BELLALAH Mondher Professeur
Université de Cergy-Pontoise-France [email protected]
BOURI Abdelfettah Professeur
Faculté des sciences économiques et de [email protected]
CHABCHOUB Ahmed Doctorant en sciences comptables
Faculté des sciences économiques et de gestion-Sfax [email protected]
L’EVALUATION DES INVESTISSEMENTS IMMATERIELS : UNE ETUDE EMPIRIQUE : CAS DES
ENTREPRISES TUNISIENNES.
Titre : L’évaluation des investissements immatériels : Une étude empirique : Cas des entreprises tunisiennes. Résumé : La dématérialisation croissante de la politique d’investissement des entreprises justifie la nécessité de mesurer ses différentes manifestations. Cet article se propose d’étudier la pertinence des informations financières sur les investissements immatériels pour les investisseurs sur le marché financier en Tunisie. Notre étude de terrain, réalisée auprès de 21 entreprises tunisiennes cotées à la BVMT sur la période 2002 - 2004, montre principalement : 1) que l’activation des investissements immatériels impacte positivement leur évaluation sur le marché, et 2) que la dépréciation des actif incorporels est positivement valorisée par les investisseurs sur le marché financier. Ces résultats montrent que les informations financières sur les immatériels a une valeur informative pour les investisseurs sur le marché financier. Nous relevons par ailleurs que les choix de comptabilisation des dépenses incorporelles dépendent de facteurs caractéristiques de l’entreprise. Mots clés : investissement immatériel, pertinence, information comptable, q de Tobin, entreprises tunisiennes.
Title : The assessment of the intangible investments: An empiric study: Case of the Tunisian enterprises. Abstract : The increasing dematerialization of the politics of investment of the enterprises justifies the necessity to measure there different demonstrations. This article intends to study the value relevance of the financial information on the intangible investments for the investors on the Tunisian stock market. Our survey work, carried with 21 Tunisian firms, shows, mainly: 1) that the activation of the investments immaterial influence positively their assessment on the market, and 2) that the depreciation of intangible assets is valorised positively by the investors on the stock market. These results show that the financial information on the immaterial have an informative value for the investors on the stock market. We raise otherwise that the choices of accounting of the incorporeal expenses depend on characteristic factors of the enterprise. Key words: intangible investment, value relevance, financial information, Tobin’s q, Tunisian firms.
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Manuscrit auteur, publié dans "LA COMPTABILITE, LE CONTRÔLE ET L'AUDIT ENTRE CHANGEMENT ET STABILITE,France (2008)"
11.. IInnttrroodduuccttiioonn
Le contenu de l’investissement réalisé par les entreprises a singulièrement changé au cours
des dernières années. L’évolution des pratiques des entreprises et de leur environnement
économique ont fait de nouvelles variantes des fonctions de production dans lesquelles la part
de l’immatériel comme facteur d’une part, et comme produit d’autre part, est une fonction
croissante (Martory, 1999). La globalisation des marchés financiers (Delgado-gomez et al.,
2004 ; Nakamura, 2005), le développement de l’économie des connaissances (Garcia-Meca et
Martinez, 2007), la croissance du secteur des services et des entreprises de nouvelles
technologies (Dufour et Zemzem, 2005 ; Charfi, 2006) et le nombre grandissant de fusions et
acquisitions (Henning et al., 2000) représentent, dans ce cadre, les facteurs de changement les
plus fréquemment cités.
Le développement des investissements immatériels réalisés par les entreprises a été
accompagné de plusieurs efforts de normalisation comptable, par les organismes
professionnels et réglementaires nationaux et internationaux. En effet, les outils de
représentation économique adoptés en matière d’investissements immatériels ont beaucoup
évolué durant la dernière décennie. En Tunisie, le Système Comptable des Entreprises a été
complété, après l’adoption de la Norme Comptable relative aux immobilisations incorporelles
(NC 06) et celle relative aux charges reportées (NC 10) dans le cadre de la réforme comptable
de 1996, par la Norme Comptable relative aux dépenses de R&D (NC 20) à partir de 1999 et
les normes relatives aux sociétés de groupe (NC 35, 36, 37, 38) à partir de 2004. L’évolution
de ces règles de comptabilisation a procuré aux entreprises de nouvelles possibilités pour la
reconnaissance à leur actif des investissements réalisés en éléments incorporels. Au total, trois
formes de représentation comptable des dépenses incorporelles sont admises par le
normalisateur tunisien : la capitalisation obligatoire1, la capitalisation facultative2 et la
capitalisation interdite3.
Malgré ces évolutions, l’information financière sur les immatériels reste sujette à plusieurs
critiques. Certains (Thibierge, 1997, 2001 ; Nils et al., 2000, Casta et al., 2007) lui reprochent
les difficultés à identifier les éléments incorporels et à les reconnaître comme capitaux
distincts et son incapacité à refléter la vraie valeur de ces éléments, se traduisant par des
différences de plus en plus importantes entre les valeurs aux livres comptables des entreprises
et leurs valeurs de marché. D’autres (Collins et al. 1997 ; Brown et al., 1999 ; Francis et
Schipper, 1999 ; Lev et Zarowin, 1999 ; Goodwin et Ahmed, 2006) montrent que
l’information contenue dans les états financiers remplie de moins en moins son rôle informatif
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d’aide à la décision. Ces déficiences de l’information comptable rendent généralement
complexe le travail d’évaluation des immatériels et, a fortiori, celui des titres d’une entreprise
investissant une partie importante de ses ressources dans de tels actifs (Casta et al., 2007).
Néanmoins, et malgré ces reproches, nombreux sont les auteurs (Megna et Klock, 1993,
2000 ; Chauvin et Hirschey, 1994 ; Lev et Sougiannis, 1996 ; Barth et Karsznik, 1999 ; Barth
et al., 2000 ; Lev et al., 2003 ; Cazavan-jeny, 2004 ; Churyk, 2005 ; Lev et al., 2005 ; Garcia-
Meca et Martinez ; 2007) qui continuent à prôner que l’information comptable sur les
investissements immatériels continue à impacter les décisions d’investissement et les
processus d’évaluation des investisseurs. Cette position, soutenue en théorie dans les
enseignements de la théorie des signaux et de la théorie d’agence, prévoit que les dirigeants
des entreprises peuvent profiter de la capitalisation des investissements immatériels, surtout
sous sa forme facultative, afin de signaler au marché leurs performances futures et de réduire
les coûts d’agence. Cette recherche ouvre le débat à ce propos sur la manière dont les
investisseurs perçoivent et valorisent l’information financière sur les éléments immatériels qui
leur est communiquée par les entreprises.
Nous nous intéressons à ce titre au contexte des firmes tunisiennes cotées pour trois
principales raisons. Premièrement, à notre connaissance, aucune étude de ce type n’a été
réalisée dans le contexte tunisien. Deuxièmement, l’évolution récente de la normalisation
comptable relative aux investissements incorporels nécessite d’être appréciée par rapport à sa
pertinence vis-à-vis des utilisateurs de l’information financière. Troisièmement, la
communication des entreprises tunisiennes sur leur capital immatériel est moins développée
que celle que l’on observe sur les marchés européen et notamment américain. Cette étude
nous permettra ainsi d’appréhender si la pratique actuelle de communication des firmes
tunisiennes porte une valeur informative pour le marché.
Dans ce qui suit, nous présenterons dans un deuxième titre une revue de la littérature sur la
valeur informative des informations financières communiquées sur les investissements
immatériels. Ceci nous servira d’assise pour la formulation de nos hypothèses de recherche.
La troisième et quatrième section seront consacrées à la présentation de la méthodologie et
des résultats de l’étude, respectivement. Enfin, nos conclusions seront formulées dans la
cinquième section.
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Les investissements intangibles sont devenus un facteur déterminant de la valeur des
entreprises dans un environnement caractérisé par la globalisation des marchés, les
changements technologiques et le développement de processus et où les connaissances
prennent une part grandissante dans les processus de production des entreprises (Garcia-Meca
et Martinez, 2007). Les propos de la ressource-based-view pointent l’importance des actifs de
l’entreprise en général et des actifs intangibles en particulier dans le processus de création de
la valeur (Whitwell et al., 2007). Selon cette approche, la manière dont une firme affecte ses
ressources, et notamment l’entreprise d’investissements en éléments incorporels, détermine la
persistance de ses performances futures. Les résultats des études antérieures témoignent de
l’importance de la dématérialisation des ressources des entreprises comme facteur de
compétitivité et de performance (Brenner et Rushton, 1989 ; Dhaliwal et Heniger, 1999 ; Bae
et Noh, 2001 ; Nakamura, 2001; Dilling-Hansen et al., 2003 ; Delgado-gomez et al., 2004 ;
Louzzani, 2004 ; Casta et al., 2007). D’ailleurs, cet avantage est souvent perçu par les
investisseurs sur les marchés financiers à travers la valorisation des éléments immatériels
reconnus dans les comptes sociaux et de groupes des entreprises et/ou des informations
communiquées sur ces éléments.
