Supplément au journal du 10 avril 2008 Le journal de l’Expo 58 · 2010. 6. 17. ·...

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(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840 Le journal de l’Expo 58 Cinquante ans déjà ! Cinquante ans que toute la Belgique se précipitait à Bruxelles sur le plateau du Heysel. Cinquante ans que, pour la dernière fois peut-être, quelque neuf millions d’individus découvraient fièrement que leur pays et sa capitale pouvaient être, l’espace d’un bel été, le centre du monde. L’Expo 58 est à jamais fixée, sentimentalement, dans le cœur des Belges. Comme une photo que l’on pose sur un coin de cheminée, seul souvenir d’une belle journée entrée désormais dans l’histoire familiale, même si elle n’a pas tenu toutes ses pro- messes. Car les grandes espérances de 58 vont faire long feu, on le sait maintenant. Le Congo est à deux doigts de son indépendance; le brûlot communautaire n’at- tend qu’une étincelle pour s’enflammer; la crise n’est pas encore là mais les mines et la sidérurgie sont déjà touchées. Pourtant, cinquante ans plus tard, les Belges gardent une énorme nostalgie de cette année-là. Et autour de l’Atomium rénové, l’heure est à nouveau à la fête. Notre journal a voulu s’associer à cet an- niversaire. Pour vous, mais surtout grâce à vous, nous avons replongé dans les allées de l’Expo. Vous avez été des dizaines à nous faire part de vos souvenirs. Tous ont d’une façon ou d’une autre servi de fil rouge à ce supplément. Ce journal de l’Expo, c’est d’abord le vôtre. Merci, tout simplement. Marie-Françoise GIHOUSSE © ASBL L’ATOMIUM Supplément au journal du 10 avril 2008

Transcript of Supplément au journal du 10 avril 2008 Le journal de l’Expo 58 · 2010. 6. 17. ·...

  • (c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

    Le journal de l’Expo 58

    Cinquante ans déjà !Cinquante ans que toute la Belgique se précipitait à Bruxelles sur le plateau du Heysel. Cinquante ans que, pour la dernière fois peut-être, quelque neuf millions d’individus découvraient fi èrement que leur pays et sa capitale pouvaient être, l’espace d’un bel été, le centre du monde. L’Expo 58 est à jamais fi xée, sentimentalement, dans le cœur des Belges. Comme une photo

    que l’on pose sur un coin de cheminée, seul souvenir d’une belle journée entrée désormais dans l’histoire familiale, même si elle n’a pas tenu toutes ses pro-messes. Car les grandes espérances de 58 vont faire long feu, on le sait maintenant.

    Le Congo est à deux doigts de son indépendance; le brûlot communautaire n’at-tend qu’une étincelle pour s’enfl ammer; la crise n’est pas encore là mais les mines et la sidérurgie sont déjà touchées. Pourtant, cinquante ans plus tard, les Belges gardent une énorme nostalgie de cette année-là. Et autour de l’Atomium rénové, l’heure est à nouveau à la fête. Notre journal a voulu s’associer à cet an-niversaire. Pour vous, mais surtout grâce à vous, nous avons replongé dans les allées de l’Expo. Vous avez été des dizaines à nous faire part de vos souvenirs. Tous ont d’une façon ou d’une autre servi de fi l rouge à ce supplément. Ce journal de l’Expo, c’est d’abord le vôtre. Merci, tout simplement. Marie-Françoise GIHOUSSE

    © ASBL L’ATOMIUM

    Supplément au journal du 10 avril 2008

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    I ngénieur aux défunts Ate-liers de constructions mé-talliques de Jambes, quiont fermé leurs portes en1986, Louis Warolus a vécude près l’aventure de l’Ato-mium. Il en garde de vibrantssouvenirs. Nous l’avons ren-contré dans sa maison d’Er-pent. Sur la table, pour notrevisite, il a sorti la miniaturede l’Atomium, celle qu’ilavait reçue en cadeau à l’épo-que et qui lui rappellera à ja-mais sa jeunesse.✦ Comment les Ateliers deJambes ont-ils été associés àl’Atomium?✧ J’avais 31 ans à l’époque.C’était une belle époque pourdevenir ingénieur, il y enavait peu. Mon patron étaitallé en cueillir deux, deuxRusses, à leur sortie de l’uni-versité de Liège. J’ai été le troi-sième. Ils m’ont formé. LesAteliers de Jambes ont été ap-prochés par les concepteursde l’Atomium pour fournir lastructure des trois boulesmoyennes et supérieures.✦ Trois boules seulement?Et pourquoi pas les 9 bou-les?✧ Parce qu’il eût été impossi-ble de tenir les délais.N’oublions pas que, dans lesannées 50, l’acier était enplein boum. Aux Ateliers deJambes, le carnet de comman-des de « ponts » débordait.On en construisait de tous cô-tés. Les ateliers employaientenvirons 550 personnes.Avec l’entreprise Materne,qui se trouvait à l’époque àJambes, les Ateliers étaient leplus gros employeur de Na-mur. Aux gamins, les parentsdisaient souvent : «Si tu netravailles pas bien à l’école,tu iras chauffer des rivetschez Finet» (du nom du fon-dateur des Ateliers jambois,au début du XXe siècle).✦ Les Ateliers de Jambesn’ont pas seulement fournitrois des 9 boules de l’Ato-mium, ils l’ont aussi mon-té…✧ C’est exact. Aux Ateliers,

    on faisait tout : l’étude, la fa-brication, le montage. Nousétions les seuls en Belgique, –vous entendez bien, les seuls !– à proposer cela à nosclients. Nous avons doncmonté aussi l’Atomium.

    ✦ Quelles ont été les diffi-cultés d’un chantier aussiinédit?

    ✧ La difficulté, c’est qu’enmême temps, les Ateliers deJambes avaient remporté unconcours afin de monter auHeysel, sur le site de l’Exposi-tion universelle, un hall dédiéau développement exponen-

    tiel du métal. On l’appelait«Métal expo». Il a fallu as-sembler, en plus de l’Ato-mium, 300 tonnes de char-pentes. À un rien près, lestrois boules de l’Atomium ar-rivaient en retard. Nousavons respecté les délais surle fil du rasoir. Les ouvriers etle chef monteur quittaient lehall qu’ils croisaient les pre-miers visiteurs de l’Expo.Autre grande difficulté : nousne savions plus avancer surnos autres chantiers deconstruction de ponts et nousmanquions de mâts et de flè-ches, l’ancêtre de la grue.

    Nous avons même dû aller enchercher au Grand-Duché.✦ En tant qu’ingénieur,vous vous rendiez surplace?Je dois y être allé une dizainede fois. Je me souviens notam-ment avoir assisté, avec le di-recteur des Ateliers, M. Cha-ron, à la pose du premier bi-pôde (qui soutient l’Ato-mium). Le Roi était présent etM. Charon, ah, c’était un as,s’était exclamé : «Regardezun peu où ils ont mis le Roi,il ne verra pas bien de là.»✦ Qu’avez-vous personnel-

    lement réalisé sur ce chan-tier?✧ À l’intérieur des boules, ila fallu aménager des cubes.J’en ai calculé les dimensionset les cordons de soudure.Mais les 3 boules que nousavons fournies n’étaient pasdestinées à recevoir des visi-teurs.✦ De quel souvenir mar-quant vous rappelez-vous?Les hommes travaillaientsans casque, rendez-vouscompte. Ils portaient des cas-quettes et des chaussures sou-ples aux pieds. Inimaginablede nos jours. Le chantier a

    duré approximativement 10mois, hiver compris, et c’estun miracle si nous n’avonspas eu d’accidents. Le midi,pour aller manger à la bara-que, il y avait foule devantl’unique ascenseur. Certainsdescendaient comme des sin-ges, en rappel, pour aller plusvite. On les engueulait biensûr.✦ Vous avez ensuite visitél’Atomium et l’expo…✧ Oui, bien sûr, ma belle-sœur habitait à côté. J’ai étéépaté par les halls de laFrance et des États-Unis,construits selon des idées que

    nous n’aurions pas pu avoir.Mais nous avions déjà beau-coup innové. Un jour, je mesouviens, on avait organiséun car avec les Ateliers pouraller voir l’Atomium. Ons’était tous retrouvés à la Bel-gique joyeuse, où les visiteursbuvaient des chopes d’un àdeux litres dans un décor ba-varois. Il y avait là une am-biance extraordinaire. Le pa-tron et le directeur des Ate-liers y sont restés en goguette.À 1 h 30 du matin, ilsn’étaient pas aux cars, nousne les avons pas attendus…

    Propos recueillispar Pierre WIAME

    I l est le « père» du bâti-ment le plus emblémati-que de l’Expo. André Wa-terkeyn, l’ingénieur qui aconçu l’Atomium est né enAngleterre, à Wimbledon, le23 août 1917. C’est la pre-mière guerre mondiale, et sesparents se sont réfugiés dansla banlieue londonienne.

