Conférence
"TRAVAIL & HANDICAP"
Séminaire des attachés principaux
d’administration (APA)
ESENESR – Mai 2014
Joseph LAHIANI
AD CONSEIL
Introduction : petite histoire de la genèse
du champ du handicap
3 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
D’expression anglaise "hand in cap" désignant un jeu de hasard où les mises
étaient placées dans un chapeau ;
terme récupéré pour qualifier le lest d’un concurrent supposé avantagé dans
une course sportive qualification d’un désavantage.
Handicap ou "situation de handicap" ?
Importance de l’environnement
Définition juridique : "constitue un handicap, (…) toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou trouble de santé invalidant". (loi du 11 février 2005)
Définition situationniste (environnementaliste) : "résultante de l’interaction d’une personne fonctionnellement limitée et d’un environnement donné" (Claude Hamonet)
La notion de handicap : éléments de définition
4 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
A. Le handicap dans l’antiquité
Grèce antique : le handicap était assimilé à un maléfice et les
enfants malformés abandonnés (Sparte : sourds et infirmes
précipités du haut de la roche de Tagyète)
Égypte et Perse : handicap vu comme un signe du céleste
Culture hébraïque : handicap considéré comme une souillure
interdisant l’approche des lieux de culte, mais traité avec
bienveillance
Transculturalité des explications mystiques, irrationnelles.
Le handicap n’est pas un "état de santé".
5 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
B. Le handicap en France au Moyen-Âge
XIIe siècle : droit des sourds au mariage ; regard mystique, lié au divin caractérisant certaines pathologies (lèpre, poliomyélite) : punitions divines ; diabolisation de certaines affections : cas de l’épilepsie ; attribution d’une fonction de dérision aux infimes et simples d’esprit ("bouffonneries"), seuls autorisés à se moquer des régnants ; association du handicap à la pauvreté, la mendicité, le brigandisme ou la sorcellerie soit la marginalité au sens large.
Consulter l’image “Traitement de l’épilepsie”
(Manuel médical du XIIe siècle)
sur le site du Musée allemand
de l’épilepsie, Korke
http://www.epilepsiemuseum.de/francais/
Persistance de l’association du handicap au divin et au mystique au
Moyen-Âge. Le handicap est considéré comme une caractéristique négative,
dangereuse et irrationnelle.
6 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
C. Le handicap en France à la renaissance
Période classique, pensée rationaliste : recherche de solutions intrinsèques à la société pour expliquer l’inhabituel ;
taxinomisation & classification du "normal" et du marginal ;
infirmité : considérée comme irrationnelle donc dangereuse, déstabilisante ;
ségrégation par l’exil ou l’enfermement des gueux, des criminels, des mendiants, des fous et des mal formés.
Apparition des premiers lieux d’enfermement
Consulter l’image “Bossu, série “les Gueux”
de Jacques Callot, XVII e siècle”.
Collection privée
sur le site de l'académie Nancy-Metz :
http://www.ac-nancy-metz.fr/
7 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
D. Le handicap en France aux lumières
Institution nationale des invalides sous Louis XIV : "droit à l’assistance" des blessés de guerre ;
Abbé de l’Épée : bases de la langue des signes pour l’éducation des personnes sourdes : Philippe Pinel : invention de la psychiatrie et mise en cause du principe d’enfermement ; apparition des cliniques orthopédiques et premières "remises au travail d’infirmes physiques".
Toujours pas de "champ du handicap".
8 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014 8
Consulter l’Image "Pinel libérant les aliénés"
(Tony Robert-Fleury, XIXe siècle)
copyright Agence photographique
de la Réunion des musées nationaux sur le site :
http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=897#sthash.mz7mHa1y.dpuf
9 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
E. Le XIXe : précurseurs du champ du handicap
Problèmes des accidentés du travail : industrie non règlementée, surexploitation.
Idée de responsabilité sociale (loi de 1898 votée après une vingtaine d’années de débat), notion d’état providence.
