Philippe Pointereau (SOLAGRO)
Carpentras – 6 octobre 2015
3ème Forum des exploitations des
Etablissements publics agricoles
La biodiversité au service
de la production agricole
2 2
Enjeux de l’agriculture française (1)
• Nourrir 72 millions de français
• Reconquête de la qualité des eaux, des sols, de l’air : émissions
polluantes (nitrates, ammoniac, particules, phytosanitaires,
antibiotiques, etc.), érosion, humus
• Restauration des écosystèmes et préservation de la biodiversité
• Rééquilibrage des échanges avec le reste du monde, diminution de
l’impact de nos importations (soja, produits bois, huiles, etc.) et
relocalisation de certaines productions
• Limitation des pertes de terres agricoles et préservation des espaces
naturels
• Recherche d’un meilleur équilibre nutritionnel, lutte contre la
malbouffe et la surconsommation
• Recherche de la sécurité alimentaire (qualité des aliments)
• Prise en compte du risque d’effondrement des ressources
halieutiques
3 3
Enjeux de l’agriculture française (2)
• Adaptation de l’agriculture et de la forêt au changement climatique
• Réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture
(Facteur 2)
• Production de bioénergies, stockage de carbone, substitution aux
énergies fossiles
• Partage de l’espace entre fonctions et usages (forêt…)
• Prise en compte de la montée des demandes sociétales sur le bien-
être animal
• Demande sociétale de paysage, terroir, filières de qualité, appellation
d’origine géographique
• Aménager le territoire, redévelopper le tissu économique et social
rural
• Retrouver un nombre élevé d’agriculteurs et de fermes
4 4
Quelles évolutions du climat en France?
Les vagues de chaleur
Scénario A2 ≈ RCP 8.5
5 5
La production agricole stagne
depuis les années 1990
0
10
20
30
40
50
60
1960 1970 1980 1990 2000 2010
Valeurénergé quedel'ensembledesproduc onsvégétalesagricolesparhabitant
Valeurannuelle,GJ/hab
moyennecentréemobilesur10ans
Valeur des productions végétales
primaires, grains, fourrages,
herbe pâturée
Sécheresse
1976 et 2003
6 6
Faire évoluer notre assiette alimentaire
(source scénario Afterres 2050)
2010
Consommation journalière en g/personne
2050
7 7
Un recul important des zones agricoles à haute
valeur naturelle en France entre 1970 – 2000
21,3 à 6,9 millions d’ha (-68%)
hors pâturages collectifs
8 8
Les espèces messicoles en danger
Des espèces spécialistes des céréales à paille : 10.000 ans
d’histoire et éliminés en quelques années
9 9
Liens entre les différentes pratiques agricoles
et les messicoles
10 10
Le village d’Arisdorf (Suisse) en 1998...
Le paysage aujourd’hui
11 11
… et en 1941.
Le paysage hier
12 12
Quel paysage pour demain?
Quelle biodiversité?
