 points de vente environ)
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- Nai-in (du groupe Amarin, avec 200 points de vente environ)
- B 2 S (chaîne de librairies qui dépend du groupe « Central », groupe de grande
distribution : 50 points de vente environ)
Plusieurs maisons d’édition disposent également de leurs propres points de vente. C’est
le cas par exemple de Nanmeebooks qui dispose de 5 librairies, de Chulalongkorn
university press avec 8 librairies (chaîne Chula Books), ou encore Matichon (4
librairies).
Les chaînes de librairies Asia books et Kinokunya disposent également de plusieurs
magasins, mais proposent essentiellement du livre en anglais (exclusivement en anglais
chez Asia books qui dispose d’une soixantaine de magasins) ou dans d’autres langues
étrangères (chinois, japonais par exemple chez Kinokunya, filiale du groupe japonais
Kinokunya, qui propose également des ouvrages en Thaï).
La PUBAT estime que le nombre – déjà fort restreint – des librairies indépendantes est
en baisse alors que les chaînes créent de nouveaux points de vente régulièrement.
La plupart des librairies, à Bangkok comme en province, sont situées dans de
grands mall commerciaux ou dans des grandes surfaces. L’objectif est bien entendu de
se rapprocher d’autres sources de commerce pour que l’achat de livres soit facilité, que
les clients aient la possibilité de se rendre dans un mall pour y faire l’ensemble de leurs
achats, y compris de livres. C’est une logique qui se comprend fort bien à Bangkok,
ville de 10 millions d’habitants qui ne dispose que de deux lignes de métro et où le
trafic est continuellement encombré.
Mais c’est aussi un facteur d’aggravation de la situation des librairies indépendantes :
les loyers dans ces centres commerciaux sont élevés et il parait difficile pour un
magasin de petite taille de trouver sa place.
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Le fait que les librairies soient majoritairement installées au sein de centres
commerciaux est également révélateur des habitudes de lecture des thaïlandais qui
seront peu nombreux à effectuer une démarche d’achat spécifique pour le livre.
Cette « dilution » de l’achat de livres dans le contexte d’autres situations d’achat a
également d’autres répercussions. De façon symptomatique, par exemple, les librairies
Se-ed Book Centers ont dernièrement augmenté très sensiblement la part de « non-
book » dans leurs points de vente : les marges sur ces produits sont supérieures à celles
réalisées sur le livre, mais cette stratégie correspond surtout à un besoin d’attirer les
clients vers le livre en leur proposant autre chose. L’augmentation actuelle de la part du
non-book dans les librairies laisse entrevoir les effets pervers d’une telle stratégie : les
clients viennent de fait acheter des t-shirt, peluches, objets de papeterie, jeux, dans ces
librairies, c’est ce qui motive l’achat, alors jusqu’où cette part du non-book augmentera-
t-elle ?
Les mangas sont généralement distribués dans des librairies spécialisées
uniquement sur cette production éditoriale. Ce sont la plupart du temps, de petites
boutiques – hors mall le plus souvent. Les mangas sont également fréquemment vendus
au sein des kiosques à journaux situés à des points stratégiques (entrées de métro, parcs,
etc.) et de nombreux lecteurs de mangas se tournent par ailleurs vers les « rental shops »
(voir plus bas), car le manga se caractérisant par une lecture rapide mais « massive » ;
les aficionados ne voient donc pas forcément un intérêt à acheter ces livres pour si peu
de « temps d’utilisation » et pour encombrer leur appartement avec de nombreux
volumes.
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2. Les « convenience stores »
Le nombre de librairies est donc limité, mais on trouve des livres dans la plupart
des « covenience stores », ces épiceries de proximité, et notamment dans presque tous
les points de vente de la chaine Seven/Eleven, particulièrement bien implantée en
Thaïlande. Cependant ces points de vente ne proposent que quelques titres, sélectionnés
en fonction de leur succès commercial, de leur nature et de leur prix.
En effet les ouvrages disponibles ne dépassent pas 100 THB (2,5€ environ) au grand
maximum. Pour avoir accès à ce réseau de vente, certains éditeurs proposent aux
« convenience stores » des ouvrages « avec remise incluse» : des ouvrages dont le prix
de couverture est légèrement plus élevé, mais qui sont en vente à un prix plus bas au
sein des « convenience stores ».
Les ouvrages disponibles au sein des « convenience stores » sont majoritairement des
ouvrages pratiques (ouvrages de cuisine surtout), des livres d’activités pour les enfants,
et des best-sellers de littérature générale.
D’après la PUBAT, ce réseau de vente est relativement nouveau (8/10 ans d’existence).
Là encore, il est révélateur des pratiques d’achat du livre en Thaïlande.
3. Les ventes par Internet
Le chiffre exact de la part des ventes réalisées via internet n’est pas connu, mais
les représentants du secteur de l’édition thaïlandaise s’accordent pour la juger minime
(de l’ordre de 2% au plus). En effet, la possession d’une carte de crédit – indispensable
pour le paiement en ligne – est loin d’être un standard en Thaïlande, et celle d’un
ordinateur avec une connexion internet encore plus.
