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Ateliers Pédagogiques d’ Arts Plastiques Education et Enfance Les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques remercient : Joël Delaine, Conservateur des Musées Municipaux de Mulhouse, Lionel Pinero, Assistant de Conservation, Cécile Vincent, Responsable du Service Educatif des Musées municipaux, Mickaël Roy, Médiateur et Conférencier, Jean-Jacques Freyburger, Conseiller Pédagogique en Arts Visuels, Sara et Virginie des Chantiers Jeunes, organisés par le Pôle Sport et Jeunesse Crédits Remerciements Dossier pédagogique créé par les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques du Pôle Education et Enfance de la Ville de Mulhouse. Ont participé à la réalisation et à la rédaction : Caroline Brendel, Julie Wienhoeft, Mickaël Roy et Cyrille Saint-Cricq. 16 rue de la Fonderie 68093 CEDEX tél. 03 69 77 77 38 [email protected] Septembre 2010 tableaux à table Les passent Les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques

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Ateliers Pédagogiquesd’Arts PlastiquesE d u c a t i o n e t E n f a n c e

Les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiquesremercient :

Joël Delaine, Conservateur des Musées Municipaux de Mulhouse,Lionel Pinero, Assistant de Conservation,

Cécile Vincent, Responsable du Service Educatif des Musées municipaux, Mickaël Roy, Médiateur et Conférencier,

Jean-Jacques Freyburger, Conseiller Pédagogique en Arts Visuels,Sara et Virginie des Chantiers Jeunes, organisés par le Pôle Sport et Jeunesse

Crédits

Remerciements

Dossier pédagogique créé par les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques

du Pôle Education et Enfance de la Ville de Mulhouse.

Ont participé à la réalisation et à la rédaction :

Caroline Brendel,Julie Wienhoeft,Mickaël Roy et

Cyrille Saint-Cricq.

16 rue de la Fonderie

68093 CEDEX

tél. 03 69 77 77 [email protected]

Septembre 2010

tableaux à table

Les

passent

Les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques

A d d i t i o n

Les tAbLeAux pAssent à tAbLe

dossier pédAgogique

Ateliers pédagogiques d’Arts plastiques

16 rue de la Fonderie - 68093 MuLhouse Cedex

Présentation p. 2

Sélection et échelle des tableaux p. 3

Les 5 sens

présentation des tableaux p. 5

activités sur place p. 7

activités à emporter p. 8

L’envers du décor

présentation des tableaux p. 9

activités sur place p. 11

activités à emporter p. 12

La fête

présentation des tableaux p. 13

activités sur place p. 15

activités à emporter p. 16

Le set de table - Semaine du goût p. 17

Les ressources pédagogiques

la cuisine à l’école p. 19

les goûteurs de livres p. 19

la cuisine alsacienne p. 20

Les peintres des tableaux passent à table p. 21

Lexique p. 23

Frise Histoire des Arts p. 24

Pour aller plus loin p. 25

Bibliographie et sitographie p. 26

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Merci de votre visiteà bientôt

Bibliographie et sitographie internetLivres

DADA , la gourmandise n° 105

DADA, les 5 sens, n°82

Boucheries, n° 4 éditions du Rouerge

Les carottes sont cuites, petit guide d’expression, édition rue des enfants

L’art à pleines dents, éditions Palette Comprendre la peinture, éditions Eyrolles

10 menus Méga Bons, éditions Tana

Cartes sur table, jeu des 7 familles et recettes, éditions Tana

Le goût dans tous les sens, édition du projet «l’éveil culinaire, un chemin de rencontre du jardin à la cuisine» en partenariat avec l’association EPICES.

Sites internet

La semaine du goût : http://www.legout.com

Manger équilibré : http://www.mangerbouger.fr

Art et cuisine : http://www.la-cuisine.fr/http://artsplastiquesmoselle.wordpress.com/2010/05/04/cuisine-folle-dingue France 5 : http://www.curiosphere.tv/decodart3

L’expérience de l’art : http://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/experience/corps/index.htm

26Bibliographie et sitographie

Les tableaux passent à tableLes Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques du Pôle Education et Enfance de la Ville de Mulhouse ont pour mission de développer l’éducation artistique en direction du jeune public (scolaire, extrascolaire et périscolaire). En proposant des projets artistiques se nourrissant de références et de ressources culturelles locales, les APAP permettent une mise en réseau des différentes structures municipales et communautaires mulhousiennes (Musée des Beaux-Arts de Mulhouse, Kunsthalle, Renouvellement Urbain) et des circonscriptions de l’Education Nationale des Inspections de Mulhouse.

Ce projet «Les tableaux passent à table» invite les enfants à expérimenter des pratiques artistiques en lien avec la cuisine. En favorisant et en créant des passerelles entres arts plastiques et arts culinaires, les APAP souhaitent éveiller les 5 sens et provoquer des rapprochements entre ces deux univers.

Si les arts plastiques et les arts culinaires ont beaucoup de points communs, les intentions diffèrent cependant. Les arts plastiques, liés à la création et à la production d’œuvres éphémères et/ou pérennes, font l’objet d’intentions esthétiques et conceptuelles qui mettent à jour l’univers personnel et singulier de l’artiste. Les arts culinaires, quant à eux partagent les principes de la création et de la production mais leurs finalités, qui émoustillent les sens et suscitent la gourmandise, sont éphémères et ont vocation à être mangées.

«Les tableaux passent à table» permettront aux enfants des écoles mulhousiennes, des sites périscolaires de la M2A et aux participants des «Mercredis artistiques à la Fonderie» d’engager des pratiques artistiques à partir de la découverte de tableaux choisis de la collection du Musée des Beaux-Arts de Mulhouse. Ce choix de tableaux, initié par les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques, regroupe 9 œuvres réparties sur 3 axes : Les 5 sens, la fête et l’envers du décor. Ces thématiques, en marge de l’Histoire des l’Arts, donneront l’occasion aux enfants de mettre en perspective les œuvres rencontrées avec des notions transversales : les lieux de la gastronomie, les arts de la table, les métiers de bouche, les recettes etc.

«Les tableaux passent à table» ont pour objectif de stimuler, chez les enfants, la créativité, l’imagination, le sens critique, la formation et l’expression de jugements personnels mais également de développer l’autonomie et le sens de l’observation et de s’inscrire dans une démarche d’apprentissage. En associant la cuisine aux œuvres rencontrées, les enfants seront également sensibilisés à l’univers du goût et à l’équilibre alimentaire.

«Les tableaux passent à table» se dérouleront en plusieurs temps forts et trouveront différents ancrages. De septembre à octobre, les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques formeront 54 responsables périscolaires et participeront, en partenariat avec le conseiller pédagogique en arts visuels, à la mise en œuvre d’animations pédagogiques à l’attention de 70 enseignants mulhousiens. Les enfants des périscolaires réaliseront dans un premier temps un set de table qu’ils utiliseront au moment du repas de midi durant la Semaine du goût, tandis que les mercredis après-midi, les enfants participeront au projet la «Fonderie gourmande».Puis, à partir de janvier 2011, les APAP développeront des projets artistiques auprès des périscolaires et écoles volontaires.

Pour ouvrir votre appétit artistique et vous accompagner dans vos projets artistiques, les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques vous proposent dans ce dossier pédagogique :

- des lectures de tableaux et les 3 thèmes associés, - des pistes plastiques pour réaliser des activités artistiques avec les enfants, - des pistes d’écriture pour faire dialoguer et parler les tableaux, - des pistes culinaires pour cuisiner des recettes en lien avec les tableaux rencontrés, - des ressources locales pour nourrir et enrichir votre projet,

et pour ceux qui souhaitent un prolongement culinaire, l’action «La cuisine à l’école», initiée par Isabelle Haeberlin, favorise la rencontre entre des chefs cuisiniers et des enfants et parents en mêlant cuisine et arts plastiques.

Cyrille Saint-Cricq,responsable des

Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques

Pour aller plus loin Le Musée des Beaux-Arts de Mulhouse met à disposition des personnes intéressées 3 études qui complètent et développent les 3 thématiques abordées dans ce dossier.

Extraits :

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La fête

« accum eliquis auguerat nos dio delismodo dion utatueratum augue doloboreet, se vullan elismolore volorer aessis dunt niam doloreet, quis nulput vel utat lumsand ipiscilisi essim venit ulputat nulla facil dit, si.Pat. Nit ut at, vent veliqui tio do odipsummod delit velit iriurem doloborem velenibh ent il utem quissequisit ipsusto eros dolendigna conse ver irit lan venis acipit iurer aut la feuisi tat, quisit, velesed enim vent nim ing et, quis alisit iurem et aliquis moloborem qui tie feugue min ut lorer sequisc iduissi et venisci lismod etum nonsequam, sis do commod mincidunt duip esequis...»

Dossier Histoire des Arts, réalisé par Jean-Jacques Freyburger, Conseiller Pédagogique en Arts Visuels.Pour recevoir ce dossier prendre contact avec : [email protected]

L’envers du décor

« Si le thème des cinq sens et plus particulièrement celui du goût est propice à s’intéresser à ce qui se trouve dans nos assiettes, celui de l’envers du décor nous invite à regarder les tableaux différemment: il ne s’agit plus de s’intéresser uniquement à ce que l’on mange, mais aux lieux des actions liées au repas et aux protagonistes de celles-ci. Ainsi, la représentation des lieux, l’attention portée à l’individu, l’intérêt pour le « faire » et les métiers dits de bouche, « sujets » principaux de l’envers du décor, sont abordés à travers deux genres picturaux essentiels, le portrait et la scène de genre.Lorsque l’on parle de décor, il peut être autant question de son ‘endroit’ comme de son ‘envers’ : d’une part, il y a ce qui est donné à voir et à admirer et d’autre part, ce qui n’est pas accessible au regard, caché, discret, confidentiel… Choisir de voir l’envers du décor dans un tableau c’est donc s’intéresser à ce qui d’habitude n’est pas visible, c’est regarder ce qui se passe « derrière », « ailleurs », « à un autre instant » et qui souvent, dans un tableau, tout comme en société, n’est ni montré, ni valorisé…»

Les 5 sens

«Absent de l’art grec, romain et byzantin, le thème

des Cinq sens, sujet traditionnel de l’histoire de

l’art occidental, est représenté depuis la fin du

Moyen-âge. Si la Tapisserie de la Dame à la Licorne,

conservée au Musée national du Moyen-âge (Paris)

en est une des plus célèbres illustrations, il existe

des représentations antérieures dont certaines,

peu nombreuses, sont issues de l’Eglise tandis que

d’autres sont issues en majorité de l’art profane.

