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Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada Rashed Al Mahmud Titumir et Jakir Hossain

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Étude de cas : le Bangladesh -

Progrès dans la mise en application des OMD

et contribution du Canada

Rashed Al Mahmud Titumir et Jakir Hossain

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

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Introduction

Àl’instar de la plupart desnations, le Bangladesh asigné la Déclaration du

Millénaire (DM) des NationsUnies,1 adoptée à l’occasion de laplus grande réunion jamais orga-nisée de chefs d’État au cours delaquelle huit objectifs précisaccompagnés de 18 cibles spéci-fiques, furent arrêtés. La Déclara-tion énonce une vision pour le XXIesiècle et estime que certainesvaleurs fondamentales doiventsous-tendre les relations interna-tionales au XXIe siècle, soit laliberté, l’égalité, la solidarité, latolérance, le respect de la nature etle partage des responsabilités.C’est ainsi que des engagementsont été pris dans les domaines de lapaix, de la sécurité et du désarme-ment; du développement et del’élimination de la pauvreté; del’environnement; des droits de lapersonne, de la démocratie et de labonne gouvernance; de la protec-tion des groupes vulnérables; de laréponse à apporter aux besoinsspéciaux de l’Afrique, et du ren-forcement de l’Organisation desNations Unies.

La feuille de route sur la miseen application de ces engage-ments avancés dans les huitObjectifs du Millénaire pour ledéveloppement (OMD), àréaliser d’ici à 2015, porte surdes domaines de développementquantifiables faisant apparaîtreles progrès réalisés en vue descibles spécifiques de chacundes objectifs.

Le Bangladesh a fixé quelquescibles nationales conformes auxOMD internationaux. Quatre ansaprès la déclaration des OMD, lemoment est opportun de faire lepoint sur leur mise en application.La présente étude de cas sur leBangladesh tente de faciliter cetexercice en se concentrant sur lesprogrès dans deux secteurs,principalement l’éducation et lasanté, en plus d’apporter uneévaluation préliminaire de lacontribution d’un donateurbilatéral – l’Agence canadiennede développement international(ACDI) – en vue de la promotiondes OMD.

Étude de cas : le Bangladesh -

Progrès dans la mise en application des

OMD et contribution du CanadaRashed Al Mahmud Titumir et Jakir Hossain

Mise en application des OMD au BangladeshRéalisations des OMD selon le gouvernement

Le gouvernement du Bangladesh (GdB)compte très fortement réaliser lamajorité des objectifs, si ce n’est tous,d’ici à l’échéance fixée. Une étude desprogrès en vue de la réalisation desOMD, préparée conjointement par legouvernement du Bangladesh etl’équipe nationale des Nations Unies auBangladesh, laisse entendre que ce paysest « sur la bonne voie » en vue de laréalisation de la majorité des ciblestelles que la mortalité infantile, lamortalité juvénile, l’élargissement del’éducation primaire et secondaire, laréduction de la disparité entre les sexes,et l’éradication de la faim sous la formede la malnutrition des enfants (tableau1). Le Cadre stratégique de lutte contrela pauvreté (CSLP) du Bangladeshprécise que le rythme des réalisationsdu pays au cours de la période 1990-2000 est conforme ou bien mêmesupérieur à celui des progrès annuelsindispensables pour atteindre les OMDd’ici à 2015.

Pour réaliser l’Objectif 1 (réduirel’extrême pauvreté et la faim), leBangladesh doit diminuer le pourcentagede sa population ayant un revenuinférieur à 1 $US (parité des pouvoirsd’achat – PPA) par jour de 50 p. 100 en2000 à 29 p. 100, et le pourcentage despersonnes vivant dans l’extrême pauvretéde 20 p. 100 en 2000 à 14 p. 100 en2015. Selon le point de vue officiel,l’indice de pauvreté n’a diminué qued’un point de pourcentage par an, aulieu des deux qui étaient nécessaires,passant de 58,8 p. 100 à 49,6 p. 100durant les neuf années entre 1991-1992et 2000.

Les cibles de l’Objectif 2 (assurerl’éducation primaire pour tous) sontapparemment elles aussi sur la bonnevoie, révélant d’importantes réalisationsen ce qui a trait au nombre net d’inscrip-tions dans l’éducation primaire (73,7 p.100 en 1992 à 82,7 p. 100 en 2002) etau taux de succès en éducation primaire(42,5 p. 100 en 1992 contre 80,6 p. 100en 2002). Il est aussi indiqué que l’écartentre les sexes au niveau des inscriptionsau primaire comme au secondaire (OMD3 – promouvoir l’égalité des sexes etl’autonomisation des femmes) a étévirtuellement éliminé. Selon les statis-tiques officielles, le rapport entre les filleset les garçons dans les écoles primaires etsecondaires est de 48:52 et de 52:48,respectivement, soit près de la cible fixéeà 50:50 d’ici à 2015.

Cependant, d’après une récente étudeentreprise par la Banque mondiale,même en faisant appel à des mécanismesd’intervention tels que la diminution desrapports étudiants:enseignants etl’élargissement du programmed’allocations à l’éducation primaire, lenombre net d’inscriptions au primairene dépasserait pas les 90 p. 100 et letaux de réussite resterait en dessous des85 p. 100 en 2015.2

En ce qui a trait à l’OMD 4 (réduire lamortalité infantile), les statistiquesofficielles font apparaître une diminutionsubstantielle des taux de mortalité chezles moins de cinq ans, de 151 à 76 parmillier de naissances vivantes entre 1990et 2002. Dans le même ordre d’idées, lamortalité infantile a chuté de 94 par1 000 naissances vivantes en 1990 à56 par mille naissances vivantes en 2002.Le taux de mortalité maternelle (OMD 5– améliorer la santé maternelle) auraitdiminué de 570 à 320 – 400 décès parcent mille naissances vivantes entre 1990et 2002.

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Table 1

Cibles des OMD et situation au Bangladesh

Année de Situation CibleCibles du Bangladesh Indicateurs basea actuelle 2015

Objectif 1 Réduire l’extrême pauvreté et la faim

Réduire la proportion de la population • Proportion de la population vivant 58,8 % 49,6 % 29,4 %dont le revenu est inférieur à avec moins de 1 $US par jour 1 $US par jour (valeurs PPA)

• Rapport de l’écart de pauvreté 17,2 12,9

Réduire de 28 % en 1991 à 14 % • Proportion de la population qui 28 % 20 % 14 %d’ici à 2015 la proportion de la vit dans l’extrême pauvretépopulation qui vit dans l’extrême • Pourcentage du quintile le plus pauvre 9 %pauvreté dans la consommation nationale

• Prévention des enfants souffrant d’insuffisance pondérale (moins de cinq ans) 67 % 51 % 33,5 %

Objectif 2 Assurer l’éducation primaire pour tous

Augmenter le nombre net d’inscriptions • Taux net d’inscriptions dans 73,7 % 82,7 % 100 %de 73,7 % en 1992 à 100 % d’ici à 2015 l’éducation primaire

Réduire les taux d’abandon • Proportion d’élèves qui entrent en 42,5 % 80,6 % 100 %scolaire au niveau primaire de première année et qui atteignent 38 % en 1994 à 0 % d’ici à 2015 la cinquième année

• Taux d’alphabétisation des adultes 36,9 % 38,8 %

Objectif 3 Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

Éliminer les disparités entre les sexes • Rapport de filles-garçons dansdans les enseignements primaire l’enseignement :et secondaire d’ici à 2005, si —primaire 55:45 48:52 49:51possible, et à tous les niveaux de —secondaire 34:66 52:48 50:50l’enseignement en 2015, au —tertiaire 25:75 36:64 50:50plus tard. • Rapport femmes – hommes 42:65 55:71 100:10

alphabètes de 20-24 ans• Pourcentage de femmes ayant un 22 % 0

emploi salarié dans le secteur non agricole

• Pourcentage de sièges détenus par 2 %des femmes au Parlement national

Objectif 4 Réduire la mortalité infantile

Réduire le taux de mortalité des enfants • Taux de mortalité des enfants de 151 82 50de moins de cinq ans de 151 décès moins de cinq ans (décès parpar 1 000 naissances vivantes en 1990 1 000 naissances vivantes)à 50 d’ici à 2015. • Taux de mortalité infantile (décès 94 56 31

par 1 000 naissances vivantes)• Pourcentage d’enfants d’un an 54 % 69 % 100 %

immunisés contre la rougeole

Objectif 5 Améliorer la santé maternelle

Réduire le taux de mortalité maternelle • Taux de mortalité maternelle 570 320-400 143Augmenter la proportion • Proportion d’accouchements assistés d’accouchements assistés par du par du personnel de santé qualifié 5 % 12% 50 % d’icipersonnel de santé qualifié à 2010Réduire l’ISF de 2,2 d’ici à 2010 • Indice synthétique de fécondité 3,3 3,3 2.2 by

2010Réduire la malnutrition maternelle • Proportion de mères mal nourries 45 % <20 %Augmenter l’âge médian des filles • Âge légal stipulé au premier mariageau premier mariage des filles 18 ans 20 ansÉliminer la violence faite aux femmes • Proportion de décès maternels

causés par la violence 14 % 0 %

Nota : a L’année de base varie et les données font référence à 1991-1992 pour l’Objectif 1, à 1992 pour les Objectifs 2et 3, et à 1990 pour les Objectifs 4 et 5.

Source : Gouvernement du Bangladesh et Nations Unies, 2005.

Le rapport officiel tient compte du faitque l’un des principaux obstacles auprogrès en vue de la réduction de lapauvreté concerne l’absence de crois-sance réelle par habitant et le plafon-nement de la diminution de la croissancede la population. Il est indispensable quela croissance réelle par habitant atteigne4 à 5 p. 100 par an pour réaliser la ciblerelative à la réduction de la pauvreté,laquelle pourra être atteinte grâce à untaux de croissance réelle et globale durevenu de 6 à 7 p. 100 par an, sur unepériode prolongée, parallèlement à unecroissance de la population d’environ1,5 p. 100. Le rapport d’étape officielavance par ailleurs que le récent nivelle-ment des taux d’ensemble de fertilitéconstitue une source d’inquiétudes en cesens qu’ils pourraient avoir des répercus-sions non seulement sur la réduction dela pauvreté mais aussi sur la réalisationdes autres OMD.

Toujours selon le rapport officiel, desaméliorations ont été enregistrées dans le

domaine de la santé, particulièrement ence qui a trait à la diminution des taux demortalité maternelle. Toutefois, il indiqueque les taux de mortalité infantile etjuvénile restent élevés et qu’il est peuprobable qu’ils atteindront les cibles desOMD en 2015, à moins que les progrèsne s’accélèrent. Le rapport précise enoutre que le Bangladesh a déjà atteint lescibles de l’OMD 7 (assurer un environ-nement durable) en ce qui concernel’eau, mais que l’accès à des installationssanitaires améliorées reste faible, bienque cet accès ait été quelque peumeilleur durant les années 1990.

Malgré la preuve de tels progrès dans lessecteurs sociaux, les statistiques de cerapport font apparaître deux nouveauxdéfis pouvant faire obstacle à la réalisa-tion des objectifs. Tout d’abord, il est faitallusion à un niveau très élevé d’inégalitésociale qui concerne toutes les ciblessociales clés. Deuxièmement, la démarca-tion entre les riches et les pauvres est trèsévidente et révèle une tendance à la

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1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04

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Dép

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Source : Ministère des Finances, gouvernement du Bangladesh, budget national, diverses années.

Total des dépenses publiques en éducation primaire en pourcentage du PIB

Graphique 1

hausse à long terme; l’écart entre les pluspauvres et le reste de la société est parti-culièrement inquiétant. Par exemple, lesdifférences entre les plus pauvres et lesplus riches se situent entre 68-93 p. 100dans le cas des taux de mortalité infantileet en bas âge; à 46 p. 100 et 196 p. 100dans le cas des inscriptions au primaire etde celles au secondaire, respectivement;entre 64 et 104 p. 100 dans le cas de lamalnutrition des enfants; entre 72 et89 p. 100 dans le cas de la malnutritionmaternelle (d’après le critère de la« taille »), entre 32 et 50 p. 100 dans lecas de la malnutrition maternelle (d’aprèsl’indice de « masse corporelle ») et à71 p. 100 dans le cas de l’indice synthé-tique de fécondité (ISF). La variabilitéspatiale de l’Indicateur de la pauvretéhumaine (IPH) évaluée pour les districts adiminué de 13,16 à 11,98 entre 1995 et2000, indiquant de modestes améliora-tions dans l’inégalité spatiale. Un niveauélevé d’inégalité dans les dimensionsspatiales et les catégories socio-économiques doit être considéré commeun facteur pouvant entraîner desvariations dans le progrès en vue de laréalisation des OMD sociaux (objectifs 2à 5) au cours de la décennie à venir.Toutefois, le gouvernement est optimiste,et convaincu que d’après les tendanceshistoriques il parviendra à réaliser laplupart des OMD au niveau agrégé d’icià 2015.3

Rapport sur la mise enapplication des OMD : Grosplan sur les secteurs del’éducation et de la santé Éducation

Les statistiques sur les inscriptions auniveau primaire et les taux d’alphabétisa-

tion font l’objet d’un débat sérieux, dufait qu’un certain nombre de sourcesfournissent des chiffres contradictoires.Quelques progrès ont été enregistrésquant au nombre d’inscriptions, mais leschiffres officiels des inscriptions auprimaire de 82,7 p. 1004 ont été con-testés par les enquêtes à l’échellenationale5 qui donnent plutôt le chiffred’environ 80 p. 100.

Le taux d’abandon élevé (33 p. 100 en2004) a contrebalancé l’augmentationdes inscriptions, bien qu’il ait été recenséà moins de 38 p. 100 en 1994.6 Le tauxglobal d’alphabétisation de 41,4 p. 100découlant d’une enquête à l’échelonnational7 est très nettement inférieur auxstatistiques officiellement annoncées(49,6 p. 100). Les taux d’alphabétisationdes adultes font apparaître un écart auniveau des sexes et une disparité spatiale.Malgré une augmentation constante dutaux d’alphabétisation des femmesdepuis 1990, grâce à un certain nombred’interventions gouvernementales spéci-fiques et non gouvernementales, les tauxenregistrés chez les hommes restent plusélevés (47,6 p. 100) que chez les femmes(35,6 p. 100). Le nombre d’alphabètesdans les régions rurales (37,2 p. 100) esttrès nettement inférieur à celui desrégions urbaines (63,6 p. 100). Bien quela motivation concernant l’accent mis surl’éducation primaire dans les OMDdécoule de toute évidence de la volontéd’augmenter l’efficacité et la répartition,le système d’éducation du Bangladeshsemble être resté à la fois élitiste etexclusif.8

La qualité de l’éducation constitue elleaussi un gros sujet de préoccupation.9 Enmoyenne, les élèves prennent 6,6 annéespour terminer le cycle d’études primairesde cinq ans. Parmi ceux qui terminent cecycle, 1,6 p. 100 seulement acquièrent

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toutes les compétences cognitivesprescrites dans le programme d’étudesnational. Les taux de présence faibles(61 p. 100, selon le sexe, les régionsrurales et urbaines, et les divisionsadministratives), l’insuffisance des heuresd’enseignement (120 minutes pour lesannées I-II et 240 minutes pour lesannées III-IV), de même qu’un rapportétudiant-enseignant défavorable (59:1),sont autant d’exemples de préoccupa-tions touchant la question de la qualitéde l’enseignement.

La tendance à la baisse des dépensespubliques consacrées à l’éducationprimaire constitue une autre préoccupa-tion. L’ensemble des dépenses publiquesen pourcentage du produit intérieur brut (PIB) a constamment diminué,chutant de 1,09 p. 100 en 1993-1994 à 0,81 p. 100 environ en 2003-2004(voir figure 1).

Les dépenses publiques consacrées àl’éducation primaire, par élève, enpourcentage du produit intérieur brut(PIB) par habitant sont passées de9,12 p. 100 en 1993-1994 à 7,09 p. 100en 2003-2004. En 1993-1994, le PIB parhabitant s’élevait à 11 505 taka (Tk), etles dépenses par élève étaient de1 050 Tk. En 2003-2004, le PIB parhabitant était de 24 598 Tk, et lesdépenses par élève, 1 743 Tk (figure 2).

En termes absolus, le montant totaldes dépenses consacrées à l’éducationprimaire au fil des ans a augmenté, bienqu’en pourcentage du budget total del’éducation, ce montant soit passé de53,48 p. 100 en 1993-1994 à 39,99 p.100 en 2003-2004. En 1993-1994, lemontant total des allocations consacréesà l’éducation primaire s’élevait à14 764,70 millions Tk, et à 27 020 mil-lions Tk en 2003-2004 (figure 3). Dans

le budget national du Bangladesh,l’enveloppe du Annual DevelopmentProgram (programme de perfection-nement annuel – PPA) consacrée àl’éducation primaire, bien qu’elle aitaugmenté en termes absolus, a diminuéen pourcentage du montant total du PPAconsacré à l’éducation, chutant de65,81 p. 100 en 1993-1994 à 46,96 p.100 en 2003-2004. En 1993-1994, lemontant total de l’allocation dans le PPApour l’éducation primaire était de6 285,90 millions Tk, et en 2003-2004,de 10 720 millions Tk.

Santé

Le secteur de la santé au Bangladesh asubi un certain nombre de réformes,principalement entreprises dans le cadredu Programme sur le secteur de la santéet de la population (HPSP) qui a pris finen décembre 2003. Ce programme deréforme est conforme aux instructionsincluses dans le Rapport de la Banquemondiale de 1993 sur le développementdans le monde (RDM), intitulé Investirdans la santé, lequel préconise unerestructuration des systèmes de santé enfonction de l’idéologie néo-libérale et dumarché libre. Ce rapport recommandeun ensemble de systèmes de privatisationet de recouvrement des coûts ainsi qued’autres mesures qui ont tendance àmettre les soins de santé hors d’atteintedes pauvres. Il est permis de penserqu’en raison de la participation de laBanque mondiale au secteur des soinsde santé, les services complets de soinsde santé primaires (SSP) ont été misde côté.

Des approches différentes au finance-ment de la santé – autre élémentcommun des programmes de réforme –ont également favorisé la privatisation,

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Dépenses publiques en éducation primaire, par élève, en pourcentage du PIB par habitant

Graphique 2

9,128,93

7,397,73

6,96 7,04

7,74

8,237,89

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Dépenses publiques en éducation primaire par élève en pourcentage du PIB par habitant. .

Source : Ministère des Finances, gouvernement du Bangladesh, budget national, diverses années.

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(%

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Allocations à l’éducation primaire en pourcentage du budget total de l’éducation

Graphique 3

48,88

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Source : Ministère des Finances, gouvernement du Bangladesh, budget national, diverses années.

laquelle est fréquemment devenue unefin en soi plutôt que de servir d’instru-ment de changement. La croissance dusecteur privé des soins de santé a biensouvent entraîné un déplacement descoûts vers les ménages en raison del’augmentation du partage des coûts; desdécisions quant à la détermination despriorités touchant le choix des services(ou programmes de soins) à financer àpartir des fonds publics; et de l’élabora-tion de régimes d’assurance privésconcurrentiels et de mécanismes depaiement informels. En raison dedifférences dans la capacité à payer,toutes ces nouvelles approches definancement sapent les politiques desanté axées sur l’équité, ce qui laisseentendre que la privatisation reposesur des engagements idéologiquesplutôt que sur des preuves matériellesde son efficacité.

Les donateurs prescrivent que le nouveauprogramme sur le secteur de la santé, dela nutrition et de la population (HNPSP)doit prendre en considération le rôle duministère de la Santé et de la Protectionde la famille (MOHFW) au-delà de laprestation de services. Les donateurspréviennent en effet que le HNPSP devrapréciser de quelle manière le ministèrepeut commander des services auprès dusecteur privé et de fournisseurs d’ONG,mieux réglementer les services fournispar le secteur privé et mettre en vigueurdes frais d’utilisation. Toutefois, les faitsrévèlent que le secteur public a toujoursété le principal fournisseur de serviceset que les pauvres profitent égalementdu secteur.

L’analyse de l’incidence des retombées(AIR) effectuée par le MOHFW révèle queles avantages pour le quintile du revenudes plus pauvres dépassent ceux des plusriches, ce qui indique que les installations

de santé publique du pays sont générale-ment favorables aux pauvres. L’enquêterévèle par ailleurs que l’utilisation desservices au niveau des upazila (sous-districts) et en dessous est dominée parles deux derniers quintiles. Les 30 p 100de la population parmi les plus pauvresreprésentent 53 p. 100 des utilisateurs àces niveaux.10 Les sondages de sortieeffectuées dans le cadre de l’examen desdépenses en santé publique de 1999-2000 par la Health Economics Unit duMOHFW11 ont par ailleurs révélé quel’utilisation des installations de soins desanté primaires cliniques, si l’on en croitles taux de présence, fait apparaître quece sont principalement les groupes derevenus les moins élevés qui utilisent cesservices. Le dernier quintile représenteplus de 35 p. 100 des visites alors que legroupe le plus riche ne compte que pour14 p. 100 d’entre elles. Toutefois, leprocessus d’accès aux soins a été jugéinéquitable du fait que les pauvresdoivent attendre plus longtemps et payerdavantage pour obtenir les services.

La définition et le contrôle des soinsde santé par les professionnels de lamédecine a entraîné sa réification, soit saconfiguration en un produit, lequel peutêtre vendu ou échangé contre un profit.En raison de la nature mercantile dessoins de santé, on a constaté un accentplus prononcé sur les aspects thérapeu-tiques et une diminution des aspectspréventifs et plus particulièrementpromotionnels, du fait qu’il est plusprobable que les premiers soient achetésen cas de maladie aiguë, les derniersétant considérés comme moins néces-saires en raison de l’impact à la foismoins direct et immédiat sur les pro-blèmes de santé actuels. La prédominancedes aspects thérapeutiques a été renfor-cée par un certain nombre de facteurs,

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les plus importants d’entre eux étantl’industrie des soins de santé, l’éducationdes professionnels de la santé, et lesapproches nouvelles et influentes en vuede l’élaboration d’interventions rentablesdans le domaine de la santé.

La deuxième enquête nationale sur lasanté vient confirmer l’observation ci-dessus. Ses résultats révèlent eneffet que 70 p. 100 des dépenses enmatière de santé au Bangladesh sont desmenues dépenses, 50 p. 100 servant àacheter des médicaments et produitspharmaceutiques.

Le gigantesque programme sur le secteurde la santé et de la population (HPSP)n’est pas parvenu et ce, de très loin, àatteindre ses objectifs principaux quiconsistaient à réduire les taux élevés demortalité maternelle et juvénile durantson application sur cinq ans. La réductiondu taux de malnutrition occupait parailleurs une place centrale dans leprogramme de 114 190 Tk (60 Tk =1 $US) que le ministère de la Santé alancé en juillet 1998. Plus de 95 p. 100des naissances ont lieu au domicile, avecl’aide uniquement de personnes n’ayantaucune formation. L’accouchement entoute sécurité, et plus particulièrementdans les régions rurales, est encore bienloin de la réalité. Les taux de mortalitédes enfants de moins de cinq ans restenttoujours extrêmement élevés, les décèsétant causés principalement par desinfections des voies respiratoires, ladiarrhée et la pneumonie. Selon leministère de la Santé, 50 p. 100 descouples ignorent totalement la planifica-tion familiale au Bangladesh. L’utilisationdes pilules contraceptives est limitée à23 p. 100, les injections contraceptivesà 7,2 p. 100, les méthodes traditionnellesà 10,3 p. 100, les dispositifs intra-utérins

(DIU) à 1,2 p. 100, l’implant contraceptifsous-cutané à 0,5 p. 100, et la stérilisa-tion à 6,7 p. 100.

Ce programme comporte un autreélément important, soit l’Ensemble deservices essentiels (ESE) élargi auxpauvres et aux plus vulnérables parl’intermédiaire de quelque 11 000cliniques communautaires (CC). Plus de85 p. 100 de ces CC, construites au coûtde 2 790 millions Tk, n’ont pas étéutilisées au cours des trois dernièresannées sous prétexte qu’elles ont étéconstruites durant le règne du gouverne-ment précédent. Le ministère de laSanté a lancé un autre projet au coûtde 2 800 millions Tk, prévoyant la con-struction de 40 nouvelles structures, (renforcement des centres actuels desanté et d’aide sociale de l’union), et lamise en place de 738 cliniques, drainantainsi sérieusement les fonds publics.

Un examen de la macro-affectation desressources au secteur de la santé, ycompris la ventilation intersectorielle deces ressources, révèle que l’administra-tion générale12 domine l’enveloppebudgétaire, alors que la défense, l’éduca-tion et les sports sont sur un même plan.L’affectation des budgets sectoriels à lasanté et à la population a augmenté,passant de 4,47 p. 100 en 1990-1991 àun sommet de 6,05 p. 100 en 1996-1997, puis retombant à environ 5,5 p.100 après 1997-1998. Au cours de ladernière partie des années 1990, lesdépenses consacrées au secteur de lasanté ont chuté de la sixième à laseptième position (figure 4).

La deuxième enquête sur la santé, àl’échelle nationale, révèle que dansl’ensemble les investissements en santésont restés bien faibles, se situant à

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moins de 12 $US par habitant, moins de5 $US venant des fonds publics. Lepourcentage des dépenses que le gou-vernement consacre à la santé est à labaisse; en fait, leur montant est de trèsloin inférieur au niveau nécessaire pourfournir des services de santé complets.

Malgré quelques changements positifs, laprévalence des enfants dont le poids estinférieur à la norme constitue toujoursune grave menace à la réduction dunombre de personnes qui ont faim. Laproportion d’enfants dont le poids estmodérément insuffisant et qui sont âgésde moins de cinq ans s’élève dorénavantà 48 p. 100 par rapport aux 56 p. 100enregistrés au cours de la période 1997-2000 (tableau 2). Qui plus est, auBangladesh, ce pourcentage reste parmiles plus élevés au monde, et est encoreplus accentué que celui de la plupart des

autres pays en développement, ycompris les nations de l’Afrique sub-saharienne. Le Bangladesh compte 16 p.100 de plus d’enfants dont le poids estinférieur à la norme que 16 autres paysd’Asie ayant le même PIB par habitantque le sien.13

La mortalité infantile est beaucoup plusélevée (95 p. 100) dans le quintile desplus pauvres que celui des plus riches. Lenombre d’accouchements assistés par dupersonnel de santé qualifié est endessous de 1,5 p. 100 chez les ménagesles plus pauvres, comparativement à22 p. 100 chez les plus riches : cet écartest l’un des plus élevés au monde. Ilpersiste toujours de grandes variationsrelativement au sexe.

Les défis de la réalisation

Rapport canadien sur le développement 2005

136

Graphique 4

Pourcentage par secteur du budget des recettes 1990-1991 - 1999-2000

0%

20%

40%

60%

80%

100%

1990-91 91-92 92-93 93-94 94-95 95-96 96-97 97-98 98-99 99-2000 2000-01 2001-02

Année

Administration Défense Éducation etSport

Santé etPop.

Source : Titumir et al., 2002

Pour

cent

age

des OMDLa pauvreté reste à des niveaux élevésinacceptables au Bangladesh. Le niveaudu développement humain est trèsfaible, le pays se classant en 132e posi-tion à l’Indice du développementhumain (IDH). La pauvreté est à cepoint généralisée que le pays est entrédans le nouveau millénaire avec le mêmenombre de personnes en 2001 quivivaient dans la pauvreté, soit 62 millions, qu’en 1991-1992.

