Utilité didactique du langage SMS en lycée...
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Université de Rouen
U.F.R. de Psychologie, Sociologie, Sciences de l’Education
Utilité didactique du langage SMS
en lycée professionnel
Mémoire de Master 1 en Sciences de l’Education
Septembre 2009
Caroline IPHIGENIE
Sous la direction de Rosine GALLUZZO-DAFFLON
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Je tiens à adresser mes remerciements à Rosine GALLUZZO-
DAFFLON pour ses encouragements, ses conseils et sa
disponibilité tout au long de ses deux années.
Je remercie aussi les étudiantes de ma promotion et les
enseignants ou formateurs qui ont suivi avec attention la
progression de ma démarche et de mes interrogations.
Je remercie enfin mes deux étoiles accompagnatrices (mes
enfants) et ma famille pour leurs encouragements, leur patience
et leurs frustrations refoulées. Sans eux et sans ces conditions,
ce travail n’existerait pas.
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« Monsieur, je suis l'offensé, j'ai le choix des armes, je choisis
l'orthographe. Donc, vous êtes mort. »1
Léon-Paul Fargue
« Je n’ai aucun problème avec ce phénomène. Cela a
toujours été ainsi. Même si la langue s’appauvrit un peu par
manque de règles, c’est toujours moins grave que le jargon
technocratique que l’on jette à tout bout de champ. Ces
nouveautés ont le mérite de prouver que le français est bien
une langue vivante »
Erik Orsenna, membre de l’Académie Française
1 Réponse à une lettre d'insultes comportant beaucoup de fautes d'orthographe.
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SOMMAIRE
Introduction p 6
Problématique pratique Constats sur une situation existante : notre français malmené par le très populaire langage SMS p 10
1. Communiquer au début du XXIè siècle : les nouvelles tendances p 10
1.1. Des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) en pleine expansion p 10
1.1.1. Usage du mobile p 10 1.1.2. Usage de l’Internet p 10
1.2. Vers un nouvel écrit dynamique : le langage SMS p 11 1.2.1. Héritages du Minitel p 11 1.2.2. Le texto à la conquête des 15-25 ans p 11 1.2.3. Les ramifications du « langage SMS » p 13
2. Les usages constatés du langage SMS aujourd’hui p 14 2.1. Où peut-on lire en langage SMS ? p 14
2.1.1. Lexiques et dictionnaires d’un nouveau genre p 14 2.1.2. Des écrits entre dérision et légitimité p 14
2.2. Points de vue des professionnels sur les avantages du langage SMS p 15 2.2.1. La dyslexie p 15 2.2.2. L’enseignement p 16
3. Le débat : le langage SMS a-t-il une place dans l’apprentissage du français ? p 18 3.1. Les arguments contre son utilisation p 18
3.1.1. Une menace pour la langue écrite p 18 3.1.2. Une menace pour la lecture p 19 3.1.3. Une menace pour la culture p 20
3.2. Les arguments de ceux qui ne s’y opposent point p 21 3.2.1. Un langage qui s’apprend p 21 3.2.2. Un langage qui respecte des normes p 21 3.2.3. Un langage qui participe naturellement aux mutations du langage p 22
Le langage SMS : un moyen de communication certes très populaire mais aussi très
controversé p 23
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Problématique théorique
Quel français enseigner ? p 25
1. De la langue à la communication p 25 1.1. La linguistique : la langue et rien que la langue p 25
1.1.1. Distinguons langue et langage p 25 1.1.2. Opposons langue et parole p 26
1.2. « Découverte » de la communication p 29 1.2.1. Le 1er modèle de communication de Shannon et Weaver : une
vision télégraphique p 29 1.2.2. Le schéma de Jakobson centré sur le message p 30 1.2.3. Modèle de Kerbrat-Orecchioni : communiquer, l’illusion de la
simplicité p 31
2. Quelle place donner au langage, outil de communication, dans les pratiques scolaires ? p 32
2.1. En didactique du français p 32 2.1.1. Compétence linguistique ou compétence de communication ? p 32 2.1.2. Point de vue des sociolinguistes p 33 2.1.3. Point de vue des didacticiens p 34
2.2. Dans les pratiques de lecture et d’écriture p 36 2.2.1. Qu’est ce que lire ? p 36 2.2.2. Qu’est ce que produire un écrit en milieu scolaire ? p 38 2.2.3. Qu’est ce que de l’illettrisme ? p 41
Conclusion : le Français, un apprentissage complexe et de longue haleine qui mobilise la société p 43
3. Quelle place donner au langage SMS dans les pratiques scolaires quand on est scolarisé dans le Nord Caraïbe de la Martinique ? p 45
3.1. Présentation de la circonscription Nord-Caraïbe p 45 3.1.1. Description de la Z.E.P. Nord et de son environnement p 45 3.1.2. Caractéristiques scolaires p 45
3.2. Témoignages recueillis dans l’enseignement secondaire p 47 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS chez les jeunes en lycées professionnels p 51 3.2.3. Hypothèses de recherche : malgré la résistance des acteurs de
l’éducation, le langage SMS peut trouver sa place dans les apprentissages p 61
Conclusion p 64
Bibliographie p 66
Sitographie p 68
Annexes p 70
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Introduction
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Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnel
Lorsqu’on cherche à se représenter une langue donnée, on est souvent confronté à
ce dilemme : doit-on représenter la langue telle qu’elle est parlée ou est-ce qu’on doit la
représenter telle qu’elle devrait être parlée si elle était bien parlée ? Dans l’histoire, la
conscience de ce qu’est une langue est étroitement liée au développement de l’idée de
norme. En France, au seizième siècle, il était bien difficile de dire ce qu’était le français.
Quand les grammairiens ont commencé à s’intéresser à la manière dont parlaient les gens
dans le royaume, ils n’ont trouvé qu’une palette de dialectes, de patois, de sociolectes. C’est
en 1647 que parut le premier ouvrage sur la grammaire. Claude Fabre de Vaugelas proposa
alors une norme fondée sur le français parlé par la cour du roi et les œuvres de quelques
grands écrivains. Cette norme devint de plus en plus puriste pour se transformer, surtout
après les travaux de l’Académie Française, en une norme très stricte.
Seulement au cours des siècles, une longue discussion a eu lieu entre grammairiens
autour des notions de norme et d’usage. Les partisans de la norme estimaient que le
langage avait une tendance spontanée à la régularité et à la symétrie (comme le montre par
exemple, l’alignement des conjugaisons). Les autres grammairiens pensaient au contraire
que le langage était entièrement gouverné par l’usage, lequel n’avait que faire de la
grammaire, et introduisait sans arrêt toutes sortes de fautes et d’irrégularités. Le couple
norme/usage posait donc un problème de fond : où devait passer la frontière entre l’usage et
la norme ?
A chaque époque s’est reposé ce problème puisque la langue évolue, change, se
transforme et est donc sans cesse en mouvement. Ainsi au cours du vingtième siècle, dix
mille mots ont disparu du dictionnaire mais dix-huit mille autres y ont fait leur apparition. Au
vingt-et-unième siècle, c’est l’apparition d’un nouveau langage qui interpelle les défenseurs
de la langue française. Il plait aux jeunes et se nomme le langage SMS. En 6-7 ans, il est
devenu leur moyen privilégié de communication par l’intermédiaire du téléphone portable ou
d’Internet mais il interpelle : ces messages sont remplis de fautes d’orthographe disent les
puristes. Or, depuis le dix-neuvième siècle, l’idée d’une norme orthographique s’est
développée, norme que tous les locuteurs doivent connaître. De nombreux articles et études
ont été consacrés à cette nouvelle forme de communication écrite peu conventionnelle qui
remet en cause la distinction traditionnelle entre l’oral et l’écrit puisqu’elle privilégie une
8
communication en temps réel entrainant une vitesse de saisie accélérée. Le texte, rarement
relu et corrigé, se rapproche ainsi davantage de la langue orale que de la langue écrite. La
question de l’orthographe se trouve donc au cœur de l’opposition entre usage et norme : la
faute doit-elle être sanctionnée ou être relativisée ? Quelle place ont la norme et l’usage
dans l’enseignement et l’apprentissage du français ?
Nous constaterons dans un premier temps la place qu’occupe réellement le langage
SMS dans notre société à travers l’usage qui en fait, les transgressions constatées et les
tolérances éventuelles face à ces déviances. Ensuite, nous nous intéresserons à quel
français enseigner et notamment quelle place on pourrait laisser au langage SMS dans les
apprentissages chez des adolescents en difficultés scolaires.
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Problématique
pratique
10
Constats sur une situation existante : notre français
malmené par le très populaire langage SMS
1. Communiquer au début du XXIe siècle : les nouvelles tendances
1.1. Des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) en pleine
expansion
1.1.1. Usage du mobile
Depuis plusieurs années, en France, de nombreuses enquêtes statistiques mettent
en évidence un fort taux d’équipement en matière de téléphone portable. Ainsi, en 2007,
près de 80 % des français de plus de 15 ans en sont équipés dont 94% des 15-17 ans. De
plus, en 2004, 92% des jeunes de 11 à 20 ans perçoivent le portable comme un objet de la
vie quotidienne et 78% comme plus qu’un simple téléphone. Par ailleurs, au 3ème trimestre
2008, ce sont 8,6 milliards de messages qui ont été échangés soit 52,4 SMS par mois pour
un client actif. Enfin, selon la Revue d’Expertise de l’Association Française des Opérateurs
Mobiles, 97% des 12-24 ans envoient des SMS et 58% le font tous les jours en 2007. Le
mobile est donc très présent dans les foyers.
1.1.2. Usage de l’Internet
Dans une moindre mesure, il en va de même pour Internet. Au 4ème trimestre 2007,
60 % des foyers français sont équipés d’un micro-ordinateur. Parmi ceux-ci, 82,3% ont un
accès à Internet, soit 12,7 millions de foyers. Pour ce qui est des internautes, la moitié des
11-35 ans s’est connectée à Internet au cours du et des 12 derniers mois. Seuls 12% ne se
sont jamais connectés au cours de l’année écoulée contre 70,6% des plus de 50 ans. Nous
avons donc affaire à une population relativement jeune.
En ce qui concerne les services utilisés sur le net, le Web est surtout perçu comme
un moyen d’expression. L’utilisation d’Internet (messagerie, blogs, chats, forums) est
motivée par l’échange et la communication : 56% des 13-19 ans utilisent une messagerie en
ligne. Selon les sondages Médiamétrie, huit créateurs de blogs sur dix ont moins de 25 ans,
et 33% des 15-18 ans en possèdent un. Les plus assidus diffusent leurs propres contenus et
ont créé leur forum et, parmi les internautes assidus, 51,1% sont des « contributeurs1».
L’évolution rapide des moyens de communication et du Net a donné une nouvelle
génération d’adolescents. « Accros » à leurs téléphones cellulaires et férus de réseaux
sociaux, ces usagers ont un profil caractéristique par rapport à l’ensemble des utilisateurs :
1 Consiste à écrire des commentaires sur des blogs ou un forum, ou à contribuer aux wikis (sorte de plateforme
collaboratrice pour éditer du contenu avec une présentation comme Wikipedia).
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plus jeunes, plus assidus et plus actifs. Avec l’usage du SMS via le téléphone portable s’est
développé un nouveau langage qui fait « un véritable carton » chez les 15-25 ans. C koi 7
drôle 2 langue ?
1.2 Vers un nouvel écrit dynamique : le langage SMS
1.2.1. Héritages du Minitel
Dans les années 80, un nouvel espace-temps pour la communication écrite est
apparu. Un écran, un clavier, un modem, un microprocesseur et une ligne téléphonique
suffisent à l’utilisateur pour s’informer, faire des transactions, jouer et communiquer. C’est la
possibilité – dit Jacques Anis (1998), spécialisé dans le domaine de l'écrit et de l'écriture,
notamment les nouvelles technologies – pour des personnes de tous milieux, régions, âges,
sexes de communiquer anonymement en temps réel, rapidement et interactivement comme
dans les salons « minitéliens1 ». Ainsi dit-il, « la recherche de connivence, la pression
particulière du temps, l’agressivité, l’exhibitionnisme caractéristiques d’une communication
en groupe renforcent les spécificités du langage télématique, son oralité vraie ou feinte :
orthographe « sauvage », style familier et argotique, ponctuation expressive, etc. ». La
conversation n’est pas sérieuse mais ludique et fictive.
Des écarts à l’orthographe que Jacques Anis (1998) nomme néographies sont
constatées comme l’abréviation (« dial » pour « dialogue »), les graphies phonétisantes (« j
trouve »), les graphies de type rébus (« c trop anecdotique »), les squelettes consonantiques
(« ds » pour « dans »), l’expressivité renforcée par la répétition de lettres ou de signes de
ponctuations (JEROOOOOOOOOOOOME !!!).
Seulement voilà, le Minitel est jugé trop lent. Son clavier est peu ergonomique. Les
impressions papier, la visualisation d’images animées et l’écoute de sons audio sont
impossibles. Pour finir, les coûts de communication sont trop onéreux. Alors depuis 1997,
avec l’arrivée du portable, le Minitel fait moins d’émules. Tout en gardant les mêmes
procédés linguistiques, les adeptes du dialogue en quasi direct, et notamment les jeunes,
préfèrent s’exprimer via le texto.
1.2.2. Le texto : à la conquête du jeune public des 15-25 ans
Le texto ou SMS (de l’anglais Short Message Service) est un minimessage écrit,
échangé entre téléphones portables. Ces messages sont nettement en rupture avec les
usages traditionnels de l’écrit scolaire : « On retrouve dans le texto des procédés
1 Mode de communication dans lequel plusieurs interlocuteurs écrivent des messages affichés dès que validés et
lus par la totalité du groupe.
12
linguistiques utilisés depuis longtemps dans différents domaines. En France, l'expérience du
minitel avait déjà donné naissance à une écriture abrégée »1. Limitée à 160 caractères, la
saisie de SMS sur téléphone portable a nécessité nombre d’adaptations, empruntés à divers
modes d’écritures, auxquels les usagers ont dû avoir recours afin de rendre l’oral fidèle à
l’écrit. En tout premier lieu, ils ont utilisé l’écriture phonétique grâce au rébus par le biais de
logogrammes2, de syllabogrammes3 et de phonétique (« ke » pour « que », « jamè » pour
« jamais »). Ils se sont aussi aidés de sigles (« MDR » pour « Mort De Rire »), de squelettes
consonantiques (« slt » pour « salut »), de troncations (« ado » pour « adolescent ») ou
d’abréviations («bjr » pour « bonjour »). Par ailleurs, cette forme d’écrit se calque sur la
communication orale par l’usage d’un registre de langue courant voire familier (« sur ce
merci »), de négations incomplètes («c’est pas …»), de pronoms répétés (« moi, je »),
d’anglicismes (« now » pour « maintenant ») ou de néologismes (« clavardages »). Enfin,
elle simule émotions, mimiques ou tonalité grâce à l’onomatopée (« ben, euh »), à l’étirement
graphique de lettres ou de signes de ponctuation (chuiiiiii laaaa, c dur!!!!!!!!!) et aux
pictogrammes4. Puisqu’il s’agit d’écrire vite tout en se faisant comprendre alors la
ponctuation (virgule, point) est réduite voire absente et les apostrophes, guillemets et
parenthèses restent marginaux. Il arrive aussi que les majuscules en début de phrase ou aux
noms propres soient omises et que les formules de politesse d’ouverture et de fermeture
soient réduites voire absente. Les phrases ainsi obtenues sont courtes et concises ; le texto
est un écrit communicationnel abrégé mais expressif.
Toutefois, il est aussi une culture qui revêt des usages très différents. En effet, si
nous nous référons à l’étude ethnographique de Reluca MOISE (GLOTTOPOL, 2007) sur les
stratégies de construction identitaire par l’intermédiaire des nouvelles formes de
communication comme le SMS, elle a constaté que celui-ci est un procédé qui permet
l’émancipation envers les parents. Par ailleurs, comme il est intimiste, son écriture et sa
lecture se réalisent en silence. De plus, il permet d’entretenir des relations d’amitiés et des
liens de socialisation. Il peut enfin être envoyé de nulle part et à n’importe quel moment ; a
contrario, on est joignable à n’importe quel moment mais seulement par ceux avec qui on
veut bien communiquer. Toujours selon Reluca MOISE, en ce qui concerne le SMS affectif,
l’enjeu est très important : l’échange de numéros représente la première preuve de confiance
envers l’autre. Il permet l’arrangement de rendez-vous ou de rencontres. Avant la rencontre,
1 Interview de Jacques Anis, du 11 janvier 2002 sur le site
http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=48956 2 Procédé qui permet la substitution d’une syllabe par un chiffre (« koi 2 9 » pour « quoi de neuf »), un nombre
(« D100 » pour « descends ») ou un caractère (« a + » pour « à plus tard »). 3 Procédé qui permet le remplacement d’une syllabe par le nom d’une lettre (« C » pour « c’est »).
4 Appelé aussi smileys ou émoticônes.
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le SMS autorise la suggestion : rien n’est dit explicitement. C’est une sécurité émotionnelle
qui confirme sentiments et impatience de se voir mais qui encourage aussi à faire des
déclarations, parfois frivoles voire mensongères. C’est un risque à courir que tous les
utilisateurs acceptent implicitement. Le désir de communiquer prime alors sur le souci de la
forme. « Ils expérimentent, dit-elle, une attitude ludique tout en étant en constante recherche
d’affirmation de soi ».
Enfin, selon le sociologue Jauréguiberry (1998), la pratique du SMS se fait par étapes
successives : les jeunes commencent à adopter les SMS pour des raisons utilitaires
(efficacité et rentabilité), puis s’en servent pour prendre de la distance vis-à-vis de l’autorité
parentale (besoin d’autonomie) et enfin participent aux règles de groupe de pairs, permettant
une sociabilité renforcée (besoin d’être branché et d’être ensemble). Avec l’apparition des
IRC1, et l’explosion des textos, le langage SMS arrive sur Internet.
1.2.3 Les ramifications du « langage SMS »
Dans la cinquième édition de son étude consacrée à l’analyse des comportements du
grand public en matière de services TIC, l’IDATE (2008) dégage quelques tendances : les
jeunes européens disposent à domicile d’un PC avec accès haut débit. Même si la voix reste
le mode de communication dominant, la consommation en mode asynchrones (email, SMS,
forums, communication de « mur à mur ») et synchrones (tchats, messageries instantanées)
suscitent un intérêt certain.
Les chercheurs constatent que c’est le désir de communiquer qui prime sur le souci
de la forme ; désir qui se traduit par une économie de temps et de gestes. Une attitude
ludique (introduction de chiffres), une recherche d’expressivité (émotions ou mimiques grâce
aux émoticônes ; intonation avec la ponctuation) et une affirmation de soi qui passent
souvent par une contestation de la norme. Tous les coups seraient alors permis, la seule
règle étant de se faire comprendre de son interlocuteur.
Il ne fait alors aucun doute que le portable ou l’Internet constituent un mode de
communication de plus en plus populaire. Face aux pratiques langagières constatées, aux
investissements sociaux et affectifs observés, le langage SMS suscite un grand intérêt des
médias à tel point que ce sujet a donné lieu à de nombreux articles et à quelques ouvrages
de vulgarisation. Qu’en est-il exactement, à l’heure actuelle ?
1 Internet Relay Chat est une application qui permet à différents Internautes de se réunir dans des endroits
virtuels appelés «canaux» pour discuter d’un même sujet. Cela se présente sous forme de messages qui s'affichent en temps réel et permettent donc une réponse immédiate de l'interlocuteur. Ce type de communication ne transmet pas la voix. C’est le prédécesseur de la messagerie instantanée.
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2. Les usages du langage SMS aujourd’hui
2.1 Où peut-on lire en langage SMS ?
Véritable engouement médiatique, le langage SMS a donné lieu à bien des
idées comme des outils d’aide à la traduction (lexiques ou dictionnaires) pour passer du
langage SMS au français et vice-versa, des sites d’accueil grand public sur Internet, des
romans entièrement écrits en langage SMS, etc.
2.1.1. Lexiques et dictionnaires d’un nouveau genre
Il n’est pas toujours évident aux non-initiés, de plus en plus nombreux, d’appréhender
tous les procédés auxquels a recours ce langage. Alors, depuis 2004, des dictionnaires SMS
et des sites de traduction (avec plus ou moins d’efficacité) sont accessibles depuis Internet.
Ainsi par exemple www.dictionnaire-sms.com propose 300 mots français, classés par ordre
alphabétique et traduits en langage SMS. Le site www.mobilou.info, réalisé par Phil Marso,
fonctionne selon le même principe que le précédent mais avec deux catégories distinctes :
expressions (« tle + bo » pour « t’es le plus beau ») et conjugaisons (« CT » pour « c’était »).
Dernier exemple, sur www.aideforum.com, ce sont les internautes eux-mêmes qui
remplissent la base de mots français qui en compte à ce jour 5000. Précisons tout de même
qu’il n’existe aucun dictionnaire officiel pour le langage SMS qui ait eu l’aval d’un comité de
rédaction : toutes ces initiatives restent le fruit d’un autodidacte. Face au nombre croissant
d’utilisateurs de langage SMS, voyons à présent, d’autres idées qui ont germé.
2.1.2. Des écrits entre dérision et légitimité
Certaines initiatives peuvent paraître surprenantes : en 2008, en Martinique, une
campagne d’affichage pour une boisson gazeuse dit « Royal soda, j’m ça » a été mise en
place. Autre exemples : à Bruxelles, c’est le centre du Palais des Beaux-Arts qui a été
officiellement renommé Bozar. Enfin, un eurodéputé, William Abitbol, a même eu l’idée
« folle » de traduire les 77 pages du projet de Constitution européenne en version texto (avril
2004). L’insolite peut amuser et faire sourire mais ces exemples anecdotiques interpellent.
Toutefois d’autres actions auprès du grand public ont vu le jour avec pour souci la volonté de
répondre à la diversité des besoins.
Ainsi, certains sites sur Internet proposent des versions en SMS. La ville de Montréal
par exemple décline son site en trois versions car, pour elle, les citoyens sont au cœur des
préoccupations de l'Administration municipale. Celle-ci veut alors s'assurer que tous soient
traités de façon juste et équitable et que tous puissent participer de façon active à la vie
démocratique. Depuis l‘ « Accès simple », il est possible d'accéder à l'information de trois
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façons, et notamment par l'ortograf altêrnativ, assimilée au SMS. L'information est présentée
simplement et utilise un langage adapté aux citoyens ayant des besoins particuliers.
L’écrivain Phil Marso (2005) a, quant à lui, publié le premier livre au monde en
langage SMS Pa sage a taba v.o SMS. Cet ouvrage qui cible les 12-15 ans est un polar sur
la prévention du tabagisme afin de sensibiliser les plus jeunes. Suivront le premier livre
bilingue français-SMS Frayeurs SMS en 2004, puis en 2005 un recueil en poésie Phonétique
Muse Service (PMS) : « L ». Pour faciliter la tâche du décodage, l’auteur propose aussi
d’apprendre le langage SMS dans son livre CP SMS (2005), cours et devoirs étant
accessibles sur internet. Alors, entre l’aspect ludique du langage SMS et son éventuel rôle
pédagogique, que pensent certains professionnels de ses avantages ?
2.2 Points de vue des professionnels sur les avantages du langage SMS
2.2.1 La dyslexie
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la dyslexie touche 8 à 12 % de la
population mondiale. Elle est répertoriée comme handicap en 1991, dans la classification
des troubles du développement des acquisitions scolaires et notamment des troubles
d'acquisition de la lecture. D’après les spécialistes du langage, même s’il s’exprime avec
aisance à l’oral, le dyslexique rencontre essentiellement des difficultés d’ordre phonologique.
Il inverse, ajoute ou supprime des phonèmes1, il a du mal à les repérer dans un mot et à
découper ce mot en syllabes (il lirait « ro-na-ge » au lieu de « o-ran-ge »). Il éprouve par
ailleurs des difficultés à identifier des rimes et commet aussi des erreurs de correspondance
entre forme phonique et forme graphique (par exemple « renté » au lieu de « rendez »). Par
conséquent, de tels troubles entraînent une lecture plus lente tant dans le déchiffrage que la
compréhension, des fautes d'orthographe, de conjugaison et de grammaire. La rééducation
orthophonique consiste alors à travailler l’écrit : apprendre à repérer les syllabes et ses
phonèmes (leur prononciation et transposition à l’écrit) par d’autres méthodes que celles
utilisées en classe.
Phil MARSO dit d’ailleurs avoir eu des retours d’orthophonistes qui ont utilisé ses
deux premiers ouvrages Pa sage a taba vo SMS et Frayeurs SMS. Il témoigne : « Un jour,
une orthophoniste m’a appelé pour me confier qu’elle utilisait des extraits de mon livre Pa
Sage A TaBa pour une dictée à un élève dyslexique. Celui-ci devait écrire le texte dicté en
langage SMS. Elle s’est alors aperçue que l’élève en question était plus motivé et commettait
1 Ce que Gérard CHAVEAU appelle aussi « lettre-son ». Selon lui, l’important pour lire « n’est pas de savoir que
ce mot contient six lettres de l’alphabet (o, i, s, e, a, u) mais qu’il est constitué de trois lettres-son : oi-s-eau. ».
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moins d’erreurs en langage SMS qu’en français ». Tout en restant sur un travail de
phonétique, ces orthophonistes trouvent astucieux (car ludique et créatif) le mélange de
lettres et de chiffres que l’on trouve dans le langage SMS. Lors de la production d’écrit (à la
manière d’un rébus), même si les difficultés demeurent, elles sont moins importantes et
moins invalidantes dans le langage SMS que dans les écrits traditionnels. Cela peut donner
un déclic à des enfants en difficulté ou qui ne lisent pas beaucoup. De plus, si le dyslexique
maîtrise un tant soit peu ce langage, il va se sentir valorisé et motivé. Une fois maîtrisé, le
langage SMS pourrait être une passerelle qui aiderait à se réconcilier avec les règles
compliquées du français grâce à des exercices de traductions par exemple.
D’ailleurs des étudiants (2006) réalisant leur thèse sur la dyslexie et le SMS, après
avoir expérimenté auprès de 24 adolescents de 14 à 20 ans, dyslexiques ou non, le langage
SMS comme outil pédagogique autour de l'écriture et de la lecture de SMS, ont
effectivement aussi pu conclure que « ce support peut donc être un outil de rééducation
orthophonique ludique, d'autant plus qu'il peut stimuler des adolescents démotivés par de
longues rééducations. » En lecture, ces chercheurs ont estimé que le nombre réduit d’unités
(logogrammes, syllabogrammes ou pictogrammes) utilisées en langage SMS facilitent leur
mémorisation dès lors que le dyslexique retiendrait et reconnaîtrait un mot dans sa forme
globale, ce qui permet d’accéder au sens du mot et donc de la phrase plus rapidement. En
écriture, ils ont conclu que le langage SMS est apprécié des dyslexiques car considéré
comme sans jugement sur l’orthographe. Ce rapport « décomplexé » à l’écrit, disent-ils, est
un point positif pour l’intégration du jeune dyslexique dans un groupe de pairs.
2.2.2. L’enseignement
Pour varier les situations didactiques et permettre tout de même l’acquisition de
certaines compétences, des enseignants ont parfois recours au langage SMS. Au lycée
polyvalent des Iles du Nord à Saint-Martin (Guadeloupe), par exemple, une enseignante qui
exerce en lycée professionnel a affaire à des élèves anglophones qui ont peu ou pas de
contact avec l’écrit. Elle dit que, dans ce cas précis, elle tolère l’usage du langage SMS si le
jeune l’utilise à bon escient dans l’activité à réaliser, comme l’utilisation de la messagerie
électronique en NTIC. Elle précise qu’elle ne laisse pas les élèves répondre par langage
SMS mais qu’elle s’en sert pour corriger l’orthographe et affiner la lecture.
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En réponse à un blog1 intitulé Usage du SMS dans les établissements scolaires
posté sur Netlog (communauté sociale sur Internet) le 30 avril 2008, une autre enseignante
donne le témoignage suivant : « Effectivement j'ai expérimenté l’usage du langage SMS en
Anglais, c'est une façon très ludique et donc stimulante de faire acquérir du lexique, et peut-
être d'inciter les élèves à chatter avec des Anglophones, si proches géographiquement et si
méconnus. CUl8r (see you later) ». Cette enseignante estime que c’est un bon procédé pour
apprendre la phonétique des lettres et donc la prononciation de mots étrangers à la langue
maternelle de ses élèves.
