Vers un nouvel espace numerique educatif - mai 2004 - colloque Moliets

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LANDES INTERACTIVES 2004 UN COLLEGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE : VERS UN NOUVEL ESPACE NUMERIQUE EDUCATIF COLLOQUE DE MOLIETS 7 MAI 2004 ACTES Conseil général des Landes Hôtel du Département Service TIC 23, rue Victor HUGO 40025 MONT-DE-MARSAN CEDEX Tél. 05 58 05 41 13 Fax. 05 58 05 41 83 www.landes.org www.landesinteractives.net Allocutions Gabriel Bellocq, vice-Président du Conseil général des Landes, p2 Linda Salama, inspectrice d’Académie des Landes, p4 Table ronde Les collégiens landais et leur ordinateur portable, p6 Charlotte Bergeret (collégienne), Florian Gasc (collégien), Sylvie Segas-Lafitte (parent d’élèves), Patrick Campagne (parent d’élève), Laurent Cuminal (aide éducateur), Sophie Cherreau (Conseillère principale d’éducation) Mise en perspective François Jarraud et Bruno Devauchelle (Café pédagogique), p9 Table ronde Les enseignants face aux TIC, p12 Pascale Dufau (professeur de français), Jean-Marc Darrigan (professeur de SVT), Hélène Alonso (Principale) Mise en perspective Eric Bruillard (IUFM de Caen), p16 Vidéos (transcriptions) Seymour Papert (Massachusetts Institute of Technology, Etats-Unis), p18 Mario Asselin et Clément Laberge (Québec), p18 Entretien Anne Delorme (professeur de musique), p21 Allocution Henri Emmanuelli, Président du Conseil général des Landes, député, p23 Table ronde Images et documents numérisés pour l'enseignement et l'apprentissage Mireille Bétrancourt (TECFA) : comment améliorer l’efficacité pédagogique des animations, p27 André Tricot (IUFM de Midi-Pyrénées) : interactions texte - image, p29 Odile Chenevez (CLEMI) : pour une éducation au média Internet, p30 François Lombard (TECFA) : l’image n’a aucune importance !, p32 Table ronde Vers l'espace numérique de travail idéal... Sylvie Mignardot, professeur au collège Condorcet à Tullins, Isère, p34 Jean Vernet, professeur au collège Olivier de la Marche à St-Martin-en-Bresse, Saône et Loire, p37 Nadine Castagnos, professeur au collège Jean Zay à Cenon, Gironde, p38 Sébastien Cathala, professeur au lycée Jean Moulin à Béziers, Hérault, p39 Allocution Patrick Gérard, Recteur de l’Académie de Bordeaux, Chancelier des Universités d’Aquitaine, p41 Sommaire

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Le 7 mai 2004, le Conseil general des Landes organisait un evenement autour de son opération : "un collégien, un ordinateur portable : vers un nouvel espace numerique educatif" c'était le titre du colloque. Voici les actes de ce colloque. Pour en savoir plus : http://www.landesinteractives.net/ ; http://www.dailymotion.com/cg40/1/ ;

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LANDES INTERACTIVES 2004UN COLLEGIEN,

UN ORDINATEUR PORTABLE :VERS UN NOUVEL ESPACENUMERIQUE EDUCATIF

COLLOQUE DE MOLIETS7 MAI 2004

ACTES

Conseil général des LandesHôtel du Département

Service TIC23, rue Victor HUGO

40025 MONT-DE-MARSAN CEDEXTél. 05 58 05 41 13Fax. 05 58 05 41 83

www.landes.orgwww.landesinteractives.net

AllocutionsGabriel Bellocq, vice-Président du Conseil général des Landes, p2Linda Salama, inspectrice d’Académie des Landes, p4

Table rondeLes collégiens landais et leur ordinateur portable, p6Charlotte Bergeret (collégienne), Florian Gasc (collégien), Sylvie Segas-Lafitte (parent d’élèves),Patrick Campagne (parent d’élève), Laurent Cuminal (aide éducateur),Sophie Cherreau (Conseillère principale d’éducation)

Mise en perspectiveFrançois Jarraud et Bruno Devauchelle (Café pédagogique), p9

Table rondeLes enseignants face aux TIC, p12Pascale Dufau (professeur de français), Jean-Marc Darrigan (professeur de SVT),Hélène Alonso (Principale)

Mise en perspectiveEric Bruillard (IUFM de Caen), p16

Vidéos (transcriptions)Seymour Papert (Massachusetts Institute of Technology, Etats-Unis), p18Mario Asselin et Clément Laberge (Québec), p18

EntretienAnne Delorme (professeur de musique), p21

AllocutionHenri Emmanuelli, Président du Conseil général des Landes, député, p23

Table rondeImages et documents numérisés pour l'enseignement et l'apprentissageMireille Bétrancourt (TECFA) : comment améliorer l’efficacité pédagogique des animations, p27André Tricot (IUFM de Midi-Pyrénées) : interactions texte - image, p29Odile Chenevez (CLEMI) : pour une éducation au média Internet, p30François Lombard (TECFA) : l’image n’a aucune importance !, p32

Table rondeVers l'espace numérique de travail idéal...Sylvie Mignardot, professeur au collège Condorcet à Tullins, Isère, p34Jean Vernet, professeur au collège Olivier de la Marche à St-Martin-en-Bresse, Saône et Loire, p37Nadine Castagnos, professeur au collège Jean Zay à Cenon, Gironde, p38Sébastien Cathala, professeur au lycée Jean Moulin à Béziers, Hérault, p39

AllocutionPatrick Gérard, Recteur de l’Académie de Bordeaux, Chancelier des Universités d’Aquitaine, p41

Sommaire

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Je suis heureux de vous présenter les actes du colloque « Landes interactives

- Un ordinateur portable : vers un nouvel espace numérique » qui s’est tenu

à Moliets le 7 mai 2004.

Les élus du Conseil général des Landes et les responsables académiques ont

eu le plaisir de recevoir à cette occasion, 170 enseignants, chefs

d’établissement et conseillers d’éducation des collèges landais et plus

de 80 représentants d’autres départements et régions.

Le département des Landes a été pionnier en septembre 2001 lorsqu’il

décidait d’équiper tous ses collégiens d’un ordinateur portable. Il l’est

encore, trois ans plus tard, en organisant, avec les représentants

de l’Education nationale, une journée d’échange, de bilan et de mise en

commun. Au cours de cette rencontre qui a été, de bout en bout, intense

et sérieuse mais aussi chaleureuse et même joyeuse, chacun a pu exprimer

son point de vue et faire part de ses convictions ou de ses interrogations.

Ces actes en gardent la trace. Ils permettront à tous ceux qui n’ont pas pu

participer à cette passionnante journée à Moliets et que l’avenir

de l’éducation intéresse, de retrouver l’essentiel de nos débats.

Henri EmmanuelliPrésident du Conseil général des Landes

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Réalisation : Serge Pouts-Lajus et Elisa Leccia(Education et territoires)Photos : Bernard DugrosMaquette et montage : Marc Benitta (FilBleu)Impression : Promoprint (Paris)

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à la fois de respecter et de dépassercette dualité.C'est ce qui s’est passé pour la miseen œuvre de cette opération et jevoudrais à cette occasion saluer lepartenariat positif qui a été engagéavec les autorités du Rectorat et del'Inspection académique.Le Conseil général des Landes, quimettait des moyens lourds à dispo-sition, s'est soucié qu'il y ait des usa-ges effectifs mais il n'est pasprescripteur et souhaite protéger etrespecter l’indépendance desmoyens pédagogiques utilisés parles enseignants. Une réponse estvenue de l'autorité académique quia mis en place un plan de formationdes personnels. S'il était insuffisantpour certains, trop lourd pour d'au-tres, il était en tout cas sans précé-dent puisque près de 800enseignants ont bénéficié chacunde six jours de formation.Le Conseil général des Landes n'apas délivré les outils sans se préoc-cuper de l'existence du contenu. Enprotégeant au maximum la diversitédes sources et l’indépendance des

choix des enseignants, il a négocié,aux côtés des instances du ministèrede l'Education nationale, avec l'en-semble des éditeurs de manuelsscolaires afin que naisse une diver-sité de manuels numériques. Il aparallèlement délégué aux collègesles crédits nécessaires à l'achat, pareux-mêmes, des ressources de leurchoix.L'ensemble de cette opération estdonc le fruit de nombreux échangesde points de vue et d'initiatives entredivers partenaires, qu'ils soient del'Etat, de l'Education nationale, desparents d'élèves, des éditeurs privésou publics.Mais une politique publique doit sepenser avant d'être mise en œuvre.Elle doit également, au cours de sondéroulement, s'évaluer. C'est aucœur de cette phase que se situentaujourd'hui les collectivités pu-bliques qui ont lancé cette opéra-tion.Certes, de leur côté, les corpsd'inspection de l'Education natio-nale - je salue leur présence ici - ontévalué ou évaluent actuellement le

volet pédagogique de l'opération.Pour sa part, le département desLandes évalue les conditions de samise en œuvre matérielle et sesretombées non pédagogiques. Mais il nous a semblé, à ce stade,qu'un échange entre tous les acteursétait nécessaire.A l’heure où d'autres collectivitésdans d'autres départements - jesalue ici la présence de nombreuxélus d'autres régions, d'autres dépar-tements qui sont intéressés à l'expé-rience landaise et qui s’en inspirentdans leur région - à l'heure donc oùd’autres collectivités se lancent ouvont se lancer dans une opérationsemblable, les échanges de point devue et d’expériences dépassent, detoute évidence, les frontières desLandes.Voilà pourquoi nous sommes réunisaujourd'hui dans cette salle. Noussommes environ 300 personnes,170 personnels issus d'établisse-ments de collèges des Landes, deschefs d'établissements, des ensei-gnants, des conseillers d'éducation,des assistants d'éducation, des admi-nistrateurs du parc de matériels.Sont également présents une cen-taine de participants ou d'interve-nants venus, je l’ai dit, d'autresrégions et aussi une cinquantaine dereprésentants du Conseil généraldes Landes et des autorités acadé-miques : inspection académiquedes Landes, Rectorat, CDDP, CRDP,IUFM.Le Conseil général des Landes sou-haite que cette rencontre, qu’il avoulue, donne à chacun, et y com-pris à nous, élus landais, matière àréflexions et que, dès demain, desavancées se poursuivent sur ce sec-teur dont nous savons tous aujour-d'hui l'importance qu'il a prise dansnotre société et le rôle majeur qu'iljouera demain dans la formationdes jeunes et dans toute la société.

Mesdames, Messieurs les élus,Madame l’Inspectrice d'Académie,Messieurs les enseignants,Mesdames les personnalités, mem-bres d’organismes départementauxou hors du département,Je vous remercie d'avoir répondumassivement à notre invitation et,quand je dis massivement, je suis endessous de la vérité puisque nousavons eu la désagréable mission,compte tenu des dimensions de lasalle, de refuser un certain nombrede personnes qui souhaitaient parti-ciper à cette journée.Au nom de l'Assemblée départe-mentale et de son Président, HenriEmmanuelli, je vous souhaite labienvenue. Bienvenue dans lesLandes, département qui, contrai-rement aux idées reçues, n’est passeulement forestier, agricole ou tou-ristique, mais aussi un départementdont la première source de richesseest l'industrie.Notre département a aussi une lon-gue expérience de l'informatique auservice de la pédagogie. En effet, l'o-pération « un ordinateur portable,un collégien » dont il sera questiontout au long de la journée, n'a pas vule jour ici sur un terrain vierge.Je vais en donner trois exemples. Dès 1983, le Conseil général desLandes avait fait le pari des nouvel-les technologies dans l'éducation etceci en accord avec les autoritésacadémiques. Il avait, pour ce faire,équipé de matériels informatiquesl'ensemble des collèges et des éco-

les du département. Cette premièreopération a été ensuite reprise surl'ensemble du territoire sous l'intitulé« Plan informatique pour tous » avecdes bonheurs divers. Mais dans lesLandes, on peut considérer qu'elle aété un réel succès.Le premier collège neuf construitaprès la décentralisation par ledépartement, en 1989, le collègeJean Rostand de Mont de Marsan, aété équipé dès l'origine de tout lematériel informatique et desréseaux les plus performants de l'é-poque.Dès 1997, le programme annueld'équipement en matériel d’infor-matique des établissements, a per-mis de raccorder à Internet les 32collèges du département et toutesles écoles élémentaires disposantd'un cours moyen deuxième année.A chaque fois, ces initiatives duConseil général ont fait l'objet d'éva-luation et de réorientation en fonc-tion des avancées technologiques etde la pénétration des outils dans lasociété.Cette question, on peut l'imaginer,se posera pour les outils que nousmettons aujourd'hui à dispositiondes collèges. Mais nous n'en som-mes pas là.En mettant en oeuvre l'opération« un collégien un ordinateur porta-ble », le Conseil général des Landesétait persuadé qu'un tel investisse-ment de masse dans la politiqueéducative pouvait avoir des retom-bées sur la vie quotidienne de l'en-

semble des Landais voire sur l'en-semble des activités du départe-ment, y compris sur ledéveloppement économique.Le département affichait quatreobjectifs :- favoriser de nouvelles pratiquespédagogiques,

- assurer l'égal accès des collégiens àl'outil informatique,

- diffuser dans les foyers landais laculture des nouvelles technologies,

- développer l'attractivité desLandes, y compris pour les entre-prises.

C'est, je crois, le devoir d'une col-lectivité territoriale, par l'exercice deses compétences, de mettre enœuvre des actions qui aient desretombées sur l'ensemble des sec-teurs de l'activité humaine, maisaussi sur l'ensemble de son territoire.Ceci n'est pas tout à fait le débatd'aujourd'hui, mais il est tout demême important de resituer globa-lement dans quelles perspectives seplacent les collectivités publiquesterritoriales, d'autant que, dans ledomaine de l'éducation, nous som-mes avec l'Etat en situation de com-pétence partagée.Les départements ont la responsa-bilité de donner aux collèges, tanten termes financiers que matériels,les moyens d'éducation. Leur miseen œuvre et donc, l'acte d'éduca-tion, relève de la compétence del'Etat. Cette vie commune, imposée,nécessite pour être féconde decontinuels échanges qui permettent

Gabriel BellocqVice-Président du Conseil général des Landeschargé de l’Education

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les meilleurs élèves qui aient l’utilisa-tion la plus pertinente de l’ordinateurportable. En particulier, à la maison,ceux-ci savent l’utiliser pour des exer-cices supplémentaires et / ou larecherche documentaire.Autre élément, leur indéniable maî-trise technique pour l’accès aux sour-ces documentaires. Les enseignantsont donné un accueilplutôt favorable à l’ordinateur mêmesi, dans un premier temps, la non-maîtrise totale de l’outil a fait que cer-taines réserves ont pu être présentées.Je tiens à souligner que les enseignantsont toujours exprimé également lenécessaire maintien de la prise denotes écrites. C’est en effet important.Des professeurs qui, dans un premiertemps avaient pu faire le choix defournir sous forme de fichiers numé-riques une partie, voire l’intégralité deleurs cours, ont modifié cette appro-che en exigeant que les élèves pren-nent des notes ou recopientéventuellement les cours à la maison. On est, ici, sur une question-clé :celle du rôle de l’écrit dans l’appren-tissage de l’élève et plus précisémentle rôle du geste manuel de l’écriturepour apprendre.Un dernier élément, tout à fait positifsoulevé dans cette évaluation, est lapratique de recherche documentairequi est largement diffusée et quiconcerne toutes les disciplines. Lesélèves, comme les enseignants, expri-

ment cette richesse potentielle, cetaccès de tous à la même information,de plus riche.Cette présence des ordinateurs dansla classe amène la communauté sco-laire à se ré-interroger sur un certainnombre de questions qui sont liéesprincipalement à l’apprentissage et àla didactique des disciplines. Je vais en énoncer quelques-uns :- la relation maître-élève-savoir. Il estévident que le rôle de l’enseignantn’est pas tout à fait le même quand,devant sa classe, les élèves sont assis(cachés ?) derrière leur écran d’ordi-nateur.

- le statut de l’erreur; avec l’outil infor-matique elle prend une dimensionde variable didactique d’apprentis-sage. Ainsi, en géométrie on peuttâtonner, essayer ; le tâtonnement-essai devient alors une démarched’apprentissage.

- le partage des compétences ;autour de cette opération, les équi-pes d’enseignants de différentesdisciplines, ont été amené à s’in-terroger et à mutualiser leurs res-sources et leur expertisepédagogique («la culture desregards croisés») ; ces échanges sefont également entre des person-nes de statuts différents, je dois évo-quer ici le rôle des assistantsd’éducation qui apportent uneaide précieuse sur le plan tech-nique et pédagogique. De même

les élèves partagent leurs savoirs etsavoirs faire.

- enfin ce champ des technologies del’information et de la communica-tion est un réservoir infini des péda-gogies dites « pédagogies dudétour ».

Des perspectivesJe souhaiterais en évoquer trois entermes de conclusion. le développement de l’accès auxdocuments. Peut-on espérer «le toutaccessible» ?. le développement des environne-ments de travail à distance.Aujourd’hui, dans ce colloque, nousserons amenés à les rencontrer et àétudier la complémentarité entre desmodalités (son, image et texte) et lesmédias (papier et électronique). Il estainsi de plus en plus fréquent que l’ontravaille sur différents supportsensemble et non pas successivement.le développement d’applicationsspécifiques à des handicaps, à desmaladies ou à des troubles de l’ap-prentissage. Ce champ semble être leplus porteur d’espoirs pour les évolu-tions dans l’école car il renforceraencore l’intégration scolaire. Enfin, je tiens à souligner le partena-riat de confiance existant entrel’Education nationale, ( le rectorat etl’inspection académique) et leConseil général.Je vous remercie de votre attention etje vous souhaite une bonne journée.

Monsieur le vice-président duConseil général chargé del’Education,Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs lesInspecteurs, les Principaux, lesmembres de la communauté sco-laire, professeurs, conseillers princi-paux d’éducation, assistantsd’éducation, Mesdames et Messieurs,En tant qu’inspectrice d’académiedes Landes, je vous souhaite la bien-venue à ce colloque organisé par leConseil général des Landes en parte-nariat avec le rectorat de l’académiede Bordeaux, l’inspection acadé-mique, et le concours du café péda-gogique et d’éducation et territoires.Quelques caractéristiquesdu département des LandesC’est un département qui est trèsétendu géographiquement (ledeuxième département français) etqui a la particularité d’offrir un servicepublic d’éducation bien réparti surl’ensemble du territoire. Le servicepublic d’éducation concerne - je vaisdonner quelques chiffres - 354 éco-les, 32 collèges - 34 à cette rentrée - ,7 lycées publics, 8 lycées profession-nels, un EREA et des établissementsprivés. Cela représente une commu-nauté scolaire d’environ 50 000 éco-liers, collégiens ou lycéens.Deuxième caractéristique : une cul-ture de l’intégration scolaire puisqu’ilse situe au premier ou, selon lesannées, au second rang au niveaunational pour le taux d’accueil d’en-

fants handicapés dans nos écoles, col-lèges et lycées.Troisième caractéristique : le niveaudes connaissances des élèves à l’issuede l’école primaire est l’un desmeilleurs de France, supérieur à lamoyenne des autres régions.Les élèves entrant au collège ont dansl’ensemble acquis de solides basesleur permettant de poursuivre leursétudes ce qui se traduit ainsi :- par un bon taux de réussite au bac-calauréat :

rang 2 au niveau du baccalauréat pro-fessionnel,rang 8 au niveau du baccalauréattechnologique,rang 4 au baccalauréat général.- et par un taux remarquable d’accèsau niveau IV (qui, dans le « jargon »de l’Education Nationale, désigne leniveau baccalauréat), 73 % sachantque le taux national est de 69 %.