Croissance... mais manque d’investissement14

L’économie du Bangladesh a connu uneexpansion au cours des deux dernièresdécennies à raison d’un taux moyen de4 p. 100.15 On a par ailleurs constatéune modeste réduction du taux de pau-vreté d’environ un point de pourcentagepar an depuis le début des années 1990.

Les artisans de la réforme, et particulière-ment la Banque mondiale, ont attribuéavec ferveur cette modeste expansionaux réformes entreprises dans le cadre deprogrammes d’ajustement structurel(PAS).16 Bien que la Banque mondiale aitchanté les louanges du passage par leBangladesh de la stabilité à la croissance,d’autres sont par contre plus sceptiques.Il semble certes que le verdict soit rela-tivement consensuel en ce qui a trait à lastabilité, mais qu’il soit plutôt partagé, àtout le moins, quant à la croissance.Les sceptiques font remarquer quel’investissement et la croissance ont étéinadéquats et bien en deçà de ce quipourrait être réalisé.

D’après un modèle des tendances log-linéaires, l’économie a appuyé unecroissance à long terme de 4,4 p. 100 aucours de la période 1980-2000. À

l’exception d’une période vers la fin desannées 1990 où le taux a dépassé les5 p. 100, la croissance a tourné autourde ce niveau.17 Muqtada a évalué jusqu’àquel point les investissements ont ététouchés par les variables de la stabilité, eten est arrivé à la conclusion que les cor-rélations sont insignifiantes mais qu’il enexiste une, qui est négative, néanmoinsentre l’inflation et l’investissement. Unefois de plus, le déficit budgétaire est liépositivement (mais faiblement) àl’investissement. Les analyses empiriquesrévèlent que les variables de la stabilitéont eu peu d’effet sur l’investissement etla croissance.

Légère diminution de la pauvreté, maisaugmentation des inégalités Selon la plupart des estimations, leBangladesh a connu une légère baissedu taux de réduction de la pauvretéd’environ un point de pourcentage paran depuis le début des années 1990.Deux autres estimations reposant surl’Enquête sur le revenu et les dépensesdes ménages (HIES) du Bureau de lastatistique du Bangladesh révèlent que lapauvreté a diminué, passant de 58,8 p.100 en 1991-1992 à 49,8 p. 100 en2000, puis de 49,7 p. 100 en 1991-1992à 40,2 p. 100 en 2000 (tableau 4).

L’augmentation qui a été relevée dans lestaux de pauvreté s’applique égalementaux mesures de répartition de la pau-vreté. Le taux de l’écart de pauvreté aenregistré une diminution de 17,2 p. 100à 12,9 p. 100, et ce même taux mis aucarré a chuté de 6,8 p. 100 à 4,6 p. 100,indiquant ainsi que la situation des pluspauvres s’est également améliorée aucours de cette période.

Malgré cette amélioration, le pourcen-tage des plus pauvres en tant que sous-

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

137

catégorie (définie par l’intermédiaire d’unseuil de pauvreté plus bas) reste élevé, cequi est inquiétant. Selon l’ébauche deCSLP du gouvernement du Bangladesh,le taux se situe aux alentours de 20 p.100 de la population en 2000. Toutefois,la Banque mondiale fixe ce taux à 33 p.100 selon ses estimations du « seuil depauvreté le plus bas », lequel faitréférence aux ménages dont lesdépenses consacrées à leurs besoinsalimentaires sont inférieures au seuil desubsistance alimentaire, et se composentde la somme du seuil de subsistancealimentaire et d’une allocation moindrepour la consommation de produits nonalimentaires.18

On a constaté par ailleurs une augmenta-tion constante de l’inégalité. Le coeffi-cient Gini pour les régions urbaines est

passé de 0,33 en 1991-1992 à 0,44 en2000. Parallèlement, ce même indice estpassé de 0,27 à 0,36 au cours de lamême période dans les régions rurales.Dans l’ensemble, l’indice Gini d’inégalitéa augmenté de 0,259 à 0,306 au coursde cette période (tableau 5). Bien quetoute comparaison des indices Gini àl’échelon international soulève un certainnombre de problèmes, on peut néan-moins conclure que le Bangladesh estentré dans une période d’inégalité desrevenus relativement élevée, qui n’acessé d’augmenter au fil des ans.

L’accroissement de l’inégalité des revenusa diminué toute possibilité de voir lacroissance réduire la pauvreté. Si le tauxde croissance urbaine au cours de lapériode de 1991-1992 à 2000 avaitconnu une répartition neutre, l’incidence

Rapport canadien sur le développement 2005

138

Tableau 2

Tendances des divers indicateurs de la malnutrition

Enquêtes du BBS sur DHS du Bangladesh la nutrition des enfants (pourcentage

(pourcentage d’enfants 6-71 mois) d’enfants 0-59 mois)

Indicateur du statutde malnutrition 1985-86 1989-90 1992 1995-96 2000 1997-96 1999-2000

Petitesse(taille par rapport à l’âge)

% Moins de 2 écarts-types 69 66 64 51 49 55 45

% Moins de 3 écarts-types - - 33 24 19 28 18

Perte de poids (poids par rapport à la taille)

% Moins de 2 écarts-types 15 15 17 17 12 18 10

% Moins de 3 écarts-types - - 2 3 1 4 1

Insuffisance pondérale (poids par rapport à l’âge)

% Moins de 2 écarts-types 72 67 68 57 51 56 48

% Moins de 3 écarts-types - - 25 18 13 21 13

Source : Gouvernement du Bangladesh et Nations Unies, 2005.

de la pauvreté dans les zones urbainesaurait diminué de 13 points de pourcen-tage au lieu de 7, soit près du doubledu taux réel observé. Parallèlement,l’incidence de la pauvreté rurale auraitbaissé de 12 points de pourcentage aulieu de 9. L’augmentation de l’inégalitédevient donc une préoccupation plusurgente pour les zones urbaines.

En somme, une moindre élasticité del’inégalité permettrait d’atteindre lemême niveau de réduction de lapauvreté avec un taux de croissanceglobal moins élevé du revenu, ce qui estd’autant plus important en raison desincertitudes des divers scénarios decroissance à moyen terme.

Une augmentation aiguë de l’inégalité neserait peut-être pas pour autant inquié-tante dans le contexte d’une rapidecroissance économique et de change-ments structurels. De toute évidence,telle n’a pas été l’expérience vécue par leBangladesh au début des années 1990,lequel a plutôt connu une augmentationprononcée de l’inégalité et un taux

relativement modeste d’expansionéconomique. Ce phénomène a entraînédes demandes pour que soit étudiél’actuel régime de croissance et que soitenvisagé le passage à un processus decroissance davantage axé sur les pauvres.

Augmentation du chômageLe taux de chômage a augmenté enraison d’une création insuffisanted’emplois. Les statistiques disponibles enla matière font apparaître une tendance àla hausse du chômage chez les personnesqui ont suivi des études.

L’emploi dans le secteur structuré n’aenregistré qu’une augmentation infime,cette situation étant tout aussi impor-tante (figure 6). Les données croisées parâge indiquent des taux de chômageélevés chez les jeunes de la populationactive. On remarque également uneimportante différence dans le chômagedes jeunes parmi les femmes et leshommes. Le chômage est élevé chez lestravailleuses âgées de 15 à 24 ans, letaux le plus élevé étant répertorié chez

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

139

Tableau 3

Matrice de corrélation pour certaines variables macroéconomiques

PIB réel par

Déficit habitant Investissement Inflation budgétaire (log)

Investissement 1,000

Inflation -0,385 1,000

Déficit budgétaire 0,176 -0,107 1,000

PIB réel par habitant (log) 0,871 -0,186a 0,042 1,000

a Statistiquement significatif à 5 %.

Source : Muqtada, 2003. Voir tableaux 1 et 2 dans Muqtada 2003.

les hommes du groupe d’âge de 25 à29 ans. Entre 1995-1996 et 1999-2000,le taux de chômage chez les jeuneshommes a diminué alors que celui desjeunes femmes a beaucoup augmenté.Une comparaison de la structure de l’em-ploi entre les pauvres et les non-pauvresrévèle que les pauvres traînent de l’ar-rière au niveau du travail indépendant,que ce soit dans le secteur agricole ounon agricole. Seulement 6,7 p. 100 desménages pauvres avaient une activitésalariée dans le secteur non agricole,comparativement à 14,4 p. 100 chez lesnon-pauvres. À propos de la structure del’emploi, la différence la plus importanteentre les pauvres et les non-pauvres estau niveau de la participation à un emploioccasionnel (47 et 24 p. 100, respective-ment). La pauvreté plus élevée de ce

groupe est le résultat de deux forces : untaux de chômage plus élevé et une lentecroissance du taux de salaire.19

Contribution du Canada auxOMD au Bangladesh La coopération canadienne audéveloppement au Bangladesh

Les relations bilatérales entre leBangladesh et le Canada comportentplusieurs aspects, allant de la coopérationau développement aux échangescommerciaux, en passant par le renforce-ment des processus démocratiques. Cetterelation a été renforcée par la décision dugouvernement canadien de faire duBangladesh un nouveau « pays deconcentration » en décembre 2002.

Rapport canadien sur le développement 2005

140

Tableau 4

Pauvreté et inégalité dans les années 1990

Estimation 2 :Sen & Mujeri utilisant

Estimation 1 : les données deBBS/Banque mondiale distribution regroupées

utilisant les données sur le long termede l’ERDM de de l’ERDM

1991/92 2000 1991/92 2000

Indice de la pauvreté

National 58.8 49.8 49.7 40.2

Rural 61.2 53.0 52.9 43.6

Urbain 44.9 36.6 33.6 26.4

Indice Gini d’inégalité

National 0.259 0.306

Rural 0.243 0.271 0.255 0.297

Urbain 0.307 0.368 0.319 0.379

Sources : Gouvernement du Bangladesh, 2004. D’après BBS, 2001; Banque mondiale, 2002 pour l’estimation 1, et lecoût des besoins de base par Sen et Mujeri, 2002, pour l’estimation 2.

L’accès en franchise et hors contingentdes exportations du Bangladesh auCanada a intensifié les perspectivesd’échanges commerciaux bilatéraux. Ence qui a trait aux décaissements de dona-teurs bilatéraux au cours des 30 dernièresannées, le Canada se classe en troisièmeposition (total : 1,8 milliard $US;échanges bilatéraux : 1,95 milliard$CAN), après le Japon (6 milliards $US)et les États-Unis (3,3 milliards $US). LeCanada était par ailleurs le sixième plusgrand donateur bilatéral en 2000.20

Le Cadre de programmation-paysBangladesh (CPP)21 de l’Agence cana-dienne de développement international(ACDI) pour 2003-2008, lequel désignele Bangladesh comme un « pays deconcentration », prévoit de doubler

virtuellement son aide qui passerait à desdépenses annuelles de 60 à 70 millions $d’ici à la cinquième année. Ce volumed’aide plus important, dans le cadre decette nouvelle entente, devrait parailleurs promouvoir l’image du Canadaen le faisant passer en quatrième placeparmi les principaux donateurs bilatérauxau Bangladesh, après le Japon, leRoyaume-Uni et les États-Unis.

L’ACDI confirme son engagement àréaliser les OMD comme moyen deréduction de la pauvreté. Étant donnécet engagement et les responsabilités duCanada en vertu de l’Objectif 8 (mettreen place un partenariat mondial pour ledéveloppement), le CPP peut être évaluéen fonction de sa pertinence aux OMD.

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

141

Tableau 5

Inégalités dans les régions rurales et urbaines

Régions rurales Régions urbaines

1991/92 1995/96 2000 1991/92 1995/96 2000

Indice 58.45 50.47 49.53 38.20 29.79 31.30

Écart de pauvreté proportionné 16.73 14.01 13.84 11.40 7.62 9.02

Écart de pauvreté pondéré 6.43 5.42 5.16 4.54 2.58 3.47

Indice Gini de consommation 28.21 30.62 31.02 36.25 38.55 40.53

Indice Gini de revenu 27.00 31.00 36.00 33.00 39.00 44.00

Dépenses par habitant 504.71 652.65 779.96 817.48 1234.25 1389.04

En prenant la distribution Lorenz 1991/1992 pour toutes les années :

Indice 58.45 48.37 46.53 38.20 25.84 25.27

Écart de pauvreté proportionné 16.73 12.32 11.61 11.40 6.32 6.12

Écart de pauvreté pondéré 6.43 4.37 4.05 4.54 2.18 2.09

Nota : Ces estimations ont été faites en regroupant les données de distribution statistique par décile pour le revenu etles seuils de pauvreté utilisés dans le CSLP-I. Les calculs ont été faits à partir d’un programme élaboré par la Banquemondiale qui inclut une distribution de statistiques paramétriques selon le modèle de Lorenz aux données de distribu-tion décile, et qui trouve les valeurs des trois mesures de la pauvreté en juxtaposant le seuil de pauvreté et le revenumoyen à cette distribution.

Rapport canadien sur le développement 2005

142

Graphique 5

Tendances du PIB réel

GDP = 0.044time + 23.669 R 2 = 0.997

23,20

23,40

23,60

23,80

24,00

24,20

24,40

24,60

24,80

1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000

log

Log PIB (réel)

Linéaire (log PIB (réel))

Nota : Les valeurs du PIB réel sont transformées en valeurs logarithmiques.Source : Muqtada (2003), d’après les indicateurs du développement dans le monde (IDM) – CD-ROM 2002

Figure 6

Rapport emploi-population (REP) et emplois salariés (% du REP)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Pour

cent

1991 1996

REP

ES/REP

Sources : GdB, 2004, d’après Khan et Sen, 2004; Muqtada, 2003 d’après KILM CD-ROM 2001-02.

Cadre de coopération canadienne audéveloppement

En raison des préoccupations suscitées àl’échelle mondiale par l’efficacité del’aide, le Canada a profondémentmodifié sa stratégie de coopération audéveloppement. Bien que cette stratégieétait au départ centrée sur le développe-ment des infrastructures, la nouvelleorientation porte sur le développementsocial, le renforcement des capacitésinstitutionnelles et humaines pour unemeilleure mise en application des poli-tiques, la gouvernance, l’égalité dessexes, et les approches sectorielles (AS).Le CPP, mis en place en 1999, soit un anavant la Déclaration du Millénaire quiprécisait les OMD, tient plus ou moinscompte des objectifs.

Le CPP a comme principaux objectifs decontribuer à la réduction de la pauvretéet au développement durable auBangladesh, notamment d’améliorer laqualité et la prestation des services desanté et d’éducation, convenant auxbesoins des pauvres, et plus particulière-ment des femmes et des enfants, et d’enaugmenter l’accès; d’améliorer la réformedes règlements et de l’élaboration despolitiques de certaines institutionspubliques et privées, et de lier davantagela gouvernance à la réduction de lapauvreté; et, à moyen terme, de sepencher sur les contraintes au niveau dela création de petites et moyennes entre-prises en facilitant leur accès à desservices financiers et de renforcement descapacités, ainsi qu’en améliorant le milieude la réglementation.

En sus du CPP, l’ACDI a aussi publié en2002, Le Canada contribue à un mondemeilleur, énoncé de politique en faveurd’une aide internationale plus efficace. Envertu de cette nouvelle politique, l’ACDI

s’engage à diriger ses ressources vers laprogrammation du développement plani-fiée et la prise en charge par les paysrécipiendaires, et à accentuer son accentsur la réduction de la pauvreté et lesOMD. Aussi bien le CPP que l’énoncé depolitique stratégique reposent sur leprincipe des approches de programma-tion afin de cibler la prise en charge etles capacités du pays en développement.

Toutefois, selon les examens actuelle-ment entrepris du CPP, le CSLP estconsidéré comme ayant été l’expressiondu consensus du pays sur les priorités enmatière de développement pour réduirela pauvreté, et a été l’assise de la « priseen charge par le pays » des stratégiesd’aide de l’ACDI.22 Bien que la questioncentrale dans la coopération bilatérale audéveloppement de l’ACDI soit la prise encharge, elle ne cherche pas comme il sedoit à savoir si le CSLP du Bangladeshreprésente des stratégies locales pourréduire la pauvreté.

Allocation sectorielle pour réaliser les OMDLe Canada a participé aux énormesprogrès recensés dans divers secteurs,particulièrement ceux de la santé, del’allégement de la pauvreté grâce aumicrofinancement, à l’égalité des sexeset au renforcement de la capacité institu-tionnelle dans la prestation de services, lagouvernance, l’éducation, etc., afin depermettre de réaliser les OMD.

Agriculture et développement rural(Objectif 1) Reconnaissant que le Bangladesh quisouffrait d’une pénurie de vivreschronique a atteint l’autosuffisance enriz, l’ACDI a apporté un appui sous lesformes suivantes :

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

143

• Appui fourni de longue date (totalde 328 millions $ au cours des32 dernières années) au secteuragricole du Bangladesh, dans lecadre de projets de gestion des eaux,d’électrification rurale, d’irrigation etde diversification de l’agriculture.

• Le Programme d’entretien des routesrurales (PERR), financé conjointementpar la Direction générale des pro-grammes multilatéraux (10 millions $par an) et par le programme bilatéral,a contribué à donner des emplois per-manents à plus de 40 000 femmesdémunies qui entretenaient deschemins de terre battue reliant lesfermes aux marchés.

• Plus de 90 000 femmes pauvres ontsuivi une formation leur permettant dediversifier leur revenu. Des partici-pantes au PERR ou celles qui avaientterminé le Programme se sont présen-tées aux élections locales, et 35 d’en-tre elles ont été élues.

Une autre contribution, ayant des réper-cussions sur l’égalité des sexes, a été faitedans le cadre de microfinancements :

• Le projet « Repousser les frontières dela réduction de la pauvreté » mis enœuvre par BRAC et appuyé pardivers donateurs, vise à améliorer lescompétences de 1,3 million defemmes des régions rurales « les plusdémunies » (contribution de l’ACDI :13 millions $).

• L’ACDI et d’autres donateurs ontappuyé les programmes de microfi-nancement de la banque Grameen etBRAC au profit d’activités agricoles etnon agricoles génératrices de revenu.L’ACDI appuie par ailleurs la FondationPalli Daridro Bimochon (Fondation

pour l’élimination de la pauvreté enmilieu rural) qui est devenue unétablissement semi-autonome decrédit et d’épargne en 2000. L’ACDIcontinuera d’aider la Fondation àdevenir complètement autonome dansses activités de microfinancement.

Éducation (Objectif 2) Dans les années 1990, le Bangladesh aprocédé à un changement remarquabledans l’éducation primaire, en donnantcet enseignement dans le cadre d’écolesnon institutionnelles, cherchant ainsi à yfaire participer celles et ceux qui avaientquitté l’enseignement institutionnel,nombre d’entre eux étant des enfantspauvres, notamment un grand nombrede filles.

L’ACDI :

• a financé les écoles BRAC à hauteur de28 millions $ dans le cadre d’uneentente de financement concernantplusieurs donateurs. Ce programmevise 1,1 million d’enfants pauvres desrégions rurales, particulièrement lesfilles, qui ne peuvent fréquenter lesécoles publiques;

• a permis d’améliorer la coordinationet l’harmonisation entre donateurspour le financement de base, laprésentation de rapports, le suivi etl’évaluation;

• a appuyé le Programme de développe-ment en faveur des adolescents(2,5 millions $) mis en œuvre par USCCanada et le Bangladesh, lequelprogramme permet à quelque 42 000adolescents pauvres, surtout des filles,de suivre des cours de préparation à lavie, d’alphabétisation, de mathéma-tiques élémentaires, et une formation à

Rapport canadien sur le développement 2005

144

la pratique d’activités génératrices derevenu. Ces jeunes n’auraient pasaccès autrement à l’éducation; et

• a financé d’autres projets gérés par desONG, axés sur l’alphabétisation desadultes et les activités génératrices derevenu, particulièrement pour lesfemmes pauvres de régions rurales.

Développement social et égalité dessexes (Objectif 3) L’ACDI a été l’un des premiers donateursà fournir son appui aux ONG locales et acontinué de le faire tout au long desdernières décennies, au cours desquelleselles sont devenues des « modèles dedéveloppement et de gouvernanceparticipative ». Ces organisations sontsans doute les mieux placées pouraméliorer la vie de pauvres, en particulierles femmes et les « plus démunis » dela société.

Selon l’ACDI, les ONG locales comblentun vide du fait que « les pauvres onttoujours eu du mal à se faire entendredans les hautes sphères de l’élaborationdes politiques parce qu’ils ne disposentpas d’une tribune institutionnellepermanente. Les ONG locales leur offrentcette tribune en leur permettantd’exprimer leurs aspirations fondées surleurs droits ».

Le Fonds pour la promotion de l’égalitédes sexes-III (2,5 millions $), qui estadministré par le Haut-commissariat duCanada et qui soutient des organisationsde la société civile oeuvrant dans cedomaine, est un autre moyen de mettreà l’essai des approches novatrices etd’explorer les questions plus délicatesqui se présentent.

Santé (Objectifs 4, 5 et 6) L’ACDI prend part à des initiatives dansle secteur de la santé au Bangladeshdepuis 1976, en collaboration avecd’autres donateurs, par le cofinancementet le financement parallèle de projetsdans ce secteur. Dans le cadre d’unconsortium de donateurs, l’ACDI aapporté une aide de 28,8 millions $ aubudget du programme de réforme enmatière de santé et de population dontl’objectif est d’améliorer la santé et lebien-être des plus vulnérables, soit lesfemmes, les enfants et les pauvres.L’ACDI a également apporté son aide :

• au Projet sur l’atténuation des concen-trations d’arsenic (14,8 millions $),lequel repose sur un critère interna-tionalement reconnu pour l’examenet la vérification des technologiesd’atténuation, afin de prévenir lerisque d’intoxication à l’arsenic grâceà l’apport d’eau potable sûre à lapopulation, et

• au Projet de soins de santé commu-nautaire (5 millions $), lequelcontribue à améliorer l’efficacité dusystème de santé primaire dans 362villages du Bangladesh.

La baisse du taux de croissance démo-graphique, de l’indice de féconditécumulée, du taux de mortalité infantile etdu taux de mortalité des enfants demoins de cinq ans témoigne des progrèsaccomplis dans le secteur de la santé.

Le programme de réforme en matière desanté et de population est depuis devenule programme de réforme en matière desanté, de nutrition et de population.

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

145

Gouvernance (Objectif : thème transversal) Le Canada se concentre sur la gouver-nance économique et politique. À proposde la gouvernance économique :

• l’ACDI contribue au renforcement dela capacité de gestion financière duministère des Ressources hydrauliques.Le système comptable informatisé estpleinement fonctionnel dans les 26centres régionaux de comptabilité. Ceprojet est lié à un programme plusimportant financé par la Banqueasiatique de développement (BAsD),le Department for InternationalDevelopment (DfID) du Royaume-Uniet le PNUD, qui est axé sur lescontrôles budgétaires, la comptabilitéet le suivi, et

• l’ACDI a alloué 2 millions $ à un projetde suivi de l’impact qui contribue àrenforcer la capacité du gouvernementde prendre part aux négociations dansle cadre de l’OMC, grâce à la créationd’un laboratoire d’idées local, soit leCentre for Policy Dialogue (CPD).

En ce qui a trait à la gouvernancepolitique, l’ACDI :

• a appuyé le Projet de réforme juridique(15 millions $) qui vise à aider leBangladesh a mettre à niveau sescapacités de rédaction juridique et àaméliorer ses lois en matière deprotection de l’enfance et de justicepour les jeunes, d’aide juridique et dedroits des sociétés,

• a contribué à hauteur de 12,5 millions$ au Projet d’orientation et de promo-tion des politiques en faveur de l’éga-lité entre les sexes, lequel est un projetde gouvernance visant à intégrer le

souci de parité entre les sexes au seindu gouvernement et de la sociétécivile, et

• a aidé le Projet de gestion de l’environnement au Bangladesh(12,6 millions $), lequel vise àrenforcer la capacité du ministèrede l’Environnement à remplir sonmandat et ses fonctions.

OMD, coopération au développement, autonomie politique et injustice structurelleCibles des OMD, stratégies duBangladesh et ACDI

La stratégie du Bangladesh pour attein-dre les OMD est grandement liée auxcibles énoncées dans son CSLP national,plan directeur des priorités et autrespolitiques en matière de développement,et base de l’aide des donateurs.23 Bienque les objectifs du CSLP soient fixés etprennent en considération les OMD,l’approche du gouvernement pouratteindre les OMD est fonction de lamise en application réussie des cibles duCSLP.24 Encore tout récemment, il n’yavait aucun lien spécifique entre les CSLPet les OMD25, du fait que les objectifsavaient été adoptés en 2000, soit aprèsl’adoption du processus des CSLP. Le faitde lier les OMD au CSLP laisse entendreque la réflexion concernant le développe-ment est davantage généralisée, ce quirisque de saper tout gain potentiel duprocessus participatif – dirigé par le pays– énoncé dans le CSLP.

Bien que les CSLP soient loin d’être desinstruments parfaits, ils n’en ont pasmoins constitué le cadre principal des

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donateurs et sont devenus la méthodedominante pour façonner les stratégiesde développement national dans le butostensible de réduire la pauvreté. Enfaisant le lien entre son cadre deprogrammation-pays et le CSLP, l’ACDIn’a pas été en mesure d’éviter les critèrespolitiques de la Banque mondiale et duFonds monétaire international (FMI) quifavorisent une approche néolibérale. Laconsidération principale pour adopter lesapproches sectorielles et se détacher desapproches précédentes axées sur lesprojets était d’assurer « la prise en chargelocale » des pays partenaires. Toutefois,en acceptant l’approche de la BM et duFMI, la possibilité qu’un CSLP soit effi-cace et élaboré et pris en charge auniveau local, est perdue. Cette approchen’a pas été pour la plupart contestée parle CPP qui n’a proposé aucune approchede programmation ou autre stratégiedifférente pour renforcer le véritabledialogue et améliorer ainsi la prise encharge du pays dans les stratégies delutte contre la pauvreté.26

Rendre le CSLP conditionnel à l’approba-tion de la Banque mondiale et du FMIpour obtenir des prêts assortis de condi-tions libérales, réduit l’accès des paysbénéficiaires à une plus grande diversitéde ressources de donateurs qui necomptent pas sur les institutions finan-cières internationales (IFI) comme les« portiers » de la politique pour les trans-ferts de ressources. Bien que l’approcheadoptée par l’ACDI à la coopération audéveloppement vise à garantir l’efficacitéde l’aide dans le cadre de partenariatsavec les pays récipiendaires, elle nepermet pas pour autant de faire échecaux paradigmes néolibéraux et axés surle marché des IFI. En endossantl’approche au CSLP imposée pour laplupart de l’extérieur, l’ACDI semble

endosser le statu quo, lequel s’est déjàrévélé antiproductif au développement.

Bien que la croissance soit importantepour réduire la pauvreté, il est tout aussiimportant de s’attaquer à l’inégalitééconomique et de prendre en considéra-tion les politiques des principauxdonateurs voulant s’assurer que l’aideest efficace. Cela pourrait nécessiterde contester les modèles macro-économiques dominants pour assurerune redistribution des ressources auxpauvres. La gouvernance internationaledoit également être remodelée pourfavoriser le partage du pouvoirdémocratique par les États économique-ment pauvres.

