Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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oorpArt an Archaeology Research Pa rs
June 1978
Jean R M ICHOT
LES FRESQUES DU PELERINAGE AU CAIRE
P . 7-21
Dalu Jones and George Michell, Editors
102St P ul Ro d, Lon on N1
Editorial Assistant: Jo Wod k Founding Eitors: . W . H rrow Antony H
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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LES FRESQUES DU PELERINAGE AU CAIRE
Jean Michot
Vint I'fipoque du pelerinage. On enduisit les f~ades
des maisons des p't!lerins et on y dessina les vues dupelerinage. lei, d'epaisses !ignes noires; s'll n'y eveit
pas la fumee qui s'dchappe 8U dessus d'elles et les
roues naives qui se trouvent en d es so us , p er so nn e n e
comprendreit que Ie dessinsteur veut dessiner un train.
L)j, des lignes jaunes r~v'lJlent qu'il entend dessiner un
chameau et un cnemetier. Sur ce mur-al, on a oeint un
mahmal en des couteurs vives qui menitestent une
ddcadence dans Ie goOt et une ignorance scendeteuse
des plus simples regles du dessin. Sur ce mur-Is, on a
peint un palanquin ou un navire que porte un grand
poisson. Les dessins sont primitifs et naifs. Si leurs
dessinsteurs eta;ent venus un peu plus terd, il leur
aurait dte possible de detendre leur ignorance en
disant itre des tenants du courant du surrestlsme et
tes revues de ce courant se sereient depechees de
montrer leurs merveilles et leurs talents extreordineires.
cAbd al-Harnid Jawdah as-Sahhar'
Tandis qu'au Hijaz s'accomplissent les saints rites
du pelerinage musulman, des maisons sont repeintes
et decorees de scenes relatives tJ ce dernier. Elles
eclosent au Caire comme des fleurs de bienvenue
offertes au nouveau hajj. Avant que Ie temps ne les
fane, ces fresques auront ete une manifestation radieuse
de la pi~te et de I'art islamiques.
En Egypte, ces dessins sont ge~ralement meprises
et d'rtspopulaires et pevssns, au sens ou les citadins et
les bourgeois de ce pays parlent de fa//ahin. lis sont
souvent inapereus on rapidement traites chez les
orientalistes.2 Je voudrais ici attirer I'attention sur
cet art populaire islamique, introduire a la richesse
de ses motifs en en dkrivant les types et tenter une
interpretation de sa signification.
Les fresques des maisons de pelerins ne sont qu'un
aspect d'une peinture populaire partout pressnte au
Caire. Des panneaux publicitaires et des affiches de
cinema, calligraphies et peints a la main, bordent les
grandes arteres. Sur les murs des boutiques et desechoppes, cates et debits, sont souvent figures les
attributs des differents metiers, annoncess les
marchandises, peintes des scenes charnpetres ou
galantes d'un goOt mievre et pompier. Camions,
chariots et charrettes, triporteurs et poussettes-
restaurant, balanc;oires et aut res vehicules sont
couverts de dessins multicolores, geomlhriques ou
figuratifs. Des portraits de Nasser, de Sadate et de
leurs hotes, des scenes patriotiques. couvrent les murs
des kales et des clubs populaires mais se rencontrent
aussi sou vent ailleurs.
Plusieurs de ces dessins ont un sens rei igieux.
Parfois les coptes peignent en grand sur leurs facadesune Theotokos ou Saint Georges terrassant Ie dragon.
Des scenes de circoncision signalent les boutiques des
figaros. Des versets coraniques ou des invocations
pieuses sont calligraphies un peu partout. Entre
autres motifs, on peut trouver sur les portieres des
camions une representation de la Kacba ou de la sainte
musulmane Rabics en priere. Les musulmans
apprecient beaucoup certaines images pieuses, sortes
d'images d'Epinal, publiees par I'imprimerie el-Jundi
et par quelques autres maisons.l Vendues pour un rien
pres des rnosquees de Sayyidna-I·Husayn, de Sayyida
Zaynab et d'autres centres de la piete populaire, elles
deeorent les Ikhoppes et les maisons des pauvres du
Caire. Corans, tapis de priere en etoffe. calendriers et
brochures pieuses sont ornes de dessins geometriques
ou de vues des lieux saints.
Cet essai porte sur une oentaine de tacades photo-
graphiees au cours de promenades dans les divers
quarriers du Caire, et surtout dans les zones d'habi-
tat ion populaire. II y a en eftet tres peu de fresques
du pelerinaqe dans les quartiers commerc;ants et
industriels. Le plus souvent, Ie titre de Hajj seul
apparait la sur les fac;ades. II n'existe pas de dessins
dans la ville dite moderne.
Je ne parle qu~ du Caire. Des excursions dans
d'autres regions d'Egypte m'ont permis de voir une
serie de fresques dont je n'avais jamais aperc;u les
elements dans la capitale, mais elles ont ete trop
courtes pour me permettre une approche valable de
ces derni~res.4 Les photos datent de 1975. Les fresques
des maisons de pelerins sont ephemeres et il est
vraisemblable que leur style evolue, que des motifs
apparaissent ou sont delaisses.5 Enfin, je me suis limite
aux peintures des fac;ades, sans tenir compte de celles
qui ornent les murs interieurs des maisons. On
m'excusera en songeant aux divers avatars que I'entre-
prise comporta deja. Je ne soulevs donc que Ie coind'un voile et, disant ce que j'ai vu, j'espere seulement
inviter iI ce qu'il derobe encore.
Les fresques des maisons de pelerins sont figura-
tives6 et leur style est des plus varies: du naif au
baroque, de la bande dsssinee a la severite meta-
physique. E lies sont I'oeuvre des parents du pelerin,
d'arrlsans,' d'enfants. Quelques fresques seulement
sont signees (Fig. 12). A travers ces formes disparates
et routes ces couleurs,a la volonte de faire oeuvre
belle ne semble pas primer.9 Aussi est-ce I'intention
de cet art qui rn'lntersssera surtout, plus qu'une
7
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La visite de la Kacba n'est pas Ie point culminant
du pelerinage musulman mais Ie temple rneccuois est
Ie pOle de l'lslam. A ce titre, on Ie trouve souvent sur
les fresques.1 1 I Ii . travers leur multitude, difterents
types de representations de la Kiba se precisant si
on adoote comme criteres de distinction, la structure
geometrique de la figure et son cadre, ce dernier
pouvant etre inexistant .
A 1. Dans quelques dessins, une seule face de la
Kacba est rendue. Elle est un peu plus haute que large.
La bande d'inscriptions qui coupe la kisws aux deux
tiers de sa hauteur devient une simple bande claire.
Les inscriptions en disparaissent souvent (F igg. 6 et 7).
A2. Ouand deux cOtes du monument sont repre·
sentes, ils s 'evasent a partir d 'une arete proerninente.
lis engendrent ainsi oomme figure du temple divers
pentagones (A2a. F i99. 5 et 8) ou divers hexagones
plus ou moins reguliers (A2b. Fig. 10). Parfois !'arilte
est decentree et la figure devient un rectangle flanque
d'un trapeze (A2c. Fig. 11 I. Le bandeau, epaisse ligne
cassee, suit presque toujours Ie bord superieur de la
figure. Fig.2
A3. Dans un troisieme groupe de dessins, les con-
tours de la Kacba, bien que souvent plus etires en
hauteur, restent semblables a ceux des representations
bifaces du type A2. Cependant la structure interne de
la figure devient ici tripartite vu I'introduction du toit
de I'edifice. Celui-ci a generalement une forte declivite.
" est plante sur les deux faces taterales et ses contours
varient suivant la disposition de ces dernieres,
L'impression de volume, quand elle existe, rend un
polvedre quelconque, parfois cubique, envisage selon
une de ses aretes ou une de ses faces (A3a). Tres
sou vent on a quelque chose comme un trone de
pyramide a base irreguliere couche sur un de ses cOtes
{A3b. Fig. 9 1 . Le bandeau est parfois double. II suit
generalement les aretes interieures de la toiture rnais,
dans certains cas, s'engage hors de I'espace
tridimensionnel (A3c. Fig. 3).
A4. Enfin, sur certaines f8l;ades, les cotes de 1 8
LES FRESaUES DU PELERINAGE
approche de son esthetique.
Au premier regard, les fresques ne montrent pas
d'unite. Elles sont une constellation de scenes distri-
buees indifteremment dans les surfaces laissees libres
par portes et fenetres. La facade est Ie fond, Ie lieu
limite des fresques, elle neparticipea leursignification
que dans une faible mesure. Par exemple, des
guirlandes florales peuvent en delimiter Ie contour ou
des fleurs eneadrer la porte, des inscriptions, auteur
de celle-ci, aecueillir Iepelerin. Si la plupart des facades
sont saturees par les dessins ou par les inscriptions et
fleurs qui courant entre eux, ce n'est pas une regie
generale et de grandes surfaces ne portent parfois que
Ie bad igeon, les dessins parlant seuls. Les fresques ont
done un caractere eelate et ceci incite a analyser les
differents themes qu i y apoaraissent. plutct que les
facades dans leur ensemble.
LA KACBA (Fig. 1)
112,1 A2b
A3a
R'·.
' "Fig.3
8
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Fig.4
Fig. 5
. ,
Fig.6
Jean Michot
Kacba sont developpes en une sorte de triptyque. Le
bandeau suit alors la ligne superieure de la figure.
Parfois, il y a meme des tentatives de couvrir cette
figure et Ie dessin s'ouvre a nouveau bien souvent a
l'au-dela de I'espace tridimensionnel.
On pourrait comprendre ces differents types de
representations de la Kacba comme des ebauches
tournant auteur d'un theme parallelepipedique,
ebauches somma ires et souvent avorteesvu I'ignorance
des lois de la perspective. Au-deta de leur naivete, ne
peut-on voir en ces dessins des variations d'une presence
religieuse? Le dessinateur depasse sa situation dans
I'univers realiste. A . propos du pelerinage, il rend ce
qui est presence en lui, naturelle rnais variee: l'eclat
global de la Kacba, du pOle de la prtere et de !'Islam.
