Trait pour Trait

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Portfolio de l'Exposition de dessins à la plume de Musial en dialogue avec la poésie de Jacques Dupin. Mars 2010 à la Galerie EGP Paris

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Propos recueillis par Reine Ullmann Okuliar. (10/01/2010)Pourrais-tu me dire comment as-tu rencontré Jacques Dupin? Comment dire ? En dehors de sa poésie que je connaissais, la première rencontre, ce fut à l'occasion d'une lecture qu'il avait donnée de "La folie du jour" de Maurice Blanchot en septembre 2007 au Petit Palais à Paris. J'en fus à ce moment abasourdi, c'est sans doute là, il me semble que j'ai imaginé de retranscrire avec ma plume et mon trait noir les émotions si particulières de ces grands poètes : j'ai donc abordé cette idée par un dessin : « Dos de Blanchot » :

« J'avais accepté de me laisser enfermer. Momentanément, me disait-on. Bien, momentanément. Pendant le heures de plein air, un autre résident, vieillard à la barbe blanche, me sautait sur les épaules et gesticulait au-dessus de ma tête. Je lui disais : « Tu es donc Tolstoï ? » Le médecin me jugeait pour cela bien fou. Je promenais finalement tout le monde sur mon dos, un nœud d'êtres étroitement enlacés, une société d'hommes mûrs, attirés là-haut par un vain désir de dominer, par un enfantillage malheureux, et lorsque je m'écroulais (parce que je n'étais tout de même pas un cheval), la plupart de mes camarades, dégringolés eux-aussi, me rouaient de coups. C'étaient de joyeux moments. » La folie du jour. Maurice Blanchot

En concentrant mon trait sur l'écriture de Jacques Dupin, je me suis posé la question de l'art sous l'angle double de la poésie et du dessin. Mes premières expériences furent « Le corps clairvoyant», recueil rassemblant plusieurs corps de poèmes (1963-1982) :

« La feuille déchirée pour lumièreSur le sol consolidéNous marchons » Ou meurtres Jacques Dupin

J'ai ainsi modelé le trait en donnant un corps à la lettre mais aussi en la faisant totalement disparaître : par moment j'ai posé le poème à côté de ma feuille et l'ai retranscrit de manière abstraite et secrète tout en gardant un attachement à la figure, au visage, ce qui n'empêche pas la non-représentation. Je reste de toute façon tenté par l'irreprésentable. Sans croquis, à main levée je cherche à sortir du cadre sans déborder de ma feuille, je cherche une profondeur sans aucune perspective, une lumière à l'encre noire. Au cœur d'un nœud de contraintes, d'un cadre que je

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m'impose, la poésie de Jacques Dupin s'immisce :

« Ce que je vois et que tu tais m'épouvante.Ce dont je parle, et que j'ignore, me délivre.Ne me délivre pas. Toutes mes nuits suffiront-elles à décomposer cet éclair ?O visage aperçu, inexorable et martelé par l'air aveugle et blanc ! » Lichens. Jacques Dupin

Lire un poème, se le réciter intérieurement ou regarder un dessin en s'abandonnant aux lignes de force ce n'est pas le même processus : lecteur ou regardeur ? J'ai alors confronté mon travail au poète, ce qui fut là l'objet de notre première rencontre. L'apprivoisement par l'équilibre fut sa réponse. Il faut accepter la simultanéité et trouver les points de fusion qui sont forcément dans l'imagination du regardeur/lecteur.

Tentant « une expérience de la totalité, fondée dans le futur et expiée dans le présent, je cherche là où cela n'existe pas encore et créé dans l'immédiateté face à la feuille, au vertige d'un blanc. Donc écrire le dessin et dessiner le poème est un désir absolu inatteignable, du domaine de l'irreprésentable.

Quand votre collaboration a-'elle commencé ?A partir du moment où l'on s'est vu la première fois, il y a eu collaboration instinctive, discrète, chaleureuse. La chance que j'aie ; c'est de pouvoir dialoguer avec lui et émettre des hypothèses qu'il relève ou pas. Il m'indique des pistes, me parle de René Char ou de son ami Henri Michaux – de son passé de boxeur à Sciences-Po, des nappes vertes de la bibliothèque Mazarine etc..

Entre nous la parole est une surface résonnante d'où surgissent des poètes que j'ai lus, que lui a connus ou des artistes que je me dois de redécouvrir ou connaître.

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Ce sont aussi des espaces, des éléments de géographie – son parcours de poète pour moi est primordial car il est au centre d'une constellation d’œuvres d'artistes et de poètes majeurs : René Char, retour du maquis avec ses feuillets d'hypnos et Fureur et Mystère. Antonin Artaud, retour de Rodez et des électrochocs ou d'Henri Michaux émergeant du « Lointain intérieur ».

Récemment il m'a appris qu'il était présent lors de la fameuse conférence d'Antonin Artaud au Vieux Colombier en janvier 1947, j'ai lu son souvenir. Heureuse intuition où en ce moment je créé pour le théâtre « Van Gogh le suicidé de la société.»