    Diplômé ingénieur civil del’Université catholique deLouvain, en 1942, il travaillepour une société d’électromé-canique avant d’entrer chezFabrimétal (devenu depuisAgoria) la Fédération belgede l’industrie métallurgique.En 1955, alors qu’il est direc-teur économique chez Fabri-métal, il conçoit le monu-ment symbolique de l’Expo.

    Son premier projet n’étaitd’ailleurs pas une moléculecristalline de métal mais un

    genre de tour Eiffel renver-sée. Normalement, le monu-ment aurait dû être détruitcomme la plupart des pa-villons dressés sur le site duHeysel. Mais André Water-keyn s’était fait enregistrercomme auteur du monumentet a pu exiger de le conserver

    comme œuvre personnelle.Mort le 4 octobre 2005, seshéritiers bénéficientd’ailleurs toujours des droitsd’auteur sur toutes les photo-graphies et représentationsde l’Atomium. Et ce jusqu’en2075!

    M.F.G.

    L ouis Warolus est di-plômé ingénieur techni-cien, en 1948, de l’Insti-tut Gramme à Liège. « Jen’avais pas encore mon di-plôme que j’étais déjà en-gagéaux Ateliers de Jambeset Namur» confie-t-il. Son en-gagement aux Ateliers n’estpas une surprise. Il est spécia-lisé en soudure et métallurgieet a rédigé, en 1948, un mé-moire sur un thème précur-seur : « Comparaison entreun pont roulant soudé et unpont roulant rivé». Engagéen 1948 comme ingénieur cal-culateur au bureau d’études,il est dix ans plus tard, au mo-ment de l’érection de l’Ato-mium, ingénieur-adjoint audirecteur du département« Constructions métalli-ques». Il terminera sa car-rière comme directeur géné-

    ral adjoint, de 1980 à 1986.Dans un ouvrage de mémoiresobrement titré «Un demi-siè-cle de constructions enacier», Louis Warolus rap-pelle que l’Atomium pèse2400 tonnes et qu’il reposesur une fondation circulaireen béton armé de 12 mètresde diamètre fondée sur despieux moulés dans le sol.

    Comme le rappelle M. Wa-rolus, l’acier a été le matériaude rêve de l’Expo 58. «Parceque l’on pouvait récupérer lesouvrages exposés après l’Ex-position. Tout aurait dû êtredémonté 10 mois après la fer-meture. Nous avons rachetéle hall Métal expo au prix dela mitraille. » On connaît ledestin qu’attendait l’Ato-mium. Ensuite, l’acier est rapi-dement mis en œuvre avecun minimum d’encombre-ment. Enfin, en 1958, «l’acierest le matériau le plus propreà résoudre tous les problèmesde techniques audacieuses,depuis le porte-à-faux jus-qu’aux toitures suspenduesdont, par exemple, le pavillonde la France fut un exempleles plus typiques» soulignel’ingénieur retraité.

    P.W.

    D ans les années 50, uningénieur russe,Alexandre Zakhane-vitch, œuvre aux Ateliers deJambes-Namur comme ingé-nieur en recherche et dévelop-pement. «C’était mon voisinde bureau raconte Louis Wa-rolus. Par cette proximité, j’aicalculé une bonne partie deséléments qui ont servi aumontage de l’Atomium.»

    Celui-ci a exigé l’emploid’un matériel important : 12treuils électriques de 10,5 Tchacun, plus de 40 treuils àmain de 3 T chacun, ungrand nombre de poulies, 3mâts de 50 mètres et une flè-che de 45 mètres. 4 mâts mu-nis de flèche pouvant hisserdes charges de 15 à 20 T,43 km de câbles d’acier de180 kg/mm2 de résistance.

    L’Atomium se voulait unsymbole de l’acier, unouvrage hors-série.

    D’autres ingénieurs sontsur le coup de l’Atomium, no-tamment ceux qui travaillentdans le bureau SECO (Sécu-rité et construction). On y re-trouve, en 1958, un certainF. Piette, qui rédigea l’articleintitulé : «Contrôles techni-ques de l’Atomium» et un an-cien des Ateliers, M. Daniel,qui a quitté l’entreprise pourfonder son propre bureaud’étude pour la constructionmétallique et qui s’est avéréêtre le professeur sur le tas deLouis Warolus. « C’étaientdes gens très forts…» se sou-vient l’ingénieur namurois re-traité. «Nous avions peur duvent, nous redoutions les acci-dents. Hier, ça a été maisaujourd’hui ! Les nuits degrand vent, je me levais par-fois effrayé. Nous n’aurionsjamais voulu, ma femme etmoi, qu’un de nos fils fasse cetravail comme je l’ai fait sipassionnément».

    Entre autres constructions,les Ateliers de Jambes ont réa-lisé le pont des Ardennes et leviaduc de Beez.

    P.W.

    L’étude du montagede l’Atomium a néces-sité l’exécution de 59plans et l’occupationd’une équipe de dessi-nateurs pendant unan et demi.

    1957 fut l’année la plus folle de la carrière de Louis Warolus. Tandis qu’ils étaient sollicités d’un peu partout pour construire des ponts (son 1erouvrage fut le pont des Ardennes), les Ateliers ont dû redoubler d’énergie pour construire l’Atomium. ÉdA

    La construction de l’Atomium a été un formidable défi. Le monument aété terminé au dernier moment… Archives ÉdA

    André Waterkeyn est le père spirituel de l’Atomium. Il l’a imaginé maisil l’a aussi sauvé de la destruction. ASBL Atomium

    Il n’a pas construitl ’Atomium de sesmains mais en est leconcepteur. L’ingé-nieur André Water-keyn a aussi sauvé lemonument.

    En 1958, le tonnaged’acier mis en œuvreà l ’Expo frise les450 000 tonnes, soitle poids du GoldenGate, à San Fran-cisco.

    L’Atomium, 2 400 tonnes d’acier

    Dans les années 50,l’acier jette des ponts

    L’Atomium est né dans sa tête

    Waterkeyn a tout imaginéAvant les grues, il y avait les treuils

    Le grand vent,l’ennemi des monteurs

    En 1958, Louis Waro-lus, en qualité d’ingé-nieur aux Ateliers deconstructions métalli-ques de Jambes, a as-sisté au montage del’Atomium.

    L’ingénieur namurois Louis Warolus a vu l’Atomium se construire, boule après boule

    Au sommet de l’Atomium sans casque

    Le journal de l’Expo 58Le journal de l’Expo 582 Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008TE

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    L a Belgique terre d’expo-sitions? Si l’Expo 58est la dernière grandemanifestation du genre àavoir été organisée cheznous, elle n’était pas la pre-mière. Entre 1880 et 1958,pas moins de onze expos se-ront organisées à travers lepays. À Bruxelles, bien sûr,mais aussi à Anvers, Liège,Charleroi et Gand. Des expo-sitions qui ont pour la plupartlaissé des traces dans le pay-sage urbain : bâtiments, nou-veaux quartiers etc.

    Peu après la fin de ladeuxième guerre mondiale,c’est d’ailleurs le bourgmestrede Bruxelles, le baron JosephVan de Meulebroeck quilance l’idée d’organiser, dansla capitale, une expositionuniverselle. C’est qu’à l’épo-que, la capitale belge pré-sente encore un aspect trèsprovincial. Les soldats améri-cains ne s’étaient-ils pas mo-qués des pavés de la capitaleen inventant le mot «belgianblocks» ? Le bourgmestre,rentré en fonction dès la Libé-ration, voulait donc changercette image de la ville et enfaire une grande métropolemoderne.

    En 1948, le gouvernementbelge, alors dirigé par Paul-Henri Spaak donne son feuvert. L’idéal de rassemble-ment international, d’élanpour la paix – même si troisans à peine après le conflitmondial, la paix se fissuredéjà – plaît et est dans l’air dutemps.

    L’expo 55

    Initialement, l’Expo devaitse dérouler en 1955, soitvingt ans après celle de 1935qui avait déjà occupé le sitedu Heysel. Mais l’éclatementde la guerre de Corée, le25 juin 1950 va tout retarder.Il faut attendre 1951 pourque soit nommé le commis-saire général de l’Expo, le ba-

    ron Moens de Fernig. En1952, le projet est mis sur lesrails.

    Un calendrier en quatrephases est établi : inscriptiondes participants avant fin 55;plans et mise en adjudicationdes travaux avant fin 1956 ;début des travaux et réalisa-tion du gros œuvre avant finjuin 1957 et enfin installationintérieure des pavillons et

    aménagement extérieursavant le 30 mars 1958.

