V&S Mag #9 : Spécial contes

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Vampires & Sorcières Quel personnage êtes-vous ? Des films si loin des contes d’origine ? Focus sur les sirènes HOROSCOPE LE BESTIAIRE DISNEY CINÉ TÉLÉ Quand les contes sont adaptés à l’écran... Illustrations de Blanche-Neige DEFI FORUM

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Ce nouveau numéro du V&S Mag s'intéresse aux contes traditionnels et modernes.

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Vampires& Sorcières

Quel personnage êtes-vous ?

Des films si loin des contes d’origine ?

Focus sur les sirènes

HOROSCOPE

LE BESTIAIRE

DISNEY

CINÉ TÉLÉ

Quand les contes sont adaptés à l’écran...

Illustrations de Blanche-Neige

DEFI FORUM

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Promenons-nous dans les bois...

Les contes sont parmi les premiers récits fantastiques. Ils font partie de chacun de nous, ils sont ancrés dans l’imaginaire collectif.

Qui n’a jamais frissonné en écoutant l’histoire du Petit Poucet ? Qui n’a ja-mais eu peur du Grand Méchant Loup? Tous les enfants ont aimé se faire peur en lisant ou en écoutant les contes de Perrault, de Grimm ou d’An-dersen, ont eu peur pour leurs héros et leurs héroïnes.

Mais tous les contes ne finissent pas mal, la plupart de ceux adaptés par Disney se terminent sur un « Happy end ». Pour ne prendre que l’exemple de la Petite Sirène, l’histoire d’Ariel est beaucoup plus sympathique quand c’est Disney qui la raconte et non Andersen. Et il en est de même pour la plupart des contes.

Ces dernières années, les contes sont passés du dessin animé au cinéma et à la série télé. Cette année nous avons eu deux séries (Grimm et Once Upon A Time), deux films sur Blanche-Neige (Miroir, Miroir et Blanche-Neige et le chasseur) et cette tendance est loin d’être terminée.

Les contes ont encore de beaux jours devant eux et c’est pour cette raison que nous avons décidé de leur dédier ce mag. C’est le premier mag « thé-matique » que nous faisons et nous espérons qu’il vous plaira !

Bonne lecture à tous et merci pour votre fidélité !

ExécutriceRédactrice en chef

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Pendant que le loup n’y est pas !

CINÉMA & TÉLÉVISION

Les Frères Grimm .........................................................................6

Les contes chez disney ............................................................12

Quand Les contes sont adaptés sur petit écran, ça donne Quoi ? ...... 18

DIVERS

LITTÉRATURE

Les méchants dans Les contes ........................................................4

Les comics FabLes .....................................................................8

chroniQues de contes :

Ella l’EnsorcEléE ....................................................................24

contEs du mondE ....................................................................25

dragons Et princEssEs ..............................................................26

déFi Forum : iLLustrations ...........................................................16

Le bestiaire de L’imaGinaire : Les sirènes .......................................22

Le zodiaQue des contes de Fées .................................................. 28

mots méLés ...........................................................................34

lE Bal dEs dEmoisEllEs, une nouveLLe de christeLLe KarLyaK ..............36

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Le Méchant dans les contes

A l’évocation des contes et de leurs histoires, aussi bien pour les plus jeunes que se desti-nant aux adultes, des figures de méchants lé-gendaires font écho à notre imagination. Le Méchant dans toute sa détestable grandeur est là pour éprouver la morale, pour mettre en péril les amours et la survie des héros. De la belle-mère acariâtre au loup vorace, la mal-veillance dans les contes peut arborer bien des visages différents.

Méchant, qui es-tu ?

Pour cerner l’influence du Méchant dans les contes, personnification même des forces du mal, du chaos et de l’injustice, peut-être faut-il déjà comprendre quelle est sa fonction pre-mière au sein du récit. Plus haut, il est écrit que par la méchanceté intrinsèque à leur nature, les personnages malintentionnés mettent à l’épreuve la bonté et la foi des héros. Mais se contentent-ils réellement de jouer les simples faire-valoir ? La sorcière de Blanche-Neige, méchante classique s’il en est, prend les al-lures d’un élément déclencheur qui amène l’héroïne à prendre son destin à bras le corps. Cette jeune fille à la beauté jalousée au-rait-elle rencontré son prince charmant, si la Reine n’avait pas essayé de s’en débarrasser à maintes reprises ? À causes des mauvaises intentions qui la dévorent, cette belle-mère implacable et adepte de magie noire va pro-voquer sa propre perte. Blanche-Neige ne serait peut-être jamais devenue la protégée des sept nains sans l’ordre d’assassinat donné au chasseur. Le Prince n’aurait pas embrassé avec autant d’impunité la belle endormie dans son cercueil de verre, après qu’elle eût croqué dans la pomme empoisonnée.

Hormis le danger qu’il fait planer sur le Bien, le Méchant exhorte involontairement les bons sentiments, et oblige ainsi les héros à se transcender dans l’épreuve en les pous-sant dans leurs derniers retranchements. De là à dire qu’il n’y aurait pas de preux cheva-liers ni de jeunes filles à l’âme pure sans des êtres sombres et jaloux, il n’y a qu’un pas vite franchi. Le Méchant confère un contraste téné-breux par rapport à la lumière et à ses repré-sentants, on peut voir en sa présence un élé-ment essentiel dans l’équilibre du conte. Sans lui, l’histoire perdrait toute sa saveur.

Puisqu’on se penche sur le Méchant et ses rôles multiples dans les contes, une question s’impose d’elle-même : qui est-il vraiment ? Quelle forme adopte-t-il pour susciter en nous la peur, l’antipathie et le dégoût ? Évidemment, les premières images qui nous viennent à l’es-prit sont celles du Loup, méchant de contes par prédilection (Les trois petits cochons, Pierre et le Loup, Le petit Chaperon rouge… la liste des contes où ce dernier apparaît s’al-longe très vite.) On retrouve aussi, bien enten-du, la Sorcière (Baba Yaga, La Belle au bois dor-mant, Hansel et Gretel…) ainsi que la fameuse Marâtre (Cendrillon, Frérot et Sœurette…), sachant que les deux figures se confondent parfois en une seule (Blanche Neige…) Citons également l’Ogre et le Géant (Jack et le ha-ricot magique, Le Chat Botté, Le vaillant petit tailleur, Le Petit Poucet…), le mari assassin en série et tourmenteur (Barbe Bleue…)

Le Mal peut revêtir bien des apparences

Cependant, Le Méchant qui hante les contes est tout à fait capable de se présenter sous des traits autres qu’une forme humaine ou

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animale. Dans nombre de récits, le péril ma-jeur ne prend pas forcément sa source dans une malveillance magique ou tangible, mais provient d’une origine naturelle et immaté-rielle. Il revêt alors une apparence issue de nos craintes les plus ancestrales : l’hiver et le froid, la faim, la pauvreté, la nuit, la maladie… Combien de héros d’histoires ont-ils eu à en-durer de pareilles affres ? (La petite fille aux allumettes, Un chant de Noël – bien que le pro-tagoniste principal soit ici tourmenté par le re-mord…) On peut même dire que ces éléments s’associent parfois aux exactions du méchant principal, de sorte à renforcer les épreuves qui mettront en avant les qualités des bons personnages.

La magie peut avoir des connotations contra-dictoires dans les contes. Si les bonnes fées en font un usage bienveillant et si elle peut venir en aide aux plus faibles, la magie de-vient châtiment lorsqu’elle prend la forme de sorts à l’encontre d’individus qui en sont les victimes. La preuve en est Les six frères cygnes, La Belle et la Bête, Le joueur de flûte de Hame-lin, La Belle au bois dormant, Blanche-Neige, … Il est possible de mentionner la magie utilisée à mauvais escient, comme cela est le cas dans Les souhaits ridicules de Charles Perrault. Les malédictions font partie intégrante des contes, en complément du Méchant. C’est cette même combinaison qui contribue si admirablement à dispenser une part de merveilleux, aussi si-nistre que puisse être parfois la magie.

Méchants d’utilité publique ?

Il arrive fréquemment, dans nos contes pré-férés, que plusieurs éléments malveillants se liguent contre les héros, afin d’empêcher le cœur et la bonté de reprendre leur droit lé-gitime. Une histoire comme Blanche-Neige en est l’exemple le plus concret (rudesse des éléments dans la forêt, sorcière-marâtre, ma-lédiction…) Mais le triomphe du Bien n’en est ensuite que plus grandiose et émouvant (La Belle et la Bête)

En définitive, les contes éternels sont ceux qui mettent en scène des méchants haïssables à souhait, donc inoubliables. Il faut imaginer combien serait triste et fade un conte privé d’un personnage maléfique digne de ce nom. Car c’est cette Némésis par excellence qui, en déchaînant une pluie d’épreuves contre les représentants du Bien, oblige ces derniers à se faire les champions de la vertu. Les contes mettent en exergue l’importance de cet ordre des choses inalliables à la bataille que se livrent la lumière et les ténèbres. Si le Méchant répondait aux abonnés absents, les héros ou héroïnes qui enflamment notre imagination et pour qui on se prend d’affection feraient pâle figure. On peut avancer que plus le Méchant a de panache dans son ignominie, plus il donne leurs lettres de noblesses à des notions telles que l’altruisme et la compassion.

En résumé, aime-t-on le Méchant ?

Dans les contes plus qu’ailleurs, toutes les valeurs morales dépendent de cet affronte-ment perpétuel entre le Bien et le Mal. Une lutte symbolique qui persiste encore de nos jours, ce qui rend nos contemporains toujours aussi solidaires et réceptifs aux contes s’an-crant dans des contextes merveilleux, peu-plés de personnages vaillants mais malmenés par la vie. Des héros promis bien souvent à un destin d’exception, voire à l’amour, mais de-vant parcourir au préalable un chemin semé d’embûches. La marâtre, la pauvreté, le froid, les superstitions liées à la peur du noir et de l’hiver, à la magie… sont autant de thèmes actuels. Leurs connotations jouent avec nos craintes viscérales, celles-là même qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui. Sans doute est-ce pour cette raison qu’une part de nous – la plus rêveuse – s’identifie toujours volontiers aux contes et à ses bonnes âmes… Avec toujours un indéniable plaisir à exécrer ces incontour-nables Méchants et leurs sombres desseins.

Asmodée

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Les Frères GrimmAnnée de sortie en salle : 2005Réalisateur : Terry GuilliamCasting : Matt Damon, Heath Ledger, Lena Headey, Monica Bellucci…

Ce film réalisé par Terry Guilliam en 2005 livre une version fantaisiste des Frère Grimm et des sources d’inspiration ayant donné naissance à leur répertoire de contes. Nous découvrons dans un premier temps un duo d’escrocs forts habiles et peu scrupuleux quand il s’agit d’arnaquer les villageois. En recourant à d’ingénieux effets spéciaux en avance sur leur temps (l’histoire se situe au XIXe siècle) les Grimm se font passer pour des tueurs de sorcières et autres pourfendeurs de fantômes. Un stratagème mal-honnête qui leur permet ainsi d’extorquer des sommes d’argent aux esprits crédules.

Cependant, ce subterfuge va être éventé par les autorités du Premier Empire qui occupent alors le territoire allemand. L’armée française va demander aux frères Grimm de résoudre les mys-tères qui minent un village du nom de Barbaden. Là-bas, des enfants disparaissent de façon inexplicable et nul ne semble en mesure de retrouver les jeunes victimes. Les frères Grimm, et surtout le très septique Wilhelm, ne s’attendent bien évidemment pas à être confrontés sur place à une Reine déchue et à ses sortilèges sortis tout droit des légendes les plus incroyables. Pourtant, accompagnés par une chasseuse qui a perdu son père et ses deux sœurs en forêt, les frères vont devoir se résoudre à croire au pouvoir de la magie, s’ils veulent vaincre les maléfices d’une sorcière vieille de 500 ans.

Avec Les Frères Grimm, on tient un divertissement qui entremêle la réalité et l’univers des contes avec une certaine subtilité. Beaucoup de références sont évidemment faites aux histoires mer-veilleuses : le loup et le petit Chaperon rouge, les chasseurs, la vie éternelle, les sorcières et leur sorcellerie… Tous les thèmes incontournables des contes répondent à l’appel. La forêt tient également une place prépondérante dans le film, tout comme une morale en toile de fond qui encourage à toujours laisser une place à la force de l’imaginaire.

Les décors et costumes du film flattent la rétine, et le duo d’acteurs formé par Damon/Ledger assure un spectacle de qualité. L’intrigue fait la part belle à l’action et au suspens,e film grand publique oblige. On y trouve aussi une esquisse de romance, ainsi qu’une réflexion sur le be-soin de croire aux forces séculaires liées à la nature et de respecter celles-ci. Même s’il peut comporter quelques scènes difficiles pour les âmes les plus sensibles, le film reste néanmoins visible par l’ensemble de la famille. Les Frères Grimm reprend les contes classiques et parvient à leur donner une image moderne, avec certes, parfois, beaucoup de liberté et d’incohérences. L’histoire n’en reste pas moins distrayante avec ces nombreux clins d’œil à l’œuvre des deux célèbres frères et aux grands conteurs en général.

