DES GENS QUI DANSENTPETITE HISTOIRE DES QUANTITÉS NÉGLIGEABLES
Pièce de danse pour cinq acrobates / Création collective 2018
NAÏF PRODUCTION
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Aujourd’hui, de l’autre côté du stylo, j’ai 38 ans.
Fils d’une institutrice et d’un fonctionnaire territorial,
je suis né dans une ville entourée de remparts, dont
le symbole est un pont qui ne mène nulle part.
Entre 12 et 19 ans, porté par des envies d’ailleurs,
je me suis inventé acrobate dans une salle des
fêtes de MJC, quelque part entre cirque et hip-hop.
Du bout de notre très loin, nous étions quelques
uns, dansant sans en dire le nom, à rêver de
scène, à rêver d’annoter au crayon nos rancœurs
poétiques, à la marge d’une vie taillée pour qui
nous n’étions pas.
C’est un chapiteau, poussé pour un été sur les
terrains laissés par les bâtiments tombés, qui m’a
montré le chemin de l’école. Les clefs de ma
première fuite.
Cinq ans de formation au Centre National des Arts
du Cirque, pour y devenir acrobate-équilibriste-
danseur. Une spécialité solitaire ; moi et le rien du
sol autour, peut-être la pratique la plus éloignée de
la topologie circassienne.
J’y ai rencontré beaucoup de gens, appris pas mal
de trucs, en ai raté au moins autant…J’y appris
quand même à mettre des mots sur le silence de
mon théâtre de corps.
C’est la roulette des auditions qui m’a sorti de
l’école et du pays, pour m’envoyer danser en
Belgique, auprès d’Alain Platel chez les Ballets C
de la B. J’y resterai 6 ans. Le temps de laisser
revenir la nécessité du changement.
Fuite en avant.
Mais peureux pragmatique, je ne sais avancer qu’à
reculons. Pour regarder demain, je m’accroche à
hier. Je devine le chemin à faire en regardant
derrière. Pendant tout ce temps, je n’ai cessé de
continuer à échanger, rêver et travailler avec ceux
qui m’avaient, au début de l’histoire, permis les
dimensions du rêve et appris mes premières
roulades.
J’ai donc participé avec deux complices
avignonnais, à la vie du collectif 2 Temps 3
Mouvements. Pour ce qui restait de notre rêve de
MJC, une compagnie de danse, entre cirque et
hip-hop... Cette expérience sous sa forme
collective a pris fin il y a deux ans et c’est
aujourd’hui à travers Naïf production que
l’aventure continue.
NAÏF PRODUCTION
Ni collectif, ni compagnie, Naïf est une structure
horizontale a-hiérarchique, qui se donne les
moyens de l’action et fait sienne l’axiome selon
lequel il n’y a pas de création qui ne soit
collective. Nous défendons la nécessité du
«nous» pour que s’incarne l’initiative personnelle,
le collège de cerveaux pour que l’idée advienne.
Dans un monde de l’art qui, réalisant de vieilles
idées droitières, érige aux créateurs solitaires des
statues mussoliniennes, nous risquons un « on »
de gauchers, qui traite l’utopie avec exigence et
responsabilité. Qui dit surtout qu’on ne fait rien
tout seul, que l’association est la nécessité de la
réussite pour que celle-ci ne soit plus le triomphe
d’un seul sur tous, que nos identités cesseront
d’être meurtrières quand elles ne seront plus des
œillères, et que tous nos particularismes, toutes
nos spécificités si aigües soient-elles, nous
montrent en pointillé, le chemin d’un en-commun.
Labyrinthique, mosaïque, mais inclusif.
Un endroit d’où écouter le bruit du monde, et
tenter de faire entendre la voix des quantités
négligeables.
Je m’appelle Mathieu Desseigne-Ravel,
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▪ 1991-1999
Autodidaxie avignonnaise
Acrobatie circassienne sans circassien
Hip-hop sur VHS
Capoeira par ouïe-dire
▪ 2000-2005
Formation au Centre National des Arts du Cirque ;
Pierre Doussain, Guy Alloucherie, Christophe Huysman, Denis Plassard, Christophe Lidon, Bertrand
Brossard, Emmanuelle Lyon, Anne Lebatard, Jean-Antoine Bigot, Alexandre del Perugia, Franck Micheletti
▪ 2004 -2005 : Sortie du CNAC
Création de ZOOO de Denis Plassard
Kilo : spectacle de fin d’étude du CNAC mis en scène par Jean Pierre Laroche et Thierry Roisin
▪ 2005-2012 : Les Ballets C de la B / Alain Platel
VSPRS ( 2006)
Ramalha ramalha ramalha (projet autonome des ballets C de la B en Palestine)
Pitié (2008)
Out of Context (2010)
▪ 2008 : Avec Hors série / Hamid Ben Mahi
Les labos d’artistes
▪ 2008-2013 : avec le Collectif 2 temps 3 mouvements
La Stratégie de l’Echec (2009)
Et des poussières (2012)
▪ 2012-2014 : avec la compagnie HVDZ / Guy Alloucherie
Les Veillées
▪ 2012-2014 : avec l’Onde et la Cybelle
La voie est libre (Paris, Annecy, Beyrouth)
▪ 2014 : avec la compagnie Dame de Pic / Karine Pontiés
Tyrans
▪ 2016 : avec la compagnie 111 / Aurélien Bory
Espaece
▪ 2014-2017 : Avec Naïf Production
Je suis fait du bruit des autres (2014)
La Mécanique des Ombres (2016)
Bâtards : petite forme éducative (Sujet à Vif 2017, en collaboration avec La Coma / Michel Schweizer)
PARCOURS ARTISTIQUE
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POUR TENTER UN RÉSUMÉ
L’EQUIPE
Au plateau :
Créé et dansé par :
Nacim Battou, Clotaire Fouchereau, Julien Gros, Andres Labarca et Lucien Reynès
Autour du plateau :
A l’initiative du projet : Mathieu Desseigne-Ravel
Accompagnateurs : Sylvain Bouillet et Lucien Reynès
Collaboration artistique : Michel Schweizer
Création lumière : Pauline Guyonnet
Composition sonore : Christophe Ruetsch
Administration et développement : Aurélie Chopin et Caroline Navarre
Des gens qui dansent (petite histoire des quantités négligeables)Pièce de danse pour cinq acrobates masculins
Format 1h – A partir de 10 ans
Création les 4 et 5 juillet 2018 pour Montpellier Danse
LES SOUTIENS
Coproduction :
- Montpellier Danse dans le cadre d’une résidence de création à l’Agora, cité internationale
de la danse de Montpellier
- Théâtre National de Chaillot
- CDCN - les Hivernales / Avignon
- Scène conventionnée Houdremont / La Courneuve
- Théâtre Jean Vilar / Vitry-sur-Seine
- CDCN - le Pacifique / Grenoble
- CCN de Rilleux-La Pape, direction Yuval Pick dans le cadre de l’accueil studio
- Pôle National Cirque la Verrerie / Alès
- Pôle National Cirque Circa / Auch
- Ballet de l’Opéra national du Rhin - Centre Chorégraphique National / Mulhouse dans le
cadre du dispositif Accueil Studio 2018
- Théâtre d’Arles, scène conventionnée art et création - nouvelles écritures, pôle régional
de développement culturel.
