Tatiana Mojenok Ninin - Point de Vuesde vue purement artistique. La nouvelle école de paysages...
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et la Normandie russes au XIXe siècle 1
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Tatiana Mojenok Ninin
éditions point de vuesAssociation pour la Sauvegarde du Patrimoine Veulais
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Dossier de presse
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peintres Les
et la Normandie russes au XIXe siècle 2
SOMMAIRE
I 20annéesdedécouvertesetderecherches
II LespeintresrussesdécouvrentlaNormandie
III Lespeintresrussesetl’Impressionnisme
IV Unouvragederéférence,uneambition
V L’auteur
VI Lelivre
VII LespeintresrussesetleFestivalNormandieImpressionniste
VIII ASPV(AssociationdeSauvegardeduPatrimoineVeulais)
IX EditionsPointdevues-Donnéestechniques
éditions point de vues
Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Veulais
peintres Les
et la Normandie russes au XIXe siècle
Tatiana Mojenok Ninin
peintres Les
et la Normandie russes au XIXe siècle 3
20 années de découvertes et de recherches
Au XIXe siècle, les œuvres de peintres russes venus travailler en
NormandieontétédisperséesenRussie.Certainsdecespeintresont
mêmeconservéchezeuxdansleursmaisons,lespeinturesnormandes
de leur jeunesse qui ornent toujours les pièces de leurs maisons-
musées.
AucoursduXXesiècle,leséchangesentrelaFranceetlaRussieétant
réamorcés, au hasard de voyages individuels des œuvres ont été
découvertes suscitant les curiosités, l’enthousiasme et les passions
d’unpetitnombred’investigateursnormands.Ilsontalorsinitiétout
untravailderecherche,pourlesidentifier,leslocaliser,lesrépertorier
grâceàlacollaborationinestimabled’acteursculturelsrusses.
Aujourd’hui les peintures sont pour la première fois rassemblées et
àdécouvrirdansunouvrage,fruitdecesannéesderecherches.
Tatiana Mojenok Ninin, docteur en histoire de l’art, nous retrace
l’histoiredecespeintresrussesduXIXesiècleenNormandie.
I
Vassili PolenovLa côte normande,huile sur toile, 14,5 x 28,5 cm,Musée-réserve mémorial d’histoire et d’art V.D. Polenov, Polenovo
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Les peintres russes découvrent la Normandie
LespeintresrussesdécouvrentlaNormandieaumilieuduXIXesiècle.
Mais comment et pourquoi viennent-ils, quel projet artistique les
amène en France? La plupart des artistes russes que l’on trouve en
Francedanslesannées1850-1870,sontlespensionnaires,boursiersde
l’AcadémieImpérialedesBeaux-ArtsdeSaint-Pétersbourg(...).
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la France devient aussi plus
attirante que d’autres pays européens pour les peintres, au point
de vue purement artistique. La nouvelle école de paysages
représentéeparlespeintresdeBarbizon,lavieartistiquetrèsintense
avec les salons devenus une véritable foire d’art contemporain,
l’ardentepolémiqueautourdestoilesdeCourbetexposéesauPavillon
du Réalisme à l’écart de l’Exposition Universelle de 1855 attirent
lesartistesdetous leshorizons.Ainsi,dans lesannées1850-1870,un
nombreimportantd’artistesrussesarriveàParis,parmilesquelsdes
peintres d’histoire et de genre, des portraitistes et des paysagistes.
Parmi ces derniers,Alexeï Bogoliubov (...). C’est lui qui découvrira la
Normandieen1857etyamèneraensuitetouteunepléiaded’artistes
russes.Aveclui,laNormandiedeviendrapourlesjeunespeintresvenus
deSaint-Pétersbourg,unevéritableécoledepleinairetdepaysage.
Alexeï Bogoliubov (1824-1895), pendant les quatre premières années
desavieàParis,séjournantencoreenFranceenqualitédeboursier,
fréquente l’atelier de Thomas Couture, puis celui d’Eugène Isabey
quidevientsonprofesseur.C’estd’ailleursIsabeyquiferadécouvrirà
Bogoliubovetàsescamarades(...)laNormandie,DieppeetVeulesles
Roses.(Isabeylui-mêmeétaitinstalléàVarengeville-sur-Mer.)“Isabey
m’indiqua deux endroits [en Normandie], écrit Bogoliubov, où je
passaistoutl’étéjusqu’àl’automneavancéavecmescamarades.Nous
yvivionspourpeudesous,àtroisfrancsparjour,etjoyeusement.Mais
nous travaillions très sérieusement.” Les artistes russes découvrent
aussiÉtretat.