Asmodée

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FablesFables est une série de comics mettant en scène des personnages de contes de fées exi-lés dans notre monde à la suite de la conquête de leurs royaumes par un mystérieux ennemi. Elle est écrite par Bill Willingham qui a su don-ner à toutes ces histoires que nous connaissons si bien une dimension beaucoup plus sombre, parfois tragique, mais aussi étonnamment drôle car d’une ironie des plus mordantes, tout en leur offrant une suite haute en couleur.

Les illustrateurs varient selon les épisodes, mais les deux principaux sont Mark Buckin-gham et Lan Medina. J’ai personnellement une préférence pour les dessins du second. Il n’y a pas vraiment de grande rupture entre leurs deux styles, mais si la mise en page de Buckin-gham est plus inventive et vraiment très classe, je préfère de loin la finesse de trait que Me-dina donne aux visages des personnages. J’ai toujours l’impression que Bigby (le Grand Mé-chant Loup) aurait besoin d’un dentier quand c’est Buckingham qui le dessine… Et je ne vous parle même pas de la tronche de Pinocchio…

Globalement, les dessins sont néanmoins une réussite et servent parfaitement le récit, le ren-dant très vivant.

Et l’histoire… Ah, l’histoire !

Tout ne finit pas forcément bien dans les contes de fées et Willingham s’emploie à nous le raconter à sa façon, avec des personnages déjantés et pas forcément bien sous tous rap-ports. Nous avons par exemple une Blanche Neige froide comme la banquise, bien qu’elle ait ses raisons, un Prince Charmant, séducteur invétéré, qui utilise son charme pour se faire entretenir par ses conquêtes, une sorcière qui tire ses pouvoirs de bien sombres pratiques ou encore un Barbe Bleue aussi manipulateur que cinglé…

Fables est une série très prenante, drôle, ir-révérencieuse, un peu cruelle aussi. Elle ne manque ni d’action ni d’originalité et il y a même un brin de romance. Elle est en somme un savant mélange de tout ce qui fait un bon récit. On peut lui reprocher d’être un peu ré-pétitive dans ses arcs principaux, puis aussi un peu lourde dans son humour par moment, mais elle fait partie, de mon point de vue, des meil-leurs ouvrages basés sur les contes de fées. C’est une série à découvrir absolument.

Quelques infos pratiques :

µVous pourrez voir un petit ma-caron sur les albums, prévenant le lecteur que ces comics sont réservés à un public averti. Ce n’est pas une série choquante de mon point de vue, mais il y a du sang, c’est vrai, et parfois du sexe, c’est donc réservé à un public adulte.

µ Les 15 premiers volumes qui sont parus en français sont l’équivalent des 12 premiers volumes de la V.O.

µ Les couvertures souples de la V.F. sont maintenant remplacées par des versions cartonnées dans la nouvelle

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édition d’Urban comics.

µ Le seizième qui vient de paraître en fran-çais est un cross over entre la série princi-pale et son spin off Jack of Fables.

µ La traduction n’est pas mauvaise, mais donne parfois lieu à quelques étonnants cafouillages. Je vous conseille donc la V.O. et plus précisément l’édition hardcover, voire même la version deluxe qui regroupe les albums par deux, étant donné que le papier des versions souples est quant à lui d’assez mauvaise qualité.

Fables c’est aussi :

Un hors-série : 1001 nuits de Neige.

Cet album est un hybride entre roman gra-phique et BD.

Blanche, venue demander leur aide aux Fables du monde arabe, est piégée par le grand Vizir et contrainte d’endosser le rôle de conteuse pour échapper au Sultan qui veut l’épouser puis la tuer à l’aube. Pendant mille et une nuits, elle lui contera des histoires qui sont arrivées à ses compatriotes ou à elle-même, avant ou pendant la conquête des royaumes par l’Ad-versaire.

L’ouvrage en contient une dizaine, certaines sont longues, d’autres extrêmement brèves.

On apprend notamment dans l’une d’elles la vraie raison de la fin du ma-riage de Blanche avec le Prince Char-mant et la vérité sur son histoire avec les nains.

Les passages où Blanche et le Sultan interviennent directement sont dans le style du roman graphique : texte et illustrations.Les histoires, par contre, sont expo-sées sous forme de bandes-dessi-nées et les illustrateurs varient. L’en-semble est un peu inégal, que ce soit au niveau des dessins comme des histoires, mais c’est un album à découvrir absolument si on aime la

série.

Un roman : Peter et Max dans l’univers de Fables.Toujours écrit par Willingham et publié en français chez Bragelonne.

Des spin off :

µ Jack of Fables.

Comme son nom l’indique elle raconte les aventures de Jack Horner, dit «Jack de tous les contes», personnage emblématique de la série d’origine. Jack est une vraie plaie à la moralité particulièrement élastique. Il passe son temps à monter des combines foireuses pour gagner un peu de blé, il se met régulièrement dans des situations impossibles et c’est pour ça qu’on l’aime… ou pas.

C’est beaucoup plus lourdingue et déjanté que Fables, mais les deux séries finissent par se re-joindre.

Cette série est finie aux États-Unis et comporte neuf volumes. Pour l’instant, six sont sortis en français. Elle est co-écrite par Willingham et Matthew Sturges.

µCindirella.

Celle-ci a évidemment Cindy, troisième ex-épouse de ce cher Prince Charmant, pour héroïne principale. Notre Cendrillon cache derrière une image de frivolité qu’elle entretient avec soin une personnalité beaucoup

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plus intéressante.

Pour l’instant, la série, écrite par Chris Rober-son et dessinée par Shawn McManus, est com-posée de deux volumes qui ne sont pas encore sortis en français :

µ From Fabletown with Love.

µ Fables Are Forever.

Tout le monde aura reconnu l’allusion qui est, somme toute, fort prometteuse.

µWerewolves of the Heartland.

Sans cesse repoussé et reprogrammé, cet album devrait finalement sortir en novembre 2012 pour la V.O. et aura pour personnage prin-cipal Bigby Wolf, le Grand Méchant Loup.

µ Fairest.

Enfin une série consacrée aux personnages fé-minins de Fables ! Le premier volume est prévu pour décembre 2012 et devrait être consacré à Briar Rose (Églantine), la belle au bois dormant.

µ Focus sur… Légendes en exil, le premier tome de Fables.

Le scénario est écrit par Bill Willingham, le premier chapitre est dessiné par Lan Medina, Mark Buckingham prenant la relève pour les quatre suivants.

L’album contient également une nouvelle concernant les personnages de Bigby et Blanche.

Avant toute chose, revenons un peu sur le background :

Les personnages de contes qui ont pu s’échap-per ont fondé deux grandes communautés dans l’état de New York. La première d’entre elles, Fableville, se trouve en plein cœur de la cité et abrite les Fables qui ont une apparence humaine ou peuvent se payer le luxe d’un charme de trompe-l’œil.

C’est Blanche Neige, devenue adjointe au maire, qui est en charge de Fableville et la di-rige d’une main de fer, assistée par Bigby Wolf qu’elle a nommé Shérif, pendant que le Roi Cole, le dirigeant officiel, donne plus dans les mondanités.

La seconde communauté, appelée la Ferme, se trouve plus au nord de l’état, en pleine cam-pagne et est protégée des regards indiscrets

des Communs (à savoir nous) par de nombreux sortilèges car tous les Fables non-humains ou pouvant attirer l’attention, renards, cochons, ours, tortues qui parlent, mais aussi dragons ou encore Lilliputiens y habitent.

Rien n’est idyllique dans ce petit monde. Nous sommes loin du « Ils vécurent heureux ». S’ils s’étaient entraidés tout de suite et opposés

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à l’Adversaire, peut-être auraient-ils pu le vaincre. S’allier pour survivre est une néces-sité, telle est la leçon qu’ils ont retenue de la débâcle qui les a chassés de chez eux. Mais au-cune alliance ne peut fonctionner entre enne-mis mortels sans que tous ne doivent consen-tir à une Amnistie générale. Cependant, bien

que les Fables aient accepté l’Amnistie, les rancœurs demeurent, sans compter qu’ils ont eu des siècles pour entretenir leurs inimitiés. Et qui dit que certains personnages se sont vraiment amendés ? Qui est réellement digne de confiance parmi ces grands méchants que nous croyons connaître depuis l’enfance ou, pire encore, ces soi-disant gentils ?

Puis, surtout, qui dit que l’Adversaire a définiti-vement renoncé à notre monde ?

Et l’album en lui-même :

Dans Légendes en exil, rien ne va plus à Fable-ville. L’appartement de Rose Rouge, sœur ju-melle de Blanche Neige, a été saccagé et est littéralement inondé de sang.

Est-ce le sien ? La jeune fille est introuvable et notre Grand Méchant Loup soupçonne tout le monde, de la sœur de la victime en passant par ses fiancés ou le Prince Charmant qui comme par hasard vient de réapparaître en ville. Tous auraient de bonnes raisons de s’être débarras-sés de cette peste de Rose Rouge…

Cet album, qui n’est pas le plus abouti mais est quand même bien construit et divertissant, pose les bases de l’univers de Fables. Il nous présente la situation, sans trop en dire toute-fois. On y fait la connaissance de personnages qui seront récurrents, bien que certains de-meurent au second plan dans cette histoire.

C’est un bon album, bien que le nœud de l’in-trigue soit facile à dénouer pour qui est un minimum observateur. Cependant l’enquête n’est pas le principal, elle tient la route, mais n’est qu’un prétexte et certaines choses pou-vant sembler de l’ordre du détail qui se passent en arrière-plan ou qui découlent de cette em-brouille se révèleront capitales pour la suite des événements.

Légendes en exil est un domino qui n’attend que de s’abattre sur la fragile communauté des Fables pour les précipiter vers de nouvelles aventures.

Vous détestez les contes de fées ? Soyez cer-tains que vous aimerez ceux-là. Et si au contraire vous les adorez, mais que votre esprit est suf-fisamment cynique pour se réjouir de les voir malmenés, pris à contre-pied ou tout simple-ment réinventés, l’univers de Fables vous en-chantera au-delà de vos espérances.

Siana

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Les contes chez DisneyDifficile de passer à côté, les films animés de la firme Disney ont bercé notre enfance et conti-nuent d’être populaires de nos jours.De nombreux classiques sont en fait des adap-tations de livres, de légendes mais aussi de contes. Petit tour d’horizon...

Le tout premier long-métrage animé réalisé par Walt Disney et qui est sans nul doute l’un des plus connus, n’est autre que Blanche-Neige et les sept Nains. Celui-ci s’est directement ins-piré du conte des frères Grimm paru en 1812 et eux-mêmes s’étaient inspirés d’un mythe germanique.

Et ce premier animé inspiré d’un conte n’est que le premier d’une longue liste :

µ Pinocchio, le célèbre petit garçon fait de bois vient en réalité du conte de Carlo Col-lodi, un journaliste et écrivain italien.

µCendrillon, ou plus vulgairement Cucen-dron se rapproche beaucoup du conte de Charles Perrault : Cendrillon, ou la petite pantoufle de verre.

µ La belle au bois dormant vient des contes de Grimm et de Perrault portant le même nom.

µ La petite sirène est une adaptation du conte

de Hans Christian Andersen.

µ La belle et la bête viendrait d’une reprise de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont d’un conte datant du IIe siècle.

µAladdin et ses suites prendraient part dans les contes des Mille et une nuits ainsi que d’Ali Baba et le prince des voleurs.

µ La princesse et la grenouille vient de Vassi-lissa la sage qui est un conte russe.

µ Raiponce vient des frères Grimm avec le conte populaire allemand Rapunzel.

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ?

Une liste, c’est bien beau, mais partons un peu plus loin. En effet, Disney ne fait pas que s’ins-pirer des contes, il les popularise et les rend surtout plus accessibles aux différents publics. Voici quelques exemples d’adaptations qui il-lustrent parfaitement ces propos :

Quand on parle de Cendrillon, le conte de Charles Perrault est sans nul doute le plus proche. L’histoire est assez simple avec Cendrillon qui est un peu malmenée par sa belle-famille mais elle réussit à se rendre au

« Petit miroir,

petit miroir chéri,

Quelle est la plus

belle de tout le

pays ? »

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bal grâce à sa Marraine qui d’un coup de ba-guette magique lui offre robe somptueuse et attelage. Elle y rencontre alors le Prince Char-mant mais doit s’en aller avant minuit, perdant une de ses pantoufles de verre dans sa fuite. Le Prince la retrouvera grâce à cette chaussure et l’épousera. Dans la version de Perrault, Cen-drillon pardonne même à ses demi-soeurs.Mais arrêtons-nous sur la version du conte que nous offrent les frères Grimm. La cruau-té de la belle-famille de Cendrillon est bien plus présente et ses demi-soeurs ne reculent devant rien pour trouver bonne grâce auprès du Prince. La belle-mère et les demi-soeurs se moquent ouvertement de Cucendron, devant un père qui ne trouve rien à redire et la ma-râtre use d’ailleurs de ruses pour empêcher Cendrillon de venir au bal. La fin du conte est assez sanglante car les sœurs se mutilent afin de pouvoir passer la chaussure de verre : l’ai-née se coupe en effet le gros orteil et sa sœur, une partie du talon mais deux colombes ayant déjà aidé Cucendron aident le Prince à voir la vérité. Par la suite, Cendrillon fêtant finalement ses noces avec le Prince, ses demi-soeurs re-viendront vers elle pour tenter de s’attirer ses bonnes grâces et d’acquérir une partie de sa fortune et encore une fois les colombes inter-viendront et leur crèveront un œil à chacune afin de les punir de leur méchanceté et de leur perfidie.

