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Confessions de Carlos M. FEDERICI
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La Revista de lo Breve y lo Fantstico (marzo abril, # 141, 2015)
Interviewde Carlos M. FEDERICI par Carmen Rosa Signes Urrea (Espagne)
Merci, Carlos, daccepter cette interview pour notre revue. Cest un plaisir de bnficier de tes
paroles et de pouvoir ainsi contribuer ce que lon connaisse mieux tout ce qui touche ton
oeuvre.
Revista digital miNatura : Qui est Carlos M. Federici ?
Carlos M. Federici : On dit que je fais partie de lespce humaine, plus particulirement
originaire de Montevideo, en Uruguay. Nanmoins, en tenant compte de mes extravagants
critres (je naime ni le mat, ni le football, ni la grillade, ni le Coca Cola ... ; je dteste la plage,
los bals et Arghh ! les Beatles ; contrairement lcrivain moyen, je ne consomme pas
dalcool, de tabac ni de substances, mme pas dans leurs versions dulcores de Martini, pipa ou
marihuana cette dernire ayant rcemment t lgitime par notre actuel prsident ; je
dteste le cinma actuel), la thorie dune possible origine extraterrestre, dont jaurais perdu
le souvenir lors du processus de terra-adaptation, serait fonde ... Qui sait ! ... (Jcris de ces
choses ! ...) Maintenant, en ce qui concerne prcisment ma profession (si ctait la rponse
attendue par la question), je me sens plus laise avec ltiquette de "narrateur" quavec celle
d"crivain", car cette dernire a une connotation solennelle qui ne cadre pas avec les
caractristiques de mon travail ... Dans le film "Moulin Rouge", de John Huston, le peintre
Toulouse-Lautrec dit sa mre : "A Arles jai connu un peintre qui fait des merveilles avec les couleurs
de la nature. Je suis autre chose : un peintre de la nuit, un peintre des rues..." Pour ma part, jassume
dtre un auteur de "pulp fiction" ; jai un penchant pour latmosphre exotique, le recours
ingnieux, ladjectivation abondante. Jai cela seulement prsent lesprit. Parfois jutilise des
dessins pour raconter.
Revista digital miNatura : Quand avez-vous commenc crire ? Et, pourquoi ?
Carlos M. Federici :Au dbut de la dcennie 1960 ... En ralit, ma premire aspiration fut de
devenirhistoriettiste car, ds que jai appris lire, jai t un vorace
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consommateur de ce genre de rcits ; mais, un jour, en coutant un programme de radio, "La
Tribuna Radial Universitaria", qui invitait ses auditeurs envoyer des rcits courts, je me suis dit (je
men souviens trs bien, bien que jaie des trous de mmoire) : "Je sais faire cela !" (Parce que jai
toujours eu les meilleurs points aux compositions scolaires et que je lisais ctait un plaisir
tout ce qui me tombait sous la main, depuis "Selecciones del Reader's Digest" jusquaux livres
de ma chre collection "Robin Hood", aux couvertures jaunes, merveilleux souvenir). Et quand
on a lu mon texte ..., quelle motion !
Cela mencouragea prsenter le rcit la revue "Mundo Uruguayo", aujourdhui disparue, mais
alors trs populaire dans mon pays. Cela allait tre une (malheureuse) constante dans ma carrire, le
texte fut publi mais sans bruit annonciateur, car je men suis rendu compte par un pur hasard,
parce que personne ne daigna mavertir quils lavaient accept. En feuilletant un de ses numros, je
le vis Et le reste est ... de lhistoriette, pourrait-on dire, non sans un arrire-got amer. Lavenir
allait me rserver des anecdotes analogues profusion. Rien ne fut "facile". Pourquoi ai-je
commenc ? Peut-tre pour mvader dune ralit qui ne me convenait pas.
Revista digital miNatura : Comment votre carrire de journaliste influence-t-elle le
dveloppement de votre affection littraire ?
