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Vieillir dans son quartier, dans son village Forum national Paris, 12-13 octobre 2004 avec le soutien de la Fondation JM.Bruneau Des aménagements à inventer ensemble FONDATION DE FRANCE

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Vieillirdans son quartier,dans son village

Forum nationalParis, 12-13 octobre 2004avec le soutien de la Fondation JM.Bruneau

Des aménagements à inventer ensemble

FONDATIONDEFRANCE

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Vieillir dans son quartier, dans son village Des aménagements à inventer ensemble

FONDATIONDEFRANCE

EDITION PRÉPARÉE PAR MARIE-FRANÇOISE SEMENOU

Forum national - Paris Salon de l’Aveyron12-13 octobre 2004

Avec le soutien de la Fondation JM.Bruneau

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2. Trajectoires et VieillissementDes aménagements à inventerensembleRegards croisés d’une anthropologue et d’une psychosociologue 31Brigitte Mouriesse, Psychosociologue, consultanteen gérontologieBernadette Puijalon, Anthropologue, Maître de conférences à l’Université Paris 12Prévenir l’isolement des personnes âgées -Voisiner au grand âge 37Marie-Annick Dejean de la Batie, Membre duComité Personnes âgées de la Fondation de France

Table ronde 40Avec la participation de :Anne Fustinoni, Correspondante rurale itinérantede Saint-Geniez-d’Olt (Aveyron)Moncef Labidi, Directeur du Café social deBelleville - ParisGilles Devos, Directeur Pact-Arim de la Charente.Pierre Tajan, Maire d’Osmets (Hautes-Pyrénées) -Maison d’accueil campagnarde

3. Espaces débatsDiversité des territoires et nouvellesproblématiques liées au vieillissement 43

Diversité des parcours de vie : source de créativité dans les projets 49

Des démarches innovantes : au plus près des besoins, des demandes et des attentes des habitants 53

Des démarches partenariales : l’intérêt d’inventer ensemble 57

Conclusions et perspectivesDe nouvelles politiques pour appréhender le vieillissement 62Bertrand Dufourcq, Président de la Fondation de FranceEdmond Hervé, Maire de Rennes, Président de l’Institut des Villes

Annexes Projets sélectionnés par la Fondation de France et présentés à l’Espace Forum 66

Partenaires 76

Sommaire

PréambuleBertrand Dufourcq, 4Président de la Fondation de FranceJean-Paul Le Divenah, 6Directeur de cabinet d’Hubert Falco,Ministre délégué aux Personnes âgées

Introduction Genèse du programme “Vieillir dans son quartier, dans son village” 8Francis Charhon, Directeur général de la Fondation de France

1. Territoires et VieillissementD’une politique sociale vieillesse à une politique territoriale du vieillissementPoint de vue de la DATAR 13Sylvie Esparre, Directeur général de la DATARAnalyse croisée d’un géographe et d’un sociologue 15Dominique Argoud, Sociologue, Maître deconférences à l’Université Paris 12, Président duComité Personnes âgées de la Fondation de France.Jean Ollivro, Géographe, Maître de conférences àl’Université Rennes 2Pour une politique territoriale du vieillissement 22Patrice Leclerc, Responsable du ProgrammePersonnes âgées de la Fondation de France

Table ronde 25Avec la participation de :Fabiola de Falco, Présidente “Vieillir au village” -Puy-Saint-Martin (Drôme)Paulette Guinchard-Kunstler, Présidente Agenced’urbanisme de Besançon, député du Doubs David Carlier, Directeur Association ASTIB -Hermiès (Pas-de-Calais)Evelyne Petit, Directrice du CCAS - “HabitatSenior”, BelfortMarie-Odile Novelli, Conseil régional Rhône-Alpes, Vice-présidente de la solidarité, de la politique de la ville et du logement

Points de vue 29Robert Loubière, Vice-président Communauté decommunes du Segala-Carmausin (Tarn)Olivier Jacquin, Président Communauté decommunes des Trois Vallées (Meurthe-et-Moselle)

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Préambule

BERTRAND DUFOURCQPrésident de la Fondation de France Ce premier Forum national, “Vieillir dans son quar-

tier, dans son village - des aménagements àinventer ensemble”, réunit élus, professionnels,

bénévoles et partenaires nationaux, engagés à noscôtés depuis le lancement en 2002 de notre nouveauprogramme. Nous l’avons voulu lieu d’échanges, espacepour inventer ensemble les actions qui permettront àchaque personne vieillissante, quels que soient sonquartier, son village, ses origines, de mieux vivre auquotidien, dans le respect de ses choix et de sa dignité.La Fondation de France fête cette année son 35e anni-versaire. Depuis son origine, sa philosophie peut sedécliner en trois principes :■ respecter la dignité des personnes, en évitant l’isole-ment ;■ privilégier la prévention plutôt que la prise en charge;■ promouvoir l’autonomie et l’initiative, en accordantautant de place à la personne qu’à son environnement.

S’unir pour agir C’est le thème choisi pour ce 35e anniversaire. En effet,les liens sociaux s’affaiblissent sous les effets conjuguésdu déracinement, de l’urbanisation inadaptée, de l’évo-lution des liens familiaux et de la précarisation d’unepartie de plus en plus importante de la population. Ilen résulte un certain nombre de conséquences : diffi-cultés d’accès à l’emploi, retrait de la vie sociale oumême isolement total, sentiment d’insécurité, d’incer-titude du lendemain. Les facteurs d’exclusion se cumulent laissant les plusfragiles totalement découragés et dépendants.Toutes les actions soutenues par la Fondation de Francesont animées du même désir de “faire ensemble”. Ellescherchent à valoriser les compétences plutôt qu’à stig-matiser les faiblesses. Ici, on se regroupe dans le quar-tier pour organiser des activités d’entraide sociale ; là,on monte des ateliers artistiques pour prévenir les vio-lences ; ailleurs encore, on apprend à jardiner et à par-tager récoltes et nouveaux amis…Ces actions peuvent paraître modestes. Elles amélio-rent pourtant de façon concrète la vie au quotidienet donnent matière à réflexion, échange et partage. L’an dernier, nous avons soutenu plus de 6 300 projetspour un montant total de 60 millions d’euros, grâceà la générosité et à l’engagement des donateurs et

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fondateurs, car nous ne recevons aucune subventionpublique. Notre action est donc dépendante de lasolidarité de chacun. Je remercie ceux qui nous per-mettent d’agir.Je tiens également à remercier la Fondation JM.Bruneauqui s’est impliquée dans les actions du programmePersonnes âgées de la Fondation de France.Depuis notre origine, la vieillesse et le vieillissementfont partie de nos préoccupations. Nous nous sommesengagés dans des voies innovantes afin d’améliorer lavie quotidienne des personnes âgées et de favoriser lesoutien aux équipes de terrain. Nous avons été aidésen cela par les meilleurs experts regroupés au seinde notre Comité Personnes âgées. Tête chercheuse, laFondation de France entend ouvrir pistes de réflexionet chemins d’actions, plaçant l’Homme au cœur desprojets et cela, jusqu’au bout de sa vie. Promouvoir de nouveaux lieux de vie, diversifier lesmodes d’accompagnement des personnes âgées(Petites unités de vie, Accueils de jour, Hébergementstemporaires…), autant de nouvelles voies que nousavons contribué à explorer dès les années 1980, avectoutes les difficultés liées à l’expérimentation. Innover, c’est aussi savoir prendre des risques au regardd’un environnement professionnel et des usagers eux-mêmes. Souvent, avec le recul, nous constatons quenous avons fait les bons choix, car quelques annéesaprès, la plupart d’entre eux sont repris par les pou-voirs publics.

Promouvoir une approche dynamique et renouvelée du vieillissement Au fil des années, nous ne pouvons que constater unvéritable enrichissement réciproque entre profes-sionnels de terrain et la Fondation de France. Nosprogrammes se nourrissent de la soif d’avancer dechacun. “Penser autrement, pour vieillir autrement”illustre la démarche initiée en 2001 avec le programme“Vieillir dans son quartier, dans son village - des amé-nagements à inventer ensemble”.

Nous souhaitons encourager la contribution des retrai-tés à la citoyenneté et les reconnaître comme habi-tants à part entière de leur commune, riches d’expé-riences pouvant être utiles à tous. Aujourd’hui, l’enjeu est bien de repenser les seulesréponses gérontologiques au profit d’une culture deprojet à l’échelle du quartier, du village, de l’agglo-mération, du pays. Ce forum doit également encourager et ouvrir un dia-logue entre élus, collectivités territoriales, profession-nels et associations qui ont apporté des réponses nova-trices dans les domaines de l’habitat, des transports,de l’accès aux services, de la vie sociale et des relationsde voisinage…Les 43 associations et collectivités locales présentes,soutenues par la Fondation de France, illustrent tota-lement cette démarche prospective, où l’innovationconcernant le vieillissement serait davantage à recher-cher dans une logique de “développement territorialet de croisement des politiques territoriales et sociales”que dans une logique de création de “produits pure-ment gérontologiques”. La Fondation de France aconduit cette analyse prospective avec des partenairestrès divers, afin de susciter un véritable élargissementdes regards. Les changements auxquels nous avons àfaire face nécessitent une vision à plus long terme etdes politiques ambitieuses. ■

PREAMBULE

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Préambule

JEAN-PAUL LE DIVENAHDirecteur de cabinet d’Hubert Falco, Ministre délégué aux Personnes âgées Tous les acteurs s’accordent désormais sur l’intérêt

d’une politique gérontologique de proximité,ancrée dans les territoires. Mais la notion de

proximité implique que ces projets soient réellementportés localement, car c’est ainsi que l’on répond lemieux aux attentes et aux besoins des personnes âgéessur une zone géographique donnée.Pour certains dossiers, l’impulsion peut être donnéeau niveau national, qu’il s’agisse de projets “pilotes”appuyés par les directions des Ministères ou soute-nus par d’autres structures, à l’instar de ce que fait laFondation de France. Celle-ci d’ailleurs joue un rôlemoteur dans l’amélioration de la qualité de prise encharge des personnes âgées, comme en témoigne leprogramme “Vieillir dans son quartier, dans son vil-lage” ou encore l’ouvrage consacré à la préventionde l’isolement des personnes âgées, publié récem-ment.Mais si les initiatives, pour être pertinentes, doiventêtre soutenues au sein des territoires, il est égalementtrès important de les faire connaître. Je tiens à souligner que les grandes thématiques quistructurent ces deux journées rejoignent les axes fortsdu gouvernement en matière de politique de proxi-mité au service de nos anciens.

Mobiliser les réseaux départementaux,faciliter l’accessibilité des logements…Mieux vivre dans son quartier, dans son village sup-pose de disposer d’un domicile adapté. Les résidencesintégrées et les petites unités de vie constituent, à cetitre, un mode de vie qui reste encore trop peurépandu. Les textes en cours de parution (décret surles petites unités de vie) vont permettre d’accélérerleur réalisation, de façon à ce que davantage de per-sonnes âgées aient accès à cette formule, comme àcelle de l’accueil familial.Adapter l’habitat des personnes âgées représente unatout majeur au choix d’une vie à domicile. En mars2003, Hubert Falco a parrainé la convention de par-tenariat entre la Fédération Hospitalière de France(FHF) et la Fédération nationale des centres Pact-Arimpour l’adaptation du logement des personnes âgéeset handicapées. Ce partenariat vise à mobiliser lesréseaux départementaux de façon à faciliter le retour

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à domicile après une hospitalisation, grâce à une adap-tation du logement.Dans la loi de finances 2004, le ministre a obtenu qu’uncrédit d’impôt soit instauré pour les dépenses liées auxtravaux d’installation, à domicile, d’équipements spé-cialement conçus pour les personnes âgées. D’ailleurs,la prise en compte de la dimension habitat par lesCentres locaux d’information et de coordination (CLIC)constitue un atout supplémentaire.L’accessibilité constitue un enjeu réel pour l’intégra-tion des personnes âgées et leur pleine participation àla vie sociale. Le plan “Vieillissement et Solidarités”,prévoit différentes mesures visant à permettre aux per-sonnes âgées qui le souhaitent de continuer à vivre àleur domicile. Vivre à domicile n’a de sens que si l’on peut sortir dechez soi, aller et venir. La charte nationale pour l’acces-sibilité (décembre 2003) témoigne de l’engagementdes ministères et acteurs concernés à faire évoluerl’environnement de façon à le rendre accessible.Cette charte comporte trois principes : une approches’appuyant sur les modes de vie des personnes ; unelogique globale de traitement du logement, de la voi-rie, des espaces publics, des transports et des équipe-ments recevant du public ; une adaptation de la villedans toutes ses composantes.La réforme de solidarité pour les personnes dépen-dantes a fait évoluer la notion de domicile hors desmurs du logement, avec notamment le développementde services “porte à porte”. La réforme reconnaît lesservices qui vont chercher les personnes âgées chezelles et les accompagnent, pour des déplacements deproximité. Ces services intégrent les spécificités des per-sonnes âgées et leurs “trajectoires”; ces dernières méri-tent d’être prises en compte pour élaborer la politique

gérontologique de proximité et répondre aux besoinset aux attentes des personnes âgées tout au long deleur vie. Le tissu médico-social mais aussi social joue unrôle primordial et les notions d’évaluation et de coordi-nation prennent ici tout leur sens. Les CLIC constituent des structures de proximité : on enrecensait 451 au 30 septembre 2004. Ils sont en mesurede connaître le public auquel ils s’adressent, personnesâgées et entourage, à travers les évaluations ou le suiviqu’ils effectuent au domicile des personnes et par lebiais des actions collectives auxquelles ils participent–groupes de parole, actions d’information ou de for-mation. Ils jouent un rôle d’observatoire et d’anima-teurs territoriaux. En choisissant d’implanter les CLICsur leur territoire, certains départements reconnaissentleur contribution au développement local.

Renforcer les liens sociauxL’année 2004 est l’année de la fraternité. Prévenir l’iso-lement des personnes âgées répond à ce souci de fra-ternité: il ne s’agit donc pas uniquement de les prendreen charge, mais de renforcer les liens sociaux. Lesenjeux du vieillissement posent la question de la vieau sein des territoires.Les travaux de la Fondation de France et de ses diffé-rents partenaires vont dans ce sens. Les réseaux pro-fessionnels mais aussi de voisinage, les solidarités fami-liales, intergénérationnelles, répartis sur des territoiresde proximité ont un rôle essentiel à jouer.Proximité, réseaux, coordination, solidarité, fraternité :la canicule de l’été 2003 a montré la valeur de cestermes ! Leur absence a sans doute été à l’origine ouun facteur aggravant dans la survenue de nombreuxdécès. La Fondation de France, avec les partenariatsqu’elle a établis, est porteuse de ces valeurs. ■

PREAMBULE

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Introduction

Genèse du programme“Vieillir dans son quartier, dansson village”FRANCIS CHARHONDirecteur général de la Fondation de France

Depuis 2002, avec son nouveau programme“Vieillir dans son quartier, dans son village -des aménagements à inventer ensemble”, la

Fondation de France souhaite mettre l’accent surl’importance de l’environnement qui influence for-tement la vie quotidienne des personnes âgées, au-delà de la dimension médico-sociale de la prise encharge. Cette opération traduit le souci du Programme Per-sonnes âgées de rester proche des réalités du terrainet d’ajuster son action au plus près des besoins obser-vés, en l’occurrence, l’évolution démographique dela population en France et ses incidences socio-éco-nomiques. Notre pays, en effet, va connaître un vieillissementde sa population sans précédent : 45 % des Françaisauront plus de 50 ans en 2050, contre 30 % aujour-d’hui. Plus d’un sur trois sera âgé de plus de 60 ansen 2040 – avec un écart de près de 8 ans d’espérancede vie au bénéfice des femmes. A cette situation,vient s’ajouter la modification des groupes fami-liaux : divorces et recompositions familiales balaientles représentations du “couple âgé vieillissant aidépar ses enfants”. Cette évolution démographique pose de réelles ques-tions de société : à celle des retraites, s’ajoutent defaçon plus fondamentale, celles de la place et desrôles sociaux de chaque génération ainsi que celledes attentes des personnes vieillissantes dont l’ex-périence de vie et le rapport au monde sont consi-dérablement transformés. Les réponses restent àinventer, compte tenu de l’évolution prévisible decertaines maladies – dont la maladie d’Alzheimer.

Privilégier les projets orientés vers l’accompagnement aux changementsDès son origine, le Programme Personnes âgées a pri-vilégié les projets élaborés autour de la promotion etde l’accompagnement aux changements. Commentchanger la vie en institution ? Comment faire évoluerle soutien à domicile et celui des aidants familiaux ? A travers le repérage et la valorisation de projets inno-vants et en participant à la réflexion gérontologique,la Fondation de France a contribué à faire évoluer lesmodalités d’accompagnement mises en place par les

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acteurs médico-sociaux. Grâce à l’ajustement des pra-tiques à la réalité des personnes et à la diversificationdes réponses de soutien, le paysage s’est peu à peumodifié, même si – du point de vue des intéresséeselles-mêmes– nombre d’entre elles restent encore insuf-fisantes ou inadéquates. Ainsi, aider, soigner, soutenir, en tenant compte dessituations individuelles, a permis d’offrir des formulesd’accueil à la journée ou à la semaine, des lieux de viede plus petite taille et d’y associer activement lesfamilles.Mais parallèlement, on assiste à des changementsimportants au niveau de l’organisation des territoireset on mesure leur impact sur la vie des habitants, enparticulier sur celle des plus âgés. Un territoire se défi-nit par son périmètre, caractérisé par des données géo-graphiques, démographiques, économiques, sur lequelva s’appliquer une politique publique. Or, on assisteà une profusion de découpages pour un même sec-teur, ce qui rend la réalité administrative très com-plexe et les niveaux de compétences peu lisibles pourles acteurs et habitants concernés. L’évolution desmodes de vie montre que tout citoyen peut avoir plu-sieurs territoires d’appartenance (professionnel, devie, de loisirs…) auxquels se superpose un nouveaurapport au temps, élément essentiel de l’organisationde ces territoires – avec le risque de mise à l’écart decertains habitants.

De nouvelles réalités se dessinentCette évolution des territoires est à la fois humaine etadministrative. Après les premières grandes migra-tions des campagnes vers les villes ouvrières et la créa-tion de “villes nouvelles” à la campagne, on assisteau développement de villages “urbanisés” conquispar de nouveaux habitants – “actifs” fuyant la villeou nouveaux retraités – et à la construction de vasteszones à la périphérie des villes – sans vie réelle. Cer-tains territoires continuent à perdre leurs habitants,alors que d’autres, privilégiant l’accessibilité, élargis-sent l’offre de nouveaux modes de transport et béné-ficient d’un regain de jeunesse. La technologie continue à jouer un rôle majeur dansle processus d’appropriation des espaces de vie et desespaces sociaux. On ne connaît pas son voisin, mais

il est possible d’échanger en temps réel avec un prochevivant à des centaines de kilomètres.Par ailleurs, l’ancrage communal traditionnel, lieud’appartenance à une communauté sociale se brouilleaussi. Les projets jadis élaborés au cœur de la vie localese développent aujourd’hui à une autre échelle, sou-vent peu signifiante pour les habitants. Ainsi les“Pays”, nouveaux territoires de projet, favorisent biensûr l’intercommunalité où les acteurs locaux ont touteleur place, mais demeurent peu lisibles pour la popu-lation. A l’échelle des villes, on constate, avec le déve-loppement de communautés d’agglomérations, unphénomène analogue : la distance s’accroît entre leshabitants censés investir les espaces urbains et les lieuxde décision sur l’utilisation de ces espaces – avec unrisque d’éloignement élus-décideurs et habitants.

Des inégalités flagrantes entre les territoiresQu’ils soient urbains ou ruraux, tous ces territoiressont confrontés au vieillissement de leur populationmais restent très inégaux quant aux offres de res-sources ou de services, susceptibles de faciliter la viequotidienne et sociale des habitants. Le plus souvent,hormis les spécificités médico-sociales, leur aména-gement privilégie les plus jeunes au détriment des plusâgés. La présence de différentes générations sur lemême espace géographique est insuffisamment priseen compte. Certains territoires font l’objet de poli-tiques publiques : politiques de la ville, développe-ment de zones rurales… dont les “personnes âgées”ont encore peu bénéficié. Leurs difficultés de vie quo-tidienne ou sociale – accentuées par l’absence de voi-sinage, l’éloignement des centres et l’absence de trans-ports publics– sont en effet rarement considérées. Or,la présence de services publics, de commerces, demoyens de transport, un habitat adapté, influent direc-tement sur la qualité de vie des habitants et sur celledes personnes âgées en particulier.Les représentations sociales négatives de l’avancée enâge et de la vieillesse associent encore à cette étape dela vie, les mots “maladie, dépendance, mort”. Ellesont pour conséquence des risques d’exclusion et demarginalisation qui se traduisent par un soutien àdomicile qui “enferme la personne chez elle” ou, encas de maladie, qui justifie son entrée en établissement.

INTRODUCTION

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Faute d’espaces et de moments de rencontre pour s’ex-primer – rue, cage d’escalier – les liens intergénéra-tionnels disparaissent.

Repérer de nouvelles approches, sources de réponses innovantesL’opération “Vieillir dans son quartier, dans son vil-lage” (VQV) encourage la prise en compte, en amont,des spécificités de l’environnement territorial et lamise en œuvre de propositions moins catégorielles.Privilégier “l’entrée territoriale” visait à repérer denouvelles approches de conduite de projets, qui, enfonction de spécificités locales, imaginent des réponsesinnovantes facilitant la vie de leurs habitants, dontcelle des personnes âgées.Cette opération a été élaborée selon une démarcheprospective de repérage, d’analyse et de validation deprojets, conçus comme autant de réponses aux diffi-cultés de vie quotidienne et sociale des personnesâgées ; ces difficultés étant consécutives ou accentuéespar les carences de leur environnement. Ces projetspermettent de répondre autrement aux attentes et auxbesoins de la population vieillissante de nos territoires. Dans cette optique de recherche et d’expérimentation,la Fondation de France, a exprimé sa volonté de sélec-tionner un certain nombre de démarches diversifiées,grâce au recueil d’éléments produits dans le cadre detrois chantiers distincts :– L’objectif du lancement des deux appels à pro-jets en 2002 et en 2003, visait à toucher des acteurspeu ou pas familiers de l’action gérontologique :communes et regroupements de communes, syndi-cats intercommunaux, associations et établisse-ments publics. Les projets sélectionnés devaient êtrereprésentatifs de nouvelles approches des problé-matiques du vieillissement. – La mise en œuvre d’un partenariat avec six réseauxnationaux, sollicités par la Fondation de France aélargi le champ d’investigation1 : recherche de projetsreprésentatifs des critères de l’opération, accompa-

gnement des têtes de réseaux et des porteurs dans laformalisation de leur projet, aide méthodologique. – Le démarrage d’un appel à projets Rhône-Alpes a étéformalisé à la suite du souhait du Conseil Régionald’expérimenter, à l’échelle de la région, une démarchede territoire autour du vieillissement.Deux espaces de réflexion ont également été mis enplace afin d’enrichir la proposition initiale. Ungroupe de “personnes ressources”, d’horizons pro-fessionnels différents mais partageant cette approcheterritoriale du vieillissement de la population, s’estréuni à plusieurs reprises. De même, des rencontresinter-réseaux ont permis de multiples croisementsde regards entre professionnels et bénévoles inter-venant dans les champs du médico-social, de l’ur-banisme, de l’habitat…La localisation des projets, répartis en milieu rural,urbain, mixte, périurbain, fait apparaître une repré-sentation géographique des 22 régions – avec unnombre variable selon les régions et des structuresporteuses très diversifiées : CCAS, collectivités, asso-ciations. A partir de la question : “A quelles difficultés vécues,ressenties par la population, notamment la popula-tion vieillissante, répond votre projet ?”, ont émergéplusieurs thématiques.

Options pour un changement d’approcheSeuls les projets orientés sur le développement d’unedynamique locale au profit des habitants vieillissantsont été retenus ; ceux proposant des “actions-pro-duits” pour personnes âgées calquées sur des actionsexistantes ont été écartés. Cette évolution d’uneculture de “produit” vers une culture du “dévelop-pement” favorise non seulement l’ancrage du projetlocalement, mais améliore également les conditionsde sa pérennisation. En effet, l’action envisagée doitviser à la fois l’amélioration de la qualité de vie despersonnes âgées et l’impulsion d’une dynamiquelocale porteuse d’actions évolutives au fil du temps.De plus, on a constaté un changement d’approche dela population concernée : la cible n’était plus unepopulation déterminée par un critère d’âge (les per-sonnes âgées), ni le phénomène de vieillissement maisc’était le processus même – le “vieillir” de l’ensemble

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

1. Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme, Fédération Natio-nale des Centres Sociaux, Fédération Nationale des Clubs d’AînésRuraux, Fédération Nationale des Pact-Arim, Fédération des Asso-ciations “Familles Rurales”, Union Nationale des Centres Commu-naux d’Action Sociale.

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des habitants – qui était appréhendé. La questionessentielle ne se pose plus en termes de personnesdésignées, mais en termes d’étapes et d’évolution deparcours de vie. La question du vieillissement de la population poséeen termes de processus et non de catégorisation évitede segmenter et de cloisonner les formes d’accom-pagnement. Il devient ainsi plus évident de s’intéres-ser en cohérence et en continuité, aux trajectoires etaux périodes de transition des personnes vieillissantes.Les réponses s’articulent alors aux demandes etattentes d’habitants spécifiques sur chaque territoire.

Vers une politique territoriale du vieillissementAppréhender la place des “vieux” comme acteurs dansles territoires, c’est ouvrir la voie à une approcherenouvelée de la vieillesse, valorisant la participationet la contribution de ce public au développement localet au “vivre ensemble”. Le croisement des trajectoiresde vie des individus avec le profil des territoires faitémerger les problèmes et permet de dégager les axesautour desquels on pourra construire des réponsesadaptées.Le Forum national, “Vieillir dans son quartier, dansson village… des aménagements à inventer ensemble”(Paris, les 12 et 13 octobre 2004), a constitué un tempsfort du travail de réflexion et d’actions soutenuesdepuis trois ans. A cette occasion ont été présentés,

INTRODUCTION

via l’Espace Forum organisé sous forme de salon pro-fessionnel, les 43 projets innovants sélectionnés parla Fondation de France (cf. Annexes). Lieu d’échangeset d’expression, à travers différents débats théma-tiques, le Forum a permis de synthétiser les réflexionset de valoriser les différents partenariats.Il a ouvert la voie à une approche dynamique duvieillissement, optimisant la contribution des retraitésjeunes et vieux, à la citoyenneté et au développementsolidaire à différents niveaux : social, économique etculturel. Aujourd’hui, l’enjeu est bien d’envisager lesréponses gérontologiques au profit d’une culture deprojets à l’échelle du quartier, du village ou de l’agglo-mération. Cet ancrage, dans une dynamique territo-riale et partenariale de réponses nouvelles adaptéesaux habitants vieillissants, se répercute par extensionsur les autres habitants. Ce temps de rencontre a enfin encouragé et ouvertun dialogue entre élus, collectivités territoriales, pro-fessionnels et associations apportant des réponsesnouvelles au niveau de l’habitat, des transports, del’accès aux services, de la vie sociale et des relationsde voisinage.Ce document tente d’en restituer les différentsmoments, enrichis de contributions complémentairesfournies, à notre demande, par les porteurs de pro-jets et par les intervenants afin d’éclairer ou de com-pléter leur problématique. Qu’ils en soient tous iciremerciés. ■

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Territoires et Vieillissement

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

D’une politiquesociale vieillesse à une politiqueterritoriale du vieillissementLes territoires connaissent d’importantes mutations qui contribuent à poserdifféremment la problématique du vieillissement. Cette dynamique territo-riale constitue une chance pour redéfinir l’action publique menée en direc-tion des personnes âgées. La prise en compte du tissu social local favorisel’émergence d’initiatives innovantes et adaptées aux territoires.

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Point de vue de la DATAR SYLVIE ESPARREDirecteur général de la DATAR (Direction de l’Aménagement du Territoire et de l’Action Régionale)

Le vieillissement de la population et l’évolution de ladémographie, préoccupent toutes les sociétés, en par-ticulier nos sociétés occidentales, pour qui ces phé-nomènes constituent l’un des défis majeurs de ce siècle.De nombreuses études démographiques nous don-nent quelques indications sur ce que l’avenir pourraitnous réserver.

Perspectives d’évolutionSelon l’Organisation des Nations Unies, la popula-tion mondiale, qui compte 6,3 milliards d’habitants,devrait atteindre, en 2050, le chiffre de 8,9 milliards.Cette croissance démographique serait générale, saufen Europe où la population passerait, en 2050, de726 millions à 632 millions d’habitants. Ce phéno-mène de décroissance s’accompagnerait d’un vieillis-sement notable de la population dans les pays del’OCDE, où le pourcentage de dépendance des per-sonnes âgées devrait quasiment doubler d’ici 2050.A cette date, en France, les personnes âgées de plus de60 ans représenteraient 32% de la population contre12 % en 1950. Certes, il faut se méfier des projections démogra-phiques à 30 ans qui ont tendance à ne pas tenircompte des phénomènes de basculement, cependantelles nous fournissent quelques indications sur demain,tout en nous éclairant pour notre action.En revanche, sur le plan territorial, les projectionssont plus concrètes, elles permettent de déceler la per-manence ou le mouvement. A ce titre, la démogra-phie et le vieillissement ont été retenus comme sujetsprioritaires d’investigation par le conseil de prospec-tive et de dynamique des territoires de la DATAR. Sestravaux seront opérationnels fin 2005.

Le professeur Dumont et Michel Godet ont établi descartes qui nous renseignent sur les tendances d’évo-lution : clivages importants entre les départements,ruptures futures probables – consécutives à des com-portements migratoires changeants, forte attirancepour l’ouest… Si le vieillissement est source d’in-quiétude quel que soit le département, il constituenéanmoins un facteur de développement pour les ter-ritoires – les personnes âgées représentant aujourd’huiprès de 70 % de leurs ressources.

Mesures mises en placeDe ce fait, la politique d’aménagement du territoire àtravers les derniers CIADT (Comités interministérielsd’aménagement du territoire) a développé et soutenuplusieurs orientations. Celles-ci portent essentielle-ment sur la gestion locale des services publics concou-rant à favoriser une meilleure qualité de vie pour lespersonnes âgées et leur insertion dans leur environ-nement proche – quartier ou village. Depuis 2002, deux CIADT ont mis en place un cer-tain nombre de mesures qui préfigurent des politiquesplus adaptées au niveau de l’Etat et des collectivités ter-ritoriales. Le premier, en décembre 2002, désirantmettre l’accent sur les problèmes de santé, a demandéaux ministères chargés de la santé et des affairessociales d’appuyer le développement des services auxfamilles et aux personnes âgées en milieu rural et deveiller, en liaison avec les partenaires concernés, à laprise en compte de la santé et de l’action sociale dansles projets de développement des territoires ruraux. Il approuvait l’expérimentation de démarches localespartagées de santé, d’action sociale et médico-socialedans le cadre de projets de développement des pays etdes communautés d’agglomérations ou de communes.Il a donc décidé de consacrer 2 millions d’euros decrédits à cette expérimentation qui a particulièrementmobilisé les collectivités territoriales. En outre, le CIADT demandait le développement dusoutien aux maisons médicales et aux réseaux de pro-fessionnels sanitaires et sociaux. C’est sur ce dernierpoint que les projets ont le moins progressé. La cir-culaire interministérielle d’avril 2003, préparée parla DATAR, a mis en œuvre ces orientations. Parmi lesprojets, elle a retenu ceux qui visent à améliorer la

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mobilisation autour des moyens sanitaires et sociauxexistants, à la fois dans une optique de plus grandeefficacité et de qualité, tout en prenant en compte lesrelations entre santé, social et développement global.