Un premier « bémol » à ce tableau,est le taux de réussite au brevet descollèges qui, en tout cas pour les deuxdernières années, se situe légèrementen dessous de la moyenne acadé-mique et de la moyenne nationale.Certains ont exprimé, paradoxale-ment, que l’opération « un collégienun ordinateur portable»qui concerneles élèves de 3e, aurait pu avoir uneincidence l’année dernière dans sagénéralisation sur ce résultat au bre-vet. Je ne le pense pas.Ces bons taux de réussite scolaire sontà mettre à l’actif d’une part de la qua-lité pédagogique des enseignants etd’autre part à l’engagement des

familles autour de l’école considéréecomme facteur de réussite et d’inté-gration sociale.Un autre « bémol » à ce tableau est lenombre de jeunes aquitains, et ledépartement landais est égalementtouché, qui quittent l’école en coursde cursus. C’est massif entre la pre-mière année et la seconde année deBTS Nous sommes certes au niveauBTS mais cela fait que leur qualifica-tion finale est moins élevée.L’académie de Bordeaux, en effet,dans ce domaine, se situe à 50 % au-dessus du niveau national. Cela feral’objet d’un travail et d’un suivi impor-tant pour les quatre années à venir.Monsieur le vice-président a déjàévoqué l’évaluation pédagogiquedont a fait l’objet cette opération «uncollégien un ordinateur portable»évaluation menée pendant l’année2003 par l’inspection pédagogique. Des conclusions du rapport.Je vais commencer par les élèves.Pourquoi ? Parce que tout le mondea bien vu leur enthousiasme et … leurplaisir. Ils se sont saisis de cet outil quipour eux est un outil presque ordi-naire voire familier. Donc, vous neserez pas étonné que j’évoque entout premier une attente forte de cesélèves. Une attente forte pour sonutilisation dans la classe, j’entends.Ces élèves expriment, toutefois, unecertaine difficulté pour aborder cetordinateur comme un outil de travailscolaire et pas simplement comme unoutil de jeu ou un outil de communi-cation entre eux. Il semble que ce soit

Linda SalamaInspectrice d’Académie des Landes

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il s’avère qu’ils ne le sont pas. Après,c’est toujours le problème des pro-fesseurs qui veulent avoir tout. Leclasseur plein depuis le 1er septem-bre jusqu'au 30 juin, alors qu'ils nepourraient avoir que les fichiers etpartir beaucoup plus légers. Ce n'estpas une bataille que l'on mène uni-quement depuis qu’il y a l’ordina-teur portable. Cela a toujours été etcela s’est un peu aggravé par le faitqu'il y a l'ordinateur qui fait trois kilossupplémentaires […]Dans le collège où sont mes enfants,il y a eu des échanges entre les pro-fesseurs et les parents directementpar mail, quand il y a des rendez-vous à prendre ou quand il y a desproblèmes bien particuliers. Cela sefait lorsque les familles ont accès àInternet.

Patrick CAMPAGNE(parent d’élève)La mise à disposition de nos enfantsd'un ordinateur portable a encou-ragé certaines familles à prendreInternet à la maison pour que les

enfants puissent, chez eux, conti-nuer à travailler sur Internet. Mais audépart, ce n’était pas le but. Je diraisque c'est une conséquence. […] Je pense qu'au départ le principeétait que toutes les recherches puis-sent se faire dans le collège plutôtque le soir à la maison, parce que lescollèges ont quand même de gros-ses capacités pour accéder àInternet. Si certains élèves devaientfaire les recherches le soir chez eux,cela irait à l’encontre des principesd’égalité et de gratuité.

Laurent CUMINAL(aide éducateur, Mimizan)Les enseignants nous disent : nousavons besoin d'Internet de telleheure à telle heure. En perma-nence, cela fonctionne de la mêmemanière, c’est-à-dire que les ensei-gnants notent sur un carnet : laclasse de 3e A, par exemple, a étudecet après-midi de 14 heures à 15heures ; ils ont besoin d'Internet ouils n'ont pas besoin. C'est commecela que c'est organisé. C’est une

discussion avec tout le personnel del'établissement. […]Le pourcentage d'utilisation encours a considérablement aug-menté et continue à augmentergrâce à la formation des professeurs.A l'origine, c'était un outil tout nou-veau que nous ne savions pas utili-ser. Nous n'osions pas. Les machinesrestaient fermées, parfois des jour-nées entières. Mais aujourd'hui,dans notre collège, on ne peut plusdire cela. Chaque élève ouvre l’or-dinateur au moins une fois par jour.La communication au sein des éta-blissements s'est également déve-loppée. Le Principal avait souventdu mal à dialoguer avec toute sonéquipe. Aujourd'hui, les documentset les notes de service sont mis encommunauté sur le réseau de l'éta-blissement

Sophie CHERREAU(Conseillère principale d’éduca-tion, Peyrehorade)On éprouve certaines difficultéspour l'utilisation des ordinateurs en

Charlotte BERGERET(collégienne)J'ai pensé au début, quand nousavons reçu l’ordinateur, que nousn’aurions plus besoin de livres, decahiers, etc., que nous aurions toutsur l'ordinateur. C'est vrai que nousconservons tous nos cahiers et noslivres et c'est lourd à transporter. Sinous pouvions réduire les cahiers etles livres, cela serait plus pratique […] Les manuels numériques, c'est plusintéressant parce qu’il y a des ani-mations vidéos, des activités quisont plus intéressantes que sur unlivre… Même au niveau des correc-tions, les questions sont corrigées ettout de suite on sait si ce que nouspensons est juste […] Dans les petites classes de sixième,cinquième, on nous a appris à nousservir des logiciels principauxcomme le traitement de texte.Quand nous avons eu les ordina-teurs portables, nous n’étions pastrop perdus. Avec les autres logiciels,une fois que nous avons appris ànous en servir, c'est assez simple […]

Les profs nous envoient par mail lesrévisions ou les devoirs qu'ilsauraient oublié de nous donner. Onpeut également leur adresser nosdevoirs par mail.

Florian GASC(collégien)On utilise notre ordinateurs à 50 %de manière ludique et à 50 % pourtravailler. Ca arrive assez souventqu'on ne se serve pas de l'ordinateuren classe. On a des casiers pour lesentreposer quand c'est le cas, maison peut s'en servir en étude, ce n'estdonc jamais une perte de temps devenir avec son ordinateur au collège[…]J’ai pris l’habitude du clavier parceque j’avais un ordinateur chez moi.Pour ceux qui n’avaient pas d'ordi-nateur chez eux, la prise en main duclavier est quand même assezrapide parce qu’on s’en sert pen-dant les heures d’études ou cheznous. Mais ce n'est quand mêmepas aussi rapide que l’écrit parceque l’écrit nous le pratiquons depuis

le CP. L'ordinateur, pour savoir exac-tement où se trouvent les touches ettaper correctement, cela prend unpeu plus de temps. […]Dans ma classe, il y en a qui neconnaissaient pas l'ordinateur etaprès, quand ils ont fait connaissancede l'ordinateur portable il y en a quiont aimé et qui ne pourraient pluss’en passer maintenant. Mais il y ena d'autres qui n'aiment pas celaparce que quand on n'est pas habi-tués à l’écran, au clavier au début,aux inconvénients avec les bugs, etc.Cela peut en déconcerter certains.

Sylvie SEGAS-LAFITTE(parent d’élève)Au début de l’année, comme l’ou-til est tout nouveau, ils passent énor-mément de temps à vouloirtravailler dessus. Bien sûr, les jeux, lamessagerie, ce genre de choses...Mais après, progressivement, ils tra-vaillent davantage qu'ils ne s'amu-sent. […]Au départ, on avait compris que leslivres allaient être numérisés. En fait,

Les collégiens landaiset leur ordinateurportable

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salle d'étude. Les élèves se connec-tent à des sites prohibés et majori-tairement pornographiques. Nousavons pris des sanctions. Nousavons contacté le Conseil généralqui a renforcé le verrouillage desordinateurs. Les élèves savent que,régulièrement, l'assistant d’éduca-tion fait un historique pour voir tousles sites qui ont été visionnés dans lasemaine. Cela met une certaine

pression : ils savent que nous som-mes capables maintenant de ver-rouiller leur ordinateur et de limiterleur utilisation […]Mon intervention au niveau desportables est, dans la majorité descas, liée à un rappel à l’ordre de lacharte d’utilisation, à la mise enplace de sanctions, je gère desoublis, des vols, parce que certainsélèves ne prennent pas soin du

matériel qui leur est confié. Nousretrouvons des ordinateurs dans lacour et dans les couloirs, abandon-nés. C'est vrai qu'à ce niveau-là -c’est à titre tout à fait personnel queje dis cela - je pense que tant qu’onne demandera pas aux familles des'engager, tout au moins sur le planfinancier, je crois que les élèvesauront du mal à prendre consciencede la valeur de cet outil.

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Les interventions que nous avonsentendues sont extrêmementriches. Nous avons vu petit à petitun objet qui prenait corps, qui étaitsujet à tout un tas d'anecdotes. Parexemple, l’une de mes collègues,Pascale Dufau, qui est dans la salleraconte l'histoire d'une élève qui s'é-tait sentie observée par son profes-seur ; il existe en effet un logiciel desurveillance, SynchronEyes, qui per-met au professeur de voir l’écran detravail de ses élèves. Cette jeune filleavait interprété cette surveillancequ'elle croyait être particulière alorsqu'elle ne l'était pas, commequelque chose qui renvoyait à sarelation avec le professeur, commeun manque d’amour du professeurà son égard, quelque chose commeça. Ce qui avait amené une inter-vention de sa mère par courrierélectronique - vous savez qu’onn'arrive pas à joindre les professeursau téléphone mais on arrive à lesjoindre par courrier électronique - etune explication, finalement, entreles parents, l’enfant et l’enseignant.J’ai trouvé que cette anecdote étaittrès représentative du portablecomme une espèce d'objet-passe-relle entre les gens. C'est ce qu’on aentendu ici. Vous savez, les cartables c'estquelque chose de très personnel.Pour les gens de ma génération,dans le cartable on mettait un rou-doudou, deux ou trois Carambars,un ballon. Eh bien, on voit que de lamême façon, les jeunes, les collé-

giens mettent dans leur cartableélectronique tout un tas d'objetspersonnels. Ils remplacent la flèchede la souris classique par une image

de dinosaure. Ils se fabriquent unfond d’écran bien à eux. Il paraîtqu’ils stockent des jeux et nousvenons d’apprendre qu’en plus il y

François JarraudProfesseur,rédacteur en chef du Café pédagogique

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Questions de la salle Question d’une mère d’élèveJe voudrais revenir sur l’idée que sion faisait participer les parents finan-cièrement peut-être que leursenfants feraient davantage cas deleur portable. Mais il n’y a pas que lecartable électronique qu’ils peuventlaisser dans les couloirs, parfois ilsoublient leurs livres, donc ce n'estpas parce qu'on va faire payer lesparents qu'il y aura davantage d’at-tention portée à leurs affaires, ouqu’ils s’en occuperont davantage.

Réponse de Sophie CHERREAUQuand je parlais d'une participationfinancière, ce n’est pas au momentoù on donne l’ordinateur, c'est encas de casse ou de vol dû à desnégligences. Il ne s’agit pas dedemander le remboursement totaldu prix de l’ordinateur maisquelque chose de symbolique.Aujourd’hui, les élèves savent que sil'ordinateur est cassé, ce n’est pasgrave. Le Conseil général va payer…Je crois qu’il y a nécessité d’uneprise de conscience des élèves et deleurs familles.

Question de DominiqueLevesque, Conseil régionalde PicardieEst-ce que l'ordinateur portable a per-mis d'instaurer un contact électroniqueentre la vie scolaire et les familles ?

Réponse de Pierre Lacueille,Rectorat de BordeauxLes CPE ne sont pas équipés enordinateurs portables. Mais noussommes en train de travailler sur unsystème qui permettra une commu-nication électronique entre lesparents et la vie scolaire.

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a encore d'autre choses parfois plusinattendues qui apparaissent.C'est intéressant d'avoir un objet quiest à la fois vraiment scolaire, et quiest aussi un objet tout à fait person-nel. Cela pose justement la questionde ce regard de l'enseignant dansl'espace privé de l'élève.Cet objet est une passerelle. C'estune passerelle vers l’écrit. Nousavons vu à quel point le portablepermettait de mettre en valeur lesécrits des jeunes, d’élever leursécrits par la mise en page et par laqualité de l’orthographe qui peutêtre aidée, on le sait, par certainsoutils, de l’élever au niveau d'unécrit, je dirais officiel, en tout casd’un écrit littéraire, d’un écrit bienprésenté.Passerelle aussi, cela a été dit, entrele jeune et la culture. Le portablepermet d'accéder à Internet et defaire le lien entre la culture dans sesaspects les plus modernes et la cul-ture dans ses aspects les plus tradi-tionnels. Autre passerelle qui est apparue,c'est la passerelle entre les jeunes. Atravers l'entraide qu’ils exercententre eux pour pouvoir manipuleret bien utiliser l'ordinateur, maisaussi l'entraide qui, grâce à cettefonction particulière du traitementde texte, le copier-coller, facilite cer-tains travaux scolaires. Passerelle aussi entre les professeurs,je crois que cela est extrêmementimportant également. De nomb-reux sites ont fleuri sur Internet quireflètent cette communication entreles enseignants. C’est vraiment unélément de formation par les pairs,à la demande. C’est quelque chosequi permet de soutenir vraiment l'in-novation. Je sais que dans

l'Académie, il existe un dispositif quis'appelle Argos et qui va aussi dansce sens.Passerelle entre les jeunes et les pro-fesseurs. Cela a été rappelé tout àl'heure. Les professeurs se rappellentau bon souvenir de leurs élèves àtravers des mails et dans l'autre sens,il y a aussi les inquiétudes ou lesquestions des élèves qui peuventremonter en direction des profes-seurs. Cela veut dire aussi que letemps scolaire n'est plus aussi limitéqu'il était auparavant. A supposerqu'il ne l’a d’ailleurs jamais été parceque les professeurs savent bien qu'a-près l'école, parfois, il y a des travauxqu'on ramène à la maison. Ce n'estpas nouveau. Le réseau permet degarder le contact. L’élève peut êtreconsidéré comme une personne àpart entière.Enfin, passerelle entre les profes-seurs et les parents. Cela a été rap-pelé dans l'histoire de ce messaged'une mère à propos de sa fille. Onpourrait citer d'autres exemples. Jepense que là, il y a tout un seuil detransparence de l'école qui, petit àpetit, va s'affirmer : dans la vérifica-tion des présences et des absences,dans l'information des parents sur lesprésences et les absences, dans aussipeut-être l'accès aux notes et l'accèsen général à la vie scolaire. A traversce que les professeurs peuvent met-tre aussi sur Internet de contenu etde cahier de textes numérisés.Le portable n’est pas seulement unobjet technique. C'est un objet pro-fondément humanisé. C'est un objetd’interaction entre les gens et, fina-lement, c'est un support d'une édu-cation qui est vraiment uneéducation humaine. L’image quevous avez donnée d'une façon vrai-

ment très nette, c'est aussi l'imageque Pascale Dufau a donné à traversson journal en ligne. Finalement, leportable est un support de coopéra-tion entre les hommes. C'estquelque chose qui nous est vrai-ment très cher au Café Pédagogiqueet que je voulais souligner. Leconseil que je donne à mes collè-gues c'est : surtout, ne fermez pas lesécrans…

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Vous avez remarqué : moi aussi, j'aipris mon sac à dos…Je voudrais féliciter les parents. Eneffet, les parents ont enfin comprisque ne porter que d'un seul côté del’épaule, cela provoquait des scolio-ses, d'énormes problèmes. Ils ontrésolu le problème en achetant dessacs que les enfants portent sur lesdeux épaules. Donc, félicitations auxparents, félicitations aussi aux élèvesqui, ce matin, par exemple, à la garede Dax, étaient tous avec leur nou-vel uniforme : le sac à dos. Je vais quand même l'enlever pourvous parler, cela sera peut-être pluspoli.Trois points simplement pourreprendre l’idée de passerelle.D’abord, par rapport à cette ques-tion parents-famille. Est-ce une rup-ture ? Est-ce une continuité ?Comment passer de ce qui estapparu à certains moments commeune rupture, à une continuité entrel'école et la famille ? Je crois que noussommes encore au début de la cons-truction de ce que pourrait être unecontinuité dans les pratiques, unecontinuité dans la réflexion. Nousvoyons bien que la mise en place estdifficile. Cela nécessite encore dutravail. J'insisterais beaucoup pourdire que l'école, en devenant de plusen plus prescripteur d'usages fami-liaux, d'usages individuels, pourraitpermettre de créer cette continuité.Je félicite donc cette initiative desLandes car elle permet aux élèves

d'emmener l'ordinateur à la maison :effectivement, cela renforce lacontinuité. Une question : l'ordinateur c'estpour demain ou c’est pour aujour-d’hui ? J’entends beaucoup deparents dire : l'ordinateur c'est bien,mais pour demain. Ici dans lesLandes, vous dites : l'ordinateur c'estbien pour aujourd'hui. Commentfaire en sorte que cela devienne vrai-ment bien pour aujourd'hui ? Il fautque cela s'intègre à la pédagogie et,nous l’avons vu, nous n’en sommesencore qu’au début. Chacun hésite,se pose des questions. Parle-t-onpédagogie ou parle-t-on de l’outil.On balbutie mais on avance. Onpasse d'une crainte de l'avenir à lacroyance qu'on peut faire évoluer leschoses et faire enfin du portable unoutil ordinaire, transversal. Mais c'estun long cheminement. Je crois qu'ilest bien entamé ici mais qu'il est loind'être achevé. Beaucoup de ques-tions ont été posées et je crois qu'ilfaudra les approfondir dans lesannées à venir.Les jeunes veulent s’approprier lestechnologies de l’information et dela communication. Mais leur inten-tion d’appropriation est très peu sco-laire ; elle est surtout adaptée à leursbesoins, à leurs passions, à leursenvies. L’usage de l’ordinateur endehors de l’école développe descompétences. L’usage scolaire per-met de structurer des apprentissages,de relier une première appropriation

à des connaissances qui sont utilesaux apprentissages des disciplines.L’école prépare à un usage pour lavie. L’utilisation de l’ordinateur dansle système scolaire n’a pas pour seulbut la connaissance de la machine etde son fonctionnement, mais plutôtde rendre possible l’autonomie desélèves dans la construction des usa-ges futurs.

Bruno DevauchelleFormateur, CEPEC (Lyon)

Bruno Devauchelle a été pro-fesseur de lettres et d’histoireen lycée professionnel avant dedevenir formateur d’en-seignants au CEPEC (Lyon) où ilintervient dans le domaine desusages pédagogiques des tech-nologies d’information et decommunication. Il est l’auteurde l’ouvrage Multimédiatiserl’école (Hachette) et l’un desfondateurs du Café péda-gogique où il anime la rubriquebibliographie et signe des édito-riaux.http://www.cepec.org/

François Jarraud est professeurd’histoire -géographie dans unlycée parisien. Il a été à l’originede la création des Clionautes,l’une des premières commu-nautés d’enseignants pratiquantles échanges et la mutualisationd’expériences sur Internet. Il l’aanimée pendant plusieursannées. Il est, depuis 2001,rédacteur en chef du Café péd-agogique, une revue d’informa-tion en ligne à laquelle sontabonnés plus de 40 000enseignants.http://www.cafepedagogique.net

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Jean-Marc DARRIGAN(Professeur de Science de la vie et dela Terre)Mon collège a fait partie des troiscollèges expérimentaux. Cela faitdonc trois ans, que je pratique l’or-dinateur portable. J'avais décidé dem’en servir tout de suite pendantl'expérimentation en numérisantmes cours, en essayant de voir com-ment mes élèves allaient réagir.Finalement, j’ai utilisé cet outilimmédiatement.Au début, cela n'a pas été facile.Cela a représenté un très gros travail

et une fois les cours numérisés, il afallu voir ce que cela donnait dansles classes. La première année, il y atrois ans, la surprise c'est évidem-ment le premier jour, le jour où lesélèves reçoivent l’ordinateur porta-ble. Vous vous trouvez face à unesalle avec 26 élèves qui ont un ordi-nateur et il faut faire quelque chose.Il y a deux possibilités : soit vouscontinuez exactement commeavant et vous vous dites : nous allonsnous en servir de temps en temps.Ou bien vous vous jetez à l'eau etvous décidez de partir avec les élè-ves dans une aventure. C’est ce quis’est passé pour moi. J'avais préparémes premiers cours et les élèvespouvaient se les procurer par l’in-termédiaire du réseau.J'avais fait des adaptations de sorteque les élèves puissent suivre. Les

cours étaient numérisés et il y avaitdes parties qu’ils devaient complé-ter. Le canevas était déjà écrit avecdes liens hypertextes pour la consul-tation de sites et pour les activités.Nous faisons deux parties dans lecahier : la partie à mémoriser et unepartie qu'on appelle « les activités ».Cela permet aux élèves de faire desexercices, de consulter des docu-ments, de dégager les notions essen-tielles.J'avais préparé un cours qui com-portait un fichier que les élèvesdevaient compléter. Il y avait unplan. Je voulais que les élèves nesoient pas perdus. Je voulais pouvoirtravailler avec toute la classe et nepas avoir à constamment aider cer-tains élèves. Je voulais arriver à ceque tout le monde suive dès le pre-mier cours. J'avoue que cela s’estbien passé. Dès les premiers cours,un canevas étant fait, les élèves ontsuivi. Restait le problème de la prise denotes. Est-ce que les élèves allaientpouvoir écrire sur le portable oudevaient-ils écrire directement surleur cahier ? Il y a eu quelques hési-tations au départ. Puis un équilibres'est établi. Certains élèves m’ontdit : « Si vous nous dites d’écrire surle cahier en classe, et si ensuite nousdevons refaire à la maison ce travaild’écriture avec le traitement detexte, nous allons avoir des difficul-tés ; nous préférons écrire directe-ment sur le portable ». Avec letemps, on a fini par trouver un équi-libre.Quand on procède de cette façon,le fonctionnement de la classe estradicalement différent. Mais j'aiquand même fait en sorte qu'il y aitune continuité, pour que les élèvesne soient pas perturbés. Il y a tou-jours une partie cours avec les cho-ses à retenir et une partie d’activités.J'ai essayé de continuer à partir de ceque je savais faire et de ce que fai-saient les élèves. J'y ai incorporé tous

les apports nouveaux que permet-tait l’outil, c'est-à-dire des vidéos,des connexions sur Internet, etc.Pour moi, c’est une grande évolu-tion. Pour les élèves également. Ilsont, me semble-t-il, une meilleureécoute. Ils sont plus enthousiastes,c'est certain. Mais l'ordinateur ne tra-vaille pas à leur place. Quant aux résultats, cela dépend ceque l'on mesure. Si on mesure lamême chose que ce que l'on mesu-rait avant et de la même façon,d’une manière très classique, avecune interrogation écrite, alors, il n'ya pas d'amélioration énorme, sensi-ble. Par contre, si on mesure cequ’ils savent faire avec un ordina-teur, là c'est tout à fait différent.