2
Contexte : évolution de la productivité
du travail depuis 1950
Porc naisseur-
engraisseur
Bovin-lait
Céréaliculture
4.600 fermes : 67% des poulets de chair, 79% des poules pondeuses,
50% des porcs (+ 20.000 têtes, +2.000 porcs)
14 14
Deux approches complémentaires
de la biodiversité
Ravageurs
(pucerons,
acariens…)
Biodiversité fonctionnelle
Infrastructures écologiques Pratiques agricoles
Gestion des prairies
Conservation
des
ressources
génétiques
Conservation
des
espèces
menacées
Prédateurs
parasitoïdes Pollinisateurs Faune et
flore du sol
Papillons
Flore,
messicoles
prairiales,
Oiseaux
(outarde, vautours,
râle des genêts…)
Mammifères,
ours, loup,
chevreuil,
Approche agro-
écologique
Approche
naturaliste
Biodiversité « naturelle »
15 15
Projet européen de recherche BioBio
250 fermes suivies en Europe en 2010
Diversité
génétique
Suivi des
habitats
Diversité des
espèces
Suivi pratiques
agricoles
Parcelle Ferme Territoire
12 territoires
en Europe
1 système par
territoire
20 fermes/terri
dont 50% en bio
+7% d’espèce/ferme
+16% +8,5%
+13% d’espèce/
parcelle cultivée Pas de différence sur les
habitats semi-naturels
16 16
Italy Spain(olive) Netherlands France Austria Hungary BulgariaSpain
(dehesa)Wales Norway Germany Switzerland
Average 76 51 24 174 53 107 101 63 13 23 36 65
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
NumberofBeesspeciesinFarmssurveyedperCountry
8.592 individus identifiés
17 17
SNH
Production field
Common
Araignées
Plantes Vers de terre
Abeilles
Cas de la France : grandes cultures en coteaux avec 6,3% d’IAE
SNH
Production field
Common
SNH
Production field
Common
SNH
Production field
Common
Importance des IAE : répartition entre champs
cultivés et habitats semi-naturels
18 18
Principes de l’agroécologie (Plateforme
Osaé : Osez l’agroécologie)
19 19
Les réseaux trophiques (Pocok and Al, 2012)
• Importance des adventices dans la chaîne alimentaire
20 20
Une parcelle = 6 produits C
ultu
res
inte
rméd
iaire
s
Cu
lture
s
as
so
cié
es
A
gro
fore
ste
rie
Haie
s
Complexifier les parcelles et les paysages
21 21
Des IAE pour favoriser la pollinisation
Diversité du pollen pour nourrir les abeilles (Mégachilles).
divers Trèfle rampant châtaignier crepis ronce lupin Luzerne
Productions agricoles dépendantes de la pollinisation
Tournesol, protéagineux, légumineuses fourragères (trèfle, sainfoin, luzerne),
légumes, vergers…
Rôle des abeilles domestiques et surtout « sauvages » (Bombydae, syrphidées,
Apidae…)
22 22
Impact des auxilaires épigés et
hypogés sur la population de pucerons
de l’orge
Avec auxiliaires
sans auxiliaire
23 23
Des exemples de succès (source INRA)
Abondance moyenne des
punaises dans les bordures
de végétation spontanée et
dans les bandes fleuries
Dégâts sur fruits de tomates
(bios) dus aux punaises sur
l’ensemble de la saison.
Effet piège des bandes fleuries?
Bandes fleuries
Végétation spontanée
champs
24 24
Une nécessité de développer des moyens
de lutte alternatives aux pesticides
Ravageurs Cultures
Mysus persicae (puceron)
Eriosma lanigerum (puceron)
Des ravageurs exponentiellement résistants aux pesticides
Pêcher, betterave sucrière
Pommier
Aphis nosturtii, A. frangulae (pucerons) Pomme de terre
Cydia pomonella (carpocapse)
Cacopsylla pyri (psylle), Panonychus
ulmi (acarien) ...
Pommier, poirier
Poirier
….
Première résistance d’un insecte : 1908
5 résistances en 1928, 7 en 1938, 14 en 1948, 137 en 1960, 364 en 1975, 474 en
1980 et plus de 500 aujourd’hui.
25 25
IAE et cycle biologique des insectes
• ≈ 50% spp ravageurs et ≈ 90% spp d’auxiliaires
sortent de la parcelle pour boucler leur cycle (Häni et al.,
1998)
• Alimentation (nectar, pollen, plantes, animaux)
• estivation/hivernation
• Refuge
Déplacements des
Chrysoperla spp
dans les
agroécosystèmes (Villenave, 2006)
Utilisation des ressources
de différents habitats
26 26
Diversité des IAE et régulation biologique
Importance de la composition des IAE plantes non
cultivées
27 27
Implantation de mélange floraux aux abords des
abris (source : GRAB)
28 28
Le premier exemple de lutte biologique
En 1882, un ravageur, une cochenille inconnue menace la
production d’agrume de Californie. L’ennemi est identifié, il
s’agit d’Icerya purchasi, originaire d’Australie. Une mission y est
envoyé en 1888 qui ramène un prédateur la coccinelle Rodolia
cardinalis. En 1890, après les lâchers , le succès est total.