Mobiliser compétences et énergies sur les territoiresIl ne s’agit pas d’expérimenter de nouvelles compé-tences territoriales notamment dans le domaine de lagestion des moyens, mais de contribuer à une meilleuremobilisation des compétences dans un contexte deproximité, en relation plus étroite avec les citoyens-usagers. L’objectif vise à améliorer le niveau globalde santé et d’autonomie de la population et de main-tenir, voire de renforcer sur ces territoires, leur popu-lation et leur attractivité. Pour cela, elle a énoncé certains principes :■ La territorialisation des politiques de santé et d’ac-tion sociale, dans un territoire de proximité.■ L’expérimentation d’un volet santé/social dans lespays, les communautés d’agglomération et urbaines. ■ La coopération et la coordination des acteurs concer-nés par la santé et le développement social, qu’ils relè-vent des institutions sanitaires et sociales ou d’autresdomaines (entreprises, loisirs, logement, culture, etc.).■ La recherche de synergie entre les politiques sani-taires et sociales et les autres politiques publiques.■ L’approche globale de santé (prévention, promotionde la santé et des soins), couplée avec le développementdurable (environnement et cohésion sociale).■ Une forte implication des habitants et de la sociétécivile dans le projet.■ L’expérimentation d’une démarche de concertation,d’analyse des besoins (diagnostic local partagé), dedétermination de priorités, d’élaboration d’un projetterritorial de santé et d’action sociale s’appuyant surune méthode d’évaluation. A ce sujet, il convient de signaler que les comités locauxd’information et de coordination gérontologiques (des-tinés à mieux coordonner les professionnels sanitaireset sociaux), mis en place par le ministère des affairessociales en partenariat avec les départements pour unterritoire avoisinant 50 000 habitants, peuvent soitconstituer le noyau initial d’une approche plus globalede qualité de vie, soit venir compléter cette approche.

Les démarches expérimentales concernant 71 sites,dont une vingtaine au moins en direction des per-sonnes âgées, ont permis d’engager une dynamiqueet de faire comprendre que la démarche territorialeavait tout intérêt à se coordonner sur le lieu même oùse posaient véritablement les problèmes.Les projets sont très variés et plus ou moins complexesselon le contexte et le public concerné. Par exemple,insertion de malades psychiatriques ou de personneshandicapées, élaboration d’un projet complet sur leterritoire en direction des personnes âgées ou de l’en-semble de sa population, politique territoriale de santéet d’action sociale… Une évaluation de la mise enœuvre de ces projets est prévue en 2005. Elle sera utilepour vérifier notamment le bien-fondé des principesqui sont à l’origine de cette expérimentation.Le territoire de proximité devient lieu de cohérence,de concertation, de coordination, de responsabilisa-tion des acteurs et des usagers et un cadre favorableà une meilleure efficacité ; la recherche de la qualitédevient valeur partagée à partir d’un meilleur usagedes moyens disponibles. Le territoire de projet permet une meilleure coordi-nation et synergie entre les différentes politiquespubliques de la santé et du développement social.

Vers une approche globale et coordonnéede la santé et des actions socialesPlus récemment, le CIADT de septembre 2003 aconfirmé la nécessité “d’une approche globale de santéet d’action sociale inscrite dans le développement ter-ritorial”.Les ministère des affaires sociales et de la solidaritéet de la santé ont été chargés de la mise en œuvre effec-tive de la coordination des intervenants exerçant surun même territoire en vue d’y développer des syner-gies entre l’approche globale de santé et les démarchesde développement.Dans le domaine social, le CIADT a adopté, en outre,le principe d’une coordination de l’action sociale desorganismes de sécurité sociale dans les territoiresruraux, principe repris dans le projet de loi sur ledéveloppement des territoires ruraux en cours d’exa-men à l’Assemblée nationale ; il recommande égale-ment le développement de l’offre de formation en

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faveur des salariés de l’aide à domicile, en liaisonavec les Conseils généraux.Ce CIADT a par ailleurs adopté diverses mesures des-tinées à faciliter l’installation des médecins dans leszones réputées déficitaires ; les collectivités localespourront leur apporter des aides financières “à l’ins-tallation”, complétant celles fournies par l’Etat et l’As-surance maladie. Vieillir dans son village, vieillir dans son quartier estdonc un objectif qui est réellement pris en comptedans le cadre des politiques territoriales. Beaucoupd’organismes s’en soucient aujourd’hui : la Fondationde France, les collectivités territoriales, la Caisse desdépôts et consignation, les associations, les caisses deretraite notamment. Votre initiative de Forum a l’im-mense mérite de permettre des échanges d’expérienceset un dialogue renforcé entre toutes les parties concer-nées. ■

Analyse croisée d’un géographe et d’un sociologue DOMINIQUE ARGOUDSociologue, Maître de conférences à l’Université Paris 12,Président du Comité Personnes âgées de la Fondation de France

JEAN OLLIVROGéographe, Maître de conférences à l’Université Rennes 2

Personnes âgées et territoires : état des lieux Dans le programme “Vieillir dans son quartier, vieillirdans son village - des aménagements à inventerensemble”, la Fondation de France, dès l’origine, aenvisagé la question du vieillissement sous son angleterritorial, car l’émergence de nouvelles réalités changela donne du problème.

Changements prévisibles d’un point de vuetemporelLa France, comme la plupart des pays développés,connaît un vieillissement rapide dont l’évolution estspectaculaire. “Entre 2000 et 2050, l’effectif des per-sonnes de 60 ans et plus devrait presque doubler,celui des 75 ans et plus tripler, celui des 85 ans etplus quadrupler”2. La diminution des naissances(même si l’indice de fécondité demeure plus élevéqu’à l’échelle européenne) et surtout l’augmentationde l’espérance de vie expliquent ce phénomène : lesplus de 60 ans, par rapport à la population totale,sont passés de 18,1 % en 1962 à 21,3 % en 1999– jusqu’à 29,4 % dans le Limousin. Le processus

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2. BONNET (M.) (Rapp.). Les personnes âgées dans la société. Aviset Rapports du Conseil Économique et Social, Les éditions des jour-naux officiels, 2001, 97 p (p. 8).

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aura tendance à s’accélérer sous le double effet del’évolution prévisible de la pyramide des âges et del’allongement de l’espérance de vie. Selon les prévi-sions, en 2035, l’espérance de vie sera de 81,9 ansen moyenne pour les hommes et de 89 ans pour lesfemmes (en 1950, elle était respectivement de 63 anset de 69 ans ; en 2000, de 75,2 ans et de 82,7 ans). En même temps, prudence ! Un indice synthétique defécondité remontant en flèche ou un renversement descourants migratoires peuvent inverser assez rapide-ment les dynamiques (Yves-Marie Laulan), tout ensuscitant d’autres enjeux – notamment celui de l’ac-cueil d’éventuelles populations étrangères.

Observations d’un point de vue spatialNous constatons que les mutations géographiquesse font à plusieurs échelles. En effet, si le phénomènede vieillissement est général, y compris au Japon etdans les pays du “tiers monde”, il est toutefois plusaccusé en Europe et en France.Certains phénomènes, comme le vieillissement deszones littorales par exemple, n’ont, pas été anticipés.D’autres, comme celui des couronnes périurbaines,ne sont, quant à eux, pas envisagés à leur juste valeur. On constate que le vieillissement est différencié selonles régions : zones littorales, villes, couronnes périur-baines où il est parfois accéléré, campagnes. D’où la nécessité d’une planification territoriale duvieillissement, conduisant à un renouvellement despolitiques. Sinon, on risque d’assister à une dissocia-tion des classes d’âge, en fonction de leur éloignementdu centre, et à la mise en place d’un certain “zoning”,voire au développement de “quartiers protégés”(Gated communities).Au-delà de la mixité spatiale, n’oublions pas l’impor-tance de la mixité intergénérationnelle ; les risquesde rupture entre générations, à différentes échelles,sont bien réels. L’objet du groupe de travail de laFondation de France est justement de croiser ce nou-vel état de fait territorial avec les enjeux d’une redé-finition des politiques sectorielles du vieillissement.

Face au vieillissement, quelles politiquespubliques ? Quelle prise en compte de ladimension territoriale ?La décentralisation a suscité, dans les années 80,l’espoir d’introduire une plus grande considérationdu territoire dans l’action sociale. En effet, au coursdes années 70, on a assisté à la prise de conscience dece que les politologues ont appelé “la crise de la sec-torialité”, signe de l’impuissance de l’action publiqueà transformer la réalité sociale, à cause notamment,de la sédimentation de filières administratives verticalesqui laissaient peu de place à la mise en cohérencelocale. Dans un tel schéma, le niveau local dispose depeu de marge de manœuvre pour innover. Autorisa-tions et financements dépendaient de cases adminis-tratives préétablies par le niveau central. Il était doncplus facile de se mouler dans les normes prédéfiniesque de se trouver confronté à une absence de soutiendes pouvoirs publics.Dans le champ de la vieillesse, la multiplication depolitiques sectorielles – cloisonnées et centrées sur lapopulation “cible” des personnes âgées, puis plus tardsur celle des personnes âgées dépendantes – a engen-dré une action gérontologique de moins en moinslisible, génératrice de dysfonctionnements et de sur-coûts. Compte tenu de la complexité des problèmes, ce moded’action s’avère de plus en plus inefficace. Le principaleffet pervers d’une telle logique est le “découpage” desindividus en fonction de champs d’intervention relati-vement étanches, alors que les besoins des personnesâgées nécessitent au contraire une réponse globale.Dans ces conditions, quelle politique du vieillissementest-il possible d’inventer ? Comment surmonter cesrigidités qui favorisent une inflation d’équipementset de services, au fur et à mesure de l’accroissement desbesoins, généré par le vieillissement démographique?

Quelle approche privilégier ?Face à l’éclatement de la catégorie “personnes âgées”,deux options sont possibles. La première consiste àaffiner la catégorie pour obtenir un meilleur ciblagedes prestations en direction des personnes nécessitantle plus d’aides. En témoigne le succès de la catégorie“personnes âgées dépendantes”, très présente dans

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les rapports et les discours des pouvoirs publics depuisla fin des années 80. Ce processus de catégorisationva encore plus loin puisque, au nom d’un meilleurciblage des prestations, on recourt à la grille AGGIRpour établir une distinction entre les personnes âgéesréellement dépendantes, (GIR 1, 2 et 3), donc recon-nues d’un point de vue médico-administratif commeayant droit à une prestation spécifique, et les autres,exclues de ce fait de la catégorie précédente.A travers l’opération “Vieillir dans son quartier, dansson village”, une seconde option se dessine. Il s’agitde faire abstraction des catégories ou publics-ciblespour mieux prendre en compte les caractéristiquesindividuelles et sociales des individus présents sur unterritoire donné. Autrement dit, le vieillissement n’estpas appréhendé comme un état défini à partir de cri-tères uniformes – l’âge en particulier – mais commeun processus concernant de manière différenciée l’en-semble des habitants. Une telle approche autorise uneaction publique plus ambitieuse – parce que plusproche de la réalité sociale – à condition toutefoisd’avoir un réel ancrage sur le territoire.

Quelle offre de prestations ?Concernant l’offre de prestations, il est possibled’adopter un raisonnement comparable à celui desmodes d’appréhension des besoins de la populationâgée. On a eu tendance ces dernières années à spé-cialiser l’offre de prestations, afin d’apporter desréponses précises à des problèmes identifiés plus fine-ment. Résultat, on dispose d’une palette de réponsesprédéterminées, parfois trop standardisées, pours’adapter réellement à une demande singulière et com-plexe. Par exemple, pour faire face aux difficultés rencontréespar certaines personnes âgées pour s’alimenter, on acréé des services de portage de repas à domicile. Cesservices peuvent effectivement apporter une aide, maisdans bien des cas ils ne satisfont qu’une part infimede la demande – souvent beaucoup plus complexe :isolement, désertification, éloignement des enfants…Les professionnels interviennent alors sur un problèmeprécis, l’alimentation, alors que pour être efficace, laréponse devrait être plus globale. Cela dépasse doncle champ d’intervention du professionnel, responsable

du portage de repas ; l’enjeu posé par la territoriali-sation de l’action gérontologique est bien là.En l’absence d’une telle prise de conscience, il est plussimple de se conformer aux catégories et normes exis-tantes. La décentralisation n’a pas fondamentalementmodifié ce processus. Depuis la loi du 6 janvier 1986,les départements ont la responsabilité de la politiquesociale vieillesse, mais ils sont également dépendantsdu cadre fixé au niveau central. Or, ces dernièresannées, nous assistons dans le champ de la vieillesse,à une intense production législative et programma-tique dont ni les collectivités ni les acteurs locaux nepeuvent s’affranchir : loi instituant l’APA, réforme dela tarification des établissements d’hébergement, loirénovant l’action sociale et médico-sociale, programmedit Alzheimer, plan Vieillissement et Solidarité, etc.Pour l’instant, face aux besoins gérontologiques crois-sants, on a bien mis en place un nombre importantd’équipements et de services en direction de cespublics, tout en instituant parallèlement des coordi-nations afin de réintroduire un peu de cohérencelocale. Mais viendra l’heure où il deviendra indispensabled’inventer une nouvelle approche, car le processusactuel s’apparente à un tonneau des Danaïdes.

Modification de la problématique du vieillissement La société française apparaît mal préparée à cette évo-lution. Le sujet du vieillissement a longtemps été“tabou” et donc assez peu étudié. Aujourd’hui, ondécouvre l’ampleur du sujet et les études se multi-plient. Nous devons nous interroger sur les raisonsde cette prise de conscience tardive et sur la validitédes concepts utilisés pour envisager les politiquespubliques et la décentralisation du vieillissement. LaFondation de France a été une des premières à s’yintéresser de près.Notre société a été plus que les autres obsédée par lanotion de vitesse, or les personnes âgées ne peuventplus, pour des raisons physiologiques, suivre cettecourse.La question du vieillissement se pose donc avec acuitédans un monde de plus en plus obsédé par le “justeà temps”, la “réactivité”, la “compétitivité”, le “retour

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sur investissement “, la “croissance immédiate”. Dansune société obnubilée par le phénomène de croissance,il y a d’un côté les actifs et de l’autre les inactifs. Peuà peu, on arrive à un schéma binaire qui masque lacomplexité des vieillir, traduite par une appellationde plus en plus sectorisée du phénomène et la créa-tion de multiples typologies : les vieux “ fringants”, letroisième et le quatrième âge, les personnes en fin devie, etc.Ces conceptions déclinées en amont perturbent cer-taines politiques. Au plan national, la question duvieillissement est souvent présentée comme un pro-blème – “le problème des retraites”, “le problèmedu déficit de la Sécurité sociale”3… – ce qui revient,comme le souligne Bernadette Puijalon, à envisagerla question du vieillissement sous un angle concep-tuel à la fois problématique et dévalorisant.Du coup, les politiques du vieillissement apparaissentsurtout défensives : “Retraites et dépenses de santé :qui va payer ?”. Il est incontestable que les dépensesde santé évoluent très rapidement avec l’âge – (si onprend un indice base 100 pour l’ensemble de la popu-lation, on passe d’un indice 127 pour la tranche 50-59 ans à un indice 169 pour les 60-69 ans, puis 280pour les 70-79 ans et 422 pour les 80 ans et plus).Toutefois, ces moyennes masquent de grandes dis-parités, avec l’inconvénient de présenter le vieillis-sement sous le seul angle de la “charge” financièreque font peser les personnes âgées sur l’ensemble ducorps social. L’enjeu est donc de créer, en amont, des actions éma-nant de groupes de pression intellectuels afin de chan-ger l’image du vieillir et de ne plus considérer ceparamètre naturel comme une fatalité posant pro-blème. Il convient notamment de dépasser une simplelogique globale, financière et quantitative du vieillis-sement, pour en venir à des conceptions nuancéeset plus exactes, parfois qualitatives : apport d’expé-rience, temps disponible dans une société pressée. Ils’agit de redéfinir et de revaloriser l’image des per-sonnes âgées et surtout de développer des politiques

territoriales adaptées à leur présence et tenantcompte, pour un grand nombre d’entre elles, de leurscapacités à porter un projet social.

Reconfiguration de nouveaux territoiresd’intervention, émergence de nouveauxacteurs Ces deux éléments favorisent une prise de consciencequant à la nécessité de prendre en compte ces nou-velles réalités et, plus globalement, de penser autre-ment la politique en direction des personnes âgées,favorisant la conception de politiques d’un genre nou-veau. Ces facteurs de changements, portés par la vieassociative et par les structures intercommunales, met-tent en évidence la double dimension cognitive et par-ticipative de ces nouvelles modalités d’action. Cepen-dant, ils se heurtent souvent à de profondes résistancesinduites par la prégnance d’un mode de gestion sec-toriel.

Une action publique locale de plus en plusinterpartenarialeLes processus d’élaboration de l’action publique localese modifient sensiblement pour laisser place à uneréflexion collective relativement ouverte, associant ungrand nombre d’organismes et d’opérateurs locaux.Quelques départements ont été pionniers, tous adop-tent aujourd’hui une démarche plus ou moins simi-laire : mise en place d’un comité de pilotage impli-quant les principaux acteurs institutionnels, groupesde travail thématiques ouverts aux professionnels. Lepoint de vue prépondérant du Conseil général etl’expertise purement technique s’effacent au profitd’une démarche plus partenariale. Ainsi émerge unenouvelle génération de schémas gérontologiques qua-lifiés de “participatifs”.Cette évolution du processus d’élaboration de la poli-tique vieillesse a contribué à modifier le contenu mêmedes orientations gérontologiques. Ainsi, les diversgroupes de travail locaux ont favorisé la création d’unespace public, lieu de parole et d’échange entre desacteurs n’ayant pas l’habitude jusqu’alors de se ren-contrer : professionnels du secteur médico-social, per-sonnels d’administrations différentes (organismes deprotection sociale, directions départementales de

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3. BICHOT (J.). in DUPAQUIER (J.), LAULAN (Y.-M.). La Franceen 2002 : bulletin de santé démographique, Revue de l’Institut deGéographie des Populations n° 8, 2002, p. 79.

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l’équipement, services sociaux du Conseil général),élus, ces derniers ayant une maîtrise du secteur socialplus grande qu’auparavant.Progressivement une culture gérontologique s’est for-gée dans des lieux avec un réseau d’acteurs sensibili-sés à ces questions. Les liens ainsi créés entre acteursd’horizons professionnels et institutionnels différentsfavorisent l’émergence de problématiques transver-sales, au-delà de la seule question des équipements etservices aux personnes âgées. Tous ces éléments génè-rent incontestablement des dynamiques locales. L’asso-ciation d’une telle diversité d’acteurs est propice à uneévolution des référentiels dominants qui guident l’ac-tion gérontologique. Ainsi, certaines politiques gérontologiques localescommencent à remettre en cause l’approche trop“homogénéisante” de la population âgée et l’inadap-tation, voire la stigmatisation, qu’entraîne une poli-tique centrée sur une catégorie d’âge. Contrairementau passé, il est moins rare aujourd’hui d’aborder,notamment dans les schémas gérontologiques, lesquestions de l’isolement des personnes âgées, del’accessibilité en milieu urbain, du transport en milieurural…Les spécificités du territoire dans les politiques localesde la vieillesse commencent à être mieux prises encompte. De plus en plus, les schémas préconisent,pour une mise en œuvre de la politique gérontolo-gique en direction de ces publics, la création de bas-sins de vie fondés sur des zones géographiques cor-respondant à une réalité sociale et non plus sur descirconscriptions administratives. Plus globalement, leredécoupage pratiqué par les départements en matièred’action sociale et de coordination gérontologiquetémoigne d’une volonté de mieux prendre en compteles réalités locales.

Des professionnels force de propositions La recomposition de la scène gérontologique a vul’émergence, en tant qu’acteurs nouveaux, de profes-sionnels de l’action gérontologique (gestionnaires destructures et de services, travailleurs sociaux et médico-sociaux, responsables de services hospitaliers…), quinaturellement, préexistaient aux lois de décentralisa-tion. Excepté quelques endroits en France marqués

par une forte culture gérontologique, leur rôle restaitjusqu’alors limité. Leur action, souvent cantonnéedans des tâches de gestion, n’influait guère sur lesorientations des politiques locales de la vieillesse. L’ac-tion collective était surtout un moyen pour obtenirdes arrangements par rapport à la règle. Les profes-sionnels, en montrant patte blanche et en se confor-mant aux cadres fixés par l’administration, obtenaientle plus souvent des subsides.Or, l’émergence des professionnels en tant qu’acteurssignifie que, progressivement, par leurs actions, ilsacquièrent une dimension collective suffisammentforte pour accéder à la scène politico-administrativelocale. Surtout, ils ne sont plus simplement dans uneposition de récepteur, voire de négociateur d’une poli-tique. Ils sont en mesure de contribuer à l’élaborationd’actions gérontologiques qui ne peuvent être assi-milées à la simple mise en œuvre de politiques natio-nales ou départementales.Certes, la décentralisation a engendré un éclatementdes circuits décisionnels. Mais les professionnels peu-vent jouer de cet émiettement pour nouer de nouvellesalliances leur permettant de mener à bout une initia-tive. Aujourd’hui, de nombreux organismes manifes-tent des velléités d’influer sur l’action gérontologiquelocale : caisses régionales d’assurance maladie, caissesde mutualité sociale agricole, conseils régionaux…Ainsi sont nées beaucoup d’innovations locales : petitesunités de vie, accueils de jour, services de garde itiné-rante de nuit, etc. En se substituant aux logiques tuté-laires – qui garantissaient une stabilité, moyennantune relative immobilité du dispositif– les logiques par-tenariales offrent des marges d’action plus impor-tantes mais beaucoup plus instables. Ce récent pouvoir, acquis par les professionnels dansun contexte budgétaire pourtant peu propice auxinnovations, s’explique également par le dévelop-pement d’une culture gérontologique d’un genrenouveau qui échappe aux appartenances institu-tionnelles traditionnelles. Alors que le secteur géron-tologique était plutôt pauvre en lieux d’échange etde réflexion, on assiste à une multiplication des col-loques et journées d’études locales et nationales. Detels réseaux favorisent la stimulation des opérateurset le jeu des alliances qui peut parfois se retourner

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contre les pouvoirs publics confrontés, dans certainessituations, à des contre-pouvoirs inter-institutionnelset que les élus locaux ne sont plus en mesure de régu-ler comme auparavant. Il en résulte une multiplica-tion des lieux d’élaboration des normes. La décen-tralisation a facilité la création de réseaux horizontauxd’acteurs de terrain qui, dans le conflit et l’échange,négocient des normes et des règles produisant de mul-tiples réalisations, apportant des réponses locales auvieillissement.

Nouveaux territoires, nouvelles dynamiquesSur ces nouveaux territoires, apparaissent des dyna-miques territoriales adaptées à la vie quotidiennes despopulations.Un des enjeux, comme l’a déjà réalisé la Fondationde France, consiste à partir des territoires du “vieillir”,de quitter une vision “indivisible” et de parvenir à laréalisation de politiques plus nuancées, notammenten ce qui concerne la répartition des services publicset, plus largement, en prenant en compte le principede la construction territoriale.L’analyse conduit à une réflexion prospective sur levieillissement au niveau des territoires en sachant queles politiques publiques à mener sont nettement dif-férentes selon ces territoires. Surtout, au-delà d’unesimple stratégie de “gestion”, comme le souligneB. Puijalon, il faut déboucher sur une stratégie de“projet” permettant de redéfinir par le territoire laplace des personnes âgées dans la société. Nous devonsinclure les temporalités et modifier certains anglesd’attaque conceptuels comme, par exemple, le rap-port à la mort. Le territoire permet la capitalisationdes temps passés.Un autre enjeu, au plan territorial, est sans doutel’adaptation des politiques publiques à la vie quoti-dienne des populations. Il faut noter l’importance descommunautés de communes et surtout des “pays”pour les personnes âgées. On pourrait imaginer uneopération pilote sur un territoire vieillissant. Elle per-mettrait, d’ici 20 ans, de caler sur l’ensemble de laFrance les politiques publiques en connaissance decause, en bénéficiant des acquis d’une politique opé-rationnelle.

Nouveaux modes d’appréhension des besoins et de construction de l’offreConsidérant que, dans un contexte de vieillissementdémographique, les besoins sont potentiellement trèssupérieurs à l’offre, les collectivités locales sont ten-tées de faire, avant tout, la photographie de leurpopulation âgée puis de démontrer qu’elles sont“dans la moyenne”, c’est-à-dire que les différentstaux d’équipement ne trahissent aucun “retard” deleur politique vieillesse, par rapport aux départe-ments voisins.Aujourd’hui encore, beaucoup d’équipements et deservices gérontologiques sont mis en place sur la based’indicateurs illusoires. Ainsi par exemple, l’exis-tence de listes d’attente pour entrer en maison deretraite témoigne-t-elle du besoin réel d’agrandir oude construire une nouvelle structure pour personnesâgées ? La réponse est positive dans une logique nonterritoriale. En effet, il suffit de ne pas développerles services d’aide au maintien à domicile et d’ou-vrir la structure à des populations provenant de can-tons voisins pour légitimer, de facto, le besoin d’untel d’équipement. Dans cette logique, les enquêtes de besoins ont contri-bué à déterritorialiser l’individu vieillissant à partird’un certain nombre de variables-clés. Les respon-sables politiques et administratifs ont souvent suc-combé à une telle définition des besoins car elle per-met d’avoir connaissance d’une réalité simplifiée surlaquelle il devient possible d’agir, à partir d’une ins-tance centrale. Ainsi, malgré un discours favorable à une meilleureprise en compte des besoins locaux, l’analyse des sché-mas gérontologiques révèle par exemple que les dépar-tements évaluent les besoins en établissements d’hé-bergement par le biais de méthodes ne laissantgénéralement pas de place aux contextes locaux. C’estle cas de ceux qui recourent à une projection du tauxd’équipement actuel sur le nombre prévisible de per-sonnes âgées pour les années à venir. Le phénomèneest parfois amplifié quand les experts intègrent uneprévision d’accroissement du nombre de personnesâgées dépendantes, considérant implicitement que ladépendance induit automatiquement une demanded’hébergement en institution. Le succès de telles

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approches des besoins locaux témoigne de la diffi-culté des experts et des techniciens de l’action socialelocale à concevoir une vision moins technocratiquede la demande sociale. Concrètement, ils ont tendanceà identifier les besoins en codifiant la demande à tra-vers une grille de lecture en grande partie prédéter-minée et orientée par l’offre.Mais en s’interrogeant sur les attentes de la popula-tion âgée locale, il devient possible de construired’autres indicateurs et, par là, d’orienter différem-ment le type d’offre proposée. Or, peu d’études qua-litatives ont été réalisées pour mieux comprendre lesdynamiques territoriales d’approche de la vieillesseaboutissant à des interactions offre-demande sensi-blement différentes d’un lieu à l’autre. L’opération“Vieillir dans son quartier, dans son village” démontrepourtant qu’il est possible de “voir” les besoins locauxsous un autre angle. L’irruption de nouveaux acteurss’intéressant à la problématique du vieillissement yest sans aucun doute pour quelque chose. Ceux-ci,qui ne proviennent pas nécessairement du secteurgérontologique, sont plus volontiers porteurs d’uneautre manière d’appréhender les besoins locaux.Concrètement, ils ont tendance à remettre en ques-tion le processus de construction sociale des besoinsconsistant à simplement codifier la demande.

Une approche différente pour un territoirepertinent défini par les acteurs locauxLa recomposition actuelle des territoires dans le sensd’une plus grande intercommunalité renforce cetteapproche différente. Un tel mouvement, s’il se pour-suit, est porteur de changements qui pourraient modi-fier le sens donné à la territorialisation, jusqu’à pré-sent surtout perçue comme le rapprochement desniveaux de pilotage et de mise en œuvre des poli-

tiques publiques. Mais la territorialisation peut aucontraire signifier que ce sont les acteurs locaux eux-mêmes qui définissent le territoire pertinent et éla-borent des actions permettant de répondre auxbesoins identifiés, le département se contentant dansce cas d’apporter un soutien adapté. Cette concep-tion du territoire est d’ailleurs explicitement celledéfendue par la loi d’orientation pour l’aménage-ment et le développement durable du territoire du25 juin 1999, qui encourage le développement deregroupements intercommunaux sur la base d’espa-ces locaux cohérents.Une telle restructuration du processus d’élaborationde l’action gérontologique peut faire de la territo-rialisation, non plus le moyen de décliner la politiquedépartementale/nationale, mais le lieu de consolida-tion des initiatives locales. Surtout, les démarchesintercommunales sont amenées à élargir considéra-blement le cercle des acteurs conviés à définir la poli-tique vieillesse. Or l’expérience des schémas géron-tologiques montre que l’implication d’acteursnouveaux, notamment non issus du secteur de lavieillesse, constitue un puissant vecteur pour faireévoluer le référentiel de la politique gérontologiquelocale. En l’occurrence, les objectifs de développe-ment local et de consolidation d’un lien social plusintergénérationnel pourraient devenir primordiauxau détriment d’une vision centrée sur la médicalisa-tion et la stigmatisation de la vieillesse. Ces axes, quel’on voit apparaître dans les schémas départemen-taux les plus récents, valorisent un éventail plus largede figures, moins focalisées sur la vieillesse et sur ladépendance, que sur le vieillir. Un espoir donc pouréviter que le secteur gérontologique ne s’enferme dansune logique de prise en charge, à laquelle le poussela dépendance des personnes âgées. ■

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Pour une politiqueterritoriale du vieillissementPATRICE LECLERCResponsable du programme Personnes âgées de la Fondation de France

Rompre l’isolement des personnes âgées, leur redon-ner les moyens de participer à la vie de leur quartier,de leur village, tels ont toujours été les grands principesd’intervention de la Fondation de France en directionde ces publics. Ces objectifs, invariants dans un envi-ronnement sans cesse en mutation, évoquent desvisages de la vieillesse bien différents selon les époques.Ainsi, dans les années 70, le paysage est tout autre.Pour la plupart des personnes, le seuil fatidique des60 ans constitue un véritable passage : l’entrée dansla sphère du troisième âge est synonyme de la vieillesse.Pour la première fois dans la société, un sens, pourcette période de vie relativement courte, juste avant lamort, est à inventer. Face à l’isolement, à la perted’identité sociale des nouveaux retraités, la Fonda-tion de France a soutenu de nombreux projets : ins-tallation du téléphone, création de clubs et d’univer-sités du troisième âge…Très vite, en quelques années, sous l’émergence d’uneréalité plus complexe, l’image du troisième âge semodifie. Dans les années 80, le vieillissement s’affirmeet, surprise, le temps de vie à la retraite s’allonge, les“vieux vieillissent”. Leur accompagnement pose denouvelles questions. On parle dès lors des personnesâgées dépendantes. Avons-nous déjà oublié le vocabulaire en vigueur :hospice, asile, pensionnaire ? Au square de Nanterre,s’affichait encore en 1980, l’inscription : “Interdit auxchiens et aux pensionnaires de l’hospice”.Exclus de la ville, ces vieux indigents étaient désignésnon seulement comme des intrus mais ils étaient leplus souvent, accueillis et logés dans des conditionsinacceptables.

