Urgence médicale en milieu rural, l’oubliée

1
90 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2013 - N°450 © Julien Eichinger #37016310 Le Sénat soucieux de la santé des étudiants [bis] Le groupe travail de la Commission des affaires sociales sur la sécurité sociale et la santé des étudiants a remis son rap- port 1 . Avec ce groupe de travail, la Commission avait 2 ques- tions : la sécurité sociale étudiante fonctionne-t-elle de façon satisfaisante : système ancien et d’une complexité abraca- dabrante, juge-t-elle ; quel est l’état de santé des étudiants : dans leur grande majorité en bonne santé, ils ont plus ten- dance à renoncer aux soins par manque de temps et auto- médication et pour raison financière, cette population est affectée par l’accroissement du reste à charge, en particulier optique, dentaire, gynécologie. Sur la première question, la Commission fait 5 propositions de réorganisation, de gestion et de fonctionnement des mutuelles. Sur la seconde elle fait 6 propositions. 1) Créer un label des contrats complémentaires santé des étudiants pour couvrir de manière transparente leurs besoins spécifiques. 2) Mieux informer sur et faciliter l’accès aux dispositifs amélio- rant la couverture complémentaire (CMU, ACS). 3) Évaluer l’intérêt de mise en place d’un chèque-santé national. 4) Appliquer aux étudiant(e)s les tarifs opposables pour cer- taines consultations généralistes ou spécialisées (gynécologie). 5) Aménager les contraintes du parcours de soins à la vie étu- diante, par exemple désignation du médecin traitant. 6) Simplifier le parcours administratif des étudiants étrangers une fois leur visa obtenu. Les Services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS) souffrent d’un manque de visibilité des étudiants, de moyens financiers et humains insuf- fisants et d’un défaut de stabilité du statut des personnels. Il faut leur donner les moyens humains et financiers de fonction- ner, accroître leur rôle pour réaliser des vaccinations, étendre leur compétence aux étudiants et élèves ne relevant pas de l’Université (BTS, IUT, classes préparatoires), établir des liens avec l’offre de soins libérale et publique. La vie étudiante est une phase d’apprentissage privilégiée pour acquérir bons réflexes et saines habitudes de vie, or aucune politique de prévention n’est définie et la coordination est quasi inexistante, d’où actions éparpillées difficiles à éva- luer. Suggestion : définir une véritable politique nationale de prévention à destination des jeunes, des étudiants en parti- culier, et en confier coordination et application aux ARS sur appels d’offres et l’évaluation des actions. 1. http://www.senat.fr/commission/soc/groupe_de_travail_protection_ sociale_et_sante_des_etudiants.html Urgence médicale en milieu rural, l’oubliée Jean Boyer, sénateur, attire à son tour l’attention du ministère de la Santé sur la délicate question de la démographie médi- cale en milieu rural et ses perspectives à court terme. La rura- lité s’articule de plus en plus autour d’une nouvelle vitalité lui donnant à la fois une certaine attractivité, un cadre de vie et un environnement de qualité. La difficulté de fixer durablement des professionnels de santé sur ces territoires contribue très certainement à fragiliser leur évolution et leur avenir. Même si la réalisation de cabinets médicaux par les collectivités peut constituer une des réponses au désert médical, cette absence de réponse [du ministère] au manque de médecins interpelle. La situation du monde rural appelle une véritable prise en compte en donnant les moyens aux nouveaux internes, par exemple, d’accepter une nouvelle forme d’apprentissage professionnel. Ce doit être la définition d’un cadre réglemen- taire autour d’une vraie compensation permettant d’apprécier pleinement les conditions de travail liées à l’altitude, à l’es- pace, aux moyens de déplacements, à l’organisation de la vie sociale et humaine d’un territoire, aux conditions climatiques mais aussi à la topographie… On évoque l’intention de modi- fier le numerus clausus [en plus ou en moins ?]. L’inquiétude persiste en ce qui concerne la présence médicale en milieu rural, notamment dans les territoires ruraux classés en zones de revitalisation. Le maintien à domicile des aînés n’est possible que quand on aura apporté des réponses concrètes sur ce sujet. Si des évo- lutions vont se faire jour (?), il faut gérer le présent et le futur immédiat. Car, disait Victor Hugo, « l'avenir ne se prévoit pas, il se prépare ». La présence médicale en milieu rural appelle une certaine vigilance permettant de croire encore à l'égal accès de tous à la même offre de soin appropriée. Comment le nouveau gouvernement entend-il répondre à cette situation de plus en plus préoccupante, de nature à accroître encore plus la fracture territoriale ? Réponse en attente… QQ J.-M. M. © Carola Vahldiek