La larve de Rodalia. La cochenille se fait dévorer
par la coccinelle
29 29
Contrôler les ravageurs : les coccinelles
Les coccinelles sont des prédateurs des pucerons, des cochenilles et des
acariensselon les espèces. On compte une centaine d’espèces en Europe (hors
introduction) et 700 espèces de pucerons.
Le temps de développement d’une coccinelle est de 4 semaines comparativement
à la démographie d’une colonie de pucerons qui est d’environ 6 semaines. La
coccinelle pond généralement dans les colonies âgées de 2 semaines. Une
coccinelle pond généralement 1500 œufs.
Larve de coccinelle 4 points (Harmonia
quadripunctata) spécialiste des pins. Une larve
de coccinelle consomme entre 80 et 260
pucerons en 4 semaines
Coccinelle à sept points (Coccinella
septempunctata) adulte dans une colonie
de pucerons. Elle mange 10 pucerons par
jour soit 1200 pucerons en 2 mois de vie
30 30
Contrôler les ravageurs : les carabes
Anchomène (Agonum dorsale ou Platynus
dorsalis) qui grimpe sur les céréales est
un important prédateur des pucerons
Les carabes : cette famille de coléoptères comprend 700 espèces en Europe. Ils mesurent de
quelques millimètres a 4 cm pour le plus grand. Mis à part quelques phytophages, la plupart des
espèces sont prédatrices, principalement d’insectes mais aussi de limaces. Beaucoup sont
nocturnes. Les carabes (adultes et larves) sont capable d’ingérer 3 fois leur poids par jour
Les carabes sont qualifiés de prédateurs
généralistes dans la mesure où ils ne sont
pas spécialisés sur une proie particulière.
31 31
Contrôler les ravageurs : les carabes
Les plus gros carabes s’attaquent aux limaces adultes et à leurs œufs, aux
larves de doryphore (Calathus fuscipes). Ils sont très dépendants des bandes
enherbées et des prairies pour hiverner. Les semis sous-couvert,
l’enherbement résiduel et les apports de MO leur sont favorables
Carabe grené (Carabus coriaceus) :
mangeant des œufs de limace
Carabe doré (Carabus auratus) :
consommateur d’œuf de limaces et
de larves. Ici mangeant une larve de
tipule
32 32
Contrôler les ravageurs : les araignées
Les araignées : Prédateurs généralistes des pucerons des cultures et
des insectes en général
Thomise : se nourrit surtout d’insectes
phytophages ou floricoles, pucerons
tombés. Araignée chasseuse sensibles aux
produit phyto et au travail intensif du sol
Oedothorax apicatus : réduit les populations
de pucerons sur céréales: 18 à 130 toiles/m2
- 1000 pucerons ailés attrapés par toile +
cécidomyies et mouches.
33 33
Contrôler les ravageurs : les guêpes parasitoïdes
Parasitoïde (Aphidius ervi) déposant un
œuf unique dans un puceron vert du pois.
Momies de pucerons parasités
Les hyménoptères parasitoïdes sont les parasitoïdes les plus importants des principales
espèces de pucerons des grandes cultures. Ils pondent leurs œufs sur les pucerons dont les
larves se nourrissent. Les adultes se nourrissent surtout de miellat et de nectar.