Lignes et formes se radicalisent et se reorientent en
consequence,'!
Cette presence s'impose en soi dans la trontatite
brute des representations a une face (A1). Elle
s'avance progressivement dans les representations
bifaces (A2c). Ne se fait-elle pas imperative dans les
longs eperons de certaines d'entre elles (A2b)? Totale
ou majestueuse suivant leurs divers contours (A2a)?
C'est manifester une plenitude de presence que la
declivite exageree des toits recherche dans les figures.
du troisierne type (A3). La presence serait-elle deja
plus realiste par I'impression de volume ici rendue?
Les volumes auxquels les dessinateurs aboutissent,
c'est evident, sont tres loin de la realite visible de
I'edifice. lis semblent plutot vouloir exposer les
differents visages de oette presence, au point d'arriver
a des triptvques ou elle se fait enveloppante (A4) et a
des constructions multifaces qui, depassant I'univers
tridimensionnel, la rendent mysterieuse (A3c).
Mystere si etrange que c'est dans des cas pareils queIe dessinateur sent parfois Ie besoin d'ecrire Ie nom de
la Kacba sur une de ses faces. Presence resltuee. Enfin,
n'est-ce pas encore la presence de la Kacba, sanctuaire
du Parfait et du Mystere divin, que certaines represen-
tations font rayonner de leurs contours geometriques
totalement reguliers (Fig. 101?
Le deuxiems critere choisi pour comprendre la
varie.e des dessins de la Kacba considere Ie cadre du
temple, c'est-a-dire sa situation decorative ou architec-
turale, non point sa situation dans la structure globale
des peintures d'une facade.
81. Le plus souvent, la Kacba n'a aucun contexte
architectural ou deccratit. Quelques !ignes delimitentses contours, sa structure interne (de une a trois faces)
et son bandeau. Elle peut ~tre peinte en plein: la teinte
plus claire du bandeau et, dans certains cas, du tolt,
contraste alors avec la noirceur des faces laterales, Des
traits plus prononces peuvent aussi marquer ou non
les aretes de I'edifice. Pariois, les tentures de la kiswa
sont partiellement relevees et Ie bas de la rnaconnerie
est esquisse. Dans de tres rares cas laporte et la macon-
nerie entiere. les cartouches d'inscriptions situes sous
Ie bandeau et I'inscription de ce dernier meme sont
rendus.
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LES FRESQUES DU PELERINAGE
On peut joindre a ce groupe les quelques dessins
ou des barneres forment un arc ou un cercle complet
autour de la base de I'edifice iscle. Ce sont des sene-
matisations du hi jr Ismacil ou des esquisses du peri-
m~tre du metet. Ces deux elements peuvent ~tre
conslderes com me des elements de la Kacba au merne
titre que la kiswa, la porte, etc ... Le hijr, selon la
tradition islarnique, thait integre dans Ie temple bc'lti
par Abraham et Ie metet est inseparable du culte
polarise vers la Kacba. Comme tels, ils introduisent
cependant un nouveau type de representations.
82. Dans plusieurs dessins, la Kacba est repre-
sentee d'une tacon analogue aux fresques B1 rnais
elle recoit un veritable premier cadre. Des p~lerins
forment des points sombres OU des taches de couleur
au pied de la masse noire du temple (Figg. 5 et 6). Ce
sont quelques figures schernatiques ou plus elaborees
qui peuvent aller [usqu'a former une couronne auteur
d'elle (Fig. 7). Parfois les pelerins font place a de
veritablescouronneslineairesou florales (Figg. 3 et 8).
Naturelles ou stylisees et portant des inscriptions, elles
tiennent la Kacba comme dans un ecrin. Celui-cl peut
meme avoir la forme d'un coeur.
Le reste des dessins presenreot la Kacba dans un
contexte architectural plus OU moins elabore.
83. Dans un groupe de tacades, les plus simples
expressions de ce contexte sont des arcades, des
domes surrnontes du croissant et des minarets,
isoles ou agences en une ebauche de construction.
Celle-ci est [uxtaposee a la KaCba, sur ses deux cotes
ou au-dessus d'elle. Les nouveaux elements ne sont
relies au temple par aucune perspective (Fig. 5).
La visee encore essentiellement decorative de ce
type de contextes se contirme dans certains dessins ou
ils deviennent des cadres a volutes ou guirlandes
(Fig. 9) et de complexes cartouches enrobant "edifice.
A peu d'exceptions pres, une foule de pelerins peu
detailles se pre sse au pied du temple.
B4. Dans un groupe assez restreint de fresques, la
Kacba se presente dans un ensemble architectural
veritable. S'il peut evoquer Ie M8Sjid al·Harjjm, iI n'a
sou vent rien de specifiquernent mecquois. Ce sont
diverses galeries, parfois superpcsees et couvertes de
d6mes, souvent surplombees d'un paysage urbain.
B4a. Quelques fresques sont d'une ligne severe et
metaphvsique. La Kacba est souvent demesurernent
grande et de type biface a arete centrale (A2). Sa
masse noire, dont Ie seul detail est Ie bandeau clair,peut reposer sur un coussin forme par son soubasse-
ment ou par une masse de peterins. Elle peut avoir la
forme d'un hex agone parfait et tr6ner au milieu d'une
cour dont Ie pavement se concentre vers elle (Fig. 10).
Derriere I'edifice, les galeries de la cour s'allongent
regulierement jusqu'a delimiter un espace qu'un cadre
peut venir souligner. Une impression de profondeur
se degage cependant de ces dessins. Quand Ie champ
paraitrait bouche par les galeries, l'Interisur de
celles-ci est esquisse et s'ouvre sur des noirs rnvsterieux,
des minarets ou des palmiers surgissent vers Ie ciel au
dela de cette apparente barriere. Parfois la galerie
elle-rnerne est construite selon des perspectives qui
prolongent Ie regard. II en est aussi ainsi pour les
quelques maisons et rnosquees dont les volumes
reguliers et clairement dtWmites peuvent se percher
sur les collines ou s'etager dans Ie lointain.
B4b. D'autres dessins sont d'un genre plus realiste.
La Kacba est souvent de type hexagonal a an~te
decentree (A2c). Elle n'sst plus a la mesure de son
contexte, trop petite parfois. L'arriere·plan est plus
fouille, les contours de ses differents elements se
fondent en un meme rideau. Plut6t que prolonger
la scene, ce dernier semble ramener Ie regard a la
Kacba. Plus souvent que dans les fresques de type
severe, les pelerins emplissent ici l'avant-plan, Ie
visage tourns vers Ie temple.
BS. n reste un dernier groupe de vues tl examiner, re s
seules ou la KaCba s'integre dans un veritable tableau
[souvent encadre d'ailleurs) qui presente comme tel
I'etat des liaux du bsrsm mecquois. La precision du
detail et la composition d'ensemble de ce type de
dessins incitent a poser la question de leur origine.
Plus que dans les autres fresques de la Kacba, il n'y
a pas ici que Ie fruit de la simple imagination.
Les musulmans du Caire, je l'ai dit, disposent
d'une serie d'images dessinees des lieux saints. Ne
retenant que les grandes lignes de la realite et les
reorientant dejfl, il est vrai, elles laissent posseder et
reproduire cette-ci plus facilement que les photos.
Les images de certaines brochures, de format reduit et
circulaire, sont concsntrees sur la KaCba~ 2 Elles se
rapprochent des fresques du type severe dont elles
constituent peut-etre un modele: la Kacba, biface,
a parlois la forme d'un hexagone parfaitement
regulier. Elle est toujours tres grande par rapport
aux galeries de l'arriere-plan. Des details evoquent
la profondeur de champ. Soubassement et inscrip-
tion du bandeau, porte et pierre noire sont presque
toujours precises. La cour est totalement vide.
Les images d'Epinal de la librairie et-Jundi et celles
qui s'y apparentent sont cornpleternent differentes.
Grandes et rectangulaires, elles montrent I'entierete
ou une large part du haram mecquois, tantot selon sa
physionomie d'avant 1956, tan tot dans sa majeste
nouvelle.13
Elias donnent Ie detail de la Kacba, du
metet, des divers edicules Qui s'y trouvent: Ie hijr
Isma<'il, Ie minbsr, Ie maqam IbrahTm ... La porte
des BanI Shsyb«, Ie cults de 7amzam conserventparfois leur ancien aspect dans les images de
I'edifice nouveau. Certaines vues sont imprimees a
l'envers. Dans les representations partie lies, les
galeries surrnontees d'une paire de minarets ferment
l'horizon mais la ville et Ies collines vont en
$'etageant du centre vers les bords de I'image,
engendrant un arriere-plan precis. Dans les vues
completes, du style de certains tableaux de faience
turcs] 4 Ie haram a la forme d'une tres haut trapeze
cerne de galeries surrnontees de minarets et entoure
de maisons et de collines.
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Fig. 7
J ea n M i chot
Fig. 10
Fig. 8
Fig. 9 Fig.11
11
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LES FRESOUES DU PELERINAGE
Cas images au dessin precis et clair sont tres pro-
bablement une des sources principales du dernier type
des fresques representant la Kacba. IS Dans les vues
completes (B5a). la perspective change et Ieperimetre
du hsrsm devient un parall~logramme. Des nombreux
details, il ne subsiste que les voles de lacour, diagonales
confluant vers Ie cercle du mara! ou Ie cube presque
parfait de la Kacba se trouve comme dans un ~crin
(Fig. 2). Dans les vues partielles (B5bl. non seulement
la structure des images pieuses se retrouve quasi-identique, mais les dessinateurs delaissent la schema-
tisatlon et reprennent la plupart des ~Iements architec-
turaux de la courdu haram (Fig. 11). On peut recon-
naitre les divers ~icules et les lampadaires du metei,
parfois Ie soubassement et la porte de la Kacba, etc ...
