Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

16
oorp Art an Archaeology Research Pa rs June 1978 Jean R MICHOT LES FRESQUES DU PELERINAGE AU CAIRE P . 7-21 Dalu Jones and George Michell, Editor 102 St P ul Ro d, Lon on N1 Editorial Assistant: Jo Wod k Founding Eitors: . W. H rrow Antony Hutt

Transcript of Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

Page 1: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 1/16

oorpArt an Archaeology Research Pa rs

June 1978

Jean R M ICHOT

LES FRESQUES DU PELERINAGE AU CAIRE

P . 7-21

Dalu Jones and George Michell, Editors

102St P ul Ro d, Lon on N1

Editorial Assistant: Jo Wod k Founding Eitors: . W . H rrow Antony H

Page 2: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 2/16

LES FRESQUES DU PELERINAGE AU CAIRE

Jean Michot

Vint I'fipoque du pelerinage. On enduisit les f~ades

des maisons des p't!lerins et on y dessina les vues dupelerinage. lei, d'epaisses !ignes noires; s'll n'y eveit

pas la fumee qui s'dchappe 8U dessus d'elles et les

roues naives qui se trouvent en d es so us , p er so nn e n e

comprendreit que Ie dessinsteur veut dessiner un train.

L)j, des lignes jaunes r~v'lJlent qu'il entend dessiner un

chameau et un cnemetier. Sur ce mur-al, on a oeint un

mahmal en des couteurs vives qui menitestent une

ddcadence dans Ie goOt et une ignorance scendeteuse

des plus simples regles du dessin. Sur ce mur-Is, on a

peint un palanquin ou un navire que porte un grand

poisson. Les dessins sont primitifs et naifs. Si leurs

dessinsteurs eta;ent venus un peu plus terd, il leur

aurait dte possible de detendre leur ignorance en

disant itre des tenants du courant du surrestlsme et

tes revues de ce courant se sereient depechees de

montrer leurs merveilles et leurs talents extreordineires.

cAbd al-Harnid Jawdah as-Sahhar'

Tandis qu'au Hijaz s'accomplissent les saints rites

du pelerinage musulman, des maisons sont repeintes

et decorees de scenes relatives tJ ce dernier. Elles

eclosent au Caire comme des fleurs de bienvenue

offertes au nouveau hajj. Avant que Ie temps ne les

fane, ces fresques auront ete une manifestation radieuse

de la pi~te et de I'art islamiques.

En Egypte, ces dessins sont ge~ralement meprises

et d'rtspopulaires et pevssns, au sens ou les citadins et

les bourgeois de ce pays parlent de fa//ahin. lis sont

souvent inapereus on rapidement traites chez les

orientalistes.2 Je voudrais ici attirer I'attention sur

cet art populaire islamique, introduire a la richesse

de ses motifs en en dkrivant les types et tenter une

interpretation de sa signification.

Les fresques des maisons de pelerins ne sont qu'un

aspect d'une peinture populaire partout pressnte au

Caire. Des panneaux publicitaires et des affiches de

cinema, calligraphies et peints a la main, bordent les

grandes arteres. Sur les murs des boutiques et desechoppes, cates et debits, sont souvent figures les

attributs des differents metiers, annoncess les

marchandises, peintes des scenes charnpetres ou

galantes d'un goOt mievre et pompier. Camions,

chariots et charrettes, triporteurs et poussettes-

restaurant, balanc;oires et aut res vehicules sont

couverts de dessins multicolores, geomlhriques ou

figuratifs. Des portraits de Nasser, de Sadate et de

leurs hotes, des scenes patriotiques. couvrent les murs

des kales et des clubs populaires mais se rencontrent

aussi sou vent ailleurs.

Plusieurs de ces dessins ont un sens rei igieux.

Parfois les coptes peignent en grand sur leurs facadesune Theotokos ou Saint Georges terrassant Ie dragon.

Des scenes de circoncision signalent les boutiques des

figaros. Des versets coraniques ou des invocations

pieuses sont calligraphies un peu partout. Entre

autres motifs, on peut trouver sur les portieres des

camions une representation de la Kacba ou de la sainte

musulmane Rabics en priere. Les musulmans

apprecient beaucoup certaines images pieuses, sortes

d'images d'Epinal, publiees par I'imprimerie el-Jundi

et par quelques autres maisons.l Vendues pour un rien

pres des rnosquees de Sayyidna-I·Husayn, de Sayyida

Zaynab et d'autres centres de la piete populaire, elles

deeorent les Ikhoppes et les maisons des pauvres du

Caire. Corans, tapis de priere en etoffe. calendriers et

brochures pieuses sont ornes de dessins geometriques

ou de vues des lieux saints.

Cet essai porte sur une oentaine de tacades photo-

graphiees au cours de promenades dans les divers

quarriers du Caire, et surtout dans les zones d'habi-

tat ion populaire. II y a en eftet tres peu de fresques

du pelerinaqe dans les quartiers commerc;ants et

industriels. Le plus souvent, Ie titre de Hajj seul

apparait la sur les fac;ades. II n'existe pas de dessins

dans la ville dite moderne.

Je ne parle qu~ du Caire. Des excursions dans

d'autres regions d'Egypte m'ont permis de voir une

serie de fresques dont je n'avais jamais aperc;u les

elements dans la capitale, mais elles ont ete trop

courtes pour me permettre une approche valable de

ces derni~res.4 Les photos datent de 1975. Les fresques

des maisons de pelerins sont ephemeres et il est

vraisemblable que leur style evolue, que des motifs

apparaissent ou sont delaisses.5 Enfin, je me suis limite

aux peintures des fac;ades, sans tenir compte de celles

qui ornent les murs interieurs des maisons. On

m'excusera en songeant aux divers avatars que I'entre-

prise comporta deja. Je ne soulevs donc que Ie coind'un voile et, disant ce que j'ai vu, j'espere seulement

inviter iI ce qu'il derobe encore.

Les fresques des maisons de pelerins sont figura-

tives6 et leur style est des plus varies: du naif au

baroque, de la bande dsssinee a la severite meta-

physique. E lies sont I'oeuvre des parents du pelerin,

d'arrlsans,' d'enfants. Quelques fresques seulement

sont signees (Fig. 12). A travers ces formes disparates

et routes ces couleurs,a la volonte de faire oeuvre

belle ne semble pas primer.9 Aussi est-ce I'intention

de cet art qui rn'lntersssera surtout, plus qu'une

7

Page 3: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 3/16

La visite de la Kacba n'est pas Ie point culminant

du pelerinage musulman mais Ie temple rneccuois est

Ie pOle de l'lslam. A ce titre, on Ie trouve souvent sur

les fresques.1 1 I Ii . travers leur multitude, difterents

types de representations de la Kiba se precisant si

on adoote comme criteres de distinction, la structure

geometrique de la figure et son cadre, ce dernier

pouvant etre inexistant .

A 1. Dans quelques dessins, une seule face de la

Kacba est rendue. Elle est un peu plus haute que large.

La bande d'inscriptions qui coupe la kisws aux deux

tiers de sa hauteur devient une simple bande claire.

Les inscriptions en disparaissent souvent (F igg. 6 et 7).

A2. Ouand deux cOtes du monument sont repre·

sentes, ils s 'evasent a partir d 'une arete proerninente.

lis engendrent ainsi oomme figure du temple divers

pentagones (A2a. F i99. 5 et 8) ou divers hexagones

plus ou moins reguliers (A2b. Fig. 10). Parfois !'arilte

est decentree et la figure devient un rectangle flanque

d'un trapeze (A2c. Fig. 11 I. Le bandeau, epaisse ligne

cassee, suit presque toujours Ie bord superieur de la

figure. Fig.2

A3. Dans un troisieme groupe de dessins, les con-

tours de la Kacba, bien que souvent plus etires en

hauteur, restent semblables a ceux des representations

bifaces du type A2. Cependant la structure interne de

la figure devient ici tripartite vu I'introduction du toit

de I'edifice. Celui-ci a generalement une forte declivite.

" est plante sur les deux faces taterales et ses contours

varient suivant la disposition de ces dernieres,

L'impression de volume, quand elle existe, rend un

polvedre quelconque, parfois cubique, envisage selon

une de ses aretes ou une de ses faces (A3a). Tres

sou vent on a quelque chose comme un trone de

pyramide a base irreguliere couche sur un de ses cOtes

{A3b. Fig. 9 1 . Le bandeau est parfois double. II suit

generalement les aretes interieures de la toiture rnais,

dans certains cas, s'engage hors de I'espace

tridimensionnel (A3c. Fig. 3).

A4. Enfin, sur certaines f8l;ades, les cotes de 1 8

LES FRESaUES DU PELERINAGE

approche de son esthetique.

Au premier regard, les fresques ne montrent pas

d'unite. Elles sont une constellation de scenes distri-

buees indifteremment dans les surfaces laissees libres

par portes et fenetres. La facade est Ie fond, Ie lieu

limite des fresques, elle neparticipea leursignification

que dans une faible mesure. Par exemple, des

guirlandes florales peuvent en delimiter Ie contour ou

des fleurs eneadrer la porte, des inscriptions, auteur

de celle-ci, aecueillir Iepelerin. Si la plupart des facades

sont saturees par les dessins ou par les inscriptions et

fleurs qui courant entre eux, ce n'est pas une regie

generale et de grandes surfaces ne portent parfois que

Ie bad igeon, les dessins parlant seuls. Les fresques ont

done un caractere eelate et ceci incite a analyser les

differents themes qu i y apoaraissent. plutct que les

facades dans leur ensemble.

LA KACBA (Fig. 1)

112,1 A2b

A3a

R'·.

' "Fig.3

8

Page 4: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 4/16

Fig.4

Fig. 5

. ,

Fig.6

Jean Michot

Kacba sont developpes en une sorte de triptyque. Le

bandeau suit alors la ligne superieure de la figure.

Parfois, il y a meme des tentatives de couvrir cette

figure et Ie dessin s'ouvre a nouveau bien souvent a

l'au-dela de I'espace tridimensionnel.

