THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

44
1 THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION I. LA MONDIALISATION EN FONCTIONNEMENT 2. PROCESSUS, ACTEURS ET DEBATS Introduction et problématisation Depuis ses origines la mondialisation est un processus d’extension progressive du capitalisme au monde. Au XXIème siècle, la mondialisation s’organise de plus en plus en réseau à l’échelle planétaire. Les économies, les sociétés, les lieux du globe sont connectés avec plus ou moins de force et sont interdépendants. Tous les champs sont concernés : Le champ économique : avec le renforcement des échanges mondiaux sous le double effet de la généralisation de l’économie de marché et de la Division internationale du travail Le champ politique : avec l’émergence de grandes entités, supranationales et la mutation de la place des Etats depuis les années 1990 Le champ technique : avec l’émergence de grands réseaux de transport et de communication et la multiplication des flux matériels et immatériels Le champ socio-culturel : avec l’intensification des mobilités et la circulation des hommes et des idées dans des réseaux variés (diasporas, anti-monde, touristes etc…) aboutissant à la naissance d’une certaine « culture mondiale » La mondialisation est donc un processus complexe et multiforme d’ouverture au monde caractérisé par des échanges de différente nature et intensité (des flux) qui concernent des espaces et des territoires (les axes, les pôles, les nœuds, les axes) et animés par des acteurs multiples qui agissent en réseaux. On doit donc prendre tout cela en compte si on veut comprendre l’organisation de l’espace mondial contemporain et on se questionnera de la manière suivante : Quels processus historiques ont abouti à la mondialisation des échanges ? Quels sont les acteurs, les opérateurs de la mondialisation et leur logique de fonctionnement ? Quels effets la mondialisation a-t-elle sur les territoires ? A. LA MONDIALISATION : UN LONG PROCESSUS HISTORIQUE 1° La première mondialisation : le temps des grandes découvertes. A partir du XVème siècle, grâce à des navigateurs et des explorateurs financés par des souverains la plupart du temps, l’Europe se propulse hors de son territoire géographique de référence et amorce, avec la naissance d’un capitalisme marchand, la naissance d’une « économie monde » (qui s’édifie autour d’un pôle urbain et qui dilate l’économie européenne sur tous les continents) selon la définition qu’en donne le grand historien Fernand Braudel. La période est marquée par la domination de l’Espagne et du Portugal et par le mercantilisme , ce courant économique du 16ème et 17ème siècle qui fonde la richesse des Etats, moteurs des économies, sur la possession des métaux précieux).

Transcript of THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

Page 1: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

1

THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

I. LA MONDIALISATION EN FONCTIONNEMENT

2. PROCESSUS, ACTEURS ET DEBATS

Introduction et problématisation Depuis ses origines la mondialisation est un processus d’extension progressive du capitalisme au monde. Au XXIème siècle, la mondialisation s’organise de plus en plus en réseau à l’échelle planétaire. Les économies, les sociétés, les lieux du globe sont connectés avec plus ou moins de force et sont interdépendants. Tous les champs sont concernés :

Le champ économique : avec le renforcement des échanges mondiaux sous le double effet de la généralisation de l’économie de marché et de la Division internationale du travail Le champ politique : avec l’émergence de grandes entités, supranationales et la mutation de la place des Etats depuis les années 1990

Le champ technique : avec l’émergence de grands réseaux de transport et de communication et la multiplication des flux matériels et immatériels Le champ socio-culturel : avec l’intensification des mobilités et la circulation des hommes et des idées dans des réseaux variés (diasporas, anti-monde, touristes etc…) aboutissant à la naissance d’une certaine « culture mondiale » La mondialisation est donc un processus complexe et multiforme d’ouverture au monde caractérisé par des échanges de différente nature et intensité (des flux) qui concernent des espaces et des territoires (les axes, les pôles, les nœuds, les axes) et animés par des acteurs multiples qui agissent en réseaux. On doit donc prendre tout cela en compte si on veut comprendre l’organisation de l’espace mondial contemporain et on se questionnera de la manière suivante :

Quels processus historiques ont abouti à la mondialisation des échanges ? Quels sont les acteurs, les opérateurs de la mondialisation et leur logique de fonctionnement ? Quels

effets la mondialisation a-t-elle sur les territoires ?

A. LA MONDIALISATION : UN LONG PROCESSUS HISTORIQUE

1° La première mondialisation : le temps des grandes découvertes. A partir du XVème siècle, grâce à des navigateurs et des explorateurs financés par des souverains la plupart du temps, l’Europe se propulse hors de son territoire géographique de référence et amorce, avec la naissance d’un capitalisme marchand, la naissance d’une « économie monde » (qui s’édifie autour d’un pôle urbain et qui dilate l’économie européenne sur tous les continents) selon la définition qu’en donne le grand historien Fernand Braudel. La période est marquée par la domination de l’Espagne et du Portugal et par le mercantilisme , ce courant économique du 16ème et 17ème siècle qui fonde la richesse des Etats, moteurs des économies, sur la possession des métaux précieux).

Page 2: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

2

2° La révolution industrielle, âge d’or de la mondialisation ? L’essor du capitalisme mondial génère un flux massif de capitaux et ce sont les états européens (RoyaumeUni, France, Allemagne) et les Etats-Unis qui dominent l’innovation et la production industrielle. Cet essor s’appuie sur des moyens de communication désormais plus rapides, sur le développement colonial et sur la généralisation du libéralisme économique et le succès de ses théoriciens (A Smith /Ricardo) 3° La construction d’une société monde La définition d’une société-monde désigne un ensemble de valeurs économiques, politiques, sociales et culturelles qui fonctionnent à l’échelle planétaire et c’est au lendemain de la 2ème guerre mondiale qu’elle se met en place. Elle est marquée par la prise de puissance des Etats-Unis qui imposent leur vision de l’économie mondiale :

Par le système monétaire international issu de Bretton Woods

Par l’organisation des échanges : GATT (puis OMC) et FMI Par les normes de production (Tayloro-fordisme) Par la régulation des relations politiques entre les Etats (ONU, OTAN)

Le triomphe de la « pax américana » s’appuie sur les outils de régulation du libre échange, des organisations régionales et les progrès marqués des transports et communication (progrès de l’aviation, des NTIC etc). Dans les années 1980, le capitalisme financier s’impose . Il s’accompagne de spéculation, de placements financiers plus importants que les investissements et de la généralisation de « l’économie casino ». Des flux financiers considérables circulent entre les pôles de la Triade et les bourses mondiales deviennent des acteurs majeurs de l’économie mondialisée. La Triade concentre plus de 90% des opérations financières mondiales et la Chine joue un rôle de plus en plus marqué aujourd’hui ainsi que les « pays émergents ». La vieille Europe est en crise et l’hyperpuissance américaine est contestée. On entend parler de « basculement de la mondialisation » et de monde multipolaire.

B. LES ACTEURS DE LA MONDIALISATION

1) Les FTN et les acteurs économiques

Les firmes transnationales Les FTN, puissants acteurs transnationaux : 83000 FTN et 810000 filiales à l’étranger qui réalisent les 2/3 du commerce mondial et emploient 77 millions de salariés. Les 100 plus importantes FTN représentent une capitalisation de 17458 milliards de $, soit l’équivalent du PIB des Etats-Unis dont les 10 premières FTN sont originaires et 55 en tout contre 22 venant de l’UE.

Page 3: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

3

Déf° : entreprise exerçant ses activités dans plusieurs Etats, directement ou par l’intermédiaire de filiales : ce terme est préférable à celui de multinationale car la plupart des entreprises ont une seule nationalité d’origine. Grande caractéristique : double ancrage dans le global et le local. Premier essor : 19ème puis entre les deux guerres. Ex : Dunlop, culture de l’hévéa en Indonésie, Royal Dutch : pétrole à Sumatra. Principal indicateur de la transnationalisation : les IDE = capitaux que les résidents d’un pays possèdent dans un autre, investis dans des activités productives ( investissements de portefeuille (titres financiers) Gros poids éco : remise en cause du rapport Etat-entreprise. Pouvoir d’arbitrage croissant des firmes en matière de localisation de leurs établissements. Multiplication des délocalisations industrielles, forme « d’effacement » des frontières. Nuance : Etat qui reste l’acteur principal en termes d’avantages comparatifs (infrastructures, système éducatif …). Les stratégies d’une entreprise : 3 grandes étapes :

accès aux matières premières. 60’s –70’s : la stratégie de marchés : on décide de ne plus exporter mais de fabriquer sur place, pour accéder

le plus vite aux marchés locaux. On évite ainsi les droits de douane. Recherche du meilleur rapport coût-avantages = recherche du meilleur coût de production. 70-80’s :

délocalisations. Volonté de développer tout ou partie de l’activité productive dans des pays à faibles coûts salariaux. Peu de pays élus cependant : NPI, Brésil, Mexique, Caraïbes … Avantages = coût de la main d’œuvre, législation du travail, savoir-faire … On parle de DIT ou de DIPP (division internationale du processus productif). Unités locales spécialisées dans un stade de production : assemblage de tel ou tel composant … et assemblage final ailleurs, dans des usines dites usines-tournevis, dans le pays d’origine de la firme. Très grande flexibilité spatiale : la maison mère peut changer à tout moment la localisation d’un site de production.

Ex : Nike : bureaux dans pays développés, usines dans pays en développement (production 99% en Asie), main d’œuvre moins chère et règles sociales moins strictes, exemple le plus symbolique de l’exploitation du Sud par une FMN du Nord. Dénonciations nombreuses. (ex M.Moore, The Big One)

L’ouverture commerciale, la libéralisation financière, la grande mobilité du capital ont permis la mondialisation des plus grandes firmes. La montée en puissance des entreprises géantes des Pays émergents est spectaculaire, provoquant une redistribution mondiale des cartes.

Page 4: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

4

L’ouverture commerciale, la libéralisation financière, la grande mobilité du capital ont permis la mondialisation des plus grandes firmes. La montée en puissance des entreprises géantes des Pays émergents est spectaculaire, provoquant une redistribution mondiale des cartes. Ces 10 multinationales contrôlent presque tout ce que vous achetez. « L’Illusion du choix » est une infographie publiée sur Reddit.com qui établit des liens entre les marques des produits les plus répandus, et les multinationales qui les contrôlent. Ainsi, Knorr, Miko, Lipton, Dove et Slim-Fast, sont des marques possédés par Unilever, tandis que Mövenpick, Ralph Lauren, Garnier et Purina dépendent de Nestlé. En dépit de l’impression de choix que la multitude de marques et de produits suggèrent, ils ne proviennent que d’une poignée de groupes

Page 5: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

5

Certaines entreprises sont plus riches que des Etats :

Le fait marquant de ces dernières années, est l’entrée des FTN des pays émergents dans les meilleures performances mondiales ! https://www.lesechos.fr/11/09/2014/lesechos.fr/0203763982875_quand-les-entreprises-des-pays-emergents-depassent-les-multinationales.htm#

http://www.laviedesidees.fr/BRICs-et-emergents-les-nouveaux-investisseurs-internationaux.html les FTN mondiales

Page 6: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

6

2) Les fonds souverains et la finance islamique * Les fonds souverains Il existe environ 75 fonds souverains qui sont des nouveautés dans la finance mondiale. Il s’agit de fonds d’investissement qui sont contrôles par les Etats, et sont différents des fonds privés (les hedge funds). Leur objectif est de faire fructifier des excédents commerciaux ou budgétaires (dopés par les excédents gaziers ou pétroliers) comme pour la Chine ou la Russie par exemple. Leur montant est estimé à environ 3000 milliards d’euros ce qui est plus que le PIB de la France ! Le premier fond souverain est né en 1953 au Koweit et aujourd’hui leur répartition est la suivante : Les pays pétroliers du Golfe pèsent environ la moitié du total des fonds, l’autre moitié étant répartie entre pays du Nord et du Sud. Il faut rajouter la Russie qui est curieusement laissée muette sur la carte ! (on connait la puissance de l’entreprise d’Etat Gazprom !) http://www.fondssouverains.com/

La stratégie des fonds souverains consiste à investir tous les secteurs des économies : bons du Trésor, titres publics mais aussi parts de marchés boursiers et participation dans des grands groupes industriels ou tertiaires, dans des écuries de formule 1 ou des clubs sportifs ! Ils sont souvent dirigés par des managers formés aux Etats-Unis ou à la City. De plus, ces fonds souverains ont joué le rôle de stabilisateurs au moment de la crise des subprimes et les capitaux chinois, qataris, dubaiotes (qui sont entrés dans les activités portuaires de New York par ex)ou russes, interrogent voire inquiètent le capitalisme occidental qui y voit une perte d’influence et parfois même une stratégie de conquête ! L’Asie et la Péninsule arabique sont devenues des puissances financières même si les grands groupes d’investisseurs occidentaux restent très puissants. Le premier fond souverain appartient à Abu Dhabi. Les puissantes émergentes sont donc bien des acteurs majeurs dans la mondialisation. * La finance islamique Elle se développe depuis une trentaine d’années, au moment du choc pétrolier, impulsée par le roi Fayzal d’Arabie et représente aujourd’hui 1000 milliards d’euros et connait un taux de croissance de 10 à 15% ! Elle a mieux résisté à la crise que la finance occidentale et certains considèrent même qu’elle pourrait être une alternative éthique à la finance mondiale liée à la crise. Son étude se développe dans toutes les écoles de commerce occidentales et des banques européennes pratiquent la finance islamique. En France c’est le cas de la BNP et de la Société Générale sur des marchés étrangers ! (la conception de la laïcite en France fait que les réticences sont encore fortes) Elle obéit à des principes spécifiques :

L’interdiction du prêt avec intérêt : le ribâ Le partage des profits et des pertes L’interdiction de la spéculation L’obligation de faire reposer toute opération sur des biens réels L’interdiction des actifs illicites comme l’armement, le tabac, l’alcool, les jeux d’argent et la prostitution et

toute les activités « mortifères pour l’âme et le corps » Elle est ancienne et commune aux trois monothéismes à la base et sa résurgence s’est faite à partir de la renaissance de l’Islam politique au Pakistan et en Arabie Saoudite. Il existe des structures qui contrôlent les produits islamiques et certifient qu’ils sont « charia compatibles », ce sont les charia board. La base du système sont les Sukuks : ce sont des obligations

Page 7: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

7

islamiques émises soit par un pays musulman soit par des pays occidentaux voulant bénéficier des fonds de ces pays (exemple de la Grande Bretagne, de l’Allemagne, du Japon). Il ya actuellement sur le marché une centaine de milliards de dollars provenant de ces sukuks. Ils consistent pour la banque à acheter un bien et à le revendre immédiatement à un prix majoré au client qui rembourse alors selon un échéancier. Le sukuk doit correspondre au financement d’un projet réel car la finance islamique lie étroitement la rentabilité financière d’un investissement avec les résultats du projet concret associé. Pour en savoir plus l’article très bien renseigné de wikipédia sur la Finance islamique er celui d’un Institut français de finance islamique http://fr.wikipedia.org/wiki/Finance_islamique http://www.institutfrancaisdefinanceislamique.fr/fr/ et une excellente émission de France Culture déjà signalée sur le blog : Cultures Monde http://www.franceculture.fr/emission-culturesmonde-dieu-et-les-banques-34-la-finance-au-prisme-de-la-charia2012-10-24

