AIDE PERSONNALISÉE A L’ECOLE MATERNELLE
ACCOMPAGNEMENT DES DIFFICULTÉS LANGAGIÈRES
Circonscription de Schoelcher
13 novembre 2010
PASSER DE LA PHRASE SIMPLE
A LA PHRASE COMPLEXE
« Si la maternelle n'apprend pas à parler avec aisance aux enfants les plus défavorisés, ils ont très peu de chance de réussir leur scolarité, à peu près aucune d'occuper un jour leur juste place dans ce monde. S'ils ont le langage qui permet de se faire entendre, nul doute qu'ils se fassent aisément leur place au soleil ! »
Philippe Boisseau
DES REPÈRES RELATIFS AU DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE CHEZ L’ENFANTAGES REPÈRES DE DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE
18 MOIS/3 ANS Période d’acquisition rapide dans laquelle les noms
précédent les autres catégories (verbes, adjectifs, adverbes)Environ 300 mots vers 2ans et 500 vers 30 moisEntre 18 et 24 mois, combinaison de deux mots (« bibitombé »)Acquisition du prénomCombinaisons de mots dans des phrases simples:apparition des catégories syntaxiques (pronoms
sujets,déterminants, préposition, début de la conjugaison)En moyenne, phrases de 3 mots à 3 ans (« a pu lolo »).
3/4 ANS Vocabulaire de plus en plus abondant; articulation parfois très approximative.
Phrases de plus en plus longues et complexes
tout en étant correctement architecturées.
Maniement adapté du « j e ».
Commencement de l’utilisation d’un vocabulaire traduisant émotions et sentiments.
4/5 ANS
Environ 1500 mots et des phrases de 6 mots et plus.Articulation maîtrisée pour l’essentiel.Maniement adéquat des pronoms personnels, du nombre et du genre, de comparatifs (« plus long, moins lourd »)Usage de la négation.Production de nombreuses questions de formes « diverses ».Tentatives pour adapter son langage à l’interlocuteur.
5/6 ANSVocabulaire varié (extension des champs et variété des registres)
Récits structurés; expression de la succession des temps avec des moyens lexicaux et avec la conjugaison (sensibilité aux temps même si les formes sont encore
erronées)
Construction de scènes imaginaires(« on dirait que… » avec usage du conditionnel)
Phrases complexes avec relatives, complétives,Circonstancielles
Usage correct du « parce que »
DES DIFFICULTÉS LANGAGIÈRES
Dès 3 ans, on connaît bien les 3 à 6 enfants de chaque classe en grande difficulté langagière :
-mutiques
-gros retards syntaxiques, enfants qui parlent en
mots-phrases ou en phrases à 2 mots,
-enfants totalement incompréhensibles..
« Vers un apprentissage explicite : L’entrée à l’école implique un changement important dans le système de communication : passage du langage de connivence dans le cercle familial au langage explicite ; il ne s’agit plus de participer à des dialogues spontanés, d’échanger au cours d’expériences partagées mais d’apprendre à verbaliser sous une forme acceptable (schéma du récit, lexique, syntaxe) et avec une mise à distance de l’action ; le langage se rapproche
alors de la mise en récit, il s’apparente à un « oralscriptural » qui emprunte déjà certains aspects du langage écrit. »
*Document ministériel « Prévention de l'illettrisme à l'école -Ressources pour enseigner le vocabulaire à l'école maternelle » -Septembre 2010
UNE PROGRAMMATION SYNTAXIQUE DU LANGAGE ORAL (D’APRÈS LE BO DU 19 JUIN 2008, PAGE 29)- PS : -utiliser le pronom je -produire des phrases correctes même
courtes
- MS : -s’exprimer dans un langage mieux structuré -utiliser le genre des noms -utiliser les pronoms usuels -utiliser les prépositions les plus fréquentes -produire des phrases de plus en plus
longues correctement construites
- GS : -utiliser les temps des verbes pour exprimer le passé et le futur
-utiliser à bon escient « parce que » -produire des phrases complexes
correctement construites
Phrase simple?
Phrase complexe?
PHRASE SIMPLE , PHRASE COMPLEXE A LA MATERNELLE
Une phrase complexe : une phrase qui en enchâsse une autre qui en devient complément.
Il y a subordination. (D’après Philippe Boisseau)
Mots-phrasePhrases de 2
motsPhrases déclaratives
simples + formes intermédiaires
Phrases complexes
N°9:Tateau.
N°2 :Titi tateau.
N°3 :Bois l’eau .
N°7 :Enco(re) tateau.
