ÉTUDE DE LA RESPIRATION ENDOGÈNE ET DE LA …

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HAL Id: hal-00900700 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00900700 Submitted on 1 Jan 1972 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. ÉTUDE DE LA RESPIRATION ENDOGÈNE ET DE LA SEGMENTATION DE L’OOCYSTE D’EIMERIA TENELLA DURANT LA SPOROGONIE P. yvore, P. Coudert To cite this version: P. yvore, P. Coudert. ÉTUDE DE LA RESPIRATION ENDOGÈNE ET DE LA SEGMENTATION DE L’OOCYSTE D’EIMERIA TENELLA DURANT LA SPOROGONIE. Annales de Recherches Vétérinaires, INRA Editions, 1972, 3 (1), pp.131-143. hal-00900700

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HAL Id: hal-00900700https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00900700

Submitted on 1 Jan 1972

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L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

ÉTUDE DE LA RESPIRATION ENDOGÈNE ET DELA SEGMENTATION DE L’OOCYSTE D’EIMERIA

TENELLA DURANT LA SPOROGONIEP. yvore, P. Coudert

To cite this version:P. yvore, P. Coudert. ÉTUDE DE LA RESPIRATION ENDOGÈNE ET DE LA SEGMENTATIONDE L’OOCYSTE D’EIMERIA TENELLA DURANT LA SPOROGONIE. Annales de RecherchesVétérinaires, INRA Editions, 1972, 3 (1), pp.131-143. �hal-00900700�

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ÉTUDE DE LA RESPIRATION ENDOGÈNEET DE LA SEGMENTATION

DE L’OOCYSTE D’EIMERIA TENELLA

DURANT LA SPOROGONIE

P. YVORE P. COUDERT

Station de Pathologie aviaire,Centre de Recherches de Tours, I. N. R. A.,

37 - Nouzilly

RÉSUMÉ

La sporogonie d’Eimeria tenella est un phénomène strictement aérobie que l’on peut diviseren 3 périodes. La première précède la segmentation ; la consommation d’oxygène y est à peu prèsconstante, excepté durant les deux dernières heures où elle augmente sensiblement.

Vient ensuite la segmentation qui est une période critique où un arrêt de l’oxygénation peutentraîner une évolution anarchique irréversible de l’oocyste. Enfin, durant la dernière période, larespiration diminue pour aboutir à la phase de repos qui suit la sporogonie.

Le quotient respiratoire, au début voisin de i, diminue régulièrement vers o,80.Les courbes cumulées de consommation d’oxygène et de dégagement de gaz carbonique sont

régulières, excepté durant les deux dernières heures de la première période. La consommationd’oxygène totale à 29°C pour la souche employée est d’environ 920 lil/io6 oocystes.

INTRODUCTION

C. PÉRARD en 1924 et 1925 a été probablement le premier à étudier l’évolutionde l’oocyste et sa sensibilité aux conditions physiques et à certains agents chimiques.Il a pu, en particulier, signaler le caractère aérobie de la sporogonie. D’autres auteursont complété ses observations. Cependant, les recherches récentes sur la biologie descoccidies et la résistance oocystique sont rares. Cela provient sans doute du dévelop-pement des méthodes de chimioprévention qui ont semblé, pendant un certain temps,capables de résoudre de manière satisfaisante le problème des coccidioses en avicul-ture. Malheureusement les échecs sont actuellement nombreux et le recours à desméthodes hygiéniques devient de plus en plus nécessaire. Même sous une protection

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chimique, l’environnement conditionne la contamination de l’élevage et plus celle-ci est élevée plus nous risquons de voir apparaître et se développer une souche chi-miorésistante. Enfin une infestation, même très faible, n’entrainant aucun troublepathologique apparent, peut être la cause d’une diminution de la production ou desa qualité.

Tous les auteurs ont constaté la résistance des oocystes à la plupart des agentschimiques et leur sensibilité à certaines conditions physiques, en particulier à lachaleur. Néanmoins certains résultats sont contradictoires et incomplets. Cela pour-rait provenir du choix des critères expérimentaux : taux de sporulation pour les

oocystes traités avant leur évolution, pouvoir infestant lorsque le traitement étaitappliqué à des oocystes déjà sporulés.