Dépourvu progressivement de références religieuses,

après que les sens aient été comparés aux vices et

péchés mortels, le thème appartiendra davantage au

champ vernaculaire, c’est-à-dire, à l’expression du

quotidien et de la réalité tangible.

La thématique des Cinq sens se situe à la croisée

de plusieurs genres picturaux et peut faire intervenir

dans ses représentations à la fois le paysage, le

portrait, la scène de genre et la nature morte. Ainsi,

les Cinq sens peuvent être prétexte à développer à

travers l’espace pictural une composition narrative,

dans la quelle se déroule une action, ou simplement

une représentation contemplative, où l’objet est

représenté pour lui-même. ...»

Aller plus loin

« A table, les tableaux !!! »

Pratiques artistiques autour du projet « Les tableaux passent à table » initié par les Ateliers pédagogiques d’Arts Plastiques de la Ville de Mulhouse.

Le Nouveau Réalisme

Le groupe des Nouveaux réalistes est fondé en 1960 par le pein-tre Yves Klein et le critique d’art Pierre Restany à l’occasion de la première exposition collective à la galerie Apollinaire de Milan.

La Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme, qui procla-mera « Nouveau Réalisme nouvelles approches perceptives du réel », sera signée par Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Jacques Villeglé dans l’atelier d’Yves Klein le 27 octobre 1960.

Ils prennent position pour un retour à la réalité, en opposition avec le lyrisme de la peinture abstraite de cette époque mais sans tomber dans le piège de la figuration connotée (au choix) petite-bourgeoise ou stalinienne, et préconisent l’utilisa-tion d’objets existants pour rendre la réalité de leur temps, à l’image des ready-made de Marcel Duchamp. Ces conceptions

« A table, les tableaux !!! »

Ce supplément permet d’aborder la notion de nourriture dans l’art à travers les Nouveaux Réalistes et le Pop Art américain.

Etudes réalisées par Mickaël Roy du Service Educatif des Musées Municipaux de Mulhouse. Pour recevoir ces études prendre contact avec : [email protected]

Claes Oldenburg, Floor-Burger, 1962

Sélection et échelle des tableaux de la Collection du Musée des Beaux-Arts de Mulhouse

Le XXe siècle

Le XIXe

siècle

Les TempsModernes

Prise

de

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89

Déco

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1492

Le Moyen-Age

1400

1600

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1800

1900

1500

1563

1660

16221620

1650

1680

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1860

1886

2003

PauseAlain Bernardini

Retour du marchéCardin

La dame à la licorne Tapisserie de Cluny

Les noces de CanaVéronese

1739

1- Références artistiques locales Musée des Beaux-Arts de Mulhouse

Nature mortePeter Binoit

Le goûtFrancken Frans II

Nature morteAlexandre-François Desportes

Scène de marchéFarbella

La danse du coqGustave Brion

FarnienteJoseph Bail

La laitièreVermeer

La tailleuse de soupeFrançois Bonvin

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770

à 18

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14Su

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1917

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950

2- Références artistiques mondiales

1890

Intérieur de cuisineSorgh Hendrick

L’histoire des arts porte à la connaissance des élèves des œuvres de référence qui appartiennent au patrimoine ou à l’art contemporain. Ces œuvres leur sont présentées en relation avec une époque, une aire géographique (sur la base des repères chronologiques et spatiaux acquis en histoire et en géographie), une forme d’expression (dessin, peinture, sculpture, architecture, arts appliqués, musique, danse, cinéma) et le cas échéant, une technique (huile sur toile, gravure...), un artisanat ou une activité créatrice vivante.L’enseignement de l’Histoire des arts s’articule autour des cinq périodes historiques du programme d’histoire. Il prend en compte les six grands domaines artistiques.Des pratiques régulières et diversifiées et des références aux œuvres contribuent ainsi à l’enseignement de l’Histoire des arts.

Pour en savoir plus L’Histoire des Artshttp://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/experience/hda/index.htm

Cahier personnel d’Histoire des artshttp://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/experience/cphda/index.htm

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Histoire des arts

2003

Le déjeuner des cannotiersRenoir

1800

1700

1600

1900

1400

3

Allégorie des cinq sensRombouts Theodor

1620

Arrière plan : partie du tableau qui représente ce qui est au loin, exemple dans un paysage, les montagnes sont en arrière-plan.

Calligramme : c’est un poème dont la disposition des mots sur la page forme un dessin, généralement en rapport avec le sujet du texte.

Chef-d’oeuvre : œuvre majeure, parfaite dans son genre.

Clair-obscur : technique de peinture qui permet par de forts contrastes de lumière (clair) et d’ombres (obscur) de donner un relief et du volume au sujet peint.

Composition : c’est l’organisation hiérarchisée d’un espace à deux ou trois dimensions, qui tient compte du format dans lequel elle s’inscrit et dont l’unité d’ensemble dépasse l’addition (la juxtaposition) des éléments qui la constituent. Une composition peut être organisée à partir d’une dominante (généralement centrée) ou comporter un ou plusieurs foyers (pôles d’intérêt décentrés).

Farniente : oisiveté à laquelle on prend plaisir.

Genre : indique la famille d’un tableau par rapport à son appartenance à un sujet ou à une thématique commune. Exemple les portraits, les paysages, les marines etc.

Hybride : animal ou végétal qui résulte du croisement de deux espèces différentes.

Gibier : animal sauvage qu’on chasse pour le manger.

Marmiton : apprenti cuisinier.

Métier de bouche : ce sont tous les métiers liés à la préparation de produits alimentaires pour l’homme tel que celui de boucher, de cuisinier, boulanger, pâtissier etc.

Nature morte : l’expression « nature morte » désigne un sujet constitué d’objets inanimés (fruits, fleurs, vases, etc.) ou d’animaux morts, puis, par extension une œuvre (en peinture ou en photographie, etc.) représentant une nature morte. En Flandre vers 1650, apparaît le terme « stilleven » pour des « pièces de fruits, fleurs, poissons » ou « pièces de repas servis », ensuite adopté par les Allemands (Stilleben) et par les Anglais, « still-life » qui se traduirait par « vie silencieuse ou vie immobile ». Au Moyen-âge on peint essentiellement des sujets religieux, mais la « nature morte » prend tout son essor au XVIième et XVIIième siècles en Flandre et en Hollande. Le terme sera réellement consacré en France aux XVIIIième siècle sous la plume de Diderot et rentrera ainsi dans la hiérarchie des genres en peinture.

Portrait : genre en peinture qui représente l’image d’une personne.

Recette : formule qui permet de préparer un plat.

Ustensile : outil d’usage ordinaire.

Vanité : famille de tableaux faisant partie des natures mortes mais qui intègre des éléments symboliques en rapport avec la vie de l’homme (la mort, la connaissance, les loisirs, les plaisirs...).

Vénerie : chasse à courre.

1

Lexique

23 Lexique

Ce tableau est une nature morte d’Alexandre-François Desportes, peintre officiel de Louis XIV. La scène semble se jouer sur la terrasse d’un château ou d’une riche demeure. En effet, on y voit une balustrade en marbre finement sculptée, décorée de motifs dorés, et sur laquelle reposent un vase en argent, des roses et un lourd tissu de velours vert. Au pied de cette balustrade sont posés un violon et son archet, un vase en argent rempli de fruits à côté duquel gît du gibier. Nous pouvons aussi observer une cruche, un chou et des radis et un livre de partitions. Un chat arrivant par la droite semble guetter quelque chose.Le tableau peut se diviser en trois plans : le premier, en bas, est celui des légumes et de la cruche en argent. Le deuxième plan englobe le violon, le vase avec ses fruits, le gibier, le chat, la balustrade et le tissu. Le troisième et arrière plan montre l’extérieur, avec les roses, l’arbre et le ciel nuageux.Cette composition apporte un certain équilibre au tableau en lui donnant une certaine amplitude (arrière-plan) et en opposant le premier et le deuxième plan (ce dernier étant plus fourni en détails).Nous pouvons distinguer deux sources de lumière : celle de l’arrière-plan qui est probablement le soleil (caché par les nuages) et une autre rasante qui semble venir de la gauche (l’ombre de la cruche à droite), et qui suggère l’aube ou le crépuscule. Elle fait ressortir le blanc du chou-

fleur, le pelage des animaux et par dessus tout les fruits dans le vase en argent, rayonnant comme s’ils absorbaient cette lumière (ils sont d’ailleurs au centre du tableau). La lumière est chaleureuse. Elle produit une impression de convivialité et de sécurité et de par les tons chatoyants de l’ensemble du tableau (malgré les animaux morts), elle dégage une certaine impression de vie.C’est donc une nature moins morte qu’il n’y paraît : la présence de l’arbre, des rosiers en fleur et du chat prêt à bondir contribue à atténuer le caractère de «nature morte». De plus, le violon suggère une présence humaine. Ce tableau symbolise le thème des cinq sens par la présence des roses (odorat), des fruits et des légumes (goût), du pelage des animaux, du marbre lisse ou du tissu (toucher), du violon (l’ouïe) et de la richesse des couleurs (la vue). En outre, ce tableau évoque la fête ou un grand repas car il y a beaucoup de provisions (animaux, végétaux) prêtes à être cuisinées et mangées sur un air de violon.

