Vercingétorix. Le Gaulois qui a trahi César
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Le passé éclaire le présent Avril 2014 - N° 808www.historia.fr
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Le Gaulois qui a trahi CésarverCinGétorix
ce jour-là 29 Avril 1624, richelieu revieNt Aux AffAireS
livreseNtretieN Avec DAviD mccullough, uN AméricAiN à pAriS
actualitésNoS régioNS à lA Découpe
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Nicolas TheodetÀ l’occasion des muni-cipales, ce journaliste brosse le portrait d’un maire hors du com-mun : celui du Cubain qui, en 1879, a conquis l’Hôtel de Ville.
Joël SchmidtLa guerre des Gaules, épopée roma nesque… Voilà qui n’a pas échappé à cet historien et écrivain, qui nous livre sa version des lauriers de César.
Catherine SallesLes Romains excellent dans la guerre de siège. Ils vont trouver à qui parler. Les forces et fai-blesses des assiégés expliqués par une spé-cialiste de l’Antiquité.
Paul M. MartinDe son propre aveu, cet expert de Vercingé-torix ne transige pas avec le « romantisme franchouillard ». Il décortique pour nous la stratégie du Gaulois.
Françoise HildesheimerTout ce qui touche à Richelieu lui est fami-lier. Qui mieux qu’elle pouvait relater, dans « Ce jour-là », le retour aux affaires du cardi-nal, le 29 avril 1624 ?
Joëlle ChevéHistorienne et jour-naliste, auteur des Grandes Courtisanes (First, 2012), elle nous offre sa sélection des meilleures expositions à Paris et en province.
Jean-Louis BrunauxAuteur de l’essai Alésia (Gallimard, 2012), il ouvre notre dossier sur Vercingétorix avec le récit de la jeunesse du futur « irréductible gaulois ».
Stéphane BourdinLes éditions Glénat et Fayard l’ont choisi comme expert pour la conception de leur BD. Il signe l’article sur la trahison du chef arverne envers César.
6 actualitésLe territoire national, combien de divisions ?Deux siècles de redécoupage administratif à la loupe.
12 À l’afficheExpos (« Été 14 : derniers jours de l’ancien monde »), DVD, série, théâtre…
18 L’art de l’HistoireFrançois Gérard, le plus italien des artistes français
52 ce jour-là29 avril 1624 : Richelieu entre au Conseil
58 PortraitSeveriano de Heredia : de La Havane à la mairie de ParisL’ascension politique d’un mulâtre naturalisé français devenu en 1879 l’« édile » de la capitale.
64 Les hauts lieux de la préhistoireLa grotte de Rouffignac
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DossierVercingétorixVoici le chef gaulois en héros de BD. L’occasion pour Historia de retracer son itinéraire et les dates clés de la guerre des Gaules.
// 24 L’enfance d’un chef
// 28 Le fils de Rome se retourne contre son maître
// 34 Le roi des Arvernes
// 38 Assiégeants et assiégés
// 46 Le Gaulois qui a fait la gloire de César
// 50 La genèse de Vercingétorix
66 L’inédit du moisL’« option » de Gustave Doré
68 L’air du tempsJe cherche après Titine
70 Pas si bête !Les éléphants d’Hannibal
72 À tableLe lapin en compote du Vexin
74 Spécial villeÉvreux : l’éternelle renaissanteIncendiée, pillée, ravagée – mais toujours debout. L’antique capitale des Aulerques défie le temps.