Première guerre mondiale : plus de trois millions de blessés, malades chroniques ou invalides de guerre.
Droit à la réparation suivant un barème encore utilisé.
Les grandes épidémies : grand nombre de malades en raison des conditions d’hygiène et d’alimentation.
Contingent croissant de malades accueillis dans les sanatoriums (au XIXe siècle : ¼ des décès d’adultes étaient dus à la tuberculose).
Consulter l’image "Travail des enfants"
sur le site de l'académie de Besançon :
http://missiontice.ac-besancon.fr/ecole_fontaine_ecu/
Present/Activites/enfants%20%20mine/fonctionnement.html
Consulter La tuberculose de F. GALAIS (1917).
Copyright : Bibliothèque de documentation
internationale contemporaine :
http://www.histoire-
image.org/site/etude_comp/etude_comp_
detail.php?i=257#sthash.IjrSkwa4.dpuf
10 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
F. Le XXe siècle et l’apparition du cadre légal
1921 : Fédération des Mutilés du Travail (FMT)
;
1929 : ligue pour l’adaptation des diminués physiques au travail (ADAPT)
;
1939 : association des paralysés de France (APF) ;
1945 : création de la Sécurité sociale ;
loi du 23 Novembre 1957 : notion de "travailleur handicapé" ;
loi du 30 juin 1975 : obligation nationale de formation et d’emploi des travailleurs
handicapés ;
années 90 : notion de "situation de handicap"
loi du 10 juillet 1987 : obligation d’emploi des travailleurs handicapés à hauteur
de 6 % de l’effectif pour les entreprises de 20 salariés et plus ;
loi du 11 février 2005 : renforcement de la loi de 1987 et contribution financière
pour le secteur privé.
Le handicap au travail
en France
A.
Les déficiences
associées à la notion
de handicap
13 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Causes très diverses (pathologiques et traumatiques)
;
lourdeur du handicap très variable : lombalgies, troubles musculo-
squelettiques (TMS), paralysie, etc.
seulement 2 % des personnes handicapées en France sont en
fauteuil roulant ;
beaucoup de maladies professionnelles liées à des métiers à caractère
"usant" (bâtiment et travaux publics -BTP-, industrie, etc.)
: les TMS ;
les déficiences motrices restent majoritaires.
A. Les déficiences motrices
14 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Personnes non voyantes ou malvoyantes ;
personnes sourdes ou malentendantes ;
handicaps plutôt moins favorablement perçus
car entraînant des difficultés de
communication ;
une personne sur 1000 est non voyante ;
plus de 3,5 millions de personnes présentent
une déficience auditive dont
460 000 une déficience auditive sévère.
Consulter le tableau “Le Repas de l’Aveugle”
de Pablo Picasso -1903
Site du Metropolitan Museum of Art, New York :
http://www.metmuseum.org/about-the-
museum/now-at-the-met/from-the-
director/2010/a-picasso-lost----and-found
B. Les déficiences sensorielles
15 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Consulter l’image de reconstitution du crâne de Phinéas Cage (1863)
Site du Musée d’Anatomie d’Harvard:
http://frenchdistrict.com/boston/articles/visiter-warren-anatomical-museum-harvard-boston-musee-curiosites-
medicales-anatomiques/#/
C. Les déficiences cognitives
16 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Troubles de l’humeur, troubles du comportement et psychoses ;
caractère chronique difficile à déterminer ;
maladies "sous-diagnostiquées" en France ;
problématique encore taboue dans le monde du travail ;
on estime que 1 % de la population française est atteinte de
maladie psychique chronique (psychoses, troubles bipolaires,
etc.) ;
2 % des Français présentent un risque significatif de tentative de
suicide (enquête Organisation Mondiale de la Santé –OMS) ;
en France, la dépression touche 3 millions de personnes par an.