On pourrait comprendre ces differents types de

representations de la Kacba comme des ebauches

tournant auteur d'un theme parallelepipedique,

ebauches somma ires et souvent avorteesvu I'ignorance

des lois de la perspective. Au-deta de leur naivete, ne

peut-on voir en ces dessins des variations d'une presence

religieuse? Le dessinateur depasse sa situation dans

I'univers realiste. A . propos du pelerinage, il rend ce

qui est presence en lui, naturelle rnais variee: l'eclat

global de la Kacba, du pOle de la prtere et de !'Islam.

Lignes et formes se radicalisent et se reorientent en

consequence,'!

Cette presence s'impose en soi dans la trontatite

brute des representations a une face (A1). Elle

s'avance progressivement dans les representations

bifaces (A2c). Ne se fait-elle pas imperative dans les

longs eperons de certaines d'entre elles (A2b)? Totale

ou majestueuse suivant leurs divers contours (A2a)?

C'est manifester une plenitude de presence que la

declivite exageree des toits recherche dans les figures.

du troisierne type (A3). La presence serait-elle deja

plus realiste par I'impression de volume ici rendue?

Les volumes auxquels les dessinateurs aboutissent,

c'est evident, sont tres loin de la realite visible de

I'edifice. lis semblent plutot vouloir exposer les

differents visages de oette presence, au point d'arriver

a des triptvques ou elle se fait enveloppante (A4) et a

des constructions multifaces qui, depassant I'univers

tridimensionnel, la rendent mysterieuse (A3c).

Mystere si etrange que c'est dans des cas pareils queIe dessinateur sent parfois Ie besoin d'ecrire Ie nom de

la Kacba sur une de ses faces. Presence resltuee. Enfin,

n'est-ce pas encore la presence de la Kacba, sanctuaire

du Parfait et du Mystere divin, que certaines represen-

tations font rayonner de leurs contours geometriques

totalement reguliers (Fig. 101?

Le deuxiems critere choisi pour comprendre la

varie.e des dessins de la Kacba considere Ie cadre du

temple, c'est-a-dire sa situation decorative ou architec-

turale, non point sa situation dans la structure globale

des peintures d'une facade.

81. Le plus souvent, la Kacba n'a aucun contexte

architectural ou deccratit. Quelques !ignes delimitentses contours, sa structure interne (de une a trois faces)

et son bandeau. Elle peut ~tre peinte en plein: la teinte

plus claire du bandeau et, dans certains cas, du tolt,

contraste alors avec la noirceur des faces laterales, Des

traits plus prononces peuvent aussi marquer ou non

les aretes de I'edifice. Pariois, les tentures de la kiswa

sont partiellement relevees et Ie bas de la rnaconnerie

est esquisse. Dans de tres rares cas laporte et la macon-

nerie entiere. les cartouches d'inscriptions situes sous

Ie bandeau et I'inscription de ce dernier meme sont

rendus.

9

Page 5: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 5/16

LES FRESQUES DU PELERINAGE

On peut joindre a ce groupe les quelques dessins

ou des barneres forment un arc ou un cercle complet

autour de la base de I'edifice iscle. Ce sont des sene-

matisations du hi jr Ismacil ou des esquisses du peri-

m~tre du metet. Ces deux elements peuvent ~tre

conslderes com me des elements de la Kacba au merne

titre que la kiswa, la porte, etc ... Le hijr, selon la

tradition islarnique, thait integre dans Ie temple bc'lti

par Abraham et Ie metet est inseparable du culte

polarise vers la Kacba. Comme tels, ils introduisent

cependant un nouveau type de representations.

82. Dans plusieurs dessins, la Kacba est repre-

sentee d'une tacon analogue aux fresques B1 rnais

elle recoit un veritable premier cadre. Des p~lerins

forment des points sombres OU des taches de couleur

au pied de la masse noire du temple (Figg. 5 et 6). Ce

sont quelques figures schernatiques ou plus elaborees

qui peuvent aller [usqu'a former une couronne auteur

d'elle (Fig. 7). Parfois les pelerins font place a de

veritablescouronneslineairesou florales (Figg. 3 et 8).

Naturelles ou stylisees et portant des inscriptions, elles

tiennent la Kacba comme dans un ecrin. Celui-cl peut

meme avoir la forme d'un coeur.

Le reste des dessins presenreot la Kacba dans un

contexte architectural plus OU moins elabore.

83. Dans un groupe de tacades, les plus simples

expressions de ce contexte sont des arcades, des

domes surrnontes du croissant et des minarets,

isoles ou agences en une ebauche de construction.

Celle-ci est [uxtaposee a la KaCba, sur ses deux cotes

ou au-dessus d'elle. Les nouveaux elements ne sont

relies au temple par aucune perspective (Fig. 5).

La visee encore essentiellement decorative de ce

type de contextes se contirme dans certains dessins ou

ils deviennent des cadres a volutes ou guirlandes

(Fig. 9) et de complexes cartouches enrobant "edifice.

A peu d'exceptions pres, une foule de pelerins peu

detailles se pre sse au pied du temple.

B4. Dans un groupe assez restreint de fresques, la

Kacba se presente dans un ensemble architectural

veritable. S'il peut evoquer Ie M8Sjid al·Harjjm, iI n'a

sou vent rien de specifiquernent mecquois. Ce sont

diverses galeries, parfois superpcsees et couvertes de

d6mes, souvent surplombees d'un paysage urbain.

B4a. Quelques fresques sont d'une ligne severe et

metaphvsique. La Kacba est souvent demesurernent

grande et de type biface a arete centrale (A2). Sa

masse noire, dont Ie seul detail est Ie bandeau clair,peut reposer sur un coussin forme par son soubasse-

ment ou par une masse de peterins. Elle peut avoir la

forme d'un hex agone parfait et tr6ner au milieu d'une

cour dont Ie pavement se concentre vers elle (Fig. 10).

Derriere I'edifice, les galeries de la cour s'allongent

regulierement jusqu'a delimiter un espace qu'un cadre

peut venir souligner. Une impression de profondeur

se degage cependant de ces dessins. Quand Ie champ

paraitrait bouche par les galeries, l'Interisur de

celles-ci est esquisse et s'ouvre sur des noirs rnvsterieux,

des minarets ou des palmiers surgissent vers Ie ciel au

dela de cette apparente barriere. Parfois la galerie

elle-rnerne est construite selon des perspectives qui

prolongent Ie regard. II en est aussi ainsi pour les

quelques maisons et rnosquees dont les volumes

reguliers et clairement dtWmites peuvent se percher

sur les collines ou s'etager dans Ie lointain.

B4b. D'autres dessins sont d'un genre plus realiste.

La Kacba est souvent de type hexagonal a an~te

decentree (A2c). Elle n'sst plus a la mesure de son

contexte, trop petite parfois. L'arriere·plan est plus

fouille, les contours de ses differents elements se

fondent en un meme rideau. Plut6t que prolonger

la scene, ce dernier semble ramener Ie regard a la

Kacba. Plus souvent que dans les fresques de type

severe, les pelerins emplissent ici l'avant-plan, Ie

visage tourns vers Ie temple.

BS. n reste un dernier groupe de vues tl examiner, re s

seules ou la KaCba s'integre dans un veritable tableau

[souvent encadre d'ailleurs) qui presente comme tel

I'etat des liaux du bsrsm mecquois. La precision du

detail et la composition d'ensemble de ce type de

dessins incitent a poser la question de leur origine.

Plus que dans les autres fresques de la Kacba, il n'y

a pas ici que Ie fruit de la simple imagination.

Les musulmans du Caire, je l'ai dit, disposent

d'une serie d'images dessinees des lieux saints. Ne

retenant que les grandes lignes de la realite et les

reorientant dejfl, il est vrai, elles laissent posseder et

reproduire cette-ci plus facilement que les photos.

Les images de certaines brochures, de format reduit et

circulaire, sont concsntrees sur la KaCba~ 2 Elles se

rapprochent des fresques du type severe dont elles

constituent peut-etre un modele: la Kacba, biface,

a parlois la forme d'un hexagone parfaitement

regulier. Elle est toujours tres grande par rapport

aux galeries de l'arriere-plan. Des details evoquent

la profondeur de champ. Soubassement et inscrip-

tion du bandeau, porte et pierre noire sont presque

toujours precises. La cour est totalement vide.

Les images d'Epinal de la librairie et-Jundi et celles

qui s'y apparentent sont cornpleternent differentes.

Grandes et rectangulaires, elles montrent I'entierete

ou une large part du haram mecquois, tantot selon sa

physionomie d'avant 1956, tan tot dans sa majeste

nouvelle.13

Elias donnent Ie detail de la Kacba, du

metet, des divers edicules Qui s'y trouvent: Ie hijr

Isma<'il, Ie minbsr, Ie maqam IbrahTm ... La porte

des BanI Shsyb«, Ie cults de 7amzam conserventparfois leur ancien aspect dans les images de

I'edifice nouveau. Certaines vues sont imprimees a

l'envers. Dans les representations partie lies, les

galeries surrnontees d'une paire de minarets ferment

l'horizon mais la ville et Ies collines vont en

$'etageant du centre vers les bords de I'image,

engendrant un arriere-plan precis. Dans les vues

completes, du style de certains tableaux de faience

turcs] 4 Ie haram a la forme d'une tres haut trapeze

cerne de galeries surrnontees de minarets et entoure

de maisons et de collines.

10

Page 6: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 6/16

Fig. 7

J ea n M i chot

Fig. 10

Fig. 8

Fig. 9 Fig.11

11

Page 7: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 7/16

LES FRESOUES DU PELERINAGE

Cas images au dessin precis et clair sont tres pro-

bablement une des sources principales du dernier type

des fresques representant la Kacba. IS Dans les vues

completes (B5a). la perspective change et Ieperimetre

du hsrsm devient un parall~logramme. Des nombreux

details, il ne subsiste que les voles de lacour, diagonales

confluant vers Ie cercle du mara! ou Ie cube presque

parfait de la Kacba se trouve comme dans un ~crin

(Fig. 2). Dans les vues partielles (B5bl. non seulement

la structure des images pieuses se retrouve quasi-identique, mais les dessinateurs delaissent la schema-

tisatlon et reprennent la plupart des ~Iements architec-

turaux de la courdu haram (Fig. 11). On peut recon-

naitre les divers ~icules et les lampadaires du metei,

parfois Ie soubassement et la porte de la Kacba, etc ...