Hélène ALONSO(Principale de collège)Tout à l'heure, cela m’a un peu cho-qué quand j'ai entendu dans l’inter-vention de l’aide-éducateur deMimizan qu’un Principal se servaitde cet outil pour dialoguer, discuter,informer les professeurs. Je veuxbien que l'outil informatique, dont

je me sers couramment par ailleurs,soit tout à fait révolutionnaire etsûrement humanisé. Cependant, entant que chef d'établissement, j’aibeaucoup de réticences à informer,négocier, discuter avec les profes-seurs et l'ensemble des personnelsde l'établissement, même avec les

Pascale DUFAU(Prosseur de français)Je voudrais revenir sur la dernièreintervention que j'ai entendue dansla vidéo : la collègue disait qu'elleutilisait beaucoup l'ordinateur pourle travail sur le brouillon. C'est fon-damental, en français en particulier.Les élèves n'aiment pas revenir surleur brouillon. Avec l'ordinateur c'estbeaucoup plus facile et ils revien-nent beaucoup plus volontiers surleur travail. Ils corrigent, ils enrichis-sent leur texte ; c'est vraimentimportant.Je me sers beaucoup de l'ordinateuren classe. Mon travail est très diffé-rent avec les 3e et avec les autresniveaux. J’ai instauré depuis l’andernier, des cours qui sont plutôt detype TPE (travaux personnels enca-drés). Les élèves ont toujours leurordinateur allumé sur la table. Engénéral, les études de texte se fontde cette manière : je produis undocument sous Word qui comporteun texte et des questions sous letexte, avec des cases dans lesquellesles élèves répondent aux questions.Cela ressemble à ce que l’on peutfaire avec un livre posé sur la table,tout simplement. Mais c'est différentparce que les élèves répondent auxquestions à leur rythme. Je circule

beaucoup dans la classe et je com-mente leur travail, je les réoriente. Jeleur dis : « utilise le dictionnaire pourvérifier le sens de ce mot ». Les élè-ves travaillent en autonomie et ilssont plus actifs. Mais ils ne sont passeuls : je suis derrière eux, je circuletout le temps.La différence essentielle est là : lesélèves sont plus actifs. Lorsque l’onfait un cours traditionnel, on est au

bureau et on déroule son explica-tion de texte. Il y en a quatre quilèvent la main ; les autres attendentet copient les réponses. Là, c’est dif-férent. Les élèves sont obligés d’êtreactifs. Quand ils ne travaillent pas,quand ils n'essaient pas de répon-dre, ça se voit tout de suite.

C'est vrai que je suis jeune. J’ai descollègues plus âgés qui ne maîtri-saient pas l’outil informatique audépart. L’an dernier, tout le mondea fait des efforts, beaucoup d'efforts.Cette année, je peux dire que tousmes collègues se servent de l'ordi-nateur, au moins pour préparerleurs cours et les contrôles. Avant devenir ici tous, j'ai fait le tour de mes40 collègues. Même les profes-seurs d’EPS (éducation physique etsportive) s'en servent pour prépa-rer les contrôles. Des gens aller-giques aux portables, il y en apeut-être deux ou trois, très peu.Tous les autres, même les profes-seurs qui sont proches de la retraite,utilisent l'ordinateur pour préparerleurs cours. Ensemble, nous avonsfait beaucoup d'efforts. Cette année,nous avons pris un rythme de croi-sière. Certains s’en servent beau-coup comme moi. Mes collègues deSVT, mes collègues de mathéma-tiques s’en servent énormément. Enhistoire-géographie, de temps entemps. D'autres collègues s’en ser-vent vraiment rarement, pour fairedes recherches, en particulier enLettres, mais c’est parce qu’elles nemaîtrisent pas l'outil informatique etqu’elles ont peur de se laisser débor-der.

Les enseignantsface aux TICComment les intègrent-ils dans leurs pratiques ?

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élèves, les parents d’élèves, par lebiais des notes de service. J'aimebien avoir un contact direct. Jepense que les relations humainessont quand même encore aujourd'-hui les relations humaines physiqueset qu’elles sont, aujourd'hui, plusimportantes que jamais.Quant à discuter avec les parentspar le biais de l'informatique, là jevous dis tout net - je suis bientôt à laretraite, ce n'est pas très grave ceque je vous dis-là : je ne vois pascomment on peut seulement envi-sager la chose, je ne l'imagine mêmepas…Quand on a besoin de parler avecles parents, c'est souvent qu’il y a unproblème avec l'enfant. Hier, parexemple, la CPE de mon collège aeu une grande conversation télé-phonique avec une maman. Lamaman est venue. Elle est venuechercher l'enfant. Nous avons redis-cuté avec elle. Nous avons un grosproblème avec cette élève-là. Unproblème qui nous inquiète grave-ment. Je ne vois pas comment onpourrait le dire par informatique. Jene me vois pas envoyer un mail endisant : « votre enfant a un pro-blème, venez le chercher »…Dans mon collège, les professeursont été formés l'an dernier. J’ai uneéquipe d’enseignants volontaires. Ily a des « fêlés » d’informatique dansle lot, je crois qu’ils sont dans la salle.Cela n’a pas posé de problèmesmajeurs. Ils ont été formés.Maintenant, quant à l'utilisation,c'est autre chose…Aujourd'hui, environ un tiers de pro-fesseurs de 3e se servent de l'outilinformatique. Certains parmi ce tierss’en servent couramment mais celane fait quand même pas beaucoupau total. Il y a eu une grande envieau départ et je pense qu’ils se sontheurtés à un certain nombre de dif-ficultés. Ils ont donc repris le coursclassique de leur utilisation.

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fur et à mesure. […] Tout à l’heure,Monsieur Darrigan a fait une analyseque je partage tout à fait. Nous sommesdans les balbutiements mais nous nousrenforçons et nous nous structurons deplus en plus.Il est évident que la démarche desLandes modifie un peu les relations tra-ditionnelles entre l'Etat et la collectivité.Notre rôle, au Rectorat, c’est de pro-poser une synthèse.

Hélène ALONSO

Y On m’a interrogé uniquementsur ce que je ressentais par rap-

port à l'utilisation qui en était faite parles professeurs. Je voudrais dire que lerôle de chef d’établissement ne s'arrêtepas tout à fait à cela. Notre rôle, certes,est souvent très administratif et un peucaché mais c'est aussi la régulation dufonctionnement, de l'utilisation par lesélèves. Quand on est chef d'établisse-ment, on s’occupe de toute la commu-nauté, des professeurs mais aussi desélèves et des parents. Je voudrais direque les chefs d'établissements ont étémis à contribution et je crois que cetteopération a été aussi un peu réussiegrâce à eux. Je voulais le souligner.Je voulais dire également souligner lerôle des assistants d'éducation.A Peyrehorade, nous avons eu une dif-ficulté puisque l'année dernière nousavons eu successivement trois person-nes, trois aides-éducateurs. Le fonc-tionnement a été perturbé parce que lerecrutement est long. Cette année nousen avons un qui, heureusement, estsolide à son poste depuis le début del'année mais cette recherche de per-sonne susceptible d'aider vraiment lesélèves et les professeurs dans leurstâches est quelque chose de vraimenttrès lourd.On ressent aussi l'ambiguïté du fait queces personnes sont de l’Educationnationale, sont recrutées par nous,chefs d'établissements, sous le contrôlede l'Inspection académique et sont for-

mées, je dirais, entre guillemets,« managées » par le Conseil général.Parfois, il y a des ambiguïtés. Il fautsavoir réaffirmer que le chef d'établis-sement reste l'employeur.

Gérard COLLET(IUFM de Grenoble)

Y Dans l'Académie de Grenoble,la formation initiale des ensei-

gnants, sous la pression des professeursde l’IUFM, a été réduite de manière trèsimportante. Je cite un chiffre brut : lesenseignants en formation entendentparler de TICE pendant quatre heuresau cours de leur année de formation.

Fabienne SAINT-GERMAIN(professeur d’histoire-géographie)

Y A propos de formation, il fautsavoir qu’il existe des associa-

tions disciplinaires qui assurent une for-mation par la mutualisation despratiques. En histoire-géographie, il y al’association des Clionautes. Mais il y aaussi WebLettres pour les professeurs defrançais et d’autres dans d’autres disci-plines. Ce n’est pas un service officieldans le cadre de l’Académie mais moi,c’est comme cela que j'ai appris. Jetrouve que c'est très important aussi designaler et de développer ce genre deformation informelle entre profs par lamutualisation.

Jean-Marc DARRIGAN

Y Entre nous, il y a des échangesconstants. Soit par des réunions

de zone d’animation pédagogiquedans lesquelles on se rencontre et onéchange sur ces questions. Les expé-riences des uns profitent aux autres. Ondécouvre au fur et à mesure. Quand onse réunit à 30 ou 40 professeurs de SVTet qu’on discute d'un problème, quandon fait la synthèse, il me semble qu'onne se trompe pas. Une personne seulepeut se tromper mais 30 ou 40 profes-seurs, je pense qu’ils ont une approchetout à fait valable.

Pascale DUFAU

Y L'an dernier et cette année il y aeu plusieurs formations. Nous

avons été amenés à nous rencontrersouvent, à discuter et à échanger nosexpériences. C'est comme cela aussique naissent nos cours. C'est vrai qu'ily a le site académique de mutualisa-tion, il y a des sites disciplinaires et onva voler des idées comme cela aux unset aux autres. Internet a beaucoup faci-lité les échanges. Nous sommes assezgrands pour nous former nous-mêmes.C’est la richesse du métier. Je n’aimeraispas qu’on m’impose des cours oumême une façon de faire les cours.J'aime préparer mes cours à ma façonen échangeant après avec les autres. Jevais voler des idées aux uns et aux aut-res et je me les approprie.

Laurence BROCARD(Professeur de technologie)

Y Par rapport aux élèves de 6e, 5e,4e, nous sommes très conscients

en technologie de devoir se préparer àl’utilisation du portable en 3e. En dehorsdes cours de bureautique standard,nous les préparons aussi à un travaild'appropriation de documents sur leréseau, de recherche d’informationssur Internet. En 4e par exemple, certainsélèves sont aussi à l'aise que ceux de 3e

qui ont un portable.Par rapport à la mutualisation, je pensequ’il faudrait penser à normaliser la pré-sentation des documents. On ne peutpas reprendre intégralement le coursd'un professeur et le faire évoluer si ondoit tout retranscrire. Les documentsscannés par exemple, je pense que cen'est pas la bonne méthode. Il fautsavoir que, quand on est sur l'ordina-teur, notre champ visuel ne retient que50 % de ce qui est sur l'écran. Il fautdonc peut-être condenser les docu-ments papiers pour les retranscrireautrement.

Dominique LEVESQUE(Conseil régional de Picardie)

Y C'est important pour nous cettevision de la formation à l’usage

pédagogique. En 2003, nous avons faitune évaluation des usages et ce quiapparaissait, c’était le besoin d’une for-mation bureautique pour les élèves etd’une formation aux usages pédago-giques pour les enseignants.Les enseignants savent utiliser l’ordina-teur, Internet, etc. mais on ne leur ajamais appris à faire un cours avec cesoutils.

Jean-Marc DARRIGAN

Y Nous sommes confrontés à unesituation nouvelle. C'est assez

difficile de prévoir un plan de forma-tion. Il y a quelques hésitations. Disonsque certains pionniers avaient uneexpérience. Nous avons utilisé leurscompétences dans les stages de forma-tion et, progressivement, une discussions'est établie. Je parle pour ma discipline.Nous réfléchissons ensemble et nousadaptons. Nous sollicitons des stages surcertains logiciels pour créer des exerci-ces interactifs. Je pense que les chosesévoluent dans le bon sens.

Dominique LEVESQUE

Y C'est un apport… Mais il estdommage qu’il n’y ait pas une

démarche au niveau de l’Educationnationale. Pourtant l’accompagnement c’estessentiel. Nous avons créé avecl’ONISEP un programme d’aide à l’o-rientation. Nous avons formé 1 000enseignants à son usage. Les spécialistesde la technologie nous disent que pource genre de projet, le programme, c’est3 % du prix et le reste, c’est pour l’ac-compagnement.

Pierre LACCUEILLE(Rectorat de Bordeaux)

Y La formation, bien sûr c’est fon-damental. Je crois qu’il faut dire

que les sessions de formation serventparfois de test. Dans l'opération « uncollégien, un ordinateur portable » lan-cée par le Conseil Général il y a troisans, nous n’avions pas forcément deréponse pour une opération d’enver-gure comme celle-ci.C'est vrai que la priorité du plan de for-mation des premières années a été defaire en sorte que les enseignantsacquièrent la maîtrise technique pourutiliser ces outils. Aujourd'hui, noussommes passés dans une deuxièmephase que nous allons pouvoir mettreen oeuvre parce que des enseignants,comme Monsieur Darrigan, ont expéri-menté. Ils ont testé des pistes, ils ont vucomment cela se passait. Je remercie aupassage tous les enseignants qui ontaccepté de faire face dans des situationsparfois un peu déstabilisantes. On aobservé des pratiques pédagogiquestout à fait pertinentes.Je voudrais également dire, pour répon-dre à certains enseignants, tout àl’heure, qui ont applaudi quand lejeune élève a dit qu’effectivement pourlui il n’y avait pas de critère de qualitéentre les professeurs qui utilisent et ceuxqui n’utilisent pas. Je crois que si certainsenseignants ne se sentent pas à l'aisepour des raisons techniques ou bienpour des raisons pédagogique, il vautmieux qu’ils se disent : j’attends un peu.Il ne faut pas de pression et le Conseilgénéral l’a bien compris. Il n'y a pas eude pression pour réclamer un quotad’utilisation de l’ordinateur. Certains ont eu l'impression que leschoses n’étaient pas programmées.C’est vrai : on découvre les choses au

Discussion

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par la suite ? C’est pour moi commeune espèce de révélateur. Derrière,il y a un problème...Ce qui est derrière, c’est la questiondes processus d’attention. Taper surun clavier ne caractérise pas uneactivité. L’écoute est une activité. Ilne faut pas confondre : le déplace-ment des doigts des élèves ne suffitpas pour caractériser l’activité. Cequi compte, ce sont les questionsde re-formulation. C’est-à-dire lespossibilités qu’ont les élèves derependre ces notes et de fairequelque chose avec elles. Je mets en doute beaucoup descompétences de recherche des élè-ves. La technologie actuelle permetde trouver plein de choses directe-ment, sans faire beaucoup d'efforts,surtout si on ne sait pas ce qu’oncherche… Malheureusement avecInternet je dirais, lorsqu’on ne saitpas ce qu’on cherche, on trouvetoujours… Mais dès qu’on met descontraintes sur la recherche, celadevient plus compliqué et la prépa-ration est plus difficile. Dans ces cas,il faut que les élèves acquièrentd'autres compétences, des compé-tences un peu plus larges. Cela a étébien signalé par les élèves. Ilsapprennent à écrire de manièremanuscrite depuis le CP, depuis la

maternelle même, et ils consacrenténormément de temps à l’appro-priation de l’écriture manuelle. En fait, on ne consacre que très peude temps à l'appropriation de l’ins-trument informatique d’écriture.Les choses changeraient complète-ment si on avait effectivement letemps de prendre en charge cetapprentissage. Mais l'enseignant,pris dans les contraintes scolaires, n'apas le temps. Il ne peut inclure dansson activité que ce qui est compati-ble avec ce qu’on lui demande :traiter les programmes prescrits dansla classe au niveau où il enseigne. Ilpeut consacrer un peu de temps àautre chose. Mais c’est un tempsretiré à tout ce qui est obligatoire.Collectivement, ou institutionnelle-ment, les établissements ont du malà prendre en charge l'espace-fron-tière entre les disciplines, tout ce quiest lié à la vision, à la méthode detravail. C’est aussi une question detemps. Pour maîtriser tout cela, ilfaut beaucoup de temps. Nous avons donc besoin d’unetemporalité beaucoup plus longue.Mais cette temporalité nécessiteune appropriation collective. On nepeut pas donner les machines auxenseignants pour qu'ils arrivent toutde suite, comme cela, à trouver les

utilisations les plus pertinentes avecles élèves. Tout cela va bouger. Lesystème va bouger. Si les élèvesgagnent des compétences, si lesenseignants gagnent des compéten-ces, petit à petit, le système va évo-luer et les gens vont créercollectivement de bonnes situa-tions.L’apport des associations est essen-tiel car les pratiques de classe doi-vent être des pratiques légitiméespar les enseignants eux-mêmes.

J'ai entendu beaucoup de choses etc'est très difficile, même quand on apréparé, de résumer tout cela àchaud. Je voudrais commencer parune réaction à propos de la forma-tion pédagogique des enseignants.Je crois qu'il faut affirmer tout desuite qu'il n'y a pas de modèle uni-versel de bonnes pratiques.L'enseignant français est bien formé.Il connaît bien sa discipline.Contrairement à d'autres ensei-gnants dans d'autres pays, il estresponsable de la façon dont ilconduit ses activités pédagogiquesavec les élèves. C'est à lui d'inventersa pédagogie avec les outils qu'il jugebons d'utiliser, compte tenu descontraintes qui sont liées à l'exercicescolaire. Je vois mal une institution, un Etat,des personnes, dicter à un ensei-gnant ce qu’il doit faire. Ou alors,c’est que l’on change de modèled'éducation ; et si on va trop vitedans cette direction, on risque d’im-porter des modèles qui nous sontculturellement étrangers et, finale-ment, des modèles d'une école quiest plutôt moins bonne que la nôtre.Les enseignants sont en généraltechnophiles et ils utilisent beau-coup l’ordinateur pour préparerleurs cours. S’ils ne l’utilisent pas

toujours pendant les cours, c'est quel'utilisation en direct avec les élèvespose de nombreux problèmes.Il est important de rappeler qu’onest dans un espace dans lequel on a,d'un côté, les autorités départemen-tales, avec certaines missions, etd’un autre côté, l’Education natio-nale, l'Etat et ses agents qui conser-vent d'autres missions.La répartition des compétencesdans la décentralisation actuelleapporte un certain espace de jeumais aussi des contraintes qui pro-voquent des tensions importantes.Des opérations comme celle-ci ten-tent d’investir un espace intermé-diaire entre le temps scolaire et letemps privé, entre l’école et lafamille. C’est un espace-frontière.On a parlé de passerelles tout àl’heure, et moi je dirais plutôtespace-frontière, un espace avecdes objets et des usages qui sontintermédiaires entre l'école et lafamille.J’ai travaillé au début des années 90pour le Conseil général du Val deMarne qui, chaque année, offraitaux collégiens de 4e un Atlas, aux3e une encyclopédie et à tous lesélèves entrés en 6e une calculatrice.C'était un choix rationnel. Ces objetsaccompagnaient les élèves tout au

long de leur scolarité. Le Conseilgénéral mettait aussi à leur disposi-tion des équipements, comme desgymnases par exemple, des équipe-ments très utiles pour la scolarité desélèves du département. L'utilisationdes objets (encyclopédie, calcula-trice, etc), était très différente suivantles enseignants ; ils pouvaient aussiêtre utilisés à la maison et, éventuel-lement, dans le temps scolaire, maistout le monde les jugeait très utiles. Il me semble qu'avec l'ordinateur etle réseau, on franchit un cap. C'est-à-dire qu'on va aller, petit à petit,vers de nouveaux modèles de sco-larisation, des nouveaux liensfamille-école et, peut-être, des for-mes de confusion entre le scolaire etle para-scolaire. Le cadre séparateurde l'école traditionnelle risque dedisparaître et peut-être qu'il faut yprendre garde […]Avec cet espace-frontière dont jeparlais tout à l’heure, les problèmesqui se posent sont liés aux transgres-sions de frontière. Un point impor-tant est celui de l'addition desméthodes de travail. On a cité plu-sieurs fois ce matin la question de laprise de note. Faut-il que les élèvesprennent des notes sur l'ordinateur ?Faut-il qu'ils les prennent manuelle-ment ? Faut-il qu’ils les réécrivent

Eric BruillardIUFM de Caen

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Eric Bruillard, enseignant d’IUFM,est informaticien et chercheurdans le domaine des applicationsde l’informatique et des technolo-gies associées à l’éducation et à laformation. Il travaille sur laconception d’instruments infor-matiques pour apprendre et ensei-gner, intégrant dans sa démarchedes préoccupations sur leur accep-tabilité tant au plan cognitif qu’auplan social. En liaison avec laconception de tels instruments,ces recherches portent égalementsur la didactique de l’informatiqueet la détermination de méthodesde conception de tels instruments.http://www.caen.iufm.fr/

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➤ Mario AsselinOn avait imaginé, parce qu’on était allé dansle Maine, que l’ordinateur personnel pourchaque élève serait le levier. C’est effective-ment un bon levier, un outil qui, pour l’ins-tant, nous satisfait. Nous allons continuer àaller dans ce sens. Par contre, ce que nousréalisons, c’est l’importance de l’accès ; quece soit avec une station fixe ou avec un accèspersonnalisé à un ordinateur portable, il fautque, constamment, l’enfant ait accès à unordinateur.

