8/15/2019 article De la vague à la tombe, La conquête néolithique de la Méditerranée
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Xavier Gutherz
Guilaine J. (2003) - De la vague à la tombe, La conquête
néolithique de la Méditerranée (8000-2000 avant J.-C.)In: Bulletin de la Société préhistorique française. 2003, tome 100, N. 4. pp. 818-822.
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Gutherz Xavier. Guilaine J. (2003) - De la vague à la tombe, La conquête néolithique de la Méditerranée (8000-2000 avant J.-C.). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 2003, tome 100, N. 4. pp. 818-822.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2003_num_100_4_12923
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_bspf_2640http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2003_num_100_4_12923http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2003_num_100_4_12923http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_bspf_2640
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818
Comptes
rendus
L'ouvrage,
malgré quelques
défauts mineurs (le petit
format rend certaines cartes
peu visibles,
la
hiérarchie
des paragraphes varie
selon
les textes), s'avère d'une
lecture stimulante par la variété et la richesse d'in
formation et de réflexion offerts pour la
Préhistoire
récente.
Les
auteurs s'efforcent
à la
clarté, en
parti
culier par
l'illustration,
et
les
renvois bibliographiques
les
plus
souvent
abondants permettent d'approfondir
chaque
sujet. Bien
que les thèmes abordés,
forcément
limités en
nombre, offrent
un large spectre, on regret
teraue la
métallurgie
du cuivre et du bronze n'ait
pas été traitée, en complément des
parures de
l'Âge
du
Bronze. Du
point de vue
méthodologique, les cas
présentés illustrent clairement que
seules
des études
menées à
une
grande échelle géographique et
chro
nologique
sont à
même
de
mettre
en
évidence des
phénomènes
sociaux
de grande ampleur que sont
les
mouvements de biens, de techniques, d'idées. Sur le
fond,
plusieurs
cas
démontrent
l'importance
des
tran
sformations qui affectent les systèmes de
production,
de diffusion et d'usage des matériaux et des biens au
cours
du temps, et
les probables conséquences
qui
en
découlent dans l'organisation sociale.
Ainsi
aiguillé
vers
une
vision dynamique
des sociétés
anciennes,
le lecteur cherchera à
en apprendre
davantage, et tel
est le but
d'un bon
ouvrage de recherche en
sciences
humaines.
Éric
THIRAULT
Membre
associé
UMR 5594 du
CNRS,
Centre
d'Archéologie préhistorique, 4, place des
Ormeaux,
26000 Valence. Mél :
GUILAINE J . (2003) - De la
vague
à la tombe, La
conquête
néolithique de
la
Méditerranée
(8000-2000
avant
J.-C),
Le Seuil,
375 p., ISBN :
2-02055-388-0,
23
€.
Le dernier ouvrage paru de
Jean Guilaine
porte un
titre qui peut surprendre a priori mais qui
s'éclaire
dès
les premières pages,
celles
de Г avant-propos, car elles
révèlent d'emblée
les
intentions de l'auteur : démont
rer
u
plus simplement
suggérer
à
travers un
choix
judicieux de textes
qui
constituent autant de
courtes
mais
denses
synthèses
thématiques
que
l'histoire
des
civilisations méditerranéennes
ne
commence
pas
à
Sumer ,
c'est-à-dire
avec
l'usage
de l'écriture
comme
on
l'entend
encore trop
souvent,
mais qu'elle s'enra
cinerofondément dans le monde du
Néolithique.
Ce
n'est pas la première fois que J.
Guilaine avance
un
certain
nombre d'arguments forts
pour asseoir
cette
démonstration, fruit
d'une
profonde conviction
qu'il
porte depuis
de
nombreuses années.
L'une
des phrases
de
l'épilogue,
après que chaque
chapitre
de l'ouvrage
a apporté sa pierre à la démonstration de
cette
thèse
n'est
elle
pas à
propos
de
la
construction
des
identi
tés
ulturelles insulaires Les
peuples sont déjà
en
élaboration
dans la
longue
durée néolithique .
Ces
propos aux accents
braudéliens
pourraient à eux
seuls
résumer le sens de l'ouvrage qui prolonge et appro
fondit
la
réflexion
historique déjà à l'œuvre
dans
La
mer partagée.
Celui-ci a été composé en réunissant une quinzaine de
textes qui sont ceux de
communications
ou conférences
inaugurales
prononcées à
diverses
occasions
ou
encore
de contributions à des ouvrages
collectifs
publiés à
l'étranger et du
remodelage
de
quelques articles publiés
dans
des revues
françaises de vulgarisation
scientifique.
La plupart de ces textes,
souvent
peu connus en France,
ont subi quelques
modifications
soit pour
y
intégrer
des données
acquises
après coup, soit
pour mieux
les
adapter à l'esprit et à la logique de l'ouvrage.