Cependant, passes par Ie prisme de I'imagination des
dessinateurs, ils prennent des visages nouveaux et
singuliers. La Kacba, tres grande, est d'une forme plus
puissante. Elle n'a plus qu'une face, ou deux, avec
arete centrale ou prolongement lateral demesures,
Absents de la plupart des images pieuses, les pelerins
se dressent ici en priere un oeu partout sur Iemataf
ou se pressent en foule autour du temple. Les d~tails
de I'arrlere-ptan sont variables, Ie nombre des arcades
peut diminuer et celui des minarets se multiplier .16
A examiner ces differents types de fresques, il
semble evident que les dessinateurs ne se preoccupent
pas de rendre la r~alite goographique du sanctuaire
meoquois. ~ nouveau, ne pourrait-on pas parler de
traduction de la presence de la Kacba, pole de la pri~re
et de la religion? Le plus souvant, elle apparalt seule,
sans detail et simple, pure et absolue. Presence abstraite,
parfois sugger~e, quand des pans de la kisWB sont
releves. Les contextes. du plus simple au plus ~Iabor~,
se font essentiellement v~n~ration ou mise en relief de
cette presence. N'est·il pas revelateur que les cadres
les plus simples de la Kacba soient souvent un cercle
de peterins en priere ou des couronnes de fleurs, par-
fois meme en forme de coeur? La Kacba elle·meme
semble alors devenir une pierre noire sertie dans de
l'argentP Les premiers elements architecturaux, on
l'a vu, ont un role decorati! sembi able. lis ornent la
presence, servent de cadre au culte que la foule des
peleri ns, rarement absente, voue ~ Dieu en Son temple.
Sur les fresques s~veres (B4a), lamajeste de lapresence
jailfit de cette Kacba aux contours purs qui perce sur
un champ profond, dont les lignes sont trop nettes
pour n'etre pas mvsterieuses. Presence exaltee, Fait
rare autrement, des inscriptions peuvent ici rappeler
que Ie mvstere est mecquois (Fig. 10). Sur les fresques
realistes (B4bl. Ierideau architectural de I'arriere·plan,
plus qu'il ne situe la Kacba, concentre I'attention sur
la ferveur de la foule ou elle baigne. A nouveau la
presence est celebree. Dans Ie seul cas d'adaptations
des images pieuses (B5), Ie sanctuaire meoquois est
present comme tel. Cependant, ildevient alorscomme
un ecrin ou sa presence de fait est due au detail des
elements du mstet, dont la fonction est cultuelle
principalement. La Kacba, tres grande, est fetee par
ce foisonnement et l'add ition des pelerins corrige
l'oubli des imagespieuses, traduisantainsi Ie sentiment
veritable du dessinateur face a la Kacba. Presence de
respect. L'arriere-plan peut alors devenir secondaire, la
multiplication des minarets participer au culte comme
les cierges de certaines ceremonies soufies. Ou'est-ce ~
dire sinon qu'~ travers la situation Qeographique se
maniteste, dans une cornolexite plus grande certes,
une presence plus profonde faite de rayonnement et
de veneration?
LE HARAM MEDINOIS
Les vues les plus courantes de lamosquee de M~ine
presentent les arcades de la cour ou de la facade, sur-
montees du dome vert qui couvre latombe du prophete
et dominees par un minaret. Elles sont tres frequentes
dans les revues, les brochures et ~ la teMvision, dans
les dessins des opuscules et des images pieuses. La
realit~ est ici beaucoup plus ltiche que dans Ie cas de la
Kscba ou, du rnoins, elle dolt apparaltre comme telle
aux dessinateurs. La Kacba est un sujet precis et
determine, presque canonique, donc contraignant.Sur les fresques, de celles du type abstrait aux vues
g&>graphiques, il y a toujours une reMrence ~ la
forme du temple meoquois. Dans les representations
du tombeau du prophste, on obtient des rnosquees
diverses et, souvent, sans rien qui rappelle celle de
MMine.
Outre les fresques les plus schernatiquement
tantaisistes, certains types peuvent apparaitre:
C1. Souvent, la mosquee de M~ine n'est plus sur
les murs des maisons de pelerins qu'un petit edifice
plus ou moins carre. peroe d'une porte et de quelques
fenetres et surrnonte d'un d6me semi-circulaire et
d'un petit minaret coifte du croissant. Profondeur rare,
pas de cadre architectural (Fig. 6). Lecorps de lafacade
de la rnosquee peut etre raye de grosses lignes horl-
zontales aux couleurs alternees, Ces dessins rappellent
les petits tombeaux de saints des quartiers pauvres du
Caire (Fig. 4). Parfois quelques minarets sont aioutes
~ la Kacba et lui donnent I'aspect de ce type de vues
de la mosques medinolse: les deux haram se eonton-
dent (Fig. 9).
C2. Sur un deuxieme groupe de fresques, la facade
de la mosquee du prophete form un rectangle ou un
trapeze isocete. Deux minarets entourent alors une
coupole centrale placee dans I'axe de la porte. De tres
rares essais de construction en profondeur aboutissent
~ des formes bifaces ou ~ des triptyques. Des palmiers
ou une couronne florale peuvent accompagner I'edifice
dont la decoration est plus elaboree que dans Ie type
precedent. Enrichies certes, ce sont encore les
mosquees de quartier (Fig. 3).
Toutes les autres representations de la mosquee de
M~dine comportent des arcades.
C3. Parfois la rnosquee apparait comme une suite
d'arcs coittee en son centre d'un large dome et d'un
ou. plus souvent, de deux minarets. Les arcades
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centra les ou externes peuvent ~tre plus larges et plus
~ Ie v~ es q ue le s a utr es. Ca dr e a rc hite ctu ra l e t p ro fo nd eu r
sont tres rares. II arrive qu 'un bouquet ou une
couronne flora le supporten t I 'ed ifice. Le tra item ent
de certa ines coupoles et facades peut ~voquer la
m o sq uee d u pro ph ete (F ig . 1 7). D es p ele rin s e m plisse nt
pa rfo is Ie b as d es a rc ad es.
C4. Souvent la fac;ade de la rnosquse e st fa ite d 'un e
r~p~ t l ti on d 'a r ch e s demesurementsurelevees e t ~ t ro i tes .
C haoune est presque toujours surm ontee d 'une petite
coupole fl cro issan t. C elle-ci peut devenir un cerele
plein . II y a un ou deux m inarets d isposes sans souci
de sym etrie . Les seuls d~ta ils sont des lam pes
suspendues dans chaque arc com me des ara ign~es a
l eu r f iL
C5. Un dern ier type de dessins, m oins repandu que
les pre~dents, presente des arcades se rejo ignant dans
un coin de la cour ou de la fac;ade. L 'angle est
surrnonte du dom e en poin te et du m inaret de la
tom be du prophets. L~~re im pression de profondeur.
Parfo is des pelerins prien t dans la cour. Ces scenes
s on t s ou ve nt e nc ad r~ es .l a
L es representa tions de hsrsm m edinois sont m oins
fr~uen tes que celles de la Kacba. Les unes com me les
autres peuvent appara itre seules sur les fresques. Le
plus souvent, les quatre prem iers types de la m osquee
m edino ise accom pagnent les Kacba isolees (Bl) ou
entourees des pelerins et d 'un con texte decora tlf
seulem ent (B2 ). Le dern ier groupe (C5) se rencontre
seulem ent sur des fresques ou Ie dessin de la Kacba es t
in spire d es im a ge s pie use s (6 5).
A insi, plutO t que de donner une im age des lieux de
M ed ine, ces lieux fU ssent·ils sa in ts, Ie psin tre parle
d 'un propM te m ort et cependant proche du croyan t.
La plupart des vues de Med ine qu'on trouve sur les
rnurs des m aisons de pelerins rappellen t les m osquees
de quartier 00 sont veneres les sa in ts locaux, patron s
de la vie quotid ienne. D ans les fresq ues plus elabor~es,
ta nto t la r no sq ue e d ev ie nt u ne c ha sse m v ste rie use m en t
rayonnan te, tan tet une profusion d 'arcades, de
c oupo le s, d e la rn pe s, d '~ to ile s e t d e fle urs q ui c ele bre nt
Ie tom beau d 'un am i. Quand les dessins approchent
m ieux I 'a rchitecture de la rnosquee m edinoise, c 'sst
surtout en pr~cisan t la form e du dom e sous lequel
re po se c elui q ue Ie pe uple n om m e d an s le s in scriptio ns;
«M on E nvoye, Rasu/i» «M on B ie n-a im e , Hsbibi»,
N 'est-ce donc pas la presence de ce dern ier en eux que
le s d e ssin ate ur s e nte nd en t m a nif es te r?
LfS PfLfRINS
Les pelerins groupes ou ranges en m asses orantes
auto ur de la Kacba son t, on l'a vu, un facteur im po rtan t
de la presence du sanctuaire m eoquois. lis ne sont
souvent que des taches ou des lignes surm ontees de
. po in ts (Figg. 6 et 111 . des silhouettes plus ou m oins
esquissees (Figg. 5 et 9). Parfois leur d isposition
revele qu 'ils sont en tra in d 'effectuer Ie rawaf. En
Je an M ic ho t
priere, i Is peuven t avoir les bras souleves (F igg. 7 et 9).
L eur vetem ent (ihram) n 'est pas toujours dessine
distinctement.
II y a quelques fresques O U Ie pelerin appara it
ind~pendam ment de la Kacba. O n Ie trouve parfois a
M edine. II arrive qu'il soit abstrait de tout contexte
(Fig. 5). II est ators debout, vu de front ou de profit.
So n ihram est apparent. Une epaule dkouverte, il a
parfois un e besace a la cein ture, un chapelet (subha)
a la m ain . II peut etre barbu et co iffe d 'un turban .
Quelquefois, on Ie voit descendre de I 'avion en ihrsrn,
seul ou au m ilieu d 'un groupe au pied de la passerelle .
