l y a environ 8 ans, Jamie Dimon, le CEO de
JP Morgan, faisait un discours sur la pelouse
de la Maison Blanche pour rassurer le monde :
le ciel ne nous était pas tombé sur la tête et
sa banque n’allait pas faire faillite.
L’environnement était alors morose et la
bourse américaine en berne, affichant des
pertes d'environ 25 % depuis le début de l'an-
née, dans le sillage d’une chute de près de
40 % l'année précédente. Mais le message fut
entendu : le S&P 500 se lança alors dans une
inexorable marche haussière — allant, malgré
quelques frayeurs, jusqu’à plus que tripler
depuis mars 2009.
Aujourd'hui, et surtout depuis l'élection prési-
dentielle américaine, le momentum haussier
du marché reste fort. Comme nous l'avons
évoqué précédemment dans ces colonnes,
l’effet Trump apparaît comme la principale
raison. En effet, le nouveau président a an-
noncé des coupes fiscales, un réaménage-
ment du paysage règlementaire et un projet
de grands travaux d'infrastructure. Et, jusqu’à
présent, les traders ont ignoré les dimensions
négatives du nouveau gouvernement.
Toutefois, le soi-disant rallye Trump n'explique
pas tout. L'économie américaine (et globale)
continuent de s’améliorer et les fondamentaux
restent solides. La saison des résultats trimes-
triels fut positive dans son ensemble et les
analystes prévoient toujours une croissance
des bénéfices à deux chiffres pour 2017. La
confiance des acteurs économiques reste
forte. De plus, après les discours récents de
certains membres de la Fed, les investisseurs
semblent avoir accepté l’hypothèse d’un re-
haussement des taux directeurs la semaine
prochaine. Enfin, le risque de récession reste
faible dans l’immédiat.
Toutefois, on peut se demander si les gains
futurs n'ont pas été décalés au présent. En
moins de trois mois, le S&P 500 a dépassé les
niveaux de fin d'année 2017 anticipés par les
stratégistes de la place, incitant déjà des révi-
sions à la hausse. Lors de son premier dis-
cours face au Congrès il y a une dizaine de
jours, Donald Trump a maintenu un ton plus
sobre, plus présidentiel. Cependant, pour
l'instant, le concret manque à l’appel. Les
risques, notamment politiques, sont plus que
jamais présents, non seulement aux Etats-
Unis mais également en Europe où des élec-
tions majeures se dérouleront dans les pro-
chains mois. L'incertitude est à son pa-
roxysme. A titre d’illustration, les secteurs
défensifs ont repris le dessus sur les cycliques
depuis quelques semaines, témoignant ainsi
de la prudence des investisseurs.
En ce qui nous concerne, nous paraphrase-
rons l'économiste John Mauldin en nous défi-
nissant comme étant d’un « optimisme scep-
tique. » Un de nos gérants le souligne : les
opportunités se font rare aujourd'hui, notam-
ment au regard des valorisations élevées.
Dans le même temps, il semble difficile de
sortir de nos positions actuelles compte tenu
de la persistance du momentum. Nous res-
tons donc patients, dans l’attente de pouvoir
tirer profit des opportunités qui apparaitront
au retour de la volatilité.
Grégoire Painvin
Le 10 mars 2017
e Japon est un pays visionnaire qui a tou-
jours été très porté sur l’innovation.
Dès les années 80, Sony avait compris l’inté-
rêt d’utiliser des gaz ultra-purs pour la fabrica-
tion de ses puces électroniques. A la fin des
années 50, le pays a été le premier à utiliser
des voies réservées — dotées d’un écartement
plus large que les lignes traditionnelles — pour
des lignes à grande vitesse. C’est ainsi que le
Shinkansen sera inauguré en 1964, neuf jours
avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olym-
piques de Tokyo (son record de vitesse de
240km/h ne sera battu par le TGV qu’en
1981). La prouesse technologique ne s’arrête-
ra pas là. Les JO de 1964 feront l’objet de la
première diffusion en couleur et par satellite
mondovision, permettant à 800 millions de
téléspectateurs de suivre en direct l’évène-
ment (auparavant la courbure de la terre em-
pêchait une retransmission en simultanée
entre différents continents).
Maintenant, pour promouvoir les prochains
Jeux olympiques de 2020 à Tokyo, le Premier
ministre Shinzo Abe n’a pas hésité à endosser
l’habit de Super Mario, le personnage de Nin-
tendo. Le Japon a toujours été très innovant
sur le segment des jeux vidéo. En témoigne la
longue liste des consoles et jeux issus des
entreprises japonaises : PlayStation, Game
Boy, Nintendo DS, Pac-Man, Dragon Ball, Final
Fantasy, Donkey Kong, Legend of Zelda, etc.