➤ Clément LabergeOn savait en arrivant que les ordinateurs quel’institut Saint-Joseph avait choisi, l’ouverturesur la communauté qui était privilégiée,allaient « déranger ». On s’est dit que dans cetinconfort-là il fallait qu’on réussisse, non pasà ce qu’il y ait un peu plus de désordre quirentre dans la classe, ce qui est un peu l’effetvoulu, mais aussi à ce qu’il y ait des ressour-ces supplémentaires qui arrivent. Alors, on amis en place un système qui fait que lors-qu’un élève a des difficultés, il y a tout unréseau de collaborateurs à l’intérieur et à l’ex-térieur de la classe qui peuvent lui venir enaide et faire en sorte que ce ne soit pas l’en-seignant qui ait cette responsabilité de pre-mière ligne avec l’informatique.

➤ Mario AsselinOn parle d’accès, évidemment on parle d’é-change et pour nous ce n’est pas une ques-tion unidirectionnelle, il faut que les enfantssoient en réseau les uns avec les autres et àpartir du moment où ils ont un accès, il fautqu’ils aient accès à quelque chose de central,à des savoirs, des fichiers, des applicationsWeb, et c’est extrêmement important que

l’accès soit convergent avec les besoins dechacun.

➤ Clément LabergeOn a développé des outils qui permettentaux élèves de laisser beaucoup plus de tracesdes activités qui se passent dans la classe, depouvoir écrire leurs activités, poser des ques-tions, garder des traces des interrogationsqu’ils ont, des difficultés qu’ils rencontrent etde faire en sorte que ces difficultés soientinscrites dans des espaces de publication quisoient dans certains cas réservés à l’ensei-gnant et à l’élève et, dans d’autres cas, plusouverts sur l’extérieur.

➤ Mario AsselinC’est pas très compliqué. A partir du momentoù on a la vision de centrer les enseignantssur la fonction d’apprenant, sur la nécessitéde devenir eux-mêmes les meilleurs appre-nants de l’école, on se dit : quels sont lesmoyens mis à notre disposition commeenseignant pour devenir de bons appre-nants ?Et là, les technologies arrivent, et on s’aperçoitque ce sont des outils puissants, des outils quinous permettent d’accéder à la connais-sance, d’abattre beaucoup de travail […]En laissant au fur et à mesure des traces de ceque je publie, je suis capable d’apprécier,entre le moment où j’ai débuté et le momentoù çà fait six mois que j’utilise, la différenceentre les travaux que j’ai réalisés.

➤ Clément LabergeLes enseignants qui choisissent de travaillerde façon un peu plus magistrale trouventdans l’outil que nous avons développé unmoyen de communiquer de l’information

Je vous invite à imaginer un pays où il il yaurait une haute civilisation de philosophie,de poésie, de théâtre, de sciences, mais oùpersonne n’aurait jamais pensé à écrire.Alors on invente le crayon et le papier.Rapidement, çà transforme le commerce, lascience. Et un jour, quelqu’un a une idée : etpourquoi pas l’école aussi ? Mais ça déclen-che un débat… Est-ce qu’il faut commencerpar mettre un crayon dans chaque classe ?Ou peut-être trois crayons dans chaqueclasse ? Ou ne serait-il pas mieux d’avoir unesalle spéciale où il y aurait des montagnes decrayons... Mais c’est ridicule ! Parce que même s’il estévident que les enseignants, les enfants pour-raient faire des choses intéressantes avec lescrayons dans ces circonstances, ça n’auraitrien à faire avec le rôle de l’écriture dansnotre civilisation […]Un ordinateur dans chaque classe ou mêmecinq ordinateurs dans une classe, ça n’a pasde sens. C’est évident qu’aujourd’hui pourtous ceux qui font un travail de connaissance,un travail intellectuel, un travail d’ informa-tion, l’ordinateur est l’instrument de travail[…]Et pourquoi pas pour les enfants ? Le premier argument, le premier réflexe c’estde dire : mais on ne peut pas donner ces cho-ses chères et fragiles aux adolescents parcequ’ils perdent tout, ils cassent tout. Mais pourquoi vous méfiez-vous de vosenfants ?Cette attitude n’est pas rationnelle. Parce quevous donnez à vos enfants des bicyclettes etils ne les perdent pas, pas plus qu’ils ne per-dent les game-boys ou les jeux vidéos. Toutes les statistiques montrent que lorsqu’ondonne des ordinateurs à des enfants, ils les

considèrent comme une chose précieuse : ilsne les cassent pas, ils ne les perdent pas.Cette question, ce n’est pas une question detechnologie, ce n’est même pas une questiond’école, c’est une question concernant vosenfants et vos rapports avec vos enfants […]Ce qui m’a étonné en France, ayant vécul’expérience du Maine, c’est une très grandedifférence de discours chez les gestionnaires. Dans le Maine, le discours c’est que les ordi-nateurs ça se traduira par un changement del’enseignement avec moins d’enseignementmagistral et plus d’apprentissage, plus d’in-dépendance pour les enfants qui dirigerontleur propre travail, leur propre étude, avecbeaucoup plus d’idées pour apprendre enfaisant des projets de toutes sortes.Alors qu’en France, le discours est plutôtdans l’autre sens : avec ces ordinateurs, lesenseignants, les professeurs donneraientmieux leurs cours magistraux […]Si on croit comme je le fais que dans ce siè-cle, ce qu’il faut, ce sont des gens avec l’espritd’indépendance, des gens qui peuventapprendre des choses nouvelles, alors il fautdes enseignants qui aient ce même esprit. Sil’enseignant ne se croit pas capable, autorisé,à avoir des idées originales, alors on ne peutpas transmettre çà aux élèves non plus […]Jadis, on pouvait dire que le but de l’écolec’était que les élèves sortent avec la capacitéde faire ce qu’on leur avait appris. Maisaujourd’hui, ce qu’il leur faut, c’est la capa-cité de faire ce qu’ils n’ont pas appris. C’est unchangement d’attitude radical.Je pense que l’ordinateur le rend possible. Jepense qu’au Maine c’est l’endroit où, peut-être, cette philosophie est suivie le plussérieusement.

Seymour PapertMassachusetts Institute of TechnologyEtat du Maine, Etats-Unis

Mario AsselinInstitut Saint-Joseph, Québec

Clément LabergeOpossum, Québec

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aux élèves, information à laquelle ils pourrontréférer dans un mois, dans deux mois, danstrois mois. Les enseignants qui choisissent detravailler dans une approche beaucoup plusouverte où le projet occupe plus d’espacevont trouver dans cet outil le moyen de faireen sorte que les élèves communiquent entreeux des informations, fassent appel à des per-sonnes ressources à l’extérieur de l’école et,dans tous les cas, l’outil va garder des tracesde tout cela. Ca va faciliter des retours sur lesapprentissages.

➤ Mario AsselinAprès trois semaines, les enfants aimaient lapublication. Mais en même temps ils trou-vaient ça navrant qu’à tout instant on leurparle des fautes, on leur parle des coquilles,ou de ce qui n’est pas correct, de ce qui n’estpas adéquat. Alors les enfants ont demandé une espèce de« temps mort ». Ils nous ont dit : « est-ce queon pourrait s’arrêter un peu ? On est tannésde se faire reprendre sans arrêt… ». Les ensei-gnants ont animé une discussion avec eux là-dessus dans laquelle les enfants ont dit quec’était agréable de publier mais, bon, il fau-drait quand même que les gens arrêtent denous parler de nos fautes, il faudrait qu’ilsconsidèrent qu’on est en apprentissage et

que c’est normal de ne pas être parfait, qu’ily ait une espèce de tolérance à l’imperfec-tion. Mais en retour si vous acceptez d’êtrepatients avec nous, on va vous décrire com-ment on va s’améliorer.Et là, ils ont écrit un texte dans lequel ils ontdécrit toutes les stratégies, (le verbatim decette discussion est sur un des billets que lesenseignants ont écrit), toutes les idées qui leurpassent dans la tête sur comment ils pour-raient s’améliorer. Au moment ou l’enfant vajuger que son texte est de qualité, il va venirinstaller par lui-même une icône, une espècede petit gadget qui va montrer visuellement àtout le monde que là, maintenant, il estouvert à la critique. Ils l’ont appelé « le textede qualité ».

➤ Clément LabergeSi un collège landais est intéressé, on pourraittrès bien aller explorer avec eux ce qui s’a-dapte le mieux à la réalité de la situation danslaquelle ils sont actuellement. En tenantcompte de la culture de collaboration et d’in-teraction avec la communauté et l’école.L’idée clé étant toujours que c’est autour desréseaux informatiques d’abord, mais surtoutdes réseaux humains, que va prendre formeune interaction telle qu’on la souhaite avecces outils.

Comme tous les professeurs demusique en collège, vous avezautant de classes que d’heures decours, c’est-à-dire 18. Et puisquevous enseignez dans ledépartement des Landes, tous vosélèves de 3e sont équipés d’unordinateur portable personnel.Comment les choses se passent-elles pendant le cours demusique ?

Comme tous les professeurs demusique, j’ai plus de 500 élèves detous les niveaux, 6e, 5e, 4e, 3e et lesSEGPA que je vois chacun 55 minu-tes par semaine. Parmi tous ces élè-ves,cette année, j’ai trois classes de3e. Depuis 2001, ces élèves de 3e

sont tous équipés d’un ordinateurportable. Et moi également. Avantcela, j’avais un peu pratiqué l’infor-matique mais peu.

Les deux premières années, on atâtonné, à cause des problèmestechniques : les machines à confi-gurer ou les capacités trop faibles duréseau. On a découvert ensemble.Cette année enfin, ça a tournéconvenablement. Les choses se pas-sent bien, même si on déplore « dela casse ». Les machines ont trois anset certaines commencent à fatiguer.➤ Vous utilisez l’ordinateur à cha-

que cours ?Les élèves l’ont toujours avec eux etils me demandent en entrant s’ilsdoivent le brancher. Tout dépend dece que l’on fait. Je fonctionne parpériodes, par cycle. Si on pratique lechant ou la flûte, alors bien sûr, lesordinateurs restent éteints. L’utili-sation de l’ordinateur en classe demusique, ça m’intéresse et ça inté-resse les élèves. Et lorsqu’on utilisel’ordinateur, le temps passe vite. Casonne toujours trop tôt : on aimeraitbien continuer.➤ Prenons l’exemple d’un cycle qui

réclame l’utilisation de l’informa-tique.

Nous avons fait un cycle « musiqueet cinéma ». Je leur ai donné decourts extraits filmés que j’avaistourné à Capbreton sur le mur del’Atlantique : les vagues, desbateaux et des blockhaus sur laplage que des gens se sont amusés àtaguer et à peindre. Je leur ai donnéégalement un stock de sons, desportes qui claquent, des grésille-ments de talkie walkie, le reflux des

Anne DelormeProfesseur de musiqueau collège Jean Moulin à Saint-Paul lès Dax

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vagues, des extraits musicaux(Tiersen, Debussy). Tout ça stockédans un dossier sur le serveur du col-lège. Ils devaient se connecter, récu-pérer les fichiers images et sons et lesmixer en utilisant le logiciel MusicMaker.➤ Comment ont-ils appris à se servir

de ce logiciel ?C’est un logiciel assez facile. Je leurai montré en classe, avec le vidéo-projecteur, les fonctions dont ilsavaient besoin, au fur et à mesure.Ils se débrouillent et découvrentaussi par eux-mêmes.➤ Pour créer leur film, ils ont travaillé

seuls, en classe ?Au total, ce travail nous a occupé 6séances. Ils ont un casque et pen-dant toute l’heure, je peux vous direqu’ils sont absorbés, très concentréssur ce qu’ils font. Je suis là pour lesaider à résoudre les problèmes.Chacun travaille pour lui-même. Jeleur ai demandé de réaliser uneséquence multimédia d’une minuteenviron. Ce n’est pas facile sur leplan technique. Il y a pas mal demanipulations. A la fin, il faut trans-former le fichier de travail en unfichier au format AVI et me l’en-voyer par le réseau. Dans chaqueclasse, environ 15 élèves sur 25 ontréussi à aller au bout. Je pense quecertains ont travaillé chez eux, etc’est là un des intérêts de l’outilinformatique.➤ Et alors ? Quels sont les résultats ?Certains ont travaillé plutôt sur l’i-

mage, d’autres sur le son. Pas mald’entre eux ont eu des difficultés àstructurer leur production. Plusieursont utilisé une structure en arche : lemême thème au début et à la finavec un événement entre les deux.Dans l’ensemble, on a tous été sur-pris, je ne dirais pas par la qualitédes pièces mais par leur intérêt.➤ Vous leur avez diffusé leurs pro-

ductions ?Pour la dernière séance, nous avonsvisionné ensemble toutes les créa-tions des élèves. Je dois dire que çaa été une surprise pour tout lemonde. Pour eux comme pour moi.J’ai découvert que ces jeunes quiont parfois l’air éteints, peu expan-sifs, avachis même, eh bien lorsqu’ilssont tranquilles, sans le regard desautres pour les juger, ils sont capa-bles de créer des choses artistiqueset intéressantes. Pendant cetteséance d’écoute, ils étaient trèsattentifs, très concentrés. Je croisqu’ils ont été surpris de découvrirchez leurs camarades qu’ils côtoienttous les jours, des choses qu’ils nesoupçonnaient pas, sous la carapaceprotectrice du quotidien. Et puis jepense aussi que l’exercice de créa-tion leur convient et les motive. Iln’est pas question d’avoir juste oufaux. Dans la création, il y a une infi-nité de possibles. Le jugement quel’on peut porter n’est pas le mêmeque dans l’exécution. L’élève en tantque personne peut être valorisé.

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Je voudrais d’abord remercierMonsieur le Recteur et ses collabo-rateurs et remercier tous les partici-pants. Saluer avec beaucoup deplaisir les élus venus de départe-ments nouvellement conquis et quise posent des questions sur l’intro-duction de l’informatique dans lesystème éducatif, et leur dire quenous avons plaisir à les recevoir,même si on aurait aimé un soleil unpeu plus actif. Je remarque que dèsque je m’absente trois jours dudépartement, le temps sedégrade… Mais je ne suis là que

depuis hier soir minuit. Cela va s’ar-ranger dans les heures qui viennent !Vous allez voir !Nous avions un triple objectif enlançant cette opération qui faisaitsuite à une autre qui consistait àessayer d’introduire l’informatiquedans l’école primaire avec le dépar-tement de l’Isère. À l’époque, dansles années 1983-1984, avec LouisMermaz, nous avions introduit despetites machines qui s’appelaientdes T07 et des M05.C’est d’ailleurs la première fois queje rencontrais l’informatique parce

que je ne supportais pas que ma fillearrive à programmer sans que jesache comment cela marchait. À l’é-poque, cette tentative était trèsambitieuse. Elle consistait non seu-lement à mettre l’enfant au contactde la technologie mais aussi préten-dait - et c’est là que le succès étaitbeaucoup plus mitigé - lui appren-dre, à travers l’exercice de pro-grammation, à en comprendre lefonctionnement. C’est-à-dire à ladémystifier et, en même temps, à ladomestiquer.À l’époque cela n’a pas été un véri-

Henri EmmanuelliPrésident du Conseil général des LandesDéputé

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M. Bazin, IPR de musique : « Ce que nousvenons de voir et d'entendre devrait nousconduire à parler des TICC avec deux C,pour : technologies d'information, decommunication et de création ».

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table succès, mais nous avions sur-tout en tête l’idée de récidiver ; etnous avons donc récidivé, 14 ansplus tard, avec cette opération « uncollégien, un ordinateur portable »qui avait trois objectifs : le premierqui était évidemment de favoriserles nouvelles méthodes et pratiquespédagogiques - et là-dessus lesrésultats, tels que nous les connais-sons aujourd’hui, sont à la fois bonset interrogatifs. Mais je suppose queMonsieur le Recteur aura son mot àdire sur ce sujet car il est plus com-pétent, en tout cas plus habilité quemoi à le faire puisque l’évaluation aété menée par l’Inspection pédago-gique régionale et les résultats sontcomme je le disais à l’instant à la foisbons et interrogatifs. Bons, en cesens que la maîtrise technique del’outil informatique par les élèvesrévèle de nombreuses pistes de tra-vail, sur le plan pédagogique, quiont été d’ailleurs explorées par lesenseignants, que certaines de cespistes sont pertinentes et débou-chent sur des pratiques de terrainenrichies par l’outil informatique.D’autres pistes sont à aborder, pourle moment avec plus de cir-conspection, mais laissent présagerpour l’avenir un large champ d’ap-plication.En réalité, derrière le codage clas-sique de ces charmantes phrases, ilest écrit que… c’est mitigé.Moi, bien que n’ayant pas participéà l’étude, intuitivement, je n’ai paspour autant de doute. Je continue àcroire mordicus, que l’introductionde cet outil - il ne s’agit que d’unoutil et non pas comme certainsl’ont cru de je ne sais quelle substi-tution à leur talent et leur savoir - estun élément incontournable du pay-sage pédagogique actuel parce quetout simplement il est au centre dela technologie actuelle. Parce que latechnologie tient une place crois-sante à la fois dans la vie profession-nelle mais aussi dans toutes les

autres dimensions de l’activitéhumaine. Qui, demain, pourra pré-tendre approfondir ses connaissan-ces culturelles, sans maîtriser un desoutils de l’informatique communi-cante, sans avoir la capacité d’allervisiter toutes les bibliothèques dumonde mises à sa disposition ? Voussavez aussi bien que moi que c’est làun des enjeux des prochainesdécennies. Je crois, en revanche, qu’il faut per-sévérer très fort. Je crois, en revan-che, qu’il y a un temps d’adaptation.Et, je le disais à Monsieur le Recteurtout à l’heure : nous nous sommes

heurtés en réalité à de sérieux pro-blèmes avec les maisons d’éditionqui n’étaient pas prêtes à l’utilisationde cet outil. Je parle des éditionspédagogiques évidemment. Nousnous sommes heurtés à l’absencede manuels scolaires numériquesadaptés. On en est encore au toutdébut. C’est-à-dire que les manuelsnumériques que nous avons ren-contrés pour la plupart, pas tous,correspondaient à ce qu’on auraitappelé avant le « cahier de vacan-ces ». C’est-à-dire des outils pourfaire des récapitulations, pour fairedes compilations, des synthèsesmais pas les outils adaptés qui cor-respondent aux cours. Les ensei-gnants ayant pour obligation de faireleurs cours et d’enseigner le pro-gramme, cela a créé, un petit peuau départ et sans doute encore

aujourd’hui, quelques interroga-tions. Cela allait de l’inquiétude jus-qu’à l’interrogation sur la pertinencede l’utilisation de l’outil en cours.Mais il ne faut pas confondre leretard que nous avons et l’imputer àla technologie. C’est plutôt le« soft », comme on dit, qui n’a passuivi le « hard ». Mais je suis per-suadé que le « soft » va suivre, sur-tout que la France en matière delogiciels n’est plutôt pas mauvaise,sauf dans le domaine de l’éduca-tion, où il y a quelques retards. Là, jelance un appel directement auxenseignants, aux Landais comme

aux autres : ils doivent comprendreque ces logiciels pédagogiques,c’est, d’une certaine façon, à eux deles écrire. De même que ce sont desenseignants qui ont rédigé les prin-cipaux ouvrages pédagogiques, dutype des « Lagarde et Michard » quenous avons tous connus. Il faut des« Lagarde et Michard » de l’infor-matique pédagogique ! Mais pource faire il n’y a pas besoin de connaî-tre l’informatique. C’est aux ensei-gnants d’écrire les scénarios, dedéfinir une stratégie pédagogique.Les informaticiens feront le logicielAlors, des enseignants à tous lesniveaux ! Je n’implique personne enparticulier. C’est une opportunité,pas une obligation, qui leur estofferte.Nous avions un deuxième objectifqui était de relever le défi de l’égalité