5. DESPORTES Alexandre (Champigneulle, Ardennes – 1661, Paris, 1743)Peintre français des XVIIième et XVIIIième siècles, Alexandre-François Desportes est connu pour avoir été l’un des premiers artistes à prendre des animaux et des chasses pour sujets principaux de ses tableaux. Desportes a évolué dans l’univers officiel de la monarchie absolue : il fut d’abord admis à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1699 (sur présentation de son autoportrait en habit de chasseur, avec un lévrier, un chien d’arrêt et plusieurs pièces de gibier) avant de devenir, de 1700 à sa mort (1743), le peintre attitré des chiens favoris des rois de France Louis XIV et Louis XV. Pour réaliser ses compositions, Desportes avait l’habitude de travailler « d’après nature » à travers des dessins et des esquisses d’animaux, de plantes et de paysages. Pour être au plus proche de la réalité, Desportes, nommé peintre de la meute royale (vénerie) par Louis XIV, suivait le roi lors de ses chasses à cheval, crayon, plume et papier en mains, attentif à toutes les péripéties. Il se rendait aussi au chenil pour y dessiner d’après nature les plus beaux chiens. Ces travaux préparatoires lui servaient comme point de départ à de grands tableaux décoratifs qui allaient pour certains orner les demeures royales et pavillons de chasse à Versailles ou Compiègne…Formé dans sa jeunesse auprès d’un maître flamand installé à Paris, Desportes allait s’imprégner de la tradition picturale d’Europe du nord, tout en devenant le maître français du XVIIIième siècle dans le domaine de la peinture animalière.

6. FARDELLA Giuseppe (Italie, vers 1680) Peintre italien de la seconde moitié du XVIIième siècle, la vie et l’œuvre de Giuseppe Fardella sont peu connues aujourd’hui. Son nom peut-être emprunté à la ville de Fardella, en Sicile, dont il pourrait être originaire, le fait confondre avec d’autres artistes, eux aussi actifs à cette période et présents dans cette région, tel Giacomo Fardella de Calvello ou Giacomo Farelli. Cependant, d’autres sources le font apparaître en Lombardie, comme peintre de natures mortes, sous le nom de « Pittore di Carlo Torre» ou pseudo-Fardella. D’autre part, les œuvres authentifiées de sa main sont peu nombreuses : l’une connue est religieuse (une Adoration des mages), et peut être mise en relation avec le seul tableau comparable par sa signature, la Scène de marché du Musée des Beaux-arts de Mulhouse. Rare témoignage de l’activité de cet artiste, cette composition témoigne d’abord de la diversité des genres picturaux que pouvaient traiter Fardella, ainsi que d’une vigueur dans le traitement des expressions humaines et d’un souci du détail pour la représentation des éléments du quotidien.

7. FRANCKEN Frans II (Anvers, 1581- 1642)Artiste du XVIIième siècle flamand, il fut l’élève de son père Frans I l’Ancien, avant de devenir un des maîtres les plus actifs d’Anvers. Contemporain de Van Dyck et de Rubens, Frans le Jeune a su développer un art tout personnel et affirmer tout en modestie un genre anecdotique à travers des scènes allégoriques élégantes où il démontra son goût pour le détail et l’accessoire. Francken, qui a travaillé au début sous l’influence de son père, a acquis très vite un style personnel. On reconnaît par exemple son talent de figuriste habile à travers l’élégance de formes légères et sa manière d’exécuter les yeux de ses personnages par des points noirs dans de fins visages. C’est à cet égard qu’il fut considéré comme le dessinateur le plus remarquable de la famille des Francken.

8. LEHMANN Léon (Altkirch, 1873 – 1953)Originaire du Sundgau, Léon Lehmann décide, sur les conseils de Jean-Jacques Henner, d’aller étudier à Paris, à l’Ecole des Beaux-arts. Il fréquente alors l’atelier de Gustave Moreau. Malade, déprimé, il est accueilli de 1900 à 1915 par son ami Georges Rouault. Sa carrière ne débute véritablement qu’après la guerre, période où il quitte définitivement Paris et retrouve la sérénité suite à son mariage en 1921. Reconnu à la capitale comme dans sa région natale, il participera à de nombreuses expositions collectives et sera invité à des expositions personnelles. Peintre de sujets militaires à ses débuts (la guerre l’a profondément affecté), il se consacre ensuite aux natures mortes et aux paysages et enfin aux sujets religieux. Peintre de valeur par la liberté de son style en constante évolution, très influencé au début par Cézanne, non pas inconnu mais méconnu du grand public, il acquiert progressivement une touche très personnelle, à contre-courant des recherches coloristes du siècle.

9. SORGH Hendrick (Rotterdam 1611 – Rotterdam 1670)Peintre hollandais, Sorgh fut l’élève de David Teniers le Jeune dont l’influence sera durable dans le choix de son style et de ses sujets : scènes d’intérieurs populaires et de cuisine élaborées comme des natures mortes. Installé à Rotterdam, il devient l’un des plus importants peintres de scènes de genre de son temps. Il a peint par ailleurs des scènes de marché, des portraits, des scènes historiques et des marines. Sa réputation le fera nommer doyen de la corporation des peintres de la ville, un an avant sa mort.

Ce choix de tableaux permet aux enfants de les découvrir en évoquant les 5 sens : goût, odorat, toucher, vue et ouïe. Cette proposition de 4 lectures d’œuvres engagera des projets artistiques autour d’ateliers tactiles, musicaux, culinaires et d’éveil des sens. Les peintres, quelque soit la période historique, ont toujours tenté de faire passer des messages ou de susciter des émotions au public. Il est toujours intéressant de replacer le tableau dans son contexte de production : commande, mécénat ou libre création, ainsi que dans son contexte historique afin de mieux saisir les intentions de l’artiste. Nous souhaitons que les enfants, en découvrant ces tableaux, se les approprient et s’en servent comme point de départ à un projet personnel.

5

Cette nature morte du XVIIième siècle, est peinte à l’huile sur du cuivre. Au premier plan on voit une grande jatte en porcelaine arborant des motifs bleus orientalistes, remplie de fruits exotiques : agrumes, mangues et grenades. Des clémentines en branche sont simplement posées à droite du saladier (symbole de fertilité) directement sur la table en bois tandis que des fruits ouverts et des amandes éclatées sont disposés devant. Au second plan, un compotier (grande coupe) en métal doré est rempli de friandises. Trois oiseaux exotiques ornent le tableau : une perruche aux ailes rouges est posée sur le bord du plat en porcelaine à gauche du tableau et un couple d’inséparables est posé sur la coupe en or à droite, ce sont tous les trois, des oiseaux exotiques et précieux. Le cadrage frontal donne l’illusion au

spectateur d’être présent dans la pièce. Les couleurs vives et chaudes font penser à une ambiance chaleureuse et les fruits entamés à l’opulence. On peut observer un fort contraste clair-obscur entre l’arrière plan et les sujets du tableau. De plus, la source de lumière frontale focalise le regard du spectateur sur les fruits ainsi mis en lumière. La couleur orange et le jaune des fruits ainsi que la blancheur des friandises attirent le regard. Les touches de vert des feuilles, des mangues et du plumage des oiseaux presque fondus dans l’arrière plan, accentuent le contraste. Les fruits choisis sont rares en Europe du nord à cette époque, seuls les bourgeois ou les nobles pouvait s’en procurer, de plus, la porcelaine chinoise et le compotier doré témoignent de la richesse du propriétaire et connotent la notion de commerce et du goût pour l’Orient. Les oiseaux ont les mêmes couleurs que les fruits. seul leur plumage rouge et jaune permet de les détacher du fond obscur. Bien que dans une nature morte, par définition, il n’y ait pas d’être vivant, on trouve généralement des oiseaux ou des animaux domestiques. Le peintre les considère comme des éléments ornementaux et symboliques et les traite picturalement de la même manière que les fruits. Ils renforcent l’impression de richesse, et ajoutent de l’exotisme, comme les témoins de souvenir d’un voyage lointain. Les friandises indiquent qu’une grande occasion se prépare. Ces nature mortes étaient peintes et offertes à l’occasion d’un mariage. Les convives, les spectateurs peuvent ressentir un sentiment d’exception, une sensation de chaleur et un goût de douceurs acidulées.

Nature morteAlexandre-François DesportesHuile sur toile, 190 cm x 120 cm

Les 5 sens

Nature mortePeter Binoit Huile sur cuivre, 51 cm x 72 cm

22Les peintres des «tableaux passent à table»Les 5 sens

Ce tableau a été peint à l’huile sur du cuivre au début XVIIième siècle. C’est une scène de genre, allégorie du goût, qui fait partie d’une série de trois tableaux, le goût, l’ouïe, et l’odorat. Ce tableau oscille entre la nature morte et le portrait. On y voit un couple manger avec les doigts un copieux repas. En effet, si le portrait du couple occupe les 2/3 supérieurs du tableau, le premier plan, tiers inférieur de la toile, est occupé par le repas. Leurs costumes aux étoffes luxueuses témoignent de leur statut de nobles. D’autre part, dans le tiers inférieur du tableau, on retrouve tous les composants des natures mortes : victuailles, argenterie, verre, fruits, et en arrière-plan un vase de fleurs. Le cadrage serré sur la table, et le point de vue, de face légèrement en plongée, rappellent également ce genre. De plus, le repas occupe la partie centrale du tableau.