Avec le soutien de la DRAC PACA et du CDCN de Toulouse dans le cadre d’un accueil en
résidence technique
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PLANNING DE CRÉATION
Du 26 mars au 7 avril 2018 : Furies / Châlons-en-Champagne
Du 9 au 21 avril 2018 : CDCN - Les Hivernales / Avignon
Du 4 au 11 Mai 2018 : Circa / Auch
Du 14 au 26 Mai 2018 : Sc. conv. Houdremont / La courneuve
Du 28 mai au 8 juin 2018 : CDCN - Le Pacifique / Grenoble
Du 11 au 16 Juin 2018 : CDCN - Les Hivernales / Avignon
Du 18 au 30 Juin 2018 : CDCN de Toulouse
Du 1er au 3 juillet 2018 : Théâtre de la Vignette / Montpellier
4 et 5 juillet 2018 : Premières dans le cadre du festival Montpellier Danse
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Le corps est une langue et chaque langue dit un monde.
Danser, c’est mettre des idées en mouvements,
Les idées sont des armes de résistance au réel,
Danser est un acte de résistance.
Dans un espace vide, où ont été oubliés un micro, un dictaphone et peut-être une chaise, cinq
acrobates, petite communauté masculine, tâtonnent bruyamment vers le point d’équilibre qui rend
solidaire nos solitudes.
Ils tentent de composer avec la double injonction contradictoire contenu dans notre nature :
solitude ontologique et besoin de communauté.
La langue acrobatique est une langue du pauvre. Une langue à trous, où dans chaque espace
vide se bouscule une série de formules exclamatives. Elles sont autant de façons de taper du
poing sur la table pour être entendu.
Un bon endroit pour poser la question du langage, support indispensable de la pensée et premier
pas dans le trajet vers l’étrangeté de l’autre, où à chaque intersection se cache la possibilité de la
violence.
Ce travail sera l’occasion de mettre en parallèle la langue du corps et celle des mots.
Pour réaliser comment l’une contient l’autre, voire même comment l’une produit l’autre.
En effet l’hypothèse de départ est celle-ci :
Toute pensée est contingente et son domaine de production est un corps.
Lire Proust c’est entendre le souffle de l’asthmatique cherchant un air trop rare, de virgules en
virgules au long de phrases s’étalant parfois sur plusieurs pages. Lire Nietzsche, c’est entrevoir
une pensée qui évolue dans un espace contraint par son terme, sa limite, celle d’un corps malade
qui sait que la dégradation est son seul horizon.
Alors aime ton destin. Cette vie qui n’est qu’un corps puisqu’il n’y a rien d’autre. Là est la liberté.
Ce qui se passe dans ce repli réflexif, c’est la création d’une distance, d’un décollement. La
possibilité d’une certaine idée de soi, un peu de lumière pour avancer à tâtons dans l’inexpliqué
de la vie.
Le corps est la terre d’origine du langage par ce qu’il est le lieu d’expression, de mise en tension
de nos conflits intimes.
Le conflit, c’est le moteur, le début de toutes les histoires, de maux en mots, la genèse de la
fiction.
A cette lisière, l’homme est au seuil du conte, cette béquille indispensable pour avancer moins
seul dans les chaos de la vie.
Ici nait la nécessité de l’invention du théâtre comme lieu privilégié de la représentation symbolique
des conflits.
Alors mettons en mots ces corps qui nous font être. Et pour ce faire, un métier, outil d’usure du
réel qui en exhume une poétique, nous sera bien utile.
Faisons parler tous ces bougeurs.
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LUCIEN REYNES (danseur acrobate) : Dyslexique comme bien d’autres, les mots
comme mes membres se mélangeaient.
A coup de sport on s’entête à me construire.
C’est dans le cirque que je trouve une forme de confiance ambiguë.
Je me lance donc un peu plus loin avec cette idée en tête : je serai acrobate.J’entre curieusement dans les grandes écoles (ENACR, CNAC), y développe des points de vue et de corps
sur la gravité. J’imagine par la suite des objets à mouvoir comme le plateau ballant.