Le taux de sporulation est une mesure qui reflète imparfaitement la vitalité del’oocyste. Dans bien des cas celui-ci sera capable de commencer son évolution sansla mener à son terme, dans d’autres cas on obtiendra des formes anormales dont onne peut tenir compte. Ce critère est donc peu précis et il est presque toujours néces-saire d’avoir recours à l’inoculation d’animaux ; cela nécessite des conditions expé-rimentales parfois difficiles à mettre en oeuvre.

Nous avons cherché une autre méthode capable de nous donner aisément unemesure précise de la vitalité oocystique. La sporogonie est un phénomène aérobiedurant lequel il est possible de mesurer la consommation d’oxygène. Celle-ci reflétantl’activité métabolique de l’élément parasitaire peut constituer un critère expérimentalsensible et facile à mesurer. Il est néanmoins nécessaire d’avoir une connaissance

, précise du phénomène et des variations qui peuvent exister au cours de l’évolution.La comparaison entre deux lots ne peut se faire qu’en tenant compte de ces variationset, si cela est possible, en se plaçant dans une portion sensiblement linéaire dela courbe.

L’étude de la respiration oocystique durant la sporogonie a donc un double inté-rêt : épidémiologique et technologique.

Il existe peu de travaux sur la respiration endogène des Eimeria. B. F. SMITH et

C. A. HERRICK (1944) en réalisèrent les premiers l’étude avec Eimeria tenella enemployant la technique de Warburg. Leurs résultats sont très différents de ceux, plusrécents, de G. E. WAGENBACH (1968) obtenus par polarographie, P. A. G. WILsoN etD. PAiRBArRN (1961) ont étudié au Warburg la respiration de l’oocyste d’Eimeriaacervulina. Leurs observations sont assez semblables à celles de G. E. WAGENBACH ;les différences constatées peuvent être dues à la technique ou à l’espèce.

Il était donc nécessaire de reprendre l’étude de la sporogonie. Pour cela nous avonsemployé des oocystes d’Eimeria tenella évoluant à la température, optimum pour cetteespèce, de 29o C.

MÉTHODE D’ÉTUDE

i. - Obtention de la suspension d’éléments parasitaires

La souche d’Eimeria tenella est multipliée sur des animaux élevés à l’abri de contaminationparasitaire. Les oocystes sont recueillis jours après l’inoculation par raclage de la muqueusecaecale, homogénéisation et purification par flottation accélérée dans un mélange glycérine-eau(2 : i v/v). Après élimination de la glycérine par lavage, la suspension d’oocystes contient encore

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des impuretés et en particulier des bactéries. G. E. WnsErrsncx, J. R. Canr.LEY et W. C. BURNS(tg66) préconisent d’éliminer cette contamination en traitant la suspension par une solution d’hy-pochlorite puis par un mélange sulfochromique. Il est exact que ce traitement permet d’obtenirune suspension d’oocystes vivants parfaitement pure. Cependant, dans bien des cas, un certainpourcentage d’éléments parasitaires est détruit. Ceci est dû essentiellement à un échauffementau moment de l’addition du mélange sulfochromique. Même en maintenant la suspension dans unbain réfrigérant il est presque impossible d’empêcher une élévation de la température au niveaude certains oocystes. Cet échauffement est à éviter tout particulièrement dans les études de l’actionde la température où il risque de fausser les résultats. Nous avons constaté que le traitement par unesolution d’hypochlorite à 3,5 p. roo pendant 30 minutes suffit à purifier et à stériliser la suspensiond’oocystes. Les résultats sont comparables à ceux obtenus avec le mélange sulfochromique comptetenu du fait que les oocystes ne sont pas détruits. Nous employons donc cette technique plus simpleet plus satisfaisante. L’hypochlorite est ensuite éliminé par plusieurs lavages.