85 Un illustre inconnuCagliostro
87 Un mot, une expressionUn pays de cocagne
89 Mots croisés
90 Livres
98 Les couacs de l’HistoireLa mort du comte de Chalais
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l’art de l’histoire
On connaît tous ses tableaux, mais sans bien retenir le nom de l’artiste : son Portrait de Bo-
naparte, Premier consul (1803), celui de Napoléon en costume de sacre (1805) ou encore sa Bataille d’Austerlitz (1810) illus-trent de nombreuses pages de nos livres d’histoire. Surnommé le « peintre des rois et le roi des peintres », cet élève de David a vu sa renommée briller sous l’Empire et la Restaura-tion : toute la cour veut poser pour lui ! En premier lieu, les princesses napo-léoniennes. Étrangement, ce peintre néoclassique, à la facture délicate et aux mises en scène élaborées, ne bénéficie pas de la même gloire posthume que Da-vid, Prud’hon, Girodet ou Gros. Bien au contraire. En 1946, l’historien d’art Michel Florisoone écrivait que l’artiste avait inventé le portrait mondain et que celui-ci n’était qu’un arrangement de la res-semblance par la flatterie : alors, François Gérard
plus fort que Photoshop ? Pour Xavier Salmon, commissaire de l’expo-sition « François Gérard (1770-1837), portraitiste », qui se tient actuellement au château de Fontainebleau, le peintre savait valoriser ses modèles et devait son succès au fait qu’il utilisait les codes picturaux d’avant la Révolution : « L’artiste s’inscrit dans la tradition de l’Ancien Régime. Il met au service d’une classe de nouveaux riches la formu-le réservée à l’aristocratie du siècle des Lumières. Un traitement auquel la nou-velle famille régnante est particulièrement sensible. Au fond, il leur donne ce qu’ils veulent. »À la tête d’un atelier crou-lant sous les commandes, Gérard élabore ses por-traits selon une même formule : cadre palatial, grande attention au pa-raître et parfaite maîtrise technique. Il procède tou-jours de la même manière. Son élève, Melle Godefroy, décrit ainsi sa manière de travailler : « Il arrêtait ses compositions en établis-
sant de sa main sur la toile le dessin et l’effet par une première ébauche ; ensuite venait l’aide matérielle, qui consistait à couvrir du ton convenable et convenu le morceau indiqué pour le travail de la matinée, et pendant ce travail, lui, toujours présent et s’occu-pant d’une autre partie du tableau, reprenait souvent dans la pâte fraîche et finissait de sa main le morceau, y laissant sa tou-che et tout ce qui y restait d’intellectuel. » Elle préci-se qu’il accomplissait « les choses les plus friandes et les plus délicates : d’abord toutes les chairs et absolu-ment tous les fonds… »Devenu le portraitiste officiel de Napoléon, de ses proches et de sa cour, Gérard aurait pu tomber en disgrâce lors du retour des Bourbons sur le trône. Bien qu’affable et très in-troduit dans le monde des arts et des lettres, ainsi que dans les cercles du pouvoir et de l’argent, la partie n’était pas jouée d’avance. Ses ennemis rappelaient qu’en 1790, de retour de
Rome avec sa famille, il avait accepté un poste de juré au Tribunal révolu-tionnaire. La chose est vraie, même s’il y siégea peu, prétextant une ma-ladie. Il n’a d’ailleurs pas assisté au procès de Marie-Antoinette. Ses détracteurs en furent pour leurs frais. Peu rancunier, Louis XVIII lui commande, en 1814, un grand portrait en costume royal qu’il fait exposer au Salon de la même année. Et, en 1817, il le nomme officiellement premier peintre du roi. Dans les petits papiers du monarque, l’artiste reçoit le titre de baron et, quel-ques années plus tard, le voici nommé officier de la Légion d’honneur. Avec l’arrivée de Louis-Phi-lippe, il renonce à son titre de premier peintre. Signe de disgrâce ? Pas vraiment puisqu’en 1831 il réalise un portrait monumental du souverain prêtant serment sur la Charte de 1830. Une maladie fulgurante l’em-portera six ans plus tard, à l’âge de 67 ans. LÉlisabeth Couturier
Surnommé le « peintre des rois et le roi des peintres », le portraitiste, né à Rome, est honoré au château de Fontainebleau jusqu’au 30 juin. Retour sur une carrière qui traversa la Révolution, l’Empire et la Restauration.
François GérardLe plus italien des artistes français
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1 Le décor. Alors que son mari, le prince Murat,
vient d’être nommé roi de Naples par Napoléon, la princesse Caroline – encore à Paris – demande à Gérard de réaliser son portrait officiel. C’est donc par anticipation que l’artiste représente la reine et ses enfants dans une salle du palais de Naples, donnant sur la mer et le Vésuve, un paysage emblématique de la nouvelle dynastie locale.
2 Les enfants. Autour de la future reine, debout
à sa droite, figure son fils Achille, âgé de 8 ans, en tenue de grenadier (qui fera fortune aux États-Unis) ; Lucien, 6 ans, est assis à ses pieds. Derrière se trouve Lætitia, 7 ans – qui sera, elle, peinte par Ingres –, regardant tendrement sa mère, et à l’opposé, devant la fenêtre se tient, bien droite, Louise, 3 ans, future comtesse Rasponi.