Les entreprises du secteur aiment aussi com-
biner jeux et personnages de manga comme
Hello Kitty, les Pokémons et plus récemment
Yo-kai Watch. Désormais, outre les jeux pour
smartphone, les axes de développement sont
la réalité augmentée (comme dans Pokémon
Go) et, prochainement, la réalité virtuelle qui
simule la présence physique du joueur dans
un environnement artificiel généré par des
logiciels.
Les robots représentent l’autre axe de déve-
loppement du pays qui est certainement l’un
des plus innovants au monde en la matière.
Migrer vers une entreprise sans ouvriers n’est
plus un tabou au pays du soleil levant pour-
tant reconnu pour son système d’emploi à vie.
Les entrepôts et centres de distribution sont
parmi les premiers à entrer dans cette nou-
velle révolution industrielle. A ce stade, tout le
monde y gagne car les entreprises sont plus
rentables et les clients n’ont plus à s’occuper
de retirer en magasin les objets volumineux ni
même du transport à leur domicile. Quant aux
employés des centres de logistique, ils se
chargent désormais de la livraison finale chez
le client et du montage de meubles. La migra-
tion croissante vers les robots n’a pas d’effet
sur le taux de chômage qui est désormais de
3%, ce qui correspond à un plus bas de 20
ans et à la moitié du taux observé en Alle-
magne.
Pour autant, tout n’est pas tendre au pays des
samouraïs. D’abord, la population vieillit et a
même perdu 1 million d’habitants sur les cinq
dernières années pour s’établir à 127 millions.
Cela crée une situation difficile pour de nom-
breuses entreprises de biens de consomma-
tion qui doivent lutter dans un contexte de
volumes stables ou en baisse, auquel s’ajoute
le climat de déflation depuis le début des
années 90.
Un autre souci vient de ses voisins. Il n’a
échappé à personne que la Corée du Nord
vient de tirer quatre missiles balistiques dont
trois se sont abimés dans la zone économique
exclusive du Japon, à environ 300 km des
côtes.
Et la Chine n’est pas moins turbulente avec,
en particulier, le conflit généré autour des iles
Senkaku situées au Nord de Taïwan. Ces
risques, liés à la souveraineté, sont d’autant
plus préoccupants que le Japon a dû renon-
cer, après sa défaite, à son armée et à la ma-
rine impériale. Certes, le pays dispose d’une
force d’autodéfense mais, en vertu du traité
de sécurité avec les Etats-Unis, ce sont ces
derniers qui assurent la protection de l’archi-
pel. Il n’est donc pas anodin que D. Trump et
S. Abe, lors de leur rencontre début février,
aient co-signé un avenant au traité stipulant
que les Senkaku font partie du périmètre où la
protection des Etats-Unis s’applique.
En conclusion, avec une cote boursière quasi-
ment aussi large que l’Europe, le Japon pré-
sente de nombreuses opportunités. Cepen-
dant, ces dernières sont difficiles d’accès car,
en particulier, les présidents et responsables
des relations investisseurs parlent rarement
l’anglais. Cela exige de recourir à un traduc-
teur pour les meetings (ce qui fut le cas dans
environ 75% des meetings sociétés effectués).
C’est sans doute aussi ce qui explique, en
termes boursiers, la décorrelation plus grande
du pays du reste du monde.
David Dehache
Le 3 mars 2017
a vraie question n’est pas de savoir s’il
faut ou non abandonner l’euro, mais plutôt
par quoi nous entendons le remplacer, dans
l’hypothèse d’une sortie.
Si le plan consiste, comme le veut le Front
National, à revenir aux errements monétaires
de la IVème République — la planche à billet et
dévaluations successives — alors il vaut
mieux, et de loin, garder l’euro. C’est, de mon
point de vue, la principale vertu de cette mon-
naie unique : elle prive nos gouvernements de
l’usage de l’arme fiscale absolue et les oblige
à légiférer de façon relativement transparente
pour nous imposer.
Si, en revanche, la réintroduction du franc se
fait dans l’esprit gaullien des années 1960 —
un franc stable, géré rigoureusement et un
véritable plan de réforme de notre économie
et de nos finances publiques — alors, le débat
est tout à fait différent. Les unions monétaires
sans union politique ne tiennent jamais bien
longtemps et nous avons tous pu constater la
valeur des promesses faites il y a 20 ans [1] :
quitter le navire avant qu’il sombre n’est pas
une mauvaise idée.