A insi, dans la comrnunaute de priere pres de la
Kacba ou A M~d in e, se ul en so n ihram, c 'e st- a- dir e p re t
11 repondre au comm andem ent de son D ieu, au
m om ent de toucher lesol beni, Ie pelerin n 'est presque
jam ais represen te po ur lui-merne, en portra it. II est Ie
ternoin de D ieu en Son tem ple. II n 'y a de presence
q ue c6 lebree. D isant cela par son lieutenan t, Ie pelerin ,
la pein tre donn e Ie sens du pelarinaqe.
AL·BURAQ
D'autres them es d 'in ten tion relig ieuse se rencon-
tren t. II s'agit d 'abord d'AI·Buraq (Fig. 1 2 ). E lle
appara it sur certa ines im ages pieoses.t9 Les p ei nt re s
des m aisons de pelerins en font parfois une cavale ail~e
elancee dans rether ou encore un anim al pesam ment
m ajestueux com me les taureaux assyrien s. Le visage,
vu de face, est celui d 'une jeune fille. E lle est couron-
nee, la chevelure flotte longuem en t sur les ~paules.
R ichem ent harnachee, elle peut m ontrer une
v olu m in eu se p oitr in e.
LfSANGfS
Sur quelques facades, la Kacba est placee sous la
protection d 'un ange (Fig. 16 ) ou v~neree par deux
d 'en tre eux, agenouilles fl ses co tes. lis porten t una
abondan te chevelure et sont vetus d 'une tun ique. Leurs
a iles sont deployees. Leur physionom ie est etrange-
m e nt fe m in in e.
ABRAHAM
C er ta in es fr esq ue s, a ss ez r ar es il e st v ra l r ep re se nte nt
Ie sa crific e d ' A br ah am .20 Le patriarche barbu a une
m ain sur la tete de so n fils. C elui-ci. pa tien t, est couche
li~ sur Ie bucher A braham leve un enorm e couteau
m ais un ange aile in tercepts son geste et lu i apporte
de I 'autre m ain la v ictim e de substitution (Fig. 14).
Parfo is, c 'est Ie sacrifice rituel du 10 de Dbu-l-Hiij»
qui est evoque et l'on voit un hom m e, les m ains
tendues, m enacer avec deux couteaux un gras belier.
LfSORANTS
Certa ines fresques presentsn t des orants, debout,
les m ains crolsees sur la poitrine ou de profil, assis
13
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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LES FRESOUES DU PELERINA GE
Fig. 12
sur un tapis de priere (F ig. 2). lis ont alors les bras
tendus, mains ouvertes. lis disent: «Ya Rabb!, 0Seigneur!». C'est une figure tres populaire en Egypte
sur les images pieuses et dans les opuscules dedevotion.!'
LES PORTEURS D'EAU
Les pelerins boivent de reau du putts de Zamzam
apres avoir fini Ie tawa' autour de la Kacba. lis en
rapportent des petits flacons charges de bonne fortune
pour leurs parents et amis. Cette eau a une action
considerable sur I'opinion populaire.22 C'est sans doute
~ cet impact qu'il faut rattacher lesnombreuses figures
de porteurs cfeau sur les facades des maisons de pslerins,
Le plus souvent, ces personnages sont vus de profil
et en pied (Fig. 2). lis sont barbus. lis portent une
tunique avec une ceinture, un tarbouche et parfois la
veste de cuir des marchands d'eau cairotes. 115ont surIedos une outre ou une grosse cruche et, en mains, un
ou deux gobelets, parfois les petites timbales qui les
annoncent. On peut les voir en train de verser l'sau
benite et. rnerne, de I'offrir ~ quelqu'un en lui disant
sans doute, comme Ie rapporte une inscription au
dessus d'eux: «Bois et ben is Ie prophete» (Fig. 13).
La s c e n e se d~roule parfois sous des arbres.
L'ENCENS
Le prophete aimait les parfums et, Ie vendredi et
les jours de f~te, I'encens embaume les demeures et
Fig. 13
las boutiques musulmanes. Sur les murs des maisons
des pelerins, it arrive de rencontrer Ie dessin d'un
vieillard barbu portant turban et tarbouche en train
de brOler du bakhur. II tient a la main un grand
encensoir. dans l'autre, parfois, des batonnets
d'encens. Sur une facade, je l'ai vu revetu de la tuniqueraplecee et haute en couleurs des soutis errants, une
besace au flane.
Comment comprendre ces diff~rents motifs? ~
travers eux se manifeste, je crois, la profondeur du
sentiment islamique des dessinateurs. L'histoire sainte
de l'lslam ne manque pas de scenes qui pourraient
figurer sur les facades des maisons de pelerins. Les
peintres disposeraient meme d'une serie de modeles
dans les images pieuses d'al.Jundi. Ce n'est pas par
hasard que I'Ange, Abraham et AI·8uraq sont surtout
cholsls, fCtt-ceinconsciemment.
En ettet, montrer la Kacba et I'Ange, n'est-ce
pas rappeler la merveille de la fondation du templifl
er, surtout, la participation du monde superieur au
eulte rendu ~ Dieu en Sa maison7 Dimension meta-
physique de la presenoe. De meme, dessiner Iesacrifice
d'Abraham, c'est reconnaitre Iesens v~ritable des rites
du pelerinage a Mina, manifester Ie principe de ristem,
oomprendre la realit~ de 1'6gorgement des victimes et
celie de la fete ... 24 C'est repondre a la question posee
par ces dessins ou I'homme, comme indecis, reste la a
fixer la bilte.
A peindre des orants, on retient encore I'essence
de la rei igion, soumission et adoration. La presence
14
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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. -
. .
Fig. 14
d'AI-8uraq n'est-etle pas aussi un signe plein de
richesse? Monture des ascensions du proohete, en sa
compagnie, Ie musulman ne va pas seutement II la
Mecque. En realite, Ie pelerinage est mystique et con-
duit 11Oieu. Le peintre aussi peut etre pelerin,
Pourquoi un vieil homme brCllerait-il de I'encens
sinon pour celebrer et feter une presence? Entin, dis-
tribuer I'eau de Zamzam en appelant la benediction
de Oieu sur Ie prophets, ne serait-ce pas comme un
sacrement, un symbole de la communion au mvstere
de Oieu que l'on reeoit du nouveau pelerin, de meme
qu'on distrlbue des bonbons ou des miches de pain
lors de certains dhikr soutis?
Les maisons des pelerins sont decorees de nom-
breux motifs encore. II s'agit d'abord de dessins.
souvent tres gais, qui evoquent les transports utili-
sables par Ie pelerin, du chameau a I'avion.
MAHMAL, CHAMEAUX ETCARAVANES
Oepuis 1952, Ie mehmel ne vit plus que dans Ie
souvenir, I'imagination du peuple, et sur les murs des
maisons de pelerins.4'5 Tres souvent, il a perdu son
escorte et n'est qu'un chameau surmonte d'une espece
de guerite. II erre dans Ie vide, sans chamelier bien
souvent. Le mahmal passe mais Ie chameau reste, en
des silhouettes plus ou moins fideles au reel. Dans Ie
vide ou sur un fond d'oasis, Ie plus souvent sur un sol
seulement esquisse, Ie chameau est represente seul
Jean Michot
Fig. 15
(Fig_3). monte ou non, ou dans une caravans de quel-
ques tetes (Fig_ 17). Rarement il porte un palanquin
(un vestige civil du mahmal?). Presque toujours un
chamelier Ie prkede en Ie tenant par la bride (Fig. 5).
Bien souvent, Ie voyageur et Ie chamelier portent Ie
vetement bedouin classique. Tous deux peuvent ~tre
barbus. Sur quelques fresques, la caravans se trans-
forme en un cortege de joyeux musiciens.
LES TRAINS
Les dessinateurs ne semblent pas apprecier les
nouvelles tractions diesels des chemins de fer egyptiens.
lis peignent presque toujours d'antiques locomotives
:t vapeur crachant de noires furnees (Fig. 2). Le convoi
peut compter jusqu'~ une dizaine de wagons aux con-
tours presque cartes, montes sur deux ou trois roues.
S'il n'y a pas de perspective, ces dessins ne manquentpas de details et de oouleur: fenetres panoram iques
ou on apercoit toujours des silhouettes, machinistes
attaires ... II arrive que Ie train soit a I'arret devant
un buttoir ou qu'il fasse nuit, comme I'indique Ie
faisceau blanc projete par les phares de la locomotive.
LESAVIONS
La diversite des dessins d'avions est beaucoup plus
grande que celie des trains. Souvent I'avion ne semble
etre que deux planches ou deux boudins en forme de
croix, ce qui lui donne des profils pour Ie moins
15
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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LES FREsaUES DU PELERINAGE
hybrides. II peut aussi etre un long fuselage flanqu~
de deux moignons d'aile (Fig. 5), avoir I'allure plus
gracieuse d'un dauphin, d'un poisson volant, ou I'aspect
magnifique d'un Ovni. Peu de r~alisme done, I'avion
est souvent vu sous des angles extraordinaires, mais
avec une profusion de details: hublots et parfois
passagers, roues, nombreuses helices, qui peuvent avoir
la forme de soleils rayonnants, drapeaux ~yptiens
sur la queue de I'appareil, carlingues multicorores.
Cependant la technique moderne a ici ses partisans e t
il arrive de rencontrer de fidt!les representations de
petits biplaces ou de gros Boeings, parfois rneme des
jets militaires et des helicopteres (Fig. 6). Les appareils
sont rarement au sol et. en I'air, leur vol n'est pas que
r~gulier: plusieurs semblent foncer vers Ie bas ou
s'engager dans d'habiles tonneaux et loopings (Figg.
2 et 3).
LESBATEAUX
Les bateaux ont-ils la pr~ilectiondesdessinateurs?
On pourrait Ie croire a voir la multitude de vues qu'ils
en donnent. II ne s'agit parfois que d'une humble
felouque (Fig. 15). D'autres pr~ferent les bateaux a
fond plat des croisieres fluviales. Des paquebots,
comme ceux du Canal, ont la proue ~Ianc~e ou
s'allongent indetiniment sur la mer (Figg. 2 et 5).