3 La reine. Caroline Murat porte, tout en digne
retenue, sa tenue d’apparat. Elle est coiffée d’une couronne – signe de son nouvel état de souveraine – et est vêtue d’une robe inspirée de l’Antiquité, selon une mode qui fait alors fureur. Cette scène donne l’idée du bonheur domestique. Néanmoins, la reine paraît songeuse. Mère comblée, elle n’en oublie pas les responsabilités de sa charge.
4 sa technique. Élève de Pajou puis de Grenet,
le jeune artiste parfait sa technique dans l’atelier de David. François Gérard aime soigner les détails. Il peaufine le chatoiement du velours, les plis des rideaux, les motifs du tapis oriental, tout comme la transparence du teint de la reine et de ses enfants, ou encore la brillance des regards et le soyeux velouté des cheveux.
« Caroline Murat et ses enfants », vers 1809-1810. Huile sur toile de François Gérard (1770-1837), 2,37 x 1,91 m. • Fontainebleau, Musée national du château de Fontainebleau.
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dossier
20 historia avril 2014
vercingétorix Le Gaulois qui a trahi César
Oublié jusqu’à la moitié du XIXe siècle, « exhumé » à
des fins patriotiques par Napoléon III, le chef gaulois fait
de nouveau parler de lui ! À l’occasion du lancement de
la prometteuse collection de BD « Ils ont fait l’Histoire »,
consacrée aux grands personnages (une coédition
Glénat-Fayard), Historia retrace le destin hors du
commun de Vercingétorix et fait revivre des moments
clés de la guerre des Gaules. Un dossier original, conçu
comme un éclairage biographique et illustré par les
planches de la bande dessinée, sortie début mars.
Historia revient ainsi sur un aspect pour le moins
méconnu de la vie du célèbre Arverne : sa formation
au sein des légions romaines et sa trahison
envers César. L’occasion pour nous de rendre
hommage une nouvelle fois au neuvième art
et à sa faculté de vulgariser, au sens noble du
terme, notamment auprès d’un public rajeuni,
des pans entiers de notre passé.
un travail à huit mains. Dessin et couleurs : Fred Vignaux ; scénario : Éric Adam et Didier Convard ; historien : Stéphane Bourdin.
coup de crayon. Les planches qui illustrent les articles de ce dossier sont signées Fred Vignaux et tirées de l’album Vercingétorix (Glénat-Fayard, 2014).
Le 13 février 52, des commerçants romains sont tués par des Gaulois. Cet événement est le point de départ de l’insurrection générale de la Gaule. Quelques semaines plus tard, César, qui a rejoint ses légions à Sens, marche sur Cenabum.
La ville, défendue par le Gaulois Camulogène, tombe aux mains de Labienus, l’un des principaux lieutenants de César.
Vercingétorix et les siens trouventrefuge à l’intérieur de la place fortede la ville. Les Romains entourentce fortin de plusieurs lignes dedéfense pour isoler les Gauloisretranchés et empêcher l’arrivéede troupes de renfort.
Victoires de César(date)
Les Trois Gaules de César
Provinces romaines
Principales peuplades sur leterritoire gaulois et aux frontières
La Gaule pendant sa conquête (– 56 à – 51)
Aduatuca(Tongres)
– 54
Agedincum(Sens) – 53
Lutèce(Paris) – 52
Uxellodunum– 51
Avaricum(Bourges) – 52
Gergovie– 52
Alésia (site officiel)– 52
Cenabum(Orléans) – 52
Contre les Vénètes– 56
Victoires des Gaulois(date)
100 km
Retranchés dans l’oppidum, les Gaulois tiennent en échec les légions de César, contraintes de lever le siège.
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letUn territoire, mais une mosaïque de peuples querelleurs
et divisés… Pour César, qui a déjà un pied dans le pays des Celtes, l'expédition est affaire de stratégie et de diplomatie.
Les tribus gauloises
Le 13 février 52, des commerçants romains sont tués par des Gaulois. Cet événement est le point de départ de l’insurrection générale de la Gaule. Quelques semaines plus tard, César, qui a rejoint ses légions à Sens, marche sur Cenabum.
La ville, défendue par le Gaulois Camulogène, tombe aux mains de Labienus, l’un des principaux lieutenants de César.
