Ultimatum Express Novembre 2012

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Express sur la semaine internationale de grève

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l'Association pour une Solidarite Syndicale etudianteLe journal de

Cette semaine, plusieurs associations étudiantesau Québec seront en grève, tout comme plusieursétudiantes et étudiants ailleurs dans le monde.Tous et toutes ensemble en grève pourrevendiquerune éducation gratuite, émancipatrice et nonarriméeauxloisdumarché!

Pourquoi une grève àl’échelle mondiale ?

Le désir de coordonner la première grèved'ampleur mondiale vient de la constatation del'ampleur des mouvements étudiants

contemporains à travers le monde. En y regardant deplus près, nous comprenons que tous et toutes se battentcontre les mêmes symptômes d'un même système ;hausse des frais, marchandisation de l'éducation,coupures dans les budgets, changement de la vision del'éducation comme devant s'arrimer aux lois du marché.De cette constatation en découle une autre ; celle d'unirles forces, d'internationaliser les luttes afin de faire unfront commun contre les puissances politiques etéconomiques nationales et supranationales. Tout enluttant au local pour nos propres combats spécifiques, ilest important donc de garder en tête les structuresglobales qui sous-tendent ceux-ci.

Qu’est-ce que la semaine de grèveinternationale ?

C'est un appel à l'action pour dénoncer lamarchandisation de l'éducation entre le 14 et le 22novembre. C’est la première fois qu’une coordinationinternationale de ce genre s’organise. En gros, il s’agit

plutôt d’un cadre à travers lequel les mobilisationslocales s’intègreront de diverses façons. Une associationétudiante pourrait bien décider de n’être en grève qu’unejournée, 3 journées, la semaine au complet oud’organiser différentes actions de visibilité ou deperturbation. Ce sera aussi le moment d’organiser destables rondes, débats, conférences, bref des cercles deréflexion afin de réfléchir sur les liens entre les luttesétudiantes, la marchandisation de l’éducation,l’impérialisme et la solidarité. Il faut en venir àcomprendre les liens systémiques unissant nosmouvements et nos luttes, afin de s’unir contre notreadversaire commun, soit le néo-libéralisme et lesinstances supranationales qui contribuent au processusde marchandisation de l’éducation. Cette semaine serasurtout l’occasion de ramener sur la place publique lesenjeux des luttes étudiantes à travers le monde et detenter des réseautages afin d’internationaliser la lutte.En ce moment, l’appel à la grève mondiale est endossépar 65 associations étudiantes dans 15 pays différents ;les États-unis, l’Inde, la Serbie, l’Italie, l’Angleterre,l’Allemagne, le Maroc, le Paraguay, l’Irelande, la France,le Mexique et le Swaziland.

Coordination mondiale ; InternationalStudentMovement

La grève a été appelée par l'International StudentMovement (ISM), qui est une plateforme pour leréseautage et la coordination des organisations et desmilitantEs à travers le monde.

Le gouvernement vient d'annoncer latenue d'un sommet visant à réfléchir àl'avenir de l'éducation supérieure auQuébec. Pour se faire, le gouvernementcompte aborder quatre grands sujets  :la qualité de l'éducation, l'accessibilité,la gouvernance et le financement etfinalement la contribution desétablissements et de la recherche audéveloppementdu Québec. Chaquethème sera abordé dans une rencontrethématique: il y en aura une à Québec,Rimouski, Trois-Rivière et Sherbrooke.Le tout finira sur une grande rencontreà la mi-février à Montréal.

Ces rencontres seront constituées à70  % du milieu de l'enseignementsupérieur et à 30  % de la société

civile, c'est-à-dire par des acteurs et actricesdu milieu privé. Bien qu'il soit de bonaugure qu'une majorité claire desparticipants et participantes à ce sommetproviennent du milieu de l'enseignement, ilreste que la présence du milieu privé estsuspecte.

Édition spéciale, semaine du 12 novembre 2012

Sommet sur l'éducation

Le privé seraprésentGuillaume Vézina, étudiant ensociologie

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Semaine de solidarité internationale

La mobilisation s'amorceComité aux luttes sociales

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Il s’agit d’une organisation autogérée par lesmilitantEs, sans exécutif. Le réseau encourage de lamême façon les structures anti-hiérarchiques dedémocratie directe, que ce soit dans les associationsétudiantes, les universités ou les structures politiquesnationales. L’ISM partage avec l’ASSÉ la revendicationd’une éducation gratuite et émancipatrice (donc quivise la transformation des personnes) et est contre lamarchandisation/privatisation de l’éducation.

La déclaration commune du regroupement seveut aussi contre n’importe quelle discrimination(socio-économique, genre, nationalité, orientationsexuelle, handicap) qui limiterait l’accès à des groupesde personnes à l’éducation. Depuis la fondation del’ISM en novembre 2008, plusieurs journées decoordination internationale d’ampleur variable ont eulieu.