Malgré
la
difficulté de l'exercice editorial, il faut
bien admettre,
d'une façon générale,
qu'à
de rares exceptions près
(les
hypogées d'Arles, les tombes prémégalithiques),
les
passages
redondants
sont évités.
La
vague
c'est
donc le processus
de transmission
vers
l'Occident
de
l'économie
de
production,
mais
lamétaphore n'est peut-être pas la mieux choisie. En
effet, à travers
les
5
premiers
chapitres
réunis dans
une première partie intitulée La
vague
: éclosions,
diffusions, perspectives,
Jean
Guilaine,
s' appuyant
sur les travaux les plus récents, propose
une
vision
très nuancée de la révolution néolithique . Il
ne
re
vient pas tant
sur
le
fond
car ce
qu'elle
a
apporté
fut
tellement décisif pour l'histoire des
sociétés
humaines
qu'on ne saurait en réduire l'impact, mais met da
vantage l'accent sur
les
rythmes de
diffusion, les
ré
sistances
les décalages techno-économiques, mais
aussi les recompositions , un concept sur
lequel
nous
reviendrons plus
loin. Entre la vague déferlante qui fait
le
vide
et
refonde
tout
sur
son
passage
selon
une
vi
sion
traditionnelle
issue
du
puissant courant de pensée
diffusionniste voire néodiffusionniste et
une
réalité
beaucoup
plus
complexe
que nous
laisse
entrevoir
aujourd'hui les progrès récents des connaissances,
il
y
a presque un abîme.
Par
petites
touches
ou par
grandes envolées,
avec force exemples puisés dans le
grand
champ fertile d'informations qu'il est le
seul
aujourd'hui dans la
recherche
européenne à si
bien
maîtriser, Guilaine nous entraîne du berceau proche-
oriental aux grandes îles de la Méditerranée, ces l
bor toires
de culture selon l'une de ses expressions
favorites,
puis vers
les
péninsules Italienne et
Ibérique
et
enfin
dans
la France
du
Sud
et
sa
périphérie.
Le premier
chapitre
de cette première partie
est
consa
cré
une révision
en
profondeur du concept de
révo
lution néolithique.
Guilaine revient sur
des notions
déjà exprimées
par
ailleurs
mais
peut-être jamais con
centrées et articulées dans un seul texte
comme
c'est
le
cas
ici : rappel du rôle des derniers
chasseurs-col
lecteurs
ans
le
processus
de
néolithisation.
Ce sont
eux qui ont inventé la
vie
sédentaire,
pas les
paysans
qu'ils sont ensuite
devenus.
Comment
le
monde
est-il devenu en
divers endroits et
de façon indépendante un monde agropastoral? C'est
l'objet
d'un
survol des
principales
théories de la néo
lithisation
théories
matérialistes,
accordant
un
rôle
moteur
au
progrès économique,
ou culturelles insis
tant
plutôt sur le facteur social et idéologique : depuis
Childe
et sa thèse
climatique ,
la
théorie
des oasis,
Bulletin
de
la
Société
préhistorique
française
2003, tome
100,
n°
4,
p. 811-829
8/15/2019 article De la vague à la tombe, La conquête néolithique de la Méditerranée
3/6
Comptes
rendus 819
aujourd'hui abandonnée,
en
passant par
Braidwood
et
la théorie nucléaire
, Binford
et la théorie des zones
marginales
enfin Cauvin
qui
n'est pas cité
mais
dont
les hypothèses psychiques
sont
évoquées.
Le chapitre
s'interroge
aussi sur
les
centres primaires
de
néolithisation
:
où se
situent-ils,
qu'est-ce
qui
fut
domestiqué
dans
chacun
d'entre eux
et
quand?
Gui-
laine fait ici un bref mais utile point des connaissances
et
des incertitudes actuelles.
S 'agissant
du
réexamen des hypothèses
sur une
agri
culture extensive et itinérante dans le système rabane
ou
a contrario une
agriculture plus stable avec p
rmanence des établissements, J.
Guilaine
expose mais
ne
tranche pas. Sur la
question
de la genèse des
pouv
oirs, l'auteur prend
nettement parti
pour
une
précoc
ité
'apparition des dénivellements sociaux, peut-
être même dans les dernières sociétés préagricoles
d'Orient
ou d'Occident, idée qui
fait
aujourd'hui son
chemin, même si elle ne
plaît
pas à tous, en particulier
aux gardiens
du
dogme
de
l'égalitarisme
néolithique.
Rompant avec sa traditionnelle prudence, voire avec
sa
réticence à s'adonner à la spéculation, J. Gui-
laine suggère une cause
possible
au développement
du
processus de
néolithisation,
celle
d'une
sorte d'en
grenage
de
l'accélération
du
pouvoir favorisé par
la
sédentarisation qui
oblige à la mise en place
d'un
communautarisme et à la gestion de réseaux de rela
tions
intra-
et intercommunautaires.