A la lecture de tous ces témoignages, nous nous sommes donc aperçus que des
amateurs, chercheurs ou professionnels se sont pris « au jeu du tout lire, tout écrire ». Les
témoignages cités montrent d’ailleurs la diversité des usages de ce langage très prisé des
jeunes. Toutefois, la tendance générale le désapprouve. Depuis des années, nous disons
que le niveau général des élèves sortis du système scolaire est en baisse et qu’il y a de
moins en moins de jeunes qui savent écrire correctement : l’opinion publique le pense
fortement, des chercheurs comme Manesse et Cogis (2007) le constatent en comparant des
dictées faites par des enfants et d’adolescents en 1870, 1987 et 2005 sur un court texte de
Fénelon. L’Education Nationale essaye une énième fois de réagir. Ainsi, l’encart du Bulletin
Officiel n°3 du 18 janvier 2007 stipule les mises en œuvre du socle commun de
connaissances et de compétence concernant l’enseignement de la grammaire : « Savoir lire,
écrire et parler le français conditionne l’accès à tous les domaines du savoir et l’acquisition
de toutes les compétences. C’est pourquoi la maîtrise de la langue française est le premier
pilier du socle commun de connaissances et de compétences : elle se place au cœur des
apprentissages fondamentaux car elle constitue l’outil indispensable de l’égalité des
chances. Ainsi, l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire doit conduire les élèves
à saisir que le respect des règles de l’expression française n’est pas contradictoire avec la
liberté d’expression : il favorise au contraire une pensée précise ainsi qu’un raisonnement
1 Contenu du blog :
« Pas de débat, juste des recherches de témoignages sur l'usage du langage SMS dans nos chères écoles, collèges et lycées. Un internaute m'a fait part que, dans le cadre d'une formation en secrétariat, la consigne était de trouver un moyen rapide et efficace de prendre des notes. L'étudiante aurait utilisé ce mode de communication ... et pourquoi pas finalement ! Sur Internet, j'ai trouvé que ce langage pourrait être utilisé par des orthophonistes pour aider des dyslexiques. Ou encore, il serait utilisé par des enseignants pour apprendre le français à des étrangers. D'autres usages peuvent en être faits... lesquels selon vous, comment, et pourquoi? Qui parmi vous, aurait utilisé ce langage à des fins éducatives, quels objectifs? Quelles activités? Quels ont été les résultats? Que sais-je ... Je sais déjà que le SMS a mauvaise réputation dans notre société puisqu'il rend encore moins bon en orthographe qu'avant mais il faut se faire une raison, il est utilisé par des millions de personnes des jeunes comme des moins jeunes. Merci pour le temps consacré à lire ce message et à peut être y répondre. HAND (Have A Nice Day) » .
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rigoureux et facilement compréhensible. L’élève doit maîtriser suffisamment les outils de la
langue que sont le vocabulaire, la grammaire et l’orthographe pour pouvoir lire, comprendre
et écrire des textes dans différents contextes. » Par ce texte, le gouvernement français a fait
connaître ses priorités pour les années à venir. Il faut recentrer les apprentissages sur la
maîtrise de la langue afin que les élèves puissent quitter le système scolaire en sachant
s’exprimer et écrire correctement le français. Fort de ces recommandations du Ministère de
l’Education Nationale, le langage SMS a-t-il une place dans l’apprentissage du français ?
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3. Le débat : le langage SMS a-t-il une place dans l’apprentissage
du français ?
« Etes-vous pour ou contre le langage SMS ? », «Pensez-vous que les ‘’ ki’’ et autres
‘’c tj kom ça’’ vont amener des modifications de l’orthographe française ? », « le langage
SMS fait d’abréviations, de phonétisations, de sigles et de rébus est-il en train de détourner
les jeunes de la langue classique, sur tous les médias ? ». « Les SMS ou textos signent-ils
l’arrêt de mort de l’orthographe ? ». Toutes ces interrogations montrent que le langage SMS
est devenu un véritable phénomène de société. Les blogs fleurissent à son sujet, les articles
dans les médias et la presse spécialisée aussi. Il y a ceux qui sont contre, il y ceux qui ne s’y
opposent pas.
3.1. Les arguments contre son utilisation
Critiquée par une partie des internautes et considérée comme néfaste d’après
certains experts, l’utilisation réduite de lettres ou de signes dans le langage SMS fait craindre
une menace pour la langue écrite, la lecture et la culture.
3.1.1. Une menace pour la langue écrite
Elèves, parents, enseignants, beaucoup constatent une baisse du niveau de
l’orthographe des jeunes qui est en passe de devenir la règle. Selon eux, l’usage du langage
SMS vient fragiliser cette maîtrise déjà déficiente et appauvrit la richesse du vocabulaire.
Par ailleurs, des auteurs comme Romain Jalabert (2006), doctorant en Sciences de
l’Education à Montpellier, sont interpellés par le spectre de l’exclusion sociale qui pourrait
toutefois survenir. En effet, ne plus savoir s’exprimer correctement alors que ce qui est
demandé pour s’insérer dans la vie active est justement de respecter ces normes, pourrait
mener à l’isolement. Inversement, si ce « parlécrit » se généralisait, il n’est pas dit d’une part
que ceux qui rencontraient des difficultés en orthographe n’en auront plus grâce au langage
SMS et d’autre part, ce pourrait être la marginalisation possible de ceux qui continueraient à
se conformer aux normes orthographiques conventionnelles.
3.1.2. Une menace pour la lecture
Lire devrait être un plaisir disent certaines personnes de l’opinion publique. Or avec le
langage SMS qui est alourdi par des lettres, des chiffres, des émoticones ou de la
ponctuation excessive, ce plaisir de lire ou de discuter sur le net est gâché. Elles estiment
qu’on leur manque de respect car le langage SMS est difficile à lire pour ceux qui l’utilisent
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peu ou pas du tout, pour ceux qui utilisent des raccourcis différents, et pour ceux dont le
français ne serait pas la langue maternelle.
De l’avis des experts comme Jacques ANIS (1999), le langage SMS n’est
effectivement pas simple car il est moins lisible que l’orthographe traditionnelle. Une même
abréviation peut renvoyer à plusieurs mots homonymes par exemple, ce qui nécessite pour
le lecteur de déchiffrer ce mot en tenant compte du contexte dans lequel il est employé.
Même si quelque part ce déchiffrement fait partie du jeu, il n’empêche que les multiples
possibilités de traduction d’un mot réduit gênent la lecture rapide parce qu’elles constituent
un obstacle au balayage. Il devient alors difficile de ne pas perdre le sens de la phrase.
3.1.3. Une menace pour la culture
Jusqu’à présent, l’étymologie permettait à la fois de comprendre le sens général d’un
mot et d’y associer des dérivés. Les amoureux de la langue française comme les linguistes
et les didacticiens s’inquiètent. Pour eux, c’est toute l’évolution et les acquis d’une civilisation
qui peuvent être remis en cause par cette modification de l’écriture. « Deviendra-t-on une
Société Sans Mémoire (SMM égalerait SMS dans le désordre) ? » dit Jean-Marie Keller
(2004) qui ajoute que «lorsque l’on sait que la richesse d’une culture s’appuie sur sa langue
[…] C’est toute l’évolution et les acquis d’une civilisation qui peuvent être remis en cause par
cette destruction de l’écriture. » Ce serait donc une perte de repères historiques; la langue
permettant de véhiculer par le biais de l’étymologie du mot, l’histoire de nos origines, un
savoir sur l’identité d’un peuple ou d’une nation.
Pour finir, il est de plus en plus courant de constater que les nombreux utilisateurs
d’IRC refusent catégoriquement, voire bannissent les utilisateurs du langage SMS et les
personnes à l’orthographe douteuse, dans les chartes des utilisateurs par exemple : « Les
rédacteurs d’articles et les participants aux forums s’interdiront en particulier l’emploi du
"langage SMS", consistant en des abréviations non universelles et des fautes d’orthographe
et de grammaire volontaires dans le but d’économiser du temps en tapant les messages.»
Un comité de lutte contre le langage SMS et les fautes volontaires sur Internet a d’ailleurs vu
le jour, il y a deux ans, et a reçu, à ce jour, l’adhésion de 16 752 personnes. Celui-ci se bat
pour dire qu’il n’y ait aucune raison d’utiliser ce mode de communication sur Internet.
Toutefois des chercheurs comme Daniel Elmiger (2004) de l’université de Neuchâtel tiennent
des propos plus nuancés : « le danger ne se pose que pour les personnes qui n’ont jamais –
ou pas encore – fixé leurs notions d’orthographe. [ …] Nous nous acheminons quoi qu’il en
soit vers une plus grande tolérance envers les graphies non standard ». Il ajoute que
«débarrassés de la peur d’être jugés sur quelques fautes d’orthographe, bien des gens
découvrent en effet les joies de l’écriture grâce à la mode des SMS ».
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3.2 Les arguments de ceux qui ne s’y opposent pas
En juin 2004 s’est tenu à Paris le forum de l’écrit. L’association Le Comité de l’écrit
qui regroupe une partie des professionnels du média imprimé, avec le soutien du Ministère
de l’Education Nationale, proposait d’échanger sur le thème : « Les jeunes aiment-ils
l’écrit ? » C’est ainsi que plusieurs centaines de personnes, enseignants et professionnels de
l’écrit ont échangé pendant trente-six heures sur l’intérêt des jeunes pour l’écrit. Conclusions
de ce forum : pour commencer, l’écrit ne disparaît pas ; au contraire, les jeunes
communiquent plus que jamais grâce à leur téléphone portable ou à Internet. Seulement,
cet écrit est présenté sous de nouvelles formes. Second constat : les acteurs de l’éducation
(enseignants, parents, éducateurs) sont conscients que certains jeunes ayant des difficultés
de lecture ont un rapport avec l’écrit négatif. Mais ils pensent qu’il y a moyen de provoquer à
nouveau le désir de lire chez ceux-ci. Le langage SMS, d’après les recherches déjà menées,
pourrait être un atout pour la production langagière et l’avenir du français.
3.2.1. Un langage qui s’apprend
Plusieurs recherches se sont intéressées à l’impact du langage SMS sur les jeunes et
leurs conclusions sont loin d’être alarmistes. Ainsi, Fabien Liénard (2008), Maître de
conférences à l’IUT du Havre et membre du Laboratoire de recherche LiDiFra (Université de
Rouen), travaille depuis plusieurs années sur l’écriture électronique et notamment le SMS.
D’après ses recherches, l’analyse faite en 2007 de 3 000 SMS révèle que le processus de
simplification est très largement utilisé et que les plus experts utilisent plus de procédés pour
saisir le texto. Son travail vient compléter celui de l’équipe de psychologues et de linguistes
des universités de Rouen et de Picardie (2005) qui avaient demandé à 18 collégiens et 18
étudiants de communiquer sur un même thème (la description d’un itinéraire entre deux
points) par SMS, emails et sur papier. Ils ont constaté que le langage SMS s’apprend
comme les autres langages et que les messages des collégiens et des étudiants ont à peu
près la même longueur sauf que les étudiants les tapent plus vite que leurs « cadets » qui
ont souvent besoin de temps pour créer l’abrégé qui permettra de faire passer le message.
3.2.2. Un langage qui respecte des normes
Cette même étude a révélé que les utilisateurs font aisément la différence entre les
supports et n’écrivent pas de la même manière en fonction des possibilités et des contraintes
de chacun. L’étude menée au Canada par les chercheurs Sali Tagliamonte et Derek Denis
(2006) arrive à la même conclusion : en comparant le langage oral et la rédaction de textos
chez 70 adolescents, ils se sont aperçus que les jeunes manipulent différents registres de
langue quand ils écrivent. De plus, la grande collecte de 75 000 SMS (2004) initiée par les
22
chercheurs de l’université de Louvain (Belgique) a permis les conclusions suivantes : lors de
l’analyse des données, ils se sont rendus compte de l’extrême variété des formes. Le mot
« aujourd’hui » a été écrit par exemple sous 40 formes dont les plus courantes sont
« aujourd’hui » (188 fois), « adj » (122 fois), « auj » (117 fois) ou « ojourdui » (24 fois). Ils
constatent d’autre part que la ponctuation ne disparaît pas, que la syntaxe est respectée,
ainsi que les règles de communication puisque les formules d’introduction (« bonjour »,
« hello ») et de politesse (« bisou », « à plus ») sont présentées. Ils repèrent même la mise
en avant de certaines lettres très peu usitées en français comme le « k », omniprésent dans
tous les écrits. Ces chercheurs sont unanimes pour dire que les jeunes font preuve d’une
maîtrise consciente du langage : « nous ne devrions pas nous inquiéter ». Il est possible de
braver toutes les règles orthographiques et grammaticales mais il faut garder une
transcription phonétique correcte pour que l’interlocuteur ne passe pas des heures à
déchiffrer. Cela nécessite, disent des enseignants, une bonne connaissance des caractères
(lettres, chiffres, signes) afin de pouvoir associer un caractère à un son (autrement dit
associer un graphème à un phonème) et maîtriser la combinatoire de ces caractères.
3.2.3. Un langage qui participe naturellement aux mutations du langage
Les plus optimistes voient dans ce « parlécrit » des jeux de langue propres à inciter à
la fréquentation de l’écrit car ce nouveau langage permettrait de nouvelles formes
d’expression et enrichiraient les échanges entre individus. En réponse à la position de
Romain Jalabert (2006) qui écrit « le danger est de laisser cette écriture anarchique à la
portée des jeunes adolescents et même d’enfants incapables de faire la différence entre
écriture et écriture texto », Sabine Pétillon rappelle que toute langue vit et se nourrit des
autres langues, le français n’étant qu’un mélange de latin, grec, arabe, anglais etc. D’ailleurs,
l’Académie Française écrit sur son site Internet : « Depuis la première édition du Dictionnaire
de l’Académie, qui représentait déjà un effort normatif sans précédent, l’orthographe s’est
considérablement transformée, tant du fait d’une évolution naturelle que par l’intervention
raisonnée de l’Académie, des lexicographes et des grammairiens. La réflexion sur
l’orthographe doit tenir compte de données multiples et souvent contradictoires, comme le
poids de l’usage établi, les contraintes de l’étymologie et celles de la prononciation, les
pratiques de l’institution scolaire, celles du monde des éditeurs et des imprimeurs, etc. »
Plusieurs choses sont donc à retenir : d’une part, tout le monde ne fait pas de la
résistance face au langage SMS et d’autre part, à tous les niveaux, le français oral ou écrit
se simplifie. Ainsi les modifications que draine le langage SMS pourraient n’être qu’une
évolution parmi d’autres. Les avis sont donc partagés, l’idéal étant peut-être de maîtriser à la
fois cet écrit dynamique et l’écrit scolaire.
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Le langage SMS : un moyen de communication certes très
populaire mais aussi très controversé
Le langage SMS reste un langage structuré et contrôlé, qui nécessite une bonne
maîtrise de la combinatoire, une aisance face aux abréviations, de la subtilité et de
l’inventivité afin de trouver la bonne « combinaison » pour traduire un mot de notre
dictionnaire. Obéissant certes à des contraintes de temps et d’espace, cela ne l’empêche
pas d’être victime de son succès chez les jeunes utilisateurs. Il n’y aurait donc pas un mais
des langages SMS selon ce que chaque sujet privilégie comme procédé de simplification
pour faire passer son message. Écrire en langage SMS semble par conséquent moins
compliqué que lire car faire la part des choses entre ce qui est du domaine de la
combinatoire pure et le celui de la phonétique sous forme de rébus n’est pas toujours aisé.
Toutefois, nous pouvons imaginer que les effets pourraient être différents sur des adultes
dont la compétence à l’écrit est acquise et sur des jeunes enfants qui doivent encore
l’acquérir dans une large mesure. Mais ce langage est encore trop récent pour qu’on puisse
envisager ses effets néfastes ou non sur le français et principalement sur l’orthographe. Une
voie d’étude reste ouverte en psychologie ou sociologie par exemple, à partir des 70 000
SMS de la base de données créée par l’université Catholique de Louvain et mise à la
disposition des chercheurs en fonction de leur spécialisation.
La tendance générale ne surprend personne : beaucoup pensent que le langage
SMS est nocif pour notre jeunesse. Mais face à l’engouement des jeunes, peut-on faire fi de
ce constat ? Les jeunes l’utilisent à outrance, le manipulent dans tous les sens, sont de
véritables experts. La question est donc de savoir s’il est possible d’articuler les intérêts des
élèves avec les objectifs de l’école ? Ainsi est-ce que lire ou écrire en langage SMS est
« scolairement » correct ? Lorsque nous avons face à nous des adolescents en échec
scolaire, qui rencontrent souvent des difficultés en lecture/compréhension et en production
d’écrit, comment arriver à faire émerger la motivation intrinsèque ? Autrement dit, comment
remotiver les jeunes à prendre plaisir à lire et à écrire et à en tirer une satisfaction
quelconque ? Le langage SMS peut-il être une solution parmi d’autres pour raviver leur
curiosité, leur autodétermination et leur sentiment de compétence ? Si on part du postulat
que l’on peut diversifier les pratiques scolaires ou les stratégies didactiques, alors serait-il
possible de l’intégrer à certaines séances d’apprentissage ? La didactique du français peut
aider à répondre à toutes ou partie de ces questions.
24
Problématique
théorique
25
Quel français enseigner ?
Se faire comprendre, en toute circonstance, sur tous les sujets, par tout le monde,
n’est pas le fruit du hasard. En effet, il est essentiel de parler et d’écrire de la même façon
que notre voisin, sinon il ne nous comprendrait pas. C’est donc la communication qui est en
jeu. Dans la 1ère partie, nous avons employé maintes fois les termes « langage SMS » mais
avant de poursuivre, il nous semble important de tout d’abord bien cerner ce qu’est le
langage et la linguistique et ensuite se demander si effectivement ce « parlécrit », outil de
communication très sollicité par les jeunes actuellement, peut être considéré comme un
langage à part entière. Puis nous nous intéresserons à la pratique langagière dans le
système scolaire : quelles sont les attentes des institutions en ce domaine et en fonction de
celles-ci, nous nous demanderons plus particulièrement si la pratique du langage SMS dans
les apprentissages (lecture et production d’écrit) est possible, envisageable voire réaliste.
1. De la langue à la communication
1.1. La linguistique : « la langue et rien que la langue »
1.1.1. Langage et langue
Si parfois langage et langue peuvent être considérés comme des synonymes
définissant des systèmes structurés de signes oraux ou écrits permettant à des humains de
communiquer, on doit à André Martinet (1970) leur différenciation. En effet, il considère le
langage comme la faculté intellectuelle « qu’ont les hommes de s’entendre aux moyens de
signes vocaux » mais aussi, depuis quelques millénaires, en utilisant des signes picturaux ou
graphiques1 qui correspondent aux signes vocaux du langage. Par ailleurs, le langage sert
aussi à désigner la manière de parler, propre à un groupe social ou professionnel, à une
discipline ou à un domaine d’activité tel que le langage administratif.
La langue, en revanche, désigne « le système de signes verbaux propres à une
communauté d’individus pour s’exprimer et communiquer entre eux ». Elle est alors
considérée comme un instrument de communication avec son code constitué en un système
de règles communes (signes linguistiques, vocaux, graphiques ou gestuels) propres à une
même communauté.
Si nous nous référons donc à la définition du langage donnée par Martinet (1970), il
est alors effectivement possible et justifié de considérer le « langage SMS » comme un
langage à part entière. En effet, toutes les utilisations d’abréviations, de la phonétique, de
1 Ce qu’on appelle écriture.
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chiffres ou d’émoticônes par exemple peuvent être assimilés à des signes graphiques ou
picturaux qu’utilisent les hommes pour communiquer. D’autre part, on sait que le langage
SMS est un langage utilisé massivement par les jeunes et que ceux-ci le considèrent comme
une manière de parler, propre à leur génération.
1.1.2. Langue et parole
C’est à Ferdinand de Saussure dans son Cours de linguistique générale, reconstitué
par ses élèves Charles Bally et Albert Sechehaye (1916, rééd. 1995) que nous devons la
distinction entre la langue et la parole. D’après lui, la langue est un « trésor commun »
comportant un lexique (une collection de mots) et un code. Nous pouvons étudier ces
langues selon deux points de vue : celui de leur évolution (diachronie), ou celui de leur état à
un moment donné (synchronie). Saussure insiste sur la synchronie qui doit donner accès à
la structure de l’ensemble du langage. La langue est composée de signes ; un signe étant un
rapport entre un signifiant (une image acoustique) et un signifié (un concept). Or remarque
Saussure, dans le langage naturel, ce rapport est arbitraire car la nature du son émis n’a pas
de rapport avec le sens1 (sauf exception). « Le signifié et le signifiant contractent un lien »
dit-il, le changement d’un signe par un autre modifie immanquablement le sens du mot
(« lapin » n’est pas la même chose que « lopin » ou « lupin »). Le changement d’un élément
de la langue a donc des conséquences sur le reste. On retrouve ici la notion de
« sémiotique » (le signe) qui consiste à pouvoir reconnaître, hors contexte (c’est-à-dire sans
histoire, ni environnement), si un mot a un sens (« par exemple le mot rôle est accepté
comme ayant un sens, ril, non »). Ce qui intéresse donc avant tout Saussure, c’est la langue
et son étude, sans la prise en compte des situations discursives autrement dit, c’est la
morphosyntaxe qui est importante. Dans la pratique du français à l’école, l’étude par les
élèves de la morphologie des mots et de la syntaxe d’une phrase débute dès la maternelle.
Le but est de comprendre comment former des mots ou produire des phrases qui soient
corrects dans le respect des règles d’orthographe, de grammaire et de conjugaison. Sachant
que le français donne lieu à des productions écrites extrêmement variées, le langage SMS
n’échappe pas à cette rigueur. Pour écrire et se faire comprendre de celui qui recevra
l’énoncé, il faudra bien respecter des règles morphosyntaxiques. Ainsi « A+ », par exemple,
est accepté comme ayant le sens de « à plus tard » ; en revanche, si nous remplaçons le
signe « + » par « - », «a- » (« à moins ») n’aura aucun sens pour un usager du langage
SMS. Changer un signe, modifie donc le mot et lui accorde ou non du sens. Par ailleurs,
1 En français, il n’y a pas de lien entre la suite de phonèmes [a-r-b-r] pour désigner le signifiant « arbre » avec le
concept « arbre » (ici le signifié).
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Saussure s’est aussi posé la question de la délimitation du signe, indispensable à la
compréhension du langage. « Je l’apprends » et « je la prends » se prononcent de la même
façon pourtant ils n’ont pas la même orthographe et n’ont pas le même sens. En langage
SMS, cette distinction existe-t-elle à l’écrit ? La réponse est oui. On écrira « je l’apprends » -
« J’lapren » et « je la prends » - « J’la pren ». Chaque signe est donc en relation avec les
autres à l’intérieur d’un mot ce qui confère au mot, non seulement une signification, mais
aussi une valeur. Le langage SMS obéit donc à une rigueur morphosyntaxique qu’il faut
prendre en compte dès lors qu’on l’utilise.
Quant à la parole, Saussure (1916, rééd. 1995) la définit comme un usage individuel
de la langue. Cet usage peut être très contextuel. Du coup, son étude n’intéresse pas du tout
le linguiste qui la considère comme accessoire et plus ou moins accidentelle. Il faut attendre
Emile Benveniste (1966 ; 1974) pour qu’on cherche à comprendre comment se produit le
sens dans le discours ordinaire. Son approche reste structuraliste, mais il s’agit pour lui de
sortir de l’analyse des règles de la langue pour comprendre les situations et les personnes
qui parlent : « j’ai » n’a pas la même signification que « j’aurai ». Au terme de « parole », il
préfère donc parler de « discours » qu’il distingue du mot « phrase » ; le discours étant un
« énoncé » qui a un auteur (quelqu’un qui parle) . C’est la notion de « sémantique » (le sens)
qui est désormais en jeu. C’est ainsi que Benveniste (1966) pose les bases d’une nouvelle
linguistique, celle de l’énonciation : c’est l’acte même de produire un énoncé et non
simplement l’énoncé lui-même qui est étudié ; le mot devient l’unité minimale du discours. En
didactique du français, à la suite de Benveniste, on considère qu’il existe deux grands types
d’énonciations : une énonciation à distance de type « récit » où les informations sont
données par l’énonciateur (emploi de la troisième personne « il » ou « elle », emploi de
certains temps verbaux comme l’imparfait ou le passé simple, emploi de certaines marques
spatio-temporelles (« Trois jours plus tard », « à cet endroit-là »…). La seconde énonciation
est dite impliquée de type « discours ». L’énonciateur du texte se désigne par « je » et
s’adresse souvent à un interlocuteur « tu » ou « vous ». Les trois temps de base sont le
présent, le futur simple et le passé composé. Les indicateurs spatio-temporels (ou
déictiques) sont par exemple « ici », « là-bas », « à droite », « maintenant », « hier »,
« demain », « l’année prochaine »… Pour ce qui est du langage SMS, sachant qu’il permet
de passer de l’oral à de l’oral écrit, ce type d’énonciation peut être appelé sans conteste
discours car il regroupe toutes les caractéristiques citées ci-dessus. Son enseignement
consistera donc essentiellement à étudier la cohérence et la cohésion du texte produit. « J
taten isi 2m1 » (« Je t’attends ici demain »), par exemple, peut rester une énigme si le
contexte d’énonciation n’est pas plus précis, même s’il est correctement écrit.
La distinction entre langue et parole a ensuite été reprise par Noam Chomsky (1968)
28
dans son œuvre majeure Le langage et la pensée. Au lieu de partir de la langue, qu’il faut
enregistrer puis transcrire afin de pouvoir l’analyser ensuite, il part de la parole que l’individu
fabrique. Il se demande alors comment le locuteur fait pour la produire. C’est une question
essentielle qui domine le problème de l’acquisition du langage. Alors que durant toute la
première moitié du XXème siècle, les grands courants de pensée s’accordaient à dire que le
langage était acquis par conditionnement, il réfute ce behaviorisme et affirme que le langage
est déterminé par des structures mentales innées et oppose ainsi compétence et
performance1. Pour lui, un enfant de moins de 5 ans est capable sans enseignement formel,
de produire et d’interpréter avec cohérence des phrases qu’il n’a jamais rencontrées avant
(c’est la performance) car il est supposé avoir une connaissance innée de la grammaire
élémentaire commune à tous les langages humains (ou compétence). Cette grammaire,
caractérisée d’universelle (tous les enfants acquérant ce langage), permet d’une part, avec
un nombre de règles de grammaire réduit et une quantité de mots bien définies, de produire
un nombre infini de phrases ; et d’autre part, de décider si une phrase est correctement bien
formée, indépendamment de la signification grâce à la prise en compte d’un ensemble de
contraintes inconscientes. L’enfant ne viendrait pas au monde, comme on le pense depuis
la fin « des Lumières », avec un esprit semblable à une table rase mais avec la capacité
innée auquel l’humain est prédisposé, ce qui expliquerait l’apprentissage rapide d’une langue
par un enfant mais aussi la capacité à en créer une de toute pièce si la situation l’exige (cas
du créole2 par exemple). Par conséquent, selon Chomsky, c’est l’autonomie de la syntaxe
qui prime sur la sémantique. Dans le cadre d’une situation didactique sur le langage SMS,
c’est cette compétence linguistique qui sera demandée à l’élève : produire un énoncé à la
syntaxe correcte comme respecter l’ordre des mots dans une phrase. Elle sera d’ailleurs la
même pour tous les membres d’une même communauté linguistique (ici les jeunes).
A la lumière de ce que nous venons d’évoquer, nous avons pu constater que malgré
leur particularité distinctive, le langage, la langue et la parole permettent aux humains
d’entrer en relation avec autrui afin de transmettre quelque chose. Chacune de ces
approches peut être examinée par la linguistique qui est généralement définie comme l’étude
scientifique du langage humain. On considère d’ailleurs, aujourd’hui, que pour être complète,
1 Compétence : locuteur ou auditeur, c’est la connaissance implicite qu’a tout sujet parlant de sa langue
maternelle.
Performance : mise en œuvre de la compétence dans des phrases produites ou comprises par les utilisateurs
de la langue. 2 Au temps des plantations, les esclaves de langues différentes communiquaient de façon plus ou moins
rudimentaire par des mots alignés aléatoirement et sans réelle grammaire. Les enfants de ces esclaves nés une
ou deux générations plus tard, ne se sont pas contentés de reproduire les suites de mots de leurs parents ; ils ont
introduit spontanément une grammaire. Une nouvelle langue était née : le créole.
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la linguistique doit intégrer trois points de vue que nous avons abordé ci dessus1 :
morphosyntaxique (Saussure), sémantique (Benveniste) et pragmatique (Chomsky).
Seulement la linguistique ne cesse d’évoluer et elle a conduit tout naturellement à la
sociolinguistique qui prend en compte le cadre social et culturel dans lequel est émis un
énoncé. On est ainsi passé du concept de compétence linguistique à celui de compétence
de communication. Voyons à présent les principaux schémas communicationnels élaborés
depuis la seconde guerre mondiale par de nombreux théoriciens de la communication afin
d’être éclairés sur les différentes analyses possibles dès lors qu’il y a échange
d’informations.
1.2. « Découverte » de la communication
1.2.1. Le premier modèle de communication de Shannon et Weaver : une
vision télégraphique
Initialement, communiquer était fréquemment réduit à un transfert d’informations :
une source qui émet et une cible qui reçoit. C’est cette vision télégraphique que l’ingénieur
Claude Shannon et le philosophe mathématicien Warren Weaver vont schématiser en 1949.
Ils élaborèrent2, un modèle linéaire de la communication, réduit à sa plus simple expression :
un émetteur grâce à un codage, envoie un message à un récepteur qui effectue le décodage
dans un contexte perturbé de bruit.
Figure 1 - Système général de communication selon Shannon et Weaver (1949)
1 Morphosyntaxique : étudie la structure interne des mots et détermine des règles permettant de les combiner
pour produire des phrases.
Sémantique : étudie le sens des mots et des énoncés.
Pragmatique : étudie les relations entre le message et l’usage qu’en font les locuteurs en situation de
communication. 2 À l'origine, les recherches de Shannon ne concernent pas la communication, mais bien le renseignement
militaire. C'est Weaver qui a « traduit » la notion de brouillage par celle de « bruit », la notion de signal par
« message », la notion de codage par « émetteur », la notion de décodage par « récepteur ».
30
Ce modèle présente toutefois des limites. Tout d’abord, il ne peut s’appliquer à toutes
les situations de communications. Ensuite, il ignore la pluralité des récepteurs et laisse de
côté les éléments psychologiques et sociologiques. Enfin, il y a absence de rétroaction.