Plusieurs de ces bateaux, surtout les paquebots,
sont d'un (~alisme plausible. Cependant la plupart des
navires sont remis en chantier par Ie dessinateur. Les
bateaux du fleuve deviennent alors des arches a chateau
central. Les ponts de celui-ci s'~tagent oomme un
H.L.M. (Fig. 4) ou comme un g~teau de rnariee (Fig.
6), Ie tout couroooe de cheminees et de leur panache
noir.
Presque toujours, une ~rie de bannisres ou de
drapeaux egyptiens sont deploves un peu partout sur
Ie navire (Fig. 3). De nornbreuses fenetres et portes.
Parfois un marin. Ancre et mats, gouvernail et helice
peuvent etre precises. Cette d e rn ie re , r ame n ee sur Ie
flanc du navire, ressemble plutot a une roue e ll aube.
Quelquefois les bateaux ne vont plus sur I'eau mais
semblent flotter dans I'ether. C'est alors surtout que
les dessinateurs forgent des embarcat ions merveilleuses
en en redistribuant e ll I'envi les el~ments: vaisseaux
boschiens et fantOmes. Certai ns bateaux portent divers
noms: 18Paix, la Mecque, la Mecque Wneree.
Enfin, sur les fresques des maisons de pelerinsplusieurs dessins montrent divers aspects de la vie
du peuple cairote. Le nationalisme est tres present. Les
drapeaux, d~ja hisses au sommet des mats des navires,
peuvent s'etaler en grand sur les facades. C'est sans
doute e ll cette fiert~ qu'il faut aussi rattacher les nom-
breuses vues des trois pyramides de Guizeh.
Des fleurs de tous coloris ornent ou envahissent la
grande maiorite des fresques (Fig. 3). Ce sont soit de
grands bouquets disposes dans des vases (Fig. 41. soit
des guirlandes. Ou encore les dessinateurs sement ces
fleurs un peu partout sur la fa~de de 1 8 maison (Fig.
Fig. 16
Fig. 17
16
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17). De cette proximite de la nature relevent aussi les
nombreux arbres representes sur les fresques (Fig. 4).
Ce sont surtout des palmiers, dont les regimes pendent
pesamment. Les dessinateurs arrivent parfois a de
veritables scenes champetres illustrant la recolte et la
vie des fal/ahin.
A part les moutons du sacrifice et les chameaux,
il y a peu d'animaux sur les fresques. Ce sont surtout
des oiseaux. lis chantent dans les fleurs, voltigent
entre les palmiers, au dessus de la Kacba. IIy a descouples de tourterelles, des pigeons un peu lourds et
de gros paons.
Beaucoup de facades baignent dans la crainte du
mauvais oeil. Des empreintes de mains maculent Ie
badigeon pour repousser Satan (Figg. 2 et 17). Des
yeux perces de fleches pretendent tuer I'envie. II peut
y avoir des symboles magiques construits comme de
veritables rebus: par exemple, un serpent qui tourne
autour d'une pasteque deja entamee et qui en mange,
tandis qu'un poignard est plante dans Ie fruit, juste a
cote de la tete du rePtile~
Tout ce que ces dessins montrent, choses et senti-
ments, est done associe au pelerinage. II ne s'agit pas
de raconter un voyage. Si on peint a la fois chameaux,
trains, bateaux, avions, il est invraisemblable que Ie
pelerin du Caire ait employe tous ces moyens de loco-
motion. Par contra, d'autres vehicules dont I'usage
est plus probable, tels l'auto et l'autobus, ne sont
presque jamais dessines. C'est sans doute que ces
differents moyens de locomotion participent 11une
image COmmune du pelerinage, du voyage, de I'eloigne·
ment - Ie mvstere de certaines machines volantes et
des bateaux fantastiques =, mais aussi du retour, de la
f~te, d'ou la joie de formes couturnteres, Ce sont Ie
train de la vattee. les canges du Nil et les navires du
Canal, les costumes trad it ionnels qu'on ne porte plus
qu'aux fetes, les corteges musicaux et les pompes
d'antan.
La vie se mele alors 11I 'intention religieuse des
fresques, avec toutes ses couleurs, ses aspects journa-
liers, ses fiertes, sa simplicite nature lie, ses craintes.
Scenes paysannes, drapeaux et monuments glorieux,
fleurs et oiseaux, mauvais oeil et jalousies.
La mosquee de Medine, celle de I'£nvoye bien-
aime, n'est souvent que celie du quartier. Le pelerin qui
partage I'eau de Zamzam est aussi Ie marchand d'eau
bruyant et criard de tous les jours, de tou tes les rues
du Caire. Le vieillardal'encensoir est Iesanton errantdes campagnes et des mawlid. L'egorgement des
victimes est une fete attendue toute l'annee et las
moutons du sacrifice grandissent dans les boutiques,
en famille, comme I'enfant d' Abraham aupres de son
pere, Les mains chassent I'envie parce qu'elles sont la
main de Fat;ma.27 Les palmiers rappel lent la creation
de I'homme. N'ont-ils pas ete faits par Dieu de la
m~me terre qU'Adam?:!s Trains et bateaux peuvent
s'appeler La Paix et La Mecque Veneree. L'oiseau
chante dans las fleurs mais, com me Ie disent les gens,
il est en meme temps Ie messager du prophete, dont il
Jean Michot
peut tenir un pli dans Ie bee, cusfur es-setem. Oiseau
de la Paix. Si les fleurs sont [oie, c'est aussi parce
qu'elles s'ouvraient sur les pas du prophets, disent les
inscriptions: st-wsrd fataha ti-n-neb! ...
LES INSCRIPTIONS
II reste a parler des inscriptions qui accompagnent
souvent les fresques.29 Si la plupart sont tracees d'une
main gauche et oontiennent parfois des fautes d'ortho-
graphe, certaines peuvent etre de veritables calli-
graphies.Sans ordre precis, ces inscriptions courent entre les
differents motifs des fresques. La plus frequente
souligne la purete nouvelle du pelerin: Hajj mabrur wa
dhanb maghfur, Saint pelerinage, tes peches sont
perdonnes (Fig. 2).30 Des versets coraniques relatifs
au pelerinage reviennent frequemment, de meme que
les formules de certains de SItS rites. Appel/e. parmi tes
hommes, au peler;nage! lis viendront ~ pieds 01.1 sur
toute monture au flanc cave. lis viendront par tout
passage eoceisse (Cor. 22, 27). Dieu a impose eux
hommes te p~/erinage a ce temple. A quiconoue a
moyen de s'y rendre (Cor. 3, 97) (Fig. 3) .3 1 En v{uite,
Ie premier temple qui a;t ete londe pour tes hommes
est certes situe b Bakka, temple ben! et direction pour
les mondes (Cor. 3,96). Tourne done ta face dans te
direction dela mosquee sacree (Cor. 2, 144). Me voici
a Ton service. 0 Dieu/ lei ie suis 8 Ton service! Ici je
suis a Ton service! Tu n 'as pas d'associe. lei ie suis b
Ton service! A' To; la louange, la grace et la ricbesset
... Sur la route de Dieu, ~ Mina et carafst! ...
Seigneur, ouvre-mot mon coeur (Cor. 20,25).
Quelques traditions touchant au pelerinage sont
parfois souliqnees: Pour cetui qui a visit« la demeure
du propht!te, la guerison est ecrite ... Le propbete a
dit - Que Dieu lui donne te MnMietion et la paix! -:
Celui qui visite me tombe, mon intercession lui est
assur(fe ... Cequ'it y a entre ma tombe et mon m inbar
est un des jerdins du paradis J2 ... Quelques inscrip-
tions, plaoses la sans 'contexte, semblent avoir une
signification mystique: Secoue vers toi Ie stipe du
palmier: tu feras tomber sur to; des dettes Irafthes et
mOres (Cor. 19,25). Je demande au Createur, en heat
du ciet, de ne pas m'interdire de Le voir __ .
Louanges de Dieu et professions de foi abondent:
AI/ahu ekber, Dieu est plus grand Que Dieu soit
glorififfl ... 6Seigneur, Ya Rabb Je te laue, .Seig·
neur, je te remere/e. Seigneur ... Ma sbe'e 'lIah! ...
Louange a Dleu, Seigneur des mondes (Cor. 1, 2). /I
n'y a de dieu sinon Dieu ...
De meme pour Ie prophete: Muhammad est
reovov» de Dieu ... Muhammad est Ie propMte det»
misericorde ... (Fig. 15). Mon Oieu, donne Ta MM·
diction et Ta paix a notre mettre Muhammad ... t)
Seigneur, donne Tabenddiction a I'dlu ... EMni soit Ie
oroonete, que la benediction de Dieu soit sur lui et
que tes benedictions (divines) errivent Ii auiconaue Ie
beott! ... M;lIe lois IOUH soil la paix de t'envovet
17
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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LES FRESaUES DU PElERINAGE
Benie soit la lumil1re du propbet»! ... 6 iumiere du
propbetet . . . Ces invocations peuvent devenir
t~moignage d'amour: Muhammad est mon envoy~ ...
{j mon bien·aim6, {J Muhammad! ... < 5 celui que
j 'sime et que j'affectionne, jamais je ne t'oubtiersi.
Jointes II ces inscrlptions de caractere proprement
religieux, une serie de formules disent bienvenue au
nouveau pelerin. A son ~pouse et parfois meme , leur
souhaitent un nouveau pelerinage. Ahlan wa ssbten,
bienvenue, Marhabanl ... Mil le ftHicitations, ()plJlerine
(Fig. 6), 0 plJlerin Mni, deux mille f~licitations et
bienvenue, pelerin de la msison de Dieu! ... Reviens-
nous en psix, peterin, en paixl ... Meil/eurs voeux
pour toute I'annde! ... Retoumes-y p~/erin, et cheque
annde! ... A votre tourl ...
Enfin, les fresques peuvent dialogultf avec Ie
visiteur: {j toi qui entre dans cette matson, bdnis Ie
prophete ~/u ... £ntrez III en paix et trenquitles (Cor.