3° Les diasporas et les nomades Ce sont des communautés humaines dispersées à travers le monde mais qui gardent des liens étroits avec le territoire d’origine. Elle résulte d’une migration volontaire ou non et elle se caractérise par un sentiment d’appartenance et la conscience de former un groupe « en exil ». On recense plusieurs groupes diasporiques plus ou moins nombreux, plus ou moins actifs dans la mondialisation : les chinois bien sûr, environ 30 millions, les libanais, les palestiniens, les kurdes, les philippins, les arméniens, les italiens, les iraniens, les philippins, les indiens, les grecs, les roms…. Ces communautés obéissent à des stratégies migratoires en fonction des réseaux déjà implantés, de l’histoire vécue avec le ou les territoires d’installation plus ou moins géographiquement éclatés. Ils sont plus ou moins spécialisés dans des activités économiques et plus ou moins mixtes (libanais = commerçants, banquiers, intellectuels , médecins etc), les Roms sont dans des situations plus difficiles et les philippins occupent souvent des emplois dans la domesticité pour les femmes ou de main d’œuvre ou de marins pour les hommes. Les chinois constituent la diaspora la plus nombreuse : 30 millions d’individus partout dans le monde. Ils fonctionnent par réseau et se regroupent par provenance géographique (en France ils viennent surtout de Shanghai et Shenzhen et les chinois de Guangzhou se

Page 8: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

8

dirigent plutôt vers le continent américain). Leur poids économique en Asie est très marqué, ils contrôlent la majorité des banques indonésiennes, philippines et impriment la culture chinoise de manière très forte à Singapour en Malaisie et Thaïlande. La communauté diasporique chinoise est soudée par le confucianisme et la famille. Le guangxiwang est un système de relations interpersonnelles qui liens les individus entre eux. La diaspora chinoise a une traduction spatiale dans la plupart des grandes métropoles, avec les « chinatown » Aujourd’hui l’Afrique est une destination qui attire de nombreux investisseurs chinois. http://www.youtube.com/watch?v=Of4gA3a3bKM mais les Etats-Unis restent un pôle d’attraction fort pour les chinois des classes moyennes ou riches: http://www.youtube.com/v/TUm0-_2u9jA&fs=1&source=uds&autoplay=1

4° L’antimonde et les mafias La notion d’antimonde a été utilisée par Roger Brunet pour qualifier tout ce qui échappe à la mondialisation légale. Les caractéristiques de l’antimonde sont qu’il est réticulaire (il fonctionne en réseau), il est difficile à évaluer car il a ses propres règles et codes et recouvre des espaces divers : l’univers carcéral (9 millions de personnes sont en prison dans le monde parmi lesquels 1 million d’enfants) : concentrés sur 3 pays, les Etats-Unis, la Chine et la Russie les asiles psychiatriques

les ghettos urbains qui échappent au droit commun les bases militaires fermées les maquis et zones de guérilla : jungle colombienne et les Farc, bolivienne (narcos trafiquants), désert du

Sahara (narcos djihadistes, Aqmi, EI) des espaces maritimes contrôlés par la piraterie (en mer de Chine, dans le golfe d’Aden, le long des côtes

somaliennes) L’antimonde fonctionne en utilisant les nœuds de la mondialisation : ports, paradis fiscaux, gares, zones franches, entrepôts et les marges (déserts, jungles) et les zones transfontalières. Il a profité des états défaillants (on dit aussi Etats faillis) incapables de faire respecter la loi et/ou corrompus comme les narcos-Etats (Colombie, Birmanie, Mali…) et des territoires les plus pauvres de la planète (en Afrique par ex) Une partie de l’antimonde est organisé par les mafias. Elles ont prospéré dans la mondialisation et n’ont jamais été aussi puissantes. Elles contrôlent le trafic de drogue, d’êtres humains (prostitution, trafic

Page 9: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

9

d’organes, passage de clandestins), le trafic d’armes et du racket , le trafic d’influence. Le FMI évalue à 1500 milliards de dollars le chiffre d’affaires des organisations criminelles et entre 400 et 1000 milliards sont « blanchis » tous les ans dans les paradis fiscaux surtout. Les mafias sont anciennes. Elles ont une histoire et sont souvent ancrées dans un patrimoine culturel et géographique fort. Les principales sont les plus anciennes : les mafias italiennes. C’était à l’origine des groupes de résistants à la puissance locale, des sortes de « robin des bois ». On connait Cosa Nostra et la Camorra (en Sicile) , la sacra corona unita et la ‘Ndrangheta née en Calabre et aujourd’hui la plus mondialisée. Les mafias italiennes ont essaimé depuis le début du siècle aux Etats-Unis où elles sont très implantées depuis Al Capone ; elles sont très conservatrices, machistes, catholiques, souvent concurrentes entre elles. Leur chiffre d’affaire global serait de 120 milliards de $ c’est-à-dire 10% du PIB italien en 2005. La ‘Ndrangheta est la plus puissante car son chiffre d’affaire provient du trafic d’héroïne dont elle aurait le monopole en Europe. Elle passe aujourd’hui des alliances avec les cartels colombiens (de Cali et de Medelin), sur la cocaïne et avec le Maghreb pour le cannabis et le Moyen-Orient pour l’héroïne. Elle est présente sur tous les continents. Elle compterait 7000 membres divisés en une centaine de clans familiaux : 155 groupes dans 16 pays et elle a tendance à diversifier ses activités.

Les Triades chinoises : elles utilisent la symbolique du triangle qui signifie l’unité du ciel, de la terre et de l’homme. Au début, il s’agissait de sectes religieuses qui se sont déplacées à Taïwan et Hong Kong sous la période maoiste mais qui ont aussi réussi à collaborer avec le régime communiste ! Elles comptent plus de 30 000 membres et accordent une grande importance aux rites entre frères : 36 serments d’initiation (décapitation d’un volatile, mélange du sang et du vin au sang des frères (abandonné à cause du sida), poignée de main ritualisée. On indique par un chiffre le grade dans la mafia : 489 = la tête du dragon (le chef), 438 = l’éventail de papier blanc (le financier). L’organisation est souple, les triades sont installées partout dans le monde et très liée au Triangle d’or (Laos, Birmanie, Thaïlande) qui contrôle le trafic du pavot qui fournit plus de 200 tonnes d’opium par an, la moitié de la production mondiale qui donne l’héroïne après raffinage. Les triades chinoises sont aujourd’hui concurrencées par les afghans. Les yakuzas japonais : ils ont été très liés au monde politique gangréné par la corruption dans les années 1950. La mafia japonaise de nos jours contrôle le marché des amphétamines (dope pour le mode de vie stressant des japonais) fabriquées en Chine ou en Corée. Les yakuzas sont officiellement interdits depuis 1992 et ont donc fondé des sociétés écrans (de mécénat artistique souvent). Il y aurait 80 000 membres aujourd’hui qui obéissent de moins en moins aux codes rituels (on se tranche l’auriculaire soi-même qu’on offre en présent quand on a offensé un frère du groupe (de nos jours de nombreuses opérations de chirurgies reconstructrices de doigts ont été signalées de la part de membres qui veulent cacher leur passé). Les tatouages étaient aussi un signe d’appartenance.

Page 10: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

10

* Les clans japonais contrôlent désormais de nombreuses sociétés d’assurance et de crédits et pratiquent l’usure à 100% d’intérêt (sarakin). Parfois l’endetté doit contracter une assurance et le yakuza le tue pour empocher la prime. La grande spécialité japonaise reste les Sokaiya : ce sont des experts en racket qui ne s’en prennent pas à la vie physique mais à l’image d’une société et la menace de scandale : c’est un terrorisme d’entreprise.

Les clans russes et d’Asie centrale : ils sont souvent ethniques et on estime que 4 grandes familles contrôlent Saint Petersbourg. La décomposition de l’URSS en 1989 a été suivie d’une privatisation sauvage qui a permis aux mafieux de s’emparer de pans entiers de l’économie : immobilier, import-export, énergie, industries et de piller l’arsenal militaire pour le vendre aux plus offrants (voir le film Lord of War). Les russes ont pénétré le marché de la drogue et de la prostitution. La corruption touche la police et l’Etat russe lui-même. Poutine a fait emprisonner un certain nombre d’oligarques liés à la mafia. La mafia russe s’est « délocalisée » à New York (Brooklyn) et tisse aussi des liens avec d’autres groupes mafieux (voir Lord of war).

Les Afghans contrôlent 92% du marché mondial de l’opium. Les résistants afghans avaient utilisé cette « pompe à finance » pour acheter des armes contre l’URSS et avaient inondé les soldats russes de « poudre blanche » pour les affaiblir. Les talibans s’en servent pour « empoisonner l’infidèle »

La montée en puissance des cartels mexicains : ils étaient d’abord de simples intermédiaires au service des gangs colombiens. Aujourd’hui ils sont les maîtres du trafic Sud/Nord des drogues. Le trafic est de plus en plus diversifié : marijuana, cocaïne, héroïne, assorti de contrebande d’armes ou de carburant et d’enlèvements contre rançons. Selon le département d’Etat américain, les Mexicains contrôlent 90% de la cocaïne consommée aux Etats-Unis et au moins 30 % de l’héroïne, ainsi que la fabrication des méthamphétamines euphorisants de synthèse. Aux Etats-Unis, les cartels utilisent des gangs de latinos ou d’afro-américains pour assurer la vente de la drogue en gros et en détail, et des colombiens en Europe (nombreux ont immigré en Espagne). Les principaux points de passage sont Tijuana, Ciudad Juarez, Matamoros… le long de la frontière terrestre (3200 km). Au Mexique, 9 millions d’hectares sont consacrés aux plantations illégales de cannabis et de pavot. Les cartels se partagent le territoire en fiefs en zones d’influence avec pour chacune une « capitale ». En 2006 le gouvernement fédéral a décidé d’affronter les narcotrafiquants et face à leur violence, le président Calderon avait fait appel à l’armée. Les Etats-Unis ont débloqué une aide financière pour soutenir l’état Mexicain dans son combat contre la criminalité. Les narcotrafiquants sont puissants et organisés : ils disposent d’une véritable armée : los sicarios. Un cartel mexicain a une importante milice entrainée par un mercenaire israélien. Ils disposent de moyens considérables : on a par exemple découvert un laboratoire en Colombie avec une piste d’atterrissage en pleine jungle, 4 avions, 1 hélicoptère, 100 techniciens sous la protection des FARC qui prélèvent en contrepartie 10% des ventes. Les cartels ont aussi mis la main sur les trafics de prostitutions et de passages de clandestins qu’ils exploitent comme « muletas » pour faire passer la drogue en utilisant les techniques de plus en plus extrêmes pour échapper aux contrôles policiers

Page 11: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

11

Toutes ces mafias organisent des trafics multiples : * le plus important est le trafic de drogues : il représente entre 2 et 5% du PIB mondial ! soit un chiffre d’affaire de 800 milliards de $ c’est-à-dire plus que le PIB de l’Espagne ! Il génère environ 250 milliards de bénéfices et représente entre 8 et 10% des échanges mondiaux. C’est le premier marché agricole et il pourrait passer devant le pétrole ! Il existe plusieurs pôles de productions : * L’Amérique Latine : pour la cocaïne surtout en provenance du Pérou de la Bolivie et de la Colombie * L’Asie pour les opiacées : Birmanie et Afghanistan dominent la fabrication mondiale d’opium et les zones les plus « productives » sont :

Le triangle d’or (Thailande, Laos, Cambodge)+ Birmanie Le croissant d’or (Turquie/Iran)

En Europe et en Afrique : le Maroc (la région du Rif où la culture du cannabis ferait vivre environ 800000 personnes La consommation est concentrée dans les pays du Nord mais pas seulement, de plus en plus les grandes métropoles du Sud sont concernées. * Le trafic d’armes : il a proliféré depuis la fin de la guerre froide grâce à l’entrée sur le marché des armes de l’ex URSS : 550 millions d’armes légères ont été captées par les mafias et le trafic a pu bénéficier de certaines protections politiques. Aujourd’hui, la circulation d’armes libyennes après la chute de Kadhafi inquiète nombre d’observateurs. * Le trafic d’êtres humains : il est essentiellement piloté par les réseaux de prostitution centrés sur le bloc de l’est mais aussi sur l’Asie. La Thaïlande compte environ 2 millions de prostitués, 300 000 aux philippines, idem en Malaisie et en Indonésie (on estime cette « activité » à 15% du PIB de ces pays). La situation de l’Ukraine et des pays de l’est est préoccupante avec des réseaux qui font miroiter des carrières à des jeunes et leur confisquent ensuite leurs passeports en les mettant sous complète dépendance des gangs. A la prostitution il faut ajouter le trafic d’enfants pour adoption, celui des migrants et celui de l’enlèvement, véritable « sport national » au Brésil, en Colombie, en Bolivie ( 4 enlèvements par jour !). * Le développement de la piraterie : la délinquance maritime a explosé en même temps que les flux maritimes. Le golfe d’Aden est aujourd’hui stratégique : 200 attaques en 2008 et 300 otages. La piraterie se professionnalise, des embarcations rapides partent de bateaux équipés de lance-grenades, fusils mitrailleurs, GPS et les attaques touchent aussi bien des plaisanciers que des tankers ou des porte-conteneurs ! Les rançons perçues entretiennent souvent des guerres civiles en Somalie par exemple. Des liens ont parfois pu être montrés entre les pirates, des « seigneurs de la guerre » et Al Qaïda. La sécurisation des routes maritimes est une priorité pour l’OTAN et l’UE qui a mis sur pied la force « Atalante » composée de 1500 militaires, plus 8 navires chargés d’escorter les bateaux commerciaux et de surveiller les mers.

Ce qui est commun à tous ces trafics c’est l’utilisation de la force et de la violence : stratégie de la terreur, armée de tueurs qui recrute des jeunes, intimidation, tortures, assassinats. Les acteurs de l’antimonde utilisent des grandes banques « lessiveuses » d’argent sale dans les paradis fiscaux. Ils sont très mobiles, profitent de l’intensité de la circulation des flux dans la mondialisation, des territoires moins contrôlés et des moyens de transports et de communication pour se mettre en réseaux.

L’antimonde s’organise à une échelle mondiale , les mafias se rencontrent et se partagent des marchés : ce fut par exemple le cas en France, en Bourgogne à l’occasion d’une vente aux enchères de vins prestigieux aux hospices de Beaune, lors de laquelle des responsables des mafias russes, italo-américains, japonais, colombiens et chinois se seraient répartis les marchés de la cocaïne, des œuvres d’art et de l’immobilier. En outre, des observateurs au Mali ont récemment observé des connections entre des cartels mexicains et colombiens avec les narco djihadistes du Sahara !

Pour compléter : un plan détaillé qui peut vous permettre de traiter une étude de documents :

Page 12: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

12

« LES ACTIVITES ILLICITES PROFITENT-ELLES DE LA MONDIALISATION »

1. Des activités qui se développent en profitant des outils de la mondialisation aux mains d’acteurs illégaux

La généralisation du libre-échange et de la circulation des marchandises facilite les activités illicites L’essor des moyens de transport Les NTIC Les mafias,les cartels et les narco-Etats : des agents d’un antimonde ancrés dans un territoire d’origine mais avec des stratégies mondialisées. 2. Des activités qui utilisent des territoires spécifiques dans la mondialisation Les hubs et autres plate-formes multimodales Les déserts et les marges à l’écart du droit (des îles, des espaces maritimes) Les paradis fiscaux et les zones franches Les zones transfrontalières et les zones inaccessibles difficilement contrôlables (ex les zones tribales Pakistan/Afghanistan) 3. Des activités qui génèrent des flux importants dans la mondialisation en profitant de la mobilité croissante des échanges. Les flux de la drogue (géographie de la production par spécialité et de la consommation) Les trafics d’êtres humains (adossés sur les trajets des migrations Sud/Nord, Est/Ouest) Les trafics d’armes

5° Les ONG Les ONG Les organisations non gouvernementales proposent une action caritative ou en faveur du développement à l'échelle de la planète, comme la Croix-Rouge. Quelques exemples d’ONG environnementales.