Carlos M. Federici :Il nexiste pas de carrire purement journalistique. Jai fait lune ou lautre
incursion ponctuelle dans le journalisme parce que jai constat (dj lpoque de "Mundo
Uruguayo") que les articles taient plus rapidement accept que les fictions. Mais ces dernires
ont toujours t mon principal objectif. De toutes faons, je me suis arrang pour joindre lutile
lagrable : je ne faisais que des interviewsde "beauts", comme des top-modles ou des "Miss". Je
laissais les chroniques aux autres ... Une "raret" : un jour, on me confia quelque chose derellement sensationnel, ayant de limpact, de quoi surprendre les lecteurs. Et de quoi sagissait-il ?
De rien moins que les "confessions" (apocryphes, bien sr) dune Uruguayenne, fille de
diplomate, qui avait t le premier amour de John Lennon
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quand ce dernier tait encore un inconnu ! ... Je dus me livrer une enqute ... moi qui ne
pouvait pas le sentir ! Mais il en sortit quelque chose dassez convaincant, au point que cela stala
sur quatre numros de la revue. Je signais, bien sr, dun pseudonyme : Reynaldo Soler, journalisteargentin ... Comme on le voit, ctait mon affection littraire qui avait une incidence sur mes
travaux journalistiques, et pas linverse.
Revista digital miNatura :A vos dbuts dcrivain, quelles oeuvres ou quels auteurs
vous ont le plus inspir et quels genres sont devenus vos genres prfrs ?
Carlos M. Federici : Etant donn que mon initiation sest faite via la collection " Robin Hood"
mentionne (parce que javais demand mon pre de macheter le livre Croc Blanc, de JackLondon, dont javais lu pralablement ladaptation sous forme de BD dans la populaire revueargentine "Patoruzito", ayant veill ma curiosit pour loeuvre originelle), jeus la chance dedcouvrir de grands crivains classiques, comme London dj cit, Charles Dickens (qui allait trs
vite devenir mon prfr) et Mark Twain, entre autres. Plus tard, encore fort jeune, ce sont lesrcits et romans policiers qui m"accrochrent", et ensuiteje crois que ce fut vers 15 ans la sciencefiction. Je me rappelle que jai vu un numro de la lgendaire revue " Ms All" dans une librairie etque je lai achete en pensant que ce devait tre quelque chose danalogue aux BD de " FlashGordon", sans les dessins. Mais ... je suis tomb sur le magnifique roman "The long loudsilence", de Wilson Tucker (auteur que je crois injustement oubli de nos jours), et tout un ventail
de spectres lumineux souvrit moi. Ont suivi les textes courts de Bradbury, Asimov, CliffordSimak ... Jai succomb, durant plusieurs annes, une vritable frnsie de lire tout ce qui taitpossible dans ce genre, qui me semblait "le plus lev" (sic), et jai laiss pour un temps de ct leshistoriettes (qui, de fait, taient en dclin, grce au "Comic Code" et la TV) et aussi, un peu, le
policier. Et, bien sr, comme tout mordu, jai galement aspir devenir ventuellement un auteur.Mais cela nallait pas tre aussi facile quaugmenter mes collections.
Revista digital miNatura : Vous tes uruguayen. Croyez-vous que la nationalit influe
positivement ou ngativement sur le dveloppement comme auteur ?
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Carlos M. Federici : Dans mon cas, on pourrait dire que cest un peu des deux ... Dun ct, du
fait quil nexiste pas en Uruguay une tradition dauteurs de "genre" (ou de "sous-genre", comme
me le fit remarquer- un compatriote crivain, acadmiquement correct dans ce quil faut dire, mais
non sans une petite pointe de ddain), on regardait littralement "de travers" celui qui scartait,
pour crire, du versant folklorique, la manire de Morosoli, ou du ralisme urbain de Onetti ou
Benedetti. Cela "ne pouvait pas se faire" en Uruguay, ctait lavis unanime. Mon esprit inn de
contradiction (qui perdure jusqu ce jour, reflt par mon rejet de modes, tendances ou de
factions) ma amen dfier cette sorte de rgles. Et jai prouv que lon pouvait le faire ..., mme
si ce ntait pas rentable. Dans la mesure o largent na jamais t en tte de ma liste de priorits,
cela ne ma pas drang. Il peut donc sembler jusquici que la nationalit a influenc ngativement
mon dveloppement professionnel. Pourtant, dun autre ct, comme il nexistait pas de
concurrence apprciable, jai pu rcolter un certain prestige, au point que quelquun ma dit un jour
que jtais un "mythe" parce que, avec moi, taient ns la BD, le polar et la SF locales Je ne lai
pas pris au srieux, bien sr, et (comme disait Somerset Maugham, un autre auteur que jadmire)
"cela ne mest pas mont la tte" ... Incidemment, jai eu un rare privilge : mes premiers crits, les
tentatives, furent avaliss par rien moins que Juan Carlos Onetti, Mario Benedetti et Carlos
Martinez Moreno, les trois plus minents crivains uruguayens des annes 60 et 70, que jai eu
loccasion de connatre fortuitement. Evidemment cela ne garantit aucunement la qualit de maproduction ; mais je le mentionne titre anecdotique.