    Alors que les Belges décou-vrent peu à peu l’importancede l’événement qu’on leurprépare, les Bruxellois sontconfrontés à de gigantesquestravaux. La jonction Nord-Midi se termine en 1952.Autour de la nouvelle GareCentrale, l’aménagement duMont des Arts débute. Maisce sont aussi les premiersgrands travaux routiers : la«petite ceinture», le viaducau-dessus de la place Saincte-lette dans l’axe Rogier-Basili-que ou encore l’implantationde plusieurs parkings aucœur de la capitale.

    Si certains à l’époque,crient déjà au loup, la plupartdes habitants sont avant toutéblouis par les grandes pro-messes de la modernité.Dame, l’«autostrade» inaugu-rée en 1956 ne met-elle pasOstende à un jet de pierre dela capitale…

    Marie-Françoise GIHOUSSE

    D ans les années 1950,Cecil B. De Mille,était réputé pour réa-liser les films les plus specta-culaires d’Hollywood : Lesdix commandements, Le plusgrand chapiteau du monde…Pour une fois, ce n’était paslui qui allait signer le plusgrand spectacle du monde.C’était la Belgique. En 1958,toute la presse était unanime.Les Belges pouvaient bomberle torse. Ils avaient parfaite-ment réussi à construire leurExposition universelle, im-mense cité futuriste sur le pla-teau du Heysel. Elle s’éten-dait sur une superficie de 200hectares. La surface totaledes bâtiments et pavillonss’élevait à un million de mè-tres carrés. Sur le site, sep-tante restaurants pouvaientservir une clientèle totale de25 000 personnes.

    12 000 ouvriers

    La première pierre duchantier avait été posée le25 septembre 1955. Environ12 000 ouvriers avaientfourni 60 millions d’heuresde travail pour construirel’Expo 58. En trois ans àpeine. Un record absolu ! Etun record d’autant plus méri-toire que tous les grands payspressentis pour proposerchez eux l’événement avaientfini par laisser tomber lesbras. Dès 1946, la France et

    la Grande-Bretagne envisagè-rent très sérieusement de selancer dans l’aventure de lapremière grande expositionuniverselle de l’après-guerre.Les deux pays y renoncèrentassez rapidement, vu lecontexte international tendu.Depuis, comme pour conju-rer la menace d’une nouvelleconflagration mondiale, la pe-tite Belgique ne songeait plusqu’à son Expo universelle àqui elle avait assigné une mis-sion de réconciliation et depacification. Un peu candide-ment sans doute, elle enten-dait convier chez elle tous lespeuples de la Terre, les invi-ter à un «grand rendez-vousde la paix et de la lumière»,sous le signe du progrès tech-nique.

    La Belgiquetriomphante

    Peut-être était-elle la na-tion la mieux placée pour at-teindre cet objectif ? Elles’était plutôt vite et bien rele-vée du marasme engendrépar la seconde guerre mon-diale. L’Expo lui permit depoursuivre sur sa lancée. Enmarge même de la manifesta-tion, le gouvernement consa-cra un budget considérablepour la réalisation de nouvel-les infrastructures.

    Surtout, la Belgique toutentière voulut jouer dans lacour des grands et s’y distin-guer. Elle disposait encore ence temps-là des moyens finan-ciers et économiques de sa po-litique. Son objectif ambi-tieux fut atteint bien au-delàde ses espérances : plus de 40millions de personnes visitè-rent l’Expo 58, qui restera àjamais la grande fierté des Bel-ges.

    Jean-Marie DOUCET

    Le Heysel n’a pas été le premier choix pour l’implanta-tion de l’Expo. On pense d’abord à développer le chantieraux abords de Woluwe-Saint-Lambert. Mais rapidement,l’idée est abandonnée au profit du Heysel, à côté de Lae-ken. Il faut dire que le plateau a déjà accueilli une exposi-tion universelle, en 1935. Il subsiste sur les lieux plusieursvestiges intéressants et «réutilisables» : le palais du Cente-naire (le fameux Palais 5) et ses constructions latérales,l’avenue du Centenaire, le théâtre de verdure et le Planéta-rium. Mais l’importance de la nouvelle exposition va en-core profondément transformer les lieux : nouvelles ave-nues, palais supplémentaires, lignes de tramway etc.

    les Belges étaient fiers de « leur » Expo. Ils ont été nombreux à faire le déplacement vers Bruxelles. Pour beaucoup, c’était souvent le premier contactavec la capitale. Et quel contact ! ASBL Atomium

    S i la capitale est profon-dément touchée par lesgrands travaux des an-nées 50, tout près de là, à Za-ventem, un autre chantier vatotalement transformer la vied’un coin champêtre du Bra-bant flamand.

    C’est que parallèlement audéveloppement du trafic auto-mobile, les années 50 voientun autre moyen de transportexploser : l’avion. Jusqu’alorsprincipalement militaire,l’aviation devient de plus enplus civile. Ce n’est pas en-core à la portée de MonsieurTout-le-monde mais en Belgi-que, on sent, au milieu des an-nées 50 que l’aéroport de Mel-sbroek malgré son nouveauterminal fret ne sera pas suffi-

    sant pour absorber un flux devoyageurs qu’on estime alorsà 900 000…

    C’est la Régie aérienne quipropose d’installer, à Zaven-tem, l’aéroport de Bruxelles-National (nom choisi déjà en1947). Mais le gouvernementrefuse d’abord d’abandonnerMelsbroek, hérité des Alle-mands et bientôt relié par laroute et le rail, à Bruxelles.Mais début 56, le gouverne-ment se rend à l’évidence etle chantier du nouvel aéro-port est lancé.

    Mais malgré la vitesse destravaux, c’est deux moisaprès l’inauguration del’Expo que les premiers voya-geurs poseront le pied à Za-ventem.

    Les premiers inscrits : dèsseptembre 1954, quelquespays s’inscrivent pour partici-per à l’Expo. Le premier serale Luxembourg juste avant laNorvège et les Pays-Bas. Lemois suivant, en octobre, lesorganisateurs actent les candi-datures du Canada, du Vati-can et des États-Unis.

    Des désistements : quel-ques pays pourtant bel etbien inscrits reviendront surleur décision. Entre 1955et 1957, l’Inde, le Pakistan,l’Indonésie, la Roumanie etla Pologne se désisteront.

    Problème d’espace : lenombre de participants – 43pavillons étrangers, plus lasection belge (44 partici-pants), les concessions (33

    participants) et les organis-mes internationaux – va faire« exploser » le territoire del’Expo. D’autant que quatrepays étrangers, la France, lesPays-Bas, les USA et l’URSS,proposent des projets gran-dioses, chacun nécessitant2,5 ha… On atteint 150 %des prévisions. Les organisa-teurs négocieront avec le gou-vernement belge un surplusde sol et de budget.

    Le Belvédère : le château,devenu par après la résidenced’Albert II, avait été restauréet aménagé pour le commis-saire général de l’exposition.QG de l’Expo mais aussi lieude réception, 130 000 invitésVIP y seront reçus entre avrilet octobre 58.

    En chiffresVisiteurs

    41 454 412 visiteurs ontfranchi (officiellement) lesportes de l’Expo 58. Quel-ques jours fériés ont connude véritables pics de fré-quentation (jusqu’à713 664 visiteurs en uneseule journée). Un jour« calme » voyait quandmême quelque 250 000 visi-teurs et les week-ends entre500 000 et 700 000.

    Les mustsLa plupart des pavillons

    ont attiré au moins 5 mil-lions de visiteurs. Mais lesÉtats-Unis et l’URSS ontcrevé les plafonds avec cha-cun une trentaine de mil-lions de visiteurs. Pas malnon plus pour le Saint-Siège, son église et ses offi-ces, avec 15 millions de cu-rieux.

    Chère l’expo?Pour un ménage normal

    et moyen, une visite àl’Expo, ce n’était pas «bonmarché ». L’entrée, prixplein s’élevait à 30 francs,un abonnement à500 francs. Le train routierqui faisait la boucle del’Expo en 45 minutes coû-tait 15 francs, une sectionen télésiège 20 francs et lalocation d’un tricycle60 francs la demi-heure.L’accès à la « Belgiquejoyeuse» était égalementpayant, 20 francs. Quant àmonter tout en haut del’Atomium, beaucoup ontdû y renoncer, vu le prix :30 francs via les escalatorset 60 pour emprunter l’as-censeur le plus rapide dumonde. 1 200 000 visiteursy sont quand même mon-tés. Même les toilettesétaient chères, 2 francs la vi-site… Le tout à une époqueoù le salaire d’une dactylos’élevait à quelque3000 francs et celui d’uninstituteur à 5 500!

    L’Atomium à Woluwé?

    Qui reconnaît derrière cette façade le Palais 5 du Heysel? Un bâtiment qui avait été construit pour une autreexposition, celle de 1935. ASBL Atomium

    L’organisation del’expo 58 inspira uneextraordinaire vaguede fierté qui submer-gea toute la Belgique.Sa devise : vers unmonde meilleur.