Le
chapitre
consacré à la
néolithisation de
Chypre
s'appuie
sur
l'apport des fouilles
de
Shillourokambos
que J.
Guilaine
et son équipe ont
entreprises
en
1994.
Ce
qu'a
apporté cette
fouille
par
rapport
au modèle
Khirokitia ,
le seul
bien
documenté
jusqu'alors,
c'est
d'abord
la preuve de l'introduction sur l'île
d'un Néol
ithique
de type
PPNB ancien vers
8500 av. J.-C. L'oc
cupation du village
se poursuit
ensuite sur près de
1200 ans.
Des
animaux domesticables ont été
in
troduits
sur l'île par transport maritime (il n'y a
pas
d'autre
possibilité) mais pour
le bœuf
et
les caprins
à un stade d'évolution morphologique où ils ne pos
sèdent pas encore les critères d'espèces totalement
domestiques, alors que
paradoxalement
le porc a
déjà
subi
de notables
transformations.
En outre, ces
colons
ont
introduit
un
animal
sauvage, le daim.
Les
céréales
apparaissent dès le
début de la séquence.
L'exemple
de
Shillourokambos
vient
illustrer
un
cas
de
figure
typiquement
insulaire : conquête
par
des gens venus
du
continent avec leur mode de
vie,
puis assez rapidement
construction d'une culture propre qui
se démarque
de
celle des origines.
Pour avancer encore
avec l'auteur dans la
compréhens
ion
e la diffusion du Néolithique, arrêtons-nous un
instant
au chapitre suivant.
C'est un des chapitres clés
de l'ouvrage. J. Guilaine
y
expose sa
propre
hypothèse
sur la diffusion de l'agriculture
en
Europe, hypothèse
qu'il qualifie
d'arythmique .
On part
donc
de la théo
rie e la vague d'avancée d'Ammerman et Cavalli-
Sforza
qui calculèrent sur la base de datations
absolues
non
calibrées une
progression
du
front
pionnier
de
1
km par an soit
une
durée
de
4 000
ans pour
atteindre
l'Occident depuis le
point
de départ proche-oriental.
Guilaine
ne
reprend
pas
la totalité de la théorie pour
la discuter. Il laisse de côté
les
aspects
génétiques, les
plus
contestables,
ou
encore la question
de
la
propa
gation
des langues indo-européennes un temps mise
en
avant par Renfrew. En
revanche, d'un
point de vue
strictement
archéologique, il rappelle la grande varia
bilité
des
expressions culturelles
du premier
Néoli
thique qui s'explique en grande partie
selon
lui par
l'adaptation à des
environnements
différents
les
uns
des autres
(un
point de
vue qui
personnellement me
séduit mais
qui
en irritera d'autres). Ces adaptations
ont entraîné
des
recompositions plus ou
moins
lentes qui ont perturbé
le rythme
de
progression
de
l'agropastoralisme. Avec des datations désormais ca
librées
et de plus
en
plus nombreuses,
on
peut arriver
à cerner
en
partie
les
rythmes
en
question. En partie
seulement, car
comme on le
sait
rien n'est encore
bien
fixé pour les pôles anciens des premiers complexes
néolithiques
de l'Europe.
Cependant,
avec toutes
les
marges
d'incertitude qui
persistent, Guilaine identifie
des
pauses
et
des
accélérations
dans
la
diffusion.
Au
cours des pauses
se
sont produites des mutations cultu
relles,
des recompositions. Une carte
(p. 107)
permet
de
visualiser
ce
modèle.
Le
bloc initial
PPNB com
mence à muter
en
Anatolie après 7800. De
là,
s'opère
la construction du Néolithique égéo-balkanique qui
sera lente
à venir
(entre
1
500 et 2 000 ans depuis
le
point de départ proche-oriental). Une
seconde pause
se
dessine
en
Grèce occidentale d'où sera issu le comp
lexe à
céramique
imprimée adriatique
peu
avant
6000.
Plus au nord,
le
complexe
Starcevo
donnera naissance
au courant rabane entre 6000 et
5500.
A contrario, les rythmes
de
diffusion/recomposition
des
rives de
la
Méditerranée
jusqu'aux
rivages
portu
gais eront plus rapides. Il n'y a que 700 ans d'écart
environ entre le Néolithique à
céramique
imprimée
adriatique
et
le
plus
ancien
Néolithique portugais.
En
revanche, la diffusion à l'intérieur des terres fut plus
laborieuse (Épicardial
de l'Espagne centrale,
Péri-
et
Épicardial
au-delà de
la
sphère
méditerranéenne
en
France).
Pour le courant continental, le
processus
d'arythmie
est
sensible, selon Guilaine, à l'interface
Balkans/Europe centrale. En effet, pour s'adapter au
contexte environnemental de l'Europe tempérée, le
système
néolithique
méditerranéen a dû
se
recompos
rt
le démarrage
du
courant rabane
qui
lui repren
dra
n rythme
rapide
de
progression
ne
date
que
de
5700/5500.
