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une saison en enfer DE ARTHUR RIMBAUD MARS 2021 DOSSIER ARTISTIQUE CRÉATION CONTACT poème chorégraphique

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u n e s a i s o ne n e n f e r

D E A R T H U R R I M B A U D  

M A R S 2 0 2 1 D O S S I E R A R T I S T I Q U E

AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAUARTISTE ASSOCIÉE À LA CIE LA PASSÉE PRODUCTION

C R É A T I O N

AURELIE .DROESCH@HOTMAIL .FR

06 30 07 46 71

C O N T A C T

p o è m e c h o r é g r a p h i q u e

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u n e s a i s o n e n e n f e r

AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU

M I S E E N S C È N E

ROSHANAK MORROWATIAN

C O L L A B O R A T I O N ÀL A C H O R É G R A P H I E

EN COURS

C R É A T I O N S O N O R E

ROSHANAK MORROWATIAN

EN COURS

EN COURS

EN COURS

A V E C

EN COURS

C R É A T I O N C O S T U M E

CÉSAR GODEFROY

C R É A T I O N L U M I È R E

2 UNE SAISON EN ENFER - AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU

" À M O I . L ' H I S T O I R E D ' U N E D E M E S F O L I E S . "

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Entre avril et août 1873, Arthur Rimbaud écrit Une saison en enfer, fresque radicale et sans concessions d’unpoète dont l’exigence est de changer la vie et de se faire voyant « par un long, immense et raisonné dérèglementde tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; [le Poète] cherche lui-même, il épuise en luitous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. […] Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait parperdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! 1 »Après ma rencontre avec ce texte il y a dix ans et un compagnonnage ininterrompu à ce jour, je le mets enscène pour la première fois en 2017, dans le cadre de mes études de mise en scène au TNS. Je prends à cetteépoque le parti de la polyphonie et de l’éclatement des voix en travaillant avec quatre comédien.ne.s. Jeretravaille ensuite ce texte au sein d’un stage de direction d’acteur.ice.s dirigé par Jean-Yves Ruf en 2019, avecle comédien Julien Royer.Je décide aujourd’hui d’engager une nouvelle mise en scène de cette oeuvre, à la lumière des bouleversementset questionnements qu’elle continue de créer en moi. Je suis accompagnée par cette imagerie qui cherche àretranscrire le plus précisément possible les douleurs, joies, luttes et persévérances : une écriture de l’émotionbrute, du mouvement sensible, physique, charnel.      Une saison en enfer, c’est le récit d’une descente et traversée de l’enfer, qui dure le temps d’une saison.L’histoire du départ d’un homme-poète qui tente de s’extraire de l’oppression et de l’autorité, notammentfamiliale et religieuse, à travers la quête d’un geste nouveau entraînant conjointement le renoncement et lagrande solitude ainsi que la perte des anciennes croyances. Ces deuils vont entraîner chez lui la recherche devaleurs et paradigmes singulier.e.s pour penser avec exigence sa poésie, la société et le monde dont il faitpartie.      Dans mon travail, il y a des obsessions, des tentatives qui reviennent à la fois thématiquement etformellement : éprouver le temps, notamment par l’élaboration de tableaux vivants où l’on voit vivre trèssimplement le.la personnage - à ce titre les travaux de Chantal Akerman et Raymond Depardon sont unegrande source d’inspiration. Il y a aussi le voyage, la quête de la liberté, l’errance, l’introspection, la solitude, lesdémons en soi.Une saison en enfer trouve tout naturellement sa place dans ce qu’il m’apparaît à la fois nécessaire et vivifiant deporter sur un plateau et de partager, aussi bien en ce qui concerne son sujet que ses potentialités esthétiques.Dans cette note de mise en scène, je vais m’attacher tout d’abord à la notion de l’enfer en tant que vecteurpour regarder en soi. Ensuite, je mettrai en relation cet enfer avec mes choix de mise en scène. Enfin, je vaisaborder le travail envisagé avec les performeuses.