    La première expo universelle de l’après-guerre

    La fierté des Belges

    L’Expo va transfor-mer le plateau duHeysel. Mais toutBruxelles va êtrebouleversée dès ledébut des années50.

    Au fil du chantier

    Cinq ans de préparatifs

    «L’époque est trop in-certaine pour mettre surpied une exposition inter-nationale». Ainsi s’étaitexcusée la France, au dé-part, pourtant, candidateà l’organisation d’uneexpo universelle. Et il estvrai que plus de dix ansaprès la fin de la secondeguerre mondiale, la situa-tion internationale était«explosive».

    Si un début de détentes’amorçait entre l’URSSet les États-Unis, laGuerre froide n’avait pasdit son dernier mot ; laperspective d’un nouveauconflit mondial était pré-sente dans tous les es-prits. Il serait plus dévas-tateur encore que les pré-cédents. Personne n’endoutait depuis que lesÉtats-Unis avaient fait ex-ploser leur premièrebombe thermonucléaire,le 31 octobre 1952. LesSoviétiques préparaientaux aussi leur bombe H,la grande hantise du mo-ment. Un affrontementapocalyptique entre lesdeux grandes puissancespouvait éclater à tout mo-ment. Deux ans avantque le chantier de l’expone commence, en 1953,s’était par ailleurs ache-vée la guerre de Corée,dans laquelle notre payss’était engagé, y perdant106 militaires tués ou dis-parus.

    Sans oublier encore lescrises récentes du canalde Suez et de Budapestou l’embrasement de l’Al-gérie française.

    Bruxelles change de visage

    Des pavés à l’autostradeUn nouvel aéroport

    Melsbroek et Zaventem

    La guerre

    Le journal de l’Expo 58Le journal de l’Expo 58Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008 TE 3

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    P impantes, leurs albumsphotos sous le bras,Margaret Overzier etDina Cosyn nous retrouventdans le hall d’un grand hôtelde la capitale. L’une habiteOstende et l’autre Bruxelles.Elles sont les fers de lance dela grande réunion des hôtes-ses de l’Expo 58, prévue, le17 avril prochain à l’Hôtel deVille. «Le bourgmestre a dé-cidé de nous faire citoyennesd’honneur de la Ville deBruxelles, explique MargaretOverzier, la cérémonie se dé-roulera le jour même du 50eanniversaire de l’ouverture del’Expo.»

    Margaret et Dina ont, en ef-fet, été voici 50 ans le visagenational et international del’Expo 58. Avec elles est ap-paru le concept d’hôtesse«C’est une idée, poursuit Mar-garet, qui était née aux États-Unis en 1955, dans la fouléedu développement du marke-ting. » Une idée reprise parJean Destrée à qui la direc-tion de l’Expo avait confié lacharge d’organiser l’accueilde la manifestation. Il décided’engager 280 jeunes femmeset lance une grande campa-gne publicitaire pour attirerdes candidates. « Le pro-blème, résume à son tourDina, c’est qu’à l’époque, unejeune femme ou une jeunefille, dans certains milieux,ça ne travaillait pas ! Mêmecelles qui allaient à l’Univ,

    c’était généralement pour ytrouver un mari… Je me sou-vins avoir dit “Chère maman,jamais je ne pourrai m’offrirun tour du monde, cette expoest une aubaine pour moi !”Elle a finalement dit oui.»

    3 000 candidatesElles seront 3 000 à poser

    leur candidature ! « Nousavons dû envoyer une photoet un curriculum vitae, re-prend à son tour Margaret,du coup, je pense qu’il restaitenviron 1 300 à 1 400 candi-

    dates. Et nous avons toutesété reçues par un petit comitédans lequel on retrouvait laChief Hostess, Gilberte DeMaegd. » C’est que dansl’idée des organisateurs, l’hô-tesse ne pouvait être «n’im-porte qui». Véritable imagede la Belgique avant et pen-dant l’expo, la barre était pla-cée très haut. La plupart desjeunes femmes (elles avaiententre 18 et 35 ans) engagéesprovenaient d’ailleurs desclasses aisées de la société.«Quand nous avons passé

    ces tests, poursuit Margaret,nous avons vraiment été pas-sées au crible. Ils ont tout re-gardé, notre façon de nous te-nir, notre apparence générale,notre coiffure, la Chief Hos-tess a même regardé l’état denos talons. Sans oublier quenous devions aussi avoir unvisage et un regard naturelle-ment souriant…»

    Ce « comité de recrute-ment » n’était pas la seuleétape à franchir. Psycholo-gues, examens écrits, sansoublier les connaissances lin-guistiques, les épreuves

    étaient nombreuses. «Il fal-lait, se souviennent nos deuxhôtesses, connaître au moinsdeux langues, le français etl’anglais. Ce qui veut dire queles hôtesses d’origine fla-mande devaient être aumoins trilingues.» En tout, lestaff de « fair hostess» pourrafinalement accueillir les visi-teurs en seize langues diffé-rentes !

    Bien avant l’expoAu 1er décembre 1957,

    l’équipe était constituée et letravail pouvait commencer.

    On l’ignore parfois mais leshôtesses ont débuté leur bou-lot bien avant l’ouverture del’Expo. «Certaines, expliqueDina, accompagnaient desmissions économiques àl’étranger pour promouvoirl’expo, d’autres faisaient visi-ter le chantier. Margaret etmoi, nous avons fait connais-sance parce que nous étionschargées d’expliquer aux sol-dats belges, via la radio, ceque serait l’expo et commentse comporter pour bien ac-cueillir les visiteurs étrangers.Elle était chargée de l’émis-sion en néerlandais et moi enfrançais. Nous allions ensem-ble à Flagey.»

    L’hôtesse est donc aussicelle par qui la populationbelge va apprendre l’enver-gure de l’événement qui seprépare.

    Mais c’est naturellementdurant les six mois de la mani-festation que les jeunes fillesà la veste garance et au tri-corne bleu marine vont êtreles plus visibles. Un fabuleuxdispositif a été mis en place.Si on compte toujours uneseptantaine d’hôtesses sur lesite même de l’expo, affectéesau service presse et à l’accueildes VIP, le reste du staff estdispersé aux quatre coins dupays. Chaque jour, par tour-nante, les hôtesses rejoignentun des 36 points d’accueil pré-vus aux frontières, ports, aéro-ports du pays ainsi qu’aux en-trées de l’expo et au bureaud’information de la place deBrouckère. «Nous étions vrai-ment l’image de la Belgiqueet de l’Expo, termine Marga-ret avec un brin de nostalgiedans la voix, nous allons en-core nous retrouver ce17 avril mais après c’est ter-miné. Il vaut mieux se quittersur un bon souvenir…»

    Marie-Françoise GIHOUSSE

    les uniformes ont été utilisés, après l’Expo, par les hôtesses du bureau d’accueil de la Ville de Bruxelles. Il aensuite évolué avec le temps.

    L’Atomium et l’hôtesse restent les deux images principales de l’Expo58. ASBL Atomium

    Le sac des hôtesses était signé Delvaux. le maroquinier l’avait spéciale-ment dessiné pour elles. Mais elles n'ont pu le garder.

    Jean-Claude Menessier et… Dina Cosyn à Charleroi. Les hôtesses fai-saient aussi la publicité de l’Expo avant son ouverture.

    Pour les hôtesses pas de doute, le plan de l’Expo représente une vache. Un «événement» autour du ruminanta même été organisé et immortalisé sur cette photo de Dina Cosyn.

    Dina Cosyn et Margaret Overzier feuillettent, pour nous, l’album souvenir de l’Expo 58 côté «Fair hostess » ÉdA Jacques Duchateau

    Dina Cosyn s’occupait aussi de l’accueil des VIP. Parfois même, les hô-tesses travaillaient au Belvédère, siège du Commissariat de l’Expo.

    Bien payéesPar rapport aux salai-

    res de l’époque, les hôtes-ses étaient plutôt bienpayées. Un salaire debase de 6000 francs parmois auquel il fallait ajou-ter 500 francs par langueétrangère supplémentaireparlée.

    Elles ont dû rendrel’uniforme

    L’uniforme de l’hô-tesse était très élégant :chemisier blanc, jupe ettricorne marine, veste ga-rance (rouge foncé) etmême un sac spéciale-ment créé par Delvaux.L’ensemble avait été des-siné par le couturierbruxellois Jean Liétard.Mais à la fin de l’expo, leshôtesses ont dû rendreleur uniforme hormis leschemisiers, les jupes etles chaussures. L’ensem-ble a ensuite habillé leshôtesses du bureau d’ac-cueil de Bruxelles. Dansla foulée de l’expo, la villeva en effet conserver sonpavillon d’information dela place de Brouckère.