Les noms des villes, ports, stations balnéaires et villages normands
varientsouventaussibiendanssabiographiequedanslestitresdeses
tableaux;VeuleslesRoses,Étretat,Dieppe,Honfleur,Trouville,Yport,
leTréport et le Havre reviennent le plus souvent, quelques fois aussi
CabourgetEu.
La côte normande attire Bogoliubov par la présence de la mer et
du ciel, souvent bas et immense, par ses couleurs gris perle et cette
atmosphère humide proche de celle de Saint-Pétersbourg, par cette
lumièresiparticulièreetsesvariationsaugrédesmarées.
II
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AlexeïBogoliubov Le soir. Veules,huile sur bois, 16,5 x 26,7 cm,Musée-réserve d’histoire, d’architecture et des Beaux-Arts, Pereslavl-Zalesski
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Comme Boudin, le peintre russe parcourt la côte normande avec sa
paletteauseulbutdefixerlechangementdelalumièreetdescouleurs
sousdifférentseffetsmétéorologiques.
Toujours le ciel énorme, deux fines lignes de plage et de mer, des
falaises, une société de vacanciers avec leurs parasols, chapeaux de
dames et canotiers de messieurs, cabines de plage, les drapeaux de
laRépubliquevolantauvent…Seuleslalumière,lescouleurs,l’atmos-
phèrechangent.
Pour Bogoliubov, tout comme pour Boudin, ces modifications
de la lumière en fonction du temps représentent l’essence même de
lapeinture,sonsensprofond.
Cen’estcertainementpasunhasardsic’estàVeulesqueBogoliubov
amènera ses jeunes protégés, les pensionnaires de l’Académie, Ilia
RepineetVassiliPolenov,ainsiqueKonstantinSavitski,àl’été1874.Ce
séjourveulaisserévéleratrèsimportantpourleurcarrièreartistique
etpourtoutl’artrusseengénéral.
Ilia Repine (1844-1930) l’un des plus éminents artistes russes du XIXe
siècle,arriveàParisenseptembre1873avecunebourseacadémique.
Repine se trouve à Paris au moment de la première exposition
impressionnisteorganiséedansl’atelierdeNadarenavril1874.L’artiste
russeesttellementgagnéparlabeautémajestueusedelameretdes
falaises qu’il se transforme en quelque temps en paysagiste et peint
des pures marines, ce qui n’était pas, jusqu’à là, à la portée de son
œuvre. Une étude représentant les falaises caractéristiques du pays
de Caux avait sans doute pour Repine une valeur émotionnelle. Il la
garderatoujoursprèsdelui;ellefutaccrochéedanssademeure«Les
Pénates»transforméeenmusée,prèsdeSaint-Pétersbourg.
73
Ilia Repine
Autoportrait,1878, huile sur toile, 60,5 x 49,6 cm,
Musée national Russe, Saint-Pétersbourg
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Les peintres russes et l’Impressionnisme
En France, en Normandie, Bogoliubov déploie pleinement sa vision
personnelledupaysageetdelanatureaffranchiedel’influencedeses
aînés.Certes,làaussi,ondevinelesouvenirdespeintresdeBarbizon,
de Charles Daubigny, de Camille Corot ou de son professeur Eugène
Isabey.
Le génie Bogoliubov s’approche donc des impressionnistes par son
goûtdespontanéitéetdelapeintureenpleinair,lechoixdupaysage
etdessujetscontemporains,maisresteplusclassiquedanslesmoyens
d’exécution. D’ailleurs, la technique elle-même choisie par l’artiste,
l’huile sur bois, ne lui permettait pas d’atteindre la transparence et
lafluiditédesimpressionnistes
III
54 55
Claude Monet, Cour de ferme en Normandie, vers 1863, huile sur toile, 65 x 81,3 cm, Musée d’Orsay, Paris
La cour d’une ferme à Veules à l’automne, années 1870, huile sur toile, 31 x 51 cm,
Musée national Russe, Saint-Pétersbourg
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Un ouvrage de référence une ambition
Les peintres russes à la découverte de la Normandie au XIXe siècle
Avec le développement de la peinture de plein air, illustré par les
impressionnistes, la France devient la destination principale des
peintresrusses,nombreuxàvenirenNormandiedanscettepériode.