15, 46). Elles s'adressent au jaloux, A I 'envieux, pour
Ie raisonner et Ie desarmer: La patience est belle ...
La patience est la ele de la delivrance ... Ne t'etonne
pas car c'est la votonte de Dieul ... Ceci vient de la
favour de ton Seigneur ... A' t'envieux, NONI ... Au
dessus de l'oeil perce par une fleche on ecrit:. L'oeil
de t'envieuxl ... 0 lumiere du prophets! ... 0 Seig·
neur, etend: Ie voile de Taprotection! ... {J Seigneur,
eccorde Ton pardon! ...
Ces inscriptions tressees entre les dessins de cer-
taines faeades participent A leur significat ion. Comme
eux, elles ternolqnent de la presence de 0 ieu et du
prophete en leurs auteurs. Mais elles disent, clament,
ce qui, des dessins, eta it rayonnement: Ie caractere
polaire de la Kacba, maison de Dieu, la rtialite du
rite, une foi simple faite de louanges et de respect,
de be~ictions et d'espoirs, d'amour de I'envoye.
Elles sont parfois des versets (aya) du livre Divin;
de mllme, les dessins etaient des signes (Bya) de la
Presence. On comprend des lors que la basmala qui
ouvre tes sou rates du Coran surmonte parlois les
fresques: Au nom de Dieu Ie Clement Ie Mis~ri·
cordieux (Fig. 2).
Mais a nouveau I'elan religieux n'est pas desincarne.
La graphie est naive. Les inscriptions conversent avec
la vie quotidienne. Elles se font accueil du pelerin,
I'appellent parfois de son nom, saluent Ie visiteur.
Les formules superstitieuses, t~moins de la mesqui-
nerie du monde, cOtoient tes declarations de foi les
plus brOlantes.Voilll les fresques des maisons de pelerins que j'ai
vues. Du fait de leur diversite et de la richesse de leurs
motifs, de la profondeur d'intention qu'ils manifestent
souvent, je n'ai pu me resoudre a n'y voir que Ie
resultat d'un dessein d'ostentation de la part du
nouveau Hajj et de sa famille. J'ai prMer~ voir les
choses du cOte du dessinateur-rneme et parler de
presence.
Cela semble evident, les dessinateurs n'ont pas
I'intention de faire un recit de voyage. Celui-ci se
deroule d'ailleurs encore quand ils prennent leurs
pinceaux. Ces fresques sont faites pour accueillir Ie
nouveau pelerin. Comment mieux Ie recevoir qu'en
allant soi-meme II la rencontre de l'autrs, en ce qu'il
a vacu, en ses plus riches moments de musulman? Les
fresques sont une telle approche parce que Ie dessina-
teur lui-rnerne sent cette experience, parce qu'i l a
l'Islam present dans Ie coeur. C'est de ce sentiment de
I'lslam qu'a propos du pllierinage, les figures et les
inscriptions des facades temoignent, c'est lui qu'ellss
signifient. ~ des degres differents cartes, la vita lite
de la religion telle qu'elle est vacue cohere la constel-
lation d'~I~ments de chaque maison. En sa naiVete,
l 'Islam des dessinateurs, celui du peuple cairote, est
presence de Dieu dans Ie rayonnement de la Kacba,
son pOle mystique plut6t qu'un point determine su r
une carte. ~ travers ses multiples visages, " est
honore et exalte. Cet Islam est fait de reverence et
d'amitie du prophete, conscience parfois de ses
propres dimensions rnetaphvslques, du fondement et
de I'essence de se s rites, les inscriptions disant ce que
les dessins montrent.
Cependant, les scenes religieuses ne sont pas Ie
tout des fresques. Le sentiment musulman du
dessinateur est encore fait d'une serie d'autres choses.
Les fresques Ie disent, l'lslam est int~re a la vie et
int~re celle-ci. Pas de religion abstraite, pas de vie
areligieuse. L'lslam est symbiose de mystique et de
sentiments quotidiens: inqui~tude et joie des periples,
nationalisme, presence du monde nature I. L'lslam des
maisons de pelerins cairotes se constitue II differents
degres de Dieu et du mauvais oeil, de la Mecque et de
bateaux, d'amour du prophete et de l'Egypte,
d'Abraham et de paysans, d'AI·Buraq et de fleurs,
de pelerins orants et de musicians, d'anges et
d'oiseaux ... 33
Si les fresques disent tout eela, qu'importent les
sarcasmes d'un esthete. II y a plus sur les murs des
maisons de pelerins que de la beaute et celle-ci,par la-rnsme. n'en est pas absente.
18
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
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APPENDIC£
Cet essai 6tait d~j~ r6dig~ qual'ld j'al eu connalssance de la
Nota sutt« rafliguf'blionl oopotert del pel/egrinaggio in Egitto
de Giollanni C nove. publil!e dens las Annali dalla lacolra' dl
l ingue e tettereture straniers di Ca' Poscs«, Paideia, XIV ,
3, 1975 (Sede Orlentale. 6), pp. 83·94. Je n'ai donc pu en
profll r pour mon Ir811 II. Je consailla fortement au 1&cI4\H
d'y recourir du fait du grand nombra d'inform lions que
oet article contient, d'autant plus QU I'auteur envisage les
fresques du ~Ierinage de tOUte la vallee du Nil et pas seula-m nt de III cephate. Je retiens icl une saute informal ion:
les fresQues du pelerinage sent attesteas par Paul Lucas dans
son VOYl'ge fait en 1714 par ordre de Louis XI V d ns I
Turquie, rAsie, Sourie, Haute St BilSSaEgypte, AmSlerdam
1720, LlV, p. 393 (note 1, p. 921.
Cel artida de G. Canove conrlent aussi trein photos de
malsons da pallrlns sur lesQuelies les differents typos
de r~r6sentatlons d I KI,cOOet de Mlldina que j'ai distingulls
Pf\jvent ~tfe retrouves avec plus ou moins d'exacti tude:
Fig. 1
Fig.2
Fig. 3
Fig.4
Fig.5
Fig:6Fig: 7
Fig:8
Fig:9
Fig: 10:
Fig: 11 :
A2a 82
C2
A2c 82,C1
A2a 82
A2a 83C5
A2b (A3o?1 83
A2c 82
CS
A3b 8Sb
Remarques: - La photocopie dont je dispose ne me
permet pas de bien distinguer da quel type las repr6sanla-
tions de te Kacb8 at de M6dine sont sur la figure 2. Je
crois A2c 85 simplifi~ at C5:
- La figure 7 est un bel exemple de style sev~re ou la pil! te
multiplie les 61ements, ici les minarets. L figure 8 monue
un cartouche dAtoratif d route beauu~.
Enfin, G. Canova donne dans un tableau la fr~uence avec
laquelle las motifs les plus communs apparaissent sur les
fresques. II se base sur un tOlal de 57 f~ades. Je crois utile defoumir ici au l&cteur un indice de fr6quenoe parallele b~
sur 50 f ~ades calrotes doni je disposa de IIUes compllites
en photos.
KCb 8 43/57 36/50
alofTtasfldI·haram 27 18
al-masjidan.nabavi 23 22
hajj 19 1
paleri"s et Kecbe 19 15
mahmBI 17 6
transport : chameau 18 14
aUIO 3 0
train 11 12
bale u 12 35
avlon 12 31
MlicoPt~re 2
pigeons el aut res olseaux 7 6
pyramides, Nil, palmiers 13 15
motifs floraux 38 29
drapeau I!gyptien 5 11
marchand d'eau 7 10
O'autres motifs signal's par G. H. Canova comme peu
frequenls (Coran, recitateur, rnuslelens, dansa des batons,
personnes aocueil lant la ~larin, cAIt, 110" avec une 6pee,
symboles pharaoniQulS el malnsl sont quasi inconnus du
Caire Imalns 2, musiclens 3) et font place ~ d'autr s
motifs: AI·8uriq 3, mauvets oeil et autras signes magiques 3,
orant 1, Abraham al sacrifice du mouton 4. souf' 2, nge 3,
cela dans la masure ou mon tfavaU pout fire considere
comme represe"tatlf d la situation pr6valant au Caire.
Jean Michot
NOTES
1. As-Sahhlir, Fi Q flint a~·Zemin, chapitre X. Sur ce
rom n et sur son au leur, on pourra eoosuuer E.
8$nnerth (+ I et R. Morelon, Un romancier egyptien:
AI-$shhar, in Mideo XIII.
2. En un Ess.1sur lesmoeurs des habitants modernes de
I'Egypte (suite du lome IIda la 0 scriPtiondel'£gypte,
20 partie, p. 3951, M. de Chabrol refuse de parlar d
la sculplure et de la peinture: "ees deux aru, tels
QU'Us sont en EgYPle, ne m~rilant aucuna attention:'Quelques ann60s plus tard, vers 1830, E. W. L ne (An
Account of the MannafSand Cusrom$of the Modern
Egyptians, pr mi're edition parue en 1836; p. 316 de
I'~itioo de 1923 de l'Everyman's Library) aueste I
pr sance des fresQues du ~Ierinaga mais les d dalgne:
"II v a oertains musulmans en EgYPle Qui t "tent de
desslner des hommes, des lions, des chameaux et
d' utres animaux, des fleurs, das b te3ux ere..•.
perticuli~rement dans Ic e qu'[ls appellentll decoralion
de quelques devantures d'echoppos, des pones des
maisons des ~Iarins ate .... Leurs re lisations seraient
cepsndant dlipaS$6es par des entants de cinq ou six
ans d ns notre pays." Plus loin, Lane donna capel'ld nt
qu IQues precisions (pp. 443-4441: "C'est un usage
commun d'omemeruer l'entr6o de la matson d'un
pelerin, uo, deux ou trois [ours avant son arrlvee, en
peignant te porte, en colorant alternativem nt les
pierres de chaque c6te et au dessus de e eu e-e t a ve c
de I'ocre rouge et du badig90n. Ou bien, si c'est de4a
brique, en t'ornernentant d'une msni~re sembtabte,
avec de largas b nd s horizonlsles de rouge el de blanc.