Vercingétorix et les siens trouventrefuge à l’intérieur de la place fortede la ville. Les Romains entourentce fortin de plusieurs lignes dedéfense pour isoler les Gauloisretranchés et empêcher l’arrivéede troupes de renfort.
Victoires de César(date)
Les Trois Gaules de César
Provinces romaines
Principales peuplades sur leterritoire gaulois et aux frontières
La Gaule pendant sa conquête (– 56 à – 51)
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Alésia (site officiel)– 52
Cenabum(Orléans) – 52
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Retranchés dans l’oppidum, les Gaulois tiennent en échec les légions de César, contraintes de lever le siège.
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les couacs de l’histoire Par Joëlle Chevéles couacs de l’histoire Par Joëlle Chevé
98 historia avril 2014
À trop vouloir le sauver d’un trépas certain, ses proches l’ont conduit à un supplice terrifiant, une boucherie que la foule contemple, consternée.
ainsi que le bourreau de Nantes et ses assesseurs, soudoyés et menacés, furent introuvables le jour prévu. Furieux, Louis XIII ordonna de recruter un bourreau parmi les criminels incarcérés au château. Un cordonnier tourangeau, Charles Davy, qui devait être pendu trois jours plus tard, accepta d’officier contre la remise de sa peine. On cherche une hache, en vain, et l’on se rabattit sur une épée mal affûtée. Encore faut-il des compétences pour s’en servir, ce qui n’était pas le cas de ce cordonnier qui, selon le récit fait à chaud par le Mercure françois, n’est pas « stylé au métier »… Ainsi, à trop vouloir sauver Chalais d’une mort certaine – à laquelle d’ailleurs il s’était résigné et dont il souhaitait faire un exemple de l’art de mourir en gentilhomme –, ses pro-ches le condamnèrent à un supplice terrifiant. En retour, l’inflexibilité du roi et de son ministre convainc tous ceux qui n’étaient pas persuadés de la culpabilité de Chalais de la nécessité de continuer la lutte contre la montée de l’absolutisme monarchique. Henri de Montmorency et Cinq-Mars paie-ront aussi de leur tête leur rêve d’une monarchie contrôlée par les Grands. Quant à Gaston d’Orléans, compro-mis dans plusieurs complots, il ne la conservera qu’en raison de son statut de frère du roi et d’héritier du trône. L’histoire ne dit pas ce qu’il advint du petit cordonnier dont l’épouvan-table maladresse désespéra ceux qui aimaient Chalais et indigna ceux qui croyaient en la justice royale. Un dou-ble couac dont seule la victime sortit grandie… si l’on peut dire ! L
Nantes, 19 août 1626, 18 heures. Une foule immense est mas-sée sur la place du Bouffroy. Devant la porte du château royal, se dresse un échafaud.
Henri de Talleyrand, comte de Cha-lais, condamné pour avoir projeté d’assassiner Louis XIII, s’apprête à gravir les marches. Enfin, il paraît entre deux rangées de soldats, accom-pagné d’un prêtre. Calmement, il monte à l’échafaud et ne marque une légère émotion que lorsque le bour-reau lui coupe sa très belle mous-tache. Mais, foin de coquetterie, il n’espère plus qu’en la rapidité de son exécution. « Ne me fais pas languir », dit-il au bourreau qui lui bande les yeux, avant d’abattre son épée. Mais stupeur ! Chalais a toujours sa tête… Quatre nouveaux coups, et elle tient toujours, tandis que le supplicié souf-fle un ultime « Jésus Maria ». Le bour-reau réinstalle Chalais sur le billot, puis s’empare d’une doloire (une
hache de tonnelier) pour achever le travail. Soit 29 coups avant que la tête se détache du tronc ! Une boucherie, que la foule contemple, consternée.Chalais enfin mort, son corps est ramené dans un carrosse au couvent des Cordeliers, où sa mère l’attend. Jusqu’au dernier instant, elle a espéré la grâce de Louis XIII, venu à Nantes pour le procès accompagné de Richelieu. Las ! Le roi a repoussé ses prières malgré les grands services de sa famille envers la Couronne.Pour gagner du temps et donner à Sa Majesté celui de la réflexion, la famille et les amis de Chalais déci-dèrent que l’exécution n’aurait pas lieu… faute d’exécuteurs. Et c’est
La tête sur le billot, le condamné aura mille fois le temps de formuler sa dernière volonté : qu’on en finisse. Et vite !
La mort du comte de Chalais