Je vis quelques aventures de spectacle avec des équipes telles que La Scabreuse, Cahin-caha, Yoann
Bourgeois, Yves Noël Genod, Marine Mane.
Je fais un détour vers la construction de décors (CFPTS, atelier du plateau, Festival d’Avignon IN).
Enfin, je retrouve ceux avec qui j’ai commencé le cirque adolescent pour faire de la danse et cosigne Je suis
fait du bruit des autres et La Mécanique des Ombres au sein de Naïf Production.
ANDRES LABARCA (danseur acrobate) : Santiago du Chili. 1989. Une ville
entourée de montagnes, écrasée par la pollution de Santiago, par les effets d’une
dictature et la désillusion politique de tout un peuple ; C’est dans cette ville que je
débute ma formation d’acrobate et mon chemin d’artiste dès 2007, toujours
influencé par l’histoire de mon pays et de ses personnages révolutionnaires. Je
poursuis ma formation de manière autonome en participant à plusieurs stages en
Argentine (La Arena) et au Brésil (École Nationale du Cirque de Rio de Janeiro)
pour connaître différentes cultures et différentes approches du cirque.
En 2009, j’intègre l'École Nationale des Arts du Cirque de Rosny-sous-Bois (Enacr), où je me spécialise
dans la technique des équilibres sur les mains, tout comme au Centre national des arts du cirque de
Châlons-en-Champagne (CNAC). J’intègre par la suite la compagnie Kiaï pour la création du spectacle
OFF sous la direction de Cyrille Musy et le regard extérieur de Mathurin Bolze et poursuis parallèlement
mon projet personnel de création collective SABORDAGE avec Mehdi Azema, Justine Berthillot et Frédéri
Vernier, tous membres de la 25e promotion du CNAC.
NACIM BATTOU (danseur) : Mon envie de vivre de la danse me pousse à
m’installer à Londres pendant un an et j’y rencontre les les précurseurs du
mouvement hip-hop. À mon retour en France, je suis le cursus de formateur
proposé par l’ADDM84. Depuis 2004, je développe une dynamique pédagogique
forte. Je nourris parallèlement mon envie de chorégraphier en menant des projets
en solo ou en créant le collectif Pas à pas avec Yani Abbass, Anthony Duplissy,
Julien Malatrait et Michael Varlet. Je présente une performance solo pendant 3 ans
lors de multiples événements (notamment au Liban). En tant que danseur-
interprète, je collabore notamment avec les compagnies Le Rêve de la Soie, En
L ’ E Q U I P E
phase, Grand Bal, 2 temps 3 mouvements, Rosa Liebe, Kairos, La Barraca, Stylistik… auprès desquelles
je gagne en expérience. Je crée en 2015, la compagnie AYAGHMA.
CLOTAIRE FOUCHEREAU : Né en octobre 1993 à Paris, je débute le cirque à
l’âge de seize ans avec Cirque en scène, une petite école amateur de la ville de
Niort. J’intègre ensuite la formation de l'Ecole nationale des arts du cirque de
Rosny-sous-Bois (Enacr) et du Centre national des arts du cirque (CNAC) de
Châlons-en-Champagne en tant que voltigeur en main à main avec mon frère
jumeau. Très vite, la danse et l'acrobatie au sol et au trampoline prennent une
grande importance dans ma pratique. Après moultes péripéties, j’exerce sans
prétention la belle discipline de l’acro-danse.En 2014, je participe au spectacle Infinitude mis en scène par Chloé Moglia, puis joue pour la Nuit
Blanche à Paris le spectacle Nuage mis en scène par Stéphane Ricordel. En 2016 dans le cadre
de la formation au Cnac, je participe à la reprise du spectacle Plan B sous la direction d’Aurélien
Bory et Phil Soltanoff / Cie 111.
CHRISTOPHE RUETSCH (compositeur) : Mon travail prend des formes
diverses : de l’écriture de musiques électroacoustiques pour le concert aux
musiques de scènes (Danse, Théâtre, Cirque, Projets pluridisciplinaires) en
passant par des installations ou encore des pièces radiophoniques.
Lauréat de deux commandes d’État pour le Groupe de Recherche Musicale
(Radio France) je reçois la bourse Beaumarchais-SACD en 2014 dans le cadre
de l’aide à l’écriture pour la création musicale dans la catégorie Cirque.
En mai 2008, je pars en résidence à Tchernobyl et travaille sur des
phonographies dans la zone contaminée. Je créé en juin 2009 Atomic Radio
137 pour les Ateliers de Création Radiophonique (France Culture) et “ Zona “en
2010 (commande de l’État et du GRM), puis « Atomic Radio 137 live » en 2011.
Depuis quelques années, je m’intéresse particulièrement au développement du travail en live, ce qui se
traduit entre autres, par l’élaboration d’une lutherie électronique personnelle donnant lieu à des concerts,
ciné concerts et performances axées sur le jeu en direct.
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JULIEN GROS (danseur) : Je commence le break en 1997 au hasard d’un hall
d’immeuble. Nous n’appelions pas ça du « hip-hop » et encore moins de la « danse ». Loin de la ville, c’est
en zone dite rural que je découvre cet art. Puis, entrainements, transmissions, rencontres, créations : un
parcours qui m’a permis de mettre des mots sur ma pratique. J’ai 35 ans, 20 ans de danse, hip-hop en
dominante, break en particulier. Et autodidacte par nécessité. J’ai enseigné la danse hip-hop une quinzaine
d’année avec de multiples expériences en associations, MJC et milieux scolaires.