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Les principaux sites de vente en ligne sont développés par les chaînes de librairies déjà
existantes. On trouve notamment les sites se-ed.com, naiin.com, kinokunya.com,
asiabooks.com, b2s.co.th, etc.
Selon une étude réalisée par le National Statistical Office, seuls 9,5% des foyers étaient
équipés d’Internet en Thaïlande en 2009. Ce chiffre est en forte progression (5,7% des
foyers en 2004), mais reste faible. Ceci dit, les Thaïlandais ayant utilisé Internet durant
l’année 2009 représentent près de 33% de la population urbaine et 14,5% de la
population rurale ; les consultations d’Internet se faisant dans le cadre des institutions
éducatives ou de l’univers professionnel.
La même étude indique que seulement 3,3% des personnes qui ont utilisé Internet
durant l’année 2009 y ont réalisé des achats et 14 ,5% de ces 3,3% y ont acheté des
livres. La pratique de l’achat en ligne est donc loin d’être généralisée et celle de l’achat
de livres en ligne semble d’autant plus balbutiante.
4. Les ventes directes
Beaucoup d’éditeurs cherchent à contourner les réseaux de distribution et de vente
traditionnels pour effectuer des ventes directes qui évitent les remises aux différents
échelons de la chaîne.
a. Les clubs de livres
Certains éditeurs, surtout des éditeurs jeunesse, ont créé leurs propres clubs de
livres. C’est le cas par exemple de Nanmeebooks ou de Plan for Kids. Les modalités
de fonctionnement de ces clubs varient selon les éditeurs, mais ils reposent tous sur des
partenariats avec les écoles : les éditeurs passent des accords avec les écoles pour que
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les titres de leurs clubs de livres soient utilisés pendant la classe. Les élèves s’abonnent
au club, reçoivent un nouveau livre par mois – en général – qu’ils utiliseront en classe
avec le professeur.
Ce système permet d’augmenter sensiblement les tirages des ouvrages qui pourront
ainsi toucher directement des populations qui ne vont pas en librairies : les jeunes et
plus encore ceux qui ne vivent pas à Bangkok. Ces clubs de livres sont perçus par le
milieu scolaire comme un bon moyen d’encourager la pratique de la lecture.
Via les clubs de livres, les ouvrages sont vendus environ 50% moins chers que dans les
librairies.
Si ces clubs de livres concernent surtout les éditeurs jeunesse c’est à la fois une
question d’opportunité (le milieu scolaire offre un débouché adéquat et qu’il est
possible de mobiliser), mais aussi une façon de contourner l’assez faible mise en avant
des ouvrages pour enfants dans les librairies traditionnelles. En effet, il est frappant de
constater que les coins « jeunesse » des librairies sont souvent assez peu importants et
que les livres ne font pas l’objet de très forte mise en valeur.
b. Les Salons
Il y a 3 salons du livre organisés à Bangkok. Un Salon « international » du livre,
qui se tient en mars, un Salon du livre « familial » en début d’été et un Salon du livre
thaïlandais au mois d’octobre.
Ces trois manifestations sont très attendues des éditeurs. Ils y vendent généralement
leurs livres en direct avec de fortes remises (20-30%). Ces salons, s’ils constituent de
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bonnes opérations commerciales pour les éditeurs n’en déstabilisent pourtant pas moins
la chaîne du livre, et ce, à plus d’un titre.
Pour beaucoup de Thaïlandais, ils constituent de fait les seuls moments d’achat de livres
dans l’année : ceux qui ont difficilement accès au livre en province ont tendance à
concentrer leurs achats de livres à ces occasions, et il existe également un fort effet
d’aubaine. En effet les taux de lecture étant relativement bas en Thaïlande (voir plus
bas), trois occasions d’achats de livres dans l’année sont souvent largement suffisantes
pour satisfaire le besoin en livres. Ainsi, une grande partie des achats de livres est
détournée vers ces salons au détriment des ventes en librairies, du fait des prix bas qui y
sont pratiqués. L’opportunité est donc réelle pour les lecteurs, mais fragilise les
librairies.
De plus, les éditeurs, qui parient sur ces salons pour augmenter leurs marges du fait des
ventes directes, concentrent leurs sorties éditoriales autour des dates des salons. Là
encore, les librairies sont pénalisées : les lancements des nouveautés sont le plus
souvent réalisés dans le cadre des salons. De plus, les ouvrages, à peine sortis, sont ainsi
immédiatement vendus avec une forte remise ce qui tend à diminuer fortement le temps
de vie du livre par la suite et à rendre les ventes au prix « fort » - pratiquées en librairie -
plus difficiles.
Enfin, selon certains éditeurs, ces salons ont tendance à rendre l’activité des éditeurs
trop « saisonnière », avec de forts pics d’activité juste avant les salons, que l’on pourrait
comparer à 3 rentrées littéraires. Le risque fort de ce type de fonctionnement,
notamment pour les traductions, est que la qualité du travail d’édition s’en ressente.