Au premier plan, on ne voit de la table que le bord du plateau recouvert d’une étoffe damassée blanche, saturée de plats. Au centre, les mains de l’homme sont affairées à décortiquer une volaille rôtie, posée sur un plat en argent. Elles sont entourées de mets différents : on devine une tourte derrière la volaille, des pommes de terre à gauche au premier plan. Un verre très fin au pied en argent, en bas à droite, presque hors champs, est posé tout au bord de la table. Il suggère la fragilité et la mesure, un geste déplacé et tout peut basculer. Le verre tenu par la femme, tout comme les deux vases (en haut à gauche et posé sur la fenêtre) sont à peine perceptibles. Ils révèlent le savoir-faire pictural de l’artiste à rendre les transparences. Un couteau est aussi posé en équilibre sur le bord de la table, il est symbole de la fragilité de la vie et de la trahison de Judas. Il témoigne également de l’habileté du peintre à rendre les effets de perspective. Le citron posé devant le plat, est un mets cher et rare, il renforce le statut social des époux et ajoute une touche de couleur au tableau, de plus il est symbole de fertilité et de fécondité. Les regards des deux époux induisent une circulation dans le tableau et accentuent la notion de gourmandise. La femme déguste délicatement un petit morceau en dévorant des yeux son mari ; lui n’a d’yeux que pour le repas, et regarde vers le centre, concentré sur ses mains qui décortiquent la bête. Celles-ci forment avec celles de la femme une ligne imaginaire qui remonte vers la bouche de celle ci. Une circulation est ainsi mise en place à l’intérieur du tableau, reliant les deux époux par le regard et la bouche. Le spectateur s’immisce dans l’intimité du couple. Le jeu des regards met en exergue les plaisirs de la chair et la gourmandise, accentué par la sensualité liée au plaisir pris de manger avec les doigts. De plus, le verre de vin que tient la femme dans son autre main représente l’amour des plaisirs terrestres, jusqu’à la luxure. La frontière est mince. D’autant plus que le spectateur est mis en position de voyeur, il est invité à goûter le spectacle avec les yeux.

Les peintres des «tableaux passent à table»

1. BAIL Joseph (Limonest, 1862 – Paris, 1921)Artiste français actif à la charnière des XIXième et XXième siècles. Reconnu par ses pairs, Joseph Bail fut d’abord l’élève de son père avant de se former auprès de Jean-Léon Gérôme et de Carolus-Duran. Son travail fut tout entier tourné vers la peinture de genre et doit surtout sa réputation à des tableaux d’intérieurs. Passionné par le monde de la gastronomie, il peint tout autant la nourriture que ceux qui ont contribué à la préparer. Du travail de Joseph Bail, on peut retenir son talent à rendre avec justesse l’atmosphère de ses scènes de genre comme autant d’instants suspendus. Caractérisées essentiellement par un éclairage en clair-obscur et une lumière vive dûe à l’éclat rayonnant de quelques points brillants, ses compositions habiles et délicates sont comme un hommage à la vie populaire du XIXième siècle, où la représentation de l’homme est au cœur de son travail. L’environnement de l’action a ainsi tendance à s’effacer au profit de ces petits marmitons anonymes, faisant passer la représentation de la scène de genre au portrait silencieux.

2. BINOIT Peter (Cologne, vers 1590 – Hanau, 1632)Peintre allemand d’origine néerlandaise, Binoit se spécialisa dans la peinture de fleurs et de natures mortes. Son plus ancien tableau connu est daté de 1611. Peu variée, sa production comprend essentiellement des vases de fleurs, des gerbes très construites, des corbeilles de fruits avec des oiseaux picorant le raisin, et des repas. Dans ses œuvres, Binoit reste attaché à un stade archaïque de la nature morte où priment le sens décoratif et l’étalement énumératif des objets sur un plan frontal. Ainsi, chaque motif est décrit pour lui-même menant à la découverte de la poésie propre aux objets représentés.

3. BONVIN François (Paris, 1817 – Saint-Germain-en-Laye, 1887)Peintre et graveur français, Bonvin apprend le dessin dans un cours gratuit et profite de son temps libre pour fréquenter les musées dont le Louvre, où il étudie les maîtres flamands et hollandais. Il poursuivra son apprentissage en Flandre et en Hollande, terre de ses peintres préférés. Ses toiles sont bien accueillies au Salon et la reconnaissance officielle viendra avec la remise de la Légion d’honneur en 1870. S’il était aussi doué pour le paysage, Bonvin était surtout considéré comme l’un des meilleurs peintres de genre du XIXième siècle : parfois appelé « le nouveau Chardin », il était reconnu pour ses compositions simples et ses effets de lumières variés.

4. BRION Gustave (Rothau, 1824 – Paris, 1877)Issu d’une famille protestante alsacienne, il débute son apprentissage d’abord auprès du statuaire Friedrich avant de devenir l’élève du peintre Gabriel Christophe Guérin à Strasbourg. En 1850, il se rend à Paris, à la demande de la ville de Strasbourg qui lui avait confié la mission de faire la copie d’un tableau de Delacroix et fonde son propre atelier dans un immeuble appelé la « Boîte à thé ». Comme de nombreux peintres du XIXième, pour parfaire sa formation, il entreprend des voyages d’études notamment en Bretagne, au Pays Basque et en Italie. Peintre de paysages, de portraits, de sujets à caractère rustique, de scènes et de sujets historiques, il se distingue par des tableaux patriotiques notamment après 1870 et tout au long de la période d’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand. Gustave Brion est aujourd’hui connu avant tout comme le peintre de la vie alsacienne de son époque, des costumes, des intérieurs et des traditions populaires de sa région natale.

Le goûtFrancken Frans IIHuile sur cuivre19 cm x 17 cm

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Scène du marchéGuiseppe FardellaHuile sur toile, 100 cm x 160 cm

Ce tableau date de la seconde moitié du XVIIième siècle et fait partie des rares œuvres connues du peintre italien Giuseppe Fardella. Ce tableau est à mi-chemin entre la nature morte et la scène de genre.Trois groupes de personnages se démarquent : à gauche, un marchand et son jeune assistant se tiennent derrière du gibier, composé de lapins et de volatiles. A droite du tableau, le deuxième groupe de personnages (dont le nombre est incertain) présente des femmes qui vraisemblablement font leur marché (d’où le titre du tableau). Devant

elles reposent différents animaux marins qui semblent appartenir au marchand de gauche. En arrière-plan, deux hommes à la

silhouette imprécise, outils à la main, semblent abattre une besogne (troisième groupe de personnages).

Les personnages principaux de la scène (le marchand et la cliente), que le peintre a plus finement détaillés, sont liés par un regard et par un échange de gestes. Tous deux tiennent une marchandise en main (un lapin pour le marchand et un poisson pour la cliente) mais sont séparés par une large pierre plate qui fait probablement office d’étalage.La composition de ce tableau est très marquée : une claire opposition entre les deux personnages semble couper la peinture en diagonale, forme assez originale de séparation. Cette coupure sépare les animaux terrestres et marins ainsi que les marchands et les clients. Deux sources de lumière éclairent la scène : en arrière-plan, celle du troisième groupe de personnages, semble provenir d’un foyer (des forgerons ?) et la seconde, provenant du haut gauche du tableau, est probablement une lumière naturelle extérieure.Une sorte d’agitation se dégage de cette peinture : la chemise de la cliente de droite ne tient plus, son épaule et sa poitrine sont dénudées. Quelque chose tombe de ses cheveux (un ruban bleu) ; cette femme a certainement été bousculée par la foule ou a dû jouer des coudes pour arriver devant. A côté d’elle, deux autres femmes semblent attendre leur tour ; on croirait lire sur leur visage de l’ennui ou de la résignation (leur a-t-on volé leur place ?). Deux mains, dont l’appartenance est incertaine (l’une pointant le marchand du doigt, l’autre tenant une branche de bambou) traduisent l’ambiance agitée et confuse propre aux marchés.Ce tableau vivant est tout en mouvement ; ici, les bras sont levés et les mains occupées à tenir quelque chose. L’étal d’animaux, dans sa disposition chahutée semble témoigner de la même tension et instabilité que le corsage de la femme de droite.La nourriture est au centre du tableau, elle en est le sujet et le lien qui relie les personnages. L’ensemble de la nourriture est peinte dans des tons verdâtres et bruns. Ces couleurs froides ne sont pas appétissantes, au contraire, elles écœurent. Elles semblent diffuser une forte odeur de poisson et de gibier mort. Ce tableau joue avec les matières, les couleurs et les odeurs.

Les 5 sens 6Les peintres des «tableaux passent à table»

Atelier artistique

Objectifs- développer l’imaginaire à travers l’incitation et le détournement d’images d’aliments,- développer la maîtrise du collage et du découpage,- réunir les enfants autour d’un projet commun- échanger, expliquer et justifier par oral sa proposition,- donner aux enfants la possibilité de mettre en place un projet

personnel à partir de fragments d’images.

RésuméA partir des éléments figurant sur la planche, les enfants vont imaginer un paysage en transformant les aliments en maisons, immeubles, arbres...

IncitationIl pleut dehors et le roi a commandé un paysage peint. Aide le peintre royal à fabriquer un paysage à l’aide des ustensiles et aliments qu’il trouvera dans la cuisine.

ConsignesEnumérer les différents types de paysages et les éléments qui les composent.Regarder les différents aliments, les associer oralement à un élément de paysage : le brocoli sera un arbre, les haricots deviendront lampadaires...Faire un exemple devant la classe.

DéroulementEn petits groupes ou tout seul, choisir des aliments dans la planche d’images en fonction de ce qu’ils vont représenter dans ton paysage.Découpe les éléments au plus près.Place les éléments sur une feuille et crée ton décor.Présente-le à l’adulte.Change les éléments de place pour voir si cela enrichit ton paysage.Montre-le encore à l’adulte et colle l’ensemble des éléments.sur une nouvelle feuille, dessine ton paysage gourmand.

Prolongements possiblesPhotocopier la production et mettre en couleur.Créer une maquette en contrecollant les éléments sur du carton puis en les découpant.