N°21 :Pa(r)ti Papa.
N°11 :Un câlin.
N°6 :On était dans la cour.
N°13: Marie, É casse les œufs. Brandon i met du sel.
N°14: Il dort sur le coussin.
N° 8:Le bonhomme, i répare ta voiture.
N°16 :I manze son os.
N°17 :C’est un gâteau.
N°18 Ze bois de l’eau.
N°19 Il est parti, papa.
N°5: I veut qu’tattrape le chat.N°4: Il est content parce qu’il va voir la dame qui lui donne des bonbons.N°10: É peut plus monter sur sa maison parce qu’elle est trop grosse.N°1: I lève son petit zieu parce qu’il est réveillé.N°12: É veut faire tomber la salade pour qu’i le mange.N° 15: Faut pas qu’é mange beaucoupN°20: Elle a un gros derrière pasqu’elle a trop mangé.N°22: I ferme les yeux pour pleurer.
DES ÉTAPES DANS LA PRODUCTIONS DES ÉLÈVES
Mots phrases ou phrases à 2 mots Phrases déclaratives simples mais pas si simples
que ça! => formes intermédiaires:- Type GN, Pn GV( détachement => Le
bonhomme, i répare ta voiture.- Type PRif GV (Présentation) => Y’a un
bonhomme QU i répare ta voiture. Autres formes intermédiaires : L’ extraction (très marginale) => C’est le
bonhomme QU’ i répare ta voiture. Phrases déclaratives simples ( GN GV): phrase
prototype de nos grammaires => le bonhomme Ø répare ta voiture ou Ø le bonhomme Ø répare ta voiture
Phrases complexes
L’ÉVALUATION DES PROGRÈS DE FAÇON CONTINUE Niveau infrasyntaxique « utiliser mots-
phrases, phrases à 2 mots »
Niveau de syntaxe élémentaire « parler en phrases élémentaires bien construites »
Niveau supérieur « parler en phrases complexes »
QUELQUES REPÈRES POUR ÉVALUER LA SYNTAXE
En cours d’acquisition
Compétences construites
Niveau infrasyntaxique
Tateau ou gâteauManzé dateau
Titi tateauPa(r)ti Papa
Niveau de syntaxe élémentaire
I man dateauE man e gâteauMets du lait à verre
I manze le gâteau
Niveau supérieur Faut pas mettre beaucoup pasque…
I lève son petit « zieu » parce qu’il est réveillé.
É veut faire tomber la salade pour qu’i le mange.
QUELQUES PISTESDES REPÈRES SUR LA SYNTAXE (P. BOISSEAU)
La complexité
PS MS GS
Mot-phrasecocolaPhrase 2 motsmanzé cocolaPhrase élémentairePn + Gvi mange du chocolatPrif + GNc'est XGN, Pn GVX, il est dans la cour
Par addition avec-parce que-que-infinitif-pour que-qui
Par addition avec- pour + infinitif-pour que-quand /gérondif-comme- si
avec questions indirectes et des relatives avec "que" et « où »
QUELQUES PISTESDES REPÈRES SUR LA SYNTAXE (P. BOISSEAU)Les pronoms
PS MS GSjetuil
elleils
elles
+On
NousVous
Les tempsPS MS GS
PrésentPassé composéFutur simple
+imparfait
+plus-que–parfaitfutur simplefutur dans le futuralternance passé composé- imparfait du récit
NOTRE RÔLE DANS LA CONSTRUCTION DU LANGAGE
Aider l’enfant:
à diversifier les pronoms à se construire un système de temps de
plus en plus efficace
l’encourager à complexifier sa syntaxe
MANIEMENT D’UN « PARLER PROFESSIONNEL » La parole est modulée plus qu’au naturel, avec un
débit ralenti, une intonation un peu exagérée, souvent une hauteur de ton plus marquée.
Les phrases toujours grammaticales sont courtes, claires, fluides, énoncées sans interruption. *
Des modes de questionnement ouverts induisant des réponses avec des phrases complexes
Utilise des mots très fréquents et évite les mots abstraits.( liste de fréquence)
Pratique la redondance : reprises identiques du message, reformulations, reprise avec rajout progressif d’informations.