Page 13: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

13

C. LA MONDIALISATION EN DEBAT Introduction : La mondialisation, qui est à la fois économique, politique, culturelle et environnementale, fait débat. Elle redistribue les cartes entre économies nationales (concurrence internationale, délocalisations) et tend à remettre en cause la souveraineté des États en redéfinissant les frontières. Certains la rendent responsable des problèmes qui surgissent : les crises économiques ou financières, les inégalités, le chômage, la généralisation du modèle occidental (simplifié souvent en parlant d’américanisation du monde) au détriment des identité nationales ou régionales, les problèmes environnementaux …

Problématique : Quels débats et quelles contestations le processus de mondialisation soulève-t-il ?

1° Le rôle de l’Etat comme acteur de la mondialisation Un Etat se définit par les frontières, un gouvernement, une monnaie, un hymne, un drapeau, un timbre et la reconnaissance des autres Etats : depuis le XVIIème siècle. * 1914 : 53 Etats indépendants. * 1945 : 72 dont 51 à l’ONU * 2011 : 230, 193 à l’ONU => multiplication avec la décolonisation et avec la chute du communisme. => de plus en plus d’Etats : est-ce compatible avec la mondialisation ? Idee 1 : la souveraineté des Etats est affaiblie - Multiplication des relations transnationales => Etat perd sa capacité de régulation et une partie de sa souveraineté : ex : - les pays de l’UE n’ont plus leur monnaie propre, mais l’euro - souveraineté abandonnée face à l’OMC ou le FMI qui édictent des règles communes à tout l’espace mondial. - souveraineté remise en cause par les FTN (cf. impuissance de la France face à Mittal) ou la finance mondialisée (cf. crise économique actuelle) - certains problèmes environnementaux ne peuvent être résolus qu'en dépassant l'échelle nationale par des accords internationaux (signés ou non par des États ceci dit...) : cf. le protocole de Kyoto (1997) visant à réduire l'émission de gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique. + COP 21/22

- La critique néolibérale de l'inefficacité et de l'intervention excessive de l'État dans l'économie a accrédité l'idée, dans les années 1980, du repli de l'État au profit d'une mondialisation régulée par les seules forces du marché.

Page 14: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

14

Idée 2 : Mais, les Etats s’adaptent à la mondialisation : Trois exemples :

les frontières (9 p. 123) : la mondialisation donne le sentiment de vivre dans un monde sans frontières (cf. Internet). Or les frontières se multiplient (253 100 km de frontières politiques terrestres dans le monde en 2011) avec les États, et deviennent des lieux sensibles de plus en plus contrôlés. * Volonté de contrôler les frontières par des murs partout dans le monde (http://www.diploweb.com/Lesmurs-en-l-an-2009-20ans-apres.html) = la barrierisation du monde

* Lutte contre les formes de criminalité internationale (flux illégaux et mafias, terrorisme : Patriot Act aux États-Unis après le 11 septembre 2001), contre les migrations internationales (10 p. 123), contre la circulation des idées (contrôle d'Internet en Chine par ex.) * Frontière entre les Etats-Unis et le Mexique par exemple : stricte fermeture du sud vers le nord pour les migrations humaines, grande porosité pour les flux d’argent et de marchandises (EU et Mexique membres tous les deux de l’Alena) => interface : une zone économiquement très dynamique : constitution d’un espace frontalier cohérent (y compris sur le plan linguistique) = maquiladoras.

les organisations régionales (6 p. 123) pour résister face à la mondialisation : les premières = la CEE (pas le but à l’origine, il s'agissait en fait d'éviter les guerres) puis l'UE (27 pays plus forts qu’un seul). Copiés ensuite par l’ALENA, l'APEC, le MERCOSUR…. But : disparition des frontières à l’intérieur, mais frontières fortes face à l’extérieur. => l'échelle du pays ne fonctionne plus, il faut raisonner en terme d’échelle continentale.

la tentation protectionniste, en sommeil depuis 1945, réapparaît à la faveur de la concurrence des pays émergents et de la crise économique mondiale, au nom de la défense des emplois et de l'équilibre des échanges commerciaux : plus de 2000 mesures protectionnistes ont été adoptées dans le monde depuis 2008 (8 p. 123) : tarifs douaniers exceptionnels, normes techniques ou environnementales, quotas, etc., la Chine étant le pays le plus visé. Le protectionnisme peut avoir cependant des effets limités (internationalisation des processus de fabrication) voire néfastes (hausse des prix, rétorsions, menace sur les emplois tournés vers l'exportation). Conclusion : Les Etats jouent toujours un rôle économique important : ils rendent leur territoire attractif ou pas (législation et réglementations, politique fiscale et sociale) + rôle protecteur de l’Etat (cf Etat-Providence en France par ex.). L'État reste le fondement de l'ordre politique et social (quelle que soit sa forme). C'est son repli volontaire (déréglementation, défiscalisation) depuis le début des années 1980 et sa défaillance qui a donné aux marchés leur pouvoir actuel et généré troubles et souffrances (libéralisme sauvage en Russie, effondrement grec, etc.). L'État demeure un acteur économique central des pays occidentaux et émergents : emplois, contrôle d'entreprises clés dans l'énergie, conduite de la politique économique par la monnaie et la fiscalité, fonds souverains (7 p.123). Le besoin d'un « État stratège », pour réguler les marchés financiers et promouvoir la croissance, s'est manifesté dans la crise actuelle (cf. par ex. le rôle des nationalisations aux États-Unis dans le redressement de l'industrie automobile, cf. les politiques de réindustrialisation tentées en France actuellement).

PROPOSITION DE PLAN DETAILLE QUI PEUT VOUS AIDER A CONSTRUIRE UNE REFLEXION

Intro : « Au moment ou l’économie devient planétaire, la planète politique se lézarde » (R.Debray). Le nombre d’Etats ne cesse de croître (225 environ), décolonisation, fragmentation du bloc de l’est. Multiplication des frontières alors que l’interdépendance progresse : paradoxe. Intensification des flux, logiques des réseaux / logiques des Etats : compatibles ? Etats disposent de moyens de puissances considérables et en même temps, forme de souveraineté territoriale qui semble dépassé. Les Etats sont à la fois travaillés par des dissensions internes, absorbés par des organisations régionales et disqualifiés par le discours libéral et l’action des marchés. Cela pose la question de la définition de la puissance, et du contrôle de l’économique donc au-delà de la démocratie.

Page 15: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

15

I La mondialisation menace-t-elle l’autonomie des Etats ? A. Une souveraineté remise en question

1° Un cadre étatique trop étroit (pour la gestion des ressources planétaires, pour la citoyenneté du monde, pour l’information des opinions publiques, pour les échanges commerciaux etc.. Avénement d’une conscience universelle ?

2° La mondialisation affecte la souveraineté législative des Etats (le droit international, TPI, ONU. Les règlements internationaux en terme de libération des échanges (300 organisations intergouvernementales). Lois Helms-Burton et d’Amato-Kennedy de 1996 cherchent à empêcher les entreprises étrangères aux Etats-Unis de commercer avec trois pays (Cuba, Lybie, Iran et d’y investir). S’agit-il d’une américanisation du droit international ? B. De nouveaux acteurs concurrents des Etats : le champ transnational 1° Les organisations non gouvernementales 2° Les FTN 3 3 ° Les mafias 4° Les diasporas II Les Etats entre décomposition et recomposition A. Flux et frontières 1° Les flux financiers 2° Les flux d’information B. Les risques de cloisonnement et de sécession

1° Le contrôle des flux : le renforcement des protections aux frontières contre les flux de la misère 2° Les pouvoirs régaliens des Etats accrus par le libéralisme : police et justice : le contrôle social 3° les inégalités facteurs de fragmentation : Nord/Sud, essor des communautarismes, des nationalismes (Italie du Nord, Malaisie/Singapour, Tchéquie/Slovaquie, Chiapas etc… C. La régionalisation protection ou stimulation des échanges ? partenaires ou concurrents, transfert de souveraineté ou forteresse contre l’extérieur ? (ALENA, UE, ASEAN) III. les limites des effets de la mondialisation A. Une mondialisation inachevée 1° A l’échelle des FMN : financement et recrutement de la main d’œuvre souvent d’abord nationale même si processus de délocalisation 2° A l’échelle des Etats : taux moyen d’extraversion des économies pas toujours si élevé que ça ! Dans les marges pas d’accès aux marchés mondiaux 3° A l’échelle du monde : priorité à l’intégration régionale (on commerce d’abord entre soi). B. Les Etats restent aussi des acteurs de la mondialisation

1° Des Etats accompagnent la mondialisation libérale par la déréglementation etc.. 2° Des acteurs politiques veulent restaurer un Etat régulateur des inégalités issues de la mondialisation 3° typologie des Etats face à la mondialisation (capitalisme anglo-saxon/ capitalisme dirigé des Etats asiatiques/ Capitalisme rhénan)etc.. Conclusion Avec la mondialisation, les Etats ne s’annulent pas, ils changent de forme et de fonction. Leur puissance dépend alors moins de l’occupation d’un territoire que de l’appropriation des flux. Ils cumulent des fonctions contradictoires et conservent les pouvoirs régaliens de la puissance politique, mis au service du fonctionnement économique. Les Etats dans une certaine

mesure organisent la mondialisation en l’accompagnant et en la régulant plus ou moins. La forme de l’Etat est sûrement en crise mais n’a pas disparu.

Page 16: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

16

2) la contestation de la mondialisation libérale

les civilisations pour résister à la mondialisation : le brassage culturel contre l’Uniformisation Civilisation : deux sens - l'ensemble des caractéristiques spécifiques à une société, une région, un peuple, une nation, dans tous les domaines : sociaux, religieux, moraux, politiques, artistiques, intellectuels, scientifiques, techniques... Transmise par l’éducation. Pas de jugement de valeur, le synonyme est culture. - 2e sens avec jugement de valeur : l'état d'avancement des conditions de vie, des savoirs et des normes de comportements ou moeurs (dits civilisés) d'une société. La civilisation qui, dans cette signification, s'emploie au singulier, introduit les notions de progrès et d'amélioration vers un idéal universel engendrés, entre autres, par les connaissances, la science, la technologie. La civilisation est la situation atteinte par une société considérée, ou qui se considère, comme "évoluée". La civilisation s'oppose à la barbarie, à la sauvagerie. Les civilisations réagissent à la mondialisation (en général on se tourne vers le passé, les fondements d’un Etat pour découvrir un sens à un monde qu’on ne comprend plus). De nombreuses civilisations ont un fondement religieux plus ou moins présent. Or, la religion connaît, hors d’Europe occidentale, un réveil : ex le réveil de l’orthodoxie russe depuis la chute du communisme ou le réveil du fondamentalisme dans l'Islam. Ce réveil permet la mise en avant d’identités face à la mondialisation, surtout quand la mondialisation est perçue comme la négation de cultures locales (4 p. 121) Deux exemples : dans un contexte de « repli identitaire », certains territoires, gagnants dans la mondialisation (Flandreen Belgique, Catalogne en Espagne, Vénétie en Italie, etc.) rechignent à partager avec d'autres régions moins favorisées et réclament des États rappel : il n’y a pas de culture mondiale, qui serait américaine : Cf. ce qu'on avait vu dans Des cartes pour comprendre le monde lecture géoculturelle

PROPOSITION DE PLAN DETAILLE QUI PEUT VOUS AIDER A CONSTRUIRE UNE REFLEXION

Corrigé du plan détaillé : la diversité culturelle de la planète : une richesse menacée par la mondialisation ?

Introduction : le monde compte un millier de groupes humains (ethnies, nations, minorités nationales) qui se définissent par des éléments identitaires forts, objectifs et symboliques qui nourrissent un sentiment d’appartenance chez la plupart des individus. Ces groupes élémentaires se rassemblent dans de grandes aires culturelles, ou aires de civilisation fondées sur l’intégration à des grandes familles religieuses et linguistiques, non figées cependant. Au cours de l’histoire récente, le modèle culturel occidental a étendu son influence sur une grande partie du globe. Il est fondé sur la religion chrétienne, dans ses diverses déclinaisons (catholiques, réformés) et sur les langues européennes parmi lesquelles l’anglais a pris une place prééminente. Le « modèle occidental » est fortement matérialiste et a développé un système de production économique basé sur l’efficacité, la performance et le recherche permanente de la croissance. Par ailleurs, il s’appuie sur la consommation de masse, régulièrement entretenue par la publicité qui suppose l’accumulation de biens matériels par les individus. La culture occidentale a, quant à elle, subit une influence grandissante du continent nord-américain, à la faveur de la mondialisation des échanges. Cette culture a été massivement véhiculée par les médias modernes et promue par des stratégies commerciales très efficaces. Le choc entre cette culture dominante et les cultures locales, traditionnelles s’est souvent accompagné d’une uniformisation de nombre de pratiques alimentaires, vestimentaires, artistiques et a souvent entraîné des réactions de rejet, refus, repli identitaire (selon des modalités plus ou moins violentes) , résistances et productions de contre-cultures. Parfois aussi, cette mise en relation accélérée et facilitée par les progrès techniques des différentes cultures a fait naître de nouvelles expériences de métissage, de brassage, de superposition culturelle. La mondialisation a-t-elle donc sonné le glas de la diversité culturelle ou rendu possible la préservation et l’évolution de certaines traditions ? Il conviendra avant tout de présenter les formes de cette diversité culturelle, ses modalités d’expression avant d’évoquer leur mise à l’épreuve face à une culture unique qui utilise des vecteurs variés. On tentera enfin de mettre en évidence les limites de ce phénomène au regard des résistances à cette uniformisation culturelle.