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en assurant l’égal accès des élèves eten réalité, dans ma tête et dans cellede beaucoup d’élus, c’était presquele principal, le premier objectif.Pourquoi ? Mais parce qu’on voyaitse créer à travers les statistiques, unedistorsion assez forte, qui n’est peut-être que temporaire mais saufqu’elle peut concerner toute unegénération, entre les enfants quiavaient la possibilité d’accéder à cetoutil pour des raisons que je n’ai pasbesoin de développer et celles etceux qui ne l’avaient pas. Nousavons souhaité qu’au moins, par unpassage obligé dans leur scolarité,

tous les enfants de ce départementaient eu accès à cette machine et àcette technologie.Là, je crois que nous avons atteintpleinement notre objectif puisquedans ce département qui a 330 000habitants - il faut comparer ce quiest comparable - nous avons plus de6 800 élèves qui auront bénéficié,après trois ans, d’une année scolaired’une familiarité totale avec lemicro-ordinateur, avec l’informa-tique. Dans le même temps, grâce àcet outil, nous avons fait entrer danschaque famille landaise un diction-naire, deux encyclopédies et unatlas numérique grâce auxquels lesfamilles et les enfants apprennent àse familiariser.Nous avions un troisième objectifqui était de diffuser la culture desnouvelles technologies dans tous les

foyers landais. C’est-à-dire d’accé-lérer, en quelque sorte, la diffusiondans le département de ces techno-logies. Là aussi, je crois que l’objec-tif est pleinement rempli. Il estrempli parce que nous constatons, àtravers les statistiques, que l’évolu-tion a été très rapide. L’agence régio-nale AEC a fait une enquête quimontre que les nouvelles technolo-gies témoignent que les familles decollégiens landais sont les plus bran-chées d’Aquitaine [voir graphiques].Nous voulions aussi développerl’attractivité des Landes, c’est-à-diremodifier l’image… que nous

aimons beaucoup, mais qui, parfois,nous lasse un peu quand même,des échassiers en peau de moutonavec le béret, à laquelle certainsLandais restent très attachés, mais àlaquelle, sachez-le, une autre partiedes Landais finit par devenir un peurebelle, parce que, la peau de mou-ton retournée, cela peut donnerquelques boutons… C’est la seuleraison. Il n’y en a pas d’autre. Nousavons donc envie de donner uneautre image du Landais parce qu’ilest un petit peu curieux. Il est à lafois rural et touristique. Je fais unmixte. Je ne suis d’ailleurs pas le seuldans ce pays. Là aussi, je crois qu’on peut dire quel’objectif est atteint, parce que nousavons intéressé beaucoup d’opéra-teurs : France Telecom et LDComen tête, et parce que nous pouvons

dire aujourd’hui qu’à la fin 2004, àla fin de cette année, 93 % desLandais auront accès aux services del’ADSL à haut débit, 1 024 Kb/s. Cequi sera le taux qui est aujourd’huicelui des départements urbains.Sans que cela ne nous coûte rien.C’est la convention que nous avonssigné dernièrement avec FranceTélécom.Les perspectives ? D’abord, il fautpersévérer dans cette expérience.Elle n’est qu’au tout début, parceque quand je dis trois ans, il faut rap-peler que la première année 2001-2002 a été une année de test danstrois collèges qui n’était pas vraimentsignificative, mais qui a été plutôtune façon de voir comment, logis-tiquement, on pouvait développerle matériel, comment on pouvaitl’entretenir, quels étaient les problè-mes à éviter, pour échapper à unecatastrophe globale par la suite. Enréalité, cela fait deux années scolai-res qu’on utilise vraiment dans lescollèges ces matériels. Donc, desperspectives, il y en a, il faut un peude temps pour les analyser. Il fautévidemment, mais là nous n’avonspas la capacité de le régler seul, ilfaut que les éditeurs français de res-sources numériques évoluent rapi-dement. Certains le font, d’autrespas du tout. Il faut que l’industrie dulogiciel, du soft, se développe rapi-dement, et il faut aussi pour celaque nous soyons de plus en plusnombreux à être demandeurs etprescripteurs. C’est pourquoi, je meréjouis et je souhaite que beaucoupde départements ou peut-êtredemain de régions, d’une façon oud’une autre qu’il appartiendra àchacun de déterminer, soient par-ties prenantes dans cette aventure,et grossissent cette demande defaçon à ce qu’elle devienne unevéritable pression nationale. Ce quin’était pas le cas en septembre 2001quand nous avons été les premierset que certains éditeurs ont eu le

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culot de nous demander de payer lanumérisation de leurs bouquins quin’étaient même pas interactifs.Parce qu’il a fallu qu’on mette lamain au portefeuille. Je dois dire là,mais je ne m’adresse pas à Monsieurle Recteur ici qui n’était pas là à l’é-poque, que ce soit l’Éducationnationale et le ministre actuel quin’était pas celui-là, ont trouvé nor-mal que les éditeurs avec lesquels ilsont des relations assez constantes etassez privilégiées, nous demandentde mettre la main au portefeuille etnous ont laissé payer sans mêmeprotester.Donc, j’espère que la multiplicationdes entreprises va multiplier lessynergies et que nous allons, à plu-sieurs, parvenir à résoudre un cer-tain nombre de problèmes que,seuls, nous avons du mal à faireavancer.Depuis le démarrage de l’opéra-tion, nous avons eu avec l’Éduca-tion nationale une négociation quia été complexe. C’est vrai que celan’a pas été facile. Il y a à cela unemultitude de raisons que je ne vaispas développer ici car cela serait fas-tidieux et je ne suis pas sûr que jevous apprendrai grand-chose. Lefait que nous prenions cette initia-tive n’a pas forcément plu à ceux quise sentaient, à juste titre, détenteursdes initiatives à prendre. Ensuite,nous nous sommes heurtés à l’iner-tie de ceux qui ne savaient pas, à l’i-nertie de ceux qui ne voulaient paset parfois, même, à l’oppositionrésolue de quelques pédagogues,puisque nous avons connu le casd’une enseignante à qui un inspec-teur pédagogique avait expliquéque, compte tenu de la façon dontelle faisait le cours avec ces élémentsallogènes, elle aurait une notationassez déplorable. C’était à Montfort-en-Chalosse et tout le monde s’enest ému.En France, en 2004, il y encore uncertain nombre de traditionalistes

qui, d’ailleurs, ne se situent pas for-cément dans le camp conservateur,mais qui ont fini par acquérir unetelle rigidité que c’est tout comme.Cela commence comme ça leconservatisme… C’est quand oncommence à dire que ce qui étaithier ou ce qui est aujourd’hui estbeaucoup mieux que ce qui exis-tera demain. C’est la définitionbasique. Nous avons eu là quelquesdifficultés.Sur ce qui est la politique du minis-tère aujourd’hui, Monsieur leRecteur nous l’expliquera tout àl’heure. Le précédent ministre, lephilosophe, nous avait donné unsigne qui, je le lui avais fait observer,était un signe de désengagement del’État du financement des ressourcespédagogiques. Ce qui ne me parais-sait pas un très bon signe. Je ne metrompais pas puisque ça com-mence : dès le 30 juin prochain, leportail gratuit des ressources éduca-tives dénommé « Espace numé-rique des Savoirs », le fameux ENS,s’arrêtera. Les quelque 1 500 éta-blissements qui en bénéficiaientdont huit ou neuf collèges landais, seretrouveront dans la situation sui-vante : soit se passer des ressourcesdes archives des grands quotidiensde presse, de l’INA, de l’INSEE, del’IGN, des éditeurs privés qui s’é-taient lancés dans cette opération ;soit, tout simplement, demander àleur collectivité de tutelle de bienvouloir mettre une fois de plus lamain au portefeuille pour s’abonner.Je termine là et je continue à pen-ser que nous devons persévérerdans la diffusion de cet outil de l’in-formatique communicante. Pas seu-lement, d’ailleurs, dans le domainede la pédagogie, de l’éducation,mais nous devons le faire pénétreraussi dans d’autres secteurs d’acti-vité. Je pense par exemple depuisquelque temps dans ce départe-ment, au secteur de l’artisanat parceque, très franchement, je n’imagine

pas que quelqu’un, dans quelquesannées, c’est déjà le cas aujourd’huidans beaucoup de domaines, maisa fortiori dans quelques années,puisse avoir une place normale decitoyen sans être, non pas forcé-ment familiarisé avec cette techno-logie, mais en tout cas totalementdésinhibé par rapport à elle etsachant en utiliser les moyens.C’est pourquoi nous allons conti-nuer. Nous allons renouveler lesmachines et équipements informa-tique. Nous allons voir comment onpeut améliorer l’expérience et ledispositif et nous allons faireconfiance à la technologie, à lascience et au savoir. Il paraît que,demain, la sortie de toutes nos dif-ficultés se situerait dans ce que cer-tains appellent « l’économie dusavoir ». Terminologie qui me laisseperplexe parce que je n’ai jamais vupersonne prôner « l’économie de l’i-gnorance », mais j’ai déjà connucela à propos de la « nouvelle éco-nomie » dont j’avais voulu expliquerqu’à mon avis, elle n’était pas nou-velle du tout mais qu’on confondaitl’économie avec les technologies.J’ai ramassé à l’époque une aversetrès désagréable. Je constate quedeux ans après plus personne neprononce le terme. En revanche, je suis sûr que c’estbien la recherche fondamentale,c’est bien la technologie qui consti-tue aujourd’hui notre combat de l’a-vant et qu’il serait quand mêmecatastrophique que nous n’utilisionspas à la fois le produit de cetterecherche scientifique fondamen-tale et technologique et qu’enmême temps nous ne familiarisionspas nos enfants, nos collégiens, noslycéens, nos artisans, nos agricul-teurs, nos chefs d’entreprises, nossalariés à ces technologies qui sontcelles d’un avenir, je l’espère,meilleur pour eux.Merci.

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Dans cet exposé, je vais commencerpar émettre des réserves par rapportà l’usage de l’animation en situationpédagogique et, par ailleurs, être plusoptimiste en proposant quelques pis-tes pour une utilisation efficace.Dans les documents multimédias,des animations sont intégrées, avecquatre utilisations principales. La pre-mière utilisation,c’est d’informer surl’état d’un processus pour savoir où ilen est de son déroulement. C’est uneinformation opérationnelle.S’agissant de l’usage pédagogique, jevois deux utilisations majeures desanimations. La première, c’est la pré-sentation, la démonstration : mont-rer à l’élève le fonctionnement d’unsystème dynamique qui se dérouledans le temps.Mon premier exemple est unedémonstration qui concerne la tec-tonique des plaques. C’est le phéno-mène de subduction qui est montré.On utilise une animation pour mon-trer un phénomène.Une deuxième utilisation c’est depermettre à l’élève lui-même demanipuler les situations. Dans cetexemple, vous avez un fonctionne-ment d’une lentille, d’un miroirconcave : l’élève peut bouger le cur-seur et on a la position de l’imageréelle et de l’image projetée. Nousavons une simulation interactive.L’élève est actif et explore lui-mêmeles propriétés du phénomène.La grande question, c’est : est-ce quel’élève apprend mieux avec cela ?On peut penser en effet que l’ani-

mation qui présente le fonctionne-ment d’un système dynamique vafaciliter la compréhension de ce sys-tème puisqu’elle permet de visualiserquelque chose qui est difficilementreprésentable, surtout pour un élèvequi ne connaît pas le phénomène.Mais lorsqu’on regarde les résultatsde recherche qui ont comparé, avecune méthodologie rigoureuse, uncours avec animation et un coursavec utilisation d’images statiquesbien choisies, une série d’images sta-tiques en particulier, on se rendcompte que ce n’est pas flagrant. Iln’y a pas forcément de bénéfice lié àl’animation. Comme l’animation estquand même quelque chose decoûteux à faire,d’assez compliqué, ilfaut donc se demander : est-ce quecela vaut vraiment la peine ?Nous nous sommes intéressés auxobstacles dans le traitement de l’ani-mation et pourquoi les élèves necomprennent pas mieux avec uneanimation alors que cela paraît nor-malement mieux.

Vous avez là une roue de bicyclette- les profs de maths sauront très biende quoi je veux parler - avec un pointqui représente un point sur la roue.Cette roue va tourner et je vais vousdemander d’essayer d’imaginerquelle est la trajectoire d’un point dela roue lorsque la roue tourne. La plupart du temps, on visualise uns

sorte de retour arrière, de petit cycle,de boucle au niveau du point decontact avec le sol. Mais c’est physi-quement impossible puisque la roueavance. Il y a donc un problème detraitement de l’information animée.

Un deuxième problème apparaîtavec un autre exemple tout à faitintéressant sur le plan pédagogique :une chasse d’eau. Comment fonc-tionne une chasse d’eau ? Uneéquipe américaine a beaucoup tra-vaillé sur le fonctionnement de lachasse d’eau. Quand on voit cegenre d’animation qui est quelquechose de courant, on se dit que leproblème, effectivement, ce n’est pasparce qu’on a la séquence tempo-relle des événements qu’on comp-rend comment cela fonctionne.L’animation, en elle-même, n’est pas

MireilleBetrancourtComment améliorer l’efficacitépédagogiques des animations

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un bon support pour comprendre lephénomène conceptuel qui est enarrière-plan du phénomène perçu.Il existe donc des obstacles qui sontliés au traitement du mouvement : lecerveau humain n’est pas si bienéquipé que cela ; il n’y a pas de sup-port inhérent à la conceptualisation,c’est-à-dire à la compréhension desphénomènes par l’animation. Laséquence temporelle des événe-ments ne permet pas à elle seule decomprendre les relations causales.De plus, l’information est transitoire.Ca tourne… Mais est-ce que nousretenons vraiment ce que nousvoyons tourner ?Voila un tableau assez pessimistedevez-vous penser. Mais, quandmême, nous restons persuadés queles animations peuvent apporterquelque chose en terme de compré-hension, à la condition qu’elles soientutilisées lorsque l’élève n’est pascapable lui-même de simuler men-talement le système dynamique.Cela ne va pas de soi. Il faut doncréfléchir soigneusement aux fonc-tions pédagogiques que l’on attribueaux animations. C’est d’abord lafonction de motivation. Les imagesfixes ou animées attirent l’attention etmotivent l’élève.

Une deuxième fonction est la fonc-tion de représentation. On peutreprésenter des trajectoires et desmouvements relatifs qui sont très dif-ficiles à imaginer. Dans cet exemple,vous avez le phénomène de rétro-gradation de Mars vu de la Terre. Latrajectoire de Mars paraît faire unretour en arrière. Les anciens étaienttrès intrigués par ce phénomène.Cette petite animation permet decomprendre comment les choses sepassent.La troisième fonction de l’animation

est la fonction d’organisation d’élé-ments qui sont en mouvement rela-tif ou en relation temporelle relative.Dans l’exemple de la tectonique desplaques, nous avons des mouve-ments relatifs, des déformations aussi,qui permettent d’organiser les élé-ments entre eux.

La quatrième fonction, c’est la fonc-tion d’interprétation : les relationsspatiales et temporelles sont utiliséespour transmettre d’autres types d’in-formations. Voilà l’exemple d’uneimage sur la variation de la pressionen fonction de la température du solqui utilise des fonctions dynamiquespour montrer quelque chose quin’est pas, de façon inhérente, dyna-mique. C’est plutôt une illustrationd’un phénomène pour permettre lacompréhension.On peut distinguer trois situationspertinentes pour utiliser les anima-tions. La première, celle à laquelle onpense tout de suite, c’est pour sup-porter, pour aider le processus devisualisation et de représentationmentale. C’est assez évident.La deuxième situation, c’est de pro-voquer un conflit cognitif en mon-trant aux élèves quelque chose quine correspond pas à leurs concep-tions. Ou alors, de confronter lesconceptions au moyen d’animationsdans le but de faire réfléchir les élè-ves, de les mettre en situation dedébat.Enfin, pour explorer un phénomène,on aura recours à des simulationsinteractives où certains paramètressont manipulés par les élèves defaçon à pouvoir en extraire des règlesde fonctionnement.Je termine en disant que les anima-tions sont intéressantes, effective-ment, en situation d’apprentissage

mais pour reprendre ce que disaitSeymour Papert, pas seulement pouraméliorer des cours magistraux, maiségalement pour créer des situationsinteractives. Il est intéressant de n’u-tiliser les animations que lorsqu’ellessont vraiment nécessaires à la com-préhension, lorsque les transitionsentre les différentes étapes du fonc-tionnement sont difficiles à visualiserpar l’apprenant lui-même. Il fautchercher le juste équilibre. Ce n’estpas parce qu’on montre exactementtout ce qui se passe qu’on aide àcomprendre comment cela fonc-tionne. Il faut ajouter de l’abstraction,du texte, des flèches, pour montrerles forces.Enfin, l’une des pistes de rechercheque nous explorons au TECFA, c’estd’identifier des principes de concep-tion d’interface qui permettent à l’é-lève, à l’étudiant, de mieux gérer leflux dynamique des informations.

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r Mireille Bétrancourt est directricedu laboratoire TECFA (Techno-logies de formation et d’appren-tissage) de l’université de Genèvedepuis octobre 2003. Docteur ensciences cognitives, elle s’intéresseau traitement cognitif des docu-ments multimédias (production,compréhension) et tout particuliè-rement à l’effet du format de pré-sentation des informations sur lacompréhension du lecteur. Cesrecherches sont conduites dansune perspective ergonomique d’a-mélioration de l’interaction hom-me-machine.http://tecfa.unige.ch/perso/mireille/

Il existe depuis quelques années, unesomme considérable de travauxvisant à évaluer de façon empiriqueles effets de la présentation de texteset d’images sur l’apprentissage. Cesévaluations consistent à comparerdeux formats de présentation d’unmême contenu auprès d’élèves demême niveau scolaire pour unetâche précise, comme la mémorisa-tion, la compréhension ou la résolu-tion de problèmes. Plus récemment,on trouve des synthèses de ces tra-vaux empiriques qui rendent compted’effets robustes obtenus avec desélèves dedifférents niveaux scolaires,dans plusieurs disciplines et dans plu-sieurs pays. Quelques effets sontrégulièrement mentionnés dans cessynthèses. Je les rapporte ici.Un texte illustré par une image pro-duit généralement un meilleurapprentissage qu’un texte seul.Quand le texte et l’illustration sontintégrés (par exemple les passages dutexte qui commentent des sous-par-ties de l’image sont intégrés dans l’i-mage, à proximité des sous-partiesconcernées), ils produisent générale-

ment un meilleur apprentissage quequand le texte et l’illustration sontprésentés séparément.La présentation simultanée d’infor-mations orales et imagées produitgénéralement un meilleur apprentis-sage que la présentation successivedes mêmes informations.La présentation d’une image com-mentée par un discours oral produitgénéralement un meilleur apprentis-sage que la même image commen-tée par le même discours présenté àl’écrit. Présenter la même information defaçon redondante, par exemple parune image et par un texte, a un effetpositif sur l’apprentissage.Présenter des images commentéespar un texte à la fois écrit et oral pro-duit un effet négatif sur l’apprentis-sage. Le commentaire oral seul estpréférable. Supprimer les informations non a uneffet positif sur l’apprentissage. Parinformation non-pertinente, onentend : les illustrations décoratives,ludiques, les fonds sonores, les textesanecdotiques, périphériques, les

logos, les publicités, mais aussi lesmodes d’emplois, etc. Un bondocument multimédia doit se suffireà lui-même et être spontanément uti-lisable.Les effets précédents sont mis en évi-dence si et seulement si le matériel àtraiter est exigeant cognitivement,

c’est-à-dire s’il possède un nombreimportant de points en interaction lesuns avec les autres.Les effets précédents sont inversésavec des individus ayant déjà debonnes connaissances dans ledomaine traité.En conclusion, il me semble qu’il estpossible de concevoir des manuelsscolaires électroniques intégrant destextes, des images et des imagesanimées, selon des modalités audi-tives et visuelles, de façon dyna-mique, interactive et modulable enfonction du niveau de connaissancedes élèves. Si ces manuels sont cor-rectement conçus, ils représente-ront un gain par rapport auxmanuels scolaires actuels.