« Dans l’adversité et le dégoût du monde, [Arthur Rimbaud] se lève, il bataille, il est le courage, il est notre rempart contre l’égoïsme,l’hypocrisie, le matérialisme, l’asservissement des peuples … Il ferraille avec le Diable, il traverse les flammes, il frôle lesévanouissements, il croit encore, toujours, et même au plus noir de l’échec. 2 »

I N T R O D U C T I O N

RIMBAUD, Arthur, Oeuvres complètes, « Lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871 », Paris, La Pléiade, p. 344JEANCOLAS, Claude, RimbaudMania, L'Éternité d'une icône, Paris, Textuel, coll. Paris bibliothèques, 2010, p. 36-37

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n o t e   d ' i n t e n t i o n

UNE SAISON EN ENFER - AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU

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À l’âge de dix-neuf ans, Arthur Rimbaud écrit Une saison en enfer sur les routes, entre Charleville-Mézières,Londres et Bruxelles. Par de nombreuses fugues, il fuit l’insupportable Charlestown - comme il l’appelle - àlaquelle il est pourtant constamment ramené, comme appartenant à cette ville qui l’a vu naître. Rimbaudgrandit en tension et opposition perpétuelles à cette campagne pauvre des Ardennes et à son éducationgorgée de religion sévère et d’autorité. Cette attraction-répulsion s'exprimera tout au long de sa vie en demultiples allers-retours, jusqu'à sa mort en 1891. Une saison en enfer trouve l’une de ses richesses poétiques à l’endroit de sa mise en résonance de l’espaceconcret de l’enfer avec l’enfer métaphorique, celui qui est en soi. L’enfer au sens premier du terme estomniprésent à travers les images, couleurs, personnifications notamment de par la figure du.de la Démon.e oude l'Époux Infernal, les sensations, odeurs, les références à une température étouffante également. Noussommes au coeur de l’hostilité d’un milieu sec, sombre, dangereux et inhospitalier.

« Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j’étouffe, je nepuis crier. C’est l’enfer, l’éternelle peine ! Voyez comme le feu se relève ! Je brûle comme il faut. Va, démon ! […] Je me crois en enfer,donc j’y suis. 3 »

Dans ce paysage dévasté que l’on pourrait penser stérile, c’est finalement sa fécondité qui surgit pleinement.J’ai à coeur de faire apparaître que cet espace est le terreau nourrissant et fertile des réflexions, prises deconsciences et tentatives de modifications profondes : l’énergie qui nourrit la lutte. Le poète est mu par unmouvement d’élévation, de lumière ardente et solaire qui le pousse vers l'avant et que je tiens à souligner. Cethomme part en reconnaissance. Peur et courage sous le bras, il se retourne sur lui-même. Je tiens à rendrecompte du face-à-face qui s’opère dans le texte, de comment se construit la relation avec nos démon.e.s etpuissances intérieur.e.s parce que « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes 4 ». 

« […] la Peur est comme le Diable. La bonne nouvelle c’est qu’elle n’existe pas ; la mauvaise c’est que c’est précisément ce pourquoinous n’arrivons pas à nous en débarrasser. 5 »

Nous sommes également face à une véritable expédition, pleine des présences des voyages passés et à venir,des voix du monde qui accompagnent le poète. Une saison en enfer contient et recrée toute une nouvellegénéalogie, en rupture avec le berceau familial, social, et religieux : des allié.e.s, des ancêtres, des guides, denouvelles présences - soeurs de route qui annoncent déjà le grand voyage quelques années plus tard qui leconduira jusqu’en Ethiopie où il restera onze années. Le courage d’être soi est aussi celui d’accepter la mort de son vivant, la mue, l’abandon d’une peauancienne et douloureuse, désormais encombrante et dont il est nécessaire de se débarrasser. Je tiens à rendreperceptible le récit du deuil, de la perte - perte de l’amour, de l’autre, des croyances - pour (se) retrouverailleurs, autrement. Il s'agit d’une quête de la vérité qui nécessite inévitablement des épreuves quant à latentative de nommer, de tirer des images et des sensations de ces nouvelles traversées, rencontres et languesqui s’inventent afin de les transformer en écriture : le processus de l’alchimie que l’on retrouve dans « Délires II,Alchimie du verbe ».C'est une traversée périlleuse bardée de chutes, d’abandons, d’échecs et d’espoir perdu, un tunnel dont il fauttrouver la sortie car « il faut savoir en revenir, de l’enfer 6 ».

