1
1
L’Apartheid En Afrique du Sud
Sommaire :
1. Introduction > Qu’est-‐ce que l’apartheid ?
2. Mise en place du régime de l’apartheid
> Pourquoi la région a-‐t-‐elle attiré les colons blancs ?
> Les colons blanc sont esclavagistes > La guerre des Boers
3. La ségrégation
> Les mesures imposées > Application de l’apartheid
4. La lutte contre l’apartheid
> La communauté internationale réagit lentement
5. Fin de l’apartheid
> Comment ? > L’Afrique du Sud aujourd’hui (la nation
arc-‐en-‐ciel) > La Suisse et l’apartheid
6. Nelson Mandela
Brochure d’information à l’intention des élèves
2
2
Qu’est-‐ce que l’Apartheid ? Le mot « apartheid » signifie « séparation ». C’est une politique de ségrégation raciale1 mise en place par le Parti National en 1948 en Afrique du Sud et qui durera jusqu’en 1991. Il s’agit en effet de séparer autant que possible les différents groupes de population et en particulier les Blancs des Noirs.
1
2. Mise en place du régime de l’apartheid
Pourquoi la région a-‐t-‐elle attiré les colons blancs ? Quand les voiliers ont pu se lancer dans les grandes traversées, dès le XVIe siècle, il fallait qu’ils se ravitaillent en doublant l’Afrique par le cap de Bonne-‐Espérance. Des colons, Hollandais en majorité, se sont installés pour y cultiver la terre et y élever le bétail. A peu près en même temps que les Hollandais colonisaient la région du Cap, les Bantous arrivaient par vagues successives. Ce grand peuple africain, parti du centre du continent, entrait ainsi en concurrence avec les Hollandais. Plus tard, au XIXe siècle, le sous-‐sol de la région a révélé sa richesse en or et en diamants. De nouvelles vagues de colons, surtout d’origine anglaise, se sont installés. Les colons blancs sont esclavagistes Des Noirs habitaient la région bien avant que les Blancs ne viennent s’y fixer. Ils ont été soit réduits en esclavage soit repoussés. Comme il n’y avait pas assez de travailleurs, les Blancs ont aussi capturés des Noirs de l’île voisine de Madagascar et d’Angola. L’esclavage était une pratique courante jusqu’au début du XIXe siècle et il va devenir un problème quand les Anglais, qui ont conquis la région décident, en 1833, de l’interdire. 1 Mots soulignés voir lexique, p.4
2
La guerre des Boers Les Boers, comme on appelait les premiers paysans d’origine hollandaise, ont alors refusé de libérer leurs esclaves. Ils se sont enfoncés à l’intérieur du pays pour y fonder deux Etats, Le Transvaal et l’Etat libre d’Orange, repoussant les habitants Bantous qu’ils affrontaient ou les réduisant en esclavage. On appelle cette migration le Grand Trek. Les Anglais finiront par gagner la guerre contre les Boers et par faire de l’Afrique du Sud une colonie britannique qui a joui très rapidement d’une quasi indépendance. Trois grands groupes vivent dans cette colonie : les Boers, les Anglais et les Noirs, très majoritaires. Des travailleurs indiens, et parmi eux un certain Gandhi, viendront s’établir en Afrique du Sud, formant ainsi un quatrième groupe. Tout le problème vient de la coexistence entre ces groupes. .
1. Introduction L’Afrique du Sud est un grand pays qui pèse lourd en Afrique tant sur le plan économique (le quart des richesses produites sur le continent africain le sont en Afrique du Sud) que sur le plan diplomatique. En plus de cela, elle présente la particularité d’être un Etat multinational qui cherche à faire coexister le plus harmonieusement possible des peuples différents. On parle de la « nation arc-‐en-‐ciel ». Il n’en a pas toujours été ainsi.
3
3 3. La ségrégation
Les mesures imposées Les Noirs et les Métis, qui représentaient plus des deux tiers de la population sont très vite écartés de la vie politique. Le Parti National, qui regroupe les Afrikaners, descendants des colons hollandais, est créé au début du XXe siècle. Il va tout faire pour imposer une ségrégation de plus en plus forte entre les Blancs et les non-‐Blancs. Il réussit par exemple à imposer des mesures de « protection » pour les Blancs. La première, en 1911, interdit les emplois spécialisés aux Noirs. Deux ans plus tard, une loi, la Native Lands Act, réserve 93% des terres aux Blancs. Puis, en 1921, est proclamée une loi qui limite la liberté de mouvement des Noirs. Par réaction, en 1923, est fondé l’African National Congress qui entame une très difficile et longue lutte pour l’égalité de tous les habitants du pays. Nelson Mandela sera membre de l’ANC.