Dans le contexte américain, Megna et Klock (1993) constatent, auprès un échantillon de 11
entreprises américaines sur la période 1997-1990, que l’activation des frais de R&D et des
brevets par les entreprises étudiées expliquerait positivement leurs q de Tobin mesurant la
capitalisation boursière d'une entreprise par rapport à la valeur de remplacement de ses actifs
matériels et immatériels, et aboutirait ainsi à une meilleure valorisation de ces entreprises sur
le marché. Les mêmes auteurs examinent plus tard (Megna et Klock, 2000) l'évaluation du
capital intangible dans l'industrie de télécommunication. L'étude porte sur un échantillon de
14 entreprises durant la période 1984-1993. Quatre composantes du capital intangible sont
étudiées : la publicité, la recherche et développement, les licences et le capital de clients.
Chacune des quatre composantes est positivement corrélée au q de Tobin des entreprises
étudiées. Plus récemment, et dans le même ordre d’idées, Gleason et Klock (2006) identifient
un lien significativement positif entre les frais de R&D et les dépenses de publicité d’une part,
et le q de Tobin d’autre part, de 805 entreprises américaines sur une période de 20 ans (1982-
2001). De leur côté, Henning et al. (2000) et Churyk (2005) révèlent un lien significatif entre
la valeur du goodwill et la valeur de marché de l’entreprise acquéreuse. L’impact positif des
informations financières relatives aux investissements sur la valeur de marché des entreprises
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a été également montré dans le cadre des études de Chauvin et Hirschey (1994), Lev et
Sougiannis (1996), Barth et Karsznik (1999) et de lev et al. (2005).
Les résultats relevés par les études américaines ont été validés dans d’autres contextes
empiriques. L’étude de Goodwin et Ahmed (2006), portant sur un échantillon d’entreprises
australiennes de 13000 observations (entreprise-année) sur une période de 25 ans à partir de
1975, notent un faible déclin de la valeur informative des bénéfices publiés par les entreprises
australiennes. Cependant, cette valeur est améliorée pour les entreprises qui capitalisent leurs
dépenses intangibles par rapport à celles qui les comptabilisent en charges. Cazavan-jeny et
Jeanjean (2004) étudient la pertinence de la capitalisation des frais de R&D pour les
investisseurs sur le marché financier français. L’échantillon de la recherche se compose de 95
entreprises françaises cotées qui communiquent leur montant investi dans les activités de
R&D, sur une période de trois ans (1998-2000). Les résultats montrent que la reconnaissance
des frais de R&D en tant qu’actif est pertinente dans la mesure où elle influe positivement le
rendement boursier des actions. Les résultats permettent aussi de valider l’hypothèse selon
laquelle la reconnaissance des frais de R&D en tant que charges véhicule une information
négative sur le marché. Aussi, dans le contexte français, Cazavan-jeny (2004) constate un lien
significatif entre le montant du goodwill inscrit à l’actif des entreprises étudiées et le ratio
Market-to-book de ces dernières, ce qui suggère que la valeur comptable du goodwill activé a
une valeur informative pour les marchés financiers. De sa part, la recherche de Bouden
(2006), auprès d’un échantillon de 30 groupes d’entreprises françaises sur la période 1997-
2003, confirme l’hypothèse selon laquelle la reconnaissance des actifs incorporels acquis par
voie de regroupement distinctement du goodwill a une valeur informative positive pour le
marché.
Néanmoins, et contrairement à ce qui précède, les résultats d’autres recherches infirment les
constats des études que nous venons d’exposer. Casta et al. (2007) examinent l’impact des
investissements incorporels sur le rendement des titres des entreprises dans le contexte des
marchés financiers français, espagnol, britannique et allemand. L’échantillon de l’étude
regroupe un total de 2 231 entreprises cotées aux bourses de Paris, Madrid, Londres et
Francfort durant la période 1993-2003. Le modèle testé intègre trois composantes de
l’investissement immatériel, à savoir, la variation des actifs incorporels et celle du goodwill et
le total des investissements en R&D. Les coefficients estimatifs font ressortir, pour
l’ensemble des entreprises étudiées, que l’investissement immatériel explique, de manière
significative, le rendement des titres. En outre, les auteurs constatent que, globalement, les
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investisseurs pénalisent le titre d’une entreprise ayant investi dans le capital immatériel au
cours de la période. Par ailleurs, pour un échantillon de 197 entreprises cotées entre 1993 et
2002, Cazavan-jeny et Jeanjean (2006) identifient un impact négatif des informations
communiquées sur le capital de R&D par les entreprises françaises sur la valeur des titres de
ces dernières.
Les études antérieures portant sur la valeur informative des informations financières relatives
aux investissements intangibles pour les marchés financiers trouvent leurs fondements
principalement dans les propos de la théorie des signaux et de la théorie d’agence. En effet,
dans les relations d’agence qui lient les dirigeants aux autres agents, les premiers, bénéficiant
d’un avantage informationnel par rapport aux autres agents, envoient des signaux pour
informer les mal ou moins bien informés. Dans cette situation d’asymétrie d’information, les
dirigeants auraient intérêt à signaler aux investisseurs l’information privilégiée dont ils
disposent sur les caractéristiques de l’activité qu’ils gèrent afin que ces derniers se perçoivent
de la qualité de leur gestion et que les actions qu’ils émettent soient évaluées à leur juste prix
et qu’ainsi la valeur de l’entreprise soit maximisée. Cependant, pour être crédible, valable et
susceptible d’influencer l’estimation de la valeur de la firme par les intervenants externes, un
signal devrait entraîner des coûts à une firme et à ses gestionnaires (Trembley et al., 1994).
Les investissements immatériels, correspondent, aussi bien dans l'imaginaire collectif que
dans la littérature académique, à des investissements qui permettent de développer la
productivité et la compétitivité des entreprises, mais sur lesquels reposent souvent les notions
de confidentialité et de secret (Thibierge, 1997, 2001 ; Ding et stolowy, 2003 ; Alcouffe et
louzzani, 2003). En conséquence, ces investissements créent des situations d’asymétrie
d’information particulièrement aigues entre les dirigeants des entreprises et les tiers où
l’information comptable représente une source importante de contrôle pour ces derniers. La
signalisation par une firme sur ses investissements incorporels serait à ce titre valorisable et
perceptible par les investisseurs pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ce signal renseigne sur
les performances futures de l’entreprise. Ensuite, il serait difficilement imitable par les autres
firmes n’ayant pas engagé de tels investissements dans la mesure où l’entreprise qui informe
le marché sur ses activités immatérielles doit s’astreindre à mener à terme ces activités et à
concrétiser les performances escomptées. Enfin, la signalisation sur les investissements
intangibles engendre des coûts importants pour l’entreprise du fait que les publications
concernent des éléments stratégiques.
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En conclusion, les précédents constats théoriques et empiriques nous permettent d’avancer
notre première hypothèse de recherche selon laquelle :
H1 : « L’information financière sur le capital immatériel est positivement valorisée par les
investisseurs sur le marché financier »
En outre, nous nous proposons d’étudier l’évaluation que porte les investisseurs pour la
dépréciation économique des investissements immatériels. En effet, outre les pertes de
valeurs, les amortissements pratiqués sur les actifs incorporels schématisent le rythme de
consommation des avantages économiques futurs issus de l’utilisation de ces actifs. En
conséquence, nous nous attendons à ce que l’amortissement des actifs incorporels soit
négativement corrélé à la valeur du capital intangible. Ceci fera l’objet de notre deuxième
hypothèse de recherche selon laquelle :
H2 : « La dépréciation des actifs incorporels est négativement valorisée par les investisseurs
sur le marché financier ».