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5. Autres
a. Les Rental shops
Les « rental shops » sont de petites boutiques qui proposent des livres à la
location. Les titres qui sont proposés ont préalablement été achetés via un libraire, ou
via un grossiste. Les prix sont très bas (quelques bahts par jour), les titres proposés sont
essentiellement des romans sentimentaux et des mangas.
b. Le e-book
A l’heure actuelle le marché de l’e-book en Thaïlande est assez réduit. Les
grands éditeurs comme Se-ed ou Amarin ont développé leurs propres applications pour
les e-books de même que certaines chaînes de librairies comme B2S avec B2S e-book
store. Le distributeur Chula books a également créé une application de vente d’e-books
pour les livres académiques. De nombreux éditeurs font de même notamment via la
principale plateforme de vente d’e-book en Thailande : Ookbee. Cette plateforme
propose environ 4000 titres en e-books, mais la majorité des ventes est en fait réalisée
sur les e-magazines, son cœur d’activité.
Les clients du e-book sont les classes les plus favorisées et essentiellement urbaines car
elles ont accès aux technologies nécessaires. Les marges de progression du marché du e-
book sont réelles, mais au regard des indicateurs sociaux-économiques, le
développement du e-book sera rapidement bridé et atteindra des limites à niveau
inférieur de celles qui peuvent exister dans des pays plus riches.
24
Les e-books sont vendus en moyenne 30% moins chers que la version papier et l’un des
principaux arguments présentés par les acteurs « pure player » est le versement de
meilleures royalties pour les auteurs du fait de la diminution des couts liés au livre
papier et la possibilité pour les auteurs de se publier eux-mêmes très facilement. Autant
d’arguments qui ont plutôt tendance à rendre, malgré tout, les éditeurs « traditionnels »
assez frileux face à ces nouvelles technologies.
25
D. Les pratiques de lecture
1. Chiffres clés
A la question : quelle est la principale contrainte au développement de votre
activité ? Les éditeurs répondent invariablement : les Thaïlandais ne lisent pas ! De fait,
d’après les statistiques fournies par la PUBAT, les Thaïlandais sont les plus « petits »
lecteurs de la région, avec une moyenne de 5 livres lus par an (chez les lecteurs de
livres). Cette moyenne est en progression, puisqu’en 2005, la même étude sur les
pratiques de lecture faisait ressortir une moyenne de 2 livres par an.
D’après les statistiques officielles, plus de 66% des Thaïlandais (la population étudiée
est la population des Thaïlandais âgés de plus de 6 ans) déclarent lire, mais à peine 19%
d’entre eux – soit 11 millions de personnes environ – déclarent lire des livres (les autres
lisent des magazines, des journaux, des documents professionnels, etc) et parmi ceux-ci,
50% déclarent lire des livres de façon occasionnelle contre à peine 7% des lecteurs de
livres qui affirment lire tous les jours.
Parmi les Thaïlandais qui déclarent ne pas lire (ni livre, ni autres types de documents),
les 3 principales raisons invoquées sont : le fait de préférer regarder la télévision, le fait
de ne pas avoir le temps, le fait de ne pas apprécier lire.
En termes de dépenses liées à la lecture (qu’il s’agisse de livres, ou de tout autre
support), 92% des personnes qui déclarent lire dépensent moins de 200 THB par mois
pour la lecture.
26
2. 2013 : Bangkok capitale du livre et de la lecture
Pour 2013, l’UNESCO a désigné Bangkok Capitale du livre et de la lecture.
Cette annonce a provoqué un léger étonnement parmi certains professionnels du
secteur : elle est appréciée car développer la lecture est un objectif réel des pouvoirs
publics et un objectif bénéfique pour le secteur, mais les conditions évoquées plus haut
concernant les pratiques de lecture font que beaucoup ne croyaient pas réellement aux
chances de Bangkok pour cette nomination.
Quoiqu’il en soit, un large programme d’activités et de projets a été proposé par la
BMA (Bangkok Metropolitan Administration), comme la reconversion d’un ancien
bâtiment officiel en une grande bibliothèque publique, la création d’un centre de
recherche sur la lecture, etc.
L’objectif affiché des pouvoirs publics est de faire passer la moyenne du taux de lecture
de 5 livres par an à 10 livres par an d’ici à 2014.
27
3. Les bibliothèques
Depuis le Printing Act (1941) la Bibliothèque nationale de Thaïlande est le lieu
de dépôt légal pour toutes les publications produites en Thaïlande. Il existe par ailleurs
aujourd’hui environ 900 bibliothèques publiques en Thaïlande et de nombreuses
bibliothèques universitaires, scolaires, ainsi que quelques bibliothèques spécialisées.