Page 17: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

17

I . Qu’est-ce qui permet de saisir la diversité culturelle 1. de grandes aires linguistiques 2. des pratiques collectives au regard de la vie, de la mort, du corps, de la sexualité, de l’alimentation 3. des formes d’expression religieuses 4. des types de production artistiques 5. des formes d’organisation économiques et politiques Même si on ne peut dessiner une géographie figée et immuable de ces aires de civilisation, il ressort de l’observation récente que II . Il y a bien une tendance forte à l’uniformisation culturelle

1. par l’adoption d’un modèle dominant démocratique et libéral 2. par la généralisation de l’usage de l’anglais 3. par une massification des productions artistiques vecteurs de « valeurs occidentales » : cinéma/ Musique/ Mode vestimentaires/ alimentaires (donnez des exemples) par une politique de fabrication de cette culture « préfabriquée », formatée (avec des attendus très stéréotypés (sexe, violence, action, rythme pour les films « grands publics »,/ phrasé, rythmique, durée, texte pour les chansons, /marques, confort, image « djeuns » pour les vêtements/ saveurs sans surprise, rapidité d’exécution, coût modéré pour l’alimentaire.) 4. par la diffusion a échelle mondiale, rendue possible par la constitution d’empire de la communication (majors su cinéma et de la musique par ex) et des échanges non entravés sur les biens culturels (rôle de L’OMC/ AMI. AGCS). III Mais … des résistances et des freins sérieux à cette uniformisation culturelle

1. par le rejet de la culture dominante porté par : o les Etats dans les négociations officielles (motions européenne sur la protection de la diversité culturelle, dispositif de l’UNESCO, négociations du gouvernement français lors de l’Accord Multilatéral sur l’Investissement o les altermondialistes (attac, confédération paysanne, zapatistes, forums sociaux mondiaux et régionaux) o les séparatismes, régionalismes (basques, corses, bretons, tchétchènes, tibétains etc… o les fondamentalismes religieux o les terroristes 2. par la production d’une contre-culture métissée, par le brassage artistique o par les diasporas 3. par les expériences artistiques : world music (des exemples Nusrat Fateh Ali Khan (pakistan) et Massive Attack, Allan Stivell et Youssou N’dour, Manu Chao, Boubakar Traoré, Zebda etc), cinématographiques. Le Rap birman, palestinien, cubain etc… (créations européennes, diffusion de films nationaux (Inde : Bollywood), exportation de films « nationaux » qui ont des succès inattendus… (films iraniens, chinois, coréens) 4. le développement des gastronomies mondiales (grande présence du tex mex au EU, de la cuisine chinoise, succès des sushis etc..) 5. par les limites inhérentes à la mondialisation elle-même et par les choix des personnes o parce que la mondialisation laisse à l’écart nombre de zones rurales et une grande partie des régions du sud o parce que les résistances à la culture dominante utilisent aussi les «outils » de la mondialisation (les zapatistes du sous-commandant Marcos ont un site internet) ainsi que les altermondialistes. Mondialisation des « indignés » o par les histoires individuelles : amoureuses, professionnelles, sociales qui nourrissent le métissage et le « vivre ensemble »..

« Un autre monde est possible » : la remise en cause de la mondialisation libérale (1 p. 121)

La mondialisation libérale actuelle, qui met en concurrence lieux et territoires, est vivement critiquée car les inégalités de développement restent fortes. Elle a permis le développement des émergents, mais va-t-elle permettre celui des autres pays ou aggraver les inégalités (qu'elle exploite) et leur situation (d'autant que la majorité des acteurs de la mondialisation appartiennent au Nord) ? Même lorsqu’il y a développement, cela ne concerne pas toutes les populations à l’intérieur d’un même pays (cf indice de Gini) : dans les pays riches une partie des populations s'appauvrit, dans les pays pauvres les écarts se creusent aussi. On constate

Page 18: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

18

l'impact environnemental, sur une planète aux ressources limitées, des modes de production actuels. Les grands pays développés cumulent déficits commerciaux et déficits publics, sans trouver de solutions durables aux crises financières systémiques qui se multiplient. La mondialisation semble manquer d'une gouvernance internationale légitime,efficace et juste. Sont tout particulièrement visées par les critiques, les organisations internationales (FMI p. 126-127, Banque mondiale, OMC) et le G20 (documents p. 125)

Les acteurs de la contestation : La nébuleuse altermondialiste (dossier p. 128-129) L’altermondialisme est un courant antilibéral héritier du socialisme utopique, des anarchistes, marxistes ou libertaires de la génération 68, des mouvements tiers-mondistes, des mouvements paysans, écologistes et féministes. Révélé à la fin des années 1990, les altermondialistes organisent depuis 2001 (Forum social mondial de Porto Alegre au Brésil) des forums sociaux (celui de 2016 à Montréal, éà&_ prévu à Salvador de Bahia au Brésil : cf 1 et 4-5 p. 128-129) en contrepoids au forum économique mondial de Davos (Suisse) né en 1971. Ils profitent des grands rendez-vous mondiaux comme les sommets de l’OMC ou du G8 pour manifester, parfois violemment (Seattle en 1999, Gênes en 2001). La force de l'altermondialisme réside dans son caractère international, sa diffusion mondiale, et la diversité de sa composition (syndicats, d’ONG, mouvements sociaux, experts, groupes radicaux : 6 p. 129). Cette diversité est aussi sa faiblesse : difficile de faire des propositions cohérentes quand il y a divergence sur les objectifs et les moyens d'action. Les ONG sont des forces de mobilisation, pas de décision. => impact peu important. Mais elles sont influentes au Nord par des actions spectaculaires et des campagnes de dénonciation des multinationales auprès des consommateurs, relayées par les médias et Internet. On peut citer la campagne lancée en 2000 par le magazine canadien Adbusters (tire à 120 000 exemplaires) contre Nike sur les conditions de travail de ses fournisseurs en Indonésie (60 000 salariés) => Nike a reconnu publiquement graves abus et violences. Cf. aussi les campagnes dénonçant l'exploitation de la main d'oeuvre chinoise par les sous-traitants d'Apple, la dénonciation des atteintes à l'environnement par Exxon (pétrole) et Monsanto (OGM). Soucieuses de leur image, certaines FTN font de plus en plus attention aux critiques des ONG. Dans les pays du Sud, les ONG appuient les mouvements de résistance et de révolte (2 p. 121). Les acteurs de la contestation de la mondialisation anti-libérale sont multiples : plus ou moins radicaux et plus ou moins représentatifs : L’un des principaux acteurs de l’altermondialiste est le mouvement ATTAC : Lancée en 1998 suite à un édito du journal Le Monde diplomatique, l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens (ATTAC) a rapidement rencontré un écho important. Aujourd’hui, l’association altermondialiste existe dans presque tous les pays d’Europe et d’Amérique latine, ainsi qu’en Asie, en Afrique, et également au Québec. Elle réunit environ 100 000 membres. En France, près de 15 000 personnes ont adhéré en 2007, réparties dans plus de 200 comités locaux sur tout le territoire. La Confédération paysanne de José Bové est aussi très active : La Confédération paysanne est, par son importance, le 2ème syndicat agricole français. Elle remet en cause le modèle agricole productiviste des 40 dernières années qui a engendré : surproductions, crises sanitaires, dégradation des ressources naturelles disparités entre régions françaises, européennes et mondiales et diminution continue du nombre de paysans. Ses prises de position sont connues en faveur du développement du commerce équitable, de l’agriculture bio, de la condamnation des OGM, de la valorisation des cultures locales, du respect de l’environnement, du respect des cultures indigènes. Pour les altermondialistes il faut « penser global, agir local ». Des multitudes d’associations se sont développées depuis les années 80 : les SEL (système d’échange local) qui s’implantent partout et joue sur la complémentarité des savoirs et des besoins sans passer par l’argent, les AMAP : Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne - sont destinées à favoriser l'agriculture paysanne et biologique qui a du mal à subsister face à l'agro-industrie. Le principe est de créer un lien direct entre paysans et consommateurs, qui s'engagent à acheter la production de celui-ci à un prix équitable et en payant par avance. Les réseaux de Biocoop : Biocoop rassemble plus de 300 magasins bio en France autour d’un objectif commun : le développement de l’agriculture biologique dans un esprit d’équité et de coopération. Leader de la distribution alimentaire biologique, Biocoop s’illustre aussi par ses produits du commerce équitable et par un choix très étendu d’écoproduits et de cosmétiques. Plus qu’un simple réseau de commerçants, Biocoop souhaite aussi peser sur les choix de société et partage son projet avec d’autres acteurs : salariés, consommateurs, producteurs et partenaires. En outre ce sont des modes d’organisation économique spécifiques : associatives, soucieuses

Page 19: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

19

du fonctionnement démocratique du CA et fonctionnent en réseau. On pourrait rajouter à tout cela les mutiples associations locales et de quartier. Le mouvement altermondialiste est fortement relayé par des artistes engagés : Manu Chao, Les Motivés et (ex) Zebda, Keny Arkana, Le Ministère des Affaires populaires (que je vous conseille…) et bien d’autres…. Voir http://www.youtube.com/watch?v=0pV2ZqGqbzQ (paroles en annexe de « salutations révolutionnaires » du MAP, Victoria de Keny Arkana sur la crise argentine http://www.youtube.com/watch?v=ROxYQCs_pQo La rage du peuple de Keny Arkana http://www.youtube.com/watch?v=ROxYQCs_pQo et la page de l’hist-géo box qui illustre tout votre programme en musique ! http://lhistgeobox.blogspot.fr/2008/09/le-programme-de-gographie-de-terminale.html Parfois il est porté par des organisations plus radicales et combattantes : exemple de l’AZLN, armée Zapatiste du souscommandant Marcos qui mettent l’accent sur la question du statut de l’indianité en Amérique du Sud. Les présidents Chavez (Vénézuela), Morales (Bolivie), Lula (et Dilma Rousseff qui lui avait succédé) etc. avaient en leur temps, intégré cette question à leur discours et l’AZLN a rendu les armes mais une manifestation a eu lieu en décembre 2012 à San Cristopbal de las casas au Sud du Mexique : et voir aussi ce document de l’INA : http://www.ina.fr/economie-et-societe/viesociale/video/CAB94000614/zapata.fr.html Les altermondialistes ont organisé des Forums sociaux mondiaux pour contrebalancer le poids des sommets des puissants (G8, Forum de Davos, OMC). Le premier s’est déroulé au Brésil, à Porto Alègre. La ville a été administrée pendant 16 ans par le Parti des Travailleurs, le PT de Lula. En 2001, Porto Alegre a accueilli le premier Forum social mondial, événement — aujourd'hui itinérant — qui discute les questions sociales du monde moderne. La ville a été siège du Forum en 2002, 2003 et 2005. Ces sommets se sont déclinés ensuite aux échelles nationales et même régionales (cf le forum social des Mureaux). Ces mouvements correspondent à des formes d’engagement politique qui ne passent plus nécessairement par les Partis traditionnels mais par des mouvements citoyens, associatifs. Ces mouvements fonctionnaient en réseaux et utilisent Internet. Les formes de cette contestation citoyenne ont évolué et se sont incarnés dans les mouvements des indignés (Espagne, Grèce, France etc. des « occupy » (ex « occupy Wall street », puis plus récemment le mouvement « Nuit debout ». Parfois ils ont débouché sur des regroupements politiques : Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, Les Insoumis en France. L’altermondialisme demande : une nouvelle gouvernance : - à l’échelle mondiale pour promouvoir les principes universels (rencontre régulière entre chefs d’Etats des grands pays pour mettre au point des politiques communes dans tous les domaines) : - à l’échelle locale, en s’appuyant sur la démocratie participative : opinion publique mondiale mobilisée grâce aux nouveaux moyens de communications (internet , les réseaux sociaux ..), les luttes locales (2 p. 121), etc.=> la solidarité. prend le pas sur la recherche du profit : - 1er exemple : 3 p. 121 le microcrédit lancé en 1976 par le Bangladais Muhammad Yunus pour les population les plus pauvres (190 millions de pauvres concernés aujourd'hui) : prêts bancaires pour financer de petits projets en évitant le recours aux banques ou aux usuriers. - 2ème exemple : la taxe Tobin : économiste US (prix Nobel 81) qui propose dès 1972 de taxer de 0,05% toute transaction financière sur les marchés de change et la reverser aux pays en développement. Cette idée progresse et est portée par l'association Attac

- 3ème exemple : 5 p. 121 : le commerce équitable. concept forgé à partir des années 80 par des ONG ou des associations à but non lucratif (comme Max Havelaar)et où la production est assurée par des coopératives agréées de petits producteurs : autonomie de gestion, => meilleure rémunération du travail paysan, programmes d’amélioration de la qualité des produits axés sur l’agriculture biologique, structures nouvelles de financement (caisses de crédit) => amélioration du niveau de vie rural (rénovation de l’habitat, construction d’écoles, électrification…) => à terme : décollage éco autonome. Concernant la consommation : Il propose de fournir un produit de qualité, traçabilité garantie et prix raisonnable. Réseau de magasins agréés

Page 20: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

20

(26 000 en Allemagne, 8 000 au RU, 2 500 en France) ou chez les grands distributeurs. Mais le commerce équitable = 1 à 3% du marché => peu d’impact

la justice économique et l'accès au capital : microcrédit, commerce équitable, épargne solidaire, taxation des transactions financières le respect de l'environnement et un développement durable (rapport Brundtland, 1987). Les altermondialistes sont ainsi nombreux à lutter contre les pollutions, les OGM. Certains prônent la décroissance afin de réduire les besoins pesant sur la planète. Moins nombreux sont les antimondialistes, opposés au capitalisme mondial et à la mondialisation économique 3) Vers l’émergence d’une gouvernance mondiale ? la démondialisation : à l’origine c’est un Concept né au Nord en 2008 et 2012 avec les crises financières puis économiques mondiales. (cf les indignés, mouvement parti d’Espagne où le chômage des jeunes est élevé : rassemble des populations jeunes et paupérisées des vieux pays riches ) Mais dès les années 1970, le Club de Rome prônait déjà l’arrêt de la croissance (« croissance zéro ») comme remède aux premiers symptômes de la crise écolo. En France Arnaud Montebourg (ex-ministre du Redressement productif) était l’un des partisans de la démondialisation. Ses objectifs : une nouvelle organisation de l'économie mondiale soustraite à la globalisation financière par la limitation du libre-échange, à travers la relocalisation de la production et des emplois dans son pays et le retour à un protectionnisme ciblé via les droits de douane. Cela permettrait de redonner aux Etats une partie de leur capacité de régulation en matière économique et de protection des emplois nationaux ; et de répondre aux objectifs écologiques puisque les transports et donc la production de gaz à effet de serre sont réduits. Les opposants à la démondialisation disent qu'il est impossible de démondialiser, car si un Etat devient protectionniste, les autres vont en faire autant, donc moins d’emplois et baisse des exportations.

la notion de bien public mondial est apparue : Née de la nécessité d’aborder plus largement certaines questions environnementales (qualité de l’air, pollution des océans ) elle a été ensuite élargie au maintien de la paix dans le monde et à la stabilisation des marchés financiers.

Conclusion : dans quelle mesure faut-il améliorer la mondialisation ? La mondialisation actuelle présente des risques: épuisement des ressources (écologie), ralentissement de la croissance, inégalités, crises financières systémiques, faillite de pays (économie), uniformisation, replis identitaires et fermetures des frontières (géopolitiques et culturelles). Des solutions sont proposées à la fois par les gouvernements, les ONG, l’opinion publique : les altermondialistes ont du mal à structurer leur contestation, le développement durable (rapport Brundtland) émerge plutôt qu’une mondialisation libérale, mais avec des difficultés (échec du sommet de Copenhague, accès à la santé pour tous difficile). Une gouvernance mondiale a du mal à se mettre en place, certains se demandent s’il ne faut pas démondialiser.

