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PROMODEV / CTA Briefing no. 2 sur le développement en Haï Valorisaon des produits locaux, une alternave pour la sécurité alimentaire en Haï 02 juillet 2013 Hôtel Le Plaza, Port-au-Prince, Haï hp://bruxellesbriefings.net / www.promodev.ht / hp://haibriefings.net

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PROMODEV / CTABriefing no. 2 sur le développement en Haïti

Valorisation des produits locaux, une alternative pour la sécurité alimentaire en Haïti

02 juillet 2013Hôtel Le Plaza, Port-au-Prince, Haïti

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Valorisation des produits locaux, une alternative pour la sécurité alimentaire en Haïti

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In 2011 CTA is launching a new ‘must have’ series of Policy Briefs. The Briefs will address a wide range of agricultural and agricultural related issues. Topics covered will come from Brussels Development Briefings, Regional Development Briefings and CTA events. These peer reviewed publications will be published in English, French and Portuguese and will be available in print and online.

Along with our partners in this joint initiative, DG DEVCO, the ACP

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and various media, we at CTA look forward to

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Sensitising the development community on current ACP-EU rural development issues and challenges

Brussels Development BriefingsSensitising the development community on current and emerging ACP-EU policy relating to rural development issues and challenges since 2007

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Essential Reading

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Mot du Secrétaire Général de la PROMODEV

Le Briefing sur le développement en Haïti, fort de la partici-pation d’organisations de producteurs et de l’implication du Ministère de l’Agriculture et d’autres institutions œuvrant dans le secteur agricole, a atteint une grande dimension et se caractérise par un niveau élevé de communication et de rassemblement de personnalités de divers horizons. Il est reconnu comme un canal privilégié d’échanges et de vulga-risation vers une agriculture durable.

Le Briefing est aussi et surtout un point de mutualisation des bonnes pratiques et d’opportunités d’approfondir ou de mettre en place un réseau de communication. Le tout dans un esprit de convivialité et de fraternité reconnu de tous et de toutes.

Conscient du nombre croissant de défis posés par l’agriculture haïtienne, la PROMODEV et le CTA veulent contribuer au processus de développement rural en Haïti dans leurs démarches de modernisation et de performance, avec le souci constant d’une agriculture résiliente dans un contexte international en évo-lution permanente.

Le Briefing no. 2 sur le développement qui s’est tenu à l’Hôtel Le Plaza le 2 juillet 2013 autour du thème: Valorisation des produits locaux, une alternative pour la sécurité alimentaire en Haïti, a montré que le pays dispose plus que jamais d’une dynamique nationale, respectueuse des initiatives locales. Les pro-ducteurs et acteurs du Gouvernement peuvent être enfin en mesure d’apporter des réponses crédibles et viables face aux grands défis. Les autorités concernées doivent confier des marchés de plus en plus importants aux agriculteurs à la fois au niveau national (nous devons donc nous organiser en filières) et au niveau local (travailler en Réseau dans la proximité géographique à l’échelon régionale).

Chaque action du Briefing, qu’il s’agisse du déroulement d’un panel ou autres activités, est animée par des cadres évoluant dans le secteur agricole. Une documentation riche et complète est mise à disposi-tion des participants sur le thème traité, et tous les débats donnent lieu à des synthèses écrites.

L’ensemble des participants et intervenants présents au Briefing : responsables d’organisations de pro-ducteurs et/ou institutions de développement ou collaborateurs de haut rang, participent activement aux remarques introductives et au déroulement des panels, prenant à tour de rôle la responsabilité d’ani-mer les débats et de les rapporter de concert respectivement avec les modérateurs et les rapporteurs.

Merci de diffuser largement les actes de cette assise. Ils constituent un guide, un phare, un repère pour ne pas s’éloigner de nos missions essentielles auprès des producteurs en butte de trouver des solutions durables à la crise de l’agriculture haïtienne.

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Le CTA est le principal partenaire de cet événement trimestriel. Nous avons été ravis des différentes visites sur le stand des publications. Tous mes remerciements et toute ma reconnaissance vont à la Direc-tion du CTA, au Manager du Bureau du CTA à Bruxelles, Madame Isolina Boto et à la Coordonnatrice de Programme / Publications, Madame Murielle Vandreck.

Merci également au Directeur Général de l’Institut National de la Réforme Agraire (INARA), Monsieur Bernard Ethéart, pour avoir accepté d’être l’Invité Spécial de ce Briefing.

Un mot spécial au Secrétaire d’Etat à la Relance Agricole du MARNDR, Monsieur Vernet Joseph qui a représenté le Ministre de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural. Son dis-cours a été combien apprécié.

Nous souhaitons à nouveau remercier chaleureusement tous ceux et toutes celles qui ont fait le dépla-cement en vue de prendre part à ce Briefing national. Plus de 235 participants provenant des dix (10) départements géographiques du pays, plus de 15 intervenants, de même que des journalistes ont contri-bué à faire de ce Briefing un franc succès et un événement de réflexions majeures sur les défis que font face les agriculteurs en Haïti. En bref, il s’agit possiblement d’un des plus grands rassemblements axés sur le développement durable en Haïti. Merci mille fois à vous toutes et à vous tous.

Au plaisir de collaborer,

Talot Bertrand, Ing-Agr. Spécialiste en Education Relative à l’Environnement

Secrétaire Général

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Résumé du Briefing

Le deuxième briefing sur le développement en Haïti, organisé par la Promotion pour le Développement (PROMODEV), avec le support du Centre Technique des Coopération Agricole et Rurale des pays ACP-UE (CTA) et en lien avec les Briefings qui se tiennent régulièrement à Bruxelles, a eu lieu à l’hôtel Le Plaza, Champs-de-Mars, le 02 juillet 2013. Ce forum a réuni des institutions et des personnalités d’horizons divers tels : l’Etat haïtien à travers le Secrétaire d’Etat à la Relance Agricole; la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) ; des Universités publiques et privées ; Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) ; des organisations internationales comme le Programme Alimentaire Mon-dial (PAM) ; des compagnies de transformation de produits locaux : REBO, ANATRAF ; des organisations d’agriculteurs venant de plusieurs régions du pays, beaucoup de professionnels de différentes compé-tences ; des étudiants, etc.

La PROMODEV a pris le soin d’apporter un plus à ce briefing en incluant un invité spécial. Il s’agit de Ber-nard Ethéart, Directeur Général de l’Institut National de Réforme Agraire (INARA). En outre, un stand de publications, revues et livres a été mis en valeur le jour du Briefing et la PROMODEV a eu le plaisir de distribuer des publications du CTA, de la CNSA et de l’Unité de Coordination du Programme National d’Alimentation et de Nutrition du MSPP à travers ce point de vulgarisation.

Il était 9 :30 AM quand Clarens Renois, a donné le coup d’envoi, juste pour annoncer ceux-là qui devaient prononcer les mots d’introduction de la journée. En effet, pour la première partie de l’agenda du jour, un message préenregistré du Manager du CTA à Bruxelles, Madame Isolina Boto, a été diffusé. Les personnes qui se sont succédé à cette partie sont : Agronome Robert Viaud, Président de la PROMODEV, qui a soutenu que la production agricole nationale est insuffisante pour répondre aux besoins de la population. L’invité spécial a pour sa part, fait comprendre que si l’on veut refonder Haïti, il faut donc mettre l’accent sur la décentralisation. Le Secrétaire d’Etat à la Relance Agricole, Agronome Vernet Joseph a, de son côté, vanté l’initiative de la PROMODEV en insistant sur le thème choisi qui est, déclare-t-il, en parfaite cohérence avec le Programme Triennal du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR). Il souligne la nécessité qui s’impose d’investir dans l’agriculture. C’est alors que le Secrétaire Général de la PROMODEV, l’Agronome Talot Bertrand allait investir le podium pour faire valoir le bien-fondé de ces assises dans le cadre du développement durable que prône l’organisation qu’il dirige, afin de faire de meilleures projections pour nos progénitures. Donc, laisse-t-il croire, l’agriculture est un domaine à priori-ser. Ainsi, il a déclaré ouvert le 2e briefing sur le développement en Haïti.

Ces assises ont été divisées en trois grands panels. Le panel I traitait le sous-thème : Regards croisés sur les produits agricoles locaux en Haïti à travers quatre sujets : a) Produits locaux contribuant à la sécurité alimentaire, état des lieux et perspectives avec Garry Mathieu de la CNSA – b) Habitudes alimentaires et mise en valeur des produits locaux des différentes régions d’Haïti avec Yvens Philizaire de la FAMV – c) La valorisation des produits locaux, important pour la nourriture et la sécurité alimentaire avec Dr. Joseline Marhonne Pierre, –d) Les achats locaux du programme alimentaire mondial des Nations-Unies (PAM) en Haïti avec Tiziana Zoccheddu du PAM.

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De ce panel, les intervenants ont souligné que la production agricole fait face à des défis démographique, énergétique, liés au changement climatique, l’instabilité politique, des enjeux politique et économique, des défis liés à la gestion des crises alimentaires de 2008, 2010, 2011, 2012 etc.

En Haïti, 35 % des femmes enceintes et 61 % des enfants sont anémiés. Ils souffrent de carence en micro-nutriment. Il faut lutter contre les maladies d’origine agricole, car la santé conditionnée à des aliments sains produits dans des milieux sains. L’une des dispositions à prendre dans le cadre de la valorisation des produits agricoles locaux est de faire l’éducation nutritionnelle des gens et éviter les préjugés ou complexes par rapport aux produits consommés martèlent-ils

Valorisation des ressources locales : stratégie de développement économique, est le sous-thème du panel 2 et les six sujets qui y sont débattus: a) Consommation des produits alimentaires locaux, quelle contri-bution économique ? avec Gary Paul b) Valorisation des produits locaux et développement durable avec Jean André Victor. c) Le rôle des femmes dans le processus de valorisation des produits agricoles locaux versus commercialisation avec Lidwine Hyppolite d) Accès au marché et commercialisation de produits agricoles avec Jean Marc Ewald de REBO e) Insécurité alimentaire en Haïti, comment trouver des solu-tions durables ? avec Arthur Jovial Bonicet –f) Valorisation des produits, importance économique : stra-tégie et perspectives avec Yanick D’Amour. L’essentiel de ce panel consiste à souligner que le secteur agricole contribue à hauteur de 25 % dans le PIB national, alors qu’il perd sa potentialité avec l’ouverture du marché en 1987. Notre système agricole fait face à un dilemme : la production baisse, alors que le nombre de personnes à nourrir augmente de plus en plus. Pour pallier ce problème, il faut nécessaire-ment l’implication de l’Etat, l’encadrement des agriculteurs et l’éducation de la population.

Les discussions du panel 3 ont porté sur : La valorisation des produits alimentaires locaux, quelques expériences et potentiel des stratégies de marketing appropriées en Haïti. Cinq sujets ont été débat-tus : a) Commercialiser les produits locaux, circuits courts et circuits longs avec Jacob Jean-François b) Expériences de valorisation de la filière caféière en Haïti. c) Projets d’augmentation de la production des racines et tubercules dans la Caraïbe avec Garry Jerome de l’IICA. d) Piment piqué et sécurité ali-mentaire, alternative de valorisation en Haïti avec Moncher Elan. e) Le développement post-récolte, une opportunité de marché avec Yvens Philizaire de la FAMV.

Ce panel nous renseigne sur la situation de l’agriculture en Haïti qui est lamentable en raison de :

· Sa vulnérabilité aux catastrophes naturelles,

· La dégradation de l’environnement

· L’endommagement des cultures

· L’absence d’infrastructures agricoles

· L’absence des services de base dans les milieux ruraux.

La culture des racines et tubercules est à encourager selon les intervenants, lesquels ont signalé l’énor-mité du travail qui reste à faire pour faciliter l’accès de la population à l’alimentation en qualité et en quantité, tel que définit par Moncher Elan, représentant de l’organisation Action Coopération en Déve-loppement (ACOD).

A Chaque panel, on a dû limiter le nombre des questions, car les exposés paraissaient intéressants d’un panel à l’autre. Une pause après chaque panel, juste pour permettre aux participants de se relaxer. 15

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panélistes pour 15 sujets différents, une vingtaine de questions ont fait l’essence de la journée. En guise de synthèse, le Dr Jean André Victor a souligné que les points traités ce jour-là sont d’ordre politique, économique et technique. On ne peut moderniser le système agricole, espérer obtenir des résultats si nous ne changeons pas nos attitudes dans les décisions à prendre vis-à-vis du secteur agricole, a-t-il ajouté. Il était suivi du Secrétaire général de la PROMODEV, l’agronome Talot Bertrand dans ses propos de remerciements, et à 17 h 45, on a levé l’ancre.

Les informations fournies avant, pendant et après la deuxième séance du Briefing en Haïti sont publiées sur les blogs des briefings: http://bruxellesbriefings.net / http://haitibriefings.net et sur le site web de la PROMO-DEV : www.promodev.ht

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Table des matières

Mot du Secrétaire Général de la PROMODEV.......................................................................................7

Résumé du Briefing.............................................................................................................................9Table des matières................................................................................................................................13

Liste des abréviations ou sigles..........................................................................................................15

Programme du jour...........................................................................................................................17

1.- Remarques introductives..............................................................................................................19

2.- Les différents discours du panel des officiels.................................................................................20A.- Propos du Manager du Bureau du CTA à Bruxelles, Madame Isolina Boto.....................................20

3.- Compte-rendu des panels ............................................................................................................263.1.- Compte rendu du premier panel .................................................................................................263.2.- Compte-rendu du deuxième panel ..............................................................................................333.3.- Compte-rendu du troisième panel ...............................................................................................39

4.- Conclusion et recommandations...................................................................................................53

5.- ANNEXES......................................................................................................................................565.1.- Haïti: Les conditions de sécurité alimentaire, CNSA.....................................................................575.2.- Le Commerce des autres, Myrtha Gilbert.....................................................................................62

5.3.- VALORISATION DE PRODUITS LOCAUX, UNE ALTERNATIVE POUR LA SECURITE ALIMENTAIRE EN HAITI, JEAN ANDRE VICTOR....................................................................................65

5.4.- Note de programme du Briefing no.2 sur le développement......................................................705.4.1.- Contexte....................................................................................................................................705.4.4. Améliorer la qualité et la contribution nutritionnelle des produits locaux.................................72

5.5.- Présentation des intervenants...................................................................................................76

5.6.- Bibliographie.............................................................................................................................80

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Liste des abréviations ou sigles

ACP Afrique, Caraïbes et Pacifique

BCA Banque de Crédit Agricole

BPA Bonne Pratique Agricole

BRH Banque de la République d’Haïti

CEP Champ Ecole Paysan

CCP Comité Central de Pilotage

CIAT Commission Interministériel pour l'Aménagement du Territoire

CNSA Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire

CNMP Commission Nationale Passation de Marchés

CTA Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale des Pays ACP-UE

DDA Direction Départementale Agricole

DEFI Développement des Filières

DG Direction Générale

DFPEA Direction de la Formation et de la Promotion des Entrepreneurs Agricoles

EA Exploitation Agricole

FAO Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

FAMV Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire

FASR Accord de Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé

FIDA Fonds International de Développement Agricole

FMI Fonds Monétaire International

Gde Gourde

Ha Hectare

HIMO Haute Intensité de Main d’œuvre

IMF Institution de MicroFinance

INARA Institut National de la Réforme Agraire

Km Kilomètre

MARNDR Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural

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MCI Ministère du Commerce et de l’Industrie

MDE Ministère de l’Environnement

MEF Ministre de l’Economie et des Finances

MSPP Ministère de la Santé Publique et de la Population

OCB Organisations Communautaires de Base

OIP Organisation Interprofessionnelle

ONG Organisation Non Gouvernementale

OP Organisations Paysannes ou Organisations de Producteurs

PAAF Sous-Programme d’Appui à l'Agriculture Familiale

PARDH Plan d'Action pour le Relèvement et le Développement d'Haïti

PAS Programme d'Ajustement Structurel

PIB Produit Intérieur Brut

PIBA Produit Intérieur Brut Agricole

PMDN Programme de Mitigation des Désastres Naturels

PPI Projet des Petits Périmètres Irrigués

PRAC Sous-Programme de Relance de l’Agriculture à Finalité Commerciale

PRIGSASous-Programme de Renforcement Institutionnel et de la Gouvernance du Secteur Agricole

PROMO-DEV

Promotion pour le Développement

PSDH Plan Stratégique de Développement d’Haïti

PTTA Programme de Transfert Technologique aux Agriculteurs

PTF Partenaires Techniques et Financiers

PTRA Programme Triennal de Relance Agricole

RESEPAG Renforcement des Services aux Petits Agriculteurs

RGA Recensement Général de l’Agriculture

UCP Unité de Coordination de Programme

UE Union Européenne

USD Dollar Américain

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Programme du jour

8h30 - 9h00 Enregistrement

9h00 - 9h45 Remarques introductives : Vidéo pré-enregistré par Madame Isolina BOTO, Chef d’Antenne du CTA aux Bruxelles; Robert VIAUD, Président de la PROMODEV, et Vernet JOSEPH, Secrétaire d’Etat à la Relance Agricole au Ministère de l’Agricul-ture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR)Contexte et objectifs du Briefing : Talot Bertrand, PROMODEVInvité Spécial : Bernard Ethéart, Directeur Général de l’INARA

9 h45 -11h15 Panel 1 : Regards croisés sur les produits agricoles locaux en Haïti

• Produits locaux contribuant a la sécurité alimentaire : état des lieux et pers-pectives (Garry Mathieu de la CNSA)

• Habitudes alimentaires et mise en valeur des produits locaux des différentes régions d’Haïti (Yvens Philizaire, Professeur à la FAMV)

• La valorisation de produits locaux important pour la nutrition et la sécurité alimentaire (Dr. Joseline Marhonne Pierre, Directrice Nutrition du MSPP)

• Les achats locaux du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) en Haïti (Tiziana Zoccheddu, PAM)

Modérateur : Louibert Meyer, Journaliste, Radio Télé LumièreRapporteur : Anne Merline Eugène, Journaliste de Radio Télé Caraïbes

11h15 - 11h30 Pause Café

11h30 - 12h45 Panel 2 : Valorisation des ressources locales : Stratégie de développement éco-nomique

• Cconsommation des produits alimentaires locaux: quelle contribution écono-mique ? (Gary Paul, Agro-Economiste)

• Valorisation des produits locaux et développement durable (Dr.Jean André Victor, Agro-Eco touriste / Président de l’’AHDEN)

• Le Rôle des Femmes dans le processus de valorisation des produits agri-coles locaux versus commercialisation (Lidwine Hyppolite, Agro-Economiste / Expert en Transformations des produits agricoles et Gestion des opérations agricoles)

• Accès au marché et commercialisation de produits agricoles : Valorisation d’initiatives de producteurs, expériences de REBO avec le café (Jean Marc Ewald, REBO.SA)

• Insécurité alimentaire en Haïti, comment trouver des solutions durables ? (Arthur Jovial Bonicet,Ing-Agr./ specialiste en technologie post-recolte)

• Valorisation des produits agricoles, importance économique: Stratégies et perspectives (Yanick D’AMOUR, Economiste)

Modérateur : Lemoine Bonneau, Journal Le NouvellisteRapporteur : Lesly Vertyl, journaliste, Télévision Nationale d’Haïti

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12 h45 - 13h30 Lunch

13 h30 - 15h00 Panel 3 : La valorisation des produits alimentaires locaux. Quelques expériences et potentiel des stratégies de marketing appropriées en Haïti

• Commercialiser les produits locaux : Circuits courts et circuits longs (Jacob Jean-François, Directeur Exécutif de l’ANATRAF)

• Expériences de valorisation de la filière caféière en Haïti (David Nicolas, Ancien Ministre de l’Agriculture)

• Projet d’Augmentation de la production des racines et tubercules dans la Caraïbe : Expériences et leçons apprises (Garry Jerome, IICA)

• Développement de la technologie post-récolte, une opportunité de marché ((Yvens Philizaire, Professeur à la FAMV)

• Piment piqué et sécurité alimentaire, alternatives de valorisation en Haïti (Moncher Elan, ACOD).

Modérateur : Marcel Mondésir, Ing-Agr / Membre du Cabinet du Secrétaire d’Etat la Relance Agricole

Rapporteur : Alix Laroche, HPN

15h00 -16h00 Synthèse et remarques finales

• Dr. Jean André Victor, Agro-Ecotouriste, AHDEN

• Agr. Talot Bertarnd, Secrétaire Général de la PROMODEV

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1.- Remarques introductives

S’il faut attribuer une définition opérationnelle au concept ‘‘Sécurité alimentaire’’, ce serait parmi tant d’autres : avoir accès aux produits alimentaires disponibles et qui ont des valeurs nutritives réelles, naturelles, biologiques, ce que nous trouvons dans les produits agricoles locaux. Jadis, en Haïti on consommait quasi-to-talement les racines et tubercules, les légumes, les fruits, les céréales, bref, les principales pro-ductions agricoles nationales. Ce, jusque dans les années 50. Cette attitude était bénéfique à plusieurs points de vue. Economiquement, il suf-fisait peu pour se procurer ces denrées ; d’autre part, sur le plan nutritionnel, elles sont riches en vitamines, protéines, calcium, glucides, tout ce dont le corps a besoin pour être en bonne santé. Mais en plus, elles ne contiennent pas de substances provoquant des maladies qui n’étaient pas si fréquentes dans notre milieu dans le temps. Malheureusement, on constate un changement dans les habitudes ali-mentaires chez les Haïtiens, et ceci depuis des dizaines d’années.

Pourquoi les Haïtiens ont changé leurs habitudes alimentaires ? L’une des causes serait la mondialisation qui fragilise les agro-systèmes de production. Ensuite viennent l’acculturation, l’urbanisation, la pression démographique et la dégradation de l’environnement, sans oublier le changement climatique. On ne peut négliger la responsabilité des dirigeants qui n’ont pas su prendre les décisions qu’il faut au temps qu’il faut pour le bien-être des dirigés. Ce qui fait que notre population augmente à un rythme phéno-ménal, tandis que notre production baisse de plus en plus.

Il est important de souligner que la majorité de la population, surtout en milieu urbain, se tournent vers les produits importés. Peut-être, ignorent-ils les conséquences. Il faudrait l’intervention de nutrition-nistes pour sensibiliser la population sur l’importance de consommer les produits locaux.

Peut-être, disent-ils que les produits locaux sont plus chers. Certainement, mais quel est le rôle de l’Etat ? N’est-il pas responsable de faire promouvoir la production agricole nationale et encourager les gens à continuer à les consommer ? Voilà ce qui interpelle les responsables de l’organisation Promotion pour le Développement (PROMODEV), et qui ont instauré le Briefing sur le développement en Haïti, en lien avec les Briefings qui se tiennent régulièrement à Bruxelles, et ont choisi de statuer sur ce thème : Valorisa-tion des produits locaux, une alternative pour la sécurité alimentaire. L’objectif de ces assises est de sensibiliser les décideurs, les associations paysannes et d’agriculteurs, les professionnels de l’agriculture notamment sur les désavantages de l’importation, et l’importance de la promotion des produits locaux comme meilleure alternative pour la sécurité alimentaire.

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2.- Les différents discours du panel des officiels

A.- Propos du Manager du Bureau du CTA à Bruxelles, Madame Isolina Boto

En introduisant le 2e briefing sur le développement en Haïti, le Manager du Bureau du CTA à Bruxelles, Madame Isolina Boto, a d’entrée de jeu félicité le Ministère de l’Agriculture, la PROMODEV et les autres partenaires d’avoir embrassé l’idée de l’organisation de ces assises.

Dans une vidéo conférence préenregistrée, Iso-lina Boto s’est dit consciente des défis de l’agri-culture et du développement rural liés à la flam-bée des prix, la rareté des denrées, notamment dus au réchauffement climatique.

L’agriculture, selon Isolina Boto, reste un secteur stratégique en Haïti en terme de sécurité alimen-taire et d’emploi et contribue à plus de 25% dans le PIB. Elle est l’une des principales sources de revenus dans la zone rurale. En 2012, Haïti a exporté plus de 70% de produits traditionnels au détriment de sa production locale. Elle précise que cette situation découle d’une faiblesse de compétitivité sur les marchés locaux et régionaux mais aussi et surtout, des mesures injustes d’autres pays protégeant leur territoire et leur agriculture.