    Grands-mères per-dues

    Les principaux problè-mes rencontrés par les hô-tesses étaient dus à lafoule. Avec, en premierlieu, les enfants et… lesgrands-parents perdus !Autre problème dont sesouviennent très bien nosdeux hôtesses, celui du lo-gement à Bruxelles. L’or-ganisation avait manifes-tement sous-estimé le be-soin en chambres «mo-destes».

    Dina Cosyn et Marga-r e t O v e r z i e rn’avaient pas 20 ansen 58. Ex – «fair-hos-tess», elles n’oublie-ront jamais cette an-née-là !

    Les demoiselles courtoisie du Heysel

    L’hôtesse est née en 58Vite dit

    Le journal de l’Expo 58Le journal de l’Expo 584 Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008TE

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    Le pavillon Philips

    L’Expo 58 se voulait le mi-roir d’un monde futuriste oùles techniques, mais aussi etsurtout l’art et l’architecturemoderne transformeraient etembelliraient la vie. C’estdans cet esprit que les paysmais aussi les entreprises pré-sents au Heysel rivalisèrentd’audace pour présenter despavillons à l’architecture no-vatrice. L’œuvre la plus éton-nante fut sans conteste le pa-villon Philips, dans la section

    des Pays-Bas.Intitulé Poème électroni-

    que, il avait été conçu par legrand architecte françaisd’origine suisse Le Corbusieret le musicien Iannis Xéna-kis. Le bâtiment en alu, laMaison du futur, se voulait latraduction architecturaled’une idée musicale. Les poin-

    tes de la toiture du pavillonfaisaient penser à l’Opéra deSydney.

    La Flèche du génie civil

    La Belgique étonna elleaussi, par l’Atomium biensûr, symbole triomphant dela bonne santé de la sidérur-

    gie belgo-luxembourgeoise.Mais notre pays se signalaaussi par le pavillon du géniecivil et sa fameuse flèche, unedes structures architecturalesles plus marquantes de l’Ex-position. Elle était dédiée ausavoir-faire virtuose des ingé-nieurs belges.

    Conçue par l’ingénieur An-dré Paduart et l’architecteJ. Van Doosselaere avecl’aide du sculpteur J. Moes-chal et de M. G. Moussiaux,ladite flèche était uneconstruction hardie en voilesminces en béton armé de 4 à12 cm d’épaisseur.

    Équilibrée par une cou-pole, la flèche elle-même re-présentait un porte à faux sai-sissant de 80 m de long. Le pa-villon en lui-même illustraitles nombreuses applicationsdu génie civil. À l’intérieur dupied, on pouvait admirer les

    bienfaits du réseau routiermoderne et de l’éclairage pu-blic. Elle fut démolie en 1970,en raison de la corrosion dubéton.

    La Flèchedu pavillon Français

    Autre flèche spectaculaire,longue elle aussi de 80 mè-tres : celle du pavillon fran-çais, une des grandes vedettesde l’exposition. Un pur chef-d’œuvre d’architecture, d’uneélégance, d’un dynamisme etd’une modernité sans pareillesigné Guillaume Gillet. Faitde verre, d’acier, et de matiè-res plastiques, ce pavillon en-tièrement démontable mesu-rait 12000 mètres carrés. Sonéquilibre reposait sur un seulpoint. Il déployait sa toituremétallique comme deux gran-des ailes argentées.

    Au sommet de sa flèchequi surplombait magnifique-ment la grande passerelle del’Expo, un carillon électroni-que jouait toutes les heures«Auprès de ma blonde». Lepavillon était censé représen-ter un vaisseau hardi, lancévers le futur et chargé de tousles trésors de « la Pensée et

    du Génie français».

    Le temple thaïlandais

    Les pays les plus lointainsavaient fait le déplacement.L’Extrême-Orient était repré-senté par le pittoresque pa-villon thaïlandais : la reconsti-tution grandeur nature d’untemple au toit doré, un petitbijou.

    L’architecture tradition-nelle arabe était présente elleaussi grâce au Maroc. L’Irak,l’Arabie saoudite, l’Égypte, laSyrie et la Jordanie s’étaientunis pour réaliser un pavillon

    commun. Le Congo avaitdroit à sept pavillons, conçuspar… la Belgique, qui n’avaitpas encore renoncé à sa tu-telle coloniale.

    Le pavillon américain

    Il faisait face au pavillon so-viétique. Tout un symbole,comme si la Belgique avaitvoulu forcer à la réconcilia-tion les ennemis, les deuxplus grandes puissances mon-diales dont chacun craignaitles sautes d’humeur et le su-rarmement.

    Le pavillon des États-Unis,

    circulaire et doré, était touten rondeur séductriceet en lu-mière douce. Il se voulait lesymbole de l’American wayof life, du bien-être, d’une so-ciété de consommation libre,moderne, heureuse et bon en-fant.

    Dans sa structure externecomme dans sa conception in-

    térieure, le grand pavillonaméricain était sobre et relax,à l’opposé de la hardiesse es-thétique et de l’originalité dé-libérée de son collègue fran-çais. On l’accusa d’avoir optépour un «minimalisme étouf-fant fait de style internatio-nal». Le public ne s’en souciaguère. Le pavillon américainà lui seul attira en six moisd’ouverture au Heysel trentemillions de curieux, fascinéspar le mode de vie des en-fants de l’Oncle Sam.

    Le pavillon soviétique

    Trente millions : c’est aussile nombre de personnes quivisitèrent le pavillon de cequ’on appelait encore à l’épo-que l’URSS, l’Union soviéti-que, celle de Nikita Khrout-chev. Conscient que leurface-à-face avec les Améri-

    cains constituait un des en-jeux politiques de l’Expo 58,les Soviétiques avaient mis lepaquet.

    Leur construction impres-sionnait par ses dimensionsmonumentales mais ses for-mes étaient plutôt banales.Le style architectural moder-nisant, dans la tradition stali-nienne, restait très lourd. Ils’agissait surtout de donnerune démonstration de puis-sance. Sur ce plan, la réussitefut totale. Au fronton or-gueilleux de l’immense bâti-ment brillaient les armoiriesd’un régime communiste tou-jours très sûr de lui : la fau-cille et le marteau filigranésd’or. À l’extérieur comme àl’intérieur, tout était gran-diose. Le public pouvaitmême admirer la reconstitu-tion d’une mine de houilleéquipée d’une station anti-gri-

    sou ultramoderne.

    La chapelle du Vatican

    Soucieux de démontrerqu’il n’appartenait pas à l’an-cien monde, qu’il était luiaussi partisan du progrès, leVatican avait fait réaliser auHeysel une étonnante Cité de

    Dieu, remarquable par son ar-chitecture d’avant-garde, ins-pirée du style du Corbusier,et construite dans des maté-riaux contemporains. L’édi-fice, préfigurant l’église du fu-tur, frappait par son mouve-ment original d’élévation.Dans la chapelle intérieure,des offices étaient régulière-

    ment célébrés. Un couple ca-nadien avait même tenu à ycélébrer son mariage.

    La tente de l’ONUAu plan architectural, le pa-

    villon de l’ONU à Bruxellesétait sans doute le plus mo-deste mais non le moins inté-ressant. L’Organisation desNations Unies participait àune exposition universellepour la première fois. Elleavait tenu à soigner sa visibi-lité. Son pavillon formait unecoupole en forme de tente,symboliquement ouverte àtous les vents de la coopéra-tion internationale.

    Cette construction origi-nale voisinait avec les bâti-ments du Conseil de l’Eu-rope, du Benelux et de laCommunauté européenne duCharbon et de l’Acier, laCECA.

    L’élégant pavillon du Vatican. ASBL Atomium

    L’URSS en imposait ! ASBL Atomium

    Le lumineux pavillon américain. ASBL Atomium

    Le pavillon Philips. ASBL Atomium

    La flèche du génie civil belge. ASBL Atomium

    L’autre flèche, celle du pavillonfrançais. ASBL Atomium

    Le pavillon Thaïlandais, dépayse-ment assuré. ASBL Atomium

    Le plan de l’Expo

    Une vache dans les prés du Heysel

    Pour le grand public,l ’Expo 58 fut unchoc : la découvertede la beauté nouvelleet de l’extrême har-diesse de l’architec-ture du futur.

    Schéma de l’Expo 58 d’après le plan d’époque. 1. L’héliport; 2. Le patio (palais du Heysel); 3. Parking; 4. Snack-bar; 5. Pavillon de l’Urbanisme; 6. Génie civil; 7. Garderie d’enfants; 8. URSS; 9. Canada; 10. Vatican; 12. Allemagne; 13. Royaume-Uni; 14. Thaïlande; 15. Passerelle; 16. France; 17. Pays-Bas; 18. Congo; 19. Atomium; 20. Folklore; 21. Attractions.