Cependant, passes par Ie prisme de I'imagination des

dessinateurs, ils prennent des visages nouveaux et

singuliers. La Kacba, tres grande, est d'une forme plus

puissante. Elle n'a plus qu'une face, ou deux, avec

arete centrale ou prolongement lateral demesures,

Absents de la plupart des images pieuses, les pelerins

se dressent ici en priere un oeu partout sur Iemataf

ou se pressent en foule autour du temple. Les d~tails

de I'arrlere-ptan sont variables, Ie nombre des arcades

peut diminuer et celui des minarets se multiplier .16

A examiner ces differents types de fresques, il

semble evident que les dessinateurs ne se preoccupent

pas de rendre la r~alite goographique du sanctuaire

meoquois. ~ nouveau, ne pourrait-on pas parler de

traduction de la presence de la Kacba, pole de la pri~re

et de la religion? Le plus souvant, elle apparalt seule,

sans detail et simple, pure et absolue. Presence abstraite,

parfois sugger~e, quand des pans de la kisWB sont

releves. Les contextes. du plus simple au plus ~Iabor~,

se font essentiellement v~n~ration ou mise en relief de

cette presence. N'est·il pas revelateur que les cadres

les plus simples de la Kacba soient souvent un cercle

de peterins en priere ou des couronnes de fleurs, par-

fois meme en forme de coeur? La Kacba elle·meme

semble alors devenir une pierre noire sertie dans de

l'argentP Les premiers elements architecturaux, on

l'a vu, ont un role decorati! sembi able. lis ornent la

presence, servent de cadre au culte que la foule des

peleri ns, rarement absente, voue ~ Dieu en Son temple.

Sur les fresques s~veres (B4a), lamajeste de lapresence

jailfit de cette Kacba aux contours purs qui perce sur

un champ profond, dont les lignes sont trop nettes

pour n'etre pas mvsterieuses. Presence exaltee, Fait

rare autrement, des inscriptions peuvent ici rappeler

que Ie mvstere est mecquois (Fig. 10). Sur les fresques

realistes (B4bl. Ierideau architectural de I'arriere·plan,

plus qu'il ne situe la Kacba, concentre I'attention sur

la ferveur de la foule ou elle baigne. A nouveau la

presence est celebree. Dans Ie seul cas d'adaptations

des images pieuses (B5), Ie sanctuaire meoquois est

present comme tel. Cependant, ildevient alorscomme

un ecrin ou sa presence de fait est due au detail des

elements du mstet, dont la fonction est cultuelle

principalement. La Kacba, tres grande, est fetee par

ce foisonnement et l'add ition des pelerins corrige

l'oubli des imagespieuses, traduisantainsi Ie sentiment

veritable du dessinateur face a la Kacba. Presence de

respect. L'arriere-plan peut alors devenir secondaire, la

multiplication des minarets participer au culte comme

les cierges de certaines ceremonies soufies. Ou'est-ce ~

dire sinon qu'~ travers la situation Qeographique se

maniteste, dans une cornolexite plus grande certes,

une presence plus profonde faite de rayonnement et

de veneration?

LE HARAM MEDINOIS

Les vues les plus courantes de lamosquee de M~ine

presentent les arcades de la cour ou de la facade, sur-

montees du dome vert qui couvre latombe du prophete

et dominees par un minaret. Elles sont tres frequentes

dans les revues, les brochures et ~ la teMvision, dans

les dessins des opuscules et des images pieuses. La

realit~ est ici beaucoup plus ltiche que dans Ie cas de la

Kscba ou, du rnoins, elle dolt apparaltre comme telle

aux dessinateurs. La Kacba est un sujet precis et

determine, presque canonique, donc contraignant.Sur les fresques, de celles du type abstrait aux vues

g&>graphiques, il y a toujours une reMrence ~ la

forme du temple meoquois. Dans les representations

du tombeau du prophste, on obtient des rnosquees

diverses et, souvent, sans rien qui rappelle celle de

MMine.

Outre les fresques les plus schernatiquement

tantaisistes, certains types peuvent apparaitre:

C1. Souvent, la mosquee de M~ine n'est plus sur

les murs des maisons de pelerins qu'un petit edifice

plus ou moins carre. peroe d'une porte et de quelques

fenetres et surrnonte d'un d6me semi-circulaire et

d'un petit minaret coifte du croissant. Profondeur rare,

pas de cadre architectural (Fig. 6). Lecorps de lafacade

de la rnosquee peut etre raye de grosses lignes horl-

zontales aux couleurs alternees, Ces dessins rappellent

les petits tombeaux de saints des quartiers pauvres du

Caire (Fig. 4). Parfois quelques minarets sont aioutes

~ la Kacba et lui donnent I'aspect de ce type de vues

de la mosques medinolse: les deux haram se eonton-

dent (Fig. 9).

C2. Sur un deuxieme groupe de fresques, la facade

de la mosquee du prophete form un rectangle ou un

trapeze isocete. Deux minarets entourent alors une

coupole centrale placee dans I'axe de la porte. De tres

rares essais de construction en profondeur aboutissent

~ des formes bifaces ou ~ des triptyques. Des palmiers

ou une couronne florale peuvent accompagner I'edifice

dont la decoration est plus elaboree que dans Ie type

precedent. Enrichies certes, ce sont encore les

mosquees de quartier (Fig. 3).

Toutes les autres representations de la mosquee de

M~dine comportent des arcades.

C3. Parfois la rnosquee apparait comme une suite

d'arcs coittee en son centre d'un large dome et d'un

ou. plus souvent, de deux minarets. Les arcades

12

Page 8: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 8/16

centra les ou externes peuvent ~tre plus larges et plus

~ Ie v~ es q ue le s a utr es. Ca dr e a rc hite ctu ra l e t p ro fo nd eu r

sont tres rares. II arrive qu 'un bouquet ou une

couronne flora le supporten t I 'ed ifice. Le tra item ent

de certa ines coupoles et facades peut ~voquer la

m o sq uee d u pro ph ete (F ig . 1 7). D es p ele rin s e m plisse nt

pa rfo is Ie b as d es a rc ad es.

C4. Souvent la fac;ade de la rnosquse e st fa ite d 'un e

r~p~ t l ti on d 'a r ch e s demesurementsurelevees e t ~ t ro i tes .

C haoune est presque toujours surm ontee d 'une petite

coupole fl cro issan t. C elle-ci peut devenir un cerele

plein . II y a un ou deux m inarets d isposes sans souci

de sym etrie . Les seuls d~ta ils sont des lam pes

suspendues dans chaque arc com me des ara ign~es a

l eu r f iL

C5. Un dern ier type de dessins, m oins repandu que

les pre~dents, presente des arcades se rejo ignant dans

un coin de la cour ou de la fac;ade. L 'angle est

surrnonte du dom e en poin te et du m inaret de la

tom be du prophets. L~~re im pression de profondeur.

Parfo is des pelerins prien t dans la cour. Ces scenes

s on t s ou ve nt e nc ad r~ es .l a

L es representa tions de hsrsm m edinois sont m oins

fr~uen tes que celles de la Kacba. Les unes com me les

autres peuvent appara itre seules sur les fresques. Le

plus souvent, les quatre prem iers types de la m osquee

m edino ise accom pagnent les Kacba isolees (Bl) ou

entourees des pelerins et d 'un con texte decora tlf

seulem ent (B2 ). Le dern ier groupe (C5) se rencontre

seulem ent sur des fresques ou Ie dessin de la Kacba es t

in spire d es im a ge s pie use s (6 5).

A insi, plutO t que de donner une im age des lieux de

M ed ine, ces lieux fU ssent·ils sa in ts, Ie psin tre parle

d 'un propM te m ort et cependant proche du croyan t.

La plupart des vues de Med ine qu'on trouve sur les

rnurs des m aisons de pelerins rappellen t les m osquees

de quartier 00 sont veneres les sa in ts locaux, patron s

de la vie quotid ienne. D ans les fresq ues plus elabor~es,

ta nto t la r no sq ue e d ev ie nt u ne c ha sse m v ste rie use m en t

rayonnan te, tan tet une profusion d 'arcades, de

c oupo le s, d e la rn pe s, d '~ to ile s e t d e fle urs q ui c ele bre nt

Ie tom beau d 'un am i. Quand les dessins approchent

m ieux I 'a rchitecture de la rnosquee m edinoise, c 'sst

surtout en pr~cisan t la form e du dom e sous lequel

re po se c elui q ue Ie pe uple n om m e d an s le s in scriptio ns;

«M on E nvoye, Rasu/i» «M on B ie n-a im e , Hsbibi»,

N 'est-ce donc pas la presence de ce dern ier en eux que

le s d e ssin ate ur s e nte nd en t m a nif es te r?

LfS PfLfRINS

Les pelerins groupes ou ranges en m asses orantes

auto ur de la Kacba son t, on l'a vu, un facteur im po rtan t

de la presence du sanctuaire m eoquois. lis ne sont

souvent que des taches ou des lignes surm ontees de

. po in ts (Figg. 6 et 111 . des silhouettes plus ou m oins

esquissees (Figg. 5 et 9). Parfois leur d isposition

revele qu 'ils sont en tra in d 'effectuer Ie rawaf. En

Je an M ic ho t

priere, i Is peuven t avoir les bras souleves (F igg. 7 et 9).

L eur vetem ent (ihram) n 'est pas toujours dessine

distinctement.

II y a quelques fresques O U Ie pelerin appara it

ind~pendam ment de la Kacba. O n Ie trouve parfois a

M edine. II arrive qu'il soit abstrait de tout contexte

(Fig. 5). II est ators debout, vu de front ou de profit.

So n ihram est apparent. Une epaule dkouverte, il a

parfois un e besace a la cein ture, un chapelet (subha)

a la m ain . II peut etre barbu et co iffe d 'un turban .