Revista digital miNatura :Comment tes-vous parvenu tre publi la premire fois ? Limites,
succs et dceptions dun auteur.
Carlos M. Federici : Jai dj racont ce qui sest pass avec "Mundo Uruguayo". Mon
compteur est rest pendant quelques annes 1 (un). Dans les annes 70, je me suis dcid me
lancer en dehors de nos frontires et cest ainsi que jai plac des rcits dans les revues argentines
les plus connues de lpoque : "Para Ti" e t "Chabela". Elles avaient besoin de matriel
"romantique", en raison de leur lectorat majoritairement fminin. Ce ntait pas mon domaine de
prdilection mais, comme lpoque je bouillonnais dides et me sentais fort capable de changer
mon fusil dpaule, sans hsiter jai essay quelques histoires amoureuses, quoique ... toujours avec
un zeste de suspense, une intrigue ou du moins de lironie et, bien sr, les fins surprenantes de
rigueur. La voie emprunte, rsume ici en quelques lignes, ne fut pas aussi facile que les
apparences ...
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Ctaient les temps hroques de la machine crire, des brouillons, des papiers carbone ... et de latrs lente et incertaine voie postale pour la communication. Ah, ces semaines ..., mois..., annes , attendre la rponse de lointains diteurs ! Et le facteur, qui narrivait pas ! (Pour le Guinness : mon
roman Dos caras para un crimen, dit au Mexique aprs navoir pas eu de succs auprs delditeur "Acme", de Buenos Aires qui, en 1972, avait publi mon premier (petit) livre, La orilla roja,me grignota six annes de ma vie, aprs avoir t accept par "Diana" et avant que jaie enfin le livredans mes mains ... Ils avaient "gar" loriginal et je ne disposais pas dune autre copie ... ! Ah, silinformatique avait exist ! ... Je dus traverser la "flaque deau" et me rendre Buenos Aires, auprs delditeur "Acme", qui me le retira simplement du tiroir o il dormait depuis quelques annesvidemment par chance il navait pas t class verticalement et il me le remit, afin que je puisselenvoyer au Mexique ... Et dattendre le facteur ... Attendre ... Attendre ...
Revista digital miNatura :Votre oeuvre, sous toutes ses facettes, est bien connue et admire.
Au moment dvaluer votre travail, quel lecteur est le plus exigeant : lhispanophone ou ltranger ?
Carlos M. Federici : "Connue et admire" sont des concepts relatifs ... Si vous cherchez via
"Google", vous verrez quen rapport avec mon nom, les qualificatifs qui reviennent le plus
souvent sont "bizarre", "trange", "outsider", et du mme style. Lun ou lautre, peut-tre en guise
de consolation, ajoute celui de "culte" mais cest une infime fraction de lensemble. Je ne sais pas
ce quil en est dautres mais, en ce qui me concerne, mon uvre a t beaucoup mieux accueillie
ltranger. Un Belge, Bernard Goorden (avec qui jai malheureusement perdu le contact depuis
plusieurs annes), svertua diffuser mes textes courts, avec de petits moyens, et il les a fait
circuler, tant bien que mal, sur le march francophone ; ils sont ensuite passs en Sude, o
mon ami Sam Lundwall pubia mes rcits de SF dans sa revue "Jules Verne magasinet" tant
quil disposa dun traducteur partir de lespagnol. Mais aprs
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Jai dj comment, plus haut, les fatidiques constantes dans ma trajectoire. Ce nest jamais durantune longue priode. Et il va de soi que, comme le Nazaren, je nai jamais t prophte dans monpays.