Comment changer la vie en institution, permettre uneoffre diversifiée de lieux de vie ? Comment changerle regard sur les personnes âgées, leur permettre devieillir à domicile? Autant de questions cruciales pourla Fondation de France.

Inventer, soutenir et accompagnerDe nombreux chantiers, toujours en cours aujour-d’hui, sont réalisés dans le même objectif : replacer laparole des personnes âgées au cœur des projets. Inven-ter de nouvelles pratiques respectant toujours davan-tage la dignité des personnes et accompagner profes-sionnels et bénévoles ; concevoir et soutenir denouveaux lieux d’accueil, plus humains, en lien avecle quartier, le village (soutien à la création de Petitesunités de vie, de domiciles collectifs, d’appartementsregroupés, de maisons de quartier, d’hébergementstemporaires, d’accueils de jour). L’évolution des modalités d’accompagnement réali-sées par les acteurs médico-sociaux a ainsi permis dediversifier et d’améliorer les réponses. Nombre d’entreelles paraissent pourtant encore insatisfaisantes faceà la révolution démographique qui se prépare. Jus-qu’à quand considérerons-nous la vieillesse commeun état figé, englobant aujourd’hui plus de 12 mil-lions de personnes de plus de 60 ans, 21 millions en2035 ? Jusqu’à quand continuerons-nous à penser que la ges-tion des personnes vieillissantes concerne uniquementla sphère médico-sociale ? Les acteurs de la géronto-logie portent également une responsabilité dans cettesituation car ils se considèrent souvent comme seulsexperts de la vieillesse.Or les enjeux du vieillissement sont encore trop rare-ment pris en compte dans les politiques locales et ter-ritoriales. Comment est-il encore possible aujourd’hui de menerune politique dans les quartiers, dans les villages sansintégrer cette question majeure du vieillissement deshabitants, des citoyens, des électeurs ?

Vieillir autrementComment penser la ville, l’agglomération et les paysde demain sans prendre en compte cette réalité et lesattentes des habitants eux-mêmes ? Nous vieillissons

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toujours à une époque donnée, dans un contexte par-ticulier. Le temps et l’espace deviennent deux facteursessentiels qui doivent être pris en compte pour “vieillirautrement”. C’est tout l’enjeu de cette nouvelle approche territo-riale et le programme “Vieillir dans son quartier, dansson village” vient ré-interroger toute la logique de lapolitique vieillesse construite principalement sur labase d’établissements et de services destinés à cettecatégorie d’âge : les personnes âgées.En effet, le processus du vieillissement reste encoreessentiellement sous-tendu par des représentationsnégatives : perte d’autonomie, de vie sociale…Cette approche réductrice engendre des réponses quideviennent bien souvent des contraintes pour les col-lectivités. Toutefois, lorsque ces dernières ont penséce processus dans son ensemble, ces images négativesse sont modifiées grâce à un éventail de nouvellesréponses. Ainsi, le phénomène démographique inté-gré différemment dans les politiques locales, ouvredes perspectives en termes de potentiel social maisaussi en termes de politique de prévention.La démarche “Vieillir dans son quartier, dans son vil-lage” démontre que le “vieillir” sur les territoiresurbains ou ruraux se traduit aujourd’hui par des réa-lités et des réponses différenciées. Par ailleurs, lorsquecette approche du vieillissement considéré comme pro-cessus fait partie intégrante du projet, elle conduitnécessairement à innover localement et à faire émer-ger de nouveaux maillages partenariaux.

Des enjeux clairement perceptibles Continuer à pouvoir vieillir dans un territoire oùvivent également des personnes plus jeunes est un sou-hait légitime. Imaginons le pire, on pourrait privilégierdes zones, des secteurs, en ville ou à la campagne,“réservés” à des publics sélectionnés en fonction deleur âge et de leurs capacités ; on développerait à leurintention des modes de transports, d’habitat et desoffres de services spécifiques. On assiste d’ailleurs déjàà l’éclosion de tels projets. Cette formule faciliteraitsans doute l’organisation d’une multitude de services“adaptés” à chaque profil de population. Nous pou-vons néanmoins nous interroger sur l’impact de cette“ghettoïsation” sur la société dans son ensemble.

Quelles possibilités de développement pour ces per-sonnes privées d’une nécessaire confrontation avecl’altérité ? Quelles possibilités de projections dansl’avenir pour les plus jeunes en l’absence de racines,de partage de mémoire collective et de représentationdu parcours de vie dans son intégralité ?La question de la citoyenneté et de l’accès au droit,fréquemment ré-interrogée à travers les projets accom-pagnés par la Fondation de France, rejoint celle de lareconnaissance de la citoyenneté de l’individu vieillis-sant. La personne âgée conserve-t-elle sa citoyennetéou celle-ci se réduirait-elle de concert avec la baissede ses capacités ou la diminution de ses rôles sociaux?

Le territoire, une entité à taille humaineTous les territoires de vie sont en mutation : repères,modes de fonctionnement et relations des habitantsau territoire changent. La mobilité est un facteurdéterminant sur la manière d’habiter le monde etsa place dans le tissu social. Que l’on vive en milieurural, urbain ou périurbain, riche ou pauvre, d’ori-gine ou de cultures différentes, ces mutations n’au-ront pas la même incidence sur le devenir de chacun.Dans ce paysage, la commune reste une entité forteet aisément repérable par les habitants âgés. Lesprojets doivent donc s’inscrire dans des configura-tions de territoires pertinentes pour la conduite d’ac-tions concrètes et compréhensibles. Quant auxformes d’accompagnement envisagées, on veilleraà ce qu’elles les maintiennent ancrés dans un envi-ronnement qui préserve leurs repères, facilitent leurvie quotidienne et leur donnent du sens à vivre.Comme en témoigne la démarche “Vieillir dansson quartier, dans son village”, deux types de ter-ritoires pertinents commencent à émerger pourengager une dynamique locale et intercommunale :les communautés de communes et les communau-tés d’agglomération. Elles offrent en effet deuxéchelles intéressantes pour la prise en compte dutransport, de l’accessibilité et de la mobilité rési-dentielle. Les espaces de vie, les espaces écono-miques et culturels sont de plus en plus à géomé-trie variable et accentuent la nécessaire mobilitédes habitants. La multiplicité des motifs de dépla-cement en est l’illustration. Penser l’organisation

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à l’échelle strictement communale, induit auto-matiquement une limitation dans les possibilitésd’accès aux différents services.

De nouveaux défis pour les territoiresLe “vieillir” concerne tous les acteurs et tous les ter-ritoires : pays, communautés de communes, agglo-mérations. De nouveaux enjeux se dessinent. Les ter-ritoires peuvent en effet, être considérés comme uneentrée potentiellement refondatrice d’une action géron-tologique de terrain. Leur devenir est, avant tout, unequestion de qualité de vie pour l’ensemble des habi-tants. Elle nécessite une approche transversale desquestions inscrites dans un cadre de gouvernance desterritoires. Il s’agit bien de passer “d’un territoire àprojets” à “un projet de territoire” qui intègre la placedu citoyen et son devenir. Ce passage d’une politique sociale vieillesse à une poli-tique territoriale du vieillissement nous invite à entrerdans une phase de découverte du vieillir avec tous lesacteurs, y compris les habitants vieillissants eux-mêmes. En effet, il s’agit bien de découverte : quandon parle de l’expérience des vieux, on oublie qu’ilsn’ont pas celle de vieillir. En explorateurs de leur propre “vieillir”, ils sontdevant nous avec leur âge, leur parcours de vie et avecnous, pour défricher un chemin que nous sommesaussi amenés à parcourir. Lorsqu’on évoque le village,surgissent nos souvenirs, nos représentations liés ànotre histoire, à notre âge, à notre génération. Pourla personne de 60 ans, de 80 ans ou 100 ans il recouvreune réalité autre. Les habitants âgés disent souvent

en parlant de leur village ou de leur quartier : “Je nereconnais plus mon quartier ; il y a des immeubles àla place des anciennes maisons ; je ne connais pluspersonne”. “ J’ai toujours vécu ici ; je suis l’anciennede la rue : c’est mon monde”. Que sont nos villages et quartiers devenus? Les bellesimages des livres de lecture ont jauni. Afficher une politique prenant en compte le vieillis-sement est encore trop souvent considéré commesynonyme de déclin économique, de perte de vitesse,de léthargie. Tout reste également à découvrir et àinventer dans les nouveaux espaces de décision etde projet entre le social, l’économique, l’urbanismeet l’habitat. Avec le programme “Vieillir dans son quartier, dansson village”, la Fondation de France entend donner despistes de réflexion et continuer à améliorer la vie despersonnes vieillissantes. Au travers de cette dynamique territoriale, l’enjeu estle changement de regard des professionnels, des éluset de la société civile sur le vieillissement. Commenous l’avons fait pour les Petites Unités de Vie parexemple, avec une réflexion basée sur la diversifica-tion des lieux d’accueil pour les personnes âgées (consi-dérant que le lieu de vie n’est pas synonyme de litsmédicalisés), aujourd’hui il convient de s’interrogerpour inventer ensemble les politiques de demain. Il s’agit donc de nommer le vieillissement, sans cetteréférence systématique à la notion de dépendance,coût et charge pour les générations à venir –mais asso-cié à une image de richesse, facteur de développementlocal, solidaire et durable. ■

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

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TERRITOIRES ET VIEILLISSEMENT

Table ronde Territoires etVieillissement

Le Conseil régional Rhône-Alpes amené, en partenariat avec la Fon-dation de France, un programmepilote – l’échelon régional n’étantpas nécessairement considéré parles pouvoirs publics comme le pluspertinent pour s’intéresser aux pro-blématiques du vieillissement.® “La prise en charge despersonnes âgées peut êtredébattue dans le cadre d’unConseil régional, notamment dufait du repositionnement opérépar la loi du 13 août 2004. Les régions travaillent sur laterritorialisation des politiques.Ce projet n’est pas un programmed’aide individuelle aux personnesâgées. Il a pour base les besoinsdes territoires, qui selon leurtaille, rencontrent desproblématiques variées. Rhône-Alpes innove avec des actions detourisme adapté qui ne concernentpas seulement l’accessibilitéd’établissements, mais lalabellisation d’un territoire, c’est àdire d’un bassin de vie. Il apparaîtintéressant, dans ce cadre,d’étudier la plus-value du Conseilrégional par rapport à celle desConseils généraux.”

MARIE-ODILE NOVELLIVice-présidente du Conseil

régional Rhône-Alpes.

“Vieillir au village” regroupe desélus de communes de la Drôme,Roanac et Puy-Saint-Martin, desprofessionnels et un réseau de béné-voles, pour accompagner les per-sonnes âgées de plus de 75 ans quiveulent vieillir chez elles.® “Ce programme a été impulsépar le CCAS il y a six ans,

à partir de l’expression directedes besoins des personnes âgéesde Puy-Saint-Martin Il est actifdepuis près de trois ans et necesse de prendre de l’ampleur. Il associe les habitants de deuxvillages pour créer un réseau de“veilleurs” – maillage social sur le territoire – autour despersonnes âgées. Nous avonsréalisé que la société avait aussiévolué à la campagne. Ainsi,notre petit village, avec un grandnombre de résidencessecondaires, est confronté, enhiver notamment, à l’isolementdes personnes âgées d’un secteur.Le réseau de veilleurs, composéde bénévoles répartis surl’ensemble du territoire, peutintervenir directement ouindirectement auprès d’elles pourprendre et donner des nouvelles,maintenant ainsi une dynamique d’échanges.”

FABIOLA DE FALCOPrésidente “Vieillir au village”

Puy-Saint-Martin (Drôme)

“Mobilité des aînés en milieu rural”est née d’une demande de trans-ports des habitants d’Hermiès (Pas-de-Calais), à l’initiative de l’ASTIBet l’ASTRIM, deux associationscréées en 2001 par des élus locauxet des professionnels de santé. Apartir d’un certain âge, les per-sonnes ont tendance à se résignerà l’isolement, géographique et psy-chologique, il faut inverser cettetendance.® “Ce projet de navette couvre un territoire de quatrecommunautés de communes(40 000 habitants) ; c’est un

Territorialisation despolitiques, importance despartenariats à mettre en placeafin d’optimiser les réponsesaux besoins répertoriés, tellessont les grandes thématiquesdéveloppées avec les invités4

au cours de cette rencontre.En filigrane, l’indispensableprise en compte de la paroledes personnes âgées et desdroits de l’homme, lesinsuffisances del’aménagement du territoireet les enjeux del’interdisciplinarité.

4. Fabiola de Falco, Présidente “Vieillir auvillage” - Puy-Saint-Martin (Drôme)Paulette Guinchard-Kunstler, PrésidenteAgence d’urbanisme de Besançon, député duDoubs David Carlier, Directeur Association ASTIB- Hermiès (Pas-de-Calais)Evelyne Petit, Directrice du CCAS - “Habi-tat Senior”, BelfortMarie-Odile Novelli, Conseil régional Rhône-Alpes - Vice-présidente de la Solidarité, de laPolitique de la Ville et du Logement

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service de transport en voiture,flexible et adaptable. Nouseffectuons environ 300 transportspar mois pour 200 adhérents :personnes âgées, bénéficiaires duRMI, demandeurs d’emploi,femmes au foyer et enfants. Il présente, en outre, l’avantagede favoriser des échanges entreces différents publics au cours des déplacements.”

DAVID CARLIERDirecteur de l’ASTIB

à Hermiès (Pas-de-Calais)

“Habitat Senior”, vise à améliorerl’accessibilité de certains immeublesHLM. Il a été mis en place par deuxcollectivités, la Ville de Belfort etl’Office départemental HLM, pourrépondre au souhait des personnesde vivre le plus longtemps possibleà leur domicile.® “Après un premier travail de repérage des “maisons deretraite de fait”, c’est-à-dire des habitations où la majorité des habitants ont plus de 60 ans,puis, avec l’aide de la Cram, nousavons rencontré des personnesâgées pour comprendre commentelles vivaient et quels étaient leurssouhaits et leurs besoins (services,contacts). Nous avons mis enœuvre un programme dans unetour de 118 logements occupés à 56% par des personnes de plusde 60 ans. Il concerne :l’accessibilité de l’immeuble,l’adaptation des logements et lacréation d’un espace d’animation.Le réaménagement de troislogements du rez-de-chaussée en a rendu possible leurtransformation en espace de

la Fondation de France, sixcommunes ont souhaité travaillersur leur politique liée auvieillissement. Alors que tous les élus étaient convaincus de la nécessité de mettre en place des établissements ou des servicesspécialisés, il est apparu que lespersonnes âgées étaient surtoutpréoccupées par le fait de sortirde chez elles en toute sécurité(aménagement des accès). Untravail sur le lien entre le chez soiet l’extérieur doit donc êtremené.”

PAULETTE GUINCHARD-KUNSTLERPrésidente Agence d’urbanisme

de Besançon

® “Le travail mené par le Conseilrégional Rhône-Alpes, porte surdeux axes : anticiper lesphénomènes de vieillissement et les besoins qu’il engendre etpartir des territoires, qu’ils soientformels ou plus pragmatiquescomme les bassins de vie. Sur le premier point, nos résultatsne sont pas satisfaisants. Nousavons, toutefois la volonté de mettre en réseau toutes lesinformations ayant trait à cettequestion. Le programme d’appelsà projets lancé en partenariatavec la Fondation de Francepermet, en revanche, ce travail à partir des territoires et desbesoins exprimés par lespersonnes âgées.”

MARIE-ODILE NOVELLI

Cette problématique de prise encompte des besoins exprimés parles personnes vieillissantes rejointceux des droits de l’homme.

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

rencontres, à destination despersonnes âgées de l’immeuble et du voisinage.”

EVELYNE PETITDirectrice du CCAS de Belfort

Bien que les politiques classiquesde prise en charge ne soient plusadaptées aux “nouvelles” per-sonnes âgées, les décideurs ne sem-blent pas avoir pleinementconscience de cette révolutiondémographique et de ses implica-tions en termes de nouvelles poli-tiques territoriales. On constatenotamment que peu sollicitée, laparole des personnes âgées qui res-tent des adultes, n’est pas toujoursentendue. Les modes de prises encompte du vieillissement ont étéréexaminés par l’Agence d’urba-nisme à la lumière des décisions desélus de l’agglomération de Besan-çon.® “Nos politiques publiques ne pourront aller plus loin dans la prise en compte des personnesâgées que si un travail culturel de fond est mené parallèlement,pour faciliter la rencontre dumonde sanitaire avec le mondesocial et avec celui de l’urbanismeet du développementéconomique. Dans cette optique,en Franche-Comté, nous avonsmis en place un Institut derecherche sur le vieillissementpour faciliter ces rencontres.Nous devons, par ailleurs, nousdoter de moyens pour mesurer les évolutions des besoins despersonnes âgées. Les élus ont besoin d’aide dans ce domaine. Dans le cadre denotre expérience avec

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® “Une étude sur lamaltraitance des personnes âgéesréalisée lorsque j’étais auGouvernement, a mis enévidence le confinement, ycompris psychologique, despersonnes âgées – ces dernièresayant intégré le fait que leur voixne peut pas être entendue. Sinous, les élus, parvenons à faireentendre ces demandes au niveaude nos politiques d’urbanismelocales, nous pourronsprofondément faire changer la logique d’organisation de viedes gens âgés. Le seul moyen de répondre à la question de la rencontre des champs du social et de la décision est de l’aborder d’un point de vuede développement économique, en termes de création d’emplois.Aujourd’hui, je l’évoqueégalement en termes de droits de l’homme.”

PAULETTE GUINCHARD-KUNSTLER

Comment ces micro expériencespeuvent-elles aider à définir unepolitique du vieillissement plus glo-bale ? Sachant que les petits dépar-tements seront appelés à en faireencore davantage alors qu’ils dis-posent d’un potentiel fiscal moin-dre, une politique de solidaritéparaît indispensable au niveau duterritoire.® “Nous avons engagé unedémarche de développementdurable autour de quatre axes :le développement solidaire,économique, environnemental et la bonne gouvernance. Ces projets s’insèrent dans despolitiques contractuelles : le

grandes valeurs et mettons en placedes actions très concrètes sur le terrain, mais nous rencontronsdes difficultés à faire passer le message au niveau politique.”

FABIOLA DE FALCO

Quant à la transdisciplinarité, lesréflexions menées sur le terrainsemblent rejoindre les probléma-tiques politiques actuelles. ® “Cette question est sans doutela plus importante de ce début desiècle. A mon sens, il s’agit dutravail prioritaire des Conseilsrégionaux. Nous pourrons ainsidépasser l’éclatement de notresociété. Enfin, je partage votrepoint de vue sur le fiasco del’aménagement du territoire.J’estime tout de même que lesdépartements ont également àapporter aux autres. Le plus important c’estl’expression des expériences àvaloriser. Elle permettral’évolution des mentalités.”

PAULETTE GUINCHARD-KUNSTLER

® “Je retiendrai de vos proposque la région doit être le lieu demutualisation des bonnesexpériences, de mise encoordination des acteurs etd’anticipation des besoins.S’agissant de l’évolution desinstitutions, il nous reste uncertain chemin à parcourir,notamment dans le sens d’unemeilleure péréquation fiscale etdu respect du droit à la personne.Ces questions doivent être portéessur l’agenda politique par lasociété civile.”

MARIE-ODILE NOVELLI

TERRITOIRES ET VIEILLISSEMENT

territoire doit valoriser ces microprojets et les porter au Conseilrégional qui leur offrira desfinancements.Jusqu’à présent, les contrats de développement portés par lesrégions étaient essentiellement axéssur l’économique, les questionsd’ordre social rencontrantdavantage de difficultés à se faireentendre. Notre volonté est biend’inciter les territoires à se lesposer ; tout commence par undiagnostic social.”

MARIE-ODILE NOVELLI

® “Aujourd’hui, nous,responsables politiques, avonsun travail à mener pour que laparole des gens âgés soitentendue et respectée. Il s’agit dechoix politiques. Je me suis,pour ma part, battue àl’Assemblée nationale pour queles Coderpa et les Corerparestent sous la responsabilitéconjointe de l’Etat et desdépartements ou des régions.Enfin, nous devons faireattention à ce que la parole despersonnes âgées ne soit paskidnappée par les professionnelset les familles. La situationévolue. Vos projets sont porteursd’éléments qui dépassentlargement le champ de lavieillesse, ils ont trait auchangement de la société.”

PAULETTE GUINCHARD-KUNSTLER

® “Cette question des micro-territoires nous concerne. Nousconstatons que les informationsremontent très difficilement. Noussommes, en effet, investis de

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Echos d’acteurs

d’autres sont à créer.Grâce à l’implication deshabitants et à la présence d’unréférent – dont le rôle estd’évaluer le besoin, decoordonner, d’orienter et sesécuriser – ceux qui le souhaitentpeuvent rester vieillir chez euxdans des conditions d’entourageet de proximité qui donnent unsentiment de sécurité comparableà celui d’une structured’accueil.

FABIOLA DE FALCO

Nous avons utilisél’argument de l’utilité

sociale sur trois plans : ledéveloppement de chaquepersonne, sa participation à lasociété et la mise en place dedynamiques collectives. Le travailengagé s’appuie, en effet, sur lanotion de réciprocité : chaquepersonne aidée va aider à sontour, à un autre moment. On esttotalement dans le champ del’économie sociale etsolidaire.

FLORENCE ALICOTconsultante en gérontologie

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

des fêtes : elles y accueillent aussides voisins de l’immeuble et despersonnes âgées de quartiersvoisins. Nous tenons à préserverla mixité de la population danscette tour, notre objectif n’étantpas de créer un immeublede “vieux.

EVELYNE PETIT

“Vieillir au village”,permettre le choix de sa vieillesse

Notre projet concerne deuxcommunes de la Drôme,

Puy-Saint-Martin (680 habitants)et Roanac (350 habitants)composées de petits villages, defermes isolées où la question duvieillissement se pose avec acuité :habitat inadapté, commerceséloignés… En revanche, lasolidarité et les liens entre lesvillageois restent vivants.Deux élus des professionnels(ADMR, libéraux, CCAS) et desbénévoles ont imaginé cette formulepour répondre aux besoins concretsde personnes vieillissantes, expri-més au cours de permanences d’in-formation. Par ailleurs, les profes-sionnels de santé avaient observéde fréquents appels le soir, tradui-sant davantage des sentiments depeur et de solitude que des besoinsréels de soins. “Vieillir au village”, tient de l’ac-compagnement personnalisé plutôtque de la prise en charge. Il metl’accent sur la dimension relation-nelle et la mise en place d’un réseaude services de proximité, souples etévolutifs ; certains existent déjà,

Habitat Senior - Au-delà de l’aménagement des logements, faciliterrencontres et échanges avec le quartier

Ce projet a été initié par leCCAS de Belfort, à partir de

la demande d’habitants âgésd’une tour HLM, désirantcontinuer à vivre dans leurlogement et rester sur le quartier.Il comporte un voletréhabilitation de logements etaménagement des accès extérieurscontribuant au sentiment desécurité (chutes) : rampes,ascenseur agrandi et un voletsocial avec l’aménagementd’appartements du rez-de-chaussée en espace d’animation etde rencontres. Il a mis trois anspour aboutir. Un partenariat avecl’office HLM maître d’ouvragedes travaux a permis laréalisation de ces deuxopérations. L’espace animation est ouvertdepuis deux ans. Le CCAS,locataire prend en chargel’ensemble des frais de l’opérationet met à disposition une auxiliairede vie tous les après-midi, dont lamission est également d’être àl’écoute des personnes, de leurrendre visite ou de répondre àune urgence. Cet espace a rapidement étéinvesti par les habitants. Lespersonnes âgées adhèrent à ceservice pour 20 à 30 euros parmois selon leurs ressources. Ellespeuvent, dès lors, accéder à cetespace comme elles le souhaitent,pour se rencontrer ou organiser

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Points de vue

de proximité ont été créés avec pour mission derépondre à l’ensemble des publics : familles, personnesâgées, personnes en difficultés…

OLIVIER JACQUIN. La communauté de communes desTrois Vallées a fait le choix de construire son projet àpartir de la parole des personnes âgées ; nous sommesencore au stade de la concertation. Nous avons réac-tualisé nos priorités d’action dans la communauté decommunes (25 communes, 5500 habitants), selon uneméthode participative en lien avec un organisme spé-cialisé. Lors de la réactualisation de charte de territoiresur la thématique des personnes âgées, nous avonsrecueilli de nombreux témoignages: isolement, absencede mobilité… Nous avons donc décidé de travaillersur ce sujet. La Fondation de France nous a aidés dansce projet d’expérimentation. Cette méthode de concer-tation a consisté à réunir tous les acteurs de la problé-matique (professions médicales, associations, aînésruraux).Sur cette base, des personnes âgées volontaires ontmené une enquête auprès des populations âgées –avecun très bon taux de réponses. A l’issue de cette étude,le panorama des besoins de ce public s’est avéré très dif-férent de la situation de départ. Nous avons compris que cette dichotomie était liée àla façon dont notre diagnostic de départ avait été éta-bli : il intégrait le ressenti de nombreux aidantscontraints à vivre avec un membre de leur famille ensituation difficile. Nous avons alors intégré leurs pré-occupations à notre projet. Notre territoire rencontreles problèmes habituels liés à l’habitat et à la mobilitémais il est plutôt bien pourvu en matière de services.Nous vivons dans un département qui mène une poli-tique sociale assez novatrice. L’essentiel de notre travaila consisté à les faire connaître, à mettre en place despolitiques d’animation pour rompre la solitude, à fairede la communication, et à coordonner les actions. Je suis positivement interpellé par les précédentes inter-ventions. Je considère, toutefois, que nous avons besoind’un véritable cadre national en amont, qui dépasseles départements, pour des politiques fortes. Nos bri-colages associatifs de terrain ne suffisent pas. Enfin, il faut souligner que 400 emplois ont pu êtrecréés à ce jour, grâce à l’APA, en Meurthe-et-Moselle.■

TERRITOIRES ET VIEILLISSEMENT

ROBERT LOUBIÈRE, Vice-président Communauté de communesdu Segala-Carmausin (Tarn)

OLIVIER JACQUIN, Président Communauté de communes des Trois Vallées (Meurthe-et-Moselle)

Deux élus de terrain, ayant expérimenté la pro-blématique du vieillissement à travers l’inter-communalité, témoignent.ROBERT LOUBIÈRE. Chaque territoire est un cas spéci-fique. Le Segala-Carmausin, situé dans le nord de l’Albi-geois, est relativement vaste –100 km de long sur 40 kmde large– avec un certain passé. Depuis de nombreusesannées, il mène une réflexion sur la problématique despersonnes âgées. Avec l’aide du département et des asso-ciations de pays, des instances de coordination géron-tologique y ont été mises en place. Ces instances ontelles-mêmes développé des structures et leur accompa-gnement. Dans les années 1980, un centre social s’estsaisi de la question des personnes vieillissantes, au coursd’une formation-développement à laquelle ont contri-bué une trentaine de participants: personnes âgées, pro-fessionnels médico-sociaux, élus, en vue de définir unprojet. Le souhait majeur qui a alors été exprimé par lespersonnes âgées présentes était de rester à domicile leplus longtemps possible et, le moment venu, celui d’in-tégrer une petite structure à dimension humaine, prochede la vie locale. A partir de ces deux constats, une dyna-mique s’est mise en place ; les élus à l’écoute du projet,l’ont portée. Restait à résoudre le problème des moyens financiers.Nous avons profité en 2000 de l’opportunité offertepar la loi concernant la création des CLIC – mais10 000 habitants de plus de 60 ans devaient vivre surle territoire – pour atteindre ce nombre. Nous avonsintégré le territoire nord du département et regroupéles trois instances gérontologiques puis, mis en placeles CLIC sur ce nouveau territoire. Pour les organisernous avons globalisé notre réflexion ; nous ne sou-haitions pas réserver cette instance d’information auxseules personnes âgées car nous considérons qu’ellesne doivent pas être mises à l’écart. Nous avons doncenvisagé une problématique globale et sociale du ter-ritoire. Un pôle central et huit points d’information

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Trajectoires et Vieillissement

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

2.Des aménagementsà inventerensembleAu fil de l’avancée en âge, les individus s’inscrivent dans des parcoursde vie singuliers plus ou moins ancrés sur un territoire donné. Agir pour les “personnes âgées” est alors réducteur car une telle caté-gorisation restreint la diversité des histoires de vie. Il convient donc desortir des réponses uniformes et médico-sociales pour inventer denouvelles alternatives.

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Regards croisés d’une anthropologue et d’unepsychosociologueBRIGITTE MOURIESSEPsychosociologue,consultante en gérontologie

BERNADETTE PUIJALONAnthropologue, Maître de conférences à l’Université Paris 12

Vieillissement : changements et continuitésLes changements et les continuités liés au vieillisse-ment relèvent du registre biologique (les prédispo-sitions restent les mêmes) mais ils appartiennent aussiau registre psychologique ou sociologique. On parlealors souvent de “période critique” ou sensible poursignifier qu’un même événement peut être plus oumoins difficile suivant l’âge auquel il survient : ainsila perte d’emploi est plus difficile à 50 ans qu’à 59. Bref, le développement de chaque individu se carac-térise par une combinaison unique d’événementsparticuliers. Il est donc erroné de vouloir figer leschoses à quelque âge que ce soit. Quel sens y aurait-il, à partir de là, à imaginer desmodalités de soutien stéréotypées, modélisées, auxdifférentes périodes d’avancée en âge d’un individu ?Critiquons l’APA qui, par ses modalités, enferme lesvieux dans une logique médico-sociale statique ;l’APA ne va précisément pas dans le sens de cetteapproche en terme de trajectoire : c’est le “hors sol”où l’individu devient un corps détaché de tout.Comment, dans une politique favorable à l’accom-pagnement du vieillissement de la population, tenircompte de ces trajectoires différenciées ?