La BMA compte par exemple environ 1000 bibliothèques dans la région de
Bangkok parmi lesquelles, outre la Bibliothèque Nationale, 150 bibliothèques
publiques, 50 bibliothèques universitaires, 660 bibliothèques scolaires et 150
bibliothèques spécialisées. La BMA a également créé plusieurs « maisons de lecture » :
des « mini-bibliothèques » qui offrent des coins de lecture agréables pour qui souhaite
s’octroyer une pause dans la journée.
28
IV. La production éditoriale
Il est très difficile d’obtenir des données précises concernant les parts de marché
que représente chaque secteur de l’édition en Thaïlande : il n’y a pas de chiffre
disponible, et les estimations des professionnels du livre sont très variables. D’après les
chiffres communiqués par Se-ed, via les ventes réalisées au sein de ses propres
librairies, les catégories de livres les plus achetées en Thaïlande sont, dans l’ordre
décroissant, les romans, les ouvrages jeunesse, les livres de parascolaire et de
préparation des examens, les « educational comics ».
A. Le roman
1. Bref rappel historique
Les premiers classiques de la littérature thaïlandaise datent de la fin du 18e
siècle ; la littérature était alors emprunte des épopées historiques et des légendes de la
région. La littérature est restée pendant longtemps le fait de la dynastie royale : les
différents rois qui se sont succédé à partir de la seconde moitié du 19e siècle ont écrit de
nombreux ouvrages – romans, pièces de théâtre, poésie –. L’activité de traduction a
commencé avec le roi Vajiravudh qui régna durant le premier quart du 20e siècle et qui
a traduit en thaï des pièces de Shakespeare ainsi que plusieurs ouvrages d’Agatha
Christie.
C’est dans les années 20 que des auteurs thaïlandais ont émergé et que des
romans pour le grand public ont été publiés, mais dès la fin de la seconde guerre
mondiale, l’instauration d’une dictature militaire dans le pays a entraîné le rejet de la
plupart des auteurs jugés hostiles au régime. Beaucoup ont fui le pays ou ont été
29
emprisonnés. Le renouveau de la littérature thaïlandaise date donc en fait des années
1970-80.
2. Quelques tendances
Les éditeurs thaïlandais s’accordent à dire que les catégories éditoriales
adolescents-jeunes adultes sont peu adaptées au lectorat thaïlandais. Le succès des
ouvrages – traduits pour la plupart – de vampires, de fantasy dépassent en effet
largement le lectorat des « early twenties » pour concerner une part plus âgée de la
population (voir plus bas concernant ces ouvrages).
C’est également le cas des nombreux romans sentimentaux disponibles en libraires. En
effet, les « romans à l’eau de rose » encombrent littéralement les points de vente de
livres. L’un des éditeurs les plus reconnus pour ce type de production est l’éditeur
Jamsaï. Les auteurs de ces romans sont souvent thaïlandais, mais les auteurs coréens
sont également très reconnus en la matière. Les couvertures sont roses et bleues, bardées
de fleurs, de bagues, de cœurs et de photos de beaux jeunes gens aux regards intenses et
aux mains entremêlées.
Autre volet important dans la production de roman : les polars et autres thrillers, parmi
lesquels, là aussi, se retrouvent beaucoup de best-sellers internationaux traduits, mais de
plus en plus d’auteurs thaïlandais également.
30
B. Les ouvrages jeunesse
1. Non-Fiction
Comme évoqué précédemment au sujet des clubs de livres, le secteur jeunesse
est très fortement lié au secteur de l’éducation et une partie sans doute importante de la
production en jeunesse est constituée de parascolaire, de livres d’exercice. Les éditeurs
comme Se-ed qui ont créé leurs propres écoles sont logiquement parmi les plus actifs
sur ce terrain.
Il y a également beaucoup de non-fiction avec des ouvrages documentaires de type
« encyclopédique » comme en produisent par exemple des éditeurs comme Nation
group.
Autre phénomène remarquable en terme de non-fiction pour le jeune public : les
« educational mangas ». Ces ouvrages sont des documents illustrés par de petits
personnages qui commentent les propos. Beaucoup sont traduits depuis le coréen et
l’une des collections qui connait un grand succès est la collection « Why » traduite du
coréen par les éditions Nanmeebooks.
On trouve également de nombreux ouvrages pour enfants consacrés aux sciences. De
fait l’éducation thaïlandaise met très clairement l’accent sur l’apprentissage des
sciences : d’une part, le développement scientifique et technique est vu comme une
priorité pour les générations futures si le pays veut s’insérer dans l’économie mondiale
et faire « le poids » face à ses voisins coréens, japonais et chinois et, d’autre part,
l’apprentissage des sciences est vu de façon très ludique, avec la possibilité de faire des
expériences, etc. De nombreux livres consacrés aux sciences pour les enfants sont ainsi
conçus comme de vrais livres d’activités.
31
Beaucoup d’éditeurs réalisent également des livres d’activité : coloriage, jeux…
Le groupe Nation est particulièrement connu pour ce type d’ouvrages, basés sur des
licences de personnages mondialement connus (Disney), que le groupe exploite via sa
maison mère : Egmont. Les ouvrages sont créés en Thaïlande pour être adaptés aux
besoins des jeunes Thaïlandais, mais ils utilisent les personnages des licences.