Et c’est là que nous avons un problème. Le
spectre des idées politiques disponibles sur le
marché se divise grosso modo en deux : d’une
part, une majorité de voix qui veulent nous
maintenir dans l’Union européenne et la zone
euro tout en les accusant de tous nos maux
[2] ; d’autre part, une minorité, principalement
le FN, qui veut nous en faire sortir dans le but
assumé de dévaluer et d’imprimer du franc à
tour de bras.
C’est-à-dire, pour conclure, que nous fonçons
droit dans le mur. Avec la vague de populisme
qui menace de nous submerger ces temps-ci,
je vois mal comment l’euro pourrait tenir et la
seule autre option qu’on nous propose aujour-
d’hui, c’est la politique du pire, une variante
de la révolution bolivarienne sans le pétrole.
Abandonner l’euro, en soit, ça ne veut rien
dire : tout le sujet est de savoir ce qu’on fait à
la place.
Guillaume Nicoulaud
Le 2 mars 2017
[1] Rappel : afin d’éviter que ce qui est arrivé
en Grèce arrive (un passager clandestin),
nous nous étions tous engagés à mainte-
nir nos déficits publics en deçà de 3% du
PIB. C’était en 1997, vous connaissez la
suite.
ortée par une bonne performance, ou
pour ne pas le nommer le Trump Rally, la
bourse américaine, depuis novembre, cara-
cole en tête des hausses, aspirant timidement
avec elle les indices européens.
Pas de doute, les valeurs européennes (au
moins les larges capitalisations) sont à la
traîne des grandes valeurs américaines. Cet
écart de performance s’explique par le climat
de renouveau chez nos voisins outre-
Atlantique tandis que l’Europe est confrontée
à différents risques politiques (élections aux
Pays-Bas, en France, en Allemagne et très
probablement en Italie) ainsi qu’à une résur-
gence de l’affaire de la dette grecque.
Bref, l’avenir de l’Europe semble susciter de
nombreuses inquiétudes qui impactent à court
terme les cours des valeurs européennes.
Cela dit, les risques politiques sont souvent
surévalués et, au moment où les investisseurs
réaliseront que l’Europe ne disparaîtra pas
dans un trou noir, les marchés flamberont.
Les soucis concernant les valeurs euro-
péennes, y compris les meilleures, sont sou-
vent infondés. La KfW (institution de crédit
pour la reconstruction en Allemagne) a révisé
à la hausse son pronostic de croissance de
1,3 % à 1,4 % en Allemagne et la conjoncture
semble s’être améliorée dans les autres pays
de la zone euro.
Toutefois, tactiquement parlant, il est possible
de jouer la carte de la sécurité en surpondé-
rant l’Allemagne, même si le DAX est déjà à
4 % au-dessus de son niveau le plus haut
(12.391 points) alors que le CAC est en retard
de 39,1 % par rapport à son précédent som-
met. Dans le cas de la Grèce, l’indice Athex est
en retard de 885 % par rapport à son plus
haut. Enfin, le FTSE MIB Italien doit doubler
avant de retrouver son ancien sommet.
Maintenant, regardons derrière nous. Entre
2000 et 2009, il pouvait être difficile de réali-
ser de la performance en bourse. Une généra-
tion d’investisseurs a ainsi perdu sa fortune et
définitivement tourné le dos à la bourse. Pour-
tant, tout est une question d’horizon d’inves-
tissement et de sang-froid — sachant que la
volatilité des marchés des big caps (actions
majeures) est inférieure à la volatilité des
emprunts d’Etat supérieurs à 10 ans.
Depuis le printemps 2009, l’Eurostoxx a pro-
gressé de 160 %, soit une performance an-
nualisée de 12,8 %. Cette dernière est élevée,
ce qui explique le retour des Cassandre pen-
sant que tout est fini maintenant. A ces der-
nières, rappelons que la bourse a progressé
beaucoup plus encore entre 1990 et 2000. En
d’autres termes, la hausse constante depuis
2009, émaillée de pauses ici et là, n’est nulle-
ment terminée.
Naturellement, les partisans Bearish ne man-
quent pas d’arguments. Ainsi, la situation
économique aux Etats-Unis reste fragile et
l’effet Trump pourrait n’être qu’un feu de
paille. A cela s’ajoute le scénario de la hausse
des taux de la FED, mais cette hausse est
plutôt le signe d’une normalisation de la situa-
tion et il est fort probable qu’aujourd’hui les
marchés aient déjà apprécié l’action de la
FED. Les actions américaines sont chères,
objectivement parlant. Et cela est vrai depuis
près de 3 ans. Il faut se rappeler que les mar-
chés ne s’arrêtent jamais à un « juste » prix.