Accompagner chaque trajectoirePourtant cette question des trajectoires s’est impo-sée d’elle-même à partir de l’analyse de nombre deprojets reçus dans le cadre de l’opération “Vieillirdans son quartier, dans son village”, ainsi qu’au tra-vers des témoignages recueillis auprès des acteurs deprojets eux-mêmes, au cours des instructions de pro-jets, puis lors des réunions de travail au sein desréseaux nationaux. Lorsque ces acteurs parlent de la population àlaquelle ils s’intéressent, ils font souvent explicite-ment référence à des trajectoires de vie repérées surun territoire spécifique : les personnes sont décritescomme “habitants de toujours” - “mémoire vivantedu quartier ou du pays” ou comme “nouveaux arri-vants”, “étrangers”… Certains projets sont parailleurs issus de la perception de difficultés de coha-bitation entre deux populations avec des ancragesdifférents et d’autres rapports au territoire de vie :

TRAJECTOIRES ET VIEILLISSEMENT

“On vieillit comme on a vécu”, “Comme on changeen vieillissant !” : deux lieux communs courammententendus, qui, bien que contradictoires, posent laquestion des changements et des continuités au coursdu vieillissement. Le travail que nécessite ce tissagedes liens entre passé et présent, cette compréhensionde l’ensemble d’un parcours, c’est peut-être FrançoisJacob qui l’exprime le mieux dans l’introduction deses Mémoires : “Si, alors, dans cette série d’imagesque m’offre ma mémoire, je retrouve mal ma vie,comment la définir ? Par une continuité ? Par unepermanence? Sûrement pas… Plutôt que comme unecontinuité, je vois ma vie comme une suite de per-sonnages différents, je dirais presque d’étrangers.Au bout de la file, j’aperçois le petit garçon, puisl’enfant unique cajolé par une mère très douce, puisle jeune soldat, le chercheur, le prix Nobel… J’ai dumal à imaginer qu’à l’appel de ce nom, FrançoisJacob, tous ces personnages aient pu se lever d’unmême élan et répondre : présent. Pour retrouver cha-cun de ces personnages de mon passé, il faut dutemps, des efforts. Il faut se concentrer. Se préparer.Un peu comme pour rendre visite à de vieux amislongtemps négligés… Cette communication entremon cœur et ma mémoire, toutes ces émotions quiresurgissent sous l’éperon du souvenir nouent unréseau entre ce que je suis et ce que je fus”.

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entre les anciens du pays et ceux de la ville – les arri-vants ou les estivants.D’autres termes sont régulièrement évoqués comme“transition”, “mutation”, “évolution” : certains pro-jets se sont donné pour vocation de pallier les diffi-cultés de transition entre diverses périodes de vie oud’accompagner un de ces moments spécifiques : accèsaux droits des nouveaux retraités d’origine immi-grée, accès à l’information et aux interlocuteurs-acteurs du soutien à domicile, difficultés de dépla-cements suite au décès du conjoint-conducteur,manque d’adaptation d’un logement aux besoinsévolutifs de son occupant, isolement social de per-sonnes confinées à domicile ou consécutif à une rup-ture, à une hospitalisation éloignée… Il s’agit alorsd’accompagner ces moments particuliers, notam-ment dans ces périodes critiques ou sensibles dontnous parlions tout à l’heure.

Changer de perspective Si l’on veut avoir une approche plus complète, il fautélargir l’angle de vision et passer d’une approche sec-torielle, sur un territoire donné à une approche cultu-relle. La trajectoire de chacun est en effet influencéepar l’époque et le contexte dans lesquels il vit. Et là,nous devons parler du parcours des âges dans notresociété pour en montrer la profonde évolution. Avec la mutation démographique et sociale du vieillis-sement, le parcours des âges a perdu ses repères fixes.De 60 ans, âge légal de la retraite, jusqu’à 122 ans,limite actuellement posée à la vie, l’amplitude est large.Il ne suffit plus, pour appréhender la vieillesse, desuivre la flèche du temps qui en faisait l’automne dela vie où, après de longues années de travail, chacunaccédait au temps du repos. Pendant longtemps, lemarqueur biologique de l’âge, la fatigue du corps,s’est trouvé en harmonie avec son marqueur socio-logique : cela se traduisait par un âge chronologiquequi ouvrait l’accès à un droit, celui de la retraite. Aujourd’hui, les âges sont désynchronisés. Alors quela limite biologique a reculé grâce à l’amélioration del’hygiène de vie et aux progrès de la médecine, la limitesociologique a avancé puisqu’on peut être exclu dumarché de l’emploi dès la cinquantaine, pour caused’obsolescence. La vieillesse s’étire si l’on retient l’empi-

lement des années ou se contracte si l’on considère letemps où l’on ne peut plus accomplir seul les gestes dela vie quotidienne. Entre le senior qui profite pleine-ment de ses loisirs et le vieillard qui, solitaire et immo-bile, regarde le monde derrière la fenêtre de l’institu-tion où il finit ses jours, les différences s’imposent : lavieillesse n’est plus une tranche d’âge unitaire, maisune succession de phases aux frontières floues et auxcontenus multiformes. Le discours gérontologiquetraduit cet éclatement en associant deux termes : dansles années 60 on parlait de 3e, et de 4e âge dans lesannées 80. Il utilise jusqu’à aujourd’hui, selon la situa-tion, les vocables : retraités, personnes âgées, seniorsou dépendants. Pour les vieux qualifiés de dépendants, il y a de nou-veau cohérence entre l’âge biologique et l’âge socio-logique. Mais personne ne se risque à proposer unâge chronologique qui exprimerait cette cohérence :80, 85, 90 ans ? Gériatres et gérontologues s’accor-dent pour reconnaître l’impertinence de tout seuilchiffré. La frontière est franchie lorsque l’individune peut plus subvenir seul aux actes de la vie quoti-dienne et a recours à des aides qu’il reçoit soit àdomicile, soit en institution. Mais en deçà ? Le déca-lage est source d’ambivalence : à quel groupe rac-crocher ces retraités seniors, écartelés entre deuxâges ? A celui des actifs dont ils sont censés partagerle dynamisme ou à celui des vieux avec qui ils par-tagent le fait d’être retraités ?

La question des sanctions sociales,traduction de l’ambiguïté de cette “période”Au fil du temps, la combinaison des injonctionssociales faites à des individus d’un âge donné est tan-tôt harmonieuse, tantôt dissonante. Tel est le cas pourles seniors (Puijalon-Trincaz, 2000). Cet exempleillustre assez bien cette dualité. Pour le réveillon del’an 1998 qui se passe en famille, Simone, 72 ans,choisit, parmi ses toilettes, une robe qu’elle n’a pasportée depuis longtemps et qui, selon elle, “fait fête”.Elle se maquille, jette un dernier regard à sa glace,ouvre la porte à sa fille qui vient la chercher pour s’en-tendre dire aussitôt : “Maman, tu es ridicule ! Cetterobe est trop courte pour ton âge!”. Vexée mais déter-minée, Simone refuse de changer de tenue et essaie de

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ne pas répondre aux remarques désobligeantes ser-vies pendant le trajet en voiture. Quand elle arrive surles lieux de la fête, une nièce l’accueille d’un : “Quelleélégance! Ça change de tes tenues mémères !”. Simones’interroge : “A mon âge, quelle est la bonne hauteurpour l’ourlet de mes robes ?”.Cette question toute personnelle mérite d’être traduiteen termes sociologiques. Chaque société propose àses membres des situations sociales plus ou moins clai-rement définies et des positions assorties de rôles àremplir. L’attitude de chacun va de la stricte confor-mité à la plus grande déviance. Dans tous les cas, laréponse aux prescriptions qui lui sont faites permet àtout individu de se situer sur la scène sociale et de sevoir gratifier de sanctions positives ou négatives. Oui,mais quand la sanction peut dans le même temps êtrepositive et négative, quelle position adopter ? Et com-ment se situer lorsque le rôle qu’on est tenu de jouersur la scène sociale découle d’une suite d’injonctionsparadoxales ? Les actions proposées aux personnes vieillissantespeuvent contribuer à résoudre ces injonctions para-doxales. Elles peuvent aider à passer du symbole dela difficulté, de la perte, de l’échec à un symboled’impulsion.

Sortir de la catégorisation vers une dynamique de processusAu-delà d’un discours “bienveillant”, cela impliqueun changement de regard des politiques dans lamanière d’appréhender réellement et concrètementles questions à la fois sur le plan philosophique, poli-tique (en termes de projet politique pour une popu-lation vieillissante) et sur le plan de l’élaboration dedémarches de projets et de démarches territoriales.Il est indispensable de sortir de la catégorisation pourentrer dans une dynamique de processus avec unearticulation entre les diverses politiques sur les ter-ritoires.Au travers de cette dynamique territoriale, l’enjeuest le changement de regard des professionnels, desélus et de la société civile sur le vieillissement. Il s’agitde pouvoir nommer le vieillissement sans qu’il fassesystématiquement référence à dépendance, coût etcharge pour les générations à venir, mais qu’il s’ins-

crive plutôt comme une richesse, facteur de déve-loppement. La dynamique de projets – ceux qui ont émergédepuis plus de deux ans le montrent – est le fruit dudialogue entre les élus, les habitants et les profes-sionnels, spécialisés ou non. Ils ne raisonnent plusen termes de classes d’âge, ni par niveau de dépen-dance, ni par catégories sociales. Ils s’en libèrent etl’analyse conduite à partir de ces projets a permisde dégager de nouveaux profils. Ces derniers n’ontpas pour vocation de devenir de nouvelles catégo-ries ou des modèles. Mais ils aident à remettre enquestion, à casser ceux qui sont déjà en place.

Quatre profils repérés à ce jourLes “sédentaires vieillissants”Ce profil correspond aux personnes qui vieillissentoù elles ont toujours vécu. N’ayant jamais bougé dechez elles, leur identité, leur place sociale et leur lieude vie sont indissolublement liés. Parmi ces personnesse trouvent des femmes au foyer mais aussi des per-sonnes chez qui, vie professionnelle et domicile sedéroulaient sur le même lieu : exploitants agricoles,et même certains artisans ou commerçants… Pour ces derniers, l’arrêt de leur activité a pu se réali-ser dans une relative continuité en terme d’occupa-tion de l’espace de vie : les bâtiments restent, même sileur fonction est amenée à changer, comme parexemple une boutique dont l’espace est réinvesti autre-ment. De même, leur entourage familier continue àles reconnaître dans une compétence et un savoir-faire ;on fait appel à eux pour des conseils ou pour une aideponctuelle. Dans tous les cas, ils conservent leur imageprofessionnelle auprès des autres habitants ; ils nedeviennent pas retraités mais restent “le boucher” ou“l’ancien boucher” du quartier ou gardent encore leurappellation familière : prénom, surnom (en campagnenotamment). Les plus militants d’entre eux restentsouvent investis dans des activités syndicales de leurcorporation, politiques ou associatives. Lors de leur passage à la retraite, ils ne ressentent pasde grands changements dans leur espace de vie, ni debouleversement dans leur réseau relationnel. Leurexistence dans la communauté locale n’est pas remiseen question fondamentalement.

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Mais la sauvegarde de leur réseau relationnel passeaussi par un constat de bon sens : ce réseau vieillit enmême temps qu’eux ! Ainsi, lorsque cette commu-nauté subit elle-même de grands changements par ledépart des plus jeunes, doublé de l’afflux de nouveauxhabitants ou de renouvellements permanents rapides,on constate de réelles cohabitations parallèles, tanten milieu rural qu’en milieu urbain. Les années pas-sant, certains territoires fragiles peuvent se retrouvernotoirement démunis au niveau de ce tissu social etconduire à un appauvrissement et à un confinementdes personnes chez elles, puis à une désocialisationlente et invisible.Chez les femmes sans activité professionnelle, le vieillis-sement se fera sentir, d’une part à travers l’évolutionde leur rôle au sein de la famille (fonction de grand-mère puis d’arrière-grand-mère) et, d’autre part, à tra-vers le passage à la retraite du conjoint. C’est d’ailleursce dernier qui se révèle souvent le plus significatif dansl’évolution de leur gestion d’espace de vie, de leurtemps ou de leur réseau de relations.Pour les femmes issues de l’immigration, ce change-ment se traduit par un repli total sur le domicile, lesenfants n’étant plus là pour faire le lien avec l’envi-ronnement extérieur. Le veuvage, lorsque les enfantsne prennent pas le relais du conjoint décédé, va lesinciter à tenter de renouer des liens.Enfin, certains habitants se trouvent brusquementconfrontés à un environnement de proximité pro-fondément transformé et, outre la question de larupture des liens de voisinage, c’est leur adaptationquotidienne au quartier et le risque de confinementqui est à craindre : une spirale vers l’accentuation dela dépendance.

Les “travailleurs extérieurs retraités”Ils ont, contrairement aux précédents, toujoursconnu une séparation entre leur milieu profession-nel et leur lieu de résidence.Au moment de la retraite, ils apprécient l’incidencede cette rupture sur leur identité et leur réseau rela-tionnel. Celle-ci les conduit à élaborer des stratégiesd’adaptation diverses, délibérées ou non. Lieu de vie professionnel et domicile étant distincts,ils doivent trouver une nouvelle manière d’habiter

leur logement et leur environnement, qu’ils décou-vrent ou redécouvrent bien souvent – territoire devie “sans travail” à investir sur de nouvelles bases quiont souvent beaucoup changé. Les réseaux sont àactiver ou réactiver différemment, même si certainsauront la possibilité de côtoyer encore des personnesfamilières, d’anciens collègues confrontés à la mêmesituation.Habitués à jouer un rôle social externe, certainsd’entre eux viennent s’inscrire volontiers dans lechamp du bénévolat et sont parfois fortement inci-tés à le faire. Dynamiques, ces retraités auront ten-dance à s’inscrire dans des schémas d’activités ou derelations sur un modèle “productif”, proche de celuiqu’ils avaient du temps de leur activité profession-nelle. Par exemple, en transposant des rythmesconnus durant leur activité professionnelle vers denouvelles activités avec la même recherche de pos-sibilités d’action. Nombre d’entre eux se retrouventacteurs de projets ! Leur rapport à l’environnementpourra également les conduire à effectuer d’autreschoix sur d’autres lieux de vie s’ils constatent tropd’écart entre leurs attentes et les ressources du ter-ritoire.Chez d’autres “travailleurs extérieurs retraités”, leparcours pourra se vivre de manière plus discrète ;soit en errance, tels les comportements de vieuximmigrés, soit par une position de repli sur le loge-ment, repli isolé ou entouré, dans un quotidien par-fois difficile à négocier.Enfin, parmi les personnes issues de l’immigration,se trouvent d’anciens travailleurs qui ont vécu jus-qu’à la retraite dans du “provisoire-permanent”. Or,même si ce temporaire les a conduits à s’inscrire dansun lieu de vie et un réseau relationnel somme toutedurable, le pays d’origine, celui auquel ils continuentd’appartenir, reste néanmoins un point d’horizon.Le passage à la retraite va donc venir questionnerde manière pressante la valeur de cette représenta-tion : c’est toute la question du passage du lieu devie temporaire en lieu de vie à long terme qui se posedans la réalité – même si au fond, ce pays d’originegarde sa fonction d’ancrage.

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Les “habitants nouveaux résidents”Ce troisième profil dégagé à travers les projets et lestémoignages de leurs acteurs concerne ceux qui, à unmoment donné de leur parcours de vie, ont précisé-ment choisi d’investir un nouveau lieu de vie – aumoment de leur retraite ou un peu plus tard. Ce choixs’est opéré lorsqu’ils ont eu le sentiment que leur envi-ronnement ne se trouvait pas ou ne se trouvait plusen mesure de répondre à leurs besoins et à leurs attentes– soit du fait de changements externes, soit en raisonde la prise de conscience d’une certaine fragilité per-sonnelle, sociale, économique, physique ou psychique. Ce changement de territoire de vie a donc été motivépar divers facteurs. Ces “habitants nouveaux rési-dents” sont ainsi venus transformer leur résidencesecondaire en résidence principale… pour des vacancespermanentes. Certains ont tenu à réaliser un retourau pays de leur enfance ou ont été attirés “par lesoleil”. D’autres, dans un mouvement inverse, sontvenus vivre à proximité de leurs enfants ou encoreont souhaité se rapprocher d’un centre-ville. Quels qu’ils soient, ces choix ont pour point communde les amener à inventer un nouveau quotidien et às’approprier les ressources du territoire. Ces choix lesconduisent à se “reconstruire” complètement, aussibien en habitudes de vie que sur le plan identitaire età tisser un nouveau réseau relationnel.Même dans des territoires qui pouvaient leur semblerfamiliers, ceci leur a demandé un investissement quise traduit parfois avec beaucoup de difficultés tantsur le plan de la vie quotidienne qu’en termes de tis-sage de nouveaux liens.Divers projets sont nés au moins pour une part, dela volonté de faciliter cette inscription sociale localeou, lorsque ces nouveaux habitants devenus plusnombreux, ont généré des actions – support d’ac-compagnement plus collectif – évoluant vers l’éta-blissement de liens entre deux populations, l’an-cienne et la nouvelle.

Les “habitants intermittents”Ce quatrième et dernier profil est représentatif depersonnes ayant fait le choix de la double apparte-nance, du double territoire. Ils ne souhaitent ni unchangement complet, ni se restreindre à un périmètre

déjà très familier. N’arrivant pas à faire de choix, ilsont opté pour l’alternance entre deux lieux de vie,souvent deux points d’ancrage qui leur permettentde trouver un équilibre. Une sorte d’alternance sai-sonnière entre deux lieux également investis.De fait, ces habitants se retrouvent dans des terri-toires très différents : campagnes fragiles, nouvellescampagnes, territoires urbains et périurbains… à lafois présents et difficiles à saisir. Ces habitants vieillis-sants concernent toujours deux types de territoiresen même temps et ne sont pas du fait de leur alter-nance, promoteurs de projet mais plutôt consom-mateurs de ressources. Par exemple, certains vien-nent, lors de leurs longs séjours saisonniers, profiterdes animations et services existants destinés aux per-sonnes âgées de la commune.

Articuler les réponses avec les besoinsspécifiques de chacunCette typologie d’habitants issue d’une approche entermes de trajectoires n’a pas prétention à l’exhausti-vité. Elle doit aussi être attentive à n’oublier personne,notamment ceux dont il a peu été question jusqu’à cesdernières années car on ne les attendait pas, les “vieuximmigrés”, les “vieux handicapés” ou autres “nou-veaux seniors” – en évitant de les stigmatiser.Avec le renouvellement du profil social des retraités,de nouveaux profils pourraient encore se dégager,notamment du fait de l’arrivée à la retraite de popu-lations ayant eu des trajectoires de vie et profession-nelles plus chaotiques, engendrant une diminutionde leurs ressources et un rapport au territoire encoredifférent.Cette typologie vient illustrer la possibilité de penserun projet autrement que par une catégorisation despopulations par “classes d’âges” ou par niveaux dedépendance. A partir de là, elle démontre la possibi-lité de construire des réponses articulées avec lesbesoins, demandes et attentes des habitants spéci-fiques de chaque territoire.Sur le plan opérationnel, à ce jour, diverses questionsrestent posées ou sont à approfondir, par exemple :comment faire le lien entre les acteurs centrés sur cesnouvelles approches et ceux qui restent dans la caté-gorisation ? Comment organiser le “vivre ensemble”

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sur un même territoire en donnant légitimité auxdivers habitants, et celle-ci peut-elle venir du terri-toire? Comment développer des réponses en directiond’un certain nombre d’individus en reconnaissant lesspécificités de chacun : quelles évolutions dans lespratiques ?Comment sortir d’une approche catégorielle médico-sociale pour aller vers une réponse à des probléma-tiques articulant politique territoriale et politiquenationale ?Les projets qui vont vous être présentés lors de laprochaine table ronde illustreront ces propos et nouspermettront d’avancer dans nos réponses aux ques-tions posées.

Devenir moins étranger à soi-mêmeEn conclusion, nous dirons que parler en termes detrajectoire c’est privilégier, à tout âge, le verbe “deve-nir”. Oui, mais direz-vous, devenir quoi ? Devenirvieux ? Oui bien sûr, mais ça ne veut pas dire grand-chose, car il y a mille vieillesses. Non, tous ces auteursqui parlent de construction identitaire, d’autoréali-sation, d’accomplissement, de trajectoire… mettent

l’accent sur devenir soi-même ou plutôt, et plusmodestement, devenir de moins en moins étranger àsoi-même.N’est-ce pas une belle philosophie pour les décideurspolitiques et acteurs de l’action sociale vieillesse quede créer les conditions de vie et d’élaborer des pro-jets qui peuvent aider chacun à devenir moins étran-ger à soi-même… en l’aidant à continuer à sculptercette statue intérieure dont parle François Jacob ? Ilclôt cette interrogation sur la continuité par ces lignessuperbes : “Je porte ainsi en moi, sculptée depuisl’enfance, une sorte de statue intérieure qui donneune continuité à ma vie, qui est la part la plus intime,le noyau le plus dur de mon caractère. Cette statueje l’ai modelée toute ma vie. Je lui ai sans cesseapporté des retouches. Je l’ai affinée, je l’ai polie.(…). Pour tous les rôles de ce répertoire possible,pour tous les emplois qui m’entourent et me tou-chent directement, je tiens ainsi des acteurs prêts àdonner la réplique dans des comédies et des tragé-dies écrites en moi de longue date. Pas un geste là,pas un mot, qui ne soit imposé par la statue inté-rieure”. (1987, p.18-24). ■

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Prévenir l’isolement despersonnes âgées Voisiner au grand âgeMARIE-ANNICK DEJEAN DE LA BATIEMembre du Comité Personnes âgées de la Fondation de France

Je souhaiterais vous restituer les conclusions d’uneétude récente, commanditée par la Fondation deFrance à quatre équipes universitaires, en amontde l’opération “Vivre dans son quartier, vivre dansson village”, et publiée sous la responsabilité deDominique Argoud5.Nous abordons ici le registre de la vie quotidienne etdes relations spontanées, non formalisées : le voisi-nage. Cette étude est originale en raison du thème,resté jusqu’ici quasiment inexploré. Je regrette de devoir me limiter aux grandes tendancesde cette étude, car s’il y a un domaine où les culturesviennent, dans leur variété, se superposer aux tem-péraments et aux trajectoires de vie, c’est bien celui duvoisinage, milieu informel et non organisé par défi-nition mais qui joue un très grand rôle dans la pré-vention de l’isolement. Il est donc indispensable, auregard de la question des relations de voisinage, deprendre en considération la particularité et la richessede chaque personne. Ces tendances s’articulent autour de trois questions :■ Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui en matière devoisinage ?■ Qui sont donc les voisins et qu’apportent-ils aux per-sonnes âgées ?■ Quelles conclusions concrètes retirer de cette étudepour l’action sur le terrain ?

Qu’est-ce qui a changé ?■ Le contexte territorial et social : les liens sociaux s’af-faiblissent aujourd’hui, nous dit-on. C’est vrai à cer-tains égards. D’un autre côté, même si on n’a jamaiseu autant de mobilité et de moyens de communication,on n’a jamais connu autant de richesse et de variétérelationnelle disponible autour de nous. Ce qui est cer-tain c’est que le lien social ne nous est plus donné–auparavant, tout le monde se connaissait, il n’y avaitpas besoin de faire ce mouvement vers l’autre– on étaitconnu. Aujourd’hui, nos réseaux de relations sont extrê-mement mouvants, en perte (déménagement, décès…)et en reconstruction (arrivée de nouveaux venus). Cesréseaux bougeant beaucoup, il faut du dynamisme afind’être attractif pour les autres. Quand la personne esten état de faiblesse, il lui est plus difficile de les établir.Ainsi, les liens sociaux existent toujours, mais ils sontsans cesse à conquérir, à reconstruire.■ L’importance de la place tenue par le voisinage dansle réseau de relations des personnes âgées, par défautdes autres relations ou par vide. La famille demeurele pilier de base aujourd’hui, chez nous – c’est elle quiapporte le soutien principal. Le voisinage vient justeaprès dans le champ relationnel des très âgés ; leurétat de santé les empêche souvent d’aller vers l’exté-rieur, ils appartiennent à une cohorte en partie dis-parue. Ce qui constituait leur réseau se modifie progressive-ment, au moment du passage à la retraite puis de laperte du conjoint : les voisins prennent alors unegrande importance lorsque les autres réseaux, ont étéperdus. ■ L’évolution des mentalités qui privilégie l’individua-lisme, l’autonomie et le besoin d’intimité. Toutes les générations partagent ce besoin d’autono-mie et d’intimité, les personnes du grand âge plusencore que les autres. Elles se sentent en position defaiblesse et craignent particulièrement la perte de déci-sion et la prise de pouvoir. Elles craignent les intrusionsà leur domicile parce qu’elles se sentent menacées dedépossession, par ceux-là mêmes qui souhaiteraient lesentourer et les aider, avec les meilleures intentions dumonde. On connaît leurs difficultés à admettre chez elles, nonseulement les professionnels mais également voisins ou

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5. “Prévenir l’isolement des personnes âgées - Voisiner au grand âge”(2004) - Editions Dunod

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bénévoles. Recevoir quelqu’un chez soi devient trèsdifficile quand on est en position de défense et quel’on craint l’invasion. En fait, il faut que la rencontre ait eu lieu au dehors,dans la sphère publique, qu’elle ait été répétitive, quela confiance se soit instaurée, avant d’accepter d’ou-vrir son “chez soi” à cet autre. Toutes les générationsont tendance à se protéger, à se défendre contre l’em-piétement des voisins. En particulier les personnesâgées tant elles ont peur d’être dépossédées de leurintimité et de la modeste maîtrise qui leur reste surleur vie.

Qui sont les voisins ? Selon les personnes âgées, il y aurait trois strates devoisinage :■ Le voisinage immédiat, d’immeuble ou de la rue ;■ Le voisinage du quartier qui joue un rôle aussi impor-tant que les voisins de la montée ;la fréquence et la proximité caractérisent ces deuxcatégories.■ Une troisième strate concerne des lieux plus éloignésoù l’on va à l’occasion, mais qui donnent une impres-sion de familiarité, de stabilité : alors on s’y sent bienet on y va en sécurité. Par contre en cas de changements de l’environnement,de boutiques, on n’y va plus. On dit “rien n’est pluscomme avant ! On ne s’y reconnaît plus”. Le repli sefait alors sur le quartier.

Ces voisins sont-ils de bons voisins ?Il y en a de détestables ! Mais les querelles de voisinagedemeurent minoritaires, les personnes âgées à 80%,les ont qualifiés de “bons voisins”. Avec de nom-breuses nuances. Il y a une vraie qualité de voisinage,on pourrait dire une véritable solidarité. Car le “bonvoisin” n’est pas seulement celui qui ne fait pas demal, mais c’est aussi celui qui n’est pas indifférent.Quel mal peut faire l’indifférence ! Elle est ressentiepresque comme une hostilité, en tout cas elle génèrele sentiment qu’on ne peut pas compter sur ce voisin.Ainsi quand on dit : “Ils ne disent plus bonjour”, celasignifie qu’il y a eu un changement d’habitants etqu’aucun lien ne s’est établi ; la personne se sent alorstrès isolée. Quand on dit : “Chez nous, c’est juste bon-

jour, bonsoir” c’est un peu mieux, mais c’est ressentiquand même comme un lieu triste et déshumanisé.Quand on entend : “Dans l’immeuble tout le mondese dit bonjour”, c’est signe qu’il se passe quelquechose ; selon le ton, le même mot nous montre la sub-tilité et les degrés d’expression. Le bon voisin c’estcelui qui prend le temps d’entrer en relation avec vous,même au pied de l’immeuble.

Qu’apportent ces voisins ?Contrairement aux idées reçues, aujourd’hui il y apeu de services rendus dans la durée –on change alorsde statut, pour devenir un ami. Quand on dit : “J’aide gentils voisins et une amie qui passe tous les jours”,c’est que la voisine est devenue une amie.Mais les voisins, les “bons voisins” sont précieux, ilsapportent :■ une présence et une connaissance mutuelle qui don-nent un sentiment de sécurité et de bien-être ; ■ de la vigilance et une fonction d’alerte spécifique-ment envers les personnes âgées, comme les volets quirestent fermés : il y a un consensus, une solidarité quis’exprime alors et on s’en inquiète ;■ une aide potentielle sur laquelle on sait qu’on peutcompter et cela aussi procure de la sécurité : “si j’aibesoin de quelque chose, ils iront le chercher” ; cetteaide ponctuelle rassure.On pourrait estimer que la vraie solidarité devrait setraduire par davantage de services rendus. Pourtantcette triple fonction joue un rôle essentiel de réassu-rance et surtout, elle crée un sentiment d’appartenanceà une communauté humaine, véritable antidote ausentiment de solitude et d’inutilité sociale. C’est cetteambiance créée par les “bons voisins” qui permet desortir de chez soi pour s’ouvrir au monde extérieuret y participer. Si à l’inverse, l’environnement humain paraît hostile,parce qu’indifférent, il y a un grand risque de replisur soi, de fermeture, de confinement à domicile, géné-rant isolement et solitude.

Actions à mener sur le terrainDe bonnes relations avec le voisinage ne se décrètentpas et ne relèvent pas de l’injonction. Par contre, créerdes conditions favorables à la vitalité de ce lien social

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

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très particulier qu’est le voisinage, ouvre des pistesd’action.En premier lieu, il faudrait prendre en considérationles particularités de ce lien social : il est spontané etvivant, mais il requiert de la stabilité, une certainehomogénéité, il est fragile et il est quasiment invisible(on mesure son prix quand on le perd). D’où le dramede ceux qui ont souvent déménagé ou qui vivent làdepuis longtemps, mais si d’autres populations s’ins-tallent, alors l’homogénéité du quartier change etinquiète ; ils peuvent alors se sentir dans une grandesolitude. La fragilité de ce lien social tient aussi à saspontanéité : si la famille ou les services à domicilesont très présents, si la maladie psychique s’installerendant difficile la communication, les voisins peu-vent se sentir inutiles et ces liens qui faisaient la viequotidienne peuvent disparaître du jour au lendemain.Les rapprochements familiaux n’ont pas toujours prisen compte la possible réimplantation de parents âgés,après leur déménagement et l’arrachement à leur envi-ronnement familier.