Puis je créé au sein de différentes compagnies et groupes : la compagnie Amazigh, Massilia Force, Original
Rockerz, la compagnie Ayaghma, la Loly Circus, et des rencontres humaines importantes avec une tournée
au Bénin en Afrique de l’Ouest et la participation au tournage du documentaire « Enfants de sourds ». En
2011, je crée la compagnie Havin’Fun et Les voix sourdes puis Mauvais rêves de bonheur qui intègre à sa
création la langue des signes.
PAULINE GUYONNET (création lumière) : Après une formation au cadre et à la
lumière en BTS Audiovisuel, je suis reçue en 2005 à l’ENSATT. Dans le cadre des
ateliers-spectacle, je travaille avec Philippe Delaigue, Guillaume Delaveau, Simon
Délétang, Olivier Maurin, Christian Schiaretti et Marc Paquien. C'est également à
l'occasion d'un atelier que je rencontre Marie-Christine Soma et fais plusieurs stages
sous sa direction.
Je consacre mon mémoire de fin d'études au « Sacré et La Lumière ».
Depuis ma sortie de l'ENSATT en 2008, j’ai assisté Marie-Christine Soma lors de ses
créations lumières pour Michel Cerda, Jacques Vincey, Bertrand Blier.
J’ai également effectué la régie lumière pour quelques spectacles de Declan Donnellan, Laurent Gutmann et
François Rancillac.
En parallèle, je me consacre à la création lumière. Je suis particulièrement des metteurs en scène et artistes
depuis quelques années tels que Marie-Pierre Bésanger, Charlotte Bucharles avec qui je poursuis mon travail
sur la lumière et le sacré, Joséphine Serre et Naïf production.
MICHEL SCHWEIZER (collaboration artistique) : Inclassable, bien qu’inscrit dans
le champ chorégraphique, Michel Schweizer opère dans ses différentes créations,
un croisement naturel entre la scène, les arts plastiques et une certaine idée de «
l’entreprise ». Depuis plus de 18 ans, il convoque et organise des communautés
provisoires et éphémères. S’applique à en mesurer les degrés d’épuisement.
Ordonne une partition au plus près du réel. Se joue des limites et enjeux
relationnels qu’entretiennent l’art, le politique et l’économie.
SYLVAIN BOUILLET
(accompagnateur du projet et co-porteur de Naïf Production) :
Je développe dès le plus jeune âge un goût immodéré pour l’agitation et le
mouvement. Le le skateboard, que je pratique de manière obsessionnelle, m’incite à
réinventer mes appuis, à construire des trajectoires personnelles et à cultiver l’art de
la chute.
Dans une MJC d'Avignon où je m'essaye à l'acrobatie, je rencontre Mathieu Desseigne et Nabil Hemaizia. De
cette rencontre découle la fabrication d'un langage commun et neuf années d'un parcours que nous
construisons ensemble au sein du collectif 2 Temps 3 Mouvements.
Professeur des écoles de formation, je considère la scène comme un espace d’aventures collectives où se
joue le vivre ensemble. J’expérimente depuis plusieurs années, des ateliers de recherche avec des publics
variés. De ces aventures répétées nait Je suis fait du bruit des autres en 2014, une création partagée avec des
amateurs. Co-porteur du projet de Naïf Production avec Mathieu Desseigne et Lucien Reynès, nous créons Je
suis fait du bruit des autres en 2014, un projet réécrit avec des amateurs à chaque nouvelle édition, le trio La
Mécanique des Ombres puis Des gestes blancs, un duo avec un enfant
Porte un regard caustique sur la marchandisation de l’individu et du langage. Se pose surtout en organisateur.
Provoque la rencontre. Nous invite à partager une expérience dont le bénéfice dépendrait de notre capacité à
accueillir l’autre, à lui accorder une place. Cela présupposant ceci : être capable de cultiver la perte plutôt que
l’avoir…
Avant les premières images, les bribes de scènes, les premières traces des gestes à venir, toutes ces
choses éparses, diffuses, que l’on appelle « idées », avant tous les signes concrets d’un début, il y a
la nécessité.
Ce truc qui pousse. Au fond.
Qui monte et tend jusqu’a souvent nous paralyser d’impuissance et qu’on a un peu honte de nommer
envie ou besoin…
Avant de céder à la folle impudeur, à l’incroyable prétention d’avoir à dire des choses qui pourraient
être partagées, il y a des questions.
Entre autres, celles-ci pour cette fois :
Comment faire, dans les velours du spectacle vivant subventionné, pour parler du monde sans
indécence ?
Comment dire les beautés de nos peurs contemporaines ? La violence de ce monde, dont on cherche
souvent, la conscience à l’abri derrière le rideau de scène, à se débarrasser ?
Dans ce monde bavard, où les clichés publicitaires tiennent lieu d’horizon des valeurs et où l’impudeur
et l’obscénité font office de liberté d’expression, quelles sont les histoires qui doivent être dites ?
Et de manière plus anecdotique, qu’est ce qui fait danse ?
Est-ce que l’hybridité se revendique et peut servir de ciment identitaire ?
Est-ce que la bâtardise anoblit ? Danse-t-on sans être danseur ?
Quelles sont les langues à inventer, a-scolaires, a-culturelles, pour incarner un pensée ?