Matériel : ciseaux, colle, feutres noirs, feuilles blanches...

Les paysages gourmands

Les ressources pédagogiques locales

Expliquer ce que l’on va faireA partir de l’observation des tableaux, les enfants vont créer, en groupe ou individuellement, des poèmes qu’ils pourront par la suite illustrer dans un calligramme.

IncitationLe peintre du Roi, invité au château pour peindre la nouvelle corbeille de fruits de la Reine, a oublié sa peinture ! Il doit pourtant absolument faire un tableau. Aide-le à dessiner un tableau fait de mots.

ConsignesChoisir un aliment dans un des tableaux de Desportes.

Faire le portrait de cet aliment, définir sa forme, son goût, le son qu’il peut produire, son utilisation, de quelle manière on peut le préparer, le nom des plats dans lesquels on le trouve.

Ecrire une recette grâce à ces définitions, essayer de trouver des rimes.

Agencer les phrases pour en faire un poème.

Présenter son poème au groupe.

Cette raie ,sur le mur,a l ’a ir bien fraîche,ça c ’est sûr,je la ferai en saucesi je l ’ose . . .

Références : les calligrammes d’Apollinaire.

Dépeindre sans peindre

Activités sur placePoursuivez la découverte des tableaux en proposant aux enfants de participer à un atelier de pratique artistique ou à un atelier d’écriture directement «sur place» au musée.

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Atelier d’écriture

Les 5 sens7

La cuisine Sundgauvienneau Musée Historique de Mulhouse

Le Service Educatif du Musée Historique de Mulhouse vous propose des ateliers d’écriture autour de la présentation d’une cuisine sundgauvienne. Vous pourrez à partir des ustensiles et objets présentés pour amorcer ou réaliser des ateliers d’écriture afin que les enfants découvrent et se réapproprient le quotidien du XIXième siècle. Vous pouvez vous procurer dans le détail ces différentes activités auprès du Service Educatif du Musée Historique. Contact : cé[email protected] tél. 03 69 77 77 90

Le jardin de tous les sensau Parc zoologique de Mulhouse

Le jardin de « tous les sens », aménagé en 1999/2000 par le Service des Espaces Verts, propose une découverte des végétaux autre que par l’approche exclusivement visuelle. L’espace de 4000 m² présente plus de 200 espèces d’arbres, arbustes et plantes vivaces dont le but est de mettre en valeur les couleurs, les odeurs, le toucher ou le goût.Contact : [email protected]

Les ressources pédagogiques locales

Les goûteurs de livresCentre de Ressources - Lecture Ecriture

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La cuisine à l’écoleDepuis la rentrée, un projet original d’école de cuisine multisite est expérimenté à Colmar, en même temps qu’à Mulhouse, en attendant peut-être Strasbourg. Isabelle Haeberlin, la directrice de la maternelle Les Pâquerettes qui en est à l’origine...

Contact : [email protected]

Le Centre de Ressources de la M2A met à disposition des acteurs culturels des malles thématiques prêtes à l’emploi. Dans chaque malle se trouve une sélection de livres, des jeux, des accessoires et des fiches pédagogiques, en lien avec le thème. L’emprunt d’une malle donne la possibilité de venir au Centre de Ressources, à une séance découverte d’atelier sensoriel en lien avec la thématique. Un atelier dure environ une heure et l’objectif est toujours la découverte d’un livre jeunesse. Contact : é[email protected] tél. 03 69 77 77 55

Les ressources pédagogiques locales Les 5 sens

Soyez gourmands!

Prolongez la visite du musée grâce à ces «activités à emporter» en classe ou sur site périscolaire.Invitez ainsi les enfants à élaborer et à tester des recettes de cuisine en lien avec les tableaux vus au musée. Vous pouvez engager avec eux un projet artistique de plus longue haleine afin de stimuler leur imagination et leur créativité.

Activités à emporter !

Projet artistique

Objectifs - stimuler l’imaginaire à partir des 5 sens- réinvestir des notions abordées lors de la lecture d’œuvre par la pratique- développer la notion de composition- aborder la notion de 3D et 2D, d’échelle et de perspective- opérer des choix de matières par analogie avec le toucher

Résumé Création d’une nature morte tactile, à lire avec les doigts, et à savourer avec les yeux.

Incitation C’est la panne de courant, catastrophe ! Ce soir nous recevons des invités à manger, ils devront découvrir le menu à tâtons. Nous allons créer un menu tactile, à lire avec les doigts.

Séance 1: choisir collectivement un menu avec les enfants. Déterminer et lister les ingrédients et les contenants. Dessiner au feutre sur une feuille à dessin tous les éléments de la liste, dissociés.Reproduire les ingrédients sur du carton brun, à taille réelle.Découper et coller des pattes en carton derrière chaque élément pour qu’il tiennent debout.Composer collectivement la nature morte en 3D : répartir les éléments sur les différents plans. Tester différentes compositions.Photographier chaque proposition. Exploiter le vocabulaire spécifique : 1er plan, 2ième plan …

Séance 2 : faire un tirage sur papier A3 de différentes propositions de la nature morte collective. Verbalisation autour des photos de la nature morte. En choisir une pour la classe.Peindre la photocopie de la nature morte. Peindre les ingrédients dissociés, dessinés au feutre.

Séance 3 : amener des fruits, légumes ou objets qui entrent dans la composition de la nature morte.Récolter des matières pour créer une banque de matières : vieux vêtements, peluches, textiles, plastiques, papiers divers (de verre, plastique, kraft…). Expliquer la notion de matières tactiles.Expérimenter les yeux fermés le panel de matières et choisir une matière par objet ou ingrédient en analogie avec le toucher du réel. Reproduire la forme de l’objet choisi sur la matière, le découper et le placer dans la nature morte de la classe, le coller.

Séance 4 : découper au plus près les dessins individuels d’ingrédients. Choisir des matières pour chaque ingrédient, les reporter dessus et découper. Composer individuellement une nature morte en disposant les découpages peints et de matières, sans les coller.Inviter les enfants à modifier leur composition afin de donner l’illusion des différents plans par superposition des éléments et inciter à utiliser tout l’espace de la feuille.

Séance 5 : Les menus-natures mortes sont disposés dans des enveloppes et sont d’abord à découvrir tactilement afin de deviner le menu de chacun.

Variantes : la mise en couleur peut être associée au goût, en réalisant un nuancier par analogie goût–couleur.

La table des matières

La salade de fruits d’hiverRecette

Ingrédients (pour 4 personnes)

- 4 oranges- 2 kiwis- 1 pomme- 2 tranches de mangues- 1 banane- 1/2 cuillère à café de poudre de cannelle- 2 oranges (pour faire du jus)

Déroulement

1- Evider les 4 oranges pour les utiliser comme récipients.2- Couper les fruits en fines lamelles ou en petits dés.3- Ajouter le tout dans un grand saladier.4- Presser ensuite les 2 oranges restantes et ajouter le jus dans la salade.5- Ajouter une toute petite cuillère de cannelle dans le saladier.6- Répartir le contenu du saladier dans les 4 oranges évidées.7- Mettre au frais 10 min.

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L’envers du décor

Ce tableau a été peint à l’huile sur de la toile au XVIIième siècle. C’est une peinture de genre qui montre une cuisinière à l’ouvrage. Les tons sont plutôt chauds : marrons, jaunes, ocres. Au centre du tableau, baignée de lumière, se trouve la cuisinière tournée de ¾ vers la fenêtre à gauche du tableau, seule source de lumière. Elle est assise, occupée à peler des champignons et des oignons, disposés sur ses genoux dans un panier. Une certaine douceur se dégage de la scène, par les couleurs et la lumière. Un chat est couché, dissimulé sous la jupe et le tablier de la cuisinière affairée, il regarde le peintre, et donc le spectateur, ce qui donne une impression d’être pris en train de regarder une scène à la dérobée. De plus, au premier plan, à gauche en contrejour, on peut distinguer un tonneau et un tonnelet, ce qui donne l’impression que le spectateur est dans la pénombre et n’est donc pas vu par la cuisinière. Le chat surpris, surprend le spectateur.De par l’opulence des ingrédients (gibier, poisson, viande...) on peut supposer qu’un grand repas se prépare dans cette cuisine. Les grandes fenêtres, à gauche et le manteau de la cheminée en arrière plan, suggèrent que la scène se passe dans la cuisine d’une grande famille bourgeoise. Les ustensiles posés sur l’étagère en haut à gauche sont en cuivre (métal précieux). Tout est encore ordonné et calme, les animaux sont encore entiers, les préparatifs commencent seulement.

Cette sélection de tableaux permet d’aborder les à-côtés de la cuisine : l’envers du décor. Du marché à la cuisine, du produit au plat cuisiné, tous les temps forts de la préparation du repas sont ici regroupés. Ces tableaux vous feront découvrir les lieux propices à l’élaboration de festins où des hommes et des femmes qui par leur savoir-faire, en sont les acteurs/créateurs.