2. Fiction
Les albums pour les plus petits, sont très standardisés d’un éditeur à l’autre : la
plupart sont au format carré, avec coins ronds et ne font généralement pas plus d’une
vingtaine de pages, ce qui permet aux éditeurs de proposer des prix bas.
Enfin, l’un des phénomènes marquant ces dernières années est l’avènement de la fiction
pour adolescents, qui a pris son essor avec la collection des « Harry Potter » et « Le
Seigneur des anneaux », et qui fut très rapidement suivi d’un engouement pour les
ouvrages de fantasy. Dans cette catégorie d’ouvrages, la très grande majorité sont des
traductions depuis l’anglais. Outre Nanmeebooks, éditeur d’Harry Potter en Thaïlande,
d’autres éditeurs plus petits comme par exemple Butterfly books sont présents sur ce
terrain, avec la traduction par exemple de la série « les chroniques de Narnia », ou
encore Enter-books, Siam Inter, etc.
32
C. Les ouvrages de type académique
Ils sont essentiellement produits par les éditeurs universitaires ou par certains
éditeurs liés au milieu académique, comme la maison Kobfai publishing. D’une façon
générale, cette production est principalement le fait d’acteurs qui ne sont pas soumis à
des contraintes commerciales fortes. En effet, les presses universitaires, comme les
presses de la Chulalongkorn University, sont généralement des départements intégrés
des universités qui ont une mission de soutien au travail de recherche qui y est réalisé.
Kobfai publishing dépend d’une fondation et développe régulièrement des projets de
publication subventionnés.
Dans un cas comme dans l’autre, les auteurs des ouvrages sont des professeurs
d’université et la vente est essentiellement liée à la prescription. Ils sont, dans
l’ensemble mieux rémunérés, en terme de pourcentage sur les ventes, que les auteurs
des autres secteurs de l’édition : les presses universitaires attribuent en moyenne 20%
des revenus aux auteurs. Mais les premiers tirages sont plus faibles : 1 000/2 000
exemplaires et sont très longs à écouler.
D’un point de vue quantitatif, fort est à parier là encore, que les ouvrages les plus
nombreux sont les ouvrages scientifiques et non les ouvrages de sciences humaines et
sociales. D’une part, l’université valorise ces disciplines, tout comme le fait l’école, et
d’autre part les fondations susceptibles d’apporter un soutien financier sont très
majoritairement des fondations orientées sur les sciences et le progrès technique.
Le système universitaire thaïlandais
On dénombre environ 170 établissements d’enseignement supérieur en
Thaïlande : une centaine d’entre eux sont des établissements publics, le reste
est constitué d’universités privées. Ces dernières organisent leurs propres
concours d’entrée, alors que pour intégrer une université publique il faut passer
le « test national » d’admission dans l’enseignement supérieur. Il existe
33
néanmoins deux universités publiques dites « ouvertes », qui n’exigent le
passage d’aucun test ou concours.
Les deux universités privées les plus reconnues sont l’Université Assomption,
la Bangkok University et la Rangsit University.
L’entrée dans une université publique est l’objectif privilégié de tout étudiant
désirant obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur : leur niveau est
réputé meilleur que celui des universités privées. La meilleure d’entre elles est
l’université Chulalongkorn, classée 138e au classement 2009 des meilleures
universités mondiales réalisé par le Times.
En termes de partenariats internationaux, les universités travaillent
prioritairement sur des programmes d’échanges avec les universités japonaises
et américaines. Les étudiants thaïlandais choisissent d’ailleurs de façon
privilégiée d’aller étudier dans les pays anglophones (Etats-Unis en tête, mais
également Grande-Bretagne et Australie) ou au Japon ; la France reste le
premier choix alternatif parmi les pays européens.
Certains secteurs universitaires sont traditionnellement francophiles, voire
francophone, comme c’est le cas par exemple du droit.
34
D. La non-fiction « commerciale »
1. Essais et documents
Parmi les best-sellers récents en Thaïlande, on compte la biographie de Steve
Jobs, des ouvrages d’exercices intellectuels pour « entretenir » son activité cérébrale,
des ouvrages de vulgarisation économique à visée pratique comme la série des « Rich
dad’s advisor » de l’auteur américain Robert Kiyosaki dont les nombreux titres comme
l’ABC pour construite une « business team » qui gagne, Comment être n° 1 dans son
business, l’ABC pour faire de bons investissements immobiliers, sont publiés chez Se-ed
et rencontrent un fort succès.
Il existe également de nombreux ouvrages de développement personnel, dont une part
importante s’appuie sur les préceptes religieux du bouddhisme.