Ils étaient une vingtaine de jeunes artistes de l’Académie Impériale
des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg soit principalement en qualité
deboursier,soitàleurpropreinitiative,attirésparlaplacequ’occupait
à l’époque la peinture française, par les nouvelles techniques,
maisaussiparlavieartistiqueparisienne.
Ce fut pour les jeunes peintres russes (Bogoliubov, Repine, Polenov,
Harlamov, Savitski, Goun …) une période heureuse de leur vie,
cecidanslecadred’unecommunautérussetrèsorganisée.
Ambition de cette publication
L’ambitiondel’associationA.S.P.V.etdeséditionsPointdevuesest
de mettre en lumière les tableaux des jeunes peintres russes venus
travaillerenNormandieentre1850et1890.Leursœuvresméritaient
d’être dévoilées, n’ayant jamais été portées à la connaissance du
public français. Cet ouvrage présente pour la première fois le travail
despeintresrussesduXIXesiècleenNormandie.
C’estdonctoutunpandel’histoiredel’artenNormandierestéedans
l’ombredepuisleXIXesièclerelatéparTatianaMojenokNinin,docteur
en Histoire de l’Art de l’Université de Paris I, qui est aujourd’hui
àdécouvrir.
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L’ Auteur
Tatiana Mojenok Ninin
NéeàSaint-Pétersbourg,TatianaMojenokNininvitettravailleàParis
depuis 1993. Diplômée de la faculté d’histoire de la prestigieuse Uni-
versitédeSaint-Pétersbourgetconférencièreaumuséedel’Ermitage,
elleareçuunebourseduGouvernementFrançaispourpoursuivreses
étudesàl’ÉcoleduLouvreetàl’UniversitéParisIPanthéon-Sorbonne.
Sa thèse de doctorat, Les peintres réalistes russes en France (1860-1900),
soutenue en 1999, est éditée par les « Publications de la Sorbonne ».
Tatiana Mojenok Ninin a publié des articles dans les catalogues
des expositions de l’art russe du Musée d’Orsay (2005), du Musée
départementalbretondeQuimper(2006)etduMuséedesBeaux-Arts
JulesChéretdeNice(1995)ainsiquedansdenombreuxmagazineset
revuesspécialisésenFranceetenRussie.Elleaégalementparticipéà
l’organisationd’expositionsauCentreGeorgesPompidouetaumusée
deNice,etdonnédesconférencesàParisetsurlaCôted’Azur.
Ilia RepineUne fille de pêcheur à Veules,1874, huile sur toile, 74 x 50 cm,Musée régional des Beaux-Arts V.P. Soukatchev, Irkoutsk
V
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Le Livre
auteur :
TatianaMojenokNinin
avant-propos signé de :
DidierMarie
PrésidentduDépartementdeSeine-Maritime
etde
DominiqueChauvel
Vice-Présidentedelacultureetdupatrimoine
duDépartementdeSeine-Maritime
Plan
- introduction:genèsedeladécouvertedespeintresrusses
- reproductionde87tableaux
enprovenancede:
dixmuséesrussesreprésentantdespeinturesprincipalement
maritimesduTréport,Trouville,Yport,Etretat,Dieppe,Cabourg,
VeuleslesRoses,LeHavre,lesbordsdeSeine,
desmuséesdeFécamp(leseulmuséenormand,ànotreconnais-
sancequipossédeuntableaurussedecettepériode),Dieppe,
Evreux,leHavre,Orsay.
- peintresrussessuivant:
AlexeïBogoliubov (1824-1895)
IliaRepine (1844-1930)
VassiliPolenov (1844-1927)
KonstantinSavitski (1844-1905)
AlexeïHarlamov (1840-1925)
KarlGoun (1830-1877)
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Ce livre, préparé par les éditions point de vues et l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Veulais, a pour ambition de faire connaître les tableaux des peintres russes du mouvement des ambulants venus travailler en Normandie, et particulièrement en Seine-Maritime, à partir de 1860 et jusqu’en 1900. Ces artistes ont, hélas, peu de notoriété en France, seul le musée de Fécamp possède une toile de l’un d’eux, alors qu’ils sont très connus et très appréciés en Russie.
Ils ont participé, à leur façon, au séjour indispensable, en France, pour les artistes peintres du monde entier. Nous pouvons citer l’anglais Sisley, le hollandais Jongkind, les japonais Kuroda et Yamamoto.
Ce livre rassemble le fruit des découvertes éparses faites ces vingt dernières années depuis que les échanges culturels entre la France et la Russie, fort développés jusqu’à la fin du XIXe siècle, ont été réamorcés. Ces avancées sont dues à des voyages individuels ou aux souvenirs de traditions familiales, et n’ont donc pas pu être diffusées à un large public.