    Le journal de l’Expo 58Le journal de l’Expo 58Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008 TE 5

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    À l’époque, Jean avait22 ans et ambitionnaitfermement d’être jardi-nier pour la vie. Une passionnée à l’âge de 13 ans lorsqu’iljardinait autour de la de-meure familiale. Il la cultiveensuite à l’école d’horticul-ture de Mariomont.

    Armé de connaissances cer-taines, il décide alors de lesapprofondir pendant troisans à Lausanne, en Suisse.«Quand je suis rentré en Bel-gique, je n’avais qu’une seuleenvie : travailler, relate fière-ment Jean, des étoiles pleinles yeux. J’avais envie d’aven-ture et j’ai débarqué dans l’or-ganisation de l’exposition enfévrier 1958. Je démarrais lacarrière que je voulais grâce àce premier travail. C’était vrai-ment gratifiant de commen-cer sa vie professionnelle parl’exposition.»

    Les choses sérieuses

    Sur place, Jean, entouréd’une sacrée équipe de jardi-niers, s’est affairé dès le moisde février pour les prépara-tions et les plantations.

    Au mois d’avril, les chosessérieuses ont vraiment dé-buté. « Tous les jours onsillonnait les allées pour quetout soit parfait. Il y avait peude traces de vandalisme maisil était tout de même présent.Les gens traversaient réguliè-

    rement les jardins, on devaitalors s’activer pour tout re-mettre en ordre.»

    Alors que ce boulot peutparaître rébarbatif, il nel’était pas pour Jean. « Jen’étais jamais lassé par le tra-vail. Refaire la décoration etles massifs était passionnant.Je me souviens de l’expé-rience humaine et de l’hon-neur d’avoir pu travailler surle site.»

    Et Jean se rappelle égale-ment les péripéties de laveille de l’ouverture. «On atravaillé jusqu’à la dernièreseconde. Il fallait que toutsoit parfait. On a vraimentréalisé notre travail en voyantla foule déjà présente à lagrille du site. Savoir que tousces gens allaient découvrirmon travail, c’était formida-ble.»

    Et Jean n’était pas seuldans cette aventure, sonépouse, rencontrée en Suisse,l’accompagnait sur le site. Àdeux, ils partageaient un plai-sir délicieux. «Le plus agréa-ble était de se balader pen-dant notre temps libre. Je visi-tais le site au moins une foispar semaine. J’ai vu tous lespavillons, ça représentait unetelle vitrine sur le monde. Onavait vu et vécu tous les cou-lisses de l’événement mais onn’avait pas l’habitude de voirle produit fini.»

    Au mois de novembre,Jean a plié bagage pour em-brasser une carrière militaire.Il aura donc été jardinier uneseule fois dans sa vie. Enfin,pas tout à fait. Aujourd’huipensionné sur les hauteurs deHerve, il est retourné à sespremières amours, les plan-tes.

    Raphaëlle GILLES

    S on unique frère est de19 ans et 6 mois sonaîné. Âgé de 5 ans, à lafin de la guerre, il perd sa ma-man. Les primaires sont sanséclat et, le diplôme en main,Marcel Renard se retrouve àl’école technique pour deve-nir, selon le souhait du papa,un bon mécanicien. «À mongrand désarroi, reconnaîtl’Andrimontois de la rue duParadis, la motivation estloin d’être présente. À 15 ans,je débute dans le monde dutravail. Ce n’est pas capti-vant».

    Après deux ans entre mar-teau et fer à souder, le jeuneMarcel capte sur les ondes del’INR une publicité d’intérêtgénéral. On demande des col-laborateurs pour travaillersur le site de l’Expo.

    «C’est ainsi qu’à l’insu demon paternel, je pose ma can-didature le 9 octobre 1957, sesouvient le toujours jeunesexagénaire. À mon grandétonnement, trois jours plustard, je reçois un formulairede demande d’emploi et, endate du 15 octobre, l’Expo meconfirme qu’un poste d’em-balleur au service d’expédi-tion est vacant pour douzemois».

    On devine la suite. Le 2 no-vembre, il fait mouvementsur Bruxelles. «Pour ma pre-mière journée de travail, un

    copain ayant un emploi dansla capitale me propose d’effec-tuer le déplacement sur saVespa. J’arrive au bureautransi de froid et mouillé jus-qu’aux os. Pour me changer,je n’ai qu’une salopettebrune. Elle détonne. Ducoup, dans l’heure, la direc-tion offre à tous les employésdu service un magnifique ca-che-poussière qui deviendra

    notre uniforme d’expédi-teur».

    Cinquante ans après, Mar-cel ne regrette rien. Payé autarif horaire de 25 francs del’époque, le futur publicisteconserve le souvenir d’uneéquipe formidable. « Dèsl’ouverture de l’Expo, le17 avril, on nous a demandéde faire des heures supplé-mentaires, précise l’expédi-

    teur temporaire. Il fallait re-compter les entrées en soirée,le système électronique man-quant de fiabilité.»

    Mais le meilleur souvenirdu Verviétois est sans aucundoute la journée inauguraleen présence du Roi Baudoin.« On était invité, toutel’équipe, dit-il en évoquantune grande journée. À 10 heu-res, selon le programme offi-ciel. On était sur place à

    8 heures 30 déjà, confortable-ment installés sur l’une desterrasses de la BelgiqueJoyeuse. Les chaises nouvelle-ment peintes n’étaient mêmepas sèches. On a vu le roi. et,à la surprise générale de labande des expéditeurs, ons’est découvert sur le grandécran lors du passage des ac-tualités de Belgavox.»

    Marcel Renard a le privi-lège de conserver précieuse-

    ment des objets fétiches del’Expo. Au service documen-tation, il possède une fardede promotion. Il disposeaussi de plusieurs pochettesd’allumettes, des pièces demonnaie, des sous-bocks etl’épinglette officielle de lagrande Expo 58.

    Un grand moment quandon a 18 ans et tout à décou-vrir !

    Jean BRASSEUR

    Les emballeurs de l’expédition photographiés à l’issue de leur année prestée à l’Expo. Marcel Renard, le plus jeune de l’équipe (il a 17 ans lors de son engagement), est au fond de lacour, le beau petit jeune homme à gauche.

    «Un peu à l’écart des pa-villons officiels, les concep-teurs de l’Expo 58 avaient eul’excellente idée de ménagerentre le stade Baudouin etl’Atomium, un large espaceréservé au folklore. Ce mini-village d’échoppes et de taver-nes, de terrasses et d’estami-nets plus breugheliens et plusaccueillants les uns que lesautres fut vite le rendez-vousnocturne des soiffards detous pays. Chaque soir, il y ré-gnait une ambiance plus quejoyeuse. Les troupes folklori-ques de tout le pays étaient in-vitées à en assurer l’anima-

    tion sous la houlette d’unbourgmestre d’opérette !

    C’était une autre vitrine dela Belgique, truculente etgouailleuse, qui plut beau-coup aux étrangers. Il fautdire que l’endroit était à luiseul un bijou de reconstitu-tion historique sur 5 hectaresd’une bourgade de 170 mai-sons en bois avec façades cré-nelées ou patriciennes, exac-tes reproductions d’édificesde toutes les époques depuisle Moyen Âge. Rues pavées,réverbères, fiacres et vieux ta-cots, bateleurs, fanfares etmarchandes de caricoles :rien ne manquait au tableaupour que chacun oublie icisoucis, fatigue et mal auxpieds en se rafraîchissant à laterrasse d’un des 50 cafés et 6restaurants, 3 dancings et –nouveauté à la mode – : dixsnack-bars !

    La fête se clôturait chaquesoir par un feu d’artifice :1958 était insouciante…»

    Ah, les hôtessesManifestement, les jeunes

    hôtesses de l’Expo ont aussiinspiré les amateurs de gau-drioles et autres contrepète-ries. «Elles avaient reçu le ti-tre de “fair hostesses” mais dejoyeux amateurs d’anagram-mes eurent tôt fait de transfor-mer ces deux mots de fran-glais en un peu flatteur“fesses austères” !

    Autre occasion de contrepè-terie à leur propos lorsqu’aubeau milieu de l’été, quelques-unes de ces demoiselles cru-rent original de déserter leurposte à l’heure de la siesteafin d’aller améliorer leurbronzage en un endroit qu’el-les croyaient sûr et à l’abrides regards : sur le toit dugrand palais. C’était comptersans la vigilance des gardesdu domaine… D’où naquitune formule qui fit florès :“l’ennui vint de l’uniformeôté” !»