1.2.2. Le schéma de Jakobson centré sur le message
Sous l’impulsion de Saussure, le linguiste Roman Jakobson (1969), a repris et
transformé le modèle de Shannon et Weaver pour en tirer son propre schéma de la
communication. Il a développé un point de vue centré sur le message lui-même (et non plus
centré sur la transmission de celui-ci) autour duquel gravitent d’autres pôles en jeu dans
l’acte de communication. Le schéma ci-dessous montre qu’il est composé de six facteurs de
telle manière qu’à chacun de ses facteurs corresponde une fonction.
Figure 2 - Système général de la communication humaine selon Jakobson (1969)
Grâce à ce schéma, il a établi que dans toute situation de communication, on trouvait
un destinateur (émetteur) qui émet un message à un destinataire (récepteur). Tout cela
s’inscrit dans un contexte (référent), un code (la langue) et un canal communs.
Certes, cette définition est exacte mais elle occulte toute une partie du
fonctionnement de la communication. On reste à une conception d’un échange alterné de
messages sans connaître exactement l’interaction. En effet, a-t-on toujours une seule
personne en face de soi ? La personne à qui nous nous adressons nous répond-elle ? La
communication ne varie-t-elle pas en fonction des lieux, de l’humeur du moment, du degré
d’attention, des savoirs antérieurs…
31
1.2.3. Le modèle de Kerbrat-Orecchioni :communiquer, l’illusion de la simplicité
Catherine Kerbrat-Orecchioni (1980) reprend l’étude de Jakobson en la fondant sur
un élément essentiel : le sujet parlant. Selon elle, la communication varie en fonction des
éléments concernant l’émetteur, le récepteur mais aussi la situation elle-même. Elle va
dégager ainsi des compétences intervenant dans les échanges : culturelles (savoirs que
nous possédons sur le monde), idéologiques (valeurs de références qui fait que nous
jugeons l’autre), linguistiques (message produit, lexique, syntaxe…), paralinguistiques
(gestes, regards, mimiques, occupations de l’espace), de contrainte de l’univers du discours
(espace, temps, but, canal utilisé – direct/téléphone- ), de modèle de production et
d’interprétation du discours, de détermination psychologique (statut de l’émetteur et
notamment perception qu’il a de lui-même, du récepteur, présence d’une tierce personne
dans l’échange).
Figure 3 – Proposition destinée à se substituer au schéma des fonctions de la
communication selon Kerbrat-Orecchioni (1980)
Mais elle va surtout prouver la complexité des relations unissant les différents
locuteurs : « Tout au long du déroulement d’un échange communicatif quelconque, les
différents participants, que l’on désigne parfois comme des « interactants » exercent les uns
sur les autres un réseau d’influences mutuelles : parler, c’est échanger, et c’est changer en
échangeant ».
La communication est donc régie par des compétences d’une part, et d’autre part, par
des normes, des contraintes, des émotions et des valeurs qui la complexifient. On s’aperçoit
donc que communiquer n’est pas aussi simple. Compétence linguistique ou compétence de
communication : tel est le débat qui anime aujourd’hui le domaine de l’éducation.
32
2. Quelle place donner au langage, outil de communication, dans
les pratiques scolaires ?
2.1. En didactique du français
2.1.1. Compétence linguistique ou compétence de communication ?
Compétences linguistiques ou compétences de communication : ces différences sont
capitales pour l’apprentissage du langage, d’une manière générale, par l’enfant. Selon
Chomsky (1968), ce qui est important, c’est la maîtrise de la langue. En revanche, Hymes
(1982) part de l’idée selon laquelle les aptitudes du sujet parlant ne se réduisent pas à la
seule connaissance de la langue et il définit la compétence communicative comme
l'ensemble des aptitudes permettant au sujet parlant de communiquer efficacement dans des
situations spécifiques. Ces divergences de points de vue, Kerbrat-Orecchioni (1990) les a
mis en évidence dans le tableau suivant :
Compétences linguistiques
selon Chomsky
Compétences de communication
selon Hymes
La linguistique s’arrête à la phrase La linguistique doit aussi analyser le discours
La linguistique doit expliciter la compétence
d’un « locuteur – auditeur idéal »
La linguistique doit expliciter la compétence
d’une « personne réelle existant dans un
monde social »
Cette compétence est la même pour les
membres d’une même communauté
linguistique, et elle est même en grande
partie universelle
Il existe au sein d’une même communauté de
nombreux codes et sous-codes, et il convient
de mettre l’accent sur ces variations avant de
se préoccuper du problème des universaux
du langage
Cette compétence permet la
production/réception de phrases
« grammaticales » abstraites
Cette compétence permet la
production/réception d’énoncés appropriés
contextuellement
La performance dénature la compétence,
c’est une sorte de mal nécessaire
Tous les faits qui s’actualisent en
performance doivent être rapportés à la
compétence sous-jacente qu’ils manifestent,
et qu’on ne peut appréhender qu’au travers
des réalisations performancielles
Le langage est fondamentalement « un
système d’expressions de la pensée », un
« miroir de l’esprit »
Le langage est fondamentalement une
pratique sociale
Ces deux concepts théoriques opposés reflètent tout à fait la question que se posent
les institutions, les enseignants, les didacticiens, les parents d’élèves sur quel français
enseigner ?
33
A travers la conception de Chomsky (1968), on retrouve la pédagogie prônée depuis les lois
Ferry (1880) : il faut dispenser le même enseignement à tous les élèves ; et cet
enseignement doit tourner autour d’un français qui respecte les règles d’orthographe, de
grammaire, de conjugaison. Par contre, Hymes (1982) trouve que ce qui est crucial en
pédagogie « ce n’est pas de mieux comprendre comment le langage est structuré mais de
mieux comprendre comment il est utilisé ». Il est pour l’hétérogénéité des discours qui
permettent de communiquer et de mettre en commun ce qui ne l’est pas d’emblée. Il faut dès
lors partir des usages de chacun, s’appuyer sur la diversité des compétences d’une
communauté à l’autre, mais aussi à l’intérieur d’une même communauté. Ensuite, dit-il, c’est
« au cours du déroulement de la conversation que certaines disparités initiales se
neutralisent, c'est-à-dire que les interactants construisent au fur et à mesure leur
compétence conversationnelle, dans la mesure où les partenaires négocient et ajustent en
permanence leurs conceptions respectives des normes conversationnelles. » Aujourd’hui, la
réalité de l’enseignement amène plutôt à considérer ces deux théories comme
complémentaires. Le langage SMS, on l’a vu, malmène le français. Pourtant la ville de
Montréal, rappelons-le a offert la possibilité, sur le site Internet de la ville, d’accéder à
l'information de trois façons, et notamment par l'ortograf altêrnativ, assimilée au SMS. Voici
une illustration de ce que peut donner la rencontre entre le français d’une part et le langage
SMS d’autre part. Comprendre les codes et les sous codes des jeunes qui utilisent le
langage SMS serait faire un pas vers eux mais aussi dans le cas d’un échange les amener
vers ce français qu’ils « malmènent ».
2.1.2. Point de vue des sociolinguistes
Selon les travaux de sociolinguistes, toute variation d’une langue donnée (et ses
diverses formes, telles que l’écriture et le discours oral serait le résultat des interactions
sociales de la communauté linguistique où elle se produit. L’âge du locuteur, son sexe et sa
classe sociale joueraient donc un rôle important (voire décisif) dans la variation linguistique.
D’après William Labov (1993), « la plupart des locuteurs […] ont à leur disposition divers
styles de paroles. » Par ailleurs, en 1984, Allan Bell avançait l’hypothèse qu’un même
locuteur possède plusieurs styles de parole (ex formel, familier, etc.) et modifiera sa manière
de parler en fonction de sa perception de l’environnement communicatif afin que son
discours soit approprié pour son ou ses interlocuteurs. Il s’ensuit que certaines variables
apparaissent ou non selon le contexte dans lequel le locuteur se trouve. La variable
orthographique peut ainsi être déclinée en non intentionnelle (fautes de frappe, fautes
d’orthographe) ou intentionnelle (formes oralisées, formes abrégées).
34
Par conséquent, à partir des constats sociolinguistiques, il nous est possible de
considérer le langage SMS comme une variation parmi d’autres de la langue française à la
disposition du jeune dans l’ensemble des styles de paroles dont il dispose. Sachant qu’il est
capable d’adapter son discours en fonction de son destinataire, on peut envisager, dès lors,
que c’est ce qu’il fait en jouant sur la variable orthographique du langage SMS, résultat de
son interaction avec d’autres jeunes de sa communauté linguistique. La question désormais
est de savoir si cette pratique langagière extrascolaire peut être pris en compte dans les
pratiques scolaires.
2.1.3. Point de vue des didacticiens du français
Faut-il ou non que l’école prenne en compte les pratiques extrascolaires des élèves ?
Et si tel est le cas, pourquoi et comment ? Ces questions traversent en fait l’école depuis sa
fondation et nous pouvons dire que deux grandes thèses se confrontent. La première
s’appuie sur la conception de l’enseignement du français que les institutions avaient avant
1970. En effet, jusque là, l’enfant, en entrant à l’école, était considéré comme un être privé
de langage ou du moins disposant d’un langage que l’école devait bannir. Les Instructions
de 1923 déploraient par exemple que « les enfants disposent d’un vocabulaire pauvre qui
appartient à l’argot du quartier, au patois du village, au dialecte de la province. » Il était donc
impossible, dans le cadre de l’enseignement du français, d’introduire les pratiques
extrascolaires à l’école car considérées comme des obstacles aux apprentissages et
synonymes de baisse du niveau scolaire. L’école avait donc la responsabilité exclusive
d’apporter les valeurs linguistiques fournies par les bons auteurs (grâce à la lecture et à la
récitation) et par la mémorisation des règles de grammaire, d’orthographe ou de formation
des mots. D’autre part, l’école, en prenant ses distances avec les univers familiaux et
professionnels, garantissait des fonctionnements propices à l’étude : tranquillité, neutralité,
temps conséquent…. Réintroduire les pratiques extrascolaires était donc susceptible de
porter atteinte aux principes même de la forme scolaire et au bon fonctionnement des
apprentissages.
En revanche, la seconde position soutenue par la sociolinguistique affirme, depuis
plus de vingt ans maintenant, qu’il est impossible de négliger ces pratiques et qu’il est
nécessaire de les cerner et de les décrire en terme de variations par rapport à la norme
scolaire (Marie-Claude Penloup, 2006). En effet, la majeure partie des théories se rejoint
pour considérer qu’on apprend avec ce que l’on est, grâce à ou malgré elles, mais pas sans
elles. Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (1970) ont d’ailleurs dit que « l’indifférence
aux différences » mise en place par l’école n’empêche pas, loin de là, un échec socialement
différencié. De plus, Bernard Lahire (1993) qui a travaillé sur l’entrée dans l’écrit, avance
35
aussi l’hypothèse selon laquelle l’échec scolaire « en tant qu’il est socialement différencié,
pourrait s’expliquer, au moins en partie, par l’écart entre le rapport au langage (distancié,
formel…) mis en place au travers de l’enseignement actuel et celui à l’œuvre dans les
pratiques langagières de nombre de familles. » A ces arguments s’ajoutent ceux de
nombreux travaux récents en sociologie ou en didactique, qui ont pu montrer qu’y compris
dans les milieux considérés comme très défavorisés, les pratiques culturelles (par exemple
de lecture ou d’écriture) étaient bien plus diversifiées et plus riches qu’on ne le pensait
auparavant. Ainsi, par exemple, en matière d’écriture, Marie-Claude Penloup (1999), a pu
montrer, au travers de la première enquête d’envergure sur les pratiques extrascolaires des
collégiens que, contrairement à nombre d’idées reçues, elles étaient massives et diversifiées
(lettres, listes, chansons, histoires drôles, poèmes…), quels que soient les milieux
concernés, l’établissement ou le sexe et le goût déclaré pour l’écriture est important (73% de
la population concernée). Les données recueillies permettent de cerner de nouvelles
dimensions du rapport à l’écriture extra-scolaire : caractère intensif tant quantitatif que
qualitatif, construction identitaire, dissociation complète entre écritures extra-scolaires et
pratiques d’écritures scolaires, spontanéité, dimension matérielle (plaisir lié à l’acte
graphique, les outils, l’odeur de l’encre, plaisir lié à la frappe sur le clavier, ronronnement de
l’ordinateur…) Elle a fondé l’hypothèse que les écrits extrascolaires pourraient être alors
réinvestis dans les écrits scolaires. Ainsi, par exemple, elle montre que les écritures de soi
sont très courantes chez les adolescents et notamment chez les filles. Elle propose donc
d’accorder une place et un statut à l’écriture de soi à l’école en s’appuyant sur les
Instructions officielles de 1995 qui considéraient l’écriture comme un outil de structuration de
la personne. Ainsi, le journal intime reconnu comme lié au plaisir d’écrire permettrait de
favoriser l’émergence d’une parole personnelle. La mise en place d’ateliers d’écriture telle
qu’écrire à la manière de Perros (écriture de papiers collés) dans lesquels les élèves
rédigeront leur autobiographie pourrait être le point de départ d’une interrogation sur le genre
autobiographique. Citons un autre exemple : dans son enquête, elle constate que 60% des
collégiens pratiquent la « copie pour soi » (copie pour apprendre, copie pour le plaisir de
conserver un texte apprécié …) qui génère un plaisir corporel (recherche de la « belle page »
ou de la « belle écriture »). Penloup considère alors la copie pour soi comme une activité
langagière qui permet d’entrer dans la culture de l’écrit sur le mode de la « jubilation » : elle
pourrait être, dit-elle « le point de départ d’une interrogation sur le plagiat en art, point
d’appui de la création ». Ses recherches ont pu ainsi mettre en évidence l’intérêt didactique à
tenir compte des écrits extrascolaires pratiqués spontanément par les élèves, au cœur des
apprentissages. « Créer des liens entre les deux cultures, établir entre elles des passerelles
apparaît alors comme un des moyens de répondre à cet état de fait et d’aider à construire du
36
sens » dit-elle. Elle se situe dans la même perspective qu’Yves Reuter (2001) dont les
travaux de recherche l’amènent à penser que, pour enseigner l’écriture, il faut enseigner à
« penser l’écrit ». Il insiste, par conséquent, sur le fait que tenir compte de ces pratiques
aurait trois effets non négligeables. Tout d’abord, un effet de connaissance dans la mesure
où l’image qu’ont les enseignants des élèves peut être modifiée. Ensuite, conséquence du
premier, l’effet de reconnaissance qui consiste en une valorisation des élèves puisqu’ils ne
sont plus réduits à des manques ou à des pratiques stigmatisées et enfin, l’effet passerelle
qui va viser à tisser des relations entre les cultures des élèves et la culture scolaire. Prendre
appui sur le savoir des élèves issus de leurs pratiques et sur la comparaison permettra
d’établir non seulement des différences mais aussi des points communs entre les différents
types de cultures.
Face à ces arguments, comment ne pas envisager la possibilité alors d’utiliser le
langage SMS comme passerelle entre les pratiques scolaires attendues et qui font défaut à
un certain nombre de jeunes et les pratiques extrascolaires maîtrisées par ceux-ci ? L’échec
scolaire dû à des lacunes en lecture/écriture pourrait–il, par conséquent, être reconsidéré ?
Mais avant d’y répondre, nous devons d’abord examiner sur le plan théorique, la lecture et
l’écriture comme outil de communication dans le champ de la didactique du français.
2.2. Dans les pratiques de lecture et d’écriture
2.2.1. Qu’est ce que lire ?
A partir de 1880 (les lois de Jules Ferry) et jusqu’au milieu du XXème siècle au
moins, la position de l’école primaire est claire : lire c’est dire. Apprendre à lire, c’est avant
tout apprendre à déchiffrer, « syllaber », puis dire « sans ânonner » et enfin dire l’écrit « en
mettant le ton ». Les méthodes syllabiques (b+a = ba) semblent parfaitement adaptées à
cette définition du savoir-lire. Mais en 1985, les instructions officielles et les programmes
pour l’école élémentaire annoncent qu’on lit désormais pour comprendre et que cela
nécessite, pour apprendre à lire, d’être capable de prévoir, de formuler des hypothèses, de
prélever du sens ou faire du sens. Ainsi plusieurs conceptions de l’apprentissage de la
lecture s’affrontent mais le constat est là : les évaluations nationales de lecture depuis 1990,
et mises en place par le ministère de l’Education Nationale, ont rendu visible le problème de
l’échec scolaire en lecture – ou de la « mal-lecture » (dit Gérard Chauveau, 2007) – à l’école
élémentaire. Depuis Jules Ferry, on continue donc à se poser les mêmes questions :
« Qu’est ce que lire ? », « Quelles sont les compétences mises en jeu dans l’activité de
lecture ? », « Quelles sont les conséquences pour l’apprentissage ? » Les méthodes de
lecture sont nombreuses mais l’acte de lire reste un processus complexe pour les
37
chercheurs. Toutefois, ils sont nombreux1 à dire que la lecture sollicite de façon importante
l’activité intellectuelle d’un sujet. Ils ajoutent de plus que lire c’est pouvoir arriver à mettre du
sens dans une phrase ou un texte : « Apprendre à lire, ce n’est pas apprendre une nouvelle
langue : c’est apprendre à coder différemment une langue que l’on connaît déjà » (Bentolila,
2006). Pour cela, l’identification2 des mots doit se faire rapidement et efficacement. Enfin
selon eux, le lecteur expert maîtrise deux procédures (syllabique et globale) ce qui lui permet
de passer de l’une à l’autre méthode en fonction de ses besoins.
Des compétences sont néanmoins nécessaires. Tout d’abord, pour s’engager dans
l’apprentissage de la lecture, l’apprenant doit posséder une maîtrise non négligeable de la
langue orale (la pauvreté du lexique, une syntaxe incorrecte sont à l’origine de nombreuses
erreurs concernant la compréhension). Ensuite, l’apprentissage de la lecture passe par la
découverte et l’utilisation du code alphabétique qui définit le fonctionnement du code écrit.
Nommer les lettres (c’est-à-dire connaître le nom des lettres mais aussi leur valeur sonore),
écrire en utilisant une écriture alphabétique, épeler un mot phonétiquement sont les trois
compétences spécifiques de la lecture. La maîtrise des relations grapho-phonologiques est
donc incontournable : « le principe alphabétique de notre écriture est étroitement associée à
la conscience phonique » dit Gérard Chauveau (2007). L’Observatoire National de la Lecture
ajoute que « pour comprendre les associations de graphèmes-phonèmes, les élèves doivent
avoir pris conscience que la parole peut être segmentée en unités (mots, syllabes..).
Identifier un mot est nécessaire mais pas suffisant. Il faut aussi pouvoir le faire rapidement et
automatiquement. Enfin, lire c’est en même temps « reconnaître les rôles grammaticaux
respectifs des mots. Sans reconnaissance de l’organisation grammaticale d’une phrase, il n’y
a pas construction du sens, il n’y a pas de lecture. » La ponctuation, les inférences3 et les
substituts4 nominaux et pronominaux sont alors autant d’indices précieux qui aident à la
compréhension d’un texte, d’après le rapport de l’ONL de novembre 2005. La lecture
demande par conséquent une bonne maîtrise de l’espace écrit mais aussi du raisonnement.
Jocelyne Giasson (2005) accorde d’ailleurs beaucoup d’importance aux informations que le
lecteur doit induire à partir des données du texte (inférences). La lecture est ici considérée
comme une activité cognitive mettant en jeu le raisonnement.
Mais aujourd’hui, des chercheurs comme Chauveau (2007) envisagent le savoir-lire
sous une nouvelle perspective : l’activité de lecture étant une activité à la fois culturelle et
langagière, il ne s’agit plus d’une méthode de lecture syllabique ou globale mais dite
1 Linguistes (A. Bentolila, M. Fayol,), chercheurs en Sciences de l’Education (G. Chauveau, J. Fijalkow, J.
Giasson), chercheurs de l’ONL. 2 Associe le mot écrit à sa signification.
3 Consiste à décoder l'implicite, à interpréter.
4 Consiste à reprendre un nom déjà énoncé par un autre nom ou expression équivalente ou par un pronom.
38
interactive qui repose selon lui sur trois actions. La première est l’action culturelle. Elle
répond à la question : pourquoi lit-on ? Réponse : on lit pour s’informer, se divertir, imaginer,
apprendre, se cultiver, répondre à une question, satisfaire sa curiosité, s’émouvoir, se faire
une opinion sur un sujet … C’est donc notre rapport à l’écrit et à la lecture qui est soulevé.
Ensuite, il y a l’action compréhensive. Le lecteur adopte une conduite de « chercheur de
sens » à savoir qu’il va prélever dans le texte qui s’offre à lui l’ensemble des mots qu’il
reconnaît et qui ont un sens pour les organiser. Enfin, il y a l’action instrumentale. Ici, le
lecteur cherche à comprendre l’organisation de la phrase écrite, décode, mémorise et utilise
le contexte pour comprendre l’ensemble des mots et donc de la phrase. Parallèlement donc
à l’approche technique de la lecture, une approche sociologique s’est développée, montrant
que la lecture est avant tout une pratique culturelle, liée à des fonctions sociales que l’on
rencontre dans une multitude de genres d'écrits, qu’ils soient littéraires ou fonctionnels1.
Beaucoup d’adolescents disent ne rien lire lors d’enquêtes et pourtant ils lisent mais sur des
supports qu’ils ne pensent pas pouvoir être reconnus par les adultes (tract publicitaire,
bandes dessinées, un énoncé de problèmes etc.)
Pour finir, n’oublions pas qu’on lit pour soi mais aussi pour communiquer avec
d’autres. Nous ne devons pas perdre de vue qu’activités de lecture et activités d’écriture
entretiennent des liens étroits. Citons Emilia Ferreiro (1988) : « L’enfant apprend à écrire
lorsqu’il essaie de lire ; l’enfant apprend à lire lorsqu’il essaie d’écrire. [ …] Un bon lecteur se
forme en produisant de l’écrit ; un bon producteur de textes se forme en lisant des textes. »
Voyons maintenant en quoi consiste la production d’écrit en milieu scolaire.
2.2.2. Qu’est ce que produire un écrit en milieu scolaire ?
Lorsque l’on parle d’écrit, il faut bien faire la distinction entre le geste graphique,
l’activité de copie et la production d’écrit. Ce qui nous intéresse ici, en lien avec le langage
SMS, c’est la production d’écrit en tant que conception et mise en texte d’un récit. Le niveau
a-t-il baissé depuis les lois de Jules Ferry ? Philippe Meirieu (2007) répond à cette
interrogation2 en disant que les textes des jeunes d’aujourd’hui sont plus longs, les récits
1 Dans le n°104 de la Revue Française de pédagogie, juillet-août 1993, Bernard Lahire signe un article intitulé
« Lectures populaires : les modes d’appropriation des textes », dans lequel il résume les principales conclusions
qu’il a pu faire après avoir interrogé 149 personnes de diplôme inférieur ou égal au BEP ou BEPC. Il constate à la
fois la diversité des lectures populaires et l’ancrage important de la lecture en milieu populaire : 40% des
enquêtés déclarent lire le journal tous les jours, 58% lire de 1 à 10 livres dans l’année, 27% des BD, 59% sont ou
ont été abonnés à un organisme de vente de livres par correspondance, 58% disent avoir recours à des
dictionnaires ou des encyclopédies. Ces données confirment la nécessité de prendre en considération tous les
supports de lecture en tenant compte des fonctions qui leur sont assignées dans la vie quotidienne.
2 Nous disposons d’un point de repère grâce aux copies du Certificat d’études primaires retrouvées dans le
département de la Somme pour les années 1923, 1924,1925 et des textes écrits sur les mêmes sujets, rédigés
dans les mêmes conditions, par des enfants du même âge aujourd’hui.
39
plus cohérents, les phrases plus variées, le vocabulaire plus riche, la ponctuation plus
fréquente et précise. Les résultats sont légèrement en revanche plus faibles en ce qui
concerne la maîtrise des temps des verbes et de l’orthographe d’usage et ils sont très
nettement inférieurs dans le domaine de l’orthographe grammaticale (accords genre/nombre,
par exemple) qui baisse régulièrement et de façon importante depuis plusieurs dizaines
d’années. Pourtant même si les textes sont plus longs, écrire n’est pas chose facile. Mais
que se passe-t-il alors quand on écrit ? Et pourquoi est-ce si difficile d’écrire un texte ?
Jusqu’aux années 80, la didactique de la production d’écrits était centrée sur les
caractéristiques textuelles des écrits à produire. On considérait alors que pour écrire un récit
par exemple, il suffisait de connaître les propriétés structurelles de celui-ci. A partir des
années 80, les didacticiens se centrent sur l’activité du sujet en train de rédiger et plus
particulièrement sur les difficultés des étudiants à rédiger. Cet intérêt est lié à la diffusion en
France des travaux des psychologues anglo-saxons John Hayes et Linda Flower (1980) qui
se sont aperçus qu’écrire suppose au préalable d’inventer ou de rechercher des idées (ou
planification), de les mettre en mots (ou mise en texte) puis de trouver comment les agencer
grâce aux mots, de façon adéquate (ou révision). Ces actions, répétées plusieurs fois au
cours de la rédaction et variables selon les rédacteurs, sont sources de difficultés voire de
blocages : angoisse de la page blanche, réticences à remettre ou non un travail écrit,
difficultés pour ne perdre le fil de sa pensée, réorganisation1 des mots ou des idées,
attention portée à l’orthographe et à la syntaxe… D’ailleurs, à l’INRP, un groupe de
recherche (le groupe EVA) a travaillé plusieurs années sur l’évaluation des écrits et a produit
un tableau appelé CLID (Classement des Lieux d’Intervention Didactique) souvent repris
dans les ouvrages concernant la didactique de la production d’écrits. Cette grille2propose
d’analyser un écrit selon quatre points de vue : pragmatique, sémantique, morphosyntaxique
et aspect matériel. Il vise à mettre en évidence par exemple si le texte produit correspond
bien au but visé, s’il y a cohérence structurelle (mise en page, ponctuation, connecteurs,
cohérence de la progression thématique), cohérence énonciative (pertinence des choix
énonciatifs, présence de la subjectivité de l’auteur), cohérence sémantique (respect des
contraintes du genre littéraire, absence de contradiction, gestion de l’implicite, cohérence
entre les personnages, les actions , les évènements…), le lexique, la morphosyntaxe,
l’orthographe, la présentation et la calligraphie. Or, toutes ces exigences sollicitent
énormément la mémoire ; les psycholinguistes parlent alors de surcharge cognitive.
1 C’est-à-dire en les ajoutant, supprimant, déplaçant ou remplaçant.
2 Voir Annexe1.
40
Alors pour répondre à ces difficultés rencontrées, l’ensemble des documents officiels1
émis par le Ministère de l’Education Nationale, depuis 1992, propose d’apprendre à
organiser un texte de la manière suivante « on peut privilégier l’une des deux composantes
essentielles de l’activité rédactionnelle : tantôt l’organisation du texte (sa planification) tantôt
le travail d’écriture proprement dit (la mise en mots). » Ainsi, dans le premier cas, on
s’intéresse au premier jet de l’écrit : cerner qui est le destinataire du texte, trouver une trame
générale, lister les idées à aborder (informations, émotions, injonctions, arguments …),
réorganiser toutes les propositions faites. Dans un second temps, on passe à la rédaction en
elle-même. Précisons ici que, depuis plusieurs années, la question de l’orthographe s’est
enrichie de nombreux travaux permettant de mieux comprendre comment elle fonctionne et
comment elle s’apprend. Michel Fayol (2008) s’est intéressé aux fautes d’orthographe chez
les adultes et en s’appuyant sur quelques articles récents et il conclut que l’essentiel de
celles-ci sont dues à un lexique orthographique mental insuffisant (omission ou
neutralisation2 des accents, mauvaise transcription d’un phonème (« expliquation » au lieu
de « explication », erreurs sur les homonymes) et le non-respect du pluriel des noms et des
verbes principalement. La fatigue et la baisse de l’attention sont aussi en cause. Dernier
constat : plus le niveau de formation scolaire s’élève et plus les variations de transcription
diminuent sans toutefois disparaître. Nous venons donc de voir que produire un écrit en
milieu scolaire est complexe. Les chercheurs disent même que son apprentissage est long.
Son enjeu est aussi social car on écrit pour communiquer.