Consulter le tableau “Le Cri”
d’Edvard Munch - 1893
Site du Musée Munch, Oslo :
http://www.munchmuseet.no/
D. Les déficiences psychiques
17 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Toute maladie entraînant des conséquences durables et significatives sur le travail
(30 % des situations de handicap) ;
maladies neurologiques : épilepsie, syndrome de Gilles de la Tourette, etc.
maladies virales : hépatites, SIDA, papillomavirus, etc.
maladies neuro-dégénératives : maladie d’Alzheimer, encéphalopathie spongiforme
bovine (ESB), etc.
maladies génétiques : diabète insulino-dépendant, sclérose en plaques, etc.
maladies cardio-vasculaires ;
maladies auto-immunes : polyarthrite rhumatoïde) ;
etc.
E. Les maladies chroniques invalidantes
A.
Focus sur la déficience
psychique
19 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
4 grandes catégories (approximation empirique !)
Les psychoses : perte de contact avec la réalité (comportements désadaptés,
des hallucinations, des délires avec, dans certains cas, des actes violents ou
agressifs) : schizophrénie, bouffée délirante aiguë –BDA, etc.
les troubles de l'humeur (thymies) : pathologies dépressives, troubles
hystériques, troubles bipolaires, etc.
les troubles du comportement: les troubles du comportement alimentaire, les
addictions, phobies, obsessions, etc.
les troubles de la personnalité : ex. : trouble de la personnalité borderline.
Les principales maladies psychiques
20 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Les syndromes dépressifs
Dépression du latin "depressio" (enfoncement) : maladie pour certains, ou un
syndrome pour d'autres, dont la manifestation centrale est un état mental caractérisé
par une lassitude importante, une dépréciation de soi, un pessimisme qui
entraînent des perturbations importantes dans la vie quotidienne ;
maladie fréquente, qui affecte presque 20 % des gens au cours de leur vie
(depuis les années 60, l’OMS évoque la pandémie de dépression) ;
ne pas confondre la dépression avec ce qu'on appelle communément "coup de
blues" ou "déprime" ;
qui traduit une tristesse passagère, normale dans une situation difficile.
Focus sur des pathologies handicapantes (a)
21 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Manifestations de la dépression
Troubles du sommeil et de l’alimentation ;
manque d'énergie, de motivation ;
humeur triste ;
Irritabilité ;
mal de vivre ;
etc.
• la dépression est associée à des troubles biologiques (ex. : production de
sérotonine) "dépressions alimentaires" ;
• 30 à 50% des dépressions ne seraient pas diagnostiquées (études médecine
générale) ;
• caractère chronique difficile à déterminer ;
• traitement : antidépresseurs, psychothérapie, voire STC pour les dépressions
chroniques lourdes.
Focus sur des pathologies handicapantes (b)
22 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Les syndromes psychotiques
État psychique caractérisé par :
une altération du "sens de la réalité" et des perceptions ;
des idées délirantes (ex. : délire de persécution) ;
des hallucinations (ex. : auditives, visuelles, etc.) ;
Les pathologies psychotiques les plus observées :
schizophrénie ;
troubles bipolaires ;
bouffées délirantes aigues ;
troubles de la personnalité ;
etc.
Caractère chronique variable, souvent durable
Focus sur des pathologies handicapantes (c)
23 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
La schizophrénie
État psychique caractérisé par :
pathologie d'évolution chronique, débutant généralement à l'adolescence ou au
début de l'âge adulte.
Conséquences :
altération de la perception de la réalité (délire) ;
troubles cognitifs ;
dysfonctionnements sociaux et comportementaux plus ou moins importants.
Origine multifactorielle :
part génétique ;
part sociale et environnementale ;
corrélation avec la prise de stupéfiants.
Focus sur des pathologies handicapantes (d)
24 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
La schizophrénie
Traitements :
psychothérapies (thérapies comportementales et cognitives - TCC, psychanalyse) ;
chimiothérapie ;
neuroleptiques (atténuation des symptômes) ;
thérapies rééducatives ;
stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMT) (controversée).