    Nous sommes en novembre 1958. Les dernières tracesde l’Exposition universelle s’effacent peu à peu et Jean dé-cide de changer de cap. «Je me suis rendu compte que jene pourrais pas vivre du jardinage. À l’époque, ce n’étaitpas comme aujourd’hui, les particuliers ne décoraient pasleur jardin. J’ai préféré choisir une voie qui m’apporteraitune carrière stable et de longue durée. On engageait dupersonnel dans l’armée et je me suis lancé dans l’aven-ture. Je n’ai jamais regretté mon changement de vie. »Après avoir tenté l’expérience horticole, Jean est devenumilitaire. Il a sillonné le monde entier de la Belgique, àl’Allemagne en passant par l’Afrique et la Russie. Techni-cien puis superviseur de bataillon, il a pris sa pension en1995. R.G.

    Aucun regret

    Entre fleurs et gazon, Jean Jaumot était un des nombreux jardiniers del’Expo. Un boulot qui lui a aussi permis de visiter tous les pavillons.

    Il perd son poids enchocolat !

    Je me souviens de ce fa-meux concours de la firmeCôte d’Or où j’avais gagnémon poids en chocolat !dans le même hall, les en-fants pouvaient s’embar-quer dans une sorte de télé-phérique, c’était le stand dela conserverie Marie Thu-mas. Afin de préserver mondiplôme attestant quej’avais gagné le chocolat, jele glissais sur la banquettede la cabine et sous monpostérieur afin de le gardervierge de toute salissure. Letemps de mon petit voyageaérien, j’oubliais mon pré-cieux document. J’avaisperdu mon poids en choco-lat.

    Freddy Derwa (6 ans en58)

    L’Expo en famille

    J’avais dix ans à l’époquede l’Expo. Durant toutes lesgrandes vacances, elle a éténotre terrain de jeux et dedécouvertes. Toutes les oc-casions étaient bonnes –réunions de famille, visitesd’amis ou de nos cousinsfrançais – pour nous rendrede Braine-l’Alleud à Bruxel-les.

    Suzy Brassinne

    À la télévision

    Quelques mois avantl’Expo, mon papa, Louis Ba-ras qui était taximan à lagare de Namur a été élu lapersonne la plus courtoisede la province. À cette occa-sion, il a reçu une médaillede l’Expo qui lui fut remiselors d’une émission à laRTB et qui lui a permis depasser à la télévision.

    Guy Baras

    La Belgique joyeuse portait particulièrement bien son nom. ASBL Atomium

    Journaliste namu-rois, André Boever atravaillé toute sa car-rière pour Vers l’Ave-nir. Engagé en 58, ilse souvient de ses re-portages à l’Expo.

    Jean Jaumot faisaitpartie de l’équipedes jardiniers dusite de l’Expo 58. Ily a appris le métierqu’il n’a pratiquéqu’à cette occasion.

    Marcel Renard jouetrès fin. À 17 ans, àl’insu du paternel, ilpose sa candidature àl’expo et est engagéau service d’expédi-tion.

    À l’insu du paternel

    Emballeur à l’expédition

    Du côté du folklore

    Quand la Belgique étaitjoyeuse et truculente

    Il a jardiné les moindres recoins du site

    Jardinier une seule et unique fois

    Le journal de l’Expo 58Le journal de l’Expo 586 Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008TE

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    T out est venu de parrainJules. Celui de Lu-cienne, Wéry est sonnom de jeune fille, qui est res-taurateur à Uccle où sa Cam-buse marche du tonnerre.

    Or donc, Lucienne rencon-tre Louis Saulle du côté de lapiscine de Mangombroux(Verviers). Louis est Italienmais il est né à Verviers oùPapa Antonio (émigré à l'âgede 17 ans) fabrique des glacesfaites maison dans une bouti-que du Ponts-aux-Lions quifait florès dès les premiersrayons de soleil.

    Le 30 septembre 1958,après avoir courtisé deux ans,ils se marient à Saint-An-toine, à Verviers toujours.«Un lundi, spécifie Louis, 73ans aujourd'hui, le jour de lasemaine le plus calme pourun glacie r ».

    Parrain Jules est évidem-ment de la fête, un repas fami-lial tout simple improviséchez la maman de Luciennequi habite rue Fyon.

    Jules, c'est le parrain de lacapitale, le restaurateur qui aréussi comme Antonio, lepapa de Louis, qui roule dansune somptueuse Impéria blan-che aux sièges en cuir rouge.Et parrain Jules, très géné-reux, offre aux jeunes mariésun voyage de noces pascomme les autres.

    Il les invite pour une se-maine à Uccle et les loge

    dans un petit hôtel situé prèsde son restaurant

    «Pour nous, c'est extraordi-naire reconnaît la Disonaisede la rue du Midi. On quitteVerviers pour la première fois.On prend le train jusqu'àBruxelles-Midi où parrainnous accueille. Que du bon-heur pendant une semaine,

    d'autant que le tram vers leHeysel s'arrête juste devantl'auberge. Évidemment, onest à Bruxelles pour l'Expouniverselle et, franchement,on en profite sans la moindreretenue en ne dépensantqu'un minimum de petitsfrancs».

    Non seulement, il fait

    temps chaud durant la pre-mière semaine d'octobre1958 mais les tourtereaux ontle bonheur de visiter l'espla-nade et ses multiples attrac-tions sans être perturbés parune foule trop dense. Le groscoup est passé. Le public, dumoins en semaine, se faitmoins nombreux.

    «C'est bien simple, raconteLouis (il a fait toute sa car-rière, ou presque, chez un li-monadier américain toujourspremier de capsules, sonépouse travaillant dans unegrande surface des faubourgsde Verviers), on déjeune as-sez tôt pour être à l'Expo dèsl'ouverture. Le tram de lachaussée d'Alsemberg nousconduit directement aux por-tillons d'accueil et on resteautour de l'Atomium jusqu'àla tombée du jour».

    Mieux, Lucienne et Louismultiplient les escapadesgourmandes de midi en déni-chant chaque jour une gastro-nomie différente, du Siam auStates en passant par la Hon-grie, la France et le Japon, his-toire de se familiariser au jeupervers des baguettes.

    « On se moque de nous,ajoute Lucienne. Certains es-timent qu'un voyage de nocesà l'Expo est ringard. Erreur.On vit une magnifique se-maine et on découvre plu-sieurs dizaines de pays diffé-rents sans jamais s'ennuyer».

    Leur meilleur souvenir ?C'est loin déjà. Mais l'am-biance de la Belgique Joyeusene s'oublie pas.

    C'est dans ce temple del'art de vivre à la belge que lesépoux Saulle-Wéry passenttoutes leurs soirées, grossesfrites et pintes en prime. Ilsprennent le dernier tram,vont saluer parrain en vi-tesse, dorment peu pour re-partir aux aurores vers l’Expoqu’ils adorent.

    Parrain Jules n'est pascontre. Ils sont jeunes. Qu'ilsen profitent. Ce qu'ils font,sans se gêner.

    Jean BRASSEUR

    L orsqu’il feuillette l’al-bum de photos priseslors de l’Expo, les sou-venirs refont vite surface et sebousculent. Marcel Beau-carne laisse apparaître de pe-tits sourires éloquents, ou nepeut empêcher de grandes ex-clamations encore admirati-ves du spectacle de l’époque.

    En fait de visite, celle quel’habitant d’Esplechin (Tour-nai) effectua sur le plateau duHeysel n’avait rien de fur-tive : l’employé techniqueavait carrément pris une se-maine de congé chez Électra-bel (alors Compagnie Auxi-liaire d’Électricité – C.A.E.)pour sillonner, en solo, le sitebruxellois.

    Pas de plan d’attaque minu-tieusement préparé, notrehomme allait au gré de soninspiration du jour dans telledirection, guidé par son enviedu moment vers telle « vi-trine» d’une nation donnée.

    «Et surtout selon les ren-contres que les circonstancesme donnaient de faire »,ajoute Marcel Beaucarne quiinsiste : «L’expo pour moireste d’abord un grand mo-ment de convivialité etd’échanges. Je me souvienspar exemple de mes discus-sions et de l’amitié nouéeavec un militaire congolais.Sans quitter le pays, on pou-vait faire le tour du monde».

    L’Atomium vient bien sûrau premier plan lorsque no-

    tre explorateur, armé de sonEuropa Flex 6X6, se souvientde ses sujets d’émerveille-ment, au même titre que «lapointe en béton du génie ci-vil».

    Au rayon des halls les plusmarquants, « le pavillon del’Audace de la France étaitvraiment d’une conception ar-

    chitecturale révolutionnaire.Le site américain m’a permisde découvrir une sorte de pre-mier ordinateur : on donnaitsa date de naissance et la ma-chine sortait une fiche qui re-prenait tous les événementsqui s’étaient produits cette an-née-là aux États-Unis !

    Le pavillon russe était

    aussi très impressionnant : ilprésentait le Spoutnik. Etpuis, j’avais un faible pour leCongo car ? étant jeune,j’avais vraiment envie de m’yrendre ».