DES ÉLÉMENTS POUR DES DÉBUTS DE RÉPONSE…
« Les danseurs, ce sont des gens qui dansent »
Alain Platel
« Je laisse à d’autres, l’idée que le spectacle vivant pourrait ne pas être un engagement, une prise de
position » Guy Alloucherie
« Danser, c’est mettre une idée en mouvement,
Les idées sont des armes de résistance au réel
Danser est un acte de résistance. »
Mathieu Desseigne-Ravel
AvANT CHAQUE DÉBUT DE CRÉATION, IL Y A DES QUESTIONS
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POUR REGARDER LE MONDE SANS INDÉCENCE
(ET TENTER DE POSER EN CHEMIN DE PETITES DÉFINITIONS PERSONNELLES)
CRÉER, C’EST SE RETOURNER…
Se retourner sur 10 ans de plateau et presque 25 ans de
pratiques acrobatiques, dansées et gigoteuses, passées
à opposer mon poids à la gravité des choses.
Me retourner sur une vie de spectateur à m’entendre
raconter des histoires en images, en mots, en
mouvements …
Sur 6 ans de paternité liseuse pendant lesquels les
archétypes des contes ont réinvesti mon quotidien et plus
récemment, sur mes réticences à la « Culture », machine
à légitimer les inégalités déguisées en miracle égalitaire.
Sur l’envie de ne plus parler de moi, ne plus me mettre
en scène, de comprendre ce moment où le témoignage
individuel transcende son anecdote pour nous parler de
nous, fouiller cet en commun manifeste et fuyant qui
nous relie tous.
Comprendre qu’une fois déconstruites toutes les velléités
dramaturgiques, ne restent que quelques thèmes,
quelques idées. Toutes les narrations ne sont que des
prétextes à ce que nous puissions réentendre la même
histoire, sempiternellement recommencée.
Ce que je choisis d’entendre entre les mots de toutes les
histoires, c’est le besoin de communauté .
Une communauté première, humaine, de chair, de
sueur et de sang. Communauté de souffrances et de
désirs.
Désir de plus que soi : ce dont l’autre est le nom.
Nous sommes des êtres in-finis. Plus que nous-mêmes
et trop peu à la fois, enfermés en nous comme dans un
costume trop petit dont nous ne connaitrons
paradoxalement jamais les contours, mus par un désir
insatiable qui donne à dieux son nom.
Nous sommes des êtres séparés (pour s’aimer comme
pour se haïr, on se rentre dedans), qui rêvons de l’autre,
notre manque à combler, miroir déformant de notre
profond sentiment d’unicité.
Communauté de solitaires, nous sommes des êtres
fictionnels. Ce qui nous tient ensemble ce sont les
mots de l’histoire. Nous avons besoin d’être et de
nous raconter, moins pour comprendre ou pour
expliquer que pour nous accompagner dans notre
marche à tâtons dans l’inexpliqué de la vie.
CRÉER, C’EST SE SOUVENIR…
Je choisis de penser que l’on ne crée rien qui
n’existe déjà. On se souvient de ce que notre temps
a choisi d’oublier. On rappelle à la réalité ce qu’elle
ne veut voir ni entendre, ce qu’elle n’est pas, ou plus.
C’est une alternative au réel.
Les créateurs peuvent rester dans les bibles. La
dignité, la justesse et la justification de l’artiste
procèdent de ce qu’il est un trait d’union
mnémonique entre l’officiel et l’oublié.
Seules les histoires amnésiques sont bonnes à dire.
Des petits contes de résistance à la réalité du
storytelling politique et de secret story… lutter contre
le dévoiement de l’histoire en disant les fables
oubliées.
11
LE THÉÂTRE
La question du cadre, du point de vue.
L’endroit d’où l’on regarde…
Le théâtre est un espace régit par un ensemble de
règles momentanément justes parce que décrétées.
Le théâtre est l’endroit où l’expérience vécue
transcende son anecdote pour nous parler de nous. Il
ne s’agit pas d’universaliser en diluant, mais d’opérer
le déplacement de l’expérience vécue, pour proposer
un endroit où le heurt des subjectivités créent de
l’addition.
Sinon comment dire la violence de nos réalités,
comment sentir les souffrances étrangères, comment
dire l’en-commun de vies si différentes, comment se
comprendre dans des langues si lointaines ?
C’est la question de l’empathie qui est à l’œuvre
puisque le constat premier c’est « je ne suis pas toi ».
Le théâtre est l’endroit où, au travers des différences,
advient la reconnaissance.
Etre « au théâtre », ce devrait être « concerner ».
UNE POÉTIQUE DU RÉEL
La politique a ses lieux.
Ou avait… qu’en reste-t-il aujourd’hui?
La politique est une désuétude. La façade décrépite
d’un bâtiment en ruines d’où les idées ont été
chassées par les idéologies.
L’espace du théâtre ouvre la voie à une poétique du
réel. Le chemin vers des possibles inexistants, les
sentiers de l’utopie.
Une poétique du réel comme un moyen de dépasser
le constat, une alternative par ce qui est révélé par la
métaphore.
C’est le filtre d’une distance nécessaire qui nous
permet, nous autorise, à le penser tel qu’il pourrait
être.
CRÉER, C’EST ACCEPTER DE NE PAS SAVOIR…
Et décider d’avancer à la lumière de cette seule
certitude.
C’est revendiquer le droit à l’erreur et la nécessité de
celle-ci comme étalon de la recherche.
Renoncer aux projets et à la logique de produit qui les
sous-tend, et laisser le désir instituer en sujets les
passants rencontrés au cours du voyage.
Il n’y aurait peut-être donc à dire que je ne sais pas
mais que j’ai le désir d’essayer et que ce désir vaut tout
autant que nos prétendues nécessités.
Il faudrait que je vous dise que je recommence ce qui
par tous a déjà été fait.
Que de l’histoire que vous allez entendre, j’ai juste
changé les mots.
Mais il se peut qu’au détour d’un choix hasardeux, qui
nous fait opter pour un mot plutôt que pour un autre, se
cachent les accords d’une musique oubliée. Une faille,
soudain, dans la discontinuité des discours officiels, un
nouveau point de vue sur les choses.