La qualité du processus politique estextrêmement importante. En évaluant lesOMD, l’analyse qualitative, les effets dela distribution et les répercussions ducontexte économique international sontautant d’éléments à prendre en compte.

Les OMD : Où va l’autonomie politique?

Le fait d’établir un lien entre les OMD etle CSLP combine les objectifs en matièrede réduction de la pauvreté qui sontimposés de l’extérieur à un cadremacroéconomique, lui aussi imposé del’extérieur, ce qui signale une importanteconvergence d’idéologie et de pouvoirdes agences de développement interna-tional et des institutions financières. Celane constitue pas nécessairement lemoyen le plus efficace, et certainementpas le seul moyen d’éliminer la pauvreténi ses causes structurelles.27

Si l’on adopte les OMD comme ciblesprincipales, la portée déjà limitée desCSLP pour générer des politiquesd’atténuation de la pauvreté dirigées par

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

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les pays en sera d’autant réduite. Enthéorie, les CSLP sont des instrumentsparticipatifs et ont la possibilité desusciter les voix et les priorités des pau-vres eux-mêmes. Pourtant, en adoptantles cibles des OMD, la possibilité degénérer des cibles pertinentes et spéci-fiques à des pays, est limitée. Par exem-ple, la souveraineté en matière alimen-taire peut être une exigence clé de lapopulation, mais la deuxième cible desOMD simplifie la situation en parlantplutôt de « réduire de moitié la propor-tion de la population qui souffre de lafaim ». Ainsi, les CSLP peuvent simple-ment se concentrer sur la quantificationdes progrès nationaux en vue de laréalisation des OMD plutôt que demettre à l’essai des politiques nouvelleset novatrices tenant compte des prioritésdes pauvres.

La réalisation des OMD, ou bien decertains progrès en la matière, neconfronte pas nécessairement la nécessitéde changements structurels. En fait, laréalisation sur le plan statistique desOMD pourrait être un phénomènepurement conjoncturel, traduisantquelque chose d’arbitraire comme ladévaluation massive du dollar américainou encore le lancement d’une campagnepar un gouvernement populiste pourgarder les enfants à l’école, plutôt quetout changement structurel sous-jacentou toute réduction durable de la pau-vreté. Par conséquent, se servir des OMDpour mesurer le succès des campagnesde réduction de la pauvreté est uneerreur car cela suppose que les 18 ciblesindiquent des changements structurelsplus profonds. Qui plus est, leur simpli-cité elle-même masque la complexité dela pauvreté et la réalité du pouvoir.

À l’instar des CSLP, les OMD sont desformules imposées et créées de

l’extérieur. En faire le centre d’attentionet l’objet de rapports de pays, façonneautomatiquement le programme et laportée de l’action de la même façon queles CSLP prédéterminent le cadremacroéconomique dans lequel lespolitiques en matière de réduction de lapauvreté sont conçues.

Selon le PNUD et la Banque mondiale, leCSLP constituera le véhicule stratégiqueet de mise en application principal pouratteindre les OMD. Que les OMD aientquelque chose ou non à voir avec laréduction de la pauvreté, le fait qu’ilsseront mis en application dans le cadredu CSLP et que, par conséquent, tout lefinancement bilatéral et multilatéral àl’appui des OMD passera par le CSLP, estproblématique. Ils auront pour effet deréduire les choix de politiqueéconomique, et qui plus est d’autresapproches pouvant être plus efficacesseront reléguées à l’arrière-plan.

L’engagement pris par le gouvernementsemble constituer une autre limite. Eneffet, jusqu’à présent, il ne semble pass’être pleinement engagé à atteindre lesobjectifs dans les délais fixés. Aucunprogramme accéléré particulier n’estvisible. Les dirigeants gouvernementauxne sont exposés à aucune motivationparticulière concernant les OMD. LeParlement, quant à lui, a de façon bienévidente évité de soumettre la question àl’examen de ses représentants et de leurdonner un sentiment de prise en chargenationale ou encore la possibilité d’undébat. Aucun comité permanent spécialdu Parlement n’a pour le moment étéconstitué pour superviser l’énorme tâcheen question.

Qui plus est, alors que les objectifs sontintrinsèquement liés au CSLP, le proces-sus d’élaboration du cadre stratégique de

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lutte contre la pauvreté est en fait enlitige dans des domaines tels que lacompréhension du contexte national, laparticipation des intervenants, ou encorecelle des ministères responsables, etsurtout le consensus politique nationalsur la mise en application des cibles pourassurer la cohérence et la continuité dela politique.

Pour qu’il soit possible de réduire et lapauvreté et la faim, il est indispensablede faire appel à la participation depersonnes venant de diverses originessociales, culturelles et économiques.Cependant, cette participation ne peutêtre limitée à la mise en œuvre deprogrammes gouvernementaux ou biendiriger par des donateurs. Bien aucontraire, il faut que ces personnes aientsuffisamment de pouvoir et le droit à laparole pour façonner le modèle dedéveloppement du pays et décider dequelle manière les ressources nationalesseront utilisées. De telles décisions aussiimportantes ne doivent pas rester entreles mains d’un petit groupe d’élites. Lapauvreté et la faim ne pourront être élimi-nées à moins de démocratiser le proces-sus de détermination des politiques.

La méthode actuelle d’élaboration et demise en application des politiques enmatière de réduction de la pauvreté n’apas réussi à s’attaquer aux racines mêmesde la pauvreté. Cela s’explique par le faitque les pauvres eux-mêmes sont exclusdu processus dans son intégralité. Legouvernement n’est pas parvenu à faireappel à la participation des partiesintéressées par les objectifs, lesquellesauraient permis que les réalités nationalesdu terrain soient prises en considération,plutôt que de reprendre tout simplementles idées venues d’ailleurs. Bien que laquestion de la réduction de la pauvretéet de la réalisation des OMD soit inter-

connectée avec la structure sociopoli-tique de la société, aucune place n’estprévue pour permettre à la populationde participer au façonnement de sonavenir national.

Injustice structurelle : maintenir lestatu quo

Pour mettre en place des solutionsviables et à long terme à la pauvreté, ilfaut une participation active des pauvres,une meilleure compréhension des causesprofondes de la pauvreté et de sesconséquences multidimensionnelles etdiverses, ainsi que des politiquespertinentes.

L’approche préconisée dans les OMDcomporte plusieurs points faibles, dontles suivants :

• absence de concentration sur l’impor-tance de la réduction de l’inégalité etde l’injustice,

• absence de mention des questionstouchant les positions de forceinégales sur les marchés et leregroupement du pouvoir corporatif,

• absence d’attention à la migration etaux facteurs ayant des répercussionssur le mouvement des personnes, et

• absence d’attention aux réalités poli-tiques locales, au pouvoir de l’élite et àl’absence de démocratie.

Dans cette optique, il est fort peu proba-ble que les OMD aillent au-delà dusimple maintien du statu quo. Étantdonné le cadre actuel et dominant despolitiques de développement, la pauvretéet l’inégalité resteront telles qu’elles,voire même augmenteront.

Les diverses tentatives pour s’attaquer à

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la pauvreté en fournissant des ressourcesaux pauvres, soit au compte-gouttes oubien par la méthode conventionnelle del’aide ciblée, reposent sur la tentation àcontourner les questions du pouvoir etde la justice en traitant l’éradication de lapauvreté comme un jeu à somme posi-tive. La pauvreté trouve son origine dansl’inégalité et l’injustice structurelles etnon pas seulement dans l’absencede ressources.

ConclusionsLes stratégies de développementactuelles du Bangladesh reposent surl’idéologie néolibérale propagée par lespuissantes institutions financières et leursadeptes bilatéraux, qui en ont fait unecondition. Selon cette doctrinenéolibérale, le libre marché devrait régle-menter toutes les activités économiques,et l’État devrait intervenir pour maintenirla discipline financière, atteindre un tauxde change stable, libéraliser, dérégle-menter et privatiser l’économie, en plusde rendre l’emploi souple, commeunique moyen d’avoir accès au crédit etd’attirer des investissements étrangers.

Ce principe est tout à fait contraire à laréalité, qu’il s’agisse des circonstancessociales, économiques ou politiques d’unpays donné. Les institutions et les rela-tions de pouvoir qui recréent etmaintiennent la pauvreté sont totalementignorées. Les politiques de privatisationtous azimuts, de déréglementation, delibéralisation et de concurrence negarantissent pas automatiquement laprospérité. Les preuves tirées d’évalua-tions des politiques d’ajustement struc-

turel dans un certain nombre de payspermettent de contester les dires despartisans de telles politiques. Ces preuvesrévèlent que l’écart entre les riches et lespauvres, ainsi qu’entre les nations et ausein d’elles-mêmes, s’est élargi à unniveau sans précédent.28

La mise en application pendant plusieursannées de telles politiques a déclenchéun important « contre-mouvement »,une réaction de frustration à l’échellemondiale, contre l’arrogance de certainsde leurs partisans. Cette réaction aentraîné la promotion d’une nouvellevague de politiques de réduction de lapauvreté et de développement, parexemple les OMD. Toutefois, de tellesinitiatives n’ont pas d’effet sur lesinégalités structurelles à long terme quicontinueront d’engendrer la pauvreté,d’accentuer l’inégalité et de nourrirla colère.

RASHED AL MAHMUD TITUMIR est le fidu-ciaire-gérant de Unnayan Onneshan-TheInnovators, centre de recherche et d’actionpour le développement, et faculté fondatricedu Department of Development Studies dela University of Dhaka. Il a suivi des étudesà la University of Dhaka, la University ofLondon et Carleton University. Durant sacarrière, il a fourni des services consultatifsau gouvernement, à des organisations inter-gouvernementales et à des ONG sur l’ajuste-ment structurel, le Cadre stratégique de luttecontre la pauvreté (CSLP), le système decommerce mondial et la coopérationéconomique régionale.

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JAKIR HOSSAIN est membre-secrétaire deUnnayan Onneshan-The Innovators, centrede recherche et d’action sur le développe-ment, et professeur adjoint à l’Institute ofBangladesh Studies à la University ofRajshahi. Il a suivi ses études à la CarletonUniversity et à la London School ofEconomics, et a énormément publié dans lesdomaines de la pauvreté et de l’injustice, del’éducation, ainsi que dans le secteur du tex-tile et du vêtement.

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Notes1 Assemblée générale des Nations Unies,

Déclaration du Millénaire, A/RES/55/2.(New York : septembre).

2 Banque mondiale, Attaining theMillennium Development Goals inBangladesh (Dhaka : Banque mondiale,2005).

3 Gouvernement du Bangladesh et NationsUnies (GdB et NU), 2005.

4 GdB et NU, 2005.

5 Bangladesh Bureau of Statistics (BBS) etUNICEF, cités dans GdB et NU, 2005; et laCampaign for Popular Education(CAMPE), 2002.

6 GdB et NU, 2005.

7 CAMPE, 2003.

8 R. Titumir et J. Hossain, 2004.

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9 GdB et NU, 2005 Titumir et Hossain,CAMPE 2000, 2002, 2003.

10 Begum et al, 2001.

11 Begum et al, 2001.

12 Le budget de chaque ministère compteplusieurs postes, alors que les documentscomportent les allocations ministérielles.L’administration générale comprend labureaucratie civile, à l’exclusion desministères axiaux tels que le MOHFW,l’Éducation, la Défense, etc.

13 GdB et NU, 2005.

14 Cette section s’inspire de Titumir etHossain, 2005.

15 La croissance d’ensemble du PIB a étémodeste : le PIB par habitant est passé de1,7 p. 100 dans les années 1980 à près de3 p. 100 dans les années 1990. VoirMuqtada, 2003.

16 Banque mondiale, 2002.

17 Muqtada, 2003.

18 Banque mondiale, 2002.

19 Rahman et Islam 2003.

20 Selon le Comité d’aide au développementde l’Organisation de coopération et dedéveloppement économiques (site Webde l’ACDI).

21 Cadre de programmation-paysBangladesh de l’ACDI. Document detravail. www.cida-acdi.gc.da Accédé le 15avril 2005.

22 Tomlinson et Foster, 2004.

23 La vision du CSLP du Bangladesh portesur l’amélioration de la croissance axéesur les pauvres, la promotion du secteurcritique pour la croissance économiquefavorable aux pauvres, l’élaboration defilets de sécurité efficaces et de pro-grammes ciblés, ainsi que le développe-ment social.

24 Banque mondiale, 2004.

25 En avril 2003, la Banque mondiale et leGroupe des Nations Unies pour ledéveloppement ont publié une note pré-cisant les relations entre les OMD et lesCSLP, indiquant notamment que cesderniers constituent une opportunité cléde mobiliser des acteurs nationaux pouratteindre les objectifs.

26 Tomlinson et Foster, 2004.

27 Voir, notamment, Nicola Bullard, « TheMillennium Development Goals and thePoverty Reduction Strategy Paper: TwoWrongs Don’t Make a Right », dans Anti-poverty or Anti-poor? Focus on the GlobalSouth. Décembre 2003.

28 Le rapport du Structural AdjustmentParticipatory Review Network (SAPRIN) de2002 résume les conclusions des enquêtesentreprises sur les effets de l’ajustementstructurel dans des pays comme leBangladesh, l’Équateur, El Salvador, leGhana, la Hongrie, l’Ouganda, leZimbabwe, le Mexique et les Philippines.Cette enquête révèle que les approchessectorielles ont contribué à l’appauvrisse-ment et à la marginalisation des popula-tions locales tout en augmentant la pau-vreté et l’inégalité économique. Lesagriculteurs et les femmes ont été touchésde façon plus négative par l’accès dif-férent aux ressources pour la production,renforcé par les réformes et le marché. Lalibéralisation de l’activité économiquedans les régions rurales ainsi que la réduc-tion du rôle du gouvernement en matièrede développement, ce à quoi il fautajouter la libéralisation des échanges com-merciaux et les dévaluations des mon-naies, ont favorisé les exportations sur laproduction du marché local, et ont accen-tué les inégalités. L’élimination des sub-ventions universelles pour les biens etservices essentiels a eu des effets négatifssur les pauvres ainsi que sur la qualité deleur vie.

Étude de cas : le Bangladesh - Progrès dans la mise en application des OMD et contribution du Canada

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L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD :

Mesures concrètes et perspectives

Gonzalo Chávez A. et Beatriz Muriel H.

L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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Le développement socio-économique enBolivie en fonction desObjectifs du Millénairepour le développement Historique

La Bolivie est considéréecomme l’un des pays les pluspauvres d’Amérique latine.

Selon l’Indice du développementhumain de 2002 du Programmedes Nations unies pour le dé-veloppement (PNUD), la Bolivie seplace en 174e position sur 177pays, soit 80 places derrièrel’Argentine qui recense l’indice leplus élevé d’Amérique du Sud.1

Le millénaire n’a pas apporté leschangements nécessaires à unecroissance économique accrue,accompagnée de l’équité, enBolivie. En effet, le produitnational brut (PNB, mesuré enmillions de dollars américains) aconnu une légère tendance à labaisse entre 1999 et 2004,comme on peut le voir auTableau 1. Ce comportement est

le reflet de quatre grands événe-ments intervenus dans ce pays,soit l’éradication de la feuille decoca, la diminution del’investissement étranger direct,l’augmentation des taux dechange de la devise de ses deuxprincipaux partenaires commerci-aux, à savoir l’Argentine et leBrésil, et les conflits socio-poli-tiques au cours de cette période.2

On a constaté, ces temps-ci,une légère augmentation del’incidence de la pauvretéextrême : en 1999, la population« extrêmement » pauvre sechiffrait aux alentours de 35,8 p.100, mais en 2002 ce taux estpassé, estime-t-on, à 36,3 p.100.3 Les indicateurs se sontlégèrement améliorés dans lesrégions rurales, où se trouvent lesplus pauvres du pays, passant de59,8 p. 100 en 1999 à 54,8 p.100 en 2002.

Par région, les écarts de pauvretésont étroitement liés à la concen-tration des populationsautochtones dans les régionsrurales.4 Selon le Recensement

L’aide canadienne à la Bolivie et

les OMD : Mesures concrètes

et perspectivesGonzalo Chávez A. et Beatriz Muriel H.

de 2001, 35,4 p. 100 de la populationbolivienne est autochtone, soit 22 p.100 de la population urbaine et 66 p.100 de la population rurale. Environ59 p. 100 des peuples autochtones sontdémunis ou marginalisés, comparative-ment à 19 p. 100 de la populationnon autochtone.

Enfin, l’inégalité dans la répartition desrevenus, selon le coefficient de Gini, estélevée en Bolivie, comparativement auBrésil ou au Chili.5 Le coefficient de Ginirévèle par ailleurs une légère détériora-tion au fil du temps, donnant une valeurde 0,57 en 2002 et de 0,53 en 1999. On

observe cependant une tendance inversedans le rapport du revenu entre lespercentiles 90 et 10, ce qui laisse enten-dre que les problèmes d’inégalité parmila classe moyenne se sont accrus.

Politiques entourant les Objectifs du Millénaire pourle développement Malgré les observations plutôtdécourageantes concernant le niveau depauvreté et l’inégalité en Bolivie, legouvernement n’en a pas moins essayé

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Tableau 1

Bolivie : Produit national brut et indicateurs de pauvreté, 1999 – 2004

1999 2000 2001 2002(p) 2003(p) 2004(p)

Produit national brut

(en millions de dollars américains) 8 298 8 405 8 036 7 812 7 666 8 107

Par habitant (en dollars américains) 1 008 997 932 885 849 879

Indice de pauvreté extrême

Total 35,8% 39,2% 37,3% 36,8% n.d. n.d.

Régions urbaines 23,5% 27,9% 26,2% 25,7% n.d. n.d.

Régions rurales 59,7% 58,7% 55,6% 54,8% n.d. n.d.

Indicateurs d’inégalité du revenu

Indice Gini 0,53 0,56 0,56 0,57 n.d. n.d.

Ratio P90/P10 13,1 15,2 12,9 11,6 n.d. n.d.

Source: Instituto Nacional de Estadísticas (INE), Unidad de Análisis de Políticas Sociales y Económicas (UDAPE).

Nota: (p): préliminaire; n.d. (non disponible)

1. L’indice de pauvreté extrême se définit comme le pourcentage de la population dont le revenu est inférieur au coûtdu panier à provisions.

2. Dans l’indice Gini, l’inégalité augmente lorsqu’elle s’approche de 1.

3. Le ratio P90/P10 mesure le revenu entre les percentiles 90 et 10.

de trouver des solutions à ces problèmesdepuis les réformes structurelles de 1985.En effet, les politiques publiques de laBolivie sont dorénavant axées sur la réali-sation des Objectifs du Millénaire pour ledéveloppement (OMD). Grâce à lacoopération internationale, des ententesont été conclues avec des membres de lasociété organisée (Dialogues nationaux Iet II), le tout débouchant sur la prépara-tion du Cadre stratégique de lutte contrela pauvreté (CSLP) de la Bolivie, en 2001.

Cette stratégie expose la perception quepartage le gouvernement et la sociétécivile de la pertinence de la réduction dela pauvreté et de la promotion dudéveloppement humain, particulièrementpour les membres de la société quiéprouvent les plus grands besoins et sontles plus vulnérables, notamment la popu-lation autochtone, les femmes, lesenfants et les pauvres. La Bolivie chercheainsi à améliorer les conditions de vie desa population grâce à une augmentationdes possibilités d’emploi, au perfection-nement des compétences et à des possi-bilités de production de revenu, à demeilleurs accès aux marchés, à l’élargisse-ment des filets de sécurité sociale, et à lapromotion de la participation publique,le tout dans un contexte de croissancesous le signe de l’équité et d’une gestionresponsable des ressources naturelles.

L’exercice des « Dialogues » révèle parailleurs les graves problèmes de gouver-nance que connaît la Bolivie, tels quecorruption, bureaucratie excessive,absence de coordination institutionnelle,inefficacité de l’administration desressources publiques, absence decapacité administrative, et taux élevé deroulement parmi le personnel de lafonction publique.

En 2004, en raison de l’absence depriorités clairement définies, il a étéproposé de réviser le CSLP (Cadrestratégique de lutte contre la pauvretéde la Bolivie). Pour y parvenir, quatredomaines d’intervention et 42 prioritésont été avancés. Le CSLP ainsi réviséinsiste sur une augmentation de laproductivité, un degré minimal d’égalité,et la création de petites, moyennes etmicro entreprises (PMME).

Cette nouvelle stratégie a pour objectifd’ensemble d’en arriver à un régime dedéveloppement comportant une vastebase qui réduirait de façon très significa-tive l’inégalité dans la répartition desrevenus. Cet objectif cherche à trans-former l’économie sur le plan structurel,à augmenter les revenus des personnesqui vivent au bord du seuil de pauvreté,à réduire le degré de pauvreté de lapopulation sous le seuil de pauvreté, et àmettre en place une couverture socialeminimale offrant des services sociauxuniversels et des possibilités productivespour les pauvres. Cette stratégie a étéenrichie par le Dialogue III BoliviaProductiva, mis en œuvre en décembre2004, lequel précise les secteurs les plusproductifs pour tous les départements dupays afin de promouvoir le développe-ment régional.

Les objectifs et autres mesures entourantcette stratégie ont été renforcés par lesengagements pris par la Bolivie, parallèle-ment à ceux de la communauté interna-tionale, à réaliser les OMD. La sectionsuivante trace les progrès en vue de laréalisation des Objectifs du Millénairepour le développement.

L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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Éducation (OMD 2 et 3)

La cible 3 de l’OMD 2 cherche à donner,d’ici à 2015, à tous les enfants, garçonset filles, partout dans le monde, lesmoyens d’achever un cycle completd’études primaires.

Avant la mise en place du CSLP, les poli-tiques de la Bolivie en matière d’éduca-tion relevaient de la loi de 1994 sur laréforme de l’éducation. Cette loi définis-sait l’éducation comme la plus hautepriorité de l’État, la garantissant auniveau primaire en vertu de la constitu-tion du pays. La société civile est encou-ragée à participer à la planification, àl’organisation, à l’exécution puis à l’éva-luation du secteur, de sorte que l’éduca-tion réponde aux intérêts, besoins, défiset autres aspirations de la population. Lanature socioculturelle et hétérogène dupays est prise en compte, donnant ainsi àl’éducation une nature interculturelle etbilingue.6

Le processus de réforme de l’éducationa été contesté, tout au moins en ce quia trait à sa clarté et à sa cohérence,ainsi qu’à son utilisation efficace desressources humaines, matérielles etfinancières. Ces facteurs à eux tous ontprobablement contribué à la lenteamélioration du secteur de l’éducation.7Quoiqu’il en soit, quelques améliorationsont été relevées au niveau primaire (voirTableau 2).

Les efforts déployés par le gouvernement(auxquels il faut ajouter ceux de certainesorganisations non gouvernementales) sesont matérialisés sous la forme de l’aug-mentation du taux de couverture brut,qui a enregistré une légère hausse deplus de 10 p. 100 entre 1992 et 2002.En outre, il n’y a aucune grandedifférence entre les régions urbaines etrurales.8 Le pourcentage d’enfants âgésde 13 ans, ayant terminé leur 8e année,a également enregistré d’importantes

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Tableau 2

Bolivie : Couverture dans la fourniture de services d’éducation primaire, 1992-2002

Indicateur 1992 1999 2000 2001 2002(p)

Taux de couverture brut (a) 97,10% 106,6% 107,7% 107,7% 108,1%

Taux de couverture net (b) n.d. 87,0% 87,0% 87,9% 88,0%

Taux d’achèvement de la 8e année (c) 52,30% 66,5% 71,8% 71,5% 77,3%

Source : Sistema de Información Educativa (SIE) et UDAPE.

Nota : (p): préliminaire

(a) Taux de couverture brut = nombre d’élèves inscrits à un niveau d’études donné sans discrimination reposant surl’âge/la population dans le groupe d’âge qui correspond au niveau d’études respectif.

(b) Taux de couverture net = nombre d’élèves inscrits à un niveau d’études donné pour l’âge qui correspond auniveau/à la population respective du même groupe d’âge.

(c) Taux d’achèvement de la 8e année = nombre d’élèves diplômés à l’issue de la 8e année/population âgée de 13 ans.

hausses au cours de la décennie,atteignant 77,3 p. 100 en 2002.

Ces tendances des indicateurs del’éducation et des mesures entourantl’accès universel à l’éducation primaire,les ressources pour construire et équiperles écoles, les ressources pédagogiques,etc., ont permis au gouvernement d’enarriver à la conclusion que la Bolivieréalisera l’OMD 2 d’ici à 2015.9

La cible 4 de l’OMD 3 vise à éliminer lesdisparités entre les sexes dans l’enseigne-ment primaire et secondaire, d’ici à2015, si possible, et à tous les niveaux del’enseignement en 2015 au plus tard.Ces cibles cherchant à restreindre l’écartentre les sexes ont également été envi-sagées dans le cadre de la réforme del’enseignement pour les niveauxd’alphabétisation et primaire, et sontactuellement réévaluées aux niveauxsecondaire et tertiaire.

Les plus grandes disparités entre les sexesse situent parmi les analphabètes. Eneffet, selon les chiffres du Recensementde 200110, 6,4 p. 100 des hommes sontanalphabètes contre 19,4 p. 100 desfemmes. Cet écart est particulièrementimportant au niveau des régions : 6,4 p.100 de la population urbaine est anal-phabète, comparativement à 25,8 p. 100dans les régions rurales, principalementdans la population autochtone. Cesdifférences sont extrêmement aiguësparmi les adultes et les aînés.

La disparité entre les sexes, en ce qui atrait au niveau d’éducation, chez lesjeunes et les enfants, est nettementmoindre. Selon le Recensement de 2001,le taux de couverture brut révélait unedisparité entre les sexes de 5,71 p. 100chez les enfants pour l’éducation secon-daire, de 2,11 p. 100 pour l’éducation

primaire, et de -1,5 p. 100 (pour lesfilles) en ce qui a trait à l’éducationpréscolaire.11 Ces indicateurs fontapparaître des tendances qui rendentprobable la réalisation de l’OMD 3.

Santé (OMD 2, 4 et 6)

La cible 5 de l’OMD 4 vise à réduire desdeux tiers, entre 1990 et 2015, le tauxde mortalité des enfants de moins decinq ans. La cible 6 de l’OMD 5 a pourbut de réduire des trois-quarts, entre1990 et 2015, le taux de mortalitématernelle, et la cible 7 de l’OMD 6 apour but, d’ici à 2015, d’enrayer la propa-gation du VIH/sida, et à commencer àinverser la tendance actuelle, de mêmeque les cas de paludisme et d’autresmaladies majeures.

La prestation de services de santé auxmères et aux enfants en bas âge a étéconçue sous la forme d’une stratégiegouvernementale à compter de 1996,par la mise en place du Seguro Nacionalde Maternidad y Niñez (Assurancenationale maternité – enfants en bas âge).Au cours des années qui ont suivi, cetteinitiative a été redéfinie dans le cadre dela Seguro Básico de Salud (Assurancesanté de base) en 1998, puis dans lecadre du Seguro Universal MaternoInfantil, SUMI (Assurance universellemère-enfants en bas âge) en 2001. Au fildu temps, le nombre de dispositions rela-tives à la santé de même que la couver-ture des services de santé ont augmenté.