Revista digital miNatura : Croyez-vous que, actuellement, il est plus simple de publier ou, au
contraire, cela est-il plus compliqu ? Influence des nouvelles technologies sur le panorama actuel.
Carlos M. Federici :Je ne me risque pas mettre un avis catgorique. On a perdu beaucoup lors
de la disparition des revues de fiction (de nos jours ne circulent que des "torchons commrages",
pardonnez-moi lexpression), qui offraient dintressantes possibilits aux dbutants persvrants ...
Je ne crois pas que le terrain soit dj propice pour ldition digitale grande chelle. Internet(puisquon lvoque, va-t-on me croire si je dis que jai "invent" le mot dans un roman que jai crit
au dbut des annes 70, sans pouvoir deviner ce quil allait devenir ?...) est aussi crasant que vaste
au point que lon sy perd ... Comment en arrive-t-on une publication dtermine, si ce nest par
hasard, ou parce que quelquun nous la mentionne ?
Revista digital miNatura :Nous vivons dans un village global o il existe apparemment une
libert totale au moment de sexprimer. Avez-vous, un jour, t confront la censure ?
Carlos M. Federici : Une autre de mes anecdotes ... On ma "censur" si cest le terme qui
convient , trois reprises, pour autant que je me souvienne, espaces dans le temps. Quand jai
envoy mon rcit Accidente de ruta (que publie prsent "Planetas Probibidos") la revue
espagnole "Nueva Dimensin" (qui mouvrait ses pages en 1968 pour mes dbuts dans le domaine
de la SF internationale avec Primera necesidad), je fus cart, lune des raisons tant la "dangereuse"
fin Jy citais, ou paraphrasais, des lignes du troisime chapitre de la Gense. La censure
estcomprhensible, si lon tient compte que le franquisme svissait alors en Espagne. Ce qui ne
mapparat pas aussi logique, cest le second "croche-pied" au mme texte, 45 ans plus tard, de la part
dune maison ddition argentine (qui avait dj eu la gentillesse daccepter quelques-uns de mes
textes), cette fois pour la raison que la fin en question veillait des scrupules et " disqualifiait" le rcit
pour sa publication, parce quil tait susceptible de "provoquer des penses misogynes", leur avis, du fait
quil se basait sur une lecture biblique.
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Il sagit, en rsum, dune interprtation de ce chapitre de la Bible avec une clef de SF ; sil y a
misogynie, elle provient du texte originel (je ne linvente pas), ou, en allant un peu plus loin, de la
mme religion judo-chrtienne, qui a conu une divinit masculine et non fminine ... Par
ailleurs, si on proclame tellement la libert dexpression, comme on dit, ... cette "libert" ne peut-
elle tre accorde que si cela correspond aux critres de celui qui la prconise ? Restons-en l. Jai
subi une autre censure avec mon historiette "jet" Glvez, science fiction destine un public
juvnile. Dans une des cases, je mettais un bandit sidral qui, au milieu dun pillage, soutenait
bout de bras une belle jeune femme, en sexclamant : "Jchange ma part de butin pour cette jolie petite
chose!" Ce fut lhallali ... Ils mont presque lynch ! Et ils ont couvert la lgende avec un cache noir.
Cela ma drang : ils auraient pu le faire avec un peu plus de dlicatesse ! Ah, oui ... ils ne
disposaient pas de "technologie" ! ...
Revista digital miNatura :Linfluence qua eue la revue El Cuentosur le dveloppement de
la littrature hispanophone et la diffusion quelle est parvenue avoir sont archiconnues : elle a
catapult les auteurs qui y collaboraient jusquaux plus hauts sommets. Parlons de ce qua
signifi pour vous de faire partie de cette revue lgendaire.
Carlos M. Federici : Je garderai toujours un bon souvenir de "El Cuento". Je resterai toutefois
galement du de navoir jamais russi (malgr les loges pour quelques-uns de mes textes
"courts") passer la catgorie "Cuento-cuento", dont il y en avait beaucoup dans la revue, crits
par des auteurs de diverses nationalits.