En effet, écrire n’est plus réservé aux clercs et aux privilégiés, il devient un outil pour
relier les hommes entre eux. Il oblige aujourd’hui à prendre en compte un destinataire absent
qu’il faut rendre mentalement présent pour décider de ce qu’on va lui dire. On écrit pour
agrandir son réseau de connaissance, pour maintenir le lien avec autrui, pour se confier aux
autres mais aussi pour communiquer avec soi-même : « se raconter, c’est en quelque sorte
bâtir une histoire qui dirait qui nous sommes, ce que nous sommes, ce qui s’est passé, et
pourquoi nous faisons ce que nous faisons […] C’est grâce au récit que nous parvenons à
créer et recréer notre personnalité » (BRUNER J., Pourquoi nous racontons-nous des
histoires ?, 2005). Ecrire, c’est se donner la possibilité de jouer avec les mots et de donc de
développer son imagination. Mais des chercheurs ont constaté que tout le monde ne joue
pas toujours spontanément avec les mots. Parmi les raisons évoquées par le sociologue Ben
Fadhel (1967), les différences significatives en compétences scripturales (et par voie de
conséquence, lecturales) sont en fonction du style éducatif parental ainsi que du milieu
socioculturel. Le poids de la famille est déterminant chez les enfants dans l’apprentissage de
1 Programmes et documents d’accompagnement.
2 Les accents sont remplacés par un point ou par un trait horizontal qui fait disparaître l’opposition é/è.
41
l’écriture, dit-il : « les difficultés éprouvées par certains enfants en lecture/écriture traduisent
un milieu familial peu engagé où les pratiques éducatives autour de l’écrit sont mécanistes,
peu variées et limitées à un suivi scolaire. » Toutefois, Bernard Charlot (1999) ne partage
pas complètement cette opinion et il s’interroge sur le « rapport au savoir » des élèves pour
comprendre leurs réussites ou leurs échecs. D’après lui, le rapport d’un élève au savoir
dépend à la fois de son vécu, de sa manière personnelle d’apprendre, de son désir plus ou
moins grand de savoir, et de son environnement social. Il identifie trois types de rapport
(rapport à soi, au monde, à l’autre) que les élèves entretiennent fréquemment envers l’école
et l’apprentissage. Chacun de ses types constitue un obstacle à l’apprentissage et de là, à la
réussite scolaire. Ainsi par exemple dit-il : « Qu’est ce qu’un cours intéressant ? Un cours qui
« en soi » est intéressant (rapport au monde) ? Un cours qui est intéressant pour moi
(rapport à soi) ? Un cours qui est dispensé par un professeur intéressant (rapport à
l’autre) ? » Après avoir observé les élèves dans les classes, il en arrive à dire : « Un cours
intéressant est un cours où se noue, en une forme spécifique, un rapport au monde, un
rapport à soi et un rapport à l’autre ». La notion de « désir » d’apprendre devient alors
essentielle car c’est par cela que l’enseignant pourra agir sur le rapport au savoir de l’élève.
L’acquisition du lire-écrire n’est donc pas seulement un ensemble de processus
techniques et cognitifs. C’est aussi un processus culturel, un rapport au savoir et c’est
également, dit Emilia Ferreiro (1988), apprendre « à circuler dans le monde de l’écrit comme
on circule dans sa propre maison. » Trouver sa place dans cet univers où la formation du
citoyen passe par la maîtrise de la lecture/écriture n’est pas toujours facile et malgré les
objectifs des programmes officiels (faire découvrir à l’enfant le plaisir de lire et de s’exprimer
par écrit), le taux d’élèves sachant à peine lire à leur arrivée en sixième est élevé (10% en
2003) sans parler de tous ceux qui n’ont pas atteint le niveau requis, beaucoup de jeunes ont
des difficultés à transcrire ce qu’ils pensent ou disent oralement, il y a peu de lecteurs
critiques capables d’argumenter à propos de textes (15% parmi les 85% de très bons
lecteurs en 2003). Il semble alors intéressant ici de porter un regard attentif sur la situation
de l’illettrisme en France et des solutions envisagées jusqu’à aujourd’hui afin de savoir si le
langage SMS pourrait être un point d’ancrage dans les apprentissages chez ces individus,
dont certains gardent encore en mémoire les difficultés voire les échecs de leur scolarité.
2.2.3. Qu’est ce que l’illettrisme ?
Terme qui apparaît au début des années 80, l’illettrisme est un néologisme créé par
l’association ATD Quart-monde afin de différencier les Français pauvres aux compétences
limitées en lecture et en écriture, et les travailleurs immigrés, qualifiés d’analphabètes. Le
terme « illettrisme » fut alors utilisé pour décrire une personne ayant suivi le cycle de l’école
42
primaire française sans pour autant y avoir acquis les compétences requises pour
comprendre un texte, même très simple. Depuis, d’autres définitions de l’illettrisme ont été
données. Alain Bentolila (1996), responsable de l’Association Française de Lecture, rejoint
cette définition en précisant que selon lui, un illettré est une personne incapable de lire et
d'écrire un texte simple, court, en rapport avec sa vie quotidienne. En effet, à l’écrit, il s’est
aperçu que l’illettré avait du mal à organiser son écriture sur la page, à calligraphier
correctement les lettres, à séparer des mots et donc aussi à les orthographier. En lecture, en
revanche, les difficultés sont les suivantes : trouver le sens général d’un texte parce qu’ils
prélèvent leurs indices de façon aléatoire et majoritairement en début d’énoncé, identifier des
mots simples, maîtriser la signification d’indicateurs grammaticaux (« sur », « à », « de »,
« mais »…), prendre conscience que la lecture puisse être un instrument d’intérêt et de
pouvoir. Pour affiner son analyse sur la lecture, il a élaboré, en 1995, un test fiable, fidèle et
probant pour évaluer et classer de façon plus fine les performances des personnes testées.
Il a dégagé cinq « familles » de lecteurs1 grâce aux résultats suivants : « 1% des jeunes
adultes sont analphabètes ( famille A ) ; 3% ne dépassent pas la lecture d’un mot simple
isolé ( famille B ) ; 4% sont limités à la lecture de phrases simples isolées ( famille C ) ; 12%
ne sont capables que de la lecture superficielle d’un texte court et simple ( famille D ) ; 80%
ont la capacité de lire un texte de façon approfondie ( famille E ). » Cette classification a
permis de prendre conscience de l’aspect pluriel de l’illettrisme.
D’autres classifications sont toutefois possibles comme celle proposée par le Groupe
Permanent de Lutte contre l’Illettrisme (GPLI) et évoquée par l’historien de l’éducation
Claude Lelièvre (2002) dans le chapitre sur l’illettrisme. Il explique que lors d’une conférence
de presse le 25 octobre 1988, François Bayrou (président du GPLI) et André Laignel
(secrétaire d’Etat chargé de la Formation professionnelle) ont rendu publics les résultats d’un
sondage effectué par interviews sur un échantillon de mille personnes représentatifs de la
population française. D’après les chercheurs, l’illettrisme des adultes peut être décliné en
trois catégories : il y a ceux qui éprouvent de très sérieuses difficultés à la fois à lire et à
écrire. La seconde catégorie concerne les adultes qui sont incapables de comprendre un
texte simple même lu à haute voix. Enfin, il y a les personnes qui parviennent à peine à
former des lettres ou font un nombre de fautes tel que la phrase ne peut être comprise par
1 La famille A regroupe des individus qui se situent en deçà de la lecture de mots simples et isolés ; on peut
considérer que l’on a affaire à des personnes en situation d’analphabétisme.
La famille B comprend ceux qui sont en deçà de la lecture de phrases simples et qui ne sont capables que
d’identifier des mots isolés.
La famille C rassemble les personnes qui se trouvent en deçà de la lecture de textes courts, même s’ils sont
capables de lire des phrases simples.
La famille D regroupe les individus qui sont certes capables de lire des textes courts, mais qui se situent en deçà
de la lecture approfondie d’un texte ; ils ne sont capables que d’en extraire quelques informations explicites.
La famille E rassemble les personnes qui sont capables d’une lecture approfondie d’un texte.
43
quelqu’un qui n’en avait pas une connaissance préalable. En outre, une autre définition de
l’illettrisme a été proposée par l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme. En effet, elle
préfère dire qu’être illettré « c’est ne pas disposer, après avoir pourtant été scolarisé, des
compétences de base (lecture, écriture, calcul) suffisantes pour faire face de manière
autonome à des situations courantes de la vie quotidienne. » Cela concerne des hommes et
des femmes de tous les âges et qui vivent dans des contextes très différents. Une multiplicité
de causes sont évoquées et parmi elles l’échec scolaire, les difficultés familiales et
professionnelles ou sociales, la non nécessité d’un recours à l’écrit dans le milieu
professionnel, la diminution voire la perte des compétences lorsqu’elles ne sont pas utilisées
ou pratiquées, les problèmes de santé. Pour repérer les personnes en situation d’illettrisme,
il existe des tests de positionnement établis à partir des critères de l’ANLCI et proposés par
les organismes de formation. Ils se déclinent en quatre degrés et les compétences attendues
diffèrent selon le niveau de connaissances. Le degré 1 correspond à la conscience
phonologique. Le degré 2 s’intéresse aux compétences orthographiques et grammaticales
alors que le degré 3 propose des exercices autour du lexique et du vocabulaire. Enfin, le
degré 4 correspond à la compréhension et production de l’écrit. Ces tests permettent de
situer un individu en fonction de ces performances.
Toutefois, Bernard Lahire (1999) nous met en garde contre les dangers de la
stigmatisation sociale des discours tenus sur l’illettrisme. Il estime que cette définition de
l’illettrisme selon Bentolila (1996) et ses causes portent préjudice aux illettrés qui sont
dépeints comme des nouveaux barbares incapables de raisonner, voire de penser. Il reste
convaincu que cette classification est imprécise et manque de rigueur quant à l’évaluation
quantitative du phénomène. En outre, elle est le reflet de la représentation qu’on se fait d’une
élite, c’est-à-dire celle pour qui la culture légitime est principalement la culture scolaire
générale, cette culture étant devenue la mesure de toute chose et il estime qu’il est
nécessaire de mettre de la distance vis-à-vis de certaines certitudes.
Conclusion : le Français, un apprentissage complexe et de longue haleine qui
mobilise la société
Avec le téléphone portable et l’essor d’Internet est née une nouvelle écriture appelée
« langage SMS ». Procédé privilégié des jeunes qui permet de mettre un émetteur et un
récepteur en situation de communication, il nous rappelle que chacun de ces usagers fait
appel à la lecture et l’écriture pour échanger. Ces écrits plus ou moins longs nécessitent
donc d’avoir une relative maîtrise de la lecture et de l’écriture du français. Les compétences
ainsi mises en œuvre sont la connaissance du code alphabétique, la maîtrise du grapho-
44
phonème, la reconnaissance globale de certains mots (et donc la possession d’un nombre
indéterminé de mots reconnus orthographiquement immédiatement), une connaissance de la
syntaxe et de la ponctuation afin de donner un maximum d’indices au lecteur pour qu’il
comprenne le message écrit. Alors que longtemps, la lecture a été associée au livre et
même aux ouvrages littéraires, on sait maintenant que l’offre de lecture peut être hétérogène
et diversifiée, que les jeunes lisent plus qu’on veut bien le penser. On sait aussi (Penloup,
1999) qu’ils écrivent bien plus qu’on ne le soupçonne : de nombreux et divers écrits
extrascolaires sont copiés ou inventés. Des chercheurs comme Ben Fadhel (1967) et M-C
Penloup (1999 ; 2006) prônent l’inscription de la lecture/écriture dans une perspective
socioculturelle globale au lieu de la réduire à un simple savoir technique et scolaire.
Se posent alors les questions suivantes. Quand nous avons face à nous des élèves
en échec scolaire et dont les raisons sont attribuées à une « mal-lecture » (Chauveau, 2007)
et d’un rapport à l’écrit difficile, ne pourrait-on pas envisager, avec ces élèves, de les
réconcilier avec le savoir en utilisant le langage SMS comme passerelle entre leur univers et
celui de l’école ? Autrement dit, est-ce que le langage SMS, en tant que pratique
extrascolaire, pourrait être pris en compte dans les apprentissages scolaires ?
Adoptons à présent le point de vue des enseignants. Dans une société comme la
nôtre, où la maîtrise orthographique est un problème souvent évoqué par les enseignants
mais aussi par les parents, les médias etc., quelle place accorder à cette nouvelle écriture,
où de nombreuses transgressions ont été constatées ? Sachant qu’en matière
d’enseignement les pratiques divergent (certains enseignants restent attachés aux
anciennes pédagogies, d’autres ont un discours plus centré sur les élèves), si le langage
SMS trouvait sa place dans les apprentissages, comment agiraient-ils si on leur demandait
d’assurer cette médiation ?
Enfin, prenons les jeunes, principaux usagers concernés. On peut se demander tout
d’abord, s’ils verraient d’un bon œil que leur mode de communication privilégié, identitaire,
discret et qui a le pouvoir de leur laisser une certaine liberté d’expression trouve une place
dans les apprentissages. Sont-ils prêts à ce que leur environnement immédiat pénètre dans
l’école et accepteraient-ils de s’exposer à l’évaluation de leurs compétences et aptitudes en
utilisant cet outil qui leur permet de lire et d’écrire ?
N’ayant à notre disposition que peu d’éléments pour répondre à ces questions
évoquées, mettons en place un recueil de données à usage strictement exploratoire afin de
cerner quelles représentations certains enseignants et élèves se font du langage SMS et de
leur utilisation éventuelle comme outil d’enseignement et d’apprentissage en classe. Les
résultats procurés pourraient permettre de proposer la mise en place d’une utilisation
didactique de celui-ci en classe et qu’elle soit mise en œuvre par un enseignant.
45
3. Quelle place donner au langage SMS dans les pratiques
scolaires quand on est scolarisé dans le Nord Caraïbe de la
Martinique ?
3.1 . Présentation de la circonscription Nord-Caraïbe
3.1.1. Description de la Z.E.P. Nord et de son environnement
La Zone Prioritaire d’Education Nord a été créée en 1994. Elle couvre quatre
secteurs de collèges et environ 1/6 de la superficie de la Martinique. Elle s’étend sur 10
communes du Nord-Caraïbe au Nord-Atlantique : Bellefontaine, Carbet, Saint-Pierre,
Prêcheur, Fond Saint-Denis, Morne Rouge, Ajoupa Bouillon, Basse Pointe, Macouba, Grand
Rivière. C’est la plus grande Z.E.P. de la Martinique, et très certainement du territoire
National.
D’après le rapport de Madame JULIEN, inspectrice de l’Education Nationale du
Morne Rouge de 2005, la zone Nord-Caraïbe est essentiellement rurale, et la population y
est relativement stable. Même si une commune souffre effectivement d’enclavement
(Prêcheur), l’ensemble demeure « bien loin » du principal centre d’activités et d’animation :
Fort-de-France.
Cette région est marquée par la pauvreté du tissu économique. Le chômage touche
toujours une personne sur trois et plus de 60% des jeunes âgés de 16 à 25 ans. Parmi ces
jeunes chômeurs se trouvent des illettrés, des jeunes proches de l’illettrisme ou de très bas
niveau scolaire mais aussi un nombre important de titulaires de diplômes allant du CAP au
bac+5. Près de 40% des actifs sont des employés ou des ouvriers, et pour la très grande
majorité, sans qualification.
40% des familles sont monoparentales avec 90% d’entre elles qui ont une femme
pour chef de famille, souvent jeune et sans emploi.
3.1.2 Caractéristiques scolaires
Toujours d’après le rapport de l’Inspectrice (2005), d’une manière générale, le retard
scolaire tend à se stabiliser au niveau de la sixième. Les passages vers les lycées en fin de
troisième augmentent : orientations en seconde générale ou technologique pour un élève sur
trois et en lycée professionnel pour un élève sur deux. Par ailleurs, il a été constaté qu’au
lycée professionnel, en moyenne 10% des élèves ont abandonné au cours de la première
année de BEP ou CAP et plus du tiers de ces abandons se sont produits dès le premier mois
de l’année scolaire. En outre, il s’avère qu’à la fin du collège, plus de 25 % des élèves de
Z.E.P. ne maîtrisent pas ou maîtrisent mal les compétences générales requises par les
46
programmes, contre 15 % des élèves hors Z.E.P. Il est enfin à noter que les cas de
violences scolaires sont marginaux et isolés; ce relatif « bon » climat incite les enseignants à
exercer de nombreuses années (plus de cinq ans en général) dans la Z.E.P. On y déplore
toutefois la faible participation des parents à la vie des établissements scolaires.
Afin de faire face aux difficultés rencontrées malgré le dispositif Z.E.P., l’année
scolaire 2006-2007 a été marquée par une relance d’éducation prioritaire (EP) en France.
Dans le Nord-Caraïbe, c’est le collège Louis Delgrès à Saint-Pierre qui a été concerné par
cette relance appelée « Réseau Ambition Réussite » (R.A.R), destiné à aider les élèves des
établissements scolaires les plus en difficultés en les dotant de moyens supplémentaires en
personnels (assistants pédagogiques) et en heures d’accompagnements éducatifs. Ce
collège travaille depuis en étroite collaboration avec les écoles primaires du secteur et les
lycées de Bellefontaine (formations générales et technologiques) et de Saint-James
(formations professionnelles).
Face à ces constats (secteur géographique rural éloigné du centre économique,
faible bassin d’emploi, situation sociale fragile et précaire, élèves en difficultés scolaires dont
nombre d’entre eux sont en situation d’illettrisme plus ou moins important, orientation
majoritaire de ceux-ci en lycée professionnel, mise en place du R.A.R. pour lutter contre
l’échec scolaire), c’est dans ce contexte un peu particulier que j’ai souhaité m’intéresser à la
place qu’occupe actuellement le langage SMS dans les pratiques scolaires, en questionnant
tout d’abord les enseignants de collèges et de lycée puisqu’ils ont affaire aux jeunes qui
préparent un diplôme (Brevet des collèges, CAP, BEP, Brevet Professionnel, Bac Pro) puis
les jeunes âgés de 15 à 20 ans orientés en filières professionnelles après la troisième. Ce
choix s’appuie par ailleurs sur les constats théoriques faits précédemment. Nous savons,
pour commencer, que le « langage SMS » est un langage à part entière et que donc son
étude morpho-syntaxique peut-être réalisée. Ensuite, en tant que langage, il est un outil qui
sert à communiquer et nous avons vu avec C. Kerbrat-Orecchioni que communiquer n’est
pas si aisé et que pour ce faire des compétences sont nécessaires tant linguistiques que de
communication. Nous pouvons aussi nous appuyer sur le point de vue des sociolinguistes
qui disent que le langage SMS n’est qu’une variation parmi d’autres du français et que les
individus sont tout à fait capable d’adapter leur discours ; ils savent donc quand et comment
écrire en langage SMS ou en français. Enfin nous avons vu qu’il était important pour les
didacticiens de tenir compte des pratiques extrascolaires dans les apprentissages et que
celles-ci pouvaient d’ailleurs être des points de départ pour aborder des notions plus
complexes en français (M-C Penloup).
47
3.2 Témoignages recueillis dans l’enseignement secondaire
3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants
Dans la circonscription Nord-Caraïbe, il y a trois collèges. Nous avons le Morne-
Rouge (ZEP), Saint-Pierre (RAR) et le Carbet pour 99 enseignants, un lycée polyvalent à
Bellefontaine qui compte 35 enseignants et le lycée professionnel Saint James (37
enseignants). Afin de recueillir divers témoignages par le biais de questionnaires1 et sur la
base du volontariat, cinq enseignants de collège, quatre enseignants du lycée polyvalent en
filières générales (littéraires, scientifiques, économiques et sociales), six enseignants en
formations technologiques (hôtellerie) et professionnelles (métiers de la restauration, vente,
secrétariat, comptabilité, ébénisterie, travaux paysagers, maintenance voitures ou bateaux)
ont bien voulu apporter leurs contributions. L’échantillon2 est composé comme suit : il y a 4
hommes et 11 femmes. 60% d’entre eux ont entre 26 et 40 ans, cinq autres ont entre 40 et
55 ans. Un seul a plus de 55 ans. Parmi les enseignants, seuls trois exercent leur profession
dans un collège placé en ZEP ou en RAR ; les autres sont dans un établissement sans
spécificité administrative particulière. La moitié de ces enseignants travaillent depuis moins
de 4 ans dans l’établissement où ils ont été interrogés et les deux-tiers ont une ancienneté
dans la profession de moins de 10 ans. Les disciplines enseignées sont variées. Nous avons
cinq professeurs de français, quatre d’histoire géographie et éducation civique, deux de
mathématiques, une de langue étrangère et trois d’enseignements techniques
(vente/droit/économie, cuisine, sciences physiques et chimie). Précisons que trois
professeurs de collège participent aussi à la découverte professionnelle avec leurs élèves de
troisième.
Voyons à présent le contenu du questionnaire. Pour commencer, en Q1, nous avons
demandé à l’enseignant s’il manipule le langage SMS dans sa vie de tous les jours. Si c’est
le cas, il a poursuivi le questionnaire en répondant aux questions Q2, Q3 et Q4 afin de
déterminer avec précision quand est ce qu’il utilise le langage SMS le plus souvent
(téléphone portable, internet ou les deux) , sa fréquence (systématiquement, souvent ou à
l’occasion) et pour quelles raisons. Si l’enseignant n’utilise jamais le langage SMS, il devait
justifier directement sa réponse à la question Q5. Ensuite, de la question Q6 à Q9, nous
avons voulu savoir s’il autorisait le langage SMS lors de ses cours, soit à l’initiative de
l’élève, soit de leur propre initiative. Chaque réponse devait être complétée par des
exemples de situations concrètes et de leurs justifications (autorisations ou non). Par
ailleurs, nous lui avons demandé ce qu’il pense du langage SMS en tant que passerelle
entre l’école et le monde civil (Q10 : oui, non, sans opinion) puis d’expliquer son point de vue
1 Voir Annexe 2.
2 Voir Annexe 3.
48
(Q11). Enfin, pour finir sur le langage SMS, Q12 et Q13 ont abordé l’aspect hypothétique de
son utilisation en classe s’il était avéré que celui-ci soit un bon outil pédagogique et
didactique (oui, non et pourquoi). Les sept dernières questions (Q14 à Q20) ne sont pas en
lien direct avec le thème de l’enquête mais elles ont permis d’affiner l’échantillon en fonction
du sexe du sondé, le type d’établissement d’exercice (collège, lycée général ou lycée
technique/professionnel) et s’il est situé dans une ZEP, un RAR ou néant. Enfin, nous avons
voulu connaître la durée d’ancienneté dans l’établissement d’affectation (réponse ouverte) et
dans la profession (moins de 3 ans, 3/6 ans, 6/10 ans, 10/15 ans, 15/20 ans, 20/30 ans, plus
de 30 ans), la matière enseignée et la tranche d’âge à laquelle appartient le questionné
(moins de 26 ans, 26/40 ans, 40/55ans, plus de 55 ans) afin de relever s’il y avait un lien
éventuel entre l’âge et l’ancienneté de l’enseignant dans la profession avec l’usage du
langage SMS à l’école. Passons à présent à l’analyse1 de ces quinze questionnaires.
3.2.1.1. L’enseignant et le langage SMS dans sa vie quotidienne
Dans le monde civil, en moyenne, la moitié des enseignants utilisent souvent le
langage au quotidien aussi bien avec le téléphone portable qu'Internet. Les attraits
principaux sont sa rapidité de rédaction, la concision et éventuellement le côté ludique,
interactif et vivant. En revanche l’autre moitié dit ne pas l’utiliser car selon eux, le langage
SMS est considéré comme un frein à la communication : beaucoup de temps perdu pour
décrypter ou pour coder un texte, orthographe dénaturée et vocabulaire appauvri voire
simplifié à des émoticônes. Cette partie des enseignants reconnaît ne pas y être habitués et
même qu’elle ne souhaite pas céder à la facilité. En conclusion, quel que soit l’âge, la
pratique du langage SMS est partagée, ainsi que les représentations qu’ils s’en font.
Certains sont donc dans l’air du temps et des communications modernes alors que d’autres
estiment que le langage SMS n’est pas un bon moyen de communication et qu’il porte
atteinte à la qualité orthographique et sémantique de la langue. Une fois sur leur lieu
d’exercice professionnel, que laissent-ils faire alors à leurs élèves ?
3.2.1.2. L’enseignant et l’utilisation du langage SMS dans sa classe
En classe, la grande majorité d'entre eux qui exercent en collège ou en lycée général
soit 7/9) sont contre l'usage du langage SMS à l’initiative des élèves ce qui n'est plus le cas
en lycée technologique ou professionnel où deux enseignants sur trois l’autorisent. Les
tolérances ou permissions sont accordées aux élèves pour les corrections de devoirs, la
dictée ou la prise de notes de leçons, faire des fiches. Toutes ces actions sont autorisées du
moment qu’ils arrivent à se relire et que le document final (corrections, leçons, fiches…) est
accessible à tous. Une enseignante trouve que ces initiatives sont bonnes pour l’autonomie ;
1 Voir annexes 4 et 5a, 5b et 5c.
49
deux autres, en revanche, voient cette solution comme adaptée pour ne pas consacrer trop
de temps, dans une séance, à la correction d’un devoir par exemple : « Une correction de
devoir prend une demi-heure environ. Les élèves de collège n’ont pas l’habitude de prendre
des notes, le recopiage du tableau est laborieux. J’écris la correction (paragraphe
argumenté) sous la forme d’un plan avec les arguments abrégés (abréviations plus que
langage SMS). Ils recopient la correction telle quelle, avec les abréviations ». En revanche,
parmi les enseignants qui sont contre l’usage du SMS dans leur classe, cinq sur huit n’ont
donné aucune explication ; ceci étant certainement dû à une mauvaise formulation de Q7
plus qu’à un désir volontaire et manifeste d’éluder la réponse. Les trois autres qui se sont en
revanche exprimés, trouvent que le langage SMS porte préjudice à l’orthographe ou induit en
erreur. On note donc une forte préoccupation pour les aspects morphosyntaxiques dès qu’on
parle d’apprentissage du Français. Rappelons que même les enseignants qui l’autorisent en
classe sont toutefois modérés dans leur propos. En effet, ils affirment le tolérer mais ils sont
tous intraitables sur son usage dans les devoirs à remettre ou les copies d’examen, insistant
sur le fait que des points sont accordés à l’orthographe et à la présentation du devoir et que
ces points sont tout aussi importants que le reste de l’écrit. Un enseignant attire même notre
attention sur la difficulté qu’il a déjà de faire comprendre à ses élèves qu’ils ne sont pas
autorisés à s’exprimer en créole dans les diverses rédactions ; il pense que le langage SMS
(français et créole) serait alors un obstacle supplémentaire à l’écriture du français.
Nous avons souhaité savoir par ailleurs si l’enseignant, de sa propre initiative avait
déjà utilisé en classe le langage SMS. La réponse a été oui pour sept d’entre eux mais dans
cinq cas, c’était exceptionnel. Il s’agissait là d’activités pédagogiques bien spécifiques et
ponctuelles comme la découverte des différents types d’écrits depuis l’écriture manuscrite à
l’écriture électronique1, la transcription d’un texte en langage SMS en français, ou bien alors
étudier l’aspect linguistique international de celui-ci à travers le langage SMS espagnol et
ses avantages comme la facilité et la rapidité mais aussi ses inconvénients (pauvreté des
messages, addiction possible, communication verbale délaissée). Dans les deux autres cas
où l’usage du langage SMS est plus fréquent, il s’avère que les enseignants ont travaillé sur
les abréviations dans la prise de notes. L’objectif était d’écrire vite et de faire en sorte de
pouvoir être relu par tous (donc pas de fantaisies possibles) ; « l’argumentation étant plus
importante que l’orthographe. » précise une enseignante. L’usage du langage SMS est donc
très exceptionnel et laissé à la liberté de l’enseignant. Il est pour le moment très marginal et
se centre essentiellement sur des abréviations courantes. Son usage dépend
1 Séquence 5 de l’atelier d’expression écrite intitulée « Ecrire un courrier électronique » dans le manuel CAP
Français où les élèves avaient pour activité finale de rédiger un message électronique enrichi, sans abus, par des
frimousses (émoticônes) et abréviations.
50
essentiellement des visées poursuivies, le langage SMS semblant être plus indiqué pour
certaines d’entre elles (prise de notes, de leçons ou de corrections en français ou en histoire-
géographie notamment). Cette attitude resterait-elle atypique si à l’avenir, le langage SMS
était reconnu comme utile aux apprentissages ?
3.2.1.3. L’avenir du langage SMS en classe selon l’enseignant
A la question « est ce que le langage SMS pourrait être une passerelle entre l’école
et la société ? », la moitié des enseignants reste indécise ou sans opinion. Une enseignante
de collège précise qu’elle trouverait même gênant que ce langage soit un prétexte pratique
« pour camoufler ses lacunes en expression et en orthographe ». Il serait d’autant plus mal
venu d’y avoir recours qu’on postulerait pour un emploi. Quant aux autres enseignants, cinq
sur huit pensent que le langage SMS ne pourrait en aucun cas être une passerelle et ce,
pour les raisons suivantes : les élèves vont à l’école pour apprendre certaines règles
(orthographe et grammaire par exemple), l’autoriser serait source de dérive, de fossé
générationnel creusé, et même si on gagne en rapidité, l’élève perd en exactitude et en
qualité. Ils sont donc surtout inquiets pour les règles morphosyntaxiques essentielles pour
structurer le discours. Les trois enseignants favorables à cet usage souhaitent que les
activités soient bien cadrées et pertinentes ; effectivement, il pourrait être un point de départ
(comme l’emploi du créole dans certaines activités) pour conduire certains élèves en
difficulté à plus de lecture. Le langage SMS pourrait-il donc servir à d’autres apprentissages
et dans quelles disciplines : Mathématiques ? Histoire-géographie ? Langues étrangères ?
Informatique ? Options à dominante scientifique ou professionnelle ?
Quant à son usage possible dans les années à venir, si les recherches montrent les
bienfaits de son utilisation sur les apprentissages, plus de la moitié des enseignants
interrogés serait prêt à y avoir recours en classe. Ils demandent quand même à être
convaincus des bienfaits attendus mais dans l’absolu, si c’est pour aider les élèves, les
motiver, les passionner et les intéresser, ils sont prêts à faire le maximum. Parmi ceux qui
refusent, deux d’entre eux trouvent l’usage du langage SMS inapproprié à leurs disciplines
(ici les Mathématiques) et les deux autres soutiennent qu’il faut, au contraire, accentuer les
efforts sur le français.