Venons-en à Blanche-Neige. L’histoire de Dis-ney et des frères Grimm n’est pas tellement différente. Seule la fin a été changée pour la rendre encore une fois plus présentable.Le côté cruel de la punition a été détourné par Disney et n’a été représenté que par une chute de la Reine dans un puits sans fond.

A présent, endormons-nous pour 100 ans avec la Belle au Bois Dormant. Autant dans le conte de Perrault que des Grimm, il n’y a pas de sor-cière maléfique, juste une fée rabougrie qui, parce qu’elle est vexée de ne pas avoir eu son service en or, annonce que la Belle mourra en

se piquant avec un fuseau. On retrouve cependant un personnage dans la version de Perrault se rapprochant un peu de Maléfique de Disney : la mère du Prince a en effet quelques origines d’Ogre et souhaite donc se délecter de la nouvelle famille de son fils.

« Et en entrant, elle re-connut Blancheneige, et d’angoisse et d’effroi, elle resta clouée sur place et ne put bouger. Mais déjà on avait fait rougir des mules de fer sur des chardons ar-dents, on les apporta avec des tenailles et on les posa devant elle. Alors il lui fallut mettre ces souliers chauffés à blanc et danser jusqu’à ce que mort s’en suive. »

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Finalement faisons un petit tour par la mer. Au-tant les autres contes finissent bien pour l’hé-roïne et de façon sanglante pour le méchant de l’histoire, autant ici, le conte met à rude épreuve notre sirène préférée. Disney a su présenter l’histoire d’Ariel comme une belle

histoire d’amour avec le prince Eric et elle consent juste au sacrifice de sa voix, qu’elle re-trouvera d’ailleurs quand même à la fin. Dans le conte la petite sirène se voit couper la langue et chacun de ses pas avec les jambes que lui a donné la sorcière, vaut mille aiguilles qui se plantent sous ses pieds. Cependant, la sorcière a émis une autre condition à son humanité : si le Prince se marie avec une autre, la petite si-

rène mourra. Et c’est ce qui se produit. Elle se retrouve donc transformée en écume après avoir éprouvé milles souffrances par amour.

Fin.

Les contes d’origines sont parfois loin d’être à destination d’un jeune public, incluant souvent des morts atroces, des mutilations et beaucoup d’émoglobine.Disney a très bien su en garder les éléments principaux ainsi que les morales tout en les adaptant pour tous les âges. Aujourd’hui en-core, l’une des dernières adaptations qu’est Raiponce a su faire rire enfants et adultes mais sans oublier de nous présenter l’égoïsme de la marâtre, le tout en chanson !

Tessa Garnier

« Il était une fois... - Un Roi ! s’écrieront aussitôt mes petits lecteurs. Non, les en-fants, vous vous trompez.Il était une fois un morceau

de bois. »

Walt Disney (1901-1966)Après avoir créé plusieurs sociétés qui ont fait faillite pour différentes raisons, il crée en 1923 avec son frère Roy les Disney Brothers Studio qui deviennent les Walt Disney Stu-dio en 1926 puis Walt Disney Productions en 1928.C’est également en 1928 qu’il va créer une petite souris nommée Mortimer et qui deviendra Mickey Mouse, la sou-ris emblématique de Walt Disney.

En 1937, il crée son premier long métrage, Blanche-Neige et les sept Nains, qui est un large succès et lui permet développer son activité et de se lancer dans la production à grande échelle. C’est le début d’une succes story que tout le monde connaît et qui perdure encore aujourd’hui.

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Les illustrations du forum

Arcantane Nairo

Daisyka

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Les illustrations du forum

Nairo Chilila

Sara Bertagna

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Quand les contes sont adaptés à l’écran, qu’est ce que ça donne ?

En cette décennie, les contes sont à la mode et ont bénéficié de nombreuses adaptations, tant au cinéma que pour la télévision.

Cependant tous les contes ne sont pas éga-lement à l’honneur et on peut constater que Blanche Neige est la championne toutes caté-gories avec pas moins de quatre films (Mirror Mirror, Blanche Neige et le chasseur, Grimm’s Snow White, La nouvelle Blanche-Neige), un ballet créé par le chorégraphe Angelin Preljo-caj avec des costumes de Jean Paul Gaultier et enfin une place de choix dans la série d’ABC Once Upon A Time.

Elle n’est heureusement pas la seule, sinon on ferait un peu une overdose de la belle aux cheveux noirs comme l’ébène (d’ailleurs dans Grimm’s Snow White ils ont du louper quelque chose de la description qu’en font les frères Grimm car ils ont pris une blonde pour jouer Blanche-Neige). Grimm, série diffusée sur NBC aux Etats-Unis et sur SyFi en France, fait honneur aux contes des frères Grimm, comme son nom l’indique.

Alors, c’est bien beau d’adapter à tours de bras, mais est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est fidèle aux contes ? Est-ce que ça apporte quelque chose ? En gros, est-ce que regarder ces films et ces séries serait une perte de temps ou pas ? Vous en avez de la chance, parce que j’ai perdu mon temps afin de, peut-être, vous en faire gagner !

On commence par les séries si vous le voulez bien, car c’est mon dada et il faut le reconnaitre, regarder une saison complète de Grimm ou de Once Upon A Time vous prend plus de temps que regarder un ou deux films.

Grimm et Once Upon A Time, deux univers bien distincts

Avec ces deux séries nous avons deux genres typiques du tv show américain.

Grimm a grosso modo la même forme que Supernatural ou encore que n’importe quelle série policière : à chaque épisode un nouveau méchant/monstre et son intrigue propre, qui

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prend plus ou moins place dans une intrigue plus globale qui évolue tout au long de la sai-son, voire de la série.

Once Upon A Time (que nous appellerons dé-sormais OUAT pour faire plus court) fonctionne différemment. Chaque épisode fait avancer l’intrigue globale et ce qu’il s’y passe ne sert que cette intrigue. La particularité de OUAT est que chaque épisode nous informe sur le passé d’un personnage de l’histoire par le biais de flash back. On retrouve la patte des scénaristes de Lost, puisqu’ils sont nombreux à travailler sur la série sous la houlette d’Adam Horowitz et d’Edward Kitsis.

Il n’y a pas que dans la forme que les deux sé-ries se distinguent mais également dans les choix des personnages. Quand Grimm fait la part belle aux « méchants », OUAT se concentre plus volontiers sur les héros des divers contes de fées.

Dans Grimm, on ne voit pas vraiment les héros traditionnels car ils sont les victimes des « mé-chants ». Ainsi, dès le premier épisode le ton est donné : des jeunes filles habillées de rouge se font dévorer par une étrange bête sauvage mais qui laisse des empreintes de bottes der-rière elle. La victime est donc le petit chape-ron rouge, qui n’arrivera jamais chez sa mère grand, et l’assassin est le grand méchant loup. Les créatures ont été humanisées, désormais elles ont apparence humaine pour le commun des mortels et seuls les Grimm peuvent voir leur vrai visage.

Ici, le seul héros est Nick Burkhardt, un détec-tive de la police de Portland, qui va se retrou-ver catapulté dans ce monde du jour au len-demain lorsqu’il va apprendre qu’il est un des derniers descendants des Grimm et que son devoir est de lutter contre les méchantes créa-tures surnaturelles qui sont bel et bien réelles. C’est donc un personnage inventé par rapport aux contes originaux, tout comme l’est Emma Swan de OUAT.

Emma est très important puisqu’elle est cen-sée être celle qui brisera le mauvais sort lancé par la méchante reine de Blanche Neige. Dans cette série, contrairement à Grimm, il n’y a qu’une méchante : The Evil Queen ! Elle est LA méchante, on la déteste et on aime la détester, ce qui d’ailleurs diverge beaucoup de Grimm car on ne ressent pas ce genre de sentiments pour les méchants épisodiques.

Les personnages des contes sont tous là : Blanche Neige, le Prince Charmant, le Petit chaperon rouge et sa grand-mère, Pinocchio et Geppetto, Jiminy Cricket, la Belle et la Bête, Rumpelstiltskin, la méchante reine (celle de Blanche Neige) et son miroir magique, un génie, le chapelier fou, des bonnes fées, les Sept Nains, Cendrillon, j’en passe et j’en ou-blie forcément. D’après les informations que j’ai pu glaner pour la saison 2, il y aura de nou-veaux personnages comme la Petite Sirène et Jasmine (d’Aladin).

Vous l’aurez compris, Grimm et OUAT ont beau avoir un même point de départ, les contes de

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fées, les deux séries sont très éloignées l’une de l’autre et ne sont pas du tout redondantes. Personnellement j’aime les deux séries, juste-ment parce qu’elles sont différentes et qu’elles n’entrent donc pas vraiment en conflit. Grimm est plus sombre que OUAT qui est sur un re-gistre plus émotionnel (relations mère/fils, his-toires d’amour impossibles, etc.)

Au ciné, Blanche-Neige vs Blanche-Neige

« C’était l’hiver.Une reine cousait, assise auprès d’une fenêtre dont le cadre était en bois d’ébène, tandis que la neige tombait à gros flocons.En cousant, la reine se piqua le doigt et quelques gouttes de sang tombèrent sur la neige. Le contraste entre le rouge du sang, la couleur de la fenêtre et la blancheur de la neige était si beau, qu’elle se dit :- Je voudrais avoir une petite fille qui ait la peau blanche comme cette neige, les lèvres rouges comme ce sang, les yeux et les cheveux noirs comme les montants de cette fenêtre.Peu de temps après, elle eut une petite fille à la peau blanche comme la neige, aux lèvres rouges comme le sang, aux yeux et aux cheveux noirs comme l’ébène. On l’appela Blanche neige. Mais la reine mourut le jour de sa naissance. »

Cette année Blanche Neige est décidément partout, comme dit dans l’introduction. Mais si elle est l’héroïne de deux films qui ont été à l’affiche en 2012, cette fois encore nous avons droit à deux films totalement différents.

Blanche Neige (Mirror, Mirror) est un film gen-tillet, une comédie plutôt romantique où « tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil » sauf la reine bien sûr. La reine est égocentrique, imbue de sa personne et veut évidemment être la seule belle femme du royaume et c’est lorsque le prince qu’elle souhait épouser lui préfère Blanche Neige qu’elle décide de la faire tuer. Mais tout est édulcoré dans ce film. Je n’ai pas retrouvé l’ambiance sombre du conte de Grimm, la reine est grotesque et je ne suis pas sûre que Julia Roberts était le meilleur choix pour incarner la méchante reine. La fin façon Bollywood m’a fort déplu également, ok pour le « happy ending » mais quand même, faut pas pousser ! La seule bonne surprise de ce film fut d’y voir Sean Bean, que j’aime beau-coup en cotte de mailles !

L’histoire est globalement respectée. La reine meurt en couches, le roi se remarie avec une femme très belle. Le roi part guerroyer dans la forêt et ne revient jamais, laissant Blanche Neige sous la tutelle de la reine. L’enfant gran-dit cloitrée dans sa chambre et le jour de son dix-huitième anniversaire décide de sortir du château en cachette. Un peu plus tard, la reine demande à son larbin de la faire tuer, ce qu’il

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ne fait pas bien sûr, Blanche Neige est accueil-lie par les Nains (qui sont ici des bandits), la reine essaie d’épouser le prince, mais comme Blanche Neige est amoureuse de lui, elle em-pêche le mariage et bla bla bla, paf happy end, c’est réglé, les gentils ont gagné et personne n’a été tué…

Dans Blanche-Neige et le chasseur (Snow White and the Huntsman) en revanche, l’am-biance n’est pas du tout la même et je retrouve plus l’esprit du conte. C’est sombre, voire glauque, le danger est partout. Ici, pas mal de libertés sont prises avec le conte d’origine, en même temps, il me semble assez facile de par-tir du conte et de broder un peu, sachant qu’il est assez court. Donc les petites libertés scé-naristiques ne m’ont pas dérangée. Blanche-Neige a souvent des airs de Jeanne d’Arc, elle prie dans sa cellule (d’ailleurs, d’où est-ce que Blanche Neige est chrétienne, hein ?), doit li-bérer le royaume du méchant envahisseur et bien sûr va au combat vêtue d’une armure…

Pour une gamine qui a passé entre 5 et 10 ans (à vue de nez) dans un cachot, je trouve qu’elle sait sacrément bien monter à cheval, à cru qui plus est. Mais tout ça, c’est du détail. Si Blanche-Neige a des airs de Jeanne d’Arc, la reine, elle, m’évoque Elizabeth Bathory. La scène où elle aspire la vie d’une jeune femme pour rajeunir et rester belle est très évocatrice et le conte ne mentionne pas du tout ce genre de pratique.

Le film a plusieurs points forts : sa bande-son, ses décors et Charlize Theron qui est magni-fique ! Elle incarne à merveille la reine psy-chotique et psychopathe. J’ai apprécié qu’une raison soit donnée à la reine pour être aussi méchante. Elle ne fait pas ça seulement par vanité, elle a une raison profonde de se com-porter ainsi, et même si elle reste la méchante et qu’elle doit mourir, ça humanise le person-nage et le rend crédible.