La responsable du Bureau du CTA à Bruxelles a tenu à souligner l’importance du partenariat du CTA dont le rôle est de répondre à une nécessite de production, et d’accroitre les revenus des agriculteurs. Tout en insistant sur la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité en Haïti, Isolina Boto souligne le taux de déforestation en Haïti qui représente un danger à l’agriculture. Elle a également mis l’accent sur l’identification des produits locaux et leur valorisation en prônant le changement des habi-tudes alimentaires des consommateurs.

Dans son plan stratégique actuel, le CTA vient en appui au renforcement des capacités, et aux organisa-tions de petits producteurs qui constituent la majorité de la production en Haïti. Selon Madame Boto, la valorisation de l’agriculture se révèle une grande opportunité pour les producteurs.

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B.- Discours du Président de la PROMODEV, Agr. Donnay Robert Viaud

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,

Chers amis, chers Compatriotes,

Aujourd’hui, j’éprouve un réel plaisir et un sentiment de satis-faction de vous recevoir au deuxième Briefing sur le dévelop-pement en Haïti. Encore une fois, il m’échet l’honneur de vous saluer et vous souhaiter la bienvenue á la deuxième séance de ce Briefing combien important pour renforcer le processus de Développement Durable en Haïti. Cette rencontre a pour thème “ Valorisation des produits locaux, une alternative pour la Sécurité alimentaire en Haïti”.

La production agricole est insuffisante pour subvenir aux besoins croissants de la population : avec, comme résultat, une tendance constante à la hausse des importations de produits alimentaires dont la contribution est passée de 44% à 46% de la disponibilité alimentaire de 2010 à 2011. Face à un tel constat, la PROMODEV se propose de promouvoir une agriculture durable et capable de satisfaire la demande relative à la consommation locale. Nous devons nous concentrer pour trouver des pistes de solutions à la crise de l’agriculture haïtienne.

Durant le premier briefing, nous nous sommes penchés sur des questions liées á la résilience agricole, spécialement dans un pays comme le nôtre où presque chaque année tout est á recommencer surtout avec la manifestation des catastrophes naturelles dans la Région. Nous avons conclu á travers les diffé-rentes interventions de nos spécialistes dans la matière, que renforcer la résilience est important non seulement pour protéger nos petits agriculteurs qui sont les plus vulnérables mais aussi pour assurer nourriture et sécurité alimentaire pour toute la population. Cela signifie procurer á temps et á un prix abordable, les intrants comme fertilisants, accès au crédit, des semences améliorées qui se récoltent vite afin de remplir nos greniers avant que revienne la saison des cyclones et surtout une saine et intelli-gente gestion des risques et désastres en vue de protéger les vies et les biens de nos concitoyens.

Aujourd’hui nous abordons un sujet important que nous considérons son corolaire obligé:” La Valorisa-tion des produits locaux, une alternative pour la Sécurité alimentaire en Haïti”. Ce thème n’est nouveau pour personne dans cette assemblée, car les medias, ces dernières années, en ont assuré une assez large diffusion, invitant nos concitoyens á consommer local.

Nous sommes réunis, aujourd’hui, pour continuer les débats en vue de valoriser nos produits locaux et rehausser leur importance dans la nutrition et la sécurité alimentaire en vue d’inverser cette situation de dépendance par rapport à la nourriture importée. Encore une fois, la PROMODEV souhaite la plus cor-diale bienvenue á tous nos invités. A nos panélistes, aux rapporteurs, aux modérateurs et aux différents spécialistes dans le domaine, une spéciale bienvenue. La PROMODEV salue aussi, avec grand respect, la présence des medias qui, encore une fois, ont répondu présents á notre rencontre. Nous reconnaissons votre pouvoir de changer et surtout d’influencer les politiques de nos gouvernements pour le bien-être de la population toute entière. Merci enfin á tous ceux qui, pour une raison ou une autre, n’ont pas pu payer de leur présence ici avec nous, mais qui, á travers les medias, nos blogs, facebook, twitter partici-peront dans la tranquillité de leurs maisons ou au travail, nous comptons sur vos critiques et recomman-dations pour servir notre patrie plus efficacement.

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C.- Discours du Directeur Général de l’INARA, Monsieur Bernard Ethéar

Je ne suis pas trop certain de mériter la qualité d’invité spécial à cet atelier, mais, puisque c’est fait, je vais en profiter pour dire un mot au sujet d’une petite campagne que je suis en train de mener à travers les medias auxquels j’ai accès.

Je dois cependant tout de suite signaler que ce n’est pas le Directeur Général de l’INARA qui parle mais le président de la FONHDILAC (Fondation Haïtienne pour le Développement Intégral Latino-Américain et Caraïbéen).

Au début du mois de février 2010, soit environ trois semaines après le choc du tremblement de terre, la FONHDILAC a publié un Plaidoyer pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne. Partant du constat que l’un des facteurs ayant permis au tremblement de terre d’être si meurtrier était la concentration, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, d’une population misérable, donc vivant dans des logements de fortune sur des terres impropres à l’habitation.

A partir de là, nous nous sommes dit que la priorité, dans la refondation du pays, devait être de com-battre cette situation, en commençant par freiner l’exode rural. Pour cela il faut agir sur les deux princi-paux facteurs à l’origine de l’exode vers Port-au-Prince :

• L’absence d’infrastructures de base et de services,

• Le manque d’opportunité d’emplois (chômage)

Nous avons donc proposé le développement, à travers le pays, de pôles de croissance-développement devant répondre à ces deux carences.

• Pour l’absence d’infrastructures de base et de services, il s’agirait de doter ces pôles d’équipe-ments dans les domaines

- de l’éducation : écoles, lycées voire universités ;

- de la santé : centres de soins d’urgence, dispensaires, hôpitaux ;

- de l’approvisionnement en services de base : eau, énergie, communication;

- de l’administration publique : complexes administratifs dignes de ce nom.

• Pour le manque d’opportunité d’emplois (chômage), il s’agirait de développer l’économie locale à partir des potentialités locales.

C’est sur ce dernier point que nous retrouvons la problématique de la Valorisation des produits locaux qui est l’objet de l’atelier d’aujourd’hui. En effet, la FONHDILAC veut bien proposer le développement des potentialités locales ; encore faudrait-il les identifier et là, nos moyens sont très limités pour ne pas dire inexistants. Nous étions donc acculés à jouer les opportunistes.

La première occasion qui nous fut offerte fut l’étude PNUD-MCI sur l’identification et la systématisation des produits locaux. Sans même nous concerter, des organisations membres de la FONHDILAC ont pris en charge l’organisation d’ateliers départementaux : HYDROTECH dans le Centre, CEHPAPE et FONDTAH dans l’Ouest (Petit Goâve et Port-au-Prince), et la FONHDILAC elle-même dans le Nord-Est. En dépit de toutes les faiblesses que l’on peut relever, je pense que le document final de cette enquête apporte de précieuses informations et peut servir de base pour travailler à la Valorisation des produits locaux dans

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la perspective de développer les pôles de croissance-développement auxquels la FONHDILAC tient tant.

C’est donc avec le plus grand intérêt que j’aurais aimé suivre les travaux de cette journée, malheureuse-ment le Directeur Général de l’INARA a une réunion de son Conseil de Direction justement aujourd’hui.

Bernard Ethéart

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D.- Discours du Secrétaire d’Etat à la Relance Agricole, Agr. Vernet Joseph

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs

Je voudrais d’entrer de jeu au nom du Ministre de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural et en mon nom personnel, présenter mes félicitations aux organisateurs de cette séance et en même temps mes remercie-ments à tous ceux et toutes celles ayant porté un intérêt particulier à venir y participer activement.

En effet, le choix du thème qui va être débattu au-jourd’hui : Valorisation des produits locaux, une alternative pour la sécurité alimentaire en Haïti ». vient à point nommé dans la mesure où il est en parfaite cohérence avec le Programme Trien-nal de Relance Agricole 2013-2016 du Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural, validé par l’Administration du Président Michel Joseph Martelly et du premier Ministre Laurent Salvador Lamothe.

J’en profite pour exprimer personnellement aux membres du Conseil d’Administration de la PROMODEV ainsi qu’à ceux de la Direction du CTA, tous mes compliments, pour avoir pensé réaliser cette rencontre.

Déjà je présume que les échanges et débats qui vont être animés au cours de cette large et prospère rencontre ne pourront qu’être fructueux et enrichissants.

Des perspectives de renforcer la tenue de telles assises cadrent profondément avec la vision partagée aujourd’hui, au sein du Ministère de l’Agriculture, en particulier :

· Celle de valoriser réellement les potentialités agricoles des différents départements géogra-phiques du pays ;

· Et celle de promouvoir, d’accompagner un développement rural de proximité, avec le concours incontournable de l’ensemble des parties prenantes telles : les organisations de producteurs, les entrepreneurs agricoles (petits et grands), les structures du Gouvernement, etc..

Aujourd’hui, le secteur agricole, faisant partie intégrante du commerce et donc de l’économie, apparaît, non seulement comme une réponse aux crises alimentaires actuelles, mais également comme un des piliers de développement économique du pays. Il y a de plus en plus, une véritable reconnaissance de la nécessité d’investir dans l’agriculture, largement exprimée d’ailleurs, à l’occasion des dernières réflexions à l’échelle nationale.

De par les richesses et potentialités dans ce domaine, et à travers des superficies cultivables dont dispose chacune des régions du pays, le secteur de l’agribusiness ne demande qu’à être valorisé et développé. Il s’agit là d’une perspective qui devrait toutefois privilégier l’approche « gagnant/gagnant et s’articuler autour d’une stratégie nationale cohérente pour ne parler que du cadre règlementaire des investisse-ments et du foncier par exemple.

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Aussi, terminerai-je mon allocution en partageant un adage malgache célèbre, qui me semble approprié au contexte qui nous réunit aujourd’hui,« réfléchir et échanger en groupe permet de déplacer les mon-tagnes».

Ainsi, sachons tirer avantage mutuel de ce rassemblement de personnalités des secteurs public et privé ainsi que de l’ensemble des parties prenantes clés, visant à collaborer au-delà des sensibilités, des préoc-cupations des desi deratas individuels, face aux enjeux de la sécurité alimentaire en Haïti.

Je souhaite ainsi, que cette table ronde aboutisse à des perspectives concrètes, à l’enrichissement des informations sur des questions clés liées à la croissance de la résilience du secteur agricole, des produc-teurs agricoles haïtiens petits et grands, à une meilleure compréhension des questions agricoles relatives à la valorisation des produits agricoles.

Le relèvement du secteur n’est pas uniquement l’affaire gouvernement, encore moins du Ministère de l’Agriculture, il nous concerne tous.

Mesdames et Messieurs, c’est dans cet esprit que je formule du plein succès à ce Briefing et je vous remercie de votre attention.

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3.- Compte-rendu des panels

3.1.- Compte rendu du premier panel

Le Panel 1 du Briefing était constitué de :

• Garry Mathieu de la CNSA, sous thème: Produits locaux contribuant a la sécurité alimentaire : état des lieux et perspectives

• Yvens Philizaire, Professeur à la FAMV, sous thème: Habitudes alimentaires et mise en valeur des pro-duits locaux des différentes régions d’Haïti

• Dr. Joseline Marhonne Pierre, Directrice Nutrition du MSPP, sous thème: La valorisation de produits locaux important pour la nutrition et la sécurité alimentaire

• Tiziana Zoccheddu, PAM, sous thème: Les achats locaux du Programme Alimentaire Mondial des Na-tions Unies (PAM) en Haïti

Plusieurs spécialistes ont pris part à cette rencontre tenue le 2 juillet 2013 à l’hôtel Le Plaza au Champs de Mars. Divisés en panels, ils ont intervenu sur différents points essentiels du secteur agricole ainsi que les problèmes qui y sont liés.

De gauche à droite: Clarens Renois, Gary Mathieu, Joseline Marhonne Pierre, Tiziana Zoccheddu, Yvens Philizaire.

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Produits locaux contribuant à la sécurité alimentaire : état des lieux et perspectives, Agr. Garry Mathieu de la CNSA.

Intervenant dans le premier panel sur le sujet «Produits locaux contribuant a la sécurité alimentaire: état des lieux et perspec-tives», le Coordonnateur de la CNSA l’agronome Gary Mathieu a fait savoir que le taux de croissance de l’agriculture est inferieur à 1%, et que la diminution de l’accès aux aliments locaux consti-tue 60% de déficits de la disponibilité alimentaire en Haïti. Le secteur agricole est souvent frappé par les aléas climatiques causant la perte de cultures et la baisse des revenus saisonniers, ce qui occasionne une grave insécurité alimentaire notamment dans les zones à risque souligne l’agronome Mathieu.

Il indique par ailleurs que l’insécurité alimentaire marche de pair avec la pauvreté et que la seule façon d’y remédier est de stabi-liser le secteur. La stabilité du secteur agricole est le pilier de la sécurité alimentaire a fait valoir l’agronome Mathieu qui souligne l’importance de la proposition faite par le Venezuela à certains pays bénéficiaires du programme Petro caribe, d’exporter des produits agricoles vers le Venezuela en contrepartie de la dette du programme Petro caribe. Pour lui cette proposition doit être vue comme une opportunité.

La valorisation des produits locaux, un facteur important pour la nutrition et la securité alimen-taire, Dr. Joseline Marhonne-Pierre.

Le Docteur Joseline Marhonne Pierre, directrice de nutrition du MSPP qui intervenait sur : La valorisation de produits locaux im-portant pour la nutrition et la sécurité alimentaire a, d’entrée de jeu, souligné l’importance de l’agriculture dans la nutrition, rappelant que «si l’agriculture ne s’assume pas nous ne pour-rons pas manger». Elle a souligné les conséquences graves de la négligence de l’agriculture sur la santé.

Une carence en nutrition occasionne des maladies telle l’ané-mie, l’insuffisance pondérale, malnutrition chronique et des maladies mortelles selon la spécialiste en nutrition qui indique que l’agriculture compense les besoins en nutrition, améliorent la croissance physique, le développement mental et le poten-tiel du capital humain.

En effet, s’il faut présenter chacun des termes, on dira que la sécurité alimentaire existe lorsque tous les individus, à tout moment, ont un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Alors que la nutrition se résume, en un rapport d’équilibre entre l’apport alimentaire de qualité, en quantité nécessaire et la satisfaction des besoins journaliers de l’organisme à travers l’utilisa-tion biologique des nutriments contenus dans les aliments ingérés.

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En 2012, Andersen Pinstrup a montré qu’un système alimentaire est bâti sur les différents niveaux suivants : les ressources naturelles et intrants, la production primaire, le transport, l’entreposage, les échanges, la transformation, le transport, l’entreposage, les échanges, la consommation, la nutrition et la santé.

La Faim et la malnutrition est le résultat d’une interaction négative entre :

a- Une production agricole insuffisante qui entraine : une diminution de la disponibilité de nourri-ture à cause d’un secteur agricole en crise, le faible revenu des producteurs, un manque de poli-tique et d’investissement agricole, des intérêts élevés des financements agricoles et une faible productivité ;

b- Une diminution de la consommation alimentaire due à : un manque d’activités génératrices de revenus, un manque d’emplois, des bas niveaux de salaires et une concentration des revenus ;

c- Une utilisation inadéquate des aliments par manque de revenus de l’Etat, une réduction de bud-gets « programmes», une dépendance a l’aide externe et une dégradation des services de base et des infrastructures.

La conséquence de cette situation sur la population se traduit par la malnutrition chronique: retard de croissance linéaire sur une longue période de temps conséquence, Malnutrition aigue globale: amai-grissement rapide et récent, une déficience en micronutriments, spécialement Vitamine A entre 0.12 et 0.8, le fer acide folique, iode entre 13 a 49% et le zinc. De plus, il faut souligner que la malnutrition commence très tôt, dans la fenêtre d’opportunité encore appelée période des 1000 premiers jours, qui se situe de la conception à 23 mois après la naissance. Elle a été identifiée au niveau national avec une prévalence plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain.

En conséquence, la malnutrition entraîne la mort ou est à l’origine des maladies qui réduisent la produc-tivité. Elle est responsable de près de 15% des pertes totales d’années de vie dans les pays ayant une mortalité infantile élevée. Elle est directement ou indirectement associée à près de 60% de tous les cas de mortalité infantile. Les enfants souffrant d’insuffisance pondérale modérée ont 2 fois plus de risques de mourir que les enfants bien nourris. La malnutrition implique des coûts élevés en termes de dépenses budgétaires accrues et de pertes de PIB.

Aussi, les coûts économiques de la malnutrition sont considérables et les atteintes subies dans les pre-mières années de vie sont permanentes avec pour conséquences une perte de productivité individuelle estimée à plus de 10 % des gains de toute une vie et une perte de produit intérieur brut (PIB) atteignant 2 à 3%. La malnutrition coute très chère au pays et est responsable d’une perte de productivité évaluée à 727 millions d’heures de travail équivalant à 6,428 millions de Gdes ou 263 millions de USD ; une perte de productivité de l’ordre de 14% du PIB soit un total de 525,3 millions USD ; et une perte scolaire de 1.5 années de moins que la population normale ce qui équivaut à 6,408 millions Gdes ou 262 millions USD. (Sources: Behrman et al. 2004, Banque Mondiale, 2006)

De plus une étude du Coût de la Faim réalisée en 2009 par le Ministère de la Santé Publique et de la Population avec l’assistance technique de CEPAL et l’appui financier du Programme Alimentaire Mondial montre que le coût potentiel en perte de productivité chez les <4 ans est évalué à 3,273 heures de tra-vail soit 1, 453 millions de HTG ou 60 millions de USD ; la fréquentation scolaire diminuée de 1,3 années soit 2,105 millions de Gdes ou 86 millions USD ; la malnutrition chronique au cours des 1000 1er jours conduit à une faible productivité économique et des gains réduits à l’âge adulte (Etude Coût de la Faim MSPP/PAM/CEPAL/Haïti 2009).

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A la lumière de ces informations, nous devons reconnaitre que la malnutrition coûte trop chère à notre pays, voila pourquoi il nous est urgent d’agir. Cet important résultat peut être obtenu par la pratique de certaines habitudes simples, pratiques, utiles, positives mais négligées ou perdues. L’exposition à une bonne nutrition pendant les 2 premières années de vie provoque une augmentation de US$0,67 par heure, l’équivalent d’une augmentation de 46% du gain moyen à l’âge adulte Investir dans la nutrition des enfants sauve 1 million de vie chaque année et augmente le PIB par 2-3%. (Statut des OMD rapporté dans les analyses existantes en Haïti, Source PNUD). Chaque USD 1 investit en Nutrition rapporte à terme USD 15, l’un des taux les plus élevés selon le Consensus de Copenhague en 2012. En effet, toute amélioration de la nutrition entraînera une augmentation de la productivité et de la croissance éco-nomique. De plus, les rendements de ces programmes dépassent largement leurs coûts et relèvent beaucoup plus du domaine économique que du social ou des droits humains. (Sources: Behrman et al. 2004, Banque Mondiale, 2006).

Fort de cela, la réponse à long terme proposée se traduit par une «Agriculture de Santé Publique», ce concept haïtien novateur, incontournable, capable de répondre aux problèmes nutritionnels chro-niques » et qui doit viser les bénéficiaires surtout au cours de la fenêtre d’opportunité, est basée sur : 1) une agriculture de résilience qui permet de renforcer la culture des racines et tubercules à haute teneur en micro nutriments, ceci à cause de la fragilité de certaines autres cultures par rapport aux catastrophes naturelles, 2) la promotion de Moringa/Benzolive/Doliv , 3) la bio fortification, 4) les modes de produc-tion sains, 5) un programme d’éducation nutritionnelle, 6) le développement des filières sensibles aux besoins nutritionnels, 7) les programmes intégrant l’agriculture, la santé et la nutrition, 8) des politiques communes pour l’agriculture, la santé et la nutrition.

Cette « Agriculture de Santé Publique » doit se faire à travers : a) la promotion de plantes à haute valeur nutritive et faciles à cultiver ; b) le développement du petit élevage ; c) la mise en valeur des produits locaux et l’amélioration de leur valeur nutritionnelle ; d) les bonnes pratiques d’hygiène, de conservation et de préparation des aliments tout en améliorant la salubrité et l’innocuité des aliments et en luttant contre les maladies transmissibles par l’eau. Ceci permettra de diminuer l’incidence des zoonoses, d’éli-miner les risques de l’activité agricole pour la santé et de minimiser l’apparition de résistances aux pesti-cides chez les ennemis des cultures.

La nutrition devrait jouer un rôle plus important dans les politiques régissant l’activité agricole, qui doit fournir de façon durable, non seulement davantage d’aliments, mais aussi des aliments sains et béné-fiques pour la santé. Pour cela, les marchés publics nationaux doivent lier les enjeux de la santé, de l’environnement et des systèmes de production agricole selon une publication de lang en 2006. La pré-paration domestique des aliments conservant la biodisponibilité des micronutriments à travers le décor-ticage, le rôtissage, le séchage, la cuisson, la préparation de farines de sevrage, la production de farine, un élément de la conservation et de la transformation et la fermentation d’une part; et d’autre part, la llittérature nutritionnelle des ménages paysans intégrant les démonstrations de méthodes de prépara-tion domestique des aliments, les conseils d’hygiène et de salubrité, développant des recettes locales à base de produits locaux, et enfin introduisant de façon l’alimentation complémentaire du nourrisson.

Ainsi, les investissements dans la nutrition durant l’enfance peuvent et doivent être des moteurs de la croissance économique à long terme. Ils doivent permettre de lutter contre les crises ou problèmes socio-culturels, d’agir sur la situation socio économique, de contrôler le multiculturalisme et de lutter contre l’acculturation. L’absence de liens entre les niveaux de gouvernance globale, régionale, nationale, locale et les tendances économiques globales favorisent la co-existence de la surnutrition et de la sous-

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nutrition, car la destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent. Physiologie du gout (1825)

Les achats locaux du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) en Haïti , Tiziana Zoccheddu.

Le Programme Alimentaire Mondiale a été re-présenté à ce briefing par Tiziana Zocchedu. ‘‘Les achats locaux du programme alimentaire mondiale des nations unies’’ est le sujet sur lequel elle intervenait, rappelant la mission du PAM qui est de combattre la faim dans le monde. Elle a souligné son étroite collaboration avec le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la faim en Haïti et son aide aux agriculteurs.

Le PAM achète les produits locaux depuis 2009 en Haïti en vue de venir en aide aux organisa-tions paysannes, renforcer leur capacité et per-mettre au gouvernement de soutenir techni-quement des institutions comme le Programme National des Cantines Scolaires PNCS, indique madame Zocchedu. En achetant les produits locaux, le PAM connecte les producteurs au marché institutionnel, poursuit-elle.

Le PAM entend continuer à acheter les produits locaux en vue de renforcer l’agriculture et permettre au gouvernement d’aboutir a une stratégie nationale de l’agriculture, car dit elle les achats locaux est un instrument clé pour booster l’agriculture.

Les habitudes alimentaires en Haïti, Agr. Philizaire Yvens

En dernier lieu, le professeur Yvens Philizaire a abor-dé le sujet relatif aux « Habitudes alimentaires » et mise en valeur des produits locaux des différentes régions d’Haïti. Pour le professeur, la façon de man-ger est un outil d’identification des peuples. Le mode d’alimentation est typique à chaque peuple, autant comprendre l’importance de l’agriculture dans l’ali-mentation haïtienne.

Le professeur a déploré l’acculturation qui entache la société haïtienne en matière de nutrition eu égard aux préjugés selon lesquels certains produits agricoles sont considérés comme inferieurs à d’autres. Il a fait valoir que les produits locaux se trouvent rarement dans les assiettes haïtiennes ce qui s’explique égale-ment par notre acculturation sur le plan alimentaire.

Il présente les produits locaux en fonction de chaque région du pays soulignant leur importance dans

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notre alimentation. Divisés en 3 groupes : les aliments prédominent en fonction de la région. Ce sont les aliments énergétiques (amylacées), protecteurs (vitamines, éléments minéraux) et enfin constructeurs (légumineux).

Selon le professeur Yvens Philizaire il y a un immense défi à relever en vue de sensibiliser la population haïtienne sur la nécessité de consommer les produits locaux.