Commencer – c’est le secret de ce qui suivra - c’est le
risque pris de pouvoir, par ces petits bonheurs que l’on
nomme erreur, se retrouver au bon endroit.
LA BEAUTÉ DU MONDE
L’art n’a peut-être d’autre fonction que de tenter de
donner à voir la beauté du monde. Qu’elle qu’en soit
son visage, sa violence.
L’art serait donc intrinsèquement un optimisme.
Donnant à voir, à sentir toutes les beautés, il est donc
fondamentalement populaire puisqu’elles nous sont
indispensables à tous.
12
NOTE D’INTENTION
Je ne sais plus lequel d’entre eux a commencé. Ils étaient là.
Petite communauté masculine, en déséquilibre incertain au bord du vide.
Cinq silhouettes mouvantes, fluides et anguleuses, feignantant sur les sentiers de leurs petites
impasses identitaires.
Je me souviens m’être demandé si le heurt des corps au sol, le son mat de leurs chocs les uns contre
les autres produisait vraiment une musique.
Je les ai regardés.
Tenter, avec de violentes précautions, de trouver ce point fragile, incertain, qui rend solidaire nos
solitudes.
Ils cherchaient une direction commune, une langue maternelle oubliée. Marionnettes sans fil, ils
bougeaient (quand même).
J’ai vu de la joie dans leurs yeux d’enfants fous. Apatrides culturels, ils dansaient (malgré tout),
mettaient en majuscule les minorités.
J’ai senti leurs poids s’opposer à la gravité des choses. Leurs mains se saisir. Leurs corps se lier.
Ensemble, à rebours de leurs savoir-faire, sur les traces laissées dans leurs corps par l’acrobatie, ils
se sont souvenus.
Les quantités négligeables ; notre part d humanité. D’incertitude.
Oubliée, sacrifiée aux logiques de projets.
Ils savaient le coût du dérisoire,
Ils avaient le goût de l’absurde,
Ils savaient vivre…
Sur les débris de ce monde, il y a des gens qui mettent en corps leurs idées de résistance. Il y a
toujours, entre les ruines de la soirée d’hier et le monde de demain, suspendu à l’instant, aux lèvres
des possibles, des gens qui dansent (quand même).
13
DE LA DANSE
Emigré d’autodidaxie, mes viandes d’origine
acrobatique contrôlée et nourries aux hormones hip-hop
ont mis du temps à colorier d’envie mes complexes de
mécréant à l’endroit de la danse.
Dans les temples de Culture, pendant les cérémonies
de danse, je me sens toujours un peu étranger... Erudit
des traditions locales, mais un peu étranger.
.
Le mot « danse » a donc mis du temps à s’imposer à
moi.
Et le fait est : je ne suis pas danseur. De formation tout
du moins. Mais peut-être que cela est assez pour
justifier mes atermoiements sémantiques autour du
terme et lui préférer «bougeur», «gigoteur», «acteur
physique».
C’est la question de la langue qui est ici soulevée. La
question de la culture, du conditionnement culturel.
N’ayant reçu en apprentissage aucun langage défini,
mon rapport à la danse est resté dans le domaine de
«l’invention».
Qu’est-ce qui fait danse, à partir de quand le geste
mérite d’être anobli par le terme ?
Danser de tout et malgré tout donc, danser moche ou
carré, chercher la danse comme le mot, chercher à dire
en faisant sentir.
Danser, c’est être ce qu’on ne peut dire. Exprimer un
état au-delà de la conscience, une nécessité à la lisière
de l’intention.
Danser c’est relier, convoquer l’invisible, jeter des ponts
éphémères et fragiles entre l’avant et l’après. Se situer
pour trouver l’instant qui ne peut se penser mais se
sent. Conjurer le passage du temps culturel qui éloigne,
pour faire ressurgir les signes ataviques, les archétypes
premiers de notre appartenance à la communauté
humaine.
LE CIRQUE, UNE DÉFINITION (TOUTE PERSONNELLE)
ET UN RAPPORT SINGULIER A LA DANSE
Le vivant se meut, nous nous émouvons en
mots de ne plus le comprendre.
Et nous oublions d’être. En mouvement.
Chutant, lâchant, roulant et résistant, changeant
parce que vivants.
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LE CIRQUE
Le cirque est ce qui arrive quand les corps sont mis en mouvement par l’acrobatie.
Le cirque, l’acrobatie, comme domaine de recherche formelle, me permettent de définir un cadre de réflexion
autour des thèmes suivants : Altérité, identité, langue maternelle (apprentissage culturel) et communautés
minoritaires.
L’acrobatie est l’artisanat du corps, un art du mouvement.
L’acrobatie est le langage du cirque quand il se met en mouvement.
Tant que le cirque cherchera son identité, ses discours intrinsèques, dans les seules formes de la prouesse,
de la virtuosité, du danger et du dépassement de soi, il pourra toujours se demander de quelle dose de
sciure, de nez rouge et de contemporanéité il est constitué, il ne trouvera rien.
Il restera le parent pauvre des autres arts. Il continuera à singer, entre chacune de ses figures, formes figées
en elles-mêmes, les vocabulaires des danses classiques, contemporaines, hip-hop…
La langue maternelle de l’acrobate est faite d’onomatopées exclamatives. Fortes, mais qui sont autant de
prisons sémantiques, saturées de leur propre signifiance.
Le cirque pourrait être pensé comme une écriture globale, un tout qui englobe mais dépasse le moment de
la seule performance, de l’exploit.
Le cirque a une façon bien à lui de mettre les idées en mouvement, mais ces idées ne peuvent se déployer
que sous-tendues par une pensée. Une pensée, une intention, est une écriture.