Les paysages, les effets spéciaux sont une belle réussite du film, tout comme l’est la bande-son orchestrée par James Newton Howard. Le gé-nérique de fin, joué par Florence + The Ma-chine est un excellent morceau.Pour conclure, de ces deux films, c’est

Blanche-Neige et le chasseur qui a réussi à me convaincre. Quand il s’agit de contes, le nian nian ne passe pas très bien, à mon avis.

Alors, les contes à la télé en 2012, ça vaut le coup ?

Pour vous répondre franchement, globalement ça vaut même pas mal le coup ! Avec de bons moyens et de bons réalisateurs, on à droit a de la série et du film de qualité.

Pourvu que ça dure, car la rentrée voit une nou-velle série arriver sur CW, il s’agit de Beauty and the Beast. A mon avis ça sera un show à la Vampire Diaries, ce qui peut nous promettre le meilleur comme le pire, il n’y a plus qu’à at-tendre et la voir pour le dire !

Exécutrice

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Le bestiaire de l’imaginaire :Les sirènes

Nous allons au-jourd’hui nous plonger dans les profondeurs des océans, à la ren-contre des si-rènes.

La plus célèbre est bien entendu Ariel, la petite si-rène de Disney, dont l’histoire est inspirée du conte d’Hans Christian An-dersen. Cette femme, hu-maine jusqu’à la taille avec le

bas du corps recouvert d’une queue de poisson, est fascinée par le monde des hu-mains et rêve de vivre sur la terre ferme.

Cette image d’une belle femme, mi-humaine mi-poisson, vivant dans les mers et les océans, nichée sur des rochers, date du Moyen-Âge. Á l’origine, les sirènes de l’Antiquité grecque étaient non des femmes-poissons mais des femmes-oiseaux dotées de serres puissantes, parfois de pattes de lion. Ces sirènes d’air, au visage de jeune fille, n’étaient pas tou-jours bienveillantes, loin de là ! On dit qu’elles s’abattaient comme des oiseaux de proie sur les marins en mer.

Mais quand les sirènes ont-elles donc perdu leurs plumes et gagné leur queue de pois-son ? Il semblerait que cela soit pendant un concours de chant les opposant aux muses (dont elles seraient les filles). Ce concours, présidé par Héra, fut favorable aux sirènes. Refusant leur défaite, les muses se ruèrent sur

les sirènes pour leur arracher les ailes et s’en faire des couronnes ! Incapables de voler, les quelques survivantes se ruèrent dans la mer et se transformèrent en femme-poisson. On est loin d’Ariel n’est-ce-pas ?

Á l’approche des bateaux, les sirènes chantent si merveilleusement bien qu’aucun mortel ne peut résister à la tentation de les rejoindre dans leur demeure sous l’eau, causant la mort des marins et le naufrage des navires. Dans les légendes du folklore marin, cette demeure serait un palais merveilleux, dans lequel elles entraînent leurs amants mortels. Selon les versions, si le marin était un homme pur, il avait une chance de vivre éternellement aux côtés de sa bien-aimée écaillée. La version la plus commune est que dès qu’un homme plongeait pour les rejoindre, les sirènes le dévoraient. Je n’ai personnellement jamais entendu parler d’un homme ayant survécu à une attaque, j’appuie donc la deuxième théorie !

Il faudra attendre la Renaissance pour que les sirènes perdent leur sinistre réputation de dé-mons pour devenir les protectrices des marins. Elles orneront désormais les cartes maritimes, avec la célèbre phrase « Hic sunt sirenae » («Ici sont les sirènes»). Fait amusant, jusqu’au XXe siècle, une loi mari-time anglaise récla-mait, au bénéfice de la Couronne, «toutes les sirènes trouvées dans les eaux an-glaises». L’Histoire ne nous donne pas le nombre de créatures trouvées...

Les Tritons sont considérés comme

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des sirènes mâles, même s’ils sont moins pré-sents dans les récits. Ils ont un corps d’homme barbu et une queue de poisson et seraient les petits-fils de Poséidon. Munis d’une conque, ils sont la personnification du mugissement de la mer.Enfin, que serait ce Bestiaire si je ne vous par-lais pas plus précisément de la plus célèbre des sirènes ?! Comme évoqué plus haut, «Ariel la petite sirène» de Disney est inspiré du conte d’Andersen «Den Lille Havfrue» («La Petite Si-rène»). Dans la version de Disney, Ariel est la plus jeune fille du roi des mers, Triton. Aven-tureuse et curieuse, elle voue une adoration au monde des humains. Au cours du film, Ariel sauve la vie du Prince Éric et en tombe amou-reuse. Elle va alors voir la sorcière Ursula et troque sa voix contre des jambes humaines pendant trois jours. A la fin de ces trois jours, n’ayant pas réussi à obtenir un vrai baiser d’amour, Ariel retrouve sa véritable forme, et son père perd sa couronne. Éric se bat alors contre Ursula et, au terme de ce combat épique, Ariel se retransforme en humaine de façon permanente grâce à son père et épouse le Prince Éric. Dans la version d’Andersen, la Petite Sirène n’a pas de prénom ! Eh oui, le prénom «Ariel» a été inventé par Disney. Elle vit avec son père, le roi des mers, et à l’âge de 15 ans, elle est autorisée à nager jusqu’à la surface pour voir le monde des hommes. Alors qu’elle admire ce nouvel univers, un navire s’échoue, avec à son bord un beau prince de son âge. La Petite Sirène le sauve et le ramène au bord, inconscient. Une jeune femme arrive alors, la sirène s’éclipse et le prince pense que la jeune femme lui a sauvé la vie. La sirène retourne dans les profondeurs et apprend par sa grand-mère que les hommes meurent vite mais ont une âme éternelle et si la sirène en veut une aussi elle doit se faire aimer et épouser un homme. Elle va alors voir la sor-cière des mers et lui achète une potion, tro-quant sa queue de poisson contre des jambes en échange de sa voix (en se faisant couper la langue...). Si à l’aube, le prince ne l’aime pas et en épouse une autre, la sirène se dissou-dra dans l’eau. Elle retourne donc à la surface, rencontre le prince, qui aime la femme qui l’a sauvé. Privée de sa voix, la sirène ne peut lui dire que c’est elle qui l’a sauvé ! Il décide donc d’épouser cette jeune femme (qui s’avère être une princesse ! Pratique !) et la sirène a le cœur

b r i s é . Ses sœurs viennent alors lui apporter un couteau magique : si elle frappe au cœur le prince avec ce couteau, elle redeviendra si-rène et pourra continuer sa vie sous-marine. Mais la petite sirène ne peut pas se résoudre à tuer le prince quand elle le voit endormi. Elle se jette donc à la mer et se transforme en écume. Mais elle ne meurt pas et devient alors une fille des airs, un être invisible pour les hu-mains. En s’acharnant pendant trois cents ans à faire des bonnes actions et veiller sur les hommes, elle gagnera une âme éternelle. Comme souvent, le conte originel est bien plus violent et cruel que la version enjolivée de Disney, mais qui irait montrer à ses enfants un dessin animé où une sirène se transforme dans d’atroces douleurs, se fait couper la langue, pour lutter et essayer de gagner l’amour d’un homme qui ne l’aime pas et qui finit par mou-rir en s’évaporant ? Voila, c’est bien ce que je pensais...

Vous voyez donc que les sirènes sont en gé-néral de très belles femmes, aux pouvoirs dévastateurs, régnant sur les océans. Elles peuvent se montrer clémentes, comme en at-testent les nombreuses légendes bretonnes ou normandes bien de chez nous, mais si vous entendez un jour des voix cristallines au beau milieu de la mer, faites donc comme Ulysse, at-tachez-vous à un poteau...

Vous pourriez avoir envie de succomber !

Nesshime

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Ella l’ensorceléeDe Gail Carson-Levine, École des loisirs.

Gail Carson-Levine est passée maîtresse dans l’art de réécrire des contes de fées de façon décalée. Toujours pleins d’humour, un brin irrévérencieux, ses récits pour enfants ont de quoi char-mer aussi les adultes. Pas de mièvrerie dans ce roman, ni d’autre morale que celle qui suggère que nous avons tous en nous une force de caractère qui ne demande qu’à s’épanouir.

Si j’ai beaucoup aimé ses autres ouvrages, je dois admettre que cette réécriture de Cendrillon est sans doute sa meilleure. Plus développée, plus mature également, elle garde cette pointe d’espièglerie et d’optimisme qui rendent si vivants les récits de son auteur, tout en montrant à quel point celle-ci a bien travaillé son univers.

Mon intérêt pour le conte original est pourtant moindre, Cendrillon, éter-nelle victime qui ne doit son happy end qu’à l’intervention de sa bienveillante marraine, ne m’a jamais vraiment interpelée et n’a pas grand-chose en commun avec la pétillante, l’intelligente et volontaire Ella.Parce que cette dernière a passé les premières heures de sa vie à pleurer sans vouloir s’arrêter, elle s’est vu offrir un étrange présent de la part d’une fée qui, disons-le clairement, manquait cruellement de sens commun : elle sera donc obéissante.

Ni supplication ni prière n’ont pu convaincre la fée d’ôter cette malédiction, Ella sera docile, in-capable de résister au moindre ordre, même s’il la met en danger… Et elle en fera les frais dans sa petite enfance, bien sûr, jusqu’à ce qu’elle apprenne à s’adapter et surtout à ne pas laisser transparaître ce qui pourrait faire d’elle une proie toute désignée pour ses semblables. En effet, il ne faut pas s’y tromper, il y a dans ce « présent » quelque chose de vraiment cruel dont on prend la mesure au fil de l’histoire. C’est en cela que le récit est le plus touchant.

Ella est une jeune fille intelligente et drôle, courageuse et rebelle. Elle refuse de subir son sort. Si la vie n’est pas tendre avec elle, l’auteur n’en fait pas non plus une victime. Ella se débrouille malgré les coups du sort, grandit et tombe amoureuse, cherche à se libérer de sa malédiction… Et jamais elle n’inspire la pitié, jamais son histoire ne devient sirupeuse ni ne verse dans la fa-cilité.

C’est un superbe roman d‘apprentissage et une de mes réécritures de contes préférées. Il est destiné à un jeune public, surtout féminin, mais les lectrices adultes pourront aussi l’apprécier, notamment grâce à la force de caractère du personnage et l’humour qui imprègne le récit.

Siana

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Contes du mondeAnthologie, éditions du Riez.

Sommaire : µ L’Oiseau Roi & le Lion Magicien de Cyril Carau

µViva Amor de Céline Guillaume

µ L’Echine du Monde d’Yves Crouzet

µVie & mort du Soleil de Vincent Milhou

µ La fille aux clous d’Ambre Dubois

µCoccinelle de Christophe Nicolas

µ L’histoire du chanteur mélancolique & de Jacques le dresseur de Feux Follets de Nico Bally

µNach dem Krieg de Charlotte Bousquet

µ Les Cinq Génies de Gabriel Feraud

µ L’aquarium de Jules de Maëlig Duval

µMiroir Lune d’Andoryss Mel

µ Tsigana – la Ballade de Katerina de San-drine Scardigli

µ Le Long Puits de Pierre Brulhet

µVassilissa & le cavalier de l’aube d’Olivier Boile

µDes vacances si excitantes d’Elisa Dalmas-so

De Berlin à Bagdad, en passant par la France, la Sibérie ou encore la Grèce, Haïti et Bahia, que ce soit à notre époque, en des temps im-mémoriaux ou même dans le futur, les auteurs de cette anthologie nous emmènent à la dé-couverte d’un monde aux multiples dimen-sions, tout en nuances. Ces contes modernes prennent quelquefois leurs racines dans les mythologies ou les légendes des pays qu’ils nous font visiter, d’autres s’en détachent, cer-tains en créent de nouvelles… Ce sont des textes très variés. On passe ainsi de contes porteurs d’espoir et chaleureux à d’autres plus obscurs, parfois effrayants ou tout simplement tristes. Qu’ils soient emplis de magie, bonne ou mauvaise d’ailleurs, ou des plus terre-à-terre

ces récits sont tou- jours passion-nants et poétiques.

Certains m’ont b o u l e v e r s é e , comme ceux de Charlotte Bous-quet et d’Eli-sa Dalmasso, d’autres m’ont laissé le goût doux-amer de la tristesse et de l’espoir mêlés comme Cocci-nelle, que j’ai vraiment beau-coup aimé, ou encore L’échine du monde. J’ai particulièrement apprécié la poésie du texte d’Andoryss ou la délicieuse absurdité de celui de Cyril Carau et la magnifique Ballade de Katerina de Sandrine Scardigli. Je sais aussi que je me souviendrai encore longtemps de L’aquarium de Jules de Maëlig Duval.

Il serait long et délicat de parler de chaque histoire présente dans ce recueil, pourtant j’en ai apprécié chacune, même celles que je ne mentionne pas dans cette chronique. C’est très rare pour une anthologie car il y a toujours quelques textes qui laissent au moins indiffé-rent, quand ils ne déplaisent pas carrément. Mais avec ces contes-là, on expérimente la lumière et l’obscurité, d’un seuil à l’autre, en même temps que l’on explore notre planète et on se rend compte que l’une comme l’autre sont les conséquences des choix que l’on fait.