Page 21: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

21

D. MOBILITES, FLUX ET RESEAUX DANS LA MONDIALISATION 1° Des marchés de plus en plus mondialisés et l’essor des flux matériels http://www.flightradar24.com/ http://www.marinetraffic.com/ais/

Page 22: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

22

Questions : Quelles régions du monde dominent les échanges internationaux? Quelles sont les régions qui restent en marge de ces échanges ? Quels sont les différents types de produits échangés par région selon vos connaissances ? Qu’est-ce qui a permis cette accélération des échanges dans le dernier tiers du XXème siècle ? Qu’est-ce

qu’un porte conteneur ? Comment mesure-t-on sa capacité de transport ? Quelles sont les firmes leader à l’échelle du monde? (aidez vous du power-point en annexe)

Commentez librement la répartition des aéroports à l’échelle planétaire. Les flux commerciaux et financiers dans la mondialisation Le commerce est mondialisé La croissance des échanges est un phénomène majeur de la mondialisation ils représentent aujourd’hui 25% du PIB mondial (soit près de 18000 milliards de $ en 2011). Le pétrole est la première marchandise échangée dans le monde en volume mais l’explosion des échanges est due aux produits manufacturés principalement et aux services (tourisme, transports, finance assurance, communications) = flux immatériels Cependant le commerce mondial reste fortement polarisé : les flux marchands relient principalement les pays développés et 10 Etats assurent à eux seuls 50% du commerce mondial. La part des pays en développement progresse dans les échanges, ils représentent aujourd’hui 40% du commerce mondial Plus de la moitié des échanges mondiaux est réalisée au sein des aires continentales. Le commerce se fait majoritairement intrazone, il est intégré. Le rôle des organisations régionales est essentiel dans la coopération commerciale UE/ALENA. D’autres régions, l’Amérique latine, l’Afrique dépendent davantage des marchés mondiaux. Enfin près de 90% du commerce de biens matériels se fait par voie maritime. Et le rôle du porte conteneur est de ce point de vue essentiel (voir blog). Le trafic aérien est également en croissance de 40% environ depuis 1990. En 2015, les flux commerciaux ont connu une relative apathie due à une contraction de la demande mondiale et à fin du cycle d’accélération des échanges par la conteneurisation, arrivée à maturité. Les ports asiatiques demeurent les plus dynamiques et les échanges vont continuer à augmenter environ de 3.5% par an jusqu’en 2050, c’est 2 fois moins qu’entre 1990 et 2007. Cependant, si on change d’échelle, le commerce asiatique lui

Page 23: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

23

va augmenter de 6 à 16% par an. Ce sont principalement des produits chimiques, électroniques, alimentaires, et des équipements de transport qui constituent l’essentiel du commerce international en valeur. Le poids des émergents va augmenter considérablement dans ses échanges commerciaux mondiaux et la route du Pacifique va dépasser celle de l’Atlantique Nord. Maersk (Danemark) est leader mondial en matière de production de porte conteneurs, le français CMA CGM est 2ème mais le « Bougainville » est le plus grand du monde (400 m ), soit 80 m de plus que la Tour Eiffel http://www.lavoixdunord.fr/region/le-plus-grand-porte-conteneurs-du-monde-trouve-a-dunkerque-ia0b0n3094043 2° L’essor des flux immatériels

source anamorphose « Courrier International »

Page 24: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

24

Questions :

Que signifient IDE ? Quels sont les pays les plus attractifs ? les moins attractifs ? Donnez quelques explications de ces choix ?

Comment pouvez-vous caractériser la répartition des utilisateurs d’Internet dans la mondialisation et comment pouvez-vous l’expliquer ?

Commentez librement l’implantation des réseaux sociaux à l’échelle planétaire et l’évolution de Face BooK

Les flux de capitaux ont également pris une grande ampleur grâce au progrès des NTIC et à la spéculation, aux outils du libre-échange et à la globalisation financière. Ils constituent 15% des flux mondiaux. Les IDE ont été multipliés par plus de 20 depuis 1970 grâce à a la globalisation des marchés et à la déréglementation dans de nombreux secteurs. Un « anneau financier » relie les principales places boursières encore majoritairement concentrées dans les pays riches. Shanghai, Hong Kong , Sao Paulo ou Mumbaï sont des métropoles émergentes qui disposent de bourses qui se classent parmi les premières du monde. (il faut ajouter aux IDE, les flux illégaux des paradis fiscaux et les remises migratoires : 3 fois plus importantes que l’aide publique au développement qui représentent parfois + de 20% des revenus de certains pays : Haiti, Lesotho, Egypte… Les flux d’information n’ont cessé de progresser grâce à la diffusion massive d’internet. Il y a en 2015 3,025 milliards d’internautes soit 42% de la population mondiale et 2,060 milliards de personnes inscrites sur les réseaux sociaux soit 68% des internautes. Le taux de pénétration d’internet dans le monde est toutefois variable : 81% en Amérique du , 78 % dans l’UE (83% en France soit 50millions de personnes), 18% en Afrique et 12% en Asie du Sud. On estime à 144 milliards le nombre de mails échangés chaque jour dont 68.8 sont des Spam. Le temps passé sur Internet a augmenté de plus de 566% depuis 2000 ! et se fait majoritairement depuis un ordinateur mais de plus en plus sur mobile (4h/j en France en moyenne). 822240 sites en ligne s’ouvrent chaque jour. Les 5 langues les plus utilisées sur le net sont dans l’ordre l’anglais, le chinois, l’espagnol, le japonais et le portugais. Les 5 sites les plus visités sont dans l’ordre Google, Face Book, You Tube, Yahoo et Baidu. Le nombre d’adhérents à Face Book est de 1.490 milliards de personnes, 629 millions pour le chinois Qzone, 400millions pour Instagram, 343 millions pour Google +, 307 millions pour Twitter, 230 millions pour Tumblr, 200 millions pour le chinois Baidu , 100 millions pour SnapChat. 3. La circulation des hommes

Page 25: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

25

Les flux humains : flux du travail, flux de réfugiés, flux de la pauvreté Il y aurait eu 250 millions de migrants internationaux en 2017. Ce chiffre s’est accru ces dix dernières années, passant d'un montant estimatif de 150 millions de personnes en 2000 à 250 millions de personnes aujourd'hui. Cela représente 3,1% de la population mondiale. Autrement dit, une personne sur 33, dans le monde, est aujourd'hui un migrant (alors qu'en 2000, le rapport était d'une personne sur 35). Le pourcentage du nombre de migrants par rapport à la population mondiale est resté relativement stable, puisqu'il n'a augmenté que de 0,2 % ces dix dernières années (passant de 2,9 à 3,1 %. Ce pourcentage varie considérablement d'un pays à l'autre. Il est élevé, par exemple, au Qatar (87%), dans les Emirats arabes unis (70%), en Jordanie (46%), à Singapour (41%) et en Arabie saoudite (28%). Il est bas dans les pays suivants : Afrique du Sud (3,7%), Slovaquie (2,4%), Turquie (1,9%), Japon (1,7%), Nigéria (0,7%), Roumanie (0,6%), Inde (0,4 %) et Indonésie (0,1%). ON peut distinguer deux types de migrants : les migrants réguliers qui ont des contrats de travail, des droits au séjour, des statuts de réfugiés, le droit au regroupement familial, le droit au soin… et les clandestins. Les motivations de ces derniers sont de plusieurs nature : L’envie d’avenir, d’échapper à la pauvreté La volonté de se mettre en sécurité et d’échapper à des régimes non démocratiques, à des violences politiques, ethniques, des guerres la volonté de voir des études valorisées dans des pays riches Dans la mondialisation actuelle, la volonté de contrôle des migrants est de plus en plus forte alors même qu’un paradoxe veut qu’on valorise la mobilité pour les uns (les qualifiés, les riches) et qu’on la refuse aux autres. L’ONU a ainsi lancé une tentative de «gouvernance des migrations » en 2006 et des forums des migrations se sont tenus à Bruxelles en 2007 et Manille en 2008 pour élaborer un « droit à la mobilité », proclamé dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948. Presque toutes les régions du monde sont concernées par l’accueil, le départ ou le transit de migrants. Nombreuses régions traditionnelles de départ deviennent des zones d’accueil et de transit : des sas : la Turquie, la Russie, le Maroc par exemple. 11 pays développés concentrent 40% des effectifs de migrants. Ce ne sont pas les plus pauvres qui tentent un parcours migratoire. Il faut des ressources physiques, pécuniaires (pour payer le passage) et mentales (difficultés du parcours, capacité d’adaptation et d’organisation). On peut identifier plusieurs types de flux par direction géographique et proposer la typologie suivante :

Des flux Sud/Sud : ils sont plus importants en nombre que les autres et sont souvent le fait de réfugiés ou déplacés qui cherchent asile dans un pays limitrophe dans l’attente d’une accalmie Des flux Est/Ouest : qui concernent des migrants de la sphère de l’ex URSS ou des Peco qui veulent gagner l’UE. Certains se déplacent librement dans l’espace Schengen sans pour autant avoir droit au séjour, d’autres utilisent des réseaux mafieux pour « passer ». Dans cette catégorie la situation des Roms est spécifique. La Roumanie attend son entrée dans Schengen.

Des flux Sud/Nord : ils sont plus classiques, obéissent souvent à une logique historique et sont liés à la volonté de fuir des espaces marqués par la pauvreté. Les flux subsahariens se sont accentués ces dix dernières années à destination de l’Europe sous l’effet conjugué des difficultés de développement et des insécurités politiques et ethniques. Le Maroc et l’Algérie sont à la fois des zones de départ des « harragas » (ceux qui brulent leurs papiers) de jeunes « hittistes » (algériens qui « tiennent les murs », sans espoir) et en même temps une zone de transit pour les subsahariens. Les réfugiés constituent une catégorie spécifique de migrants. Ils sont la plupart du temps des réfugiés politiques mais les réfugiés climatiques pourraient voir leurs effectifs augmenter jusqu’à 200 millions en 2050 à cause du réchauffement climatique qui ferait disparaître des îles (Maldives, Vanuatu, Polynésie) et engloutirait des deltas très peuplés (Gange, Nil). En France c’est l’OFPRA (office français pour les réfugiés et les apatrides) qui délivrent très difficilement les statuts de réfugiés. Les candidats les plus nombreux proviennent de Syrie, d’Irak, de l’Iran, de l’Afghanistan, de Chine, de Géorgie, de Mauritanie et beaucoup de Somalie et Erythrée en ce moment. Le choix des pays développés a été depuis une dizaine d’année de recourir à l’immigration sélective (en France « immigration choisie »). C’est le cas en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Italie. L’arsenal juridique européen et français s’est durci. Le « Pacte européen sur l’immigration » lancé à l’occasion de la présidence française de l’UE en 2008 avait conjugué : dissuasion aux frontières par le recours à des investissements technologiques lourds, coopération avec la police marocaine, renforcement policier.

Page 26: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

26

On parle maintenant de « forteresse Europe ». On a dénombré 3091morts en 2017en Méditerranée et ce chiffre est surement inférieur à la réalité. L’observatoire « forteresse Europe » dénombre plus de 12000 morts entre 1988 et 2008 dont 8173 noyés et 1600 abandonnés dans le Sahara sans vivres ni eau. depuis 2014, ils sont plus de 10000 à avoir perdu la vie en mer. Les « pateras » qui tentent le passage en barque prennent de gros risques. Il y aurait environ 500 000 clandestins par an qui tenteraient d’entrer en Europe dont 14% par la mer. Nombreux de ces migrants disparus ne laissent ni nom, ni trace. Certains analystes parlent « d’individus surnuméraires dans la mondialisation » qui quittent le monde sans que personne de leur famille ne soit informé. L’Union européenne a chargé l’agence FRONTEX de la surveillance des frontières depuis 2005. Son budget financé par l’UE est passé de 6 à 70 millions d’euros en 2008 et 80 millions depuis 2016. Une équipe d’intervention rapide aux frontières « Rabit » a été crée en 2007 (https://www.touteleurope.eu/actualite/rabit-qu-est-ce-que-c-est.html) . 500 gardes-frontières en équipe peuvent être dépêchés en urgence auprès d’un état demandeur. Ce durcissement des conditions d’entrée en Europe a accru l’activité de trafic de migrants. Les prises de risques augmentent, les coûts aussi et les mafias durcissent leur stratégie. A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique les migrants sont souvent livrés aux narcos trafiquants. De plus les trajets s’adaptent et empruntent des voies de plus en plus dangereuses où les obstacles naturels laissent paradoxalement « une chance ». Ces espaces de tensions aux frontières sont facilement identifiables. Ce sont des champs circulatoires : Le détroit de Gibraltar, La pointe de la Sicile Le détroit du Bosphore La côte Adriatique La frontière Etats-Unis / Mexique Le Golfe d’Aden Les eaux territoriales australiennes La mer Caraïbes. Aujourd’hui les côtes libyennes sont aussi très dangereuses.

Les migrations internationales sont une expression des inégalités de la mondialisation :

Les transferts ou devises migratoires représentent 479 milliards de $ de fonds rapatriés dans un pays en développement en 2017. C’est plus que l’aide officielle au développement. On estime qu’un travailleur immigré africain fait vivre en 15 et 20 personnes au pays. Le PIB africain est 15 fois inférieur à celui des Pays développés en moyenne et l’espérance de vie de 60 ans en moyenne sur le continent africain contre 82 en France. Le profil des migrants change : plus de femmes, plus de jeunes formés et instruits (ce qui pose le problème de la fuite des cerveaux La mobilité est une expression du brassage, de la double appartenance qui caractérise la mondialisation avec le développement récent du phénomène de coprésence : on peut être ici et là-bas, multiplication des allers-retours et des investissements au pays par des détenteurs de double nationalité. En même temps le lien colonial n’est plus dominant dans le choix du parcours migratoire Les migrations expriment les fortes inégalités démographiques entre des pays riches vieillissants et de jeunes effectifs au sud. Nombreux pays riches connaissent des ralentissements de leur population active qui justifient le recours à l’immigration dans certains secteurs. L’ONU estime que pour maintenir le même niveau de population active qu’aujourd’hui en Europe il faudrait 1,6 million de migrants par an, c’est-à-dire 3 fois plus que maintenant ! Toujours d’après l’ONU , en l’absence de migrations dans les 50 ans à venir, l’UE verrait sa population diminuer de 43 millions de personnes soit 11%. La question des migrations est donc une question sensible à propos de laquelle il convient de réfléchir avec sérieux. Elle interroge le vivre ensemble, l’identité nationale dans les sociétés du Nord et la répartition des richesses. Le migrant n’est souvent présenté que comme « un problème », parfois criminalisé, souvent invisible, caché. Des réseaux d’aide aux migrants et des grèves de travailleurs sans papier mettent régulièrement cette question sous les feux de l’actualité. La géographie doit permettre de traiter le sujet de manière dépassionnée. N’hésitez pas à consulter cette carte interactive pour approfondir sur l’immigration aux Etats-Unis : http://migrationsmap.net/#/USA/arrivals ou https://humaneborders.org/weekly-report-january-10-2018/

Page 27: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

27

Et en ce qui concerne l’Europe : https://www.youtube.com/watch?v=KiGiupc3VwA (data gueule) https://www.youtube.com/watch?v=oaGSlqjBmfk (les idées reçues sur les migrants)

Page 28: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

28

Une animation saisissante : https://www.letemps.ch/grand-format/cimetiere-marin-mediterranee

Page 29: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

29

Sur les flux touristiques :

Le tourisme est une mobilité consentie et limitée dans le temps. Le tourisme de masse s’est développé dans la seconde moitié du 20ème siècle et le nombre de touristes internationaux dans le monde a doublé en 20 ans il est passé de 450 millions en 1990 à plus de 1 milliard de personnes en 2014 et ce chiffre devrait doubler d’ici 2020. Cet essor s’explique essentiellement par le développement des transports et ses coûts en baisse mais aussi par le fait que des populations des pays émergents sont désormais des voyageurs (chinois, russes, indiens, brésiliens). Toutefois, cette mondialisation touristique reste polarisée puisque 15 pays accueillent 2/3 des flux. L’UE et les Etats-Unis sont à la fois les premiers pôles de touristiques pour les départs et les arrivées. La France est la première destination touristique au monde derrière les Etats-Unis. Ce secteur économique est toutefois très sensible aux aléas géopolitiques, naturels et économiques, et donc fluctuant. En outre, de nouvelles formes de tourisme se développent : tourisme extrême, croisière en porte conteneur etc.