Il y a plusieurs définitions de la culture mais, en analysant n’importe laquelle, on verra que les habitudes alimentaires font partie intégrante du patrimoine culturel des peuples. Elles ont été acquises par un long processus d’éducation non conventionnel. La façon de manger est transmis à l’enfant et peut être un outil d’identification des peuples: Par exemple, les restaurants indiens et chinois. Quand on dit que l’on va manger créole : combinaison logique des ingrédients pour avoir un plat créole.

En Haïti, la prise ou non des repas et le nombre sont déterminés par les facteurs économiques et peuvent facilement indiquer dans quelle tranche de la population qu’on se trouve. Quant à la composition du repas c’est le goût et la disponibilité suivant les saisons qui vont être déterminant. L’analyse de la compo-sition des plats dans les trois repas a permis de présenter ce tableau pour les trois repas:

Tableau 1 : composition des plats suivants les repas

Les

met

s

Les repas

No Déjeuner Diner Souper

1 Pain + fromage Riz ou autre céréale Spaghetti

2 Pain +figue banane + œuf Riz ou autre céréale + pois Purée

3 Pain +œufs + jus Riz ou autre céréale + pois + (sauce hareng ou viande, lé-gume)

Barbecue

4 Pain (manba, beure) + café (lait) Vivre (banane, igname, patate, lame) + sauce

Chocolat + pain

5 Pain (manba, beure) + Ak-100 Bouillon de pois Bouillie

6 Pain (manba, beure) + Chocolat Bouillon Bouillon

7 Patté (eau, boisson gazeuse, jus) Frite

8 Spaghetti (hareng, hot dog, œufs) + jus

9 Frite (beignet, lame, banane, viande, poule)

10 Maïs

11 Maïs + sauce (hareng, viande, poisson)

12 Maïs ou riz au potage

13 Vivres ( foie, œufs, sauce)

14 Soupe de pain au potage

15 Soupe de giraumont

16 Bouillon

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Il en ressort que la plupart des aliments se consomment à n’importe quelle heure de la journée ou du moins il n’y a pas des aliments strictement réservés à un repas. Certains fruits et boissons ne sont pas consommés le soir sans que les causes réelles soient connues et d’autres aliments ont une image posi-tive aux yeux des Haïtiens : le lait, l’arachide, le fruit de la passion et le lambi. La composition des repas montre qu’on est en présence d’un grand changement dans les habitudes alimentaires : le riz a détrôné les vivres. C’est peut-être ce qui explique l’apparition en Haïti de certaines maladies qu’on ne connaissait pas avant.

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3.2.- Compte-rendu du deuxième panel

‘‘Valorisation des ressources locales : stratégies de développement économique’’, est le sous-thème traité dans le panel 2 qui comprenait six intervenants et six sujets différents:

• Gary Paul, Agro-Economiste, sous-thème: Consommation des produits alimentaires locaux: quelle contribution économique?

• Dr. Jean André Victor, Agro-Eco touriste / Président de l’’AHDEN , sous-thème: Valorisation des pro-duits locaux et développement durable

• Lidwine Hyppolite, Agro-Economiste / Expert en Transformations des produits agricoles et Gestion des opérations agricoles, sous-thème: Le Rôle des Femmes dans le processus de valorisation des pro-duits agricoles locaux versus commercialisation

• Jean Marc Ewald, REBO.SA , sous-thème: Accès au marché et commercialisation de produits agri-coles: Valorisation d’initiatives de producteurs, expériences de REBO avec le café

• Arthur Jovial Bonicet,Ing-Agr./ specialiste en technologie post-recolte, sous-thème: Insécurité ali-mentaire en Haïti, comment trouver des solutions durables?

• Yanick D’AMOUR, Economiste , sous-thème: Valorisation des produits agricoles, importance écono-mique: Stratégies et perspectives

Il est à noter que les produits alimentaires sont une combinaison de l’agriculture, l’agro-alimentation et l’industrie, donc une combinaison des secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Le secteur agricole qui commençait à chuter en 1987 avec la libéralisation du marché, représente 25 % du PIB. Depuis lors on assistait à la disparition de nos principales industries et les produits haïtiens pour la consommation se font rares et nous sommes envahis par les produits étrangers. Un appel est donc lancé pour valoriser ce qui est nôtre, mais qu’est-ce que cela veut dire : valoriser les produits locaux?

De Gauche à Gauche: Yanick D’Amour, Gary Paul, Lidwine Hyppolite, Jean André Victor, Jean Marc Ewald, Arthur Jovial Bonicet

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Selon l’Agronome Jean André Victor, valoriser veut dire : bien coter dans l’échelle de nos valeurs. Il y a aussi l’amour, le respect, la protection dans un processus de valorisation. Donc, valoriser c’est aimer, c’est respecter et faire respecter, c’est protéger. On valorise pour vivre mieux, pour gagner plus d’argent etc. Il croit aussi qu’on doit valoriser tout ce que Dieu et l’homme ont fait, tout ce qui a la vie et tout ce qui n’en a pas. D’ailleurs, le fait de ne pas respecter ce principe fait que nous sommes à l’origine de nos propres problèmes. Pour bien valoriser il faut consommer d’abord, mais ça ne suffit pas, il nous faut des lois régissant le secteur et le contrôle de la qualité des produits, faire l’éducation des gens sur leur valeur nutritionnelle etc. Nous devons nous valoriser nous-mêmes, notre pays, a souligné le Docteur Victor, afin de voir la concrétisation des sept M suivants : ‘‘Malsite kaba, Mizè fini, Malarya bese, Manti fè bak, Maldyòk vole gagè, Madichon kanpe lwen epi Mirak tribò babò’’.

Il faut dire que la femme joue un rôle extraordinaire dans ce processus, soit dans la production ou dans la transformation ou dans la commercialisation des produits. Ce sont de bonnes gestionnaires d’ailleurs, elles tiennent à promouvoir, à encourager, à consommer ces produits et veillent à l’accessibilité et la disponibilité dans les ménages.

Les trois piliers de la sécurité alimentaire sont : la disponibilité, l’accès et l’utilisation. Le nombre de per-sonnes à nourrir augmente, alors que notre production baisse, quel contraste ! Qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut délimiter et respecter les aires agricoles, définir un plan d’aménagement du territoire, rapatrier les professionnels de l’agriculture formés à l’Université d’Etat d’Haïti pour mettre leur service au profit de la relance agricole.

En Haïti, 60 % de la population dépendent du secteur agricole et de plus en plus les habitudes alimen-taires tendent à changer, ce qui provoque un gaspillage des produits dans certains cas, alors que la quan-tité produite n’est même pas suffisante en réalité pour nourrir la population. On se plaint le fait que notre système n’est pas modernisé, on ne peut conserver les récoltes, les transformer ou même les transporter avec facilité. Dans ce cas, il faut opter pour une agriculture biologique, désenclaver les zones de produc-tion, améliorer ou créer d’autres systèmes d’irrigation, intensifier l’encadrement des agriculteurs par des agronomes, apprendre aux paysans comment stocker et valoriser leurs produits et surtout persuader les gens à retourner aux anciennes habitudes alimentaires qui sont les meilleures pour être bien nourris. C’est alors que nous éviterons certaines maladies, fréquentes aujourd’hui, mais que nous ne connais-sions pas tellement dans le temps : le cancer, le fibrome, l’hypertension, la glycémie… Parce que juste-ment les produits importés que nous consommons de nos jours sont bourrés de produits chimiques pour la conservation, tandis que nous laissons de côté nos produits naturels.

Insécurité alimentaire en Haïti, comment trouver des solutions durables, Arthur J. Bonicet

Quand les humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture saine et suffisante on dit qu’ils sont en situation de sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire est garantie par la disponibilité (pro-duction, distribution et échange), l’accès (pouvoir d’achat, préférence et proximité) et l’utilisation (Valeur nutrition-nelle, considération sociale & Qualité) rationnelle des res-sources. Globalement la sécurité alimentaire est menacée par l’accroissement continu des populations, l’urbanisa-

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tion, les changements climatiques et les changements de mode de vie. En Haïti, l’insécurité alimentaire est aggravée par un très faible niveau d’investissement dans le secteur agricole, l’émiettement des sur-faces agricoles, l’abandon du métier d’agriculteur, la diminution de la productivité des sols (érosion), faible exploitation des ressources de l’élevage de la pèche et des forets, des pertes post-récoltes trop élevées et du manque d’emploi pour absorber la main d’oeuvre. Pour garantir la sécurité alimentaire en Haïti, il faut :

· renforcer les productions agricoles par la structuration des entreprises agricoles ;

· garantir l’accès aux aliments pour tous ;

· regrouper les petits producteurs en coopératives de production ;

· sécuriser les aires destinées à la production agricole ;

· renforcer les infrastructures rurales pour une bonne distribution des denrées ;

· améliorer les systèmes de manipulation post-récoltes pour en réduire les pertes ;

· inciter les entreprises agro-alimentaires de transformation ;

· valoriser les ressources humaines et matérielles de manière optimale ;

· changer les habitudes alimentaires basées sur le modèle occidental ;

· créer des emplois dans tous les secteurs ;

· appliquer des barrières douanières sur certains produits, afin de protéger les productions lo-cales.

Rôles de la femme dans la production, la commercialisation et la transformation des produits agri-coles, Lidwine Hyppolite

A travers le monde, les sociétés ont assigné certains rôles à jouer et cer-taines tâches spécifiques à accomplir aux femmes et aux hommes. Ces constructions sociales ne sont pas immuables et sont dépendantes de l’époque, du contexte culturel, de la géographie, l’âge et le sexe de l’être humain. Contrairement au genre, le sexe est biologique et ne change qu’avec intervention chirurgicale.

En Haïti, la société a assigné aux femmes les tâches ménagères et autres tâches qui réclament de moindre force physique et de capacité intellec-tuelle. Les femmes sont en général moins rémunérées que les hommes; mêmes si les femmes arrivent à effectuer la même tâche que les hommes et ceci même au sein d’un même établissement. Dans l’agriculture par exemple les femmes font le semis et la récolte des denrées agricoles pendant que les hommes s’occupent du labourage et du sarclage réclamant une plus grande force physique et les hommes sont alors mieux rémunérés. D’une manière générale, les femmes sont payées 75% du salaire de l’homme dans le cadre du semis des semences et de la récolte des produits agricoles.

De plus, les femmes haïtiennes sont très présentes dans les activités post-récoltes notamment le triage, le lavage et le vannage des produits agricoles. Elles sont également présentes dans la transformation des

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produits dérivés de produits agricoles comme la cassave dérivée du manioc, des gelées, confiture, mar-melade et farine en vue de réduire les pertes post-récoltes, préserver et conserver des produits agricoles et augmenter leur valeur ajoutée. Les dames saras, vendeuses et revendeuses jouent un rôle détermi-nant dans la distribution et la commercialisation des produits agricoles.

Sachant que tout être vivant a besoin de la nourriture pour vivre et le corps humain a besoin d’une bonne alimentation équilibrée pour sa croissance et son bon développement, d’où la nécessité de consommer une bonne alimentation équilibrée pour diminuer les risques de problèmes sanitaires liés à la carence de consommation de produits alimentaires nutritifs. La disponibilité et l’accessibilité de la population aux produits alimentaires contribuerait à réduire les conflits sociaux liés à l’insécurité alimentaire.

Les statistiques de base révèlent que la production haïtienne est si basse qu’elle n’arrive pas à nour-rir les résidents en Haïti. Il faut dire que tout gouvernement a la responsabilité de travailler pour une production nationale en qualité et en quantité et que tout pays a le droit sacré de l’auto déterminisme alimentaire. D’où la nécessité impérative de promouvoir la production nationale, diminuer les pertes post-récoltes, conserver, préserver et transformer le surplus des produits agricoles périssables durant les périodes de récolte, encourager la consommation des produits locaux et de stimuler la contribution active des femmes pour une meilleure sécurité alimentaire en Haïti.

Valorisation des produits agricoles, importance économique: Stratégies et perspectives, Yanick D’AMOUR, Economiste

La valeur d’un bien est déterminée par son utilité pour le consom-mateur, mais aussi par le travail qui y est incorporé, ainsi que son coût de production. Le prix est la mesure de cette Valeur. En Haïti, en dépit de la rigueur des conditions d’exploitation, de la faible productivité due en partie au nombre excessif de popu-lation impliqué dans le secteur (60% de la population active), de la baisse croissante dans le PIB, le secteur agricole reste le plus productif (25% du PIB). La production est insuffisante pour répondre aux besoins de consommation de la population et le poids des importations de produits agricoles dans notre balance commerciale est significatif du degré de dépendance du pays par rapport à l’extérieur. Les effets de ces importations sont tels que les habitudes de consommation de la population se sont complètement modifiées.

Un renversement de la situation semble être la piste à explorer pour éviter d’atteindre le point de non retour qui se profile à l’horizon. Comment y parvenir ?

Il faut :

· Augmenter la production agricole

· Opter pour une agriculture chimique ou biologique

· Désenclaver les zones de production

· Améliorer et/ ou créer d’autres systèmes d’irrigation

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· Revenir à l’encadrement des agriculteurs par les agronomes de district

· Apprendre aux paysans comment stocker et conserver leurs productions

Augmenter la production agricole,

Ce qui implique un certain nombre de dispositions à prendre. Une des entraves à la croissance de la pro-duction agricole est le morcellement excessif des terres exacerbées par le système d’héritage en vigueur. Il faudrait de préférence procéder à un remembrement des terres de manière à ce que la production devienne rentable même pour les petits propriétaires. La mise en œuvre peut faire l’objet de débat afin de trouver la meilleure formule à appliquer.

Opter pour une agriculture chimique ou biologique

De mon point de vue l’agriculture biologique serait l’option à retenir. Mais, il serait également nécessaire de créer à l’intention des producteurs des filières de commercialisation tant nationales qu’internatio-nales dont les retombées leur seraient avantageuses directement.

Désenclaver les zones de production

Un des obstacles à la production agricole est le problème d’enclavement de certaines zones agricoles, il n’y a pas de route de pénétration qui débouche sur les lieux d’écoulement de la production. Les paysans ne sont pas incités à produire et ne parviennent à tirer un revenu suffisant de leurs productions.

Améliorer et/ ou créer d’autres systèmes d’irrigation

La construction de nouveaux systèmes d’irrigation doit être une des préoccupations des responsables s’ils veulent encourager la production agricole. Cependant là ou les points d’eau n’existent pas ou dont le débit est trop faible, procéder à l’exploitation des eaux souterraines.

Intensifier l’encadrement des agriculteurs par les agronomes

A l’occasion d’une expérience de travail avec la faculté d’agronomie de l’université Notre Dame aux Cayes, à travers tout le département les paysans avaient signalé que ce genre d’encadrement leur faisait défaut car, il leur manquait l’expertise nécessaire dans certains domaines de la production.

Apprendre aux paysans comment stocker et conserver leurs productions

Les paysans ne disposent d’aucune installation pour stocker et conserver leurs productions qui sont ex-posées à toutes sortes d’aléas naturels ou provoqués.

La valorisation économique de la production c’est-à-dire en termes d’accroissement du revenu des pay-sans ne peut être possible que sous certaines conditions notamment :

· Uniformisation à travers le pays des unités de mesure des denrées agricoles

· Organisation des séminaires pour les groupements paysans afin de leur apprendre à calculer avec des méthodes simples leur coût de production et d’évaluer les prix.

· Obliger les organismes non gouvernementaux à travailler en étroite collaboration avec les res-ponsables afin d’éviter des duplications.

· Constituer des coopératives de commercialisation en impliquant les producteurs eux-mêmes.

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· Vulgariser par la radio, la télévision, la qualité nutritive et économique des denrées agricoles à l’instar de «manman doudou».

· Organiser des séances d’éducation afin d’alphabétiser ces paysans pour qu’ils acquièrent le mini-mum susceptible de faciliter leur insertion rapide dans la vie économique.

La baisse de la productivité entraine une paupérisation croissante de la population rurale, ce qui a pour corollaire l’exode massif de la population vers la ville la plus proche, puis vers la capitale à la recherche d’un mieux être. Ce qu’il n’atteint pas toujours, au contraire, la situation du migrant se trouve le plus sou-vent aggravé. Il glisse vers la mendicité, la délinquance. Or les pouvoirs publics se doivent de trouver le moyen de sédentariser la population dans son milieu d’origine. Pour ce faire, il faut qu’il soit pris en main et qu’on lui crée un environnement devant lui permettre d’assurer sa survie.

La régénérescence de l’agriculture ne contribuera pas seulement à améliorer les conditions d’existence du petit paysan, elle participera à un regain d’activités des autres secteurs et attirera dans la zone agri-cole d’autres types d’occupations. Des agro industries qui constitueront le prolongement des productions agricoles existantes pourront trouver le contexte idéal pour éclore. Un milieu qui dégage un revenu suf-fisant devient détenteur de pouvoir d’achat pour d’autres produits, l’habitat s’en trouvera relancer, les jeunes seront en mesure d’acquérir l’éducation et d’autres catégories d’entreprises feront leur apparition et la vie naitra car la valeur ajoutée sera l’affaire de tous.

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3.3.- Compte-rendu du troisième panel

Le Panel 3 du Briefing était constitué de :

M. Jacob Jean-François, Directeur Exécutif de l’ANATRAF traitant le sous-thème : Commercialiser les pro-duits locaux : Circuits courts et circuits longs

M. David Nicolas, ancien ministre de l’Agriculture, sous-thème : Expériences de valorisation de la filière en Haïti

Garry Jérôme, représentant d’IICA, sous-thème : Projet d’augmentation de la production des racines et tubercules dans la Caraïbe : Expériences et leçons apprises

M. Moncher Élan de l’association ACOD, sous-thème : Piment piqué et sécurité alimentaire, alternatives de valorisation en Haïti

Agr. Yvens Philizaire, Professeur à la FAMV, sous-thème : Développement post-récolte, une opportunité de marché

De gauche à Droite: Moncher Élan, Yvens Philizaire, Garry Jérôme, David Nicolas, Président d’une Fédération d’une Organisation de café à Baptiste et Jacob Jean-François.

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Commercialiser les produits locaux : Circuits courts et circuits longs, Jacob Eliezer Jonas Jean-François

Selon M. Jacob Jean-François, pour la commercialisa-tion des produits locaux, il y a deux chemins : circuits courts et circuits longs. Le circuit court qui permet au producteur d’atteindre plus rapidement le consom-mateur. Tandis que le circuit long consiste la vente en rayon dans les grandes et moyennes surfaces, la vente aux grossistes et reventes à des commerçants détaillants.

D’après lui, les impacts des catastrophes naturelles qui ont frappé le pays ces dix dernières années ont une conséquence grave sur le secteur agricole où des dizaines de millions de dollars de perte ont été enre-gistrés. Ce qui provoque systématique une insécurité alimentaire acérée ou modérée au sein de la famille haïtienne.

On entend par commercialiser, mettre un produit. Dans son sens le plus large, un produit est le résultat d’une activité humaine : en général un bien ou service.

En effet, deux groupes d’itinéraire sont utilisés pour la mise sur le marché de produit : Un circuit (par-cours) long et un circuit (parcours) court.

Le circuit court est un mode de commercialisation avec un intermédiaire au maximum, entre le produc-teur et le consommateur. Alors que le circuit long est un mode de commercialisation avec plus d’un intermédiaire entre le producteur et le consommateur.

Dans le cas de ce briefing, la commercialisation concerne exclusivement les produits issus des activi-tés agricoles. Mais avant d’expliciter les concepts de circuit long et court, voyons d’abord la situation agricole de la République d’Haïti. En effet, c’est un pays très vulnérable aux menaces naturelles et sans défense contre les fluctuations des prix ; son environnement est très détérioré et aggrave les risques naturels ainsi que les inondations et sécheresse ; faibles investissements publics et privés ; compétitivité accrue ; et absence de services sociaux de base en milieu rural.

Face à une telle situation, le circuit court se révèle une approche à adopter, compte tenu du fait qu’elle fait appel à moins et même aucun intermédiaire.

Le circuit court présente deux (2) critères d’achat en croissance que sont l’origine et la traçabilité. Il faut citer la proximité entre le producteur et le consommateur qui favorise un lien de confiance grâce à la relation, au partage des valeurs et à la connaissance mutuelle. Il est également un potentiel de dévelop-pement.

Dans le cadre de notre proposition d’un Programme National pour l’Alimentation, le circuit court est une possibilité de promotion pour une alimentation saine, diversifiée, équilibrée, accessible à tous et issue d’un mode de production durable.

En ce qui concerne le circuit long, il peut être développé en parallèle en mettant un accent particulier sur

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les ventes en rayon dans les grandes et moyennes surfaces. Un regard particulier sur les grossistes et la revente à des commerçants détaillants devrait être exigé . Enfin, retrouver un mécanisme pour accroitre l’autosuffisance alimentaire, afin de déboucher sur une exportation massive.

Les défis à relever pour atteindre ces objectifs sont surtout :

- Etablir des données technico-économiques actualisées ;

- Elaborer, grâce au SIG, un système de localisation des producteurs par produits ;

- Déterminer les impacts économiques et environnementaux des circuits à adopter ;

- Mettre l’emphase sur la question de la gouvernance alimentaire.

Valorisation de la filière du café, une expérience de ICEF-DA à Baptiste, David Nicolas

L’ancien ministre de l’Agriculture a étalé sans ambages les expériences de valorisation de la filière caféière qui a été touchée par la crise internationale du café en 2000, en raison d’une nouvelle formule d’achat du produit enregistrée à l’époque.

Des expériences de vie associative ont permis de revalo-riser la filière caféière et améliorer du même coup le prix du café avec le temps. Toutefois, il souligne un manque à gagner en termes d’appui à la production caféière, un déficit d’investissement dans les infrastructures de café, la faiblesse de structuration et l’absence d’une politique y relative.

Depuis le début du XXème siècle, la production caféière a amorcé son déclin en raison de l’évolution négative des systèmes agraires sous l’influence des contraintes diverses, notamment l’augmentation de la pres-sion démographique sur les zones cultivées et les fluctuations du coût du café.

Cette situation oblige la plupart des agriculteurs à ajuster leurs assolements en fonction des besoins de leurs familles, par la réduction des espaces boisés caféiers, au profit du vivrier.

Cette tendance, qui a duré pendant près d’un siècle, s’est aggravée vers la fin des années 80 avec le départ du pouvoir des Duvalier. En effet, l’agitation politique créée par cet événement ainsi que le climat d’insécurité qu’elle a engendré, ont entrainé une désorganisation de la filière du café ainsi que la désta-bilisation des circuits de commercialisation.

La filière s’est restructurée avec de nouveaux agents : spéculateurs dominicains massés sur la frontière, voltigeuses haïtiennes. Cependant, on observe une dévalorisation du produit, des fluctuations énormes du prix ainsi que le développement des rapports sociaux peu favorables aux producteurs de café de Baptiste.

A cette situation déjà précaire, vient s’ajouter une situation de crise internationale du café. Selon les experts, le début de la décennie 2000 correspond à ue période où les cours du café n’avaient pas été aussi bas depuis 32 ans. Cette période correspond également à l’entrée en scène du Vietnam dont la superficie cultivée en café passait de 155,000 ha à 555.000 ha.

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Les conséquences de cette situation ont été fatales pour les producteurs. Dans beaucoup de pays en Amérique latine, on observe la faillite des producteurs ainsi que l’augmentation de l’appauvrissement des ouvriers agricoles. Au Guatemala, par exemple, le café de basse qualité était vendu comme combus-tible industriel alors que dans le Chiapas, du café a été brûlé dans l’espoir d’en obtenir un meilleur prix.

Cette crise qu’a également connue le pays, se caractérise par un niveau catastrophique des prix au pro-ducteur. En Haïti, la marmite de café cerise se vendait à 15 gourdes. Un tel niveau de prix a pour consé-quence le désintérêt des petits et moyens producteurs pour la production caféière et le remplacement de beaucoup d’anciennes plantations par des cultures vivrières et / ou légumières.

C’est dans ce contexte de déstructuration de la filière du café et de baisse généralisée des cours mon-diaux que l’ICEF-DA s’est engagé dans un travail d’amélioration de la filière du café qui a démarré depuis 2000.