L’envers du décor

Intérieur de cuisine Sorgh HendrickHuile sur toile, 60 cm x 70 cm

Ce peintre est un passionné de gastronomie. Son travail combine la représentation de l’homme et le monde de la nourriture. Cette peinture représente un jeune marmiton, probablement en pause, dans ce qui semble être une arrière-cuisine.Le marmiton, vêtu d’une chemise rouge, d’une toque et d’un tablier blanc, est entouré d’ustensiles de cuisine propres : des louches, une grosse marmite, etc. La nappe froissée sous ses bras permet un rappel de couleur avec sa toque et son tablier tout en mettant le jeune homme en valeur. L’arrière-plan est très sombre ; derrière le marmiton se cache un chat et l’on aperçoit un tableau sur le mur. A droite, une porte vitrée et fermée donne sur une autre pièce, dans laquelle sont exposés d’autres ustensiles (louche, cruche). Cette porte est à demi-voilée, et donne une certaine intimité à la scène. Les couleurs sont peu variées, seul le rouge de la chemise du marmiton est vif et attire le regard. Le doré des ustensiles de cuisine permet d’établir un équilibre en faisant concurrence au rouge, avec l’aide du blanc lumineux des habits et de la nappe.Il y a deux sources de lumière : celle de l’arrière-plan, qui semble provenir d’une fenêtre de l’autre pièce et celle qui illumine le marmiton. Il semblerait que la scène ait lieu en fin de journée ; la fatigue du marmiton, la nappe froissée, les ustensiles propres et rangés tendent à croire que le repas est terminé et que le marmiton prend une pause ou bien qu’il a fini son service. C’est l’envers du décor. Le spectateur a l’impression de surprendre le marmiton dans sa solitude, comme s’il le regardait par le trou d’une serrure. Il ne s’attend pas à être observé à en juger sa position avachie car il semblerait que la porte derrière lui soit l’unique issue de cette pièce, et donc le seul moyen d’y jeter un coup d’œil (porte qu’il peut d’ailleurs voiler selon sa volonté, afin d’être à l’abri des regards).

FarnienteJoseph BailHuile sur toile, 70 cm x 100 cm

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Ce tableau date de la seconde moitié du XVIIième siècle et fait partie des rares œuvres connues du peintre italien Giuseppe Fardella. Ce tableau est à mi-chemin entre

la nature morte et la scène de genre. Trois groupes de personnages se démarquent : à gauche, un marchand et son jeune assistant se tiennent derrière du gibier, composé de lapins et de volatiles. A droite du tableau, le deuxième groupe de personnages (dont le nombre est incertain) présente des femmes qui vraisemblablement font leur marché (d’où le titre du tableau). Devant elles reposent différents animaux marins qui semblent appartenir au marchand de gauche. En arrière-plan, deux hommes à la silhouette imprécise, outils à la main, semblent abattre une besogne (troisième groupe de personnages). Les personnages principaux de la scène (le marchand et la cliente), que le peintre a plus finement détaillés, sont liés par un regard et par un échange de paroles. Tous deux tiennent une marchandise en main (un lapin pour le marchand et un poisson pour la cliente) mais sont séparés par une large pierre plate qui fait probablement office d’étalage.La composition de ce tableau est très marquée : une claire opposition entre les deux personnages semble couper la peinture en diagonale, forme assez originale de séparation. Cette coupure sépare les animaux terrestres et marins ainsi que les marchands et les clients. Deux sources de lumière éclairent la scène : en arrière-plan, celle du troisième groupe de personnages, semble provenir d’un foyer (des forgerons ?) et la seconde, provenant du haut gauche du tableau, est probablement une lumière naturelle extérieure.Une sorte d’agitation se dégage de cette peinture : la chemise de la cliente de droite ne tient plus, son épaule et sa poitrine sont dénudées. Quelque chose tombe de ses cheveux (un ruban bleu) ; cette femme a certainement été bousculée par la foule ou a dû jouer des coudes pour arriver devant. A côté d’elle, deux autres femmes semblent attendre leur tour ; on croirait lire sur leur visage de l’ennui ou de la résignation (leur a-t-on volé leur place ?). Deux mains, dont l’appartenance est incertaine (l’une pointant le marchand du doigt, l’autre tenant une branche de bambou) traduisent l’ambiance agitée et confuse propre aux marchés.Ce tableau vivant est tout en mouvement ; ici, les bras sont levés et les mains occupées à tenir quelque chose. L’étal d’animaux, dans sa disposition chahutée semble témoigner de la même tension et instabilité que le corsage de la femme de droite.La nourriture est au centre du tableau, elle en est le sujet et le lien qui relie les personnages. C’est l’envers du décor, la première étape de la préparation d’un repas, lorsque les animaux ont encore tous leurs poils, toutes leurs plumes et leurs écailles. Le peintre s’intéresse ici aux actions quotidiennes, banales mais nécessaires, qui donnent par la suite naissance à un festin magnifique et à des mets délicieux.

L’envers du décor

Dans ce tableau, nous voyons une jeune femme qui coupe du pain. La tailleuse de soupe est vêtue d’un haut rouge cette couleur est tonique, celle-ci appelle le regard et nous permet d’entrer dans l’œuvre. Le fond est foncé (bleu, gris, vert) l’ardoise et la chaise sont beaucoup moins détaillées que le reste. La coiffe de la jeune fille rappelle la nappe et le tablier, cela cadre l’action et délimite le champ du regard. Le personnage est au centre mais l’action est excentrée. La lumière provient d’en haut à gauche et porte l’attention sur le sujet principal du tableau. La miche de pain, la main, la bouteille et la poterie sont beaucoup détaillés que le fond plus sombre. Le point de vue en légère contre-plongée et la posture de 3/4 du personnage donne l’impression qu’on entre dans son intimité, la cuisine, arrière lieu réservé aux domestiques

La tailleuse de soupeFrançois BonvinHuile sur bois, 17 cm x 10 cm

Scène du marchéGuiseppe FardellaHuile sur toile, 100 cm x 160 cm

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Le set de table Pour la «Semaine du goût», les Ateliers

Pédagogiques d’Arts Plastiques éditent un set de

table.

Le recto, sous forme de jeu, servira de support lors

de la visite commentée au musée.

Le verso accueillera les productions réalisées par

les enfants à l’école.

Le set pourra être plastifié et disposé à table lors

des repas.

Inventer une histoire qui raconte le tableau.

RésuméLes enfants vont créer des dialogues entre les tableaux en donnant vie aux personnages qui les habitent. Une fois les dialogues créés et transcris, les situations pourront être mises en scène à la manière d’un roman photo.

IncitationEn cuisine la journée, ça mijote, mais la nuit, ça papote ! Vous allez vous mettre dans la peau des personnages que vous voyez sur les tableaux et improviser des dialogues.

ConsignesFaire asseoir les enfants au milieu des tableaux.

Choisir un ou plusieurs personnages dans la série des tableaux présentés. Les personnages peuvent être les hommes et femmes qui habitent les tableaux, les animaux et même la nourriture à laquelle on peut donner vie.

Demander aux enfants de se mettre par petits groupes devant un tableau et d’inventer des dialogues.

Jouer la scène devant le groupe.

Les tableaux taillent une bavette autour du tableau Nature morte

d’Alexandre-François Desportes.

Mots clés : mise en scène / art de la table / volume / photo

Objectifs- développer l’imaginaire par la production d’une histoire écrite et par la mise en scène d’éléments extraits du tableau.- dessiner la scène du repas avec tous les éléments du tableau.- produire les éléments nécessaires en carton.- composer et mettre en scène.

RésuméA partir de tous les éléments nécessaires à la préparation de la fête présents dans ce tableau, les enfants vont devoir ima-giner et mettre en scène le repas royal et les convives invités.

IncitationCe soir le roi mange chez vous. Préparez la table, les plats royaux en abondance pour le recevoir comme il se doit.

Techniques abordées : dessin, assemblage, composition et photographie.

Déroulement Séance 1 : dessiner la scène du repas.Imaginer les plats qui seront servis au roi (recettes traditionnelles ou farfelues). Pour vous aider, lister les ingrédients contenus dans le tableau de Alexandre-François Desportes.

Dessiner les plats.Séance 2 : préparer la table, fabriquer tout ce qui doit s’y trouver nappe, couverts, verres, plats, serviettes, cruches... Séance 3 : préparer les costumes des convives (couronnes, robes...). Penser aux musiciens, jongleurs et autres fous du roi.Séance 4 : mettre la table et demander aux enfants de se mettre en scène tout autour.Prendre une photographie de la scène.Les enfants peuvent présenter un par un leur plat au roi pour plus de solennité. Prendre à chaque fois la présentation du plat en photographie.

ProlongementsUtiliser les costumes et accessoires pour créer une histoire mise en scène et imaginée par les enfants.Peindre la photo pour réaliser un tableau proche des scènes de genre du XVIième siècle.

Matériel : carton, objets de récupération et détournés, tissus...

Le repas royal

Ateliers d’écriture Projet artistique

Activités sur placePoursuivez la découverte des tableaux en proposant aux enfants de participer à un atelier de pratique artistique ou à un atelier d’écriture directement «sur place» au musée.

Activités à emporter !Soyez gourmands!

Prolongez la visite du musée grâce à ces «activités à emporter» en classe ou sur site périscolaire.Invitez ainsi les enfants à élaborer et à tester des recettes de cuisine en lien avec les tableaux vus au musée. Vous pouvez engager avec eux un projet artistique de plus longue haleine afin de stimuler leur imagination et leur créativité.

La fête

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RecetteLe canard aux olives

Ingrédients (pour 6 personnes).

- 1 beau canard de 2 kg environ- 250 g d’olives vertes dénoyautées - 2 cuillères à soupe d’huile- 30 à 50 cl de vin blanc sec

- 2 tomates pelées - 1 oignon- 3 gousses d’ail- thym- laurier- persil- 1 cuillère à soupe rase de farine- sel et poivre

Préparation1- Peler et émincer l’oignon. Peler et épépiner les tomates.2- Découper le canard, faire dorer les morceaux dans l’huile chaude. 3- Ajouter les tomates et l’oignon émincé. Lorsqu’ils sont revenus, saupoudrer de farine, saler et poivrer.4- Verser le vin blanc, un verre d’eau, et aromatiser avec le thym, le laurier et les gousses d’ail écrasées.5- Ajouter les olives, laisser mijoter pendant 1 h.

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Objectifs- développer l’imaginaire à travers le détournement d’images de pièces de machines et d’ustensiles,- développer la maîtrise du collage et du découpage,- réunir les enfants autour d’un projet commun,- échanger, expliquer et justifier par oral sa proposition,- donner aux enfants la possibilité de mettre en place un projet personnel à partir de fragments d’images.