Quelquefois, on Ie voit descendre de I 'avion en ihrsrn,

seul ou au m ilieu d 'un groupe au pied de la passerelle .

A insi, dans la comrnunaute de priere pres de la

Kacba ou A M~d in e, se ul en so n ihram, c 'e st- a- dir e p re t

11 repondre au comm andem ent de son D ieu, au

m om ent de toucher lesol beni, Ie pelerin n 'est presque

jam ais represen te po ur lui-merne, en portra it. II est Ie

ternoin de D ieu en Son tem ple. II n 'y a de presence

q ue c6 lebree. D isant cela par son lieutenan t, Ie pelerin ,

la pein tre donn e Ie sens du pelarinaqe.

AL·BURAQ

D'autres them es d 'in ten tion relig ieuse se rencon-

tren t. II s'agit d 'abord d'AI·Buraq (Fig. 1 2 ). E lle

appara it sur certa ines im ages pieoses.t9 Les p ei nt re s

des m aisons de pelerins en font parfois une cavale ail~e

elancee dans rether ou encore un anim al pesam ment

m ajestueux com me les taureaux assyrien s. Le visage,

vu de face, est celui d 'une jeune fille. E lle est couron-

nee, la chevelure flotte longuem en t sur les ~paules.

R ichem ent harnachee, elle peut m ontrer une

v olu m in eu se p oitr in e.

LfSANGfS

Sur quelques facades, la Kacba est placee sous la

protection d 'un ange (Fig. 16 ) ou v~neree par deux

d 'en tre eux, agenouilles fl ses co tes. lis porten t una

abondan te chevelure et sont vetus d 'une tun ique. Leurs

a iles sont deployees. Leur physionom ie est etrange-

m e nt fe m in in e.

ABRAHAM

C er ta in es fr esq ue s, a ss ez r ar es il e st v ra l r ep re se nte nt

Ie sa crific e d ' A br ah am .20 Le patriarche barbu a une

m ain sur la tete de so n fils. C elui-ci. pa tien t, est couche

li~ sur Ie bucher A braham leve un enorm e couteau

m ais un ange aile in tercepts son geste et lu i apporte

de I 'autre m ain la v ictim e de substitution (Fig. 14).

Parfo is, c 'est Ie sacrifice rituel du 10 de Dbu-l-Hiij»

qui est evoque et l'on voit un hom m e, les m ains

tendues, m enacer avec deux couteaux un gras belier.

LfSORANTS

Certa ines fresques presentsn t des orants, debout,

les m ains crolsees sur la poitrine ou de profil, assis

13

Page 9: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 9/16

LES FRESOUES DU PELERINA GE

Fig. 12

sur un tapis de priere (F ig. 2). lis ont alors les bras

tendus, mains ouvertes. lis disent: «Ya Rabb!, 0Seigneur!». C'est une figure tres populaire en Egypte

sur les images pieuses et dans les opuscules dedevotion.!'

LES PORTEURS D'EAU

Les pelerins boivent de reau du putts de Zamzam

apres avoir fini Ie tawa' autour de la Kacba. lis en

rapportent des petits flacons charges de bonne fortune

pour leurs parents et amis. Cette eau a une action

considerable sur I'opinion populaire.22 C'est sans doute

~ cet impact qu'il faut rattacher lesnombreuses figures

de porteurs cfeau sur les facades des maisons de pslerins,

Le plus souvent, ces personnages sont vus de profil

et en pied (Fig. 2). lis sont barbus. lis portent une

tunique avec une ceinture, un tarbouche et parfois la

veste de cuir des marchands d'eau cairotes. 115ont surIedos une outre ou une grosse cruche et, en mains, un

ou deux gobelets, parfois les petites timbales qui les

annoncent. On peut les voir en train de verser l'sau

benite et. rnerne, de I'offrir ~ quelqu'un en lui disant

sans doute, comme Ie rapporte une inscription au

dessus d'eux: «Bois et ben is Ie prophete» (Fig. 13).

La s c e n e se d~roule parfois sous des arbres.

L'ENCENS

Le prophete aimait les parfums et, Ie vendredi et

les jours de f~te, I'encens embaume les demeures et

Fig. 13

las boutiques musulmanes. Sur les murs des maisons

des pelerins, it arrive de rencontrer Ie dessin d'un

vieillard barbu portant turban et tarbouche en train

de brOler du bakhur. II tient a la main un grand

encensoir. dans l'autre, parfois, des batonnets

d'encens. Sur une facade, je l'ai vu revetu de la tuniqueraplecee et haute en couleurs des soutis errants, une

besace au flane.

Comment comprendre ces diff~rents motifs? ~

travers eux se manifeste, je crois, la profondeur du

sentiment islamique des dessinateurs. L'histoire sainte

de l'lslam ne manque pas de scenes qui pourraient

figurer sur les facades des maisons de pelerins. Les

peintres disposeraient meme d'une serie de modeles

dans les images pieuses d'al.Jundi. Ce n'est pas par

hasard que I'Ange, Abraham et AI·8uraq sont surtout

cholsls, fCtt-ceinconsciemment.

En ettet, montrer la Kacba et I'Ange, n'est-ce

pas rappeler la merveille de la fondation du templifl

er, surtout, la participation du monde superieur au

eulte rendu ~ Dieu en Sa maison7 Dimension meta-

physique de la presenoe. De meme, dessiner Iesacrifice

d'Abraham, c'est reconnaitre Iesens v~ritable des rites

du pelerinage a Mina, manifester Ie principe de ristem,

oomprendre la realit~ de 1'6gorgement des victimes et

celie de la fete ... 24 C'est repondre a la question posee

par ces dessins ou I'homme, comme indecis, reste la a

fixer la bilte.

A peindre des orants, on retient encore I'essence

de la rei igion, soumission et adoration. La presence

14

Page 10: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 10/16

. -

. .

Fig. 14

d'AI-8uraq n'est-etle pas aussi un signe plein de

richesse? Monture des ascensions du proohete, en sa

compagnie, Ie musulman ne va pas seutement II la

Mecque. En realite, Ie pelerinage est mystique et con-

duit 11Oieu. Le peintre aussi peut etre pelerin,

Pourquoi un vieil homme brCllerait-il de I'encens

sinon pour celebrer et feter une presence? Entin, dis-

tribuer I'eau de Zamzam en appelant la benediction

de Oieu sur Ie prophets, ne serait-ce pas comme un

sacrement, un symbole de la communion au mvstere

de Oieu que l'on reeoit du nouveau pelerin, de meme

qu'on distrlbue des bonbons ou des miches de pain

lors de certains dhikr soutis?

Les maisons des pelerins sont decorees de nom-

breux motifs encore. II s'agit d'abord de dessins.

souvent tres gais, qui evoquent les transports utili-

sables par Ie pelerin, du chameau a I'avion.

MAHMAL, CHAMEAUX ETCARAVANES

Oepuis 1952, Ie mehmel ne vit plus que dans Ie

souvenir, I'imagination du peuple, et sur les murs des

maisons de pelerins.4'5 Tres souvent, il a perdu son

escorte et n'est qu'un chameau surmonte d'une espece

de guerite. II erre dans Ie vide, sans chamelier bien

souvent. Le mahmal passe mais Ie chameau reste, en

des silhouettes plus ou moins fideles au reel. Dans Ie

vide ou sur un fond d'oasis, Ie plus souvent sur un sol

seulement esquisse, Ie chameau est represente seul

Jean Michot

Fig. 15

(Fig_3). monte ou non, ou dans une caravans de quel-

ques tetes (Fig_ 17). Rarement il porte un palanquin

(un vestige civil du mahmal?). Presque toujours un

chamelier Ie prkede en Ie tenant par la bride (Fig. 5).

Bien souvent, Ie voyageur et Ie chamelier portent Ie

vetement bedouin classique. Tous deux peuvent ~tre

barbus. Sur quelques fresques, la caravans se trans-

forme en un cortege de joyeux musiciens.

LES TRAINS

Les dessinateurs ne semblent pas apprecier les

nouvelles tractions diesels des chemins de fer egyptiens.

lis peignent presque toujours d'antiques locomotives

:t vapeur crachant de noires furnees (Fig. 2). Le convoi

peut compter jusqu'~ une dizaine de wagons aux con-

tours presque cartes, montes sur deux ou trois roues.

S'il n'y a pas de perspective, ces dessins ne manquentpas de details et de oouleur: fenetres panoram iques

ou on apercoit toujours des silhouettes, machinistes

attaires ... II arrive que Ie train soit a I'arret devant

un buttoir ou qu'il fasse nuit, comme I'indique Ie

faisceau blanc projete par les phares de la locomotive.

LESAVIONS

La diversite des dessins d'avions est beaucoup plus

grande que celie des trains. Souvent I'avion ne semble

etre que deux planches ou deux boudins en forme de

croix, ce qui lui donne des profils pour Ie moins

15

Page 11: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 11/16

LES FREsaUES DU PELERINAGE

hybrides. II peut aussi etre un long fuselage flanqu~

de deux moignons d'aile (Fig. 5), avoir I'allure plus

gracieuse d'un dauphin, d'un poisson volant, ou I'aspect

magnifique d'un Ovni. Peu de r~alisme done, I'avion

est souvent vu sous des angles extraordinaires, mais

avec une profusion de details: hublots et parfois

passagers, roues, nombreuses helices, qui peuvent avoir

la forme de soleils rayonnants, drapeaux ~yptiens

sur la queue de I'appareil, carlingues multicorores.

Cependant la technique moderne a ici ses partisans e t

il arrive de rencontrer de fidt!les representations de

petits biplaces ou de gros Boeings, parfois rneme des

jets militaires et des helicopteres (Fig. 6). Les appareils

sont rarement au sol et. en I'air, leur vol n'est pas que

r~gulier: plusieurs semblent foncer vers Ie bas ou

s'engager dans d'habiles tonneaux et loopings (Figg.

2 et 3).

LESBATEAUX

Les bateaux ont-ils la pr~ilectiondesdessinateurs?