L’exposé que nous présentons aujourd’hui comporte une brève présentation de la zone de Baptiste ain-si que les activités réalisées et les résultats obtenus.

Présentation de la zone d’intervention (Baptiste)

L’expérience que nous présentons se déroule à Baptiste, zone caféière, d’altitude comprise entre 980 et 1500 mètres et située dans le bas Plateau Central à 19 km de la ville de Belladères. Il est bordé au nord et à l’ouest respectivement par les communes de Belladères et de Las Caobas, au sud par la commune de Savanette, à l’est, par la République dominicaine.

Les caractéristiques de l’environnement physique sont tout-à-fait favorables à la production du café. Au niveau géomorphologique, la zone est caractérisée par une succession de plateaux, lui conférant un relief en gradins. Les sols, de nature fersiallitique, sont assez profonds et présentent un PH acide.

Sur le plan socio –économique, au contraire, le milieu apparait déficient. La route reliant le quartier de Baptiste à Belladères est en mauvais état. Il n’existe aucune structure étatique de relais capable de four-nir, de manière permanente, des services aux agriculteurs.

Les activités réalisées et les résultats obtenus.-

Le renforcement des capacités organisationnelles des acteurs locaux.-

Au moment de notre arrivée à Baptiste, nous avions constaté que la zone était peuplée d’organisations qui sont autant de coquilles vides, destinées à capter l’aide internationale. Il n’existait pas non plus une structure d’encadrement qui travaille à l’amélioration des savoir et savoir-faire des agriculteurs.

Aussi, avons-nous appuyé la formation de 6 coopératives qui ont pour activité de collecter le café de ses membres et de l’exporter vers des pays consommateurs à des prix rémunérateurs. La méthodologie adoptée en vue de parvenir à la concrétisation de ce travail de structuration repose sur 2 piliers :

• La formation ;

• Les échanges.

La formation.-

C’est une activité pédagogique qui vise à renforcer les capacités organisationnelles des agriculteurs, re-groupés dans des structures organisationnelles récemment créées. La formation s’appuie sur un certain nombre de thèmes dont leur maîtrise garantirait un bon fonctionnement interne de ces structures de base.

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Aussi, convient-il de citer certains thèmes :

• Notions de groupe ;

• Structuration et fonctionnement des organisations ;

• Organisation de réunions ;

• Préparation des compte-rendus de réunion ;

• Rôle des instances dirigeantes au sein des organisations ;

• La comptabilité simple, etc.

L’évolution des activités de commercialisation du café au niveau des groupes de base, sous l’action des contraintes diverses auxquelles ils sont confrontés, tels que coût élevé du transport, du loyer de l’argent, de l’industrialisation et de l’exportation du café, a conduit ces dernières à se fédérer de façon à diminuer les charges d’exploitation et d’augmenter leurs revenus. C’est dans cette perspective que l’Union des Coopératives Caféières de Baptiste a pris naissance.

La création de cette structure de second niveau a abouti à une division du travail entre les coopératives de base et la structure fédérative. En effet, les coopératives de base s’occupent de l’achat du café cerise et de la préparation du café parche. La fédération, de son côté, gère l’industrialisation du café, son exportation ainsi que les flux d’argent qui entrent et sortent dans le système: prêt à la fédération, prêt de la fédération aux coopératives de base, calcul des revenus d’exploitation, distribution des ristournes aux membres.

Pour pouvoir jouer ce rôle, l’Union des Coopératives Caféières de Baptiste doit être suffisamment outil-lée pour pouvoir accomplir ces tâches. Dans cette perspective, en vue de renforcer les capacités des dirigeants, beaucoup de séances de formation ont été réalisées avec des nouveaux dirigeants sur des thèmes divers comme :

• Informatique et Internet ;

• Négociation et contrat ;

• Résolution des conflits ;

• Leadership ;

• Formation sur quicks books.

Toutes ces formations avaient permis aux coopératives de base et à l’UCOOCAB d’exécuter les tâches liées à leur fonctionnement, d’une part, mais aussi de parvenir à la gestion de l’entreprise, de l’autre.

Les visites d’échanges

Mis à part les activités de formation, l’organisation des visites d’échanges représente un autre type d’in-tervention qui devrait permettre aux producteurs de café de monter une organisation, susceptible de travailler en vue de la valorisation du café.

Dans cette perspective, les coopératives étaient amenées à visiter toutes les coopératives caféières évo-luant dans le pays. Par la suite, ces visites se sont étendues à la féderacion de los Caficultores de La Région Sur (FEDECARES), en République Dominicaine et à CEPICAFE au Pérou.

Ces visites leur avait permis de comprendre la situation des coopératives visitées, leur trajectoire d’évo-lution, les problèmes auxquels ils sont confrontés ainsi que les solutions envisagées.

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Les premières visites d’échanges réalisées ont largement contribué à élargir leur horizon et à améliorer leur fonctionnement. Par la suite, l’UCOOCAB a été invitée à participer à des séminaires ou à des foires à Cuba, en Colombie, en France, aux Etats –Unis, etc.

Nous signalons que l’UCOOCAB est membre des plus grandes associations internationales qui travaillent dans la filière du café comme : la Speciality Coffe Association of America (SCAA), la Speciality Coffee Association of Europa (SCAE) et la Speciality Coffee Association of Japan (SCAJ). Leur appartenance à ces grandes associations leur permet de participer régulièrement à des foires internationales ainsi qu’à d’autres événements internationaux sur le café.

Appui à la production

Les activités d’appui à la production avaient débuté après que les coopératives eussent commencé à exporter le café. Tenant compte de la nature du problème: vieillissement des plantations et faible pro-ductivité des parcelles, elles s’étaient orientées vers :

· La régénération caféière ;

· L’établissement des nouvelles plantations ;

· La lutte contre le scolyte du caféier ;

· La diversification des écosystèmes caféiers.

Il s’agit de l’application de paquets techniques visant l’amélioration du rendement du café et des fruitiers, dans les parcelles boisées.

La valorisation du produit

Elle est envisagée dans le cadre d’un système à 4 composantes qui sont :

· La mise en place d’Infrastructures ;

· Amélioration de la qualité ;

· Appui à la commercialisation ;

· Appui à la mise en place d’un système de gestion.

La mise en place d’infrastructures.

Elles ont été mises en place progressivement, à partir de sources de financement diverses et sont orien-tées principalement vers la préparation de café parche et des échantillons de café pour l’exportation. Sur l’ensemble de la zone, sont installés 7 ateliers de dépulpage comprenant :

· un aire de séchage de 325 m2 ;

· un atelier proprement dit, muni de 2 dépulpeurs, d’un bassin de réception, d’un bassin de fer-mentation et d’un bassin de lavage.

De plus, il faut ajouter un laboratoire moderne de dégustation, placé sous la responsabilité de l’UCOO-CAB, des équipements pour la bureautique et pour la communication par Internet.

Amélioration de la qualité.

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Le travail de l’amélioration de la qualité a été abordé tout au long de la chaîne de préparation du café et vise principalement la diminution du taux de triage. En 2007, lors de la création de l’UCOOCAB, ce pour-centage a atteint entre 30 et 40 % ; il s’agissait d’un résultat médiocre qui témoigne d’un faible niveau de technicité, lié à des causes diverses comme :

· Mauvais réglage de certains dépulpeurs ;

· Utilisation de dépulpeurs non conformes aux travaux de préparation du café ;

· Utilisation, pendant le dépulpage, de cerises non mures ;

· Mauvaise gestion de l’humidité de certains lots de café, etc.

La mauvaise préparation du café dans les coopératives, représentait l’une des causes de la faiblesse des résultats obtenus pendant les 2 premières années de fonctionnement de L’UCOOCAB. A partir d’un projet financé entre 2009 et 2012 avec des ressources de la BID, un important travail d’amélioration de la compétitivité du café de Baptiste a été réalisé . Cette activité comportait la formation de 2 dégustateurs, la formation de gérants et travailleurs dans les ateliers de dépulpage, auquel s’adjoint un suivi régulier des opérations de préparation du café.

L’évolution de la qualité de café, produit dans les coopératives, peut etre appréciée à partir du tableau suivant :

Tableau 2- Amélioration de la qualité du café vert

Indicateur 2007-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012

Taux de triage 30-40% 15 10 13

Le résultat obtenu, tel qu’il est présenté, correspond à la moyenne des taux de triage observés dans l’ensemble des coopératives. Il traduit une nette amélioration dans la préparation du café à Baptiste. On signale que l’objectif recherché est de parvenir à un taux stable de 12%.

Appui à la commercialisation

Il a été approché sur la base de 2 critères. Il s’agit de l’amélioration du prix du café et de l’augmentation du volume de production de l’UCOOCAB.

En ce qui a trait à l’amélioration du prix du café, le niveau de qualité fourni, constitue la base des discus-sions avec tous les acheteurs.

Le tableau suivant fournit une idée claire de l’ évolution du volume de production de L’UCOOCAB, ainsi que les prix obtenus lors des activés de commercialisation.

Tableau 3- Evolution des volumes exportés et des prix de vente

Indicateurs 2009-2010 2010-2011 2011-2012

Volume exporté par UCOOCAB en livres

21.911 38865 130.031

Prix à l’export 1,90-4.5 2.75-5 3,25-5.00

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Comme on peut le constater, le prix moyen de la livre de café est passé de 1.26 à USD 5. Il s’agit de prix extraordinaires pour le café haïtien. Cela est rendu possible grâce à la qualité du café produit et la mise à profit d’un démarcheur qui connait bien le marché du Japon.

De plus, on constate que le volume exporté en 2011-2012 représente environ 6 fois celui manipulé entre 2009-2010; la raison est très simple. En effet, les coopératives de base et l’UCOOCAB ont pu fournir aux producteurs de café des prix exceptionnels qui découragent les dominicains. Ces structures associa-tives auraient pu acheter beaucoup plus de café s’ils disposaient d’autres ateliers de dépulpage et si les infrastructures existantes étaient plus importantes.

Gestion du crédit

L’UCOOCAB et ses coopératives de base utilisent 3 systèmes de crédit. La première souce de finance-ment pour l’achat du café s’obtient à partir d’un fonds de garantie de 4.000.000 gourdes, déposé à la Coopérative d’Epargne et de Crédit de Las Caobas (COOPECLAS). Ce fonds de garantie doit permettre à l’UCOOCAB de bénéficier d’un crédit équivalent à 12 millions de gourdes. La deuxième source de crédit provient d’un système triangulaire dans lequel intervient un créancier : le Root Capital, un emprun-teur : L’UCOOCAB et un importateur. Le crédit est fourni à l’emprunteur sous la présentation d’un contrat d’achat de café, signé entre l’UCOOCAB et l’importateur. La dernière est une avance sur l’achat du produit et concerne Ethiquable, une coopérative française.

Tableau 4- Evolution du crédit en gourdes

Créancier 2009-2010 2010-2011 2011-2012

COOPECLAS 2,017.700 3,308.600 6,550.000

Root Capital 6100.000

Ethiquable 1.603.650

Total 2.017.700 3,308.600 14, 253.650

Concernant COOPECLAS et Root Capital, le taux d’intérêt pratiqué est respectivement de 18 et de 11.5%. Dans le cas de Ethiquable, il s’agit d’un préfinancement sans intérêt sur la campagne, comme il est admis dans le cadre du commerce Equitable.

Par ailleurs, il convient de mentionner que le remboursement de ces divers crédits est toujours de 100%. Les dettes contractées envers COOPECLAS sont remboursées directement par UCOOCAB alors que les montants qui concernent Root Capital lui sont remis directement par l’importateur, au moment de l’achat.

Evolution du chiffre d’affaires de l’UCOOCAB

Le chiffre d’affaires d’une entreprise représente le montant de l’ensemble des transactions réalisées par l’entreprise avec des tiers, dans le cadre de son activité normale et courante. Il est souvent considéré comme l’un des meilleurs indicateurs ou tout au moins, l’un des plus simples pour évaluer les perfor-mances d’une entreprise.

Le tableau suivant renseigne sur l’évolution de cet indicateur pour les 3 dernières années.

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Tableau 5- Evolution du chiffre d’Affaires de UCOOCAB

Indicateurs

Années

2009-2010 2010-2011 2011-2012

Chiffres d’affaires de UCOO-CAB en millions de gourdes

2.3 4.7 21.6

Comme on pourrait le constater, le chiffre d’affaires de l’UCOOCAB a connu une progression significative pour l’année 2011-2012. Celle-ci est rendue possible grâce à une stratégie comportant les points sui-vants :

· Fidélisation des membres des coopératives de base vis-à-vis de leur propre entreprise (pas de capitalisation depuis 3 ans, distribution de tous les bénéfices aux membres ;

· Achat du café à un prix élevé ;

· Amélioration de la qualité du café

· Diversification des marchés et adoption, en fin de campagne, d’un prix de vente moyen pour toutes les coopératives de base, indépendamment du lieu de vente.

Evolution du prix du café au producteur

L’objectif final de l’amélioration de la filière du café est de permettre aux paysans de bénéficier, pour leur produit, d’un prix qui assure une bonne rémunération du travail des producteurs de café et qui garantit une bonne reproduction de leurs systèmes de production. Tous les producteurs, membres des coopéra-tives, s’accordent à reconnaitre que les travaux menés au cours des dernières années, ont contribué à une nette augmentation du prix du café dans la zone de Baptiste.

Tableau 6- Evolution du prix du café au producteur

Items 2007-2008 2009-2010 2010-2011 2011-2012

Prix de vente de la marmite de cerise

25 34 52.37 75

Ristournes distribuées 3 9.37 15.52 12

Prix total 28 43.37 67.89 87

Les activités menées ont permis d’augmenter progressivement le prix du café au producteur. Tradi-tionnellement, quand les prix sont trop bas, les paysans détruisent les espaces boisés caféiers pour les remplacer par le vivrier. Inversement, l’augmentation du prix du café depuis 2009-2010, a provoqué un certain engouement des producteurs de café pour effectuer des travaux de regarnissage des vides à l’intérieur des parcelles et d’établissement de nouvelles plantations.

Les contraintes.-

En dépit des résultats obtenus, la filière du café à Baptiste est confrontée à un ensemble de contraintes, dont les plus importantes sont :

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· Manque d’investissement dans des infrastructures de production de café lavé: insuffisance d’aires de séchage, de dépôts et de citernes ;

· Faible capacité institutionnelle des coopératives de base et d’UCOOCAB (démocratie interne, comptabilité, structuration, mécanismes de prise de décision, comptabilité, gestion) ;

· Enclavement des zones de production ;

· Pas de politiques étatiques claires pour soutenir la production caféière.

En guise de synthèse et recommandations

Comme on peut le constater, la valorisation de la filière du café à Baptiste a pris la forme d’un grand chan-tier de renforcement des capacités techniques, méthodologiques et organisationnelles des producteurs de café, auquel s’adjoint la mise en place d’infrastructures permettant la préparation d’un café de qualité et de le placer sur des marchés rémunérateurs.

Le travail réalisé a eu un aspect volontariste. Il a été mené par une institution qui avait voulu montrer qu’il était possible de parvenir à la création de richesses dans une zone caféière et à l’environnement grâce au support des Institutions nationales et internationales.

Le café d’Haïti a une très grande réputation sur le plan international. En dehors de la consommation interne qui, chaque jour, a tendance à augmenter, la demande pour ce produit dépasse largement l’offre. Cette opportunité de valorisation de la filière du café s’offre à tous les acteurs engagés dans la production et la commercialisation.

L’expérience réalisée peut être répliquée dans toutes les montagnes humides du pays, moyennant l’exis-tence d’une bonne compréhension des contraintes qui affectent les systèmes de production des agri-culteurs, d’un système d’encadrement efficace et surtout d’une volonté politique susceptible de rendre permanentes les interventions dans ce sous-secteur.

Depuis plus d’une trentaine d’années, des millions de dollars ont été engloutis dans des projets de reboi-sement. L’expérience de valorisation de la filière du café a montré qu’on peut augmenter non seulement la superficie boisée du pays, mais aussi améliorer la situation des producteurs de café et de leurs familles. On signale enfin qu’en dépit du faible pourcentage de la superficie boisée du pays, le café continue à y occuper un espace significatif, soit environ 50%.

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Augmentation de la production des racines et tubercules dans la Caraïbe par l’introduction de tech-niques améliorées de production et de marketing, Garry Jérôme

M. Garry Jérôme qui intervenait autour du sous-thème : Projet d’augmenta-tion de la production des racines et tubercules dans la Caraïbe : Expériences et leçons apprises a fait part des problèmes enregistrés dans le projet qui a été mis en place dans les régions de Camp-Perrin, Saint-Louis du Sud et Sala-niac. La patate douce, le manioc et l’igname ont été les principaux produits de l’expérimentation.

Remarque : Des variétés de ces racines et tubercules, notamment la patate douce, sont en voie de disparition. Un problème très grave, souligne-t-il. Selon l’expert en matière agricole, il existe des opportunités dans le secteur agricole mais également des faiblesses. Il y a des menaces sérieuses comme l’exode rural et la dégradation de l’environnement.

Toutefois, informe-t-il, le ministère de l’Agriculture, de concert avec IICA est en train de conjuguer les efforts dans le souci de ne pas reproduire les erreurs du passé, notamment dans la mise en œuvre du projet des racines et tubercules.

Titre et durée du Projet

Le projet titré « Augmentation production des racines et tubercules dans la Caraïbe par l’introduction de techniques améliorées de production et de marketing » a débuté en mars 2011. Il prendra fin en décembre 2013.

Objectif du Projet

Supporter le développement d’une industrie régionale de production de racines et tubercules commer-ciales, viables et durables qui améliorent les moyens de vie et la sécurité alimentaire. Il vise à améliorer l’alimentation des populations urbaines et rurales qui se trouvent en situation de vulnérabilité sociale, par la consommation d’aliments frais de qualité auto produits selon les techniques de production orga-nique, respectueuses de l’environnement.

Organismes d’exécution

Au niveau régional, le projet est mis en œuvre par le « Caribbean Agricultural Research and Development Institute (CARDI) » avec un financement du « Common Fund for Commodity, CFC ». En Haïti, il est exécuté conjointement entre le Ministère de l’Agriculture, MARNDR et l’Institut Interaméricain de Coopération pour l’Agriculture, IICA.

Principales Activités

Ce projet, en dépit de sa courte durée, a été conçu avec de grandes ambitions. Les principales activités ont été conduites dans les départements des Nippes (Plateau des Rochelois, Paillant) et du Sud (Camp-Perrin). L’IICA et le MARNDR ont ciblé comme racines et tubercules à prioriser : la patate douce (Ipomea batatas), le manioc (Manihot esculenta) et l’igname (Dioscorea sp). Toutefois, un regard particulier a été jeté sur la culture du ‘‘Mazonbèl’’ (Colocasia esculenta). Les principales activités conduites :

• Introduction de variétés tolérantes de mazonbèl au Phytophtora colocasiae ;

• Recherche adaptée sur les méthodologies de transformation du manioc, de la patate et de

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l’igname ;

• Renforcement infrastructurel pour les opérations sur les valeurs ajoutées ;

• Formations pour la dynamisation des clusters ;

• Formation sur les pratiques de gestion intégrée des cultures (ICM) ;

• Formation et démonstration sur les produits à valeur ajoutée et sur la transformation des pro-duits ;

• Cultures de démonstration sur des parcelles d’agriculteurs et fermes de démonstration du gou-vernement ;

• Caractérisation et production de fiche technique pour des variétés de patate douce ;

• Achat, traitement et multiplication de matériels végétaux désirés, de qualité ;

• Gestion de la fertilité du sol ;

• Développement de matériels didactiques adaptés ;

• Amélioration de la capacité des institutions à fournir des matériels végétaux de qualité ;

• Augmentation de l’offre de matériels végétaux de qualité.

Quelques observations et résultats

Dans les zones d’intervention du projet, les observations suivantes ont été récurrentes :

• Pas de caractérisation systématique des variétés;

• Pas de fiche technique;

• Méconnaissance des potentiels génétiques des espèces/variétés;

• Pratiques agricoles inadéquates (mauvais buttage, mauvais billonnage, mauvaise association culturale, mauvaise rotation…) ;

Dans le cas spécifique de l’igname, il a été constaté que les érosions variétales, à la base de la disparition de nombreuses variétés d’igname, relèvent de plusieurs facteurs non contrôlés par les producteurs dont, en particulier, la qualité des semenceaux. De même, les observations de terrain montrent que la variété d’igname ayant la plus forte valeur marchande et qui est également demandée sur le marché internatio-nal, ‘Igname guinée’ (Yanm ginen), est en voie de disparition. L’igname, à cause des mauvaises pratiques culturales et de l’absence d’innovation technique qui accompagnent sa production, est en train de contri-buer significativement à la dégradation de son environnement.

Dans le cas spécifique de la patate les données et observations semblent concorder pour montrer qu’en Haïti nous pouvons produire la patate douce sur tout le territoire tout au long de l’année sans alternance due aux différentes saisons. Par ailleurs, la variété nationalement connue ‘‘ Tisavyen’’ a une très bonne résistance aux conditions adverses, est une variété précoce de 6-7 semaines et tubérise généralement au niveau du dernier nœud.

Du point de vue de la commercialisation, il est observé :

• Il n’y a pas de liens directs entre producteurs et consommateurs. La production ne répond pas à une demande réelle mais plutôt à une tradition de production et aussi à la saison ;

• Il n’y a pas une demande organisée, régulière ou même formelle

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• Mauvaises techniques de conservation post-récolte

• Périodes de récolte quasi identiques aux différentes zones de production

• De nombreux produits transformés occupent de plus en plus les étagères des supermarchés. Toutefois, il y a une faible diversification de produits transformés issus des racines et tubercules et les conditions de préparation sont encore très artisanales.

Tableau 7 : Analyse de la chaine de production des racines et tubercules

FORCES FAIBLESSES

Potentiel de production avéré Main d’oeuvre locale rare et coûteuse

Résistance aux conditions climatiques ad-verses Pas de caractérisation des variétés

Grande diversité variétale Coût élevé de transformation

Forte demande (produits transformés et non) Marketing/Emballage

Masse critique assez fortePas de liens entre les différents acteurs (clus-ter)

Faible diversification des produits transformés

Accompagnement technique, recherche

OPPORTUNITES MENACES

Exode rural

Diaspora Dégradation environnementale

Missions internationalesRenforcement des standards internationaux d’innocuité alimentaire

Les programmes actuels d’achats locaux (Ede Pèp, Cantines scolaires…)

En guise de synthèse

Les racines et tubercules représentent une alternative certaine au problème chronique de l’insécurité ali-mentaire en Haïti si l’on tient compte de leur résistance aux conditions climatiques difficiles que connait le pays. Toutefois, leur production est inappropriée pour permettre aux variétés dont nous disposons d’exprimer leur plein potentiel. Les éléments de la chaîne évoluent en vase clos et la filière ne profite pas sinon pas encore des avantages qu’elle pourrait en tirer (tableau 1). L’accompagnement des producteurs, comme de tous les acteurs, est un élément vital pour préserver les variétés en voie de disparition et pro-mouvoir à la fois la production et la consommation de ces réserves naturelles que la terre nous préserve même en conditions environnementales difficiles.

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Piment piqué et sécurité alimentaire, alternatives de valorisation en Haït, Moncher Elan.

Quatrième intervenant du panel, Moncher Élan a exposé ses expériences et ses recherches sur le piment, plante légumière comportant des centaines d’espèces et de variétés, riches en fer, vitamines C, K, B6 et les minéraux. D’après Élan, ce produit agricole joue un rôle important dans le fonctionne-ment de l’organisme humain.

D’après Élan, le piment piqué dispose des qualités constituant des bienfaits pour l’organisme humain. Le piment piqué assure la conservation des ali-ments et contribue à leur valorisation. Toutefois, prévient-il, il faut éviter le contact du piment avec les muqueuses, à éviter par les personnes atteintes des ulcères et peut-être cultivé dans les cours avec des plantes ornementales.

Développement de la technologie post-récolte, une opportunité de marché, Yvens Philizaire

Développement post-récolte, une opportunité de marchés, a été en effet le thème traité par l’Agronome Phlizaire, duquel il a mis l’accent sur le mode de transport défaillant qui occasionne des pertes de pro-duits agricoles.