Expliquer ce que l’on va faireA partir d’une même base (décor de cuisine et planche d’éléments), les enfants vont imaginer un robot ménager à mettre en scène dans le tableau «l’intérieur de cuisine» de Sorgh .

IncitationCe soir tu as un repas important à réaliser pour tes amis. Mais le robot ménager qui devait te servir à le préparer a disparu. Fouille vite dans les tiroirs et placards et cherche des éléments pour en reconstruire un nouveau. Une fois ton robot réalisé, tu devras le mettre en marche.

ConsignesLister les différents éléments contenus dans la planche. Puis regarder en premier ce qui peut servir à la réalisation du corps du robot (les pièces les plus grandes).

DéroulementChoisir dans la planche les éléments nécessaires à la réalisation du robot ménager (6 à 8 éléments).Découper au plus près.Echanger avec ses camarades les éléments non utilisés.Essayer différentes associations jusqu’à ce que le robot prenne corps. Lui trouver un nom et imaginer le plat qui va en sortir. Le présenter à l’adulte.Effectuer de nouvelles associations. Coller l’ensemble des éléments.Choisir un mode de démarrage du robot : manivelle, bouton, ou levier à actionner.Sur une nouvelle feuille, les enfants vont se dessiner en train de mettre la machine en marche. Il découpe le dessin et le colle dans la scène de la cuisine à côté de leur machine.

Prolongements en classeRéaliser le plat qui sort de la machine par dessin, collage, volume, le prendre en photo et l’intégrer à la scène de cuisine.Prendre en photo les enfants démarrant la machine. Découper et coller la silhouette dans la scène de cuisine.Créer un catalogue de robots ménagers avec description du fonctionnement (mode d’emploi) et des tâches réalisées.

Matériel : ciseaux, colle, feutres noirs, feuilles...

Atelier artistiqueLe robot ménager

11 L’envers du décor

L’envers du décor

Activités sur place

Y a pas que la télé et les livres, y a les tableaux aussi ! Mijotés d’histoire

RésuméLes enfants vont imaginer l’histoire dans le tableau.

IncitationVous allez inventer des histoires à partir des tableaux. Essayez de deviner à quoi pense le marmiton, pourquoi la tailleuse de soupe a l’air si soucieuse, quel sera le menu du chat : lapin ou faisan ?

ConsignesChoisir un tableau.Amorcer un questionnement : pourquoi le marmiton a-t-il l’air si fatigué ? Que fera la tailleuse de soupe quand elle aura fini de préparer son repas ?

Est-ce que le chat va réussir à attraper le faisan avant que quelqu’un ne s’en aperçoive ? Que peuvent bien penser les fruits dans leur corbeille ?

Demander aux enfants de répondre à une de ces questions et de raconter une histoire qu’ils complèteront tour à tour. Demander au premier enfant de commencer l’histoire par « il était une fois » et de choisir un élément, un aliment ou un personnage sur un tableau :

« Il était une fois un marmiton »Demander à l’enfant suivant de continuer l’histoire :

« qui s’ennuyait dans sa cuisine »et ainsi de suite.

Atelier d’écriture

Poursuivez la découverte des tableaux en proposant aux enfants de participer à un atelier de pratique artistique ou à un atelier d’écriture directement «sur place» au musée.

Ustensiles en majestéObjectifsDévelopper l’imaginaire à travers l’incitation et le détournement d’images d’ustensiles de cuisine.Développer la maîtrise du collage et du découpage.Réunir les enfants autour d’un projet commun.Echanger, expliquer et justifier par oral sa proposition.Donner aux enfants la possibilité de mettre en place un projet personnel à partir de fragments d’images.

RésuméA partir d’une même base, les enfants vont devoir créer un costume.

IncitationVous avez reçu un courrier :« Vous êtes invités au bal costumé au château du Roi qui organise le concours du plus beau costume. Pour cela, Vous devrez réaliser un costume imaginaire à partir d’ éléments que l’on peut trouver dans une cuisine. Soyez créatifs. À ce soir pour le dîner.»ConsignesRéfléchir et verbaliser à propos du costume à créer : qui porte des costumes, de quoi sont-ils composés, à quoi servent-ils (superhéros, costume-cravate, robe de bal, tutu de danseuse, armure de chevalier...).Regarder les différents ustensiles de la fiche d’images et imaginer quel objet pourrait se transformer en sac, chapeau, robe...Faire un exemple avec la classe.

DéroulementChoisir dans la planche en annexe des ustensiles ou morceaux d’ustensiles qui t’intéressent pour réaliser ton costume (6 à 8 éléments).Les découper au plus près.Echanger les éléments dont on n’a plus besoin.Placer les éléments sur le personnage choisi (fille ou garçon) et essayer différentes compositions.Enrichir le costume avec d’autres ustensiles, le montrer à l’adulte.Coller l’ensemble des éléments sur le personnage.Prolongement en classe Sur une nouvelle feuille, dessiner le collage réalisé en atelier et le mettre en couleur.Réaliser un catalogue de costumes sous forme de mélimélo.Rigidifier le personnage habillé de son nouveau costume afin de le transformer en marionnette et mettre en scène lors du dîner au château.MatérielCiseaux, colle, feutres noirs, feuilles blanches...

Atelier artistique

15 La fête

Activités à emporter !Soyez gourmands!

Prolongez la visite du musée grâce à ces «activités à emporter» en classe ou sur site périscolaire.Invitez ainsi les enfants à élaborer et à tester des recettes de cuisine en lien avec les tableaux vus au musée. Vous pouvez engager avec eux un projet artistique de plus longue haleine afin de stimuler leur imagination et leur créativité.

Des corps de table

Mots clés : détournement / nature morte / corps / repas

Techniques : peinture, collage, photo

Objectifs- développer l’imaginaire à travers l’incitation et le détournement de parties du corps- être capable d’organiser graphiquement les éléments figuratifs du repas (mise en scène)- réunir les enfants autour d’un projet commun- définir la composition d’un menu (entrée, plat, dessert), notions d’équilibre alimentaire (laitages, fruits, légumes, féculents..)- appréhender la technique du trompe-l-oeil- découvrir des démarches artistiques

RésuméLes enfants vont détourner des parties de leurs corps pour en faire des aliments, ensuite, sur et à travers un châssis, ils se regrouperont pour créer un repas.

IncitationNous allons réaliser une table piégée sur laquelle nos mains, nos joues, nos oreilles ou nos doigts de pieds se transformeront le temps d’une photo en mets succulents.

DéroulementSéance 1 : verbalisation autour du repas, de la composition d’un menu. En quoi peuvent être transformées des parties du corps ?Dessins et monotypes d’aliments.Détournement de parties du corps sur photos (voir planche).

Séance 2 : préparation du châssis. Référence à Daniel Spoerri.Croquis de la table, nappe et ustensiles.Préparation des menus (avec ou sans la contrainte de préparer un repas équilibré, un repas pour plusieurs personnes, le même repas que celui servi à la restauration scolaire, le plat préféré...).

Séance 3 : réalisation des ustensiles en carton d’emballage.Cerner les objets au marqueur noir.Installation des tables (collage, découpage).

Séance 4 : peinture des parties du corps et photo.

Valorisation : impression et accrochage des photos, rédaction des menus...

Matériel : châssis, toile, carton, peinture, ustensiles de cuisine, éléments de la table, pistolets à colle, etc.

Références artistiques : Spoerri, Picasso, ...

Projet artistique

Le pain perdu créoleRecette

Pour 6 enfants.

Ingrédients- 6 tranches de pain rassis- 2 oeufs battus en omelette (dans une assiette) - 1/2 l de lait (dans une autre assiette) parfumé avec: - une grosse pincée de cannelle - 1 belle pincée de muscade - 1 zeste râpé de citron vert (non traité) - du sucre roux selon votre goût - quelques gouttes de vanille - vous pouvez ajouter des épices

Déroulement 1- Mélanger et laisser infuser le lait parfumé aux épices quelques minutes. 2- Tremper les morceaux de pain rassis d’abord dans le lait parfumé, afin qu’ils soient bien imbibés. 3- Puis les passer dans les oeufs battus. 4- Les mettre délicatement dans une large poêle avec du beurre ou autre bien chaud, faire dorer de chaque côté, déposer sur un papier absorbant. 5- Puis, les disposer dans un plat et saupoudrer de sucre vanillé.

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Ce tableau est une nature morte de très grande taille, qui ornait les demeures ou pavillons de chasse royaux. La scène se passe sur un balcon derrière lequel apparaît au loin une forêt. Elle représente la préparation d’une fête d’un roi ou d’un seigneur, les nombreuses dorures et les coupes en métal précieux ciselé en attestent. Ce tableau honore l’agilité du chasseur (seuls les

seigneurs avaient le droit de chasse). Il atteste de l’opulence et de l’exception des réceptions données par le maître de maison. Tous les ingrédients y sont présentés. Ici, le gibier qui vient juste d’être tué, et jeté négligemment sur le haut des marches, attend d’être préparé. Les fruits (melon, figues et pêches) sont présents en grande quantité, alors qu’ à l’époque ce sont des aliments rares et chers. Ces fruits sucrés sont synonymes de douceur que l’on peut associer au faste, à l’insouciance de l’opulence.

La cruche en or est finement ciselée et servait à verser du vin lors des banquets. Le sujet qui y est représenté est un clin d’œil aux bacchanales célébrant les divinités le dieu Bacchus, le dieu de la vigne, du vin et de ses excès. La fête sera grandiose. On pourra y boire, y manger mais aussi écouter de la musique et pourquoi pas danser.

La viole de gambe, instrument à 6 cordes dérivé du luth, est très utilisée à l’époque de la musique baroque. Cet instrument se joue tenu entre les jambes. Ici, il est richement orné d’une tête sculptée et posé sur une étoffe rouge, il fera partie des divertissements de la réception.