André TricotInteractions texte - image

André Tricot est maître de conférences à l’IUFM de Midi-Pyrénées et cher-cheur au laboratoire Travail et Cognition du CNRS et de l’universitéToulouse le Mirail. Il réalise des recherches dans le domaine de l’ergono-mie des hypermédias et de la modélisation de l’activité de recherche d’in-formation et d’apprentissage. A l’IUFM de Midi-Pyrénées, il aide lesprofesseurs stagiaires à conduire une réflexion fondée sur des résultatsempiriques ou à prendre connaissance de recherches sur les facteurs cen-sés aider ou freiner les apprentissages.

http://perso.wanadoo.fr/andre.tricot/AndreTricot.html

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Je travaille dans une académie, Aix-Marseille, où le département desBouches du Rhône est dans lamême situation que celui desLandes, à une échelle énorme,puisque plus de 30 000 ordinateursportables ont été distribués aux élè-ves de quatrième, d’un seul coupcette année, sans période de prépa-ration ou d’expérimentation dansquelques collèges et l’année pro-chaine, plus de 60 000 ordinateursseront entre les mains des élèves dequatrième et de troisième.Je m’occupe d’éducation auxmedias et je voudrais énoncer iciune réflexion qui concerne les nou-velles questions professionnelles quise posent aujourd’hui aux ensei-gnants du fait de l’arrivée entre lesmains des élèves et à leur connais-sance, d’un certain nombre desavoirs qui ne sont pas tous validéspar le système scolaire. C’est là quel’éducation aux médias intervient.Protection et éducationOn tente de résoudre les problèmesposés par l’accès à Internet en instal-lant des protections. On veut proté-ger les élèves par des filtres, des listesnoires, des listes blanches, je ne ren-tre pas dans le détail. On a parlé cematin des sites pornographiques. Mais les protections, les filtres, nousvoyons bien que cela ne fonctionnepas toujours.Et même si cela fonc-tionnait toujours, si les élèves étaientprotégés en milieu scolaire, l’écoleaurait-elle rempli pour autant samission qui est de préparer les élè-

ves à l’appropriation de l’outil, àl’appropriation du média Internetqui n’est pas toujours filtré ?Dans le cadre d’un programmeeuropéen sur lequel le CLEMI a tra-vaillé, nous avons réfléchi à la ques-tion des risques liés aux usagesd’Internet en milieu scolaire. Quelleréponse éducative peut-on appor-ter, au-delà de la solution des filtreset des protections ? Nous faisons lepari avec le programme Educaunetde dire qu’il faut préparer les élèves,les former, développer leur espritcritique.Internet comme médiaInternet produit de la relation et ducontenu. Dans la relation, il y a l’in-teractivité et l’interaction qui sontdeux notions différentes. L’inter-activité, cela concerne l’échangeavec la machine. L’interactionconcerne l’échange avec quel-qu’un, avec les personnes. Les contenus d’Internet relèvent del’immanence, par opposition à latranscendance, au sens où les mes-sages émanent de chaque membredu réseau. Chacun peut écrire, cha-cun peut produire et ce n’est pasune entité supérieure qui produit lesmessages, contrairement à ce qu’onconnaissait habituellement avec lesmédias.Internet, c’est aussi l’imprévisibi-lité. On entre dans Internet et on setrouve face à des contenus qu’onn’avait pas prévus et qu’on n’a pasappelés. Vous connaissez tous cettesituation. L’imprévisibilité pose des

problèmes éducatifs. Internet est ununivers incertain : des dizaines demilliards de messages, des sourcestrès diversifiées, de qualités inégales,liberté de navigation, peu decontrôle exercé par une autorité,utilisation solitaire ou entre pairs,média en pleine invention de lui-même. Communiquer sur Internetc’est un petit peu communiquerdans le brouillard.Internet est un espace de commu-nication décontextualisé, c’est-à-dire un espace indifférencié decommunications différenciées. Parle même canal, on obtient des com-munications et des sources qui n’ontrien à voir les unes avec les autres.Internet est un espace de commu-nication non transparent, c’est-à-dire qu’il n’est pas toujours évidentde connaître la source du documentproduit. Les élèves disent souvent :je l’ai trouvé sur Internet. Cela neveut rien dire. Cela ne veut pas diredavantage que : je l’ai entendu dansle téléphone. Ce qui compte c’est :qui était à l’autre bout ? Bien sou-vent, cela n’est pas très transparentet pas très facile à trouver.Risques et dangersSi vous demandez aux enfants : est-ce que c’est dangereux Internet ? Ilsvous répondent : pour mon petitfrère oui, mais pas pour moi... Lesrisques, c’est toujours pour les aut-res...Une enquête internationale récentea montré que les jeunes reconnais-sent trois types de risques sur

Odile ChenevezPour une éducation au média Internet

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Internet : les virus, la violence et lesexe. Ils ont donc une bonneconnaissance de ce qu’est effective-ment le risque sur Internet.Dans Educaunet, nous avons ana-lysé les risques d’Internet tels qu’ilssont perçus par les experts, la presse,les professionnels. C’est plus largeque ce que disent les jeunes :risques cognitifs, affectifs, sociocul-turels, économiques, techniques.On constate qu’il y a énormémentde risques.Risque pour soi-même, risque pourles autres, risque que l’on peut fairecourir aux autres en intervenant, endevenant auteur sur Internet.Nous sommes finalement arrivés àl’idée que sur Internet, il fallait dis-tinguer le danger et le risque. Undanger, c’est quelque chose quipeut arriver, dont les conséquencespeuvent être néfastes, et que nousn’attendons pas. Un risque, c’estquelque chose qui peut arriver, dontles conséquences peuvent êtrenéfastes, mais dont nous tenonscompte. En éducation, le risque estnécessaire, en tant que danger qui a

été pensé. La survenue inopinée surl’écran d’un site négationniste estsurtout dangereuse pour qui n’ajamais entendu parler du négation-nisme.C’est un peu cela que l’on veutessayer de développer en matièreéducative chez les élèves en leurdisant par exemple : lorsque vousallez sur un site négationniste et sivous savez ce que c’est que le néga-tionnisme, vous prenez le risque devous confronter à des contenusnégationnistes alors que si vous nesavez pas ce que c’est, vous courezun danger, vous allez lire des chosesqui seront dangereuses pour vous.Voilà un peu la différence et je croisqu’elle est fondamentale lorsqu’onveut se préoccuper d’une éducationau média Internet.EducaunetEducaunet est un programme d’é-ducation critique aux risques liésaux usages d’Internet qui comprendun certain nombre d’outils, desdémarches qui visent justement àpermettre aux enfants de mesurerles risques qui existent sur Internet.

Il a été expérimenté dans l’acadé-mie d’Aix-Marseille depuis deux ansdéjà avec des partenaires belges.Depuis quelque temps, des parte-naires de différents pays s’intéres-sent à cette question.Il y a toute une mallette d’activités.Je vous donne deux exem-ples. Nous avons développé unsalon de « chat » fermé, qui n’est passur un site public, dans lequel lesélèves vont expérimenter, en classeou en groupe, ou dans des activitésextra-scolaires, le fait de changerson identité. Vous savez que celapeut être un risque lorsqu’on ne saitpas que les gens qu’on rencontre surun « chat » peuvent changer leuridentité. On peut être en dangerlorsqu’on sait qu’on peut changerson identité. C’est également desjeux, une sorte de jeu des septfamilles dans lequel on apprend àcomprendre comment fonction-nent les différents élémentsd’Internet.

Odile Chenevez, est coordina-trice du Centre de liaison de l’en-seignement et des médiasd’information (Clemi) pourl’Académie d’Aix-Marseille et for-matrice TICE à l’IUFM. Elle tra-vaille sur l’expression des élèvesdans les médias scolaires et lesjournaux lycéens. Elle a organisél’expérimentation du programmeeuropéen Educaunet (pour uneéducation à Internet et aux risquesliés à son usage) dans l’Académied’Aix-Marseille. Elle collabore auxDossiers de l’Ingéniérie éducative(CNDP) et est membre du comitéde rédaction des Cahiers pédago-giques.http://www.clemi.orghttp://www.educaunet.net

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J’ai été surpris d’avoir été invité icialors que je ne travaille pas avec desordinateurs portables en classe. LaSuisse fait partie des pays qui sontun peu à la traîne des Landespuisque nous ne sommes pasencore rentrés dans l’histoire d’avoirun portable par élève. Je suis deGenève, en Suisse, et c’est un paysoù l’on n’a pas reçu l’extraordinaireformation des enseignants françaiscomme l’a dit Eric Bruillard cematin.... Donc, je ne sais pas si jesuis bien formé, je ne sais pas si jesuis compétent sur les portables.Néanmoins, je vais vous proposerune réflexion qui se veut un peuprovocante : l’image n’a aucune,aucune importance.Quelques réflexions issues de larecherche en sciences de l’éduca-tionJe suis un vieux prof, je n’ai pas peurde faire travailler les élèves. Ce quim’intéresse c’est l’activité de l’élève.Je pense que le document dont il estintéressant de parler aujourd’hui, cen’est pas un document que l’ensei-gnant présente à l’élève. Pourtant,en SVT, nous sommes de grosconsommateurs d’images. Maisnous sommes aussi des sciencesexpérimentales et dans les sciencesexpérimentales, le contact de l’élèveavec la réalité que nous voulons luifaire découvrir nous paraît extrême-ment important. Au début, je pré-sentais des tas de choses aux élèves,j’ai commencé comme tout lemonde, et maintenant, il me semble

de plus en plus important de m’ef-facer et de laisser les élèves aucontact direct de la réalité.Voici l’activité dont je vais vous par-ler : les élèves construisent eux-mêmes leurs cours.J’ose m’opposer un peu à ce qu’a ditMonsieur Emmanuelli tout àl’heure. Moi, je ne me sens pasobligé de donner mon cours. Je mesens obligé de faire que mes élèvesapprennent. Parfois cela consisteraà donner un cours et parfois non.Dans mon exemple, les élèves vontconstruire leurs cours eux-mêmes.On a beaucoup parlé de web auniveau de la recherche documen-taire, l’idée étant que les élèvesaillent chercher de l’information surle web.Mais dans mon exemple, le docu-ment dont il va être question c’estcelui que les élèves font eux-mêmes. Il s’agit d’un espace webinteractif. En l’occurrence c’est unwiki [voir encadré ]. C’est égal.Structure d’une séquence d’ap-prentissageAvec mes élèves, nous allons sur leterrain. Nous observons un certainnombre de choses et nous prenonsdes photos. Ces photos sont numé-riques et elles sont mises sur le web.Ensuite, les élèves reviennent de lasortie avec des questions. Je me suisarrangé à ce qu’il y ait des questions.J’ai dû me faire violence car je n’aipas répondu aux questions et celaest très dur pour un enseignant.Quand, enfin, les élèves ont des

questions, ne pas y répondre, c’estl’horreur ! J’ai résisté… La deuxième phase se passe plutôten classe avec les images qui sontenregistrées sur le wiki. Le wiki, c’estle récit de mémoire. Les profs de SVTcomme moi connaissent ces difficul-tés : vous vous souvenez de cetteplante qui avait un drôle de trucbizarre au milieu… Vous êtes sûrqu’on a vu cela, monsieur ? C’étaitdeux semaines avant… Tandis quelà, deux semaines après, je peux leurdire : oui, regardez sur le wiki cettephoto que vous avez prise.La qualité des images est discutableet au fond, cela m’intéresse relative-ment peu. Je le rappelle : c’est ledocument des élèves.Ils vont ensuite chercher des répon-ses dans les activités de type TP tra-ditionnel. Ils vont explorer aumicroscope, avec des loupes, etc. Ilsvont utiliser des bouquins. Ils vont

François LombardL’image n’a aucune importance !

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aussi utiliser Internet. Ils vont rapi-dement découvrir qu’en général laqualité et la structure de l’informa-tion sur Internet est moins bonneque dans un bon manuel scolaire. Ala fin, ils produisent une page quisert de support à leur exposé aureste de la classe. Et cette page-làest, d’une certaine manière, le pro-duit immédiat de leur activité.Si vous le regardez ce document,vous voyez tout de suite que, ques-tion mise en page, ce n’est pas unchef-d’œuvre. Ce sont les élèves quil’ont fait. C’est avec leur mot à eux etil se trouve encore un certain nom-bre d’erreurs. Tout cela est sur leweb, si vous avez envie d’aller yregarder, vous pouvez y aller. C’estun usage du web qui n’est pas dansl’idée : le web contient des chosesformidables. Nous, les enseignants,on ne fait pas des manuels scolaires,on fait du travail d’élève. C’est l’é-lève qui construit quelque chose.Mon job n’est pas de faire un bou-quin.Le wiki a d’abord joué un rôle de

mémoire. Il y a des photos, deslabos, des documents. Et à la fin onobtient un document. Le supportinformatique, c’est d’abord lamémoire, progressivement c’est lasynthèse et à la fin c’est la structure. Ce qui m’intéresse dans l’outil tech-nologique, ce n’est pas le portable,ce n’est pas l’ordinateur. Je vous l’aidit, je suis à la traîne de l’histoire…Une bouteille de Bordeaux, ça n’aaucune importance…Il y a une tendance très forte avec lestechnologies à ce que l’enseignantdépense toute son énergie à pro-duire des documents multimédias.Mais l’énergie qu’on met là, on ne lamet pas dans la construction ducours avec les élèves. Je défends l’i-dée que ce n’est pas le document

du professeur qui compte et ce n’estpas un rôle de professeur que defaire de très bons documents. C’estun rôle d’éditeur de bouquins, decréateurs de bouquins.Les documents de mes élèves nesont pas extraordinaires. Je suis fierde vous les montrer mais objective-ment il y en a de meilleurs. Ce n’estpas cela qui m’intéresse. Ces docu-ments, c’est un moment de la cons-truction. C’est incomplet. C’est undocument en construction. Les élè-ves sont en train de le construire. Lestravaux d’élèves ne sont pas par-faits d’emblée et ils deviennentmeilleurs ensuite. C’est notre job.Finalement, et j’en arrive à maconclusion : l’image n’a aucuneimportance. Ce qui reste, c’est cequ’il y a dans l’élève à la fin.Vue de la planète Mars, une bou-teille de Bordeaux, c’est complète-ment inutile. Cela sort d’une usine etpuis cela y retourne. Cela fait tout untour chez les particuliers et celarevient à la même usine. Cela ne sertà rien. Ce qui est vraiment impor-tant, c’est le contenu qui est passé àl’intérieur de la personne et qui aprobablement aidé à la construire.Mais la bouteille ne sert à rien.Je prétends que le document ne sertà rien. Ce document des élèves, jene l’ai pas effacé du web parce qu’ilme sert aujourd’hui à pouvoir vousen parler mais, en réalité, le vrairésultat, il est chez tous ces élèves.Ce sont les élèves qui, si tout vabien, si j’ai bien fait mon job, sontrepartis avec le contenu. Le conte-nant n’a plus aucune importance.Le document lui-même n’a aucuneimportance.

François Lombard est à la fois pro-fesseur de sciences au collègeCalvin, chargé d’enseignement àl’université de Genève (TECFA) etformateur d’enseignant au CPTIC(centre de formation des maîtresde l’enseignement public gene-vois). Il expérimente avec ses élè-ves des dispositifs de productioncollaborative dans le domainescientifique. Formateur d’ensei-gnants, il rassemble cette expé-rience et en analyse les impactspédagogiques.

Wiki : c’est un espace de création de pages Web très simples et sobres nenécessitant aucune installation particulière au-delà d’un navigateur Webet d’une connexion Internet. C’est peut-être un Espace Numérique deTravail réduit à sa plus simple expression.Le support de l’exposé de François Lombard et les liens permettant deconsulter les travaux des élèves se situe à l’adresse :http://tecfa.unige.ch/~lombardf/publications/landes/index.html

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Avant de décrire ce que nous avonsfait au collège de Tullins, je vais pré-senter brièvement le dispositif isé-rois. Il est très différent de celui desLandes puisque nous sommesencore en période d'expérimenta-tion. Seulement six collèges et huitclasses de 4e sont concernés par ledispositif ENT (Espace numériquede travail).Les collèges ont été choisis parcequ'ils avaient un projet pédagogiquebien construit. Chaque élève etchaque enseignant ont été dotésd'un portable équipé d'une suitebureautique et de logiciels pédago-giques choisis dans chaque établis-sement par l'équipe pédagogique.La différence avec ce que nousavons vu tout à l'heure c'est que leConseil général a financé à chaqueprofesseur et à chaque élève 10heures d’accès Internet gratuit. Celaveut dire que tous les élèves ont uneconnexion Internet à la maison. Aumoins dans notre collège, mainte-nant c’est parfaitement réalisé.Nous avons également accès à uneplate-forme de services dite « car-table électronique ». Cette plate-forme est accessible par Internet àtoute la communauté scolaire. Ons’y connecte avec un login et un motde passe. Chaque élève, chaqueparent, chaque enseignant de l'é-quipe, le Principal, la conseillèred'orientation ont un accès sur laplate-forme.Au collège de Tullins, on est parti dece constat, je crois que tout ensei-

gnant connaît : les élèves sont sou-vent actifs en classe, tout à fait à l'é-coute de ce que nous pouvons leurapprendre mais on constate undécrochage à la maison et il n'y a pasd’approfondissement du travail faiten classe. Nous nous sommes dits :comment cet outil, dans la mesureoù nous pouvons communiquer àl’extérieur, peut nous permettred'éviter la rupture avec le tempsscolaire et de communiquer avecles élèves quand ils ont quitté l’é-cole et qu’ils sont à la maison ?Il y a d'autres aspects dans notre pro-jet : la communication avec lesfamilles, la vie scolaire, l'orientationet l'éducation. Je n’ai pas le tempsd’en parler. Sur la plate-forme que nous avons ànotre service, les élèves ont un casierdans lequel on peut leur envoyertous types de ressources. Cela fonc-tionne comme une messagerie, c'esttrès pratique.On peut aussi communiquer aveceux par le biais du groupe. Dans legroupe, on a choisi une arbores-cence par matière. Dans chaquedossier, les enseignants ont déposéles documents pour les élèves. Si onouvre un dossier et qu’il est presquevide, ce n’est pas parce qu'il ne sepasse rien, c'est parce qu’en fait, l'es-sentiel de l’activité se passe en com-munication avec l'élève à la maisonet qu’au niveau de l'utilisation del'informatique en classe, le profes-seur est peu actif. Il fait un cours toutà fait classique et il réserve la plate-

forme pour la communication.Ce qui est donc très appréciablec’est que nous gardons notre auto-nomie pédagogique. Certains collè-gues utilisent la plate-formeuniquement pour l'utilisation delogiciels en classe comme on peut lefaire dans tous les établissementsscolaires maintenant. D’autres nel'utilisent que pour communiquer etla majorité d'entre nous l’utilisent defaçon mixte, à la fois en classe etpour communiquer.Nous avons un autre outil pratique :l'envoi du travail aux élèves par lecahier de texte électronique. Audépart, on avait jugé cela un peugadget : ils ont le papier qu'est-ceque cela va changer ? Mais dès quenous avons commencé à l’utiliser,les élèves en ont été très friands carils étaient sûrs d'avoir bien noté letravail. Le contrat était clair entreeux et nous. Une dynamique s'est instaurée etnous avons été quelques-uns ànous lancer. Ensuite, les élèves ontdit aux autres collègues : « est-ceque vous ne pourriez pas, vous aussi,utiliser le cahier de texte électro-nique pour nous donner le travail ? ».Dans un premier temps, on a penséutiliser ce moyen de communica-tion pour aider l'élève à travailler à lamaison. De façon assez classique,on peut fournir des liens vers dessites Internet, faciliter leur travaild’approfondissement, de recher-ches, de révisions. C'est classique.Nous mettons à leur disposition des