Il a défini trois catégories de perte : biologique, biochimique et méca-nique. Récolte, transport, entreposage et commercialisation étaient au centre de son intervention. D’après lui, si l’on met en pratique les notions post-récolte, les pertes seront diminuées.

En résumé, il faut dire que cette rencontre a permis de faire :

a) Un état des lieux du secteur agricole

b) Un équilibre entre la production et la protection dans le secteur

c) La nécessité d’une bonne gouvernance

d) Une bonne gestion des ressources humaines et financières, mais aussi économiques et tech-niques.

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4.- Conclusion et recommandations

Les débats qui ont eu lieu ce 02 juillet 2013 montrent la faiblesse de la gouvernance agri-cole en Haïti. La redynamisation du système devient une urgence, mais elle ne peut être réelle sans un accompagnement des produc-teurs. Cela implique la mise à leur disposition du crédit, des instruments adéquats, bref des infrastructures agricoles. Pour ce faire, l’impli-cation de tous est nécessaire : l’Etat, la société civile, les associations d’hommes et de femmes engagées dans le développement, les profes-sionnels de l’agriculture.

Les prises de positions autour du commerce des œufs et des volailles entre Haïti et la Répu-blique Dominicaine devraient être une opportunité de poser des problèmes liés à l’agriculture haïtienne et du commerce avec la République Dominicaine. C’est aussi une excellente opportunité d’aligner nos tarifs douaniers sur ceux de la République Dominicaine et d’autres pays pour commencer à rétablir un certain équilibre : taxer ce qu’il faut taxer, interdire ce qu’il faut interdire. Mais il faut investir dans notre système agricole afin de baisser le coût de production des denrées locales, pour faciliter l’accès de tous à ces produits et à des prix compétitifs par rapport aux produits importés. Telles sont, entre autres, des pistes de solution visant á valoriser les produits locaux en vue d’avancer vers une sécurité alimentaire réelle.

Pour une sécurité alimentaire durable en Haïti

L’un des principaux défis de l’état haï-tien et de la population toute entière consiste à s’assurer de la disponibi-lité des aliments nutritifs en quantité et en qualité suffisante pour répondre à la demande progressive sans précé-dent et aussi à l’évolution continue des modes alimentaires. Parallèlement, les ressources naturelles du pays ne cessent de diminuer tandis que l’envi-ronnement physique se dégrade à un rythme exagéré. L’occurrence de chan-gement climatique avec pour consé-quences probables l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catas-

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trophe naturelles menace continuellement les productions agricoles et les systèmes de sécurité alimen-taires impactant particulièrement les petits producteurs vivant dans des environnements marginaux.

En Haïti, les petits exploitants jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire pour être responsables de la production de plus de la moitié de la production agricole nationale. Cependant, ils ont un accès limité aux ressources et aux possibilités dont ils ont besoin pour devenir de véritables agriculteurs. L’ab-sence de garantie de leurs droits fonciers, le manque d’accès aux intrants tels que engrais, les variétés de semence améliorées, le manque d’équipement mécanique, la pénurie des ressources en eau, la faiblesse des infrastructures agricoles sont autant de facteurs qui traduisent l’état fragilisant des exploitants agri-coles. Il faut aussi faire remarquer la dévalorisation des produits agricoles locaux au profit des produits importés. Cette dévalorisation est le résultat d’une compétition déloyale entre les produits agricoles importées et subventionnés et une production agricole de subsistance.

Les différents intervenants de cette assise ont pu faire ressortir la richesse de notre production nationale et la nécessité d’une action concertée pour la valorisation de notre production nationale.

Parmi les différentes recommandations qui ont été formulées, nous tenons à nous accentuer sur les points suivants :

Recommandations adressées à l’Etat Haïtien

• Faire en sorte que les politiques agricoles publiques soient une priorité particulière aux exploi-tants qui se heurtent à des difficultés de toutes sortes et qui méritent un soutien spécifique ;

• Elaborer et appliquer des politiques agricoles et faciliter des investissements publics pour sou-tenir la production alimentaire, améliorer la situation nutritionnelle (des populations les plus vulnérables en particulier), et renforcer la capacité d’adaptation des systèmes de production nationaux et traditionnels. Une attention particulière devrait être portée sur le renforcement de la production vivrière durable, la réduction des pertes post récolte, l’augmentation de la valeur ajoutée après récolte et l’accès des agriculteurs aux marchés alimentaires locaux, nationaux et régionaux, y compris l’amélioration du transport, le stockage et le traitement des produits

• Faciliter la formation de partenariats entre les investisseurs agricoles, notamment de partena-riats entre les secteurs public et privé. Ces partenariats devaient être conçus de manière à servir et à préserver les intérêts des petits exploitants agricoles ;

• Promouvoir et mettre en œuvre des politiques de nature à faciliter l'accès des petits exploitants au crédit, aux ressources, aux services techniques et de vulgarisation et à la police d'assurance.

• Créer un environnement politique porteur, qui favorise la croissance de la production et le déve-loppement des marchés et des produits agricoles compétitifs.

• impliquer l’ensemble des parties prenantes, notamment les communautés et les collectivités locales, à la conception, à l’exécution et à la gestion des programmes visant à accroître la produc-tion et la consommation d’aliments sains et nutritifs.

Recommandations adressées à la PROMODEV/CTA et aux autres organisations locales.

• Contribuer au développement rural en appuyant les capacités des organisations de producteurs et en priorisant la filière alimentaire existante,

• Promouvoir l’adoption d’une approche écosystemique pour s’assurer d’une agriculture durable en insistant sur la gestion intégrée des ravageurs, l’agriculture biologique, et d’autres pratiques

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traditionnelles qui priorisent la diversification des écosystèmes agricoles et la séquestration du carbone dans le sol.

• Inclure aux programmes de vulgarisation des mesures pour préserver la diversité de l’alimenta-tion ainsi que les habitudes alimentaires.

• Promouvoir la vulgarisation d’un système d'information sur les marchés agricoles afin d'amélio-rer la qualité et la transparence des informations sur les marchés des denrées alimentaires.

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5.- ANNEXES

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5.1.- Haïti: Les conditions de sécurité alimentaire, CNSA

v

CNSA/MARNDR

Haïti : Les conditions de sécurité alimentaire Juillet 2013 Les points saillants: • L’arrivée tardive de la saison pluvieuse a fait reculer

d’environ deux mois le lancement de la campagne de printemps 2013, dominée essentiellement par le maïs et le haricot.

• Contrairement aux anticipations, les récoltes, initiées dans quelques régions en juin (Sud, Sud-est, la Grande-Anse, Nippes, une partie du Nord), atteindront leur pic au cours du mois de septembre pour les départements du Nord, du Centre, etc. Dans la foulée, la campagne d’été, représentant 25 à 30 pour cent de la production totale d’une année agricole normale, sera compromise car dépendant en grande partie de la réussite de la saison de printemps.

• La disponibilité alimentaire locale est présentement assurée par des récoltes de maïs et de haricots, semés dans les zones irriguées et dans les montagnes humides.

• Les prix du maïs local et des haricots ont considérablement chuté, entre avril et juin. Celui du riz (importé et local) et de la farine de blé est en revanche à la hausse. En outre, en glissement annuel, hors-mis celui du sucre, les prix alimentaires sont de loin plus élevés en 2013 qu’en 2012.

• Haïti se trouve sur la trajectoire du cyclone Chantal qui menacerait les régions orientales du Sud-est, les départements de l’Ouest, du Centre et du Grand Nord. On doit s’apprêter à faire face à d’éventuel dégâts matériels et humains résultant des inondations et pertes de moyens d’existence des ménages résidant dans les zones vulnérables aux catastrophes naturelles. Les mesures préventives en cours, émanant tant du gouvernement que des organismes internationaux, devraient aider à atténuer l’impact de ces chocs sur les populations exposées.

• Les conditions sont réunies pour une recrudescence du choléra, en raison des inondations de juin et éventuellement des cyclones et ouragans qui guettent le pays. Un renforcement des mesures de prévention, de sensibilisation et de prise en charge s’avère donc nécessaire.

• La baisse de la disponibilité alimentaire locale, combinée avec la hausse des prix des produits alimentaires importés, le riz et la farine en particulier, fait craindre une détérioration plus significative des conditions de sécurité alimentaire dans le pays. Si en juin, la plupart des régions se trouvaient en situation de stress et de crise (voir figure ci-dessus), correspondant aux phases 2 et 3 de l’IPC, en septembre, date probable des récoltes de printemps, certaines devront se retrouver en phase 1 et d’autres en phase 2, à l’exception des zones en proie à l’insécurité alimentaire chronique (Bas Nord-Ouest, haut Artibonite, certaines communes du Sud-est comme Baie d’Orange, Belle-Anse).

CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE

Source: Source : FEWS NET

Figure 1. Carte des résultats actuels de l’insécurité alimentaire, Juin 2013

Source: FEWS NET

Cette carte représente les résultats de l’insécurité alimentaire aigue et ne reflète pas nécessairement l’insécurité alimentaire chronique. Veuillez consultez le site www.fews.net/foodinsecurityscale pour plus d’information à cet égard.

Ce rapport a été rendu possible grâce au support des organismes suivants:

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Haïti Etat de la sécurité alimentaire Juillet 2013

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Situation actuelle et perspective

Sur le plan de la production agricole: D’ordinaire, les récoltes de printemps débutent en juillet et se poursuivent au mois d’août. Cette période de moisson coïncide aussi avec les préparatifs pour le lancement de la campagne agricole d’été. Cette dernière est corrélée à la réussite de la campagne précédente, d’où proviennent les semences pour l’emblavement des terres. En fait, les conditions de lancement de cette grande campagne annuelle n’ont pas été très favorables dans la plupart des régions. Et cela semble annoncer une production tardive, susceptible donc d’être en dessous de la normale pour cette année.

Cette campagne a été lancée en retard, en raison, d’une part, d’un manque de semences (due au manque de production et de la hausse des prix) et, d’autre part, de la saison pluvieuse qui n’a effectivement débuté qu’à la deuxième semaine du mois de mai.

Entre temps, dans certaines régions de l’Ouest, du Sud et du Nord, qui ont bénéficié des pluies de février et du début du mois de mars, les plantations sont perdues, car ayant beaucoup souffert de la sécheresse. La saison pluvieuse ayant effectivement démarré en mai, les agriculteurs en ont profité pour semer le maïs1

Depuis le mois de juin, on est entré de plein fouet dans la saison cyclonique 2013. Pour cette année, l’Université du Colorado a prévu 9 tempêtes, 6 ouragans, dont 2 d’intensité majeure. Pour la région caribéenne plus particulièrement, la probabilité d’occurrence d’un ouragan majeur est estimée à 42%, une prévision toutefois en dessous de la moyenne (moyenne pour le siècle dernier est de 75%). Deux cyclones ont déjà touché terre et, fort heureusement, Haïti n’a pas été sur leur trajectoire. Il s’agit des cyclones Andrea et Barry qui ont surtout frappé la côte sud des Etats Unis. Cependant, le nommé « Chantal», soit le troisième dans les prévisions, s’est déjà annoncé et menacerait les départements de l’Ouest, du Centre, de l’Artibonite, de l’Ouest, une partie du Sud-est et tout le Grand Nord si sa trajectoire actuelle est maintenue. En fait, si pour le Nord et le Centre, l’inquiétude est moindre, la vulnérabilité du Sud-est, de l’Ouest et particulièrement

, ceci jusqu’au mois de juin. On signale que dans les départements du nord, du nord-est et du plateau central les superficies déjà emblavées oscillent entre 50 et 70 pour cent par rapport à une année normale. Toutefois, un excès d’humidité a menacé les plantations d’haricots se trouvant déjà en phase de développement ou de maturation. De plus, dans certaines communes au niveau du Nord-ouest, de l’Artibonite, des montagnes humides des Nippes, du Sud, du Sud-est et du Nord, une pluviométrie proche de la normale a été enregistrée. Ce qui a facilité le développement des cultures de printemps. Au point que la récolte de haricots y a déjà eu lieu tandis que les plantations de maïs s’annoncent très prometteuses. Pour d’autres, les conditions météorologiques n’ont pas été trop favorables, car se trouvant encore aux prises à la sécheresse. C’est le cas de la plaine du Cul-de-sac (l’Ouest), des communes côtières de la Grande Anse, du Sud et du Sud-est, entre autres, où la récupération des plantations parait quasiment impossible.

Par ailleurs, les averses du mois de juin, accompagnées des inondations, ont affecté la situation de production au niveau de l’Artibonite, du Plateau central et du Nord-ouest. En effet, dans les zones rizicoles du bas-Artibonite, les préparatifs et le repiquage du riz depuis le mois de mai laissaient anticiper une production appréciable pour les mois de juin et de juillet. Cependant, les inondations de juin ont submergé 40 pour cent des parcelles récemment établies et ont menacé d’asphyxie 25 pour cent des pépinières de riz, selon un rapport de l’observatoire de la sécurité alimentaire de ce département (OSAA). Le calendrier cultural pour la saison est perturbé et les plantations risquent d’être infectées par des maladies et de subir de sévères attaques d’insectes. La production rizicole espérée pour l’importante campagne de Juin à Décembre risque de souffrir de cette situation.

De plus, outre les dégâts enregistrés au niveau de l’agriculture, les inondations ont aussi affecté plus de 7000 familles, dont plus de 80% se trouvent dans l’Artibonite, particulièrement au niveau des communes de Bocozelle, Marchand Dessalines et de Grande Saline. Les intempéries ont touché aussi le Nord-Ouest et le Centre mais à un degré moindre. Pour chacun de ces départements, deux communes ont été sévèrement touchées: Saint-Louis du Nord et Port-de-Paix (Nord-Ouest), Hinche et Boukan carré (Centre).

Une situation qui risque de s’aggraver sous la menace imminente de nouvelles intempéries, en particulier la tempête tropicale Chantal. La plupart des zones touchées sont dans l’œil de ce cyclone.

Situation climatique:

1 Les agriculteurs estiment qu’il est trop tard pour réussir les haricots.

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l’Artibonite est préoccupante, vue que ce dernier vient d’être touché par des intempéries qui, quoique de faibles intensités, on provoqué pas mal de dégâts.

Dans ces conditions, si les prévisions météorologiques s’avèrent exactes, on devra s’apprêter à faire face à d’éventuels dégâts résultant des inondations et pertes de moyens d’existence des ménages résidant dans les zones vulnérables aux catastrophes naturelles. A ce titre, les plans de contingence déjà élaborés, les stocks pré positionnés, ainsi que les mesures préventives gouvernementales (via la DPC) sont de nature à atténuer les impacts des chocs climatiques susceptibles d’accentuer l’insécurité alimentaire qui prévaut dans le pays, particulièrement dans les zones à risque.

Toutefois les pluies découlant des cyclones, en absence de vents violents, peuvent être bénéfiques pour les zones sèches d’agriculture du département de l’Ouest, du Haut Plateau et d’autres régions encore en proie à la sécheresse. Ce qui peut favoriser les semis et le développement des cultures dans ces régions. Malgré tout, il y a des précautions à prendre car les inondations constituent un vecteur de propagation du cholera, comme c’est actuellement le cas dans les communes récemment touchées par les averses de juin.

Ces conditions peu favorables portent la CNSA à anticiper une production de printemps encore plus faible par rapport à l’année dernière, ceci malgré les investissements consentis dans le secteur cette année (voir Plan de relance agricole du MARNDR 2013/2016). Les campagnes d’été et d’automne s’en trouveront également compromises, sauf pour certaines régions du Nord-Ouest, du Nord et du Centre.

Ainsi, non seulement les récoltes seront tardives, les superficies globalement emblavées resteront aussi en dessous de la normale, entrainant une baisse de la production. De plus, elles ne permettront pas aux agriculteurs de stocker en prévision d’une éventuelle période de soudure, voire même préparer les semences pour les prochaines campagnes agricoles.

La baisse de la disponibilité alimentaire locale, combinée avec la tendance à la hausse des prix des produits alimentaires importés, peut entrainer une détérioration encore plus grande des conditions de sécurité alimentaire dans le pays, en particulier l’accès aux aliments.

Sur le plan de l’accès aux aliments de base : Un retournement de tendance est observé, depuis avril, au niveau des prix de certains produits locaux. En effet, le prix des haricots a chuté de plus de 5 pour cent entre mai et juin et de près de 7 pour cent, entre avril et mai. La baisse est plus significative pour le haricot noir, soit de près de 8 pour cent au cours des deux mois consécutifs. Un fait tout à fait intéressant, c’est que le prix de la semoule de maïs local (communément appelé maïs moulu), en nette hausse depuis plus d’une année, a affiché une baisse considérable, soit de 6.7 pour cent et de plus de 9 pour cent en juin par rapport à mai.

Ce recul est imputable à des récoltes de maïs et de haricot en cours dans la plaine des Cayes et dans d’autres zones où les pluies et l’irrigation ont favorisé la croissance de ces cultures. Cette situation induit une augmentation de la disponibilité alimentaire et une amélioration du revenu des ménages dans les zones concernées. Cette baisse s’est aussi répercutée sur le comportement du prix du maïs importé qui a chuté de 3 à plus de 5 pour cent durant la même période, ceci au fort même de l’appréciation considérable du dollar américain face à la monnaie haïtienne.

En revanche, le prix du riz importé (particulièrement la variété tchaco) et celui de la farine de blé ont connu d’importantes fluctuations à la hausse. En effet, le prix du riz tchaco a augmenté de près de 9 pour cent en mai par rapport à avril et de plus de 4 pour cent en juin par rapport à mai. Quant à celui de la farine de blé, l’envolée apparait surtout au cours du mois de juin où la variation positive enregistrée a été approximativement aussi de 9 pour cent. Une situation, somme toute, qui tient, entre autres, à la flambée du dollar américain par rapport à la gourde, tendance qui se renforce malgré les

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janvier Février Mars Avril Mai Juin

Figure 2: Evolution des prix de quelques produits alimentaires, en gde par livre

Pois Rouge Pois Noir Riz importe Tchako

Mais moulu local Farine blé

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interventions de la BRH sur le marché des changes. Dans ce contexte, les prix à l'importation fluctuent à la hausse, conséquemment, les prix à la consommation aussi.

Il est à souligner, par ailleurs, qu’en comparant les prix du premier semestre de cette année à ceux du premier semestre de l’année dernière, on observe une nette augmentation du coût de la vie pour les ménages, car les prix alimentaires en 2013 sont significativement élevés (voire figure 3) par rapport à 2012. Par exemple, le riz importé est près de 11 pour cent plus cher cette année que l’année dernière. Plus important encore, les prix du haricot rouge, du haricot noir et du maïs local sont respectivement 27, 34 et 26 pour cent plus chers que l’année dernière. Seul le prix du sucre a connu une baisse entre les deux périodes.

Il faut reconnaitre que le riz 10/10 se vend à un prix en dessous de ceux des autres variétés de riz offertes sur le marché haïtien. Au niveau national, le prix moyen du riz 10/10, au cours du mois de juin, a été de 17.7 gdes, soit 1.4 et 1.2 fois plus bas que celui du riz Tchaco et de la variété locale Tcs-10. Néanmoins, bienque plus faible, le prix du riz importé par le gouvernement semble ne pas trop influer sur celui des autres variétés de riz, y compris le riz produit localement. Ceci pourrait être du, entre autres, à la quantité disponible très limitée ou au mécanisme de distribution du produit. De surcroit, selon nos collecteurs, les marchands prennent l’habitude de mélanger le riz 10/10 aux autres variétés, en particulier tchaco, ce qui rend ce produit difficilement identifiable pour les acheteurs. Il n’est donc pas facile de reconnaitre le riz 10/10 sur certains marchés.

Une accélération de la détérioration des conditions de sécurité alimentaire, notamment au niveau de la disponibilité et de l’accès, est à craindre. Les causes immédiates sont le retard dans la récolte dû au début tardif de la saison pluvieuse, les effets de la décapitalisation causée par la succession des chocs en 2012 (sécheresse, cyclone Isaac et ouragan Sandy) encore présentes et qui risquent de s’aggraver sous la menace imminente de nouvelles intempéries et la tendance à la hausse du niveau des prix, notamment les produits alimentaires importés, pour cette période. Ce qui fait craindre une stagnation du nombre de personnes en insécurité alimentaire dans le pays, en dépit des efforts déployés pour le réduire. Cette situation peut durer jusqu’aux prochaines récoles.

Ce tableau justifierait donc la nécessité des interventions viables visant la stabilité des prix des produits alimentaires de base, en particulier le riz, la farine, pour garantir l’accès des ménages les plus pauvres aux aliments de base.

Situation globale de la sécurité alimentaire pour le mois de juillet selon la méthode IPC

Tous les départements ont été classifiés dans la phase de « sous pression» (Phase 2) sauf le département du Centre où l’insécurité alimentaire est minimale (Phase 1). Cette classification départementale cache des réalités plus graves que la phase 2 dans certaines communes ou groupes de population. Par exemple, dans les zones agro-pastorales du Nord, de l’Artibonite et du Haut Plateau Central, certaines communes probablement se trouvent dans une phase 3, néanmoins la proportion de la population dans cette situation par rapport à la population des départements ne permet pas de les classifier dans la phase 3.

Pour les ménages qui se trouvent dans une situation plus grave :

- La consommation alimentaire est réduite et d’adéquation minimale, ou même déficitaire dans quelques zones considérées en phase 3. Ce résultat est compatible avec les résultats de l´enquête d’août 2012 dont on mesure les valeurs des indicateurs de consommation (Score de Consommation Alimentaire, Echelle de la faim, etc.) qui correspondent à la phase 2 ou 3.

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Figure 3: Evolution des prix des produits alimentaires de base, janvier-juin 2012/janvier-juin 2013, engde par livre

2013 2012

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- Les stratégies et avoirs des moyens d’existence se trouvent sous pression : vente de bétail, migration anormale, ou coupe des arbres fruitiers pour la production de charbon.

Les ménages en phase 2 ou pire se trouvent normalement dans les zones de moyens d’existence plus sèches de chaque département (Zone d’agriculture sèche et pêche, zone agro-pastorale de plateau, zone agropastorale sèche).

Dans ces zones :

- La récolte n’a pas encore commencé en raison du retard dans le cycle de culture causé par l’arrivée tardive des pluies cette année.

- Les opportunités de tirer des revenus sont limitées en ce moment à cause du manque de production propre, à la décapitalisation des ménages suite aux chocs de l’année 2012, aux opportunités de travail agricole réduites et à la réduction des programmes HIMO et d’aide alimentaire.

- Par ailleurs les prix des aliments importés tendent à augmenter ce qui réduit d’avantage le pouvoir d’achat des ménages.

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5.2.- Le Commerce des autres, Myrtha Gilbert

Un coup d’œil sur le tarif douanier de nos voisins

Le grand capital, c’est-à dire les transnationales et les principales puissances capitalistes avec les EEUU en tête- a exigé à partir des années 80, une ouverture totale des marchés, notamment des pays du sud. Nous savons tous, les résultats de telles impositions dans l’augmentation sensible de la pauvreté.

Partout, les peuples, les organisations de travailleurs, les paysans, les fractions plus avancées des bour-geoisies locales se sont levées contre ces programmes destructeurs. Le cas emblématique en Amérique Latine fut celui de l’Argentine des années 90 avec le président Carlos Mennen et sa politique de priva-tisation sans contrôle et de baisse tarifaire. Par la suite, la lutte acharnée du peuple argentin dans ses principales composantes a permis de redresser la barre. Aujourd’hui, ce pays a renoué avec la croissance au profit notamment des couches fortement pénalisées au temps de l’expérience Mennen. Le taux de chômage avait reculé de 40% en Argentine entre 2000 et 2008.

En Haïti, à partir de 1986, le plan de libéralisation fait des ravages avec des baisses tarifaires inédites, une politique de privatisation tous azimut et un ensemble de politiques publiques funestes pour l’agriculture, l’industrie locale, la santé et l’environnement. Il s’agissait selon le ministre des Finances Lesly Delatour, de moderniser l’économie haïtienne !

Le ministre du commerce Fresnel Germain, saluera lui aussi la baisse des tarifs douaniers opérés à partir de 1995-1996, notamment sur le sucre et le clairin. Mais, les planteurs et les distillateurs de Léogâne avaient une toute autre lecture de la situation et en signe de protestation « Les producteurs de canne à sucre et les distillateurs sont sortis avec des machettes pour bloquer la route aux chargements d’éthanol en provenance de la République Dominicaine » rappelle un article du Nouvelliste daté d’avril 2012.