2. Les ouvrages illustrés
Du fait de la pression sur les prix les secteurs du beau-livre et du livre d’art sont
très peu développés. Par contre le secteur « vie pratique » est assez florissant. Les
ouvrages de cuisine, de jardinage, ceux consacrés au tourisme, à l’entretien physique ou
aux thématiques du « parenting » sont assez nombreux et enregistrent régulièrement de
bonnes ventes. Ils sont vendus à des prix généralement inférieurs à 300 THB et il est
possible de trouver des ouvrages à prix très bas (en dessous de 100 THB). Ce sont des
ouvrages à couverture souple, comptant généralement un nombre de pages assez
restreint. Outre les grands groupes éditoriaux déjà cités qui sont également présents sur
ces secteurs de l’édition, des éditeurs comme Salmon, ou Ladka, sont également très
dynamiques.
35
E. l’édition en anglais
Certains éditeurs sont spécialisés dans l’édition en langue anglaise. C’est le cas
par exemple de The Post publishing – maison d’édition adossée au journal Bangkok
Post, également en langue anglaise – des maisons Orchid Press, White Lotus ou
Silkworm. Ces maisons publient généralement également des ouvrages en thaï, mais
ceux-ci ne constituent pas la majorité de leurs catalogues.
Ce secteur de l’édition en langue anglaise répond à trois types de logiques
commerciales : éditer des livres pour les étrangers vivants en Thaïlande et pour les
touristes, proposer des ouvrages en anglais à une part de la population Thaï qui lit
aisément cette langue ou qui cherche à en pratiquer la lecture et, enfin, diffuser des
ouvrages vers les autres pays d’Asie du Sud-Est.
Ainsi, une part importante de la production en langue anglaise concerne des sujets liés à
la région Asie du Sud-est ou à la Thaïlande en particulier, de façon à donner des
informations aux étrangers. Ces ouvrages sont vendus en librairies, mais également dans
les points de ventes de lieux touristiques, dans les kiosques situés aux abords de lieux
visités par les étrangers.
Une autre partie de cette production est constituée d’ouvrages best-sellers –
essentiellement américains. Ces titres ne sont souvent pas «importés » en Thaïlande : ils
portent la marque de l’éditeur thaïlandais qui les a publiés via une cession de droits de
l’anglais vers l’anglais.
Avec la future constitution de l’ACE, de plus en plus d’éditeurs thaïlandais développent
une production en anglais pour pouvoir profiter de la circulation libre au sein des
différents marchés qui constitueront cet espace économique et diffuser plus largement
les ouvrages.
36
V. Les échanges internationaux
A. Les traductions dans la production éditoriale thaïlandaise
La part de traductions dans la production éditoriale thaïlandaise est assez
difficile à appréhender, tant les estimations des unes et des autres semblent
contradictoires. En effet, les représentants de la PUBAT proposent une estimation assez
basse se situant aux alentours de 15%, alors que les grands éditeurs évaluent souvent la
part de traductions dans leur propre production aux alentours de 40-50%.
La Thaïlande est signataire de la Convention de Berne depuis 1931 et le respect du droit
d’auteur dans le pays est tout à fait effectif depuis de nombreuses années, y compris en
ce qui concerne les traductions.
Les langues d’origine des traductions sont principalement le coréen, le japonais et
l’anglais. Selon les secteurs de l’édition, l’importance que prennent chacune de ces
langues est variable. Les « educational mangas » sont très majoritairement des
traductions depuis le coréen, les mangas de fiction sont traduits depuis le japonais alors
que l’anglais est la langue référence pour les productions destinés aux adultes (fiction
ou essais). Le secteur jeunesse est également un secteur qui traduit beaucoup et, en la
matière, les ouvrages français sont assez reconnus. Les auteurs français sont également
présents en littérature : des auteurs best-sellers comme Guillaume Musso ou Marc Lévy
sont traduits chez Amarin par exemple, et les éditions Matichon ont récemment traduit
Morgan Sportès.
Les traductions depuis les langues autres que l’anglais posent souvent le problème du
traducteur : les bons traducteurs du français, en l’occurrence, ne sont pas si nombreux et
il n’est pas rare que les ouvrages français soient traduits depuis leur version anglaise,
lorsque celle-ci existe.
37
Les éditeurs thaïlandais sont parfois assez réticents à la perspective de participer
à une coédition : les frais d’impression en Thaïlande étant très bas, importer des
ouvrages imprimés à l’étranger n’est pas toujours une bonne opération pour eux
d’autant qu’ils devront, alors, payer des taxes d’importation sur les ouvrages (sauf dans
le cas des ouvrages jeunesse).
Les transactions avec les éditeurs étrangers pour des échanges de droits peuvent se faire
en direct ou via des agences.
Pour beaucoup d’éditeurs thaïlandais, la traduction est un gage de succès : si le
livre s’est bien vendu à l’étranger il a plus de chance de rencontrer également son
lectorat en Thaïlande, c’est une moindre prise de risque.