Toutefois, la prestation de services desanté est grevée de certaines difficultéstelles que les facteurs socioculturels quifont obstacle à la demande, principale-ment parmi la population autochtone;l’approvisionnement en médicaments et

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intrants aux établissements de santé, demême que l’inaccessibilité géographiquedans certaines régions rurales.12

Les taux de mortalité juvénile et mater-nelle sont étroitement liés aux conditionssocio-économiques de l’environnementet de la famille. Dans le cas de la morta-lité en bas âge, les jeunes mères sontcelles qui encourent le plus de risques, etleur niveau de scolarité constitue unfacteur dans leur propre santé et celle deleurs enfants. Au fur et à mesure que lenombre d’années de scolarité augmenteet que la pauvreté diminue, des amélio-rations à la santé se feront sentir.

Le tableau 3 précise l’évolution decertains indicateurs de la santé liés auxObjectifs du Millénaire pour ledéveloppement. La réduction du taux demortalité juvénile (enfants de moins decinq ans) de deux tiers laisse entendreque d’ici à 2015, ce taux devrait se situeraux alentours de 40 par 1 000 enfants.Selon le gouvernement13, cet objectifsera fort probablement atteint du faitqu’au cours de la période 1989-2001, letaux a diminué d’un peu moins de lamoitié et s’est accompagné de servicesde santé plus élevés, particulièrement ence qui a trait aux programmes contre lesdiarrhées infectieuses et les maladies

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Tableau 3

Bolivie: Indicateurs de la santé, 1989 – 2003

1989 1994 1998 2001 2003(p)

Taux de mortalité (TM)

TM – enfants de moins de cinq ans (par millier) 96 75 67 n.a 54

TM – mères (par 100 000 naissances vivantes) 416 390 n.a 310(a) n.a

Taux de couverture (TC)

TC – fourniture de services : affections diarrhéiques aiguës chez les enfants de moins de 5 ans (b) n.a. n.a 29% 35% 46%

TC – fourniture de services : pneumonies chez les enfants de moins d’un an n.a n.a 14% 20% 24%

Sources : INE, UDAPE.

Nota :

(p): préliminaire; n.d. = non disponible

(a) Correspond à l’année 2000.

(b) À partir de l’an 2000, le dénominateur des enfants de cinq ans a été modifié pour devenir les enfants de familles àfaible revenu, de moins de cinq ans.

respiratoires, très communes chez lesenfants en bas âge boliviens. Toutefois,il est bon de noter qu’il existed’importantes différences selon lesrégions. Par exemple, en 1998, le tauxde mortalité juvénile était de 50 dansles régions urbaines mais de 90 dans lesrégions rurales.

Une amélioration un peu plus modeste aété enregistrée au niveau de la santématernelle. Le taux de mortalité mater-nelle a été réduit d’un quart à peineentre 1989 et 2001. Malgré ces chiffres,les nouvelles politiques gouvernemen-tales ont permis d’envisager d’atteindred’ici à 2015 la réduction des taux demortalité maternelle.

Pour ce qui est des maladiescontagieuses, les maladies transmissiblessexuellement (MTS) font l’objet d’unefaible priorité en Bolivie. Entre 1984 et2004, on a enregistré quelque 914 casde VIH/sida, et en 2002, 56 000 casd’autres MTS (syphilis, gonorrhée,chlamydia, etc.) dans une population deplus de 8 millions de personnes.14 Afind’éviter la propagation de ces maladies,un programme de santé sexuelle etgénésique a été mis en œuvre, lequelpropose des politiques de préventionaxées sur des campagnes d’information,la promotion de l’utilisation dupréservatif, et l’éducation sexuelle etgénésique.15

La maladie la plus importante dans leprofil épidémiologique de la Bolivie estla trypanosomiase (trypanosomiasis), lepaludisme et la tuberculose. Le gou-vernement a mis en place une stratégiede contrôle épidémiologique dans le butde réduire ces maladies. Des mesures deprévention contre la trypanosomiase,notamment la fumigation des ménagesinfestés et des zones résidentielles, ont

permis de grandement réduire les tauxd’infestation, de plus de 50 p. 100 en1999 à 10 p. 100 en 2003. Certains caspositifs de tuberculose sont restésstatiques; les traitements ont augmentéde 82 p. 100 en 2000 à 86 p. 100 en2002. Des initiatives de prévention etde contrôle du paludisme ont permis defaire chuter l’indice parasitaire annuelde 8 p. 100 en 2000 à 6,1 en 2003.16

Assurer un environnement durable(OMD 7)

La cible 9 de l’Objectif 7 vise à intégrerles principes du développementdurable dans les politiques etprogrammes nationaux et à inverserla tendance actuelle à la déperditiondes ressources environnementales, et la cible 10 vise quant à elle à réduirede moitié, d’ici à 2015, le pourcentagede la population qui n’a pas accès defaçon durable à l’eau de boisson salubreet à des services d’assainissement de base.

La Bolivie a enregistré des progrès dansl’élaboration de politiques liées à lagestion et au développement durable del’environnement, grâce à l’adoption dediverses lois fondamentales telles que laLoi sur les forêts, la Loi de l’institut deréforme agraire nationale (INRA), le Codesur l’exploitation minière, la Loi sur leshydrocarbures, etc. Cependant, selon legouvernement, il est indispensabled’arrêter le cadre de normes garantissantune gestion axée sur le développementdurable.17

Pour ce qui est de l’eau potable et deseaux d’égout, les services d’achemine-ment de l’eau dans les zones urbainesont augmenté, passant de 81 p. 100 en1992 à 90 p. 100 en 2001, et dans les

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régions rurales de 24 p. 100 en 1992 à39 p. 100 en 2001. Le traitement deseaux d’égout a augmenté dans lesrégions urbaines, passant de 49 p. 100en 1992 à 55 p. 100 en 2001, et dans lesrégions rurales, passant de 17 p. 100 en1992 à 33 p. 100 en 2001.18 Ces indica-teurs révèlent, d’une part, la présence decertains changements pertinents, lesquelsdécoulent des politiques publiques quiont été fortement appuyées par lesorganisations internationales et, d’autrepart, la fourniture toujours inadéquate deservices dans les régions rurales du pays.

L’un des plus importants obstacles à unedistribution à la fois meilleure et pluslarge d’eau potable et de servicesd’épuration des eaux d’égout est lafaiblesse des institutions publiques,laquelle est attribuable non pas seule-ment aux ressources limitées mais aussi àl’absence de coordination et de capacitéstechniques et de gestion aux différentsniveaux du gouvernement. À cela, il fautajouter de mauvais investissements dansles ressources nationales et locales etune évaluation ainsi qu’un contrôleinadéquats. La nature même de la planifi-cation intégrale et l’absence de collecteou de diffusion de données à tous lesniveaux du secteur, constituent un desplus grands problèmes. Pour réglertoutes ces difficultés, le gouvernementbolivien a mis en œuvre le plan nationalde service d’égout 2000-2010 pourassurer des services équitables etuniversels, ainsi que la mise en placed’institutions fortes et durables.Toutefois, la probabilité de réaliser lacible 10 reste faible.

Réduire l’extrême pauvreté et la faim(OMD 1)

Enfin, en ce qui a trait à la pauvreté, lacible consiste à réduire de moitié laproportion de la population dont lerevenu est inférieur à un dollar par jouret le nombre de personnes qui souffrentde la faim. Selon le gouvernement, laBolivie a peu de chances d’atteindre cetobjectif19, ce que confirment d’ailleurs lesindicateurs du tableau 1.

Plusieurs facteurs font obstacle à la crois-sance économique en faveur des pauvresde la Bolivie. Tout d’abord, les améliora-tions à la productivité agricole sont qua-siment inexistantes, et pourtant l’agricul-ture reste toujours la principale source derevenu pour la majorité des pauvres.20

Deuxièmement, le secteur industriel esttout juste naissant, fait l’objet deproblèmes d’investissement (coûtsélevés), d’une compétition injuste enraison des faibles contrôles des importa-tions illégales et des problèmes d’échelle.Enfin, les secteurs qui présentent desperspectives de développementprometteuses, tels que l’électricité, lesfinances, les hydrocarbures et lescommunications, ne sont pas à fortedensité de main-d’œuvre.21

Au cours des dernières décennies,par la promotion de divers plans etprogrammes, la Bolivie a fixé certainsobjectifs pour en arriver à un développe-ment productif, intégral et durable,rendant l’autonomisation et la transfor-mation productives, créant des institu-tions débouchant sur le développementsocio-économique, améliorant l’infra-structure matérielle, favorisant les

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exportations grâce à une plus grandecompétitivité dans la production desproduits, relançant l’économie par lacréation d’emplois stables, et augmen-tant les revenus des secteurs les pluspauvres de la population.22

Plusieurs politiques ont été mises enœuvre pour atteindre ces objectifs, entreautres un appui aux petites, moyennes etmicro entreprises (PMME), la promotionde chaînes de production, l’ouverture desmarchés extérieurs dans le cadred’ententes bilatérales et multinationales,une aide technique, et la réduction desimpôts. Et pourtant, ces politiques ontété très dispersées mais pas très efficacesdans la pratique, ce qui explique quel’économie a été plus ou moins excluedu reste du monde.23

Pour que la Bolivie puisse atteindre unniveau de croissance favorable auxpauvres, il est indispensable que songouvernement développe son capitalhumain et promeuve les petites,moyennes et micro entreprises (PMME).Ce chemin va être semé d’embûches.Tout d’abord, la productivité de cesentreprises est faible et, en raison deslimites des économies d’échelle, il estplus difficile de les développer et de lespromouvoir sur le marché extérieur.24

Deuxièmement, les retombées de l’édu-cation sont faibles pour la populationayant suivi des études primaires; parexemple, pour les régions urbaines,Muriel (2004) révèle qu’une annéesupplémentaire d’études n’améliore lesalaire horaire que de 2 p. 100. (À l’issued’études secondaires, le rendement estlégèrement supérieur, soit 4 p. 100.)

Aide du Canada à la Bolivie dans le cadre des Objectifs duMillénaire pour le développement Historique

Le Canada a accordé une aide à la Boliviepour la première fois vers la fin desannées 1960, principalement dans lesdomaines de l’infrastructure, dudéveloppement rural, de l’éducation etde l’aide technique. L’APD canadiennes’est concentrée sur ces secteurs au coursde la décennie suivante. Dans les années1980, l’Agence canadienne dedéveloppement international (ACDI) aréagi à la catastrophe naturelle causéepar l’éruption d’El Niño et la gravesécheresse en 1982 et 1983, par l’envoid’une aide alimentaire. Au cours de cettedécennie, l’aide canadienne a permis definancer des organisations internationalestelles que l’Organisation panaméricainede la santé (OPS), l’UNICEF et la Banqueinteraméricaine de développement (BID).Les secteurs d’intervention ont ensuiteété élargis pour y inclure la santé, lesprojets de services d’eau et d’assainisse-ment, le développement social et larecherche, les télécommunications, l’ex-ploitation minière et l’énergie.

Après le retour de la démocratie enBolivie en 1982 et l’inauguration d’unnouveau cadre institutionnel ainsi quel’adoption de nouvelles politiqueséconomiques sous le gouvernement deVíctor Paz Estensoro, en 1985, l’ACDIa alors élargi son programme dedéveloppement pour y inclure un soutien

L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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à la balance des paiements pour faciliterla tâche du gouvernement en matièred’ajustements structurels et pourcanaliser les fonds de contrepartie dansde nouveaux mécanismes créés par laBolivie comme le Fonds d’investissementsocial (FIS), le Fonds national pourl’environnement (FONAMA), laFondation pour le développement alter-natif (FADES) et la Fondation pour la

promotion et le développement desentreprises (PRODEM). Vers l’année1992, deux tiers des fonds bilatérauxétaient affectés à des entités gouverne-mentales à l’appui de processus deréforme à l’échelle nationale. Ce soutiena été maintenu lors des gouvernementssuccessifs qui se sont engagés àpoursuivre les réformes entamées.

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Tableau 4

Aide canadienne à la Bolivie

Année financière 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05(p)

Montant total de l’aide (en 000 de dollars canadiens) 14 797 16 885 13 440 18 930 9 903

Par secteur 100,00% 100,00% 100,00% 100,00% 100,00%

Éducation 2,32% 3,80% 4,61% 3,27% 7,03%

Santé 9,43% 4,37% 4,31% 34,64% 6,01%

Eau et assainissement 0,85% 0,80% 0,50% 0,54% 0,69%

Gouvernance et aide à la société civile 35,06% 40,51% 55,81% 42,75% 51,32%

Environnement 1,84% 0,71% 1,96% 0,49% 1,37%

Secteurs de la production et des services 44,22% 45,63% 27,43% 13,39% 25,17%

Autres 6,28% 4,19% 5,38% 4,91% 8,41%

Par direction 100,00% 100,00% 100,00% 100,00% 100,00%

Communications 0,00% 0,05% 0,12% 0,11% 0,28%

Amériques 64,49% 72,33% 64,57% 73,38% 48,46%

Programme multilatéral 7,78% 0,41% 0,00% 0,00% 0,00%

Partenariat canadien 27,73% 27,21% 35,32% 26,51% 51,26%

Source : ACDI.

Note: (p): préliminaire.

Objectifs de l’aide canadienne, 2003-2007

Vers la deuxième moitié des années1990, l’aide canadienne maintenait sapriorité sur la Bolivie, à savoir quel’accent était mis sur la prise en chargenationale et le renforcement des institu-tions et des capacités nationales. L’ACDIa décidé d’accentuer la coordinationentre la coopération et le gouvernementnational, et d’abandonner les petitsprojets isolés. En collaboration avecd’autres acteurs du développement,un objectif fut arrêté, soit celui deconcentrer les ressources de programmesdans des objectifs stratégiques. Laprogrammation-pays actuel de l’ACDI ence qui a trait à la Bolivie est définie dansle Nuevo Marco de RelacionamientoGobierno y Cooperación (Nouveaucadre de relations gouvernement-aideétrangère) auquel ont souscrit le gou-vernement de la Bolivie et la commu-nauté internationale de donateurs àl’occasion de la réunion du groupe deconsultation en 1999, ainsi que dansles Objectifs du Millénaire pour ledéveloppement et dans le Cadrestratégique de lutte contre la pauvreté(CSLP) de la Bolivie.

L’ACDI a activement contribué etparticipé, avec d’autres donateurs, à lapréparation du CSLP en Bolivie, en plusd’appuyer un grand nombre de proces-sus critiques pour le succès du CSLP,notamment l’Enquête sur l’améliorationdes conditions de vie (MECOVI), leRecensement national de 2001, laDirection du financement unique (DUF),la Loi sur le dialogue national, et laPolitique nationale sur la rémunération.En outre, la programmation-pays del’ACDI a été influencée par le CSLP, c’estpourquoi les programmes bilatéraux et

multilatéraux répondent à un certainnombre d’objectifs de ce cadre.

L’aide de l’ACDI ne s’est pas pour autantconcentrée sur les politiques fondamen-tales proposées par le CSLP. Ce dernierinsiste sur de plus grandes possibilitésd’emploi et le revenu, ainsi que sur unmeilleur accès aux marchés grâce à lacréation de petites et micro entreprises.Par contraste, l’ACDI a lié la réduction dela pauvreté et l’amélioration des normeset de la qualité de vie des pauvresBoliviens, principalement dans le cadrede deux objectifs stratégiques : faciliterles réformes économiques et politiquesen Bolivie, en appuyant les efforts dugouvernement bolivien pour moderniserl’État (p. ex., par l’amélioration de latechnologie, une plus grande efficacité,une bonne gouvernance, etc.) et, particu-lièrement, en augmentant la compétencede réglementation et l’efficacité dans lesecteur des hydrocarbures; et permettrede répondre aux besoins fondamentauxdes pauvres Boliviens par un meilleuraccès des femmes, des hommes, desgarçons et des filles aux services de santéessentiels et aux services d’eau potable,en appuyant les capacités institution-nelles nationales et locales dans cesdomaines. Le tableau 4 indique lessubventions de l’ACDI à la Bolivie danscette optique.25

Le fort pourcentage de ressourcesconsacrées à ces programmes, témoignebien de l’objectif stratégique en matièrede gouvernance et d’aide à la sociétécivile. Par exemple, pour l’année finan-cière AF 2004-2005, ces ressourcesreprésentent 51 p. 100 du total de l’aide.Au cours de l’AF 2003-2004, lesressources consacrées à la santé ont étéimportantes, s’élevant à 35 p. 100.

L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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La modernisation de l’État repose sur leprincipe selon lequel le développementdes secteurs des hydrocarbures et desservices publics maintiendra la croissanceéconomique de la Bolivie et, à longterme, réduira la pauvreté. Ces secteursont bénéficié d’une aide de l’ACDI; parexemple, l’industrie pétrolière et gazièrea reçu, en moyenne pour la période2000-2005, environ 37 p. 100 desressources des « secteurs productif et deservice », comparativement à 8 p. 100pour l’industrie et l’agriculture.

La relation entre l’État et les secteurs deshydrocarbures et des services publicsrepose sur les revenus fiscaux versés àl’État (taxes et redevances des entreprisesprivatisées), revenus qui plus tardseraient convertis en services fondamen-taux (santé, éducation et assainissement),et infrastructures bénéficiant les petites etmoyennes entreprises (PME). Toutefois,cette perspective soulève des problèmes.Tout d’abord, il est fort probable qu’enraison de la bureaucratie ambiante et dela corruption, il soit impossible d’utiliserefficacement ces ressources.Deuxièmement, le lien entre ledéveloppement de ces ressources, lacroissance économique à long terme etla réduction de la pauvreté, a été mis endoute dans diverses études. En dehors dela faible capacité de ces secteurs àabsorber les 130 000 nouveaux arrivantssur le marché du travail chaque année,il existe le problème de la répartitionimproductive des ressources (ousyndrome hollandais) – une phased’expansion dans le secteur desressources naturelles pourrait entraînerune croissance à court terme, mais àlong terme le secteur industriel subit leseffets négatifs que cause l’appréciationdu taux de change provoquée par unnombre excessif de dollars dansl’économie. Enfin, il faut mentionner

le risque qu’une phase d’expansion dansle secteur des ressources naturelles,comme celui du pétrole et du gaz,attire la plupart des capacités humainesspécialisées, limitant d’autant la capacitéde croissance des autres secteurs del’économie.

SantéLe programme de l’ACDI dans le secteurde la santé cherche à instaurer la pra-tique de la prise en charge au niveaunational et à contribuer à la coordinationet à la rationalisation des activités desdonateurs à l’appui des efforts quedéploie le gouvernement bolivien pourréduire la pauvreté. Ces principes sont enharmonie avec les processus définis dansle CSLP pour la Bolivie. Les effortsdéployés par l’ACDI se concentrentautour de ses connaissances des progrèset limites des politiques publiques dans ledomaine, au cours des quelquesdernières années, ainsi que les leçonstirées d’interventions précédentes.L’expérience a en effet démontré leslimites d’une expansion superficielle etde l’appui à un trop grand nombre deprojets isolés identifiés par l’ACDI plutôtqu’en fonction des besoins locaux, cequi rend difficile le contrôle par l’ACDIainsi que la coordination et le suivi parla Bolivie.

À propos des efforts de la Bolivie, l’ACDIsouligne la réforme du secteur de lasanté et sa décentralisation. Le nouveaumodèle de gestion partagée de la Boliviesous-entend que les représentants despréfectures, des gouvernements munici-paux et des communautés locales gèrentconjointement la fourniture des servicesde santé. Cependant, les faiblesses desinstitutions et des capacités techniques etfinancières, ont donné lieu à des pro-blèmes de gestion et d’administration.

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Un grand nombre de municipalités lesplus pauvres ne peuvent fournir desservices de santé adéquats à leursrésidents. Qui plus est, la coordinationentre les gouvernements central etmunicipaux n’est pas convenablementdéveloppée, et ces derniers ne disposentpas de l’infrastructure technique etadministrative indispensable pouracquérir les capacités nécessaires pourfaire face à leurs nouvelles responsabili-tés. En outre, on a constaté la présencede problèmes au niveau de la participa-tion de la société civile par l’intermédiairedes Comités de Vigilancia (Comités desurveillance) dans le contrôle de la qualitédes services de santé locaux ainsi quedans la présentation de propositions deprojets sanitaires au gouvernement.

En raison de la présence de ces pro-blèmes de gestion ainsi que des limitesdéjà mentionnées des services de santé,l’ACDI propose de renforcer les capacitésinstitutionnelles, ainsi qu’aux niveauxde la coordination et de la gestion, àdifférents niveaux du secteur public.L’Agence a pris l’engagement d’appuyerl’infrastructure de réforme de la santépublique de la Bolivie pour les services desanté et l’élaboration de modèles nova-teurs pour la gestion des services desanté locaux. Ce nouveau programmede santé logistique, que l’ACDI est sur lepoint de concevoir, dirige son aide versles sphères nationales et infranationales.

L’ACDI a acquis énormément d’expé-rience et de connaissances lors de l’étapede l’élaboration du projet de compé-tence pour la réforme de la santé desdistricts de la santé, des municipalités etdes organisations communautaires dansles villes de San Lorenzo (Départementde Tarija) et de Guayaramerín,(Département de Beni). Dans le cadrede ce projet, l’ACDI a appuyé le

développement de capacités pourpréparer, planifier, mettre en œuvre etvérifier les plans et systèmes administra-tifs en matière de santé publique. Ceprojet porte sur deux des 12 modèlesprometteurs de gestion en santé localeidentifiés par le gouvernement de laBolivie. À l’heure actuelle, on se penchesur la possibilité d’appliquer ces modèlesà d’autres districts. L’ACDI a créé uncréneau et s’est acquis une solide réputa-tion dans le secteur, en plus d’avoir établides contacts importants avec des expertsboliviens et canadiens en santé, tout enmettant en application des modèlesnovateurs de coopération et de participa-tion en gestion de la santé communau-taire et en renforcement des capacitésinstitutionnelles et individuelles.

Eau potable et système d’assainissementde l’eau La gestion de l’eau et les systèmesd’assainissement de l’eau sont desdomaines relativement nouveaux deprojets pour l’ACDI, en Bolivie. L’Agencea par exemple acquis de l’expérience deson projet d’eau, d’irrigation et d’eaupotable saine à Laka Laka, entre 1989-1997, ou encore dans le cadre du projetintégré d’eau et de santé dans certainescommunautés des départements dePotosí et Chuquisaca entre 1990-1995. Àl’instar du secteur de la santé, les leçonstirées de tels projets ont mené l’ACDI àentreprendre des interventions davan-tage programmées, liées au processus deréforme du gouvernement, et à mieuxcoordonner ses interventions avecd’autres donateurs.

En coordination avec les effortsnationaux, l’aide canadienne appuie lacréation d’un système d’information pourla gestion des ressources hydrauliques etl’assainissement de l’eau dont le but est

L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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de faire le lien entre les besoins desmunicipalités et le système de planifica-tion national. Ce projet cherche notam-ment à contribuer à l’amélioration de laqualité des données et à en renforcer lacollecte, le calcul et la coordination; ainsiqu’à renforcer les capacités de planifica-tion par la mise en place d’un systèmede données informatisées, à fournir lesrenseignements et autres donnéesessentielles aux municipalités sur lesnormes et lois en vigueur du secteur.

Modernisation de l’État Dans le cadre de la nouvelle programma-tion pour la Bolivie, le principal domained’intervention est celui de la modernisa-tion de l’État. Son importancestratégique se trouve dans les grandesréformes des années 1990, soit lesréformes de la « seconde génération »qui procédaient à une redéfinitionmajeure du rôle de l’État dans l’économieet la société dans son ensemble. Par suitede la stabilisation de l’économie bolivien-ne à la fin des années 1980, l’État acessé d’être le principal intervenantéconomique et de participer directementà l’économie productive pour se concen-trer sur son rôle de chef de file et orien-ter les politiques, créer un milieu propiceau développement en établissant descadres réglementaires, des services so-ciaux essentiels et une bonne infrastruc-ture. Le gouvernement bolivien a égale-ment décentralisé une bonne partie deses compétences qu’il a transférées auxadministrations municipales et de district.Les principales réformes concernaient laprivatisation, le fonds de pension, ladécentralisation administrative et laparticipation de la population, la santé,l’éducation, et l’appareil d’État, quicomprend le programme de réformede la fonction publique.

Bien que les différents niveaux dugouvernement aient obtenu des progrèsimportants et aient pu améliorer lesstructures administratives du pays, il y aencore beaucoup à faire pour mettre enapplication ces réformes à la fois trèsambitieuses et larges. La Bolivie est unÉtat toujours faible, aussi bien sur lesplans institutionnels que politiques, et ilreste encore bien des choses à faire pourque ses institutions publiques soientconsidérées comme étant efficaces. Lesmunicipalités ne sont à même d’absorberqu’environ 35 p. 100 des fonds qui leursont affectés par le gouvernementcentral, et les préfectures quant à ellesn’en absorbent que 50 p. 100 en raisonde leur capacité de planification et demise en œuvre limitée et de l’absenced’une vision de travail claire parmi les dif-férents secteurs, départements et niveauxde gouvernement. En outre, il est impor-tant de noter que les défis auxquels estconfrontée la Bolivie en matière de gou-vernance sont le résultat d’inefficacitésstructurelles de longue date de sonsystème démocratique, et de son passémarqué du sceau de l’exclusion politiqueainsi que de l’absence de légitimité desinstitutions publiques.

En conformité avec les engagements dugouvernement bolivien et avec l’expé-rience de l’ACDI, les récents programmesse concentrent sur trois éléments :cadres réglementaires dans les ressourcesstratégiques et les secteurs minéraux;réforme de la fonction publique et dusecteur public; et protection et élargisse-ment des droits humains.

La première composante consiste àappuyer la formulation et l’applicationefficaces des cadres réglementaires dansle secteur des hydrocarbures et desressources minérales. L’aide de l’ACDIpour créer un cadre réglementaire en

Rapport canadien sur le développement 2005

170

vue de la privatisation, augmenter lesinvestissements et améliorer la réglemen-tation environnementale dans ce secteur,a été largement reconnue, et remonte à1993. L’aide au secteur minier a quant àelle commencé en 1997 et surtout portésur le renforcement de la capacité dugouvernement bolivien de formuler despolitiques et d’élaborer des cadres opéra-tionnels qui aideront à réglementer lesecteur; sur des cours de formation rela-tivement aux normes en matière d’envi-ronnement, de santé et de sécurité, demême que sur la résolution des conflits;et sur l’amélioration des revenus desfemmes et des enfants qui exercentsporadiquement le métier de mineur.

Afin que la gouvernance de la Bolivie soitdavantage intégrée, que ce soit auniveau de l’efficacité ou de celui de lareconstruction des équilibres sociaux etpolitiques, l’aide de l’ACDI doit accompa-gner les efforts entrepris pour cibler lecadre réglementaire dans les secteursproductifs et les politiques industriellespour les PME. D’après la politique duCSLP visant le renforcement des petitsproducteurs comme axe central de lalutte contre la pauvreté, l’ACDI pourraitparticiper à la mise en place d’un envi-ronnement institutionnel conforme auxcaractéristiques et dimensions des microet petites entreprises. On pourrait ainsiapporter des changements positifs auxrègles juridiques, fiscales et financièresrégissant les PMME, une meilleure coor-dination entre les gouvernements centralet municipaux afin d’encourager ledéveloppement local et de renforcer lacapacité institutionnelle des municipalitésà abaisser les coûts des transactions et àaugmenter les synergies dans les milieuxd’affaires locaux. Qui plus est, le CSLPpropose des politiques industrielles visantune augmentation de la productivité et

de la concurrence des chaînes deproduction, et ainsi la transformationdu sous-emploi à un emploi sous le signede la dignité.