La schizophrénie reste une maladie chronique qui
guérit rarement totalement et qui induit des contraintes
lourdes. Elle n’est pas cependant synonyme de
désinsertion sociale et professionnelle.
Focus sur des pathologies handicapantes (e)
25 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Les troubles obsessionnels compulsifs
Des troubles anxieux se manifestant, chez les personnes qui en sont atteintes,
par l'apparition récurrente de pensées intrusives liées ou non à une phobie ;
compulsion : séries de gestes reconnus comme irrationnels par le malade mais
néanmoins répétés de façon ritualisée et envahissante parfois jusqu'à la mise
en danger de sa propre vie (lavage, vérification, peur du passage à l’acte,
entassement, etc.).
Psychothérapie (TCC)
Psychotropes (antidépresseurs)
Pathologies réversibles si bien soignées
Focus sur des pathologies handicapantes (f)
B. Le contexte social
27 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
A. Les actifs bénéficiaires d’une reconnaissance
Moins d’un actif en situation de handicap sur cinq bénéficie
d’une reconnaissance administrative du handicap.
9,6
1,8
Personnes "en situation de handicap" Personnes bénéficicant d'unereconnaissance administrative
0
2
4
6
8
10
12
Personne bénéficiant d’une
reconnaissance administrative Personnes en "situation de handicap"
Fig. 1 : les actifs en situation de handicap et les bénéficiaires d’un titre administratif de reconnaissance du handicap
28 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
65%
5%
30%
35%
9%
56%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
En emploi Chômeurs Inactifs
Po
urc
en
tage
Bénéficiaires d'une reconnaissance administrative Personnes en "situation de handicap"
Fig. 2 : chômage et activité des personnes en situation de handicap
Très peu de personnes sur le marché de l’emploi parmi les
actifs bénéficiant d’une reconnaissance administrative.
B. Le marché de l’emploi
29 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
22,6%
37,2%
18,0%
10,4%
10,7%
36,1%
45,7%
11,2%
4,3%
2,6%
0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0%
BEPC ou moins
CAP ou BEP
Bac à Bac + 1
Bac + 2
Bac + 3 & Plus
DETH Ensemble des DE
C. Handicap & niveau de qualification
Fig. 3 : niveau de formation des demandeurs d’emploi bénéficiaires d’un titre de reconnaissance du handicap (DETH)
81,80 % des DETH ont un niveau de formation équivalent CAP,
BEP ou inférieur.
30 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Observatoire des discriminations
Baromètre des discriminations publié en novembre 2006 (ADIA – Université Paris I)
D. Handicap et discrimination à l’embauche (a)
Enquête de "Testing de curriculum vitae (CV)" : 6.461 CV en réponse à
1.340 offres d’emploi ;
9,26 % de taux de réponses positives en moyenne (convocation à un
entretien d’embauche)
;
facteurs discriminants testés : âge, sexe, origine, physique & handicap ;
recherche de différences en fonction du niveau de qualification, de la
région, du secteur d’activité et de la taille de l’entreprise.
31 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
32%
71%
54% 63%
36%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
Age Physique Handicap Sexe féminin Origine
Taux de retours positifs par rapport au candidat "de référence"
D. Handicap et discrimination à l’embauche (b)
Fig. 4 : taux de retour par variable discriminante
32 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
82%
19%
62% 59%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
Cadres Professionsintermédiaires
Employés Ouvriers
Taux de retours positifs par rapport au candidat "de référence" en fonction du niveau dequalification de l'offre d'emploi
D. Handicap et discrimination à l’embauche (c)
Fig. 5 : taux de retour par CSP pour les candidats reconnus travailleurs handicapés
C. Le contexte législatif
34 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Loi de juin 1975 : instauration de la voie
réservée d’accès à la fonction publique dite
"voie contractuelle" ;
loi de juillet 1987 : instauration du quota de
6 % de travailleurs handicapés pour tout
établissement privé de 20 salariés et plus et
création d’un organisme collecteur des
"contributions" financières : l’Association
gestionnaire du fonds pour l’emploi des
personnes handicapées (Agefiph) pas
d’assujettissement du secteur public ;
loi du 11 février 2005 : maintien de
l’obligation d’emploi et élargissement de
l’obligation aux employeurs publics.