Revista digital miNatura :Comment tes-vous arriv au monde de la BD ?
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Carlos M. Federici : Jy ai toujours t prsent ; mais je prfre la dnomination traditionnelle
dhistoriette. Il est paradoxal de penser, entre parenthses, que lon nous ait impos ltiquette de
"comic" (typiquement nord-amricain) justement partir des annes 60, quand tout le monde sebattait pour se librer de linfluence yankeeet gnrer des styles locaux indpendants ... Dans la
pratique, jai commenc en 1968, avec la bandelette quotidienne Barry Coal (je crois, sans me
vanter que cest la premire BD "vocation internationale" que lon tentait dans le marasme
ditorial uruguayen de lpoque), introduisant celui qui est peut-tre le premier
personnage de dtective dascendance afro dans la BD mondiale (Dateline : Danger, que lon
considre comme la premire historiette "intgre" fut lance aux Etats-Unis un mois aprs que la
mienne a commenc ici), personnage qui avait , par ailleurs (comme me la fait remarquer unjournaliste des annes plus tard), deux adjoints caucasiens, dtail qui allait le rendre unique, mme si
un personnage aux caractristiques similaires tait apparu avant dans des journaux de Harlem. Je
prcise que je nai pas cr le personnage avec des intentions revendicatives (la race dascendance
africaine a suffisamment prouv quelle na pas besoin dhistoriettes pour relayer ses
revendications), mais par simple souci doriginalit ... Lamateur du genre policier que je suis
possdait la collection de la revue Ellery Queen, dite au Chili, et il y paraissait tout lventail
concevable de dtectives ou denquteurs (anglais, amricains, europens, persan, femmesdtectives, dtectives aveugles, etc., etc.). Mais la race noire brillait par son absence ! Cest ainsi
que lide mest venue de crer "Barry Coal", un dtective du FBI, trs spcial, extrmement
maigre, drle, trs grand et trs extravagant, fanatique de jazz (pas de rock qui, par chance, ntait
pas ascendant lorsque jai conu lhistoriette, vers la fin des annes 50) et dot dhabiles facults de
dduction. Par malheur (quai-je dit de mes "constantes"?), son parcours fut aussi bref que la priode
de couvaison dune poule : peine 21 jours ! Par ma faute ? Non ! Le journal qui hbergeait la BD
fut fermpour des raisons politiques ... (Je ne me rsignai pas : des annes plus tard, jai romanclhistoire et elle devenue le livre dont jai parl plus haut, Dos caras para un crimen... Jai eu une
satisfaction, il y a quelque temps, lorsque, au milieu dun programme tlvis, o nous participions
plusieurs dessinateurs : le seul appel quil y eut pour voquer un personnage, fit rfrence Barry
Coal ... Tellement dannes aprs sa disparition ! Quen aurait-il t sil avait eu cinq ans
dexistence? ...
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Revista digital miNatura : Si je devais recommander une de vos oeuves un habitant
dautres mondes qui vient datterrir sur notre plante, laquelle serait-ce ? Et, pourquoi ?
Carlos M. Federici : Ce serait aprs "lavoir conduit jusqu mon leader", qui est habituellementlinquitude classique des visiteurs extraterrestres ... Mais, je ne sais pas ; en gnral, je les ai bientraits, je ne suis pas "Alienophobe" (je fais rfrence la srie "rpugnante" de "Alien"); aucun demes rcits ne les offenserait.
Revista digital miNatura :Et dun autre auteur ?
Carlos M. Federici :Limmense Ray Bradbury, sans lombre dun doute ! (Est-ce que je vous
ai dit quune de ses ddicaces sur la couverture du "Vin de lt", que jai obtenu par "personneinterpose", est lune de mes fierts ?)
Revista digital miNatura : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Carlos M. Federici :Je transite par une tape de compilation, davantage que de production , et
par une rvision de mes textes, essayant de sortir du tiroir (littral ou virtuel) ceux qui nont pas
vu le jour et cherchant loccasion de faire circuler un peu plus ceux qui nont pas eu, mon avis,
la diffusion quils mritaient.