3. RIMBAUD Arthur,  op.cit., "Nuit de l'enfer", p. 2554. Ibid., "Adieu", p. 2805. DONNELLAN Declan, L’acteur et la cible, « III La Peur », Saussan, L’Entretemps, 2004, p. 516. CHÂTELAIN Jean-Quentin dans Une saison au théâtre, France Culture, 23 avril 2017

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I I L ' E N F E R : U N E S P A C E P H Y S I Q U E

Mon projet de mise en scène d’Une saison en enfer a pour point de départ ce titre, dont la vertu est dedonner deux indications : la temporalité de l’action et le lieu dans lequel elle se tient.Nous sommes face à une chute d’abord lente qui se transforme en un lâché, puis une traversée et enfin unesortie progressive de l’enfer. Le temps d’une saison est court, intense et percutant, et se couple également ici àune traversée initiatique, un pèlerinage. Météorologiquement, la notion de saison induit une constance duclimat et de la température durant la période, tout autant qu’un mouvement continu : on quitte un climat pouraller vers un autre, celui-ci annonçant de nouveaux chemins à emprunter. Par ailleurs, je souhaite traduire la multiplicité des formes que revêt l’enfer décrit par le poète : l’enfer de lalutte politique, de l’incompréhension de ses pairs, de la remise en question, de la perte des illusions, dusentiment d’abandon, des passions dévorantes, entre autres. L’enfer tel un écrin aux visages pluriels. Cettedramaturgie va de pair avec un enjeu majeur selon moi : rendre compte de l'organicité de cet enfer.Pour l’exprimer, j’envisage le plateau nu : une boîte noire pour une comédienne et trois danseuses dévoilantintégralement l'architecture de la cage de scène et sa machinerie (grils, cintres, perches, projecteurs, etc.).Nous sommes face au squelette du plateau comme unique décor et le dispositif est frontal. Je souhaitetravailler sur le dénuement qui contient l’explosion des mots et des corps : un espace unique de vibrations, detraversées, au sein duquel tout se passe, un lieu du à priori « rien » traversé par-tout.

Dans ce travail, je considère la création sonore comme un personnage, un outil vecteur de l’action.J’imagine un univers très marqué avec des sons électroniques, stridents, hétéroclites, percussifs, sourds,répétitifs, enivrants qui peuvent également laisser place à de grands moments de profond silence. Je souhaiteune recherche de matérialité à partir de cette première question : qu’est-ce que l’on entend en soi au beaumilieu de l’enfer ? Cela pourra se traduire techniquement par des amplitudes de fréquences accentuées ou parun traitement spécifique de certains sons comme si nous étions sous terre par exemple. Je souhaite égalementque l’on travaille à une spatialisation précise avec des points de diffusion éclatés sur scène et dans la salle, afinde proposer une réception fragmentée et hétérogène de la matière sonore pour les spectateur.ice.s. Cetterecherche du son-personnage peut laisser place par moments à certains tableaux épiques plus englobants. Àce titre, je suis inspirée par l’univers sonore crée par Maarten Van Cauwenberghe, Elko Blijweert et BjornEriksson dans le spectacle The Sea within de Lisbeth Gruwez (cf. Inspirations sonores p.10).En ce qui concerne la création lumière, je l’envisage sous les questions suivantes : qu’est-ce que l’on voit danscet enfer rimbaldien ? Qu’est-ce que la lumière nous donne à voir des corps, des présences ? Je souhaite à lafois un travail sur la texture d’ensemble de l’espace et sur la matérialité des corps autour de la question desapparitions et disparitions - donc de l'ombre - et particulièrement celles des bras, des jambes et des visages.Concernant les bras et les jambes (voir inspirations p. 9), je souhaite expérimenter les notions de mutation etde fantasmagories7 avec un éclairage fragmenté, diffracté qui isole les membres afin de leur donner uneexistence et une histoire propre. Il s'agit de travailler le gros plan sur les complexités du corps et commentcelles-ci peuvent créer de nouvelles images et perspectives, des tableaux vivants.En ce qui concerne les visages, je suis intéressée par la thématique du masque et de ce qu’il laisse apparaîtrelorsqu’on l’éloigne ou le retire. Ce masque est celui du jeu de l’ombre et de la lumière sur les visages ou encorecelui créé par les mains, les doigts. À travers cela, il s'agit aussi pour moi de questionner et explorer lemonstrueux, la déformation et l'animalité.