« Il était seul, d'une lucidité de supplicié, à tenir raison contre les monstres du dedans, seul à percer le mur, seul à tenir raison violente contre tous, malgré lui, malgré l'extorsion de sa force, malgré l'éradication de sa vie, seul à exposer son corps à la foudre, à invectiver les dieux et leurs sbires, ici, et pour nous, ce qu'un soir au vieux colombier, mon œil a vu. » Fragmes. Jacques Dupin

« Ecrire les yeux fermés […] Ecrire sans recul, dans le noir, dans la doublure, dans la duplicité du noir.... » Echancré, Jacques Dupin

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JACQUES DUPIN, né à Privas le 4 mars 1927 est un poète français.Il a passé son enfance en Ardèche dans un asile psychiatrique dont son père était directeur. Elevé avec les pensionnaires dont l'un notamment donnera son nom à un poème, Chapurlat, il vit à Paris depuis 1943.

En 1947, il rencontre René Char qui préface son premier recueil publié, Cendrier du voyage, chez GLM. En 1949, secrétaire de rédaction de la revue Empédocle dirigée par Albert Camus, Albert Béguin et René Char, il y publie Comment dire ?.

En 1955, il entre comme libraire à la galerie Maeght avant de devenir le responsable des Editions jusqu'en 1981 : catalogues, affiches, revue Derrière le miroir, Livres d'artistes, Estampes originales, albums et monographies. Ce travail l'a amené à rencontrer et à écrire sur l’œuvre de nombreux artistes modernes. Au premier rang desquels Joan Miro, Alberto Giacometti et Antoni Tapies. En 1956 il commence un travail approfondi sur Miro en vue d'une grande monographie , du catalogue raisonné, d'expositions rétrospectives.

En 1969, Paul Auster traduit ses poèmes en anglais. Ensemble, ils feront des lectures bilingues à New York et à Londres. En 1984, il écrit sur la peinture de Francis Bacon qui peint son portrait. Il obtient le prix national de poésie en 1988.

Chez P.O.L, il publie Contumace, Echancré, Le Grésil, Ecart, De Singes et de Mouches / Les Mères, Coudrier, M'introduire dans ton histoire, Par quelque biais vers quelque bord. Ballast est son dernier recueil publié chez Gallimard en 2009.

Expert de l’œuvre de Miro, il est Président du comité de l'A.D.O.M. Association pour la Défense de l’œuvre de Joan Miro, qui promeut l’œuvre du peintre et statue sur l'authenticité des œuvres qui lui sont soumises.

Mais c'est dans l'ombre qu’œuvre Dupin, dans le retrait. Dans sa préface au recueil Le corps Clairvoyant (Gallimard 1982), Jean-Christophe Bailly écrit : «  Ce que dit Jacques Dupin et ce qu'il dit je crois dans tous ses textes c'est au fond que le manque est l'état natif du poème. C'est que la poésie est le genre même du manque, le genre même du tourment mais que cette détresse quoi la conduit est aussi ce qui la tient dans le langage comme une demande incessante de vérité. »

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MUSIAL Jean-Marc Homme de scène, de plume et d'images, JM MUSIAL né à Lille en 1966, s'engage en 1986 dans la création. Mêlant au fil de ses expérimentations théâtrales les images à la scène : cinéma, vidéo et images de synthèse.

Le dessin réalisé à la plume et l'encre de chine à main levée surgit de ses expériences artistiques et fut longtemps la part secrète et occulte de son art. Depuis 2003, son trait s'est affranchi de la scénographie, la feuille Ingres est devenue espace mental, image, manière noire. De 1990 à 1997, il vit à Lille où il créé Milczenie (Silence) et Straszny (Intolérable), deux poèmes scéniques et cinématographiques. Les artistes polonais Maczewski, Witkiewicz, Schulz et Kantor l'inspirent. Il travaille sans relâche sur Antonin Artaud et à travers Georges Bataille (il a mis en scène Le mort) il découvre Hans Bellmer et André Masson.

En 1997/98, il vit à Barcelone où il mène une recherche sur le siècle d'or, la guerre d'Espagne et ses archives. Il se confronte à l'art espagnol et copie surtout Goya.

En 2000, il présente Sade-Charenton les larmes de sang à la Biennale des Arts émergents de Turin. Professeur/Artiste invité en 2000/01 au Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, il réalise Calderon de Pier Paolo Pasolini.

En 2004, il est Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs (Scénographie) et séjourne 6 mois à Rome. Son trait se confronte à l'art antique romain (copies au trait de Bas reliefs et de Piranèse). Il expose en 2007 ROMA AMOR au Musée St Raymond de Toulouse puis en 2008 au Musée National Archéologique de Tarragone.

En 2009, il expose ses dessins à Lisbonne, Maniera Preta à la Galerie 14-18 . En 2010, il présente Trait pour Trait (Dialogue avec Jacques Dupin) à la Galerie EGP Paris.Du 17 avril au 29 mai 2011, il participe à l'exposition collective WOR(L)DS à la Galerie EGP ( Isidore Isou, Quentin Armand, David Birkin, Igor Josifov).