La réforme de la fonction publique et dusecteur public passe par un appui institu-tionnel à certaines institutions boliviennesqui sont sur le point de devenir plus effi-caces, plus responsables et plus transpar-entes. De façon plus précise, une aidefinancière est apportée dans le cadre desfonds locaux pour la réforme de la fonc-tion publique (FLARSP), de même qu’uneassistance technique par le biais de ladésignation stratégique de bénévoles-spécialistes canadiens dans certainesinstitutions qui procèdent à des réformes.

En ce qui a trait aux droits humains, ils’agit d’un nouveau champ d’action pourl’ACDI. L’Agence poursuit son travailgrâce au financement conjoint et globaldes donateurs pour appuyer le Defensordel Pueblo (Bureau du Commissaire auxdroits de l’homme), qui vient tout justed’être créé et est exempt de toutepression politique. Il a pour mandat decorriger les errements de la gouvernanceen Bolivie, que ce soit la prestationinefficace ou déficiente des services, lacorruption, la politisation de la bureau-cratie ou l’impossibilité pour les Boliviensmarginalisés d’accéder à la justice ou auxservices publics. Actuellement, l’ACDIcompte un spécialiste des droits humainsau Bureau du Commissaire à La Paz.

Égalité entre les sexes L’égalité entre les sexes est un enjeutransversal ou interconnecté dans lesprogrammes et projets qu’appuie leCanada en Bolivie, en vertu du CSLP dece pays. La question de l’égalité dessexes a fait son apparition dans lespolitiques publiques en 1993, de façon

L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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significative et irréversible, lors de lacréation du poste de vice-ministreresponsable de la préparation et de lamise en application des politiques enmatière d’égalité entre les sexes.

L’approche adoptée à l’égard de l’égalitéentre les sexes par l’ACDI se concentresur l’accroissement progressif de laparticipation des femmes aux processusde développement, surtout en sensibi-lisant davantage le public aux droits desfemmes et au respect de ces droits; surla capacité accrue des organisationsféminines de jouer un rôle actif dans ledialogue politique et dans la planifica-tion, la mise en œuvre et l’évaluation dudéveloppement; et sur une plus grandeparticipation directe des femmesboliviennes aux processus décisionnels,que ce soit au sein de l’État, dusecteur privé, de la société civile, de lacollectivité ou du ménage.

Développement durable Le développement durable est un autrethème transversal de la programmationpour la Bolivie. Tout comme dans leCSLP, par développement durable onentend la protection, la préservation etla gestion efficaces de l’intégrité desressources naturelles pour les générationsfutures. Le gouvernement de la Bolivie aélaboré un certain nombre de stratégiespour faire face à ces défis environnemen-taux, et le CSLP accorde à cette questionune importance considérable.

L’ACDI cherche à s’assurer que tous sesprogrammes et projets se conformentà la Loi canadienne sur l’évaluationenvironnementale (LCEE). L’Agence sepropose également de sensibiliser lapopulation aux normes environnemen-tales et de les faire respecter. Par

exemple, dans le secteur énergétique,le Projet d’exploitation de pétrole et dugaz en Bolivie consiste à favoriserl’adoption de technologies plus sûreset plus efficaces pour un environnementdurable, et à donner des cours deformation au personnel ainsi qu’à fournirde l’expertise technique à l’unité environ-nementale du vice-ministère de l’Énergieet des Hydrocarbures.

ConclusionsLes politiques de l’ACDI en Bolivie ence qui a trait à la santé, à l’eau et àl’assainissement, à l’égalité des sexes, età la viabilité de l’environnement, sontcoordonnées avec les Objectifs duMillénaire pour le développement dans lecadre de l’harmonisation du CSLP. Enoutre, l’Agence a directement contribuéaux processus des Dialogues I et II ainsiqu’à la préparation du CSLP; aux proces-sus et activités ayant permis de refor-muler le CSLP, et à la conception d’indi-cateurs et de processus de contrôle. Lacoordination de l’aide canadienne avec legouvernement de la Bolivie et les aidesbilatérales et multilatérales constituentd’énormes progrès par rapport aux inter-ventions qui étaient de nature isolée,dispersée et axée sur des initiatives d’aideunilatérale. En outre, les politiques envue de la modernisation de l’État et durenforcement des municipalités rendentviable la réalisation du CSLP (Cadrestratégique de lutte contre la pauvretéde la Bolivie).

Toutefois, les objectifs de l’ACDI enBolivie ne reflètent pas l’objectif généraldu CSLP révisé visant la promotion d’unmodèle de développement davantageinclusif, capable d’éradiquer la pauvretéet les inégalités sociales. L’ACDI n’inclut

Rapport canadien sur le développement 2005

172

pas dans ses objectifs la création de PMEpar le renforcement des chaînes de pro-duction et l’appui à un cadre réglemen-taire adéquat pour les producteurs etmunicipalités. Ces entreprises – quicomptent moins de dix employés –absorbent environ 85 p. 100 del’ensemble de la population active, c’estpourquoi l’exclusion de cet importantobjectif limite les résultats de la contribu-tion de l’ACDI à la Bolivie dans sa luttecontre la pauvreté.

Il est aussi bon de signaler que le CSLPavance que le modèle de développementreposant sur les ressources naturellestelles que les hydrocarbures, l’électricitéet les télécommunications, n’est pasviable à long terme en raison del’absence de relations économiques avecd’autres secteurs et d’une génération oùl’emploi est faible. Bien que l’économiebolivienne ait augmenté de 4 p. 100entre 1990 et 1998, elle n’a généréaucun emploi ni réduit la pauvreté.

La décision de l’ACDI de faire desinvestissements marginaux dans lessecteurs qui génèrent la majorité desemplois peut être aussi liée à sesdécaissements totaux à la Bolivie. Ilimporte de prendre en considération lefait qu’une plus grande affectation desressources à la Bolivie – peut-être mêmela création d’une autre ligne de program-mation – en vue d’appuyer les PME dansle cadre de la politique du CSLP,permettrait à l’Agence de jouer un rôleplus important dans les efforts déployéspar la Bolivie pour réduire la pauvreté.La Bolivie étant l’un des « pays deconcentration » de l’ACDI, ses mesurespourraient être davantage exhaustives etappuyer de façon significative un modèleinclusif de développement économique.Plus précisément au lendemain de lacrise d’octobre 2003, les efforts visant à

promouvoir la mise en application deprojets et à contrôler et évaluer leurseffets sociaux et environnementaux,doivent également être renforcés.

GONZALO CHÁVEZ détient une maîtriseen politiques publiques de la HarvardUniversity, et une maîtrise en scienceséconomiques et relations internationales dela Columbia University. Il est aspirant audoctorat à la University of Manchester et asuivi des études à la Pontificia UniversidadeCatólica do Rio de Janeiro. Il est actuelle-ment directeur d’un programme de maîtriseà la Universidad Católica Boliviana où il estprofesseur à temps plein. En tant que con-sultant, il a travaillé pour le gouvernementbolivien, la Corporación Boliviana deFomento et l’Institut Nord-Sud.

BEATRIZ MURIEL, Ph.D., a travaillé commeanalyste à la Unidad de Análisis de PolíticasEconómicas, et occupé le poste de directricede l’Institute for Socio-Economic Research àLa Paz. En outre, elle a été consultanteauprès de diverses institutions nationaleset internationales, dont Educated GirlsGlobally (EGG), la Banque interaméricainede développement (BID) et l’Institut Nord-Sud.

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L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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PNUD. Rapport sur le développementhumain 2004.

NotesLes auteurs remercient toutes les person-nes de l’INS, de l’ACDI et d’ailleurs, pourleurs commentaires.

1 PNUD, Rapport sur le développementhumain, 2004.

2 En 2003, le Président Gonzalo Sánchez deLozada a été écarté de son poste à la suitede plusieurs mouvements sociaux.Certains expliquent cette situation par lamise en application de politiqueséconomiques douteuses, la corruption etla répression des fortes contestations de lasociété publique et civile, de la part del’ancien président.

3 L’incidence de la pauvreté extrême sedéfinit comme pourcentage de la popula-tion dont le revenu est inférieur au coûtdu panier à provisions.

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4 Les populations autochtones sont déter-minées en fonction de leur langue mater-nelle, qui peut être le Quechua, l’Aymaraou une autre langue autochtone.

5 Hernani, 2002.

6 Voir Muriel, 2002.

7 Ibid.

8 Voir Fernandez et Reinaga, 2004.

9 Voir UDAPE et al, 2002; et UDAPE, 2003.Il existe toujours de graves problèmes, enBolivie, concernant la qualité de l’éduca-tion, principalement pour les peuplesautochtones, mais ceux-ci ne sont pasinclus dans les OMD. Voir, par exemple,Andersen et Muriel, 2002; Fernandez etReinaga, 2004; et Orihuela, 2004.

10 Voir INE, 2003.

11 Le taux de réussite en 8e année ne faitpas non plus apparaître d’importantesdifférences entre les sexes (voir UDAPE,2003).

12 Voir INE et al. 2002, et UDAPE, 2003.

13 Voir UDAPE et al., 2002, et UDAPE, 2003.

14 Ces données peuvent être néanmoinssous-estimées.

15 Voir INE et al., 2002.

16 Voir UDAPE, 2004a et 2004b.

17 INE et al., 2002.

18 Ces données sont tirées des Recensementsde 1992 et 2001.

19 L’indicateur des besoins humains fonda-mentaux non satisfaits entre 1992 et2001 (années du recensement) révèle quela pauvreté a été réduite de moins d’uncinquième en presque une décennie.

20 Cela est particulièrement évident pour lesvallées et les régions Altiplano de Bolivie.

21 Selon le PNUD (2003), ces problèmestraduisent la présence d’obstaclesstructurels qui ont rendu extrêmementdifficile d’atteindre une croissanceéconomique durable.

22 Voir Chávez, 2004.

23 Voir Vera, 2005.

24 Même les grandes entreprises sontlimitées quant à leur capacité à mettre enmarché leurs produits sur les marchésextérieurs en raison de problèmesd’échelle de production.

25 Nous remercions Alex Carrasco, del’ACDI, pour ses données.

L’aide canadienne à la Bolivie et les OMD : Mesures concrètes et perspectives

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Mise en œuvre des

OMD au Mali :

Contribution de la

coopération canadienne

Boukary Barry

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

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Lecture malienne desObjectifs du Millénairepour le Développement(OMD)

La communauté internationale,sous l’égide de l’Organisationdes Nations Unies, a entrepris

d’organiser depuis 1990 plusieursconférences et sommets en vue demettre en place un programme dedéveloppement général fondé surla défense des droits humains etcomportant des objectifs, des indi-cateurs chiffrés et un calendrierprécis de réalisation. Ce qui aabouti, en septembre 2000, à laformulation de 8 objectifs, 18cibles ou sous objectifs, 48 indica-teurs et une échéance de 25 ans àpartir de 1990, c’est-à-dire en2015 – que 191 pays du monde,dont le Mali, se sont engagés àréaliser.

Par ces OMD, l’ONU et le Groupedes NU pour le développementespèrent plus d’actions etd’interactions des pays engagésen faveur du développement, etsurtout plus d’outils et demécanismes pour suivre, évaluer,voire ajuster les actions

entreprises en vue d’un « mondemeilleur pour tous ».

À la suite des interviews effec-tuées lors de la présente étude,différentes opinions ont été for-mulées à l’endroit des OMD.Nous en déduisons quatre caté-gories :

• D’aucuns voient en ces OMDune réelle avancée de laconception de la coopérationinternationale, passant del’obligation des moyens àl’obligation de résultats. Seloncette opinion, l’avènement desOMD traduit la volonté desbailleurs de fonds d’introduiredans la gestion de l’aide (doncdans le champ du développe-ment), l’utilisation des instru-ments de gestion empruntésdu monde des affaires où larigueur, la recherche de l’effi-cacité et de l’efficience, et lacohérence des interventionssont des éléments déterminantspour la réussite d’une stratégiede gestion. En somme, celavoudrait dire que la gestionrationnelle des ressources affec-tées au développement est aucentre des préoccupations.

Mise en œuvre des OMD au Mali :

Contribution de la coopération canadienneBoukary Barry

• D’autres voient en ces OMD unesimple plate-forme minimale d’objec-tifs à atteindre par chaque pays etpour lesquels le Groupe des NationsUnies pour le développement, àtravers le PNUD, favorise la documen-tation et la visibilité par un appui aurenforcement de la capacité nationalede suivi des progrès réalisés.

• D’autres encore disent des OMDque c’est une autre manière « d’exter-naliser » la gestion du développementet de basculer dans une logique large-ment quantitative. Pour cette opinion,à travers les OMD, les pays riches etles organisations internationales quigouvernent le monde, rétrécissent lamarge de manœuvre des pays endéveloppement notamment dans laconception et la réalisation de leurspolitiques de développement. Deuxprincipales conséquences illustrent lesdangers qui pourraient en résulter :une course serait engagée pourobtenir des résultats mesurables, et ilest fort probable que la constructiondes infrastructures soit privilégiée carplus visible, au détriment de la qualitédes produits ou des prestations à offrir.Par exemple, de nombreuses construc-tions de salles de classe et de centresde santé ont été engagées mais ellesn’aboutissent pas forcément à lal’amélioration de la qualité del’éducation et des soins de santé; laresponsabilité de la non-réalisationdes objectifs pourrait être rejetée surles partenaires au développement(bailleurs de fonds) car l’adoption desOMD serait synonyme de co-respon-sabilité dans la mise en œuvre desprogrammes et projets. Le risque de

détourner les OMD comme unestratégie de recherche de financementn’est pas non plus à écarter.

• Et pour d’autres enfin, le concept desOMD vient enrichir le volumineuxvocabulaire du développement,expression à inclure sans hésitationdans tous les discours officiels pourdonner l’impression d’être au fait dece qui se passe dans le monde, maissurtout pour convaincre (voirevaincre!) l’interlocuteur, de préférenceun bailleur de fonds.

Concernant le Mali, d’après lesdiscussions menées avec les hautsresponsables chargés du dossier, laposition « officielle » du Mali se situeraitau niveau de la 2ème opinion, c’est-à-direles OMD comme plate-forme minimaled’objectifs nationaux à réaliser.

À la suite des travaux de lancement desOMD, les participants venant dessecteurs public et privé, de la sociétécivile et des partenaires techniques etfinanciers (PTF), ont adopté les OMDpour le Mali tout en s’assurant de leurcohérence avec les politiques nationales,notamment avec le cadre stratégique delutte contre la pauvreté.

Ainsi, 8 objectifs, 19 cibles ou sous-objectifs et 61 indicateurs chiffrés ont étéretenus (cf. annexe) à l’issue de l’atelierde lancement.

La coordination du suivi de la mise enœuvre de ces objectifs au niveau nationala été confiée au ministère chargé del’économie et des finances qui s’appuieau niveau opérationnel sur la Celluledu Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

Rapport canadien sur le développement 2005

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Le point sur les principauxprogrammes de développementLa lutte contre la pauvreté au Mali

Selon le document portant sur lasynthèse de l’état de mise en œuvre despolitiques et programmes de développe-ment du Mali, préparé en vue de la Tableronde des bailleurs de fonds du Mali àGenève, en mars 2004, sur le CSLP etconfirmé par nos propres observations,l’économie malienne a enregistré (entre1998 à 2004) des progrès significatifstant au niveau macroéconomique qu’àcelui de la lutte contre la pauvreté. Cesprogrès se résument comme suit :

Au niveau macroéconomique• Le Mali rompt avec les longues années

de faible croissance. En effet, le tauxmoyen de croissance du PIB inférieur à2 p. 100 en 1992-93, atteignait 4,8 p.100 en 1994-95, et a même nette-ment dépassé les 5 p. 100 depuis cettedate. En 2003, en dépit des effetsnéfastes de la crise ivoirienne sur lessecteurs secondaire et tertiaire, par-tiellement compensés par des condi-tions climatiques favorables, le taux decroissance annuel est passé au-dessusdes 3 p. 100.

• Depuis 1996, le taux d’inflation auMali se situe en moyenne autour de2 p. 1001, un niveau permettant destabiliser le taux de change effectif dupays et surtout de protéger les acquisde la dévaluation du F CFA en 1994.

• Les réformes fiscales et le renforcementde l’administration fiscale ont entraînéune augmentation des recettes fiscalespassant de 13 p. 100 du PIB en 1994-95 à 16,5 p. 100 en 1999-2002. Enoutre, le déficit public a connu unebaisse, passant de 12,9 p. 100 du PIBen 1994-95 à 8,2 p. 100 depuis 1999.

• Les dépenses sociales (éducation etsanté) sont en augmentation au regardde leur niveau de 1990.

• D’importantes mesures liées à lacréation d’un environnement incitatifaux investissements privés ont étéprises. Il s’agit notamment de l’har-monisation d’un environnementjuridique et réglementaire (adoptiondes textes de l’OHADA), adoption d’unplan de développement du secteurjudiciaire, privatisation progressive desentreprises publiques.

Au niveau de la lutte contre la pauvreté• Par rapport aux mesures institution-

nelles, des progrès considérables ontété enregistrés dans la réforme de lagestion publique, par exemple décen-tralisation, mais aussi sur le plan de lajustice et de la lutte contre la corrup-tion. Il s’agit notamment de l’élabora-tion des cadres de dépenses à moyenterme, de la préparation et de l’adop-tion d’un manuel de procédures deprogrammation et de suivi/évaluationdes investissements publics; de l’adop-tion de la loi créant un poste de vérifi-cateur général indépendant nommépar le président de la République(après un appel de candidatures).

• Par rapport à l’accès aux servicessociaux, l’enseignement primaire abénéficié de la part de l’État d’uneffort significatif dans l’allocationbudgétaire, ce qui a permis, avecl’appui des partenaires au développe-ment, de construire des classes et derecruter des enseignants, ce qui s’esttraduit par une amélioration sensibledu taux de scolarisation, surtout pourles filles. Au niveau de la santé, laconstruction des CSCOM a dépassé lesrésultats escomptés. Cependant, laqualité reste encore à améliorer tant

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

181

dans l’enseignement que dans lasanté. Concernant l’eau potable etl’assainissement, les progrès enregistréssont plus au niveau des réformes insti-tutionnelles.

• Par rapport au développement desinfrastructures, des mesures incitativesont été prises par le gouvernementpour mieux entretenir l’infrastructuredéjà en place et faciliter égalementl’accès des populations aux télécom-munications et à l’électricité, notam-ment dans les régions rurales.

• Par rapport au secteur productif, lesecteur primaire a enregistré uneaugmentation de la production céréa-lière et cotonnière. Le gouvernementmanifeste une volonté affichée depoursuivre le développement desinfrastructures à travers l’AGETIER etla promotion des organisationspaysannes dans le cadre des interven-tions du PASAOP.

Les dossiers de la privatisation de laCMDT et la libéralisation du secteur ducoton, sont bien avancés. Le secteursecondaire est marqué par l’essor de laproduction de l’or soutenue par un codeminier jugé attrayant semble-t-il par lesexploitants. Quant au secteur tertiaire,notamment le commerce, sondynamisme sera d’avantage fouetté parle récent développement des transportset des télécommunications.

Ces progrès ont été réalisés avec l’appuide différents partenaires techniques etfinanciers. Ainsi, en 2001, les 6 princi-paux partenaires du Mali (toutes sourcesde financement confondues) ont été lessuivants : l’Agence internationale pour ledéveloppement (AID) (19 p. 100), lesystème des Nations Unies (SNU) (14 p.100), le Fonds européen de développe-ment (FED) (13 p. 100), la France (11 p.

100), les État-Unis (9 p. 100) et leCanada (7 p. 100).

Ces 6 partenaires représentent à euxtous 73 p. 100 de l’aide publique audéveloppement que reçoit le Mali.Concernant le Canada, on sait que sonapport a augmenté de manièresubstantielle depuis 2003 par le fait quele Mali ait été retenu comme un despays de concentration de la coopérationcanadienne en Afrique. En effet, à partirde 2003, la contribution financière dela coopération canadienne serait del’ordre de 44 millions de dollarscanadiens par an.

Les OMD à la loupe : conclusionsdu premier rapport de suivi Le premier rapport de suivi des OMD auMali a été réalisé en septembre 2004 pardeux consultants maliens sous la doublesupervision du ministère des Finances entant que responsable de la mise enœuvre du programme, et celle du PNUD-Mali.

A l’instar des rapports des autres pays,celui du Mali a été élaboré selon lesdirectives du Groupe des Nations Uniespour le développement.

D’après ces directives, le rapport relatifaux OMD est un instrument destiné àcontribuer à l’éveil des consciences; à desactivités de promotion et à la formationd’alliances; au renouvellement desengagements politiques au niveaunational, et au renforcement de lacapacité nationale à évaluer les objectifset à établir les rapports à ce sujet.

Les conclusions du rapport sont globale-ment pessimistes quant à l’atteinte de lamajorité des objectifs du millénaire.

Rapport canadien sur le développement 2005

182

Toutefois, quelques cibles sont réalisablesmais il règne des inquiétudes au regardde la minceur des progrès depuisl’adoption des OMD.

De manière spécifique, le rapport conclutque :

• L’objectif 2 « Assurer l’éducationprimaire pour tous d’ici à l’an 2015 »serait possible si les efforts actuels sepoursuivaient.

• Certains éléments de la cible 1.2« Réduire de moitié, entre 1990 et2015, la proportion de la populationsouffrant de faim » pourraient êtreatteints si les efforts actuels étaientmaintenus et/ou renforcés.

• Pour la cible 7.12 « Réduire demoitié, d’ici à l’an à 2015, le pourcent-age de la population n’ayant pasaccès, de façon durable, à un approvi-sionnement en eau potable », l’espoirde l’atteindre est permis.

• Par contre, la chance d’atteindre lesautres objectifs à l’échéance 2015 esttrès mince au regard des progrèsréalisés, des moyens et stratégies misen place et de l’ampleur descontraintes à lever.

Les conclusions du premier rapport desuivi des OMD au Mali se résumentcomme suit : [reference to box 1]

Remarques

Le concept de lutte contre la pauvretéest introduit de manière « anarchique »dans tous les discours tant par les voiesofficielles que dans le milieu des organi-sations de la société civile OSC, sans pourautant procéder à une véritable désagré-gation ni à une définition contextuelle du

concept. Il est vrai que différentes défini-tions ont été proposées par les rédacteursdu CSLP, mais le concept contiendraitencore une forte dose de constructiontechniciste à travers la magie des calculsstatistiques et des simplifications àoutrance qui finissent toujours par « pondre » des chiffres qui doivent parailleurs confirmer une typologie quisemble être pensée au préalable. Ainsipour le Mali, les techniciens des statis-tiques déclarent que 64 p. 100 desMaliens sont pauvres, ce chiffre consti-tuant aujourd’hui l’unique référence etla base de toute la stratégie malienne enmatière de politiques de développement.

Par contre, peu d’informations sontfournies sur les 36 p. 100 qui ne sont paspauvres : sont-ils des riches, et en quoi lesont-ils? Et dans ce cas, quelle interrela-tion y a-t-il avec les 64 p. 100 des pau-vres? Est-ce que les 64 p. 100 sont deplus en plus pauvres parce que les 36 p.100 deviennent de plus en plus riches?Malheureusement, ces questions ne sontpas suffisamment abordées dans le cadrede stratégies de lutte contre la pauvretéqui ressemblent à certains égards, et àmon sens, à un document de projet enquête de financement extérieur.

C’est pourquoi, il est bien intéressant denoter les remarquables progrès réaliséspar le Mali dans ce qui est convenu d’ap-peler aujourd’hui la lutte contre la pau-vreté; il existe cependant un profonddécalage entre les signaux des indica-teurs macroéconomiques plutôt au vertet la réalité quotidienne des populationsqui tend plutôt vers le rouge. À titred’illustration, à Bamako, la mendicitéaugmente de manière inquiétante dansla rue, aux feux de signalisation, etnotamment pour les personnes âgées et

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

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Rapport canadien sur le développement 2005

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Objectifs Principaux progrès réalisésAppréciation par rapport à l'atteinte des objectifs

1. Éliminer l’extrêmepauvreté et la faim

— Une analyse de la pauvreté a permis demettre en évidence 3 formes de pauvreté :pauvreté de conditions de vie, pauvretémonétaire et pauvreté de potentialité.

— La pauvreté a connu une baisse de 4,2 %de 1989 à 2001.

— Élaboration et adoption en 2002 d’uncadre stratégique de lutte contre lapauvreté.

— La proportion de la population n’at-teignant pas le niveau minimal d’apportcalorifique a baissé, passant de 25 % en1990 à 20 % en 2000.

— Rythme satisfaisant de l’exécution du pro-gramme quinquennal du gouvernementmalien en matière d’aménagementrizicole : 46 % en 2 ans.

— Il est peu probable de parvenir d’ici àl’an 2015 à réduire de moitié (de69 % à 34,5 %) la proportion de lapopulation dont le revenu estinférieur au seuil de pauvreté.

— Par contre, le Mali peut atteindrel’autosuffisance alimentaire si lerythme actuel des efforts estmaintenu.

2. Assurer l’éducationprimaire pour tous d’ici àl’an 2015

— Le taux brut de scolarisation dans le pri-maire a augmenté de manière progressive,passant de 26,0 % en 1990 à 67,0 % en2003.

— Pour les garçons, ce taux est passé de33,2 % en 1990 à 70,6 % en 2003 etpour les filles, de 18,9 % en 1990 à51,1 % en 2003.

— L’augmentation de ce taux est due engrande partie à la mise en place des infra-structures scolaires et au recrutement desenseignants.

— Le taux d’alphabétisation des 15-24 ans estégalement en constante amélioration et estpassé de 16,8 % en 1991 à 41,5 %.

— L’objectif de la scolarisation universelleà l’horizon 2015 serait difficilementatteint au rythme actuel : toutefois, lascolarisation primaire universelle pour-rait globalement être atteinte au vudes progrès déjà réalisés.

Tableau 1

3. Promouvoir l’égalitédes sexes et l’autonomi-sation des femmes

Des avancées notoires ont été enregistréesdans la promotion des femmes au Mali.

— Au niveau de l’éducation : le rapportfilles/garçons dans l’enseignement primaireévolue en faveur des filles. Il est passé de68 filles pour 100 garçons en 1998 à 73filles pour 100 garçons en 2002.

— Au niveau politique, le nombre de femmesdéputés est passé de 3 % des élus en 1992à 12 % en 1998 pour retomber à 10 % en2003, mais elles restent faiblementreprésentées dans les autres institutions :Gouvernement (14 %), Haut conseil descollectivités territoriales (8 %) et Conseiléconomique, social et culturel (6 %).

— Maintien depuis 1992 du ministère chargéde la promotion de la femme, de l’enfantet de la famille qui a permis, avec l’appuides partenaires au développement, demettre en place plusieurs projets etprogrammes œuvrant pour la promotionde la femme (exemple : Centres de forma-tion et d’animation rurale, Promotion de lafemme et Allègement de la pauvreté,Fonds pour l’égalité entre les sexes, etc).

— En dépit des progrès réalisés, l'atteinted'ici à l'an 2015 de cet objectif n'estpas évidente.

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

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Objectifs Principaux progrès réalisésAppréciation par rapport à l'atteinte des objectifs

4. Réduire la mortalitédes enfants de moins de5 ans

— Relative diminution de la mortalité desenfants au Mali, passant de 123 décèspour 1 000 enfants nés vivants en 1991 à113 décès pour 1 000 en 2001. Quant à lamortalité juvénile, elle est passée de 238décès pour 1 000 enfants vivants en 1991à 229 décès pour 1 000 en 2001.