7. La définition de fantasmagorie est particulièrement intéressante : « (du grec phantasma, fantôme, allégorie) 1) Illusions troublantes,visions fantastiques. 2) Procédé consistant à produire dans l'obscurité, sur une toile transparente, au moyen d'appareils de projectiondissimulés, des figures lumineuses diaboliques. » (Source : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/fantasmagorie/32840)

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8. DE PERETTI Thierry dans le programme de la saison 2005-2006 du Théâtre de la Ville in RimbaudMania, L'Éternité d'une icône, op.cit.,p. 2279. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9duse_%28mytholoie%2910. CHABRILLAC Odile, Âme de sorcière ou la Magie du féminin, Villeneuve-d'Ascq, Solar, 2019, p. 4111. RIMBAUD Arthur, op.cit., « ***** », p. 245

I I I L E T R A V A I L A V E C L E S I N T E R P R È T E S

Une saison en enfer est riche de sa polyphonie, de la démultiplication du corps qui en abrite d'autres. Afin dela matérialiser, je souhaite travailler sur l’imbrication entre théâtre et danse avec une comédienne et troisdanseuses. En effet, ma recherche artistique se trouve à l’embranchement de ces deux disciplines : un travailsur le corps, le mouvement et son articulation avec la parole. Cette volonté est renforcée par le travail amorcéavec Roshanak Morrowatian, danseuse et chorégraphe, rencontrée sur le spectacle Sous d’autres cieux mis enscène par Maëlle Poésy. J’ai le désir de poursuivre notre collaboration en explorant la charnière entre le texteet le mouvement, avec l’objectif in fine que l’on ne soit plus conscient.e. des moments où la danse commence,le texte continue et vice-versa.Il y a une comédienne seule en charge du texte et trois danseuses qui incarnent les présences, apparitions,figures, altérités convoquées dans le texte, l’invisible niché dans les mots. La comédienne est le squelettedepuis lequel la chair se forme, les lignes de tensions se créent, c’est la raison pour laquelle je l’imagine pour lemoment au centre du plateau, seule sur tout le début du spectacle. Je souhaite que l’on travaille le texte dansle sens de la fulgurance, de la profondeur, du retentissement des mots qui jaillissent puis reviennent enboomerang à son autrice, les faire résonner dans cet espace dénudé qu'est le plateau. Je tiens à ce que lacomédienne expérimente sa propre rencontre avec le texte tout en travaillant à « muscler nos voix et nosintentions pour qu’aucun mot ne perde la multitude de directions que le poète lui a donnée. 8 »Elle est tantôt entourée, accompagnée, menacée, aidée par les trois danseuses. L'idée est de travailler à unevéritable tension protéiforme entre les quatre interprètes, à l'image des ambivalences de relations présentesdans le texte. Les danseuses peuvent par exemple entraver ou guider la comédienne en agissant directementsur son corps, sa trajectoire, sa ligne de regard, son environnement.Aussi, je souhaite que l'on crée des moments de choeur et la construction d'un nouveau corps, fort de quatreentités. En cela, il m'est important que l'on travaille sur l'animalité, à la fois individuelle et collective, un travailsur le sauvage et l'entrelacement du corps. Il s'agit pour moi de proposer des images de ce que traverse lapersonnage dans l'enchevêtrement des spectres de sa mémoire. Cet entrelacs permet aussi de jouer sur lestemporalités qui se troublent, se superposent et se distordent au sein du récit. À ce titre, je suis inspirée par ladéesse Méduse dont le mythe symbolise « la puissance du féminin, le pouvoir du regard, […] le rapport intimeau monstrueux […] puissant symbole de rage et de pouvoir 9 ». C’est en ce sens que je souhaite aborder laquestion des différentes formes et mutations que peuvent prendre les danseuses : des substancesmouvantes, en constante évolution et transformation. De même, l'archétype de la sorcière est une sourced'inspiration dans le sens où "l'essence même de la sorcière est la transformation 10".