Les conclusions concernent à la fois la sphère indivi-duelle et la sphère collective.Au niveau individuel, il y a presque opposition entrenos valeurs de solidarité et celles d’individualisme etd’autonomie, défendant l’indépendance de chacun.D’où la recherche de la “bonne distance”, ni lointain,ni invasif, plutôt dans le registre d’une simple pré-sence chaleureuse et bienveillante, au jour le jour –quipourra se transformer en aide, à l’occasion. Dire : “Mon voisin ne m’intéresse guère, mais s’il aun jour besoin d’aide, je ne la lui refuserai pas” – estun leurre. Si vous êtes un inconnu pour lui, il ne vousla demandera pas.Au niveau individuel, on peut aussi réfléchir à l’im-portance de notre enracinement sur notre quartier :commerçants, les lieux proches où on se retrouve. C’est un appel lancé aux nouveaux retraités, souvent

devenus des étrangers dans leur quartier ou leur com-mune et qui ont un rôle à jouer (présence, bénévolat,convivialité). Ces retraités vont ainsi préparer leurgrand âge et pour leurs voisins, c’est une chanced’avoir des gens disponibles.Mais les conclusions s’orientent tout autant vers lasphère collective. Ce précieux lien social du voisinage,devenu trop souvent le seul champ de relations pourtant de très âgés ; il ne se constituera aujourd’hui, quesi l’on peut sortir de chez soi, afin de s’intégrer au mondeextérieur et éprouver ainsi son appartenance à une com-munauté : il y a un vrai glissement vers l’espace publiccomme lieu d’élaboration du lien social sous certainesconditions. C’est l’environnement qui va favoriser ouau contraire inhiber la vie relationnelle. L’environnement va offrir une sécurité de circulationpour tous, y compris les personnes fragiles et lentes :un bras sur lequel s’appuyer pour ne pas tomber. Ilva rester accessible : marches d’escalier, sols glissants,transports inexistants ou dangereux, absence defenêtre sur le dehors pour rester en lien avec l’exté-rieur. Cette fenêtre sera adaptée à la personne trèsâgée : basse et ouvrant sur un lieu vivant, sinon, ellene jouera pas son rôle de lien avec le monde extérieur.Il sera convivial avec des lieux formels et informelspour se retrouver de façon familière et répétitive, unpeu rituelle comme les courses ou les promenades.La vie associative enfin – réservoir de relations indi-viduelles – permet des regroupements organisés etd’autres spontanés. Il doit rester néanmoins une placepour la médiation au sens d’intermédiaire, de soutien,mais avec légèreté : les transports jouent un rôle pourremettre des gens en relation.Le voisinage, peut être la pire de choses, mais peutêtre aussi la meilleure – comme l’étude nous lemontre – en particulier pour les personnes très âgées,qui sinon seraient dans une solitude radicale. Nousportons tous à cet égard une responsabilité indivi-duelle et collective. ■

TRAJECTOIRES ET VIEILLISSEMENT

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très tôt et brutalement chez cettepopulation. Plan de licenciement,chômage, accident de travail,emplois pénibles accentuentl’usure et le vieillissement. En outre, pour les personnes que nous accueillons, la retraiten’est pas l’aboutissement d’unecarrière, mais représente unedisqualification sociale, aprèsl’antichambre de la précarité. Le Café social veut donner dusens à cette vieillesse “illégitime”.Par ailleurs, ce public n’a pas étéprévu dans les dispositifsgérontologiques, leur accessibilitéaux institutions pose problème. Il est indispensable que cespersonnes puissent êtreaccompagnées tant au niveau de l’information sur leurs droitsaux prestations qu’au niveaud’un suivi personnalisé.”

MONCEF LABIDIDirecteur du Café social -

Belleville, Paris

Les indispensables réseaux de“veilleurs”Les publics en situation de grandeprécarité sont difficiles à rejoindre ;les personnes âgées n’aiment pasqu’on intervienne dans leur vie pri-vée. Il faut entreprendre unedémarche particulière, aller à leurrencontre à domicile ou dans la rueet les informer de leurs droits. Unefois le contact accepté, une relationde confiance établie, elles exprimentpeu à peu leurs besoins. On constatepourtant, une sorte de pudeur dansle monde rural comme dans celui del’immigration –on ne demande rien.® “Nous intervenons sur unterritoire, la Charente, soit cinq

Deux remarques préalables s’im-posent : le phénomène d’isolementparaît plus aigu pour les personnesâgées issues de l’immigration, enraison de leurs conditions de vie etde leurs difficultés d’intégrationantérieures à leur vieillissement.Les projets présentés sont parfoisplus faciles à mettre en place auniveau institutionnel qu’à pérenni-ser financièrement. ® “Notre projet consiste à fairele lien avec l’extérieur enapportant à domicile desinformations, auxquelles lespersonnes âgées n’ont plus accèslorsqu’elles sont en incapacité de se déplacer au centre-bourg. A cette occasion, nous réalisonsun important travail d’écoute à partir d’un maillage duterritoire avec les maires et lesréférents locaux. Des visites àdomicile chez toutes les personnesconcernées ont été réalisées, enprésence d’un référent à chaquepremière visite. La mise en placede notre projet a donc étérelativement rapide, car jeconnaissais, très bien le terrain,mais nous avons dû entreprendreun long travail avec les organismes officiels…”

ANNE FUSTINONICorrespondante rurale itinérante

à Saint-Geniez-d’Olt (Aveyron)

® “Le Café social à Belleville,quartier historique del’immigration à Paris, est un lieuouvert aux migrants âgés pourrompre leur isolement. Nousl’avons ouvert il y a deux ans, enréponse à l’errance des personnesâgées issues de l’immigration. Ilfaut savoir que la vieillesse arrive

Table rondeTrajectoires etVieillissementEn milieu rural comme enmilieu urbain, rétablir oumaintenir un lien social fondenombre de projets. Certainspublics, cependant, semblentdavantage fragilisés en raisonde leur isolementgéographique, de leur origineculturelle ou de leurappartenance sociale. Solitudeet précarité n’épargnent pasdavantage les travailleursimmigrés retraités établis enville que les villageoisdispersés dans les hameaux decampagne. Cependant, la miseen liaison d’institutions et deprofessionnels souvent peuhabitués à travailler ensemble,créent des synergies générantdes améliorations notables deleur quotidien, les projetsprésentés ici6 en sontl’illustration.

6. Anne Fustinoni, Correspondante ruraleitinérante de Saint-Geniez-d’Olt (Aveyron)Moncef Labidi, Directeur du Café social deBelleville - Paris Gilles Devos, Directeur Pact-Arim de laCharentePierre Tajan, Maire d’Osmets (Hautes-Pyré-nées) - Maison d’accueil campagnarde

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cantons – à l’intérieur des terres –où vivent 35 000 habitants dontun tiers a de plus de 60 ans. Nous rencontrons des situationsde précarité extrême dans ledomaine du logement. Le pays amis en place des opérationsd’amélioration de l’habitat : 1 200logements ont été concernés en 7 à 8 ans. Avec la mise en placedu partenariat, nous noussommes rendu compte qu’unepartie de la population restaithors d’atteinte – hors cadres. Elle vit isolée, dans des conditionsd’habitation indignes d’il y a 50 ans : sol en terre battue, sanseau chaude ni sanitaire.Nous avons donc mené une étudeavec l’ADMR, grâce à laFondation de France, surl’ensemble de ce territoire pourvérifier si cette population avaitdes solutions alternatives. Il est apparu que ces personnessouhaitaient rester dans leurcadre de vie – la maison où ils sont nés. Certaines situationsnous ont semblé aberrantes : le système d’aide à la personne estrelativement performant, alorsque la question de la salubrité de l’habitat a été en grande partienégligée. Or le maintien à domicile en dépend aussilargement.”

GILLES DEVOSDirecteur du Pact-Arim

de la Charente

Le partenariat entre différents inter-venants prend alors toute sonimportance afin de ne pas com-promettre le maintien à domiciledes personnes : auxiliaires à domi-

d’accueil campagnarde créée dansle bâtiment de la ferme comprendtrois logements adaptés auhandicap (avec aussi la possibilitéde recevoir sa famille). Elle seraaussi un lieu animé : poursuite des activités de la vie agricole,conservation du lien social,préservation et transmission des cultures et des savoir-fairelocaux. C’est très important de préserver et de transmettrecette mémoire, car de nouveauxarrivants viennent s’installer dansle village, les anciensdisparaissent et les jeunesgénérations perdent peu à peuleurs repères.”

PIERRE TAJANMaire d’Osmets (Hautes-Pyrénées),Responsable de la Maison d’accueil

campagnarde

TRAJECTOIRES ET VIEILLISSEMENT

cile, travailleurs sociaux, élus ouCCAS. Les intermédiaires sontindispensables pour être informésde la situation, l’évaluer et sou-mettre une solution alternativeacceptable à la personne concernéeen lui laissant le choix de sa déci-sion. Ainsi en Charente, même si80 % des habitants sont proprié-taires de leur logement, leurs reve-nus sont insuffisants pour l’amé-liorer. Des organismes, commel’Agence nationale pour l’amélio-ration de l’habitat, la MSA aidentau financement d’opérations, afinde partir des besoins réels des per-sonnes concernées et non de grillesadministratives. “Adapter le loge-ment au handicap”, commencesouvent par la réparation des fuitesdu toit, l’installation de l’eauchaude, avant celle des sanitaires. Ailleurs, profitant d’une opportu-nité, de futurs retraités déjà impli-qués dans la vie associative et com-munale aménagent quelqueslogements à louer. En tant quefuturs destinataires de ces apparte-ments ils réfléchissent à leur viedans ce lieu qu’ils veulent vivant.® “Osmets, petit village des Hautes-Pyrénées, compte 74habitants. Nous ne voulons pasdes mesures ayant pour objetl’accompagnement de fin de vie.Nous avons, pour notre part, crééune “poche de résistance”. Le Conseil municipal a décidé de racheter une ferme ancienne,au titre de la préservation du patrimoine. Parallèlement, il asouhaité mener une action endirection des personnes âgées afinde leur permettre de rester au seinde leur communauté. La Maison

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Echos d’acteurs

Le Café social, un cadreconvivial pour dédramatiserles situations de précarité

Notre projet, comme toutprojet, a été difficile

à monter. J’ai, trouvé desinterlocuteurs très compréhensifsqui ont su nous aider dans samise en œuvre. Mais il est difficilede faire comprendre la détresse de cette population qui dans sa grande discrétion ne demanderien. Que peuvent exprimer ces personnes au sortir d’une vieactive difficile ? Leur maladie ?Leurs conditions de logement ?Elles préfèrent garder leursproblèmes pour leurs insomnies.Comment expliquer que ces personnes se sont “laisséesoublier” en France, pays auquelelles sont attachées tout en craignant de le dire, de peurqu’on ne leur en dénie le droit. Ces retraités ont pourtant desdroits dans ce pays et le retourdans leur pays d’origineressemble étrangement à unesorte d’immigration à l’envers.Nous avons souhaité que notreCafé social joue le rôle des cafésau début de l’immigration, c’est-à-dire qu’il soit le lieu où cepublic puisse rencontrer des compatriotes, trouver des conseils, se restaurer, etc.

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

Une Correspondante rurale itinérante pourmaintenir le fil de la vie

Le canton de Saint-Geniez-d’Olt (Aveyron) est

faiblement peuplé : 2 000 habitants dont 40 % ontplus de 60 ans et vivent dans des conditions assez difficilesmais restent attachés à leur lieude vie. Isolées géographiquement,les personnes âgées sontcomplètement démunies vis-à-visde l’administration et des servicesd’accompagnement social.Certaines refusant de participeraux instances existantes (ADMR,clubs d’Aînés), se retrouvent hors des circuits classiques ; nous n’avons pas le droit de les “abandonner”. Le Centrede soins, l’ADMR et les élus ontengagé une réflexion afind’élaborer un projet. Il fallaitimaginer un moyen de lesrencontrer : une Correspondanteitinérante semblait tout indiquée.Les besoins évoluant sans cesse,nous souhaitons également faireconstamment émerger de nouveaux projets.

ANNE FUSTINONICorrespondante Saint-Geniez-d’Olt

Cet accueil dans un cadreconvivial et beau, représente une façon de dédramatiser lessituations de ces personnes dontla précarité, bien qu’importante,est invisible. Ils vivent le plussouvent dans des logementsindignes – paradoxe pour cestravailleurs qui ont mis un toitsur la France – avec de sérieuxproblèmes de nourriture. Ces retraités formulentdifficilement leurs besoins. Ils accèdent à cette période deleur vie par la plus mauvaisepasse, la pauvreté – sans avoirjamais mis fin à leur aventuremigratoire. Certains sont venusrejoindre leurs enfants en Franceet même lorsque que ceux-ciconnaissent le chômage, ils restent pour eux.

MONCEF LABIDIDirecteur du Café social

de Belleville - Paris

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Espaces débats

ESPACES DÉBATS

Diversité des territoires et nouvellesproblématiquesliées auvieillissementCette première thématique, abordée avec les présidents des sixréseaux partenaires7 de l’appel à projets “Vieillir dans son quartier,dans son village”, a permis de mettre en perspective les territoiresqui, avec leur spécificité, sont confrontés à de nouveaux défis liésau vieillissement. Sous l’impulsion du partenariat engagé avec cesréseaux, on assiste à une évolution des problématiques et desréponses engagées. Chacun de ces organismes partenaires, à unniveau différent, contribue en effet à changer le regard des élus etaccompagne les nouvelles politiques.

A l’horizon 2050, le nombre de per-sonnes de plus de 60 ans aura dou-blé. Désormais, on ne peut plus envi-sager le vieillissement sous l’angleunique du médico-social. Le décloi-sonnement des disciplines engage lacollaboration entre associatifs et pro-fessionnels : Agences d’urbanismedans le cadre des PLU (Plans Locauxd’Urbanisme), Pact-Arim dans celui

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de l’aménagement de l’habitat.D’autres, comme Familles ruralesou les clubs d’Aînés ruraux, grâce àleur présence active en zone rurale,facilitent le maintien des personnesâgées à domicile. En milieu urbain,comme en milieu rural, les CCAS etles Centre sociaux assurent ce rôled’information et de médiation entreusagers et élus des territoires.

7. André Rossinot, Président de la Fédéra-tion Nationale des Agences d’UrbanismePatrick Kanner, Président de l’Union Natio-nale des Centres Communaux d’ActionSocialePierre Garnier, Administrateur de la Fédé-ration Nationale des Centres SociauxGilbert Duplan, Président de la FédérationNationale des Clubs d’Aînés RurauxThierry Damien, Président de la FédérationNationale des Familles RuralesGeorges Cavallier, Président de la FédérationNationale des Pact-Arim

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Les élus face aux enjeux du vieillissement de leur populationLa question de la prise deconscience par les élus de cetterévolution démographique et de sesenjeux se pose désormais avecacuité. Ce qui importe ce n’est pastant de connaître les chiffres desétudes prédictives d’évolutiondémographique à 2050, mais dedéterminer quelle attitude concrèteadopter aujourd’hui et à quelquesannées. Les Agences d’urbanismeet les maires ou les présidents d’ag-glomération qui souvent les ani-ment, travaillent de concert – assu-rant le lien médico-social et lesréseaux ville/hôpital. Les élus doi-vent donc s’emparer conjointementdes questions de la vieillesse et de lasanté. ® “Cette démarche communeautour des problèmes de santépublique, d’éducation et dedémocratie sanitaire, concerneassociations, malades, élus ausein des réseaux. Le rôle desAgences est de faciliter la prise deconscience des élus et le partagedes informations. L’irruption du domaine médico-social dans la territorialisation de l’actionpublique est au cœur du débat. Il convient de déterminer quellesera demain, la troisième étape de la décentralisation et le rôledes communes dans ce champ de responsabilités.”

ANDRÉ ROSSINOTPrésident de la Fédération Nationale

des Agences d’urbanisme

Impact de l’aménagementdu logement dans lespolitiques territoriales,gérontologiques et sociales Les associations Pact-Arim se pré-occupent, sur l’ensemble du terri-toire, d’améliorer l’habitat existant,mais toujours à des fins sociales.Sur les 120 000 logements qu’ellesconcourent à réhabiliter chaqueannée, 40 000 opérations sont desadaptations de logements pour despersonnes âgées ou handicapées. Ce travail de prévention reste insuf-fisant : on compte environ 4 mil-lions de logements HLM et 20 mil-lions de logements privés en France.Un quart des logements HLM et untiers des logements privés sontoccupés par des personnes de plusde 60 ans. L’accroissement de l’es-pérance de vie s’accompagne d’uneaugmentation importante de per-sonnes du grand âge. Le maintien àdomicile de 90 % des plus de75 ans répond aujourd’hui à leurdemande unanime. Il répond éga-lement à un intérêt d’ordre écono-mique pour la collectivité ; cetteoption lui coûte moins cher, maisnécessite le développement d’unelarge gamme de services d’aide à lapersonne.Tout le système du logement enFrance a été excessivement verti-cal, au sens propre comme aufiguré. Nous découvrons aujour-d’hui les difficultés et les imper-fections d’un patrimoine HLMavec les conséquences sociales qu’ila engendrées. Un PLH permet uneréflexion stratégique de l’ensembledes acteurs : déterminer les besoinsen matière d’habitat sur la base dediagnostics humains, sociaux et

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

La problématique de l’organisationterritoriale concerne 36 500 com-munes, avec toutes les difficultés entermes de moyens et de niveauxd’intervention sociale. Pourtant, lapolitique de proximité ne paraît passuffisante, elle doit s’inscrire dans lecadre d’une politique nationale quiprenne en compte les besoins. Lastructure CCAS se positionnecomme un “ensemblier” sur un ter-ritoire donné. A ce titre, elle bâtitses projets de proximité en s’ap-puyant sur les élus et en associantdes non-élus à la décision politique,notamment des représentants dusecteur gérontologique. Cette alchi-mie est favorisée semble-t-il par lastructure CCAS qui facilite le repé-rage des besoins : la loi lui en faitd’ailleurs obligation à travers“l’analyse des besoins sociaux” quedoit établir chaque commune.® “A l’heure actuelle, ces étudesdes besoins sociaux ne sont passtabilisées. Trop peu de CCASsont entrés dans cette dynamiquepermettant de faire un diagnosticpertinent partagé. Nousencourageons notre réseau et ses3 300 adhérents à être actif sur ce chantier. Il faudra sans doute,à un moment donné, consoliderces informations avec tous les acteurs qui, connaissant le terrain, possèdent chacun unepartie de l’analyse et du savoir-faire. Les CCAS me semblentbien positionnés, en termes de légitimité, pour assumer cettemission, avec bien sûr l’adhésiondes autres partenaires.”

PATRICK KANNERPrésident de l’Union Nationale

des Centres Communaux d’Action Sociale

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générationnels. Chaque territoireaura l’obligation de mettre enœuvre un PLH, s’il veut peser surles moyens financiers dont il aurala responsabilité. En revanche, ceciimplique une formidable mutationdes organismes HLM, qui vontdevoir concourir à cette politique.Il faut saisir cette mutation, elleest ouverte, à travers le mécanismedes PLH, au monde institutionnel,politique et associatif.® “Ce qui nous motive ce sont ces actions d’amélioration de l’habitat. Les parcoursrésidentiels des retraités nousintéressent donc au premier chef.Or, dans ces parcours, ondistingue deux périodes critiques :la première étape, lors du passageà la retraite, s’accompagnesouvent de migrations vers lescôtes, le Sud, du rapprochementvers le centre-ville ou duphénomène de double résidences– les seniors possèdent deux foisplus de résidences secondairesque le reste de la populationfrançaise. La deuxième phaseconcerne l’avancée vers le grandâge, qui souvent déterminel’entrée en établissementspécialisé.Entre les deux, se pose laquestion du maintien à domicile,avec bien sûr des adaptationsintérieures pour éviter leconfinement : mise aux normesdu logement et accessibilitéfacilitée par des aménagementsextérieurs.”

GEORGES CAVALLIERPrésident de la Fédération Nationale

des Pact-Arim

Place faite à la société civile,aux associations et auxpersonnes âgées dans lespolitiques liées auvieillissement Cette démarche de gestion parte-nariale au niveau communal neparaît pas toujours suffisante faceaux enjeux d’aujourd’hui. En tantque réseau d’initiatives locales, laFédération Nationale des Centressociaux y contribue. Chaque centresocial sur un territoire donné, éla-bore son projet entre profession-nels et bénévoles, au plus près dessouhaits des habitants.® “Grâce à nos agréments, notre démarche est inter-générationnelle, essentiellementaxée sur le non médico-social.Nous luttons contre l’isolement,afin que la personne restecitoyenne jusqu’à la fin de sesjours et conserve son autonomiele plus longtemps possible. A partir de là, se posent desproblèmes de mobilité sur unterritoire et même de pertinencedu territoire. Compte tenu des nouvelles compétences, nousne sommes plus liés désormais à une commune, nousdépendons de l’inter-communalité. Nous rencontronssur le terrain les CIAS (CentresIntercommunaux d’ActionSociale) et nous sommes de fait,un élément du partenariatsusceptible d’aborder de façonpositive, concrète et efficace, le problème du vieillissement.”

PIERRE GARNIERAdministrateur de la Fédération

Nationale des Centres Sociaux

ESPACES DÉBATS

Concernant les problèmes d’adap-tation du logement, l’essentiel estd’anticiper et de prévoir l’évolutiondu vieillissement. L’INSEE a réalisédes prévisions, mais beaucoup d’in-certitudes subsistent. Les compor-tements des retraités, connusaujourd’hui en matière de migra-tion résidentielle, vont-ils perdu-rer ? Les ressources plutôt confor-tables de certains vont-elles semaintenir ? En effet, si les retraitéspossèdent à l’heure actuelle plus dela moitié du patrimoine des Fran-çais, il n’est pas certain qu’il en soitainsi à l’avenir. Il faut donc, avecl’aide des Agences d’urbanisme,observer finement ce qui se passe. Le problème ne se pose pas qu’entermes financiers, même si cettedimension est incontournable, il estd’abord politique. Ainsi les CCASqui gèrent 110 000 logements dansles Foyers-logements sont confron-tés à leur indispensable adaptationet réhabilitation. Or, compte tenude l’investissement financier, toutevelléité gouvernementale sembleabandonnée. La question des équi-pements spécifiques se pose donc.En outre, les personnes âgées viventsouvent seules en logement socialdans des appartements devenustrop grands et au loyer trop cher.Compte tenu de cette situation, cer-tains occupants envisagent untransfert vers de plus petites sur-faces. Quant aux élus, ils ne peu-vent ignorer ce réel problème d’adé-quation entre l’offre insuffisante delogements et la demande desfamilles.

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Le respect de la citoyenneté des per-sonnes vieillissantes est un pointtrès important dans ces nouvellesproblématiques, à condition defaire évoluer les mentalités pourmodifier la représentation des per-sonnes âgées, afin de les considérercomme des partenaires à partentière des politiques qui se met-tent en place.® “La Fédération Nationale desClubs d’Aînés Ruraux, depuis 30 ans, vise à rompre l’isolementde ces publics. La premièregénération de fondateurs voitarriver dans nos clubs unedeuxième, voire une troisièmegénération dont certainsreviennent vivre en milieu rural,au moment de la retraite. Tousont donc pris conscience, au seinde nos 83 fédérationsdépartementales, de l’importanced’exprimer leurs besoins, de nepas laisser les autres parler à leurplace. Cependant, il existe encoredes obstacles importants à surmonter.”

GILBERT DUPLANPrésident de la Fédération Nationale

des Clubs d’Aînés Ruraux

Continuer à vieillir en milieurural On constate également un pro-blème d’inégalité des territoires. ® “Revenir à la ruralité c’est“beau” quand on habite à Parisou en ville. Il faut cependant tenircompte de la disparitionprogressive des services publics en milieu rural qui risque dedevenir très vite moins attrayantpour une population quittant un environnement pourvu. Même

au public. Partout où ilsdisparaissent, on crée de ladépendance.”

THIERRY DAMIENPrésident de la Fédération Nationale

des Familles Rurales

Comme il n’est pas possible dansune commune de tout municipali-ser et de tout encadrer, les bénévolesd’associations rendent de nom-breux services et sont devenus devéritables partenaires. Ces associa-tions, connaissant les besoins despersonnes, ont de fait une certaineexpertise et deviennent crédiblesauprès des élus, au moment d’étu-dier ensemble la faisabilité d’unprojet.

Comment gérer la diversitédes territoires ?Il est important, pour les agglomé-rations, d’avoir des lieux ressourcesoù partager le savoir et la diversitédes diagnostics. Cette démarche dedémocratie et de transparence sedéveloppe ici ou là, avec le soutiende la Fondation de France. L’idée du décloisonnement s’ap-plique aujourd’hui à tous lesespaces de vie de la société. Il fautsouligner l’importance de la trans-versalité permettant d’articuler lesdifférentes échelles de territoire.Compte tenu de la mobilité des per-sonnes et de la concentrationurbaine, tous sont confrontés à desproblèmes de transports, d’équipe-ments et de programmes locaux del’habitat (PLH) – adaptation etrequalification des logements.Deux innovations liées à la décen-tralisation méritent d’être signalées :l’Agence nationale de rénovation

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

si on envisage d’adapter et d’aménager les logements, il nesera pas possible de maintenir les personnes âgées à domicile nid’en accueillir de nouvelles en milieu rural, si on ne peut leurgarantir un certain nombre de services et la présenced’infirmières et de médecins.”

PIERRE GARNIER

En effet, quand les enfants partenttravailler en ville, que les familless’atomisent, si les services publicsdisparaissent, les conditions de viedes populations âgées deviennenttrès difficiles sur certains territoires.Les associations ont précisémentété créées pour les accompagner aumoment où leurs proches ne peu-vent plus être auprès d’eux. L’en-traide et la solidarité doivent alorsprendre le relais. La question essentielle reste celle del’attractivité du territoire : s’il nel’est pas pour les jeunes ou lesfamilles, il ne le sera pas davantagepour les personnes âgées. Le main-tien des services de proximité et descommerces est donc vital, à condi-tion toutefois, de créer les condi-tions pour y accéder.® “Notre association FamillesRurales s’adresse à chaque âge de la famille, créant du lien, de la solidarité et de la proximité.On ne peut pas segmenter lesâges. Ainsi, par rapport à l’effetcanicule, les personnes en zonerurale vont chercher à savoirpourquoi un volet reste fermé, au lieu d’attendre avant des’inquiéter. Nous sommes trèsattachés à la présence des servicespublics en tant que services

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urbaine va contractualiser desaccords avec les agglomérations– une partie des aînés, locatairesHLM, sont concernés – et de nou-velles aides au logement vont êtremises en place. Les agglomérationset les inter-communalités qui ontun PLH auront priorité pourcontractualiser une délégation decompétence avec l’Etat. Il existedonc un nouveau rapport territo-rial au logement, à son adaptationet à sa gestion, au service du bienvieillir, qui attribue aux élus et ausecteur associatif une marge d’ini-tiative beaucoup plus importante.Néanmoins certains s’interrogentsur la pertinence de la réponseapportée en matière de projectionsur l’avenir. Le problème de la cani-cule a permis, sans aucun doute,une prise de conscience de l’im-portance de la population âgée.Mais les projections en matière devieillissement pèsent-elles vérita-blement dans les politiques misesen place ? A titre d’exemple, cer-tains organismes HLM paraissenten retard en termes d’adaptationde logements, pourtant décisive aumaintien des personnes à domicile.Aujourd’hui, les populationsurbaines vont-elles continuer àvieillir sur place ou iront-ellesvieillir ailleurs ? Les zones ruralessont-elles prêtes à les accueillir? Lesmoyens déployés ne semblent pasà la hauteur : insuffisance deconstruction de logements sociaux,manque de places dans les maisonsde retraite et dans les foyers loge-ments, sans parler de leur coût.

La question du décloisonnement,se heurte à quelques difficultés surle terrain en particulier à celles dufinancement. En effet, les presta-tions pour les personnes âgées ethandicapées de la commune, ensecteur rural, même très prochesdes besoins et reconnues, ont uncoût.® “Le passage d’animateur à gestionnaire mérite réflexion en termes de projetspluriannuels, de portage et de modalités de financement : en effet, le maire est le maire de tous. Il faut donc interpellerles différents acteurs ; il estpréférable d’avoir plusieursfinanceurs plutôt que dedépendre d’un seul. Il s’agit de contractualiser les projets surdes bases larges et transparentes.Plus les seniors seront acteurs de l’unité, du rassemblement, de la définition des besoins et de la gestion, mieux ce sera.C’est une école citoyenne trèsenrichissante. Je crois beaucoupaujourd’hui à la démarche inter-générationnelle commeécole de vie citoyenne. En somme, dès qu’il y a gestion,et par conséquent, dans laplupart des cas argent public, il faut être bien armé etprogrammer des évolutions, ce qui nécessite de partager et de bien s’entourer.”

ANDRÉ ROSSINOT

La diversité des territoires, des com-pétences, des logements doitd’abord inciter à tenir compte desattentes des personnes, à les écouteret à prendre en compte leur droit à

ESPACES DÉBATS

Du quartier audépartement : quel échelonterritorial pertinent ?En ce qui concerne l’échelon perti-nent en matière sociale, le législateura tranché – il s’agit du département.Mais les élus s’interrogent sur lesmoyens réels dont ils pourront dis-poser. Du côté des CCAS, onconstate qu’il n’existe pas un éche-lon pertinent mais seulement despolitiques pertinentes, des acteurs etdes “consommateurs” pertinents deces politiques. Qu’y-a-t-il de com-mun, en effet, entre un quartierd’une grande ville et une petitecommune rurale? Néanmoins, despersonnes âgées y vivent. Il faut doncinventer les solutions en fonction duterritoire.Quelle que soit l’imagination aupouvoir au plan local, elle s’inscrittoujours dans un cadre de solidariténationale qui doit avoir un maîtred’ouvrage clairement identifié dansl’intérêt des personnes, qu’ellesvivent en secteur rural ou urbain.A cette diversité des territoiresrépond une diversité de parcoursde vie. Quelle politique mettre enplace pour répondre à ces problé-matiques croisées ?® “Nous sommes des “veilleurs”,à l’écoute de ce qui se passe sur le territoire. Il est important, à un moment donné, de partagercette écoute avec les maires, lesprésidents de communautés, etc.Nous ne pouvons pas, à l’échelled’une ville, tout attendre d’elle, ni tout confier à une association ;il est donc indispensable de nouerdes partenariats, de manièrepragmatique.”

THIERRY DAMIEN

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la décision et à la prise de risquejusqu’à la fin de leur vie. Il s’agit defaire du sur-mesure, ce qui n’est passimple, car le système d’aides consti-tue un maquis dans lequel même lesprofessionnels ont du mal à seretrouver. Un travail collectif s’im-

® La Fédération Nationale desCentres Sociaux réunit 3 300Centres Sociaux, lieux d’anima-tion intergénérationnelle. Ils pro-posent des activités à des publicsde tout âge –de l’enfance aux per-sonnes âgées.

® La Fédération Nationale desFamilles Rurales, premier mouve-ment familial en France, regroupe3000 associations accueillant plusde 200000 familles. Ces associa-tions participent depuis 60 ans audéveloppement du milieu rural, enrépondant aux besoins des familleset en défendant leurs intérêtsauprès des pouvoirs publics.

® La Fédération Nationale desPact-Arim existe depuis 50 ans,principal opérateur intervenantdans le parc privé et public(HLM), elle contribue par le biaisde 140 associations à l’améliora-tion des conditions de logement– notamment ceux des personnesâgées –, en vue d’adapter leurappartement au vieillissement oupour le réhabiliter.

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

® La Fédération Nationale desAgences d’Urbanisme est unestructure associative (loi 1901)d’élus proposant aux responsablesde l’aménagement et des agglo-mérations et aux 1 300 profes-sionnels de son réseau technique,un outil sur les questions urbaines.

® L’Union Nationale des CentresCommunaux d’Action Socialefédère 3 300 centres communauxou intercommunaux offrant unelarge palette d’activités et de ser-vices. Elle gère 70 % des Foyers-logements accueillant des per-sonnes âgées et assure des Servicesd’aide à domicile pour luttercontre leur isolement.