Cela pose la question de la langue et de son vocabulaire.
Cela revient à se poser la question des discours de ces pratiques, non plus seulement de leurs enjeux.
LES ACROBATES
Disons qu’ils sont avant tout, comme sorte d’état premier, des saltimbanques. Disons maintenant qu’il faille
revenir à l’étymologie : les saltimbanques sont ceux qui sautent sur le banc, qui sautent du banc.
Enlevons un C, et c’est du ban qu’ils sautent. Ce ban (de ban-lieue, lieu du ban, de l’exclusion) peut-être
entendu non seulement comme un exil ou une exclusion, une mesure de dénigrement et d’indignité, mais
aussi comme une désignation des marges, de la non norme, des abords de l’admis, des parages du normal,
de la fange.
Les acrobates sautent sur le banc, du ban ; Ils s’extraient de leur condition, en dépasse l’ostracisme et la
catégorisation. Ils transcendent leur nature minoritaire.
Le cirque, l’acrobate, parlent de minorités (rassemblées autour d’une culture, d’évidences de pensées, de
réflexes) mais tend à dépasser les barrières de sa communauté pour aller vers l’autre.
L’acrobate est un minoritaire qui rêve de plus que ce qu’il est. Il interroge la réalité depuis la marge.
Vis à vis du poids, de la norme et de l’appartenance héritée, l’acrobatie est une résilience.
Une résistance.
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DANSE ACROBATIQUE, UNE DANSE DE L’ACROBATIE ?
La figure de la virtuosité, de la performance, centrale dans l’acception circassienne du mouvement, ne peut
à elle seule être moteur d’écriture, support de pensée, sans devenir juxtaposition stérile de formes
saturées.
Il faudrait ici comme en toute chose, puisque seul le chemin qui mène aux choses les rend belles, revenir en
amont du moment de «la figure». Dans les traces laissées par sa recherche. Sur le chemin que cette quête
de dépassement a laissé dans le corps de l’acrobate. Entre les réflexes et les intelligences nouvelles acquis
lors du processus d’apprentissage.
Laisser se dire, donc, ce que la pratique et l’expertise ont inscrites au verso de la performance, pour que
s’en dégage la langue qui en est la genèse. Il faudrait donc sans doute user le matériel physique formel pour
que de cette dégradation, de cette volontaire « redescente », se dégage du sensible, du sens à sentir.
Il n’est pas question ici d’éloge de la sobriété, de la pauvreté du geste ou de minimalisme, mais du besoin de
passer au-delà de la seule forme, derrière le paysage des gestes finis, accomplis, par l’usure et la
dégradation du signe rendu possible par l’expertise.
La question de la virtuosité n’est pas évacuée, mais déplacée de son endroit premier.
Pour elle-même, elle est forme saturée de sens, péremptoire, définitive comme une sommation, rude
comme une entrée en dialogue qui frapperait du poing sur la table avant de parler.
Quelles sont les autres virtuosités? Les triviales, les presque quotidiennes, les petites, approximatives, à
peine visibles, les abords du vertige, les « a peu pré-senteurs »…
Le geste acrobatique est dépassement, transgression de la norme, transfiguration des possibles.
Se lancer et après d’improbables vrilles, arriver «quand même» sur ses pieds, tenir «trop longtemps», à
l’envers dans une position étrange…
Ces points de transgression peuvent aussi faire l’objet d’un déplacement. Ne se trouvant plus à l’endroit de
leurs évidences, ils se mettent à résonner, à signifier (peut -être) différemment.
Utiliser ces moments de torsion de la norme, du possible, pour fabriquer des «incongruités», des
anormalités de langage (puisque c’est de marge dont parle le mieux le cirque).
Furtives, discrètes, elles seraient de nature à faire un peu vriller la réalité du discours de cette danse.
Une fabrique de petites incongruités… ?
CE LANGAGE À VENIR
Pendant les 11 dernières années, au hasard de mes recherches, de mes répétitions, j’ai construit en chemin
un petit lexique personnel nourri de mes pratiques acrobatiques et de mes influences.
Ce pourrait peut-être être considéré comme une langue, ma langue.
Il ne sera pas question ici de transmission, de mise en scène et de mise en corps chez d’autres, de ce qui
pourrait être mon vocabulaire.
Cette étude cherche le temps nécessaire à ce que les expériences se rencontrent et se mélangent.
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DE LA MUSIQUE
Puisque cette étude cherche les gestes comme les
mots d’un discours, les appelle d’une nécessité, il en
sera sans doute de même avec le traitement sonore.
La place du mot, du langage, y sera un axe de
réflexion fort.
Avant ou après l’intelligible, le directement
discursif…
Le son des choses, du monde, ici donc des corps,
pourrait faire l’objet d’un traitement particulier, d’un
retraitement… puisque les danses sont autant de
partitions rythmiques, musicales.
Les oppositions entre rythmique organique, gutturale,
et lyrisme mélodique, pourraient être un écho au
chemin de la construction culturelle que suppose le
langage.
ET LA LUMIÈRE
Dans cet espace vide où les corps sont décors, la
seule scénographie sera lumineuse. Effaçant et
dévoilant, distanciant ou enfermant, elle sera la
réalité de ce monde.
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Chorégraphie, mise en scène et interprétation Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne et Lucien Reynès et une
vingtaine d’amateurs issus des territoires concernés Regard extérieur Samuël Lefeuvre Création sonore
Thomas Barlatier Création lumière Pauline Guyonnet Costumes Natacha Costechareire
Je suis fait du bruit des autres est né d’un questionnement sur la manière de partager un processus de
création avec le public.