Transcript of Urgence médicale en milieu rural, l’oubliée

Page 1: Urgence médicale en milieu rural, l’oubliée

90 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2013 - N°450

© J

ulie

n E

ichi

nger

#37

0163

10Le Sénat soucieux de la santédes étudiants [bis]Le groupe travail de la Commission des affaires sociales sur la sécurité sociale et la santé des étudiants a remis son rap-port1. Avec ce groupe de travail, la Commission avait 2 ques-tions : la sécurité sociale étudiante fonctionne-t-elle de façon satisfaisante : système ancien et d’une complexité abraca-dabrante, juge-t-elle ; quel est l’état de santé des étudiants : dans leur grande majorité en bonne santé, ils ont plus ten-dance à renoncer aux soins par manque de temps et auto-médication et pour raison financière, cette population est affectée par l’accroissement du reste à charge, en particulier optique, dentaire, gynécologie. Sur la première question, la Commission fait 5 propositions de réorganisation, de gestion et de fonctionnement des mutuelles. Sur la seconde elle fait 6 propositions.

1) Créer un label des contrats complémentaires santé des étudiants pour couvrir de manière transparente leurs besoins spécifiques.

2) Mieux informer sur et faciliter l’accès aux dispositifs amélio-rant la couverture complémentaire (CMU, ACS).

3) Évaluer l’intérêt de mise en place d’un chèque-santé national.

4) Appliquer aux étudiant(e)s les tarifs opposables pour cer-taines consultations généralistes ou spécialisées (gynécologie).

5) Aménager les contraintes du parcours de soins à la vie étu-diante, par exemple désignation du médecin traitant.

6) Simplifier le parcours administratif des étudiants étrangers une fois leur visa obtenu.

Les Services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS) souffrent d’un manque de visibilité des étudiants, de moyens financiers et humains insuf-fisants et d’un défaut de stabilité du statut des personnels. Il faut leur donner les moyens humains et financiers de fonction-ner, accroître leur rôle pour réaliser des vaccinations, étendre leur compétence aux étudiants et élèves ne relevant pas de l’Université (BTS, IUT, classes préparatoires), établir des liens avec l’offre de soins libérale et publique.

La vie étudiante est une phase d’apprentissage privilégiée pour acquérir bons réflexes et saines habitudes de vie, or aucune politique de prévention n’est définie et la coordination est quasi inexistante, d’où actions éparpillées difficiles à éva-luer. Suggestion : définir une véritable politique nationale de

prévention à destination des jeunes, des étudiants en parti-culier, et en confier coordination et application aux ARS sur appels d’offres et l’évaluation des actions.

1. http://www.senat.fr/commission/soc/groupe_de_travail_protection_ sociale_et_sante_des_etudiants.html

Urgence médicale en milieu rural, l’oubliéeJean Boyer, sénateur, attire à son tour l’attention du ministère de la Santé sur la délicate question de la démographie médi-cale en milieu rural et ses perspectives à court terme. La rura-lité s’articule de plus en plus autour d’une nouvelle vitalité lui donnant à la fois une certaine attractivité, un cadre de vie et un environnement de qualité. La difficulté de fixer durablement des professionnels de santé sur ces territoires contribue très certainement à fragiliser leur évolution et leur avenir. Même si la réalisation de cabinets médicaux par les collectivités peut constituer une des réponses au désert médical, cette absence de réponse [du ministère] au manque de médecins interpelle.

La situation du monde rural appelle une véritable prise en compte en donnant les moyens aux nouveaux internes, par exemple, d’accepter une nouvelle forme d’apprentissage professionnel. Ce doit être la définition d’un cadre réglemen-taire autour d’une vraie compensation permettant d’apprécier pleinement les conditions de travail liées à l’altitude, à l’es-pace, aux moyens de déplacements, à l’organisation de la vie sociale et humaine d’un territoire, aux conditions climatiques mais aussi à la topographie… On évoque l’intention de modi-fier le numerus clausus [en plus ou en moins ?]. L’inquiétude persiste en ce qui concerne la présence médicale en milieu rural, notamment dans les territoires ruraux classés en zones de revitalisation.

Le maintien à domicile des aînés n’est possible que quand on aura apporté des réponses concrètes sur ce sujet. Si des évo-lutions vont se faire jour (?), il faut gérer le présent et le futur immédiat. Car, disait Victor Hugo, « l'avenir ne se prévoit pas, il se prépare ». La présence médicale en milieu rural appelle une certaine vigilance permettant de croire encore à l'égal accès de tous à la même offre de soin appropriée. Comment le nouveau gouvernement entend-il répondre à cette situation de plus en plus préoccupante, de nature à accroître encore plus la fracture territoriale ? Réponse en attente…

J.-M. M.

© C

arol

a Va

hld

iek