3.2.1.4. Du langage SMS dans les apprentissages : entre novation et
résistance
A la vue des résultats à ces questionnaires, aucune tendance réelle ne semble se
dégager sinon que le langage SMS partage le corps enseignant entre les partisans du
« pour » ou du « contre » et ne laisse personne indifférent. Les pratiques, les représentations
et les avis sont diversifiés. Il est tout de même entré au collège et au lycée (prise de notes,
de corrections etc.) et on lui reconnaît certes un côté rapide et pratique uniquement s’il est
51
bien utilisé et que l’élève arrive à faire la part des choses entre noter une leçon par exemple
et répondre à une question dans un devoir. On s’inquiète toutefois de ces aspects néfastes
pour l’orthographe et la syntaxe dans l’enseignement du français même si quelque part il est
intéressant pour motiver et passionner les élèves aux activités scolaires, du moins ceux en
difficulté. Nous pouvons dire à ce stade de l’étude que le langage SMS pourrait avoir sa
place dans les études secondaires même si la prudence et la réserve sont présentes.
Si nous souhaitons étudier les effets de l’utilisation du langage SMS dans une
situation didactique précise, il va donc falloir, pour commencer, trouver des enseignants
volontaires pour nous aider à mener à bien cette expérience. Ils peuvent être enthousiastes,
indécis ou sceptiques tant qu’ils sont prêts à participer. Que pourrions-nous leur proposer ?
Si nous nous intéressons à une population de jeunes entre 15 et 20 ans, au lycée
professionnel, qui donne parfois des signes d’inadaptation telles que l’absentéisme, les
difficultés scolaires, peu d’investissement dans les apprentissages et est exposée au risque
de sortie prématurée, il nous semble important qu’un travail soit fait sur le rapport au savoir
du lire et de l’écrire. En effet, il n’y a pas de mystère, plus on lit et meilleures deviennent la
lecture et la compréhension. Il faut donc amener les jeunes à plus de lecture et leur faire
comprendre que la lecture ne se limite pas aux œuvres classiques et littéraires mais que
cela peut aussi être une bande dessinée, un trac publicitaire, un document administratif, une
recette de cuisine, une notice d’instruction, le programme du cinéma et pourquoi pas une
nouvelle en langage SMS …De plus, les supports de lecture et d’écrire sont variés. Il n’y a
pas en effet que le support papier ; le numérique peut aussi être pris en compte même si la
mise en place d’activités ne sera pas la même selon qu’on dispose d’un imprimé ou d’une
page d’écran. On sait par ailleurs que le vocabulaire est un très bon indicateur de la
connaissance de la langue orale. Lire plus c’est donc aussi enrichir son vocabulaire. Cet
enrichissement pourrait tout à fait être prévu grâce au travail réalisé en classe sur des textes
en langage SMS, si nous partons du postulat que la lecture est déjà plus fluide et rapide.
Voyons à présent la vision qu’ont les jeunes martiniquais scolarisés en formation
professionnelle au lycée Saint James et de Bellefontaine sur le langage SMS et notamment
sur l’opinion qu’ils s’en font dans le cadre scolaire : pensent-ils être excellents en langage
SMS et comprendre tout ce qu’ils lisent ? Comment perçoivent-ils l’utilisation de celui-ci en
milieu scolaire ? Sont-ils favorables à une utilisation en classe du langage SMS ? Telles sont
des questions qui leur ont été posées.
3.2.2. Le langage SMS chez les jeunes en lycées professionnels
Dans la zone Nord-Caraïbe il y a deux lycées professionnels. Le premier se trouve à
Saint-Pierre et se nomme Saint-James. Il accueille, en 2008/2009, 47 élèves qui préparent
52
en deux ans un CAP d’ébénisterie ou de travaux paysagers, 82 élèves sont en BEP, filière là
aussi de 2 années, de maintenance bateaux plaisance et pêche, maintenance voitures
particulières, commerce, comptabilité ou secrétariat et enfin 62 élèves sont dans une filière
Bac Pro de maintenance nautique, maintenance automobile, commerce ou comptabilité qui
se prépare en sur deux ans. Pour les encadrer, exercent dans ce lycée 37 enseignants, 1
conseiller principal d’éducation, 1 secrétaire de direction, 1 gestionnaire, 4 agents
d’entretiens territoriaux (2 ATOSS, 1 OP, 1 OEA) et 8 personnels en contrats précaires. Trois
sont aides à la vie scolaire, deux sont aides au secrétariat, un employé aide à la gestion et
deux occupent des postes d’assistants d’éducation. Tout ce personnel travaille en étroite
collaboration avec la direction composée d’un principal et de son adjoint. Le second lycée,
situé à Bellefontaine prépare à toutes les filières du secondaire : baccalauréat général,
technologique et professionnel. Seuls les élèves en lycée professionnel vont nous intéresser.
Les filières préparées sont les CAP cuisine, services hôteliers, restaurant avec 89 élèves, le
BEP de restauration pour 73 élèves et le Bac Pro de restauration qui compte 35 élèves. Ces
formations sont intégrées au lycée polyvalent qui propose aussi des filières générales et
technologiques. Il y a par ailleurs 18 professeurs d’enseignements professionnels et 20
professeurs d’enseignement général, 3 conseillers d’éducation, 1 gestionnaire qui est aussi
l’agent comptable du secteur, 8 agents d’entretiens (4 ATOSS, 2 OP, 2 OEA) et 4 assistants
pédagogiques qui aident à la vie scolaire et l’internat.
L’échantillon retenu pour notre recherche est de soixante élèves répartis
équitablement entre les deux établissements, ce qui correspond à 17,2% des lycéens
scolarisés en CAP, BEP ou Bac Pro sur le secteur Nord-Caraïbe. Dans chaque
établissement et filières (peu importe que l’élève soit en première ou en seconde année), les
questionnaires ont été proposés autant aux filles qu’aux garçons fin mai 2009. Les
volontaires les ont remplis en dehors de leurs établissements sous les abribus aux abords
des établissements. Il n’a en effet pas été possible de les interroger dans leurs
établissements pour les raisons suivantes : l’administration a été attentive à faire respecter le
protocole hiérarchique en réclamant des obtentions du Rectorat et de l’Inspection
Académique. Elle a réclamé par ailleurs les autorisations parentales remplies et signées par
les familles pour les élèves mineurs. Sachant que nous étions déjà en mai et que les élèves
étaient libérés des obligations scolaires dès la fin du même mois, le temps imparti était très
court pour recueillir toutes les autorisations. Enfin, le principal-adjoint, en l’absence du
Principal en arrêt maladie, a même estimé que le questionnaire pourrait porter atteinte à son
équipe enseignante et n’a donc pas souhaité que les élèves y répondent dans l’enceinte du
lycée Saint James mais nous a autorisé à le faire en dehors de l’établissement. Le recueil de
53
données a donc été fastidieux puisqu’il a fallu trouver des élèves qui remplissent aux critères
de l’échantillon : 15 garçons et 15 filles par sections retenues (CAP, BEP ou bac pro), qui
soient volontaires, tout en tenant compte de l’emploi du temps de chacun et chacune et du
notre. Le recueil a eu lieu le matin et tous les après-midi. Les filles ont été plus difficiles à
aborder que les garçons car elles restent moins volontiers aux abords de l’établissement en
dehors de leur emploi du temps. Une fois le questionnaire en main, on peut dire que les filles
ont été plus attentives et concentrées que les garçons qui étaient plus distraits. Ils mettaient
leur téléphone portable en mode musique pour que tout le monde en profite, ils parlaient
avec les copains, ils draguaient les filles qui passaient etc. D’une manière générale, la
majorité des sondés a préféré mettre des croix et ne pas justifier ses réponses. Il a donc fallu
leur rappeler gentiment que leurs réponses justificatives étaient toutes aussi importantes que
les cases cochées et qu’ils étaient libres d’écrire comme ils le souhaitaient en utilisant le
langage SMS par exemple. Tous ces facteurs ont entrainé notre révision de la durée à
consacrer au questionnaire. Initialement nous avions prévu entre dix et quinze minutes. Au
final, chaque sondé a passé en moyenne 40 minutes pour y répondre. Nous avons aussi
constaté malgré nos rappels, que certaines questions sont restées sans réponse et parfois,
nous avons pu nous apercevoir que des jeunes avaient eu les yeux baladeurs sur le
questionnaire de leur voisin(e). Le manque de concentration, l’inattention, le copiage sur le
voisin, la durée de passation du questionnaire sont peut-être là des indices d’un rapport à la
lecture et l’écrit un peu difficile pour nombres de sondés. Il faudra donc être très attentif à
leurs réponses mais auparavant voyons la trame du questionnaire1 que nous avons proposé
aux lycéens.
Il a été divisé en deux grandes parties. Deux types de réponses étaient attendus. Aux
questions fermées, le jeune devait cocher une case ; chaque case étant représentée par un
symbole afin de faciliter les réponses aux questionnaires si toutefois le jeune éprouvait de
réelles difficultés à lire et à comprendre nos questions. La légende était la suivante :
(tout à fait d’accord), (plutôt d’accord), (plutôt pas d’accord) et (pas du tout
d’accord). Afin de compléter leurs réponses, certaines questions étaient suivies de
questions ouvertes pour permettre au lycéen de mieux justifier leur réponse sans pour autant
les influencer.
Dans la première partie, nous nous sommes intéressés à la perception qu’ont les
jeunes du langage SMS à travers trois aspects. Le premier aspect est technique (Q1 à Q3).
Nous avons voulu savoir si le jeune trouve le langage SMS facile à lire, à écrire et à
1 Voir annexe 6.
54
apprendre. Ensuite, nous avons abordé l’aspect communicationnel (Q4 à Q7) afin de
déterminer s’il trouve que le langage SMS permet de dialoguer avec ses amis ou ses
proches et des anonymes. Par ailleurs, nous lui avons demandé si ce mode d’expression
était pratique pour donner son opinion ou exprimer des émotions. Le dernier aspect traité est
l’affectif (Q8 à Q10). En effet, nous avons souhaité connaître le sentiment qu’éprouve un
jeune quand il écrit en langage SMS : est-ce un plaisir ? A-t-il le sentiment de se comprendre
de tous ? Pense-t-il être meilleur en langage SMS qu’en français ? Toutes les questions de
cette première partie nous ont permis de mieux cerner la perception et le rapport affectif que
l’élève en lycée professionnel a du langage SMS.
Dans la seconde partie du questionnaire, nous nous sommes intéressés à l’usage du
langage SMS en classe. Nous voulions savoir avant tout s’il l’utilise pendant leurs heures de
cours (Q11 à Q13) et si c’était le cas, en quoi faisant. Puis nous avons cherché à connaître
qui, selon lui, parmi ses enseignants, étaient pour, contre ou sans opinions quant à
l’utilisation du langage SMS dans leurs cours. Il nous a semblé intéressant d’aborder ce
questionnement afin de déterminer s’il y a un décalage élèves/professeurs quant à l’opinion
que chacun a sur le langage SMS à l’école autrement dit, ont-ils le même point de vue ou
bien alors le jeune a-t-il une mauvaise représentation de ce que pensent ses professeurs à
propos de leur mode d’expression utilisé en cours ? Pour terminer, nous lui avons demandé
s’il serait pour travailler sur des textes provenant de SMS (Q13), si cela avait déjà été le cas
(Q14/Q15) et s’il souhaiterait que l’enseignant ait plus souvent recours au langage SMS
dans les cours. A travers ces questions, nous avons donc voulu savoir si le jeune avait déjà
été amené à utiliser (à son initiative ou à celle de son enseignant) le langage SMS et ce qu’il
pensait du fait que l’école puisse se servir de sa pratique extrascolaire pour l’aider dans ses
apprentissages.
La fin du questionnaire réunissait quelques demandes d’informations telles que le
sexe, l’âge, la classe actuelle fréquentée, l’ancienneté dans l’établissement et le diplôme
envisagé. Ainsi nous pouvions déterminer l’âge moyen par diplôme préparé et
éventuellement les perspectives de poursuites scolaires vers un bac professionnel pour les
CAP/BEP ou vers un Brevet de Technicien Supérieur pour ceux déjà en bac pro cette année.
Examinons à présent le contenu de leurs réponses1.
3.2.2.1 Impressions générales sur notre échantillon
Pour commencer, nous avons constaté que le type de réponse proposé pour les
questions fermées, à savoir (tout à fait d’accord), (plutôt d’accord),
(plutôt pas d’accord) et (pas du tout d’accord) n’a pas posé problème aux lycéens. La
1 Voir Annexes 7, 8a et 8b et 9a, 9b, 9c et 9d.
55
consigne a donc été comprise. Le dessin a peut-être facilité le remplissage, c’est fort
possible. Pour ce qui est des réponses ouvertes, en revanche, nous nous sommes aperçus
que les réponses des élèves en CAP sont inexistantes pour les deux-tiers des effectifs, les
autres n’ayant pas rédigé plus de deux ou trois phrases simples et courtes. Par contre, plus
nous montons dans les niveaux, en l’occurrence BEP et Bac Pro, plus les réponses des
élèves ont été nombreuses et surtout plus longues même si les fautes d’orthographe étaient
présentes. Les élèves en CAP ont donc l’air d’être moins à l’aise avec l’écrit que leurs aînés.
Or si d’après notre constat, l’aisance augmente avec les niveaux, à quoi cela pourrait-il être
dû ? Nous pouvons suggérer que c’est le fruit du travail accompli par l’équipe enseignante
dès le CAP pour les réconcilier avec l’écrit. Nous pouvons aussi imaginer que le rapport à
l’adulte se modifie avec l’âge puisque le choix de l’orientation devient plus un choix
personnel qu’un choix obligatoire à faire tant qu’on a moins de 16 ans. Dans ce cas, plus on
poursuit des études volontairement, moins on est réfractaires et rebelles pour répondre aux
attentes des adultes. Signalons ici tout de même que sur le terrain, nous avons rencontré
plus de difficultés à faire remplir les questionnaires par les mineurs en CAP que par les
majeurs en bac pro. Les élèves de bac pro étaient plus réceptifs, volontaires et prêts à nous
aider que les autres. En même temps, il est vrai que si les élèves en CAP ont des problèmes
de lecture/écriture, nous pouvons comprendre leurs attitudes défensives quand nous
cherchions des volontaires. Il est à noter que nous avons observé discrètement les jeunes
lorsqu’ils répondaient aux questionnaires et notre attention a été attirée par certains d’entre
eux (notamment des garçons) qui restaient plusieurs minutes sur une même question. Ils
faisaient mine de réfléchir et dès que c’était possible regardaient sur leurs voisins. Deux
solutions : soit ils étaient en manque d’inspiration, soit ils n’avaient pas bien compris la
question. Répondre au questionnaire n’a donc pas évident pour certains d’entre eux.
Autre surprise sur notre échantillon. Nous nous attendions à ce que nombre d’entre
eux utilisent le langage SMS pour répondre à notre questionnaire, cette possibilité étant
offerte puisque c’était le contenu de leurs réponses qui nous importait. Or une seule élève en
BEP à Bellefontaine a profité de cette facilité mais guère longtemps. Dès qu’elle a abordé les
questions concernant l’école, elle s’est de nouveau exprimée en français. Nous pouvons dire
que tous ceux qui ont donc bien voulu répondre aux questions ouvertes ont été soucieux de
répondre en français. Même si le registre de langue était parfois familier et les fautes
d’orthographe nombreuses, il n’empêche que les lycéens ont fait attention à la façon dont ils
ont écrit, à savoir ni en langage SMS, ni avec le créole. Le français résiste et continue donc
à dominer l’écrit malgré les transgressions autorisées. Toutefois, puisque le langage SMS
s’est essentiellement développé avec l’ère du numérique, il n’est donc peut être pas adapté,
dans les représentations que nous nous en faisons, pour des supports classiques et anciens
56
tels que les cahiers et les livres. Les jeunes ne sont peut être donc pas à l’aise pour écrire
dans un style SMS sur une feuille avec un stylo.
Abordons à présent l’âge et l’orientation scolaire de l’échantillon. Notre cible était les
15/20ans et il s’avère que l’échantillon est équitablement réparti entre les élèves mineurs et
majeurs. La moitié d’entre eux a 17-18 ans. L’âge moyen des élèves en CAP est de 16,06
ans. En BEP, ils ont en moyenne 17,24 ans et enfin en bac pro, 18,25 ans. 75% des élèves
a au plus 18 ans ce qui nous laisse supposer qu’on quitte le lycée professionnel, sauf
exception au plus tard à 19 ans. En ce qui concerne la poursuite d’études, tout d’abord, un-
cinquième des lycéens n’a pas répondu à cette question. Par ailleurs, nous voyons que
seulement cinq élèves en CAP désirent obtenir leur diplôme et 3 autres veulent arriver au
BEP. En BEP, 6 élèves visent l’obtention de leur diplôme, 7 veulent préparer un
baccalauréat et 4 seulement envisagent le BTS. Quant aux futurs bacheliers, 12 travaillent
pour réussir à leurs examens et 4 autres envisagent de terminer leurs études par un BTS. En
conclusion, ils sont nombreux à être indécis ou à ne pas avoir de projets professionnels bien
déterminés. Quant à ceux qui ont une idée un peu plus précise, leur projet de formation reste
de courte durée. Ils sortent donc du système scolaire et se retrouvent sur le marché de
l’emploi avant 20 ans. Leur intérêt pour l’école et ce qu’on peut y apprendre semblent être
modérés. Voyons à présent ce qu’ils pensent du langage SMS dans leur vie quotidienne en
dehors et au lycée.
3.2.2.2. Le lycéen et langage SMS dans sa vie quotidienne
Les sondés ont répondu à toutes les questions fermées concernant l’utilisation du
langage SMS dans leur quotidien sauf un élève de Bellefontaine en Bac Pro qui a dû par
inattention, oublié de répondre à Q5 ; la question, à notre avis, n’étant pas difficile puisqu’il
suffisait simplement de savoir si selon le sondé le langage SMS permettait de communiquer
avec des inconnus. Pour ce qui est de la manipulation du langage SMS, tous les élèves
l’utilisent et seuls moins de 10% disent que lire ou écrire en SMS est difficile. Les points forts
pensent-ils du langage SMS sont sans surprise la simplicité : il y a « moins de syllabes »,
« on peut couper les mots », « on ne fait pas attention au langage et à la ponctuation » etc.
C’est aussi la rapidité d’exécution qu’ils apprécient. Un jeune sur six reconnaît toutefois
rencontrer parfois des problèmes dans la lecture d’un message pour décoder des
abréviations : « ce n’est pas tout le temps que je comprends le langage SMS car il y a des
mots qui sont beaucoup trop abrégé comme : TmTc qui veut dire Toi-même tu sais ». Enfin
quand on leur demande s’ils ont appris à l’utiliser facilement, cinquante-six d’entre eux disent
être « plutôt » voire « tout à fait d’accord » et ce, grâce à l’aide des plus âgés (amis, fratries,
parents) ou par imitation ; la pratique courante faisant le reste. En somme, le langage SMS
est un mode de communication qui ne pose pas de réelles difficultés dans la lecture, l’écrire
57
et le mode d’appropriation. L’entraide existe et malgré les difficultés rencontrées, ils le
considèrent comme une nouvelle langue à apprendre et sont conscients que tel un bain
linguistique, « on s’y habitue vite » écrivent-ils.
En ce qui concerne le contenu des propos échangés, ils sont, à un élève près,
unanimes pour dire que le langage SMS est idéal pour communiquer avec ses amis ; en
revanche en ce qui concerne les inconnus ou la possibilité d'exprimer une opinion, 25%
d'entre eux sont contre le langage SMS et ses effets. Si on leur demande pourquoi le
langage SMS permet d’exprimer toutes sortes d’émotions, ils répondent que c’est grâce aux
smileys (ou émoticônes) qui représentent les différentes expressions du visage grâce à un
simple clic ou à une combinaison de symboles, par exemple « :@ » pour obtenir un
bonhomme fâché. Cela permet « de lire sur le visage de son interlocuteur et vice-versa » ses
pensées, ses sentiments ou son humour dira une lycéenne, et ce, de façon plus simple,
pratique et rapide « qu’avec des mots normaux ». L’autre avantage (explicitement exprimé)
est d’éviter les confrontations physiques pour signifier à l’autre ce qu’on a à lui dire, comme
les sentiments de colère. Le langage SMS qui permet de faire part de ses émotions est donc
un langage avant tout de complicité entre amis ou proches et plus adapté, selon eux, pour
faire part, à distance, de ses ressentis.
Quel rapport affectif ont-ils avec le langage SMS ? C’est plutôt un rapport utilitaire.
« Facile » et « rapide d’utilisation » sont les réponses majoritaires. Un élève reconnaît même
ne pas aimer le langage SMS et pourtant l’utiliser pour envoyer des textos grâce à ces
avantages. Par ailleurs, deux reconnaissent que le langage SMS est « cool et dans le vent »,
qu’il permet de mettre des touches personnelles et qu’ainsi les parents sont incapables de
comprendre ce qu’ils ont écrit. Deux autres y trouvent un intérêt pécuniaire (coût moins élevé
du SMS s’il tient en un maximum de caractères utilisés, « permet de ne pas écrire un
roman »). D’autre part, tous les garçons ont le sentiment d’être compris quand ils utilisent le
langage SMS alors que quatre filles affirment que non. Quant à l’item « je pense être
meilleur (e) en langage SMS qu’en orthographe », 1sur 5 pensent le contraire car ils
estiment important d’écrire le français correctement et par conséquent utilisent pas, peu ou à
bon escient le langage SMS. Ils disent ne pas se laisser influencer par le langage SMS sous
prétexte qu’il est plus facile à utiliser car ils sont conscients qu’il est important d’écrire
correctement français, ce qu’ils apprennent à faire depuis petits et donc depuis plus
longtemps que le langage SMS. Pour tous les autres, cette impression de se sentir meilleur
en langage SMS qu’en français réside surtout dans le fait qu’ils ont le sentiment que les
fautes n’existent pas, que ce langage s’écrit selon le feeling du moment et sans règles
orthographiques précises. Une élève en Bac Professionnel est d’ailleurs très confiante :
« c’est évident, dit-elle, tout le monde est meilleur en langage SMS car même si on fait des
58
erreurs, ça passe en langage SMS ». Avec l’aide en prime de la fonction T9 du téléphone
portable, écrire avec la possibilité de ne pas faire de fautes rassure. Leurs réponses nous
ont donc permis de comprendre que manipuler le langage SMS revient à joindre l’utile à
l’agréable. En effet, ils éprouvent le besoin de communiquer avec leurs pairs sans soucier de
la forme ou de la mise en forme, doublé de la quasi-certitude d’être compris par l’autre et
tout cela se fait dans le plaisir : plaisir d’échanger et de partager un peu de son intimité,
plaisir de coder ou de décoder un message. Ils peuvent donc lire et écrire par le biais du
langage SMS avec enthousiasme alors que le français reste plus problématique. Nous
pourrions donc exploiter cet engouement pour les amener à plus de lecture et écriture en
français en leur proposant des activités ciblées mais voyons à présent si ce n’est déjà pas le
cas dans leurs pratiques scolaires.
3.2.2.3. Le lycéen et l’utilisation du langage SMS en classe
Au lycée, sachant que 80% des élèves pensent que leurs enseignants sont plutôt
contre l’utilisation du langage SMS en classe, deux-tiers des élèves interrogés reconnaissent
y avoir recours de façon plutôt discrète à travers les prises de notes, les leçons dictées,
quelques corrections, des brouillons, des fiches de révision, des plans de devoirs, gestion de
l’agenda. Cela concerne dit très bien l’un d’entre eux : « tout ce que les profs ne voient
pas ». Parmi eux, cinq y ont recours lorsqu’ils ont perdu le fil de la leçon, quand ils sont en
retard et que face à l’urgence, il faille perdre le moins d’informations possibles ou tout
simplement quand ils en ont assez d’écrire. Trois s’en servent pour échanger des mots entre
amis en classe sur des sujets personnels et sans lien avec la discipline étudiée, certains que
s’ils se font attraper, le professeur n’arrivera pas à comprendre ce qui est écrit. Une seule
élève sur vingt-trois se justifie sur le fait de ne pas y avoir recours en classe : « Quand j’écris
à l’école, je n’écris pas en langage SMS parce que quand je me relis, je ne sais point ce que
j’écris. Et même si mes professeurs écrivent en langage SMS, moi je ne le fais pas ».
L’utilisation en classe est donc raisonnée et utilitaire. Il s’agit d’utiliser un moyen rapide pour
noter en abrégé un maximum de données en un minimum de temps. Toutefois, sept lycéens
donnent des exemples concrets d’abréviations qui seraient utilisés en classe tels que
« répondre » donne « Rpd », « avec » = « ek », « envoyé » devient « send », « pas de
soucis » = « year », « tu sais déjà » = « seen », « je reviens » = « je re », « plita » pour « à
plus tard », « je t’aime » = « JTM », « quoi » = « kwa » etc… L’ensemble des exemples
donnés interpelle : les élèves interrogés ont-ils bien compris ce qu’on attendait d’eux à savoir
donner des exemples d’utilisation du langage SMS en classe parce qu’à la lecture de leurs
réponses, elles semblent inadaptées à un contexte scolaire mais plutôt prévues pour une
communication interactive et personnelle par l’intermédiaire d’Internet, leur téléphone
portable ou les petits morceaux de papier qui circulent en cours.
59
A la question «Précise, qui, parmi les enseignants (nomme la matière enseignée),
serait pour, contre, sans opinion » quant à l’utilisation du langage SMS à l’école », quarante
et un élèves se sont exprimés et les réponses données concernent essentiellement les
matières générales telles que le français, l’histoire, la géographie, les mathématiques et les
langues. La quasi majorité d’entre eux dit que le langage SMS est toléré par les professeurs
d’histoire-géographie car il permet d’écrire les longues leçons et les corrections. En
revanche, l’utilisation de celui-ci en français divise les opinions. En effet, près de 41% disent
que le professeur ne voit pas d’un bon œil l’usage de celui-ci dans leur cours contre 30% qui
seraient pour. Les proportions et tendances sont identiques pour les enseignants en
mathématiques ou en langues. On peut s’étonner enfin, pour un questionnaire destiné à des
élèves en lycée professionnel, qu’ils aient très peu cités des matières plus techniques telles
que les sciences, la technologie, l’économie, droit, vente, commerce, arts plastiques où ils
sont certainement amenés à écrire et à prendre des notes. Faut-il donc penser que le
langage SMS, s’il est utilisé en classe, l’est plutôt dans les matières principales ? Que
penseraient-ils alors s’ils devaient travailler sur des textes provenant de SMS ?
3.2.2.4. L’avenir du langage SMS en classe selon le lycéen
Sur la possibilité d'étudier des textes en langage SMS, les opinions sont mitigées
aussi bien chez les filles que les garçons. La première moitié serait d’accord pour les raisons
suivantes : apprendre comment il fonctionne permettrait à tout le monde de se comprendre.
A un niveau individuel, ce serait une moyenne qui pourrait être meilleure, ce serait aussi la
possibilité d’étudier autrement c’est-à-dire de façon ludique et amusante, donc de rendre les
apprentissages plus intéressants que de travailler « sur des textes barbants » écrit un
étudiant. Un élève a d’ailleurs dit que même si cela le « changeait des habituels vieux
romans ennuyeux ou des pièces de théâtre d’un autre temps, ce serait une mauvaise idée
que ces textes soient écrits en langage SMS. » Pour aller en ce sens, les partisans du contre
donnent ce motif principal : le français est justement fait pour apprendre la bonne
orthographe. Or, sachant que « l’orthographe est difficile, dit l’une d’elle, elle serait vite
perdue.» Il n’y aurait dès lors plus aucune possibilité d’enrichir son vocabulaire, ni de retenir
la bonne orthographe d’un mot. Ils trouvent donc sans intérêt de travailler sur des textes
provenant de SMS, surtout si cela ne fait pas partie du programme. La dernière raison
invoquée est plutôt personnelle. Le langage SMS fait partie du domaine du loisir et du plaisir
et il est déjà utilisé avec les amis ; il est alors inutile de l’étudier en classe.
De plus, quand nous leur demandons s’il est déjà arrivé à leurs enseignants d'avoir
recours au langage SMS pour les aider, un tiers dit que oui et majoritairement dans les
filières CAP et Bac Pro ; autrement, c'est négatif. Les rares occasions ont été à l’approche
de la sonnerie quand il a fallu terminer un travail précis, lorsque la leçon ou la correction d’un
60
devoir était longue, les enseignants ont eu recours à des abréviations pour faciliter la prise
de note des élèves. Un seul élève a relaté un travail fait en classe autour du langage SMS.
Nous pouvons donc nous demander, ici, si la tolérance est une question de niveau de classe
ou d’enseignant. Nous savons que les élèves de CAP à Bellefontaine ont travaillé avec leurs
enseignantes sur les blogs et donc ont eu à comparer différentes productions d’écrit à
travers les siècles. Dans la mesure où ils ont abordé les limites et les déviances possibles à
utiliser le langage SMS, il est fort probable que la tolérance en classe soit à l’initiative de
l’enseignant tout en gardant en mémoire que ce que les abréviations qu’ils se permettent
d’utiliser pour rédiger leurs propres notes, ne peuvent en aucun être réemployées dans un
devoir écrit destiné à la correction. En tout état de cause, l’aide apportée par les enseignant
ne reposait pas sur une étude de la langue ou des textes en SMS mais plutôt sur comment
prendre des notes rapidement.
Pour finir, nous avons voulu connaître l’opinion du lycéen sur une éventuelle
utilisation plus fréquente du langage SMS en cours et dans quelles matières. Sachant qu’une
bonne majorité est contre l’étude de textes provenant de langage SMS, la tendance serait a
priori plutôt à une non-utilisation par les professeurs du langage SMS en classe. Les élèves
continuent à revendiquer que l’orthographe fait partie de la culture générale et qu’en aucun
cas elle ne doit être malmenée par le langage SMS sinon « les élèves seraient nuls en
français ». Par ailleurs, quelques-uns n’ont pas envie que leurs professeurs s‘approprient
leurs modes de communication. La distinction des rôles élèves/enseignants reste importante.