Souvent eussl, des erbres. des chameaux elc ....
sont points d'une mani~re Ires grossi'ra an vert, noir,
rouge, et en d'autres oouleurs. Parfols Ie pelerin 6crit
pour ordonntr qu'on fasse 081 ." Lane perle encore de
raprMent lions de I K cb ou de Meoine deoorant les
murs de certaines pi4!-oes d e maisons bourgeoises. On
paut trouvsr des photos d parailles reprl!senlalions
dans A. L'zi"e, Trois pelais d'epoque ottomans au
Cqire, Memoires de 1'1 FAO, lome XCIII, Le C ,re,
1972. Enfin, las rapr'sentations des II ux saints musul-
mans dans I' rt turc ancien sonl un ph6nom~ne connu.
(Voir notamment Ruc;han Arik. 8atililasma Donemi
Ansdolu T8Silir Sanati, Turkiye I~ 8ankasl KUl.tUr
Yayinlari, Ankara, 1976. Noml.mtu$ s photos.) En
1953, la ~r9 J. Jomier soullgne la poesie des fresques
du p4lerinage ou survit Ie m hmol. IIen donne daux
photos (Le m bm I el 18 ClJrsvonaegyptienne des
,wlarins de I Mecque (XIJI-X~ stectesl, Le Caire ,
Imprimerle de 1'lFAO, 1953, p. 207 at plancha VII.
II en reparle briellement dans un artic l sur Le
pelerinage musulman vu du CairlJ V(Jf'$ 1960 (in
Mideo IX. pp. 1·72, Le Caire, 1967, pp. 6·7). Dans
leur merveilleuse elude d s erev nces populaires de
"Islam, R. Kriss et H . Krlu·Helnrich partent des
pol"tures popul ires 6gyptiennes, mais ils s'interes-
sent principalement 8UX rcrnbeaux et aux chapalles
des saints musulrnans, lis ne s'arrardent pas sur les
maisons des pelerins (Volksglaube im 8araich dtn
Islams, Band I; Wallfsrht$wesenund Heiligenverehrung.
o Harrassowilz, Wiesbaden, 1960, pp. 23·24 et 1131.
En Egyple mArne, un certain interOt s'esl manif ste
ces derni~res ann~es pour las Iradilions populaires.
Sans doute la rellue Let arts populsires (Mejellet
/J'·Funun ash..shsCbiyyal editee par Ie ministere
egyptien de I culture a-t-elte ccnsacre des articles
aux maisons des ~Ierins. N'lItant pas reprise en 1975
da"s les catalogues de 18 8ibliotheque Nationale
egyptienne, if ne m'a pas 6te possible de I'examiner.
Plusieurs photos de fresquas du ~Ierinaga Ont 6t6
19
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 15/16
LES FREsaUES DU PELERINAGE
Jl4.Ibli~EtSd n$ divers ouvrages. J'al d6j~ cit6 Ie livn!
du pIIre J. Jomier sur Ie mshm I. Je donn ici las
(M4renoes de diverses autres publications aux-
quelles on pourra recourlr: J. Lozach et G. Hug.
L 'habitat roret tin Egypte, Imprimerie de I'IFAO.
Le Caire, 1930. Une vue de la malson d'un p6lerin
du Fayoum (pI. XI X, commentaire bref p. 91 I. Sacd
al·Khadlm, Macalim min fununini a$h·shl,cbiyya,
Makt8b ( 8th·thaqifat ash·&haCbiYYfl, nO 12, Oar
al.Macarif. Le Cair , 1961, Fig. 461. AI·hflyat we-t-
funun ar·r7fiYYlJ,publication non datlle du minist6re
4!gyptien de I'agriculture. S. Lacouture, L 'Egypte;
Collection Petite PI nete, Seuil, 1962. Une photo
p. 186. M. Gilsenan, II poooto dell'Egirco, In I popoli
della terrs, vol. XVI ecnsacre au monde arabe,
Monel cort. 1974. (Une photo en couleurs p. 74,)
L 'Egypte, in Le Million, vol. X consaere tI l'AfrlQue
septentrionate I orientale, Grange Bateli~re,
Paris, 1975. (Une photo en couleurs p. 302,) T. J.
Abercrombie. Egypt, in National Geographic Maga·
zin», Mars 1977. Une merveilleuse freSQue reproduite
en couleurs pp. 326-327. II convi nt de remarquer que
la plupart de CEtSphotos oru te prisasdans la campagne
6gyptienne.
3. R. et H. Kriss etudient longuement ees imag s pieusas
(Vol lcsgfaube ... , vol. I, pp. 41-47) et en donnent
plusiEtUrs reproductions (planches I ~ X du ~me
volume, entre lEtSpp. 40-41: 1. La chamelle de SiHih
(Cor. 11, 6H381, 2. Medine. 3. La tombe du proph6te,
4. L Mecque, 5. L'6hlphant er la Kacbit. 6. Le Shaykh
al·8adBwl. 7. I Shaykh al.Jilimi, 8. L'arche de No~,
9. Af·Burao, 10. La tombe d'ar.Rif/liJ. Oes images
semblables sont imprimees dans d'autres centres du
monele musulman. notamment ~ Medine, Alep,
Alger, Tunis, Islanbul etc .... Des reproductions
d'images de la collection d'Algor peuvent 58 trouver
dans Mahomet d'E. Dermenghem (Collection Micro·
cosme, Mai\(EtS Splritu&ls nO 1, Seuil, Pllris. 1974:
e. 9 La prien! autour de la Kacbe, p. 53 AI·Buraq,
p. 55 All et sas deux fils, p. 100 Le sacrifice d'Abra·
ham). DEtS images d'origine persane et d'EtSprit chilte
p uvent notamment se trouver dans Le theB(re ett'tstern de M. Aziza (SNE 0, Alger. sans dale) at dans
lsi m, ie combet mvsttou«, de J. During (LaUont,
Paris, 19751. J'ai "intention d'etudier un jour
las imagas des dill r$8S collections 8t leur 6volullon.
Je suis ctuellament en train de tes r ssembl&r.
4. On rencontre sur I s fac;ades d s maisonscampagnardes
des tMmes pharaoniques. d s gazolles. des lions, des
crocodiles, la chamelle de Silih t son petit, des
sc4nes de danse du bGton, dEtS hommes armes. un
dkor g60m~trique autour des portes etc ...
5. Je n'ai jamais rencontr~ "le navlre que port6 un grO$
poisson" dont partait as-Sehhar II y a quelques
ennees, p s plus que Ie chat et I't!chassier de Ie
photo lassez ncfennel P"SentN par S. Lacou·
ture (L 'Egypre, p. 186'.6. C& n'est pas mon propos de reprendre ici la qu slion
de la Iic~itE! dEtS an$ figur tits en Islam. Quoi qu'il en
soit de celle·eO, sur lEtS malson$ de pt!lerins
figurent das hommes et d'autres cr6atures de Oieu,
tI I'exclusion du proph6te n~anmoins. Je me con·
tente de renvoyer ~ I' xcellent mise au point de A.
Papadopoulo, L'lsl m et rart musulm/In (Mazenod,
Paris, 1976; pp. 48·59: Form8tion de J'esrh8tloue
musulm8nel. Des fresques decorent les demeures des
croyants dans plusieurs regions du monde Islamique.
Par exemple, &lIes ornent ou surchargent dEtS palais,
maisons et mOSQUH$ OIlOmanEtS (Voir R. Arik. op.
cit. et Malik Aksel. Anadofu Hl1lk Rtlsimltlri, Baha
Matbaasl, Istanbul, 1960. plus une sjjrie d'article de la
revue SanBt OOnyamiz, Istanbull. On en trouve au
Nig6ria (Voir O. Heathcote, The arts of the HlJusa,
World of lsi m Festival. Londres, 1976), au YElmen
(Voir not mment H. Helfriu, Gluckliches Arsbien,
Abenteuerliche Reise lwi$Chen dem Teufel und dem
totem Meer, Fretz und Wasmuth Verlag Ag . • Zurich!
Stuttgart, 1956. Refllrenoe que je dois, parmi plusieurs
autres choses, ~ l'amablllt6 de M. J. Ryckmans) et en
AfghaniStan (Voir I'etude profondo et superbement
illustree de Micheline C&ntlivn!s·Demont, Popular
Art in Afghflnis( n. P{tinrlngs on Trucks, MosquflSand
Tee-Houses, Akademisc::he Druck, Graz. 1976).0' utr s
contrses pourraient encore litre cuees. II f ut eepen-
dant Ie rsmarquer. cas peintures ne concernent pas
Ie ~Ierln ge (II I'exception peut-4tn! de oertaines
fresques du nig rian Musa Yola oU I'on retrouve des
motifs des tresques t\gyptienn $ comme des Irains
et des mosquees. Cas eXlraordlnaires tableaux de
M. Yola semblent cependant 4tre Ie fail d'un Individu
plus que d'un PEtUple. Voir O. Heathcot , oo . cit. INclanmoins, dans differents pays comme 10 Tunisl ,
la Lybie, la Svrie etc .... les maisons des pelerins
se $ignalent aux yeux dos passants par divers orne-
menu: eclats de verre Incrust s dans la m3QOnn&ria,
dessins ,*ometriques etc .... A Jerusalem, j'ai ~m
pu VOir certaines fac;a<fes plus abondamment d6cor"6es.
lei ce sont des taches rnulticolores, des a(bres slylis6s
et d E t S inscriplions 6parpillAes sur les murs. LtI, on II
simplement accroch6 u dEtSsus de la porte de la
m ison un tableau aU la KaCblJ voisine avec Ie dOme
dor~ de la MOSQuAe du Roch&r. Das fleurs, quetques
versets coraniques (Cor. 3. 19 notamment) at Ie nom
du p6lerin. La painture popul ire est donc loin d"tre
inconnue en Islam et las maisons de pIIlerins reooivent
de multiples dElcoratlons, parfois das dessins un PEtU
plus "abores. II semble cependant QU les compost-
tions murales de grande ampleur relatives au peler inagoe
soient tYplQues de la valiN du Nil. Un& etude plus
pr~cise serelt neeessalre pour determiner s'il $'agit
effectivement d'une survivance de 10 painture
ph raonique (et copte). Cetteoriginesamblecependantplausible, Elle est affirm6e par Sacd al·Khidim dans
s l6gende d'une photo de css fre5ques (op. cit.,
Fig. 461.