A. L’obligation d’emploi (a)
35 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
De quelle façon répondre à son obligation légale ?
1. Intégrer des personnes reconnues handicapées (bénéficiaires de la loi du
11 février 2005) ;
1. sous-traiter avec les établissements du secteur de travail protégé et/ou adapté :
ESAT (Établissements de Services et d’Aide par le Travail, ex - CAT), EA (Entreprises
Adaptées, ex - Ateliers Protégés) ou CDTD (Centres de Distribution de Travail à
Domicile) À hauteur de 50 % de l’obligation au maximum ;
2. faire accéder des salariés en situation de handicap à la reconnaissance
administrative du handicap ;
3. payer la contribution au fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la
fonction publique (FIPHFP).
A. L’obligation d’emploi (b)
36 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
B. Les bénéficiaires de la Loi (a)
A. Mêmes bénéficiaires que secteur concurrentiel (art. L. 5212-13 du Code du travail)
RQTH : Reconnaissance de la Qualité Travailleur Handicapé ;
AAH : Allocation Adulte Handicapé ;
carte d’Invalidité ;
pension d’invalidité ;
Incapacité permanente partielle (IPP) > ou = à 10 %,
B. Titres propres à la Fonction Publique (article L5212-15 du Code du travail)
les titulaires d’un emploi réservé attribué en application des dispositions du code des
pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre ;
les agents reclassés en application des dispositions statutaires relatives à la fonction
publique hospitalière (articles 71 à 76 du titre IV du statut général des fonctionnaires de
l'État et des collectivités locales et du décret n
89-376 du 8 juin 1989) ;
les agents qui bénéficient d’une allocation temporaire d’invalidité (ATI) en
application des dispositions statutaires des trois fonctions publiques.
37 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
B. Les bénéficiaires de la Loi (b)
36%
1% 3%
5% 24%
23%
9%
RQTH
Pension d'invalidité
Pension Militaire d'invalidité
IPP Sup. ou égale à 10 %
ATI
Reclassés ou assimilés
Emplois réservés
Fig. 6 : répartition des bénéficiaires de la loi dans la fonction publique d’état
38 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Un guichet départemental unique : La MDPH (Maison
Départementale des Personnes Handicapées) ;
un titre de bénéficiaire concerne le handicap au travail : la
RQTH (Reconnaissance de la Qualité Travailleur
Handicapé) ;
toute personne dont l’état de santé affecte
durablement son emploi est en droit de faire une RQTH ;
dossier administratif + attestation du médecin traitant.
Démarche individuelle et volontaire,
n’impliquant pas l’employeur !
C. La RQTH (a)
39 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Qui attribue la reconnaissance du handicap ?
Le dossier est examiné par une équipe pluridisciplinaire (médecin,
psychologue, ergonome, etc. qui émet un avis ;
l’avis est validé par une commission départementale de "sages" : la
CDAPH (Commission des Droits et de l’Autonomie des Travailleurs
Handicapés, ex-Cotorep) ;
la RQTH est attribuée pour 3, 5 ou 10 ans ;
le délai d’obtention d’une RQTH varie de 2 à 8 mois en fonction des
départements.
Pas de reconnaissance définitive :
la RQTH est liée au contexte et à l’environnement de travail
C. La RQTH (b)
40 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Droit à l’aménagement de poste et à la compensation du handicap :
aides techniques ;
aides humaines ;
aides à la mobilité ;
etc.
droit à la formation professionnelle continue :
mobilité interne liée à un handicap ;
reconversion professionnelle ;
droit à la protection des ressources en cas de reconversion
professionnelle
possibilité de bénéficier des services Agefiph : Cap Emploi : Service départemental d’insertion ;
SAMETH : Service départemental de maintien dans l’emploi prestations spécifiques ;
vie au Travail : service départemental d’accompagnement de carrière prestations
spécifiques ;
autres droits annexes (ex : trimestres de retraite).