Il faut souligner combien ces années de découverte de la Normandie furent pour ces artistes russes une période heureuse de leur vie, ce qui est traduit dans ces tableaux qui nous touchent actuellement. Certains de ces peintres ont même conservé chez eux des peintures normandes de leur jeunesse qui ornent encore maintenant leurs maisons-musées.
Il convient de rendre à ces peintres la notoriété qu’ils méritent et le temps est venu de diffuser largement les œuvres de ces artistes russes venus fréquenter les artistes français.
Pour créer cet ouvrage, il a fallu surmonter les obstacles dus à l’éloignement géographique, à la différence de langue et de culture, afin d’obtenir les droits de reproduction. Tous les musées russes sollicités ont répondu favorablement, et souvent avec enthousiasme, à la demande de diffusion de leurs œuvres normandes exposées à Moscou, Saint-Pétersbourg, Saratov, Polenovo, Stavropol, Péreslavl, mais aussi à Irkoutsk en Sibérie ou à Kazan au Tatarstan. Les conservateurs de ces musées se sont attachés à faciliter les échanges.
Enfin, à la suite de ce livre nous pouvons espérer que des conservateurs des musées seinomarins pourront un jour faire venir ces toiles en Normandie et les exposer à proximité des lieux où elles ont été peintes. Dans un environnement impressionniste, la comparaison des deux styles de peinture serait ainsi complète.
Grâce à la parution de ce livre, les tableaux russes de Veules les Roses, des falaises du Pays de Caux, du Tréport, de Dieppe ou encore d’Yport seront connus dans le département qui les a vus naître. Ils entreront durablement dans nos références artistiques et feront désormais partie de notre patrimoine, comme ils font partie de celui de la Russie, car l’art est le langage commun des peuples et des civilisations.
Didier Marie Dominique Chauvel
Président du Département de Seine-Maritime Vice-Présidente de la Culture et du Patrimoine du Département de Seine-Maritime
Avant-Propos
Alexeï Bogoliubov, Le coucher du soleil à Dieppe, 1872, huile sur toile, 29 x 41 cm, (détail) Musée régional des Beaux-Arts, Stavropol
1918
Alexeï Bogoliubov
Ilia Repine, Portrait d’Alexeï Bogoliubov, 1876, huile sur toile, 117 x 90 cm,
Musée national des Beaux-Arts A.N. Radichtchev, Saratov
20 21
Le destin d’Alexeï Bogoliubov est extraordinaire. « Peintre-marin », comme il s’est fait appeler
lui-même dans ses mémoires1, il se passionne d’abord pour la mer et étudie au Corps des
Cadets de la Marine de Saint-Pétersbourg. Mais en se découvrant à l’âge de vingt-cinq ans un
talent pour le dessin et la peinture, il décide d’entrer, en 1850, à l’Académie des Beaux-Arts ; il
y fait des progrès rapides et considérables car, quatre ans après, son travail est récompensé
par la grande médaille d’or. Cette médaille lui est décernée pour un tableau de paysage, La
vue sur le couvent Smolny depuis la Grande Okhta, et lui offre la possibilité d’un séjour à l’étranger.