En revanche, les autres élèves qui voudraient un peu plus de langage SMS en classe
pensent surtout aux matières comme le français, l’histoire-géographie et les mathématiques
où les leçons sont longues. Certains disent qu’ainsi les leçons seraient plus faciles à
comprendre et que les élèves seraient moins perdus. Ecrites en abrégées, elles seraient
moins longues à lire et donc plus faciles et rapides à apprendre. Un élève imagine même
que le programme scolaire aurait ainsi toutes les chances d’être bouclé. L’intérêt, selon eux
serait donc de permettre à un maximum d’élèves de comprendre et de rendre les cours
moins ennuyeux. Nous voyons donc à travers leurs réponses le paradoxe suivant : ils sont
pour que les cours soient plus attrayants et abordables par un maximum d’élèves grâce au
langage SMS et pourtant le français ne doit pas être malmené et doit garder sa légitimité. La
difficulté va être la suivante : comment rendre le cours attractifs grâce à ce monde de
communication tout n’en empiétant pas sur la place du français ?
3.2.2.5. Le langage SMS sous haute surveillance des lycéens
Tous les jeunes interrogés utilisent le langage SMS pour communiquer même si
quelques-uns trouvent que celui-ci est inadapté et dangereux pour la maîtrise du français
qu’on attend d’eux à un examen. Ils disent ne pas avoir rencontré de difficultés particulières
61
pour apprendre à le lire ou à l’écrire et l’ont même acquis rapidement grâce à une
orthographe, une grammaire simplifiée et une écriture qui n’impose pas de règles strictes.
Leur sentiment général est d’avoir trouvé un moyen d’expression pratique, rapide et ludique
pour se faire comprendre des autres, tout au moins de leurs pairs. Bref, c’est un outil de
communication pratique voire idéal. Malgré tout, ils voient d’un mauvais œil son introduction
dans la sphère de l’école sauf si c’est pour aider un maximum d’élèves à comprendre les
leçons. En revanche, il est hors de question qu’il soit décortiqué par les enseignants car ils
tiennent à maintenir cette distance entre jeunes et adultes : la littérature en SMS fait donc
très peu d’émules.
Dans un contexte de classe, les jeunes accepteraient-ils alors de se prêter aux
exercices que les enseignants volontaires pourraient leur proposer telle que la lecture ou
l’écriture d’un texte court en langage SMS ? Si l’activité est présentée de façon innovante,
peut être aurons-nous leur adhésion. Mais il nous faudra certainement être attentif au
support utilisé. En effet, nous avons constaté que le jeune n’a pas profité du langage SMS
pour répondre au questionnaire, il doit être beaucoup plus complice aujourd’hui avec son
clavier et son écran qu’avec une feuille et un stylo. Le type d’activités proposé pourra tenir
compte éventuellement de constat. Or, il ne faut perdre pas de vue qu’à l’examen, il n’est
pas encore possible d’utiliser l’ordinateur sauf cas particulier (en situation de handicap par
exemple). Passer par le langage SMS sur support numérique puis sur papier pourrait, pour
commencer, amener l’élève à se re-familiariser avec l’écrit scolaire, puis, petit à petit, à
l’amener à plus d’aisance lorsqu’il sera devant sa copie d’examen. L’objet de notre
recherche consistera alors à se demander en quoi le langage SMS peut être un outil
pédagogique qui faciliterait une certaine forme d’appropriation du lire et de l’écrire.
3.2.3. Hypothèse de recherche : malgré la résistance des acteurs de
l’éducation, le langage SMS peut trouver sa place dans les apprentissages
Grâce au rapport sur la situation scolaire dans le Nord Caraïbe de la Martinique (IEN
Morne-Rouge, 2005), il a été établi que 25 % des élèves scolarisés quittent le collège en ne
maîtrisant pas ou en maîtrisant mal les compétences générales requises par les
programmes. En outre, nous savons que sur l’ensemble de ces collégiens, un sur deux
s’oriente après la troisième en lycée professionnel. Nous pouvons supposer un taux
d’illettrisme non négligeable parmi cette population scolarisée en filière professionnelle ou
tout au moins en difficulté avec la lecture et l’écriture et ce que cela engendre des difficultés
scolaires et peu d’implications dans les apprentissages.
Les réponses aux questionnaires ont laissé entrevoir une résistance manifeste de la
part des enseignants, des lycéens et même de l’administration : pas de langage SMS à
62
l’école. Toutefois il pourrait être le bienvenu pour les enseignants si des bienfaits sont avérés
et pour les élèves si cela pouvait rendre les cours attrayants et motivants. Comment alors
remobiliser les jeunes grâce au langage SMS? Quelles matières pourraient les aider ? Quels
objectifs leur demanderions-nous d’atteindre ? Quelles activités pourrions-nous leur
proposer ? Pour le moment, il nous semble plus opportun de nous intéresser à
l’enseignement du français qui repose en lycée professionnel sur le renforcement de la
maitrise de la langue à travers l’orthographe, la grammaire et le lexique. Les élèves doivent
aussi être en contact avec des textes et des œuvres classiques intégrales comme des
romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes. Si nous nous appuyons sur les
pratiques extrascolaires de ces lycéens à travers le langage SMS, comment articuler cette
réussite en français nécessaire à toutes les disciplines avec celui-ci ? Les réponses des
élèves aux questionnaires peuvent orienter notre réflexion. En effet, nous avons appris qu’ils
disent posséder une bonne maitrise du langage SMS. Nous pouvons conclure que ces
élèves lisent et écrivent souvent, même si, certes, ce n’est pas notre français classique. Si
nous partons du postulat qu’ils comprennent effectivement ce qu’ils lisent et qu’ils arrivent à
se faire comprendre de leurs destinataires, il va donc être possible de travailler avec eux sur
le rapport qu’ils ont avec la lecture et l’écriture.
Nous avons décidé de cibler notre recherche sur l’enrichissement du vocabulaire
grâce au langage SMS. En effet, nous savons que nous apprenons du vocabulaire en faisant
fonctionner la langue dans les divers discours oraux et écrits, donc pourquoi pas à travers le
langage SMS. Par ailleurs, la rencontre avec de nouveaux mots se fait en permanence,
seulement l’accroissement du vocabulaire ne passe pas uniquement par les listes de mots
apprises par cœur, il est aussi possible de fournir aux élèves des outils d’analyse spécifiques
comme l’étude morphologique ou sémantique pour permettre de comprendre de nouveaux
mots. Avec le langage SMS, il sera peut être difficile d’étudier la morphologie d’un mot mais
nous pourrons assurément travailler autour de la sémantique. Sachant que la population
lycéenne étudiée, et notamment les élèves en CAP, était peu prolixe à l’écrit, faisait peu de
phrases et que celles-ci étaient courtes, nous ciblerions notre échantillon sur ces élèves,
âgés de 15 à 18 ans et ayant une pratique régulière du langage SMS. Nous proposerions
l’étude d’un ensemble de textes classiques plus ou moins longs préparés habituellement en
classe de français mais qui serait traduit en langage SMS. La possibilité offerte de lire un
texte en langage SMS devrait permettre au lycéen d’accéder à la compréhension de celui-ci
plus rapidement que s’il lisait le texte original. En effet, notre hypothèse est la suivante : avec
le langage SMS, le jeune ne relève pas de l’illettrisme. Nous pensons même que pour lire
avec aisance, il a compris la combinatoire et qu’il a à sa disposition un lexique
orthographique SMS aux procédés phonographiques parfois complexes (exemple
63
« Ojourd8 ») qui lui permette de reconnaître rapidement un mot. La combinaison des deux
(syllabique et globale) fait qu’il arrive à lire et donner du sens à un texte court. A partir de là,
nous pensons qu’il peut répondre à des questions explicites simples. Le lexique SMS étant
tout de même pauvre, il n’est pas dit qu’il soit à l’aise avec l’implicite ; de même qu’il n’est
pas sûr qu’il arrive à rester concentré sur un long texte même écrit en langage SMS. Nous
devrions être en mesure de répondre à ces suppositions après la mise en place de cette
situation didactique. Quant au réinvestissement dans les productions écrites de ce
vocabulaire acquis. Il suffira de leur proposer un énoncé en lien avec l’ensemble du corpus
étudié et dont la rédaction devra être présentée sous une forme scolaire vue au programme
comme rédiger la suite d’un récit, écrire une lettre ou une argumentation, décrire
précisément une image etc. Ils seront donc soumis à deux types de traitement de l’écrit : la
compréhension et la production. Nous pourrons vérifier ainsi si d’une part l’élève comprend
un texte littéraire sous la forme de langage SMS et si c’est le cas, quel est son degré de
compréhension. D’autre part, nous pourrons vérifier si son capital lexical s’est accru et s’il est
capable de le réinvestir dans une production écrite.
64
Conclusion
65
Aujourd’hui le numérique a modifié nos habitudes de communication et de
consommation. Alors qu’autrefois nous prenions patience pour avoir des nouvelles d’autrui,
désormais tout est régi par la réactivité qui se veut de plus en plus rapide et nous sommes
devenus des boulimiques de réponses instantanées autrement c’est la frustration assurée.
Et pour s’adapter à ce nouvel environnement, notre façon de communiquer avec nos pairs
s’est modifiée pour plus interactivité : c’est ainsi qu’est né le langage dit SMS que beaucoup
d’entre nous manipulent avec aisance et fréquence. Seulement, il ne fait pas que des
émules et notamment parmi les défenseurs de la langue française, même si tous ont
conscience que le principe d’une langue est d’évoluer au fil des décennies et des siècles.
Pertes des repères du passé, dénaturation de la langue française, décidément les craintes
sont multiples mais sont-elles justifiées ? Difficile d’y répondre puisque l’intrusion du langage
SMS dans nos écrits est trop récente et a été très rapide. Les recherches demandent du
temps dans l’observation, dans l’énumération des constats et des interprétations et dans
l’établissement des conclusions. Que faire en attendant : le proscrire, l’autoriser, l’utiliser ?
Nous savons que les jeunes apprécient beaucoup ce nouveau mode de
communication et qu’ils l’utilisent plusieurs fois par jour. Il est devenu l’expression écrite de
leur parole et à s’en servir ainsi, l’ensemble du monde de l’éducation est passablement
inquiet : nos jeunes s’éloignent du bon chemin qui devait les mener vers la maitrise de notre
auguste français. Alors que préconiser ? Il semble logique de leur demander de laisser cette
pratique en dehors de l’école et de tenter vaille que vaille de résister à l’invasion du langage
SMS dans l’école, mais aux antipodes, la prise en compte de l’environnement de l’apprenant
est aussi nécessaire pour aider aux apprentissages. Quel dilemme ! Que faire ? Comment
faire ? Sachant qu’un jeune sur deux dans notre secteur Nord Caraïbe s’oriente après la
troisième en lycée professionnel et que 25% d’entre eux connaissent des problèmes dans la
lecture et l’écriture, voire connaissent la situation d’illettrisme, comment les aider à se
raccrocher aux études, à les motiver et les intéresser aux savoirs dont ils auront besoin pour
s’insérer et s’épanouir dans la société ? Nous gageons que le langage SMS pourrait
contribuer à cette réussite. Seulement comme aucune recherche ou étude en ce sens n’a
encore été faite, la voie est ouverte pour s’y engouffrer et tenter, avec nos moyens, de
répondre si oui ou non il est possible de mettre en place des situations didactiques, en
classe de français notamment, dans les lycées professionnels. Le sujet, nous l’avons dit, est
vaste et les pistes de recherche nombreuses. Pour notre part, nous nous intéresserons à
l’enrichissement possible du vocabulaire grâce au langage SMS.
66
Bibliographie générale
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Sociologie de la lecture en France : état des lieux
http://www.culture.gouv.de/culture/dll/sociolog.rft
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http://www.dictionnaire-sms.com/
http://www.sos-sms.net/dico_sms.htm
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connaissances et de compétences dans l’enseignement dans la grammaire dès la rentrée
2007
http://www.education.gouv.fr/bo/2007/3/MENB0700097C.htm
La moitié des internautes de 15 à 19 ans ont créé un blog
http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/1810.asp du 22 mars 2006
Profil des utilisateurs de mobile
http://www.journaldunet.com/cc/05_mobile/mobile_profil_fr.shtml
Le point sur … les problèmes de la lecture
http://www.observatoiredelenfance.org/IMG/pdf/Numero_78_-
Les_problemes_de_la_lecture.pdf
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Apprendre le langage SMS : leçons et exercices en ligne
http://www.profsms.fr/devoirsms000.htm
Les utilisations possibles du langage SMS selon Phil Marso
http://www.reponseatout.com/article.php3?id_article=423 en 2003
http://www.spst.org/pluiedescience/0607/0607_06_imp.html
Foire aux questions sur le site du Comité de lutte contre le langage SMS et les fautes
volontaires sur Internet :
http://sms.informatiquefrance.com/faq.htm
Sites de traduction
http://www.traducteur-sms.com/
Article en ligne « les pratiques sociales de l’écrit » paru dans le magazine de l’université –
Unine suite au séminaire donné été 2004 par Daniel Elmiger
http://www2.unine.ch/webdav/site/presse/shared/documents/n°26.pdf page 19-20
Portail d’accueil de la ville de Montréal
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2496,3086502&_dad=portal&_schema=POR
TAL
70
Annexes
71
Annexe 1 Tableau EVA : Questions pour évaluer les écrits
Groupe EVA (1996) : Evaluer les écrits à l’école primaire. Paris : Hachette.
Unités
Points de vue
Texte dans son ensemble Relations entre phrases Phrases
Pragmatique
1 - L’auteur tient-il compte de
la situation (qui parle ou est
censé parler ? A qui ? Pour
quoi faire ?) ?
- A t-il choisi un type
d’écrit adapté (lettre, fiche
technique, conte…) ?
- L’écrit produit-il l’effet
recherché (informer, faire
rire, convaincre…) ?
4 - La fonction de guidage du
lecteur est-elle assurée ?
(utilisation d’organiseurs
textuelle : d’une part… d’autre
part ; d’abord, ensuite, enfin…)
- La cohérence thématique
est-elle satisfaisante ?
(progression de l’information,
absence d’ambiguïté dans les
enchaînements…)
7 - La construction des
phrases est-elle variée,
adaptée au type d’écrit ?
(diversité dans le choix des
informations mises en tête de
phrase…)
- Les marques de
l’énonciation sont-elles
interprétables, adaptées ?
(système du récit ou du
discours, utilisation des
démonstratifs…)
Sémantique
2 - L’information est-elle
pertinente et cohérente ?
- Le choix du type de texte
est-il approprié ?
(narratif, explicatif,
descriptif…)
- Le vocabulaire dans son
ensemble et le registre de
langue sont-ils homogène et
adaptés à l’écrit produit ?
5 - La cohérence sémantique
est-elle assurée ? (absence de
contradictions d’une phrase à
l’autre, substituts nominaux
appropriés, explicites…)
- L’articulation entre les
phrases ou les propositions est-
elle marquée efficacement
(choix des connecteurs : mais,
si, donc, or…)
8 - Le lexique est-il adéquat ?
(absence d’imprécisions ou de
confusions portant sur les
mots)
- Les phrases sont-elles
sémantiquement acceptables ?
(absence de contradictions,
d’incohérences…)
Morphosyntaxique
3 - Le mode d’organisation
correspond-il au(x) type(s) de
texte(s) choisi(s) ?
- Compte tenu du type
d’écrit et du type de texte, le
système de temps est-il
pertinent ? homogène ? (par
exemple imparfait/passé
simple pour un récit…)
- Les valeurs des temps
verbaux sont-elles
maîtrisées ?
6 - La cohérence syntaxique
est-elle assurée ? (utilisation
des articles définis, des
pronoms de reprise…)
- La cohérence temporelle est-
elle assurée ?
- La concordance des temps
et des modes est-elle
respectée ?
9 - La syntaxe de la phrase
est-elle grammaticalement
acceptable ?
- La morphologie verbale
est-elle maîtrisée ? (absence
d’erreurs de conjugaison)
- L’orthographe répond-elle
aux normes ?
Aspects matériels
10 - Le support est-il bien
choisi ? (cahier, fiche,
panneau mural…)
- La typographie est-elle
adaptée ? (style et taille des
caractères…)
- L’organisation de la
page est-elle satisfaisante ?
(éventuellement présence de
schémas, d’illustrations…)
11 - La segmentation des unités
de discours est-elle pertinente ?
(organisation en paragraphes,
disposition typographique avec
décalage, sous-titres…)
- La ponctuation délimitant
les unités de discours est-elle
maîtrisée ? (points, ponctuation
du dialogue…)
12 - La ponctuation de la
phrase est-elle maîtrisée ?
(virgules, parenthèses…)
- Les majuscules sont-elles
utilisées conformément à
l’usage ? (en début de phrase,
pour les noms propres…).
72
Annexe 2 Questionnaire vierge sur le langage SMS destiné aux enseignants
Caroline IPHIGENIE
Etudiante en master 1 Sciences de l’Education
Promotion 2007/2009
FOAD
Université de Rouen Saint-Pierre, le 17 avril 2009
Dans le cadre de ma formation universitaire, j’ai un mémoire à produire. Le thème de
celui-ci est le langage SMS à travers différents supports comme le téléphone portable ou
Internet.
Afin d’affiner mon analyse sur cet usage chez les jeunes, j’ai besoin de témoignages
comme le vôtre.
Je vous propose de répondre donc, en tout anonymat, à ces quelques questions.
Petite précision : j’entends par « langage SMS », tout moyen que l’on utilise (et
particulièrement le jeune) pour communiquer, par écrit, grâce à son téléphone portable ou
Internet (blogs, messageries, forums, messageries instantanées …) avec ses amis ou ses
proches comme :
- les abréviations : slt
- la phonétique : Ojourd’8
- la ponctuation : !!!!!
- les émoticones (ou smileys)
- etc….
Q1. Vous arrive-t-il d’utiliser volontiers le langage SMS dans votre vie quotidienne ?
□ oui □ non
Si la réponse est « oui », veuillez répondre aux questions Q2. à Q4. puis reprendre le
questionnaire à partir de la question Q6.
Si la réponse est « non », veuillez continuer à répondre au questionnaire à partir de la
question Q5.
Q2. Vous avez recours au langage SMS :
□ plutôt sur votre téléphone portable □ plutôt sur Internet □ les deux
73
Q3. L’utilisez-vous :
□ systématiquement □ souvent □ à l’occasion
Q4. Quels sont les attraits (ou principales qualités) que vous trouvez au langage SMS ?
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Q5. Si vous n’utilisez jamais le langage SMS, veuillez donner vos raisons :
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74
Q6. Lorsque vous êtes en classe, vos élèves peuvent-ils avoir recours au langage SMS
s’ils le souhaitent ?
□ oui □ non
Q7. Donnez des exemples sur ce que vous autorisez ou non en classe et expliquez
pourquoi
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Q8. Vous est-il déjà arrivé (à votre initiative) d’utiliser le langage SMS en classe ?
□ oui, cela m’est arrivé souvent □ oui, c’est arrivé mais c’était
exceptionnel
□ oui, cela m’est arrivé de temps en temps □ non, cela m’est encore jamais arrivé
Q9. Si oui, à quelles occasions et qu’attendiez-vous des élèves ?
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75
Q10. Pensez-vous que le langage SMS pourrait être une passerelle entre l’Ecole et le
monde civil ?
□ oui □ non □ sans opinion
Q11. Expliquer pourquoi
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……………………………………………..………………………………………………………………..
……………………………………………………………………….………………………………………
……………………………………………………………………….………………………………………
Q12. Si un jour, le langage SMS était amené à être considéré comme un bon outil
pédagogique et didactique, seriez-vous prêt à travailler avec en classe ?
□ oui □ non □ sans opinion
Q13. Expliquer votre opinion
…………………………………………………………………………………..………………………….
………………………………………………………………………………………………………………
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……………………………………………………………………….………………………………………
……………………………………………..………………………………………………………………..
……………………………………………………………………….………………………………………
……………………………………………………………………….………………………………………
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76
Q14. Vous êtes :
□ un homme □ une femme
Q15. Dans quel(s) établissement(s) travaillez-vous ?
□ un collège □ un lycée général □ autres (préciser)
□ un lycée technique ……………….………..
□ un lycée professionnel ………………………...
Q16. Cet établissement est-il placé en :
□ Zone Education Prioritaire □ en Réseau Ambition Réussite □ néant
Q17. Depuis combien de temps y travaillez-vous ?
………………………………………………………………………………………………….
Q.18 Depuis combien de temps enseignez-vous ?
□ – de 3 ans □ entre 3 et 6 ans □ entre 6 et 1O ans
□ entre 10 et 15 ans □ entre 15 et 20 ans □ entre 20 et 30 ans
□ + de 30 ans
Q19. Quelles (s) matières enseignez-vous ?
…………………………………………………………………………………………………
Q20. Quel âge avez-vous ?
□ – 26 ans □ entre 26 et 40 ans □ entre 40 et 55 ans □ + de 55 ans
77
Annexe 3 Réponses de l’échantillon enseignant aux questions Q14 à Q20
N°
sondé
Sexe
Q14
Etablissement
Q15
Zone
RAR ZEP
ou rien
Q16
Ancienneté dans
l’établissement
Q17
Ancienneté dans
l’enseignement
Q18
Matières enseignées
Q19
Age
Q20
1 F Collège ZEP 6 ans 6 à 10 ans Physique – Chimie – découverte
professionnelle 26 à 40 ans
2 F Collège Rien 5 ans 3 à 6 ans Français et découverte professionnelle 26 à 40 ans
3 F Collège RAR 8 ans 10 à 15 ans Histoire – Géographie6 Education Civique –
découverte professionnelle 26 à 40 ans
4 F Collège RAR 10 ans 20 à 30 ans Espagnol 40 à 55 ans
5 F Collège Rien Temps complet 3 à 6 ans Mathématiques 26 à 40 ans
6 F Lycée Général Rien 1 an Moins de 3 ans Histoire - Géographie 26 à 40 ans
7 F Lycée Général Rien 4 ans 3 à 6 ans Français et latin 26 à 40 ans
8 F Lycée Général Rien 2 ans 3 à 6 ans Histoire – Géographie – Education Civique 40 à 55 ans
9 H Lycée Général Rien 6 mois 6 à 10 ans Mathématiques 40 à 55 ans
10 H Lycée technique Rien 3 ans 10 à 15 ans Enseignement technique restauration,
service, hôtellerie 40 à 55 ans
11 H Lycée technique Rien 17 ans 20 à 30 ans Français –Philosophie Plus de 55 ans
12 F Lycée professionnel Rien 2 ans 3 à 6 ans Lettres – Histoire 26 à 40 ans
13 F Lycée professionnel Rien 3 ans 15 à 20 ans Français, Histoire – Géographie –
Éducation Civique 40 à 55 ans
14 H Lycée professionnel Rien 3 ans 6 à 10 ans Vente – Droit - Economie 26 à 40 ans
15 F Lycée professionnel Rien 2 ans 6 à 10 ans Commerce – Economie - Droit 26 à 40 ans
78
Annexe 4 Réponses de « l’échantillon enseignant » aux questions fermées sur le langage SMS
Q1
si Q1=
oui alors
Q2
si Q1= oui
alors
Q3
Q6 Q8
Q10
passerelle
?
Q12
usage?Q1
si Q1=
oui alors
Q2
si Q1=
oui alors
Q3
Q6 Q8Q10
passerelle?
Q12
usage?Q1
si Q1=
oui alors
Q2
si Q1=
oui alors
Q3
Q6 Q8Q10
passerelle?
Q12
usage
?
oui 3/5 1/5 1/5 3/5 1/4 1/4 1/4 3/4 3/64/6 + 1 oui
et non1/6 3/6
non 2/5 4/5 2/5 1/5 3/4 3/4 1/4 1/4 3/61/6 + 1 oui
et non2/6 3/6
sans opinion 2/5 1/5 2/4 3/6
plutôt tel portable 1/3
plutôt internet
les 2 3/3 1/1 2/3
systématiquement
souvent 2/3 1/1 2/3
à l'occasion 1/3 1/3
souvent 1/5
de temps en temps 1/6
exceptionnel 2/5 1/4 2/6
non 2/5 3/4 3/6
utilisation dans le quotidien Autorisation déjà en classe Utilisation future? utilisation dans le quotidien Autorisation déjà en classe Utilisation future?utilisation dans le quotidien Autorisation déjà en classe
Collège (5) Lycée général (4) Lycée technique ou professionnel (6)
Utilisation future?
Légende Majorité de OUI Majorité de SANS OPINION
Majorité de NON Autant de OUI que de NON
79
Annexes 5 Réponses de « l’échantillon enseignant » aux questions ouvertes sur le langage SMS
a) N°1 à 5 : enseignants en collège
1 2 3 4 5
Si Q1 = oui
alors
Q4
Sa rapidité - Plus rapide à taper
- Limitation du nombre de caractères lors de l’envoi
d’un sms (tél portable), les abréviations permettent de
faire passer plus d’informations.
- Par contre (je sais, ce n’est pas la question !), j’utilise
le langage sms mais j’évite les fautes d’orthographe.
Ex : « 2main écoles fermées » au lieu de « 2min école
fermé ».
(Pas de réponse – pas
de justification)
Si Q1 = non
alors
Q5
Mon portable est réglé en mode de
reconnaissance automatique et par
conséquent ne connaît pas les sigles
ou abréviations.
Comme je n’utilise pas ce langage par
sms j’ai du mal à l’utiliser dans mes
mails, car je mets plus de temps à
réfléchir à trouver une abréviation que
d’écrire les mots directement ! sauf
qques smileys lol
Dénaturation de l’orthographe. Contrairement à
ce qui a été supposé au début (les élèves feront la
part des choses croyait-on), on retrouve très
souvent ce langage sms dans les copies des élèves
les plus faibles qui sont de plus en plus nombreux.
Les relations humaines sont elles aussi
« raccourcies » : on va au plus rapide sans plus
attendre. On ne sait plus mettre des mots sur les
émotions, appauvrissement des champs lexicaux.
La liste serait longue hélas !
Q7 Non – (pas de justification) Non - j'apprends la prise de
note aux 3è, dans ce cadre, je
leur dis qu'il est possible
d'utiliser des abréviations (je
refuse le langage phonétique),
mais je ne souhaite pas qu'ils
l'utilisent lors de mes cours
de français. Je ne les pénalise
pas s'ils le font, mais leur
rappelle qu'ils sont là pour
apprendre à écrire
correctement
Oui - Les élèves peuvent utiliser les abréviations lors
de la prise des corrections de devoirs. Il s’agit d’être
rapide. Une correction de devoir prend ½ heure
environ. Les élèves de collège n’ont pas l’habitude de
prendre des notes, le recopiage du tableau est
laborieux. J’écris la correction (paragraphe argumenté)
sous la forme d’un plan avec les arguments abrégés
(abréviations plus que langage sms). Ils recopient la
correction telle quelle, avec les abréviations (pas sûre
qu’ils la comprennent mais je ne peux, pour une
question de temps, ni la dicter, ni écrire intégralement
un paragraphe au tableau)… La trace écrite (résumé)
est dictée, j’autorise les élèves à prendre des notes en
abrégés (cahier de leçons) mais ils ne le font pas
particulièrement (manque d’autonomie). Je suis
d’ailleurs étonnée qu’ils n’utilisent pas les abréviations
les plus courantes : ds, pr, +, -, t°, dvpt, M-A...J’avais
à leur âge des dizaines d’abréviations pour écrire
Non - (pas de justification) Non - Aucun tel
portable ne doit sonner
en classe sinon le
téléphone est confisqué
éteint et l’élève doit le
récupérer chez le CPE
80
vite…
Par contre, dans un devoir écrit, les abréviations ne
sont pas autorisées. Je souligne chaque faute
d’orthographe et je commente avec l’intégralité des
mots (appréciation).
D’une manière générale, les élèves n’utilisent pas le
langage sms par mégarde dans leurs copies.
L’orthographe est très rudimentaire pour certains mais
il ne s’agit pas d’abréviations.
Au brevet, 4 points sur 40 sont octroyés à
l’orthographe, présentation et expression. Je
sanctionne donc l’orthographe dans ces 4 pts
Q9 Non - (pas de justification) Oui exceptionnellement -
Pour un exercice
d'orthographe, il fallait
retransformer un texte en
langage SMS en français
correct, ce pour quoi ils ont
beaucoup de mal
Oui souvent - Au moment de corriger un devoir au
tableau : seul le plan est indiqué au tableau (on leur
demande la rédaction d’un paragraphe sur un sujet).
J’abrège au maximum car j’estime que la priorité à ce
moment là n’est pas l’orthographe mais
l’argumentation (idées) Les élèves me demandent de
préciser oralement ce que signifie telle ou telle
abréviation qu’ils ne comprennent pas. Je ne pense pas
qu’ils prennent la peine de relire ensuite ces
corrections (jamais personne n’est venu me demander
une semaine après, ce que signifie telle abréviations
écrite au moment de la correction).
Oui mais exceptionnel - A l’occasion d’une étude
du langage sms espagnol afin d’en montrer
l’universalité et de pointer du doigts les avantages
et inconvénients de ce système de communication
(rapidité mais pauvreté des messages / addiction
possible /communication verbale délaissée car
sms évite bien des déconvenues (pour les timides
et autres)
Non - (pas de
justification)
Q11 Oui - Je pense que cela peut être une
passerelle mais pas dans une
utilisation banalisée. Il faudrait
réfléchir à des activités pertinentes. Il
faudrait bien cadrer cette utilisation
afin de ne pas rendre les
apprentissages encore plus difficiles
aux élèves (risque notamment de ne
plus savoir quand et avec qui utiliser
ce langage sms.)