On pourrait Ie croire a voir la multitude de vues qu'ils

en donnent. II ne s'agit parfois que d'une humble

felouque (Fig. 15). D'autres pr~ferent les bateaux a

fond plat des croisieres fluviales. Des paquebots,

comme ceux du Canal, ont la proue ~Ianc~e ou

s'allongent indetiniment sur la mer (Figg. 2 et 5).

Plusieurs de ces bateaux, surtout les paquebots,

sont d'un (~alisme plausible. Cependant la plupart des

navires sont remis en chantier par Ie dessinateur. Les

bateaux du fleuve deviennent alors des arches a chateau

central. Les ponts de celui-ci s'~tagent oomme un

H.L.M. (Fig. 4) ou comme un g~teau de rnariee (Fig.

6), Ie tout couroooe de cheminees et de leur panache

noir.

Presque toujours, une ~rie de bannisres ou de

drapeaux egyptiens sont deploves un peu partout sur

Ie navire (Fig. 3). De nornbreuses fenetres et portes.

Parfois un marin. Ancre et mats, gouvernail et helice

peuvent etre precises. Cette d e rn ie re , r ame n ee sur Ie

flanc du navire, ressemble plutot a une roue e ll aube.

Quelquefois les bateaux ne vont plus sur I'eau mais

semblent flotter dans I'ether. C'est alors surtout que

les dessinateurs forgent des embarcat ions merveilleuses

en en redistribuant e ll I'envi les el~ments: vaisseaux

boschiens et fantOmes. Certai ns bateaux portent divers

noms: 18Paix, la Mecque, la Mecque Wneree.

Enfin, sur les fresques des maisons de pelerinsplusieurs dessins montrent divers aspects de la vie

du peuple cairote. Le nationalisme est tres present. Les

drapeaux, d~ja hisses au sommet des mats des navires,

peuvent s'etaler en grand sur les facades. C'est sans

doute e ll cette fiert~ qu'il faut aussi rattacher les nom-

breuses vues des trois pyramides de Guizeh.

Des fleurs de tous coloris ornent ou envahissent la

grande maiorite des fresques (Fig. 3). Ce sont soit de

grands bouquets disposes dans des vases (Fig. 41. soit

des guirlandes. Ou encore les dessinateurs sement ces

fleurs un peu partout sur la fa~de de 1 8 maison (Fig.

Fig. 16

Fig. 17

16

Page 12: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 12/16

17). De cette proximite de la nature relevent aussi les

nombreux arbres representes sur les fresques (Fig. 4).

Ce sont surtout des palmiers, dont les regimes pendent

pesamment. Les dessinateurs arrivent parfois a de

veritables scenes champetres illustrant la recolte et la

vie des fal/ahin.

A part les moutons du sacrifice et les chameaux,

il y a peu d'animaux sur les fresques. Ce sont surtout

des oiseaux. lis chantent dans les fleurs, voltigent

entre les palmiers, au dessus de la Kacba. IIy a descouples de tourterelles, des pigeons un peu lourds et

de gros paons.

Beaucoup de facades baignent dans la crainte du

mauvais oeil. Des empreintes de mains maculent Ie

badigeon pour repousser Satan (Figg. 2 et 17). Des

yeux perces de fleches pretendent tuer I'envie. II peut

y avoir des symboles magiques construits comme de

veritables rebus: par exemple, un serpent qui tourne

autour d'une pasteque deja entamee et qui en mange,

tandis qu'un poignard est plante dans Ie fruit, juste a

cote de la tete du rePtile~

Tout ce que ces dessins montrent, choses et senti-

ments, est done associe au pelerinage. II ne s'agit pas

de raconter un voyage. Si on peint a la fois chameaux,

trains, bateaux, avions, il est invraisemblable que Ie

pelerin du Caire ait employe tous ces moyens de loco-

motion. Par contra, d'autres vehicules dont I'usage

est plus probable, tels l'auto et l'autobus, ne sont

presque jamais dessines. C'est sans doute que ces

differents moyens de locomotion participent 11une

image COmmune du pelerinage, du voyage, de I'eloigne·

ment - Ie mvstere de certaines machines volantes et

des bateaux fantastiques =, mais aussi du retour, de la

f~te, d'ou la joie de formes couturnteres, Ce sont Ie

train de la vattee. les canges du Nil et les navires du

Canal, les costumes trad it ionnels qu'on ne porte plus

qu'aux fetes, les corteges musicaux et les pompes

d'antan.

La vie se mele alors 11I 'intention religieuse des

fresques, avec toutes ses couleurs, ses aspects journa-

liers, ses fiertes, sa simplicite nature lie, ses craintes.

Scenes paysannes, drapeaux et monuments glorieux,

fleurs et oiseaux, mauvais oeil et jalousies.

La mosquee de Medine, celle de I'£nvoye bien-

aime, n'est souvent que celie du quartier. Le pelerin qui

partage I'eau de Zamzam est aussi Ie marchand d'eau

bruyant et criard de tous les jours, de tou tes les rues

du Caire. Le vieillardal'encensoir est Iesanton errantdes campagnes et des mawlid. L'egorgement des

victimes est une fete attendue toute l'annee et las

moutons du sacrifice grandissent dans les boutiques,

en famille, comme I'enfant d' Abraham aupres de son

pere, Les mains chassent I'envie parce qu'elles sont la

main de Fat;ma.27 Les palmiers rappel lent la creation

de I'homme. N'ont-ils pas ete faits par Dieu de la

m~me terre qU'Adam?:!s Trains et bateaux peuvent

s'appeler La Paix et La Mecque Veneree. L'oiseau

chante dans las fleurs mais, com me Ie disent les gens,

il est en meme temps Ie messager du prophete, dont il

Jean Michot

peut tenir un pli dans Ie bee, cusfur es-setem. Oiseau

de la Paix. Si les fleurs sont [oie, c'est aussi parce

qu'elles s'ouvraient sur les pas du prophets, disent les

inscriptions: st-wsrd fataha ti-n-neb! ...

LES INSCRIPTIONS

II reste a parler des inscriptions qui accompagnent

souvent les fresques.29 Si la plupart sont tracees d'une

main gauche et oontiennent parfois des fautes d'ortho-

graphe, certaines peuvent etre de veritables calli-

graphies.Sans ordre precis, ces inscriptions courent entre les

differents motifs des fresques. La plus frequente

souligne la purete nouvelle du pelerin: Hajj mabrur wa

dhanb maghfur, Saint pelerinage, tes peches sont

perdonnes (Fig. 2).30 Des versets coraniques relatifs

au pelerinage reviennent frequemment, de meme que

les formules de certains de SItS rites. Appel/e. parmi tes

hommes, au peler;nage! lis viendront ~ pieds 01.1 sur

toute monture au flanc cave. lis viendront par tout

passage eoceisse (Cor. 22, 27). Dieu a impose eux

hommes te p~/erinage a ce temple. A quiconoue a

moyen de s'y rendre (Cor. 3, 97) (Fig. 3) .3 1 En v{uite,

Ie premier temple qui a;t ete londe pour tes hommes

est certes situe b Bakka, temple ben! et direction pour

les mondes (Cor. 3,96). Tourne done ta face dans te

direction dela mosquee sacree (Cor. 2, 144). Me voici

a Ton service. 0 Dieu/ lei ie suis 8 Ton service! Ici je

suis a Ton service! Tu n 'as pas d'associe. lei ie suis b

Ton service! A' To; la louange, la grace et la ricbesset

... Sur la route de Dieu, ~ Mina et carafst! ...

Seigneur, ouvre-mot mon coeur (Cor. 20,25).

Quelques traditions touchant au pelerinage sont

parfois souliqnees: Pour cetui qui a visit« la demeure

du propht!te, la guerison est ecrite ... Le propbete a

dit - Que Dieu lui donne te MnMietion et la paix! -:

Celui qui visite me tombe, mon intercession lui est

assur(fe ... Cequ'it y a entre ma tombe et mon m inbar

est un des jerdins du paradis J2 ... Quelques inscrip-

tions, plaoses la sans 'contexte, semblent avoir une

signification mystique: Secoue vers toi Ie stipe du

palmier: tu feras tomber sur to; des dettes Irafthes et

mOres (Cor. 19,25). Je demande au Createur, en heat

du ciet, de ne pas m'interdire de Le voir __ .

Louanges de Dieu et professions de foi abondent:

AI/ahu ekber, Dieu est plus grand Que Dieu soit

glorififfl ... 6Seigneur, Ya Rabb Je te laue, .Seig·

neur, je te remere/e. Seigneur ... Ma sbe'e 'lIah! ...

Louange a Dleu, Seigneur des mondes (Cor. 1, 2). /I

n'y a de dieu sinon Dieu ...

De meme pour Ie prophete: Muhammad est

reovov» de Dieu ... Muhammad est Ie propMte det»

misericorde ... (Fig. 15). Mon Oieu, donne Ta MM·

diction et Ta paix a notre mettre Muhammad ... t)

Seigneur, donne Tabenddiction a I'dlu ... EMni soit Ie

oroonete, que la benediction de Dieu soit sur lui et

que tes benedictions (divines) errivent Ii auiconaue Ie

beott! ... M;lIe lois IOUH soil la paix de t'envovet

17

Page 13: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 13/16

LES FRESaUES DU PElERINAGE

Benie soit la lumil1re du propbet»! ... 6 iumiere du

propbetet . . . Ces invocations peuvent devenir

t~moignage d'amour: Muhammad est mon envoy~ ...

{j mon bien·aim6, {J Muhammad! ... < 5 celui que

j 'sime et que j'affectionne, jamais je ne t'oubtiersi.

Jointes II ces inscrlptions de caractere proprement

religieux, une serie de formules disent bienvenue au

nouveau pelerin. A son ~pouse et parfois meme , leur

souhaitent un nouveau pelerinage. Ahlan wa ssbten,

bienvenue, Marhabanl ... Mil le ftHicitations, ()plJlerine

(Fig. 6), 0 plJlerin Mni, deux mille f~licitations et

bienvenue, pelerin de la msison de Dieu! ... Reviens-

nous en psix, peterin, en paixl ... Meil/eurs voeux

pour toute I'annde! ... Retoumes-y p~/erin, et cheque

annde! ... A votre tourl ...