33.. MMéétthhooddoollooggiiee ddee llaa rreecchheerrcchhee ::
3.1. Echantillon et collecte des données :
La base de sondage de la présente recherche est constituée de 21 entreprises tunisiennes
cotées à la BVMT4 sur une période de quatre années entre 2002 et 2005, et opérant
essentiellement dans les secteurs de l’industrie et de services. Les entreprises du secteur
financier, telles que les banques, les sociétés de leasing, les sociétés d’assurances…, ont été
éliminées de l’échantillon en raison de leurs spécificités comptables5 et de leurs modes de
fonctionnement particuliers. Nous avons également opté pour l’élimination des entreprises qui
ont fait leur introduction en bourse au cours de la période d’étude ou une année avant ladite
période. Ce choix est motivé par le fait que les entreprises nouvellement cotées à la bourse ont
des comportements comptables particuliers et que leur évaluation sur le marché diffère des
autres entreprises initialement cotées. En définitive, les hypothèses de recherche seront testées
sur un échantillon de 84 observations (entreprise-année) sur la période étudiée.
Pour la collecte des données, nous avons procédé à la consultation des fiches sociétés
disponibles sur le site web de la BVMT6 et celui du Conseil du Marché Financier7.
Cependant, Nous avons noté que certains états comptables sont incomplets et/ou imprécis
ainsi que les capitalisations boursières moyennes des entreprises sur la période d’étude font
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défaut. Pour ce, nous avons été amenés à consulter directement certains membres à la
direction de la BVMT et du CMF8 afin de compléter les données manquantes.
3.2. Mesure des variables :
3.2.1. La variable à expliquer : la valorisation par le marché du capital immatériel :
L’indicateur le plus couramment utilisé dans la littérature pour mesurer la valeur de marché
du capital immatériel d’une entité est le q de Tobin. Les études antérieures attestent
l’importance de cette mesure comme indicateur de la valeur du capital immatériel des
entreprises. Ces études ont monté, notamment, une corrélation forte entre le q de Tobin et les
frais de R&D (Megna et Klock, 1993, 2000 ; Skinner, 1993), les frais de publicité (Gleason et
Klock, 2006), le capital intellectuel (Sougiannis, 1994; Whitewell et al., 2007), les brevets
(Megna et Klock, 1993) et le capital de clientèle (Ittner et Larcker, 1998).
Le q de Tobin est défini comme le rapport entre la valeur de marché d’une firme et la valeur
de remplacement de ses actifs. Le q de Tobin, présenté par Tobin J. (1969), correspond ainsi
au ratio suivant :
q t = MVt / RC (At)
où : MVt : représente la valeur de marché de l’entreprise t (Market Value), constituée par la
somme de la valeur de marché de ses capitaux propres et celle de ses dettes ;
RC (At) : représente la valeur de remplacement des actifs de l’entreprise (Remplacement
Cost).
Le q de Tobin rapporte ainsi une valeur de marché à une valeur économique du patrimoine
d’une entreprise. Lorsque ces deux valeurs sont différentes, le q de Tobin est différent de 1, ce
que présente la majorité des cas. Cette situation a fait l’objet de différentes interprétations :
- Tobin (1969) considère que cette situation indique un déséquilibre, et donc elle traduit des
opportunités d’investissements et de désinvestissements profitables. Cette position est
soutenue dans les travaux de Myers (1977), Moussou et Thibierge (1996)9 et Mattoussi et
Zemzem (2003) en considérant que la valeur de marché d’une entreprise comme étant
fonction de la valeur de ses opportunités d’investissements.
- Teece et al. (1994) précisent que la valeur du q de Tobin peut refléter la compétence
technique et organisationnelle d’une firme, c'est-à-dire, ses actifs distinctifs spécifiques.
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L’existence d’une compétence technique et organisationnelle explique pourquoi les actifs en
place produisent plus de profits lorsqu’ils sont gérés par une entreprise que par d’autres.
- Delgado-gomez et al. (2004) concluent que le ratio du q de Tobin est non seulement une
approximation des ressources intangibles d’une entreprise mais il est également meilleur que
toutes les autres variables utilisées dans la littérature pour mesurer la valeur des éléments
immatériels. Il reflète non seulement la valeur des dépenses en R&D et celle des dépenses de
publicité mais également les avantages qui viennent de la connaissance, l’expérience, les
ressources humaines, la structure organisationnelle et d’autres dépenses immatérielles. Cette
position, d’ailleurs la plus soutenue dans la littérature (Lindenberg et Ross, 1981 ; Thihierge,
1997, 2001 ; Megna et Klock, 1993 ; 2000 ; Delgado-gomez et al., 2004 ; Gleason et Klock,
2006), retient que le q de Tobin indique et le potentiel d’avantages économiques futurs des
actifs incorporels comptables et la présence d’éléments incorporels non reconnus par la
comptabilité, et qui contribuent à la valeur de marché de l’entreprise.
Nous essayerons donc, dans la présente recherche, d’utiliser le q de Tobin comme mesure
pour refléter la valorisation des investissements immatériels des entreprises tunisiennes cotées
sur la BVMT. Toutefois, il est à noter que, malgré son importance et son adéquation pour
l’estimation des ressources incorporelles, le q de Tobin pose, dans sa mise en œuvre différents
problèmes méthodologiques. D’abord, la valeur de ce ratio dépend fortement des méthodes
d’enregistrement comptables retenues par les entreprises. En effet, toutes choses étant égales
par ailleurs, deux entreprises effectuant des mêmes dépenses immatérielles, et disposant à ce
titre du choix comptable entre enregistrement en charges ou activation, n’auront pas le même
q de Tobin lorsque l’une active ces dépenses au bilan et l’autre ne le fait pas (Lindenberg et
Ross, 1981). En ce sens, l’entreprise optant pour l’activation de ces dépenses au bilan aura un
q de Tobin plus faible que l’entreprise qui les comptabilise en charges. Cet inconvénient
risque ainsi de créer un biais méthodologique lorsque les normes comptables offrent une
latitude importante pour les dirigeants dans l’enregistrement de leurs dépenses immatérielles
ou lorsque ces dépenses représentent une part importante de la politique d’investissement des
entreprises. Ensuite, l’estimation des paramètres du q de Tobin (valeur de marché, coût de
remplacement), tel que défini par James Tobin (1969), est une entreprise très délicate et
dépend fortement de la disponibilité d’informations très détaillées sur le patrimoine et les
caractéristiques des entreprises.
Dans le contexte de la présente étude, les informations publiées par les entreprises tunisiennes
ne permettent pas de déterminer la valeur de marché de la dette ni la valeur de remplacement
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des actifs. Pour cela, nous utilisons une approximation du q de Tobin en remplaçant les dites
valeurs par leurs valeurs comptables. En revanche, la valeur des capitaux propres est mesurée
par la valorisation boursière des titres à la BVMT. Le q de Tobin est ainsi déterminé comme
suit :
Q de Tobin = Valeur comptable de l’actif économique
Valeur de marché des capitaux propres + Valeur comptable de la dette
Cette approximation a été couramment utilisée dans la littérature empirique en comptabilité et
en finance. L’efficacité de cette approximation a été démontrée par Chung et Pruitt (1994).
Les auteurs utilisent une base de données développée par le NBER10 sur les entreprises au
secteur industriel aux Etats-Unis sur les années 1978 à 1987, et calculent notamment des
vrais11 q de Tobin. Leur étude montre que l’approximation du q de Tobin utilisant les valeurs
comptables de la dette et des actifs, explique au moins 96.6 % des vrais q. Depuis, diverses
études ont utilisé le q de Tobin ajusté aux valeurs comptables comme un proxy pour le vrai q
de Tobin (Landsman & Shapiro, 1995 ; Thibierge, 1997, 2001 ; Delgado-gomez et al., 2004 ;
Arcelus et al., 2005 ; Turki et al., 2006).
Enfin, reste à déterminer sur quelles périodes les paramètres du q de Tobin seront mesurés. En
d’autres termes, il s’agit de définir la période de prise en compte de la capitalisation boursière
d’une entreprise donnée ainsi que des valeurs comptables de la dette et de l’actif économique.
Bien évidemment, pour mesurer la valeur du q de Tobin d’une entreprise sur l’exercice N, la
valeur comptable de la dette et celle de l’actif économique seront déterminées à partir des
états financiers présentés à la clôture de cet exercice. Seulement, la période de prise en
compte de la valeur de marché nécessite à être déterminée compte tenu de certaines
spécificités. En effet, dans la pratique des entreprises, les états financiers d’un exercice
comptable sont publiés au cours de l’exercice suivant. Ainsi, pour mesurer la valeur du q de
Tobin d’une entreprise sur l’exercice N, nous avons opté pour l’utilisation de la capitalisation
boursière moyenne de l’entreprise sur l’exercice N+1. Ce choix se justifie également par le
besoin d’appréhender les réactions des investisseurs, non pas à des dates ponctuelles, mais sur
une période étendue d’observation.