Non - J'estime que l'école est
là pour apprendre les règles,
ensuite, aux élèves de les
transgresser en connaissance
de cause. Pour moi, le
langage SMS n'est rien
d'autre qu'un code détourné
pour gagner en rapidité, mais
pas forcément en exactitude
et en qualité
Sans opinion - S’il s’agit pour des jeunes d’écrire en
langage sms pour postuler pour un emploi ou pour
s’adresser à des inconnus d’une autre tranche d’âge, je
trouve que c’est déplacé et je pense que ce serait mal
perçu. A partir du moment où l’utilisation du langage
sms est un moyen de camoufler ses lacunes en
expression et en orthographe, je trouve cela gênant.
Non - Parce que cela conforte le fossé
générationnel. Doit garder sa place et sa fonction :
communiquer plus rapidement dans des contextes
et des situations ponctuelles.
Sans opinion - (pas de
justification)
Q13
Oui - Si il est montré que cet un bon
outil, alors je l’utiliserai. Mon but est
de faire progresser les élèves et rendre
les sciences accessibles au plus grand
nombre. Mais serait ce vraiment
possible ? Y a t’il un seul langage sms
ou plusieurs ? Est-il codifié ?
Sans opinion - pas pour
l'instant, tout dépend de
l'intérêt pédagogique que j'y
trouverai. Ce n'est pas parce
que les élèves l'utilisent qu'il
faut absolument l'introduire
dans l'école.
Oui - Je reconnais d’avance l’intérêt du langage sms
pour la prise de notes. S’il s’avérait qu’il a d’autres
avantages, je pense que je l’utiliserais. Mais j’avoue
qu’en dehors du fait qu’il permet d’écrire rapidement,
je ne vois pas d’autre intérêt.
Oui - Si on arrive à me persuader que les
bienfaits sont supérieurs aux méfaits
Non - je suis
professeur de
mathématiques, je vois
difficilement l’intérêt
pédagogique d’un tel
outil dans ma matière
81
b) N°6 à 9 : enseignants en lycée général
6 7 8 9 Si Q1 = oui
alors
Q4
Rapidité et concision qui permet de faire passer un
maximum d’informations avec un minimum de
caractères.
Le côté « jeu de langue » me plait énormément
Si Q1 = non
alors
Q5
Je n’y pense pas car ce n’est pas dans mes
habitudes.
(pas de réponse – pas de justification) Je prends bien trop de temps pour rédiger ou
comprendre un texte en abrégé et en phonétique.
J’ai plus vite fait de contacter la personne en
l’appelant ou en passant la voir.
Lire le langage SMS est une véritable
souffrance : le temps de décrypter et j’ai déjà
oublié quel était le sujet du texte
Q7 Non - Beaucoup d’élèves font des fautes liées au
langage SMS donc je ne les autorise pas à en faire
usage.
Non - je n'autorise pas car cela ne fait pas
travailler l'orthographe et peut même être à
l'origine de mauvaises prononciations exemple:
le son « un » retransmis par « 1 » ;
Cela favorise aussi un langage relâché voire
grossier, les élèves ne faisant plus la différence
entre langue orale et écrite surtout au niveau du
vocabulaire
Oui – je tolère tout moyen qui permet à l’élève
d’écrire ses leçons, faire des fiches ou prendre une
correction si cela lui permet de ne rien oublier.
En revanche, je les mets en garde très
régulièrement sur le fait que les notes personnelles
ne sont en aucun cas un modèle pour rédiger un
devoir ou une copie d’examen. Il est accordé des
points de présentation et d’orthographe … on
attend d’eux une copie la plus irréprochable
possible
Non – (pas de justification)
Q9 Non - (pas de justification) Non - (pas de justification) Oui mais exceptionnel – C’était plutôt des
abréviations courantes que des élèves ne
connaissaient pas.
Le but : qu’ils puissent les réutiliser dans leurs
prises de notes
Non - (pas de justification)
Q11 Sans opinion - (pas de justification) Sans opinion- (pas de justification) Oui - (pas de justification) Non – pas en Mathématiques en tout cas. Nous
avons déjà un langage mathématique universel
Q13
Oui - Les outils pédagogiques nouveaux (TICE
par exemple) ont du mal à entrer dans le corps
enseignant. Je suis de celles qui me tiens au
courant du renouveau pédagogique et qui l’utilise
volontiers en classe.
Oui - tout est bon à prendre pour améliorer son
enseignement!
Oui – si c’est dans l’intérêt des élèves Non – pas dans ma discipline. Les
mathématiques ont déjà leurs codifications
82
c) N° 10 à 15 : enseignants en lycée technologique et professionnel
10 11 12 13 14 15 Si Q1 = oui
alors
Q5
Brièveté des messages et
rapidité de rédaction
C’est beaucoup plus rapide
(abréviations)
Aujourd’hui, c’est un code
universel compris de tous
Le langage SMS a un côté attrayant
on peut exprimer ses émotions
grâce aux smileys
Les messages deviennent plus
vivants
Concision et rapidité du
message
Coût peu élevé
Consultation facile du message
Le destinataire peut consulter
quand il veut, y revenir à
d’autres moments
Si Q1 = non
alors
Q5
Je ne suis pas du tout habitué avec ces
nouvelles technologies telles que le
portable. J’en ai bien un mais je ne lis
jamais les SMS. Je me contente de
recevoir des appels ou d’en passer.
Pour ce qui est d’internet, je l’utilise
mais jamais le langage SMS sinon peut
être quelques émoticones les plus
courantes quand il n’y a qu’à cliquer
dessus
Refus de la facilité Frein à la
communication,
problème de
compréhension par le
récepteur (codes
différents)
Respect de la
langue (orthographe!)
Q7 Oui – je ne peux guère les
empêcher d’utiliser le langage
SMS tant que je n’ai pas à lire
ce qu’ils ont écrit ainsi et que
cela concerne mon cours
(correction, prise de notes,
leçon dictée)
Mais les mots codés sur petits
bouts de papier, c’est autre
chose et c’est interdit dans ma
classe.
Oui – la prise de note et la correction de
devoirs tout simplement parce que je
veux aller vite et que je n’aime pas
répéter. Si cela les aide à écrire tout ce
que je dis rapidement, je suis pour.
Toutefois je constate que le langage
SMS est parfois bien proche de
l’écriture du créole et la manipulation
de tous ces « registres de langue », en
tant que prfesseur de français
m’inquiète un peu. Les élèves ont bien
déjà du mal à distinguer le français du
créole et ont tendance à écrire une copie
comme ils parlent alors s’il faut faire
avec le langage SMS aussi …
Oui - Lorsque je dicte une leçon,
j’accepte volontiers que mes élèves
utilisent des abréviations ou la
phonétique, cela va beaucoup plus
vite du moment qu’ils peuvent se
relire. Je trouve que cela les rend
plus autonomes.
Par contre, lors des devoirs, que ce
soit en français ou en histoire-géo,
je sanctionne les abrégés ou les
mots écrits de manière phonétique
Non - (pas de justification) Non - (pas de
justification)
Oui – pour des
corrections à condition
que le code soit
accessible à tous
Non – pour les devoirs ,
discipline et exigences de
l’examen !
Q9 Oui de temps en temps – j’ai
consacré, par exemple, un de
mes cours à la prise de notes.
Le but : aller le plus rapidement
mais faire en sorte de pouvoir
être relu par les autres élèves.
Non - (pas de justification) Oui exceptionnel – je faisais un
cours sur la communication avec
mes élèves. Il fallait faire une
comparaison entre les écrits d’hier
et d’aujourd’hui. bien évidemment,
nous avons vu comment on est
Oui exceptionnel – à l’occasion
d’une séance de cours sur la
communication et les nouvelles
technologies. Nous avons
analysé l’évolution des modes
de communication et expliqué
Non – (pas de
justification)
Non - (pas de
justification)
83
Utilisation du langage SMS oui
mais pas de fantaisie. Objectif :
trouver des astuces pour écrire
plus vite en respectant la
syntaxe, la langue française (ne
pas utiliser de mots créoles par
exemple) et en intégrant des
abréviations propres à la
discipline que j’enseigne.
Autre activité : l’entraînement à
l’élaboration de plan de devoirs
qui sera ensuite à rédiger
(idem : objectif = pouvoir être
compris des autres)
passé de la lettre manuscrite à la
plume d’antan à la nouvelle
technologie d’aujourd’hui : Internet,
message nouvelle technologie que
les élèves ont pu pratiquer en cours
de manière active : lecture de
message en SMS sur portable, écrits
sur MSN.
ceux auxquels les utilisateurs
avaient le plus souvent recours :
Internet et téléphone portable.
Puis les élèves ont analysé le
texte d’un blog (lecture et
expression écrite) et le texte
d’un SMS (écriture et
expression)
Q11 Sans opinion – n’est-il pas déjà
utilisé par certains collègues
pour capturer l’attention des
élèves ?
Oui – nous avons un devoir : amener
les élèves à un examen final qui attend
d’eux certaines compétences. Ecrire
correctement en français en est une.
Pour lutter contre l’ « illettrisme » (et
nous avons beaucoup d’élèves dans
cette situation même si on ne le
proclame pas tout haut), il est important,
je pense, de partir de ce qu’ils
connaissent ne serait ce que pour les
intéresser. Le langage SMS pourrait être
la première étape qui les amènerait à
plus de lectures pour commencer.
Sans opinion - (pas de justification) Sans opinion - (pas de
justification)
Non – la préparation des
élèves, leur intégration
passe par la maîtrise de la
langue française.
Dans tous les domaines
professionnels, ils seront
amenés à rédiger
correctement ce que ne
permet pas le SMS
Non – le langage évolue,
pas de codification
nationale, ni
internationale : risque de
dérive !!! Problème de
compréhension et
d’interprétation
Q13
Oui – si c’est avéré porteur
dans les apprentissages,
pourquoi pas !
Je demande toutefois à être
convaincu
Oui – si c’est pour le bien des élèves, je
suis prêt à tout. Il m’arrive souvent de
m’exprimer en créole (même si cela
n’est pas encouragé par l’Education
Nationale) afin de les aider à mieux
comprendre certaines notions de la
langue françaises. Si le langage SMS
peut faire de même, je serai prêt à
l’utiliser, il va juste falloir que je m’y
mette un peu.
Oui – oui bien sûr, il est toujours
intéressant de travailler avec ce qui
passionne les élèves, et le langage
SMS fait partie de leur univers. Je
pense que ce serait une façon de les
intéresser davantage au programme,
ils seraient plus investis.
Néanmoins étant professeur de
français, je pense que l’orthographe
et les règles grammaticales
pourraient en souffrir
Oui – il faut s’adapter aux
évolutions pédagogiques et
didactiques. Un tel outil
pourrait motiver les élèves pour
la matière s’ils comprennent les
limites et les cadres dans
lesquels il peut être employé.
Mais attention car par ailleurs il
y a des règles de la langue
française à respecter
Non – le langage SMS ne
peut pas être amené à être
un bon outil.
Au contraire, il faut
accentuer les efforts sur
le français (orthographe,
grammaire)
Trop d’élèves maîtrisent
mal le français à cause du
langage SMS
Non – décalage entre
l’oral et l’écrit !
Restriction du
vocabulaire
Annexe 6 Questionnaire vierge sur le langage SMS destiné aux lycéens
Caroline IPHIGENIE
Etudiante en master 1 Sciences de l’Education
Promotion 2007/2009
FOAD
Université de Rouen Saint-Pierre, le 17 avril 2009
Dans le cadre de ma formation universitaire, j’ai un mémoire à produire. Le thème de
celui-ci est le langage SMS à travers différents supports comme le téléphone portable ou
Internet.
Afin d’affiner mon analyse sur cet usage chez les jeunes, j’ai besoin de témoignages
comme le tien.
Je te propose de répondre donc, en tout anonymat, à ces quelques questions.
Petite précision : j’entends par « langage SMS », tout moyen que tu utilises pour
communiquer, par écrit, grâce à ton téléphone portable ou Internet (blogs, messageries,
forums, messageries instantanées …) avec tes amis ou tes proches comme :
- les abréviations : slt
- la phonétique : Ojourd’8
- la ponctuation : !!!!!
- les émoticônes (ou smileys)
- etc….
Légende :
tout à fait d’accord plutôt d’accord plutôt pas d’accord pas du tout d’accord
Q1 Je trouve que le langage SMS est facile à lire □ □ □ □
Q2 Je trouve que le langage SMS est facile à écrire □ □ □ □
Q3
J’ai appris à utiliser le langage SMS rapidement □ □ □ □
Explique pourquoi
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
85
Q4
Le langage SMS permet de communiquer avec
ses amis ou des proches par messages instantanés
(comme MSN) ou messages différés (courriers
électroniques, blogs, forums…)
□ □ □ □
Q5
Le langage SMS permet communiquer avec des
inconnus par messages instantanés ou différés
□ □ □ □
Q6
Le langage SMS permet de donner son opinion
□ □ □ □
Q7
Le langage SMS permet d’exprimer des émotions
(bonne humeur, enthousiasme, tristesse,
inquiétude, doute, frustration, peur, angoisse,
colère…)
□ □ □ □
Explique lesquels et pourquoi
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
86
Q8
J’aime écrire en langage SMS □ □ □ □
Explique pourquoi
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Q9 J’ai le sentiment d’être compris quand j’utilise le
langage SMS □ □ □ □
Q10
Je suis meilleur(e) en langage SMS qu’en
orthographe □ □ □ □
A ton avis, pourquoi ?
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Q11
De ta propre initiative, il t’arrive d’utiliser le
langage SMS à l’école □ □ □ □
Cite des exemples d’utilisation
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
87
Q12
Quand tu utilises le langage SMS à l’école, tes
enseignants sont :
□ □ □ □
Q13
Précise, qui, parmi les enseignants (nomme la matière enseignée), serait :
- pour ? ………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………
- contre ? ………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………
- sans opinion ? ……………………………………………………………………
……………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………
Q13
En français, tu aimerais travailler sur des textes
provenant de SMS
□ □ □ □
Explique pourquoi
………………...…………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Q14
Il est déjà arrivé à des enseignants d’utiliser le
langage SMS pour vous aider, toi ou tes
camarades
□ □ □ □
88
Q15
Si cela a été le cas, raconte comment cela s’est passé
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
Q16 Tu souhaites que les enseignants utilisent plus
souvent le langage SMS □ □ □ □
Q17
Explique lesquels (dans quelle matière) et pourquoi
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………..………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
89
Q18 Tu es : un garçon □ une fille □
Q19 Ton âge :
Q20
Ta classe : ………………………………………………………………………………
Depuis combien de temps es-tu dans cet établissement ?
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….
Diplôme envisagé
……………………………………………………………………………………………..
90
Annexe 7 Réponses de « l’échantillon lycéen » aux questions Q18 à Q20
Q18 Q19
Sexe Âge Classe Diplôme envisagé1 G 15 CAP1 CAP
2 G 17 CAP2 X
3 G 17 CAP2 X
4 G 15 CAP1 OUI
5 G 16 CAP2 BEP MECANIQUE AUTO
6 G 17 2BEP X
7 G 18 TBEP BEP MECANIQUE BATEAU
8 G 17 TBEP X
9 G 16 TBEP BAC PRO COMPTA
10 G 17 2BEP BEP MECANIQUE AUTO
11 G 18 1BAC BTS ALTERNANCE VAM
12 G 16 1BAC BAC PRO MECANIQUE BATEAU
13 G 18 TBAC NON
14 G 18 TBAC BAC PRO
15 G 19 TBAC BAC PRO
16 G 15 CAP1 OUI
17 G 17 CAP1 CAP HOTELLERIE
18 G 15 CAP1 X
19 G 17 CAP2 CAP CUISINE
20 G X X X
21 G 18 TBEP BTS
22 G 17 2BEP BAC PRO
23 G 17 2BEP BAC ET BTS
24 G 16 2BEP X
25 G 15 2BEP BEP
26 G 18 1BAC X
27 G 19 1BAC BAC
28 G 19 1BAC INCERTAIN
29 G 20 TBAC BTS HOTELLERIE
30 G 18 TBAC BAC
31 F 17 CAP2 CAP
32 F 16 CAP1 X
33 F 16 CAP1 BONNE QUESTION???
34 F X CAP2 X
35 F 16 CAP1 CAP SECRETARIAT
36 F 18 TBEP BAC PRO ET BTS SECRETARIAT
37 F 18 2BEP COMPTABLE OU COMMERCE
38 F X X X
39 F X 2BEP BAC VAM
40 F X X X
41 F 18 1BAC X
42 F 17 1BAC BAC
43 F 18 1BAC BAC ET BTS
44 F 19 TBAC BAC VAM
45 F 20 1BAC BAC PRO COMPTA
46 F 18 CAP2 BEP RESTAURATION
47 F 15 CAP1 X
48 F 15 CAP1 OUI
49 F 16 CAP1 X
50 F X X X
51 F 17 2BEP BAC PRO CUISINE
52 F 17 2BEP BAC PRO
53 F 18 TBEP BEP ET BAC
54 F 19 TBEP BEP
55 F 18 TBEP BTS
56 F 18 1BAC BAC
57 F 19 1BAC BAC
58 F 16 1BAC BAC PRO RESTAURATION
59 F 18 TBAC BTS
60 F 19 TBAC BAC
B
E
L
L
E
F
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A
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N
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J
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N° sondé Q20
S
A
I
N
T
-
J
A
M
E
S
Annexes 8 Réponses de « l’échantillon lycéen » aux questions fermées sur le langage SMS
a) Les lycéens
92
b) Les lycéennes
Légende 80 à 100% de ou 80 à 100% de ou X Sans opinion
60% de 60% de ou Avis partagé
93
Annexes 9 Réponses de « l’échantillon lycéen » aux questions ouvertes sur le langage SMS
Explications pour comprendre les annexes :
Chaque sous-annexe correspond à un établissement et une catégorie de sondés : filles ou garçons.
Ensuite, à l’intérieur d’une sous-annexe, chaque sondé est représenté par un numéro personnel en fonction du niveau : CAP, BEP ou Bac Pro.
Le rappel des questions est présenté sous la forme d’une codification : par exemple, Q3B signifie que nous sommes à la question 3 et la lettre B correspond à la seconde partie de la question (la première partie de la question correspondant à la case à cocher).
Enfin, à chaque réponse du sondé il est d’abord rappelé sa réponse cochée : 1 = , 2 = , 3 = et 4 = .
La seconde partie de la réponse correspond à ce que le sondé a écrit pour justifier sa réponse.
Un « X » signifie que
a) N° 1 à 15 : les garçons du Lycée Professionnel de Saint-James
CAP
1 2 3 4 5
Q3B 1-X 1- moins de syllabes à
écrire
1- on peut couper sur les mots et
c’est plus facile à parler
3- parce que ma cousine m’a appris 2- c’est pour aller plus vite et comme on parle
pour moi comme ça, donc j’apprends
Q7B 1-X 3-X 1- ça évite d’aller se fâcher
directement avec la personne
1-X 2 – il y a des smileys, ponctuations etc…parce
que les smileys, c’est comme si c’est notre tête
Q8B 3-X 1-X 1 – C’est plus facile à parler 1- C’est plus facile 2- c’est plus rapide
Q10B 4-X 2- plus courant chez les
jeunes
2 – on apprend bien 1-c’est plus facile à écrire 2- le langage SMS : on ne peut pas faire de
fautes
Q11B 4-X 3-X 4- X 4- X 4- X
Q13 4-X 4-X 3-X 4- contre : tous les profs X- contre : français
Q13B 4-X 1- ça va plus vite et on le
comprend plus vite
1-X 1- ce sera plus facile X- X
Q15 4-X 2-X 4-X 4-X 4-X
Q17 4-X 1- Français 1-X 2-X 2- Français, Maths, H-G
94
BEP
6 7 8 9 10
Q3B 2-X 1- C’est très simple.
N’est pas trop compliqué à comprendre.
Je l’utilise tous les jours pour discuter avec mes ami(e)s. Permet
de gagner du temps quand j’écris
2- pas rigide 1- quand je venais d’avoir
MSN, c’était nouveau. Je n’ai
pas tout assimilé tt de suite
1- facile à écrire. Ne demande pas
beaucoup de tps. Langage simple à
lire
Q7B 2-X 1- Je l’utilise pour discuter avec des ami(e)s mais pas avec des
inconnus. Je ne sais pas à qui je m’adresse.
Il ne permet pas de donner son opinion ; c’est juste un moyen
rapide d’écrire sans se soucier de l’orthographe d’1 mot. Il est
facile à utiliser pour exprimer ses émotions grâce aux smileys
comme ^^ xD
4-X 1-grâce aux smileys ! 1- peut traduite toutes sortes
d’émotions (bonne ou la mauvaise
humeur, la tristesse, le doute, la
frustration ou l’angoisse)
Q8B 1-X 1- c’est facile, simple et rapide de communiquer
C’est un moyen sympa pour communiquer
4-je préfère être compréhensible tt
le tps
3-maintenant je n’écris pas
souvent
1- ça me facilite les choses. Permet
d’aller plus vite
Q10B 2-X 2- je suis facilement comprise avec tt les gens qui utilisent ce
langage.
On a tellement l’habitude de l’utiliser qu’en orthographe, nous
allons faire plus de fautes
1-X 3-pas de règles précises ! 1-N’a pas vraiment d’orthographe,
tu l’écris comme tu le sens
Q11B 2-X 2- pour écrire une leçon quand le prof parle 4-X 3-des fois des abréviations pour
les brouillons mais pas du
langage SMS : je ne trouve ça
pas très beau
4-X
Q13 4-X 4- pour : aucun
contre : toutes les matières notamment français
sans opinion : aucun
X-X X – je ne sais pas. je n’ai
jamais essayé, ni demandé
4-X
Q13B 2-X 3- on comprendra mieux le texte mais on ne pourra pas enrichir
notre vocabulaire ni retenir l’orthographe d’1 mot
4- pas d’intérêt. Autant apprendre
à bien écrire
1-C’est quand même amusant 3-ça ne me dit pas gd chose à
l’école. Je préfère utiliser la bonne
orthographe
Q15 4-X 4-X 4-X 4(non ! du moins pas à ma
connaissance) - X
2-cela a été le cas lors de l’approche
de la sonnerie
Q17 2-X 3-X 4-X 3- Je préfère les abréviations en
H-G, communication, vente,
droit et économie
2/3 – oui et non car si tu l’utilises au
cours d’1 épreuve, tu vas te sentir
perdu
95
BAC PRO
11 12 13 14 15
Q3B 2-X 1-C’est de ma génération 1- Au début j’ai eu du mal mais 2
jours après je m’y suis habitué
1- plus rapide et plus facile à écrire epi c’est plus
court
1- pas besoin de faire attention au langage et à la
ponctuation.
Possibilité d’utiliser des abréviations que l’on
utilise en cours pour accélérer la prise de note
Q7B 1-X 4-X 1-X 1-Il n’y a pas de temps à perdre. Le but c’est
d’être rapide
2- très pratique pour faire passer des émotions
virtuelles (émoticônes qui représentent des
émotions)
Q8B 1-X 1-Plus rapide et plus direct 2-X 1- je ne perds pas de temps. Je réponds vite en
faisant de petites phrases
3- langage SMS c’est bien qd on est pressé mais
sur le lg terme ,les fautes seront de +/+
récurrentes dans les copies et leçons
Q10B 3-X 1- par SMS, il n’y a pas de
fautes possibles
2-C’est plus facile et ça va plus vite 1- il n’y a pas de corrections 4- je me débrouille dans les 2 car j’évite de trop
abréger. J’ai envie que l’on comprenne
facilement ce que j’ai à dire
Q11B 2-X 1- pour les devoirs en
cours (ex CPTL pour
capitale)
X-X 1- répondre …. Rpd
avec …. ek
envoyé …. send
pas de soucis … year
tu sais déjà … seen
demain …2min
1- prise de note continuelle en langage SMS pour
écrire les leçons quand cours magistraux
Q13 X-X 2 : pour Histoire et
Français
4-Contre : car quand il faudra
rédiger une lettre pour un patron, il
faudra l’écrire sans fautes
4- contre : français, vente, maths 2 – pour : H-G, Français
contre : Anglais
sans opinion : informatique
Q13B 1-X 4-X 4-Plutôt utilisé par le net et les sms
et après on ne saura plus écrire
1- « bin pour aller plus vite, écrire en abréG épi
pour ne pas compter les fautes d’orthographe »
1- ce serait intéressant d’aborder ce phénomène
d’un autre point de vue
Q15 2-X 4-X 4-X 4- Néant 3-X
Q17 3-X 4-X 4-X 1- dans toutes les matières pour ne plus faire de
fautes
3-car pourrait ns induire en erreur sur
l’orthographe d’un mot nouveau ou d’un mot
qu’on ne connaît pas mais qui pourtant s’emploie
dans le langage courant
96
b) N° 16 à 30 : les garçons du Lycée Polyvalent de Bellefontaine
CAP
16 17 18 19 20
Q3B 2- car ma sœur me l’a
appris quand j’avais 12
ans
2- X 1- moins de temps à écrire 1-X 1 - X
Q7B 1-X 1-X 2-si on discute avec qqn c’est pour
prendre des nouvelles ; si c’est avec
un inconnu, on parle pour apprendre
à le connaître
1-X 1 - X
Q8B 1- c’est facile 2-X 2 – on écrit sans limite : base
orthographe, vocabulaire,
grammaire
1- X 1 - X
Q10B 1 – pas besoin d’écrire
toutes les lettres
1-X 2 – parce que tout le monde utilise le
langage SMS
1-X 1 - X
Q11B 4-X 2-X 2- quand je veux prendre moins de
temps pour écrire une leçon
4- X 2 - X
Q13 4-contre : tous les profs 3- contre : les profs
en général
sans opinion : EPS
X-X 3-X 3 - X
Q13B 1 – ce sera plus facile 4-X 2-comme ça on pourra tous parler ce
langage sans que d’autres ne
comprennent pas
1- X 3 - X
Q15 4-X 4-X 4-X 2-on étudiait le langage
SMS, c’est dans le
programme
2 - X
Q17 2-X 4-X 3-X 1-pour écrire une leçon.
Elle sera plus facile à
apprendre car sera dans
une langue pas
compliquée et que certains
aiment
4 - X
97
BEP
21 22 23 24 25
Q3B 2-Rapidité, gain de temps, fainéantise
quand on n’a pas envie d’écrire un mot
en entier
1- facile à lire et à écrire car ce
sont des abréviations connues
sans difficultés qui permettent
d’aller plus vite et que les
autres nous comprennent
1- pas besoin d’écrire le mot en
entier. Gain de temps et de place.
3- en lisant d’autres messages
sms mais je bloque encore
parfois
1- Au début j’écrivais en toutes
lettres puis en regardant les autres
personnes, j’ai appris à l’utiliser
rapidement et facilement
Q7B 1- j’utilise le langage SMS pour toutes
les émotions, c’est plus adapté
3-X 1-Je peux dire facilement ce que je
pense sans me soucier s’il y a des
fautes ou pas
1-les smileys permettent
d’exprimer rapidement des
sentiments
1- tristesse, amours, rire, pleurs,
grâce à des émoticônes qui
représente les différentes
expressions du visage
Q8B 1- par fainéantise 1- Permet d’aller plus vite que
d’écrire en toutes lettres
1- plus facile à écrire car on ne se
casse pas la tête, pas besoin de
prendre de dictionnaire pour vérifier
des mots
4-je n’aime pas ce langage mais
je l’utilise pour une question de
rapidité de saisie des textos
1- permet de ne pas écrire un
roman et de répondre plus vite
Q10B 2-pas de règles à suivre. On l’écrit
phonétiquement et par abréviations
1- C’est plus facile et on s’y
habitue
1-pas besoin de vérifier les fautes 4-X 1-c’est moi qui tape et le
téléphone corrige les erreurs
Q11B 1-prise de notes 3-X 1- j’écris en abrégé : toi…. 3
pourquoi ….PK
ensemble… en100ble
4-prise de notes 1- dans les corrections et pendant
les leçons
Q13 1-contre : aucun
sans opinion : professeur de langue
4- Pour Français et Histoire-
Géo
Contre : Maths
2- pour : Sciences
contre : français
X - X 3-pour : histoire (correction)
français (leçons)
contre : maths, anglais,
sans opinion : pratiques et
techniques professionnelles
Q13B 4-Aucun intérêt. C’est un langage
personnel il n’entre pas dans le
programme scolaire. C’est plutôt un
loisir de parler et d’écrire avec ce
langage
2- on n’aurait pas beaucoup à
écrire et on aurait mieux
compris
1- c’est le langage des jeunes et
c’est beaucoup plus facile à écrire
que le français
4- l’orthographe est difficile et
serait vite perdu
2-ça aurait augmenté ma moyenne
Q15 2-cours d’aide à la prise de note pour
rédiger un projet à réaliser et que les
ordres sont trop longs
3-X 4-X X-X 2 – pour certaines corrections et
leçons
Q17 4-X 4-X 1-tous les enseignants car ce serait +
facile à écrire et à comprendre pour
nous les élèves et surtout que ns
savons écrire ce langage. Et surtout
le langage SMS en français
X-X 4-X
98
BAC PRO
26 27 28 29 30
Q3B 1- on choisit la
facilité c’est-à-dire
qu’on prend
beaucoup moins de
temps à écrire un mot
disons « complexe »
car on ne va pas faire
attention à la
ponctuation
1-certes facile à écrire mais
certains mots sont vraiment
incompréhensibles
1- G appris à l’utiliser
car je reste beaucoup
avec des gens plus
grands que moi qui
l’utilisaient
couramment. Je suis
souvent sur MSN
Avant je ne l’utilisais
pas, maintenant c’est
automatique
1- ne demande pas beaucoup de
raisonnement
facile à écrire
il se forme de syllabes simples à
lire et compréhensibles
3-souvent dur à déchiffrer. De plus, on
peut se tromper facilement. Il est facile
à écrire (+rapide) mais demande un
petit moment d’adaptation. C’est
comme apprendre une nouvelle langue
Q7B 1(ça dépend)-X 2-Le langage SMS est fait
pour parler en envoyant des
textos à mes amis et non pas
aux inconnus
1-il est très important
car il permet
d’exprimer une
émotion très
rapidement sans
étendre
1-peut traduire toutes sortes
d’émotions.que se soit bonne ou
mauvaise humeur, tristesse, doute,
angoisse, colère autres. Il s’exprime
par les émoticônes et la
phonétique comme « po » qui
remplace « pas » : je ne veux
pas !...je ne veux po !
ils permettent d’exprimer les
sentiments du visage
1-permet de communiquer rapidement
(moins de mots). Avec l’habitude, il
s’utilise comme si on l’écrivait
normalement. On l’utilise pour tous
ceux qui le comprennent. On peut,
grâce aux émoticônes et à quelques
lettres, exprimer ces émotions encore
plus facilement qu’avec des mots
normaux
Q8B 1-ça va plus vite et
on ne se pose pas de
questions pour la
ponctuation
2-Plus rapide et ça évite
d’avoir mal aux doigts,
surtout quand on n’a pas
envie d’écrire
2-Pour aller plus vite
et moins user mes
unités
1-ca va vraiment plus vite. A la
longue, ça devient un automatisme.