Dans
le chapitre
suivant
qui reprend le texte d'une
conférence
prononcée
lors
d'un
colloque
à la mémoire
de Bernabo Brea, le fouilleur de la grotte des Arène
Candide, J.
Guilaine
nous propose une vision rétros
pective
sur la construction de la stratigraphie
générale
du
Néolithique
méditerranéen,
l'époque des chronolog
i sourtes et les impasses auxquelles elle
conduisait.
Mais en
fait, la
deuxième partie
de
cette
conférence
ne
fait que prolonger le propos
du chapitre
précédent en
explicitant ce
processus
de recomposition des fon
damentaux , comme
on
dit aujourd'hui, dans
l'aire
de
diffusion
du
Néolithique
méditerranéen.
On
en
retiendra
principalement
deux
points
forts :
d'abord
le tableau des corrélations chronoculturelles proposé
p. 124-125 du Levant-sud au Portugal pour son côté
Bulletin de
la
Société préhistoriquefrançaise 2003,
tome
100, n° 4, p. 811-829
8/15/2019 article De la vague à la tombe, La conquête néolithique de la Méditerranée
4/6
820 Comptes rendus
synthétique
et pour sa
facilité de lecture, les cultures
archéologiques
étant regroupées ici, à la façon de
Brea,
en
systèmes producteurs sur
des critères
cér
amiques (techniques
décoratives) ; ensuite, la
notion
de
dérive.
J.
Guilaine
écrit (p. 131) le
Néolithique
est
une dérive ,
ce
qui
veut
dire
que
depuis
le
berceau
proche-oriental jusqu'à
l'Occident,
les divergences
im
portan tes que l'on peut constater tant dans
les
cultures
matérielles que dans les formes de l'habitat ou les
productions symboliques, voire dans
les modes
de
production
(ce
qui
est
plus difficile pour
le moment
à démontrer), montrent que les systèmes de valeur
ont
changé, se
sont
recomposés
à
plusieurs
reprises
d'où ressort d'un regard
d'ensemble
sur le premier
Néolithique cet
effet
de mosaïque aux couleurs chan
geantes qui était
déjà inscrit en
toile du fond dans
La
mer partagée.
Dans
le
chapitre
suivant,
premiers paysans de
la Médi
terranée
occidentale,
il
s'agit
de
revenir
sur
la genèse
du
Néolithique
en
Méditerranée
de
l'Ouest
en
faisant
le
point sur
ce que
l'on sait aujourd'hui du
poids des
substrats
mésolithiques
- un débat d'actualité - et la
nature des liens avec le
relais
le plus
proche
de la
néo-
lithisation, l'Italie
péninsulaire.
S 'agissant du premier
point, ce n'est pas
une nouveauté
que de
constater
qu'il
n'y a nulle part de filiation avérée entre
les
systèmes
techniques lithiques
des Mésolithiques sud-occidentaux
et
du
Cardial que ce
soit
sur
le
continent comme sur
les îles. Mais à vrai
dire,
on souffre ici de
telles
lacunes
documentaires
qu'il est encore
trop
tôt
pour proposer
un
ou
des
modèles.
En outre, ce texte nous
rappelle
la
complexité
des genèses
locales,
souvent multiformes.
L'origine
même
du
complexe
cardial
franco-canta-
brique est
loin d'être
comprise. Ainsi l'exemple
du
Sud de la
France
avec ses trois pôles que les insuff
isances
de la chronologie absolue ne permettent
pas
encore
de
caler
avec
certitude
dans le temps :
pôle
d'origine italique
(sites de
Portiragnes) dont
on ne
perçoit
ni le
rôle
ni le
devenir,
pôle
cardial,
pôle
péri
phérique
au cardial,
celui des populations
de chasseurs-
cueilleurs de l'intérieur,
néolithisées
par acculturation
(céramiques péricardiales).
Viennent
ensuite deux
chapitres
qui
auraient
pu, du
moins pour le
second,
être
placés
dans la deuxième
partie de l'ouvrage.
Dans
ces chapitres en effet, J. Gui-
laine embrasse
pour
la
première
fois
dans cet
ouvrage
la totalité des temps
néolithiques
et
aborde
une ques
tion qui servira
de
trame
à la
seconde
partie
du
livre :
celle
des mégalithismes, de
leur genèse
en
Europe et
de leur
signification
culturelle et sociale.
L'avant-dernier
chapitre de la première
partie s'intitule
la
Méditerranée
et l'Europe au Néolithique,
espaces
géoculturels.
C'est le texte d'une
communication
pré
sentée à
Budapest
dans un colloque
en
hommage à
Fernand Braudel
et
on ne
sera
pas surpris
de
la d
imension
géoculturelle qui
est
envisagée ici.