En même temps, Bogoliubov est nommé peintre du quartier général de la Marine. Commence
ainsi son long périple à travers l’Europe qui l’amène de Berlin et Dresde à Düsseldorf où il
fait la connaissance d’Andreas Achenbach, dont il deviendra élève plus tard. Il part ensuite
pour la Suisse et y fréquente quelques mois l’atelier d’Alexandre Calame, un paysagiste alpin
très en vogue à l’époque et apprécié par les peintres russes. Vient ensuite un séjour italien
de deux ans, de 1855 à 1856. à Rome, Bogoliubov prend des cours chez l’aquarelliste Salomon
Corrodi, visite assidûment musées et monuments, part pour ses études dans le Sud et la
campagne romaine… C’est aussi en Italie que Bogoliubov rencontre un peintre français, un
certain François, pensionnaire de la Villa Médicis qui lui ouvre les yeux sur la vision nouvelle
de la nature. « Ce fut une véritable révolution pour moi ! s’exclamait plus tard Bogoliubov. J’étudiais
comment ce peuple élevé dans les traditions de l’école d’Ingres, Rousseau, Corot et autres célébrités qui
venaient d’inaugurer une ère nouvelle du paysage, regardait la nature. » (A. B., p. 54) Cela le renforce
dans son idée de rejoindre la France et de s’installer, en 1856, à Paris, d’abord provisoirement
jusqu’à 1860, puis définitivement à partir de 1872. Pendant les quatre premières années de
La vue sur le couvent Smolny depuis la Grande Okhta, 1852, huile sur toile, 78 x 117 cm, Musée national des Beaux-Arts A.N. Radichtchev, Saratov
Alexeï Bogoliubov
1824-1896
peintres Les
et la Normandie russes au XIXe siècle 12
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étretat. La marée basse,1874, huile sur bois, 15 x 23,5 cm,Musée national des Beaux-Arts A.N. Radichtchev, Saratov
Le soir. Veules,huile sur bois, 16,5 x 26,7 cm,
Musée-réserve d’histoire, d’architecture et des Beaux-Arts, Pereslavl-Zalesski
56 57
Nous ne savons pas si Bogoliubov connaissait l’œuvre des impressionnistes ; du moins,
il n’en parle pas dans ses Notes. Cependant, son procédé pictural nous semble beaucoup
plus moderne que celui de Corot et des peintres de Barbizon, se rapprochant plus d’un
Boudin ou d’un Jongkind, dont il ne cite pas non plus les noms dans son journal. Mais
ils peignaient dans les mêmes lieux, à Honfleur, Trouville, au Havre et ont sûrement
dû se croiser. N’oublions pas qu’Eugène Boudin fut aussi élève d’Isabey. En fait, c’est
Bogoliubov lui-même qui incita des historiens d’art à le comparer toujours à Corot ou
aux peintres de Barbizon. Il en parle tellement dans ses Notes ! Mais ses petits paysages
normands semblent tellement plus proches de ceux de Boudin, peints d’ailleurs aussi
sur bois. La petite étude de la plage à Veules par Bogoliubov (Veules, 1887) : une dame
en chapeau somptueusement habillée, assise sur une chaise de façon nonchalante, et
deux autres femmes qui peignent vues de dos, s’inscrit si bien dans l’esprit de Boudin !
Comme chez Boudin, les vues normandes de Bogoliubov se composent d’un ciel bas immense,
occupant les deux tiers du tableau, d’une mer réduite à une fine ligne qui se confond presque
avec le ciel, l’horizon, et d’une plage, parfois peuplée de figures de vacanciers peints très
sommairement, mais avec quel génie ! Quelques traits sûrs, quelques détails, et nous voici
plongés dans cette atmosphère heureuse de vacances et de « farniente ».
Veules, 1887, huile sur bois, 17,7 x 26,7 cm, Musée national des Beaux-Arts A.N. Radichtchev, Saratov
Eugène Boudin, Dame en blanc
sur la plage de Trouville,huile sur carton, 31,4 x 48,6 cm,
Musée André Malraux, Le Havre
66 67
Dieppe,1882, huile sur bois, 16 x 24 cm,
Musée national des Beaux-Arts A.N. Radichtchev, Saratov
Les voiliers à Dieppe. Le matin, années 1880, huile sur bois, 15,7 x 23,7 cm, Musée national des Beaux-Arts A.N. Radichtchev, Saratov
Double page suivante
Veules. L’arc-en-ciel, 1887, huile sur bois, 13,6 x 26,7 cm,
Musée national des Beaux-Arts A.N. Radichtchev, Saratov
L’ exemple d’Alexeï Bogoliubov reste unique dans la peinture russe du XIXe siècle qui connaît
ses grands peintres de marine (Ivan Aïvazovski) et, plus tard, ses impressionnistes (Konstantin
Korovine). Le premier influença Bogoliubov dans sa jeunesse ; le deuxième ne fut pas son
disciple, mais celui de Polenov. Mais qui poussa Polenov à peindre en plein air, à développer
sa vocation de paysagiste en Normandie, à Veules les Roses en 1874, si ce n’est Bogoliubov ?
Ainsi, le rôle de Bogoliubov devient-il encore plus important pour les destinées de l’art russe.
peintres Les
et la Normandie russes au XIXe siècle 13
Les peintres russes et le Festival Normandie Impressionniste
à l’occasion des manifestations qui s’inscrivent dans le cadre du
Festival Normandie Impressionniste, l’association A.S.P.V. et les
éditionsPointdevuescoéditentcetouvragequiapporteaujourd’hui
un éclairage complémentaire du mouvement impressionniste, en le
replaçantdansuncontexteeuropéen.