Enfin, les fresques peuvent dialogultf avec Ie

visiteur: {j toi qui entre dans cette matson, bdnis Ie

prophete ~/u ... £ntrez III en paix et trenquitles (Cor.

15, 46). Elles s'adressent au jaloux, A I 'envieux, pour

Ie raisonner et Ie desarmer: La patience est belle ...

La patience est la ele de la delivrance ... Ne t'etonne

pas car c'est la votonte de Dieul ... Ceci vient de la

favour de ton Seigneur ... A' t'envieux, NONI ... Au

dessus de l'oeil perce par une fleche on ecrit:. L'oeil

de t'envieuxl ... 0 lumiere du prophets! ... 0 Seig·

neur, etend: Ie voile de Taprotection! ... {J Seigneur,

eccorde Ton pardon! ...

Ces inscriptions tressees entre les dessins de cer-

taines faeades participent A leur significat ion. Comme

eux, elles ternolqnent de la presence de 0 ieu et du

prophete en leurs auteurs. Mais elles disent, clament,

ce qui, des dessins, eta it rayonnement: Ie caractere

polaire de la Kacba, maison de Dieu, la rtialite du

rite, une foi simple faite de louanges et de respect,

de be~ictions et d'espoirs, d'amour de I'envoye.

Elles sont parfois des versets (aya) du livre Divin;

de mllme, les dessins etaient des signes (Bya) de la

Presence. On comprend des lors que la basmala qui

ouvre tes sou rates du Coran surmonte parlois les

fresques: Au nom de Dieu Ie Clement Ie Mis~ri·

cordieux (Fig. 2).

Mais a nouveau I'elan religieux n'est pas desincarne.

La graphie est naive. Les inscriptions conversent avec

la vie quotidienne. Elles se font accueil du pelerin,

I'appellent parfois de son nom, saluent Ie visiteur.

Les formules superstitieuses, t~moins de la mesqui-

nerie du monde, cOtoient tes declarations de foi les

plus brOlantes.Voilll les fresques des maisons de pelerins que j'ai

vues. Du fait de leur diversite et de la richesse de leurs

motifs, de la profondeur d'intention qu'ils manifestent

souvent, je n'ai pu me resoudre a n'y voir que Ie

resultat d'un dessein d'ostentation de la part du

nouveau Hajj et de sa famille. J'ai prMer~ voir les

choses du cOte du dessinateur-rneme et parler de

presence.

Cela semble evident, les dessinateurs n'ont pas

I'intention de faire un recit de voyage. Celui-ci se

deroule d'ailleurs encore quand ils prennent leurs

pinceaux. Ces fresques sont faites pour accueillir Ie

nouveau pelerin. Comment mieux Ie recevoir qu'en

allant soi-meme II la rencontre de l'autrs, en ce qu'il

a vacu, en ses plus riches moments de musulman? Les

fresques sont une telle approche parce que Ie dessina-

teur lui-rnerne sent cette experience, parce qu'i l a

l'Islam present dans Ie coeur. C'est de ce sentiment de

I'lslam qu'a propos du pllierinage, les figures et les

inscriptions des facades temoignent, c'est lui qu'ellss

signifient. ~ des degres differents cartes, la vita lite

de la religion telle qu'elle est vacue cohere la constel-

lation d'~I~ments de chaque maison. En sa naiVete,

l 'Islam des dessinateurs, celui du peuple cairote, est

presence de Dieu dans Ie rayonnement de la Kacba,

son pOle mystique plut6t qu'un point determine su r

une carte. ~ travers ses multiples visages, " est

honore et exalte. Cet Islam est fait de reverence et

d'amitie du prophete, conscience parfois de ses

propres dimensions rnetaphvslques, du fondement et

de I'essence de se s rites, les inscriptions disant ce que

les dessins montrent.

Cependant, les scenes religieuses ne sont pas Ie

tout des fresques. Le sentiment musulman du

dessinateur est encore fait d'une serie d'autres choses.

Les fresques Ie disent, l'lslam est int~re a la vie et

int~re celle-ci. Pas de religion abstraite, pas de vie

areligieuse. L'lslam est symbiose de mystique et de

sentiments quotidiens: inqui~tude et joie des periples,

nationalisme, presence du monde nature I. L'lslam des

maisons de pelerins cairotes se constitue II differents

degres de Dieu et du mauvais oeil, de la Mecque et de

bateaux, d'amour du prophete et de l'Egypte,

d'Abraham et de paysans, d'AI·Buraq et de fleurs,

de pelerins orants et de musicians, d'anges et

d'oiseaux ... 33

Si les fresques disent tout eela, qu'importent les

sarcasmes d'un esthete. II y a plus sur les murs des

maisons de pelerins que de la beaute et celle-ci,par la-rnsme. n'en est pas absente.

18

Page 14: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 14/16

APPENDIC£

Cet essai 6tait d~j~ r6dig~ qual'ld j'al eu connalssance de la

Nota sutt« rafliguf'blionl oopotert del pel/egrinaggio in Egitto

de Giollanni C nove. publil!e dens las Annali dalla lacolra' dl

l ingue e tettereture straniers di Ca' Poscs«, Paideia, XIV ,

3, 1975 (Sede Orlentale. 6), pp. 83·94. Je n'ai donc pu en

profll r pour mon Ir811 II. Je consailla fortement au 1&cI4\H

d'y recourir du fait du grand nombra d'inform lions que

oet article contient, d'autant plus QU I'auteur envisage les

fresques du ~Ierinage de tOUte la vallee du Nil et pas seula-m nt de III cephate. Je retiens icl une saute informal ion:

les fresQues du pelerinage sent attesteas par Paul Lucas dans

son VOYl'ge fait en 1714 par ordre de Louis XI V d ns I

Turquie, rAsie, Sourie, Haute St BilSSaEgypte, AmSlerdam

1720, LlV, p. 393 (note 1, p. 921.

Cel artida de G. Canove conrlent aussi trein photos de

malsons da pallrlns sur lesQuelies les differents typos

de r~r6sentatlons d I KI,cOOet de Mlldina que j'ai distingulls

Pf\jvent ~tfe retrouves avec plus ou moins d'exacti tude:

Fig. 1

Fig.2

Fig. 3

Fig.4

Fig.5

Fig:6Fig: 7

Fig:8

Fig:9

Fig: 10:

Fig: 11 :

A2a 82

C2

A2c 82,C1

A2a 82

A2a 83C5

A2b (A3o?1 83

A2c 82

CS

A3b 8Sb

Remarques: - La photocopie dont je dispose ne me

permet pas de bien distinguer da quel type las repr6sanla-

tions de te Kacb8 at de M6dine sont sur la figure 2. Je

crois A2c 85 simplifi~ at C5:

- La figure 7 est un bel exemple de style sev~re ou la pil! te

multiplie les 61ements, ici les minarets. L figure 8 monue

un cartouche dAtoratif d route beauu~.

Enfin, G. Canova donne dans un tableau la fr~uence avec

laquelle las motifs les plus communs apparaissent sur les

fresques. II se base sur un tOlal de 57 f~ades. Je crois utile defoumir ici au l&cteur un indice de fr6quenoe parallele b~

sur 50 f ~ades calrotes doni je disposa de IIUes compllites

en photos.

KCb 8 43/57 36/50

alofTtasfldI·haram 27 18

al-masjidan.nabavi 23 22

hajj 19 1

paleri"s et Kecbe 19 15

mahmBI 17 6

transport : chameau 18 14

aUIO 3 0

train 11 12

bale u 12 35

avlon 12 31

MlicoPt~re 2

pigeons el aut res olseaux 7 6

pyramides, Nil, palmiers 13 15

motifs floraux 38 29

drapeau I!gyptien 5 11

marchand d'eau 7 10

O'autres motifs signal's par G. H. Canova comme peu

frequenls (Coran, recitateur, rnuslelens, dansa des batons,

personnes aocueil lant la ~larin, cAIt, 110" avec une 6pee,

symboles pharaoniQulS el malnsl sont quasi inconnus du

Caire Imalns 2, musiclens 3) et font place ~ d'autr s

motifs: AI·8uriq 3, mauvets oeil et autras signes magiques 3,

orant 1, Abraham al sacrifice du mouton 4. souf' 2, nge 3,

cela dans la masure ou mon tfavaU pout fire considere

comme represe"tatlf d la situation pr6valant au Caire.

Jean Michot

NOTES

1. As-Sahhlir, Fi Q flint a~·Zemin, chapitre X. Sur ce

rom n et sur son au leur, on pourra eoosuuer E.

8$nnerth (+ I et R. Morelon, Un romancier egyptien:

AI-$shhar, in Mideo XIII.

2. En un Ess.1sur lesmoeurs des habitants modernes de

I'Egypte (suite du lome IIda la 0 scriPtiondel'£gypte,

20 partie, p. 3951, M. de Chabrol refuse de parlar d

la sculplure et de la peinture: "ees deux aru, tels

QU'Us sont en EgYPle, ne m~rilant aucuna attention:'Quelques ann60s plus tard, vers 1830, E. W. L ne (An

Account of the MannafSand Cusrom$of the Modern

Egyptians, pr mi're edition parue en 1836; p. 316 de

I'~itioo de 1923 de l'Everyman's Library) aueste I

pr sance des fresQues du ~Ierinaga mais les d dalgne:

"II v a oertains musulmans en EgYPle Qui t "tent de

desslner des hommes, des lions, des chameaux et

d' utres animaux, des fleurs, das b te3ux ere..•.

perticuli~rement dans Ic e qu'[ls appellentll decoralion

de quelques devantures d'echoppos, des pones des

maisons des ~Iarins ate .... Leurs re lisations seraient

cepsndant dlipaS$6es par des entants de cinq ou six

ans d ns notre pays." Plus loin, Lane donna capel'ld nt

qu IQues precisions (pp. 443-4441: "C'est un usage

commun d'omemeruer l'entr6o de la matson d'un

pelerin, uo, deux ou trois [ours avant son arrlvee, en

peignant te porte, en colorant alternativem nt les

pierres de chaque c6te et au dessus de e eu e-e t a ve c

de I'ocre rouge et du badig90n. Ou bien, si c'est de4a

brique, en t'ornernentant d'une msni~re sembtabte,

avec de largas b nd s horizonlsles de rouge el de blanc.