Dans
le
drame en trois actes qui est proposé
pour
l'organisa
tione l'exposé,
Guilaine
brosse à
grands
traits,
dans
une synthèse courte
mais
magistrale,
la géopoUtique
de
l'Europe néolithique. Issus d'un ancêtre commun, les
deux mondes
agropastoraux méditerranéen
et conti
nental ont
souvent
été considérés comme
deux
espaces
culturels opposés. L'auteur essaye de relativiser ce
point de
vue
en rappelant que les données actuelles
permettent d'introduire
une
certaine dose de
coloni
sation
dans la
diffusion
du
Néolithique
en Méditer
ranéee
l'Ouest
et a contrario de considérer que
les
danubiens ont sans doute dû composer avec des
populations de chasseurs-cueilleurs
rencontrés
sur
leur
long itinéraire
européen.
Ces
chasseurs-cueilleurs
possédaient peut-être déjà l'usage de la
céramique,
du
moins
si l'on
interprète
de
cette
façon la
question
énigmatique de la Hoguette
et du Limbourg.
C'est
donc
une Europe
tripartite que
dessine
J. Guilaine
dans ce texte : première Europe, celle des vrais pre
miers paysans,
soit
des Balkans au Rhin, pour le
Nord
et
de l'Egée à l'Italie péninsulaire, pour le
Sud.
La
deuxième Europe, celle où l'on a dû
composer
avec le
poids des traditions
locales
est
celle du
Sud-Ouest.
La
maturation
culturelle y fut
plus lente.
Enfin, la tro
isième
Europe,
celle
des résistances mésolithiques
plus
marquées, se
trouve
à la
périphérie
des précédentes,
de
la Bretagne à la Baltique
et
à
l'Ukraine,
univers
de l'économie de prédation littorale ou forestière. Le
deuxième acte, celui de la deuxième
recomposition
entre 5000
et
3500
ans av. notre
ère
met
en
scène
une
nouvelle
géométrie continentale
qui
partage en
gros l'Europe en
deux
pôles, l'un à l'Ouest, celui
du premier
mégalithisme, l'autre à
l'Est, celui de la
métallurgie
précoce
(Balkans).
Pendant
ce
temps, la
Méditerranée vivrait
sa propre
histoire. Mégalithisme
atlantique et métallurgie du cuivre
balkanique
pour
raient être
les
symptômes d'une
première émergence
des élites
sociales,
sans que la genèse du
processus
soit
très
claire.
Le IIIe millénaire,
acte
III,
voit
se développer un cer
tain
nombre
d'avancées techniques comme
l'araire
mais aussi la roue qui avec la domestication du cheval
facilitèrent les transports terrestres. Guilaine
met
ces
avancées
en
relation avec
l'intensification
des
con
tacts
culturels
sur
de
vastes
zones de l'Europe. Le
IIP millénaire, c'est celui du complexe cordé et sur
tout
du
phénomène campaniforme
qui
représente
le
plus large consensus d'intégration des communautés
ouest-européennes de la
fin
de la
Préhistoire .
La carte
(fig.
4, p. 174) de l'Europe à la fin du IIP
millénaire
illustre bien ce
redécoupage
en
grands complexes
qui
d'ailleurs
ne
freinent
pas,
bien
au
contraire,
les
cou
rants de diffusion de
produits
manufacturés sur de
grandes
distance.
Ce
n'est
en fin de
compte
qu'au
IIe
millénaire
qu'avec
la tentative d'expansion de la
culture mycénienne en Méditerranée
se
reconstituera
d'une certaine
façon le vieux clivage
Sud-Nord qui
était apparu avec la partition Cardial-Rubané, puis
s'était quelque
peu
dissous
dans
les recompositions
des IVe et
IIIe
millénaires.
C'est à partir
du chapitre suivant,
la Méditerranée
et l'Atlantique au fil du Néolithique, qu'est
visité
le
monde des mégalithes et plus largement celui des
tombes néolithiques de Méditerranée, creusées ou bâ
ties,
tombes
qui
sont
l'un
des
reflets
de
la
société des
vivants.
Dans
ce premier chapitre, il est établi
une
confrontation entre
les
données atlantiques et
méditer
ranéennes au sujet de la genèse
et du
développement
Bulletin de la
Société
préhistorique française 2003, tome 100, n°
4,
p. 811-829
8/15/2019 article De la vague à la tombe, La conquête néolithique de la Méditerranée
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Comptes rendus
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du
mégalithisme funéraire. En
poussant parfois
un
peu loin la schématisation,
Guilaine parvient
à nous
entraîner sur la
voie d'un
parallélisme
qu'on
aurait
peut-être pas
soupçonné.
C'est sans doute là un des
chapitres
qui
devrait
susciter
le
plus
de
discussions,
mais
reprochera-t-on
à
l'auteur,
plus
habitué
à
rester
en
retrait
des
modèles
explicatifs,
de
s'exposer
ici
plus que de coutume
?