P. A. NYBERG et S. E. KNAPP (1970) ont montré, par une étude aa microscope électroniqueque l’hypochlorite de sodium supprime la membrane externe de l’oocyste. Les autres structuressont conservées. Il est peu probable que cette destruction de membrane puisse avoir une répercus-sion directe sur la respiration endogène.

D’ailleurs, comme l’ont montré L. MoNNE et G. HONIG (i954), la perméabilité de la coqueoocystique est conditionnée par la membrane interne, lipoprotéinique, insensible aux hypochlorites.

Le nombre d’oocystes contenus dans la suspension est évalué par des comptages à la cellulehématimétrique de Thoma.

Lors des lavages, les volumes d’eau employés sont importants et la quantité d’oxygène dissousest suffisante à elle seule pour permettre l’évolution. Il est donc nécessaire durant toutes les mani-pulations de maintenir les oocystes à une température inférieure à IO OC.

2. - Substrats

Pendant la sporogonie, il est indispensable d’empêcher toute évolution bactérienne. Ne pou-vant aisément travailler dans des conditions de stérilité suffisante, nous avons placé les oocystessoit dans un substrat défavorable au développement bactérien soit contenant un inhibiteur.

P. A. G. WILSON, D. FAIRBAIRN (ig6i) et G. E. WecENBncH (rg68), ont employé une solutiond’acide sulfurique décinormale qui, par son pH, élimine toute possibilité de croissance bactérienne.Nous avons vérifié qu’il en était ainsi sans que pour autant la sporogonie soit modifiée. Ceci nousa incité à employer cette méthode. Cependant, pour les mesures de dégagement de gaz carbonique,nous avons préféré avoir recours à un substrat neutre contenant un inhibiteur (Pénicilline-strep-tomycine ou Acétate de thallium) ; ce type de milieu est préférable car il donne des résultats plushomogènes.

Au tableau i nous avons résumé les résultats d’une expérience comparative qui nous]apermis de constater que les inhibiteurs bactériens employés, sont sans action sur l’évolutionde l’oocyste.

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3. - Mesures de la respiration

Deux méthodes sont utilisables pour mesurer la consommation d’oxygène au cours de lasporogonie : une méthode polarographique déjà employée par G. E. WAGENBACH (1968, ig6g)et la technique de Warburg qui a permis les premières mesures réalisées par H3. F. SMITH etC. A. HERRICK en 1944.

La méthode polarographique nécessite des prélèvements successifs ce qui peut parfoisentraîner des erreurs ou diminuer la précision des mesures. Elle provoque en particulier desmodifications quantitatives de la préparation étudiée. Nous préférons la technique de Warburgqui nous permet de suivre le phénomène de manière continue sur la même suspension d’oocys-tes avec un nombre suffisant de répétitions.

Dans chaque fiole réactionnelle nous plaçons un volume correspondant à 107 oocystes.Pour les mesures de consommation d’oxygène, le gaz carbonique est absorbé par o,i ml d’unesolution de potasse à 20 p. 100. Dans les études de quotient respiratoire, le dégagement degaz carbonique est évalué par méthode directe (W. W. UMBRFIT, R.H. BURRIS et J. F. STAUFFER,1964).

Après un équilibrage de la température pendant 15 minutes, les mesures sont effectuéesau début toutes les 30 minutes puis toutes les heures. Pour permettre de suivre l’évolutiondans sa totalité, deux lots de fioles réactionnelles sont constitués. Le premier est placé surl’appareil à 21 heures, et le second, conservé durant la nuit à -!4!C, à 9 heures le lendemainmatin. On peut ainsi faire sur 12 heures des observations correspondant à 24 heures d’évolution.

Dans chaque lot une fiole sert aux prélèvements pour l’étude de la segmentation au mi-croscope optique.

Le rythme d’agitation, qui a probablement une influence sur les mesures, est de 93 parminutes avec une amplitude de 65 mm.