A noter que 3€ sur chaque exemplaire vendu sont reversés à l’association Bibliothèques sans frontières.

Siana

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Dragons et Princesses

Dragons et Princesses est la compilation d’une dizaine de courts-métrages sur le principe des ombres chinoises réalisés par Michel Ocelot (le créateur de Kirikou).

Originellement, ils ont été diffusés à la télé-vision. Cinq de ces histoires ont été reprises dans Les contes de la nuit, sorti au cinéma en 2011.

Dans le DVD de Dragons et Princesses, vous retrouverez ces contes :

µ La Maîtresse des monstres

µ Le Loup-garou

µ Le pont du petit cordonnier

µ L’élue de la ville d’or

µ Le mousse et sa chatte

µ L’Écolier sorcier

µ Le Garçon Tam-Tam

µ Le garçon qui ne mentait jamais

µ Tijean et la Belle sans connaître

µ Ivan Tsarevitch et la Princesse changeante

Version moderne des veillées de conteurs, ces récits sont liés par un même fil rouge : chaque soir, dans un vieux cinéma désaffecté, deux adolescents et un vieux projectionniste créent une histoire à partir d’un ou plusieurs contes classiques et la jouent.

Pour ma part, j’aime beaucoup le principe des ombres chinoises qui nous force à voir autre-ment le récit. Les décors sont extrêmement colorés, vivants, et notre concentration est atti-rée par l’histoire-même et son ambiance lumi-neuse, les couleurs créant une empathie avec le propos, plus que par les visages qui nous sont inaccessibles. C’est un détournement de la perception vraiment intéressant.

Je ne vais pas entrer dans le détail de chaque conte, ils sont assez courts et ce serait plutôt difficile d’en parler sans vous gâcher l’histoire. Ceci dit, j’ai évidemment mes petites préfé-rences…

Le loup-garou en fait partie. Clairement inspi-ré du Lai de Bisclavret de Marie de France, il a toutefois son originalité. J’ai beaucoup aimé cette version qui montre à quel point les appa-rences sont trompeuses. Tijean et la Belle sans connaître m’a aussi séduite par sa morale très irrévérencieuse et son ambiance décalée.

Dernier du trio de tête, Ivan Tsarevitch et la Princesse changeante est une superbe adap-tation de L’oiseau d’or qui m’a vraiment beau-coup plu. Il faut dire que j’aime déjà ce conte à la base et que j’ai trouvé intéressante l’idée de donner plus de place à la princesse, même si mon côté féministe reste un peu dubitatif.

J’ai aussi apprécié L’écolier sorcier, Le mousse et sa chatte ou encore Le garçon Tam-Tam (bourré de clins d’œil à Kirikou). Ces trois-là sont de distrayantes petites histoires, issues

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de contes plus ou moins connus. Je n’arrive pas à me souvenir de la version originale de L’écolier sorcier, que je suis pourtant sûre de connaître. C’est sans doute la preuve que le scénariste s’est fort bien approprié l’histoire.

Je ne connaissais pas le conte ayant inspiré Le pont du petit cordonnier, mais j’ai appris du coup d’où Paolo Coelho a tiré une partie de son inspiration pour écrire L’Alchimiste. C’est une belle histoire qui parle de confiance et qui nous enjoint à suivre notre intuition.

D’autres contes m’ont laissée un peu plus per-plexe… Notamment La maîtresse des monstres qui est le tout premier de la série. D’une morale très accessible, ce n’est pas l’histoire la plus subtile du point de vue de l’adulte que je suis, mais elle ne manque pas pour autant d’intérêt et sera très utile aux parents qui veulent expli-quer à leurs enfants que ce qui les effraie n’est peut-être pas si insurmontable qu’ils peuvent le croire.

L’élue de la ville d’or, ensuite, nous parle de sacrifice humain et de vénalité. C’est un peu trop moralisateur pour moi. C’est clairement le conte que j’ai le moins apprécié.

Et il y a aussi Le garçon qui ne mentait jamais, superbe histoire au demeurant, mais dont la fin n’aurait, à mon goût, pas due être ainsi édulco-rée. C’est toutefois le seul défaut que je lui trouve et c’est une affaire de sensibilité…

Au final, même si j’ai été plus touchée par cer-tains contes que d’autres, je crois qu’ils ont tous un petit quelque chose de particulier qui fait leur charme et qu’ils peuvent toucher un public assez large, même si à la base ils sont plutôt destinés aux enfants.

Siana

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Le zodiaque des contes de fées

Comme les personnages de contes de fées, les signes du zodiaque sont des archétypes.Ces signes ne font certes pas l’essentiel d’une personnalité, d’autant plus qu’ils sont nuancés par le reste du thème natal, mais ils donnent des pistes quant à la compréhension de certains de nos traits de caractère ou de nos réactions. En bons archétypes, on peut facilement les mettre en relation avec des personnages de contes et mieux voir ce que donne la théorie quand on la met dans une situation symbolique.

Bélier : Jack (Jack et le haricot magique)(21 mars - 21 avril)

On reproche souvent au Bélier son côté impulsif. D’un naturel enjoué et optimiste, il est prompt à la confiance, en lui-même comme envers autrui, et il se lance facilement dans les entreprises les plus folles sans se soucier qu’elles puissent sembler aberrantes aux yeux du commun des mortels. On pourrait même dire que plus elles semblent irréalisables, plus elles le tentent… Il se moque de ce que pensent les autres et c’est ainsi qu’il réussit ses plus grands coups de maître.Comme Jack, qui échange sa vache contre un sac de haricots censé-ment magiques, le Bélier veut croire en sa propre chance. On pour-rait penser qu’il saisit les opportunités au hasard, mais il a en fait

une très bonne intuition et tombe souvent tout de suite sur le bon numéro. S’il essuie néanmoins quelques déconvenues parfois, il sait comment retomber sur ses pieds, le Bélier s’adapte fa-cilement. Il s’avère souvent que ses prises de risques le paient en retour, même si la tâche est toujours plus ardue qu’il ne l’imaginait au départ. Il faut bien régler son compte au géant si on veut ramener la poule aux œufs d’or…

Taureau : Gerda (La Reine des Neiges)(21 avril – 21 mai)

Le Taureau aime profiter des plaisirs simples de la vie. Il apprécie la douceur de son foyer et supporte mal le changement. Peu belli-queux de nature, il semble extrêmement bienveillant et bon-enfant, mais s’il se met en colère, il est capable d’une grande violence car une force brute bouillonne en lui. Celle-ci se révèle souvent quand une personne qu’il aime se trouve en danger. Dans la Reine des Neiges, Gerda part à la recherche de son ami Kay pour le sauver et le soigner, elle oublie sa peur et se confronte à tous les dangers jalonnant la route qui mène vers lui. Comme Gerda, le Taureau peut parcourir le monde à la recherche d’un ami, même s’il

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déteste voyager. D’une loyauté sans faille, le Taureau se montre opiniâtre et courageux, lui qui n’aspire qu’à la tranquillité est prêt à tous les sacrifices pour ses proches. Ce sont sa générosité et sa force tranquille qui l’aident à avancer dans la vie, à venir à bout des épreuves comme à se lier à son prochain.Lire : La reine des neiges

Gémeaux : Hansel et Gretel(21 mai - 21 juin)

Rien de mieux que des jumeaux pour le signe de la dualité, celui qui n’est jamais réellement seul avec lui-même.Les Gémeaux sont sous l’influence de Mercure et symbolisent aussi la période de l’adolescence. Leur nature ambivalente leur fait allier des notions contraires sans le moindre souci et leur moralité est par-fois très élastique. Les Gémeaux sont pragmatiques et sensés, tou-jours très réfléchis, ils se laissent rarement prendre au dépourvu et sont capables de s’adapter à toutes les situations. C’est le signe de

l’esprit aiguisé, il trouve toujours une solution qui mette en œuvre son intelligence plutôt que sa force. Ce n’est pas pour rien que Mercure est le dieu des roublards et des baratineurs, mais aussi des voyageurs, protégeant les errants des pièges qu’on leur tend. Hansel et Gretel déjouent ainsi les plans de leurs parents et trompent la sorcière. Les deux enfants, comme les Gémeaux, s’en tirent à bon compte grâce à leur intelligence et leur débrouillardise, tout en raflant au pas-sage de quoi subvenir à leurs besoins.

Lire : Hansel et Gretel

Cancer : Cendrillon(21 juin - 21 juillet)

Le Cancer est le signe de la famille, de l’hérédité, mais aussi du foyer et de la douceur maternelle. Comme Cendrillon, il est avant tout l’enfant de sa mère et le priver de ses racines peut lui faire beau-coup de mal. Il n’a pas besoin de grand-chose dans la vie, si ce n’est l’amour de ses proches et il ferait n’importe quoi pour le gagner ou le conserver. Il n’a pas une grande estime de lui-même, peu sûr de lui, il mesure sa valeur à l’affection qu’il reçoit et pense qu’il a besoin d’être dirigé pour avancer dans la vie.Comme Cendrillon, le Cancer est docile, il se plie à toutes les

contraintes pour le bien-être de sa famille ou tout simplement pour qu’on l’aime. Un peu pué-ril aussi parfois, il a du mal à gagner son indépendance et attend toujours l’aide de quelqu’un, comme Cendrillon du noisetier de sa mère ou de sa marraine fée. Au fond, il n’aspire qu’à une chose : créer son propre foyer où il fera bon vivre et où il pourra prendre soin de ceux qu’il aime. C’est en veillant sur les autres, porté par son désir de bien faire, qu’il se rend compte qu’il est tout à fait capable de se débrouiller seul et prend de l’assurance.

Lire : Cendrillon

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Lion : le prince charmant(21 juillet - 21 août)

Bien que cela soit des plus agaçants, il faut l’admettre : le Lion est le prince du zodiaque. Que pouvait-on attendre d’autre du signe gou-verné par le soleil ?

Il sait charmer son monde et tout lui réussit. Très souvent, il a juste à claquer des doigts pour obtenir ce qu’il souhaite. Néanmoins, le Lion ne manque pas de courage et sait faire face aux épreuves quand elles surviennent. Il est volontaire et met tout en œuvre pour satis-faire ses désirs.

Il sait se montrer très persuasif et fédérer ses troupes. C’est un leader né, il n’éprouve aucune difficulté à commander. Mais c’est également un joueur qui pense qu’à vaincre sans péril on triomphe sans gloire… Il se met parfois dans des situations impossibles à cause de cela ou juste par caprice. Son goût du jeu, comme son orgueil, sont les défauts les plus susceptibles de le perdre s’il n’a une sage princesse à ses côtés pour le ramener sur terre de temps en temps.

Comme c’est un séducteur de nature, il ne faut pas non plus trop lui en demander. La fidélité n’est pas son fort, ce n’est pas pour rien que le prince charmant revient de conte en conte épou-ser de nouvelles princesses…

Vierge : Elisa (Les cygnes sauvages)(21 août - 21 septembre)

D’une nature introvertie, mais affable et généreuse, ceux qui sont nés sous le signe de la Vierge sont loyaux et tenaces. Ils s’astreignent plus facilement que d’autres à un travail rigoureux s’ils le trouvent justifié et terminent toujours ce qu’ils entreprennent. Quand ils font quelque chose, ils le font bien, quittes à se montrer même un peu obsessionnels en la matière.

Comme Elisa, qui fait passer le sauvetage de ses frères avant son bonheur et même sa propre vie, ils sont capables de grands sacri-fices et ne se laissent jamais détourner de leur but. Dans le conte, la

jeune fille travaille sans relâche pour rendre leur apparence à ses frères. Peu lui importent les brûlures des orties ou le bûcher.

Parce qu’elle sait qui elle est et ce qu’elle vaut, mais surtout parce qu’elle se laisse peu fléchir par les facilités de l’existence, Elisa est protégée des sortilèges de sa belle-mère. Ne pouvant la changer, on la calomnie, mais la Vierge têtue ne laisse pas aux autres de prises sur elle et ne se montre jamais plus forte que dans l’adversité.

Lire : Les Cygnes sauvages

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Balance : le vilain petit canard(21 septembre - 21 octobre)

Les Balances sont naturellement portés vers tout ce qui a trait à la beauté car ils sont sous l’influence de Vénus. Elle les pousse vers les métiers artistiques (la danse, le chant, le théâtre et les arts plastiques ont souvent leurs faveurs, même s’ils ne les pratiquent pas forcé-ment), mais aussi les médias. Vénus leur donne le goût du luxe, mais en fait également des gens sociables bien qu’ils ne soient pas forcé-ment à leur aise en société. Les Balances, comme le vilain petit ca-nard, souffrent souvent d’un complexe d’infériorité. Ils ne se sentent jamais assez bien pour oser se montrer aux autres tels qu’ils sont.

Ce sont des gens extrêmement sensibles, très affectés par le regard d’autrui. Ils apprennent donc souvent à jouer un rôle, ce qui peut leur être très utile dans leur métier, mais leur fait sou-vent oublier que leur vraie personnalité est peut-être plus intéressante que celle qu’ils ont créée de toutes pièces et qu’ils feraient mieux d’encourager le cygne qui dort en eux. Tout comme ils feraient mieux de mettre leur sensibilité au service d’un art plutôt qu’à celui de capter les at-tentes des autres et tenter ainsi de leur plaire en se modelant selon leurs désirs.