Dans ce
chapitre
plus axé
sur
les inégalités sociales
qui
transparaissent à
travers
l'analyse des architectures et des mobiliers des
sépul
tures protomégalithiques , le
parallélisme
entre la
Sardaigne, le Sud de la France et la
Catalogne servira
de
fil
conducteur :
mobilier exceptionnel
des tombes
d'Arzachena
en
Sardaigne que Guilaine tend à
vieillir,
non
sans arguments,
au début du
Néolithique
moyen,
objets de prestige du Sud de la
France
(anneaux-dis
qu su longues haches
en
roche verte), tombe de
Pauilhac dans
le Gers, coffres
du
Néolithique
moyen
du Languedoc
occidental
et
des Pyrénées,
caissons
ca
talans
à
mobilier
particulier,
tombes
almériennes.
Tous
ces monuments, datés du Ve millénaire, contiennent
des mobiliers de distinction souvent
en
rapport avec
la
chasse, une
activité secondaire mais à forte charge
symbolique (valorisation de l'homme). Il apparaît aussi
dans certains
cas des figurations
anthropomorphes.
À cela s'ajoute les traits architecturaux : coffres fermés
souvent
recouverts
d'un
tertre, enterrés ou subaériens,
sépultures
uniques
ou
multiples (petit
nombre
d'indi
vidus).
Avec
l'inévitable
chapitre sur les temples de Malte,
reprise
d'un article
publié dans
La
Recherche, J.
Gui
laine
poursuit son
examen
des
situations
insulaires.
Ici,
Malte
est un
exemple
intéressant
puisque
situé
à la
charnière
des deux
Méditerranées.
J.
Guilaine n'aura
pas
de
mal, à la
suite de
ses prédécesseurs, à rejeter
définitivement les explications diffusionnistes balayées
par
la
calibration et
à développer l'interprétation auto-
chtoniste. Ce
chapitre
offre avant tout l'avantage
de
livrer au lecteur une
description
vivante et
bien
tournée
des
différents
monuments de
l'île,
temples
et hypogées,
dans un cadre chronoculturel
bien
fixé. Il n'apprend
par
ailleurs rien de nouveau, mais on a déjà tellement
écrit à ce sujet...
Revenant sur
le parallélisme déjà établi
entre la
Sar
daigne la
Catalogne
et le Midi de la France, dans
la
reprise
d'un
article
publié
en
Angleterre
dans
un
ouvrage
de mélanges consacrés à l'archéologie sarde,
J.
Guilaine
poursuit
après Malte son exploration du
monumentalisme funéraire méditerranéen. Les pre
mières tombes à couloir et à chambre
circulaire
ou
polygonale apparaissent en Sardaigne
autour
de
4000
cal ВС. Dans le Midi
de
la
France,
rien
de
comparable
à
une
date aussi haute, mais en Catalogne, J. Tarrus
a
pu fouiller et dater
quelques monuments à
couloir
sensiblement aussi anciens. Les dolmens larges à plan
rectangulaire forment un
autre
type qui peut trouver
des
convergences
d'un point à
l'autre
(Sardaigne, Ca
talogne, Aude,
Provence) mais
on les
date du
Néoli
thique
final vers
3200-2900
cal
ВС.
Dans
la
suite
de
l'exposé,
l'auteur
revient
sur
la
catégorie des
coffres
du
Néolithique
moyen
déjà décrits
dans
le précédent
chapitre. C'est là un des inconvénients
de l'ouvrage
que
de
trouver à plusieurs reprises des redites qui
au
moment où
elles
étaient écrites ou
prononcées
à l'oc
casion de colloques n'en étaient
pas
mais le sont deve
nues
par la
juxtaposition
de
ces
textes. C'est d'ailleurs
le cas
pour
la
fin
de ce
chapitre
où
l'on
évoque les hy
pogées
d'Arles
qui
feront
l'objet
de
nouveaux
dévelop
pements
dans
le
chapitre
qui
suit.
Celui-ci
est en
effet
consacré aux hypogées
de la
France
méditerranéenne.
C'est une
belle synthèse
des
connaissances
actuelles
qui
doit
beaucoup aux fouilles de ces trente dernières
années en
Languedoc
comme en Provence.
Avec la
Corse
puis Majorque, les deux chapitres sui
vants permettent
l'achèvement du tour d'horizon des
laboratoires insulaires,
ces
tremplins
de civil
isation pour reprendre la formule de Pia Lavozza-
Zambotti citée par
Guilaine qui
parfait
ici son examen
des
processus
culturels à l'œuvre
en domaine
insulaire.
Avec la Corse, la
reprise
de la préface accordée à un
ouvrage récent d'auteurs
locaux,
ouvrage
qui suscita
quelques
critiques,
permet
de
mettre
en
scène au
fil du
temps
les
rapports plus ou
moins
étroits ou distendus
avec la Sardaigne. Ces
relations
sont évidentes pour la
phase ancienne du Néolithique mais très tôt au
Néol
ithique moyen,
les
évolutions culturelles
ne
sont plus
totalement
superposables
d'une île
à l'autre.