RÉSULTATS

1. - Consommation d’oxygène

Elle atteint pratiquement son maximum dès la première demi-heure et tend en-suite à diminuer très lentement pour s’annuler vers la q8e heure. I.a courbe cumuléeest régulière (fig. i) et pratiquement linéaire durant les premières heures. Cependant,à la 5e et 6e heure la consommation est plus élevée qu’aux autres moments de l’évo-lution. Cette augmentation a été retrouvée, avec la souche employée, dans tous lesessais réalisés. A 2Q°C, cette période précède la segmentation qui débute à la 7 e heure.

La consommation totale d’oxygène durant les 48 heures est d’environ 920 4pour 10 millions d’oocystes. Cette valeur a été obtenue en tenant compte du taux desporulation final. Elle correspond à un taux théorique de 100 p. 100 de sporulation.

Les consommations moyennes, maximales et minimales durant les trois périodesprincipales, avant, durant et après la segmentation, sont rassemblées dans letableau 2.

Les variations au cours de ces trois périodes sont assez importantes mais seulel’augmentation précédant la segmentation est significative et constante. Nous revien-drons dans la discussion sur ces variations. Elles se compensent mutuellement et lacourbe cumulée a une allure régulière. Leurs causes tiennent dans la sensibilité de laméthode. En particulier la nécessité d’effectuer des remises à zéro au cours de l’expéri-mentation provoque non seulement une modification de la composition de la phasegazeuse mais surtout une brusque variation de pression à l’intérieur de la fiole réac-tionnelle. Cela modifie les échanges d’oxygène entre la phase aqueuse et la;phase gazeuseet peut donc perturber la mesure suivante. De même tout arrêt prolongé del’agitation

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modifie les résultats. C’est ainsi que lors d’un essai où les mesures étaient effectuées

toutes les 30 minutes, un oubli de remise en route de l’appareil pendantles 10 premièresminutes a entraîné une diminution d’environ 50 p. 100 de l’oxygène consommé. Il

est donc essentiel d’effectuer rapidement les mesures.

Cela montre déjà l’importance de la présence d’oxygène pour l’évolution du para-site. Le bloquage réversible du phénomène par l’acide cyanhydrique constitue unepreuve supplémentaire de la nécessité de cette aérobiose (P. A. G. WIIXON et D. FAm-

BAIRN, i96i). Ces auteurs provoquent un bloquage enzymatique ; nous avons préféréune démonstration directe en privant les oocystes d’oxygène. Nous avons prélevéles fioles de Warburg à des temps différents de l’évolution et empêché les échangesgazeux en plaçant à la surface de la suspension d’oocystes une couche d’huile deparaffine. Le maintien de la température était assuré à l’étuve à 2goC. Pour éviter

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une action prolongée de l’oxygène dissous dans le substrat nous avons utilisé unesuspension très riche en éléments parasitaires : 30 000 ooo d’oocystes par fiolepour un volume de liquide de 2,9 ml. L’oxygène dissous est ainsi très rapidementemployé.

Nous avons résumé les résultats au tableau 3.

Nous voyons que 24 heures après l’arrêt de l’oxygénation de la suspension,l’évolution que l’on constate ne correspond qu’à une demi-heure de la consom-mation d’oxygène (fig. i), le temps donc d’épuiser les réserves dissoutes dans lasuspension.

Dans les cas d’arrêt des échanges gazeux à la ge et 10e heure, nous avons constatéla présence à la z4e heure de nombreuses divisions anormales (3 ou 5 éléments, par-fois plus), les formes et les tailles étant très variables. I,’anaérobiose a donc entraînéune anoxie qui a eu pour conséquence une évolution anarchique de l’élément para-sitaire. I,e même phénomène s’observe pour quelques oocystes dans le lot prélevéà la 8e heure. Il semble donc qu’il y ait une période critique au cours de laquelle uneinsuffisance transitoire d’oxygène peut amener des troubles irréversibles de la seg-mentation. Au contraire, l’oocyste non sporulé ou sporulé est capable de résister long-temps à l’anaérobiose car ses échanges métaboliques sont très réduits.

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2. - Dégagement de gax carbonique et quotient yespiratoire

Nous avons rassemblé sur la figure 2 les résultats obtenus.