® La Fédération Nationale desClubs d’Aînés Ruraux, premièreassociation française de retraités,représente 800 000 adhérentsrépartis dans 10 000 clubs. Cesclubs sont à la fois des lieux derencontre et d’activités et impul-sent des projets innovants ancrésdans la réalité locale.

pose afin de mieux coordonner lesdifférents acteurs et d’engager la res-ponsabilité des autorités locales.C’est aux élus de donner le sens,dans la double acception du terme,c’est-à-dire à la fois la direction et lasignification. ■

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Diversité des parcours de vie : sourcede créativitédans les projetsC’est une évidence : il existe autant de parcours de vie que d’indi-vidus. Comment, à partir de cette diversité, fait-on usage de sa créa-tivité pour concevoir des démarches innovantes et monter des pro-jets ? Bien entendu, il n’existe pas de schéma unique : les quatreporteurs de projets, réunis autour de ce thème, en témoignent8.

personnes en raison de leur culture,de leur isolement géographique, deleur âge. Ils illustrent un désir d’ou-verture sur le monde et sur lesautres – désir d’investir l’existencele plus longtemps possible, en touteautonomie. Au départ, les acteurs font un cons-tat sur le terrain : retrait de la viesociale de femmes immigrées dansun quartier de Mulhouse, à un mo-ment de leur parcours ; isolementde personnes âgées à Ploërmel,faute de moyens de transport ;volonté de prendre en charge sapropre vieillesse, en imaginant àplusieurs, une maison autogéréeà Montreuil ; ouverture à Paris

ESPACES DÉBATS

A situation inédite, réponsesinnovantesAujourd’hui, nous vieillissons trèslongtemps et nous arrivons trèsjeunes à l’âge dit de la vieillesse– avec 30 à 40 ans de perspectivede vie– contrairement à nos parentset à nos grands-parents. Au seuilde la vieillesse, nous devrions nousressentir en plein investissement denous-mêmes. Or, au lieu d’envisa-ger la mort comme faisant partiede la vie, nous sommes dans uncontexte où sa représentation impli-cite est celle de la perte et de l’échec. Ces quatre projets sont nés de l’ob-servation d’une situation de mar-ginalisation d’un petit groupe de

Espaces débats3.

8. Gisèle Bessac - Directrice de La Maisonouverte - Paris XIVe.Gabrielle Eichinger - Directrice de Femmeset Cultures après 50 ans - Mulhouse.Martine Geffroy - Présidente de “Etre àdemeure sans rester à demeure”, AssociationFamilles Rurales - Ploërmel.Thérèse Clerc - Présidente de La Maison desBabayagas - Montreuil.

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d’une maison-café, lieu conviviald’échanges intergénérationnels. Ilsont été établis à partir d’uneréflexion personnelle élargie ou col-lective, en réponse à une situationidentifiée comme problématique. ® “Avec la création de cetteMaison de quartier dans le 14e

arrondissement parisien – la“Maison ouverte” en hommage à la “Maison verte” de FrançoiseDolto – l’objectif poursuivi visaità placer la vieillesse dans unedynamique de construction etd’épanouissement. Nous voulions égalementtravailler sur la représentation de la vieillesse auprès des uns et des autres, toutes générationsconfondues. L’échelle choisie a été celle du quartier : la Maisonest un lieu très accessible, espacefamilier où tous les âges serencontrent. C’est un lieud’écoute, d’accueil, d’échange,conçu comme un café de village :chacun choisit sa façon de lefréquenter. La Maison proposeégalement des ateliers (travailcorporel, activités créatives) et des événements culturels,artistiques pluridisciplinaires.”

GISÈLE BESSACDirectrice de “La Maison ouverte” -

Paris XIVe

Tisser un projet susceptiblede s’adapter à la singularitédes êtres et créer le cadre où ils pourront l’exprimer Nous sommes souvent dans le dénide notre vieillesse, sans envie deconsidérer ce qu’elle pourra être.Ceux qui n’ont émis aucun sou-hait pour cette période, deviennent

sur la ville et ses diversités – 106ethnies vivent à Montreuil !”

THÉRÈSE CLERCPrésidente de La Maison

des Babayagas - Montreuil. (Seine-Saint-Denis)

Prendre en compte la multiplicité des parcoursde vieLes personnes âgées, particulière-ment les femmes, sont menacéesd’isolement – en raison de leur lon-gévité– leur conjoint disparaît sou-vent avant elles – ou de leurs ori-gines culturelles (barrière de lalangue, absence d’activité profes-sionnelle, difficultés financières…).Au Maghreb, les parents âgés sontencore pris en charge par les plusjeunes, or en France ce n’est pluspossible. Les jeunes travaillent etles appartements ne se prêtent pasau rassemblement des famillesissues de cette culture. Devant cerisque d’isolement et le manque devie sociale exprimé et observé, desinitiatives apparaissent. ® “Notre projet s’inscrit dans uncentre socioculturel, où sontreprésentées toutes lespopulations vivant sur le quartier.Mulhouse a un long passéindustriel avec une fortereprésentation du Maghreb.Notre quartier s’est développépour loger les travailleurs desusines Peugeot. Nous nous sommes aperçu que les femmes issues del’immigration disparaissaient peuà peu de notre paysage, leursenfants devenus autonomes, au moment de leur scolarisationen primaire. Il s’agissait donc

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

le moment venu, tributaires desolutions non choisies : la viesemble alors leur “échapper”. Eneffet, la singularité des êtres dansleur dimension sociale, psychiqueou culturelle n’est pas toujoursprise en compte dans un pro-gramme social ou médical.Un petit groupe de femmes,conscientes de ce risque et insatis-faites des formules existant dansle paysage, en raison du décalageobservé entre leur propre vieillis-sement et les structures collectivesproposées, ont donc décidé decréer leur propre modèle, afin devivre en accord avec elles-mêmes etdans la dignité de soi.® “‘La Maison des Babayagas’,à Montreuil, est née d’unehistoire personnelle. Il s’agitd’une résidence qui, à partir de2007, accueillera une vingtainede femmes.Cette Maison sera autogérée,citoyenne et ouverte à tous lesvents, de plain-pied sur la ville.Elle sera solidaire : les femmes de notre génération ont souventeu beaucoup d’enfants, avec des périodes d’arrêt d’activité et donc de petites retraites. Ellesera écologique : aux nouveauxrapports sociaux correspondentde nouveaux matériaux ;économiser la terre fait partiedes valeurs des Babayagas. Noussommes des femmes désirantrester libres et autonomes le pluslongtemps possible. Nousdevons nous prendre en mainafin d’assumer notre prise en charge, ce sera plus facile engroupe que seules. Nous voulonsrester citoyennes, ouvertes

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de les sortir, dès 50 ans, de leurisolement. Sans activitéprofessionnelle, leur socialisationest aggravée par les difficultés de la langue et leur manque de moyens financiers.”

GABRIELLE EICHINGERDirectrice de “Femmes et Cultures

après 50 ans” - Mulhouse

® “Etre à demeure sans rester à demeure, est une réponse auxdifficultés de déplacement des personnes âgées en raison del’absence de transports de proximité. Ce service de co-voiturage a été mis en placepar l’association Familles Ruralesde Ploërmel (Morbihan), avecl’aide de la Fondation de Francepour structurer le projet ; il s’appuie sur un réseau de 10 bénévoles. Une enquête et desrencontres auprès de nombreusespersonnes ont conforté notrehypothèse de départ : cettesituation les empêchait de sortirde chez elles et les gênait dansleur désir d’activités. Les rencontres avec différentspartenaires le montrent : nousapportons une réponse quequiconque n’aurait pu mettre en place. Cette activité n’estéconomiquement pas rentable, à moins de devenir taxi ! Mais lesdestinataires ayant peu deressources, elles ne peuvent pasrecourir à ce mode individuel de transport.”

MARTINE GEFFROYPrésidente de l’Association Familles Rurales - Ploërmel

la ville et le département, nes’institutionnalise pas et préserveses valeurs de base, soninnovation et sa créativité.”

GISÈLE BESSAC

® “Intégré à un centre social,“Femmes et Cultures après 50 ans” permet d’utiliser les compétences en interne, pouranimer ces après-midi récréatives.Toutefois, le Conseil généralsollicité depuis 9 ans, pouraccorder un espace de rencontreplus adapté ou pour pérenniserun poste, tarde à se décider. Nousvoulons en effet, ouvrir ce lieutous les jours (deux fois par moisactuellement) – et y accueillir les couples et les hommes. Cetteexpérience démarre, et nousavons la ferme volonté de la fairegrandir, voire de la développerdans d’autres quartiers de la ville.”

GABRIELLE EICHINGER

Parfois pour les financeurs tradi-tionnels, “une phase d’observa-tion” semble nécessaire avant toutedécision : le projet doit d’abordfaire la preuve de sa pertinence.® “Le co-voiturage a été difficile à mettre en œuvre, la mairie nes’étant pas vraiment manifestée,nous ne savions pas à qui nousadresser pour avoir des réponsesau niveau législatif. Nous noussommes donc entourés de conseils auprès de personnescompétentes qui ont accepté de nous répondre.”

MARTINE GEFFROY

ESPACES DÉBATS

Monter un projet sans partirde l’existant crée desdynamiques Si l’innovation ne se heurte pas for-cément à un mur d’incompréhen-sion, il faut cependant mobilisertemps, énergie et imagination…pour convaincre, afin de trouver lastructure d’accueil ou le partenairequi permettra la réalisation ou lapérennisation de son projet. Lesfrais de fonctionnement sont tou-jours la pierre d’achoppement.Force de persuasion, expérience et“preuves à l’appui” aident à sur-monter bien des résistances.® “Les financeurs commencent en effet à se rendre compte qu’il va y avoir d’ici 10 ans une déferlante de “vieux”, et pastoujours en bon état !”

THÉRÈSE CLERC

® “La Maison ouverte estl’histoire d’un projet innovant,étonnant à l’échelle du quartier,qui n’existe nulle part, sansaucune ligne budgétaire. Maisparadoxalement, c’est parce qu’ildésarçonne que j’ai eu l’écoutedes politiques, des Fondations etdes caisses de retraite. L’objectifc’est sa duplication. Noussommes en train de créer uneFédération de Maisons ouvertes,créatrice de réseaux.L’investissement est relativementaisé : ensuite, tout est question de fonctionnement. Si on ne veutpas qu’il soit élitiste, il faut des financements publics pourassurer pérennité et qualité. Il faut également veiller à ce que le projet, tout en étantvalidé par l’Etat, la région,

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Echos d’acteurs

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L’art de bien vieillir dans laMaison des Babayagas, uneutopie réaliste (Montreuil)

Personnage de légende russe,la Babayaga raconte

des histoires aux enfants et qu’ellefinit par dévorer parce qu’ilsmangent sa maison en pâted’amande. C’est aussi une“passeuse” qui nous emmène surdes chemins initiatiques. Saura-t-elle nous prendre la main pourl’ultime passage ? Notre projet est un projet à la foispolitique et européen : statuts de l’association déposés en 1997 à la Préfecture, nom inscrit à l’INPI (institut national de la propriété industrielle), projetdéposé pour l’Europe. Sur le terrain de 585 m2, en pleincentre-ville, offert par la Municipalité, les HLMconstruisent notre Maison, selonles plans de l’architecte SamiTabet, avec qui nous travaillons :studios équipés de 35 m2,équipements collectifs…S’inspirant du principe des Béguinages au Moyen-Age, en Belgique et aux Pays-Bas,chacun locataire continuera àmener sa vie selon ses aspirationset ses goûts.Par ailleurs, nous allons nous faireseconder d’une Université duSavoir des Vieux (UniSaVie). Il vafalloir acquérir des savoirs sur lavieillesse et constituer une espècede corps “d’aidants”, analogueaux “médecins aux pieds nus” enChine. Nous veillerons à l’emprisedu médical pour ne pas êtreréduites à nos “pathologies”.

de faire face à des situationsnouvelles. En effet, si leur maridisparaît, leurs moyens limitésleur permettront-ils d’intégrer unestructure médicalisée ou autre ?Pourront-elles opter pour le modede vie de leur choix ?Aujourd’hui, une quinzaine de femmes participentrégulièrement aux activitésmensuelles.

GABRIELLE EICHINGER

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

Nous travaillons à changerl’imaginaire social de lareprésentation des “vieux” pourchanger les pratiques ! La véritablerévolution, c’est passer de lacivilisation du mépris à lacivilisation du regard. Commel’écrit Michel Leiris, la révolutionn’est jamais que l’évolution du rêve.

THÉRÈSE CLERC

Femmes et Cultures après 50 ans : rompre l’isolement et penser à son avenir(Mulhouse)

A Mulhouse, le quartierpopulaire Brustlein a connu

plusieurs vagues d’immigration enraison de l’implantation des usinesPeugeot : 9 000 habitants, dont19,5 % de 60 ans, y vivent.Depuis 1974, le Centre socio-culturel rencontre des difficultés à rejoindre les femmes immigrées.Une fois leurs enfants scolarisés en primaire, elles se retrouventseules, cantonnées dans l’espace domestique. De plus,l’occidentalisation des jeunesgénère une incompréhension entre générations, ce qui aggraveleur isolement.A travers ce projet, il s’agitd’organiser des temps derencontres (activités conviviales,ludiques, culturelles), puisd’assurer une autonomie à cesfemmes. Nous souhaitions qu’ellesdisposent, au moment de leurvieillissement et de leurdépendance éventuelle, d’outils et du réseau leur permettant

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ESPACES DÉBATS

Des démarchesinnovantes : au plus prèsdes besoins, des demandes et des attentes des habitantsLa thématique de cette table ronde est sous-tendue par une question : est-il possible de partir desbesoins exprimés par les habitants d’un quartier, d’une ville ou par les usagers d’un service, de lesassocier à la réalisation d’un projet puis d’en faire des acteurs plutôt que des sujets passifs ? Quatrenouveaux porteurs de projets9 apportent leur expérience. Ce qui caractérise leur projet c’est la volontédélibérée de donner la parole aux personnes concernées, afin qu’elles expriment leurs attentes etdeviennent d’éventuelles partenaires d’actions futures.

la santé bien avant la protectionsociale, concernait les Canuts qui travaillaient à domicile : desmédecins hospitaliers de traditionchrétienne sociale avaientdémarché un certain nombred’employeurs soyeux. Ils proposaient d’aller soigner les ouvriers chez eux afin qu’ilspuissent reprendre leur travail le plus rapidement possible,garantissant ainsi les ressourcesde ces familles.D’après les statuts duDispensaire, les publics concernésdoivent impulser eux-mêmes

La consultation, étapepréliminaire indispensable Rester attentif, au plus près desbesoins observés, c’est la démarcheadoptée par la Fondation dispen-saire général de Lyon qui, avec“Bien vieillir dans son quartier”,développe des réseaux de proximitéafin d’améliorer la qualité de viedes personnes âgées et de leursaidants. ® “La Fondation dispensairegénéral de Lyon s’inscrit dans unetradition qui remonte au siècledernier. L’organisation sociale,mise en place dans le secteur de

Espaces débats3.

9. Maryvonne Berthet - Responsable de laFondation dispensaire général de Lyon.Joëlle Garello - Présidente du Centre social“La Courte Echelle” - Plouzané.Bernard Bardin - Maire de Clamecy. Annick Massard - Directrice du CCAS -Navette inter-quartiers - Clamecy.Daniel Juif - Directeur de l’Office des retrai-tés de Brest - “Ca roule pour nous”.

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l’action sur leur territoire de vie etinitier des actions innovantes desanté publique. Nous avons doncposé cette question aux personnesâgées des 3e et 7e arrondissementsde Lyon : “Comment pouvez-vous contribuer à bien vieillir survotre quartier ?”

MARYVONNE BERTHETResponsable de la Fondationdispensaire général de Lyon

Le Centre social La Courte Echelleà Plouzané, dans le Finistère, a faitréaliser par quelques habitants dela ville, une enquête auprès de 500personnes âgées, afin de poser undiagnostic vieillissement accordantune place pour chacun.® “Ce projet résulte de questionsposées au centre social par leshabitants eux-mêmes autour de la question du vieillissement.Certains, en effet, culpabilisaientau moment de mettre leursparents en maison de retraite :au départ, il s’agissait d’écouterl’expression d’un mal être. Pour savoir quelles actions mettreen place, nous devions connaîtreleurs souhaits et leurs attentesprécises. L’enquête nous a paruun bon moyen : elle mobilisait des personnes autour d’uneaction demandant un certaininvestissement et permettaitd’objectiver nos perceptions etconstats. Résultats : beaucoup depudeur chez les personnes âgéesqui n’osent pas parler de leursproblèmes et souffrent desolitude ; une image duvieillissement qui est loin d’êtrenégative chez les plus jeunes, (15 ans), ayant participé à

nombre sont des femmes veuves.Au départ nous avons mis enplace ce service de transport sanstenir compte des besoins del’ensemble de la population ; il fonctionnait alors deux fois parmois. Au bout de six mois, nousnous sommes aperçu que nousavions besoin d’une véritableévaluation ; nous l’avons confiéeaux élèves de BTS du lycée local.Ils sont allés à la rencontre des personnes âgées. Ainsi, ce projet qui partait d’un servicetrès concret a débouché sur autrechose. Nous nous sommeségalement fait aider par le Conseil municipal des jeunes,pour la communication.”

ANNICK MASSARDDirectrice du CCAS - Clamecy

Avec “Ça roule pour nous”, desretraités, caméra au poing, réali-sent une enquête sur les transportsurbains à Brest, en vue d’obtenirdes améliorations correspondantvéritablement aux besoins de l’en-semble des usagers de la cité. ® “Ces améliorations doivent en réalité répondre aux besoinsde tous les habitants. Nousvoulons montrer auxadministrations locales qu’unepopulation vieillissante représenteun atout : 30 000 retraités dotésd’une compétence d’un savoir-faire et d’une expérience sont uneforce. Nous souhaitons les utilisercomme une espèce de cabinetd’expertise indépendant. Nousavons donc proposé à quelquesadhérents de devenir acteurs ettechniciens sur un projet decirculation Interviews des usagers

l’enquête. La démarche d’ailleurs,a été aussi importante quel’enquête : rencontresintergénérationnelles, goûters,sorties… ont ensuite vu le jour.”

JOËLLE GARELLOPrésidente du Centre social

“La Courte Echelle” - Plouzané

Le projet d’une navette inter-quar-tiers propose aux personnes âgéeset/ou isolées à faibles revenus, unmoyen de transport adapté à leursbesoins. ® “La Nièvre est un petitdépartement, dont la populationdiminue : 220 000 habitants dont40 % aura plus de 60 ans dans 15 ans. Clamecy se situe au Nord, à 40 km d’Auxerre. La commune reflète la situationsociale du département : 59 %de foyers non imposés, 23 % de RMIstes, un taux de chômageet un nombre de famillesmonoparentales relativementélevés. La commune tendcependant à se stabiliser au niveau économique grâce à l’agro-alimentaire.Indépendamment de l’existencede nombreux services à domicile,nous avons souhaité, avec la navette, améliorer la qualité de vie des plus isolés.”

BERNARD BARDINMaire de Clamecy

® “Le quartier populaire HLM se situe loin de la ville et des grandes surfaces et aucuntransport urbain ne le dessert.L’analyse des besoins sociauxmenée par le CCAS a révélé la difficulté de déplacement decette population, dont un certain

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VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

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ESPACES DÉBATS

dans les bus, des élus et desdéputés ont permis de réaliser le reportage, suite à une enquêtetournée pendant quatre mois.”

DANIEL JUIFDirecteur de l’Office des retraités

de Brest

® “Ce qui est important c’estl’évolution, le cheminement. On peut penser que les retraités,comme toute autre catégorie de la population, ne s’intéressentqu’à leurs petits problèmes. Il faut dépasser ce stade etinvestir le champ de l’intérêtgénéral. Il y a deux ans, on étaitparti en Afrique avec une équipe,filmer sur le thème duvieillissement. On s’aperçoit quelorsque les personnes ont descapacités techniques, elles seprennent au jeu et se font lesinterprètes de l’intérêt général.”

RENÉ LANDURResponsable de l’atelier vidéo,

Brest

La volonté de rester citoyenLorsque les citoyens ont un désird’agir, il faut qu’ils puissent trou-ver le lieu pour l’exercer. Il existede nombreux lieux d’offre de ser-vices, de soins, d’activités, de loi-sirs, mais peu de lieux d’initiativeet de rencontre. Pourtant, les per-sonnes âgées souhaitent qu’onarrête de penser à leur place. Ainsi,les besoins définis pour elles, parles institutions, sont alors forcémenten décalage par rapport à cequ’elles ressentent au plus profondd’elles-mêmes.Elles n’ont pas envie que l’on kid-nappe leur “période vieillissante”.Les personnes âgées peuvent s’ex-

La première fois que ce service detransport, a été proposé à Clamecy,il n’était accessible qu’aux per-sonnes âgées aux faibles revenus,ce qui a déclenché un tollé. Le pro-jet a donc évolué – il est désormaisouvert à tous, indépendamment del’âge et des revenus. La plupart desusagers sont des femmes isolées,sans permis de conduire.Le fait d’avoir pu ensuite collabo-rer avec des lycéens en BTS, d’avoirsollicité le Conseil municipal desenfants et d’être en contact directavec les usagers, a obligé l’équipedu CCAS à envisager autrement safaçon de travailler les projets àvenir, avec l’absolue nécessité deconsulter au maximum les diffé-rents publics. La vie d’un individu ne s’arrête pasavec la cessation provisoire de sonactivité professionnelle. Les per-sonnes âgées peuvent agir en“médiateurs” au niveau de lasociété, être observateurs et révéla-teurs de besoins.Consulter avant de prendre unedécision, constitue une véritablerévolution. Les personnes âgéessont enfin entendues et écoutées.Les projets élaborés s’ouvrent alorssur de nouvelles perspectives, don-nant lieu à de nouvelles initiatives.Car Vieillir dans son quartier, c’esteffectivement rester dans son lieude vie, vivant auprès des autres.

primer, être entendues longtempset même quand on a l’impressionqu’elles ne peuvent plus “dire”, ilfaut encore tout faire pour les“entendre”.® “Nous souhaitions leurproposer de créer une antenne de gérontologie – lieud’évaluation de leur état de santé,afin de pouvoir les informer et les orienter vers la structureadéquate ; deux à troisgénérations de personnesvieillissantes cohabitent dans nos quartiers. Or, c’est un besointrès fort de rencontres qui s’estexprimé à l’occasion de cettequestion “ comment vivre mieuxdans son quartier ?”

MARYVONNE BERTHET

Les personnes âgées, n’étant plusdans la vie active, n’ont plus de lieud’expression. Si on crée les condi-tions, elles sont non seulement enmesure d’émettre leurs souhaitsmais, à l’occasion, d’œuvrer pourl’intérêt de la collectivité. Les éluscependant ne leur reconnaissent pastoujours cette prérogative.® “L’intérêt de ce reportage n’estpas de montrer les difficultés des personnes âgées mais celles de tout usager. Une fois ce travailaccompli, le retraité est redevenucitoyen, s’occupant des affaires de tous.”

DANIEL JUIF

Par ailleurs, toute idée de projet estliée à la notion de temps, elle-mêmeliée à l’apprentissage – les personnesâgées ont envie de continuer à gran-dir et à apprendre – et au désir depréserver leur autonomie.

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Quand les habitants de Plouzané se mobilisent, “Une place pour chacun” est en vue

Notre commune compte12 000 habitants et

la question du vieillissement étaitsouvent abordée sous l’aspect“dépendance”, de nombreusesfamilles étant confrontées au “placement” d’un proche ;d’ailleurs, peu de réponses sontproposées en direction despersonnes âgées. Face à ce malêtre exprimé par certains et à ces préoccupations non prises en compte, le centre social adécidé d’entreprendre une réflexion commune avec lesassociations et les habitantsintéressés, afin de faire levier, pour changer la situation.Notre objectif : connaître les représentations des habitantssur le vieillissement, appréhenderles besoins et attentes desintéressés (déjà vieux et futursvieux), croiser les regards desgénérations et des institutions,associations, professionnels…,mobiliser autour de ce thème le plus grand nombre d’habitantset fédérer des actions communes.L’idée d’une enquête est apparuecomme un moyen de cerner cesreprésentations afin de dépasserles constats et perceptionsimmédiates : “je pense que levieillissement c’est… ou les vieuxont besoin de …” et de mobiliserles énergies des habitants autourd’un projet fédérateur. La conception du questionnaire et la réalisation de l’enquête sontl’émanation de leur démarche de questionnement sur ce thème

actions innovantes de promotionde la santé et de réponse apportées à des besoins nouveaux. Pour ce projet, nous avons associé dèsle départ les habitants vivant dansles 3e et 7e arrondissements deLyon, notre zone d’intervention,afin de le construire avec eux, à partir de l’expression de ce qu’ilsvivent. Je dois souligner laperception différente des besoinsressentis par les personnes âgéeselles-mêmes et par la Fondation.Elles ont exprimé despréoccupations liées à leur viequotidienne (manque d’infirmièrespour des soins de courte durée),leur désir de rester autonomes le plus longtemps possible, d’êtrerespectées dans leur choix de vieet d’être acteurs. De là est apparuela question du “bien vieillir” avec son corollaire : “que faire soi-même pour y contribuer ?”Au niveau de la Fondation, estd’abord apparu le besoin d’uneantenne gérontologique pour fairele bilan médical et social despersonnes vivant à domicile, suivid’une autre propositionconcernant les actions à menerpour mobiliser les habitants afin de leur donner envie d’agir.Aujourd’hui, après un an et demi de fonctionnement, nous cherchons commentcontinuer à accompagner cette dynamique, avec quelspartenaires et dans quellestructure pérenne qui s’appuieraitsur les groupes de quartier déjà créés.

MARYVONNE BERTHET

du vieillissement. Il s’agissaitensuite de transformer cesbénévoles en enquêteurs allant à larencontre des habitants : momentsd’échanges – 482 questionnairesont ainsi été remplis. Le recours à des intervenantsqualifiés a permis de former et d’accompagner les volontaires(vaincre leurs résistances et leursdoutes sur leurs capacités àentreprendre un tel travail), puis de réaliser le dépouillement et l’analyse des réponses. Les résultats ont été restitués augroupe et à la population(courrier, presse, expositionitinérante) avant d’être intégrés au projet du centre social. Ce qui est intéressant c’est la collectivisation d’une questionindividuelle et la modification de la relation à soi et aux autres,générées par cette initiative – avecun constat : l’absence de frein àdes actions intergénérationnelles.Des activités ont pu ainsi êtreorganisées : concours de boules, de dominos, apprentissage dedanses bretonnes, démonstrationde hip hop, sortiesaccompagnées… Pour les anciens,des ateliers mémoire et des atelierséquilibre ont déjà été mis en place.Ce n’est qu’un début, la réflexion continue…

JOËLLE GARELLO

Des réseaux de proximitépour améliorer la qualité devie des personnes âgées,Fondation dispensairegénéral de Lyon

Reconnue d’intérêt public en1833, la Fondation poursuit

ses missions de participation à des

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VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

Echos d’acteurs

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ESPACES DÉBATS

Des démarchespartenariales : l’intérêtd’inventer ensembleComme l’attestent nombre de témoignages entendus précédemment, la collaboration entre l’ensembledes acteurs n’est pas évidente : elle se construit au fil du temps et des projets10. Comment en effet, fairese rencontrer sur un territoire communal ou intercommunal, élus, professionnels et associatifs, cha-cun ayant sa propre logique ? Comment parvenir à une mise en relation des besoins et à une mise enréseau des capacités ?

tenariats se nouent, des projetss’inventent.

Aborder autrement la problématique du vieillissementL’intercommunalité semble modi-fier également la problématiquedu vieillissement qui, à terme,concerne tout le monde. Elle inviteà moins se focaliser sur l’âge d’unepopulation, qualifiée “d’âgée”mais à considérer davantage sesbesoins, qui rejoignent d’ailleurssouvent ceux d’autres publicscomme par exemple, les personneshandicapées (l’aménagement d’untrottoir règle à la fois l’accessibilitédes personnes à mobilité réduiteet celui des poussettes).Par ailleurs, certains acteurs locauxs’interrogent afin de déterminer si

La société va subir un changementprofond avec, d’ici 20 ans, l’émer-gence de nouveaux besoins liés auvieillissement de la population auniveau médical, des transports, dulogement, des emplois et desenjeux culturels, auxquels aucunecommune ne pourra faire face iso-lément. L’intercommunalité s’im-pose. Cependant en modifiant lesespaces de vie, elle augmente lesdistances, influe sur les rapportsdes usagers aux instances d’infor-mation et de décision, situées leplus souvent en centres villes oucentres bourgs. Cette évolutions’accompagne d’un décloisonne-ment des champs d’interventions,provoque des rencontres entre desacteurs jusque là peu habitués àtravailler ensemble ; des réflexionstransversales s’engagent, des par-

Espaces débats3.

10. Jeanine Dujay-Blaret - Les Aînés référents- Présidente Aînés ruraux de Valence-d’AgenLionel Bonda - Directeur Pact-Arim, GrenobleElisabeth Vandaele - Chef de projet APAPAD,DunkerquePatrice Vergriete - Directeur Agence d’Urba-nisme de DunkerqueGuy Champain - Président Maison de quar-tier du Val d’Ornay, La Roche-sur-Yon

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les personnes vieillissantes relèventencore et exclusivement de l’actionsociale ou si elles constituent unestrate de population à part entière.Quelques villes ont même décidéde sortir ce service de l’actionsociale pour en faire une directiondistincte. Ce qui n’est pas neutreau niveau de l’intention et de ladécision politique. D’autres regrettent que l’on utiliseindistinctement les termes “retrai-tés” et “personnes âgées”, et pré-féreraient parler de “parcours devie”, avec, à un moment donnéspécifique à chacun, l’apparitionde difficultés de mobilité et par-fois de déficience intellectuelle.Toutes les populations en effetn’ont pas besoin des mêmes aides(médico-sociales ou autres). Une classe nouvelle émerge, les60/75 ans, avec du temps, dessavoir-faire à transmettre ; ilsconstituent une ressource pour lasociété. Ce sont ces atouts qu’ils’agit d’aider à révéler désormais.

Des aînés à la fois relais et partenaires Ceux qui s’engagent dans les struc-tures associatives contribuent aumaillage si important des territoires.Leur présence devient indispensablepour faire le lien entre les instancescensées les aider et les usagers (dontles personnes âgées), qui, pour dif-férentes raisons n’y ont pas accès :isolement, différences culturelles ousociales. Souvent désinformés, ilsn’ont pas accès à leurs droits. Ainsi à Valence-d’Agen (Tarn-et-Garonne), les Aînés ruraux confientà des retraités bénévoles répartisdans les clubs locaux, une mission

de mieux appréhender leursattentes. Elle a ensuite amorcé unpartenariat avec plusieurs struc-tures : la société anonyme de HLMpour envisager l’aménagement etl’adaptation minimum de quelqueslogements, le CLIC-Entourage,pour connaître la populationconcernée par l’enquête. La muni-cipalité a manifesté son intérêt poursa démarche.® “Le quartier du Val d’Ornay estessentiellement pavillonnaire : sur3 500 habitants, 200 personnesvivent en logements collectifs. Ce quartier créé de toutes piècesdans les années 1970 a vieilli,mais ses habitants y sont trèsattachés : des liens de voisinage se sont tissés et il existe une vieassociative assez intense. Il n’y apas de maison de retraite, maispersonne n’en veut. Certainshabitants de plus de 60 ans ontpris conscience qu’il était possiblede continuer à vivre au Vald’Ornay, à condition de faire desaménagements dans les logementset de disposer de services deproximité (CLIC). Ils ont aussiimaginé l’aménagement d’unlocal, afin de disposer d’un lieude rencontre inter-générationnelle. Nous avons alorsréuni un petit groupe, l’appel àprojets de la Fondation de Francenous a stimulés, l’idée del’enquête a alors germé. Nous nous sommes limités à 85 personnes du quartier, âgéesde plus de 75 ans : 71 ont acceptéde nous recevoir.”