Le court texte sur Majorque, préface d'un
ouvrage
de
V. Guerrero
Ayuso,
publié
en 1997, repose
l'une des
questions centrales : les
spécificités
insulaires existent-
elles? Diffusion et autochtonie
sont-elles
les deux
composantes incontournables des cultures insulaires ?
C'est une interrogation et
sans
aucun doute une
con
viction désormais acquise pour J.
Guilaine.
Avec les
Baléares,
le constat est le
même
qu'ailleurs.
Après
un
premier peuplement venu du continent
à la
fin du
Paléolithique,
comme en
Corse et
en Sardaigne,
l ap
parition de l'agriculture et de l'élevage
est
due à un
processus
de
colonisation
venu sans aucun doute ici de
la proche
Catalogne.
Les contacts
avec
le
continent
se
maintiendront (faciès local du Campaniforme
d'affinité
pyrénéenne).
C'est au début du IIe
millénaire
que la
dynamique
locale s'affirmera fortement, notamment à
travers l'architecture, avec la
culture
prétalayotique.
Puis avec
les
talayots,
autre
spécificité insulaire vers
le milieu du IIe millénaire, s'affirme sans doute
une
société plus
pyramidale,
à l'image d'autres puissances
méditerranéennes contemporaines,
comme la
culture
nouragique
en
Sardaigne, qui jouent un rôle dans
les
circuits
d'échange
de
produits
métallurgiques
entre
Méditerranée et monde atlantique.
Le dernier texte
avant
l'épilogue est
la
reprise,
un peu
écourtée, de l'exposé inaugural du 2e colloque de Saint-
Pons (Hérault)
sur
la
statuaire mégalithique,
publié
dans les actes. Ici, l'auteur
s'attache
à la
signification
des statues-menhirs, miroirs du fonctionnement des
sociétés qui
les
ont produites. Il
y
voit
des person
nages eprésentant
des
ancêtres
statufiés devenus
personnages
mythiques . Il
y
voit
aussi le
reflet d'une
certaine conception
néolithique
de
la
division
sexuelle,
sensible à
travers
les paradigmes qui
s'attachent
à
chaque
sexe
:
sphère
du
commandement
et
de
la
force
(métallurgie,
armes, chasse
et guerre) pour
les
hommes,
sphère de la reproduction et du
naturel
(seins,
féminité
Bulletin de la
Société
préhistorique française 2003, tome 100, n°
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811-829
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Comptes
rendus
affirmée) pour les représentations féminines.
Quant
aux
origines de cet
art, il
la voit dans
ce mouvement
plus
général
en Occident,
qui
depuis les stèles armori
cainesdu Ve millénaire, en passant par
les
stèles sardes
d'Arzachena ou celles de Catalogne, a forgé la plus
ancienne
statuaire
anthropomorphe européenne. Gui-
laine
trouve
ici
une nouvelle
occasion
pour
évoquer
en quelques mots une
vision du monde
néolithique
su-
doccidental
qui lui est chère
et qui
transparaît à chaque
moment
de
cet ouvrage. Avec les
statues-menhirs,
on
peut illustrer cette évolution des rapports
sociaux
vers
une hiérarchisation
fondée
sur le
poids
particulier de
certains
groupes peut-être familiaux, qui, garants de
la tradition,
imposent
aussi leur pouvoir à
travers
un
certain
nombre
de signes symboliques
(statues,
objets
de prestige) ou de
lieux
de mémoire (les
caveaux
fu
néraires .
En fin de compte, bien que ces textes aient été élaborés
dans
des circonstances très
diverses, répondant pour
chacun
d'entre
eux à une
commande
particulière,
la cohérence
qui
les unit, rappelée dans
l'épilogue,
est
assurée
par deux fils
conducteurs
: le premier
est
celui
de
la référence
constante
aux rythmes
de
la diffusion
du Néolithique. Le Néolithique méditerranéen depuis
son
apparition
au Proche-Orient jusqu'à son
év
loppement
occidental s'est
diffusé
selon des rythmes
changeants
et même dans
les
lieux où la néolithisa-
tion a été très précoce et rapide,
comme
Chypre, des
phases
de
stagnation
sont
vite apparues. Les îles
de
la
Méditerranée
occidentale
ont toutes accédé au stade
néolithique par
colonisation,
mais loin de connaître dès
lors
un développement homogène, elles
ont
construit
chacune
leur
propre
identité
culturelle,
même
lors
qu elles étaient voisines comme la Corse et la Sar-
daigne et malgré le développement de la navigation
qui
les mettait en
contact constant
les unes avec les
autres et
bien
sûr avec le Continent.