En 2002, un document du Ministère de l’Economie et des Finances soulignera ce qui suit: « Aujourd’hui le tarif douanier haïtien est d’une simplicité exemplaire. Il se résume à 4 (quatre) taux : 0- 5- 10- et 15… Seul la gazoline (est à) 57,8%. ». Pour ajouter plus loin : « La pauvreté touche encore 80% de la popula-tion ».

En Haïti, la production de bananes chutera de 1991 à 2004. Passant de 505 000 TM à 340 000TM. Celle de poulet de chair qui était de six millions d’unités aux environs de 1988 s’effondrera après l’ouverture totale des années 1995-1996, touchant à un moment donné, le plancher de 100 000. Une certaine re-prise est observée à partir de 2008 avec les mesures adoptées pour empêcher l’introduction d’œufs et de poulets dominicains contaminés.

Par contre, certains pays ont défendu leur économie du bec et des ongles. Dans ces cas-là, les conces-sions faites au libéralisme ont été partielles. Ces sociétés ont louvoyé, négocié, contourné les mesures dictées par la haute finance, pour protéger des secteurs clés de leur économie. Souvent, ces pays ont dé-cidé unilatéralement -pour défendre leur production- de relever les tarifs qui leur étaient préjudiciables. Ce, à l’encontre des règlements de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Quand aux grandes puissances, elles jouent avec ces mesures au gré des intérêts des groupes capitalistes les plus importants. Elles possèdent d’ailleurs la plupart des leviers économiques et politiques en mains, compte tenu notamment de leur développement technologique et scientifique. Elles adoptent selon leurs besoins des comportements fortement protectionnistes, tout en prêchant le contraire aux pays les plus pauvres. Et ce sont elles qui décident ce qui est bon pour la planète, c’est-à-dire pour les plus riches.

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C’est d’ailleurs le cas des EEUU d’Amérique du Nord qui n’ont pas hésité à relever leurs tarifs douaniers sur les pneumatiques en 2009, faisant passer la position tarifaire de ce produit de 4% à 39%, pour proté-ger ce secteur menacé par les importations chinoises. Et dire que nous parlons de la première puissance économique mondiale !

Trois exemples que les haïtiens devraient retenir

Le premier c’est celui de la République Dominicaine notre voisine. Selon une analyse de la politique commerciale de ce pays, il a été établi que l’Etat dominicain a adopté une libéralisation sélective de son commerce extérieur. Cela signifie, que les autorités ont analysé secteur par secteur les impacts des ouvertures, avant d’adopter ou de moduler des baisses ou au contraire, pour éviter une quelconque libé-ralisation qui provoquerait un éventuel effondrement.

Le tarif douanier de la République dominicaine comporte 12 taux allant de 0 à 40% ; 13 taux allant de 5 à 99% ; 53 lignes tarifaires se situant entre 40 et 99%. Près des 2/3 des tarifs se situent autour de 40%.

Les taux les plus élevés s’appliquent au riz, à la viande de volaille et à l’ail (99%) ; aux oignons (97%), aux haricots secs (89%). En d’autres termes, si vous achetez à l’étranger un sac de riz qui vous coûte US $20.00 (vingt) dollars américains, vous devez payer à la douane dominicaine US $19. 80 (dix-neuf dollars quatre vingt) de droits de douane. Ce qui élève le coût immédiat à US $ 39,80. Il faut comprendre que la réforme agraire en République Dominicaine a visé particulièrement la production rizicole qui est passé à 327 000TM (trois cent vingt sept mille) dès 1982.

En plus, la République Dominicaine interdit l’importation sur son territoire de certains produits pour protéger la santé des personnes et des animaux, préserver ses espèces végétales et l’environnement.

Par exemple, la loi interdit l’importation de vêtements usagés pour raison de santé publique. Les véhi-cules usagés et les appareils électroniques de plus de 5 (cinq) ans sont interdits d’entrée sur ce territoire.

Par ailleurs, certains produits sont assujettis à une autorisation d’importation.

Aujourd’hui, les débats et prises de position autour du commerce des œufs et de la volaille avec la Répu-blique Dominicaine, suite aux mesures conservatoires adoptées par Haïti dans la crainte d’une épidémie de grippe aviaire, devraient constituer une excellente opportunité -comme l’a suggéré un agronome- de poser l’ensemble des problèmes liés tant à l’impasse de l’agriculture haïtienne qu’au commerce avec la République voisine.

Une excellente opportunité aussi, d’aligner enfin nos tarifs douaniers sur ceux de la République voisine, pour commencer à rétablir un certain équilibre.

Le cas de la Jamaïque

La Jamaïque a elle aussi adopté une politique de libéralisation en dents de scie. Elle protège fortement les secteurs qu’elle considère vitaux.

Son tarif douanier comporte 9 taux allant de 0 à 100%. En 1998, elle a jugé bon d’en relever certains sur les légumes, les faisant passer de 40 à 100%. En 2004, ce pays a procédé à d’autres relèvements tarifaires. L’OMC a donc constaté que les tarifs douaniers pratiqués étaient très éloignés des prescrits de cette organisation !

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Le taux moyen en vigueur est de 53,2%, mais il est de 97,4% pour les produits agricoles. Une forte pro-tection est accordée aux produits de pêche, aux produits laitiers et à la viande.

Les plastiques et céramiques sont assujettis à un taux de 40%. Mais, les droits sur les légumes comme la tomate, la laitue et la carotte atteignent 260%, compte tenu d’une taxe complémentaire à l’importation. Qui dit mieux !

Un autre exemple intéressant : le Costa-Rica

Ce pays affiche des droits consolidés dans une fourchette allant de zéro à 233%. Il applique une libérali-sation à la carte si l’on peut dire.

La moyenne des taux pour les produits agricoles est de 44,9%. Et malgré des accords de libre échange avec des pays de l’Amérique Centrale, le Costa-Rica conserve des tarifs douaniers très élevés sur son café, son sucre et son alcool qui ne font pas partie des produits qui peuvent être librement échangés.

Par ailleurs, ce pays protège très fortement le secteur agricole et agro-pastoral, en particulier le secteur avicole, les produits laitiers, les oignons, la pomme de terre, les haricots, le blé, les huiles végétales et le secteur forestier.

Conclusion

Ceci dit, nous ne prétendons nullement que le seul tarif douanier puisse résoudre tous nos problèmes. Mais, il faut reconnaître son poids important comme levier de politique économique et commercial. D’autres mesures telles la Réforme agraire, les choix judicieux d’investissements productifs, l’accès des producteurs ruraux au crédit et aux infrastructures d’accompagnement... pour ne citer que celles-là, se révèlent indispensables à un relèvement économique de notre pays.

Il s’agit de prendre notre courage à deux mains !

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5.3.- VALORISATION DE PRODUITS LOCAUX, UNE ALTER-NATIVE POUR LA SECURITE ALIMENTAIRE EN HAITI, JEAN ANDRE VICTOR

Vers une Stratégie Intégrée de Valorisation des Produits Agricoles

Par produits locaux, il faut entendre non seu-lement les biens et les services du point de vue économique mais aussi les produits ma-tériels ou corporels et les produits non maté-riels ou incorporels au sens juridique. Est-il local, le produit qui est fabriqué chez nous avec des idées, une matière première, des méthodes et techniques de production im-portées ? N’est-il pas local le produit qui est bien de chez nous mais que nous produisons exclusivement à des fins d’exportation ? Il ne suffit pas de consommer ce qui est local pour valoriser ce qui est nôtre. Valoriser veut dire aussi bien coter dans l’échelle de nos valeurs. On peut aussi ajouter de la valeur à un pro-duit sans le consommer. Peut-on valoriser ce que l’on ne connait pas ? Y a-t-il plus de mérite, pour un riche à manger du calalou (Hibiscus sculentus), considéré comme la viande des pauvres, que pour un pauvre de consommer du benzolive (Moringa olifera) par nécessité ? Vouloir répondre à de telles questions commande d’interroger, à la fois, la philosophie, la science, l’éthique et la morale, à travers des équipes de recherche pluri et multidisciplinaires. Ce qui dépasserait, sans nul doute, le cadre de cette intervention. Dans le présent texte, on se bornera essentiellement à poser les bonnes questions notamment en ce qui concerne la valorisation des produits agricoles, des produits artisanaux d’origine agricole, des produits agro-industriels et des droits de propriété intellectuelle associés à l’agriculture et à l’environnement (DPI-AE). L’attention sera portée exclusivement, faut-il le déplorer, sur les modèles de production agricole (Section I), les méthodes et techniques de commercialisation (Section II), les sché-mas de consommation (Section III), la reconnaissance des DPI-AE (Section IV) et les éléments de stratégie d’un système intégré de valorisation des produits agricoles (Section V).

Section. 1. LA VALORISATION DS MODELES DE PRODUCTION

La valorisation des modèles de production agricole passe par celle des facteurs qui donnent naissance à ces derniers. Ce sont, entre autres, les facteurs essentiels de l’agriculture et les principaux déterminants du développement agricole.

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Les facteurs essentiels de l’agriculture sont l’agriculteur, la terre et la ferme. Chez nous, les trois sont menacés dans leur intégrité propre. Les valoriser signifie avant tout et surtout les protéger. La profes-sion agricole n’est pas légalement organisée. L’agriculteur n’a ni statut, ni police d’assurances en cas de catastrophes naturelles, ni indemnités de stabilisation des prix, ni salaire minimum garanti. De son côté, la sécurité foncière n’est pas pour demain. Il n’existe pas de cadastre généralisé, ni de parcellaire stan-dardisé, ni non plus de titres de propriété inattaquables. La ferme ou l’exploitation agricole, quant à elle, ne bénéficie d’aucun système de protection pour assurer son intégrité. Elle se défait à chaque généra-tion en raison de la loi successorale qui impose le partage égalitaire entre les héritiers, quel que soit leur nombre. Faut-il protéger avant de valoriser ou faut- il valoriser pour protéger. Tout dépend de ce que valoriser veut dire. On peut consommer une chose parce qu’on n’a pas le choix et arrêter de manger la vache enragée sitôt qu’on peut se payer des steak importés.

Les principaux déterminants du développement agricole comprennent notamment la recherche et l’en-seignement agricoles, la vulgarisation et le crédit agricoles, la planification et la gouvernance agricoles. Chez nous, la recherche agricole est négligée de plus en plus ; la vulgarisation est au point mort, le crédit agricole institutionnalisé a disparu ; le mouvement associatif est en lambeaux tandis que la gouvernance agricole laisse à désirer. Par contre, nos dirigeants mettent tous les œufs de la république dans les pa-niers de l’humanitaire, de la subvention à fonds perdus, des donations sans contrepartie et de la charité internationale. On ne peut pas valoriser les facteurs de développement agricole par les subventions, les programmes food for work ou encore les cessions gratuites de houe et de machettes. Les résultats du recensement agricole publiés en 2012 par le MARNDR ont mis en exergue les faiblesses de l’encadrement agricole. Ne faudrait-il pas valoriser la résilience paysanne vis-à-vis des catastrophes naturelles et des chocs imputables à l’homme?

SECTION II. LA VALORISATION DES SYSTEMES DE COMMERCIALISATION

La valorisation des méthodes et techniques de commercialisation soulève, entre autres, la question des marchés agricoles, de la disponibilité des intrants agricoles et celle du transport des produits agricoles. Il est difficile voire impossible de valoriser ce qui est, par essence, déjà dévalorisant, à l’instar des mé-thodes et des techniques contreproductives ou non respectueuses de l’environnement.

Par exemple, le système traditionnel des poids et mesures, actuellement en usage, est contreproductif. Faut-il honorer la marmite, le gobelet, les piles ou les assiettes comme unités de mesure alors que la république a signé, à ce sujet, des conventions internationales que le Ministère du Commerce et de l’In-dustrie n’arrive pas à mettre en œuvre (Victor, 1987). Faut-il valoriser, au nom de la sécurité alimentaire la vente sur le trottoir de produits avariés qui se débitent par piles ou en grappes ? Que vaudrait une liste de produits typiques à valoriser par département géographique, si la liste est, elle-même, élaborée sur la base de critères non mutuellement exclusifs et d’une méthodologie non partagée ?

Les intrants agricoles (semences améliorées, engrais, herbicides, raticides, fongicides, nématicides et insecticides) ne sont jamais disponibles sur place en raison de la gestion calamiteuse des stocks offerts gracieusement par la communauté internationale et/ou mis en vente dans les boutiques d’intrants gérées de façon non durable. Il parait indiqué de valoriser, de préférence, la production nationale de semences et de pesticides dans la mesure où ils sont certifiés et agréés. Mais, la gouvernance agricole, irresponsable et inconsistante, laisse distribuer des grains destinés à la consommation en lieu et place de semences améliorées et fait payer, à prix fort, des engrais minéraux non essentiels pendant qu’elle ignore la fumure organique et la lutte biologique reposant sur les savoirs traditionnels.

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Dans le même ordre d’idées, il n’est pas souhaitable de vouloir valoriser le transport à bras d’homme, à dos d’âne ou en vrac dans des véhicules inappropriés sur des routes défoncées à moins de prétendre construire l’édifice de la modernisation sur du sable mouvant. L’indigence des moyens de transport et autres faiblesses observées dans les modes d’empaquetage et d’étiquetage de nos produits ne font-ils pas augmenter, de manière significative, les pertes après récolte ? Faut-il valoriser ce qui est non valori-sable ou casser le moule qui produit la dévalorisation ?

SECTION III. LES SCHEMAS DE COMSOMMATION

Avant Christophe Colomb, chaque continent se contentait d’une grande céréale : l’Europe, le blé, l’Asie, le riz, l’Afrique, le sorgho et l’Amérique, le maïs. Aujourd’hui, tout le monde consomme tout. La première mondialisation a enrichi l’agro-biodiversité et fragilisé les agro-systèmes de production. Des plantes et des animaux furent valorisées, certes, mais, avec les plantes et les animaux, des bactéries et des virus furent aussi valorisés.

Chez nous, on consommait jadis moins de riz (6 Kg / tête) et plus de racines et tubercules (patate, manioc, igname, etc) jusque dans les années 50. De nos jours, on consomme plus de riz (40 kg/ tête) et moins de racines et tubercules. Pays de montagne, Haïti possède des avantages comparatifs pour la production de racines et tubercules plutôt que celle des céréales. Au lieu de consommer ce que nous produisons durablement, nous préférons importer ce que nous ne produisons pas assez.

Le changement des habitudes alimentaires s’est fait progressivement sous le poids de divers facteurs : l’acculturation, l’urbanisation, la pression démographique et la dégradation de l’environnement. L’accul-turation est due en grande partie à la richesse des pays développés qui utilisent, entre autres, l’arme ali-mentaire à des fins de domination, sous couvert de l’aide humanitaire et du food for work. L’urbanisation, en tant que phénomène universel, a besoin de fast food pour rattraper le temps perdu dans les longues files d’attente et les bouchons sur les autoroutes encombrées.

La pression démographique agit, à la fois, comme cause et effet. Primo, elle agit à travers l’émigration qui alimente le peuplement des villes et la pression sur des aliments plus faciles à importer qu’à faire pous-ser sur place. Secundo, elle fait augmenter, en l’absence de croissance économique proportionnelle, la demande d’aliments importés car les pauvres sont contraints de consommer (au propre et au figuré) les restes des riches et des nantis.

Quant à elle, la dégradation du milieu ambiant réduit le potentiel de production par la détérioration des ressources en sols et en eaux, déséquilibre les écosystèmes et fait baisser leur résilience, multiplie les risques d’épidémies, d’épizooties et de maladies associées à l’environnement sans oublier le fait qu’elle a la possibilité de tuer dans l’œuf toute tentative délibérée de développement durable.

La question se pose alors de savoir si oui ou non, on peut changer les habitudes alimentaires dans le bon sens par le biais de messages publicitaires, de jugements de valeur, de sermons servis par une foi morte et de foires gastronomiques où le folklore domine la technique. La réponse est définitivement non même si de tels événements ont une certaine utilité. Une politique alimentaire, cohérente et consistante ne peut pas se reposer sur la consommation accrue de salamis, d’olives et de benzolives ?

Evidemment, il est indiqué de valoriser les déchets et sous-produits retrouvés le long de la chaine de production et de consommation. Le peuple le sait bien qui le fait déjà en pratiquant les 3 R (Réduire, Réutiliser, Recycler) à travers nos kokorat qui fouillent dans les poubelles abandonnées, nos fabricants

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de chaudières qui recyclent l’aluminium et nos mécaniciens qui fabriquent des amortisseurs à base de pneus usagés. S’il est utile de valoriser les déchets organiques à travers le compost, le fumier ou l’engrais flamand, force est de constater que les pêpê (déchets importés) causent autant de mal que de biens notamment quand il s’agit de produits pouvant introduire des maladies importées sur le sol national. Mais, peut-on valoriser les déchets radioactifs venant des hôpitaux et/ou des laboratoires médicaux ?

SECTION IV. LA VALORISATION DES DROITS DE PROPRIETE INTELLECTUELLE

Si les droits d’auteur et les brevets d’invention sont bien connus, très peu de gens s’intéressent aux droits de propriété intellectuelle dans l’agriculture et l’environnement (DPI-AE). Pourtant, rares sont les pays qui n’ont pas de lois spécifiques sur la protection des savoirs locaux ou des savoirs traditionnels. Encore une fois, notre pays est très en retard dans ce domaine et laisse piller le fonds de ses savoirs tradition-nels, lesquels sont actuellement en péril par suite de la pauvreté de masse, de l’émigration massive, de l’acculturation intempestive et de l’évangélisation arrogante.

Par exemple, le droit de l’agriculteur sur une obtention végétale, d’une communauté sur les vertus d’une plante médicinale, d’un groupe ethnique sur l’aménagement d’une partie du territoire ou encore d’un faiseur de potions magiques sur le poison ou l’antidote correspondant constituent des DPI dont l’ab-sence de protection juridique finit par freiner la marche vers le progrès et le développement durable des communautés rurales. Faut-il rappeler que la connaissance est neutre et que c’est l’usage qu’on en fait qui tue ? Que faudrait-il alors valoriser : la zombification, le poison-zombie, le zombie, le faiseur de zom-bies, le pasteur qui voit le diable partout ou le législateur qui punit tout ce qui vient du vodou ou encore l’homme bien pensant qui ne se sent pas concerné par cette zombititude ?

Jusques à quand va-t-on laisser la paysanne fabriquer un produit sui generis, le revendre à bas prix et acheter, sans le savoir, à la pharmacie du coin, le même produit, à prix fort. C’est ce qui arrive avec le mascriti et l’huile de ricin. Voilà un paysan qui produit un chapeau de paille de qualité, adapté à la rigueur des tropiques et qui se laisse dépouiller de son produit à vil prix pendant qu’on lui refile une casquette de plastique à prix exorbitant, sous prétexte qu’il s’agit d’un produit importé. N’es-tu pas cour-roucé ou indigné par le fait qu’un créateur aussi habile qu’un faiseur de panier d’osier ou d’une macoute en fibre naturelle soit pauvre tandis que l’ignorant qui importe un sac au dos en plastic est cent fois plus heureux et mille fois plus honoré ? Pourquoi, citoyen de mon pays, tu reçois tes convives avec du steak au poivre et du filet mignon exclusivement alors que tu négliges le riz blanc aux 17 légumes et le poulet aux noix de Ranquitte ? Quand est-ce que, pour prêcher d’exemple, le Président de la République va-t-il prendre l’avion, avec sur la tête, un couvre-chef en paille et, sous les bras, une valise en fibre de mahaut franc made in Mombin Crochu ? On ne peut valoriser ce qui est nôtre si on ne protège pas les savoirs traditionnels.

SECTION V. VERS UN SYSTEME INTEGRE DE VALORISATION DES PRODUITS AGRICOLES

Toute stratégie durable de valorisation intégrée des produits agricoles commande de valoriser d’abord l’homme, le territoire et les institutions avant de valoriser les produits. Il s’ensuit qu’il y a un lien invisible, mais réel, entre ces quatre types de valorisation.

A quoi sert-il de valoriser un produit agricole si le paysan n’est pas lui-même valorisé ? Peut-on valoriser le paysan si l’Haïtien, lui-même, n’est pas valorisé ? Est-il alors possible de valoriser l’Haïtien si l’Homme, lui-même n’est pas valorisé ? Dit autrement, la valorisation d’un homme est la valorisation de tout

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homme. Le fait de maintenir en place un système d’état civil qui n’arrive point à identifier ses citoyens est une forme de dévalorisation de l’homme haïtien. Le rapatriement des Haïtiens de la République Dominicaine qui se fait actuellement au mépris de l’accord du 2 décembre 1999 a causé la mort d’un compatriote sans défense et provoqué la dévalorisation de l’homme haïtien au regard de la communauté internationale.

Peut-on valoriser le territoire en le désertifiant ? Ceux qui pensent que la forêt des Pins est condamnée à mourir de mort lente auront-ils le mâle courage de développer, en temps et lieu, l’écotourisme ou l’agro-tourisme ? Si on ne peut valoriser la Citadelle Christophe qui figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, pourrait-on valoriser le site de Saut d’Eau ou du Bassin Bleu dont les cours d’eau respectifs sont en voie de tarissement ? D’où vient l’idée saugrenue de prétendre qu’il est plus facile de mettre en sécurité notre faune endémique au zoo de Miami en lieu et place d’un parc zoologique à Source Zabeth, sous le fallacieux prétexte que la République n’a pas de fonds pour ce type d’investissement ? Comment penser qu’on puisse faire du tourisme durable à Camp Perrin ou à l’Ile à Vache sans valoriser le site de Macaya qui fournit les services environnementaux à la presqu’île du Sud ? Pourquoi enfin, est-il impos-sible de mettre en place, dans nos murs, un jardin botanique de standard international, destiné à la conservation ex situ de nos espèces rares, uniques et endémiques ?

Peut-on valoriser l’EDH en méditant d’acheter de l’énergie hydro-électrique de la République Domini-caine pendant que les projets de microcentrales hydro-électriques conçus par des investisseurs haïtiens sont repoussés avec suffisance et arrogance ? Qu’est-ce qui empêche à la république de mettre en place un système national de certification des produits nationaux, un centre de promotion des produits locaux, un réseau de centres de recherche sur les savoirs traditionnels ou encore un village informatique et des centrales solaires de production électrique dans le Plateau Central ?

Enfin, pour valoriser nos produits, il ne suffit pas de les consommer, il faut standardiser, certifier, recon-naitre les droits de propriété intellectuelle. Il faut également se lancer dans la recherche scientifique, faire du crédit équitable, faire fonctionner les banques commerciales dans la transparence et les institu-tions à but non lucratif dans la plus large tolérance. Il faut aussi et surtout organiser la libre circulation des biens et des personnes de manière conforme à la dignité humaine.

Paraphrasons, pour finir, le philosophe en criant aux quatre coins du territoire national : valoriser, valo-riser, même quand il ne faudrait point valoriser, il faut valoriser encore pour montrer qu’il ne faut point valoriser.

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Promotion pour le Développement (PROMODEV)

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5.4.- Note de programme du Briefing no.2 sur le développe-ment

Briefing n. 2 sur le développement en Haïti

Valorisation des produits locaux, une alternative pour la sécurité alimentaire en Haïti

02 juillet 2013, Hôtel Le Plaza, Champ de Mars, Port-au-Prince, Haïti

http://bruxellesbriefings.net / http://haitibriefings.net / www.promodev.ht

5.4.1.- Contexte

S’il est un sujet d’actualité aujourd’hui, c’est bien celui du développement durable et comment le secteur agricole peut y contribuer. L’agriculture reste un secteur stratégique pouvant contribuer à assurer la stabi-lité sociale, améliorer la sécurité alimentaire et augmenter la croissance économique nationale. En effet, le secteur agricole représente, entre autres, un apport économique important au pays, contribuant à environ 25% du Produit Intérieur Brut. L’agriculture, pratiquée par un peu plus d’un million d’exploitations agricoles à travers le pays1, constitue la principale source de revenus en milieu rural, occupe environ 60% de la popu-lation active et assure, selon la Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA), 50% de la dis-ponibilité alimentaire en 20112, mais le chiffre précis est difficile à obtenir. Les principales productions sont le café, le cacao, le riz, la canne à sucre, le sisal, les haricots, le maïs et le sorgho et les principaux produits d’exportation demeurent le café, le cacao, la canne à sucre, le sisal et les fruits (spécialement les mangues).