Si nous sommes bien en enfer dès le début de la pièce, mon idée est d’envisager ce spectacle en terme decouches, dans la droite lignée de la narration qui procède elle-même de cette construction : la compréhensionde l’espace et des présences qui le composent se fait petit à petit.Ainsi, j’imagine la première séquence avec la scène et la salle plongées dans le noir puis, après un long silence,une voix grave se fait entendre :

« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient. Un soir, j’ai assis laBeauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvé amère. — Et je l’ai injuriée. 11 »

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La lumière fait apparaître la comédienne très lentement, alors qu’elle se tient au centre du plateau. Elle estrejointe progressivement par les danseuses, l’une après l’autre, de manière très simple. Très doucement,presque sans s'en apercevoir, l'étrangeté et la bizarrerie s'insinuent, les mouvements se décomposent, sesaccadent, se déforment. J’imagine également un moment de choeur et d’acmé dans « Délires II - Alchimie du verbe » qui  pourraitcommencer sur ces mots :

« Je devins un opéra fabuleux : je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur : l’action n’est pas la vie, mais une façon degâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle. À chaque être, plusieurs autres vies me semblaientdues. 12 »

L’univers sonore est proche de celui du morceau Hesitating Predators (cf.inspirations sonores) qui démarre parune courte ligne mélodique, s'enrichit progressivement puis s'achève par une acmé énergétique galvanisante.La comédienne lutte avec les mot, sa voix est recouverte par le son de plus en plus fort. Absorbée par lesdanseuses dans une chorégraphie commune, toutes les quatre forment un choeur, un noyau.

12. Ibid., « Délires II - Alchimie du verbe », p. 26813. DE MIJOLLA Alain, Rimbaud multiple : Colloque de Cerisy in Ibid., p. 3214. BONNEFOY Yves, Notre besoin de Rimbaud in Ibid. p.30-3115. JEANCOLAS Claude, op.cit, p. 310

C O N C L U S I O N

La rencontre avec Une saison en enfer est une expérience individuelle forte que j’ai à coeur de rendrepartageable dans la droite lignée d’une célébration collective. Je souhaite la porter au plateau pour donner àvivre « la révélation et l’expression de personnalités multiples par le miracle d’une oeuvre parmi les pluspersonnelles […] 13 », pour nous mettre face à nos propres chutes, démon.e.s et contradictions. C'est nousfaire travailler sur nos parts d'ombres sous un soleil brûlant, c'est emprunter les chemins qui donnent du sensau chaos.

« Il devient le compagnon de route chez qui l’on puise le courage d’être soi et l’espérance, que l’on questionne et qui répond. […]C’est attendre de sa radicalité qu’elle nous guide […] 14 »

Je tiens à raconter la puissance furieuse de ce texte, son ambition déçue de changer la vie, de révolutionnerl'amour, Dieu, le monde. « Oeuvre grave 15 » parce qu’élaborée avec sérieux, nécessité et absolu, Une saison enenfer est bouleversante par sa fragilité et son échec. De chutes répétées en nouveaux départs, c'est l’histoirede nous tou.te.s, d'une humanité aux prises avec elle-même.

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i n s p i r a t i o n s p i c t u r a l e s

C H O E U R D E D A N S E U S E S E T A N G L E S D U C O R P SD A N S " T H E S E A W I T H I N " D E L I S B E T H G R U W E Z

L E D I A B L E D A N S L A P E I N T U R E

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C O R P S T O R D U S / L E X I Q U E D E B R A S E T M A I N S

R O S H A N A K M O R R O W A T I A NP H O T O : A F A G H M O R R O W A T I A N

" O U T W I T T I N G T H E D E V I L " A K R A M K H A N , 2 0 1 9

" T O U T E M A V I E J ' A I F A I T D E S C H O S E SQ U E J E S A V A I S P A S F A I R E "C H R I S T O P H E R A U C K , 2 0 1 6

9UNE SAISON EN ENFER - AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU

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V A N C A U W E N B E R G H E M a a r t e n , B L I J W E E R T E l k o e t E R I K S S O NB j o r n , V o e t v o l k , T h e S e a w i t h i n , 2 0 1 8 , R o t k a t R e c o r d s ,B e l g i q u eh t t p s : / / r o t k a t . b a n d c a m p . c o m / a l b u m / t h e - s e a - w i t h i n

F R A H M N i l s , N i l s F r a h m - M o n t r e u x J a z z F e s t i v a l 2 0 1 5 ,A l l e m a g n eh t t p s : / / w w w . y o u t u b e . c o m / w a t c h ? v = i z h G L G P m v I U

L A C R O I X J e a n - C h r i s t o p h e e t L E M E R L E P i e r r e , L A O E x p e r i m e n t ,L e m e r l e + L a c r o i x , 2 0 1 6 , F r a n c eh t t p s : / / s o u n d c l o u d . c o m / l a o e x p e r i m e n t

q u e l q u e si n s p i r a t i o n s   s o n o r e s

1 0 UNE SAISON EN ENFER - AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU

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c a l e n d r i e r p r é v i s i o n n e l d ec r é a t i o n

D U 0 9 a u 1 1 O C T O B R E 2 0 2 0 :R é s i d e n c e / L a b o r a t o i r e a v e c R o s h a n a k M o r r o w a t i a n ,T H É Â T R E D I J O N B O U R G O G N E ( C e n t r e D r a m a t i q u e N a t i o n a l )

D U 1 9 A U 2 3 O C T O B R E 2 0 2 0 :R é s i d e n c e a v e c R o s h a n a k M o r r o w a t i a n d a n s l e c a d r e d u C o l l o q u e" D e s m a r c h e s e t d e s r o u t e s / D é m a r c h e s e t d é r o u t e s / D e l am a r c h e d a n s l e s a r t s d u s p e c t a c l e " , U N I V E R S I T É D E S T R A S B O U R G

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D U 8 A U 1 9 N O V E M B R E 2 0 2 1 :R é s i d e n c e a u x P L A T E A U X S A U V A G E S , P a r i s

D U 3 A U 1 5 J A N V I E R 2 0 2 2 :R é s i d e n c e a u x P L A T E A U X S A U V A G E S , P a r i s

P r o g r a m m a t i o n e n v i s a g é e :e n 2 0 2 2 - 2 0 2 3

1 11 1UNE SAISON EN ENFER - AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU

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La Passée Production est créée à Saint Lunaire en Bretagne. L’Association « La Passée Production» a pour butla promotion des expressions artistiques par l’écriture, la création théâtrale, la proposition d’ateliers, lamusique, la danse, le cinéma, le chant et toute intervention dans le domaine des arts de la scène, dans deslieux publics et privés, de façon privilégiée en Bretagne mais aussi en France et à l’étranger.

Elle travaille de façon conjointe avec La Passée Compagnie Laurent Cazanave, en particulier pour l’organisationdu Festival la Fourberie en Scènes et les actions sur la région Bretagne. L’association s’associe en priorité pourla création de ses spectacles à des comédiens, metteurs en scène, musiciens, danseurs, artistes dont la listesera validée par le Conseil d’Administration. Elle fait en sorte de développer au maximum des activités avec desacteurs locaux.

Laurent Cazanave en est le directeur artistique. Sa mission est de proposer ou de coordonner les différentsprojets de l’association.

Le Bureau est constitué de : Anne Matriolet-Chaussard, Mathilde Chauvière, Philippe Chapelain .

Le conseil artistique est composé de :Laurent Cazanave, directeur artistiqueMichaël Pothlichet, responsable jeune publicLine Raynard, attachée de productionStéphanie Geoffroy, diffuseuse attachée de production

La compagnie compte des artistes associés :Aurélie Droesch-Du Cerceau, metteuse en scène et comédienneFabrizio Clemente, photographe et danseurJulie Flogeac, danseuse et plasticienneDiona, illustratrice et scénographePhilippe Raynaud, chanteur et compositeur

La Compagnie est étroitement liée à la Compagnie La Passée (qui était en compagnonnage avec les Atelierscontemporains de Claude Régy de 2013 à 2018) et travaille notamment à la production et co-production deses projets, elle reste tout de même autonome quant à ses artistes associé.e.s.

l a   c o m p a g n i e

L A P A S S É E P R O D U C T I O N E S T C R É É E À S A I N T - L U N A I R E E N B R E T A G N E .

1 2 UNE SAISON EN ENFER - AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU

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S t r u c t u r e s p a r t e n a i r e s e te n c o u r s d e p a r t e n a r i a t

P R O D U C T I O N : C O M P A G N I E L A P A S S É E P R O D U C T I O N

P A R T E N A I R E :

L E S P L A T E A U X S A U V A G E S ( F a b r i q u e a r t i s t i q u e e t c u l t u r e l l ed e l a v i l l e d e P a r i s )p o u r 4 s e m a i n e s d e r é s i d e n c e e t 3 s o r t i e s d e r é s i d e n c ep u b l i q u e s

I N T É R Ê T S E X P R I M É S P A R :