Sylvie MignardotProfesseur au collège Condorcet à Tullins, Isère

exercices pour apprendre. Soit desexercices de type Hot Potatoesfabriqués par l'enseignant commecelui-là sur l’éducatif, soit des exer-cices issus de la mutualisationcomme on en trouve sur Internet. J'ai fabriqué des diapositives de cestyle en géométrie avec une partiecommentée et une partie muettepour les aider dans l'apprentissage.Ils apprécient. Cela leur permet deréciter, de vérifier ce qu'ils savent. Nous cherchons à impliquer pluslargement les élèves dans la com-munication avec nous. Nous leuravons proposé de créer des exerci-ces de mathématiques avec HotPotatoes. Sur la plate-forme, j’ai crééune rubrique dans laquelle je metsà leur disposition les exercices qu’ilsont eux-mêmes fabriqués. Je valo-rise les élèves en indiquant les pré-noms des auteurs. Nous avons formé en même tempsles collègues qui ne connaissaientpas le logiciel et les élèves. Cela a été

très intéressant au niveau de l'é-quipe. Les élèves nous disaient :« Pour nous, c'est étonnant de voirun professeur qui apprend à des pro-fesseurs et des professeurs quiapprennent en même temps que lesélèves ». Cela a été très riche pourles collègues. Des activités commecelles-là changent les relations.Un professeur de français a beau-coup utilisé la plate-forme pour faireprendre conscience aux élèves del'importance du travail de brouillon,c'est-à-dire de la réécriture.L'avantage c’est qu'elle peut diffé-rencier ses interventions. Certainsélèves ont amélioré leur écriture.Ceux qui n'ont pas terminé le travailpeuvent poursuivre à la maison pardes échanges successifs de courrier.On les guide aussi dans la prépara-tion des évaluations en leurenvoyant dans le casier la liste descompétences que nous allons tester.Certains collègues en histoire-géo-graphie leur fournissent un ques-

tionnaire en leur disant : parmi cesquestions il y aura vraisemblable-ment un thème abordé dans lecontrôle et les élèves ont 48 heures,en accord avec le professeur, pourposer des questions, proposer desréponses. Ils peuvent demander : sije vous réponds dans ce sens-là, est-ce correct ?Nous avons aussi essayé d'utilisercette communication pour dynami-ser le travail de correction qui esttoujours rébarbatif. Certains collè-gues ont choisi d'envoyer aux élè-ves, le soir de l'évaluation, le texte dela correction et de demander auxélèves, par retour, de dire ce qu'ilsont réussi, ce qu’ils n’ont pas réussiet pourquoi.Pour ma part, j'ai beaucoup utiliséun autre outil de la plate-forme : leforum. Après un devoir, j'envoie unou deux exercices sur le forum et jedemande aux élèves de dire cequ'ils ont fait dans leur devoir oubien de rédiger ce qu'ils auraient dûrépondre s'ils avaient réussi. Ensuite,je sélectionne quelques solutionscorrectes et cela permet aux élèvesd'avoir plusieurs corrections enfonction de la sensibilité de chacun.Parfois, le soir de l'évaluation, j'en-voie un exercice en leur disant :« faites cet exercice correctementdans 48 heures et, éventuellement,vous aurez un bonus sur votredevoir ». Ceux qui se connectent àla plate-forme font l'exercice et ontparfois des points et ceux qui ne seconnectent pas apprennent par les

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camarades qu'il fallait le faire. Ils seconnectent en vitesse au collège etfont le travail. Jusqu'à telle heure, teljour, vous pourrez répondre. Ceuxqui arrivent après, tant pis pour eux.Cela leur apprend aussi à penser àaller consulter la plate-forme parcequ'il s'y passe vraiment toujoursquelque chose.L'autre axe que nous avons essayéd'explorer, c'est celui des échangeset du travail de collaboration entre

les élèves. Nous manquons souventde temps en classe pour l’organiser.Là encore, nous avons un forum quiest très pratique. Un exemple : enmathématiques j’avais envie de faireun catalogue de tout ce qui est utilepour démontrer que deux droitessont perpendiculaires. Mais nousn'avions pas le temps. Je l’ai proposé

en forum sur l'année et les élèves, aufur et à mesure que nous avançionsdans le programme, ont ajouté encommentaire un énoncé qui peutservir. De temps en temps, j'interve-nais pour dire : cela va, cela ne vapas, il en manque, etc.Des professeurs avaient demandéde rédiger la biographie d’une per-sonne célèbre de leur choix, d'ori-gine anglo-saxonne. Les élèves ontrédigé leur texte avec le traitementde texte et l’ont envoyé aux profes-seurs sous des formes diverses, plusou moins élaborées. Le professeur ademandé aux élèves de faire entreeux des échanges sur leurs exposésen précisant qu'elle les interrogeraitsur les exposés des autres. C'étaitpendant les vacances et certains élè-vent on posté des messages sur laplate-forme parce qu’ils s’inquié-taient de voir que les autres n'en-voyaient pas leur travail. Ce ne sontpas seulement les bons élèves qui sesont investis dans l'activité. Celachange l’image que nous avons desélèves. Parmi les élèves qui ontrépondu, il y avait des élèves com-plètement démotivés. On pensaitqu'ils ne s’intéressaient pas à leur tra-vail. Nous avons vu qu'ils sollicitaientles autres pour obtenir les docu-ments. On s’est dit que, finalement,nous avons souvent une connais-sance imparfaite de l'élève.Le professeur de sciences physiquesdemande aux élèves de faire desrecherches sur Internet et, par petitsgroupes de fournir une diapositivesur le système solaire en vue d'éla-

borer un diaporama commun à laclasse. Tout cela est effectivementmis en place en dehors du tempsscolaire.Les élèves sont fortement motivéspar le projet. Nous avons essayé, aulieu de les laisser simplement passifs,de les rendre acteurs. On leurdemande d’installer des logiciels, desavoir se servir du matériel, d’unvidéo-projecteur pour leurs films. Les élèves incitaient les professeursà utiliser la plate-forme.Les élèves s’entraident. On relèvepeu d'incivilités. Nous avons quandmême constaté un progrès auniveau des leçons dans la mesure oùils sont très contents d’avoir desoutils pour mieux apprendre à lamaison. Par rapport à d'autres clas-ses, nous avons plusieurs niveaux dequatrième, nous constatons un petitprogrès.Par contre, ils acceptent plus diffici-lement les activités traditionnelles.Au sein de l'équipe pédagogique,nous avons travaillé en collaborationétroite. Nous avons animé des coursà plusieurs, nous sommes allés voirles collègues qui avaient du mal àdémarrer. Souvent, les collègues ontpeur parce que les élèves connais-sent mieux l'informatique qu’eux.Mais en s'appuyant sur les connais-sances des élèves, on peut aussicréer une relation qui dynamise lecours et modifie l'ambiance dans laclasse.Le problème qui nous reste, parcontre, c'est effectivement que celadonne un autre type de travail à lamaison et nous sommes en train deréfléchir à la façon dont on peutévaluer les nouvelles productionsd'élèves. Un élève qui participe à unforum, qui est très actif sur la plate-forme, nous ne pouvons pas le pas-ser sous silence au niveau de sonévaluation et cela doit aussi prendrela place d'autres types d'évaluationspour nous décharger, nous, d'uncertain nombre de corrections decopies.

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Je suis professeur dans un collègerural de Bresse. Nous faisons partied'un projet qui s’appelle ArianeDijon. C’est un projet expérimentalqui est en place depuis deux ans. Laplate-forme que nous utilisons esthébergée sur un serveur de l'univer-sité de Strasbourg.Chaque enseignant, chaque élève,l’administration et les parents biensûr, ont un mot de passe qui leurpermet d'accéder directement à laplate-forme. Lorsque le professeurarrive en classe avec ses élèves, il aaccès à son agenda et à son cahierde texte. Il n'y a plus de cahier detexte de la classe. Les élèves ontaccès quand ils sont chez eux, à leurtravail et aux cours. Les parents éga-lement. L'administration, bien sûr,nous fournit aussi l’emploi du tempssur le trimestre.Bien évidemment, il existe un car-net de notes. Toutes les notes et lesbulletins trimestriels peuvent êtreédités et consultés à partir d’Ariane.

Les enseignants peuvent le faire dechez eux. Les parents peuvent, biensûr, consulter en direct les résultatsdes devoirs, les notes et les appré-ciations de leurs enfants.Dans notre collège, nous avons misl'accent sur les 6e et 5e. Du point devue matériel, nous sommes un peumoins gâtés que vous. Tous les élè-ves ont été dotés d’une clé USBsécurisée. Si les parents n’ont pas deconnexion Internet, les élèves peu-vent accéder depuis n'importe quelordinateur du collège. Ils chargentsur leur clé et ensuite, ils remettentcela sur leur ordinateur et ils ont toutle contenu.Tous les élèves de 6e et 5e ont unordinateur personnel. Pour dotertous les élèves, nous avons eu

recours à de la récupération. Uneentreprise de Chalons a renouveléses ordinateurs il y a deux ans et afait don des anciens PC qui permet-tent de très bien fonctionner.Pour les enseignants, dans un petitcollège, toute l'équipe est forcémentconcernée, au moins par la partieadministrative. Il ne peut pas y avoirde récalcitrants. Tout le monde tientle cahier de textes, les notes, etc. En

ce qui concerne, les ressources, pra-tiquement toute l'équipe a essayéavec son niveau informatique, deréaliser des choses et de les trans-mettre à ses élèves. Cela peut êtredes documents extrêmement sim-ples, type traitement de texte, oubien des choses un peu plus com-plexes. Par exemple une prépara-tion de cours. Chaque enseignantdispose d’un espace dans lequel ilpeut enregistrer des ressources qu’ilpourra conserver d’une année surl’autre, supprimer ou garder. S’ilveut les transmettre à ses élèves, ildoit créer un cours, comme on faitdans un classeur, avec des paragra-phes et attribuer à chaque paragra-phe une ressource. C’est parexemple un petit diaporama quicorrespond à la leçon, que l'élèvepeut retrouver chez lui tranquille-ment, propre, avec des illustrationsqu’il a certainement vues en classeparce que chaque classe est équi-pée d’un vidéo-projecteur. On a aussi des petits exercices. Parexemple des mots croisés réalisésavec Hot Potatoes qui a déjà été citétout à l'heure. Les élèves peuventréaliser ce travail à la maison et évi-demment on peut s’intéresser enparticulier à ceux qui ont eu des dif-ficultés. En allemand, on a aussi despetits exercices mais avec du son : leprofesseur enregistre son texte enfrançais et en allemand. Ce qui per-met à l'élève de retrouver les sonori-tés et le texte correct lorsqu’il est à lamaison.Je suis professeur de maths et je faismoi aussi quelques préparations. Enclasse avec le vidéo-projecteur, j’aimontré une animation sur le tracéde bissectrice et je l’ai fait passer enboucle. Comme cela, je pouvais tra-vailler plus précisément avec deuxou trois élèves. Pour la maison, jeleur ai envoyé l’animation avecquelques points d’arrêt. J'ai ajoutéun peu de son aussi. J’ai utilisé unlogiciel qui traduit directement dutexte en son.

Jean VernetProfesseur au collège Olivier de la Marcheà Saint-Martin en Bresse, Saône et Loire

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Depuis un an, nous expérimentonsArgos au collège Jean Zay à Cénon.C'est un dispositif mis en place par lerectorat de Bordeaux et qui estfinancé, entre autres, par les collec-tivités dont le Conseil Général desLandes. Je suis une utilisatricelambda de cette plate-forme. Pourles détails techniques, il faudra s’a-dresser au CATICE de Bordeaux.La plate-forme Argos nous offre plu-sieurs possibilités de travail avec lesélèves. Soit un travail essentielle-ment pédagogique que je dévelop-perai en premier et enfin un travaild’échange qui nous a permis decréer un lien social, de créer unecommunauté Argos très importantedans le collège.Nous n'avons pas l'avantage d'avoirun ordinateur portable par élève.Nos élèves, pour la plupart d'entreeux, n'ont pas d'ordinateur person-

nel : 50 % de nos élèves ont un ordi-nateur à la maison et seulement40 % ont une connexion Internet.C'est pourquoi, quand nous tra-vaillons sur Argos, nous y travaillonsen classe entière, en salle informa-tique. Ce n’est donc pas une utilisa-tion quotidienne. Je ne peux pasdemander, dans un souci d'équité, àmes élèves de travailler à la maison,de revenir sur ce que nous avons faiten classe. Nous essayons d'ouvrir leCDI et la salle informatique en libreservice. Quand mes élèves se connectentsur Argos - généralement en 30secondes, ils y arrivent - ils ouvrentleur bureau personnel qui affiche lesmessages qu'ils ont reçus et les der-niers cours qu'ils ont consultés.Généralement, j’envoie à toute laclasse un message qui donne desinstructions sur un cours que j'ai pré-paré. Je prépare des cours pourintroduire une notion mathéma-tique. Quand on a 25 élèves devant lesordinateurs qui sont concentrés surl'écran, il est très difficile d’interveniren disant : il faudrait faire ceci, il fau-drait faire cela. Tandis que là, avecArgos, chacun a son travail. Ils ontun cours où ils peuvent revenir pouravoir des indications, pour retrouverles consignes, et en même temps ilsvont travailler sur le tableur ou surles logiciels mathématiques. Celapermet à chaque élève d'avancer àson rythme, de construire son cours,par exemple en utilisant des liens

vers des dictionnaires de maths oud'autres sites mathématiques. Celame permet d'essayer d'implanterune certaine pédagogie différen-ciée. Les élèves rapides vont allerplus loin. J'ai créé des pages pourapprofondir. Les élèves qui ont desdifficultés se cantonnent au strictminimum en faisant tous les exerci-ces, en essayant, peut-être au CDI,d'aller plus loin s'ils ont le temps.Donc, chacun construit le cours àson rythme. Je suis là, j'intervienspour les aider. Ils ont vraiment biencompris ce système de basculerentre la feuille de cours où il y aquelques indications et le siteInternet ou le logiciel sur lequel ilstravaillent.Je travaille aussi dans le cadre desIDD avec mon collègue d'histoire-géographie. Nous avons travailléentre autre sur Versailles en 4e et surles pyramides. Enfin, je travaille surl’orientation avec la classe dont jesuis professeur principal. J'ai créédes cours pour les aider à avoir desidées sur leur orientation. D’ailleurs,ce cours, puisqu'il est en ligne, est enaccès libre : tous les élèves peuventy accéder. Les élèves de 3e y vonttrès souvent. Même des élèves d'au-tres classes que nous touchons parArgos peuvent consulter les coursque nous avons mis en ligne.Je voudrais parler aussi du lien socialqui s’est créé grâce à Argos au col-lège. Nous avons environ 560 élèveset en janvier il y a eu 70 000 messa-ges envoyés. Les élèves sont très

actifs pour s'envoyer des messages.C'est une messagerie interne.Chaque élève a son compte. Lescorrespondants anglais, les cor-respondants espagnols et allemandsont aussi leur compte sur Argos. Ilséchangent beaucoup entre eux. Il y a deux ans, nous cherchions unmoyen de redorer un peu l’imagedu collège. Nous sommes en ZEP :60 % de nos élèves sont issus defamilles défavorisées ou très défavo-risées et l’image du collège, même sile bâtiment est magnifique, toutnouveau, tout restructuré, n'était pastrès bonne à l'extérieur. Nous avonsessayé de trouver un moyen pourl'améliorer. Surtout, nous voulionscréer une communauté Jean Zay etje pense qu'Argos a contribué à cela.

C’est un effet auquel nous ne nousattendions pas du tout. Les enfants sont très fiers de pouvoiraller sur Argos, de pouvoir échangerentre eux. Nous sommes cinq ou sixcollègues à travailler souvent surArgos, nous avons formé une dizainede classes sur l'ensemble du collègeet il y a environ 75 % des élèves quise sont connectés tout seuls, qui ontfait la démarche, qui ont créé leurgroupe personnel, qui nous incluentdans ces groupes personnels, qui ontmis les photos du voyage en Italiepour les montrer à tout le monde.Cela a permis aussi de développerun autre moyen de communicationavec les professeurs. Beaucoup d’é-lèves m’écrivent. En ce moment, nous sommes en

période de devoirs communs. On acréé des forums à thème sur lesdevoirs communs : les élèves posentplein de questions, ils se posent desquestions entre eux, ils me posentdes questions à moi, des élèves queje n'ai pas en classe, que je neconnais pas ou que j’ai eu lesannées précédentes. Beaucoup d'é-lèves qui sont très renfermés, qui ontbeaucoup de mal à s’exprimer, réus-sissent à s'exprimer via Argos, à meraconter beaucoup de choses. Nousavons pris l'engagement avec mescollègues de répondre à tous lesmessages qui nous sont adressés.Pour nous, c'est un outil enthousias-mant et qui fait beaucoup de bienà la communauté du collège JeanZay.

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Nadine CastagnosProfesseur au collège Jean Zay de Cenon, Gironde

Je vais parler de Numa, un projetacadémique, mis en place voicideux ans. Il fait aujourd’hui partiedes premiers ENT retenus par lesministères en vue d'une industriali-sation. Je suis membre de la missionacadémique TICE chargée en parti-culier du développement et dudéploiement de la plate-forme dans8 lycées et 2 collèges.Ce qui est intéressant, dans ce qui aété dit aujourd'hui, en particulier cematin, c’est qu’on assiste, notam-ment avec l'expérimentation desLandes, à une sorte de coupureentre le cadre pédagogique et la

partie « vie scolaire » et administra-tion des établissements. Les ENTdoivent résoudre cette difficulté. Ilscréent un environnement de travailpersonnalisé qui va fédérer le réseaupédagogique et le réseau adminis-tratif. On a donc un environnement detravail personnalisé. Il comporteaujourd'hui deux profils : un profilélève et un profil professeur-ensei-gnant. Dans l'évolution à venir de laplate-forme, il est prévu une dizainede profils différents allant de la col-lectivité à l'association jusqu'aux per-sonnels de service en passant par les

CPE et les personnels administratifs.L’environnement est, bien entendu,conforme à la déontologie. C'est-à-dire qu'il est encadré par une charte.C’est un élément fondamental dudispositif. La charte est votée par leconseil d'administration et annexéeau règlement intérieur. Cela luidonne une certaine force, unevaleur qui en fait donc une véritableréférence.Numa propose également des ser-vices de communication : message-ries internes, agenda partagé, maiségalement chats pédagogiques,forums. Nous y trouvons également

Sébastien CathalaProfesseur au lycée Jean Moulin à Béziers, Hérault

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des outils pédagogiques comme lecahier de texte que renseigne l'en-seignant et qui est accessible à toutélève. On a également des outils deparcours individualisés, notammentau travers de carnets de bord, leportfolio électronique avec la pos-sibilité d'avoir des sites Web que l'onpeut proposer à ses camarades ouau reste de la communauté.Nous avons également des plates-formes de travail collaboratifcomme la plate-forme Pléiade ainsique des outils qui se présentent sousla forme de formulaires et qui per-mettent de réserver du matériel, dessalles en fonction de son statut. Si onest personnel administratif, on peutavoir la responsabilité des sallesadministratives ou des salles polyva-lentes. Lorsqu'on est enseignant, onpeut réserver des salles multimédias,la salle vidéo, ou du matériel tel queles appareils photos numériques.La plate-forme est souple dans lesens où elle est constituée de modu-les qu'on décide d'utiliser ou non.

Par exemple, si on considère que lecahier de texte n'apporte rien, on estlibre de ne pas l'utiliser. Dans notreétablissement, nous avons fait lechoix de garder un certain nombred'éléments importants qui noussemblaient pertinents tels que lecahier de texte et les carnets debord. Nous avons supprimé d'autresoutils qui nous semblaient moinsintéressants.Le comité de pilotage, sous laresponsabilité du chef d'établisse-ment, est un élément moteur dudispositif : c’est une instance de vali-dation.Des moyens sont également offertspour que chacun puisse s'approprierla plate-forme. Cela passe notam-ment par des actions de formationdans le cadre du plan d'action aca-démique, mais également des for-mations internes. Dans notre lycée,nous avons une salle de formationdédiée, très bien équipée, qui per-met, lorsque les enseignants n'ontpas cours, de suivre des formations,sur le bureau virtuel par exemple. Ilspeuvent aussi nous solliciter pourbénéficier d'une formation endehors de leurs heures de cours.Nous avons aussi une politique d'in-formation très importante qui se faiten parfaite harmonie avec l'adminis-tration, tout cela étant, je le rappelle,piloté par le chef d'établissement.Bien entendu, des relations existentavec la collectivité, ce qui nous per-met de bénéficier de matériels sup-plémentaires. Au lycée Jean Moulinde Béziers, nous bénéficions d'uncontexte matériel favorable. Nousavons par exemple un chariotmobile avec 16 ordinateurs porta-bles.Notre lycée a été audité l’an dernierpar un cabinet mandaté par leministère dans le cadre d'un groupede travail « Missions et métiers »piloté par la direction de la techno-logie. Il y a une semaine encore,trois inspecteurs généraux étaientdans l'établissement pour rencont-

rer des acteurs et des utilisateurs dela plate-forme : parents d'élèves,élèves, responsables de services quiont chacun une rubrique sur laplate-forme qui leur permet juste-ment de diffuser de l’information àleur gré en temps réel. Il y avait bienentendu des enseignants, des docu-mentalistes, des assistantes sociales,etc. On est vraiment là dans l’ENTqui intègre toute la communautééducative. C'est extrêmementimportant lorsqu'on parle de plates-formes de travail.Lorsque vous vous connectez, l’é-cran d’accueil de la plate-forme,remplace intégralement le bureauWindows et propose à chaque utili-sateur un environnement person-nalisé, soit professeur, soit élèvepour l’instant. Le carnet de bord,très simple, permet aux élèves desuivre leurs projets, sachant que lesenseignants n’ont qu'un rôle deconsultation sur les carnets de borddes élèves. Des cours en ligne sontproposés. Là aussi, les enseignantsqui souhaitent mettre à dispositiondes documents, par exemple derendre téléchargeables des docu-ments qu'ils ont présentés en classemais qu’ils n'ont pas distribués, toutcela est possible au travers de cetoutil.