Un lien http://www.veilleinfotourisme.fr/parution-de-l-edition-2014-des-faits-saillants-du-tourisme-international-en-2013-et-perspectives-2030--126295.kjsp

Une carte :

Page 30: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

30

III LES TERRITOIRES DE LA MONDIALISATION (p.99 à 117) (inclus les espaces maritimes)

Il y a une grande diversité des lieux symboliques de la mondialisation : diversité des lieux, des espaces, des échelles. De l’échelle continentale macro-régionale à l’échelle locale.

A. Pôles et espaces majeurs de la mondialisation 1° A l’échelle mondiale des inégalités majeures de puissance

• les critères de la puissance

De très fortes inégalités économiques marquent les territoires plus ou moins intégrés à la mondialisation. Cependant la traditionnelle rupture entre pays du Nord et du sud est mouvante et nécessite une observation fine. Une minorité de pays sont considérés comme riches. Ils représentent 20% des Etats et produisent 70% des richesses de la planète. Ces pays développés font partie du Nord économique à l’IDH élevé. A l’inverse, 80% des Etats du monde ne produisent que 30% des richesses de la planète et forment le Sud économique où les IDH sont faibles ou moyens. Cependant c’est dans ce groupe que la diversité est la plus forte. Notons encore que 85 personnes sur terre possèdent plus de la moitié des richesses mondiales : http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140124trib000811681/qui-sont-ces-85-

milliardaires-dont-la-fortune-equivaut-a-celle-de-la-moitie-de-l-

Page 31: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

31

humanite.html?utm_content=buffer54019&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign

=buffer

Quelle typologie de la puissance mondiale ? On peut proposer le classement suivant :

❖ la suprématie des Etats de la Triade, que l’on appelle plutôt aujourd’hui « les aires de puissance » :

• Une petite vingtaine d’Etats sur 200 : Etats-Unis, Canada, Pays d’Europe occidentale, Asie orientale. Ils con-centrent des pouvoirs de commandement politique, financier, commercial, technologique et forme une oli-gopole qui institue les règles de fonctionnement de l’économie mondiale par le biais des institutions OMC, Banque Mondiale, FMI etc et des sommets (Davos, G8)…

• On associe à cette Triade, d’autres pays moins puissants dénués de pouvoir de commandement (Australie, Nouvelle-Zélande, Israël). Ce sont des périphéries de la Triade, au niveau de vie élevé.

• D’autres pays se rapprochent des pôles de puissance, marqués par un développement spectaculaire : la Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong suivis par la chine littorale. Ils ont connu un décollage indus-triel rapide dans les années 1970/1980.

• Les pays de l’est en transition économique sont aussi des périphéries associées à la Triade : les PECO, qui s’adaptent au libéralisme (non sans douleurs et inégalités) mais sont insérés dans le marché européen (8 de ces Etats sont entrés dans l’UE en mai 2004) .

Ce groupe des pays du Nord n’est pas homogène mais les disparités de développement en son sein sont moins marquées que dans le groupe des pays du Sud :

❖ Le Sud marqué par une grande hétérogénéité

• La réussite spectaculaire des pays émergents :

Exploitation du documentaire du dessous des cartes «Le basculement de la richesse »

http://www.youtube.com/watch?v=QNX_DNiV0AE

✓ Quel classement économique des pays est proposé par l’ONU ? ✓ Quelle diversité de situation économique peut-on trouver dans les PED ? ✓ Que représentaient les NPI dans les années 70 ? ✓ Quels sont les critères qui rassemblent les pays émergents ? ✓ Que désigne-t-on par BRIC ? ✓ Que représentent-ils ? ✓ Que produisent-ils chacun, comme avantage comparatif dans l’économie mondiale ?

❖ Brésil ❖ Russie ❖ Inde ❖ Chine

✓ Quel est leur taux de croissance en moyenne ? ✓ Que signifie BRICS puis BASICS ? ✓ Où se sont retrouvés les BRICS en 2009 ? ✓ Quelle ambition avait-il lors de cette réunion ? ✓ Quel est le problème commun à presque tous ces pays ? ✓ Sont-ils unis dans l’OMC ? ✓ Quel est le PIB cumulé des BRIC ? ✓ Quelle est leur représentation au FMI ? ✓ Que signifie CIVETS et qui a proposé cette appellation ? ✓ Qui sont les E7 ? ✓ Quelles sont les raisons du succès économique des émergents ? ✓ Par combien les échanges commerciaux ont-ils été multipliés ? ✓ Quelle est la classe sociale qui progresse dans les pays émergents ?

Page 32: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

32

✓ Comment les émergents se sont-ils comportés face à la crise ? ✓ Qu’est-ce qui est né en 2009 et à quoi correspond-il ? ✓ Comment les pays en développement se comportent à l’égard de l’émission des gaz à effet de serre ? ✓ Quelles sont les divisions entre les différents groupes de pays à propos de la réduction des gaz à effet de serre ?

2. Les villes mondiales au cœur de la mondialisation Les villes mondiales sont au cœur de la mondialisation. Une Ville-mondiale / métropole mondiale = centres de commandement international du fait de la concentration de sièges sociaux, d’activités financières, de services aux entreprises de haut niveau, facilités offertes en termes de communication, d’immobilier d’entreprises, vie culturelle et sociale.

= la notion de ville mondiale ne repose donc pas seulement sur des critères quantitatifs (nombre d’habitant et PIB) mais aussi et avant tout sur sa capacité à contrôler l’économie mondiale et les flux. On peut considérer que répondent actuellement à ces critères environ 20 ou 25 villes, mais ce chiffre va certainement augmenter encore prochainement.

Le Renforcement des villes avec la mondialisation se nomme la métropolisation: cela désigne un ensemble de processus qui transforment la ville en métropole .Ce processus entraine une concentration croissante de la population et des activités , notamment de fonctions stratégiques, dans les plus grandes agglomérations. Cette concentration leur donne une influence sur un espace plus ou moins large, Chaque Etat, dans un contexte de concurrence exacerbée entre métropoles mondiales, cherche à valoriser son agglomération la plus puissante. Du coup, dans certains pays l ’espace urbain est polarisé sur une grande ville sans réseau équilibre. On parle alors de macrocéphalie urbaine. Les 4 premières villes monde généralement en haut de classement sont les suivantes : NY, Londres, Paris, Tokyo. C’est la conclusion régulièrement admise, notamment par le Global Cityes Index et par le GAWC (groupe d’étude de la mondialisation et des villes mondiales) : 4 villes mondiales complètes : NY Londres Tokyo Paris. Au Second rang : Chicago LA Francfort Singapour Milan HK. Puis SF Toronto Zurich Sydney. Ensuite : Bruxelles Madrid Mexico SP, Moscou Séoul. Ce classement est néanmoins un instantané et va évoluer prochainement, en particulier avec l’émergence de certaines villes d’Asie, en particulier chinoises. Les principales villes mondiales forment un réseau hiérarchisé à l’intérieur duquel circule la majorité des flux mondiaux : on peut parler « d’archipel métropolitain / mégalopolitain mondial » (expression d’Olivier Dollfus) pour parler de l’ensemble des métropoles et mégalopoles qui concourent actuellement à la direction du système monde Les villes importantes se métropolisent progressivement :. Il faut toutefois noter l’ancienneté du phénomène : des villes qui anciennement avaient une influence sur un ‘monde’ restreint : les « villes-mondes » de Fernand Braudel. Venise, Amsterdam, Gênes, Londres Caractéristiques des « villes monde » : Concentration de pouvoirs : éco, financier, politique, informationnel, culturel. Importance de l’aspect symbolique : les gratte ciel, plus haut, plus grand. Présence de quartiers d’affaires :

Ex : La Défense : De Gaulle, symbole de la mondialisation de l’économie, 11 des 20 premiers groupes français y ont leur siège social, Manhattan, Shinjuku, City de Londres. Certaines métropoles cherchent actuellement à indurer le niveau mondial : dans les Etats en croissance notamment : de gigantesques aménagements :

Page 33: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

33

Ex : Moscou, volonté de s‘insérer dans la mondialisation avec la construction d’un centre d’affaires 16 fois plus grand qu’à St Petersbourg. Exemple de Tianjin en Chine : 13 millions d’habitants, avec un projet de quartier financier devant être plus important que Manhattan.

Ces villes monde sont des lieux d’émergence d’une société monde. Une ville cosmopolite : car forte attraction migratoire sur les actifs qualifiés.

(livre p. 98 à 105)

Questionnaire sur l’émission du Dessous des cartes https://www.youtube.com/watch?v=H6etbpxmd-Y

a) Combien d’habitants compte Shanghai ? b) Quelles sont les caractéristiques de la situation géographique de Shanghai ? c) Quel fut son rôle dans l’histoire d) Depuis quand Shanghai a-t-elle retrouvé un rôle économique important ? e) Quelles sont les activités économiques porteuses aujourd’hui ? f) Quels sont les nouveaux équipements et les aménagements urbains que la ville a mis en œuvre ? g) Comment et par quoi la ville s’ouvre-t-elle au monde ? h) Quels sont les problèmes engendrés par la métamorphose de la ville ?

Page 34: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

34

RESUME DE L’ETUDE

La métropole de Shanghai (23 millions d'habitants, PIB > 300 milliards de $) est la ville la plus peuplée et la plus riche, et l'un des trois grands pôles métropolitains de la Chine, avec Beijing au nord et l'ensemble Canton/Delta des Perles/Hong Kong au sud. Elle est devenue le symbole de la modernisation et de la montée en puissance de la Chine depuis les réformes économiques lancées en 1978 : d'ailleurs son ancien maire, Jang Zemin, est devenu chef de l'Etat en 2003. I. Une métropole au coeur du développement chinois A) Site initial et situation – Site initial : la ville s'est développée sur une haute terrasse insubmersible abritée sur un petit affluent (le Huangpu) de rive droite du fleuve Yangzi, en retrait du delta du fleuve. Cela la protège des immenses crues du Yangzi – Situation : au centre de la façade maritime chinoise, Shanghai contrôle le delta du Yangzi, ce qui lui donne un immense arrière-pays, puisque le fleuve est navigable par les navires de haute mer jusqu'a Wuhan B) Quelques étapes du développement de Shanghai La croissance économique, démographique et urbaine de Shanghai a toujours été liée a son degré d’ouverture et son rôle international de la période coloniale et de l’entre-deux–guerres (concessions occidentales, création du Bund = alignement de grands immeubles classiques sur le front fluvial) au renouveau des années 1980 post-maoïste. Du Xe au XIIIe siècle le village de Huating prend le nom de Shanghai « sur la mer » et devient une ville importante. 1842 Ouverture forcée du port de Shanghai aux puissances étrangères (traite de Nankin) 1846-1914 Implantation de concessions étrangères (GB, France, USA...) dans la ville. Le port (le Bund) prospère sur la façade fluviale 1943 Les concessions étrangères sont rendues au régime chinois 1949 Fondation de la République populaire de Chine (communiste) 1949-1980 Développement économique des régions intérieures de Chine, au détriment de Shanghai 1978 Le gouvernement de Deng Xiaoping lance une politique de réformes économiques et d'ouverture sur l'extérieur (ZES = Zones économiques spéciales), qui attire des capitaux étrangers et des firmes multinationales 1985 Installation du 1er portique à conteneurs dans le port de Shanghai 1990 Développement des infrastructures de communication et de la zone de Pudong. Décollage de la métropole de Shanghai 2010 Exposition universelle de Shanghai Ce sont bien les réformes économiques engagées après 1978 - et qui s’accélerent dans les années 1990 – qui expliquent le rapide développement démographique, urbain, économique et industriel actuel de Shanghai, qui, en quelques décennies, est devenue un des symboles de l'intégration de la Chine a la mondialisation. Shanghai concentre aujourd'hui une part importante des richesses de la Chine : elle possède un PIB moyen par habitant largement supérieur a la moyenne chinoise (49 946 yuans contre 18 535 yuans) et dispose d’un niveau d'IDH équivalent a celui d'un pays développé (0,909). Shanghai s'est aussi engagée dans l'organisation de manifestations de dimension internationale comme des rencontres sportives (tennis, Formule 1) ou culturelles et l’accueil d’une Exposition Universelle en 2010. (voir « le dessous des cartes » http://www.artevod.com/dessous_des_cartes_shangai_capitale_siecle II. Les transformations urbaines de Shanghai A) Densification et étalement de la métropole Depuis 1990, l'Etat a pris en charge le développement de l'agglomération de Shanghai pour permettre l'implantation de nouvelles zones d'activites tournées vers le commerce extérieur. D'énormes opérations d'aménagement ont été conduites par les autorités. Dans l'ancien centre-ville (Puxi), les quartiers centraux connaissent soit une réhabilitation des lilongs traditionnels (ilot de maisons et boutiques fermés et protégés, habités par plusieurs familles) en quartiers à la mode à forte fonction touristique, soit le plus souvent une destruction pour construire de nouveaux ilots d'immeubles de bureaux et de résidences de standing. Cela s'est souvent fait de façon peu démocratique, une grande proportion de la population la plus pauvre se trouvant alors repoussée sans ménagement vers des périphéries de plus en plus lointaines au profit de nouvelles couches sociales bénéficiant des réformes économiques.