L E T A P S ( T h é â t r e A c t u e l e t P u b l i c d e S t r a s b o u r g )p o u r 3 s e m a i n e s d e c r é a t i o n e t 4 r e p r é s e n t a t i o n s

L ' U N I V E R S I T É D E S T R A S B O U R G

D É M A R C H E S E N C O U R S A U P R È S :

D U T H É Â T R E 1 4 , P a r i s

D E P Ô L E S U D ( C e n t r e d e D é v e l o p p e m e n t C h o r é g r a p h i q u eN a t i o n a l , S t r a s b o u r g )

D U T N S ( T h é â t r e N a t i o n a l d e S t r a s b o u r g )

UNE SAISON EN ENFER - AURÉLIE DROESCH-DU CERCEAU 1 3

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Après l'obtention d'une Licence en Arts du Spectacle et Audiovisuel, Aurélie intègre l'Ecole du ThéâtreNational de Strasbourg en section mise en scène entre 2014 et 2017 au sein de laquelle elle entameun travail de recherche et de pratique autour de la poésie et du théâtre hors les murs. Elle y créenotamment Ratschweg (création en randonnée avec Rémi Fortin), La Nuit juste avant les forêts deBernard-Marie Koltès (répétitions la nuit dans la rue avec Quentin Barbosa, reprise en 2018), Faim,soif, cris / danse, danse, danse, danse ! (d’après Une saison en enfer de Arthur Rimbaud).Sa pratique est enrichie par les influences de la danse, la performance, le cinéma documentaire, lacréation sonore.Elle a été intervenante artistique au lycée Lamartine à Paris, au lycée hôtelier Yvon Bourges à Dinardet à l’Université de Strasbourg.Sur la saison 20-21, elle est collaboratrice artistique sur les créations de Laurent Cazanave (Je me suisassise et j’ai gobé le temps) et Cloé Lastère (Pas de poussière sur nous), comédienne sur la création deLaurent Cazanave, Audrey Chemello et Michaël Pothlichet (Le 7e Continent), collaboratrice à la mise enscène avec Delphine Crubézy (Paysage Intérieur Brut de Marie Dilasser). Elle prépare actuellement saprochaine mise en scène, Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud.Depuis septembre 2019, elle est artiste associée à la Cie La Passée Production dirigée par LaurentCazanave.

A U R É L I E D R O E S C H - D U C E R C E A U

Ratschweg, 2016 Faim, soif, cris, danse, danse, danse, danse !, 2017

La Nuit juste avant les forêts, 2018 Adieu fatigue, 2018

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Roshanak est danseuse, chorégraphe et vit aux Pays-Bas. En 2014, elle obtient son Bachelor etMaster en danse à l'université Folkwang à Essen en Allemagne. Elle a dansé dans les spectacles deMarina Abramovic, Alexis Blake, Pina Bausch, William Sanchez, Henrietta Horn et Isabelle Beernaert.Entre 2015 et 2018, elle a travaillé avec la Cie Gotra/Joost Vrouenraets sur les spectacles Pandora et(N)emobody. Comme chorégraphe, elle a crée avec Foteini Papadopoulou Hips don't lie une lectureperformance sur le bassin (Machinenhaus Essen, Oranjerie Cologne), avec Sarah Waelchli Walk to the10 (Théâtre de l’Usine, Genève) et elle a signé la chorégraphie dans le spectacle de RoderikVanderstraeten Die kahle Sängerin avec des act.eur.rice.s du Zeche Bochum. Elle a crée Melt (2018) etSweet Surrender (2019) avec des étudiant.e.s danseu.r.se.s au Schrittmacher Festival à Aix-la-Chapelle.Roshanak a aussi été interprète dans le film Arezo de Wiam Al-Zabari qui a été sélectionné au Dutchfilm Festival et au Video Dance Festival de Sao Carlos au Brésil. Elle a joué dans le spectacle Sousd'autres cieux de Maëlle Poésy, en tournée en 2019 et 2020, notamment au Festival IN d'Avignon.Roshanak est régulièrement invitée en tant que professeure de mouvement à la Toneelacademie deMaastricht, Institut des Arts Performatifs aux Pays-Bas.En 2019, elle crée le solo Polished (Théâtre de Nieuwe Vorst à Tilburg) et remporte le prix de danseBNG qui inclut une tournée aux Pays-Bas à partir de l'automne 2020.

R O S H A N A K M O R R O W A T I A N

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