Sur chaque territoire investi, un groupe d’une vingtaine de personnes volontaires, sans prérequis et de
tous âges, est constitué et invité à vivre cinquante heures de création pour fabriquer une œuvre
collective à partir d’une structure initiale que nous avons formalisée.
Le processus qui cherche une danse essentielle, possible pour tous, participe finalement à
l’émergence des singularités. Il respecte la capacité des corps. L’erreur et la contrainte sont source de
création et la fragilité est guidée vers la poésie.
Coproduction : Off Space e.V (Sarrebrück), CDC les Hivernales (Avignon), Relais culturel régional de Flers (61), Hostellerie
de Pontempeyrat (62). Avec le soutien de KLAP, maison pour la danse (Marseille), de l’Agora, cité internationale de la danse
(Montpellier), du théâtre Jean Vilar de Vitry-SurSeine et du CDC du Val de Marne la Briqueterie. Le projet, initialement porté
par le collectif 2 Temps 3 Mouvements, a bénéficié du soutien de la DRAC PACA, de la région PACA et du département de
Vaucluse.
AU RÉPERTOIRE DE NAÏF PRODUCTION
JE SUIS FAIT DU BRUIT DES AUTRES (2014)
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“ Nous sommes au tout début, vois-tu. Comme avant toute chose.
Avec mille et un rêves derrière nous et sans acte. “
(Notes sur la mélodie des choses / Rilke)
Dans ce trio de danseurs-acrobates, l’ombre est invitée à faire la lumière sur notre condition.
Recommencer notre histoire à travers une gestuelle mécanique pour atteindre l’autre, esquisser nos gestes premiers …
Trois figures entre prototype et archétype gesticulent pour redécouvrir les codes oubliés. L’histoire est absurde sans but
autre que de se fabriquer ensemble.
Et si nous naissions tous le même jour ? Ici, nous sommes tous égaux. Le moindre geste est reflexe instinctif. La
psychologie est abandonnée et le regard va à l’essentiel. Parce que nous dansons visage caché, les conditions de
l’empathie se déplacent et le chemin vers l’altérité est à reconstruire, inlassablement…
Coproduction : Espace périphérique – Paris Villette, Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, MC93 de Bobigny, Le Centquatre¨- Paris.
Avec le soutien du CDC les Hivernales (Avignon), de l’Agora, cité internationale de la danse (Montpellier). Le projet bénéficie du
soutien de la DRAC PACA, de la région PACA, du Conseil départemental du Val de Marne et de la SPEDIDAM.
LA MÉCANIQUE DES OMBRES (2017)
Chorégraphie, mise en scène et interprétation Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne et Lucien Reynès
Conseil artistique Sara Vanderieck Création sonore Christophe Ruetsch Création lumière Pauline Guyonnet
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Limite : tendance, ancrée dans la structure de la pensée moderne, à transformer l’espace où se développe la vie en
zones de séparation contenant la vie.
Sujets à vif : personne amenée à faire l’expérience de la séparation.
Sujets à vif : profil de personne ayant tendance à se séparer du vivant.
Bâtard : sujet humain dont l’équilibre semble s’arranger avec des origines floues, confuses, à qui l’on a recommandé de
ne pas trop accorder d’importance à ses états d’âme et par là même occasion à lui-même.
Production déléguée : La Coma et Naïf Production
Coproduction : festival d’Avignon, SACD, Le Gymnase, CDC Roubaix, Hauts-de-France
Avec le soutien : du Théâtre d'Arles, scène conventionnée pour les nouvelles écritures / La Villette, Paris / Le CDC Les Hivernales, Avignon
Mathieu Desseigne-Ravel et Michel Schweizer ont été accueillis en résidence à l’Agora, cité internationale de la danse, avec le soutien de la
Fondation BNP Paribas.
BÂTARDS : PETITE FORME EDUCATIVE ( SUJET À VIF 2017)En collaboration avec la Coma / Michel Schweizer
FORMAT : 30 min
Conception et interprétation Mathieu Desseigne-Ravel et Michel Schweizer
Création photographique Ludovic Alussi
Conception sonore Nicolas Barillot
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DES GESTES BLANCS (2018)
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Des Gestes Blancs est un essai physique sur la paternité, qui explore le lien entre un père et son enfant. Une
tentative dansée où se rencontrent deux corps au rapport de poids et de taille très contrasté.
Ici, la figure du père et de l’enfant canalise et oriente notre lecture des corps au plateau.
Il serait presque possible de laisser jouer ce cadre. Leur simple présence pose déjà sur scène, de possibles
interprétations déclinées autour des notions d’autorité, de dépendance, de conflit, d’amour, de complicité.
Ne reste plus qu’à danser sans fabriquer d’histoires supplémentaire. Laisser voir un duo qui dans le déséquilibre
de ses forces, cherche une justesse, trouve le désir de jouer à deux, se risque avec pudeur à la tendresse. Une
danse où l’image de l’un n’est que le reflet de l’autre, déformé dans le temps et dans l’espace.
Format 45 min
Direction artistique et chorégraphie Sylvain Bouillet Dramaturgie Lucien Reynès Conseil artistique Sara
Vanderieck Interprétation Charlie Bouillet et Sylvain Bouillet Création lumière Pauline Guyonnet Composition
musicale Christophe Ruetsch
COPRODUCTION : CDCN les Hivernales - Avignon, Le Cratère – scène nationale d’Alès, CCN Malandain – Ballet Biarritz ,
CDCN - Le Pacifique – Grenoble.
SOUTIENS : DRAC PACA, Ville d’Avignon, KLAP – Maison pour la danse de Marseille, Agora – Cité internationale de la danse
de Montpellier.
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