Festival Normandie Impressionniste
Evénement culturel majeur de l’été 2010, le Festival célèbre
l’Impressionnismesurtout leterritoirehautetbasnormanddejuin
à septembre et donne à découvrir la richesse du patrimoine et de
lacréativiténormande.
Le Festival revêt un caractère international avec cet ouvrage de
référenceLes peintres russes à la découverte de la Normandie au XIXe siècle
Panorama des conférences sur les peintres russes en Normandie
Ces conférences, d’une durée de 90 mn, seront réalisées parTatiana
MojenokNinin,historienned’art,ouDominiqueFlorence.
Elles sont illustrées par un diaporama avec une centaine de
reproductions.
Ces conférences se tiendront dans les villes de la côte normande
souvent illustrées par ces peintres à Eu, Dieppe, Sotteville sur mer,
Néville, Rouen, Cabourg puis Le Havre et Fécamp ultérieurement
(Fécamp est à notre connaissance, la seule ville de Normandie qui
disposed’unetoiledeBogolioubovdanslesréservesdesonmusée),
EU
1erjuilletsalledupavillondesministresà20h30
-TatianaMojenokNinin
DIEPPE
2juilletsalleannexedelamairieà18h30
-TatianaMojenokNinin
ROUEN
3juilletsalledupompomrougeHangar13à18h30
-TatianaMojenokNinin
SOTTEVILLEsurMER
7juilletsallelaGrangeà18h30
-DominiqueFlorence
NEVILLE
9juilletsalledesfêtesà18h30
-DominiqueFlorence
CABOURG
15juilletsalleBrunoCoquatrixà21h
-TatianaMojenokNinin
VII
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peintres Les
et la Normandie russes au XIXe siècle 14
A.S.P.V..
Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Veulais
Association de sauvegarde et de sensibilisation au patrimoine
culturel,architectural,environnementaletvégétaldeVeuleslesRoses
etdesesenvirons.
L’associationproposeuncycledeconférences«LesvendredisduPatri-
moine»maisaussiunelignedepublicationstraitantdel’histoirede
VeuleslesRosesautraversdesespaysages,desesarchitectures,des
personnagesquiontinfluésursonhistoire.
Leprojetdespeintresrussesrencontrel’ambitiondel’Association,qui
estdemieuxfaireconnaîtredesœuvresquisontencorepeuconnues
enFrance,denombreuxpeintresrussesétantvenusàVeuleslesRoses
etayantrayonnédanstoutelaNormandie.
Ayant compris les évènements à l’origine de l’arrivée de ces jeunes
peintres russes en Normandie et de leur bonheur de capter si bien
la lumière des ciels normands, l’A.S.P.V. a souhaité que cette histoire
dévoilée grâce aux initiatives d’un petit nombre de découvreurs
locauxsoitpubliée,quecettepeinturesoitreplacéedanssoncontexte
artistique, connue et partagée auprès d’un plus large public, appré-
ciéeenfinenFrancecommeellel’estenRussieetfaireensortequ’elle
devienneunélémentdupatrimoinenormand.
Nous formulons le vœu que ce livre soit à l’origine d’un désir de
prolonger cette lecture par de nombreux voyages de particuliers
aventureux, d’échanges culturels entre la France et la Russie et peut
être une meilleure compréhension entre nos deux pays éloignés par
lagéographieetl’histoire,maisréunisparlepartagedel’art.
Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Veulais
Présidente:SylvieBosquier
B.P.5
76980VeuleslesRoses
www.patrimoine-veules.fr
VIII
peintres Les
et la Normandie russes au XIXe siècle 15
Editions point de vues Données techniques
Éditions point de vues
2,ruedeThuringe76240Bonsecours
tél.0235894654
fax0235980964
Rendre accessible aux publics des ensembles iconographiques à
l’usage d’initiés, offrir aux curieux une lecture de documents encore
inexplorés sur l’architecture et l’urbanisme, revisiter le patrimoine
régional à travers une approche singulière et inédite… C’est l’esprit
deséditionsPointdevues,uneperspectiveavanttouticonographique
laissantlapartbelleàl’image,laphotographieetl’illustration.
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Les peintres russes à la découverte de la Normandie au XIXe siècle
CoéditionA.S.P.V./éditionspointdevues
Sortieenlibrairie:juin2010
Nombredepages:120pages
Format:22x22
Couverturecartonnée
ISBN:978-2-915548-47-1
Prixpublic:25euros
IX
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et la Normandie russes au XIXe siècle 16
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