— Il est peu probable que le Maliréussisse à réduire de 2/3 le taux demortalité au regard du niveau actueldes indicateurs concernés.

5. Améliorer la santématernelle

— Peu de progrès recensés à ce niveau endépit des efforts énormes déployés par legouvernement et ses partenaires dansl’élaboration et la mise en œuvre de lapolitique sectorielle de santé.

— Le taux de mortalité maternelle resteencore élevé, se situant entre 500 à 600décès pour 100 000 naissances vivantes.

— Difficilement atteignable d’ici à l’an2015.

6. Combattre leVIH/SIDA, le paludismeet d’autres maladies

— Volonté politique au plus haut niveau del’État qui contribue sensiblement àl’information des populations sur le sida.

— L’atteinte de cet objectif n’est pascertaine.

8. Mettre en place unpartenariat mondial pourle développement

— Mobilisation de multiples partenaires audéveloppement.

— L’établissement d’un réel partenariatd’ici à l’an 2015 n’est pas évident.

7. Assurer un environ-nement durable

— Existence d’un cadre approprié de gestionde l’environnement.

— Dégradation au niveau de la gestion desressources forestières.

— L’accès à l’eau a connu quelques progrès,passant de 38 % en 1991 à 54,1 % en2003.

— En ce qui concerne l’approvisionnement eneau potable, l’objectif pourrait être atteintau regard des réalisations et perspectivesdans ce sens.

— Par contre, concernant la gestion desressources naturelles et l’accès auxlogements économiques et sociaux,son atteinte n’est pas évidente.

Source : 1er rapport du Mali sur le suivi des OMD, sept 2004.

les enfants – alors que de l’autre coté sedressent de somptueux immeubles dansles quartiers dits « des nouveaux riches ».

De quoi parle-t-on donc quand on veutlutter contre la pauvreté? S’agit-il dediminuer simplement les 64 p. 100 enjouant sur les 36 p. 100 ou de diminuerles 36 p. 100 pour que les 64 p. 100 enprofitent, ou alors chercher à sauver les64 p. 100 sans se préoccuper de l’influ-ence des 36 p. 100 sur la situation de lapauvreté. Les indicateurs du CSLP et desOMD n’en font malheureusement pasexpressément mention et tout le mondese contente de la nébuleuse expressionde lutte contre la pauvreté. Mais commeon sait que le Mali a emprunté l’optionlibérale pour le développement de sonéconomie, il est donc vraisemblable quela stratégie de lutte contre la pauvreté vaplutôt se concentrer sur la réduction dela pauvreté que sur la répartition de larichesse produite et accumulée par uneminorité. La prolifération ces dernièresannées des entreprises de gardiennagedans les principales villes du Mali indiquele besoin de sécurité qui jauge égalementla montée de la marginalisation.

Dans ce cas, il n’est pas étonnant que lesconclusions du rapport de suivi des OMDau Mali soient dénoncées par certainsmilieux officiels qui les trouvent « troppessimistes et alarmantes » et n’ayantpas suffisamment tenu compte desprogrès réalisés au niveau de la plupartdes cibles.

Cette différence d’appréciation illustreparfaitement la distance de point de vueselon qu’on se situe au niveau desindicateurs macro ou à partir des réalitésquotidiennes vécues et ressenties parles populations.

Le Programme de la coopérationcanadienne au Mali2

Le point de départ

L’aide publique au développement duCanada gérée par l’ACDI arrive au Malide trois façons, soit coopérationbilatérale, coopération multilatérale,et partenariat.

Selon l’étude de l’INS « Cohérence despolitiques et interventions canadiennesdans la lutte contre la pauvreté, le cas duMali », en 1996-97, la contribution cana-dienne au Mali s’élevait à 29,18 millionsde dollars canadiens et se répartissaitcomme suit : 59,5 p. 100 au programmebilatéral; 39,5 p. 100 au programmemultilatéral et 1 p. 100 au programmede partenariat. Depuis 2003, la contribu-tion canadienne au titre du programmebilatéral au Mali dépasse les 40 millionsde dollars par an.

Du point de vue historique, les relationsde coopération bilatérale entre le Canadaet le Mali datent de 1961 aux premièresheures de l’indépendance du pays. Àl’époque, la contribution canadienne sechiffrait à 6 000 dollars canadiens par an.Au cours des années 60, elle a atteint52 000 dollars en moyenne par an pourconnaître une augmentation exponen-tielle au début des années 1970 mar-quées par une profonde sécheresse quis’est abattue sur tout le Sahel. Au coursde cette période, la contribution canadi-enne se chiffrait à plus de 3 millions dedollars canadiens.

Durant les années 1980 qui correspon-dent aux années des fameuxprogrammes d’ajustement structurel, lacontribution canadienne poursuit sonaugmentation et se monte à plus de

Rapport canadien sur le développement 2005

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17 millions de dollars par an. Avecl’avènement de la 3ème République duMali caractérisée par l’instauration de ladémocratie et la décentralisation, lacontribution a encore augmenté pouratteindre environ 30 millions de dollarspar an. Depuis 2003/2004, cette contri-bution a encore augmenté par le fait quele Mali est devenu « pays de concentra-tion » de la coopération canadienne. Enmoyenne, elle se chiffre par an à plus de44 millions de dollars canadiens repartiscomme suit (en 2003) :

• 52 p. 100 pour l’amélioration del’accès aux services sociaux de base(éducation et santé),

• 29 p. 100 pour la sécurisation et lacroissance des revenus des ménages(micro-finance, agriculture, eau,création d’emplois et habitat),

• 13 p. 100 pour la bonne gouvernance(justice, sécurité, état de droit), et

• 6 p. 100 pour la gestion duprogramme.

Le cadre de programmation de lacoopération bilatérale Mali-Canada

Le cadre de programmation de lacoopération canado-malienne 2000-2010couvre une période de dix ans et vise àappuyer le Mali dans ses efforts dedéveloppement, notamment la luttecontre la pauvreté telle que définie danssa stratégie nationale de lutte contre lapauvreté (SNLP) qui a évolué vers undocument de stratégie de lutte contre lapauvreté (CSLP) adopté en 2002 par legouvernement du Mali.

Ce cadre de programmation a étépréparé sur la base du bilan du pro-gramme de coopération canado-malien-ne effectué en 1999 conjointement parles deux parties.

Il s’inscrit dans les principaux pro-grammes décennaux de développementau Mali relatifs à l’éducation, à la santéet à la justice. La partie canadienneencourage la mise en œuvre de ces pro-grammes par les instances du gouverne-ment malien avec la participation de lasociété civile et l’appui des partenairestechniques et financiers.

Dans la lettre d’entente signée le22 novembre 2000 à Bamako, entre lesgouvernements du Mali et le gouverne-ment du Canada, les deux partenairesreconnaissent que les engagements con-tenus dans ce cadre de programmationsont faits dans le respect mutuel despriorités nationales respectives ets’inscrivent également dans la perspec-tive d’une meilleure coordination de lacoopération internationale par lesautorités maliennes.

Au niveau sectoriel, trois (3) axes d’inter-vention prioritaires ont été identifiés dansles domaines social et économique, de lapaix et sécurité, de la bonne gouver-nance et de l’état de droit. On attend deces interventions divers résultats :

• amélioration de l’accès aux servicessociaux de base,

• sécurisation et croissance du revenudes ménages, et

• promotion de la paix et de la sécurité,de la bonne gouvernance et de l’étatde droit.

Au niveau transversal, trois (3) axes d’in-tervention sont formulés, à savoir :

• réduction des écarts socio-économiques entre hommes etfemmes,

• meilleur équilibre environnemental, et

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

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• renforcement des structures décentra-lisées en particulier dans le nord duMali.

Bilan de trois décennies de coopérationavec le Mali

Les trois décennies de la coopérationcanado-malienne (1972-2002) ont forte-ment contribué au développement duMali. L’appui canadien a non seulementpermis d’influencer la politique de sécu-rité alimentaire par la mise en place d’unsystème de gestion efficace et durabledes réserves céréalières, et une aide dansl’acquisition d’infrastructures de désen-clavement des transports, des télécom-munications et de l’énergie, mais a égale-ment facilité les réformes institutionnellesallant dans le sens de l’instauration d’uneculture de la bonne gouvernance.

Aujourd’hui encore, cette coopération sepoursuit et s’intensifie. En 2000,l’exercice de planification stratégique del’intervention à moyen terme du Canadaa abouti à la formulation d’un cadre departenariat sur une période de 10 ans. Enoutre, en 2003, le Mali est devenu undes pays de concentration de la coopéra-tion canadienne en Afrique de l’Ouest, cequi se traduira entre autres par une aug-mentation de l’enveloppe financière pas-sant de 16 millions de dollars enmoyenne par an à 44 millions de dollarspar an.

Le bilan à mi-parcours de la mise enœuvre du cadre de programmation2000-2010 canado-malien fait état deprogrès significatifs (non exhaustifs) dans les trois domaines prioritaires de l’appui :

Amélioration de l’accès aux services sociaux de base• Au niveau de l’éducation de base, la

contribution canadienne a permis ledéveloppement d’une politiquenationale de manuels scolaires et dematériels didactiques.

• L’appui canadien a également permisde renforcer les infrastructures par laconstruction de salles de classes et lerecrutement et la formation d’en-seignants.

• Quant à la santé, les investissementsréalisés grâce aux fonds canadiens dedéveloppement ont beaucoupcontribué à augmenter la couverturesanitaire et à améliorer les soinsde santé.

Sécurisation et croissance des revenusdes ménages

La contribution canadienne a notammentpermis de mettre à la disposition descouches défavorisées des ressourcesfinancières bon marché pour laréalisation de leurs activités de produc-tion, leur permettant ainsi de générerdes revenus

La bonne gouvernance

Dans ce domaine, la contribution cana-dienne a permis d’accompagner l’Étatdans la mise en œuvre de réformesmajeures au sein des institutionsétatiques, notamment aux niveaux dela justice et de la fiscalité.

Rapport canadien sur le développement 2005

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Contribution de la coopérationcanadienne à la mise en œuvredes Objectifs du millénaire pourle développement au Mali :Est-il réellement pertinent et possible demettre en évidence la contributionspécifique d’une coopération à l’atteintedes objectifs du millénaire d’un paysbénéficiaire d’aide?

Cette interrogation est revenue à maintesreprises lors des entretiens que j’ai menésdans le cadre de la présente étude.

De toute évidence, cette interrogationpose véritablement un problème deméthodologie. Effectivement, j’ai peiné àtrouver une méthode pertinente pourapprécier la contribution du Canada àl’atteinte des objectifs du millénaire auMali car non seulement il n’est pas leseul à appuyer le Mali dans ce domaine –il y en a une trentaine au moins –, etensuite dans la formulation de ces OMDaucune affectation d’objectifs spécifiquesaux partenaires techniques et financiersn’est faite au départ. Enfin, du fait qu’ilest peu probable que le Mali atteigne sesOMD, est-il dans ce cas raisonnable demettre cela sur le dos des partenairestechniques et financiers sachant que laresponsabilité de l’atteinte de cesobjectifs est du ressort du pays?

Face à toutes ces questions, j’ai essayéd’identifier deux catégories de critèresobjectifs et subjectifs qui m’ont permis deporter une appréciation de l’appui de lacoopération canadienne au Mali(objectif : lutte contre la pauvreté) enfocalisant mon analyse sur les instru-ments, la manière de les mettre enœuvre et la qualité des services offertset également la perception que se faitle commun des citoyens de l’aidecanadienne.

La construction du partenariat

Le Cadre de programmation de lacoopération canadienne au Mali est unexcellent indicateur de la qualité de lacontribution canadienne à l’atteinte desobjectifs du développement du Mali,pour au moins trois raisons :

• D’abord, le cadre s’inscrit dans lavision stratégique du Mali et s’appuiesur ses axes prioritaires du développe-ment, et s’accorde avec les principauxprogrammes décennaux dedéveloppement sur l’éducation, lasanté et la justice. Il s’inscrit dans ladurée (10 ans) et se donne parconséquent les moyens d’agir, demesurer et d’ajuster les actions aufur et à mesure des réalisations.C’est une approche résolumentprogrammatique.

• Ensuite, l’élaboration de ce cadre s’estfaite de manière participative et sansprécipitation : « c’est le fruit d’uneconsultation échelonnée sur plus d’unan, à laquelle ont pris part tous lespartenaires, tant au Mali qu’auCanada, qui s’intéressent au pro-gramme de coopération entre les deuxpays... ». Là également, l’opportunitéest donnée aux partenaires de mieuxse connaître et par conséquent deconstruire ensemble un partenariatmutuellement avantageux.

À cela il faut souligner la pertinence deprendre en compte et de bien renseignerles deux principes de base énoncés pourla durabilité des actions sur le terrain : ils’agit du développement des capacitéslocales et de l’engagement des popula-tions dans leur propre développement.

En outre, l’allocation des ressourcesfinancières fait la belle part (plus de 50 p.100) à l’accès aux services sociaux de

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

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base, ce qui est véritablement en faveurde la lutte contre la pauvreté au Mali. Lesdonnées recueillies dans le tableau ci-après confirment cette tendance.

On constate que plus de 75 p. 100 dubudget de la coopération canadiennesont destinés à des activités liées auxOMD n° 2, 1, 3, 4 (6).

• Enfin, il faut également apprécier lefait que le programme prévoit un cer-tain nombre de mécanismes d’appuilocaux adaptés aux réalités locales etconstituant d’importants leviers pourinitier ou accompagner des change-ments nécessaires : il s’agit notam-ment du Fonds canadien d’initiativeslocales, du Fonds genre et développe-ment, du Fonds commun dedéveloppement et de l’Unité d’appuiau programme.

La pertinence particulière de troisappuis

Le projet d’appui à la mobilisation desressources internesCette action constitue à notre avis unpuissant indicateur de la grande qualitéet de la vision durable de la contributioncanadienne à la mise en œuvre desobjectifs du millénaire au Mali.

Si dans le cadre de celle-ci, le Maliparvient à augmenter ses ressourcesinternes, il serait alors à même d’assurerune grande partie du financement deson propre développement et doncmoins dépendant de l’extérieur commec’est le cas actuellement. D’ailleurs, unedes principales innovations du cadrestratégique de lutte contre la pauvreté auMali vient du fait qu’elle prévoit dans sonfinancement une part importante desressources internes et que les finance-ments externes n’en seront qu’un

appoint. Par cette intervention, lacoopération canadienne ambitionne detransformer ce rêve en réalité. Les résul-tats enregistrés sont encourageants, soitune nette progression du taux desrecettes d’impôts passant de 114 mil-liards en 2000 à 153 milliards en 2003,ce qui représente une contributionremarquable de la coopération cana-dienne à l’atteinte des OMD.

Le projet d’appui à la justiceD’abord, il n’est pas courant d’entendreparler de projet dans le monde juridiqueet judiciaire. En général, c’est plutôtdans le monde rural et dans les servicesagricoles que l’on trouve de tels projets.Il s’agit donc d’une nouveauté! Lemilieu juridique et judiciaire est composéde gens que le commun des citoyensnon seulement « craint » mais qu’ilsouhaite aussi éviter dans la mesure dupossible, car ce monde évoque en lui-même une sorte de forteresse peuaccessible.

Mais en regardant de très près, il s’avèreque la viabilité de tout le système poli-tique et économique d’un pays reposesur la sincérité et la solidité du systèmejudiciaire et juridique, notamment dansun pays à régime démocratique commele Mali. Comment peut-on oser investirdans un pays qui n’offre pas de garantieen termes de justice?

Par conséquent, pour offrir un cadred’investissement attrayant, il faut unejustice solide et capable de donner desréponses adéquates aux différents acteursen relations d’affaires tant à l’intérieurqu’à l’extérieur du pays.

En raison de ce qui précède, l’action dela coopération canadienne en faveur dela justice contribue à la réalisation des

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objectifs liés à l’instauration de la paix etde la sécurité des personnes et des bienset services, mais également – par rico-chet – à la croissance économique par lefait qu’avec une solide institution judi-ciaire, la lutte contre la corruption et ladélinquance financière devient plus facileà engager. À ce titre, la coopérationcanadienne contribue également àl’atteinte des OMD.

Bourse pour la formation sur placede jeunes3

La coopération canadienne, par le biaisde l’ACDI, vient de mettre en place unprogramme régional de bourses pour laformation sur place de jeunes de troispays africains dont le Mali.

De l’avis des jeunes que nous avons ren-contrés, ce programme est très pertinenten ce sens qu’il permet de renforcer lacapacité nationale par la valorisation desinstitutions locales de formation, aussibien publiques que privées, en quête depositionnement dans le contexte de larégionalisation du marché de l’Unionéconomique et monétaire ouest africaine(UEMOA).

En fait, le manque de ressourceshumaines de qualité dans nos institutionsest souvent cité comme une limite dansles négociations, la conception et la miseen œuvre des projets.

Pour cette raison, et selon des jeunes quenous avons rencontrés, nous estimonsque ce programme constituerait unecontribution de taille en termes derenforcement des capacités locales.

La coopération canadienne : une coopération pragmatiqueAu cours de nos interviews dans le cadrede cette étude, la coopération cana-

dienne a été qualifiée de manière plutôtpositive :

• c’est une coopération qui honore sesengagements,

• c’est une coopération qui n’a pas deprocédures de décaissements troprigides,

• c’est une coopération respectueuse deses partenaires.

De l’avis de nos interlocuteurs, il seraitrelativement difficile de « décrocher » unaccord de coopération canadienne, maisune fois une entente conclue, la mise enœuvre des engagements devient trèsaisée. C’est l’avis notamment d’un hautresponsable de l’État malien qui se réjouitdu fait que les cadres de la coopérationcanadienne traitent minutieusement etlonguement les dossiers de négociation,à telle enseigne qu’ils donnent l’impres-sion d’utiliser des manœuvres dilatoiresmais dès que l’accord est conclu, lamise en œuvre suit directement, sansd’autres difficultés.

C’est là que se situe le caractère pragma-tique dont il est question, ce qu’appré-cient fort bien les partenaires maliens quirencontrent parfois des retournements desituations dans la gestion du partenariatavec certains partenaires qui n’hésitentpas à revoir ou à modifier unilatérale-ment les engagements convenus d’uncommun accord. Ce qui n’est pas le casavec le Canada.

En outre, de l’avis de certains, les procé-dures de décaissements de fonds de lacoopération canadienne sont beaucoupmoins contraignantes que celles d’autrespays; là également, dès que l’accord estétabli, le reste suit.

Et enfin, de l’avis de mes interlocuteurs,la coopération canadienne est très sensi-

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

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ble au respect des institutions parte-naires. Par l’écoute, le dialogue franc etla concertation, elle établit des relationsde travail avec les partenaires.

Ainsi, selon ces opinions qu’on peutreprocher d’être subjectives, la coopéra-tion canadienne contribue efficacement àl’établissement de partenariats

Rapport canadien sur le développement 2005

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Tableau 2

Description des résultats escomptés du programme de coopération canadienne au Mali

Résultat global : réduction de la pauvreté

Pourcentage OMD du budget

correspondant alloué

%

1. Contribution à l'amélioration de l'accès à l'éducation de base de qualité 2 47

2. Contribution à l'amélioration de l'accès aux soins de santé de base et appui à la lutte contre le VIH- Sida 4-6 5

3. Amélioration de l'accès aux services financiers 1 3

4. Amélioration du niveau des prix aux producteurs 1 18

5. Développement des activités génératrices de revenus de l'emploi 1 7

6. Desserte en électricité 2 moins de 1

7. Accès à l'habitat 7 2

8. Démocratie renforcée 5

9. Amélioration de la qualité et de l'accès aux services juridiques et judiciaires 3

10. Augmentation de la pression fiscale de l'État de 15 à 17 % 4

11. Réduction des contraintes et obstacles à l'habilitation des femmes dans tous les secteurs d'intervention canado-malienne 3 transversal*

12. Meilleur équilibre environnemental 7 transversal*

13. Renforcement des structures décentralisées transversal*

14. Renforcement des conditions de maintien de la paix et de la sécurité dans le nord du Mali transversal*

Gestion du programme 6

Total 100

Note: (*) Dans ce projet de la coopération canadienne, ces volets sont pris en compte.

respectueux des engagements des par-ties, ce qui n’est pas négligeable dansune relation inégale dans laquelle sou-vent le bailleur de fonds fait montre desa suprématie en se mettant en positionde donateur.

ConclusionLa responsabilité de la mise en œuvre desobjectifs du millénaire est, commepartout ailleurs, du ressort des autoritéslocales qui sont appuyées par des parte-naires extérieurs par l’entremise desappuis techniques et/ou financiers.

Au Mali, les OMD ont été alignés surles priorités dégagées dans le cadrestratégique de lutte contre la pauvretéqui constitue le document de référence,4de dialogue et de négociation avec lesdifférents partenaires techniques et finan-ciers sur les politiques et stratégiesnationales de développement.

Selon les conclusions du premier rapportsur le suivi de ces OMD au Mali, il estpeu probable que le Mali atteigne lesprincipaux OMD d’ici à 2015, bien qu’ilait enregistré des progrès notoires dansla réalisation de certains sous-objectifsou cibles.

Les raisons pour lesquelles ces OMD nesont pas réalisés au Mali sont multiples etdiverses, et ne dépendent pas forcémentde l’inefficacité de l’aide au développe-ment - bien que celle-ci ait une grandeinfluence car, comme on le sait, l’essen-tiel des ressources financières ethumaines actuellement mobilisables pouraccompagner le développement,provient de l’extérieur.

Le Canada, à l’instar des autres parte-naires au développement, appuie le Malidans ses efforts de développement grâceau cadre de partenariat défini en confor-

mité avec les priorités nationales etenvers lequel il s’est engagé pour unedizaine d’années.

Nous n’avons pas pu fixer un score pourapprécier la contribution canadienne à laréalisation des objectifs du millénaire auMali, mais l’évaluation des instruments etdes modalités de prestation de l’aidenous a permis de dégager quelques idéespour qualifier cette contribution, dumoins au niveau bilatéral. De manièreglobale, elle fait partie des coopérationsles mieux appréciées que ce soit dans laconstance des relations, le volume del’aide ou la manière de livrer l’aide, c’està dire le respect des engagements. Ils’agit notamment des éléments suivants :

• L’intervention de la coopération cana-dienne s’est construite autour despriorités définies par le Mali dans soncadre stratégique de lutte contre lapauvreté. L’allocation des ressourcesmet l’accent sur l’accès aux servicessociaux de base.

• Le volume de l’aide est en augmenta-tion

• Elle est construite de manièreparticipative et dans une logique dedurabilité.

• La livraison des engagements se faitde manière transparente et dans lerespect des délais et modalitésconvenus.

La coopération canadienne devraitcependant être davantage prête àadapter ses instruments et modalités delivraison de l’aide pour mieux concrétiserle renforcement des ressources humaineset la construction d’un partenariatvéritable.

Par ailleurs, dans le cadre de la mise enœuvre de la décentralisation et de ladéconcentration des pouvoirs de l’État, la

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

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coopération canadienne devrait davan-tage s’orienter sur l’appui aux collecti-vités locales et aux services transférés auxniveaux communal, local et régional, cequi permettrait de favoriser une partici-pation active des acteurs réellementconcernés.

BOUKARY BARRY, économiste et spécialisteen études du développement, est actuelle-ment coordonnateur régional de la zoneAfrique du Programme DFP (Diplôme de for-mation continue en études du développe-ment) de l’Institut universitaire d’études dedéveloppement de Genève. Ses domaines decompétence sont l’économie rurale et le ren-forcement institutionnel des associations etorganisations de développement.

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Document de stratégie de lutte contre lapauvreté

Synthèse de l’état de la mise en œuvredes politiques et programmes dedéveloppement du Mali, janvier 2004

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Cadre de suivi de rendement 2003, UAP-CCM Bamako

Rapport sur le rendement du programmeMali 2003-2004, UAP-CCM Bamako

Premier rapport sur le suivi de la mise enœuvre des OMD pour le Mali, MassaCoulibaly et Inhaye Ag Mohamed, sept.2004

Rapports annuels de performance desprojets, UAP- CCM

Appui à l’amélioration de la qualité del’enseignement fondamental au Mali,UAP-CCM, juin 2004

Stratégie de mise en œuvre du cadre deprogrammation pour le Mali (période2005-2010) - Ébauche- version du 7 jan-vier 2005- Ambassade du Canada

ACDI : Partenariat Canadien-Rétrospective -pays- Ébauche, septembre2004

Cohérence des politiques et interventionsdans la lutte contre la pauvreté : Le casdu Mali - Claudie Gosselin et Bani Touré,INS, novembre 2000

Notes1 Selon le rapport de la dernière Table

ronde des bailleurs de fonds sur le Cadrestratégique de lutte contre la pauvreté etle développement du Mali, p. 4.

2 Nous avons choisi de concentrer notreanalyse sur la coopération bilatérale.

3 Exemple d’un projet régional de l’ACDI.

4 Il reste cependant critiquable à plusieurségards, notamment par le fait qu’ilressemble plutôt à un document de projeten quête de financement et reste silen-cieux sur les 36 % de la population qui nesont pas pauvres.

Rapport canadien sur le développement 2005

194

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

195

Domaines Résultats saillants

Mesures institutionnelles

Réforme de la gestion publique

— harmonisation de la grille des fonctionnaire et contrôle physique des effectifs;

— réforme de la nomenclature budgétaire et amélioration des budgets – programmes (pourmieux identifier les dépenses de lutte contre la pauvreté);

— élaboration des cadres de dépenses à moyen terme (pour une meilleure coordination desdépenses récurrentes et d’investissement, des ressources nationales et des contributionsextérieures);

— élaboration et adoption d’un manuel de procédures de programmation et de suivi/évaluation des investissements publics pour améliorer la gestion et le suivi des projetsde développement.

Décentralisation

— lent transfert des compétences et des ressources aux collectivités territoriales;

— coordination difficile des programmes sectoriels (PRODEC, PRODES et PNIR) avec les pro-grammes des collectivités territoriales;

— le processus de décentralisation a abouti à la création de 703 communes, 49 cercles et 1district (Bamako avec le statut de région).

Réforme de la justice et lutte contre la corruption

— mise en œuvre du PRODEJ (révision du statut de la profession de magistrat, formation desmagistrats, amélioration de leurs conditions de travail, renforcement des capacités de ges-tion et de contrôle (inspection des finances, contrôle général des services publics, sectiondes comptes de la cour suprême);

— adoption par l’assemblée nationale d’une loi créant un poste de Vérificateur généralindépendant nommé par le Président de la République suite à un appel de candidature.

Réforme et coordination de l’aide

— tentatives de mise en place d’un dispositif institutionnel de dialogue et de concertationautour des questions de développement qui a inspiré celui du CSLP;

— élaboration des procédures de gestion consensuelle des fonds du PRODESS et du PISE. Ilétait convenu de mettre en avant les procédures maliennes mais dans la mise en œuvrecela ne s’est pas toujours passé comme prévu. La responsabilité du non-respect des procé-dures est partagée entre l’État et les PTF;

— défi majeur à résoudre : coordination de l’aide à travers le passage effectif à l’appui budgé-taire pour 2005;

— disponibilité d’un cadre de dépenses à moyen terme pour la santé - celui de l’éducationest en cours d’élaboration => accroître les capacités de pilotage des programmes en liaisonavec les cibles du CSLP et des OMD.