La production totale de gaz carbonique en 48 heures est d’environ 920 !.1 pourIO millions d’oocystes sporulés. Le volume est donc sensiblement égal à celui de l’oxy-gène consommé. Cependant le quotient respiratoire, rapport du gaz carbonique pro-duit sur l’oxygène consommé, d’abord légèrement supérieur à i,oo tend à diminuervers o,8o à la fin de la sporogonie. Cela indique un changement métabolique au coursde l’évolution. Un quotient égal à i est représentatif d’une utilisation glucidique et0,80 correspond à un métabolisme lipidique. Ceci demande néanmoins à être vérifiéet nous reviendrons sur ce point important dans la discussion.

Le dégagement de gaz carbonique n’entraîne pas d’acidification du substrat.Nous avons mesuré le pH de suspensions oocystales en eau distillée avec deux typesd’inhibiteurs bactériens : soit l’acétate de thallium à 0,25 p. 100, soit un mélangepénicilline-streptomycine (i ooo UI, 1 mg/1). Dans les deux cas le pH n’avait prati-quement pas varié au cours de l’évolution (6,9 à 6,8 avec le premier inhibiteur ;5.7 à 5,3 avec le second).

3. - Segmentation

A 20 °C, pour la souche employée, la segmentation débute entre la 7e et la 8e heureet elle se termine vers la 25e heure. Nous avons distingué 3 stades successifs durantcette évolution : « stade de début » « stade 4 » et « stade 8 ».

Au stade de « début », la masse protoplasmique contenue dans l’oocyste se déforme.G. E. WAGENBACH et W. C. BURNS (ig6g) ont décrit la formation d’un fuseau quireprésente la première division. Nous ne l’avons pas retrouvé dans nos observations.Il y a généralement un éclaircissement central mais surtout une déformation proto-plasmique qui donne très vite naissance à une forme en croix évoluant rapidement

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vers la formation de 4 masses distinctes de formetëtraédrique, origine des sporocystes.Lors de cette évolution (planche i) on ne distingue aucune manifestation de caryo-cynèse. Les noyaux ne sont pas visibles. Il serait intéressant d’étudier ce phénomèneen microscopie électronique pour essayer de suivre le devenir du matériel nucléaire.Ce « stade de début », que nous n’avons pas voulu diviser, est de très courte durée.Débutant entre la !° et la 8e heure, il se termine à la ioe, la plupart des oocystes ontalors atteint le stade q..

Au « stade 4 », la coque oocystale contient 4 masses protoplasmiques tétraédriquesqui vont s’organiser, prendre une forme sphérique puis fusiforme aboutissant à la for-mation des sporocystes. Ce stade dure environ 9 heures.

Le « stade 8 » correspond à la formation à l’intérieur des sporocystes de 2 sporo-zoïtes. On observe une scission médiane qui, à 29 -C, débute vers la z9e ou 2oe heurede l’évolution. I,’observation est souvent gênée par la présence du reliquat cytoplas-mique (planche I).

DISCUSSION

L’oocyste, après son émission avec les excreta dans le milieu extérieur, va suivreune évolution durant laquelle on peut distinguer plusieurs phases.

Une première période, facultative, avant la sporogonie, quand les conditionsd’environnement ne permettent pas à celle-ci de se réaliser : température défavorableou manque d’oxygénation du milieu. A ce stade, l’anaérobiose n’a aucune conséquencenéfaste sur le parasite.

La sporogonie proprement dite se divise en trois périodes. La première, préseg-mentaire, dure environ 7 heures à la température de 29-C et se caractérise par deséchanges gazeux intenses avec un quotient respiratoire voisin de i correspondant àun métabolisme glucidique. Vient ensuite la segmentation durant laquelle la présenced’oxygène semble non seulement indispensable à l’évolution elle-même mais aussià la survie de l’oocyste. L’anoxie est la cause d’un développement anarchique de l’élé-ment parasitaire. Durant cette période, les échanges gazeux se ralentissent et le quo-tient respiratoire diminue. Le métabolisme semble évoluer vers un emploi des lipides.Enfin la troisième période, post-segmentaire, prépare au repos qui suit la sporogonie.Les échanges respiratoires s’annulent lentement ou tout au moins atteignent desvaleurs très faibles.