34 34
Contrôler les ravageurs : les punaises
Macrolophus caliginosus (punaise) : un
important prédateur des pucerons et des
aleurodes , ravageurs des tomates et
poivrons. Elle profite de la morelle et de
l’inule visceuse qui hébergent un puceron
non ravageur de la tomate
Aleurode (trialeurodes
vaporariorum). À 17ーC la femelle
pond 100-150 oeufs sur tomate
Les producteurs de tomates et d’aubergines utilisent la punaise prédatrice Macrolophus caliginosus pour
lutter contre l’aleurode des serres, petits insectes d'environ 1 mm couverts de cire blanche. Les
anthocorides ont besoin de 300 à 600 acariens ou 100à 200 pucerons pour leur développement larvaire
Les Anthocorides sont prédateurs des
pucerons et acariens phytophages. 2 à
3 générations par an. Mange 15 à 20
pucerons par jour.
35 35
Contrôler les ravageurs : Les trichogrammes
Le trichogramme (Trichogramma
brassicae) qui pond sur les œufs
(oophage) qu’il parasite. Les œufs
parasités deviennent noirs. Une femelle
parasite 80 à 100 œufs-hôtes dans sa vie
La Pyrale du maïs (Ostrinia nubilatis) peut
impacter le rendement de 10 à 30%. Les
chenilles hivernent dans les tiges de
maïs. Les papillons émergent à partir de
mi-juin et commencent à pondre en
ooplaques de 10-30 œufs.
Le trichogramme est un petit hyménoptère dont une espèce parasite de la pyrale du maïs ou la
piéride du chou.
La production d’oeufs été initiée en 1989 par l’INRA de Valbonne après des recherches
démarrées en 1974. Elles sont utilisées en lâchers inondatifs; 113.000 ha ont été traités en
2007. Les œufs de la pyrale de la farine parasités sont livrés dans des capsules de carton avec
quelques gouttelettes de miel servant à nourrir l’imago (350.000 trichogrammes/ha). Le
synchronisme entre l’envol du trichogramme et la ponte de pyrale est indispensable
Exemple de l’orge de printemps
Orge
Puceron :
Rhopalosiphum
padi
La culture
Le ravageur 1
Le parasitoïde 1
Aphidius colemani
Le lierre (refuge),
la carotte sauvage (nectar
pour les adultes),
Ortie
(proie alternative
1ére génération)
Haie,
jachère fleurie
IAE
Les plantes
+ Rotation, fertilisation,
traitements
Les IAE
« Action pilotée par le ministère chargé de
l’agriculture avec l’appui financier de l’Office
national de l’eau et des milieux aquatiques,
par les crédits issus de la redevance pour
pollutions diffuses attribués au financement
du plan Ecophyto »
Principes de protection intégrée (OILB)
OILB: Organisation Internationale de Lutte Biologique
Principes et directives de la Production Intégrée rédigés en 1992:
choix du cultivar, la rotation, la gestion des fertilisants, du sol et de l’eau, la stratégie de
protection des cultures et la gestion de la biodiversité et du paysage
5% de SCE (hors forêts), sans apport d’engrais ni pesticides
Largeur de parcelles ≤ 100 m (objectif 75 m) ou séparées par des
barrières végétales annuelles ou pérennes d’au moins 1 m de large ;
Au moins 2 des antagonistes principaux d’importance régionale de
chaque culture doivent être spécifiés
Evaluer les risques (modèles de prévision) et établir des seuils de
tolérance scientifiquement éprouvés.
39 39
: un outil interactif
(Adapté de Gurr et al., 2003 et Rusch et al., 2010)
Culture
Ravageur
Ennemi naturel
Auxiliaires des cultures
Pra
tiq
ue
s
ag
ric
ole
s
Plante hôte
Infr
as
tru
ctu
res
Ag
roé
co
log
iqu
es
Rendement Qualité
Quantité
Fait des
dégâts
Interagit Disponibilité
des
ressources
et abris
Interagit Proies/hôtes
alternatives, sources
de pollen/nectar et
abri
Insecte
Pollinisateur
Par Zone Biogéographique
Régule
es
t p
rés
en
te
Interaction
Concurrence
A un effet allélopathique,
compagne…
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