Souvent eussl, des erbres. des chameaux elc ....

sont points d'une mani~re Ires grossi'ra an vert, noir,

rouge, et en d'autres oouleurs. Parfols Ie pelerin 6crit

pour ordonntr qu'on fasse 081 ." Lane perle encore de

raprMent lions de I K cb ou de Meoine deoorant les

murs de certaines pi4!-oes d e maisons bourgeoises. On

paut trouvsr des photos d parailles reprl!senlalions

dans A. L'zi"e, Trois pelais d'epoque ottomans au

Cqire, Memoires de 1'1 FAO, lome XCIII, Le C ,re,

1972. Enfin, las rapr'sentations des II ux saints musul-

mans dans I' rt turc ancien sonl un ph6nom~ne connu.

(Voir notamment Ruc;han Arik. 8atililasma Donemi

Ansdolu T8Silir Sanati, Turkiye I~ 8ankasl KUl.tUr

Yayinlari, Ankara, 1976. Noml.mtu$ s photos.) En

1953, la ~r9 J. Jomier soullgne la poesie des fresques

du p4lerinage ou survit Ie m hmol. IIen donne daux

photos (Le m bm I el 18 ClJrsvonaegyptienne des

,wlarins de I Mecque (XIJI-X~ stectesl, Le Caire ,

Imprimerle de 1'lFAO, 1953, p. 207 at plancha VII.

II en reparle briellement dans un artic l sur Le

pelerinage musulman vu du CairlJ V(Jf'$ 1960 (in

Mideo IX. pp. 1·72, Le Caire, 1967, pp. 6·7). Dans

leur merveilleuse elude d s erev nces populaires de

"Islam, R. Kriss et H . Krlu·Helnrich partent des

pol"tures popul ires 6gyptiennes, mais ils s'interes-

sent principalement 8UX rcrnbeaux et aux chapalles

des saints musulrnans, lis ne s'arrardent pas sur les

maisons des pelerins (Volksglaube im 8araich dtn

Islams, Band I; Wallfsrht$wesenund Heiligenverehrung.

o Harrassowilz, Wiesbaden, 1960, pp. 23·24 et 1131.

En Egyple mArne, un certain interOt s'esl manif ste

ces derni~res ann~es pour las Iradilions populaires.

Sans doute la rellue Let arts populsires (Mejellet

/J'·Funun ash..shsCbiyyal editee par Ie ministere

egyptien de I culture a-t-elte ccnsacre des articles

aux maisons des ~Ierins. N'lItant pas reprise en 1975

da"s les catalogues de 18 8ibliotheque Nationale

egyptienne, if ne m'a pas 6te possible de I'examiner.

Plusieurs photos de fresquas du ~Ierinaga Ont 6t6

19

Page 15: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 15/16

LES FREsaUES DU PELERINAGE

Jl4.Ibli~EtSd n$ divers ouvrages. J'al d6j~ cit6 Ie livn!

du pIIre J. Jomier sur Ie mshm I. Je donn ici las

(M4renoes de diverses autres publications aux-

quelles on pourra recourlr: J. Lozach et G. Hug.

L 'habitat roret tin Egypte, Imprimerie de I'IFAO.

Le Caire, 1930. Une vue de la malson d'un p6lerin

du Fayoum (pI. XI X, commentaire bref p. 91 I. Sacd

al·Khadlm, Macalim min fununini a$h·shl,cbiyya,

Makt8b ( 8th·thaqifat ash·&haCbiYYfl, nO 12, Oar

al.Macarif. Le Cair , 1961, Fig. 461. AI·hflyat we-t-

funun ar·r7fiYYlJ,publication non datlle du minist6re

4!gyptien de I'agriculture. S. Lacouture, L 'Egypte;

Collection Petite PI nete, Seuil, 1962. Une photo

p. 186. M. Gilsenan, II poooto dell'Egirco, In I popoli

della terrs, vol. XVI ecnsacre au monde arabe,

Monel cort. 1974. (Une photo en couleurs p. 74,)

L 'Egypte, in Le Million, vol. X consaere tI l'AfrlQue

septentrionate I orientale, Grange Bateli~re,

Paris, 1975. (Une photo en couleurs p. 302,) T. J.

Abercrombie. Egypt, in National Geographic Maga·

zin», Mars 1977. Une merveilleuse freSQue reproduite

en couleurs pp. 326-327. II convi nt de remarquer que

la plupart de CEtSphotos oru te prisasdans la campagne

6gyptienne.

3. R. et H. Kriss etudient longuement ees imag s pieusas

(Vol lcsgfaube ... , vol. I, pp. 41-47) et en donnent

plusiEtUrs reproductions (planches I ~ X du ~me

volume, entre lEtSpp. 40-41: 1. La chamelle de SiHih

(Cor. 11, 6H381, 2. Medine. 3. La tombe du proph6te,

4. L Mecque, 5. L'6hlphant er la Kacbit. 6. Le Shaykh

al·8adBwl. 7. I Shaykh al.Jilimi, 8. L'arche de No~,

9. Af·Burao, 10. La tombe d'ar.Rif/liJ. Oes images

semblables sont imprimees dans d'autres centres du

monele musulman. notamment ~ Medine, Alep,

Alger, Tunis, Islanbul etc .... Des reproductions

d'images de la collection d'Algor peuvent 58 trouver

dans Mahomet d'E. Dermenghem (Collection Micro·

cosme, Mai\(EtS Splritu&ls nO 1, Seuil, Pllris. 1974:

e. 9 La prien! autour de la Kacbe, p. 53 AI·Buraq,

p. 55 All et sas deux fils, p. 100 Le sacrifice d'Abra·

ham). DEtS images d'origine persane et d'EtSprit chilte

p uvent notamment se trouver dans Le theB(re ett'tstern de M. Aziza (SNE 0, Alger. sans dale) at dans

lsi m, ie combet mvsttou«, de J. During (LaUont,

Paris, 19751. J'ai "intention d'etudier un jour

las imagas des dill r$8S collections 8t leur 6volullon.

Je suis ctuellament en train de tes r ssembl&r.

4. On rencontre sur I s fac;ades d s maisonscampagnardes

des tMmes pharaoniques. d s gazolles. des lions, des

crocodiles, la chamelle de Silih t son petit, des

sc4nes de danse du bGton, dEtS hommes armes. un

dkor g60m~trique autour des portes etc ...

5. Je n'ai jamais rencontr~ "le navlre que port6 un grO$

poisson" dont partait as-Sehhar II y a quelques

ennees, p s plus que Ie chat et I't!chassier de Ie

photo lassez ncfennel P"SentN par S. Lacou·

ture (L 'Egypre, p. 186'.6. C& n'est pas mon propos de reprendre ici la qu slion

de la Iic~itE! dEtS an$ figur tits en Islam. Quoi qu'il en

soit de celle·eO, sur lEtS malson$ de pt!lerins

figurent das hommes et d'autres cr6atures de Oieu,

tI I'exclusion du proph6te n~anmoins. Je me con·

tente de renvoyer ~ I' xcellent mise au point de A.

Papadopoulo, L'lsl m et rart musulm/In (Mazenod,

Paris, 1976; pp. 48·59: Form8tion de J'esrh8tloue

musulm8nel. Des fresques decorent les demeures des

croyants dans plusieurs regions du monde Islamique.

Par exemple, &lIes ornent ou surchargent dEtS palais,

maisons et mOSQUH$ OIlOmanEtS (Voir R. Arik. op.

cit. et Malik Aksel. Anadofu Hl1lk Rtlsimltlri, Baha

Matbaasl, Istanbul, 1960. plus une sjjrie d'article de la

revue SanBt OOnyamiz, Istanbull. On en trouve au

Nig6ria (Voir O. Heathcote, The arts of the HlJusa,

World of lsi m Festival. Londres, 1976), au YElmen

(Voir not mment H. Helfriu, Gluckliches Arsbien,

Abenteuerliche Reise lwi$Chen dem Teufel und dem

totem Meer, Fretz und Wasmuth Verlag Ag . • Zurich!

Stuttgart, 1956. Refllrenoe que je dois, parmi plusieurs

autres choses, ~ l'amablllt6 de M. J. Ryckmans) et en

AfghaniStan (Voir I'etude profondo et superbement

illustree de Micheline C&ntlivn!s·Demont, Popular

Art in Afghflnis( n. P{tinrlngs on Trucks, MosquflSand

Tee-Houses, Akademisc::he Druck, Graz. 1976).0' utr s

contrses pourraient encore litre cuees. II f ut eepen-

dant Ie rsmarquer. cas peintures ne concernent pas

Ie ~Ierln ge (II I'exception peut-4tn! de oertaines

fresques du nig rian Musa Yola oU I'on retrouve des

motifs des tresques t\gyptienn $ comme des Irains

et des mosquees. Cas eXlraordlnaires tableaux de

M. Yola semblent cependant 4tre Ie fail d'un Individu

plus que d'un PEtUple. Voir O. Heathcot , oo . cit. INclanmoins, dans differents pays comme 10 Tunisl ,

la Lybie, la Svrie etc .... les maisons des pelerins

se $ignalent aux yeux dos passants par divers orne-

menu: eclats de verre Incrust s dans la m3QOnn&ria,

dessins ,*ometriques etc .... A Jerusalem, j'ai ~m

pu VOir certaines fac;a<fes plus abondamment d6cor"6es.

lei ce sont des taches rnulticolores, des a(bres slylis6s

et d E t S inscriplions 6parpillAes sur les murs. LtI, on II

simplement accroch6 u dEtSsus de la porte de la

m ison un tableau aU la KaCblJ voisine avec Ie dOme

dor~ de la MOSQuAe du Roch&r. Das fleurs, quetques

versets coraniques (Cor. 3. 19 notamment) at Ie nom

du p6lerin. La painture popul ire est donc loin d"tre

inconnue en Islam et las maisons de pIIlerins reooivent

de multiples dElcoratlons, parfois das dessins un PEtU

plus "abores. II semble cependant QU les compost-

tions murales de grande ampleur relatives au peler inagoe

soient tYplQues de la valiN du Nil. Un& etude plus

pr~cise serelt neeessalre pour determiner s'il $'agit

effectivement d'une survivance de 10 painture

ph raonique (et copte). Cetteoriginesamblecependantplausible, Elle est affirm6e par Sacd al·Khidim dans

s l6gende d'une photo de css fre5ques (op. cit.,

Fig. 461.