Le second fil
conducteur
est celui
de l'analyse du
déve
loppement
du Néolithique
à
partir de l'évolution de
trois
marqueurs , les tombes, les sanctuaires, les
statues. Les premières indiquent très tôt l'existence
d'un
pyramidage social
et Guilaine penche clairement
pour cette
nouvelle
vision du Néolithique
qui
tranche
avec la conception évolutionniste quelque peu dogmat
ique ui avait
cours
jusqu'ici.
Les seconds, souvent
peu
distincts
des premières,
sont
le
reflet
de
cultes
des ancêtres
qui se
pratiquent dans
l'univers
chtonien
ou encore
lorsque
comme à Malte, ces sanctuaires
deviennent aériens,
leur
fonction
religieuse pourrait
être de
perpétuer
le culte
du principe
de vie, l'image de
la femme servant alors de support symbolique. On re
trouve
avec
les
statues-menhirs
la partition universelle
entre le masculin et le féminin, puissance physique,
guerre et pouvoir d'un côté, fonction
biologique
de
reproduction
de l'autre.
Ainsi,
cet
ouvrage,
dans le prolongement
de
La mer
partagée,
est
un nouveau plaidoyer de l'auteur en fa
veur
d'un enracinement profond de l'Histoire dans
les
temps
néolithiques,
c'est-à-dire
bien avant le év
loppement
de
l'écriture
et
des systèmes
étatiques. Il
constitue aussi, nous semble-t-il, un magistral bilan
d'étape
pour
une recherche en perpétuel
devenir
et dont J.
Guilaine
restera l'un des plus brillants
maillons.
Xavier GUTHERZ
DAVIDH.
(2001) -
Paléoanthropologie
et pratiques
funéraires
en Corse, du M ésolithique à l'Âge du Fer,
British
Archeological
Reports
(BAR), International
Series
928,
148 p.,
6
pi. hors-texte, ISBN 1-84171-
222-1, 30 £.
Au regard de l'état lacunaire et disparate de la do
cumentation
le sujet abordé par Hélène
David
peut
sembler
ingrat;
il est
pourtant fondamental dès lors
qu'il s'agit d'un milieu insulaire dont on aimerait
comprendre les
modalités de la ou des colonisations
anciennes. L'auteur
nous fournit
une étude
précise
et,
fait
plus
rare,
totalement
dégagée
d'hypothèses
interprétatives péremptoires. Le travail
est
sérieux,
offrant aux lecteurs un bilan sans concession et une
approche synthétique des premiers
peuplements
de
la Corse et
des quelques pratiques
funéraires
pré-
et
protohistoriques qui peuvent
être
mises
en évidence
sur
l'île.
La structure même de
l'ouvrage
montre toute la
rigueur
de l'auteur : l'énoncé est logique, l'articulation
des chapitres claire, le discours établi sous une
plume
bien maîtrisée.
Deux
brefs chapitres permettent de
planter
le décor
(contextes
environnemental et archéologique), ainsi
que les
méthodes plus
strictement
paléoanthropolo
giqu s
tilisées.
Les
travaux antérieurs
(qui
concernent
une
dizaine
de
gisements)
sont
également
présentés.
Le
corps même de
l'étude est
consacré à l'analyse de
dix-sept séries d'ossements humains pré- ou protohis
toriques dont l'approche paléontologique
est
restée
largement inédite jusqu'à présent. Enfin,
une
dernière
partie
propose un travail comparatif,
tant
au niveau
des pratiques funéraires qu'à celui de l'anthropologie
physique, entre les différents gisements corses ou entre
ces derniers et la documentation provenant de Sar-
daigne,
autre
milieu insulaire qu'on ne peut
ignorer
en
traitant de la Préhistoire de l'île de Beauté.
La
relative indigence de la conclusion
est
très larg
ement
imputable
à la qualité
du corpus
à
disposition.
Trois
gisements
seulement
contenant des restes
hu
mains mésolithiques, moins
d'une dizaine de
sépul
tures
pour l'ensemble du Néolithique
(on rappellera
d'ailleurs
l'absence totale de vestiges à
l'intérieur
des
caveaux mégalithiques),
sept tombes connues pour le
Chalcolithique et
l'Âge
du
Bronze, moins
du double
pour l'Âge du Fer... pour
l'heure,
la
Corse n'a
fourni
que peu
d'éléments
permettant une reconstitution de
son peuplement ancien sous l'angle de
Г anatomie,
de l'état
sanitaire des
populations ou du traitement
des morts. Au
crédit d'Hélène
David,
on reconnaîtra
Г
à-propos de son étude : sans
esquiver les
carences do
cumentaires
l'auteur
ne
s'y
est pas
non plus appesanti,
abordant positivement
les
éléments
à sa
disposition.
L'usage exclusif
d'une
chronologie conventionnelle
(dates
BP non
calibrées)
est
cependant
à
regretter,
Bulletin de
la
Société préhistoriquefrançaise
2003, tome
100, n° 4, p. 811-829
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