Annexe 1 Progrès dans la lutte contre la pauvreté

Rapport canadien sur le développement 2005

196

Accès aux Services sociaux

Éducation/Alphabétisation

— effort remarquable d’allocation budgétaire de l’État à l’enseignement primaire, dépassantdéjà les objectifs fixés pour 2006;

— la construction de classes et le recrutement d’enseignants (de 2 874 en 2001 à 5 546 en2002 et à 3 564 en 2003) ont permis d’accroître sensiblement les taux de scolarisationnotamment ceux des filles;

— cependant, la qualité de l’enseignement reste un problème majeur à résoudre, malgré lanette amélioration du ratio élèves/maîtres.

Santé

— poursuite de la mise en œuvre du PRODESS;

— construction des CSCOM dont le nombre a progressivement augmenté passant de 360 en1998 à 624 en 2002 pour un objectif de 560, soit un taux de réalisation de 111 %;

— le taux de couverture sanitaire à moins de 15 km est de 68 % sur une prévision de 65 %,soit un taux de réalisation de 105 %;

— le taux de couverture de l’accouchement assisté en 2002 est de 44 % sur une prévisionde 45 %.

Eau potable/assainissement

— l’accès à l’eau potable a nettement progressé, passant de 50,4 % en 1998 à 61,6 %en 2002;

— réformes institutionnelles et actions dans le secteur de l’eau :

• création des services régionaux et sub-régionaux de l’hydraulique et de l’énergie dansle cadre de la décentralisation selon le décret n°369 du 19 juillet 2002;

• adoption du décret n°02-315 du 4 juin 2002 fixant les détails des compétences trans-férées de l’État aux collectivités territoriales en matière d’hydraulique rurale et urbaine;

• modernisation de la base de données SIGMA et élaboration de la carte de l’eau.

Développement des infrastructures

— La politique sectorielle du transport définie par « la déclaration générale du secteur destransports » en 1993, demeure toujours en vigueur en attente de l’approbation d’unenouvelle lettre de politique du secteur dans le cadre du projet de l’amélioration descorridors des transports routier, ferroviaire, aérien et fluvial pour la période 2004-2007.D’importantes mesures ont été prises :

• Entretien routier : efforts importants consentis par le gouvernement et ses partenairestechniques et financiers.

• Exploitation du chemin de fer Dakar-Niger concédée à un consortium franco-canadien(CANAC-GETMA) par l’intermédiaire de TRANSRAIL S.A, société concessionnaire ayantdémarré ses activités le 1er octobre 2003.

• Mise en concession de la gestion commerciale des aéroports du Mali en cours.

• Licence d’un nouvel opérateur de télécommunications et préparation de l’ouverture ducapital de la SOTELMA à des capitaux privés.

• Mesures favorisant l’électrification du monde rural grâce notamment à la création del’agence AMADER et du fonds d’électrification rurale.

Domaines Résultats saillants

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

197

Domaines Résultats saillants

Secteur primaire

— la production rizicole a augmenté, passant de 670 000 tonnes en 2000-01 à 809 000tonnes en 2002-03 – cette augmentation est fortement liée aux effets des aménagementshydro-agricoles;

— le Mali est devenu le premier exportateur de coton en Afrique sub-saharienne : la produc-tion du coton graine est passée de moins de 300 000 tonnes en 1994-95 à 571 000tonnes en 2001-02. La production de l’actuelle campagne (2003-04) dépasse celle de2001;

— les dossiers de la privatisation de la CMDT et de l’HUICOMA et la libéralisation du secteurcoton sont en préparation;

— dans sa stratégie d’appui au monde rural, le gouvernement met l’accent sur l’intensifica-tion des aménagements, l’appui aux organisations paysannes (PASAOP) et le développe-ment des infrastructures rurales par les interventions de l’agence d’exécution des travauxd’infrastructures et d’équipements ruraux (AGETIER).

Secteurs secondaire et tertiaire

— adoption d’un code minier jugé attrayant par les exploitants et qui stimule la productionde l’or;

— tendance à la reprise du développement industriel à travers le secteur privé;

— secteur tertiaire de plus en plus dynamique non pas seulement en raison de labonne santé du commerce mais aussi du développement rapide des transports et destélécommunications.

Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

199

1.

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Annexe 2 : Liste des Objectifs du Millénaire pour le Développement au Mali

Rapport canadien sur le développement 2005

200

4.

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200

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Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

201

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icat

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6.

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35.

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36.

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37.

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201

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font

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44.

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ts.

Rapport canadien sur le développement 2005

202

8.

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16.

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17.

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18.

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Mise en œuvre des OMD au Mali : Contribution de la coopération canadienne

203

Annexe 3 : Portefeuille des projets et programmes de la coopération canadienne

Engagementsdu Canada

Projets/programmes Secteur (en $canadiens)

1. Soutien à la coordination de la Éducation, 3 150 000nouvelle politique éducative Gestion administrative

2. Appui à l’élaboration et à la mise en Formation des 16 500 000œuvre de la formation continue des enseignantsenseignants de l’enseignement fondamental

3. Appui à la santé communautaire dans Soins et services de santé de base, 7 000 000la région de Kayes au Mali soins en matière de santé de

la reproduction

4. Appui à la formation des paramédicaux Soins et services de santé de base, 7 550 000du Mali soins en matière de santé de

la reproduction

5. Appui aux manuels scolaires Équipements scolaires et formation, 13 000 000éducation de base

6. Mise en œuvre d’une gestion décentralisée Politique de l’éducation et gestion 20 000 000de l’enseignement fondamental administrative, éducation de base,

équipements scolaires et formation

7. Fonds d’infrastructures communales (FIC) Secteur privé, petites et moyennes 15 000 000entreprises

8. Projet d’appui au réseau Nyesigiso Établissements financiers du secteur 7 412 000informel et semi-formel

9. Projet d’appui à l’habitat urbain Politique du logement et gestion 4 790 000administrative

10. Réhabilitation environnementale et Diversité biologique, protection des 2 949 423de sécurité alimentaire (RESA) sites, éducation et formation

environnementales, développement rural

11. Mobilisation des populations dans le Renforcement de la société civile 5 000 000cadre de la décentralisation au Mali (MOPOD)

12. Appui au Fonds commun de Équipements scolaires et formation, 20 000 000développement infrastructures pour la santé de base

13. Projet d’appui à la commercialisation Services agricoles 7 923 030des céréales – phase 2

14. Appui au Programme de restructuration Politique de l’éducation et gestion 5 000 000du marché céréalier (PRMC) administrative, éducation de base,

équipements scolaires et formation

15. Projet d’appui à la mobilisation des Développement social et croissance 15 000 000recettes intérieures (PAMORI) économique

Rapport canadien sur le développement 2005

204

Engagementsdu Canada

Projets/programmes Secteur (en $canadiens)

16. Projet d’appui au Programme décennal Développement des services juridiques 2 878 000de développement de la justice (PRODEJ) et judiciaires, renforcement de la

société civile

17. Appui à la mise en œuvre du Programme Développement des services juridiques 6 741 000décennal de développement de la et judiciaires, renforcement dejustice (PRODEJ) la société civile

18. Appui aux élections communales 2004 Institutions et pratiques démocratiques, 1 500 000égalité entre les sexes

19. Fonds genre et développement (GED) Administration gouvernementale, 2 500 000renforcement de la société civile

20. Fonds canadien d’initiatives locales Multisecteurs au bénéfice des 200 000groupements, associations, ONG et coopératives

21. Unité d’appui au programme (UAP)– Pluri-sectoriel 4 800 000phase 3

Total 168 893 450

Conclusion

John W. Foster

Conclusion

207

Évaluer le rendement

La présente édition du Rapportcanadien sur le développe-ment est brève et se concen-

tre uniquement sur certains élé-ments de la Déclaration duMillénaire et des Objectifs duMillénaire pour le développement(OMD). Il aurait fallu, pour avoirune approche plus exhaustive, unrapport national officiel, qui n’étaitpas disponible au moment de laproduction. En fait, peu importequ’il y ait un rapport officiel ou nongouvernemental, étant donnél’intégration des diverses sourcesde l’aide au développement soitdans des programmes spécifiquesà des pays en développement oupar le biais d’agences multi-latérales, il n’aurait servi à rien defaire le lien entre « une pièce à lafeuille d’érable » et un impact bienparticulier. C’est l’entreprise, danstout son ensemble, qu’il ne fautpas perdre de vue.

À ce sujet, il n’y a peut-êtrejamais eu d’occasions identiquespar le passé d’avoir autant d’auto-évaluations et autres rapportsdétaillés de la part des gouverne-ments, d’évaluations d’organisa-tions de la société civile (OSC) etd’universitaires, voire mêmed’analyses comparatives. Tel a étél’un des effets secondaires del’entente de l’ONU de 2000 surl’examen des progrès réalisésaprès cinq ans. Qu’il s’agisse d’un

projet gigantesque et détaillécomme celui du Millénaire, oubien d’un rapport beaucoup plusmodeste et « officieux » commecelui d’une organisation nongouvernementale (ONG) tanza-nienne, nous ne pouvons nousréfugier derrière la mince excuseselon laquelle il n’y a passuffisamment de preuves. Il n’endemeure pas moins la nécessitéd’adopter des approchesdistinctes qui appuient uneanalyse précise des répercussionsdes politiques au niveau dessecteurs, de l’égalité des sexes oudes classes, ce à quoi il fautajouter que le champ d’applica-tion reste inégal et que certainsgouvernements sont toujoursaussi réticents à donner unaperçu de leur situation, ou bienn’en ont pas les ressources.

Qui plus est, l’Organisation desNations Unies, sous le leadershipdu Secrétaire général, du Groupede développement des NU, duprojet Objectifs du Millénaire etde la campagne du Millénaire quirepose sur le Programme desNations Unies pour le développe-ment (PNUD), a joué un rôlecentral en fixant les objectifs,consignant les résultats etévaluant les progrès.

Les études de cas donnent despoints de vue contrastants de lamise en œuvre et de la réalisa-tion, mais comportent un certain

Conclusion

nombre de thèmes communs. La réalisa-tion des OMD d’ici à 2015 sera partielle,et non globale, mais il y aura néanmoinscertains progrès dans divers domaines.La pauvreté et l’inégalité resteront desenjeux fondamentaux. Dans chaque cas,les OMD sont tributaires du processus duCSLP au niveau national. Ainsi, toutemodification aux politiques indispensablepour permettre la réalisation des OMD,passe obligatoirement par des change-ments des conditionnalités qui sontimplicites dans le processus du Cadrestratégique de lutte contre la pauvreté(CSLP). Ou alors, comme le proposed’ailleurs le projet Objectifs du Millénaire,les CSLP doivent être refaçonnés pourservir les objectifs des OMD.

De graves préoccupations découlent desrésultats des stratégies de croissance quipeuvent être qualifiées de « favorablesaux pauvres », mais qui n’ont pasd’effets positifs :

• l’étude sur la Bolivie fait apparaître unecroissance importante depuis 1990mais sans pour autant un élargisse-ment de l’emploi ni des effets positifssur la pauvreté, et

• l’étude sur le Bangladesh révèle que nil’approche des OMD ni le processusde CSLP ne parvient véritablement àfaire « trembler » les assises struc-turelles de la pauvreté et de l’inégalité.

Ces études témoignent des dimensionspositives des relations de longue duréeavec le Canada par l’intermédiaire del’Agence canadienne de développementinternational (ACDI) et de l’aide audéveloppement. Les répercussions surl’amélioration de l’infrastructure del’éducation et la couverture élargie dessoins de santé au Mali sont démontrées.L’appui à la réforme de l’État dans les

domaines de la justice et de la fiscalitéest considéré de façon positive au Mali,et par ailleurs la nécessité de procéder àla modernisation et au renforcement del’État en Bolivie est détaillée. On pourraittoutefois se poser des questions quant àl’appui aux politiques qui favorisent laprivatisation et le retrait de l’État del’économie à la lumière de la longue luttesociale dans le pays sur des questionsfondamentales telles que le contrôle desressources naturelles et les avantages quien découlent.

Les résultats des examens sur les disposi-tions de l’aide canadienne sont positifs,particulièrement dans le cas du Mali, oùles avantages des engagements à longterme sont loués. Le Canada, de par sonapproche, est considéré comme étantpragmatique, et moins susceptible qued’autres donateurs de changer sesengagements sans préavis ni consulta-tion; qui plus est, il jouit d’une réputa-tion de pays assurant le suivi de ses actes.

Sur la scène internationale, parmi lespays donateurs, le rendement resteinégal. Certains pays, par exemple Suède ou encore le Royaume-Uni, ontfait la démonstration de leur appui sansretenue aux OMD dans leur orientationstratégique et leur engagement public.D’autres ont été beaucoup plus hésitants.Les États-Unis, avec leur MillenniumChallenge Account, semblent plutôtdéterminés à imposer et suivre leurpropre rythme.

Le Canada n’a pas l’intention de jouer les« caïds » ni les « chiques molles » : ce quien fait un élève possédant un énormepotentiel et beaucoup de ressources,faisant preuve à l’occasion d’initiative,mais se satisfaisant dans l’ensemble derésultats médiocres.

Rapport canadien sur le développement 2005

208

Nous ne pouvons ici résumer toutes lesconclusions et autres recommandationscontenues dans les chapitres précédents,mais nous tenons néanmoins à soulignerquelques points préoccupants :

• L’incapacité du budget fédéral de2005 de nous amener à 0,7 % ouencore de fixer des cibles bien précisespour nous permettre d’arriver à ceniveau de l’APD d’ici à 2010, 2012 ou2015, ce qui a constitué un bienmauvais départ au début de l’année,particulièrement dans le contexte dugrand intérêt manifesté par la popula-tion pour le bien-être des victimes dudésastre naturel causé par le tsunamien Asie. Le Premier ministre pourrait,aux Nations unies, en septembre,annoncer son engagement envers unedate et des étapes bien précises, letout accompagné d’un encaissementimmédiat et important des excédentsactuels.

• Il importe de résister à la tendance devouloir lier l’aide et le développementaux préoccupations prédominantes duNord en matière de sécurité; ledéveloppement et la pauvreté ontbesoin de ressources de façon toutaussi urgente.

• Le rôle du Canada dans les domainesdu maintien de la paix, de la consoli-dation de la paix et de la préventiondes conflits a été par le passé mis del’avant grâce à des engagementsmultilatéraux auprès des Nationsunies. Il est indispensable derenouveler et de renforcer cetengagement.

• Pour les Canadiens, les expressionsuniques de citoyenneté et de sesvaleurs se trouvent dans notre systèmeuniversel, public et accessible d’assu-

rance-maladie. Le gouvernement est-ilprêt à enchâsser ces principes dans nospolitiques économiques et sanitairesinternationales? Allons-nous nousopposer à des mesures qui interdisentà d’autres nations un accès semblable?

• La Conférence ministérielle del’Organisation mondiale du commerceà Hong Kong, en décembre, offrira auCanada la possibilité de s’assurer queles règles commerciales au niveauinternational, et ses pratiques,permettent de réaliser les OMD.

• Le Canada a adopté des mesuresimportantes pour réduire le fardeau dela dette de pays en développement.L’année 2005 pourrait bien en êtreune où l’annulation de la dette etl’adoption de politiques garantissantun financement durable du développe-ment, le tout renforcé par le recours àdes sources novatrices, par exempledes impôts à l’échelle internationale,administrés au plan national, feraientl’objet d’ententes et seraient mises enapplication. Le Canada sera-t-il parmiles leaders garantissant de telsdéveloppement?

Dans l’ensemble, dans certains domainesoù des engagements ont été pris et despolitiques arrêtées, il reste encore bien delongs chemins à parcourir. Le Canadas’est parfois fait passer pour celui quiapporte de nouvelles idées, même s’iln’est pas le premier de la classe. LeCanada joue-t-il ce rôle en ce qui a traitaux plus grandes questions de politiquede la décennie?

• La décennie à venir va être le témoind’un formidable enjeu : passer de lapauvreté absolue au combat contrel’inégalité. L’approche des objectifs, demême que celle des politiques

Conclusion

209

nationales dans un certain nombre depays, reposent sur la supposition selonlaquelle il suffit de cibler les personnesvivant dans des situations extrêmes, dufait que les marchés s’occuperont dureste. Une telle approche est tout à faità l’opposé de celle qui repose sur lesdroits, et dans laquelle l’accès universelet la participation sont des élémentsfondamentaux. Elle sépare par ailleursles pauvres des plus pauvres, et atendance à ignorer les approches poli-tiques où la politique sociale équitableest combinée à un rendementéconomique viable et à une réductiondes coûts sociaux en ce qui a trait à laviolence et à la marginalisation. Sil’acheminement multilatéral de l’aideet l’allègement de la dette deviennentde plus en plus importants, et que desmodalités telles que les CSLP vontfaçonner les politiques à l’avenir, lesstratégies et politiques en matière deréduction de l’inégalité peuvent-ellesêtre des instruments spécifiques dansleur mise en application? Le chapitrede Rodney Schmidt dans le présentrapport et des publications connexesde l’Institut Nord-Sud soulignent laprésence d’options politiquesgarantissant que la croissance et uneaugmentation de l’égalité peuventêtre complémentaires, mais qu’ilfaut prêter attention aux effets de ladistribution comme élément clé dela politique.1

• La réduction de l’inégalité, toutcomme l’éradication de la pauvreté,passe par l’intégration de l’égalité dessexes et des initiatives sexospécifiques.Ainsi qu’il est indiqué dans le chapitresur l’égalité des sexes et les OMD, lesobjectifs représentent un pas en arrièrepar rapport aux positions obtenues dedures luttes à Beijing, et qui

englobaient une approche plus largeet plus exhaustive de l’égalité desfemmes. Selon une récente étuded’organisations de la société civiled’Amérique latine – l’Indice del’engagement pour le développement(IED) – pour atteindre les objectifs fixésil y a dix ans à la Conférence desfemmes de Beijing, il faudra attendre50 autres années au rythme actuel.2Pourquoi ne pouvons-nous pas fairemieux pour les générations d’aujour-d’hui et de demain? Le Programmed’action de Beijing demandait que l’on« repense et reformule » les politiquesmacro-économiques et l’application del’analyse des sexospécificités.3L’élaboration d’analyses des rapportsentre les sexes et autres mesuresconnexes progresse bien qu’elle soitmarginalisée par de nombreux acteurspolitiques « du courant dominant ».L’application de ces analyses et lareformulation de la politiqueconstituent un territoire qui n’a pasencore été profondément exploré,mais qui est cependant vital pournourrir tout espoir de croissanceaccompagné d’équité, et éradiquerla pauvreté chez les femmes etles hommes.

• L’environnement et les désastres envi-ronnementaux vont saper tous lesautres efforts en matière de sécuritéhumaine, à moins que l’on en tiennecompte dans les politiques en matièrede développement et dans leurfinancement. On se rend très biencompte dans diverses études telles quele Rapport de synthèse de l’évaluationdes écosystèmes pour le Millénaire, desNations unies,4 qui a été récemmentpublié, que les OMD et la Déclarationelle-même ne parviennent pas à faireface aux grands défis mondiaux que

Rapport canadien sur le développement 2005

210

représentent notamment les change-ments climatiques. Le sentimentd’urgence que comporte cetteimportante évaluation, celui selonlequel la terre peut être confrontée àun « point de basculement » ou unelente diminution des systèmes environ-nementaux se transforme soudaine-ment en une chute vertigineuse, esttout à fait absent de la Déclaration duMillénaire et des OMD. Les modèlesde croissance qui sont avancés dans denombreux cas pour atteindre lesobjectifs sont tributaires de l’utilisationde l’énergie et des ressources qui, dansles économies plus industrialisées,contribuent au désastre environ-nemental. Au niveau du terrain, l’appli-cation des modèles industrialisés del’agriculture axés sur les marchés inter-nationaux plutôt que la sécurité ali-mentaire à l’échelon national et ledroit à l’alimentation pour tous, pour-rait bien entraîner une accélération desdésastres aux niveaux des familles etdes terres agricoles. La nécessité detrouver des approches véritablementdurables ainsi qu’équitables audéveloppement est plus urgenteque jamais.

• Garantir la cohérence des politiquesavec les droits humains. LaCommission sur les droits de propriétéintellectuelle, parrainée par leRoyaume-Uni, précise que « dansaucune circonstance, les droitshumains les plus fondamentauxdevraient être subordonnés auxexigences de la protection intel-lectuelle ». Toutefois, de puissantsintérêts privés et leurs alliés politiquestravaillent quotidiennement à cettesubordination, qu’elle soit incluse dansles lois nationales, ou bien dans lesententes commerciales régionales ou

internationales. À une époque où lesdécès évitables atteignent des propor-tions de génocide, le Canada adopte-t-il une position de véritable leader enaccordant l’accès aux traitements et enépargnant des vies, ou bien lesreprésentants gouvernementauxtravaillent-ils de façon à accroître lesprivilèges et autres protections de lapropriété privée?

Il est tout aussi important de sepréoccuper de la cohérence de lapolitique, laquelle comporterait desobjectifs de développement plus largescomprenant l’éradication de la pauvretéet les autres dimensions des OMD.

Ce sont les institutions multilatéraleselles-mêmes qui sont derrière lesapproches et autres réformes politiquesnovatrices, notamment les ONG etalliances d’OSC, ainsi que des instituts derecherche et politiques. Cet élan vientégalement d’autres groupes nationauxqui répondent aux OMD et OMD +, demême qu’aux stratégies en matièred’OMD modifiées à l’échelle nationale.

Travail à venir...Nous sommes parfaitement conscientsdu fait que le présent rapport neconstitue qu’une évaluation et uneréponse préliminaires à l’engagement duCanada envers la Déclaration et lesobjectifs au cours des cinq premièresannées de leur existence. Nos enquêtesinitiales des répercussions des politiqueset contributions canadiennes au niveaudes pays ne sont rien d’autres. Elles ontsuscité des propositions en vue d’autresrecherches pour assurer des répercussionspositives sur la réduction de la pauvreté.

Conclusion

211

Le présent rapport n’aborde pas non plusdans le détail la question de l’agricultureni son rôle vital dans la réduction de lapauvreté, la sécurité des aliments et lesrelations entre les sexes. Nous n’avonspas élaboré de nouvelles propositions envue de politiques sur le développementéquitable et écologiquement durable quipermettront d’éradiquer la pauvreté.Nous n’avons pas non plus abordé defaçon efficace le rôle de la migration, lasituation de millions de réfugiés ouencore les défis d’ordre démographiquede la prochaine décennie et du siècle àvenir. Ce ne sont là que quelquesdomaines qui pourraient être examinésalors que nous surveillerons les progrèsréalisés au cours des cinq prochainesannées.

Mettre la main au fourneau...Nous avons constaté un certain « recul »dans les engagements pris à l’échelleinternationale par rapport à certainesententes comme le Programme d’actionde Beijing, ou encore celles qui ont étéapprouvées par le Sommet social deCopenhague ou la Conférence sur lapopulation et le développement duCaire. Afin d’éviter d’autres reculs de cegenre, il conviendrait de procéder à desexamens publics périodiques et obliga-toires des engagements envers les OMDet des progrès quant à la réalisation de laDéclaration, ce que d’ailleurs préconisel’Institut Nord-Sud dans son mémoire surl’Examen de politique internationale. LeSecrétaire général a proposé des exa-mens annuels au niveau ministériel auConseil économique et social de l’ONU(ECOSOC). Il a aussi été question d’unexamen parlementaire annuel, ici mêmeau Canada, peut-être même – commenous l’avons proposé ailleurs – sur la base

d’un cadre parlementaire, en vertu d’uneloi, et aussi d’un mandat pour unepolitique de développement axée surl’éradication de la pauvreté.

Nous remarquons par ailleurs qued’autres gouvernements, comme celuidu Royaume-Uni, par exemple, ont prisd’importantes mesures pour s’assurer queles OMD fassent partie intégrante de lapolitique de développement et de l’éva-luation du rendement. Ainsi qu’on peutle lire dans le rapport du R.-U. sur lesOMD, en tenant compte de laInternational Development Act de 2002,le ministre « doit être convaincu quel’aide fournie en vertu de la loi contribueà la réduction de la pauvreté et favorisele développement durable. »5 Ce genrede responsabilité envers les objectifs nese limite pas au ministre qui traite dudéveloppement international mais aussiaux politiques du ministère duCommerce et de l’Industrie.

Ainsi que nous l’avons d’ailleurs déjàindiqué, l’appui public au progrès peut-être renforcé grâce à un engagementrenouvelé de l’ACDI et de tous les éche-lons du gouvernement, ainsi que parl’intermédiaire d’ententes renouveléeset améliorées sur le renforcement desdimensions du développement de lasociété civile, que ce soit au Canada oudans les pays en développement.

« Pas d’excuses »Le slogan de la Campagne du Millénairedes Nations Unies incite à prendre desmesures publiques dans des contextesaussi divers que le Salvador et l’Italie.Comme l’ont fait remarquer divers inter-venants, au même titre qu’il était devenupossible à une génération de « sentir »que l’esclavage pourrait être éradiqué et

Rapport canadien sur le développement 2005

212

qu’il le serait, il y a 200 ans, nous avonsde nos jours de plus en plus laconviction, partagée par d’autres, quenous sommes en mesure d’éradiquerla pauvreté.

Cette année serait idéale pour prendredes engagements d’ordre budgétaire etfixer des cibles dans le cadre de lois,plutôt que d’endosser tout simplementdavantage de demandes pour le respectdes 0,7 % de l’APD. Cette année devraitêtre aussi celle où l’investissement dansdes programmes permettant de sauverdes vies du VIH/sida, du paludisme ou dela tuberculose, permettrait effectivementde sauver des millions d’êtres humains.Cette année devrait être aussi celle où lespratiques commerciales catastrophiquescesseraient et où les producteurs debiens de pays pauvres recevraient unejuste compensation.

Afin de promouvoir tous ces objectifs, ilfaudra aller au-delà de simples discours,que ce soit celui d’un chanteur de rockand roll ou d’un analyste. Il faudra ducourage et un leadership politiquebien ciblé.

Le rapport du Secrétaire général del’ONU, intitulé Dans une liberté plusgrande : développement, sécurité et respectdes droits de l’homme pour tous, préparele terrain pour l’année 2005 :

« Pourtant, c’est à nous qu’ilappartient de décider si ce momentd’incertitude que nous traversonsdébouchera sur une extension desconflits, une aggravation des inéga-lités et une érosion de l’état de

droit, ou au contraire servira detremplin pour rénover nos institu-tions communes qui œuvrent enfaveur de la paix, de la prospérité etdes droits de l’homme. Il est tempsde passer à l’action. L’heure n’estplus aux belles phrases et aux décla-rations de bonnes intentions. »6

JOHN W. FOSTER, chercheur principal(Société civile), est entré à l’Institut Nord-Sud en 2000. Auparavant, il a passé 17 ansen tant que spécialiste de la politique en jus-tice sociale auprès de l’Église unie duCanada, et plus de sept ans commedirecteur général d’Oxfam-Canada. Il a parailleurs été représentant d’une ONG au seinde la délégation canadienne lors du Sommetde Copenhague sur le développement socialen 1995 et à la Revue de l’Assembléegénérale de ce Sommet en 2000. Il est titulaire d’un doctorat en histoire de laUniversity of Toronto, et a entrepris destravaux de recherche en tant que professeurinvité au Center for US-Mexican Studies à laUniversity of California à San Diego.