L’étoffe de velours rouge, probablement la nappe du repas, découvre le bas relief de la rambarde du balcon. A la différence de la vanité, où le tissu représente les apparences en cachant une simple table, ici le tissu luxueux découvre une rambarde de balcon toute aussi luxueuse. On y voit encore une référence à la mythologie grecque : une chèvre, chahutée

par des enfants, rappellant Amalthé, nourrice de Zeus qui, en jouant avec lui aurait cassé une corne, qui deviendra la corne d’abondance. Encore une fois le faste est ici célébré.

Il est fréquent, malgré le terme de nature morte, que l’on voit des animaux représentés dans les tableaux. Le perroquet est considéré comme un objet de décoration, apportant une touche d’exotisme. En opposition avec les oiseaux morts, il apporte ici de la couleur.

Tous ces ingrédients nécessaires à la préparation d’un événement majeur promettent une fête grandiose et raffinée.

La Danse du coqGustave BrionHuile sur toile, 109 cm x 157 cm

Nature morteAlexandre-François DesportesHuile sur toile,190 cm x 120 cm

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La fêteCe troisième thème nous permet d’aborder la thématique de la fête. L’homme affectionne les occasions de faire la fête, peut-être pour garder un lien social mais surtout pour partager joie, amitié et bons moments entre amis autour de succulents plats. Qu’en restera-t-il dans 10 ans? Des bons souvenirs toujours associés au repas consommé et aux plats dégustés.

Ce tableau représente une scène de la tradition populaire alsacienne. Il s'agit d'une scène de genre qui montre sur le vif le début de la Danse du coq, pittoresque fête villageoise qui avait lieu le 14 juillet.

On y voit un groupe de villageois, dont le meneur tient un coq attaché au bout d'une perche. Des jeunes filles et d'autres hommes de son âge l'accompagnent dans ce cortège qui se dirige apparemment vers le lieu des réjouissances. Alentour, badauds, curieux, villageois et musiciens se pressent ou non en regardant passer le groupe.

La scène se déroule à l'entrée d'un village ou dans une place arborée. Les villageois ont avancé les tables jusque dans cette clairière dans laquelle va se dérouler le jeu. À l'arrière-plan, on peut apercevoir quelques maisons du village déserté pour l'heure en attente des réjouissances.

Le coq, symbole universel, incarne le courage et l'intelligence. Lors de cette fête, il permet aux villageois de perpétuer, à travers le rite de la Danse du coq, la fertilité, la fraternité et la fidélité au clan. Le tableau montre en tout un peu plus d'une quinzaine de personnages, divisés entre le cortège et les spectateurs.

Le cortège est constitué de quatre hommes et de deux femmes. La joie et la fierté se lisent sur leurs visages. L'un porte le drapeau français, ce qui donne un caractère patriotique à cette fête. L'autre homme porte un plat et balance son chapeau à bout de bras, peut-être bat-il le rythme de la musique qu'égrennent le violoniste et le clarinettiste, yeux fermés, en arrière-plan...

Une femme s'essuie les mains dans son tablier tandis que l'autre tient un canard qui porte autour du cou un collier de fleurs rappellant celles qui ornent la robe de la jeune femme. Les deux femmes portent le costume traditionnel alsacien. Alentour de ce cortège, les villageois ont préparé les tables, et certains d'entre eux y sont déjà installés. Dans les verres, on devine la bière dorée à la mousse blanche. Sur les assiettes, les couteaux sont posés, quelques restes trônent, indiquant que l'heure du repas est passée.Le tableau se découpe en deux moitiés. Sur la gauche, le cortège, le coeur de l'action, en marche vers le lieu des réjouissances, chante et festoye. Tandis que du côté droit, les villageois assistent calmement à leur passage. Même le chien, presque au centre du tableau, attend sagement la suite des événements.

Une atmosphère douce et chaleureuse se dégage de ce tableau. L'ambiance y est au partage et à la fraternité. Des hommes et des femmes se tiennent par le bras en signe d'union. L'homme à la pipe, sur la droite du tableau regarde la scène d'un air paternel tandis que des jeunes gens cachés derrière les arbres au second plan montrent une curiosité presque enfantine envers le convoi.

Le cortège, soudé, marche presque de front au premier plan, à la hauteur des tables que les villageois ont ramenées pour l'occasion. On y voit également sur la droite ces deux femmes qui se tiennent par le bras.Au second plan, les musiciens et quelques curieux regardent la scène.Au troisième plan, un homme, seul, à demi caché derrière le mur d'une

maison bordant la forêt, regarde le cortège. Et enfin en arrière-plan, le village, dont les maisons aux pierres claires illuminent la scène.

Le coq se situe sur la partie haute du tableau, dans la zone lumineuse apportée par le village en arrière-plan. Attaché au bout de la perche que tient le jeune homme qui conduit le cortège, il est surélevé par rapport à la foule. Ses ailes ouvertes montrent qu'il se trouve dans un équilibre précaire. Son regard pourtant reste fier, presque insolent et fixe le spectateur. Peut-être sait-il déjà ce qui l'attend. Sa pose, malgré tout, le montre en symbole.Le tableau se découpe également en deux bandes hautes et basses. Dans la partie basse se masse le peuple, à l'ombre des arbres et dans la partie haute, le coq, qui baigne dans un rayon de lumière.

Les couleurs sont chaudes avec des pointes de rouge sur toute la partie basse du tableau. Ocre, blanc, rose, marron complètent la palette. Les tissus des robes des femmes sont riches et brillants, on devine des motifs brodés compliqués. Les arbres quant à eux restent dans des tons assez froids. Les costumes foncés, presque noirs, dirigent le regard vers le jeune homme qui guide le cortège et de lui, notre oeil se dirige vers le coq qu'il tient au bout de son bâton.La lumière provient de l'arrière-plan. Elle est diffusée par les maisons du village, peut-être un château vue la hauteur des murs. On perçoit à travers les feuilles des arbres un ciel bleu et lourd.

Les couleurs et la lumière apportent un caractère paisible à ce tableau, qui nous emmène dans l'intimité de ce village où se joue la fête de la Danse du coq. La lumière apporte une certaine vitalité à l'action qui se déroule : la marche du cortège et le début des festivités tout en irradiant l'animal-symbole qu'est le coq.

La fête

Ce tableau a été peint à l’huile sur du cuivre au début XVIIième siècle. C’est une scène de genre, allégorie du goût, qui fait partie d’une série de trois tableaux, le goût, l’ouïe, et l’odorat. Ce tableau oscille entre la nature morte et le portrait. On y voit un couple manger avec les doigts un copieux repas. En effet, si le portrait du couple occupe les 2/3 supérieurs du tableau, le premier plan, tiers inférieur de la toile, est occupé par le repas. Leurs costumes aux étoffes luxueuses témoignent de leur statut de nobles. Dans le tiers inférieur du tableau, on retrouve tous les composants des natures mortes : victuailles, argenterie, verre, fruits, et en arrière plan un vase de fleurs. Le cadrage serré sur la table, et le point de vue, de face légèrement en plongée, rappellent également ce genre, le repas occupant la partie centrale du tableau. Au premier plan, on ne voit de la table que le bord du plateau recouvert

d’une étoffe damassée blanche, saturée de plats. Au centre, les mains de l’homme sont affairées à décortiquer une volaille rôtie, posée sur un plat en argent. Elles sont entourées de mets différents : on devine une tourte derrière la volaille, des pommes de terre à gauche au premier plan. Un verre très fin au pied en argent, en bas à droite, presque hors- champs, est posé tout au bord de la table. Il suggère la fragilité et la mesure : un seul geste déplacé et tout peut basculer. Le verre tenu par la femme, tout comme les deux vases, en haut à gauche et celui posé sur la fenêtre, sont à peine perceptibles, ils révèlent le savoir-faire pictural de l’artiste à rendre les transparences. Un couteau est aussi posé en équilibre sur le bord de la table, il est le symbole de la fragilité de la vie. Il témoigne également de l’habileté du peintre à rendre les effets de perspective. Le citron posé devant le plat, est un met cher et rare, il renforce le statut social des époux et ajoute une touche de couleur au tableau, de plus il est symbole de fertilité et de fécondité. Les regards des deux époux induisent une circulation dans le tableau et accentuent la notion de gourmandise. La femme déguste délicatement un petit morceau en dévorant des yeux son mari ; lui n’a d’yeux que pour le repas, et regarde vers le centre, concentré sur ses mains qui décortiquent la bête. Celles-ci forment avec celles de la femme une ligne imaginaire qui remonte vers la bouche de celle ci. Une circulation est ainsi mise en place à l’intérieur du tableau, reliant les deux époux par le regard et la bouche. Le spectateur s’immisce dans l’intimité du couple. Le jeu des regards met en exergue les plaisirs de la chair et la gourmandise, accentué par la sensualité, le plaisir pris en mangeant avec les doigts. De plus, le verre de vin que tient la femme dans son autre main représente l’amour des plaisirs terrestres jusqu’à la luxure. La frontière est mince. D’autant plus que le spectateur est mis en position de voyeur, il est invité à goûter le spectacle avec les yeux.

La pittoresque Danse du coq est une fête villageoise patriotique qui se déroulerait le 14 juillet dans l’est de la France. Lors de cette fête, les habitants se retrouvaient entre eux pour danser. Auparavant, le plus beau coq, attaché à l’extrémité d’une perche, était promené dans tout le village par le garçon qui conduisait la fête. Après quoi, ils enterreraient le volatile dans un pré, en laissant juste dépasser le tête. Les participants devraient ensuite, les yeux bandés, tenter d’attraper le coq en tapant dessus avec la perche.

Le goûtFrancken Franz IIHuile sur cuivre, 19 cm x 17 cm

14La fête