Application de l’apartheid La victoire électorale du Parti National, en 1948, permet de mettre en place une politique systématique d’apartheid. Il faut surtout permettre aux Blancs très minoritaires de dominer le pays. Seuls les Blancs sont en fait citoyens. Les mariages entre personnes de races différentes sont interdits. La liberté d’établissement et de circulation est réservée aux Blancs d’abord. Les Noirs sont obligés d’habiter dans des villes à part qu’ils ne peuvent quitter que munis d’une autorisation. Le droit de se syndiquer n’est donné qu’aux Blancs, les établissements publics, et bien sûr les écoles, sont aussi réservés à l’un ou l’autre groupe. Toute la vie publique devait être organisée pour éviter les échanges. Dans les années 1960, le gouvernement sud-‐africain blanc va plus loin et crée les Bantoustans. Il s’agit d’une dizaine de régions du pays censées devenir des Etats indépendants selon le principe de l’apartheid-‐séparation. Les Noirs sud-‐africains deviennent citoyens de ces « Etats ». Du jour au lendemain, ils sont ainsi transformés en « étrangers » dans leur propre pays. Les Blancs peuvent alors les exploiter et les contrôler encore plus.
4
4 4. La lutte contre l’apartheid L’ANC lutte pour l’égalité dans la clandestinité. Ses membres sont souvent arrêtés et emprisonnés ou exécutés. Nelson Mandela adhère à l’ANC en 1944. Il se lance avec quelques camarades dans la lutte armée en 1961. Il est arrêté par la police en 1962 et condamné en 1964 à la réclusion à vie. Il va ainsi passer vingt-‐sept années de sa vie en prison. En 1976, la mort sous la torture d'un des leaders du mouvement, Steve Biko, renforce la lutte contre l’apartheid. Une partie de la communauté anglophone du pays souhaite un assouplissement voire la fin de l’apartheid qui est difficile à supporter pour les Sud-‐Africains qui sont attachés aux droits de l’Homme. L’indépendance des Etats africains donne également de l’ampleur aux luttes des Noirs sud-‐africains.
La communauté internationale réagit lentement En 1960, A. Luthuli, président de l’ANC emprisonné, se voit décerner le prix Nobel de la paix. C’est un signe que l’apartheid passe de plus en plus mal aux yeux de l’opinion publique internationale. Mais l’Afrique du Sud peut encore compter sur l’appui des États-‐Unis, de la Grande-‐Bretagne et de la France qui la considèrent comme indispensable à la stabilité de l’Afrique.
Lexique :
− Ségrégation raciale : Séparation physique de personnes de couleurs différentes dans les activités qu’elles excercent couramment. − Parti National : Parti politique fondé en 1914 et qui regroupe les Afrikaners. C’est ce parti qui mettra en place le système législatif de l’apartheid. − Bantous : Peuple provenant de différentes régions d’Afrique centrale et regroupé par un ensemble de langues communes. − Bantoustans : Régions réservées aux populations noires durant l’Apartheid et qui jouissaient d’une certaine autonomie. − Boers : Pionniers blancs d’Afrique du Sud d’origine hollandaise et pour la plupart paysans. (Boers = Paysans) − Afrikaners : Sud-‐africain blanc d’origine néerlandaise. Il s’agit donc des descendants des colons hollandais (boers). − ANC : African National Congress (ou Congrès national africain). Parti politique fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la minorité blanche.
A. Luthuli recevant le prix Nobel de la paix
5
5
1
5. Fin de l’apartheid Comment ? En 1983, plusieurs centaines d’associations sud-‐africaines se regroupent dans le Front démocratique uni, dont l’un des porte-‐parole est Mgr Desmond Tutu, archevêque de l’Eglise anglicane. Elles lancent une campagne non violente en vue d’obtenir la suppression de l’apartheid. L'ANC, qui continue sa lutte armée, réussit en 1982 un spectaculaire sabotage contre une centrale atomique. Le gouvernement décrète l'état d'urgence en juillet 1985 et intensifie la répression, ce qui amène plusieurs pays occidentaux, dont les États-‐Unis, à prendre des sanctions économiques contre l'Afrique du Sud et entraîne le départ d'entreprises étrangères. En août 1989, Frederik De Klerk, un membre plutôt éclairé du Parti national, devient Premier ministre. Il prend plusieurs mesures : levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1985, libération des leaders de l'ANC, légalisation de l'ANC. En août 1990, N. Mandela annonce, pour l’ANC, la suspension de la lutte armée. Un gouvernement de transition est mis en place qui convoque des élections. Le taux de participation est de 85% et l’ANC récolte plus de 60% des voix, gagnant ainsi le pouvoir. Les nouveaux élus se mettent, dès 1994, à rédiger une Constitution
2