La sporogonie est suivie d’une période de vie ralentie où l’oocyste, par la réduc-tion des échanges métaboliques et grâce à des réserves énergétiques importantes,peut résister aux conditions d’environnement pendant plusieurs mois en attendantd’être ingéré par un hôte réceptif. Durant cette période, l’anaérobiose semble êtresans graves conséquences pour le parasite.

La nécessité d’une oxygénation du milieu durant la sporogonie explique les anta-gonismes bactériens que l’on peut constater expérimentalement. Le traitement delitières contaminées par des antiseptiques dépourvus d’action pour les oocystes, nousa permis d’obtenir avec des animaux neufs des coccidioses plus graves que cellesobservées sur des animaux placés sur litières non traitées. Il reste cependant que,dans les conditions naturelles, le degré d’oxygénation doit être très variable et il est

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curieux de constater que, malgré cela, une fraction importante des oocystes arriveà évoluer. En dehors de la période critique, durant le stade 4, il ne semble pas qu’untaux d’oxygène passagèrement insuffisant puisse avoir des conséquences graves pourl’oocyste. Celui-ci serait capable de ralentir ou d’interrompre temporairement sonévolution.

I,es deux auteurs qui ont étudié la consommation d’oxygène par Eimeria tenelladurant la sporogonie ont obtenu des résultats très différents : la moyenne horairedurant les dix premières heures, à 29-C, et par million d’oocystes est de 4,75 4d’oxygène pour G. E. WAGENBACH (1968) et de 13,8 !tl pour B. F. SMITH et C. A. HER-RICK (1944). Nos résultats sont proches de ceux de G. E. WAG!NBACx. La valeurmoyenne est même un peu plus faible. Cela provient sans doute d’une différence desouche, celle que nous avons employée semble évoluer un peu plus lentement. G. E.WAGENBncH a observé des variations assez importantes durant l’évolution. Nousne lesavons pas retrouvées mais cela peut provenir de la différence des techniques employées.Ces mesures ont été effectuées sur des échantillons successifsétudiésparpolarographie.Pour nous la seule variation que l’on retrouve constamment est une augmentationpassagère, et relativement peu importante, de la consommation d’oxygène justeavant le début de la segmentation.

Le quotient respiratoire diminue lentement durant la sporogonie. Avec Eimeriaacervulina P. A. G. WILSON et D. FAIRBAIRN (1961) ont constaté un changementmétabolique durant l’évolution de l’oocyste : passage assez brutal de l’utilisation deglucides à celle de lipides. Nos observations ont le même sens bien que le quotientrespiratoire n’ait qu’une valeur relative qui demande une vérification par des tech-niques analytiques. Néanmoins cette diminution est très progressive et ne corresponddonc pas au changement rapide et complet constaté par P. A. G. WILSON et D. Fnrx-BAIRN. Si les dosages de l’amylopectine, qui constitue la réserve glucidique de l’oocyste,sont faciles à réaliser, ceux des lipides sont difficiles car il faut faire appel à des extrac-tions et à des pesées qui nécessitent un grand nombre d’éléments parasitaires et denombreuses manipulations. Il serait pourtant nécessaire d’étudier ce problème impor-tant du point de vue de l’évolution et de la résistance de l’oocyste.

La segmentation exigerait une étude de l’ultrastructure aux différents stadescar, comme nous l’avons dit, nous observons au microscope optique directement laformation de 4 éléments sans que l’on puisse suivre le devenir du matériel nucléaire.

CONCLUSIONS

L’oocyste non sporulé contient une abondante réserve glucidique, formée degrains d’amylopectine, et lipidique dont la nature est moins bien connue. Ces sub-stances permettront à l’oocyste d’évoluer si le milieu est favorable ou de survivre assezlongtemps dans le cas contraire. Son évolution est un phénomène strictement aérobie,pour Eimeria tenella tout au moins, et sa durée est fonction de la température. Deuxaspects intéressants ressortent de nos observations : la présence d’une phase critiqueet l’allure de la courbe cumulée de consommation d’oxygène.