GUY CHAMPAINPrésident de la Maison de quartierdu Val d’Ornay, La Roche-sur-Yon

d’information, auprès de l’ensembledes habitants du territoire. Ces“Aînés référents”, du fait de leurproximité des habitants, sont éga-lement en mesure de faire remonterles dysfonctionnements auprès duCIAS – avec cette particularité : ilsexercent leur “vigilance” sur l’en-semble des publics. ® “L’intercommunalité, quiconcerne aujourd’hui 24communes, se vit chez nousdepuis 15 ans. Les retraités sontdevenus des partenaires à partentière du CIAS (Centreintercommunal d’action sociale)et à ce titre, participent à laréflexion générale. Leur missionest de transmettre l’information.Le plus difficile est d’aller aucontact des personnes qui ontréellement besoin de services et qui en sont éloignées : portagede repas pour les plus âgés,mobylette pour les jeunes devantse rendre à leur travail. Ils sontdésormais écoutés par tous. Nous avons accueilli dans nosclubs d’Aînés ruraux, des Anglais– passant leur retraite dans le département – en dépit de la barrière de la langue et de laculture. Cette convivialité nouspermet d’être totalement en phaseavec l’environnement.”

JEANINE DUJAY-BLARETPrésidente Aînés ruraux

de Valence-d’Agen

La Maison de quartier du Val d’Or-nay à La Roche-sur-Yon, face àl’émergence de nouveaux besoinsdes habitants âgés, a établi un dia-gnostic. Un questionnaire a ensuiteété proposé aux plus de 75 ans afin

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VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

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ESPACES DÉBATS

Quand s’élargit le champ des partenariatsinstitutionnels sur les territoiresLe projet de service immobilier àdestination des personnes âgées ethandicapées, mis en place àl’échelle locale et départementale,par le Pact-Arim de Grenoble(amélioration de l’habitat), a inté-gré à sa réflexion des associationsdont les ADMR – Aides à Domi-cile en Milieu Rural – pour analy-ser la qualification de la demande. ® “Pact-Arim Grenoble travailleà mailler les politiques socialesavec celles de l’habitat. Cette démarche est au cœur du partenariat mis en place.Nous, adaptons chaque année,en Isère, 500 logements dans le parc privé et 150 dans le parcpublic – essentiellement deslogements individuels. En effet,on peut être propriétaire d’un“château des courants d’air” et on constate beaucoup de casd’insalubrité chez lespropriétaires. Mais nous nousinterrogeons, avec lesorganismes HLM, sur l’intérêtde ces adaptations en collectifs,car les occupants, locataires ou propriétaires, sontconfrontés, avec l’avancée enâge, aux mêmes difficultés. La logique “personne âgée”s’inscrit donc dans une logiqueactive et notre action, en matièred’adaptation de l’habitat,concerne des personnes qui commencent à rencontrerdes problèmes de dépendance. Ainsi, plutôt que d’adapter de manière diffuse, nous

à certains problèmes demédicalisation ou d’habitat.”

PATRICE VERGRIETEDirecteur Agence d’Urbanisme

de Dunkerque

® “Nous avons trouvé avec ce groupe, un lieu d’écoute et de reconnaissance. Nousavions déjà entamé un travail surles attentes et les besoins de ce public et identifié un certainnombre de faiblesses. L’Agenced’urbanisme nous a proposé de nous associer à ses travaux surle SCOT (Schéma de CohérenceTerritoriale). Nous avons donc pu faire remonter les besoinsrepérés sur le terrain, notammenten matière de transport en zonerurale – toutes les propositionsétant concentrées dans la zoneurbaine de Dunkerque.”

ELISABETH VANDAELEChef de projet APAPAD, Dunkerque

Les facteurs déclencheurs Pour l’Agence d’urbanisme de Dun-kerque, c’est la prise de consciencede l’importance de cette probléma-tique multi dimensionnelle duvieillissement et la prise en comptede ces questions relevant bien deses missions qui ont déclenché sadémarche de collaboration avecl’APAPAD. En milieu rural, si les problèmes deservices, liés à l’habitat dispersé,sont répertoriés, par contre les loge-ments inadaptés voire insalubresencore trop nombreux ne sont pastoujours connus. Même très âgéeset vivant dans des conditions diffi-ciles – sans confort ou en mon-tagne – les personnes souhaitentmajoritairement rester chez elles.

essayons désormais de recensernos actions et de qualifier les groupes de manière pluspertinente. De cette réflexion est née l’idée de mutualiser nosressources.”

LIONEL BONDADirecteur Pact-Arim de Grenoble

De son côté, l’Agence d’urbanismede Dunkerque a mis en place avecl’APAPAD (Association de Promo-tion d’Actions pour les PersonnesAgées ou Dépendantes) une offrede transport individuel en milieurural, afin d’accompagner diffé-rentes catégories de population. Labonne connaissance du terrain parl’APAPAD est un atout pourl’Agence qui se définit d’abordcomme un observatoire.® “Il n’est pas fréquent qu’uneAgence d’urbanisme se penchesur la question des personnesâgées, mais c’est une structurepartenariale travaillant sur laprospective et l’anticipation. Il nous paraît donc difficile, à Dunkerque, d’éluder la question du vieillissement de la population que nous avonsintégré aux questionsd’aménagement urbain de concertation. L’Agence a organisé un groupe de travailréunissant professionnelsde l’action gérontologique et urbanistes. Concrètement, la problématique transfrontalièrea permis d’aborder certainesquestions à une échelle pluslarge : les urbanistes ont ainsi mis en évidence la proximité de la Belgique susceptible de répondre à 15 km de là,

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Pour le Pact-Arim de Grenoble, ils’agit d’essayer de rationaliser sesmoyens et de rendre le service pluslisible.Les aînés référents en zone rurale,très présents dans la populationpermettent de débloquer des situa-tions auprès des instances qui, sanseux n’en auraient pas connaissance.Cette activité enclenche réflexionet partenariats. La mise en place de ces partenariatsaméliore voire transforme le projetde départ.Ainsi, l’Agence d’urbanisme a misl’APAPAD en relation avec la Fédé-ration nationale des Agences d’ur-banisme et avec la Fondation deFrance, ce qui a permis de financerla réalisation d’une étude et de faireévoluer le projet, de l’inscrire dansune réalité : il a pu alors êtreentendu par les élus.Le partenariat mis en place par lePact-Arim de Grenoble a fait évo-luer le projet à plusieurs niveaux.Cela s’est traduit concrètement parun questionnaire réalisé avec leCLIC et l’ADMR adressé à 1 000personnes, réparties sur deux bas-sins de vie. Les résultats ont faitl’objet de séances partagées et dedébats sur de possibles applicationsconcrètes. Le souhait de départvisait à améliorer la rapidité du ser-vice d’adaptation du logement auxpersonnes âgées. Il a pu être enri-

chi en diversifiant les réponses selonle contexte local. Il a joué à la foissur l’instance départementale,confortée par la décentralisation,et sur les communautés de com-munes ayant un PLH qui les dotede la compétence habitat.Pourtant le partenariat se heurteencore parfois aux logiques insti-tutionnelles, ce qui implique uneméthode de travail respectant l’en-semble des partenaires. Les élussont alors un recours pour dénouerles situations bloquées.Lorsque certains acteurs souhaitentfaire partager leur expérience sur laquestion des personnes âgées àd’autres communes ou commu-nautés de communes, ils rencon-trent encore incompréhension etparfois un véritable rejet de la partdes élus, en particulier de très petitescommunes, pour qui la solidaritétraditionnelle existante devrait suf-fire. Il s’agit en fait d’un problèmeculturel nécessitant un changementde mentalités. Il faut donc du tempspour convaincre, persuader dubien fondé d’un projet et obtenir unsoutien institutionnel : discussion,action, diagnostic sont les étapesincontournables. “Les élus s’édu-quent avec le temps”… En outre,“les partenariats institutionnels ouassociatifs ne naissent pas de rien,ils se construisent et se développentprogressivement”. ■

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VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

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ESPACES DÉBATS

Echos d’acteurs

Quand les Aînés deviennentrelais d’information en zonerurale (Valence-d’Agen)

Près de 15 800 personnesvivent sur la communauté

de communes des Deux-Rivesdont 3 200 ont plus de 60 ans.Une centaine de foyersbritanniques sont venus s’yinstaller. Les Aînés Ruraux dusecteur du Brulhois regroupentdes clubs répartis sur les 24 communes. Acteurs bénévoles,ils ont identifié un certain nombrede difficultés rencontrées par lapopulation vieillissante : maintienà domicile, adaptation de certainslogements, entrée ou sortied’établissement, accès àl’information sur les servicesexistants. Cette mise en réseauinformelle, sans existence légale,repose sur la convivialité d’unterritoire et facilite la remontéedes besoins repérés avec la volonté d’intégrer les étrangersà la vie locale, sans se substitueraux travailleurs sociaux Le projet“Aînés référents” a nécessité un véhicule acquis grâce à la Fondation de France. Il nous appartient de faire lepremier pas, d’aller au-devant des gens, de nous faire accepteret… de devenir indispensables !Cette mission favorise le liensocial entre les personnesvieillissantes et l’ensemble deshabitants. Elles retrouvent aussiune valeur aux yeux de leursfamilles et des plus jeunes. Des solidarités se nouent et de nouveaux projets voient le jour, dont une banque

avaient recours à l’aide àdomicile ; 89 % refusaient de changer de logements ; 77 % étaient âgées de 75 à 95 anset 15 % de plus de 85 ans ; 68 % étaient des femmes et 29 % bénéficiaient de l’APA. Outre les questions liées àl’habitat, des besoins de relationsavec l’extérieur sont apparus.Cette connaissance a permisd’engager une réflexion communeet de nouer d’autres partenariats.Peu à peu, l’offre locative socialeva se structurer : il arrive qu’unepersonne vive seule dans unappartement devenu trop grand,mais qui répondrait auxbesoins d’une famille.

LIONEL BONDA

de données répertoriantexpériences et témoignages des anciens, en liaison avecles écoles du secteur.

JEANINE DUJAY-BLARET

Création d’un serviceimmobilier social àdestination des personnesâgées et handicapées(Grenoble)

Le Pact-Arim (améliorationde l’habitat), assure

la coordination du volet habitatdu schéma gérontologiquedépartemental de l’Isère et desopérations de réhabilitation. Les personnes souhaitent resterchez elles le plus longtempspossible, mais leur logementn’étant plus adapté, elles sontsouvent obligées de partir ou de ne plus bouger. Ce projet est né de la volontéd’adapter les logements depersonnes devenues dépendantes(âge, handicap) et de mailler leterritoire de façon plus cohérente.Il associe plusieurs instances :CLIC, deux services de soins etd’aide à domicile, l’ADMR en secteur rural et l’ADPAH enmilieu urbain, des représentantsdu parc immobilier public et privé du département. Un questionnaire, diffusé auprèsdes usagers concernés et de leursproches a permis de cerner et de qualifier la demande sur deuxsecteurs test – avec un taux de retour de 50 %. Ainsi enChartreuse (zone de montagne),99 % des personnes interrogées

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VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

Conclusions et perspectives

De nouvellespolitiques pourappréhender le vieillissement

BERTRAND DUFOURCQPrésident de la Fondation de France

Ce nouveau programme “Vieillir dans son quar-tier, dans son village” correspond à unedémarche prospective à partir d’une réflexion

de fond avec nos différents partenaires pour aborderautrement les questions actuelles.“Vieillir dans son quartier, dans son village”, ce sontdes aménagements à inventer ensemble pour aujour-d’hui et pour demain. Il est urgent de s’interroger surl’impact que le bouleversement démographique aurasur l’ensemble des politiques publiques.Les nombreux projets que nous avons soutenus etaccompagnés viennent sans cesse nourrir notreréflexion et ouvrir de nouvelles pistes d’exploration etde propositions.Les enjeux liés au vieillissement de notre société mon-trent qu’il s’agit bien de la question du rôle, de la placedes retraités et du lien entre les générations qui per-mettront d’accompagner une nouvelle politique du“vieillir”.

Changer notre regardA travers cette dynamique territoriale, l’enjeu reste lechangement de regard des professionnels, des élus etde l’ensemble de la société civile sur le vieillissement.On doit pouvoir nommer le vieillissement sans qu’ilfasse systématiquement référence à des notions dedépendance, de coût et de charges pour les généra-tions à venir, mais comme une richesse facteur de déve-loppement.Qu’implique le développement d’une politique pre-nant en compte le vieillissement ? Comment la tra-duire concrètement dans les différents territoiresurbains, périurbains et ruraux ?L’évolution des parcours de vie de chacun, le chan-gement rapide des mentalités qui creuse parfois desfossés entre les générations, l’expérience des jeunesretraités dans l’accompagnement des plus âgés fontémerger des demandes nouvelles. Elles se caractérisent par un souhait de plus en plusgrand de chacun d’être acteur de son propre vieillis-sement, d’exister et de trouver une place dans son

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CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

environnement et par un refus d’accepter les réponsestoutes prêtes.Cette évolution suppose de trouver des réponses auxantipodes “des réponses-produits” et des servicesstandardisés. Il nous faut imaginer des réponses nou-velles, articulées autour des profils spécifiques despopulations vieillissantes et des spécificités des ter-ritoires avec leurs difficultés et leurs ressources. C’estune chance donnée aux territoires, aux décideurs etaux acteurs d’anticiper les évolutions à venir et dedéfinir un projet politique qui engage l’ensemble deshabitants-citoyens.N’est-ce pas de la responsabilité des pouvoirs publicsd’organiser et d’adapter l’environnement de telle sortequ’une population vieillissante ou handicapée puisseconserver sa liberté d’être ou de ne pas être avec lesautres habitants ?On a tendance à ne pas prendre en compte la res-ponsabilité collective alors qu’elle contribue à “fabri-quer” des exclus de la vie sociale.Ce besoin d’une approche transversale montre lanécessité de prendre en compte la complexité et ladiversité des situations pour élaborer des réponsesadaptées aux différents échelons territoriaux : villes,communautés d’agglomération, communautés decommunes.Comment maintenir les solidarités familiales et devoisinage essentielles pour vaincre le fléau de l’isole-ment de personnes très âgées ?Il est temps de revoir notre conception de la vie col-lective, dans les villes comme dans les campagnes :organiser des transports pour les personnes privéesde la liberté de conduire, adapter notre politique dulogement pour permettre l’installation, quand ils lesouhaitent, des retraités, en centre ville ou en centre-bourg avec des espaces ouverts vers l’extérieur, favo-riser le développement des services de proximité.

Permettre aux retraités de rester acteursdans la citéParallèlement, comment accompagner le désir d’en-gagement des retraités dans des activités d’utilitépublique? Ils aspirent à passer d’un statut de travailleuractif, à celui d’acteurs engagés dans leur quartier, dansleur village et acteurs de leur propre vieillissement.

Ne nous appartient-il pas d’offrir à chacun la chancede vieillir selon ses choix ?Nous ne pouvions apporter les réponses avant d’avoirécouté les questions. Mais nous ne pouvons pas nonplus nous contenter d’écouter les questions pour les-quelles nous avons déjà des réponses.“Plus je vieillis, plus je vois que ce qui ne vieillit pasce sont les rêves”, affirmait Jean Cocteau. Oui, onrêve de ne plus entendre dans la bouche d’habitantsâgés ces paroles : “Depuis que je suis tombée, je neprends plus le bus seule ; alors je reste chez moi”.“L’école a disparu, puis la poste, puis l’épicerie et laboulangerie… maintenant, il n’y a plus que nous”.“Dès que je peux, je m’assois près de la fenêtre, jeregarde passer les bus et je rêve que je suis dedans”.

Lors des quatre séminaires prospectifs “Villes etvieillir”, organisés avec l’Institut des Villes, groupe-ment d’intérêt public, que vous présidez MonsieurEdmond Hervé, nous avons non seulement rêvéensemble la ville de demain, mais nous avons voulusensibiliser les acteurs politiques à toutes ces ques-tions nouvelles liées au vieillissement.

La Fondation de France, fidèle à sa vocation de “têtechercheuse”, entend non seulement ouvrir la voie àde nouvelles pistes de réflexion mais aussi s’engagerà soutenir de nouveaux projets et à rendre comptepubliquement de ses analyses prospectives.Cette perspective est d’autant plus nécessaire que leplus souvent les acteurs institutionnels s’inscriventdans une logique du court terme alors que les chan-gements auxquels nous avons à faire face nécessitentune vision à plus long terme et des politiques ambi-tieuses. ■

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EDMOND HERVÉMaire de Rennes, Président de l’Institut des Villes

Tous vos travaux sur la thématique “Vieillir dansson quartier, dans son village”, impliquent uneprospective collective qui doit être placée sous

le signe d’un humanisme actif. Sauf à croire en un individualisme exclusif et à s’enremettre systématiquement aux lois du marché, unconsensus doit pouvoir exister en faveur du principede solidarité, respectueux de la liberté de chacun.Nous devons donc présenter quelques hypothèses rela-tives à cette valeur dont la disponibilité financière,sans laquelle vos idées et projets n’ont aucune chancede se réaliser.L’impôt, la contribution sociale, utilisés efficacementont une fonction collective de redistribution et de soli-darité évidente que nous ne devons pas omettre (négli-ger). Lorsque nous débattons du niveau des prélè-vements obligatoires, il est indéniable que l’EtatProvidence renforce la solidarité familiale. En effet,celle-ci peut disparaître sous le poids trop lourd d’uneparticipation excessive. La solidarité intergénéra-tionnelle familiale ne peut se substituer systémati-quement à l’Etat Providence.La diminution de la dépense publique sociale n’a pasl’effet escompté si elle a pour contrepartie l’augmen-tation de la dépense sociale privée que nombre de per-sonnes ne peuvent assumer.Le financement de la solidarité ne peut reposer surune fiscalité qui ne tiendrait pas compte de la capa-cité contributive de chacun. Elle suppose une péré-quation verticale et horizontale.Cela dit, étudions la prospective fonctionnelle inté-ressant les personnes vieillissantes.

Importance d’une observation localedurableVouloir répondre aux attentes implique de lesconnaître à partir de territoires d’observation corres-pondant, autant que possible, à un territoire d’action.La territorialisation d’action concerne aussi bien ladécentralisation que la déconcentration.

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

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L’observation utile doit rassembler de façon dyna-mique toutes les données en provenance des diversesinstitutions et les traiter de façon synthétique. Nousdevons construire des indicateurs permanents – enparticulier ceux qui doivent permettre d’identifier lesinégalités et désigner une institution chef de file.Connaissance et information vont de pair : il faut fairevivre et développer la philosophie des Centres Locauxd’Information et de Coordination. Le passé ne déter-mine ni le présent, ni le futur. Observer, c’est prendreen compte l’existant pour le corriger et avancer.La notion générale de Plan a presque disparu, elle doitêtre réhabilitée, elle n’est pas antinomique avec “l’au-tonomie personnelle”. Tout doit inciter à préparercollectivement notre futur.Si on laisse jouer les lois du marché, nous ne feronsqu’accroître l’exclusion sociale, l’injustice. N’oublionspas que les inégalités territoriales ne sont que la pro-jection des inégalités sociales.Une confiance partagée de nos devoirs, une accep-tation de la négociation, de la programmation et dela contractualisation concourent à refuser le courtterme.

Orientations pour l’avenirMettons en œuvre le principe de coopération entreles collectivités territoriales, les entités décentralisées,les institutions spécialisées, le monde associatif... ladémarche associative, en effet, permet une approchepersonnalisée que la norme institutionnelle n’appré-hende pas toujours.Toute société humaine produit naturellement des dis-criminations. D’où la fortune du mot mixité qui tra-duit une volonté politique de contrer ce mouvement.Nous avons à faire vivre une communauté pour tousles âges, en évitant la spécialisation des territoires enfonction des générations. L’intergénérationnel inté-resse conjointement le territoire, le logement, les ser-vices, l’animation.Organisons la plurifonctionnalité des établissementsd’hébergement : accueils de jour, structures pour per-sonnes dépendantes, hébergements temporaires. L’ou-verture sur l’environnement sera d’autant mieux réus-sie que l’établissement sera parfaitement inséré dansun lieu de vie.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Faisons vivre les mixités par la flexibilité des offres,par l’adaptation du logement, son intégration, sonaccessibilité, l’organisation de la mobilité, l’existencedes services à domicile supposant qualité, qualifica-tions, continuité...Le volet habitat doit être intégré dans des plans d’aideindividualisée : les nouveaux usages des techniquesd’information et de communication peuvent être d’ungrand secours. Saisissons l’opportunité offerte par lesprogrammes locaux de l’habitat pour répondre à lademande de logement des personnes vieillissantes.Les personnes vieillissantes ne constituent pas unecatégorie homogène. Elles vivent des rapports autemps différents dont il faut tenir compte.Elles ne relèvent pas uniquement de la médecine, desmodes de prise en charge liés à la dépendance ou à laperte d’autonomie. Celles-ci ont leur importance etdoivent par exemple nous inciter à faire reconnaître,un temps médico-social.

Mais ce qui importe, avant tout, c’est l’intégration.Les personnes vieillissantes ont droit au bien com-mun. Reconnaissons-les comme des acteurs de lasociété civile. ■

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Annexes

Projetssélectionnéspar laFondation de France et présentésà l’EspaceForum

transport, individuel ou semi-col-lectif selon les jours, permet égale-ment des rencontres entre usagersau cours des déplacements.

Centre social du Canton de Châtillon-en-BazoisSerge Crépin27, RUE DU DOCTEUR DUBOIS58110 CHÂTILLON-EN-BAZOISTÉL. 03 86 84 19 00

Maintenir et développer le lien socialtout en restant acteur de sa vie et deson avenir, tel est l’objectif poursuivipar le Centre social en direction despersonnes âgées, y compris cellesdevenues dépendantes. Une étude“Vieillir dans le Bazois avec lesautres” a été réalisée auprès desretraités afin d’appréhender leurspratiques par rapport à celles des per-sonnes d’âges différents; elle a permisde repérer leurs difficultés et de déve-lopper des actions afin qu’elles res-tent en lien avec l’ensemble de lapopulation et citoyennes.

BRETAGNEAssociation Familles RuralesMartine Geoffroy3, RUE DU SÉNÉCHAL THUAULT56800 PLOËRMELTÉL. 02 97 74 27 76

“Etre à demeure sans rester àdemeure”, ce service de transportindividuel, organisé à la demande,facilite les déplacements de per-sonnes âgées ou en difficultésociale, éloignées des centresurbains. Pendant les trajets, s’ins-taurent écoute et échanges avec lespassagers. Une vingtaine deconducteurs bénévoles, un salariédu CCAS et un comité de pilotageont permis de concrétiser ce projet.

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

ALSACECentre socio-culturelBrustleinGabrielle Eichinger 1, RUE DU TARN - BP 225168068 MULHOUSETÉL. 03 89 42 21 31

Les femmes d’origine maghrébine,à partir de 50 ans, vivent dans unisolement social dont elles souffrentet qui les exclut de la vie du quartier.En réponse à cette situation, leCentre socio-culturel a mis à leurdisposition un espace d’animation :à partir de leurs souhaits, dans lajournée, des activités conviviales,ludiques, culturelles sont organisées–sources d’échanges avec le mondeextérieur et de socialisation. Cetespace favorise la rencontre des cul-tures et des générations et, progres-sivement, ces femmes expérimen-tent leur capacité à faire des choix,sont encouragées à envisager leurvieillissement et à le préparer.

BOURGOGNECCAS de ClamecyAnnick MassardPLACE DU 19 AOÛT58500 CLAMECYTÉL. 03 86 27 50 72

Comment répondre à une problé-matique de déplacements de per-sonnes âgées aux faibles revenus,vivant en quartiers périphériquesde Clamecy, loin des centres d’ac-tivités ? En proposant un service denavettes inter-quartiers qui satisfaitégalement les besoins d’autres usa-gers : demandeurs d’emploi, per-sonnes isolées ou sans moyens delocomotion. Le CCAS organise etplanifie les demandes avec leconcours de bénévoles. Ce mode de

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Association Accueil PaysanMarie-Eve Taillecours97, AVENUE ANDRÉ BONNIN - BP 1714135571 CHANTEPIE CEDEXTÉL. 02 99 86 01 01

L’association “Accueil Paysan”contribue au maintien de la vie etde l’emploi en milieu rural ; l’accueiltouristique à la ferme participe à ladiversification de l’activité agricole.Face à l’insuffisance des formulesd’accueil des personnes âgées et despersonnes handicapées, l’accueilfamilial temporaire à la ferme per-met à de “vieux” ruraux et à desfamilles de rester au pays, tout encréant des liens ville/campagne. Ceprojet rassemble, sur de mini-terri-toires, acteurs sociaux et habitantspour échanger sur les besoins etdévelopper éventuellement unenouvelle forme d’accueil de proxi-mité de personnes âgées, complé-mentaire des structures existantes.

Union Bretonne du TourismeRural (UBTR)Marie-Paule FouquinBD PT MAURICE LE LANNOU - CS 7422335042 RENNES CEDEXTÉL. 02 23 48 27 73

Depuis plusieurs années l’UBTRtravaille sur des projets d’accueild’enfants à la ferme pendant letemps scolaire et pendant lesvacances, avec ou sans les parents.Grâce à un partenariat avec desmaisons de retraite, certainesfermes y ont associé des personnesâgées; l’idée de développer des lieuxde séjour temporaire pour ce publica alors vu le jour. Cette forme d’ac-cueil apporte un complément derevenus aux fermes “hôtes” et per-met aux familles des personnes

sonnes âgées valides et autonomes,désirant se rapprocher des centres-villes et des centres-bourgs. La réa-lisation d’une étude de faisabilité sur les conditions de réussite d’uneproposition d’habitat “intermé-diaire”, adapté aux besoins de cepublic, a été confiée à l’agence d’ur-banisme. Après évaluation desactions menées ces dernières annéespar les communes, et échangesd’expériences, il sera alors possiblede mener une politique plus cohé-rente à l’échelle d’un pays.

Centre social La CourteEchelle - PlouzanéJoëlle GarelloRUE DES MYOSOTIS29280 PLOUZANÉTÉL. 02 98 45 42 42

Avec “Une place pour chacun àPlouzané”, le Centre social sou-haitait établir un diagnostic vieillis-sement à partir du questionnementde certains habitants. La réalisationd’une enquête par quelques-uns apermis le recueil de points de vue,représentations, questions et désirsd’habitants de tous âges. Mobiliséeautour de ce thème, la populationa pu s’exprimer et le Centre social,fédérer des actions communes àtoutes les générations.

Commune de La FresnaisMichel GaslainRUE DE LA GARE - BP 3735111 LA FRESNAISTÉL. 02 99 58 74 97

Cette petite commune rurale s’estengagée dans une démarche derevalorisation de son territoire ;après réflexion et concertation avecles associations locales, elle a décidé

ANNEXES

accueillies de “souffler” un peu. Certaines personnes âgées mallogées y passent l’hiver de manièreconfortable et entourées, pourd’autres, c’est l’occasion de prendredes vacances.

Office des retraités de Brest(ORB)Daniel Juif12-14, RUE FAUTRAS - BP 4660329266 BRESTTÉL. 02 98 80 30 03

Avec le projet “ça roule pournous”, l’ORB a voulu prouver l’ac-tivité efficace de retraités, désireuxde s’impliquer dans une probléma-tique citoyenne concernant la viequotidienne de l’ensemble de lapopulation : les transports collec-tifs. Cette démarche utilisant laforme de reportage vidéo, a permis,après formation technique des opé-rateurs intéressés, de réaliser auprèsdes habitants, une enquête suscep-tible d’influer sur les décisions poli-tiques d’aménagements. Déjà ini-tiée à l’occasion d’un voyage enAfrique, la formule du reportagevidéo avait fourni l’occasion de res-tituer d’autres modes de vie etd’autres pratiques culturelles.

Communauté urbaine de Brest (CUB)Emmanuelle Buord24, RUE COAT AR GUÉVEN29200 BRESTTÉL. 02 98 33 51 87

Confrontées au vieillissement deleur population, les communes duPays de Brest recherchent des solu-tions alternatives en matièred’offres d’habitat ; il s’agit derépondre à la demande de per-

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la construction d’une Résidence de12 logements afin de permettre auxpersonnes vieillissantes de conti-nuer à vivre au milieu des autreshabitants, luttant ainsi contre l’iso-lement. Jouxtant le centre-bourg, le site aété aménagé : espaces verts, cheminpiétonnier, passerelle pour rejoindrecommerces et services, profiterontà l’ensemble des habitants. A terme,un animateur accueillera personnesâgées et jeunes générations dans unlieu de rencontre convivial.

CENTREClub des Aînés Ruraux de Nesploy Yves MartinMAIRIE DE NESPLOY45270 NESPLOYTÉL. 02 38 90 12 04

C’est le déficit de transports col-lectifs qui a suscité cette initiativedes Aînés Ruraux de Nesploy :organiser un service public parminibus afin de permettre aux habi-tants du canton de Bellegarde et deneuf communes limitrophes de sedéplacer sur leur territoire de vie.Une étude préalable avait mis enévidence ce besoin chez les per-sonnes âgées – besoin égalementidentifié auprès d’autres publics(jeunes, personnes handicapées). Leservice fonctionne à jours fixes età la demande, grâce à l’implicationdes communes et de plusieurs struc-tures partenaires. Ce projet a éga-lement une dimension sociale etintergénérationnelle : rencontres desusagers au cours des trajets, créa-tion de liens sociaux.

population en termes de logementset de services. Un partenariatengagé avec l’Institut Régional duVieillissement, une étude du labo-ratoire de psychologie de Franche-Comté et un travail de sensibilisa-tion auprès de six communes ontpermis de dégager quelques pistes :l’adaptabilité des logements, bienque nécessaire était insuffisante etimpliquait d’y associer l’ensembledes acteurs; par contre, l’écoute despersonnes, de leurs besoins et deleurs désirs est apparue indispen-sable afin de les maintenir auto-nomes dans leur choix de vie. Cetteinitiative de secteur, riche d’ensei-gnements, interpelle de fait d’autresterritoires.

CCAS de BelfortEvelyne Petit1, FBG DES ANCÊTRES - BP 46790008 BELFORTTÉL. 03 84 54 56 56

L’opération “Habitat Seniors”visait à améliorer le confort de viedes personnes âgées locataires dansune tour HLM et à renforcer lesliens sociaux au sein du quartier.L’aménagement et l’accessibilité deslogements, en fonction des besoinsdes locataires vieillissants ont étéentrepris. Un espace de convivialitéintergénérationnel, animé par uneauxiliaire de vie, a également étécréé en rez-de-chaussée. Grâce à ladémarche des locataires retraitésauprès des élus et à la mobilisationdu CCAS, d’autres partenaires ontsoutenu cette initiative (OfficeHLM, Conseil général, Pact-Arim,CRAM). Cette réhabilitation gra-tuite a concerné une vingtaine d’ap-partements, d’autres sont en cours ;

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

CHAMPAGNEFédération des Aînés Rurauxde l’AubeClaudette Brigand1, AV. DU MARÉCHAL JOFFRE10032 TROYES CEDEXTÉL. 03 25 43 54 69

Les personnes en perte d’autono-mie, en difficulté ou sans véhiculesont souvent très isolées ; non seu-lement elles ne fréquentent plus leslieux de rencontre sociale mais ellesne reçoivent plus de visites, hormiscelles du personnel médical ousocial. Suite à une réflexion menéepar des bénévoles des AînésRuraux, un réseau de visiteurs àdomicile a été mis en place. Sous laresponsabilité d’un visiteur réfèrent(formation, encadrement et suivi),les bénévoles se rendent chez lespersonnes isolées et envisagent avecchacune d’entre elles ses attentes : lecture du journal, conversation,promenade… autant d’activités quel’entourage n’a pas la disponibilitéde réaliser. Il est prévu d’étendre ceréseau sur l’ensemble du départe-ment.