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3.2.2. Les variables explicatives :
Afin de tester la première hypothèse de notre recherche, le montant des investissements
immatériels capitalisés sera utilisé comme une variable explicative de la valorisation par le
marché du capital immatériel. On s’attend à ce que les montants des actifs incorporels affichés
par les entreprises cotées à la BVMT soient positivement corrélés au q de Tobin, utilisé
comme mesure de l’évaluation des investissements incorporels. Le montant du capital
immatériel activé sera mesuré par le ratio suivant :
Actif comptable
Immobilisations incorporelles + charges à répartir + Frais préliminaires INCIB/AC =
Ensuite, afin de tester la validité de nos prédictions formulées dans la deuxième hypothèse de
cette recherche, nous faisons intervenir deux autres variables explicatives, INCI/AC et
AMORT/AC, traduisant respectivement la proportion des actifs immatériels nette (c'est-à-dire
la proportion de la valeur comptable nette des actifs incorporels) et la proportion des
amortissements constatés sur les investissements intangibles activés dans le total actif.
3.2.3. Les variables de contrôle :
a. La taille :
La variable taille a été souvent utilisée comme variable de contrôle dans les études portant sur
la valorisation économique du capital immatériel (Thiberge, 1997, 2001 ; Henning et al.,
2000, Cazavan-jeny, 2004 ; Delgado-gomez et al., 2004 ; Louzzani, 2004 ; Villalonga, 2004 ;
Arcelus et al., 2005 ; Bouden, 2006 ; Casta et al., 2007). D’ailleurs, la plupart de ces études
relèvent une association significative entre la taille et la valeur de marché des entreprises
étudiées et celle des investissements immatériels.
Dans notre étude, Nous faisons appel à deux approximations de la taille de l’entreprise ; le
logarithme décimal de l’actif comptable hors actifs incorporels et du total chiffre d’affaires de
l’entreprise :
« L-AK » : le logarithme décimal de l’actif comptable ;
« L-CA » : le logarithme décimal du total du chiffre d’affaires hors taxes.
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b. La performance financière :
La performance financière est un indicateur très suivi par les investisseurs et les autres
utilisateurs de l’information comptable. En ce sens, il constitue un déterminant important dans
l’explication des décisions d’investissement et de financement, et nécessite ainsi à être
appréhendé comme facteur dominant dans l’explication des variations de la valeur de marché
des entreprises. Cazavan-jeny (2004), Casta et al. (2007) ainsi que Bouden (2006) font ainsi
inclure la performance financière comme variable de contrôle dans leurs modèles explicatifs
de la valorisation économique des éléments intangibles. Ceci nous conduit à utiliser cette
variable comme deuxième variable de contrôle afin de mieux appréhender l’évaluation par le
marché tunisien des actifs incorporels des entreprises. La performance des entreprises de
l’étude sera mesurée, dans une approche économique, par le ratio Return On Assets
« ROA » :
« ROA » = résultat net / total actif.
3.3. Modèle de l’étude et méthodes d’analyse des données :
La présente recherche a pour objectif d’étudier la valeur informative des informations
financières sur les investissements immatériels. Aux termes de la présentation des mesures
des variables étudiées, le modèle testé s’articule comme suit :
Q = α0 + α1 INCI/ACit + α2 INCIB/ACit + α3 AMORT/ACit + α4 ROAit + α5 L-CAit + α6 L-AKit + ε.
Avec, pour variable endogène :
Q : Le q de Tobin (ajusté aux valeurs comptables) ;
Pour variables d’intérêt :
INCI/AC : la proportion des actifs incorporels nets dans le total actif des états financiers
individuels des entreprises ;
INCIB/AC : la proportion des actifs incorporels hors amortissement (proportion de la valeur
brute des actifs incorporels) dans le total actif des états financiers individuels des entreprises;
AMORT/AC : la proportion des amortissements des actifs intangibles dans le total actif des
états financiers individuels des entreprises ;
ROA : le rendement de l’actif ;
L-CA : le logarithme décimal du total du chiffre d’affaires de l’entreprise ;
L-AK : le logarithme décimal de l’actif comptable hors actifs incorporels.
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L’analyse multivariée sera complétée tout d’abord par une analyse univariée exposant les
caractéristiques des entreprises étudiées (moyenne et écart type des variables de l’étude).
Ensuite, nous étudierons les corrélations bivariées entre les différentes variables de la
recherche. Pour ce faire, nous recourons au test non paramétrique de Spearman. Ceci nous
permettra, entre autres, d’identifier les variables explicatives à fortes corrélations entre elles
afin d’écarter les problèmes de multicolinéarité.
44.. RRééssuullttaattss eemmppiirriiqquueess ::
4.1. Résultats de l’analyse univariée :
Les caractéristiques de l’échantillon des entreprises cotées sont présentées au niveau du
tableau 1. Ce dernier expose les moyennes et écart types des variables caractéristiques des
entreprises de l’échantillon.
Tableau 1 : Statistiques descriptives des entreprises de l’échantillon
VVaarriiaabbllee NN MMooyyeennnnee EEccaarrtt ttyyppee
Q 84 1.3610 0.6643
INCI / AC 84 0.0226 0.0373
INCIB / AC 84 0.0383 0.0524
AMORT / AC 84 0.0158 0.0218
ROA 84 0.0404 0.0735
L-CA 84 7.5153 0.6109
L-AK 84 7.7675 0.3792 Avec :
Q : Le q de Tobin (ajusté aux valeurs comptables) ;
INCI/AC : la proportion des actifs incorporels nets dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ;
INCIB/AC : la proportion des actifs incorporels hors amortissement (proportion de la valeur brute des actifs incorporels) dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ;
AMORT/AC : la proportion des amortissements des actifs intangibles dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ;
ROA : le rendement de l’actif ;
L-CA : le logarithme décimal du total du chiffre d’affaires de l’entreprise ;
L-AK : le logarithme décimal de l’actif comptable ;
N : nombre d’observations ;
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Les résultats montrent une la moyenne des q de Tobin de « 1.361 ». Ceci indique que les
entreprises tunisiennes cotées affichent une valeur sur le marché d’en moyenne 1.36 fois
supérieure à leurs valeurs comptables. L’observation de la valeur moyenne du q de Tobin
suscite certaines réflexions. Tout d’abord, ce résultat évoque les limites et les critiques
reprochées à la méthode du coût historique adoptée par le Système Comptable des Entreprises
en Tunisie, selon laquelle les biens et services acquis par l’entité sont en règle générale
comptabilisés à leur coût de transaction, soit le montant effectivement payé ou dû. Les valeurs
initialement enregistrées sont ensuite figées et diminuées des éventuels amortissements,
provisions et réductions de valeur. La valeur moyenne des q de Tobin (1.361) évoque ainsi la
limite principale de la méthode de valorisation au coût historique selon laquelle cette méthode
ne permet pas de refléter la réalité de la valeur de l’entreprise. C’est ainsi, qu’afin de pallier
aux insuffisances de la valorisation comptable des biens selon la méthode du coût historique,
les normes comptables internationales (IAS/IFRS), dans leur nouvelle version, prévoient une
méthode alternative pour l’évaluation des biens et services des entreprises : l’évaluation à la
juste valeur.
Ensuite, la différence entre la valeur du q de Tobin et les valeurs comptables des entreprises
est interprétée de différentes façons dans la littérature. L’interprétation la plus soutenue retient
qu’un q de Tobin supérieur à « 1 » reflète l’existence d’éléments incorporels non reconnus par
la comptabilité, et qui contribuent à la valeur de marché de l’entreprise. Ceci évoque une
deuxième limite des règles de comptabilisation des immatériels, prévoyant que lesdites règles
ne permettent pas de reconnaître l’essentiel des investissements intangibles comme des
capitaux distincts et amenant ainsi à leur comptabilisation en charges. Il est toutefois à noter
que dans le cadre de la présente étude, le q de Tobin retenu est celui ajusté aux valeurs
comptables, et ce compte tenu de la difficulté d’observation de la valeur de remplacement des
éléments d’actifs et de passifs des entreprises. En ce sens, la valeur du q de Tobin nécessite à
être interprétée compte tenu de la différence entre les valeurs comptables des éléments
d’actifs et de passifs et les justes valeurs de ces derniers.