Page 35: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

35

Mais surtout, la croissance urbaine se traduit par l’urbanisation des espaces agricoles avec la construction de nouveaux collectifs résidentiels, de très importantes zones industrielles, de nouveaux campus universitaires... La ville s'étend aujourd'hui à l'est, sur la rive droite du Huangpu, vers le littoral. La nouvelle zone de Pudong constitue la nouvelle vitrine moderne de Shanghai, avec ses zones industrielles ouvertes aux investissements étrangers, un nouvel aéroport international relie au centre-ville par un train a sustentation magnétique, le quartier des affaires de Lujiazui avec ses nombreux gratte-ciels dont la tour de télévision ≪Perle de l'Orient≫ (468 m), la Tour Jinmao et le futur Shanghai World Financial Center (492 m). Ce nouveau quartier de commandement (CBD = Central Business District = quartier des affaires constitué de gratte-ciel) accueille plus de 130 établissements financiers chinois et étrangers, les sièges sociaux ou bureaux de représentation de plus de 35 firmes transnationales ou consortiums financiers internationaux auxquels s'ajoutent près de 4 000 établissements de service. Ceci entraine une circulation automobile croissante, une congestion des grands axes autoroutiers et ferroviaires et une pollution atmosphérique et des eaux importante. B) Le premier port de commerce du monde Avec l'ouverture aux entreprises étrangères et la libéralisation des échanges, la Chine est devenu l'atelier du monde, et le port de Shanghai en est la porte. Ses fonctions portuaires ont donc connu une très forte croissance, qui en font le premier port de commerce (650 millions de tonnes en 2010) et le premier terminal à porte-conteneurs du monde. Face à la forte croissance du trafic (+30% par an), les autorités ont été obligées d'étendre les installations portuaires du fleuve vers la façade Pacifique puis au large, en construisant en eau profonde un avant-port artificiel (terre-plein prévu pour traiter 25 millions de conteneurs en 2020) sur les ilots rocheux de Yangshan, relie au continent par le plus long pont du monde (32 km). Mais le port de Shanghai est deja très engorgeé III. Shanghai et son arrière-pays La puissance de Shanghai repose enfin sur sa capacité à intégrer une zone d’influence directe et indirecte de plus en plus étendue vers l'ouest, dans son vaste et très peuplé arrière-pays continental (ou hinterland). Elle draine pour l’exportation les productions des nombreuses villes-relais situées dans le grand delta du Yangzi. Elle y a redistribue une partie de ses industries polluantes, ou est réalisée une part importante de la production manufacturière mondiale, ensuite très largement exportée : Suzhou produit ainsi 25 % des ordinateurs portables et 65 % des souris d'ordinateur fabriques dans le monde, Wenzhou 50 % des chaussures et 90 % des briquets, Fenshui 80 % des stylos-billes... Dans cette stratégie nationale de développement à laquelle participe Shanghai, la valorisation de l’axe du Yangzi est déterminante comme en témoigne l’achèvement récent du barrage des Trois-Gorges, ouvrage gigantesque et controversé (1,5 million de personnes déplacées, disparition de sites archéologiques) mais cependant essentiel à la protection à l’aval de centaines de millions d’habitants face aux ravages habituels des crues, à la production hydroélectrique (10 % du total de l’énergie) dont le pays a un besoin urgent et a la circulation fluviale, puisqu’il rend navigable le fleuve - de Shanghai a Chongqing a 2 500 km a l’amont - par des cargos de haute mer de plus de 10 000 tonnes. Shanghai est donc devenue la tête de pont d'une région qui s'élargit vers l'ouest, autour de l'axe du fleuve Yangzi, avec un réseau de villes regroupant des fonctions industrielles, de tertiaire supérieur (finances, conceptions, formations) et de communications (ports, aéroports, autoroutes...)

Vous compléterez ce sujet d’étude par la réalisation du schéma p. 143 (sujet de bac 11)

transition Entre les villes mondiales, se nouent les flux mondiaux par des ports, hubs (moyeu, changement rapide) aéroportuaires, nœuds autoroutiers, bourses, grandes universités et labo de recherche, cybercafés … Leur réseau constitue une structure de décision, d’organisation et de fonctionnement de l’économie monde. 3. Les hubs : nœuds de la mondialisation Un Hub = moyeu (centre d’une roue). Fonctionnement en hub de nombreux ports et aéroports. But : renforcement des flux sur des hubs pour améliorer le réseau. Système de transit. Ces hubs sont des plate-forme multimodales.

Les Ports : ce sont des hubs qui permettent la redistribution : contact entre avant-pays (foreland) et arrière pays (hinterland). Le Système de hub s’est développé avec la conteneurisation. A partir des années 80 aux EU, dérèglementation du transport aérien = ouverture à la concurrence. Aujourd’hui, la libéralisation du transport aérien est effective en Europe pour les droits d’accès au marché. En effet,

Page 36: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

36

tout transporteur aérien établi dans l’Union européenne a le droit de desservir librement la ou les des-tinations de son choix, sous réserve des capacités physiques de l’espace aérien et des aéroports. (vous pouvez citer Singapour comme exemple de grand Hub maritime)

port ultra-moderne pour conteneurs. Sembawang = étain, caoutchouc. Dans le même temps le paysage s’est transformé : restructuration du vieux Chinatown en CBD. Tours et bureaux, hôtels inter-nationaux, complexes commerciaux. Villes nouvelles et voies rapides de transports collectif. Etendue de l’espace portuaire.

Autre Exemple. Le port de Hambourg : 9ème port à conteneurs en 2004. deuxième port européen, progression de ses parts de marché dans la Northern range (la façade littorale). Croissance du port de Hambourg qui explique en partie l'érosion notable des parts de marché du port d'Amsterdam. Progression qui repose sur le secteur du conteneur (64% du tonnage est conteneurisé, 23% à Amsterdam). Quatre terminaux à conteneurs, connectés à des terminaux ferroviaires. Terminaux qui intègrent les dernières technologies : opération de chargement et déchargement entièrement automatisées. Multimodalité. Première destination du port de Hambourg : la Chine: 27% de son trafic total.

Les aéroports : possibilité pour les voyageurs de changer rapidement de correspondance. Ex de Dubaï,

Roissy … Contexte de dérèglementation du trafic aérien depuis les années 1980. Hub = plate-forme de correspondance. Lorsque le trafic est suffisant les compagnies proposent des vols directs. Sinon sys-tème de transit. 2,3mds de passagers ont pris l’avion en 2007. 18000 avions en circulation chaque jour et 80000 vols. En nombre de passagers : premier du monde= aéroport d’Atlanta, 2ème Pékin, 3ème Chi-cago. Roissy est 7. Dubaï est 13ème mais avec une croissance très importante : +15% entre 2009 et 2010. L’avion est un mode de transport qui augmente très rapidement : par ex entre 2005 et 2006 +4,7% dans l’UE. Le Trafic très dense en Amérique du Nord = le double de celui de l’Europe ou de l’Asie. Ac-tuellement on observe un taux d’accroissement plus rapide en Asie qu’en Europe. Elle pourrait passer 2ème région du monde. Trafic mondial très inégalitaire : l’Afrique est à l’écart des flux mondiaux.

Dubaï : un hub aéroportuaire

Dubaï international Airport : est le deuxième aéroport du Moyen-Orient et deuxième du monde pour le nombre de passagers en transit après celui de Narita à Tokyo. 22M de passagers en 2004, 18M en 2003.Sa croissance est importante. Dubaï a sa propre compagnie aérienne : Emirates Airlines, qui appartient à l’Etat. Nombreuses compagnies internationales, 140 destinations. Vaste centre commercial dans l’aéroport : le duty free shopping center. Symbole de la stratégie de Dubaï : son activité est intégrée dans un important complexe commercial hors-taxes. Prix alléchants et offre de produits variés. Zone franche considérée comme la meilleure du monde par certains, 200 M de dollars de vente en 2000. Troisième terminal qui a ouvert en 2006 et qui a doublé la capacité de l’aéroport. Il pourrait accueillir les A 380 et pourra gérer 60M de passagers en 2010. Importante dimension fret : un espace de stockage concentré dans un cargo village capable de traiter 500000T/an. 4 heures seulement pour transporter un colis du porte-conteneur à l’avion cargo. A Dubaï un deuxième aéroport est en construction depuis 2005 à 30 km. C’est une Plate-forme multimodale intégrée : la DLC : Dubai Logistic City. Elle sera associée au port de Jebel Ali et à sa zone franche : la Free Zone. Ambitions mondiale : devenir la plaque essentielle du golfe et du Moyen-Orient. 4. Les interfaces

Interface : zone de contact. Roger Brunet : « plan ou ligne de contact entre deux systèmes ou deux espaces distincts ; il s’y passe en général des phénomènes originaux : d’échanges entre les deux parties, de modification de l’une par l’autre, d’exploitation de la différence par les entreprises, des villes, des populations entières ». Les principales interfaces géographiques sont l’interface terre-mer (littoral), air/terre, montagne/plaine, ville/campagne, frontières et fronts. Dans le contexte de mondialisation les frontières entre Etats et les littoraux prennent une place particulière.

Mer : ensemble des eaux salées à la surface du globe, dont la plus grande partie constitue en fait les océans. Ce sont des lieux stratégiques de la mondialisation avec les échanges maritimes, des enjeux économiques et géopolitiques, mais aussi pour d’autres questions comme les questions environnementales ou celle de l’alimentation avec la pêche et l’aquaculture.

• Les interfaces transfrontalières : Les frontières sont intimement liées aux notions d’Etat et de souveraineté nationale. Elle sont modifiées par la mondialisation. Nous nous intéresserons ici aux interfaces Nord/Sud, pays développé/en développement : en effet la frontière

est une interface privilégiés entre deux systèmes différents, où fonctionnent des effets de synapses (rupture, passage, relais) d’autant plus fort que le gradient entre les deux espaces séparés est fort.

Page 37: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

37

C’est par exemple le cas de la frontière américano-mexicaine : twin-cities comme San Diego et Tijuana ou Calexico et Mexicali, immigrants clandestins, mur de séparation, industries de montage appelées maquiladoras, différences de salaires entre les deux pays, remises migratoires, IDE, flux de marchandises, postes frontières, douanes.

En temps de paix les zones frontalières tirent des avantages de leur situation : avec par exemple les salaires en travaillant et résidant de part et d’autre de la frontière, les différences de taxation …

Bilan : Certains espaces mondiaux ont été valorisés par la multiplication des échanges et l’aménagement de certains territoires et permettent de dessiner une hiérarchie mondiale de l’intégration à la mondialisation.

Les espaces de la Triade sont moteurs dans la mondialisation

B. Territoires et sociétés en marge.

Qu’entend-on par lieux en marge de la mondialisation ? = territoire à l’écart des grands flux mondiaux, souvent caractérisés par un faible niveau de développement, des problèmes de pauvreté, une faible croissance économique et un faible développement technique. Peu de territoires sont véritablement isolés.

1° Les territoires peu ou mal insérés dans la mondialisation Si l’on travaille à l’échelle des Etats, on peu parler tout d’abord des PMA : Pays les moins avancés : catégorie créée par l’ONU. 48 pays dont 33 en Afrique subsaharienne, 14 en Asie-Océanie et un en AL.

2. Aspects : Pays en marge des échanges : Afrique : 15% de la pop° mondiale mais moins de 2% des échanges. Leur économie est souvent régie par une agriculture vivrière (de subsistance), pas ou très peu mécanisée. On y trouve un poids important du secteur informel (activités non officielles), des échanges sous forme de troc. L’accès à l’alimentation y est difficile, 870M de ss-nutris dans le monde actuellement), ainsi qu’aux infrastructures éducatives et sanitaires. Exemple des problèmes de santé et exemple du Sida. Afrique = 30 millions de personnes malades. Causes multiples : carence des structures de soin, troubles civils, poids de la prostitution, croyances erronées sur la contamination, discours de l’Eglise catholique, difficultés d’accès au traitement. Exemple du Botswana : si pas de réaction risque de perte d’1/3 de la population au cours de la décennie 2020, pays le plus touché au monde avec le Swaziland. Ampleur de la prévalence chez la femme. Cependant des pays avec hausse de la prévention comme le Kenya où l’Etat mène une politique active de lutte.

3. Facteurs internes et externes : Ce sont des espaces fragiles, souvent marqués par des contraintes environnementales (climat, séismes, inondation … ex. Haïti). Mais attention à ne pas faire de déterminisme physique : les contraintes naturelles n’ont bien souvent qu’un rôle secondaire. Les causes sont bien plus politiques : conflits, guerre civile, régimes prônant l’autarcie … rendent difficiles l’insertion dans la mondialisation et les contacts avec l’extérieur. Territoires considérés comme dangereux donc en marge des IDE. Manque d’infrastructures et enclavement (Pays enclavés d’Afrique comme le Niger, le Tchad). Ce sont des espaces considérés comme « non rentables » par le libéralisme.

2° Les derniers territoires véritablement en marge

La Corée du Nord : seul pays du monde en dehors du système de mondialisation libérale. Etat communiste totalitaire qui réduit au minimum ses échanges avec le monde : autarcie, interdiction de migrer, peu d’échanges marchands. Nuances : malgré cela les ONG sont parfois présentes, notamment pour l’aide alimentaire et le pays est inséré dans certains flux de l’Antimonde (trafic de drogues notamment). Ex : aide alimentaire a fortement diminué en Corée N entre 2006 et 2009 après adoption de sanctions par l’ ONU suite à des tirs missiles et des essais nucléaires en 2012 . En févier 2012, les EU ont relancé l’aide alimentaire à la Corée du N en échange d’un moratoire sur le nucléaire. En mars 2012 : les EU ont suspendu l’aide alimentaire à la Corée du Nord à cause du lancement d’une fusée N-coréenne, officiellement chargée de placer en orbite un satellite. De plus, depuis 2002, certaines réformes économiques ont été mises en place qui peuvent être comparées dans une certaine mesure aux réformes entreprises en Chine dans les années 1990. (présentées cependant comme temporaires). Certaines sociétés se placent volontairement en marge de la mondialisation, notamment par souci de préservation de leur identité : exemples : certaines tribus d’Amazonie ou l’archipel des Andaman à l’est du Sri Lanka. Archipel des Andaman : dans le Golfe du Bengale, archipel rattaché à l’Inde. Territoire couvert à 84% de forêt, 200 îles dont 38 habitées de manière permanente. Cinq groupes autochtones de chasseurs-cueilleurs y vivent. Langues qui n’appartiennent à aucun groupe linguistique connu

Page 38: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

38

Et puis des espaces stratégiques utilisées par les militaires pour des expérimentations par exemple : Amazonie, Déserts de Gobi, Arctique…

Document sur les inégalités dans la mondialisation

C. Les espaces maritimes 1° Des enjeux économiques : Ils couvrent 71% de la planète et forment des enjeux économiques majeurs : lieux de passages, ressources halieutiques, minières et énergétiques. On peut parler d’océan mondial au singulier car les océans communiquent entre eux et offrent ainsi une formidable possibilité d’échanges et de communication. Le sous-sol marin recèle en effet entre un quart et un tiers des réserves de gaz et de pétrole et fournit actuellement environ 1/3 de a production mondiale grâce aux progrès techniques réalisés en off-shore profond (Exemple au Brésil + cependant des limites avec les accidents comme dans le Golfe du Mexique en 2010). Les captures de pêche maritime ont été multipliées par 5 depuis 1950 pour atteindre 90M de tonnes en 2008, avec des problèmes de surexploitation sur un nombre important d’espèces, et même des risques de disparition d’espèces à très court terme. Les principales zones de pêche se concentrent dans l’océan pacifique et l’Atlantique Nord.

Les mers sont ensuite des espaces d’échanges : 80% des marchandises : 3000 pétroliers, 1500 méthaniers (gaz liquide) et 4700 porte-conteneurs. En quarante ans la flotte mondiale a été multipliée par 4 et les volumes transportés par 3. Cependant ce système est très inégalitaire : 21 Etats contrôlent 80% de la flotte mondiale et 25 ports polarisent 50% des flux mondiaux. Dans ce contexte certains lieux de passages sont stratégiques et en particulier les détroits, caps et canaux (Malacca, Gibraltar, Ormuz / Panama, Suez.