Echo correctif des propos enfantins*
Faire mentalement le tour de notre salle de classe ( coins , jeux , ateliers proposés…) ou de la salle de motricité noud permet de liste la ou les complexité(s) syntaxiques qu’il est possible de permettent de travailler et qu’on pourra proposer dans nos commentaires des actions enfantines
TRAVAIL SPÉCIFIQUE SUR LES COMPLEXITÉS Par exemple: Les étiquettes d’appel, pour l’emploi de « pour
+ Infinitif » et de « parce que »
« Cherche son étiquettes sur la table pour la mettre dans la maison de présents »
« Y a pas l’étiquette de Julie dans les présents parce qu’elle est absente »
Des relances pour conduire les élèves vers desphrases plus complexes: - par des encouragements non verbaux, verbaux,des mimiques ,- par des reformulations, des reprises des derniers mots de l’enfant et en laissant la phrase en
suspens, - des expansions des énoncés enfantins avec des connecteurs: de causalité (parce que, à cause de...) , logiques (mais, alors…) , temporels (quand, au moment…), des questions : Comment? (Explication) , Que penses-tu? (Avis) – Pourquoi? -(Argumentation)- Qu’est ce que? (information) …
DES PISTES POUR ENCOURAGER LA CONSTRUCTION DE LA SYNTAXE
Les activités quotidiennes de la classe: Les jeux Le travail Récits d’exploits réalisés en grande motricité Évocation d’une recette réalisée Les coins jeux
Des supports adaptés: Les albums-échos, Les Oralbums ou albums en syntaxe adaptée, Les albums sans texte
DES ALBUMS POUR PARLER
LES ALBUMS ÉCHOSLe travail en petit groupe de soutien s'ancre dans un projet ou une
activité vécue en grand groupe
des photos des enfants du groupe de soutien sont prises un peu partout dans la salle.
Une séance en petit groupe permet à chaque enfant, provoqué par des questions du genre : Qu'est-ce que tu fais là ? Et là, qu'est-ce qui se passe ? Et là ?...
Ces premiers jets même rustiques et approximatifs de l'enfant sont notés ( ou enregistrés) .Sur cette base, l’enseignant réalise un album-écho* avec les photos de l'enfant et pour chacune un court texte de l'oral reprenant ce qu'a dit l'enfant mais en l'améliorant un petit peu, tout en restant bien dans l'oral, bien à portée des progrès possibles de l'enfant.
l'enfant sera invité à présenter en autonomie son album au grand groupe.
LES ALBUMS DE SYNTAXE ADAPTÉE OU ORALBUMS Sont différents de l’oralisation des albums
qui préparent à la lecture et qui visent à habituer les élèves aux spécificités de l’écrit.
Proposent des textes de l’oral adapté à chaque âge et visent au contraire à aider l’enfant à construire son langage oral
Contiennent beaucoup de formes Pn GV ou GN, Pn GV caractéristiques de l’oral, un grand nombre de phrases complexes, un vocabulaire à la portée des enfants
EXEMPLE D’ALBUM ÉCHO DE 1ÈRE PERSONNE
1- C’est moi.A côté de moi, y’a Oulid.2- C’est encore moi.Je dors dans le lit parce que c’est l’heure de la sieste. 3- C’est l’heure du goûter.Je mange un gâteau.4- Là, je découpe le papier rouge avec les ciseaux.5- Après, je colle le papier rouge sur la carte pour faire un père Noël.
CONCLUSION Développer une véritable pédagogie de l’oral. Mettre en place un enseignement plus
individualisé (en petits groupes) Peu d’enfants relèvent d’une médicalisation ;
leurs difficultés relèvent plus souvent de l’enseignement.
Pour que les activités langagières soient possibles et efficaces, il faut :
Avoir une visée à long terme Savoir que cette compétence s’acquiert
lentement dans de petits microcosmes de vie. Savoir rebondir, soumettre les enfants à de «
bons » problèmes.
BIBLIOGRAPHIE Albums en syntaxe adaptée ( oralbums)- Philippe Boisseau et
André Ouzoulias "Enseigner la langue orale en maternelle" Ph. Boisseau, RETZ
(2005) "Pédagogie du langage pour les 3 ans", Ph. Boisseau, CRDP
de Rouen (2002)* Voir aussi l'album du « Moi, je... » dans l’ouvrage des "3 ans".) "Pédagogie du langage pour les 4 ans" Ph. Boisseau,CRDP de
Rouen (2004), "Pédagogie du langage pour les 5 ans" Ph. Boisseau, CRDP de
Rouen (2006). Documents ministériels( téléchargeable sur EDUSCOL)- « Prévention de l'illettrisme à l'école -Ressources pour
enseigner le vocabulaire à l'école maternelle » -Septembre 2010
- « Outils d‘aide à l’évaluation des acquis des élèves à l'école maternelle »( 12 mars 2010)
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