Solidarité internationale, anti-impérialisme, anti-colonialisme

Le fait de développer des liens de solidaritéinternationale nous amène à réfléchir sur notre placedans la division internationale du capital et du travail.Ainsi, il existe des pays puissants qui   développent desprojets économiques colonialistes et des occupations  militaires,   qui concentrent le capital, la gestion, lagrosse consommation et les emplois les plus qualifiéstandis que les pays périphériques sont soumis à être lesfournisseurs de ressources naturelles, matièrespremières et main d’oeuvre   cheap dans unedynamique d’échange inégale qui les appauvritconstamment. Le Canada faisant partie des payspuissants,   le mouvement étudiant devrait cibler soncaractère impérialiste et s’y opposer afin de créer des

liens sincères de solidarité avec les autres mouvementsmettant de l’avant une éducation qui mène à laconstruction d’une société autonome, autosuffisante etsoutenable. Un discours anti-impérialiste ici est encomplète harmonie avec le principe d’éducationémancipatrice, car elle aiderait à comprendre et às’opposer aux dynamiques de domination canadiennesenvers les pays « dépendants ». C’est en comprenantces dynamiques seulement que nous pourrons

réellement résister ensemble à la marchandisationmondiale de l’éducation.

Il est important aussi de réfléchir au contenu denotre éducation. Ce que nous apprenons à l’école, c’estsouvent un construit qui vise à nous faire adhérer auconsensus de l’idéologie dominante. Par exemple,prenons nos cours d’histoire au secondaire. D’abord,nous n’apprenons qu’une seule vision de l’histoire(alors qu’il y en a plusieurs autres, qui ne se basent passur la chronologie événementielle entre autres, ouseulement en se rappelant que l’histoire apprise estcelle de ceux et celles qui ont «  gagné  ».) sans quejamais on nous laisse entendre que celle-ci estconstruite et a un parti pris, qu’elle est subjective. C’estpourquoi nous n’apprenons rien de plus sur les peuplesautochtones que le fait qu’ils et elles étaient là avantnous, sans chercher à approfondir davantage. Et biensûr, après la Nouvelle-France, on n’en parle plus dutout. D’ailleurs, le cursus académique qui nous estsoumis est le même dans les écoles des communautésautochtones. Ce qui veut dire que ceux-ci et celles-cin’aprennent pas leur histoire à l’école, ni leur langue, etsurtout pas dans leurs propres cadres conceptuels.

Alors que notre éducation peut reproduire desdynamique coloniales, notre solidarité doit elle aussisubir un processus de réflexivité et de décolonisation,afin de permettre une collaboration des différentesrésistances en respectant les façons de faire qui sontpropres à chaque lutte. Il est pertinent de se demanderce que nous pouvons apprendre d’eux et elles, que cesoit des méthodes comme la grève offensive (Chili) oul’inscription du discours étudiant dans un argumentaireplus large, comme celui de l’anti-impérialisme parexemple, qui est présent dans plusieurs organisationsétudiantes d’Amérique latine, entre autres.

L'université et le cégep sont des institutionspubliques, dont l'avenir devrait être décidé selonla volonté de la population, pas sous la pressiondes intérêts des entreprises privées. Leur présencerisque d'apporter une vision trop centrée surl'impératif de profit et de rentabilité à court termealors que l'éducation doit d'abord chercher àtransmettre un bagage culturel et scientifique.

Cela dit, ce sommet soulève des enjeux d'uneimportance capitale. Il y a bien sur une lutte àmener pour éviter une nouvelle hausse des fraisde scolarité. Le parti québécois affirme haut et fortque la position qu'il préconise est l'indexation desfrais de scolarité au coût de la vie1. Les étudianteset étudiants internationaux risquent eux aussi denouvelles augmentations. Nous savons que toute

hausse entraîne une diminution de l'accessibilité.En ce sens, l'indexation risque au mieux demaintenir stable une situation qui estinacceptable, et au pire, de l'accentuer. Dans unesociété démocratique, on devrait être fier departager la connaissance et non pas d'en faire unobjet de convoitise que certains et certaines nepourront jamais s'offrir. Outre le financement,l'ensemble des autres thématiques touchedirectement à l'avenir de l'éducation. Ainsi, latransformation de l'éducation supérieure vers unmodèle où celle-ci serait au service du marché etde l'entreprise privée pourrait bien être un enjeucentral de ce sommet. De plus en plus, l'éducationsupérieure délaisse son rôle de transmission dusavoir pour offrir des formations sur mesure,permettant de travailler chez un seul employeur,ou en effectuant de la recherche destinée à être

vendue. De telles façons de faire nuisent à lamission fondamentale de l'éducation supérieure etgaspillent des fonds publics alors que lesentreprises privées en bénéficiant ne dépensentpresque rien..

Il est donc primordial de rester vigilants etvigilantes face à ce sommet. La hausse des frais descolarité a été annulée grâce à notre mobilisationhistorique. Ne nous arrêtons pas là. Nous avonsencore de nombreuses raisons de nous mobiliser.Ensemble, envoyons un message clair augouvernement. Notre éducation devrait êtregratuite et nous voulons contribuer à la société,pas à l'entreprise privée.

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1 Indexation: augmentation automatique annuelle au

niveau de l 'inflation (environ 3% actuel lement).