Par contre, pour l’année 2012, Haïti a importé environ 522,97 millions $USD de produits alimentaires (BRH, 2012) et on a remarqué qu’environ 70 % de nos consommations sont importées et la tendance est vers un accroissement des importations compromettant davantage le niveau d’autosuffisance du pays. D’où, il est dès lors opportun que le Gouvernement, les institutions de développements et autres acteurs s’engagent en conséquence dans l’appui au secteur agricole et rural pour améliorer la productivité, la rentabilité, la compétitivité et l’attractivité du secteur.

La production agricole est insuffisante pour subvenir aux besoins croissants de la population : avec, comme résultat, une tendance constante à la hausse des importations de produits alimentaires dont la contribution est passée de 44% à 46% de la disponibilité alimentaire de 2010 à 2011. 3.

Le secteur est caractérisé par de faible productivité, faible compétitivité et faible création de valeur ajou-tée, et génère donc de faibles revenus au niveau des producteurs : 88% des personnes vivant en milieu rural sont au-dessous du seuil de la pauvreté et 77% des personnes en situation d’insécurité alimentaire

1 Il a été recensé exactement 1 018 951 exploitations agricoles. Voir : Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural/FAO/Union Européenne. 2008/2009. Synthèse Nationale des Résultats du Recensement Général de l’Agriculture (RGA). http://agriculture.gouv.ht/view/01/IMG/pdf/Resultats_RGA_National_05-11-12.pdf.

2 Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire. 2012. HAÏTI: Bilan Alimentaire 2011.

3 Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural. Haïti - Plan National d’Investissement Agricole. Juillet 2010. Imprimerie NAPCO, p.13.

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Une agriculture résiliente face aux crises et aux chocs: le cas d’Haïti

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se retrouvent en milieu rural4. D’après les chiffres pour l’année fiscale 2000-2001 et estimations pour l’exercice fiscal 2010-2011 de la Banque de la République d’Haïti, la valeur ajoutée des produits du sec-teur primaire a diminué d’environ 3.6%, passant de 3 469 millions de Gourdes en 2000-2001 à 3 344 mil-lions de Gourdes en 2010-2011 (base 1986-87)5.

La dégradation de l’environnement s’accélère sous l’effet de pratiques agricoles inappropriées et des mécanismes de survie dangereux et se traduit par une augmentation des risques aux vies et aux biens : moins de 2% du territoire peuvent être considérés comme forêt dense et 85% des bassins versants sont fortement dégradés ou en voie de dégradation accélérée 6 (MARNDR, 2010)

5.4.2. Valorisation de produits agricoles locaux

Selon le pays ou la discipline, on dit « produits locaux (local food) » mais aussi « produits de terroir », «typical food», «regional food», food of local origin » voire « regional héritage » et parfois un mélange savant de tous les termes rappelant la notion de territoire ou de localité liée à la culture de l’alimentation.

En Haïti, la demande de produits agricoles locaux est de plus en plus pressante mais des problèmes liés à la préservation, la commercialisation et la compétitivité limitent leur disponibilité sur le marché, ce qui conduit à une augmentation des importations. Il faut ajouter que les agriculteurs haïtiens utilisent très peu de fertilisants chimiques et pesticides, ce qui augmente l’attraction des produits locauxmais aussi comme opportunité d’emploi local. Il est donc nécessaire pour le producteur de bénéficier d’une valori-sation optimale de sa production.

Un produit peut présenter des caractéristiques spécifiques, qui résultent d’une alliance unique de ressources naturelles (conditions climatiques, caractéristiques du sol, variétés végétales locales, croi-sements, etc.), de compétences locales et de savoir-faire. Les pratiques historiques et culturelles, ain-si que les connaissances traditionnelles en matière de production et de transformation des produits peuvent également être une valeur ajoutée. La première étape pour les acteurs locaux consiste à prendre conscience de ce potentiel en repérant les liens entre la qualité des produits, l’environnement local et les opportunités de marché.

On peut trouver en Haïti des cas concrets de produits agricoles traditionnels, liés à l’origine comme le café Haitian Blue, le Cacao, des cultivicars comme le petit mil, le lalo, la calalou congo, le pois congo, des mangues spécialement la mangue Francisque Bio, des fruits et légumes, des fleurs coupées, des produits de pêche comme la langouste, le lambi, la crevette, etc. Ces produits agricoles peuvent contribuer au développement économique de ce pays.

5.4.3. Habitudes de consommation

Les habitudes de consommation ont fortement évolué durant les 20 dernières années avec, de manière générale, un style de vie de plus en plus urbain et dynamique, et des consommateurs de plus en plus

4 Ibid., p.6.

5 Les Produits pris en compte sont : agriculture, sylviculture, élevage, pêche, industries extractives. Banque de la République d’Haïti. Version du site au 6 décembre 2012 http://www.brh.net/vasecteurprimaire.pdf. Valeurs ajoutées du Secteur Primaire (en millions de gourdes de 1986-87) Sources citées par la BRH: Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (Service des Comptes Nationaux).

6 Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural. Haïti - Plan National d’Investissement Agricole. Juillet 2010. Imprimerie NAPCO, p.7. et p.22.

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éloignés du niveau de production primaire. En effet, les goûts, les habitudes de consommation évoluent avec le temps et avec les changements de style de vie. Cette perte de lien avec la production nationale a entraîné un désintérêt, voire un dégoût pour les produits locaux au profit de produits simples à utiliser ne nécessitant que peu de temps pour leur préparation. Face à une telle situation, il est important de questionner le modèle de production et les schémas de consommation afin de dégager des stratégies appropriées pour une valorisation des produits agricoles.

Les consommateurs sont de plus en plus intéressés par l’achat de produits alimentaires et agro-industriels liés à leur origine. Certains sont associés par leur réputation au lieu de production, alors que d’autres sont profondément ancrés dans les diverses cultures traditionnelles et étroitement liés à un lieu d’origine spécifique. Pour les petits et moyens producteurs et agriculteurs, cette tendance pourrait entraîner de nouvelles opportunités et susciter des marchés de niche, tout en accompagnant les efforts d’améliora-tion des standards et d’adéquation à la demande en constante évolution des clients.

Le potentiel représenté par la commercialisation de produits véhiculant une certaine réputation en rai-son de leur origine est tout aussi important, que le lieu de production présente ou non une caractéris-tique physique ou organoleptique spécifique. Une partie des consommateurs se dit sceptique en ce qui concerne les chaînes de production anonymes, qui changent de sources et d’approvisionnement au gré des fluctuations des marchés. Ils recherchent des garanties sur l’origine et la méthode de production, une demande de marché que les producteurs devraient exploiter

Le renforcement des liens entre les différents acteurs, les zones géographiques et les produits agricoles et alimentaires constitue un grand pas vers un développement rural durable tout en relevant le triple défi auquel l’agriculture doit faire face : (a) une production accrue qui répond à la demande, (b) un accroissement des revenus des agriculteurs, notamment ceux qui travaillent sur une petite exploitation et les femmes, (c) et ce, tout en préservant l’environnement et ses ressources naturelles afin de pouvoir continuer à produire dans le futur. Le succès de cette approche dépend des capacités locales à créer de la valeur au sein d’un marché mondial tout en restant ancré dans un lieu spécifique. Les produits liés à une origine présentent des caractéristiques qui sont indissociables des lieux où ils sont produits et qui leur permettent de se forger une réputation à terme.

Une frange des consommateurs est de plus en plus préoccupée par les attributs spécifiques des produits agricoles et alimentaires, en particulier au niveau de leur culture, de leur identité et des solutions de production durable mises en œuvre. Par ailleurs, ces produits peuvent contribuer à la préservation de la biodiversité, à la protection du patrimoine culturel, au développement socioculturel et à la réduction de la pauvreté rurale.

5.4.4. Améliorer la qualité et la contribution nutritionnelle des produits locaux

La «qualité», entendue comme «la satisfaction des attentes de l’acheteur», peut aussi constituer un mo-teur pour gagner la confiance du consommateur et maintenir les critères qui la définissent. Les systèmes d’assurance qualité et de traçabilité tout au long du processus deviennent des exigences de base pour les acheteurs au niveau régional et international. Il existe dans les pays ACP de nombreux exemples de meilleures pratiques dans le cadre de la vente et du marketing de produits à travers des chaînes qui pré-servent l’identité et l’origine du produit, ce qui permet d’indiquer et de garantir l’origine du produit final.

Par un marketing efficace de ces produits, les activités rurales peuvent être maintenues, voire diversifiées moyennant des investissements pertinents. Lorsque le produit est lié à son origine, la valeur ajoutée et

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toute activité liée à cette origine, telles que le tourisme et la transformation des produits, sont assurées dans la zone rurale en question, ce qui permet in fine de juguler l’émigration de la population. En effet, les ressources locales spécifiques qui entrent en jeu dans le système de production, telles que des varié-tés végétales, des races animales, des paysages traditionnels uniques ou des traditions et une culture alimentaires, sont également profitables pour le tourisme et la protection de l’environnement.

Le développement des produits typiques en Haïti représente une alternative prometteuse pour un déve-loppement local viable axé sur la création d’emplois durable dans les communautés. Ce qui peut contri-buer également à la sécurité alimentaire. Haïti ne manque pas de produits aussi riches que variés dans différentes régions du pays. On peut citer les mangues à l’Artibonite et le Plateau Central ; le café dans la Grand-Anse et le Sud‘Est ; le cacao et le chocolat dans le Nord, etc. Sa richesse ne s’arrête d’ailleurs pas à son patrimoine agricole et artisanal mais s’étend à son patrimoine culturel. C’est cette approche de l’économie haïtienne qu’a retenu le Ministère du Commerce et de l’Industrie supporté par le PNUD depuis octobre 2012.

Haïti se propose de substituer près de 25% de leur importation de produits alimentaires par des produits locaux grâce au transfert de technologies adaptées et la mise à jour des connaissances en matière de technologies de production et de transformation et de marketing. Les racines et tubercules à haut poten-tiel de rendement et riches en carbohydrates ont ainsi été identifiés pour jouer ce rôle de substitution.

De la production à la consommation, le projet Racines et Tubercules en Haïti conduit par IICA/MARNDR/CARDI s’intéresse à toute la chaîne de production pour la patate, le manioc, l’igname et le mazonbèl (Co-locassia esculenta) et à la promotion de leur consommation en accompagnant les unités de transforma-tion dans la présentation et la qualité des produits transformés.

Entre autres, il est important de souligner les opportunités suivantes :

· Demande croissante de produits agricoles sur le marché local, avec la pression démographique ;

· Exploitation de marchés de produits biologiques et de marché équitable ;

· Les nouveaux progrès technologiques dans le domaine agricole ;

· Utilisation de produits locaux dans les programmes d’aide alimentaire ;

· Le marché régional de la Caraïbe et de la République dominicaine ;

· La proximité du grand marché nord américain (USA, Canada) ;

· Volonté politique exprimée par le Président de la République, le Gouvernement haïtien et cer-tains bailleurs de fonds à appuyer le développement de l’agriculture haïtienne.

Toutefois, l’agriculture en Haïti utilise très peu de technologie, comparativement aux autres pays de la région caraibéenne. Est-ce pourquoi l’IICA, considérant que l’augmentation de la sécurité alimentaire à l’échelle nationale et des revenus de la population rurale doit passer par une agriculture moderne, hautement technologique, donne une priorité à l’introduction et la validation dans le pays de paquets technologiques adaptés aux conditions locales, déjà expérimentés dans d’autres pays. L’application de ces technologies nécessite la mise en place des infrastructures aptes à réduire les pertes post-récoltes, la transformation et la préservation des produits agricoles.

Développer des démarches visant à améliorer la valeur ajoutée des produits locaux apparaît donc comme une option crédible dans la stratégie que doit développer le secteur agricole afin de répondre aux défis

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économiques auxquels il se trouve confronté à l’heure actuelle et d’anticiper les changements des mar-chés des produits locaux. Ces démarches représentent aussi une des possibilités de profiter pleinement des opportunités à saisir sur la dynamique « marché des produits agricoles ». L’adaptation aux tendances du marché ne nécessite pas toujours un effort important de la part du producteur, mais une attitude positive et proactive est nécessaire et représente la clef de toute démarche liée à la valeur ajoutée

5.4.5.- Objectifs et résultats attendus du Briefing

Contribuer à la promotion du développement rural en Haïti à travers la mise en route d’un système inté-gré de production agricole.

Objectifs spécifiques

PROMODEV se propose :

- De répliquer les briefings organisés par le CTA à Bruxelles en partenariat avec la Commission européenne, le Secrétariat ACP et Concord.

- Renforcer la compréhension sur les enjeux du secteur agricole dans le pays

- Favoriser le processus de dialogue vers des pistes de solution à la crise de l’agriculture haïtienne.

- Sensibiliser sur les grands défis pour le renforcement de la production locale

- Accroître l’échange d’informations et d’expertise sur les succès avérés dans le domaine de la sécurité alimentaire

- Faciliter la mise en réseau entre les partenaires de développement.

Ces objectifs permettront d’améliorer le partage des informations et d’encourager la mise en réseau et des enjeux clé du développement rural dans le contexte de la coopération UE/ACP. La séance du 02 juillet 2013, basée sur une approche participative, rentre dans le cadre de la Stratégie Nationale de vul-garisation agricole.

Résultats attendus

Les décideurs et partenaires au développement sont mieux informés sur des questions clefs de dévelop-pement rural pouvant contribuer à accroître la résilience du secteur agricole et des petits producteurs en Haïti. La mise en place d’une plateforme de communication et d’échanges au service des acteurs impli-qués dans le développement rural. Les médias ont une meilleure compréhension des questions agri-coles, les problèmes auxquels ce secteur est confronté et les interventions nécessaires à entreprendre pour pallier ces problèmes.

Publication

Les informations fournies avant, pendant et après la deuxième séance du Briefing en Haïti seront pu-bliées sur les blogs des briefings: http://bruxellesbriefings.net / http://haitibriefings.net et sur le site web de la PROMODEV : www.promodev.ht Un rapport succinct et un reader seront publiés peu après la réunion.

PS. : Un stand de publications, revues et livres sera mis en valeur le jour du Briefing. Si vous avez des publications à offrir aux participants, la PROMODEV aura le plaisir de les distribuer à travers ce point de vulgarisation des travaux et réalisations.

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5.5.- Présentation des intervenants

M. Vernet Joseph, Secrétaire d’État à la Relance Agricole

M. Joseph est Ingénieur agronome de profession. C’est un ancien cadre du Ministère de l’Agri-culture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural. A ce ministère il a géré plusieurs projets dont la gestion durable des terres, la gestion des bassins versants et la gestion des risques et désastres. Il est en même temps professeur à la Faculté de l’Agronomie et de Médecine Vété-rinaire (FAMV). Avant d’être nommé Secrétaire d’Etat à la relance agricole au Ministère de l’Agri-culture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR), il était au Cabinet du Ministre de l’environnement.

M. Bernard Ethéart, Directeur Général de l’Institut National de la Réforme Agraire (INARA)

M. Ethéart a décroché un diplôme en pharmacie à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’Etat d’Haïti. Il a fait son Master en sociologie avec l’Université de Munich de la République Fédérale d’Allemagne. Il a été Directeur du Projet Croix Fer (commune de Belladère) pour le CHADEV (Comité Haïtien de Développement). Il est Professeur de sociologie rurale à la Faculté des Sciences Humaines. Il a également donné des consultations à la Fondation Inter-Amé-ricaine (Washington).

Il est membre de la Fondation Haïtienne pour le Développement Intégral Latino-américain et Caraïbéen (FONHDILAC), membre de l’Institut de Consultation, Evaluation Formation (ICEF), membre du Comité Artisanal Haïtien (CAH) et Représentant du CHADEV à l’Association Haïtienne des Agences Volontaires (HAVA).

Il est actuellement Directeur Général de l’Institut National de la Réforme Agraire (INARA). Il anime une émission hebdomadaire sur Mélodie 103.3 FM, sur le thème du développement durable et il est rédacteur d’une chronique dans l’hebdomadaire Haïti en Marche

M. Pierre Gary Mathieu, Coordonnateur de la CNSA

M. Mathieu est Ingénieur-Agronome et Spécialiste en Economie et Développement Rural de la Faculté de l’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV). Il a fait une spécialisation en Mana-gement de programmes à l’Université du Connecticut. Il a de grandes expériences dans le suivi et l’encadrement. Il a aussi une connaissance approfondie des départements géographiques et dans l’évaluation des dégâts post-cycloniques et la conduite des programmes d’urgence.

Agr. Gary Mathieu était Responsable de la Planification et de l’Évaluation du Programme d’Ur-gence PNUD/HAI/95/025 dans le Nord-Ouest, Consultant de la FAO dans le cadre de l’évaluation des dégâts causés par le cyclone Georges et la Formulation d’un Programme d’Urgence pour les Départements du Sud-est & de la Grand Anse, Responsable de Suivi des programmes GCP/HAI/013/EEC/ FAO et HAI/95/025/PNUD, Consultant National VAM (Vulnerability Analysis and

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Mapping) avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM), Responsable Appui aux Organisations Paysannes au Programme National des Intrants/Semences (PNIS/MARNDR/UE). Il fut Représen-tant d’Haïti au sein de « l’Initiative Amérique Latine et Caraïbes Sans Faim en 2025 et il est membre de l’Alliance Internationale Contre la Faim. Il présente des conférences sur la sécurité ali-mentaire. Actuellement, il est le Coordonnateur de la Coordination Nationale de Sécurité Alimen-taire (CNSA), un organisme sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR).

Il a déjà publié plusieurs ouvrages dont «Le Service des Intrants Agricoles á la CECOOPASE, ses contraintes et son Orientation vers un meilleur approvisionnement du Sud-Est» (Novembre 1992)

Dr. Jean André Victor, Expert en Agro-écotourisme

Dr.Victor est Ingénieur-Agronome et Juriste. Il a fait son doctorat en Droit de l’Environnement. Il est Professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE), Président de l’Associa-tion Haïtienne de Droit de l’Environnement (AHDEN). Il a également dispensé le cours Droit Rural à la Faculté de l’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV). Il a été Directeur Général de l’Organisme de Développement de la Vallée de l’Artibonite (ODVA), Directeur Général du Minis-tère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) et Ministre de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages. Il travaille comme Consultant et coordonne des recherches scientifiques et thèses.

Dr. Yanick D’Amour, Expert en développement économique et Professeur à l’Université

Ms. D’Amour est un Docteur es- sciences Economiques et a fait ses études doctorales à l’Univer-sité Paris I, Panthéon-Sorbonne (France). Elle a également des étudié des sciences économiques et a décroché un diplôme en Sciences politiques option relations internationales à la Faculté des Sciences Economiques de l’Université de Strasbourg, France. Elle a de riches connaissances en Management de développement et a fait une spécialisation en gestion de l’économie nationale à l’Institut de Développement Economique de la Banque Mondiale, Washington DC.

Elle a travaillé au Ministère des Affaires Etrangères et des Cultes comme membre du Cabinet Technique du Ministre. Collaboration dans les travaux à caractère économique, support à la Di-rection des Affaires Economiques et comme Chef de bureau des Services Extérieurs.

Dr. D’Amour travaille actuellement au Ministère de la Planification et de la Coopération Externe en tant que Chargée de mission à la Direction de l’Aménagement du Territoire et du Développe-ment Local et Régional. Elle est Professeur à la faculté de Droit et des Sciences économique et les matières enseignées sont: macroéconomie, planification économique, économie haïtienne. Membre du Comité de Gestion Unité diocésaine d’Enseignement de Recherche et de Service (UDERS) Cayes, elle est Consultante responsable de l’encadrement des étudiants de la faculté d’agronomie en matière de mémoire (thèse).

Garry Jérôme, Spécialiste en développement rural et en phytopathologie

Ingénieur-Agronome de formation à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV). Il a fait des études pointues en phytopathologie dans diverses universités étrangères comme à Kobe University (Japon), University of North Carolina (North Carolina, USA). Il a fait une maîtrise

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Une agriculture résiliente face aux crises et aux chocs: le cas d’Haïti

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en Développement Rural dans les Universités de Cordoba (Espagne), de Pise (Italie), Ghent (Bel-gique) et Agro-Campus Ouest (Rennes).

Mr Garry JEROME a fait ses armes dans la profession à la Direction de la Protection des Végétaux du Ministère de l’Agriculture où il a occupé les postes de : Assistant Chef de Service, Coordonnateur du projet : ‘’Lutte intégrée contre le scolyte du café ‘’, Superviseur National du Programme Natio-nal de Détection et de Contrôle de la Mouche des Fruits (PNDCMF). Par la suite il a intégré l’IICA à titre de ‘’Assistant Spécialiste en Projets’’. Actuellement, il occupe le poste de ‘’ Coordonnateur de projet’’ au sein de la même institution. Mr JEROME a récemment été l’un des invités du gou-vernement américain à son programme « International Visitor Leadership Program, IVLP »

M. Yvens Philizaire, Spécialiste en Technologie des Aliments

M. Philizaire est originaire de l’Anse d’Hainault, département de la Grand’Anse. Il a été diplômé aux Sciences et Technologies des Aliments de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire de l’Université d’Etat d’Haïti en 2007. Il a fait un Master II en nutrition Humaine à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) en 2009 à l’université Montpellier II, France. En 2011, il a fait un stage spécialisation à l’INRA (Rennes, France) dans le domaine de la technologie laitière. Depuis 2009, il s’est consacré à l’enseignement dans les facultés d’agronomie des universités d’Etat d’Haïti et Episcopale d’Haïti. Il enseigne la nutrition et dispense des cours en conservation et transformation des aliments.

M. Gary Paul, Agronome-Economiste, Directeur de CFM

M. Paul est Ingénieur-Agronome et Economiste. Il est Directeur Exécutif de l’organisation « Conseils, Formation, Monitoring en développement (CFM), œuvrant dans le développement socio-économique d’Haïti. Il a des expériences en appui-conseil à titre de consultant auprès des institutions nationales et internationales soutenant le développement d’Haïti, le renforcement de capacités, la mise en œuvre et l’évaluation de programmes. Il a réalisé en Haïti depuis une vingtaine d’années plusieurs travaux d’études et de recherche dans différents domaines et à dif-férentes échelles. Il dispense actuellement à l’Université Quisqueya (UNIQ) et à l’Académie Diplo-matique du Ministère des Affaires Etrangères des cours sur l’élaboration et la gestion de projet de recherche et de développement.

M. Arthur Jovial Bonicet, spécialise en technologie Post-récolte en fruits tropicaux

M. Bonicet a obtenu sa licence en agronomie, avec une spécialisation en Production animale à la F.A.M.V (U.E.H) et a par la suite décroché une maitrise en Sciences Horticoles (agronomie) à l’Université de la Floride où il s’est spécialisé en technologie post-récolte et a aussi fait une sous spécialisation en production de fruits tropicaux à l’University of Florida, Gainesville (USA). Il a conduit ses recherches sur la mangue Francique dans la perspective de réduire les pertes post-ré-coltes en vue d’augmenter les revenus de tous les acteurs tant nationaux qu’internationaux inter-venant au niveau du sous-secteur.Actuellement, il travaille à titre de consultant, notamment au projet HAITI/WINNER où son boulot consiste à aider dans l’établissement de principes d’hygiène et de conditionnement de denrées fraiches au centre conditionnement fraichement inauguré à Kenscoff, Haïti. Il aidera aussi à établir les principes de fonctionnement hygiéniques et sanitaires respectant les standards internationaux au centre de séchage de fruits de Mirebalais.