Cependant, nombreux sont les éditeurs qui cherchent actuellement à augmenter la part
de leur production d’auteurs thaïs ; afin d’éviter le versement d’à-valoir sur les droits de
traduction, mais aussi sans doute parce que le vivier d’auteurs thaïlandais susceptibles
de proposer des ouvrages en adéquation avec les « standards internationaux »
actuellement proposés aux lecteurs thaïlandais via les traductions s’accroit et que le
recours à une traduction apparait donc moins comme une nécessité. A titre d’exemple,
les éditions Nanmeebooks organisent plusieurs concours pour identifier de nouveaux
auteurs thaïlandais dans différents domaines.
Très peu d’éditeurs thaïlandais cherchent par ailleurs à faire traduire leurs
ouvrages en langues étrangères.
38
B. Les ouvrages en français et la place du français en Thaïlande
1. La place du français dans l’enseignement2
Jusqu’à la fin des années 80, le français était la seule langue étrangère enseignée
en Thaïlande avec l’anglais. Le déclin des effectifs depuis une dizaine d’années
s’explique donc en grande partie par le choix plus large de langues proposées (une
dizaine), et notamment la forte concurrence des langues asiatiques (le chinois et le
japonais pour des raisons économiques et le coréen pour des raisons culturelles). Si
l’anglais reste obligatoire, toutes les autres langues sont optionnelles. Le français n’est
cependant plus la première langue optionnelle étudiée par les lycéens thaïlandais depuis
l’explosion du mandarin observée depuis 2 ans.
Dans les écoles secondaires, le français est enseigné pendant les 3 années de lycée (plus
rarement au niveau collège). En 2005, 40 000 lycéens étudiaient le français, contre
31 000 en 2009. On observe cependant une remontée importante des effectifs depuis
deux ans (39 400 élèves en 2011) ; le français se trouve donc maintenant en deuxième
position des langues optionnelles enseignées, derrière le chinois et devant le japonais.
Le français garde donc une place privilégiée dans ce pays grâce notamment à
l’attachement de la famille royale pour cette langue (plusieurs membres de la famille
royale, dont le Roi, ont grandi et fait leurs études en Suisse francophone). Mais cette
place est fragile : le corps enseignant est vieillissant et la relève n’est pas assurée (le
salaire moyen d’un enseignant de français dans le secondaire est de 10 000 THB, soit
environ 250€). Les meilleurs étudiants francophones ont donc tendance à s’orienter vers
des carrières plus lucratives.
2 Extraits d’une note communiquée par le service culturel de l’Ambassade de France en Thaïlande.
39
2. Le livre en langue française
La principale librairie francophone en Thaïlande est la librairie Carnets d’Asie
qui est adossée aux locaux de l’Alliance Française. Les clients de la librairie sont
principalement les étudiants en français de l’Alliance ainsi que les Français établis à
Bangkok et les universités qui commandent certains ouvrages en français pour leurs
bibliothèques. Environ 40 % du chiffre d’affaires de la librairie est ainsi réalisé sur les
ouvrages de FLE et les ouvrages de référence.
40
Conclusion
Les entraves structurelles au développement du secteur du livre en Thaïlande
sont d’ordre socio-économique : le pouvoir d’achat des Thaïlandais est bas, leur accès
aux nouvelles technologies est limité et les indicateurs de lecture sont assez faibles.
Autant d’éléments qui devraient sans doute évoluer favorablement dans les années à
venir au vu des bons résultats économiques obtenus par le pays.
L’un des enjeux principaux de l’édition est peut-être de trouver une plus forte
autonomie et de s’affirmer en temps que secteur économique à part entière – et ceci
n’est pas sans lien avec le développement économique du pays et l’amélioration des
pratiques de lecture.
La part des traductions dans la production thaïlandaise pourrait en revanche diminuer
dans les années à venir : le secteur étant de plus en plus structuré, les auteurs thaïlandais
seront sans doute plus nombreux et plus à même de proposer des ouvrages qui
donneront satisfaction aux éditeurs et aux lecteurs.
41
Annuaire
Cet annuaire propose une courte sélection de quelques professionnels thaïlandais. Il est
possible d’obtenir un annuaire plus complet auprès de la Publishers Association of
Thailand (www.pubat.or.th).