Les Balances ont cruellement besoin qu’on croit en eux, sinon ils passeront toute leur vie à ad-mirer les créations des autres sans se rendre compte qu’ils sont capables d’en faire tout autant.

Lire: Le Vilain petit canard

Scorpion : le joueur de Flûte de Hamelin(21 octobre - 21 novembre)

Il est le musicien qui charme les rats au point de les convaincre de se noyer… Ni intelligence ni pureté ne peuvent protéger qui que ce soit de la volonté du Scorpion. S’il décide de vous perdre, vous serez perdus.Qu’il le veuille ou non, ce dernier exerce une influence sur les autres. Ils cherchent à lui plaire, ils écoutent son opinion plus qu’au-cune autre et peu importe au final qu’ils sachent pertinemment que le Scorpion n’est pas forcément bien intentionné.C’est le méchant du zodiaque et donc l’un des mieux aimés… On

l’imite, on le prend pour modèle, on l’admire trop souvent et, s’il a vraiment du mal à com-prendre pourquoi, ça ne l’empêche pas d’en jouer. Le Scorpion est ainsi fait, il ne se prive jamais de se servir d’un atout et le fait sans remords. Il n’a que mépris pour les gens qui lui lèchent les bottes et suivent stupidement toutes ses directives. Il préfère de loin ceux qui lui tiennent tête et, à défaut d’amitié car il est plutôt solitaire, leur offre tout au moins son respect.Un peu égoïste, pas toujours très à cheval sur la morale, il pense à son bien-être avant celui des autres, mais c’est à lui-même qu’il réserve ses accès de violence destructrice. À moins, bien sûr, qu’on ait tenté de le gruger, comme le joueur de flûte, car le Scorpion supporte vraiment très mal les trahisons et a la rancune extrêmement tenace.

Lire : Le Joueur de flûte de Hamelin

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Sagittaire : l’enfant né coiffé (Les trois cheveux d’or du diable)(21 novembre - 21 déccembre)

Signe des penseurs, parfois même des philosophes, des explora-teurs et des voyageurs, mais aussi symbole même de l’amitié, le Sa-gittaire est aussi le chevalier blanc du zodiaque : toujours à vouloir aider ou protéger les autres, même s’il est pris dans les rets de sa quête mystique personnelle.

Comme l’enfant né coiffé, enfant de la chance, il gagne à voyager, à aller à la rencontre des gens car c’est dans l’exploration du monde qu’il s’épanouit et apprend à connaître ses limites. Il a besoin de se confronter à d’autres cultures et de connaître ses semblables. Ce sont eux qui lui donnent les cartes dont il a besoin dans sa vie pour aider autrui ou s’aider lui-même.

Le Sagittaire ne rechigne jamais à apprendre, sa sociabilité et sa souplesse d’esprit en font quelqu’un à qui on accorde vite sa confiance. Si, comme tous les signes de feu en général, il est un peu baratineur et n’hésite pas à abuser de la gentillesse des gens à son égard, il a quand même un très bon fond et trouvera toujours un moyen de montrer sa reconnaissance tôt ou tard.

Lire : Les Trois cheveux d’or du diable

Capricorne : Baba Yaga(21 décembre - 21 janvier)

Cette vieille sorcière, qui peut se révéler aussi bonne que mau-vaise selon son humeur, est aussi la gardienne de nombreux se-crets. Comme le Capricorne, elle est perpétuellement en quête de connaissances car elle a conscience que le savoir est le pouvoir.

Elle apprécie la solitude et se soucie peu de ce qu’on pense d’elle. Baba Yaga se moque des convenances et vit comme elle l’entend. Elle peut sembler revêche et même se montrer agressive envers les importuns, mais elle offre aussi parfois une aide inattendue aux gens

dans le besoin. C’est sur le long terme qu’on l’apprivoise et qu’elle peut se révéler généreuse.

Ainsi est le Capricorne, pas facile d’accès, mais toujours juste, comme la Baba Yaga qui punit ou récompense selon les mérites de chacun.

Lire : Baba Yaga

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Verseau : le fiFilleul de la Mort (La Mort marraine)(21 janvier - 21 février)

Dans la Mort marraine, un homme dont la femme est morte en couches propose sur un coup de tête à la Mort d’être la marraine de l’enfant. Contre toute attente, celle-ci va s’acquitter avec grand soin de cette tâche et souhaiter faire de l’enfant le plus grand médecin du monde. Cependant, ce dernier ne pourra s’empêcher d’aller à l’en-contre des règles qu’elle lui a fixées. Que ce soit par amour ou par ambition, rien ne justifie sa désobéissance et il devra donc la payer.

Le Verseau est le signe des visionnaires, des gens qui vont à contre-courant, des penseurs qui veulent améliorer le sort de l’humanité, là encore par amour ou par ambition. Mais souvent leur envie de bien faire désincarne leur savoir et leur expérience, les faisant aller contre la nature et provoquer plus de dégâts qu’ils ne l’avaient envisagé. Quelquefois la théorie prend le pas sur l’expérience et ce savoir clinique, si froid, qui est alors le leur devient dangereux car ils com-mencent à ne plus se soucier des pertes pour ne voir que le résultat escompté.

Lire : La Mort maraine

Poissons : la petite sirène(21 février - 21 mars)

Le signe des Poissons est celui des intuitifs, des rêveurs, des gens sensibles et des empathes qui perçoivent plus que ce que la réali-té tangible ne laisse voir. Fragiles de par leur sensibilité et un peu éloignés de notre monde à cause de leur grande imagination, ils ont parfois du mal à trouver leur place. Comme la Sirène d’Andersen, les Poissons rêvent d’un autre monde qui transcenderait leur vie ac-tuelle. Ils se sentent prisonniers de leur corps et des capacités de

celui-ci qu’ils jugent trop faibles par rapport à la grande envergure de leur mental.

Ils doivent dompter leur imagination par l’art ou la compassion (ils sont doués quand il s’agit de prendre soin des autres et font merveille dans les métiers médicaux, par exemple) et leurs élans mystiques en revenant sur terre, dans le monde réel où ils sont utiles aux autres. Ainsi la Sirène qui se laisse aveugler par ses désirs, finit par trouver la rédemption dans le don de soi en devenant une Sylphide. Elle atteint le stade supérieur de son évolution, mais en agissant plutôt qu’en s’oubliant.

Lire : La Petite sirène

Siana

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Mots mélés

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Mots mélés

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Le bal des Demoisellespar Christelle Karlyak

Nous sommes à la veille du bal des Demoiselles, nous voyons au loin la Princesse Eléanora Lisie du royaume de Dentris qui vérifie les préparatifs pour la journée la plus importante de sa vie. D’abord, je vais vous raconter son histoire et ce qui l’a amenée ici aujourd’hui. Utilisons la phrase magique de toute bonne histoire.

Il était une fois un Prince du nom de John Lisie et une servante prénommée de Léa. Ils s’aimaient tellement qu’ils décidèrent de s’enfuir loin. Le Roi l’appris et décida de les sé-parer. Pour y arriver, il proposa à Léa de partir en premier, en lui disant que son fils allait la rejoindre. Le lendemain de son départ, il alla voir son fils pour lui montrer les preuves que Léa l’avait définitivement quitté pour un autre. À Léa il fit envoyer une missive avec le sceau de son fils contenant un mot et le certificat de l’union du Prince avec la Princesse Katrine. L’histoire aurait pu et aurait dû s’achever ici.

Mais le destin en avait décidé autrement : Léa était enceinte. Le Roi en recevant la nou-velle de la naissance décida de détruire la preuve de l’erreur de son fils et envoya des brigands tuer l’enfant.

Ces derniers décidèrent de s’amuser avec Léa, ils jetèrent l’enfant au loin dans la forêt où la jeune femme avait élu domicile dans une cabane. Léa subit pendant 3 jours et 3 nuits bien des supplices puis ils repartirent en croyant que l’enfant et la mère périraient.

La jeune fille, malgré l’état dans lequel les brigands l’avaient laissée, réussit à se re-lever et à retrouver sa fille Eléanora. Mais la folie qui la gagna ne lui permit plus de ré-fléchir et elle dériva pendant plusieurs jours dans la forêt jusqu’à ce qu’elle tombe nez-à-nez avec un groupe de bandits. La voyant dans cet état, leur chef la prit sous son aile.

Quelques semaines plus tard, ils tombèrent avec l’un des brigands qui avaient violen-té Léa et elle apprit qu’ils avaient été payés par le Roi pour leur forfait. Elle le tua juste après cette révélation. Léa décida, avec le chef des bandits de détruire le Royaume des Lisie, en commençant par anéantir chaque village sur leur chemin vers Dentris. Son but étant de récupérer le trône dont elle s’estimait la propriétaire légitime, vu qu’elle avait donné naissance à la fille de l’héritier du Roi.

Entre temps, Eléanora grandit et devint la source de la haine de sa mère, car elle était la preuve de ses sentiments pour le Prince. Mais elle espérait que sa fille devienne l’arme qu’elle utiliserait pour le tuer. C’était sans compter sur le fait qu’Eli comprenait la no-tion de bien et de mal depuis son plus jeune âge. Elle refusa de devenir une meurtrière comme sa mère.

Pourtant Léa prenait un malin plaisir à la faire souffrir pour qu’elle craque. Depuis l’âge de quatre ans, elle devait suivre le groupe lors des carnages. Dès ses cinq ans, elle fut attachée comme un chien à un piquet à côté de la maison et ce, par tous les temps. À chaque refus de l’enfant, sa mère la punissait par le fouet ou la privait de nourriture.

Eli faiblissait. À neuf ans, elle désirait mourir mais elle savait que ça n’arriverait pas

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car Léa avait déjà bien failli la tuer plusieurs fois, que ce soit sous le coup de la colère ou quand les bohémiennes lui prédisaient que la fille détruirait la mère. Mais Léa espérait toujours qu’Eléanora deviendrait comme elle. D’ailleurs, elle faillit y arriver car la petite n’en pouvait plus au bout d’une semaine de privation de nourriture. De plus en plus épui-sée, Eli croyait ne plus avoir la force de lutter… Ce qui arriva ensuite changea les choses.

Thomy vint la voir avec du pain et, la première bouchée à peine avalée, elle vit la tête du petit garçon rouler jusqu’à ses pieds. Elle releva doucement la tête pour rencontrer le visage de sa mère ainsi que celui d’Éric, le chef des bandits, ils avaient tous deux un grand sourire et les yeux pétillant de malice. Sa faiblesse s’évanouit, Eli se redressa pour défier sa propre mère de faire la même chose avec elle.

« - Vas-y tue moi, car jamais, tu m’entends, jamais je ne deviendrai comme toi. Je te hais et sache que je ferai en sorte de réaliser la prédiction que l’on t’a faite. »

Léa et Eric éclatèrent de rire et s’approchèrent d’Eli pour lui dire : « - Tu peux toujours essayer mais j’arriverai à te faire plier ou tu mourras, Eléano-

ra ! »

À partir de ce moment, Eléanora suivit de loin les entraînements des hommes. Grâce à cela, elle apprit à manier une épée. Le soir, une fois le campement endormi, elle s’entraî-nait durement. Chaque fois que son moral retombait, elle repensait à la mort de Thomy. Sa rage, sa colère et sa haine l’aidèrent à survivre.

Deux ans plus tard, lors d’un pillage, Eli se rebella enfin et défendit les villageois contre sa mère, mais Éric la poussa si fort qu’elle tomba dans la rivière et n’eut même pas le temps de réagir avant de se cogner la tête sur l’un des rochers. Elle dériva vers la chute si vite que personne ne put rien faire pour elle. Léa se mit en colère contre Éric jusqu’à le défigurer au point qu’il garderait une cicatrice toute sa vie. Cependant, elle décida de ne pas le tuer car elle était enfin débarrassée d’un poids. Léa se dit qu’enfin Eléanora ne réaliserait jamais la prophétie. Pendant ce temps, le corps d’Eli dériva jusqu’au bord de l’eau où un villageois en train de pêcher la remarqua. Il sauta dans l’eau pour récupérer la jeune fille, arrivée sur la rive. Il appela le vieux médecin du village qui accourut aussi-tôt et fit tout pour la sauver. Elle revint enfin à elle après quelques heures.

Tous deux la ramenèrent au village, dans l’une des chambres de la maison du mé-decin où elle resta au lit pendant quelques jours. Petit à petit, elle découvrit une vie sans danger, sans peur et pleine d’amour. Le médecin étant un vieux monsieur plein de tendresse avec tous ses patients, fit de même avec Eli. Elle n’osa pas lui dire immédiate-ment qui elle était et personne ne lui demanda. Ils crurent tous qu’elle s’était échappée car son corps était couvert de cicatrices, Eli comprit qu’ils ne lui demanderaient jamais rien et attendraient qu’elle leur parle. Elle prit plaisir à avoir une vie simple.

Les années passèrent et Eléanora eut enfin 18 ans. Elle était devenue une jeune fille avec de jolies formes et sa chevelure bouclée de couleur brune lui descendait jusqu’au bas des reins. Tous les jeunes hommes du village se retournaient sur son passage. Elle était belle avec son sourire chaleureux et ses yeux remplis de tendresse. Elle reçut plus d’une demande en mariage, mais elle n’osait pas accepter à cause de son passé.