Revista digital miNatura : En tant quauteur de fantastique , croyez-vous que ce genre sedveloppe en espagnol au mme niveau que dans les autres langues ? Comment voyez-vous lesnouveaux auteurs contemporains du genre ?
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Carlos M. Federici : Je ne me crois pas suffisamment qualifi pour mettre une opinion
pertinente, mais je pourrais assurer que lhyperglobalisation rsultant des nouvelles technologies
a entran un progrs estimable et notoire dans les capacits de nos auteurs, qui ont aujourdhui
accs une masse dinformations non accessibles dautres poques ou, du moins, fort
difficiles localiser. Je napprouve pas, nanmoins et,par consquent, il est plus que probable
que je me trompe dans mon apprciation , le tournant dcadent pris par la majorit des rcits
contemporains. La SF classique, mon avis du moins, tait beaucoup plus stimulante.
Revista digital miNatura :Crateur dunivers policiers, de terreur et de science fiction, dans
lequel de ces trois genres vous sentez-vous le plus laise ?
Carlos M. Federici : Je mentends bien avec tous. Il est curieux, cependant (je men rends
compte moi-mme), que la terreur tant le genre que jestimais le plus ds mes dbuts, je ne
my sois risqu qu de rares occasions en tant quauteur, probablement parce que nai pas
trouv un thme vraiment original mes yeux ... Mon roman Umbral de las tinieblas est,
peut-tre, loeuvre la plus ambitieuse que jaie entreprise et jai dcid dy amalgamer diversthmes classiques du genre dans une mme trame, une sorte de pot-pourri qui devait pallier le
manque dimagination.
Revista digital miNatura : Le micro-rcit resurgit actuellement, aprs une longue priode
dhibernation, et devient un phnomne auquel prennent part toutes sortes dcrivains. Que
peut-il sortir de tout cela ?
Carlos M. Federici : Sans doute constitue-t-il une modalit qui sadapte parfaitement au
rythme acclr des temps qui scoulent.
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Revista digital miNatura : Quelle recommandation feriez-vous aux nouvelles gnrations
de crateurs littraires ?
Carlos M. Federici :Moins de pessimisme. Moins de dlectation dans la laideur et le sordide.
Plus de respect pour le lecteur. Et plus de subtilit. Mais je sais dj que je prche dans le dsert ... et,
qui sait ? Peut-tre ont-ils raison dcrire
ce quils crivent pour un public qui
semble y prendre plaisirs. Pourtant et
celaest strictement confidentiel,
quelquefois, dans cette poque o,
comme jamais avant dans le sicle, rgne
une telle confusion entre fiction et ralit,
au point que nombreux sont ceux qui ne
distinguent plus lune de lautre
dessins anims o les tres semblent
rels; acteurs que lon fait ressembler
des dessins ; violence, sexualit et
truculences diverses, provenant de sries,
de films et de reportages, toutes
mlanges sur un mme cran, avec la
mme couleur et avec les mmes visages
ordinaires, me donnent parfois envie (et
excusez, sil vous plat, ce septuagnaire
rcalcitrant), de crier aux cieux : "Sil vous
plat, Seigneur, quils renoncent une fois pour
toutes de polluer ma chre fiction avec ces crachats
de ralit suppose !". Mais, bien sr, je reste muet.
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Merci pour vos rponses. Ce fut un honneur pour nous et nos lecteurs. Pour terminer,
comme nous en avons lhabitude, je vous propose un jeu de questions, nos questions en
rafale, qui sont brves et requirent une rponse rapide.
Livre digital, oui ou non ?
Compliqu. Jai lu quelque part que lon prdit "leur mort" ...
Nourriture rapide ou traditionnelle ?
Je ne suis ni "gourmet" ni "gourmand". Je passe.
Un superpouvoir ? Et pour quoi ?
Une supermmoire. Elle me viendrait bien point ! ...
Quemporteriez-vous suv une le dserte ?
Peut-tre un tome de mes chers "Cuentos de Brujas" (Histoires de sorcires).
Mat ou chocolat chaud ?
Caf au lait ou th.