Page 39: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

39

L’ouverture de nouvelles voies maritimes alimente les rivalités : c’est particulièrement ce que l’on voit avec l’exemple de l’océan glacial arctique : Cinq pays sont riverains de l’Océan Arctique : EU, Canada, Danemark, Norvège, Russie. Depuis le début du XXIème siècle l’océan Arctique est devenu un espace stratégique pour deux raisons : le réchauffement climatique et ses ressources. On estime que l’Arctique possède en effet 22% des ressources énergétiques non découvertes. D’autre part la déglaciation arctique permettrait d’y ouvrir de nouvelles voies maritimes : passage au nord de la Russie, du Groenland, de l’Alaska et du Canada qui est libre des glaces en été depuis 2006. Pour aller de Rotterdam à Yokohama : 42% de trajet en moins que par le canal de Suez. Rotterdam Seattle 25% de trajet en moins. Difficile à surveiller, les mers favorisent la mondialisation des activités illicites. Les flux maritimes illégaux sont surtout de direction Sud/ Nord : drogues, migrants, clandestins …

2° Des enjeux géopolitiques Les Etats riverains se sont lancés dans une véritable course à la mer afin de s’approprier l’espace maritime. Pour

éviter les conflits et pour protéger les milieux marins, la conférence de Montego Bay en 1982 a créé la convention des nations Unies sur le droit de la mer. Cette convention définit un nouveau droit maritime international qui distingue différents espaces (11) dont les ZEE. Trois types d’espaces cependant : La haute mer reste totalement libre et couvre 64% des océans. Les grands fonds sont déclarés bien communs de l’humanité. La possession d’îles est un enjeu majeur car elle permet d’avoir une ZEE importante

La multiplication des conflits frontaliers, littoraux ou maritimes s’explique par des revendications territoriales, et sont souvent liés à la présence de gaz ou de pétrole. On en compte aujourd’hui environ 70. Certains conflits sont réglés dans le cadre de négociations internationales (Russie/Norvège, Malaisie/Brunei), certains ont des répercussions mondiales (Israël/ Liban, mer de Chine méridionale entre la Chine et le Vietnam notamment). La surveillance et la maîtrise des mers constituent des enjeux majeurs. Les trafics diversifiés se multiplient depuis 15 ans, notamment à proximité d’Etats instables : exemple dans la Corne de l’Afrique. Essor de la piraterie : habitants de pays pauvres riverains de seuils stratégiques. Pour y faire face les opérations internationales se multiplient mais restent faibles. De même, on a un renforcement des marines de guerre. 40 Etats contrôlent 98% de la flotte militaire mondiale et 10 Etats 84%. Les marines de guerre sont aujourd’hui des facteurs de puissance (cf EU), en particulier avec les sous-marins nucléaires. Les EU concentrent 40% de la puissance maritime mais les pays émergents voient leur part augmenter (Chine 5%). EU : 11 porte-avions, 12 porte-hélicos, 225000 marins, 154 bases. 3° Des enjeux environnementaux L’espace maritime est concerné par les pollutions de toute nature : nucléaire (Fukushima), industrielle (métaux lourds), au pétrole : conflit d’usage entre les compagnies pétrolières et les activités littorales : exemple :

• Pollution du pétrolier grec Probo-Koala, Abidjan, Côte d’Ivoire

Août 2006, dissémination du contenu du pétrolier grec dans la ville. 8 morts officiellement. Compagnie de négoce transfigura qui armé le navire. Pavillon panaméen, location à une compagne grecque, équipage russe. Transfigura = grosse société de négoce en matières premières. Adresse fiscale à Amsterdam et siège social à Lucerne. Centre opérationnel à Londres. Lavage des cuves après chaque déchargement à l’aide de soude. Déchets récupérés dans une citerne. Ports d’Amsterdam et Lagos qui refusent de traiter les déchets car vidange trop contraignante et pollution

Page 40: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

40

trop importante. Décision d’aller en Cote d’Ivoire. Navire qui donne à une compagnie tout juste crée ce contrat. Compagnie qui n’a ni les moyens ni les compétences pour le faire. Présence d’hydrogène sulfuré dans la cale. Déversement à Akouedo, quartier d’Abidjan, à un prix défiant toute concurrence. Manifestation de la population : lynchage du ministre des transports et maison du directeur du port incendiée. Soupçons de corruption. Ministres des transports et de l’environnement sont limogés. Hypothèse : déchets qui proviendraient d’un raffinage sauvage, effectué en mer au moment où les cours du pétrole atteignaient des sommets. Problème de biodiversité : surpêche : exemple du thon rouge en Méditerranée

• Dans la mondialisation les détroits jouent un rôle majeur : L’exemple du détroit de Malacca

Détroits de Malacca et de Singapour : C’est l’Espace maritime le plus fréquenté au monde : un bateau toutes les 8 minutes, 25% du trafic mondial dont 50% des flux pétroliers mondiaux. Cet axe est le poumon de Singapour, 2ème port à conteneur du monde. Zone privilégiée de piraterie.

Contact entre l’île de Sumatra et la péninsule malaise. Politique de modernisation de ses infrastructures portuaires : port Kélang à 40km de Kuala Lumpur, nouveau pôle du trafic maritime régional. 14ème port à conteneurs mondial. De plus, port de Tanjung Pelapas à l’extrémité sud de la péninsule malaise s’affirme comme un rival direct du port de Singapour. Coûts de manutention inférieurs de 50% à ceux de Singapour et vaste espace foncier disponible et peu coûteux. En 2000, l’armateur danois Maersk transfert la totalité de ses activités vers Tanjung Pelapas. La région est aussi un lieu d’émergence de zones grises où circulent les Flux de contrebande. De plus, les îles de Riau et de la côte de Sumatra sont soupçonnées d’être des refuges pour les pirates. Recrudescence depuis le fin des 90’s. 55% de la piraterie mondiale aurait lieu en Asie orientale selon le bureau maritime international. Importance géopolitique : Tentatives d’appropriation du détroit de Malacca par l’Indonésie et la Malaisie au lendemain de l’indépendance. Artère vitale pour le Japon, tant pour son approvisionnement en matières premières que pour ses exportations vers l’Europe. Devenu aussi enjeu stratégique pour la Chine. Bases militaires en Birmanie (Myanmar).

FICHE REVISION SUR : LES ESPACES MARITIMES : APPROCHE GEOSTRATEGIQUE

Le contrôle des espaces stratégiques a souvent été une des clés de la puissance. Les mers sont incluses dans cet espace depuis l’’époque moderne (après la Méditerranée dans l’Antiquité). On parle alors de « thalassocratie » pour l’Empire britannique au début du 20ème siècle. Aujourd’hui, les 70% de la surface du globe sont recouverts de mers et d’océans et constituent un enjeu majeur. Ces espaces sont à la fois des lieux d’échange et des lieux où les Etats affirment leur puissance.

1. Des lieux clés de la mondialisation

L’importance des ressources maritimes

• Les ressources énergétiques : les espaces marins regorgent de ressources en matières premières, notamment énergétiques : hydrocarbures (gaz+pétrole). En matière de production, les espaces maritimes fournissent aujourd’hui environ 30% de la production de pétrole et 27% de la production de gaz. L’exploitation de ces

Page 41: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

41

gisements offshore se fait au moyen de plateformes en haute mer en Norvège, dans le Golfe du Mexique, au large du Brésil par ex).La possession de ces gisements est donc un enjeu majeur pour le pays disposant d’un espace maritime.

• Les ressources alimentaires : les espaces maritimes disposent d’immenses réserves halieutiques et fournis-sent près de 100 millions de tonnes de poissons et de crustacés par an ce qui constitue un apport nécessaire à l’alimentation de la planète. Les principales zones de pêche se trouvent au large de la côte ouest de l’Amé-rique, à l’est de l’Asie, au nord-ouest de l’Europe. (voir carte)

L’importance des flux maritimes :

• la majorité des flux transcontinentaux de marchandises transitent par les espaces maritimes soit 80% du total. Ce trafic s’effectue par porte-conteneurs. Les hydrocarbures sont eux transportés par des supertankers (pétrole) et méthaniers (gaz). Dans les pays du Sud, le transport de passagers reste important, pour les pays du nord ce sont surtout des croisières (Méditerranée ou Caraïbes). Les pays qui ont a traversé des espaces maritimes polaires (arctique) sont équipés de brise-glaces.

• Les autres réseaux transcontinentaux : des oléoducs et des gazoducs traversent aussi des océans : exemple entre l’Algérie et l’Italie. Il existe aussi des réseaux de câbles (fibres optiques) qui supportent le trafic de la bande passante Internet.

• Les points de passage stratégiques : Pour tous ces réseaux, il existe des lieux stratégiques. Il s’agit tout d’abord des détroits (qu’il faut savoir placer sur une carte) : Gibraltar, Malacca, le Bosphore, les Dardannelles, les détroits d’Ormuz et de Bab ElMandeb (au sud du Yémen). Il faut ajouter le canal de Suez et de Panama. L’importance des façades maritimes

• Des interfaces majeures de la mondialisation : Les façades sont des lieux clés de la mondialisation. Elles sont l’aboutissement des flux, l’espace où se rencontrent l’arrière-pays de cette façade (hinterland) et son « avant pays », élargi au monde entier par la mondialisation. Les principales façades maritimes sont celles de l’Asie orientale, de l’Amérique du Nord-est et de l’Europe de l’Ouest (la Northern Range du Havre à Hambourg)

• Une hiérarchie des grands ports : parmi ces façades maritimes, de très grands ports à conteneurs ont été aménagés, dans des ZIP (Zones industrialo-portuaires). Ce sont souvent des Hubs maritimes, des plates-formes multimodales parfaitement connectées avec les autres modes de transport pour alimenter l’arrière pays. (voir croquis) On compte désormais une dizaine de ports dans le monde qui dépassent 200 millions de tonnes de trafic par an dont 8 en Asie orientale (Singapour, Hong Kong et Shanghai devenu le 1er port mondial).

Page 42: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

42

• Les pays enclavés exclus de la mondialisation ? Dans ce contexte, les 33 pays enclavés du monde (ne disposant

pas de côte) sont donc handicapés dans leur intégration au sein de l’espace mondial.

2. Des lieux convoités

A qui appartiennent les espaces maritimes ?

• La règle des 200 miles marins (370 kms). La possession des espaces maritimes est un enjeu majeur. Depuis 1982 et la Convention de Montego Bay, les espaces maritimes sont strictement attribués. On distingue trois types d’espace : - Sur 12 milles marins (1 mille = 1852 mètres), les Etats sont pleinement souverains sur les espaces mari-

times - Ensuite, jusqu’à 200 milles marins, s’étend une Zone économique exclusive. L’Etat en question peut y

exploiter les ressources maritimes mais doit garantir la libre circulation des navires des autres Etats. - Le reste des espaces maritimes est constitué par les eaux internationales qui sont considérées comme

bien commun de l’Humanité et propriété d’aucun Etat. La circulation y est totalement libre.

Les tentatives de contrôle :

• malgré les décisions prises à Montego Bay en 1982 dans le cadre de la concertation dans l’ONU les discussions ont été difficiles. La Conférence sur le droit de la Mer s’est ouverte en 1973, les accords de Montego Bay signés en 1982 mais appliqués qu’en 1994 !

• les espaces maritimes sont des espaces de déploiement pour les grandes puissances. Les Etats-Unis possèdent des flottes sur tous les océans, concurrencés seulement régionalement par le Russie ou la Chine.

Page 43: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

43

Les tensions

• Les zones maritimes contestées : il existe des zones de tension pour la domination de certains espaces mari-times. En effet l’attribution des 200 milles nautiques peut poser problème en cas de proximité avec des Etats concurrents. C’est le cas en Asie du Sud-est. Dans la mer de Chine méridionale, la Chine revendique des espaces réclamés par d’autres Etats : ex des îles Spratley ou les Paracel mais aussi d’importants gisements offshore d’hydrocarbures. A l’automne 2012 des tensions très vives se sont manifestées entre le Japon et le Chine à propos des îles Senkaku en mer de Chine orientale que Tokyo administre mais que Pékin revendique avec force sous le nom de Diaoyu. Dans l’Arctique il y a des contestations entre ma Norvège et la Russie et entre le Danemark (qui possède le Groenland) et le Canada. Là encore l’enjeu réside dans la maîtrise des ressources supposées en hydrocarbures. Par ailleurs, les tensions portent aussi sur les ressources halieutiques et elles sont fortes entre l’Espagne et la France par exemple, en matière de zones de pêches.

• 3. Des lieux fragilisés

Des espaces incontrôlables :

• La question de la piraterie : les espaces maritimes ne sont pas complètement sous le contrôle des Etats et certains d’entre eux font partie des « zones grises de la mondialisation » et sont investis par l’antimonde. C’est le cas des zones d’action de la piraterie : au large de la Somalie et du Yémen, dans le Golfe d’Aden, du détroit de Malacca, de la Mer de Chine (entre les Philippines) et du golfe de Guinée.

• La question des trafics illégaux : parmi eux les trafics d’armes, de drogues, d’êtres humains transitent par voie maritime. Ces réseaux sont très actifs en mer de Chine et en Méditerranée et une partie alimente le nar-codjhadisme actif dans le Sahel.

• La question des paradis fiscaux : la plupart des paradis fiscaux sont des îles avec une densité forte dans les Caraïbes (les îles Caïmans ou Bahamas).

Des milieux fragiles

• Les menaces sur l’environnement : les espaces aquatiques sont très sensibles aux problèmes environnemen-taux. De nombreuses catastrophes écologiques ont eu pour théâtre les mers et les océans (ex des marées noires et de la délinquance maritime , des bateaux qui dégazent en pleine mer, ou des accidents (explosion d’une plate-forme dans le Golfe du Mexique en 2010) et actuellement une énorme marée noire qui se déroule dans un silence médiatique qui interroge, entre la Chine et le Japon. https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/0301152237558-entre-la-chine-et-le-japon-une-immense-maree-noire-se-developpe-2145053.php

• L’épuisement des ressources : la surpêche qui vident certaines réserves et menacent des espèces : thons rouges, baleine.

Page 44: THEME II : LES DYNAMIQUES DE LA MONDIALISATION

44

• Les bouleversements des milieux : les travaux de poldérisation, les constructions de terre-pleins pour les amé-nagements des ports géants à porte conteneurs, bouleversent les équilibrent naturels et cela peut faire peser de graves dangers en cas de séisme et/ou de cyclones (Cf Fukushima et la Nouvelle-Orléans).

• Les menaces climatiques : le réchauffement climatique menace gravement les espaces maritimes. Certains espaces de l’Arctique risquent de devenir des mers libres (ouverture de la route de l’arctique en été en raison de la fonte de la banquise qui permet de diminuer considérablement les temps de trajet), ce qui rendrait possible l’affirmation de nouvelles routes nautiques mais risqueraient ailleurs d’ensevelir des archipels, des deltas.

• “Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, ce passage s'ouvre peu à peu. D'ici à 2030, il pourrait devenir une voie navigable comme les autres à certaines périodes de l'année. Un long corridor de 5 700 km de long qui permettrait de relier l'océan Atlantique et l'océan Pacifique, devenant le chemin le plus court entre l'Europe et l'Asie, faisant gagner plus de 10 jours de navigation aux navires commerciaux, promettant aux armateurs privés des gains de temps et de carburant considérables”. http://infor-mation.tv5monde.com/info/commerce-maritime-pourquoi-la-russie-renforce-sa-presence-militaire-dans-l-arctique-201584

Les espaces maritimes sont donc des lieux clés de la mondialisation dont ils mettent en évidence les enjeux géo-économiques et géo-stratégiques. Les concurrences entre les différents acteurs des espaces maritimes ne peuvent pas faire oublier que seule une gestion concertée pourra garantir un accès équitable et durable à leurs ressources.

EN PLUS DE CE COURS COMPLET : 3 croquis à maitriser

- Pôles et flux de la mondialisation - Des territoires inégalement développés dans la mondialisation - Les espaces maritimes dans la mondialisation

Voir la fiche méthode croquis sur le blog http://blog.ac-versailles.fr/lecturesdumonde/index.php/