Jusqu’au jour où un jeune homme arriva à l’auberge couvert de blessures. À peine entré, il s’effondra. Eli courut l’aider ainsi que deux hommes présents dans la salle. Ensemble, ils le conduisirent auprès du médecin pour le soigner. En reprenant enfin conscience, il

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était complètement paniqué. Le médecin réussit à le rassurer et l’homme se calma, puis expliqua son histoire. Il s’était fait attaquer par la bande d’Arikson. En entendant ce nom Eléanora pâlit. C’était le nom que sa mère avait prit en devenant la femme du chef de la bande qui les avait recueillies. L’attaque avait eu lieu non loin de là, tous furent d’accord pour dire que les brigands passeraient par le bourg pour continuer leur chemin. Le chef du village sonna l’alerte et les hommes se postèrent à différents points stratégiques : chaque entrée fut surveillée, les femmes rassemblèrent tous les enfants dans un endroit d’où ils pourraient fuir dès les premiers signes de danger.

La nuit touchait à sa fin quand les premiers intrus se montrèrent. Les femmes se char-gèrent d’emmener les enfants dans la forêt et les hommes combattirent mais, très vite, ils furent submergés. Pour empêcher l’une des femmes de se faire transpercer par une épée, Eli se battit en attrapant la première chose qui lui tomba sous la main. Ce fut une planche et elle assomma l’homme. Après elle lui prit son épée et se dirigea vers les villageois pour les aider. Ensemble, ils arrivèrent à repousser l’attaque mais tous sa-vaient que ce n’était que le début. Ils décidèrent tous de rejoindre les femmes parties vers la clairière de la forêt. Eli se demandait comment aborder la conversation qu’elle devait avoir avec eux.

Arrivée près de la clairière, elle prit son courage à deux mains quand le chef du vil-lage lui demanda :

« - Où as-tu appris à te battre ainsi jeune fille ? - Je suis..., Elle respira une fois et dit : Eléanora Arikson. »

Elle se dépêcha de raconter son histoire avant d’attendre leur réaction. Certains réa-girent promptement, armés de leurs épées, ils s’avancèrent, menaçants, vers elle. Mais le médecin se mit en travers de leur route et rétablit le calme. Arrivés près des femmes, ils durent faire un choix et décidèrent de parler au Roi. Même si tout le groupe n’était pas d’accord sur le fait qu’Eli vienne avec eux, ils ne pouvaient pas non plus la laisser derrière eux.

Tous ensemble, ils prirent le chemin de Dentris. Après quelques jours de route sans rencontrer de problème, ils arrivèrent enfin à proximité du palais. Le chef du village de-manda audience auprès du Roi John Lisie, qui avait accédé au trône de Dentris à la mort de son père. Le rendez-vous pris, les villageois s’installèrent à la sortie de la ville, comme on le leur avait dit. En fin d’après-midi, le chef et le comité se rendirent à l’audience où le Roi leur demanda :

« - Qu’a-t-il bien pu se passer dans votre village pour que vous vous déplaciez tous jusqu’à Dentris ?

- Notre village a été anéanti par la bande d’Arikson, votre Majesté. Nous avons réussi à nous en sortir seulement parce que nous avons à nos côtés la fille d’Arikson. »

Le Roi demanda au chef de s’expliquer, il ne se le fit pas dire deux fois et raconta toute l’histoire. Le Roi ordonna d’amener la fille en cellule.

Des gardes vinrent chercher Eli et l’emmenèrent dans une cellule. Elle comprenait amplement pourquoi le Roi avait pris cette décision mais cela ne l’empêcha pas de se débattre pour clamer qu’elle n’était pas comme sa mère. Après avoir été jetée en cellule, elle s’effondra et, pour la première fois depuis très longtemps, elle laissa ses larmes cou-ler. Toute sa vie, elle avait fait la différence entre le bien et le mal et avait pris toutes ses décisions par rapport à cela. Oui, sa mère était le mal personnifié mais elle, Eli, n’avait

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rien fait pour qu’on la traite de la même manière. Elle avait toujours fait en sorte de sau-ver des villageois en les cachant sous les corps que sa mère venait de tuer. En pensant à tout cela, le chagrin se changea petit à petit en colère devant tant d’injustice.

Le lendemain, les gardes conduisirent Eléanora dans les quartiers des domestiques où on lui donna de la nourriture, un bain et des vêtements propres pour qu’elle soit présen-table devant le Roi.

Mais le roi entra pendant qu’Eli était dans son bain et fût choqué de voir le corps de cette jeune femme couturé de cicatrices. Mais il fut encore plus choqué en voyant la marque qu’elle portait à l’épaule, il se retourna et sortit.

Eléanora se recroquevilla dans son bain, les servantes accoururent pour la sécher et l’habiller.

Dans le corridor, le Roi grondait de colère après une femme. Dans le château, tout le monde chuchotait en se demandant pourquoi le Roi était si énervé. Luc, le fils du Roi, dé-cida d’aller voir Eli pour se rendre compte par lui-même ce qu’elle avait pu lui dire pour le mettre dans cet état.

« - Je n’ai absolument rien dit, le Roi est entré quand j’étais dans mon bain et puis il est reparti sans rien dire.

- Puis-je voir par moi-même ce qui a pu le mettre autant en colère ? - Certainement pas, cria-t-elle ! - Je ne vais pas te faire de mal, tu étais dans le bain donc, il n’a dû voir que ton dos,

non ? - Et alors, ça ne change rien ! - Je peux te forcer en demandant aux domestiques de te déshabiller, alors que pré-

fères-tu ? »

En colère, elle se retourna et abaissa sa robe, Luc l’arrêta aux épaules, stupéfait. Elle n’osa rien dire mais le Prince la regarda droit dans les yeux :

« - C’est impossible, cette marque... - Celle de mon épaule ? Je suis née avec ! »

Le prince sortit à son tour de la pièce pour aller retrouver son père et obtenir des ré-ponses, il trouva le Roi dans la grande salle du trône :

« - Comment peut-elle peut avoir notre marque. Père, qui est-elle ? - Je ne vois pas de quoi tu parles, fils ! On discutera plus tard, je suis occupé avec

les conseillers pour le moment, ne le vois-tu pas ? - Mais je veux qu’on en parle maintenant ! - Plus tard, Luc, et écoute moi pour une fois ! »

Le prince décida d’attendre que la réunion se termine. À peine fut-elle finie qu’il entra dans la salle pour discuter avec son père.

« - Que veux tu que je te dise, d’après l’âge, oui, elle pourrait être ma fille. J’ai aimé une femme avant ta mère et elle le savait, mais d’après ce que mon propre père m’a dit, elle est partie avec un autre homme. C’était une servante, ça m’a fait de la peine car je pensais qu’elle m’aimait mais bon, je me suis marié avec ta mère et je suis passé à autre chose. Puis vous êtes venus au monde, toi et ta sœur, et ce furent les plus beaux jours de

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notre vie. - Dans ce cas, qui est vraiment sa mère ? - Visiblement Arikson et la servante que j’ai aimée sont la même femme, Luc. - Alors toute cette violence viendrait du fait qu’elle a eu un enfant de toi ? - Je ne sais pas ce qui s’est passé mais nous allons le découvrir, je te le promets. »

Un garde arriva précipitamment : « - Votre Majesté ! Arikson est aux portes de la ville et veux vous parler ! - Très bien, allons voir ce qu’elle veut ! »Le roi et ses gardes sortirent dans la cour pour affronter leur ennemi. « - Que veux-tu Arikson ou devrais-je dire Léa ? - Rends-moi ma fille et on en reste là ! Et ne me dis pas que tu ne l’as pas, mes

hommes l’ont combattue avant de suivre les villageois jusqu’ici. »Pendant tout ce temps, Léa avait le sourire d’avoir entendu le Roi l’appeler par son

prénom. Le roi se retourna vers l’un de ses gardes et lui dit d’amener la fille. Quelques minutes plus tard le garde était de retour avec Eléanora.

« - À genoux devant le roi, lui dit le garde. - Passe-moi ton épée, dit le Roi à l’un de ses chevaliers. - Veux-tu vraiment ta fille, Léa ? »Le roi s’apprêta à couper la tête d’Eli, mais arrêta son geste. « - Pourquoi la vouloir Léa, vu son état, cela n’est sûrement pas par amour. Alors,

dis-moi ? Est-ce parce que c’est notre fille et que tu crois avoir une emprise sur moi. Mais je vais la supprimer et ce sera fini !

- Alors comme ça, tu le sais ! - Crois-tu vraiment que je n’aurais pas reconnu la marque de naissance, celle que

tous mes enfants ont ? En plus, tu lui as donné le nom que nous avions choisi, donc ne me prends pas pour un idiot. Tu m’as quitté et tu te venges d’avoir une fille de moi, pour-quoi ?

Je ne t’ai jamais quitté ! C’est toi qui à choisi un mariage princier au lieu de me re-joindre. »

Ils se regardaient sans comprendre, même Eli ne savait plus quoi en penser ! Le Roi était son père ?

« - Je ne te rendrai pas Eléanora ! - Et moi je ne te laisserai pas tranquille, tu as décidé de faire la guerre alors pré-

pare ton armée car j’aurai le trône ! »Le Roi releva Eli et la fit rentrer dans le château en la poussant presque, il la relâcha

dans la salle du trône et lui dit de rester là.Mais, à peine regroupé pour discuter avec ses hommes, un bandit surgit en direction

du le Roi, l’épée à la main. Eli ne réfléchit pas et s’interposa, elle réussit, malgré sa car-rure, à déjouer l’attaque et à faire tomber l’homme grâce à un jeu de jambe efficace. Au même moment, les chevaliers du Roi étaient sur lui, Eli décida de s’écarter et de laisser ces hommes faire leur travail. Un garde vint peu de temps après la ramener à sa cellule. Le soir même, un homme qu’elle avait vu dans la salle du trône vint la voir pour lui de-mander :

« - Pourquoi avoir déjoué l’attaque que votre mère a orchestré contre le Roi ? - Je l’ai déjà dit, je ne suis pas de son côté ! - Vous êtes sa fille, non ? La logique veut que les années que vous avez passées au-

près d’elle vous place dans le même camp. - Pensez ce que vous voulez, je m’en fiche ! Visiblement mon sort est le même de-

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puis ma naissance : la mort. Là où Léa n’a pas réussi peut-être que mon père y arrivera, lui, car, vous avez sans doute oublié, mais il a bien crié assez fort que j’étais leur fille à tous les deux, non ? Alors faites ce que vous voulez, moi je sais de quel côté je suis, je ne suis pas aussi faible que ma mère pour choisir le mal ! C’est plus facile que d’affronter la dureté de la vie. Je me suis toujours efforcée de faire le bien autour de moi et les cica-trices que je porte sont le signe du désaccord avec ma mère. Si par ma mort, la guerre s’arrête et que tous les pauvres villageois arrêtent de souffrir, alors je veux bien que mon père fasse appel à son bourreau. Je partirai en sachant ce que je vaux et que j’aurai sauvé le plus de monde possible. »

Après ce long discours, elle se retourna vers la petite fenêtre sans rien ajouter et l’homme quitta la cellule avec un respect nouveau pour cette jeune femme qui donnerait sa propre vie pour le bien des autres. Ce sacrifice, peu de monde serait capable de le faire. Il retourna voir le Roi pour en discuter avec lui. Son respect était tel qu’il serait ho-noré de la défendre.

Le lendemain, les cris dans la cour réveillèrent en sursaut Eléanora. Elle crut d’abord que Léa avait franchi les portes de la ville. Elle n’eut pas le temps de s’attarder sur cette pensée car deux gardes vinrent la chercher pour l’emmener jusqu’au Roi. À peine fut-elle arrivée dans la pièce que les hommes se levèrent tous pour se rapprocher de la carte sur laquelle le Roi était penché. Ce dernier demanda à Eli :

« - Veux-tu nous aider ou es-tu de son côté ? - Je ne suis pas de son côté ! »

Elle se rapprocha de la carte où se trouvait dessiné le campement de Léa. Eli étudia un instant les positions et avec tout ce qu’elle savait de Léa, elle jaugea la situation. En pointant du doigt, elle leur dit :

« - Si vos hommes viennent de l’ouest, ils seront repérés car Léa a dû mettre des hommes sur cette colline là et là. Si vos hommes viennent de l’est, ils seront repérés de-puis ces autres collines. Au nord, ils fonceront droit sur eux mais, à cause des ravins, elle les prendrait en embuscade. Léa a trouvé l’endroit parfait pour son campement.

- Alors qu’allons-nous faire ? lui dit l’homme rencontré dans sa cellule la veille. - La faire venir sur un terrain où nous aurons plus d’atouts pour les battre, dit-elle. - Y a-t-il seulement un tel endroit ? dit le Prince Luc. - Je dirais ici, fit-elle en montrant un endroit au nord du campement de Léa. Il n’y a

qu’un passage pour atteindre la grande plaine. Vous pourriez lui tendre une embuscade, elle ne résistera pas à l’envie de venir vous défier.