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Promotion pour le Développement (PROMODEV)

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Dr. Joseline Marhonne Pierre, Spécialiste en Alimentation et Nutrition

Dr. Marhonne-Pierre est Pharmacienne de formation de base et Medecin de profession avec une maitrise en nutrition et en santé internationale de Tulane University La USA. Elle est aussi déten-trice d’un diplôme en Théologie de l’institut de Théologie/de l’Université Notre Dame d’Haïti (UNDH). Elle est membre de l’Association Médicale Haïtienne, (AMH), membre de la Commission de Lutte contre la faim et la malnutrition (COLFAM), membre de l’Association de Santé Publique d’Haïti. (ASPHA) et membre de la American Public Health Association (APHA) et de la American Dietetic Association (ADA). Elle représente en tant que Point Focal de Mouvement Scaling Up Nutrition (SUN) pour Haïti.

Actuellement, elle est Directrice de l’Unité de Coordination du Programme National d’Alimenta-tion et de Nutrition (UCPNANu) au Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Elle est Professeur de sciences de base: la Biologie et la Génétique ainsi que la Nutrition fondamen-tale, communautaire, Clinique et internationale à l’Université d’Etat d’Haïti, l’Université Notre Dame d’Haïti et à l’Ecole Hôtelière d’Haïti.

M. Jacob Eliezer Jonas Jean-François, Directeur Exécutif de l’ANATRAF

M. Jean-François est Ingénieur-Agronome et spécialiste en Production Agricole à l’Université Quisqueya d’Haïti. Il a fait ses études de Master en Gestionnaire de projet Il est un Communi-cateur avec une bonne connaissance en administration, finance et éducation communautaire et institutionnelle.

Il a de grandes expériences dans le secteur des ONGs et des institutions étatiques et a travail-lé comme: Gestionnaire de projets, Chargé de mission, Consultant en appui organisationnel et Responsable de suivi et d’évaluation, Administrateur, Responsable de liaison académique et de recherche, Coordonateur de programme environnemental, Analyste financier, Directeur de pro-gramme national, conseiller technique auprès du gouvernement haïtien, président de conseil d’administration. Il est Professeur d’université des Sciences de la vie et de sciences économiques (Biologie Générale, Biochimie Générale, Introduction à l’Environnement, Introduction à l’Eco-nomie et Micro-économie) et travaille comme Directeur Exécutif de l’Association Nationale des Transformateurs de Fruits (ANATRAF1) en Haïti.

M. Moncher Elan, Expert en développement rural

Ingénieur-Agronome de formation à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV), M. Moncher exerce la profession d’ingénieur Rural depuis huit ans avec des ONG et des institu-tions étatiques dans le domaine du développement rural. Il est le fondateur et PDG d’Action et Coopération en Développement (ACOD) qui offre actuellement des services de coopération aux acteurs de développement (Collectivités territoriales, ONG, Associations dans les départements du Nord et du Nord’Est. Actuellement, ACOD accompagne des associations de producteurs. Conscient de la nécessité de contribuer dans le développement socioéconomique d’Haïti, ACOD intervient dans la production agricole avec le piment comme la principale culture afin de générer du revenu et de contribuer à la création d’emploi et dans la prestation de services de coopération en développement. Pour plus d’infos, visiter : www.acodhaiti.org

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Une agriculture résiliente face aux crises et aux chocs: le cas d’Haïti

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5.6.- Bibliographie

Amérique Latine : pauvreté, inégalités, chômage et orientations politiques. Juan Carlos Bossio Retondo (2010) ;

Haïti : Stratégie à moyen terme 2002-2006 ; Gouvernement de la République d’Haïti. Ministère de l’Eco-nomie et des Finances. (2002) ;

Journal Le Nouvelliste : Faux clairin 17 avril 2012 ;

Politiques commerciales. Analyse par mesure : The Organization of American State’s Foreign Trade Infor-mation System.- SICE.OAS.ORG ;

Politiques Commerciales.- Analyse par mesure: org. french.tratrop ;

MINISTERE DE L’AGRICULTURE DES RESSOURCES NATURELLES ET DU DEVELOPPEMENT RURAL (MARN-DR). 2012. Recensement général de l’agriculture 2008-2009. MARNDR/FAO. Port-au-Prince. 10 tomes ;

MOSHER, A. T. 1966. Getting agriculture moving. The Agricultural Development Council / F.P. Publishers. New York. 177 p.

VICTOR, J. A. 1987. Haïti et le système international de mesures. Bull. Agricole Nº 49. Pp 30 – 35.

Moral Paul : le paysans haïtien. Collection du bicentenaire, Port-au-Prince,1978,375p :

Sanchez(Stephanie): synthèse analytique sur l’évolution des systèmes caféiers dans quatre zone du Moungo, du Kupe-Muanenguba et du Knam,Cameroun, CIRAD/IRAD,2002, 52 p

Deloumeau (Stéphanie) : Etude des systèmes de production Café de la Grande terre ( Nouvelle Calédo-nie), France, CNEARC-ESAT, 1995,130 p

http://www.ico.org/documents/globalcrisisf.pdf

http://www.france.attac.org/archives/spip.php?article1238haiti.cherie.perso.sfr.fr/histcomplete.ht

ICEFDA : Rapport final du projet d’amélioration de la compétitivité du café à Baptiste, Haiti, 2012

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Promotion pour le Développement (PROMODEV)

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Une agriculture résiliente face aux crises et aux chocs: le cas d’Haïti

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5.7.- Liste des participants

# Nom et Prénom Institution Région E-mail Téléphone1. Adolphe Claude ICEF Port-au-Prince 38063533

2. Alexando Grecia Radio Galaxie Port-au-Prince [email protected] 37298701

3. Alexandre Jean Julme FENACAH Port-au-Prince [email protected] 38741554

4. Anastal R.Philidort COODERK Kenscoff [email protected] 33508737

5. Andre Danseyi CPIKH Port-au-Prince [email protected] 48713164

6. Anne Dormeus Port-au-Prince 3658-3079

7. Anne Merline Eugene RTVC Port-au-Prince [email protected] 42708816

8. Aris Reynold Le matin Port-au-Prince [email protected] 37481692

9. Annulus Joel AJIR-PAIX Port-au-Prince [email protected] 3608-4084

10. Arthur Jovial Bonicet Consultant/President Port-au-Prince [email protected] 44025682

11. Athis Nikson AJIR-Paix Port-au-Prince [email protected] 36079038

12. Aubrun Pyrrhus APGB Dessalines [email protected] 3688-3817

13. Augustin Accene APEG Port-au-Prince [email protected] 38646910

14. Aurelien H. Madeleine ATVACM Camp-Perrin [email protected] 38974228

15. Aurens Nebert CHOH Port-au-Prince [email protected] 37395545

16. Blanc Peterion ecrn Port-au-Prince [email protected] 3488-9371

17. Baptiste Mackenson PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 47056792

18. Beaubrun Doogenie Port-au-Prince beaubrundougenie 31177182

19. Belfort Jocelyn Le Nouvelliste Port-au-Prince [email protected] 36562098

20. Bernard Johny Aconcretised Port-au-Prince johnybernard 38705836

21. Bertrand Lina PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 36517088

22. Bertrand Talot PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 3733-5953

23. Bien-aime Paul Antoine Consultant Port-au-Prince [email protected] 37025665

24. Bien-aime Ronald MENFP Port-au-Prince [email protected] 37802756

25. Blanchet Patrick MCI/DCAPC Port-au-Prince [email protected] 37549563

26. Boncoeur Benito Arc-en-ciel Port-au-Prince 3655-3514

27. Bonneau Lemoine Le Nouvelliste Port-au-Prince [email protected] 3443-0572

28. Boucher Mytile MNDR Port-au-Prince 3834575

29. Brunet Joseph HSA Port-au-Prince [email protected] 3143-7951

30. Brutus Karl RNH Port-au-Prince 37194056

31. Cadeau Jonas PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 37128665

32. CANCia Charles Johnson R-TSS Port-au-Prince 37697042

33. Celestin Clermont Amis de l’Environnement Croix des bouquets [email protected] 3799-0052

34. Chanteur Me Anne SOFADEM Port-au-Prince 38896495

35. Charles John JJDS Port-au-prince [email protected] 3352-0352

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Promotion pour le Développement (PROMODEV)

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# Nom et Prénom Institution Région E-mail Téléphone36. Charles Ferry Socrate PROMODEV Port-au-Prince 36378080

37. Charles Luxon MOCOHLEH Port-au-prince 37127154

38. Charlot Charles Ernst Jr PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 31900199

39. Charlot Charly Ernst COSPAYAL Port-au-Prince [email protected] 3432-3892

40. Charlot Justa AJIR-Paix Port-au-Prince [email protected] 46003873

41. Charlot Marita AJIR-Paix Port-au-Prince [email protected] 32657319

42. Chery Leotise Concert-Action Port-au-Prince [email protected] 37598087

43. Chery Roberto FAVSV Port-au-Prince [email protected] 37065265

44. Claudine Joseph OCHA Port-au-Prince [email protected] 3702-5582

45. Colas Bernatho RJPH Port-au-Prince [email protected] 37102558

46. Coq Michelet Stael FONDEVIH Port-au-Prince [email protected] 36976967

47. Datus Nacken PROMODEV

Petite Rivière de l’Artibonite

[email protected] 36592827

48. David Nicolas ICEF Port-au-Prince [email protected] 39672937

49. Desgranges Gérald CARITAS Port-au-Prince [email protected] 37528900

50. Denis Alix AVSV Port-au-Prince [email protected] 37713942

51. Denis Claudine AVSV Port-au-Prince [email protected] 31437965

52. Desir Annonce HCODEPH Port-au-prince 36242389

53. Desir Doodly ACODEP Port-au-Prince 36242389

54. DOLL Natacha OGDAS Cayes [email protected] 37829402

55. Dominique Ronald OPADEL Port-au-Prince [email protected] 37376364

56. Dorcin Aslin R-Tss Port-au-Prince 36432736

57. Dorsainvil Vladimir Ligue Biblique Port-au-Prince vdorsainnoyahoo.fr 37424846

58. Dorsema Maxilia MAFLPV Port-au-Prince 37443695

59. Dorvil Marie Antoine LAMPP Port-au-Prince [email protected] 36509138

60. Dory Olimpe Port-au-Prince [email protected] 38773369

61. Douyon Pierre Evald UNASCAD Port-au-Prince 37032741

62. Dumy Joseph AGH Port-au-Prince [email protected] 48203698

63. Edmond Noverlyn FAMV Port-au-Prince [email protected] 37602026

64. Edouard Jn Eddy Port-au-Prince 34021076

65. Elvire Douglas IND Port-au-Prince [email protected] 34484158

66. Etheart Bernard INARA/ FONHDILAC Port-au-Prince [email protected] 48 06 72 02

67. Etienne Floral Port-au-Prince 47789717

68. Exama Jimmy UAIH Port-au-Prince [email protected] 34652633

69. Exantus Whason MSPA Port-au-prince [email protected] 34049205

70. Exil Pierre Richard FDE/UEH Port-au-Prince [email protected] 37031879

71. Exime Ostin Soleil Levé Port-au-Prince 36048464

72. Fantal Louisny Ministah FM Port-au-Prince [email protected] 38326853

73. femoine Bonneau Le Nouveliste Port-au-Prince [email protected] 3443-0572

74. Fenol P. Vilfort Port-au-Prince [email protected] 37463939

75. Ferdinand Joulie ACODEP Port-au-Prince [email protected] 37466886

76. Fils Woody Mimba Port-au-Prince [email protected] 38142427

77. Flecher Marc-Harley AWSIFO Port-au-Prince [email protected] 46119856

78. Fleurantin Josué DWOA Port-au-Prince [email protected] 36021134

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Une agriculture résiliente face aux crises et aux chocs: le cas d’Haïti

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# Nom et Prénom Institution Région E-mail Téléphone79. Fleuridor Ricardo CREINHA Port-au-prince 31478939

80. Forges Kery MICT Port-au-prince [email protected] 36036210

81. Francisque Harry EVD Port-au-Prince [email protected] 37465443

82. Francois Frantz SAKALA Cite Soleil, 38 026 966

83. Francois Maxi PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 36554923

84. Francois Sanon RIDE Port-au-Prince [email protected] 3866-7706

85. Gabriel Pierre Richard Cocig Port-au-Prince [email protected] 37998063

86. Gabon Marcel AJPB Hinche [email protected] 37195789

87. Gardy Guerrier RF MVSoV Port-au-Prince [email protected] 37095630

88. Gordon Ketty ODHO Port-au-Prince kehygordon4@gmail 4865-8691

89. Harry Alego Radio Boukman Port-au-Prince [email protected] 34799310

90. Henri Etzer SOFADEM Bainet [email protected] 3603-9298

91. Henry Johny OJA Port-au-Prince [email protected] 31537891

92. Henry Widley Jeff OSCJH Port-au-Prince [email protected] 31898180

93. Hyppolite Noe OUCIS Por-au-prince [email protected] 3635-4446

94. Ing. Fevry Mislet Raison Port-au-Prince [email protected] 36767128

95. Jacques Exi APGB Dessalines 3600-9893

96. Jacques Rolanda Legion Port-au-Prince [email protected] 37034946

97. janlor Duprate AJIR-Paix Port-au-prince [email protected] 37467351

98. Jean Baptiste Joses MCC Port-au-Prince [email protected] 34190657

99. Jean Chy ACCA Port-au-Prince

100. Jean Francois MPDN Port-au-Prince [email protected] 37233258

101. Jean Francois ANATRAF Port-au-Prince [email protected] 36206381

102. Jean Lesly Preval CNEC Port-au-Prince [email protected] 31976813

103. Jean Odney AJJPA Port-au-prince [email protected] 37475767

104. Jean Philippe Cassandre PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 3632-3875

105. Jean Pierre Kethia RT Kiskeya Port-au-Prince [email protected] 34854336

106. Jean Richard Peterson Radio Boukmank Port-au-Prince [email protected] 37492035

107. Jean Rock Mahotiere DEH Port-au-Prince [email protected] 38359499

108. Jean Venite PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 3633-0222

109. Jeannite Jean widy Port-au-Prince [email protected] 36726110

110. Jeanty Junior Sony Radio Lumiere Port-au-Prince 37745244

111. Jerome Garry IICA Port-au-Prince [email protected]

37890235 / 31704622

112. Jn keralde Vilbrun MCC Port-au-Prince [email protected] 47827224

113. Joseline Marhome Pierre MSPP Port-au-Prince [email protected] 34924309

114. Joseph Brunet HSA Port-au-Prince [email protected] 31437951

115. Joseph Franciline EVD Port-au-Prince [email protected] 34179590

116. Joseph Fred ACOD Port-au-prince [email protected] 37262150

117. Joseph Mackenley Vision 2000 Port-au-prince 36525161

118. Joseph Melior OSCJH Port-au-Prince [email protected] 36632737

119. Joseph Sabine PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 38121270

120. Joseph Wendy PROMODEV Port-au-Prince [email protected]

31930044 /32155382

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Promotion pour le Développement (PROMODEV)

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# Nom et Prénom Institution Région E-mail Téléphone121. Julien Humelaire RJPH Port-au-Prince [email protected] 37059725

122. Karline Cernelus PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 3791-8607

123. Kernst André Dérack OTC Saint-Marc [email protected] 2279-9943

124. Laguerre Yves Dit Sony FAVSV Port-au-Prince [email protected] 31008945

125. Lamber Duly Radio IBO Port-au-Prince [email protected] 37989006

126. Lara Rebecca AJIR-Paix Port-au-Prince [email protected] 36243105

127. Laroche Alix HPN Port-au-Prince [email protected] 36637962128.

Lidwine Hyppolite Gradeco Port-au-Prince [email protected]/ 38299045

129. Lindor T. Rigman Moderntes Port-au-Prince 37221472

130. Lorwinsky Messaline OPMAGAT Cayes [email protected] 37269086

131. Louis Jean Yves R. Lumiere Port-au-Prince [email protected] 37645697

132. Louis Yonel Le Nouvelliste Port-au-prince [email protected] 37248748

133. Lucien Gymps MOSOCUSO Port-au-Prince [email protected] 31442778

134. Madame Jn Guy Sadrack Galaxie Port-au-Prince [email protected] 38471089

135. Meckenboorc Frantz PRODEH Port-au-Prince [email protected] 47847740

136. Marcelin M. Boazman Port-au-Prince [email protected] 37945543

137. Marius Alanson Port-au-Prince 36964433

138. Mathieu Getro ASA Port-au-Prince [email protected] 37034033

139. Matica Cay CNSA Port-au-Prince 341755525140.

Max Antoine Simon FAS [email protected]

3836-3125

141. Menager Reynold MCI Port-au-Prince [email protected] 48084500

142. Merena Emmanuel Tele Plurielle Port-au-Prince [email protected] 48552580

143. Mesadieu Louis Alain P.C.H Port-au-Prince 37441368

144. Metheus Kernais ACDNO Port-au-Prince [email protected] 37253553

145. Mezidor Genio ACODEP Port-au-Prince [email protected] 37460286

146. Michel Daphnee PROMODEV PORT AU PRINCE [email protected] 4338-3223

147. Michel Jean UC Port-au-Prince [email protected] 48088341

148. Michel Joseph CARIBES FM Port-au-Prince [email protected] 36103031

149. Michel Pierre Himerson PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 38013843

150. Milien R. Edeline DDAS LesCayes [email protected] 3798-05-75

151. Moncher Elan ACOD Port-au-Prince [email protected] 37708293

152. Mondesir Marcel MARNDR Port-au-Prince [email protected] 39994057

153. Monette Lafaille AFUP Port-au-Prince 42054956

154. Morette F. Jacqueline AFUP Port-au-Prince [email protected] 33279634

155. MULTY Magarethe KODES Mirebalais [email protected] 4643-8353

156. Nelson Salomon Boukman Port-au-Prince [email protected] 36299770

157. Nicolas Fremiot RACPABA Port-au-Prince 33914899

158. Normil Ebel Legion Port-au-Prince 36420052

159. Odre Valbrun consultan Port-au-Prince [email protected] 47981725

160. Olivier Davidson OSCJH Port-au-Prince [email protected] 36078456

161. Ozias Mariana AID-Haiti Port-au-Prince [email protected] 38741554

162. Papillon Ileus MAJERN Port-au-Prince [email protected] 37856633

163. Paul Garry CFM Port-au-Prince 31418439

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Une agriculture résiliente face aux crises et aux chocs: le cas d’Haïti

85

# Nom et Prénom Institution Région E-mail Téléphone164. Paul Jn Dukans

165. Paul Jn Elie Alterpresse Port-au-Prince [email protected] 31499872

166. Philippe Carlos Promodev Port-au-Prince [email protected] 3689-6364

167. Philistin Florence OPVL Jacmel [email protected] 3699-5273

168. Pierre Jean Meccene PAVDEPP Port-au-Prince [email protected] 34208111

169. Pierre Junior Legion Port-au-prince [email protected] 36330688

170. Pierre Louis Jean Claude PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 37715284

171. Pierre Louis Bellange Bellange Port-au-Prince [email protected] 38685313

172. Pierre Louis Reginald TAOS Port-au-Prince [email protected] 38051900

173. Pierre Louis Robenson PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 48505448

174. Pierre Ose Famille Unie Port-au-prince [email protected] 37698971

175. Plessy Hollyn PNH Port-au-Prince 37683477

176. POMPILUS Luckner CUC/MAP Delmas/ Bainet [email protected] 36 00 34 62

177. Princilien Frantz Le Petit Journal Port-au-Prince [email protected] 37491258

178. Prophete J. Chrisnel RCH 200 Port-au-Prince [email protected] 36021031

179. Robillard Louimi

Futur Génération Soleil Levé

Port-au-Prince [email protected] 38448172

180. Raymond Bermand Port-au-Prince 38709702

181. Raymond Georgia CSC/CA Port-au-Prince [email protected] 36514072

182. Raynaelle Jeordive Barreau RJPH Port-au-Prince [email protected] 31129331

183. Redler Merlus RAPLAS Port-au-Prince [email protected] 38806471

184. Registre R. Patrick CODEGNO Port-au-Prince [email protected] 39918513

185. Rejouis Florence Gwofla Port-au-Prince [email protected] 32711005

186. Remilus Elysé PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 37330677

187. Remy Seth AJIR-Paix Port-au-Prince [email protected] 36462254

188. Robert Marie Melisha MAFLPV Port-au-Prince [email protected] 38092297

189. Romain Robenson GRUEEDH Port-au-Prince [email protected] 33681887

190. Roosvelt Decimus Winner Port-au-Prince [email protected] 37028831

191. Rosny Mitus Consultant Port-au-Prince Mitusrosny 3839-9533

192. Sabael Destyl PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 33117303

193. Sabina Carson Robillard [email protected] 46433922

194. Sainlot Jimmy PROMODEV Port- au- prince [email protected] 3709-8597

195. Saint Louis Marc SFCF Port-au-Prince [email protected] 47233821

196. Samedy Vangilo PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 36812292

197. Sanon Althen Alsa-Graphics Carrefour [email protected] 3750-0506

198. Sanon Amos RS Construction Port-au-Prince [email protected] 38559345

199. Sanon Claude EDDect Port-au-Prince [email protected] 37642369

200. Saturne Paul Evens CANE PETIT -GOAVE [email protected] 3626 36 65

201. Seide Max Evans Minustah FM Port-au-Prince [email protected] 37295959

202. Semezier Jn Luc INADAPE Port-au-Prince [email protected] 36457520

203. Semisere Hur ASAFVDLB Port-au-Prince [email protected] 37790280

204. Septimus Manise OGDAJ Cayes [email protected] 38895143

205. Sevefan Ixner PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 37518108

206. Severe Joseph UNASCAD Port-au-Prince [email protected] 42073891

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Promotion pour le Développement (PROMODEV)

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# Nom et Prénom Institution Région E-mail Téléphone207. Solitaire sabine Sabine Port-au-Prince [email protected] 38997309

208. Saint-Fleur Wilfort Telle Antille Port-au-Prince [email protected] 37803432

209. St-Hilaire Paul Ligue FM Port-au-Prince 31699890

210. St-Jean Ederno Radio Megastar Port-au-prince [email protected] 36763607

211. St Jean James CANE Port-au-Prince [email protected] 37987642

212. St Nael Carole AFUP Port-au-Prince 32582774

213. Stary Sprenkle Chantian Aid Port-au-Prince [email protected]

36195820 / 47073097

214. Steeve Colin IH Port-au-Prince [email protected] 46553358

215. Stephanie Barret DPC/MICT Port-au-Prince [email protected] 34454538

216. Stephen Wilner Renmenoval Port-au-Prince 31369034

217. Steve R. Veil D.E.H Port-au-prince [email protected] 44407722

218. Steven Rault Délégation de l’UE Port-au-Prince 46320031

219. Thelasco Carlo Television 2000 Port-au-Prince [email protected] 38112405

220. Tisna Aniel FAMV Port-au-Prince [email protected] 36261185

221. Toussaint Josias COCADT/Nippes Petit Trou des Nippes [email protected] 37351535

222. Toussaint Luckson COCADT/Nippes Petit Trou des Nippes [email protected] 38285780

223. Toussaint Michelet MOP Port-au-Prince 31076022

224. Valet Jeanrobert OREFOND port-au-prince [email protected] 37182040

225. Vertil Lesly PROMODEV Port-au-Prince [email protected] 37541582

226. Vertir Vilacin RJDJ Port-au-Prince 37122227

227. Victor Jean André AHDEN Port-au-Prince [email protected] 37762492

228. Viaud Augustine PROMODEV Port-au-Prince 37523313

229. Viaud Donnay Robert PROMODEV Port-salut [email protected] 3752-3313

230. Vital Belinda SCOOP Port-au-Prince [email protected] 38464423

231. Waldine Archelus MICT Port-au-Prince [email protected] 37308954

232. Wilda J. Philippe CAG’S Port-au-Prince [email protected] 37165144

233. Yanick Damour MPCE Port-au-Prince [email protected] 37347999

234. Yvans Philizaire FAMV Port-au-Prince [email protected] 37093907

235. Zochedduc Tiziana PAM Port-au-Prince [email protected] 37757910

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Une agriculture résiliente face aux crises et aux chocs: le cas d’Haïti

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Promotion pour le Développement (PROMODEV)

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PROMODEV, Organisation engagée dans le développement durable en HaïtiAdresse : 5, Rue Assade, Turgeau, Port-au-Prince, Haïti

Téléphone : 509-2230-9998 (Bureau) (509) 3733-5953 / 3709-8597 / 3642-6333 / 3752-3313 (Portable)

Adresse électronique : [email protected] : www.promodev.ht