L’investisseur qui croit que les actions sont
trop chères a déjà loupé 30 % de perfor-
mance. En tout état de cause, il faut toujours
prévoir une durée d’investissement d’au
moins 5 ans afin d’effacer la volatilité à court
terme.
Maintenant, les élections en France. Bien sûr,
elles posent un vrai problème à court terme.
Une victoire de l’extrême droite (ou de la
gauche radicale) pourrait avoir un effet négatif
sur les marchés. Mais les risques politiques
sont systématiquement surestimés par les
acteurs en bourse et, en général, ils ne perdu-
rent guère une fois l’événement passé,
comme en témoignent le Brexit, le référendum
italien ou l’élection de Donald Trump.
Last but not least, le risque d’un ralentisse-
ment de la croissance mondiale, lié à la Chine,
est toujours présent. Enfin, un dollar trop fort
pénaliserait les pays (émergents) endettés en
USD qui pourraient ne plus pouvoir honorer
leurs dettes. Un scénario possible, mais peu
probable pour l’instant.
De leur côté, les partisans Bullish ne man-
quent pas d’arguments en faveur d’une
bourse haussière (autres que ceux déjà évo-
qués ci-dessus). Rappelons qu’un investisseur
achète des actions car il pense obtenir à long
terme le meilleur rendement sur son investis-
sement et il bénéficie indirectement d’une
protection contre l’inflation.
A l’évidence, les actions européennes sont
depuis trop longtemps à la traine par rapport
aux actions d’autres marchés, notamment
américains. Par ailleurs, la profitabilité des
sociétés augmente timidement, pour ainsi dire
trimestre après trimestre. Enfin, pendant toute
la période des différentes élections, qui va
durer jusqu'à la mi-septembre en Allemagne, il
est peu probable que la Banque centrale euro-
péenne augmente ses taux d’intérêt. Les mar-
chés vont donc continuer d’être alimentés par
un flux important de liquidité et chercheront
désespérément un bon placement, voire si
possible un bon rendement.
Bref, nous sommes probablement au milieu
du gué concernant l’amélioration des écono-
mies européennes, et pourquoi pas améri-
caine (avec la baisse importante de l’impôt sur
les sociétés). Et personne ne semble s’en
rendre compte ! Les actions européennes et, à
un moindre degré américaines, pourraient
enfin en profiter substantiellement.
Armin Zinser
Le 9 mars 2017
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Sommaire
Marchés actions Europe
Au milieu du gué Armin Zinser
Société de Gestion Prévoir
Marchés actions US
Smart move Grégoire Painvin
JMC Asset Management
Marchés actions internationales
Rencontres au pays du soleil levant David Dehache
Société de Gestion Prévoir
Economie
Abandonner l’euro, mais pour faire quoi ? Guillaume Nicoulaud
Day Trade Asset Management
Edito
Marchés asiatiques
Rencontres
au pays du
soleil levant
Economie
Abandonner l’euro,
mais pour faire
quoi ?
Marchés Actions Europe
Au milieu du gué
Marchés US
Smart move
Le débat pour l’élection présidentielle bat son
plein… Enfin, devrait battre son plein car, pour
l’instant, il est question essentiellement d’af-
faires judiciaires, de ralliements, de
trahisons et bien peu de sujets de
fond.
En cela la responsabilité de la presse
est grande. Certes, ces sujets doi-
vent être évoqués, mais il est très
préjudiciable qu’ils occultent le débat
de fond. Que la presse défende un
candidat ouvertement ou insidieuse-
ment, le bruit domine malheureuse-
ment la campagne.
Pourtant, un tableau met en évi-
dence le problème fondamental qui
pèse sur l’économie française et
donc sur la société française.
La place très médiocre de la France dans ce
tableau devrait animer tous les débats : entre
ceux qui attribuent la faute à l’Europe et ceux
qui pensent que cela aurait été pire sans elle,
ceux qui blâment une politique trop axée sur
l’offre et ceux qui dénoncent une politique
trop axée sur la demande, ceux qui veulent
partager le travail et ceux qui aspirent à le
libérer, etc.
Ce qui est sûr c’est que ce sont précisément
ces questions que les Français se posent.
Seront-elles enfin posées par la presse pour
que l’on entende, enfin, les réponses des
politiques ? Les semaines qui viennent nous
le diront.
C’est aussi à ces questions que les marchés
attendent des réponses.
Philippe Alter
20 mars 2017
-6,3% -2,6%3,8% 5,7% 6,5% 6,9% 10,1%
16,0% 19,1%26,6%
38,8%
98,1%Croissance du PIB par habitant entre 2005/2015 Source Banque Mondiale
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