Par ailleurs, les actifs incorporels nets représentent en moyenne « 2.26% » du total actif. La
valeur brute des éléments intangibles activés au bilan représente en moyenne « 3.83% » de
l’ensemble des éléments d’actif. Nous enregistrons également une moyenne de « 1.58% »
pour la proportion des amortissements constatés sur les investissements intangibles activés
dans le total actif des états financiers individuels des entreprises. Ces valeurs peuvent indiquer
que les entreprises tunisiennes cotées investissent peu en éléments immatériels. Les faibles
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moyennes notées pour les actifs incorporels peuvent également indiquer qu’une faible
proportion des dépenses en éléments intangibles entreprises par les sociétés tunisiennes cotées
fait l’objet d’une activation au niveau du bilan.
Notre investigation a porté ensuite sur l’étude de l’évolution des caractéristiques des
entreprises étudiées sur la période recherche (2002-2005). L’examen des évolutions des
statistiques descriptives permet en effet de mieux appréhender les évolutions des
caractéristiques des entreprises de l’échantillon tout au long de la période étudiée. Les
statistiques recensées sont présentées au niveau du tableau 2.
Tableau 2 : Evolution des statistiques descriptives de l’échantillon des entreprises cotées
à la BVMT sur la période d’étude (2002-2005)
VVaarriiaabblleess NN 22000022 22000033 22000044 22000055
m 21 1.2402 1.2580 1.3600 1.5858 Q σ 21 0.6672 0.5792 0.6090 0.7747
m 21 0.0264 0.0243 0.0214 0.0184 INCI/AC σ 21 0.0441 0.0386 0.0349 0.0328
m 21 0.0332 0.0372 0.0397 0.0429 INCIB / AC σ 21 0.0538 0.0518 0.0521 0.0549
m 21 0.0077 0.0129 0.0183 0.0245 AMORT / AC σ 21 0.0116 0.0156 0.0223 0.0305
m 21 0.0531 0.0394 0.0355 0.0333 ROA σ 21 0.0634 0.0731 0.0672 0.0911
m 21 7.5224 7.5211 7.4258 7.5918 L-CA σ 21 0.5179 0.5211 0.8278 0.5560
m 21 7.7374 7.7656 7.7782 7.7886 L-AK σ 21 0.3906 0.3827 0.3827 0.3868
Les résultats montrent une évolution positive du ratio INCIB/AC indiquant la proportion des
actifs incorporels bruts dans le total actif des états financiers individuels des entreprises. Ce
ratio est passé de « 3.32% » en 2002 à « 3.72% » en 2003, puis à « 3.97% » en 2004 et enfin à
« 3.89% » en 2005. Les investissements immatériels bruts accumulés par les entreprises
tunisiennes augmentent ainsi sur la période d’étude. Parallèlement, l’amortissement
comptabilisé pour ces actifs est une fonction croissante du temps. A cet effet, nous notons que
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l’investissement immatériel net est en décroissance sur la période d’observation. Cette
dernière est passée de « 2.64% » en 2002 à « 2.43% » en 2003 et à « 2.14% » en 2004 et
enfin à « 1.84% » en 2005, ce qui indique aussi que l’investissement marginal en éléments
immatériels ne permet pas de contourner l’effet de l’amortissement pratiqué.
Ensuite, et corollairement à l’augmentation de la proportion des actifs incorporels bruts dans
le total actif des états financiers individuels des entreprises, le q de Tobin enregistre une
augmentation continue sur la période d’étude (1.24, 1.26, 1.36, 1.58), ce qui pourrait
impliquer que les investisseurs sur le marché financier tunisien sont influencés par
l’importance des informations communiquées par les entreprises sur leurs investissements
intangibles. Les investissements en éléments immatériels, sont en effet représentatifs de
performances futures pour les entreprises qui les engagent (Dhaliwal et Heniger, 1999 ; Bae et
Noh, 2001 ; Nakamura, 2001 ; Louzzani, 2004 ; Villalonga, 2004 ; Charfi, 2006; Casta et al.,
2007 ). Ces performances seraient perceptibles par les investisseurs sur les marchés boursiers
et les analystes financiers qui les conseillent.
4.2. Résultats de l’analyse bivariée :
4.2.1. Q de Tobin et variables du modèle :
Le tableau 3 qui suit présente les corrélations bivariées entre le q de Tobin et chacune des
variables explicatives du modèle d’estimation de l’évaluation des investissements immatériels
activés au niveau des comptes sociaux des entreprises tunisiennes. Les résultats relevés
proviennent de l’application de la matrice de corrélation de Spearman.
Les résultats relèvent tout d’abord des corrélations non significatives entre d’une part, les
variables INCI/AC (-0.057) et INCIB/AC (-0.0986), représentant respectivement la proportion
des actifs incorporels nets et bruts dans le total actif des états financiers individuels des
entreprises, et d’autre part, l’évaluation des éléments immatériels sur le marché boursier
tunisien (q de Tobin). La valeur informationnelle des investissements immatériels activés
serait ainsi non significative et non valorisable par le marché. Aussi, et contrairement à nos
prédictions, l’activation des investissements immatériels aurait un faible impact négatif sur la
valeur des entreprises. Le même résultat (corrélation négative et non significative) est relevé
pour l’amortissement des actifs incorporels. Ceci semble réfuter nos prédictions relatives à la
valeur informative des informations communiquées sur les investissements immatériels dans
les comptes individuels. Toutefois, l’interprétation de telles corrélations reste sujette à caution
puisque les corrélations relevées sont très faibles et non significatives. En outre, une analyse
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bivariée entre le q de Tobin et les variables explicatives du modèle reste insuffisante du fait
que l’étude des corrélations bivariées ne tient compte que des effets des deux variables
testées. En ce sens, elle ne permet pas d’inclure les effets simultanés des autres variables de
l’étude, notamment les variables de contrôle.
Tableau 3 : Résultats des corrélations bivariées entre le q de Tobin et les variables de
contingence
VVaarriiaabbllee NN QQ ssiiggnniiffiiccaattiivviittéé
INCI/AC 84 (0.0570) 0.606 ns
INCIB/AC 84 (0.0986) 0.372 ns
AMORT/AC 84 (0.0186) 0.870 ns
ROA 84 0.5062 0.000 ***
L-CA 84 0.1225 0.267 ns
L-AK 84 0.0878 0.427 ns
Avec : Q : Le q de Tobin (ajusté aux valeurs comptables) ; INCI/AC : la proportion des actifs incorporels nets dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ; INCIB/AC : la proportion des actifs incorporels hors amortissement (proportion de la valeur brute des actifs incorporels) dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ; AMORT/AC : la proportion des amortissements des actifs intangibles dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ; ROA : le rendement de l’actif ; L-CA : le logarithme décimal du total du chiffre d’affaires de l’entreprise ; L-AK : le logarithme décimal de l’actif comptable ; *** : La corrélation est significative à un niveau de 1% ; ns : La corrélation n’est pas significative N : nombre d’observations ; Les valeurs entre parenthèses correspondent à des corrélations négatives.
Par ailleurs, les résultats montrent une influence de la variable Return On Assets (ROA) sur le
q de Tobin. Cette variable a en effet un impact positif et significatif au seuil de 1% sur le q de
Tobin. Les actions des entreprises les plus profitables sont en ce sens les plus demandées et
les mieux valorisées sur le marché tunisien. Les utilisateurs de l’information financière sur le
marché financier préfèrent ainsi investir dans les entreprises rentables permettant la réalisation
de profits futurs par des distributions potentielles de dividendes ou par l’augmentation
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probable de la valeur des actions acquises. Des résultats similaires ont été démontrés sur le
marché français (Cazavan-jeny, 2004), britannique et espagnol (Casta et al., 2007)
Enfin, aucune corrélation significative n’a été relevée entre d’une part, le q de Tobin des
entreprises tunisiennes et d’autre part, la taille de ces entreprises, mesurée par les variables
L-CA (0.1225) et L-AK (0.0878) représentant le logarithme décimal du total du chiffre
d’affaires de l’entreprise et de son actif comptable, respectivement. Par ailleurs, les
cœfficients de corrélation relevés sont positifs. Ceci reflète que les entreprises de grande taille
sont les plus valorisées sur le marché financier.
4.2.2. Autres résultats :
Ce titre examine les corrélations entre les différentes variables endogènes du modèle
d’estimation de l’évaluation des investissements immatériels activés au niveau des états
financiers individuels des entreprises tunisiennes. Les résultats des corrélations de Spearman
sont exposés au niveau du tableau 4.
Les résultats montrent des corrélations positives et significatives entre les proportions nettes
(INCI/AC) et brutes (INCIB/AC) des actifs incorporels et la proportion de la somme des
amortissements pratiqués sur ces éléments dans le total actif comptable (AMORT/AC). Ces
résultats pourraient être prévisibles puisque les amortissements des actifs intangibles sont
pratiqués sur les montants bruts de ces derniers et les valeurs nettes des investissements
immatériels activés sont fonction de leurs montants bruts et de leurs amortissements.