Droit à toutes les mesures pour l’emploi dans des conditions adaptées
Faire reconnaître un handicap (a)
La posture de
l’encadrement :
marge de manœuvre
et limites
42 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Questions (1)
Comment se positionner lors de l’intégration d’un agent en
situation de handicap :
doit-on communiquer auprès de l’équipe ?
doit-on parler de sa déficience à l’agent ?
en cas de difficultés, comment agir ?
peut-on "en demander autant" à un agent en situation de
handicap ?
comment savoir ce que l’agent sera en mesure de faire ou
pas ?
43 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Questions (2)
Comment se positionner lors de l’apparition d’un problème
de santé chronique chez un agent ?
peut-on lui en parler ? Si oui dans quelles limites ?
à partir de quel moment s’alarmer ?
comment faire lorsque la situation a une incidence sur tout le
travail de l’équipe (ex. : absences répétées) ?
comment trouver une solution ? Vers qui se tourner ?
l’encadrement est-il légitime pour traiter de la santé des
agents ?
Études de cas
concrets
45 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Atelier A
ÉCUEILS À ÉVITER BONNES PRATIQUES
• "Laisser pourrir" la situation
rupture de parcours violente
quasi-systématique ;
• laisser courir les rumeurs sur l’état de
santé de l’agent ;
• adopter une posture trop bienveillante,
décentrée des obligations
professionnelles ;
• "gérer" la situation seul pendant
longtemps.
• Intervenir précocement ;
• vis-à-vis du collectif : recadrer toute
rumeur ayant trait à la vie personnelle
de l’agent ;
• adopter une posture bienveillante,
mais centrée sur le travail : c’est la
seule clé d’entrée légitime pour
l’encadrant. Cette clé d’entrée permet
de dépasser les attitudes
ambivalentes ;
• contacter le médecin de prévention et
l’interlocuteur RH pour rechercher
collectivement une solution.
46 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Atelier B
ÉCUEILS À ÉVITER BONNES PRATIQUES
• Différencier la fonction de tutorat
"classique" et le tutorat d’un agent en
situation de handicap ;
• confondre tutorat (guidance d’un pair)
et management (attribution de tâches) ;
• sensibiliser l’équipe de façon "déviante"
;
• permettre à une seule personne
d’évaluer les compétences d’un agent
sans réel regard extérieur.
• S’assurer de la compétence des
tuteurs ;
• dissocier la fonction de tutorat et la
fonction de management ;
• sensibiliser l’équipe aux seules
contraintes ayant une incidence sur la
mission. Si aucune contrainte n’a
d’incidence, le dire ;
• s’assurer de l’objectivité de l’évaluation
des compétences.
47 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Atelier C
ÉCUEILS À ÉVITER BONNES PRATIQUES
• Mettre de côté la gestion des
compétences et rester centré sur la
logique de compensation du handicap ;
• laisser une situation de tension
collective s’installer sans intervenir ;
• ne pas être en mesure de justifier une
différence de traitement.
• Prendre en considération l’ensemble
des aspects liés aux compétences et
au parcours professionnel ;
• toujours œuvrer sur deux plans :
l’adéquation des contraintes du poste
et de l’état de santé d’une part et
l’adéquation des compétences avec les
exigences du poste d’autre part ;
• instaurer un dialogue constructif avec
le médecin de prévention afin de
justifier les différences de traitement
(expliquer un aménagement n’équivaut
pas à rompre le secret médical).