En premier lieu, la mise en évidence d’une période critique durant la segmentationest un fait nouveau. Quand la sporulation a débuté, l’anaérobiose provoque à partir

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de la 8e heure environ, à 29-C, une anoxie passagère qui entraîne non seulement unarrêt de l’évolution mais aussi l’apparition de formes anarchiques irréversibles. C’estla seule période qui semble sensible aux conditions défavorables du milieu. Les consé-quences de cette sensibilité peuvent être importantes car, avant d’atteindre la périodede segmentation, les échanges respiratoires sont importants et peuvent épuiser par-tiellement les réserves d’oxygène du milieu. Celui-ci contient le plus souvent une popu-lation bactérienne nombreuse qui, elle aussi, l’appauvrit en oxygène. On comprendalors facilement l’action bénéfique pour la sporulation des désinfectants antibacté-riens, surtout si ceux-ci sont employés peu de temps après la contamination du solou de la litière par les oocystes.

Les échanges respiratoires et l’aspect de la courbe cumulée de la consommationd’oxygène ont un intérêt expérimental. L’étude de la respiration constitue une mesurede la vitalité oocystique, lors de traitements par des agents chimiques ou physiques parexemple. Nous avons pu ainsi utiliser ce critère expérimental pour l’étude de la sensi-bilité de l’oocyste d’Eimeria tenella à la température.

Le changement métabolique décrit pour Eimeyia acervulina par P. A. G. Wii!ONet D. FAIRBAIRN (1961) semble se retrouver pour Eimeria tenella mais il serait néces-saire de compléter nos observations par une étude de la nature des lipides contenusdans le parasite, et de leur métabolisme. Nous avons constaté dans d’autres expéri-mentations que des oocystes, produits par des animaux à qui nous avions administrécertains anticoccidiens durant la période de gamogonie, ont eu un taux de sporulationréduit mais également, pour ceux qui évoluaient, une période de segmentation pluslongue, bien que débutant au même moment, que celle des oocystes des lots témoins.Cela se produit au moins avec des quinoléines et des antithiaminiques. Cette sensi-bilité de la période de segmentation est aussi à rapprocher de la nécessité d’oxygéna-tion permanente à ce moment. Nous avons du reste retrouvé avec les anticoccidiensdes formes anormales assez comparables à celles obtenues par anoxie durant la seg-mentation. Quelques-unes de ces observations ont déjà été publiées (P. YvopE, ig6g).

L’étude du métabolisme durant la sporogonie a donc un triple intérêt : connais-sance des besoins du parasite à ce stade, possibilité d’une mesure de l’action d’agentschimiques ou physiques ; étude du mode d’action de substances anticoccidiennes.

Reçu pour publication en septembre 1971.

SUMMARY

A STUDY OF THE ENDOGENOUS RESPIRATION AND OOCYST SEGMENTATION

OF EIMERIA TENELLA DURING SPOROGENESIS.

A study of the endogenous respiration and oocyst segmentation of Eimeyia tenella duringsporogenesis has been achieved with a suspension of oocysts purified by floatation and treat-ment with a solution of hypochlorite ; the substrate was made up with decinormal sulphuricacid. The oxygen consumption and carbon dioxide evolution were measured by the Warburgtechnique.

Sporogenesis of Eimeria tenella was strictly aerobic and could be divided into three periods.,The first period preceded segmentation and the oxygen consumption was a little more constanthere except for an appreciable increase during the last two hours.

Segmentation then followed. This was a critical period where cessation of oxygenation began

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the development of an irreversible disorder of the oocyst. During the last period, respirationdiminished to end at the rest phase that followed sporogenesis.

The respiratory quotient was ca. I at the beginning and fell regularly to ca. 0.80.The cumulative curves of oxygen consumption and carbon dioxide evolution were regular

except during the last two hours of the first period. The total oxygen consumption at 2oo C forthe strain used was ca. 920 ¡L IfI08 oocysts.

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