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Depuis trente ans environ, l’école estconfrontée aux enjeux de l’ordina-teur ; elle s’y est progressivementadaptée sous l’effet d’un double mou-vement : celui de l’innovation géné-rée par les équipes pédagogiquesdans les établissements scolaires,d’une part ; celui des politiquespubliques d’équipement, d’autrepart. Ces politiques publiques rele-vaient hier exclusivement de l’État.Elles se décident aujourd’hui dans lecadre de la décentralisation, sous l’im-pulsion des collectivités locales, por-teuses d’un projet pour leur territoire.Bien sûr, les enjeux ont considérable-ment évolué en trente ans. Les tech-nologies - que l’on ne qualifie plus de« nouvelles » - ont connu des progrèsspectaculaires. Les outils sont de plusen plus performants et leur utilisationdevient de plus en plus simple.L’usage du micro-ordinateur s’estbanalisé. Internet est entré dans la viequotidienne d’un nombre chaquejour plus important de Français.Notre école n’est pas restée à l’écartde la révolution technologique. Hier,les salles de classe étaient au mieuxéquipées d’un lecteur de diapo ; ony trouve aujourd’hui le tableau numé-rique interactif, le vidéoprojecteur oule lecteur de DVD. Les réseaux d’éta-blissements se sont multipliés, demême que les possibilités d’échangeset de mutualisation.Dans ce contexte de foisonnementdes initiatives, le département desLandes a pris date en lançant, dès2001, l’opération « un collégien, un

ordinateur portable ». Celle-ciconcerne maintenant tous les ensei-gnants et élèves de troisième danstrente-deux collèges (ils seront bientôt34 à en bénéficier).Je suis heureux de pouvoir saluer ici levolontarisme et l’engagement duConseil général des Landes - dans cedossier comme dans d’autres,d’ailleurs, qui touchent à la formationdes jeunes.Je me dois aussi de rappeler les par-ticipations de l’État, à la mesure de ceprojet d’envergure : mobilisation dufonds de soutien mis en place pouraider les collectivités à câbler les éta-blissements, subvention du ministèrepour l’acquisition des équipements,dotations complémentaires du recto-rat pour chaque collège, recrutementd’aides éducateurs puis d’assistantsd’éducation spécialement affectésaux collèges (42 à la rentrée 2004) et,surtout, mobilisation de l’ensembledes personnels, dans les établisse-ments et dans les services acadé-miques (inspection d’académie,rectorat, centre départemental et cen-tre régional de documentation péda-gogique…).Par son ampleur et par son caractèrenovateur, cette opération constitueune expérimentation grandeur naturede l’intégration des technologies del’information et de la communicationdans l’éducation (TICE).C’est de ce fait une expérimentationtrès attendue, observée de près par leministère et par le rectorat ; elle inté-resse aussi nombre de collectivités,

d’ores et déjà engagées dans desdémarches similaires ou désireuses des’y investir à leur tour. Ce colloqueétait donc bienvenu pour en tirer unpremier bilan, pour la confronter àd’autres expériences ou à d’autreshorizons, pour poser les jalons de lasuite.

Les présentations et les témoignagesque vous avez suivis tout au long decette journée ont donné lieu à deséchanges nourris et instructifs. J’ai pu

Patrick GérardRecteur de l’Académie de Bordeaux,Chancelier des Universités d’Aquitaine

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assister à certains d’entre eux, j’ai euquelques échos des autres. Il mesemble que l’on peut s’accorder enconclusion pour dire que l’introduc-tion généralisée des portables étaitun pari ambitieux dont les objectifssont maintenant validés ; désormais,les perspectives sont clarifiées pourassurer une intégration plus efficacedes TICE dans les pratiques pédago-giques.Doter l’ensemble des élèves d’uneclasse d’âge d’un ordinateur portableétait un pari ambitieux ; vos échangesont montré que les objectifs initiauxque s’était fixés le Conseil général sontmaintenant validés.Un pari ambitieuxLe pari, en effet, n’était pas gagné d’a-vance : l’on pouvait redouter les dif-ficultés techniques, les problèmesmatériels, les dégradations, le tempsperdu en début de classe, l’insuffi-sante maîtrise de l’outil informatiquepar les enseignants, l’absence de réfé-rences en matière d’usages pédago-giques, l’attention distraite des élèves,les utilisations non pédagogiques,voire illicites… Tout cela s’est en par-tie vérifié et a sans doute justifié, ici oulà, des réticences, des appréhensions,des découragements.Je n’ignore pas les difficultés de miseen place de l’opération - difficultésréelles que nombre d’entre vous ontvécues très concrètement. Néanmoinschaque problème a trouvé sa solution,ou bien la trouvera en son temps.L’on peut débattre aussi durant desheures de l’utilité qu’il y aurait eu às’interroger préalablement sur les usa-ges, au lieu de procéder d’abord à l’é-quipement. Pour ma part, je crois quela méthode retenue par le Conseilgénéral était la bonne, tant notre insti-tution est bien souvent, et paradoxa-lement, rétive au changement.En bousculant le système, en met-tant en quelque sorte les équipeséducatives devant le fait accompli, leConseil général des Landes nous aobligés à bouger, à nous adapter. Jene suis pas certain qu’une expéri-

mentation plus classique, restreinte etpilotée d’en haut, ait produit meilleurrésultat ; sans grand risque de se trom-per, on pourrait même avancer quenous en serions, aujourd’hui encore,à un colloque intitulé : « Vers un nou-vel espace numérique éducatif : unportable par collégien ? » !Pour autant, il est évident que le suc-cès de l’opération repose pleinementsur l’adhésion et l’implication deséquipes des collèges. Et je voudraisrendre hommage aux chefs d’établis-sement, à leurs collaborateurs admi-nistratifs et techniques, auxenseignants, aux personnes-ressour-ces, aux jeunes qui ont pris en charge- en liaison avec les services du dépar-tement, les services académiques et lecorps d’inspection - la mise en œuvrede ce dispositif. C’est un travail lourdet nouveau qui a été mené à bien.Je voudrais plus particulièrementremercier, parmi eux, tous ceux quiont cru d’emblée au projet et qui ontsu, au fil des mois, apporter les pre-mières réponses pertinentes et entraî-ner leurs collègues. Aux autres, jevoudrais dire qu’il est légitime de dou-ter et qu’il faut bien se garder d’utiliserl’ordinateur sans discernement. Touteinnovation passe par une phase d’ex-périmentation, d’apprentissage et, enl’espèce, d’appropriation de l’outilnumérique. Vous en avez fait l’expé-rience dans des conditions qui n’é-taient peut-être pas optimales. Maisvous avez pu sans doute évoqueravec vos collègues les difficultés ren-contrées. Un enseignant n’est jamaisseul, hors le temps, finalement trèsrestreint, de la classe ; la notion d’é-quipe, dans un établissement scolaire,est une précieuse nécessité.Au-delà de cette considération surl’exercice du métier d’enseignant, ilconvient tout de même de relativiserles difficultés constatées au regard desobjectifs poursuivis par le départe-ment des Landes.Des objectifs validésVos débats ont montré le bien-fondéde ces objectifs, rappelés aux collé-

giens dans le petit guide qui leur a étédistribué en début d’année. Ils ont étéévoqués plusieurs fois aujourd’hui ; jeles commenterai brièvement.Premier objectif : « Relever les défis del’égalité. » Si l’école n’avait qu’uneseule raison d’être, ce serait de touteévidence la transmission du savoirpermettant la promotion de l’égalitédes chances. Dans la société d’au-jourd’hui, il est indéniable qu’unenfant ou adolescent qui dispose d’unordinateur à la maison a un avantage,et une avance considérable, sur celuiqui n’en a pas. Pour des élèves qui ontdu mal à s’exprimer en classe, le tra-vail sur ordinateur peut agir commerévélateur. Pour ceux qui ne peuventsuivre une scolarité traditionnelle - jepense aux enfants malades ou handi-capés - l’informatique et le soutien àdistance sont indispensables. Pourtous, la maîtrise de l’outil informatiqueest désormais une compétence pro-fessionnelle incontournable dans biendes métiers. On peut ajouter quecette pratique sera aussi utile auxfuturs citoyens. À cet égard, un jeunede 14-15 ans à qui l’on confie un ordi-nateur portable est investi d’une pre-mière responsabilité civique : lerespect et le soin du matériel achetéavec l’argent du contribuable.Deuxième objectif : « Donner des cléssupplémentaires d’accès à la connais-sance. » La maîtrise technique de l’or-dinateur y contribue tout d’abord : lesélèves doivent désormais valider leurscompétences dans le cadre du brevetInformatique & Internet (B2i). Ensuite,tous les collégiens ont accès en per-manence aux ressources installées surleur portable (dictionnaire, encyclo-pédie, atlas). Enfin l’opération a essen-tiellement pour objet de favoriser, etmême inventer, de nouvelles maniè-res d’apprendre et de travailler, enclasse et en dehors du collège. J’aurail’occasion d’y revenir au travers desperspectives et ne citerai à ce stadeque l’exemple de l’enseignement deslangues vivantes.À l’heure où l’Europe s’élargit, l’ou-

verture des élèves vers d’autres lan-gues, d’autres cultures, d’autresmodes de vie doit être renforcée ;nous devons impérativement com-bler notre retard dans l’apprentissagedes langues étrangères. Dans cedomaine, les TIC offrent de larges pos-sibilités, bien expertisées : outre lapossibilité de se connecter via Internetà l’actualité quotidienne de ces pays,elles donnent surtout l’opportunitépour chaque élève de troisième dedisposer chez lui, pour s’entraîner,d’un véritable micro-laboratoire delangue. Tous les spécialistes recon-naissent qu’une immersion auditiveprolongée dans la langue étudiée,accompagnée bien sûr d’une appro-che pédagogique cohérente, renforcel’apprentissage de cette langue. Ilconvient d’encourager les élèves àtravailler davantage et mieux, en leurproposant des documents sonoresattractifs et variés.Afin de les aider à mesurer leur pro-gression, le centre académique desTICE (CATICE) a mis au point un logi-ciel de validation des compétences enligne ; ce logiciel, dénommé MELIA,sera mis à la rentrée prochaine à ladisposition des établissements de l’a-cadémie de Bordeaux.Enfin, le troisième objectif a une voca-tion plus locale, mais ce n’est pas lemoindre pour le département : il s’a-git de « développer l’attractivité desLandes ». Cette attractivité, nous lamesurons au plan démographique,en particulier dans le nord des Landesautour de Biscarrosse et dans le sud,le long de la côte basque ; nous allonsl’accompagner en créant des postesdans l’enseignement primaire.Les enjeux de l’aménagement numé-rique du territoire sont réels : l’accèshaut débit à un prix raisonnable estune condition de la compétitivité desentreprises ; il vise aussi à éviter la frac-ture numérique entre les zones urbai-nes les plus denses et le reste duterritoire. Très attentif à cette question,le Gouvernement a pris toute unesérie de mesures et le Parlement a

récemment confié une compétencenouvelle aux collectivités locales.Dans le département des Landes, oùles distances sont longues, l’habitatsouvent dispersé et isolé - comme entémoigne l’importance du transportscolaire pour les jeunes Landais -, leConseil général a mis à profit l’opéra-tion « Un collégien, un portable » pouraccélérer le déploiement du hautdébit.Ces différents objectifs vont bienentendu continuer à guider notreaction. Celle-ci bénéficie désormaisde perspectives clarifiées, nécessairespour assurer une intégration plus effi-cace des TICE dans les pratiquespédagogiques.Des perspectives clarifiéesIl y a, d’une part, des perspectives pro-pres aux collèges des Landes et, d’au-tre part, des perspectives généralesaux établissements de l’académie.Après trois années marquées par l’ex-périmentation et l’appropriation desoutils numériques dans les collègeslandais, s’ouvre une nouvelle phase,dédiée à l’évaluation des usages etdes performances des élèves ; l’oncerne mieux les besoins et les attentesdes enseignants ; il faut leur donnerdes objectifs pédagogiques clairs.Dès le départ, les équipes éducativesont bénéficié d’un plan spécifiqued’accompagnement, incluant notam-ment des personnes-ressources affec-tées pour le temps de la mise en placedu projet, une assistance technique etpédagogique, une attention particu-lière portée au recrutement des aideséducateurs puis des assistants d’édu-cation, ainsi qu’un engagementconséquent de l’académie en matièrede formation. Cet effort de formationse poursuit, puisque nous évaluons à600 le nombre de journées-stagiairesprévues spécifiquement pour l’opé-ration des Landes dans notre prochainplan de formation.L’accompagnement doit maintenantévoluer afin que les enseignants puis-sent bénéficier d’un dispositif de pilo-tage pédagogique, en lien étroit avec

leurs inspecteurs, et d’un dispositif demutualisation des ressources auquelils soient partie prenante. Ils doiventpouvoir accéder plus facilement auxressources existantes : je pense àl’Espace Numérique des Savoirs dontXavier Darcos avait lancé l’expéri-mentation l’an dernier en Aquitaine etqui naturellement va connaître d’aut-res prolongements ; je pense à la basede ressources pour la classe de troi-sième, développée par le réseau SCE-REN, le CRDP d’Aquitaine et leCDDP des Landes. Cette base devras’enrichir des ressources produiteslocalement par les enseignants. Entout état de cause, il y a besoin main-tenant de fédérer et de faciliter l’accèsaux ressources.Quant aux usages pédagogiques, ilfaut commencer à valider ceux quifont leur preuve et les mettre enœuvre d’une manière plus systéma-tique ; on peut ainsi imaginer la cons-truction collective de séquences decours faisant appel aux pratiques lesplus innovantes et les plus perfor-mantes. Je souhaite aussi que lesacquis tirés de l’expérimentation desLandes éclairent la conception desformations initiales des enseignants àl’IUFM. Des équipes de recherchepourront bien sûr y travailler.D’autres perspectives s’appliquentaux collèges landais comme à tous lesétablissements de notre académiequi s’est fixée un objectif 2006 pour lesecond degré : diminuer les sorties dusystème scolaire et permettre à unplus grand nombre de jeunesAquitains d’accéder et de réussir aulycée. Cet objectif passe par des orien-tations clairement affichées, au pre-mier rang desquelles la prioritédonnée au collège dans l’attributiondes moyens et la volonté d’améliorerles dispositifs d’aide aux élèves en dif-ficulté.Je rappelle qu’au collège, le projetd’établissement se doit de favoriser ledéveloppement de l’autonomie desélèves, la prise en compte du travail àla maison, le travail en équipe, l’ou-

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verture par l’échange avec les autres.Les TICE contribuent pleinement àatteindre ces finalités. Il est de mêmeincontestable qu’elles ont un rôle àjouer pour améliorer les résultats sco-laires des élèves les plus faibles : ellespermettent en effet d’assurer un suiviplus individualisé des élèves et offrentde nouvelles pratiques pédagogiques,susceptibles de changer le regard quel’élève en difficulté porte sur l’école.Ce rappel sur les projets d’établisse-ment n’est pas anodin : dès l’an pro-chain, dans notre académie, tous lescollèges et lycées fonctionneront dansle cadre de la nouvelle procédurebudgétaire de l’État (loi organiquerelative aux lois de finances - LOLF).Celle-ci suppose que l’établissementaffecte librement ses crédits en fonc-tion des objectifs retenus et desbesoins repérés ; en contrepartie, ildevra rendre compte de leur utilisa-tion et des résultats obtenus.En fonction de ces différentes per-spectives, il apparaît plus nécessaireque jamais d’intégrer efficacement lesTICE dans les pratiques pédagogiqueset de donner ainsi tout son sens à l’in-vestissement du département desLandes en faveur de la réussite sco-laire des collégiens.Une intégration plus efficace desTICECette intégration peut s’effectuer dansla classe ou hors la classe ; elle peutconduire progressivement à l’émer-gence d’un véritable espace numé-rique de travail.Dans la classe, l’outil multimédiapeut renforcer l’efficacité de l’actepédagogique en associant demanière dynamique le visuel et laparole du maître.De nombreuses pis-tes ont été validées par les corpsd’inspection : l’approche de la géo-métrie en mathématique, lacompréhension de certains phéno-mènes naturels en sciences expéri-mentales, la cartographie enhistoire-géographie, l’analyse de l’i-mage en lettres et en arts plastiques…D’une manière générale, les pratiques

et les ressources qui suscitent uneattention et une participation accruesdoivent être recherchées et utilisées.Les associations professionnelles deprofesseurs peuvent y contribuer, àl’image de ce que fait l’associationCyber-Langues. Notre priorité est defaire en sorte que les élèves sortent ducollège en maîtrisant la langue fran-çaise. Il ne doit pas y avoir opposition,mais bien au contraire complémenta-rité, entre une culture traditionnellede l’écrit et du livre et la culture émer-gente du multimédia. Les élèves doi-vent lire davantage, mais surtoutproduire des textes ou des oraux àpartir desquels l’enseignant peut plei-nement mesurer leurs acquis. De cepoint de vue, la pratique de la pré-sentation orale assistée par ordinateurest encore insuffisamment utilisée.Elle permet pourtant de placer l’élèveen situation motivante, l’amenant às’exprimer efficacement devant ungroupe, quelle que soit la discipline, àl’aide d’un plan structuré.La maîtrise de la langue ne doit pasêtre séparée de l’aptitude de l’élèveà repérer et traiter l’information. Cetenjeu est tout à fait primordial, tantpour la réussite scolaire future de l’é-lève que pour sa capacité de citoyenà porter un regard critique et lucidesur le monde qui l’entoure, sansoublier bien entendu la possibilité dese former tout au long de sa vie. Dèsl’an prochain, un plan de formations’adressera de manière transversaleaux professeurs documentalistes etaux professeurs de lettres principale-ment : il vise à donner une pleine effi-cacité aux politiques de recherchesdocumentaires menées dans les éta-blissements, de telle sorte qu’il y aiteffectivement un travail productif etformateur de l’élève, d’un bout à l’au-tre de la chaîne d’accès et de traite-ment de l’information.La dotation en ordinateur individueldoit permettre de maintenir le lienavec le travail personnel, notammentà la maison. Encore faut-il que l’élèvey soit incité par du travail et des exer-

cices qui lui permettent de progresserà son rythme. Certains outils, commeles exerciseurs, présentent des per-spectives de développement très pro-metteuses.En complément ou en du collège, laclasse virtuelle - accessible depuis sonordinateur - s’affirmera peu à peucomme un nouvel environnement detravail pour l’élève. Des services,orientés sur la vie scolaire et la com-munication avec les familles (cahierde texte, bulletin de note, emploi dutemps, carnet de liaison), sont appelésà se développer : avec la multiplica-tion des points d’accès à Internet etl’enrichissement constant des res-sources numériques, ils dessinent lesprochaines évolutions. L’académie deBordeaux y travaille, puisque ARGOSa été retenu comme projet nationald’espace numérique de travail.Ce colloque nous invitait au bilan ; ilne s’agit bien sûr que d’un bilan d’é-tape, car le chantier est vaste et les pis-tes d’action nombreuses. Dans undomaine aussi évolutif que celui desTIC, il ne peut y avoir de conclusionsdéfinitives, pas plus que de méthodesabsolues.La démarche entreprise nécessite sansdoute du temps et de la modestie : ilnous faut, ensemble, poursuivre le tra-vail engagé pour créer les conditionsnécessaires à l’intégration réussie dunumérique dans nos établissementsscolaires. Mais nous avons aussi ladétermination et l’audace indispen-sables pour avancer.Nous sommes là véritablement aucœur de ce qu’est l’Éducation natio-nale : L’Éducation est naturellement dela responsabilité des enseignants ; maisl’enjeu est tel qu’elle doit être l’affairede tous, l’affaire de toute la Nation -sinon l’Éducation ne serait pas « natio-nale ». Il est légitime que chacun s’yconsacre et puisse y donner le meilleurde lui-même : l’État, bien sûr, les col-lectivités locales aussi, parce que l’en-jeu, au bout du chemin numérique,c’est la réussite des élèves.

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