Il est compris de tous. Et je suis sur
de ne pas faire de fautes
2- c’est simple d’utilisation (Plus
court !) et c’est « cool », dans le vent
Q10B 3-ça dépend de quand
j’ai envie d’écrire car
je suis sérieux je
peux faire le moins
de fautes possibles
4- c’est pas parce qu’on
écrit des textos en langage
SMS qu’il faut être meilleur
en langage SMS ; Il faut
d’abord être bon en français
et en orthographe avant
d’écrire en langage SMS
4-ce n’est pas le cas
car j’apprends le
français depuis plus
longtemps
1-comme il n’y a pas vraiment
d’orthographe, chacun l’écrit
comme il veut même si il y a les
abréviations de base, on est sur de
ne pas faire de faute
De plus il est moins barbant que le
langage propre
4-j’ai le sentiment d’être compris car je
fais en sorte de l’être. J’utilise un
langage le + simple possible et pas des
trucs indéchiffrables comme d’autres.
Je suis meilleur en langage normal car
il y a plusieurs combinaisons possibles
en langage SMS. Pas trop de règles.
99
Q11B 1-en histoire ou
quand j’écris des
leçons
4- il n’a rien à faire à l’école 2-pour les
corrections, pour
prendre des notes et
quand je suis en
retard
X-pour les prises de notes, les
brouillons ou les mots à envoyer
aux amis
2-prendre des notes, faire des fiches de
révisions, des plans de rédaction. Tout
ce que les profs ne voient pas
Q13 X- pour : histoire,
sciences appliquées
Contre : français
Sans opinion : maths,
anglais
2 : pour Français seulement
pour les abréviations
contre : je ne sais pas
sans opinion : je ne sais pas
1-pour : H-G,
éducation civique,
éducation artistique,
techniques
commerciales,
français
Contre : maths
Sans opinion : sport
X-pour : je pense les Maths
Contre : bien sur les langues
(anglais, espagnol) et le français
sauf pour les prises de notes
3-pour : HG
contre : français
sans opinion : aucun
Q13B 1/4-oui et non, pas
spécialement on dira
plutôt que pour le
moment ça m’est
égal
3-je n’ai pas besoin de
l’étudier, je l’utilise déjà
avec mes amis
1-j’ai envie car je ne
suis pas contre
l’admission de
nouveaux langages
2-cela pourrait être amusant et
ludique
2-cela me changerait des habituels
vieux romans ennuyeux ou des pièces
de théâtre d’un autre temps. Mais ce
serait une mauvaise idée que ces textes
soient écrits en langage SMS
Q15 1-c’était en histoire :
on n’avait pas
beaucoup de temps et
il fallait écrire une
leçon et de là prof
nous a dit d’écrire en
abrégé
1-En cours, quand notre
professeur de français écrit
au tableau, elle fait des
abréviations
2-c’est lors d’une
correction de
l’évaluation, elle le
faisait de même pour
les leçons
2-la prof de français a juste utilisé
des abréviations
4-X
Q17 1 – en français mais
pas tout le temps
2-H-G parce qu’on écrit un
peu beaucoup et en maths
1-dans toutes les
matières et le
programme sera
toujours bouclé plus
vite et les élèves
comprennent mieux
3-L’utiliser pourrait apporter des
confusions au niveau de
l’orthographe
Néanmoins, je pense qu’on aimerait
tous que les enseignants utilisent ce
langage les élèves comprennent
mieux
2-dans les matières où on écrit
beaucoup comme H-G, éducation
civique et Français
100
c) N° 31 à 45 : les filles du Lycée Professionnel de Saint-James
CAP
31 32 33 34 35
Q3B 1-ça va plus vite 1- facile à comprendre
mais certains mots sont
compliqués
2- clavier ou touches du portable,
avec le langage SMS c’est plus
rapide
1- X 1- c’est mon langage courant
étant jeune
Q7B 1-X 1-permet d’exprimer
des émotions avec les
émoticônes
1- permet à l’autre personne avec
qui on discute de savoir si on est de
bonne humeur. Les abréviations slt,
bjr, bsr permettent de parler de la
même façon mais plus rapidement
1-X 2 – avec les amis : c’est rapide
et moins d’unités utilisées
Avec les étrangers, non, car on
n’a pas l’occasion de
communiquer ; c’est plus
administratif, parler en face. On
fait passer des informations +
(mot non identifiables)
Q8B 1- plus rapide 1-ça va plus vite 1 – tout simplement parce que c’est
rapide et facile à comprendre
1- X 1 – X
Q10B 1- c’est plus facile à écrire et
pas de fautes
1-X 3 – c’est qd même plus facile
d’écrire comme on veut que
d’écrire avec l’orthographe
française
1- X 1- car je n’ai pas tous les mots à
écrire
Q11B 1-en cours pour les leçons 2-X 2- dans mon cahier de texte 1- X X-X
Q13 4-pour : sciences physiques
contre : français
3-pour : maths, français
contre : sciences
physiques, biologie
2-H-G surtout pour les corrections
Q13B 1-X 3- X 3-des textes provenant de SMS sont
opposés aux dictées
3- Les cours de français sont faits
pour apprendre l’orthographe
4- sinon je perdrai le peu
d’orthographe que j’ai
Q15 2-pour écrire les leçons 3-X 4-X 4-X 4-X
Q17 1-français, maths, histoire 3- en français car les
leçons seraient moins
longues et plus facile
pour nous à apprendre
3-X 2- en anglais pour traduire 4 - X
101
BEP
36 37 38 39 40
Q3B 1- facile car pas de consignes à
suivre ni d’ordre
3- X 1 - X 2 – pour la question 1 , je suis plutôt d’accord parce que plus
souvent que rarement il faut lire le message 3 ou 4 fois avant de le
comprendre . Certes c’est facile à écrire mais il faut penser à la
personne qui lira le message donc il ne faut pas exagérer
2 – X
Q7B 4 – X 1 - X 2-(Q4) : c’est plus rapide et donc plus
pratique mais je l’utilise surtout avec mes
amis et certains proches
1 – J’écris en toutes lettres et j’utilise le langage SMS seulement
pour exprimer mes émotions avec les ponctuations qui servent à
faire des petits smileys
1 – X
Q8B 1 – plus rapide, prend - tps
surtout on l’écrit comme l’on veut
2 – X 2 – ça dépend Je préfère écrire avec l’orthographe correcte
Ca dépend à qui je m’adresse
1 – X
Q10B 1- je l’utilise le plus souvent donc
j’ai toujours du mal à écrire en
bon orthographe,
Il y a même des hésitations, des
difficultés à écrire le mot
convenablement
2 – X 4-NON ! Il ne faut quand même pas s’y
noyer
4 - Je suis meilleure en écrivant avec l’orthographe correcte parce
que j’utilise T9 sur mon téléphone mobile et sur MSN etc
J’écris aussi en toutes lettres
Depuis que j’ai recommencé à écrire avec l’orthographe correcte,
je fais moins de fautes en expression écrite
1 – X
Q11B 2 – lol, Mdr, le prof 2 – X 4-abréviations lorsque l’on prend des
notes
4 – Quand j’écris à l’école, je n’écris pas en langage SMS parce
que quand je me relis, je ne sais point ce que j’écris.
Et même si mes professeurs écrivent en langage SMS, moi je ne le
fais pas
4 – X
Q13 3- pour : Maths, secrétariat
contre : prof de français
3 – X 3 -X 2 – pour : français (elle est pour dans les leçons mais elle veut
qu’on l’utilise uniquement pour les leçons)
contre : droit, économie, vente car on risque de s’y perdre
X – X
Q13B 2 - X 3- X 4- La langue française est très belle ! Je
ne vois pas pourquoi on devrait la
changer à part en pratique
2 – Parce que cela permet à ceux qui ne savent pas l’utiliser à le
comprendre. Mais aussi pour le fun
X – X
Q15 4- X 4-X 3-Les professeurs utilisent parfois des
abréviations dans les cours lorsqu’ils
écrivent adj, compl circ° mais ça s’arrête
là. C’est juste pour aller plus vite
4 – X 4 – X
Q17 X – En communication
organisation (secrétariat) une
secrétaire doit prendre des notes
donc c’est + facile d’écrire avec le
langage SMS
3-X 4-X 4 – Je ne veux pas et surtout pas au lycée parce que lors des
examens, se sont les élèves qui payeront pour l’orthographe.
Si on s’habitue à l’utiliser en devoirs, on se mettra à écrire ainsi
aussi
4 - X
102
BAC PRO
41 42 43 44 45
Q3B 1-c’est super facile. Pas
besoin d’être fort en français
(ex pour écrire quoi de neuf ?
…koi 2 9) et grâce à la
phonétique, c’est facile à
comprendre
1- grâce à mes fréquentations,
maj. des jeunes de 15 à 20 ans. A
un style pour être dans le coup.
Par rapport à l’influence de mes
amis, ça s’apprend rapidement.
En plus ça permet de se
démarquer des adultes car c’est
un style qui appartient qu’aux
jeunes.
2- Je voyais mon père envoyer des
messages codés et je ne comprenais rien
donc un jour il m’a expliqué et c’est allé
vite. Et puis, il y a les SMS qu’on envoie
pour nos amis qu’on adopte l’écriture et ça
marche. Sur MSN, aussi les personnes
inventent des abréviations et tout le monde
s’y met et ça fuse…
1- je l’utilise quotidiennement depuis
plusieurs années donc je suis habituée.
Il ne présente aucunes difficultés au
contraire, il me facilite grandement les
choses
1 – j’ai appris rapidement
car cela permet d’user
moins de SMS et donc de
prendre moins de place
Q7B 1-avec les smileys on peut
faire part de nos sentiments et
ça à distance (si je pleure car
je me suis fait mal, je peux
mettre un smiley qui pleure)
1-bonne humeur, tristesse, rage,
doute, peur
grâce aux émoticônes présentes
dans les portables et les
ordinateurs, sans parler, on
s’exprime, on se comprend, cela
permet de faire apparaître son
humeur par un simple clic
2-X 2- je l’utilise pour transmettre un
message à une personne diverse ou
établir une conversation avec celle-ci
(mais c’est exceptionnel car cela coûte
cher quand même)
Cependant, c’est toujours avec des
personnes que je connais et que je
fréquente.
1 - permet d’exprimer des
émotions grâce aux smiley
Cela montre ce que l’on
pense ou notre humour
Q8B 1-c’est gratuit, et quand on a
l’habitude, ça va hyper vite et
c’est facile à comprendre et à
lire
1-rapide, unique et personnel.
Les parents n’arrivent pas à
comprendre, ni lire notre
langage.
Chacun de ns ajoute des
modifications permettant à
chacun d’avoir son propre style
1-plus facile et moins long en même temps.
C’est vrai que c’est piégeant quand il faut
faire des résumés car on a tendance à faire
beaucoup de fautes de frappe en écrivant en
abrégé et c’est un peu paralysant. Mais ceci
dit c’est super d’écrire en langage SMS car
souvent les parents ne comprennent rien.
C’est comme si que c’est un code
2- j’écris des SMS tous les jours et ça
ne me dérange pas. Cependant j’utilise
ce langage uniquement dans les SMS,
sur MSN ou quand j’envoie un mail
(mais cela dépend du destinataire)
1 – j’aime car 1° ça va plus
vite et 2° c’est plus facile à
écrire qu’en bon français
Q10B 1-je suis très faible en
français et avec le langage
SMS, on écrit comme on
l’entend tandis qu’en français
il y a les accords, les liaisons,
la ponctuation à respecter
4- car l’orthographe c’est
permanent, c’est quotidien
comme je passe la majorité de
mon temps à l’école en sachant
que le langage SMS est le +
souvent interdit au niveau écrit
au lycée. Il est rare en milieu
scolaire
1- il est bourré de fautes d’orthographe et
quand le prof fait des dictées, là c’est la
galère ! Mais à part cela, moi je suis à l’aise
et je suis mieux comprise.
4- je ne l’utilise qu’avec des jeunes de
mon âge. Même si je l’utilise souvent,
cela ne réduit en aucun cas mes
performances en orthographe
3 – SMS ne respectent pas
des règles
orthographe respect des
règles
103
Q11B 1-sur mon agenda, quand il
faut recopier et que je suis à
labours
2- parfois mais c’est rare : pour
prendre des notes sur un
brouillon, quand on ne veut pas
que le prof ns entende en cours,
on écrit le plus souvent des
bêtises sur de petits papiers en
sachant qu’il ne va rien
comprendre
1 – sans le vouloir je peux dire :
J pac des Vak’s en famille … je passe des
vacances en famille
J ne sav pa kil était kom sa ! Je ne savais
pas qu’il était comme ça
4- X 1- vite ... ViT
grâce … graC
Je t’aime … JTM
Quoi … kwa
Q13 3-pour : H-G, Arts Plastiques
contre : français, sciences
Sans : anglais
3 : pour H-G, éducation civique,
anglais
contre : français
sans : maths, économie, droit
3 : pour H-G, éducation civique, français
contre : maths, technologie, anglais
sans : EPS, sciences
X - X 4 – contre : français, toutes
les matières
Q13B 1-ce serait plus facile pour
moi et plus intéressant
1-c’est plus de notre génération.
Les textes que l’on ns donne sont
ennuyeux. Les textes provenant
de SMS permettraient à chacun
d’entre nous de s’identifier dans
l’histoire. Les professeurs
devraient mettre en place ce
système
2/3 – je suis pour et contre car il a des
moments où l’on va comprendre et d’autres
où l’on va rien comprendre donc vaut mieux
travailler avec du bon français car avec les
textes SMS en permanence, on aura 99% de
chances de ne rien connaître en orthographe
4 – il me facilite la tâche quand j’ai
écrit des SMS et surtout il me fait
gagner de la place.
Mais travailler dessus à l’école ne
présente aucun intérêt pour moi.
1- plus facile à lire et on
comprend tout de suite
Q15 4-X 4-X 2-au début, personnellement, ça n’a pas été
facile.
Les profs emploient des abréviations que je
ne comprenais pas comme md, inc
2- les profs peuvent répondre à des
messages qu’on leur envoie
notamment en période de révisions
avant des exams. Sur ce point, ils tjs
été compréhensifs car ils savent qu’on
communique comme ça la plupart du
temps d’autant plus que la plupart de
mes profs ont des enfants qui entrent
dans ma tranche d’âge (collège, lycée,
étudiant)
4-X
Q17 4-Non car ce ne serait plus
une éducation, on serait tous
nul en français
2/3-Oui pour les maths et non car
je n’ai pas envie que notre
langage soit approprié par les
professeurs. Il nous met en
confiance ; cela permet de
s’évader de tout.
3-en français
en H-G car les leçons sont longues
4- le langage SMS reste le langage
SMS. Il est utilisé en SMS, sur MSN
mais en aucun cas à l’école. On ne
doit pas non plus refaire l’orthographe
et la grammaire française.
4 - X
104
d) N° 46 à 60 : les filles du Lycée Polyvalent de Bellefontaine
CAP
46 47 48 49 50
Q3B 2- c’est plus facile ; on n’a pas besoin
d’écrire des mots en entier.
1- parce que je
comprends vite
1- rapide à utiliser et simple à
apprendre
1-ça raccourcit les mots 2 –X
Q7B 2-car si on a envie de se confier à des
amis, de parler avec et de s’exprimer
car les jeunes s’expriment par le
langage SMS
2-La bonne humeur
et la colère parce
qu’on comprend
lorsque son chat est mort Ou je
vais me marier
1-X 1 –X
Q8B 1- oui car je peux parler avec des amis
et je peux m’exprimer
1-plus facile à
écrire et on ne fait
plus de fautes
1 – parce que ça prend moins de
temps
3- X 2 –X
Q10B 4 – car, on le connaît depuis tout petit
alors que le langage SMS on le
connaît quand on a un portable
1-parce qu’on ne
fait pas de fautes
1 – parce que je suis habituée 1-c’est plus simple 2 –X
Q11B 2- quand on note des infos :
nbre … nombre
bcp … beaucoup
+ … plus
- … moins
2-avec mes amis 1- Ojourd’8, ex 4- X 2 –X
Q13 4-pour : français (pour prendre de
notes), H-G
contre : Maths, Anglais
sans opinion : je ne sais pas
3- pour : anglais,
technologie
contre : français,
maths
sans opinion : EPS
3 – pour : maths
contre : français
3-pour : français
contre : tous les autres
professeurs
1 –X
Q13B 1 – pour apprendre davantage de
choses comme les abréviations, les
phonétiques, les émoticônes et la
ponctuation afin de savoir leur
signification (LOL ; MDR ; slt)
1- je crois que les
élèves vont
comprendre
1- car c’est facile 1- comme ça 1 –X
Q15 4-X 3-X 4-X 1 - X 1 –X
Q17 X-X 1-En français car
des fois je ne
comprends rien
1-En français car je fais
beaucoup d’erreurs
1- X
2 –X
105
BEP
51 52 53 54 55 Q3B 1- il sufi 2 l’écrire com on l’entend
cad com ici par xempl
crire un mot en entier
1- simple à écrire, ça va plus
vite et c’est facile à comprendre
1- pas forcément facile à lire car
dépend des abréviations et
SURTOUT des phonétiques. Facile
à écrire car on perd beaucoup moins
de tps pour écrire. J’ai appris à
l’utiliser rapidement car c’est très
facile ; on ne réfléchit pas quant à
l’orthographe des mots
1- facile à apprendre car on
peut faire nos abréviations
ne s’apprend pas forcément car
c’est à force de voir et de lire
les messages que cela t’habitue
à écrire comme cela
1- permet de gérer ses unités
principalement pour ceux qui
disposent d’un portable. Donc
sachant que j’en fais parti, j’ai
utilisé rapidement le langage SMS
Q7B 1- on peut utiliser des émoticônes par
exemple : (bonhomme fâché, moyen)
1- les émoticônes nous
permettent d’exprimer des
émotions à l’aide de têtes ou
d’images
1-permet d’exprimer différentes
émotions, différents sentiments
(joie, colère) notamment quand on
utilise certains smileys et certaines
ponctuations
1-à tt moment, on peut utiliser
des émoticônes dans un
message comme :D (gd sourire
sur les lèvres) :@ celui là est
fâché
les émoticônes permettent
d’exprimer plus facilement ce
que l’on ressent
1- X
Q8B 1- C’est plus facile car il n’y a pas
d’orthographe
2- certes c’est rapide mais il est
un inconvénient pour la langue
française car il peut ns faire
faire des fautes d’orthographe
1- plus simple et rapide
on ne réfléchit pas à l’orthographe
1 plus rapide pour envoyer un
message, et puis ce n’est pas
forcément volontaire, à force ça
devient une habitude, un
réflexe permanent
1- permet de gagner du temps
surtout si on est fatigué ou en
colère
Q10B 2-« Com g dja di c plu facil et ya pa
d’ortograf »
4- je ne me laisse pas
influencer à ce point
4-c’est très facile d’être bon car
justement on écrit comme on veut
mais l’orthographe des mots c’est
quelque chose d’essentiel donc c’est
difficile de l’oublier
3-Pas forcément. Certes par le
langage SMS, on pense être
meilleur car on invente et
marque comme on veut, alors
qu’en orthographe, il y a des
règles à respecter
3 – permet de supprimer tout ce
concerne les règles d’orthographe
Q11B 1-en français ou en maths mais plus en
maths car on écrit et on peut dire par
exemple : le triangle est rectangle en
A, on l’écrit comme ça (a dessiné la
figure)
1 – lol, je re, plita , PL 2- pour copier des leçons car je n’ai
pas toujours le temps de bien
recopier
1-en histoire, pour prendre les
cours en entier vu qu’il est
dicté ou encore quand j’en ai
marre d’écrire pour aller plus
vite j’utilise le langage SMS
2 – le mot aussi … osi
plus ou moins … + ou -
106
Q13 1-pour : maths et Histoire car on prend
moins de tps
contre : en français car on l’utilise en
devoirs ou autres
sans opinion : sport car on écrit
presque jamais
4- Pour Français et anglais
Contre : Maths, H-G, sport
Sans opinion : les autres
matières
4- pour : H-G
contre : français, maths, économie,
éducation civique
sans opinion : anglais
3 – pour H-G
contre : français, maths
sans opinion : langues
4 -pour : H-G, maths,
contre : français
sans opinion : EPS
Q13B 1-ce sera plus facile pour nous 4- je préfère utiliser autre chose
comme langage que celui des
SMS afin de garder les bases de
la langue française
4- on oublierait très vite
l’orthographe des mots et c’est une
très mauvaise chose pour les cours
3- non car le français est une
matière qui est sensée ns
permettre de bien écrire alors si
en français on travaille sur des
textes provenant de SMS, cela
ns encouragerait à écrire en
SMS et non en toutes lettres
4-sachant que le français est une
langue très complexe, il serait mal
vu de travailler sur des textes
provenant de SMS
Q15 4-X 4-jamais produit 4-X 1-En cours H-G en 3ème, pour
écrire un plan du paragraphe
argumenté puis écrire la leçon.
La prof ns a dit que cela était
plus facile d’écrire en abrégé
comme cela on aura tout notre
cours. Et qd on arrivera au
lycée, le professeur ne répètera
pas ; ce sera à nous d’être
attentif. Ensuite elle ns a écrit
des abréviations que l’on
rencontrait souvent et des
abréviations concernant le
cours
4 - X
Q17 1-en français, en maths, en histoire car
les cours seraient moins ennuyant
4-je ne souhaite pas ceci 4- pas besoin d’y avoir recours à
l’école
2- cela dépend. Quand les
leçons sont longues, il est vrai
que l’on préfère écrire en SMS
(ex français et maths mais c’est
déjà le cas) cela est mieux car
on écrit beaucoup plus de
choses que dans les autres
matières
4-X
107
BAC PRO
56 57 58 59 60
Q3B 1- j’ai appris facilement car pour
utiliser le langage SMS il suffit juste
d’écrire les mots en retirant quelques
lettres ou de remplacer des syllabes par
d’autres qui ont le même son
1-je ne comprends pas tt le tps car
il y a des mots beaucoup trop
abrégés comme :
TmTc … toi-même tu sais
Cela m’appris beaucoup de pour
comprendre le mot mais j’avoue
que pour les blogs et les
messages, c’est plus facile
d’écrire en langage SMS
1- parce qu’il n’y a pas
d’orthographe et que je
n’aime pas écrire
beaucoup
2- Pas tellement facile à comprendre et
à utiliser pour certaines personnes
c’est facile à écrire car ça réduit le
nombre de mots dans une phrase et
dans un SMS
2-Pas facile à lire du moins pas aux
1ers abord car je n’étais pas habituée
à enlever des lettres, mélanger des
chiffres mais il est vrai que ça va
beaucoup plus rapidement. D’une
certaine façon, c’est nettement plus
facile à écrire. Mais c’est en
rencontrant le langage SMS, en
apprenant toutes les techniques que
j’ai pu l’utiliser
Q7B 2-ça dépend car pour exprimer une
émotion, on utilise des émoticônes
mais elles ne représentent pas toujours
nos émotions
1-Il y a de petites images
(smileys) qui expriment des
émotions et les opinions. Moi
j’aime beaucoup et puis au lieu
d’écrire une phrase pour dire que
je suis fâchée, on clique sur le
smiley et le tour est joué. C’est
beaucoup plus rapide et très mimi,
je trouve.
1- X 1-ça va rapidement et il n’y a pas
beaucoup de mots
on peut exprimer ses sentiments sans
pour autant écrire : fâcher peut
faire :@ et ça va plus vite
il suffit juste de les connaître
1-les principales émotions sont la
bonne humeur, la tristesse, la colère.
Sur MSN ou même sur les portables,
on dispose d’un large choix
d’émoticônes qui expriment plus
facilement et bcp plus rapidement
que des mots toutes les émotions
que l’on peut ressentir. Cela donne
presque l’impression que l’on peut
lire sur le visage de son interlocuteur
et vice-versa
Q8B 4 – je n’aime pas trop car quand on
écrit en langage SMS on prend
l’habitude et on perd les notions de
français
2-c’est pratique d’écrire vite
quand on tape sur l’ordinateur ou
dans les messages
1 - X 1-c’est plus pratique à travers les SMS
ou MSN mais je pense qu’il ne faut pas
en profiter parce qu’un jour on pourra
s’oublier
2- j’apprécie la rapidité avec
laquelle on peut écrire et s’exprimer
alors que les mots sont parfois trop
longs. J’essaye pourtant de ne pas
tomber dans le tout SMS par rapport
à mes études et surtout la langue
française qui a des richesses
immuables selon moi
108
Q10B 1-c’est évident, tout le monde est
meilleur en langage SMS car même si
on fait des erreurs, ça passe en langage
SMS
4- j’ai le sentiment d’être
comprise car je l’utilise juste avec
mes amis ou des personnes de
mon âge. Personnellement,
j’arrive à séparer langage SMS
que j’utilise avec mes amis et la
langue française que j’utilise en
cours
1 - X 1-car maintenant les jeunes ne
prennent plus leur tps à écrire en toutes
lettres
pour ns c’est une perte de temps mais à
travers ça, on se retrouve en difficulté
en orthographe car on s’oublie : on met
des S à n’importe quelle place (« à
travers sa »)
De plus il est moins barbant que le
langage propre
4 - j’ai toujours été bonne en
orthographe et je l’aime. Mais pour
tout ce qui est communication
rapide, je suis très tolérante car en
cas de nécessité, de manque de
temps, le style SMS est utile.
Il ne faut pas négliger l’orthographe
en d’autre circonstances toutefois..
Q11B 2-surtout quand on recopie de grandes
leçons en H-G
3- pas souvent mais si je vois
qu’en cours, je perds le fil
conducteur et bien je l’utilise pour
ne pas perdre un mot de la leçon
1 – écrire mes leçons ¼ - pour écrire des leçons, pour les
exos, pour copier les devoirs sur mon
agenda
2-pour les prises de notes, ce sont
les profs eux-mêmes qui nous le
conseillent d’ailleurs
Q13 X- pour : H-G car la prof trouve que ça
ns permet d’aller plus vite pour écrire
la leçon
Contre : en français car la prof dit que
ça nous fait faire des fautes
d’orthographe
2 : pour Français H-G, Maths
contre : anglais
4 - Sans opinion : ils
s’en fichent, ils
n’ouvrent pas les
cahiers
4- X 3- pour : presque toutes les matières
au lycée
contre : (c’est interdit dans les
contrôles)
Q13B 4-car il y déjà beaucoup de gens qui
font des fautes d’orthographe
2/3 - X 4 – car ça ne
m’intéresse pas
1-Ce serait vraiment intéressant
d’essayer de déchiffrer ce qui
permettra à ceux qui ont des difficultés
à comprendre ce langage de le
comprendre
4-à part si le thème abordé concerne
les jeunes , les nouveaux modes etc
je ne vois pas l’intérêt de travailler
sur des textes de ce genre
on passerait à côté de trop de choses
selon moi
Q15 1-non cela ne s’est jamais produit 2 – quelquefois quand la leçon est
trop longue, le prof nous fait
abréger certains mots pour aller
plus vite et terminer la leçon
3-En 3ème pour dicter
une leçon afin d’écrire
plus rapidement
1 - X 2 – Les professeurs, lors des
premiers contacts au lycée nous ont
tout de suite incités à la prise de
notes et cela passe par beaucoup de
méthodes du langage SMS
Q17 1 – oui dans les matières où on a de
grandes leçons
4-non car ce n’est pas tous les
élèves qui arrivent à séparer les 2
et arriver à un examen ou un
contrôle cela lui donnerait
beaucoup plus de difficultés
2-le prof de maths pour
avoir de bonnes notes
1-en français car on aurait pas eu de
longues pages de leçon à apprendre
4-je n’en vois vraiment pas la
nécessité car l’école a été créée
avant tout pour avoir de la culture
générale et pour moi l’orthographe
en fait parti