- Nous allons étudier la question, merci à toi. Veuillez la ramener dans sa cellule. »

Eléanora se laissa reconduire, sans rien dire de plus.Le soir venu, l’homme revint lui parler. « - Que faites-vous ici ? - Je vous ai apporté votre repas. - Les gardes savent très bien le faire. Vu que vous étiez près du Roi cet après-midi,

vous devez être une personne importante. - Pas tant que ça. - C’est-à-dire ? - Une personne en qui vous pouvez avoir confiance ! »

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Il lui dit cela avec des yeux malicieux et un léger sourire. « - J’ai confiance en vous autant que vous en moi, Messire ! - Mais j’ai toute confiance en vous ma chère, j’adore les défis, nous allons faire en

sorte de gagner contre votre mère. - Léa, s’il vous plaît ! Pour moi, ma mère est morte peu de temps après ma nais-

sance et cette folle ne l’est pas. - J’aime vous voir en colère Eléanora, il le dit si doucement qu’elle frémit. - C’est vous qui me mettez en colère ! - J’ai vu le côté farouche, maintenant il me reste à voir le côté doux. Nous nous re-

verrons bientôt jeune fille, faites de beaux rêves. - Mais qui êtes-vous ? »

Après son départ, Eli mangea malgré tout et retourna s’asseoir sur le lit. Peu de temps après, elle s’endormit.

Le lendemain, le Roi ordonne qu’on amène Eli jusqu’à l’écurie, un cheval était prêt pour elle. Sans un mot, ils partirent vers le lieu qu’elle avait indiqué la veille sur la carte. Un plan avait été fait pour provoquer Léa et la faire venir à eux.

Le mystérieux homme venu la voir en cellule lui dit : « - Notre plan consiste a aller provoquer votre mère, vous et moi ! - Pas vraiment au point votre plan. - Non, mais elle vous veut plus que tout. - Alors très bien, allons-y ! »À peine Eli repérée par les hommes de sa mère, ceux-ci foncèrent tête baissée dans

le piège sans réfléchir. « - Ils sont toujours aussi idiots ! - Tant mieux pour nous. »

Léa réagit trop tard et n’eut plus d’autre choix que de suivre ses hommes et pensa qu’elle aurait vraiment dû tuer sa fille longtemps auparavant.

Arrivés dans la plaine, les hommes de Roi bloquèrent l’accès pour empêcher leurs ennemis de prendre la fuite. Eli fut envoyée près des hommes du Roi. Dès le début, le combat fit rage et le Roi dut envoyer de plus en plus d’hommes. Lorsqu’Eli vit son mysté-rieux compagnon rejoindre le combat, elle retint son souffle. Elle se demanda pourquoi elle s’inquiétait autant mais son estomac était noué. Le combat se rapprochait du Roi. Des hommes de Léa arrivèrent jusqu’aux gardes du monarque, Eli réagit en donnant un coup de pied à l’homme le plus proche, elle se laissa glisser de cheval et attaqua le suivant. Puis elle attrapa une épée sur l’un des corps et alla rejoindre le groupe de chevaliers. Dans la frénésie du combat, elle se tailla un chemin jusqu’à son admirateur.

« - Alors Eléanora, vous vous amusez ? - Ce n’est pas un jeu ! Je vous couvre, et comment se fait-il que vous soyez sur le

terrain ? Qui êtes-vous à la fin ? - Appelez-moi James ! - Alors James, baissez la tête ! »Et elle tua l’homme derrière lui.Le combat continua pendant un certain temps, le groupe d’Eli avança de plus en plus

vers Léa, quand l’un des hommes cria : « - Attention ! Ils sont en train de prendre la fuite !

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- Je m’en occupe, elle est à moi, dit Eli. - Léa, inutile de t’enfuir ! Te rappelles-tu ce que les bohémiennes te disaient « un

jour la fille détruira la mère ». Ce jour est venu ! - Cela n’arrivera jamais Eléanora, jamais, tu m’entends ! »Tellement en colère, Léa revint sur ses pas pour affronter sa propre fille, le combat fut

long et toutes deux commençaient à sentir l’épuisement les gagner mais elles se bat-taient, encore et encore. Tout autour d’elles, le combat continuait. Léa réussit à toucher Eli au bras mais cette dernière n’arrêta pas le combat pour autant. Elle reprit courage en repensant à Thomy et à tout le mal que sa mère avait fait. Sa colère enfla et le combat s’intensifia. Eli toucha Léa à son tour, puis la fit tomber. Enfin elle désarma sa mère.

« - Rends-toi. - Jamais ! - D’accord. »Eli assomma Léa puis cria : « - Cela suffit, votre chef a perdu, laissez tomber vos armes et rendez-vous. »Le combat continua encore un moment mais, de plus en plus, les hommes abandon-

naient les armes. Le Roi lui-même vint voir Léa et ordonna qu’on l’attache afin de la ra-mener pour le procès. À ce moment-là, un archer que Léa avait réussi à cacher dans les arbres tira une flèche sur le Roi. Eléanore réagit la première et se rua sur le Roi pour recevoir la flèche à sa place. En même temps, James envoya un couteau en direction de l’archer. Celui-ci Il tomba mort sur le sol. Quand James se retourna, son cœur rata un bat-tement en voyant Eli par terre, couverte de sang. Le Roi avait déjà crié des ordres pour la faire soigner. Quand elle fut transportable, ils repartirent tous vers Dentris.

Pendant quelques semaines Eli fut entre la vie et la mort. Lorsqu’elle se réveilla et trou-va James à son côté, il la regarda avec un sourire.

« - Enfin réveillée, Princesse. - Je ne suis pas une Princesse ! - Oh que si ! Eléanora Lisie. Et cela fait de vous une personne très désirable. - Ne dites pas de bêtises, je suis dans un sale état et vous, vous plaisantez. - Vous êtes en vie et enfin réveillée du coma, ce n’est pas rien. »Le médecin, suivi par le Roi, entra dans la pièce. « - Comment te portes-tu, ma fille ? - Je... Je vais mieux, je crois. »Le médecin l’examina. « - Oui, Votre Altesse, vous allez beaucoup mieux ! Puis s’adressant au Roi, Elle de-

vrait être sur pieds d’ici peu de temps. - Tant mieux. - Veillez bien sur elle, Prince James. - Oui, votre Majesté. »Choquée par ce que venait de dire le Roi, elle garda le silence jusqu’à leur départ.

Puis elle se retourna vers James. « - Vous êtes un Prince ! - Oui, vous ne le saviez pas encore ? - Non, bien sûr que non, pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ! - Nous étions en guerre contre votre mère. - Léa, je vous l’ai déjà dit. - Oui, oui, Léa... Vous allez être heureuse de savoir que son procès a bien eu lieu et

que les villageois sont tous venus témoigner contre elle. »

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Il dit cela avec un léger sourire sur le visage. - «Le Roi vous a reconnu depuis un peu plus d’une semaine comme étant la Prin-

cesse Eléanora de Dentris, sa première fille. Vous auriez dû voir la fierté dans son regard. - Je n’en suis pas digne. Je ne saurais même pas comment être une Princesse. - Restez juste vous-même, tout ira bien et je serai là pour vous aider, si vous accep-

tez, bien sûr. »Eli se retourna dans son lit, se sentant toujours la même. Comment pourrait-elle être

une Princesse ? Il ne lui fallut que quelques minutes pour se rendormir.Deux jours plus tard, elle put sortir de son lit mais fut obligée, vue sa faiblesse, d’ac-

cepter l’aide du Prince James. Le soir même, un dîner en l’honneur de la Princesse eut lieu. Eléanora ne se sentait pas à sa place mais James la taquinait et lui fit même la cour. Son père lui demanda ensuite de faire une courte promenade avec lui.

- «Comment te sens-tu Eléanora ? - Bien, votre Majesté. - Appelle-moi Père, je t’en prie. Je voulais te présenter mes excuses, pour tout ce

que tu as pu vivre avec ta mère. J’ai eu une discussion avec elle avant son procès. Si je pouvais juger mon père pour ce qu’il nous a fait à tous, je le ferais. Mais il est mort depuis bien longtemps maintenant et le passé doit rester du passé. Qu’en penses-tu ?

- Oui. Merci, Père. - Bienvenue dans la famille, ma chérie. »Ils retournèrent dans la salle pour continuer la soirée en famille.Les semaines qui suivirent furent comme un rêve. Chaque jour, James emmenait Eléano-

ra se promener en ville ou en forêt et aller étudier à la bibliothèque. Le soir, ils faisaient le tour du château ensemble puis James la ramenait à sa chambre. Quelques temps plus tard, en la raccompagnant, il l’embrassa avec tendresse, elle sentit son cœur manquer un battement, sa respiration s’accéléra, elle eut du mal à retrouver son souffle. Alors qu’elle s’apprétait à parler, le Prince lui mit un doigt sur les lèvres :

« - Chut, ne dis rien ce soir ! Bonne nuit ma douce Princesse, fais de doux rêves. »Elle rentra dans sa chambre puis se laissa tomber sur son lit avec un sourire béat. Cette

nuit-là, elle fit de très jolis rêves. Chaque soir, dorénavant, James l’embrassait en la ramenant à sa chambre. Et puis, une

nuit, pendant leur promenade après dîner, le Prince James s’agenouilla devant elle et la demanda en mariage. Sur le moment, elle ne sut pas quoi répondre.

« - Avant de prendre ta décision, écoutes-moi. Tu n’as pas eu une vie facile mais tu as choisi le bien depuis toujours, contrairement à ta mère. Toutes tes décisions t’ont menée à ce jour. Je te demande juste de choisir avec ton coeur.

- Si je te disais non, je nous mentirais à tous les deux, car je ressens la même chose que toi, mais je ne me vois pas en futur Reine. Penses-tu vraiment que je sois celle qu’il faut à ton peuple, après ce que ma naissance a fait endurer aux miens !

- Tu es différente de ta mère, alors arrête d’avoir peur du regard des autres. Ils te verront en fonction de ce que tu accompliras. Tu as battu ta mère, sauvé ton peuple. En plus, j’en ai parlé à nos parents et ils sont d’accord pour notre union. Que décides-tu, Eléanora ?

- Je... » Elle le regarda dans les yeux et ce qu’elle vit ne pouvait plus la faire reculer. Elle ins-

pira et lui dit: - «Oui... Oui, je veux être ta Reine. »Il la prit dans ses bras et l’embrassa avec tout l’amour qu’il lui portait.Le lendemain, les fiançailles furent proclamées. Ils dînèrent en famille pour fêter l’évè-

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nement car le mariage aurait lieu le soir des Demoiselles, le bal qui se déroule au centre de la ville et qui aurait lieu dans un mois, temps nécessaire pour la préparation de l’évé-nement. Eléanora se fit bichonner pendant tout ce temps.

Aujourd’hui, nous sommes la veille de la fête et la Princesse inspecte tous les prépa-ratifs ainsi que les lieux de l’évènement. Les invités du bal sont presque tous arrivés. Tout est enfin prêt pour le plus beau jour de sa vie. Pour eux deux, ce sera un nouveau commencement.

Pour la Princesse Eléanora, dont les choix ont toujours été justes et purs, sa vie conti-nuera dans cette direction. Avec la confiance et l’amour, ils ont vaincu le mal pour faire régner la paix sur deux royaumes.

Comme toute fin d’une belle histoire, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’en-fants, qui à leur tour, suivirent la route de leurs parents, pour continuer à vivre en paix.

Fin

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Comme vous le savez tous, notre monde prendra fin le 21 décembre 2012 et il ne nous reste donc que peu de temps à passer tous ensemble !

Ce fut un plaisir immense que d’avoir rencontré tout le monde (en IRL ou pas) et de m’être lancée à corps perdu dans l’aventure V&S !

Nous vous proposons de passer le peu de temps qu’il vous reste à rédiger une nouvelle sur le thème de la fin du monde car c’est de circonstance, hélas...

Vos nouvelles doivent nous parvenir par mail à [email protected] au plus tard le 30 novembre, nous procéderons aux votes entre le 1er et le 20 décembre (sur le forum) et nous annoncerons les résultats le 21, si nous sommes encore là pour le faire ! (musique de marche funèbre, je suis trop une buse pour la retranscrire en tun tun tun)

Votre nouvelle ne doit pas dépasser 2 pages word (police times news roman taille 12). Si par chance nous sommes toujours vivants après cette date fatidique, les nouvelles seront publiées dans un nouveau numéro hors-série du V&S Mag.

Alors à vos claviers (et ne buvez pas trop pour oublier l’apocalypse) !

PS : N’hésitez pas à nous laisser un petit commentaire sur cette news pour nous dire si vous avez aimé passer un peu de temps avec nous ou si vous comptez participer à ce défi !

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CreditsEquipe

Rédaction : Exécutrice, Daisyka, Siana, Nesshime, Tessa Garnier, Asmodée, Réalisation : ExécutriceIllustrations : Tessa Garnier, Abigaildream, Nairohttp://abigaildream.deviantart.com/ Relecture et correction : Exécutrice, Siana, Nesshime, Nairo, Tessa Garnier.Utilitaires : Word 2007, Adobe InDesign CS5, Adobe Photoshop CS5,

Toutes les images sont la propriété de leurs auteurs, si vous n’avez pas été cités et que votre travail est présent dans ce mag, veuillez nous le signaler à : [email protected]

Remerciements

Merci à tous ceux qui ont lu le mag pendant sa préparation et qui ont fait de bonnes cri-tiques et ont de ce fait aidé à l’amélioration de ce numéro.Merci de l’avoir attendu aussi longtemps.

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Merci de nous avoir lu et à bientôt pour un prochain numéro !

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