FRANCHE-COMTÉAgence d’urbanisme de l’agglomération de Besançon (AUDAB)Carole JeanbourquinLA CITY - 4, RUE G.PLAÇON25043 BESANÇON CEDEXTÉL. 03 81 21 33 00

“Du quartier au village, quelleplace pour les personnes vieillis-santes dans l’agglomération bison-tine ?” A partir de la question destrajectoires résidentielles, il s’agis-sait de proposer des solutions nou-velles, adaptées aux besoins de cette

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quant à l’espace d’animation, auto-géré par les habitants, il a largementété investi en dehors des perma-nences de l’animatrice (fêtes,jeux...).

Commune d’AromasMairie39240 AROMASTÉL. 04 74 50 73 37

Désireuse d’enrayer son déclindémographique, cette petite com-mune rurale du Jura a créé loge-ments publics et privés, augmentéles services en direction de la petiteenfance et encouragé le développe-ment d’activités sociales et écono-miques. La présence de retraités etde personnes âgées souhaitant res-ter chez elles a incité élus et parte-naires sociaux à réaliser une petitestructure d’accueil. Après réunionspubliques et enquête de terrain, unprojet à plusieurs volets a prisforme : renforcement des services àdomicile existants, création dequelques logements temporaires etd’un habitat adapté aux personnesen situation de dépendance. Uncommerce de proximité et unepetite restauration complètent cedispositif. Enfin un centre de for-mation à dominante psychologiqueaccueillera les personnels présentssur la commune : institution pourpersonnes déficientes intellectuelles,maison de retraite.Ce projet d’équipements et de ser-vices destinés à des publics de tousles âges, privilégie la mixité socialeet contribue à garder sa vitalité àla commune.

LORRAINECommunauté Urbaine du Grand Nancy /Agence d’urbanisme et de développement de l’aire urbaine nancéenneJean-Marie Schleret ESPACE CORBIN10, RUE POIREL - BP 51654008 NANCY CEDEXTÉL. 03 83 17 42 00

La problématique du vieillissementet de ses conséquences, en matièrede logements et de services de proxi-mité, constitue un des axes priori-taires de la politique locale de l’ha-bitat mise en place à l’échelle des 20communes de la CommunautéUrbaine du Grand Nancy. Unedynamique de gestion et de prise encharge de la population âgée s’estenclenchée, tenant compte de la réa-lité sociale, de l’espace urbain et desacteurs en place. Des espaces dedimensions variables, véritablespôles gérontologiques de proximitéfacilitant la mise en réseau de diffé-rents services, ont été développés.Un parc de logements neufs adaptésaux personnes handicapées et auxpersonnes âgées à mobilité réduitedoit être engagé ainsi qu’une offrede logements réaménagés dans leparc existant. Le projet est mené enpartenariat avec le Conseil général,les associations spécialisées et avecles bailleurs sociaux et privés.

ANNEXES

LANGUEDOC-ROUSSILLONCCAS de Fraïsse-sur-AgoudMarguerite MathieuMAIRIE34330 FRAÏSSE-SUR-AGOUDTÉL. 04 67 97 61 14

Peu nombreux à vivre sur cette com-mune aux 17 hameaux, les habitantssouffrent d’isolement géographiqueet social –un tiers sont âgés de plusde 60 ans, certains en perte d’auto-nomie. Grâce à une enquête menéepar le CCAS, leurs besoins et leursattentes ont pu être identifiés : désirde mobilité, de rencontres, d’ani-mations. En période estivale, ce ter-ritoire rural, étendu et attractif, mul-tiplie sa population par huit, offrantde multiples occasions de rencontrede populations de tous horizons. Desréponses ont déjà été apportées grâceau dispositif “nouveaux services,nouveaux emplois”. Des emplois-jeunes accueillent et animent depetits groupes réunis dans une sallemunicipale. Le CCAS a mis en place un servicede transport (véhicule municipal).Le chauffeur-accompagnateur vachercher les personnes – résidentsou vacanciers – à leur domicile,pour les conduire chez un proche,un commerçant, à un ateliermémoire, un goûter etc. Des liensse créent, de nouvelles solidaritésde voisinage se dessinent.

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MIDI-PYRÉNÉESCommune d’OsmetsPierre Tajan65350 OSMETSTÉL. 05 62 35 12 88

La commune, après l’achat d’unepetite ferme traditionnelle a engagéune réflexion sur son affectation.Le choix de créer un espace de vie,conjuguant lieu d’animation ethabitat pour retraités a été retenu.Les logements ont été conçus defaçon à s’adapter au vieillissementprogressif des occupants désirantrester acteurs de leur vie, avecchambres de passage pour recevoirfamille ou amis. De nombreuses activités sont pré-vues à la Maison Campagnarde :jardinage, arbres fruitiers, élevagede volailles, bricolage. Four à pain,cheminée et ancien pressoir rénovépermettront à ceux qui le désirentde mener à bien quelques projetsgourmands. Une salle communeaccueillera bibliothèque et Internet.L’objectif est aussi de favoriser lesrencontres et la transmission auxjeunes générations, de savoir-faireet de modes de vie en voie de dis-parition.

Centre social de la BourianePascal Pavan9, RUE DU CORPS FRANC POMMIÈS46300 GOURDONTÉL. 05 65 27 08 20

Restituer la mémoire des anciensen tant que patrimoine culturel àtransmettre aux jeunes générations,avant qu’elle ne s’éteigne avec eux,est au cœur du projet du Centresocial. Outre cette dimension detransmission, il s’agissait aussi derevaloriser l’image de la personne

Centre social du Pays d’OltAnne Fustinoni2, RUE DU COURS12130 ST-GENIEZ-D’OLTTÉL. 05 65 70 30 29

Comment rapprocher une popula-tion vieillissante et isolée sur unezone montagnarde étendue des ser-vices qui amélioreraient sa vie quo-tidienne ? En allant à sa rencontre.C’est l’objectif visé par cette initia-tive originale du Centre social duPays d’Olt qui a confié à une “cor-respondante” itinérante, des mis-sions d’information, d’écoute,auprès des personnes âgées et deleur famille.Tels les colporteurs de jadis, ellesillonne les hameaux, se rend àdomicile, aide les personnes dansleurs démarches et assure un suivides questions en cours ; elle contri-bue à nouer des liens de proximitépar la mobilisation de petitsgroupes de voisinage; les personnesprennent ainsi l’habitude de seretrouver pour partager desmoments conviviaux (crêpes, châ-taignes) et s’organisent pour allerchercher ceux qui ne peuvent sedéplacer.

CIAS des Aînés ruraux du BrulhoisJeanine Dujay-Blaret2, RUE DU GÉNÉRAL VIDALOT82400 VALENCE-D’AGENTÉL. 05 63 29 92 13

Les Aînés ruraux du secteur du Brul-hois, très actifs au sein du CIAS, sontde précieux relais d’informationauprès des personnes âgées et deleurs familles qui méconnaissentsouvent les services existants sur lesecteur. Grâce à leur disponibilité et

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

âgée au sein de sa famille et de lacollectivité, en dépassant le cadrede la dépendance. Ce projet a ren-contré de nombreux échos : plu-sieurs familles, ayant déjà entreprisce recueil de souvenirs auprès deleurs proches, s’y sont impliquées. Il a fédéré des initiatives, permis deséchanges entre les anciens et lesnouveaux habitants, mobilisé denouveaux acteurs (associations,écoles) et permis de développer desactions à l’échelle du territoire dupays Bourian.

PACT-ARIM AveyronPatrick Marot11, AVENUE AMANS RODAT12000 RODEZTÉL. 05 65 73 33 73

La commune d’Odet-le-Château,confrontée à l’évolution et auvieillissement de sa population, asollicité le PACT-ARIM pour l’ac-compagner dans son programmed’actions, de sa conception à sa réa-lisation. Elle souhaitait prendre encompte les besoins des habitantsâgés de la commune (adaptationdes logements), inciter l’installationde jeunes (équipements petiteenfance, école) et créer du liensocial. Le PACT-ARIM a engagésur chaque thématique une largeconcertation en vue d’améliorer lespropositions existantes et d’envi-sager collectivement de nouvellesréponses. La prise en considérationsimultanée des différentes généra-tions consultées est source de cohé-sion sociale ; l’implication des dif-férents acteurs associatifs et sociauxa généré une culture de partenariatinédite.

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à leur écoute, ils découvrent lesbesoins des habitants qu’ils trans-mettent au CIAS, contribuant ainsià la mise en place de réponses adap-tées.La région, attractive, accueille desAnglais qui ont choisi de s’y instal-ler à l’heure de la retraite. Leur inté-gration n’étant pas facile, les Aînésréférents, ont également décidé dediffuser en leur direction des infor-mations sur les services proposés surla communauté de communes et surles activités de leurs clubs. Ils retrou-vent leur utilité sociale auprès de lapopulation, contribuant ainsi à unemeilleure qualité de vie et au ren-forcement de liens intergénération-nels et interculturels.

NORD-PAS-DE-CALAISASTIB (Association de services et de transportsde l’intercommunalité de Bertincourt)David Carlier7, RUE DE LA POSTE62147 HERMIÉSTÉL. 03 21 07 38 81

Deux communes se sont associéespour répondre au besoin de mobi-lité des Aînés en milieu rural, besoinpartagé par d’autres habitants sansmoyens de locomotion, avec desdifficultés de déplacement. Leurprojet répond également à unevolonté de redynamiser commerces,vie sociale et activités économiquessur leur territoire. Une enquête, réa-lisée avec l’aide d’Aînés ruraux, amis en évidence leurs difficultés devie quotidienne et permis d’affinerla demande générale en matière dedéplacement, renforcée par l’ab-sence de lignes régulières de bus sur

AGUR (Agence d’urbanismeet de développement de larégion Flandre-Dunkerque)/APAPAD (Association pourla promotion d’actions pourles personnes âgées oudépendantes) AGUR. Patrice Vergriete3, RUE DE FURNES59140 DUNKERQUETÉL. 03 28 58 09 80

APAPAD. Elisabeth VandaeleTÉL. 03 28 59 28 18

La région Flandre-Dunkerque secompose d’une aire urbaine et d’un“avant pays rural”, de 74 com-munes réparties en 5 communau-tés de communes. Les secteurs enzone rurale, moins bien équipés entransports publics, mettent les per-sonnes âgées en difficulté. Le projet innovant développé parl’APAPAD en lien avec l’AGURrépond au besoin de mobilité del’ensemble des populations fragili-sées vivant sur ces secteurs. Il s’agitde leur proposer un mode de trans-port adapté et d’articuler ces terri-toires ruraux à la zone urbaine. Ceservice favorise la participation àdes activités de loisirs et la viesociale : au cours des déplacements,des personnes d’âge et de situationdifférents ont ainsi l’occasion de serencontrer et de nouer des liens.

ANNEXES

le secteur. Le service attendu devaitêtre flexible, à la demande, de porteà porte avec une possibilité d’êtreaccompagné (rendez-vous, exa-mens médicaux). Le transport est organisé parl’ASTIB ; deux salariés conducteurset des bénévoles accompagnateurssillonnent le bassin de vie étenduaujourd’hui à 4 cantons, dans unrayon de 30 km. Lors des déplace-ments, planifiés à l’avance, les usa-gers se côtoient, se rencontrent, desrelations se tissent.

CCAS de TourcoingMarie Poulain7, RUE DE PÉRI - BP 56759208 TOURCOING CEDEXTÉL. 03 20 11 34 34

Lutter contre l’isolement des per-sonnes du “grand âge” et favoriserla vie sociale au sein de leur quar-tier constituent deux des objectifsdu CCAS; en concertation avec lesservices d’aide et de soins à domi-cile, il organise des actions quartierpar quartier, selon une méthodespécifique : diagnostic des condi-tions de vie et des aspirations despersonnes, mobilisation de parte-naires (bénévoles) chargés d’un sou-tien de proximité, propositionsd’animations répondant auxattentes exprimées. Cette démarchecontribue au soutien de cette popu-lation, l’inscrit dans son quartier enlui offrant l’opportunité de ren-contrer d’autres habitants ; ellel’aide à garder un sens à son exis-tence, à rester acteur de sa vie etcitoyen à part entière.

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PARIS - ILE-DE-FRANCEAssociation AYYEM ZAMENMoncef Labidi7, RUE DE PALI KA75020 PARISTÉL. 01 40 33 25 25

Le café social a été créé pour offriraux migrants âgés un lieu convivialet chaleureux dans un quartierfamilier, où se retrouver; déracinéesdepuis de longues années, ces per-sonnes vivent des situations d’er-rance et de précarité jusque dansleur logement. Elles trouvent auCafé un point d’ancrage où uneéquipe pluridisciplinaire et desbénévoles les écoutent et les accom-pagnent (informations sur leursdroits, démarches administrativesou quotidiennes...). Dans cet espacelaïc et ouvert, sont également orga-nisés animations, activités, sortieset voyages.

La Maison des BabayagasThérèse Clerc1, RUE HOCHE93100 MONTREUILTÉL. 01 48 58 80 53

Imaginer un lieu de vie autogéré,citoyen et solidaire en phase avecson désir de vivre en toute autono-mie une vieillesse assumée, puis semobiliser pour que ce rêve devienneréalité : telle est la démarche adop-tée par un petit groupe de femmesde Montreuil, pour qui la vieillesseest un “beau moment de la vie” etbien décidées à continuer à seprendre en mains tout en restantouvertes sur le monde. Il leur a suffiensuite de convaincre pouvoirspublics et partenaires financiers dela viabilité d’un tel projet, pour quesorte de terre une Maison dont elles

La Maison OuverteGisèle Bessac96BIS, RUE DIDOT75014 PARIS TÉL. 01 45 45 11 78

Ce concept de Maison Ouverte– clin d’œil à la Maison Verteconçue par F. Dolto pour lesenfants – repose sur une certaineidée de la vie, considérée commeune dynamique ascendante dont lavieillesse est l’accomplissement.Refusant toute représentation stig-matisante, G. Bessac, sa fondatrice,privilégie une approche globale –oùla médicalisation n’a pas l’exclusive;par contre la prévention agissant enamont permet d’inscrire cette phasede l’existence dans la constructionet l’épanouissement, car il reste àchacun du chemin à parcourir.La Maison Ouverte est un lieu d’ac-cueil, de rencontre et d’écoute ; c’estun espace de création, d’activités etd’échanges entre les habitants duquartier de toutes générations. C’estaussi un lieu d’expérimentation, derecherche pluridisciplinaire et deformation. Une charte des valeursest en cours d’élaboration pour uneduplication du projet dans d’autresquartiers, d’autres villes, rassem-blés au sein d’une Fédération.

Association l’EssentielRoger Abou49, RUE BOBILLOT75013 PARISTÉL. 01 53 80 34 40

A la demande de particuliers et destructures ou services gérontolo-giques, confrontés à la pénuried’offres de prestation, l’Essentiel,en complémentarité de deux ser-vices existants, propose aux per-

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

ont conçu les plans avec un archi-tecte. Il ne reste plus qu’à brasserles idées d’activités possibles, inven-ter de nouvelles relations dans cecadre de vie convivial et confor-table... sans oublier de déposer ceconcept pour que d’autres puissentse l’approprier à leur tour.

Association CommunautaireSanté / Bien-être (ASBE)Hélène Zeitoun31, ALLÉE A.ST-EXUPÉRY93200 ST-DENISTÉL. 01 48 09 09 01

Quand les personnes âgées sontdélaissées et deviennent “invisibles”dans un quartier caractérisé par laprécarité, il faut les retrouver et ini-tier des actions afin d’améliorer leurvie quotidienne. Un état des lieux,engagé par l’ASBE alertée par les“habitants-relais”, a révélé l’isole-ment et le sentiment d’insécurité dece public installé ici depuis long-temps ; différents professionnels desanté ou sociaux l’ont validé. Il aété suivi d’un diagnostic partagéégalement avec les personnesconcernées et soutenu par les poli-tiques. Des actions privilégiant lasanté, le bien-être, l’insertion et lavie sociale ont été mises en placeavec la participation des différentsprofessionnels et des réseaux d’ha-bitants associés au projet. L’objec-tif est aussi de permettre à cesanciens de réinvestir leur quartierdans un environnement vécucomme moins hostile.

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sonnes âgées et aux personnes han-dicapées de Paris et de la prochebanlieue, un service d’accompa-gnement personnalisé pour desdéplacements de proximité. L’ac-compagnateur va chercher la per-sonne à son domicile, reste avec elle(à sa demande) lors de son activitéou de sa démarche, puis la rac-compagne. Ce service a un impactpositif sur la vie quotidienne etsociale de ces publics qui retrou-vent la possibilité de se déplacerselon leurs choix. Il propose égale-ment de nouvelles prestations :dépannage / bricolage et conseilsaux démarches administratives. Cedispositif bénéficie d’une réellereconnaissance de la part des usa-gers, des professionnels et des par-tenaires sociaux et génère desemplois stabilisés.

Association SolidaritéAfricaine du Val de MarneElsie Hypolyte MAISON DES ASSOCIATIONS19, RUE DU MONUMENT94500 CHAMPIGNY / MARNETÉL. 06 22 66 27 88

Créée à l’initiative de la commu-nauté africaine, L’Association amonté un projet “Papy-Mamy”pour aider les plus âgées dans leurdémarches administratives et dansla compréhension de leur environ-nement.Cet accompagnement est multiple :médiation familiale, découverte duterritoire où elles vivent depuislongtemps sans le connaître (sor-ties en bateau-mouche) ; ces activi-tés leur permettent de sortir de leurquartier et de tisser des liens. L’As-sociation a également développé un

PAYS-DE-LOIREMaison de Quartier du Vald’OrnayGuy Champain9, RUE CHARLES PÉGUY 85000 LA ROCHE-SUR-YONTÉL. 02 51 47 36 63

Très attachés à leur quartier qu’ilsne veulent pas quitter en raison desa vie sociale, quelques habitantssollicitent la Maison de quartierpour les aider à trouver des solu-tions alternatives afin de pouvoir yvieillir – quitte à changer de loge-ment. Leur désir est de préserver lamixité générationnelle et la richessequ’elle représente. Une étude surl’adaptation souhaitable de l’habi-tat, avec implication des habitants,a permis de structurer ce projet avecle soutien de partenaires institu-tionnels et associatifs. Au-delà del’aménagement des logements, c’esttoute la vie sociale du quartier quia été repensée avec en projet la créa-tion d’un espace collectif.

Association Familles RuralesJacques Chevallier13, PLACE LAFAYETTE49044 ANGERS CEDEX 01TÉL. 02 41 18 20 00

Dynamiser l’action locale en direc-tion des personnes âgées sur un ter-ritoire délaissé par nombre dejeunes retraités, faute de moyensd’accès à des activités et services, aété la priorité de ce projet. Lesattentes identifiées ont permis lamise en place d’activités stimu-lantes, pratiques et socialisantes,tout en veillant à préserver l’ou-verture sur les différentes généra-tions et à lutter contre l’isolementdes plus âgés.

ANNEXES

réseau de voisinage, élargi auxautres habitants âgés, afin de repé-rer les personnes isolées et de lesmettre en relation avec les profes-sionnels de santé ou sociaux avec,en perspective, un projet de for-mation des bénévoles.

CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des PetitesEntreprises du Bâtiment)Christophe Hazard2, RUE BÉRANGER75140 PARIS CEDEX 03TÉL. 01 53 60 50 00

Afin de favoriser l’adaptabilité etl’accessibilité des logements d’habi-tants âgés ou à mobilité réduite, laCAPEB a entrepris une démarchede sensibilisation et de formationdes artisans rencontrant des diffi-cultés dans la mise en œuvre de tra-vaux d’adaptation. Elle a engagéune réflexion sur les bonnes pra-tiques avec plusieurs partenaires :Aînés Ruraux, ANAH, Pact-Arimetc. afin d’élargir l’approche“motricité” à d’autres problèmestels que les déficiences sensorielles(malvoyance, surdité, désorienta-tion). A partir d’un état des lieuxréalisé au niveau national, recen-sant les difficultés rencontrées, lesréponses techniques possibles etl’expérience du terrain –un docu-ment de synthèse expose les solu-tions techniques à envisager. Undocument méthodologique à l’in-tention des artisans détermine lesbonnes pratiques à envisager pourrépondre aux questions d’adapta-tion. Un plan de formation est àl’étude afin de les aider à dévelop-per une offre de qualité, en réponseà la demande croissante des usagers.

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POITOU-CHARENTEPACT- ARIM de la CharenteGilles Devos45, RUE DU SAUVAGE16000 ANGOULÊMETÉL. 05 45 95 62 02

Logement et accompagnement despersonnes âgées sont à l’origine dece projet visant à favoriser desactions de proximité. Cettedémarche propose une approcheglobale, elle articule une offre delogements adaptés aux déficiencesdes personnes avec une palette deservices permettant leur maintien àdomicile. Une étude de besoins adonc été réalisée afin de définir lecadre d’intervention et les parte-naires associés, de déterminer lesconditions de mise en œuvre et devalider la démarche. Outre l’amé-lioration significative des conditionsde vie, cette initiative favorise unelogique de partenariat de projet. Ilpermet de consolider un conceptlocal déclinable ensuite au niveaudu pays puis du département.

PROVENCE-ALPES-CÔTE- D’AZURAssociation culturelle,sociale et sportive duQueyras (ACSSQ)Martine CroceBÂTIMENT LA CHALP05470 AIGUILLESTÉL. 04 92 46 82 55

L’ACSSQ, sur ce territoire de hautemontagne, a une vocation de coor-dination intercommunale et dans cecadre, développe, avec la participa-tion des habitants, des actions endirection de tous les publics. Ayantconstaté l’isolement et la solitude despersonnes âgées, un emploi a été créé

blissement dont le rôle est d’éva-luer, coordonner, orienter permetde mobiliser et de suivre profes-sionnels et bénévoles intervenantau domicile. Ce projet est une alternative à l’en-trée en établissement collectif dontil présente les atouts. Il aide à main-tenir un environnement relationnelet social et à soutenir les aidantsfamiliaux.

Compagnie SongesJulie Serpinet29, ALLÉE DES CASTORS26000 VALENCETÉL. 04 75 55 16 62

Le projet DECOLL’AGE, mis enplace par la Compagnie Songes estessentiellement axé sur la formationau mouvement et à la scène, endirection des personnes âgées de 60ans et plus. Il associe une pratiquecorporelle à une pratique artistiquepour un épanouissement du corpset de l’esprit. Ces formations sedéroulent au sein de résidences pourpersonnes âgées avec à la clé uneparticipation au défilé de la Biennalede la Danse de Lyon.Ce projet vise également à donnerune autre image de la vieillesse enmontrant qu’un territoire peut êtreriche de ses “vieux”. Quant aux par-ticipants, intégrés à un groupe dyna-mique, ils ont expérimenté l’intérêtde s’intégrer de manière intergéna-rationnelle à une expérience valori-sante, où ils ont trouvé leur place.

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

en vue d’animer des activités en serendant de village en village. A cetteoccasion, le désir exprimé des habi-tants concernait davantage leurs dif-ficultés à se déplacer (médecin, den-tiste) ou à faire déneiger le seuil deleur maison. La création d’un réseausocial d’entraide et de solidarité s’estalors imposée : dans chaque village,des bénévoles repèrent les personnesen difficulté et les mettent en rela-tion avec l’animatrice. Ce centresocial rural ambulant propose éga-lement dans chaque village desréunions d’informations sur la santéet organise la venue d’un pédicureet d’un opticien. Ces actions redon-nent aux personnes âgées le senti-ment d’exister, retissent des liens etles villages reprennent vie.

RHÔNE-ALPESAssociation “Vieillir au Village”Fabiola de FalcoMAIRIE DE PUY-SAINT-MARTINPARC ADÈLE CLÉMENT26450 PUY-ST-MARTINTÉL. 04 75 90 18 19

Permettre aux habitants de ce sec-teur rural de réaliser leur choix devieillir dans “leurs murs”, est le fon-dement du projet de l’Association,qui s’apparente davantage à uneproposition d’accompagnementque de prise en charge. Il s’agit,grâce à une appréhension globale,d’envisager des solutions d’adap-tation progressive du cadre de viede chacun, après analyse desbesoins et mise en place d’un réseaude services de proximité modu-lables – certains restant à créer. Laprésence d’un référent apparenté àla fonction d’un directeur d’éta-

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Association La MaisonMosaïqueAnnette Mathelin5, RUE DU CHAPET73000 CHAMBÉRY TÉL. 04 79 71 94 90

En réponse à l’entrée non souhaitéeen maison de retraite, l’Associationa conçu une alternative : un nou-veau lieu de vie où chacun gardeson autonomie mais partage desvaleurs communes. L’acquisitiond’une maison avec jardin et dépen-dances et sa réhabilitation a permisla création de petits appartementset de chambres destinées à la loca-tion à des étudiants. L’objectif estde permettre aux résidents “devivre et de faire ensemble” en par-ticipant aux tâches de la maisondans la mesure de leurs possibilitéset en évitant toute forme d’assista-nat. Cette initiative soutenue parles pouvoirs publics a fait l’objet dela rédaction d’une Charte et inté-resse d’autres localités : d’autresMaisons devraient voir le jour dansla région.

Communautéd’agglomération du PaysViennois (CAPV) David Bensadoun30, AVENUE DU GÉN. LECLERC38217 VIENNETÉL. 04 74 78 32 10

Près de 20% de la populationvivant en Pays Viennois est âgée deplus de 60 ans. La CAPV a réaliséun projet visant à améliorer leur viequotidienne qui, à terme pourraits’appliquer à d’autres publics (per-sonnes handicapées, familles iso-lées) –en faisant jouer les principesde solidarité locale et de proximité.

temps possible. Cependant ellessouffrent d’isolement et le déficitd’informations sur les services dis-ponibles ne facilite pas cette maî-trise. Enfin, elles déplorent lemanque de lieux de rencontre deproximité et entre générations, quileur permettraient de faire évoluerle regard porté sur la vieillesse.

Office Villeurbannais desPersonnes Agées et Retraités CLIC - Isabelle Dury56, RUE DU 1er MARS 194369100 VILLEURBANNETÉL. 04 78 68 90 50

Ce projet associe différents acteursprofessionnels et bénévoles géron-tologiques, des organismes deproximité de plusieurs quartiers dela ville. Désireux de travaillerensemble pour répondre auxattentes des personnes âgées entermes d’accès aux services, auxaides… ils souhaitent égalementcontribuer à rompre leur solitude,tout en leur laissant leur liberté dechoix. L’Office, soucieux de ren-forcer le rôle de veille et d’alerte desacteurs de proximité en lien avecles professionnels, veut égalementles aider à jouer leur rôle de sou-tien en engageant une dynamiquepartenariale avec la participationactive des habitants.

PACT-ARIM de l’IsèreMonique Ruel54, COURS J.JAURÉS - BP 150438025 GRENOBLETÉL. 04 76 47 82 45

En créant un service immobiliersocial Isérois adapté aux besoinsdes personnes âgées ou handica-pées, le PACT-ARIM vise à intégrer

ANNEXES

Il s’agit de structurer un maillagesocial en complémentarité avec leCLIC et de développer un réseaude délégués bénévoles de proximité,encadré par un animateur salarié.Ces délégués assurent un suivi despersonnes, les informent, facilitentl’accès aux services existants, fontremonter aux autorités publiquesleurs difficultés et favorisent la miseen place d’actions améliorant leurquotidien et d’animations inter-générations. Ce projet développe lasolidarité locale, dynamise les liensentre les décideurs et les habitantsdu territoire, contribue à la création ou à l’évolution de ser-vices adaptés aux usagers.

Fondation dispensairegénéral de LyonMaryvonne Berthet10, RUE DE SÉVIGNÉ69003 LYONTÉL. 04 78 14 14 14

La Fondation occupe historique-ment une place originale et recon-nue dans le paysage médical lyon-nais. Soucieuse de répondre au plusprès aux besoins des personnesvieillissantes, elle a engagé unedémarche participative sur deuxarrondissements de Lyon. Recueilde l’expression individuelle des usa-gers du dispensaire et celle des pro-fessionnels, petits groupes de dis-cussion informels élargis etréunions publiques pour présenterles résultats. Les réponses aux sou-haits et problèmes rencontrés parles intéressés passent par la créa-tion de réseaux de proximité. Lespersonnes âgées souhaitent conser-ver la maîtrise de leurs décisions etse prendre en charge le plus long-

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Partenaires

■ Association des Maires deFrance - Tél. 01 44 18 13 83

■ Conseil régional Rhône-AlpesTél. 04 72 59 52 38

■ Datar - Tél. 01 40 65 12 34

■ Institut des VillesTél. 01 47 04 00 40

■ Fédération nationale des Aînésruraux - Tél. 01 44 56 84 67

■ Fédération nationale des agences d’urbanismeTél. 01 45 49 32 50

■ Union nationale des centrescommunaux d’action sociale Tél. 03 20 28 07 50

■ Fédération nationale des centressociaux - Tél. 01 53 09 96 16

■ Fédération nationale desFamilles ruralesTél. 01 44 91 88 88

■ Fédération nationale des Pact-Arim - Tél. 01 42 81 97 70

■ Agevillage.com.Tél. 01 42 46 65 00

Avec le soutien de la Fondation JM.BruneauTél. 01 64 53 13 60

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la problématique d’adaptation etd’accessibilité de l’habitat dans lecadre d’une gestion immobilièresociale à l’échelle locale et dépar-tementale. La mise en place du pro-jet a pu être réalisée avec l’appuides acteurs sociaux et gérontolo-giques locaux et celui des bailleurssociaux et privés – afin de pro-mouvoir une offre locative pour lesménages de condition modeste. Après enquête et étude de lademande associant les bénéficiaires,il est apparu que la majorité despersonnes souhaitent rester chezelles le plus longtemps possible.Dans bien des cas, des travaux derénovation et d’aménagement s’im-posent. Il s’agit alors, non seule-ment d’intervenir au domicile pourl’adapter à la déficience de la per-sonne, mais d’engager égalementune démarche plus complète pro-posant un accompagnement per-sonnalisé.

VIEILLIR DANS SON QUARTIER, DANS SON VILLAGE

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FONDATIONDEFRANCE

ISBN 2-914404-21-2

Novembre 2005

40, avenue Hoche - 75008 ParisTél : 01 44 21 31 00 - Fax : 01 44 21 31 01

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