Notes1 Voir, par exemple, Rodney Schmidt,

Poverty-reducing strategy in poor countries.(Ottawa : L’Institut Nord-Sud, 2005).

2 Maria Cecilia Espinosa, At Least Half aCentury Needed to Reach Goals. CourrielSoros topica. Accédé le 8 mars 2005.

Conclusion

213

3 Lisa Waldick, « Intégrer les sexospécificitésdans les politiques macro-économiques ».Rapport du CRDI. www.idrc.ca. Accédé le7 mars 2005.

4 Évaluation du Millénaire, Rapport desynthèse de l’évaluation des écosystèmespour le Millénaire. Mars 2005. www.millenniumassessment.org. Accédéle 20 mai 2005.

5 HM Government. The UK’s Contributionto Achieving the MillenniumDevelopment Goals, Londres, 2005.

6 Nations Unies, Dans une liberté plusgrande : développement, sécurité et respectdes droits de l’homme pour tous. Rapportdu Secrétaire général. A/59/2005. (NewYork : NU, 2005), p. 62, paragraphe 221.

Rapport canadien sur le développement 2005

214

Annexe 1 :

Déclaration

du Millénaire

Annexe 1: Déclaration du Millénaire

217

Résolution 55/2 adoptée par l’Assemblée générale le 8 septembre 2000

Déclaration du Millénaire

I. Valeurs et principes

1. Nous, chefs d’État et de gouvernement, nous sommes rassemblés au Siège del’Organisation des Nations Unies à New York, du 6 au 8 septembre 2000, à l’aube d’unnouveau millénaire, pour réaffirmer notre foi dans l’Organisation et dans sa Charte,fondements indispensables d’un monde plus pacifique, plus prospère et plus juste.

2. Nous reconnaissons que, en plus des responsabilités propres que nous devons assumerà l’égard de nos sociétés respectives, nous sommes collectivement tenus de défendre, auniveau mondial, les principes de la dignité humaine, de l’égalité et de l’équité. En tantque dirigeants, nous avons donc des devoirs à l’égard de tous les citoyens du monde, enparticulier les personnes les plus vulnérables, et tout spécialement les enfants, à quil’avenir appartient.

3. Nous réaffirmons notre attachement aux buts et principes énoncés dans la Charte desNations Unies, qui ont une valeur éternelle et universelle. En fait, leur pertinence et leurimportance en tant que source d’inspiration se sont accrues avec la multiplication desliens et le renforcement de l’interdépendance entre les nations et les peuples.

4. Nous sommes résolus à instaurer une paix juste et durable dans le monde entierconformément aux buts et aux principes inscrits dans la Charte. Nous réaffirmons notrevolonté de tout faire pour assurer l’égalité souveraine de tous les États, le respect de leurintégrité territoriale et de leur indépendance politique, le règlement des différends par desvoies pacifiques et conformément aux principes de la justice et du droit international, ledroit à l’autodétermination des peuples qui sont encore sous domination coloniale ousous occupation étrangère, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, lerespect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le respect de l’égalité desdroits de tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion et une coopéra-tion internationale en vue du règlement des problèmes internationaux à caractèreéconomique, social, culturel ou humanitaire.

5. Nous sommes convaincus que le principal défi que nous devons relever aujourd’hui estde faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour l’humanité toutentière. Car, si elle offre des possibilités immenses, à l’heure actuelle ses bienfaits sont trèsinégalement répartis, de même que les charges qu’elle impose. Nous reconnaissons queles pays en développement et les pays en transition doivent surmonter des difficultésparticulières pour faire face à ce défi majeur. La mondialisation ne sera donc profitable àtous, de façon équitable, que si un effort important et soutenu est consenti pour bâtir un

Annexe 1 :

Déclaration du Millénaire

Rapport canadien sur le développement 2005

218

avenir commun fondé sur la condition que nous partageons en tant qu’êtres humains,dans toute sa diversité. Cet effort doit produire des politiques et des mesures, à l’échelonmondial, qui correspondent aux besoins des pays en développement et des pays entransition et sont formulées et appliquées avec leur participation effective.

6. Nous estimons que certaines valeurs fondamentales doivent sous-tendre les relationsinternationales au XXIe siècle, à savoir:

• La liberté. Les hommes et les femmes ont le droit de vivre et d’élever leurs enfantsdans la dignité, à l’abri de la faim et sans craindre la violence, l’oppression ou l’injustice.C’est un mode de gouvernance démocratique des affaires publiques, fondé sur lavolonté et la participation des populations, qui permet le mieux de garantir ces droits.

• L’égalité. Aucune personne, aucune nation ne doit être privée des bienfaits dudéveloppement. L’égalité des droits et des chances des femmes et des hommes doitêtre assurée.

• La solidarité. Les problèmes mondiaux doivent être gérés multilatéralement et de tellefaçon que les coûts et les charges soient justement répartis conformément aux principesfondamentaux de l’équité et de la justice sociale. Ceux qui souffrent ou qui sontparticulièrement défavorisés méritent une aide de la part des privilégiés.

• La tolérance. Les êtres humains doivent se respecter mutuellement dans toute la diver-sité de leurs croyances, de leurs cultures et de leurs langues. Les différences qui existentau sein des sociétés et entre les sociétés ne devraient pas être redoutées ni réprimées,mais vénérées en tant que bien précieux de l’humanité. Il faudrait promouvoir active-ment une culture de paix et le dialogue entre toutes les civilisations.

• Le respect de la nature. Il convient de faire preuve de prudence dans la gestion detoutes les espèces vivantes et de toutes les ressources naturelles, conformément auxpréceptes du développement durable. C’est à cette condition que les richesses incom-mensurables que la nature nous offre pourront être préservées et léguées à nos descen-dants. Les modes de production et de consommation qui ne sont pas viables à l’heureactuelle doivent être modifiés, dans l’intérêt de notre bien-être futur et dans celui denos descendants.

• Le partage des responsabilités. La responsabilité de la gestion, à l’échelle mondiale,du développement économique et social, ainsi que des menaces qui pèsent sur la paixet la sécurité internationales, doit être partagée entre toutes les nations du monde etdevrait être exercée dans un cadre multilatéral. Étant l’organisation la plus universelle etla plus représentative qui existe dans le monde, l'Organisation des Nations Unies a unrôle central à jouer à cet égard.

7. Pour traduire ces valeurs communes en actes, nous avons défini des objectifs auxquelsnous attachons une importance particulière.

II. Paix, sécurité et désarmement

8. Nous n’épargnerons aucun effort pour délivrer nos peuples du fléau de la guerre, qu’ils’agisse des guerres civiles ou des guerres entre États, qui ont coûté la vie à plus de cinqmillions de personnes au cours de la dernière décennie. Nous nous efforcerons égalementd’éliminer les dangers posés par les armes de destruction massive.

9. Nous décidons par conséquent:

• De mieux faire respecter la primauté du droit dans les affaires tant internationales quenationales, en particulier de veiller à ce que les États Membres appliquent les règles etles décisions de la Cour internationale de Justice, conformément à la Charte des NationsUnies, dans les litiges auxquels ils sont parties.

• D’accroître l’efficacité de l'Organisation des Nations Unies dans le maintien de la paix etde la sécurité, en lui donnant les moyens et les outils dont elle a besoin pour mieuxassurer la prévention des conflits, le règlement pacifique des différends, le maintien dela paix, la consolidation de la paix et la reconstruction après les conflits. À ce sujet, nousprenons acte du rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix de l'Organisationdes Nations Unies1, dont nous prions l’Assemblée générale d’examiner promptementles recommandations.

• De renforcer la coopération entre l'Organisation des Nations Unies et les organisationsrégionales conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte.

• De faire appliquer par les États parties les traités conclus dans des domaines tels que lamaîtrise des armements et le désarmement, ainsi que le droit international humanitaireet le droit relatif aux droits de l’homme, et de demander à tous les États d’envisager designer et de ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.2

• De prendre des mesures concertées pour lutter contre le terrorisme international etd’adhérer dès que possible à toutes les conventions internationales pertinentes.

• De redoubler d’efforts dans l’accomplissement de notre engagement à lutter contre leproblème mondial de la drogue.

• D’intensifier la lutte que nous menons contre la criminalité transnationale dans toutesses dimensions, y compris la traite des êtres humains, leur acheminement clandestin àtravers les frontières et le blanchiment de l’argent sale.

• De réduire autant que possible les effets néfastes que les sanctions économiquesimposées par l'Organisation des Nations Unies peuvent avoir sur les populations inno-centes, de soumettre les régimes de sanctions à des examens périodiques et d’éliminerles effets préjudiciables des sanctions sur les tiers.

• De travailler à l’élimination des armes de destruction massive, notamment les armesnucléaires, et de n’écarter aucune solution possible pour parvenir à cet objectif, notam-ment en ce qui concerne la convocation éventuelle d’une conférence internationalepour définir les moyens d’éliminer les dangers nucléaires.

Annexe 1: Déclaration du Millénaire

219

• De prendre des mesures concertées pour mettre fin au trafic d’armes légères, notam-ment en rendant les transferts d’armes plus transparents et en encourageant l’adoptionde mesures de désarmement au niveau régional, compte tenu de toutes les recomman-dations de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite desarmes légères.

• D’inviter tous les États à envisager d’adhérer à la Convention sur l’interdiction del’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et surleur destruction3, ainsi qu’au Protocole modifié relatif aux mines se rapportant à laConvention sur les armes classiques.4

10. Nous demandons instamment à tous les États Membres d’observer la trêveolympique, individuellement et collectivement, dans le présent et à l’avenir, et de soutenirles efforts que le Comité international olympique déploie pour promouvoir la paix et lacompréhension entre les hommes par le sport et l’idéal olympique.

III. Développement et élimination de la pauvreté

11. Nous ne ménagerons aucun effort pour délivrer nos semblables – hommes, femmes etenfants – de la misère, phénomène abject et déshumanisant qui touche actuellement plusd’un milliard de personnes. Nous sommes résolus à faire du droit au développement uneréalité pour tous et à mettre l’humanité entière à l’abri du besoin.

12. En conséquence, nous décidons de créer – aux niveaux tant national que mondial –un climat propice au développement et à l’élimination de la pauvreté.

13. La réalisation de ces objectifs suppose, entre autres, une bonne gouvernance danschaque pays. Elle suppose aussi une bonne gouvernance sur le plan international et latransparence des systèmes financier, monétaire et commercial. Nous sommes résolus àmettre en place un système commercial et financier multilatéral ouvert, équitable, fondésur le droit, prévisible et non discriminatoire.

14. Nous sommes préoccupés par les obstacles auxquels se heurtent les pays endéveloppement dans la mobilisation des ressources nécessaires pour financer leurdéveloppement durable. Nous ferons donc tout pour assurer le succès de la réunion inter-nationale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développe-ment à l'échelon intergouvernemental, qui doit se tenir en 2001.

15. Nous nous engageons également à prendre en compte les besoins particuliers despays les moins avancés. À cet égard, nous nous félicitons de la convocation en mai 2001de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés et nous nousefforcerons d’en assurer le succès. Nous demandons aux pays industrialisés:

• D’adopter, de préférence avant la Conférence, une politique d’admission en franchise ethors quota pour la quasi-totalité des produits exportés par les pays les moins avancés.

• D’appliquer sans plus de retard le programme renforcé d’allégement de la dette despays pauvres très endettés et de convenir d’annuler toutes les dettes publiques bilatéralescontractées par ces pays s’ils démontrent en contrepartie leur volonté de lutter contre lapauvreté.

Rapport canadien sur le développement 2005

220

• D’accorder une aide au développement plus généreuse, notamment aux pays qui fontun effort sincère pour appliquer leurs ressources à la réduction de la pauvreté.

16. Nous sommes également résolus à appréhender de façon globale et effective le pro-blème de la dette des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, grâce à diversesmesures d’ordre national et international propres à rendre leur endettement viable à longterme.

17. Nous décidons également de répondre aux besoins particuliers des petits États insu-laires en développement en appliquant, rapidement et intégralement le Programme d’ac-tion de la Barbade5 et les conclusions de la vingt-deuxième session extraordinaire del’Assemblée générale. Nous demandons instamment à la communauté internationale deveiller à ce que, dans la mise au point d’un indice de vulnérabilité, les besoins particuliersdes petits États insulaires en développement soient pris en compte.

18. Nous sommes conscients des besoins et problèmes particuliers des pays en développe-ment sans littoral, et demandons instamment aux donateurs tant bilatéraux que multi-latéraux d’accroître leur aide financière et technique à ce groupe de pays pour les aider àsatisfaire leurs besoins particuliers de développement et à surmonter les obstacles géo-graphiques en améliorant leurs systèmes de transport en transit.

19. Nous décidons également:

• De réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population mondiale dont lerevenu est inférieur à un dollar par jour et celle des personnes qui souffrent de la faim etde réduire de moitié, d’ici à la même date, la proportion des personnes qui n’ont pasaccès à l’eau potable ou qui n’ont pas les moyens de s’en procurer.

• Que, d’ici à la même date, les enfants partout dans le monde, garçons et filles, seront enmesure d’achever un cycle complet d’études primaires et que les filles et les garçonsauront à égalité accès à tous les niveaux d’éducation.

• Que, à ce moment, nous aurons réduit de trois quarts la mortalité maternelle et de deuxtiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans par rapport aux taux actuels.

• Que, d’ici là, nous aurons arrêté la propagation du VIH/sida, et commencé à inverser latendance actuelle, et que nous aurons maîtrisé le fléau du paludisme et des autres grandesmaladies qui affligent l’humanité.

• D’apporter une assistance spéciale aux orphelins du VIH/sida.

• Que, d’ici à 2020, nous aurons réussi à améliorer sensiblement la vie d’au moins100 millions d’habitants de taudis, conformément à l’initiative « Villes sans taudis nibidonvilles ».

20. Nous décidons en outre:

• De promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en tant que moyenefficace de combattre la pauvreté, la faim et la maladie, et de promouvoir un développe-ment réellement durable.

Annexe 1: Déclaration du Millénaire

221

• De formuler et d’appliquer des stratégies qui donnent aux jeunes partout dans le mondeune chance réelle de trouver un travail décent et utile.

• D’encourager l’industrie pharmaceutique à rendre les médicaments essentiels plus large-ment disponibles et abordables pour tous ceux qui en ont besoin dans les pays endéveloppement.

• D’établir des partenariats solides avec le secteur privé et les organisations de la sociétécivile en vue de promouvoir le développement et d’éliminer la pauvreté.

• De faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies, en particulier des tech-nologies de l’information et de la communication, soient accordés à tous, conformémentaux recommandations contenues dans la Déclaration ministérielle du Conseil économiqueet social de 20006.

IV. Protéger notre environnement commun

21. Nous ne devons épargner aucun effort pour éviter à l’ensemble de l’humanité, etsurtout à nos enfants et petits-enfants, d’avoir à vivre sur une planète irrémédiablementdégradée par les activités humaines et dont les ressources ne peuvent plus répondre àleurs besoins.

22. Nous réaffirmons notre soutien aux principes du développement durable énoncésdans Action 217, qui ont été adoptés lors de la Conférence des Nations Unies sur l’envi-ronnement et le développement.

23. Nous décidons, par conséquent, d’adopter dans toutes nos actions ayant trait à l’envi-ronnement une nouvelle éthique de conservation et de sauvegarde, et convenons decommencer par prendre les mesures suivantes:

• Ne ménager aucun effort pour que le Protocole de Kyoto entre en vigueur depréférence avant le dixième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environ-nement et le développement en 2002, et commencer à appliquer les réductions prescritesdes émissions des gaz à effet de serre.

• Intensifier notre action commune pour la gestion, la préservation et le développementdurable de tous les types de forêt.

• Insister sur l’application intégrale de la Convention sur la diversité biologique8 et de laConvention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravementtouchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique.9

• Mettre fin à l’exploitation irrationnelle des ressources en eau, en formulant des stratégiesde gestion de l’eau aux niveaux régional, national et local, permettant notamment d’as-surer aussi bien un accès équitable qu’un approvisionnement adéquat.

• Intensifier la coopération en vue de réduire le nombre et les effets des catastrophesnaturelles et des catastrophes dues à l’homme.

• Assurer le libre accès à l’information relative au génome humain.

Rapport canadien sur le développement 2005

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V. Droits de l’homme, démocratie et bonne gouvernance

24. Nous n’épargnerons aucun effort pour promouvoir la démocratie et renforcer l’état dedroit, ainsi que le respect de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales recon-nus sur le plan international, y compris le droit au développement.

25. Nous décidons par conséquent:

• De respecter et de faire appliquer intégralement la Déclaration universelle des droits del’homme.10

• De chercher à assurer, dans tous les pays, la promotion et la protection intégrale desdroits civils et des droits politiques, économiques, sociaux et culturels de chacun.

• De renforcer, dans tous les pays, les capacités nécessaires pour appliquer les principes etpratiques de la démocratie et du respect des droits de l’homme, y compris les droits desminorités.

• De lutter contre toutes les formes de violence contre les femmes et d’appliquer laConvention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard desfemmes.11

• De prendre des mesures pour assurer le respect et la protection des droits fondamen-taux des migrants, des travailleurs migrants et de leur famille, pour mettre fin aux actes deracisme et de xénophobie dont le nombre ne cesse de croître dans de nombreusessociétés et pour promouvoir une plus grande harmonie et une plus grande tolérance danstoutes les sociétés.

• De travailler ensemble à l’adoption dans tous les pays de processus politiques plus égali-taires, qui permettent la participation effective de tous les citoyens à la vie politique.

• D’assurer le droit des médias de jouer leur rôle essentiel et le droit du public à l’informa-tion.

VI. Protéger les groupes vulnérables

26. Nous n’épargnerons aucun effort pour faire en sorte que les enfants et toutes lespopulations civiles qui souffrent de façon disproportionnée des conséquences descatastrophes naturelles, d’actes de génocide, des conflits armés et autres situationsd’urgence humanitaire bénéficient de l’assistance et de la protection requises pourpouvoir reprendre au plus vite une vie normale.

Nous décidons par conséquent:

• D’élargir et de renforcer la protection des civils dans les situations d’urgence complexes,conformément au droit international humanitaire.

• De renforcer la coopération internationale, y compris en partageant le fardeau des paysqui accueillent des réfugiés et en coordonnant l’assistance humanitaire, d’aider tous lesréfugiés et toutes les personnes déplacées à rentrer volontairement chez eux, en toutesécurité et dignité, et à se réinsérer harmonieusement dans la société à laquelle ils appar-tiennent.

Annexe 1: Déclaration du Millénaire

223

• D’encourager la ratification et la mise en oeuvre intégrale de la Convention relative auxdroits de l’enfant12, ainsi que de ses protocoles facultatifs concernant l'implicationd’enfants dans les conflits armés et la vente d’enfants, la prostitution des enfants et lapornographie mettant en scène des enfants.13

VII. Répondre aux besoins spéciaux de l’Afrique

27. Nous soutiendrons la consolidation de la démocratie en Afrique et aiderons lesAfricains dans la lutte qu’ils mènent pour instaurer une paix et un développementdurables et éliminer la pauvreté, afin d’intégrer le continent africain dans l’économie mon-diale.

28. Nous décidons par conséquent:

• D’appuyer pleinement les structures politiques et institutionnelles des démocraties nais-santes en Afrique.

• D’encourager et de soutenir les mécanismes régionaux et sous-régionaux de préventiondes conflits et de promotion de la stabilité politique, et d’assurer un financement régulieraux opérations de maintien de la paix menées sur le continent.

• De prendre des mesures spéciales pour relever les défis que sont l’élimination de la pau-vreté et la réalisation du développement durable en Afrique, y compris l’annulation de ladette, l’amélioration de l’accès aux marchés, l’accroissement de l’aide publique audéveloppement et des flux d’investissement étrangers directs, ainsi que des transferts detechnologie.

• D’aider l’Afrique à se doter des capacités voulues pour freiner la propagation de lapandémie du VIH/sida et d’autres maladies infectieuses.

VIII. Renforcer l’Organisation des Nations Unies

29. Nous n’épargnerons aucun effort pour faire de l’Organisation des Nations Unies uninstrument plus efficace aux fins de la réalisation des objectifs prioritaires suivants: la luttepour le développement de tous les peuples du monde, la lutte contre la pauvreté, l’igno-rance et la maladie, la lutte contre l’injustice, la lutte contre la violence, la terreur et lacriminalité et la lutte contre la dégradation et la destruction de notre planète.

30. Nous décidons par conséquent:

• De réaffirmer le rôle central de l’Assemblée générale en tant que principal organedélibérant et représentatif de l’Organisation des Nations Unies, et de lui permettre de s’enacquitter efficacement.

• De redoubler d’efforts pour réformer les procédures du Conseil de sécurité sous tousleurs aspects.

• De renforcer encore le Conseil économique et social, en faisant fond sur ses récents suc-cès, afin qu’il puisse être en mesure de remplir le rôle qui lui est confié dans la Charte.

Rapport canadien sur le développement 2005

224

• De renforcer la Cour internationale de Justice, afin d’assurer la justice et le régime dudroit dans les affaires internationales.

• D’encourager des consultations et une coordination régulières entre les principauxorganes des Nations Unies dans l’exercice de leurs fonctions.

• De faire en sorte que l’Organisation dispose, en temps voulu et de façon prévisible, desressources nécessaires pour s’acquitter de ses mandats.

• D’inviter instamment le Secrétariat à utiliser au mieux ces ressources, conformément auxrègles et procédures clairement établies par l’Assemblée générale, dans l’intérêt de tous lesÉtats Membres, en adoptant les meilleures méthodes de gestion, en utilisant les meilleurestechnologies disponibles et en concentrant ses efforts sur les activités qui reflètent lespriorités dont sont convenus les États Membres.

• De favoriser le respect de la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unieset du personnel associé.14

• De garantir une plus grande cohérence des politiques et d’améliorer la coopérationentre l’Organisation des Nations Unies, ses organismes, les institutions de Bretton Woodset l’Organisation mondiale du commerce, ainsi que d’autres organismes multilatéraux, afinde suivre une démarche pleinement coordonnée vis-à-vis des problèmes de paix et dedéveloppement.

• De renforcer davantage la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les par-lements nationaux, représentés par leur organisation mondiale, l’Union interparlementaire,dans divers domaines, notamment la paix et la sécurité, le développement économique etsocial, le droit international et les droits de l’homme, la démocratie et la parité entre lessexes.

• De donner au secteur privé, aux organisations non gouvernementales et à la sociétécivile en général la possibilité de contribuer davantage à la réalisation des objectifs et pro-grammes de l’Organisation.

31. Nous demandons à l’Assemblée générale d’examiner de façon régulière les progrèsaccomplis dans la mise en oeuvre des dispositions de la présente Déclaration et prions leSecrétaire général de faire publier des rapports périodiques, pour examen par l’Assembléegénérale et suite à donner.

32. Nous réaffirmons solennellement, en cette occasion historique, que l’Organisation desNations Unies est le lieu de rassemblement indispensable de l’humanité tout entière oùnous nous efforçons de concrétiser nos aspirations universelles à la paix, à la coopérationet au développement. Nous nous engageons donc à accorder un soutien indéfectible à laréalisation de ces objectifs communs et nous nous déclarons résolus à les atteindre.

Annexe 1: Déclaration du Millénaire

225

Annexe 2 :

Les Objectifs du

Millénaire pour le

développement

Annexe 2 :

développement

Objectifs et Cibles

Les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui constituent un programmeambitieux visant la réduction de la pauvreté et l’amélioration des vies, ont été ratifiés parles dirigeants du monde lors du Sommet du Millénaire en septembre 2000. (www.un.org/millennium/summit.htm) Pour chacun des objectifs, au moins une cible a été établie, laplupart devant être réalisés avant 2015, en utilisant 1990 comme année de référence :

1. Éliminer la pauvreté extrême et la faim

Plus d’un milliard de personnes vivent toujours avec moins de 1 $US par jour :l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine et les Caraïbes ainsi qu’une partie del’Europe et de l’Asie centrale vivent avec un montant qui est légèrement supérieur auseuil fixé.

2. Assurer l’éducation primaire universelle

Jusqu’à 113 millions d’enfants ne fréquentent par l’école, mais l’objectif est réaliste.L’Inde, par exemple, devrait être en mesure d’envoyer 95 pour cent des enfants dupays à l’école d’ici 2005.

3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

Deux tiers des personnes analphabètes sont des femmes et le taux d’emploi chez lesfemmes correspond aux deux tiers de celui des hommes. La proportion de siègesgouvernementaux détenus par des femmes est en croissance, atteignant près du tiersen Argentine, au Mozambique et en Afrique du Sud.

4. Réduire le taux de mortalité infantile

Chaque année, près de 11 millions de jeunes enfants décèdent avant de célébrer leurcinquième anniversaire, principalement de maladies pouvant être prévenues, mais cenombre est inférieur aux 15 millions de décès en 1980.

5. Améliorer la santé maternellewww.undp.org/mdg/goal5.pdf

Dans le pays en développement, le risque de décès pour les femmes enceintes est de 1 sur48, mais pratiquement tous les pays ont des programmes sécuritaires destinés aux femmesenceintes.

Annexe 2:

229

Les Objectifs du Millénaire pour le

Les Objectifs du Millénaire pour le développement

6. Maîtriser le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies (www.undp.org/mdge/goal6.pdf)

Cible pour 2015 : Freiner et commencer à réduire l’épidémie de VIH/SIDA et l'incidence depaludisme et des autres principales maladies. Quarante millions de personnes sontatteintes du VIH, incluant les 5 millions de nouveaux cas en 2003. Les pays tels que leBrésil, le Sénégal, la Thaïlande et l’Ouganda ont démontré que l’épidémie de VIH peutêtre ralentie.

7. Assurer un environnement durable(www.undp.org/mdg/goal7.pdf)

Cibles :

• Intégrer les principes de développement durable aux politiques et aux programmes despays et renverser la perte des ressources environnementales.

• D’ici 2015, réduire de moitié la proportion de gens n’ayant pas accès à l’eau potable.

• D’ici 2020, augmenter de façon importante la vie d ’au moins 100 millions d’habitantsde bidonvilles.

Plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et plus de 2 milliardsvivent dans des conditions inpotables. Cependant, durant les années 90, près d’unmilliard de personnes ont obtenu l’accès à de l’eau potable et un même nombre à desconditions de vie potables.

8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement(www.undp.org/mdg/goal8.pdf)

Cibles :

• Développer davantage un système ouvert de commerce et de financement incluant unengagement envers la bonne gouvernance, le développement et la réduction de lapauvreté à l’échelle nationale et internationale.

• Répondre aux besoins spéciaux des pays les moins développés et des pays environnés deterre ainsi que des pays situés sur de petites îles.

• Régler de façon exhaustive les problèmes d’endettement des pays en développement.

• Créer des emplois décents et productifs pour les jeunes.

• En collaboration avec les entreprises pharmaceutiques, offrir l’accès à des médicamentsessentiels abordables aux pays en développement.

• En collaboration avec le secteur privé, offrir les avantages des nouvelles technologies,particulièrement en informatique et en communications.

Plusieurs pays en développement consacrent plus d’argent en intérêt sur leurs dettesqu’aux programmes sociaux. Les nouveaux programmes d’aide annoncés dans la pre-mière moitié de 2002 se traduisent par un revenu annuel supplémentaire de l’ordre de12 milliards de dollars par année d’ici 2006.

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