Editeurs
Aksorn Charoentat
142 Tanao Rd., Sanchaophosua,
Pranakorn, Bangkok
10200, Thaïlande
www.aksorn.com
Contact :
Surapon Dheva-aksorn – Rights
Manager
Tél. : 66(0) 2622 2999
Amarin
65/101-103 Chaiyaphruk Road
Taling Chan, Bangkok
10170, Thaïlande
www.amarin.co.th
Contact :
Charuwan Ugkayawoot – Foreign
Rights Manager
Tél. : 66(0) 2422 9999 ext. 4991
Email : [email protected]
Asia Books
Publishing Division
5 Sukhumvit, Soi 61
Khet Wattana, Bangkok
10110, Thaïlande
www.asiabooks.com
Contact :
Khun Pornlada Priewsakul
Tél. : 66(0) 2715 9000 ext 4001
Email :
Butterfly Book
5/4 Sukhumvit 24 road
Bangkok
10110, Thaïlande
Contact :
Makut Onrudee – Director
Tél. : 66(0) 2663 4660
Email : [email protected]
42
Chulalongkron University Press
Chulalongkorn University
Bangkok
10 330, Thaïlande
www.chulapress.com
Contact :
Manit Rujiwarodom – Assistant
Professor
Tél. : 66(0) 2218 3269
Email : [email protected]
Kobfai Publishing
478 Sukhumvit 79
Wattana, Bangkok
10260, Thaïlande
Contact :
Sunee Wongwaisayawan – Editor in
Chief
Tél. : 66(0) 2332 2543
Email : [email protected]
Matichon
12 Tethsaban-natuemarn road
Prachanivate 1. Chatuchak
Bangkok
10900, Thaïlande
www.matichon.co.th
Contact :
Kittiwan Theanswiset – Manager
Tél. : 66(0) 2580 0021 ext. 1205
Email : [email protected]
Nanmeebooks
11 Sukhumvit 31 (Sawasdee),
Sukhumvit Road
Klongtoey Nua,
Wattana, Bangkok
10110, Thaïlande
www.nanmeebooks.com
Contact :
Autchara Sirinuntapiwat – Rights
Manager
Tél. : 66(0) 2662 3000 ext. 5106
Email : [email protected]
Nation Group
185 Bangna-Trad Road
Bangna, Bangkok
10260, Thaïlande
www.nationgroup.com
Contact :
Rewadee Srikeow – Senior Editor
Tél. : 66(0) 2338 3714
Email : [email protected]
43
Plan for kids
1/999 Phoomsuan Building,
Kampaengpetch 6 Road
Don Muang, Bangkok
10 210, Thaïlande
www.planforkids.com
Contact :
Risuan Aramcharoen – Managing
Director
Tél. : 66(0) 2575 2559
Email : [email protected]
Praphansarn Publishing
668-676 Charansanitwong Road,
Soi 64
Bangkok
10700, Thaïlande
www.praphansarn.com
Contact :
Arthorn Techatada – Managing Director
Tél. : 66(0) 2435 1671
Email : [email protected]
Se-ed
1858/87-90 Nation Tower Building
Bangna-Trad Road
Bangna, Bangkok
10260, Thaïlande
www.se-ed.com
Contact :
Phanphaka Rungruang – International
Rights Manager
Tél. : 66(0) 2739 8574
Email : [email protected]
Siam Inter Multimedia
459 Soi Ladprao 48, Ladprao Rd.,
Samsen-nork,
Huay Kwang, Bangkok
10310, Thaïlande
www.smm.co.th
Contact :
Duangta Thiemthat – Rights Manager
Tél. : 66(0) 22762752
E-mail: [email protected]
44
Silkworm books
104/5 Moo 7, Chiangmao-hot
Tambon Suthep, Amphur Muang
Chiangmai
50200, Thaïlande
www.silkwormnooks.com
Contact :
Trasvin Jittidecharak – Director
Tél : 66(0) 5322 6161
Email : [email protected]
The Post Publishing
Bangkok Post publishing Building
136 Na Ranong Building
Klong Toey, Bangkok
10 110, Thaïlande
www.postpublishing.co.th
Contacts :
Panee Lokyate – Book Publishing
Departement
Tél. : 66(0) 1140 3700 ext. 1445
Email : [email protected]
White Lotus
11/2 Sukhumvit Soi 58
Bangkok
10250, Thaïlande
Contact :
Diethard Ande
Tél. : 66(0) 2322 4915
Email : [email protected]
Agences
Silkroad Publishers Agency
32/3 Sukhumvit 31
Wattana, Bangkok
10110, Thaïlande
www.silkroadagency.com
Contact :
Jane N. Vejjajiva – Managing Director
Tél. : 66(0) 2258 4798
Email : [email protected]
Tuttle-Mori Agency
Siam inter Multimedia Building
485 Soi Ladprao, Ladprao Road
Samsen Nork, Huay Kwang, Bangkok
10310, Thaïlande
Contact :
Thananchai Pandey
Tél. : 66(0) 2694 3026
Email : [email protected]
45
Librairie française
Carnets d’Asie
29 Sathorn Tai Road,
Bangkok
10120, Thaïlande
Contact :
Olivier Jandel – Managing Director
Tél. : 66(0) 2286 3844
Email : [email protected]
Autres
Publishers Association of Thailand
83/159 Ngam Wong Wan Road
Thung Song Hong,
Lak Si, Bangkok
10210, Thaïlande
www.pubat.or.th
Contact :
Dujduan Hetrakul – Director
Tél. : 66 (0) 2954 9560
Email : [email protected]
Ambassade de France en Thaïlande
Tour CAT, 23e étage
Charoenkrung Road, Bangrak, Bangkok
10500, Thaïlande
Contact :
Anne-Emmanuelle Grossi - Attachée de
Coopération pour le Français
Tél. : 66(0) 2627 2108
Email :
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