Toutefois, ce qui serait intéressant dans cette étude des corrélations, c’est d’identifier les
variables qui ne peuvent être introduites dans le même modèle d’estimation lors de l’analyse
multivariée de l’évaluation des éléments incorporels.
Ensuite, les corrélations bivariées entre les variables de contrôle du premier modèle
d’estimation notent une importante association positive et significative entre les variables
mesurant la taille des entreprises, à savoir le logarithme décimal du chiffre d’affaire et celui
du total actif comptable (0.737). Par ailleurs, aucune association significative n’est relevée
entre la performance financière des entreprises et leurs tailles. Les associations sont en outre
positives pour le logarithme du chiffre d’affaires et négatives pour le logarithme de l’actif
comptable. Ceci suggère que les performances financières affichées par les entreprises
tunisiennes ne dépendent pas de leurs tailles.
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Tableau 4 : Résultats des corrélations bivariées entre les variables indépendantes du
modèle
VVaarriiaabbllee NN INCIB/AC INCI/AC AMORT/AC ROA L-CA L-AK
84 S INCIB/AC
84 Sig
84 S 0.894 INCI/AC 84 Sig 0.000 ***
84 S 0.820 0.739 AMORT/AC
84 Sig 0.000 *** 0.000 ***
84 S (0.509) (0.425) (0.403) ROA
84 Sig 0.000 *** 0.000 *** 0.000 ***
84 S 0.137 0.268 (0.077) 0.038 L-CA
84 Sig 0.213 ns 0.013 ** 0.488 ns 0.730 ns
84 S 0.288 0.402 0.073 (0.143) 0.737 L-AK
84 Sig 0.008 *** 0.000 *** 0.508 ns 0.193 ns 0.000 *** Avec : INCI/AC : la proportion des actifs incorporels nets dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ; INCIB/AC : la proportion des actifs incorporels hors amortissement (proportion de la valeur brute des actifs incorporels) dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ; AMORT/AC : la proportion des amortissements des actifs intangibles dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ; ROA : le rendement de l’actif ; L-CA : le logarithme décimal du total du chiffre d’affaires de l’entreprise ; L-AK : le logarithme décimal de l’actif comptable ; S : le coefficient de corrélation de Spearman ; Sig : le degré de significativité des coefficients de corrélation ; ** : la corrélation est significative à un niveau de 5% ; *** : la corrélation est significative à un niveau de 1% ; ns : La corrélation n’est pas significative. N : nombre d’observations ; Les valeurs entre parenthèses correspondent à des corrélations négatives.
Enfin, les résultats du tableau 4 permettent d’avancer des constats pour le compte d’une étude
des choix de comptabilisation des investissements immatériels. Nous relevons à ce titre des
corrélations positives entre la taille des entreprises (L-CA, L-AK) et les montants des
investissements immatériels activés au niveau de leurs comptes individuels (INCI/AC,
INCIB/AC). Cependant, seules les associations entre L-AK d’un côté et INCI/AC (0.402) et
INCIB/AC (0.288) d’autre côté et entre L-CA et INCI/AC (0.268) sont significatives. De sa
part, la proportion des amortissements des actifs intangibles dans le total actif n’affiche
aucune relation significative avec les variables taille. Les entreprises de grandes tailles
seraient ainsi les plus susceptibles d’activer leurs dépenses immatérielles, à la différence des
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entreprises de tailles moins importantes qui ont tendance à les comptabiliser en charges. Ces
propos infirment l’hypothèse des coûts politiques de la théorie positive de la comptabilité
(Watts et Zimmerman, 1978) prévoyant que les entreprises les plus grandes choisissent les
choix comptables qui diminuent le plus leurs résultats afin de réduire leur visibilité politique.
La matrice des corrélations identifie en outre des associations négatives et significatives entre
le degré d’intangibilité des actifs des entreprises (INCI/AC, INCIB/AC, AMORT/AC) et leur
rendement de l’actif (ROA). Ceci montre que les entreprises les moins performantes sont
celles qui optent le plus à l’activation de leurs dépenses incorporelles. Les sociétés les moins
performantes cherchent ainsi à présenter une image plus flatteuse de leur situation en optant
pour l’activation de leurs dépenses immatérielles au bilan et à bénéficier de leur avantage
informatif.
4.3. Résultats de l’analyse multivariée :
Compte tenu des observations formulées au niveau de l’analyse bivariée entre les variables de
la recherche, nous procédons tout d’abord à la spécification des équations à étudier de notre
modèle estimatif. Nous procédons également, dans ce premier volet, à une analyse partielle
des modèles définis en exposant la démarche statistique entreprise pour tenir compte des
spécificités de chaque modèle et de la nature des variables utilisées ainsi que ses résultats.
Ceci nous mènera ensuite à l’estimation définitive des modèles tels que définis précédemment
et à l’interprétation des résultats.
4.3.1. Définition et analyse partielle des équations du modèle d’étude :
L’analyse bivariée nous a permis d’identifier les corrélations significatives entre les variables
indépendantes de notre modèle d’estimation, ainsi que l’importance de ces dernières. Notre
première investigation consiste à éviter que les variables présentant de fortes corrélations
entre elles ne soient étudiées dans le même modèle, et ce afin d’éviter les éventuels problèmes
de multicolinéarité. Les corrélations les plus importantes telles que mesurées au niveau de la
deuxième section, et qui sont susceptibles de causer de tels problèmes, sont celles relevées
entre les variables INCIB/AC et INCI/AC, INCIB/AC et AMORT et entre L-CA et L-AK.
Pour ce, les trois variables représentatives des immatériels dans les états financiers individuels
des entreprises tunisiennes seront étudiées séparément dans trois sous-modèles du modèle.
Nous éviterons également que les variables de taille (L-CA et L-AK) ne soient intégrées
simultanément dans le même modèle. En définitive, six équations seront testées :
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Modèle M 1 : Qit = α0 + α1 INCB/ACit + α2 ROAit + α3 L-CAit + ε.
Modèle M 2 : Qit = α0 + α1 INCB/ACit + α2 ROAit + α3 L-AKit + ε.
Modèle M 3 : Qit = α0 + α1 INCI/ACit + α2 ROAit + α3 L-CAit + ε.
Modèle M 4 : Qit = α0 + α1 INCI/ACit + α2 ROAit + α3 L-AKit + ε.
Modèle M 5 : Qit = α0 + α1 AMORT/ACit + α2 ROAit + α3 L-CAit + ε.
Modèle M 6 : Qit = α0 + α1 AMORT/ACit + α2 ROAit + α3 L-AKit + ε.
Rappelons ensuite que notre étude porte sur un échantillon d’entreprises tunisiennes
observées sur une période de 4 années, ce qui, par définition, conduit à estimer les six
modèles définis ci-dessus sur des données de panel. Ces dernières procurent l’avantage de
pouvoir prendre en compte les effets individuels des entreprises et périodes étudiées,
lorsqu’une telle possibilité est démontrée. Cette double dimension permet de tenir compte de
l’influence de caractéristiques non observables des individus sur leurs comportements, dès
lors que celles-ci restent stables dans le temps (Sevestre, 2002, p.3). Il convient alors de
déterminer si les effets individuels des entreprises de l’échantillon ont un impact significatif
sur les résultats du modèle étudié.
Pour les six équations estimatives définies ci-dessus, les tests de Fisher entrepris pour
l’identification des effets individuels relèvent des degrés de significativité de « 0.000 », ce qui
permet de rejeter l’hypothèse nulle (H0 : βi = 0)12 et de confirmer l’existence d’effets
individuels significatifs. Ensuite, les résultats du test d’Hausman, pour la détermination de la
nature des effets identifiés montrent que ces effets sont fixes pour les six modèles. En effet,
les degrés de significativité des tests de Chi 2 obtenus pour les modèles M 1, M 2, M 3, M 4,
M 5 et M 6 sont respectivement de « 0.0026 », « 0.0216 », « 0.0006 », « 0.0000 », « 0.0004 »
et de « 0.000 ».
Par ailleurs, nous testons l’existence d’un problème d’hétéroscédasticité dans chacun des
modèles étudiés. Un test approprié à cet effet est celui Breusch-Pagan (Sevestre, 2002).