7. SI Ie plupart des fresques sent des oeuvres origineles.

II arrive aussi Qu'elles soient Ie fait d'arrisans erotes-

sionnels Que I'on reconnan ~ la similitude de leurs

productions er , partois. llieur signature.

8. Le badigeon est gjjn'ralement d'une teinte p~le: acre

clair, blanc, rose ou bleu. Les couleurs franci'les et

varioos des desslns n'y ~clatenl Que mieux. Toute la

gamme des coloris peut ~tn! remerquee mais, pour tes

tresques des plU$ P uvres, c'est sunout Ie henn6 et

Ie blEtUd'indigo Qui sont employes. Les couleurs sont

tI I'eau ou tI I'huile. L'usage du pochage n'est pas

fr6quent.9. Les fresqu s du p6lerinage pourrai&nt bien r'pondre AI

une dimension ~soterique de la conscience 9VPtienno.

Les gens de la rue au Caire ne comprenaient pas mon

int'''t pour les maisons des ·~Ierins. Ie trouvaient

mdme indiscret: .. Si tu veux voir de beliEtS choses.

vas plutOt au musoo d' n Islam que'"

10. Malg" son aspect polaire, la KacblJ n'est pas toujours

pr~senta sur les frasquEtS, de m6me pour la mOSQu6e

de Medine.

11. II paut arriver que Ie toit de la KIlb8 soit repr~sent~

comm un Iriangle ou comme un hexagone. Tout

musulman qui lIoudr il figurer 18 K,,cbl1 en $3 r8alit~

gllographique $8u,eit au moins qu'elle a quaue f ces.

20

Page 16: Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

8/4/2019 Yahya Michot, Les fresques du pèlerinage au Caire

http://slidepdf.com/reader/full/yahya-michot-les-fresques-du-pelerinage-au-caire 16/16

12. VOir par axample les couvarturas d MMiisik al·hall

(Maktabat ash-5harq, Le Caire, sens date], Manasik

al.hlJl/ wtJ·I·Cumrll (Meklebet an-Nahdet al_carabivva,

Le Caire, sans dele), Ad·din wa ';rikh al·haranulyn

sh·sharlfeyn du Hajj CAbbas Kararah (M kt ba Misr,

Le Cai re, sans data).

13. Voir par axemple R. at H, Kriss, Volksgl8ube. ,., Fig.

4 st E. Oermenghem, Mehomet, p. 9 (Collection

alg rienne different de celie du Caire par la point de

vue eholsi, la presenced'une fouledep4\ laril l$ etc.".I,

14, On peut rrouver une tnls belle reproduction d'un de

ceux-ci sur la oouvertura du Mbhomet d'E.

Derrnenghem.

15. Sur une fr squ Imit nt une de ces irnaqes pieuses

(Fig. 111, II m'est arrive de voir repris un versat

ccrentcue qui V figure alors qu'on ne la rencontrs

presque jamais sur les murs des rnaisons de + ' larins,

Ce qui prouve assez I'influanca des unes sur las autr s:

Tourne donc te face dans la dirtH:t;on do la mosquee

sacree (Cor. 2, 144).

16. Je no f is Que mentionner iei les frasquos pompi6res

Qui ornent certains caf~s at certaines 6choppes. Ce ne

sont que des copies mediocres de photographies,

apparten nt moins t\ l'art populaira musulman qU'8U

stvle dore pseudo- Louis XV an vogue ch z les nouveaux

riches du Caira.

17. II peut Gtre inlere$$Bnt de Ie remarquer, 13pierre noire

est rarement dessin6e dans les (apresentations de la

Kacba, Rendue sur I s im ges pieuses, elle sst Ires

souvent $upprimee dens les adaptations mur81es de

celtes-ci. La veneration sa porte globalement sur la

Kacba, pas sur alia.

18. II est possibla qua des im ges pieuses servant da base

II ce d rnier tYpe de dessins de Medine. Certaines

leur sont en eftet w!s semblables.

19. Una image piause d'AI.8uriq (collection d'Algerl esl

donrwle par E. Oermenghem (Mahomet, p. 53). Une

autre, du type f!Qvptien, par R. at H. Kriss I votks-

glaube ... , vol, I, Fig, 9'.

20. Celte scdne existe sur une image pieuse d'al.Jundi. Un

autre exemple, de la cOllaction alg6rianne, sa treuve,

p. 100 de Mahomot d'E, 0 tmengham,21. Voirpar ex mpte taeouverwre de R;b,cat8l·c dBWiYYlI,

opuscule publie par te MatbeCa dar at-ra'Iif, Ie Caire,

1971. La phvsionomie feminine de cas orants ast sans

doute une allusion ~ la sainte musulmane do ce nom,

22. Sur I'aau da ZamzlJm at son action, voit M, Gaude-

froV·Oamombvnes, Le peler;nage 8 III Mecque, ilCude

d'hisroirll religieuse, Geuthner, Peris, 1923, pp. 81·82.

On pourra 8u$$i se r6ferer au roman EI Hak1m de J.

Knittel (traduction franc;aise da M. GaV, Albin Michel,

Paris, 1947, pp. 61 ~2) qui delcrit avec route 1.1pers-

pic.acitli da la sVmpathie I'accuail resarv!! par un village

II das p4\larins rapperrant da l'eau de ZlImzam,

23. Selon certaines l6gendes musulm nas, c'est Gabriel

Qui ppotta la pierre noire, alors bl ncbe, 6 Abr ham

pend nt la construction de la Kacba. Selon d'autres,Gebrial et des anges balirent les fondetions de ta

Kllcba pour en feire te demeure d'Ac!am. Voir

lEflCyclopecJie de /'Islam, 10 4ldition, art. KacbfJ, vol.

II, p. 627 (A. J. Wensinck) at 20 4ldhion, 3rt . Kacba,

vol.lV,livro. 65~6, p, 335b IJ, Joml rl.

Jean Michot

24, II arrive que 1.1 conscience du lien existant entre la

sacrifice d'Abraham et 18 ~Ierinage solt telle Que Ie

fflIIqirm Ib;ahim occupe une place sembi able iI celie

da la KacbQ sur les fresquas. Una fois, j'ai en eftet IIU

un dessin circulaire de style s ~r8 pr l!sentant una

galerie surmont6e de quatre coupoles et de deux

minarets. Une inscription en faisait ce msqem ou,

selon certaines traditions, se serait Stu Ie sacrifice

du patri reha (Voir M. Gaudefrov·Oemombvnes,

Mahomer, Albin Michal, 1969, p. 352),

25. Le mahmal etait un palenquin juche sur un charneau,II accompagnait la caravane des pelerins 6gvPti ns

au Hijiz. Voir J. Jemiar, t»mahmal ... Une imege

d'al.Jundf prllsent Ie cort6ge haut en couleurs du

mahmal au Caira. On peut Houver une reproduction,

petite m is tn!s suggestive, de cette image aux pp.

6·7 de lsI m , .. de J. During. Suggestive, car rimago

eppere" sur un mur de mosqu~ (AI·Azhar ja erols)

au milieu de 1 .1 foule cairota.

26. E. W. Lane (Manno~ tJnd CUS!oms ..... p. 150),

pari nt de 13 nourrlture des EgvPtians, donna des

informetions permettant d'ertiver II la sotuiton de ce

rebus: "Un plat de pastl!que (bltttfkhl, si c'est 13

saison, fait gen~ralemenl partie du repas. On la

ceecuee un quen d'heure environ avant cetul-cl et on

la laissa rafralChir ~ I'air extl!rieur ou dans uncourant d'air, par I'clvaporation du jus sa trouvant sur

13 surface des tranch s. Copendant, on la surveille

toujours pendant ce temps, de cr inte Qu'un setpent

ne vi nn III at n'smpolsonne Ie fruit par son souffle

ou sa morsura. C'ast que ces reptiles, dit-on, aiment

elnormement les pastl!ques et les sentent t\ une g, nde

distance."

27 et 28, R. et H. Kriss, Volksglaubtl ... , vel. I. o. 23,

29, t o propos des inscriptions des maisons da ~Ierins, je

signele 18 tMse de Youssef Mohamed Ali Sida, Arabic

calligraphy in contemporery Egypri n murets, wirh

fJn tlssay on Arab tradition and art, Ohio Stale Univ.,

1965, NO de la Librarv of Congress DA 283, nO 4:

1357·1358. Je n'ei malheureusement pas pu la

consulter.30, Un hlldTch r pport6 par al-Bukhar] at Muslim anseigne

que "Ie pllierinage bien fill. est recompens par la

pardon total des fautes" ter', an. Hadjdj, vot. III, p,

39, J. Jomlerl. La traduction donn~ ici est celie du

pete J, Jomier, Le pblsrinage .•. , p. 7.

31. II arrive que cas versats coraniques (Cor. 22, 27 et 3,

19) soient confonclus et n'an deviannent qu'un, La

traduction des versets coranlQues est reprise au Coran

de R. 81achllre, Per ls. 1966.

32. Hadfth repport~ d'une f c;on un peu dlffl!rente p r

Muslim, AI.Jim/ B$-SlIhih edit, du Caire 1383 h,o ' "

IV partie, p, 123. Muslim donne mil meison pour

ms tombs.

33. En cornparant las fresques des maisons de p6lerins du

Caire avec celles de 13 campagne I!gvptienne, on

pourrait s ns doute arrlver t\ definir plus pr6cisement,

II travers les el6ments Qui en epparaissant It\, cette vie

quotidienne et Ie vilalit6 de "Islam telles qu'elles

sont vecues dans les differentes regions de 1 .1 vallee

du Nil.