Lovecraft, Poe ou King ?
Ils se valent. Pourquoi se priver de deux dentre eux ?
Cin 3D, oui ou non ?
Je lai connu dans les annes 50. Il faut avoir les deux yeux en bon tat ; sinon ...
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Quel est le meilleur livre que vous ayez lu ?
Il y en a plusieurs ... Je ne veux pas tre injuste.
Et le pire ?
Je ne lai pas encore lu.
StarWars ou Star Trek ?
Il y a un abme technologique entre les deux. Mais chacun deux a son charme propre.
Si vous pouviez voyager dans le temps, avec la possibilit de rencontrer un personnage historique, qui serait-ce
et quaimeriez-vous lui dire ?
Hlne de Troie. Je lui demanderais : "As-tu bien regard ce Paris ?" ...
A propos de la personne interviewe :
Carlos M.Federici(Montevideo, Uruguay, 1941)
Ecrivain professionnel depuis 1961. Publications
dans des revues nationales, amricaines et
europennes. Traduit dans plusieurs langues. A
particip des anthologies internationales et compte
13 livres publis, certains tant des deuximes
ditions chez dautres diteurs (9 titres originaux). A
reu divers prix dans des concours nationaux et
internationaux.
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A propos de la journaliste ayant ralis lentrevue :
Carmen RosaSignes Urrea(Castellde la Plana, Espaa, 1963)
Copyright, 2015, Revista digital miNatura(La Revista de lo Breve y lo Fantstico)
Avenida del Pozo 7 San Juan de Mor, 12130, Castelln de la Plana, Espaa
Copyright, 2016, pour la traduction-adaptation franaise : Bernard GOORDEN
Bibliographie des livres de Carlos M. FEDERICI.
La orilla roja, 1972
Mi trabajo es el crimen, 1974
Avoir du chien et tre au parfum, 1976http://www.idesetautres.be/upload/IEA17%20FEDERICI.zip
Dos caras para un crimen, 1982
Goddeu-$ - Los ejecutivos de Dios, 1989
Umbral de las tinieblas, 1990
El asesino no las quiere rubias, 1991
Cuentos policiales, 1993
El nexo de Maeterlinck, 1993
Llegar a Khordoora, 1994
Panorama de son oeuvre sur :
http://urumelb.tripod.com/autores/fedirici/index.htm
Si vous souhaitez contacter lauteur, pour traduire ou publier
certaines de ses oeuvres :
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La orilla roja, 1972
Mi trabajo es el crimen, 1974
Avoir du chien et tre au parfum, 1976
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Dos caras para un crimen, 1982
Goddeu-$ - Los ejecutivos de Dios, 1989
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Llegar a Khordoora, 1994
Anthologies de SF incluant un texte de SF de C. M. FEDERICI
1979 en Sude
1982 en Allemagne
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1982 en Espagne
http://www.idesetautres.be/upload/BGOORDEN%20AEVANVOGT%20Mejor%20ciencia%20ficcion%20latinoamericana.pdf
1990 en Pologne
http://www.idesetautres.be/upload/NOWE%20SWIATY%20BERNARD%20GOORDEN.pdf
Documents critiques propos de Carlos. M. FEDERICI.
Ramiro Sanchiz Rodolfo SANTULLO ; Carlos Mara Federici,
fuera de gnero, entre la ciencia-ficcin, el policial y el cmic :http://ladiaria.com.uy/articulo/2010/3/fuera-de-genero/Matas CASTRO; Cuando Carlos Mara Federici hacaSplash!, Punch!, Zap! y Aargh! :http://www.henciclopedia.org.uy/autores/Castro/Federici2.htm
Federici , Detect ive Intergalctico, de Carlos MaraFederici, editado por Matas Castro, se presenta en
Montevideo Comics 2013 :http://ellectordehistorietas.blogspot.be/2013/05/federici-detective-intergalactico-de.html
7/25/2019 FEDERICI Carlos Maria Entrevue RevistaDigital MiNatura 141
20/20
Mariano Abrach ; Historietas desde Latinoamrica #7
Uruguay :
http://www.zonanegativa.com/tag/carlos-maria-federici/
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