L’hypothèse nulle de ce test conclu à l’absence d’hétéroscédasticité. Le test de Breusch-Pagan
utilise une statistique de Fisher. Les résultats de ce test donnent des statistiques de Fisher
significatives à un seuil de 1%, ce qui permet de conclure à l’existence d’hétéroscédasticité. A
cet effet, nous tenons compte de ce problème compte dans la suite lors de la spécification des
commandes pour la régression de nos modèles à effets individuels fixes.
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La suite de notre étude de l’évaluation des investissements immatériels comptabilisés dans les
états financiers individuels des entreprises tunisiennes sera consacrée à la présentation et à
l’interprétation des résultats obtenus de l’estimation des six modèles de l’étude.
4.3.2. Présentation et interprétation des résultats :
Les résultats de l’estimation des modèles M 1, M 2, M 3, M 4, M 5 et M 6, sont présentés
dans le tableau 5. Les résultats des régressions du q de Tobin sur les variables explicatives de
chaque modèle montrent tout d’abord, des statistiques de Fisher relatives pour chaque
estimation avec une significativité au seuil de 1%. Ce qui indique une bonne qualité
d’ajustement des modèles estimés. Ensuite, les valeurs des R2 ajustés13, mesurant La
proportion de la variation de la variable dépendante qui est expliquée par les variables
dépendantes dans les six modèles estimés sont de l’ordre de 0.78, ce qui tranche en faveur
d’une bonne prédiction associée à nos modèles. En effet, à titre d’exemple, la régression M1
est capable de prédire dans 78.2% des cas la valeur du q de Tobin sachant la proportion des
actifs incorporels nets dans le total actif des états financiers individuels des entreprises, le
rendement de l’actif, la taille de l’entreprise représentée par le logarithme décimal du chiffre
d’affaires hors taxes et enfin les caractéristiques individuelles des entreprises.
Les résultats du premier modèle M 1 montrent que seule la proportion de l’actif brut dans le
total actif contribue significativement et positivement à l’explication du q de Tobin.
L’introduction de la variable L-AK au lieu de L-CA, au niveau du modèle M 2 a fait que cet
impact est devenu non significatif. Toutefois, le résultat du test garde le même signe. Ceci
montre que les investisseurs sur le marché financier ont tendance à apprécier et à valoriser
positivement l’information financière communiquée sur la masse brute de l’investissement
immatériel engagée par les entreprises. Le montant activé au niveau des états financiers des
entreprises tunisiennes contribue ainsi positivement à l’explication de l’évaluation par les
investisseurs de ces éléments, ce qui confirme notre première hypothèse de recherche. Ce
résultat corrobore les résultats des études antérieures menées dans d’autres contextes
empiriques. Ceci est l’exemple des études de Megna et Klock (1993, 2000) et de Gleason et
Klock (2006) qui identifient des corrélations significatives et positives entre les composantes
retenus du capital immatériel des entreprises américaines et leur q de Tobin. Des résultats
similaires sont relevés par Zaho (2002) en étudiant la pertinence des informations fournies sur
les frais de R&D en grande Bretagne, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Enfin, les
résultats obtenus sont vérifiés dans le contexte français par Matoussi et Zemzem (2003).
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Tableau 5 : Résultats de la régression des modèles explicatifs de l’évaluation des
investissements immatériels des comptes individuels
VVaarriiaabblleess NN MM 11 MM 22 MM 33 MM 44 MM 55 MM 66
84 α 2.01 1.25 INCIB/AC
84 Sig 0.049 ** 0.217 nsNI NI NI NI
84 α (2.08) (1.18) INCI/AC
84 Sig NI NI
0.042 ** 0.244 nsNI NI
84 α 1.21 1.29 AMORT/AC
84 Sig NI NI NI NI
0.066 * 0.203 ns
84 α (0.78) (0.70) (0.93) (0.84) (0.75) (0.75) ROA
84 Sig 0.436 ns 0.484 ns 0.359 ns 0.405 ns 0.454 ns 0.485 ns
84 α (0.08) (0.26) (0.19) L-CA
84 Sig 0.940 nsNI
0.798 nsNI
0.848 nsNI
84 α 1.73 1.75 1.67 L-AK
84 Sig NI
0.089 *NI
0.085 *NI
0.099 *
84 α 0.78 (1.61) 1.31 (1.59) 1.11 (1.53) Constante
84 Sig 0.439 ns 0.112 ns 0.194 ns 0.118 ns 0.269 ns 0.130 ns
84 α 49.86 61.57 46.83 53.21 52.35 56.89 F
84 Sig 0.000 *** 0.000 *** 0.000 *** 0.000 *** 0.000 *** 0.000 ***
84 R2 ajusté
84
0.782 0.791 0.782 0.789 0.784 0.792
Résultats de l’estimation des modèle (M 1), (M 2), (M 3), (M 4), (M 5) et (M 6), avec : Modèle M 1 : Q = α0 + α1 INCB/ACit + α2 ROAit + α3 L-CAit + ε. Modèle M 2 : Q = α0 + α1 INCB/ACit + α2 ROAit + α3 L-AKit + ε. Modèle M 3 : Q = α0 + α1 INCI/ACit + α2 ROAit + α3 L-CAit + ε. Modèle M 4 : Q = α0 + α1 INCI/ACit + α2 ROAit + α3 L-AKit + ε. Modèle M 5 : Q = α0 + α1 AMORT/ACit + α2 ROAit + α3 L-CAit + ε. Modèle M 6 : Q = α0 + α1 AMORT/ACit + α2 ROAit + α3 L-AKit + ε.
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Avec, pour variable endogène :
Q : Le q de Tobin (ajusté aux valeurs comptables) ;
Pour variables d’intérêt :
INCI/AC : la proportion des actifs incorporels nets dans le total actif des états financiers individuels des
entreprises ;
INCIB/AC : la proportion des actifs incorporels hors amortissement (proportion de la valeur brute des actifs
incorporels) dans le total actif des états financiers individuels des entreprises ;
AMORT/AC : la proportion des amortissements des actifs intangibles dans le total actif des états financiers
individuels des entreprises ;
ROA : le rendement de l’actif ;
L-CA : le logarithme décimal du total du chiffre d’affaires de l’entreprise ;
L-AK : le logarithme décimal de l’actif comptable hors actifs incorporels.
*** : La corrélation est significative à un niveau de 1% ;
** : La corrélation est significative à un niveau de 5% ;
* : La corrélation est significative à un niveau de 10% ;
ns : La corrélation n’est pas significative au seuil de 10% ;
N : nombre d’observations.
Les valeurs entre parenthèses correspondent à des montants négatifs.
En fait, l’activation des investissements immatériels est susceptible de signaler au marché que
l’entreprise dispose d’opportunités d’investissements futures et de performances potentielles
génératrices d’avantages économiques futurs. Le montant des dépenses incorporelles activé au
bilan des entreprises permet de signaler aux investisseurs la capacité d’une entreprise à
générer des flux financiers au cours des exercices ultérieurs parce qu’une manière alternative
de comptabilisation de ces mêmes dépenses (comptabilisation en charges) permet de réduire
la base imposable et ainsi le montant de l’impôt à payer. L’investisseur voit dans l’activation
de l’incorporel l’importance des cash flows disponibles et potentiels dont dispose l’entreprise,
ce qui est signe de bonne performance (Turki et al., 2006). Les auteurs ajoutent ensuite
qu’une association positive entre le montant des actifs incorporels et le q de Tobin permet de
confirmer, du moins partiellement, l’hypothèse d’efficience des marchés. Cette dernière
propose que les choix comptables ne doivent pas influencer le comportement des investisseurs
sur le marché tant que ces choix n’influencent pas le montant des cash flows futurs de
l’entreprise. Vu que la décision d’activation des dépenses immatérielles se répercute
directement sur les cash flows de l’entreprise, la bonne appréciation des investisseurs des
entreprises activant l’incorporel enregistrée par nos résultats fait preuve de la validation de
cette hypothèse dans le contexte de notre échantillon.
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La prise en compte des amortissements pratiqués sur les actifs immatériels nous a permis
d’identifier des effets significatifs mais de signes négatifs de la variable INCI/AC sur le q de
Tobin (modèle M 3). Les niveaux des actifs incorporels non encore amortis (valeurs
comptables nettes des actifs incorporels) sont en ce sens négativement évalués sur le marché
financier tunisien. Par ailleurs, l’effet positif de la proportion de l’amortissement des éléments
intangibles sur la valeur de ces éléments sur le marché (modèles M 5 et M 6) corrobore le
résultat identifié pour les actifs immatériels nets. Ces résultats infirment nos prédictions
formulées dans la deuxième hypothèse de la recherche stipulant que la dépréciation des actifs
incorporels est négativement valorisée par les investisseurs sur le marché financier.