L’Afrique du Sud aujourd’hui (la nation arc-‐en-‐ciel) Dans les trois objectifs principaux de l’ANC figuraient la construction de la démocratie, la réconciliation et la fin de la misère. Sur le premier point, le succès est impressionnant. La vie démocratique fonctionne. Sur le deuxième point, la réconciliation, les avis sont plus partagés. On ne peut être que respectueux de l’immense travail accompli par la commission Vérité et Réconciliation dirigée par Desmond Tutu. Après avoir entendu les témoignages des victimes de l’apartheid, les coupables obtenaient en principe l’amnistie en échange de leur confession publique. En plus d’obtenir la vérité, on cherchait ainsi à réconcilier les ennemis d’hier. Sur la fin de la misère, le troisième point, les résultats sont moins bons. Le gouvernement avait promis en 1994 de redistribuer le tiers des terres au moins et il ne l’a fait que pour 3% en 2010. Les Blancs tiennent aussi encore solidement les rennes des grandes sociétés et les Noirs sont encore bien souvent bloqués dans les postes inférieurs des entreprises. L’Afrique du Sud a heureusement connu une bonne période de croissance économique. Malgré ces résultats positifs, le pays est très inégalitaire. En 2010, 25% des Noirs gagnent l'équivalent de moins de 80 euros par mois, et seulement 1% d'entre eux plus de 1 500 euros. Ces chiffres sont respectivement de 2% et 23% pour les Blancs. Le problème du SIDA est loin d’être maîtrisé. Les estimations officielles évaluent à près de 5 millions et demi le nombre de Sud-‐Africains séropositifs (2010). F. de Klerk et N. Mandela, 1992
La Suisse et l’apartheid La Suisse condamne moralement l’apartheid mais achète massivement l’or et les diamants sud-‐africains pour les revendre dans le monde. De nombreux spécialistes suisses, attirés par les bons salaires et les postes intéressants, vont travailler en Afrique du Sud. La Suisse a aussi transmis des renseignements pour combattre les opposants à l'apartheid. L'attaché militaire sud-‐africain avait noué des relations avec des politiciens tels Christoph Blocher, alors président du «Groupe de travail Afrique du Sud».
6
6 6. NELSON MANDELA (1918 -‐ 2013)
En 1960, une manifestation de l’ANC et du Congrès panafri-‐cain (PAC) à Sharpeville tourne mal. Les autorités ont tiré sur la foule et tués 69 personnes. Cette journée a ému tout le pays et même les pays étrangers. Malgré cela, l’ANC et le PAC sont interdits par le gouvernement. Mandela décide donc d’abandonner la stratégie non-‐violente de l’ANC et fonde une organisation militaire appelé Umkhonto we Sizwe. Durant deux ans, cette organisation aura pour œuvre d’organiser des sabotages contre des cibles symboliques de l’apartheid (190 attaques armées répertoriées). A noter que Mandela favorise une lutte armée mais qui ne cherche ni à blesser, ni à tuer. Il se fera arrêté avec d’autres leaders du mouvements et seront accusés de complots, sabotages et trahison. Pour tout cela, lui et 7 autres militants sont condamnés à la prison à perpé-‐tuité. Le 2 février 1990, après l’arrivée au pouvoir du nouveau diri-‐geant politique, Frederik de klerk, Nelson Mandela est libéré après 26 ans de détention et l’interdiction de l’ANC est levée. Il devient, en 1991, président de l’ANC et entamera les négo-‐ciations avec Frederik de Klerk qui mettront fin à l’apartheid. Ceci leur vaudra la remise du prix Nobel de la paix en 1993. Un an plus tard, Mandela se présente à la présidence grâce aux premières élections libres de l’histoire de l’Afrique du Sud et est élu président de « la Nation arc-‐en-‐ciel ». Il occu-‐pera cette place durant 5 ans et ne se représentera pas pour un second mandat, âgé alors de 81 ans. Il participera par la suite à de nombreuse œuvres caritatives avant de décider de se retirer de la vie publique du à un cancer. Il décèdera paisi-‐blement dans sa maison le 5 décembre 2013.
“Personne ne naît en haïssant une autre per-‐
sonne à cause de la couleur de sa peau, ou de son pas-‐sé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent ap-‐
prendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturel-‐lement dans le cœur de l’homme que son con-‐
traire.”
Nelson Mandela
Nelson Rolihlahla Mandela naît le 18 Juillet 1918 dans la province du Cap. Après une scola-‐rité standard, il rejoint l’université de Fort Hare pour y étudier le droit. Il y sera renvoyé pour avoir participé à diverses manifestations d’étudiants. Il obtiendra tout de même son di-‐plôme à l’université de Witwatersrand en 1942. Il entre au Congrès national africain (ANC) en 1944 et y prône la résistance non violente. Ils résisteront ainsi au « Parti National » et sa poli-‐tique raciste lors de son arrivée au pouvoir en 1948 ainsi qu’à la mise en place du régime de l’apartheid. Lors d’une résistance pacifique en 1965, Nelson Mandela et 156 autres personnes sont arrêtés et jugés pour trahison, mais seront acquittés 5 ans plus tard.
Top Related