7. SI Ie plupart des fresques sent des oeuvres origineles.
II arrive aussi Qu'elles soient Ie fait d'arrisans erotes-
sionnels Que I'on reconnan ~ la similitude de leurs
productions er , partois. llieur signature.
8. Le badigeon est gjjn'ralement d'une teinte p~le: acre
clair, blanc, rose ou bleu. Les couleurs franci'les et
varioos des desslns n'y ~clatenl Que mieux. Toute la
gamme des coloris peut ~tn! remerquee mais, pour tes
tresques des plU$ P uvres, c'est sunout Ie henn6 et
Ie blEtUd'indigo Qui sont employes. Les couleurs sont
tI I'eau ou tI I'huile. L'usage du pochage n'est pas
fr6quent.9. Les fresqu s du p6lerinage pourrai&nt bien r'pondre AI
une dimension ~soterique de la conscience 9VPtienno.
Les gens de la rue au Caire ne comprenaient pas mon
int'''t pour les maisons des ·~Ierins. Ie trouvaient
mdme indiscret: .. Si tu veux voir de beliEtS choses.
vas plutOt au musoo d' n Islam que'"
10. Malg" son aspect polaire, la KacblJ n'est pas toujours
pr~senta sur les frasquEtS, de m6me pour la mOSQu6e
de Medine.
11. II paut arriver que Ie toit de la KIlb8 soit repr~sent~
comm un Iriangle ou comme un hexagone. Tout
musulman qui lIoudr il figurer 18 K,,cbl1 en $3 r8alit~
gllographique $8u,eit au moins qu'elle a quaue f ces.
20
8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire
http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 16/16
12. VOir par axample les couvarturas d MMiisik al·hall
(Maktabat ash-5harq, Le Caire, sens date], Manasik
al.hlJl/ wtJ·I·Cumrll (Meklebet an-Nahdet al_carabivva,
Le Caire, sans dele), Ad·din wa ';rikh al·haranulyn
sh·sharlfeyn du Hajj CAbbas Kararah (M kt ba Misr,
Le Cai re, sans data).
13. Voir par axemple R. at H, Kriss, Volksgl8ube. ,., Fig.
4 st E. Oermenghem, Mehomet, p. 9 (Collection
alg rienne different de celie du Caire par la point de
vue eholsi, la presenced'une fouledep4\ laril l$ etc.".I,
14, On peut rrouver une tnls belle reproduction d'un de
ceux-ci sur la oouvertura du Mbhomet d'E.
Derrnenghem.
15. Sur une fr squ Imit nt une de ces irnaqes pieuses
(Fig. 111, II m'est arrive de voir repris un versat
ccrentcue qui V figure alors qu'on ne la rencontrs
presque jamais sur les murs des rnaisons de + ' larins,
Ce qui prouve assez I'influanca des unes sur las autr s:
Tourne donc te face dans la dirtH:t;on do la mosquee
sacree (Cor. 2, 144).
16. Je no f is Que mentionner iei les frasquos pompi6res
Qui ornent certains caf~s at certaines 6choppes. Ce ne
sont que des copies mediocres de photographies,
apparten nt moins t\ l'art populaira musulman qU'8U
stvle dore pseudo- Louis XV an vogue ch z les nouveaux
riches du Caira.
17. II peut Gtre inlere$$Bnt de Ie remarquer, 13pierre noire
est rarement dessin6e dans les (apresentations de la
Kacba, Rendue sur I s im ges pieuses, elle sst Ires
souvent $upprimee dens les adaptations mur81es de
celtes-ci. La veneration sa porte globalement sur la
Kacba, pas sur alia.
18. II est possibla qua des im ges pieuses servant da base
II ce d rnier tYpe de dessins de Medine. Certaines
leur sont en eftet w!s semblables.
19. Una image piause d'AI.8uriq (collection d'Algerl esl
donrwle par E. Oermenghem (Mahomet, p. 53). Une
autre, du type f!Qvptien, par R. at H. Kriss I votks-
glaube ... , vol, I, Fig, 9'.
20. Celte scdne existe sur une image pieuse d'al.Jundi. Un
autre exemple, de la cOllaction alg6rianne, sa treuve,
p. 100 de Mahomot d'E, 0 tmengham,21. Voirpar ex mpte taeouverwre de R;b,cat8l·c dBWiYYlI,
opuscule publie par te MatbeCa dar at-ra'Iif, Ie Caire,
1971. La phvsionomie feminine de cas orants ast sans
doute une allusion ~ la sainte musulmane do ce nom,
22. Sur I'aau da ZamzlJm at son action, voit M, Gaude-
froV·Oamombvnes, Le peler;nage 8 III Mecque, ilCude
d'hisroirll religieuse, Geuthner, Peris, 1923, pp. 81·82.
On pourra 8u$$i se r6ferer au roman EI Hak1m de J.
Knittel (traduction franc;aise da M. GaV, Albin Michel,
Paris, 1947, pp. 61 ~2) qui delcrit avec route 1.1pers-
pic.acitli da la sVmpathie I'accuail resarv!! par un village
II das p4\larins rapperrant da l'eau de ZlImzam,
23. Selon certaines l6gendes musulm nas, c'est Gabriel
Qui ppotta la pierre noire, alors bl ncbe, 6 Abr ham
pend nt la construction de la Kacba. Selon d'autres,Gebrial et des anges balirent les fondetions de ta
Kllcba pour en feire te demeure d'Ac!am. Voir
lEflCyclopecJie de /'Islam, 10 4ldition, art. KacbfJ, vol.
II, p. 627 (A. J. Wensinck) at 20 4ldhion, 3rt . Kacba,
vol.lV,livro. 65~6, p, 335b IJ, Joml rl.
Jean Michot
24, II arrive que 1.1 conscience du lien existant entre la
sacrifice d'Abraham et 18 ~Ierinage solt telle Que Ie
fflIIqirm Ib;ahim occupe une place sembi able iI celie
da la KacbQ sur les fresquas. Una fois, j'ai en eftet IIU
un dessin circulaire de style s ~r8 pr l!sentant una
galerie surmont6e de quatre coupoles et de deux
minarets. Une inscription en faisait ce msqem ou,
selon certaines traditions, se serait Stu Ie sacrifice
du patri reha (Voir M. Gaudefrov·Oemombvnes,
Mahomer, Albin Michal, 1969, p. 352),
25. Le mahmal etait un palenquin juche sur un charneau,II accompagnait la caravane des pelerins 6gvPti ns
au Hijiz. Voir J. Jemiar, t»mahmal ... Une imege
d'al.Jundf prllsent Ie cort6ge haut en couleurs du
mahmal au Caira. On peut Houver une reproduction,
petite m is tn!s suggestive, de cette image aux pp.
6·7 de lsI m , .. de J. During. Suggestive, car rimago
eppere" sur un mur de mosqu~ (AI·Azhar ja erols)
au milieu de 1 .1 foule cairota.
26. E. W. Lane (Manno~ tJnd CUS!oms ..... p. 150),
pari nt de 13 nourrlture des EgvPtians, donna des
informetions permettant d'ertiver II la sotuiton de ce
rebus: "Un plat de pastl!que (bltttfkhl, si c'est 13
saison, fait gen~ralemenl partie du repas. On la
ceecuee un quen d'heure environ avant cetul-cl et on
la laissa rafralChir ~ I'air extl!rieur ou dans uncourant d'air, par I'clvaporation du jus sa trouvant sur
13 surface des tranch s. Copendant, on la surveille
toujours pendant ce temps, de cr inte Qu'un setpent
ne vi nn III at n'smpolsonne Ie fruit par son souffle
ou sa morsura. C'ast que ces reptiles, dit-on, aiment
elnormement les pastl!ques et les sentent t\ une g, nde
distance."
27 et 28, R. et H. Kriss, Volksglaubtl ... , vel. I. o. 23,
29, t o propos des inscriptions des maisons da ~Ierins, je
signele 18 tMse de Youssef Mohamed Ali Sida, Arabic
calligraphy in contemporery Egypri n murets, wirh
fJn tlssay on Arab tradition and art, Ohio Stale Univ.,
1965, NO de la Librarv of Congress DA 283, nO 4:
1357·1358. Je n'ei malheureusement pas pu la
consulter.30, Un hlldTch r pport6 par al-Bukhar] at Muslim anseigne
que "Ie pllierinage bien fill. est recompens par la
pardon total des fautes" ter', an. Hadjdj, vot. III, p,
39, J. Jomlerl. La traduction donn~ ici est celie du
pete J, Jomier, Le pblsrinage .•. , p. 7.
31. II arrive que cas versats coraniques (Cor. 22, 27 et 3,
19) soient confonclus et n'an deviannent qu'un, La
traduction des versets coranlQues est reprise au Coran
de R. 81achllre, Per ls. 1966.
32. Hadfth repport~ d'une f c;on un peu dlffl!rente p r
Muslim, AI.Jim/ B$-SlIhih edit, du Caire 1383 h,o ' "
IV partie, p, 123. Muslim donne mil meison pour
ms tombs.
33. En cornparant las fresques des maisons de p6lerins du
Caire avec celles de 13 campagne I!gvptienne, on
pourrait s ns doute arrlver t\ definir plus pr6cisement,
II travers les el6ments Qui en epparaissant It\, cette vie
quotidienne et Ie vilalit6 de "Islam telles qu'elles
sont vecues dans les differentes regions de 1 .1 vallee
du Nil.