Les corrélations relevées avancent ainsi que la dépréciation des investissements immatériels
est positivement évaluée par le marché. Ce résultat suggèrent que les investisseurs sur le
marché boursier tunisien sont intéressés par le niveau des avantages et des performances déjà
acquis par l’entreprise du fait de l’exploitation des investissements immatériels en place et
non par les niveaux futurs de performance. En effet, l’amortissement pratiqué à un bien reflète
le rythme de consommation des avantages économiques issus de l’utilisation de ce bien. Ceci
dit que la somme des amortissements comptabilisée, telle que venant diminuer la valeur brute
des actifs incorporels, indique le niveau des avantages consommés par l’exploitation de ces
actifs. La valeur nette des éléments intangibles indique ainsi la potentialité future de ces
éléments à générer des revenus pour l’entreprise. En ce sens, un investisseur, qui décide
d’investir sur long moyen terme, saurait évaluer positivement le montant non déprécié des
actifs immatériels, du fait qu’il serait par les performances futures de la firme dans laquelle il
investi. Contrairement, un investisseur, qui décide d’investir sur le court terme, saurait évaluer
les niveaux de performances déjà acquis par l’entreprise. Nos résultats permettent alors
d’affirmer que les investisseurs sont aveuglés par leur horizon de rendement à court terme et
ont ainsi un mal à percevoir et à intégrer dans leur processus de sélection de portefeuille les
rendements futurs associés aux investissements à long terme (Casta et al., 2007).
Les résultats du tableau 5 montrent enfin, pour les variables de contrôle (ROA, L-CA, L-AK),
des effets moins importants que ceux relevés pour les éléments intangibles sur le q de Tobin.
L’effet négatif mais non significatif de la variable ROA, relevé dans les résultats de
l’estimation des six modèles étudiés, réfute partiellement le résultat trouvé au niveau de
l’analyse bivariée (corrélation significative et positive entre les variables ROA et le q de
Tobin). Ceci peut être expliqué par le fait que les investisseurs appréhenderaient les baisses de
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performances financières des firmes comme un phénomène transitoire qui pourrait s’inverser
dans les exercices ultérieurs.
Par ailleurs, l’impact de la variable taille sur la valorisation par le marché des investissements
immatériels diffère selon la mesure utilisée. Pour le cas du chiffre d’affaires, on identifie un
impact négatif mais non significatif dans chacun des trois modèles M 1, M 3 et M 5. Le total
bilan, quant à lui, reflète une information positive sur le marché. L’impact positif et
significatif de l’actif comptable, relevé à partir de l’estimation des modèles M 2, M 4 et M 6,
pourrait indiquer pour les investisseurs que l’importance des ressources d’une entreprise
viennent soutenir les investissements intangibles engagés pour une création de valeur ajoutée
potentielle. Li-Tzang et SooCheong (2008) énoncent à ce propos, en se référant aux dits de
Chauvin et Hirschey (1994), qu’une présence économique significative de la firme révèlerait
l’existence d’un important goodwill qui n’est pas reconnu par la comptabilité comme actif et
qui serait valorisable par le marché.
55.. CCoonncclluussiioonn ::
La dématérialisation croissante de la politique d’investissement des entreprises justifie la
nécessité de mesurer ses différentes manifestations. Les investissements incorporels
nécessitent principalement d’être appréhendés par rapport à l’information financière,
constituant le principal outil de communication entre les différents agents économiques en
relation avec l’entreprise. A ces propos, la présente recherche se propose comme objectif
d’étudier la valeur informative pour les investisseurs sur le marché financier des informations
financières communiquées par les entreprises sur leur capital intangible. Il s’agit d’estimer
l’impact des informations financières relatives aux investissements immatériels sur la
valorisation par le marché de ces derniers.
Pour ce, la variable retenue pour mesurer la valeur de marché des immatériels est le ratio du q
de Tobin, couramment utilisé dans la littérature antérieure dans ce contexte. En conclusion,
pour une étude de terrain menée auprès de 21 entreprises tunisiennes cotées à la BVMT sur la
période 2002-2005, les résultats relevés au niveau des régressions retenues sur le q de Tobin
ont permis de confirmer l’impact significatif des investissements immatériels activés au bilan
des entreprises tunisiennes sur le comportement des investisseurs dans l’évaluation de ce type
de dépenses, avec un signe positif pour la proportion des actifs incorporels bruts. Ceci a
confirmé notre première hypothèse de recherche prévoyant que l’information financière sur le
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capital immatériel est positivement valorisée par les investisseurs sur le marché financier. Les
résultats montrent ensuite que les amortissements des actifs immatériels et la valeur
comptable nette de ces derniers ont des impacts respectivement, positifs et négatifs sur le q de
Tobin. Ceci a infirmé notre deuxième hypothèse de recherche et plaide en faveur du constat
stipulant que la dépréciation des actifs incorporels est positivement valorisée par les
investisseurs.
Au total, les résultats de cette recherche ont montré que les choix réalisés par les entreprises
pour la comptabilisation de leurs investissements réalisés en éléments incorporels ont une
valeur informative pour les investisseurs sur le marché financier tunisien, et impactent ainsi
leur processus d’évaluation et de prise de décisions. Ceci plaide en faveur de l’importance des
efforts de normalisation entrepris par le législateur tunisien durant la dernière décennie, visant
à améliorer la pertinence des informations financières communiquées sur les investissements
immatériels et à adapter les règles comptables en la matière aux évolutions et besoins des
pratiques des entreprises.
Il est par ailleurs nécessaire d’énoncer les principales limites que nous avons identifiées. Tout
d’abord, la taille de notre échantillon de 21 entreprises constitue une première limite affectant
la portée de nos investigations empiriques. Une deuxième limite est relative à
l’opérationnalisation de certaines variables. Ceci concerne notre mesure de l’évaluation des
investissements immatériels, qu’est le q de tobin. Cette variable, définie dans la littérature des
études américaines en fonction de la valeur de marché des capitaux propres et de la dette et du
coût de remplacement des actifs de l’entreprise, a été ajustée dans le présent travail aux
données comptables étant donnée l’impossibilité d’observation de certaines mesures. En
outre, notre étude l’évaluation des investissements immatériels utilise les seules informations
communiquées sur le capital intangible activé au bilan des entreprises. De nouvelles
recherches, intégrant les informations fournies en notes aux états financiers sur les dépenses
incorporelles, permettraient de mieux appréhender la valeur informative de l’ensemble des
informations financières communiquées par les entreprises tunisiennes sur lesdites dépenses.
Ensuite, afin de mieux appréhender les pratiques comptables des entreprises et les
comportements des investisseurs dans le domaine de l’immatériel, nous proposons que
d’autres recherches pourraient porter sur les facteurs qui déterminent les choix de
comptabilisation des dépenses intangibles.
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NNOOTTEESS 1. Elle concerne les acquisitions de logiciels, droits d’auteur, licences, les dépenses de R&D...
lorsqu’ils vérifient les conditions d’activation en tant qu’immobilisations incorporelles.
2. Les frais de premier établissement, de réorganisation, de publicité, de formation... peuvent être
activées en tant que charges à répartir et amortis sur les exercices ultérieurs à leur activation.
3. Les dépenses incorporelles qui ne satisfont pas aux conditions d’activation dans l’une des deux
catégories précédentes doivent obligatoirement être comptabilisées en charges de l’exercice de leur
engagement.
4. Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis.
5. Les règles comptables des entreprises du secteur financier sont régies par les normes comptables 16
à 34 dans le Système Comptable des Entreprises (2004).
6. www.bvmt.com. tn
7. www.cmf.com
8. Nous remercions sincèrement les membres de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis et les
membres du Conseil du Marché Financier pour leur collaboration.
9. Moussou et Thibierge (1996) utilisent le Q de Tobin comme étant un Proxy des opportunités
d’investissement.
10. National Bureau of Economic Research.
11. Nous faisons référence au q de Tobin telle que défini par James Tobin en 1969, calculé en fonction
de la valeur de marché de l’entreprise et de la valeur de remplacement de ses actifs.
12. Les βi représentent des coefficients d’estimation, au nombre des entreprises étudiées, introduits
dans chaque modèle pour représenter les effets individuels.
13. Le R2 ajusté corrige le biais optimiste du R2 de l’échantillon en tenant compte du nombre des
observations et de celui des prédicteurs. A la différence du R2, le R2 ajusté n’augmente pas
systématiquement au fur et à mesure que des variables supplémentaires sont introduites dans
l’équation.
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