48 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Atelier D
ÉCUEILS À ÉVITER BONNES PRATIQUES
• Improviser un aménagement de poste
sans œuvrer de concert avec les
professionnels ressources humaines
(RH )et les professionnels de la santé
au travail ;
• extrapoler une situation de travail
aménagée à partir d’un constat, sans
aucun élément objectif pour concevoir
l’aménagement ;
• ne pas associer l’agent concerné à
l’aménagement de poste ;
• ne pas alerter les professionnels RH
ou les professionnels de la santé au
travail malgré une situation
significativement problématique.
• Alerter le plus précocement possible
les professionnels RH et les
professionnels de la santé au travail ;
• s’entretenir avec l’agent concerné,
toujours à partir de la clé d’entrée des
missions et du travail réalisé ;
• dans le cadre d’un travail
d’aménagement : l’encadrant a pour
rôle de faire respecter la bonne
exécution du travail et l’équité du
collectif. Il n’a pas pour compétences
de savoir quelles taches seront ou non
adaptées à l’état de santé d’un agent.
49 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Compenser le handicap (a)
Objectif :
décrire un métier en terme de "pouvoir-faire" ;
être en mesure de présenter à l’agent la cartographie des contraintes liées à
l’environnement de travail ;
pointer avec l’agent les contraintes risquant de poser problème au regard de son
état de santé ;
mobiliser les compétences nécessaires afin d’envisager des aménagements ciblés
sur les contraintes repérées.
Outils : grille d’appréciation des contraintes
professionnelles
+
analyse du poste
Introduction aux
bonnes pratiques
de compensation
du handicap
51 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Compenser le handicap (b)
Étape 1 : décrire les cycles de travail
Étape 2 : décrire avec précision les tâches élémentaires au sein
de chaque cycle Décrire les tâches de façon concrète et détachée des compétences associées (ex. : parler en
public, porter des ordinateurs, répondre au téléphone, travailler assis sur un ordinateur).
Cycles quotidiens
• Tâches quotidiennes
• concernent souvent le travail effectué individuellement
Cycles hebdomadaires/mensuels
• Tâches cycliques mais non quotidiennes (réunions, tâches de fin de semaine, etc.)
• concernent souvent les tâches de travail collaboratif
Cycles longs
• Tâches exceptionnelles mais nécessaires pour l’exercice du métier à long terme (ex. : Partir en formation)
Cycle de travail : "la plus petite unité de temps au sein de laquelle il y a répétition des tâches"
52 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Compenser le handicap (c)
Étape 3 : décrire avec précision les tâches élémentaires
au sein de chaque cycle Décrire les tâches de façon concrète et détachée des compétences associées (ex. :
parler en Public, porter des ordinateurs, répondre au téléphone, travailler assis sur un
ordinateur)
Étape 4 : associer à l’ensemble des tâches décrites les
contraintes qui les caractérisent à l’aide d’une fiche de
contraintes La cartographie des contraintes doit être construite avec un regard opérationnel le
plus précis possible ;
la cartographie des contraintes sera la trame de l’entretien avec l’agent sur son
état de santé au travail. Ce type d’outil évite de déborder sur des informations
concernant la vie privée de l’agent.
53 Joseph LAHIANI – Conférence «Travail & handicap » - ESENESR, le 13-05-2014
Focus : Les contraintes dites "cognitives" & "relationnelles"
CONTRAINTES
RELATIONNELLES
Travail au contact des usagers /
clients
Communication verbale
Exercice d'une fonction
d'encadrement
Nécessité de cacher ses émotions
Responsabilités importantes
Exposition à des situations de
détresse
Exposition à des situations de
violence
Exposition à des situations
conflictuelles
Partage des outils de travail
Partage de l'espace de travail
CONTRAINTES COGNITIVES
Concentration prolongée
Attention partagée
Demande immédiate
Travail isolé
Autonomie dans le travail
Polyvalence
Exposition à un risque d'accident ou
d'erreur
Rythme de travail soutenu
Mémorisation
Repérage dans l'espace
Repérage dans le temps
Éléments de
conclusion
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