    Belgique joyeuse –Vrolijk België

    Une semaine ne paraissaitvraiment pas trop pour biengoûter à un rendez-vousd’une telle ampleur, sanscompter que les spectaclescomposaient un autre aspectde l’événement qu’il conve-nait d’apprécier :

    «À l’Ancienne Belgique, lenom du village ou du quar-tier belge reconstitué, celan’arrêtait pas, le jour commele soir. Je me rappelle d’une re-vue baptisée ''Belgiquejoyeuse – Vrolijk België'' ».Tout un symbole…

    J-P. D R.

    «C’était un événement unique, par son étendue et sa diversité ; chaque pays tenait vraiment à présenter lemeilleur».

    J ean-Pierre De Rosenavait douze ans en 1958.L’Expo, il l’a vécue leplus intensément possi-

    ble. Palais gigantesques, dé-couvertes exotiques ou en-core nouvelle gare destrams… de cet événementhors du commun pour un pe-tit garçon de douze ans, Jean-Pierre De Rosen garde dessouvenirs incroyables.«J’avais deux énormes chan-ces à l’époque : nous habi-tions Bruxelles et j’avais desparents dotés d’une trèsgrande curiosité et ouverts àtoutes les découvertes.»

    Apprenant que l’Expo 58se tiendra dans la capitale, lesparents de Jean-Pierre De Ro-sen ont la bonne idée d’offrirun abonnement à l’exposi-tion universelle à chacun deleurs six enfants. «Cet abon-nement coûtait 150 francs.C’était un magnifique cadeaupour l’époque. Ça devait déjàêtre un sacré investissementpour toute une famille.D’autant qu’il ne s’agissaitpas d’un cadeau pour un évé-nement particulier c’étaitjuste pour que nous nousouvrions à d’autres cultu-res.»

    Dans ses souvenirs, « toutétait très grand !», sourit Jean-Pierre De Rosen. «Je me sou-viens particulièrement de lagrande gare des trams qui dé-

    versait des centaines de per-sonnes, c’était très impres-sionnant.»

    Chocolatset crèmes glacées

    Parmi les différents pa-villons, il y en a un en particu-lier qui lui revient immédiate-ment en mémoire : la Flèchedu génie civil. «C’était uneimmense construction de bé-ton à l’entrée du pavillon ré-servé au génie civil.

    Le pavillon «Côte d'Or» aégalement marqué son es-prit : «À l’intérieur, il y avaitun immense éléphant mécani-que et lorsqu’on tirait sur saqueue, on recevait une barrede chocolat. Le fameux «Des-sert 58» spécialement créépour l’occasion.»

    C’est également à cette épo-que que Jean-Pierre De Ro-sen, comme des milliersd’autres enfants, fera la dé-couverte des glaces tricoloresfaçon tranches napolitaines.«L’été 58, il a fait particulière-ment chaud. Qu’est-ce qu’on

    a pu en manger de ces glacestricolores !»

    Les huttes du Congo, l’im-mense mine reconstituéedans le palais russe, le gardede la police montée à l’entréedu pavillon canadien, les na-vettes en hélicoptère entre lagare du Nord et le Heysel…toutes ces images replongentJean-Pierre De Rosen en en-fance.

    Aujourd’hui, le Namuroisd’adoption regrette qu’il nereste presque rien de tous cesmerveilleux palais. «Peu dechoses ont été conservées. Ilreste bien l’Atomium dans le-quel je n’étais pas monté àl’époque et que j’ai découvertbien plus tard. C’est un peudommage. Tout cela auraitpu être mieux valorisé.»

    Il lui reste donc ses souve-nirs d’enfant. Des aventuresqu’il aime retracer en familleet pourquoi pas susciter la cu-riosité de ses petits-enfantscomme l’avait fait son papaavec les siens il y a cinquanteans.

    Fanny GUILLAUME

    Le regret : « J’ai raté la photo de Grace Kelly quand ellearrive à l’Expo, car quelqu’un m’a bousculé à ce mo-ment».

    La phrase : « ’’La terre appartient à celui qui la culti-ve’’» ; elle se trouvait dans le pavillon des pays de l’Estalors sous régime communiste. Cela m’avait frappé».

    Le chiffre : 30 francs belges comme prix d’entrée géné-rale.

    L’autre chiffre : 2 francs belges pour les « lavatories»Le dernier chiffre : 270 «fair hôtesses belges» pour ac-

    cueillir et guider les visiteurs.

    J’avais 20 ans en 58Le 17 avril, jour de

    l’ouverture de l’expositionuniverselle, ce jour-là, j’aieu 20 ans. Ce fut une desplus belle année de ma vie.Je suis allée visiter 3 foisl’Expo avec mon amie. Jeme souviens du spoutnik,de la Belgique joyeuse, etcombien d’autres choses,que de découvertes ! Et quede merveilleux souvenirsdont je garde une trèsgrande nostalgie… Le17 avril 2008, j’aurai 70ans ! Suzette Gillet

    Perdu par son institJ’ai visité l’expo avec ma

    classe de 6e primaire. Aupremier pavillon traversé, jeme retrouve seul. Commel’instit l’avait expliqué, jeme rends au bâtiment cen-tral, me déclarer «perdu»,plusieurs appels sont lan-cés, mais mon instit n’arien entendu. Peu de tempsaprès, deux jeunes filles,me voyant seul sur unbanc, m’ont adressé la pa-role et ont demandé et ob-tenu (!) l’autorisation dem’emmener avec elles visi-ter l’Expo. Ce n’est qu’enfin de journée qu’ellesm’ont ramené au bâtimentcentral, où j’ai été « récu-péré » par mon instit, in-quiet quand même… Quesont devenues ces jeunesfilles? J’aimerais les retrou-ver… Francis Rouard

    Souvenirs tragiquesLes examens étaient termi-

    nés. Malgré l’interdictionde mes parents, un de mesfrères et trois de ses amissont partis de Namur pourla Belgique joyeuse. Retourle lendemain matin à 5 heu-res. Boum! Contre un arbreà Tombeek! Deux tués, untrès gravement blessé et lechauffeur Jean Michauxdont j’aimerais tellementavoir des nouvelles. Vousdevinez l’état de mes pa-rents, de toute la famille…

    Jean-Marie Masson

    Souvenir, souvenir

    Elisabeth Saulle-Wéry, jeune mariée, invitée par son parrain à Bruxelles pour un voyage de noces hors ducommun. Avec Louis, son époux, ils ont passé une semaine extraordinaire.

    Jean-Pierre De Rosen a gardé de nombreux souvenirs de l’Expo et parti-culièrement son abonnement.

    Il fallait bien unesemaine pourtout voir de cesnouveautéstechnologiques etprofiter de rencon-tres inoubliables.

    Souvenirs de pa-villons flamboyantset découvertes in-croyables pour Jean-Pierre De Rosen quin’avait que douze ansen 1958.

    En une semaine d'unvoyage de noces horsdu commun, ils ont vi-sité tous les conti-nents. Louis et Lu-cienne, de Dison, ypensent encore.

    La semaine de congé de Marcel Beaucarne

    Un tour du monde sans quitter le paysIl avait 12 ans en 58 : Fanny Guillaume

    L’Expo 58 à travers les yeuxd’un enfant

    Mariés le lundi 30 sep-tembre, les époux Saulle-Wéry passent leur nuit denoces dans l'appartementloué rue des Minières, àVerviers.

    L'artère est située à 2pas de la gare centrale.Donc, le mardi 1er octo-bre 1958, ils sont à 3 mi-nutes à peine de la sta-tion d'où partent les inter-nationaux d'Allemagne etles rames d'Ostende, tousmarquant l'arrêt à Bruxel-les-Midi.

    Oncle Jules est là. Cesera déjà une visite del'expo dans l'après-midi.Et le premier dîner à laBelgique joyeuse !

    Cinquante ans après,les Disonais de la rue duMidi, à deux pas de Petit-Rechain, évoquent sou-vent les bons momentspassés à la Belgiquejoyeuse et ailleurs.

    Ils ont été contactéspar les responsables del’émission « Au Quoti-dien » de la RTBF, les-quels planchent sur unesérie de séquences consa-crées aux témoins directsde l’Expo 58.

    Et, ici, les époux Saulle-Wéry ont un avantage :ils seraient même lesseuls à avoir programméleur voyage de noces en-tre les pavillons du siteuniversel et internatio-nal.

    En voyage de noces

    À deux à la Belgique JoyeuseLe grandvoyage

    Le journal de l’Expo 58Le journal de l’Expo 58Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008 TE 7

  • (c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

    C ’était sans conteste« le » plus beau pa-villon ! Se dressantcomme une grande vaguepointue, le pavillon Philipsétait une véritable ode à lamusique. La firme hollan-daise avait laissé toute libertéà l’un des grands architectesde l’époque, Le Corbusier. Cedernier imagine alors une«structure creuse de forme li-bre», temple de la musique. Ilpropose à Philips de créer unPoème électronique. Il s’agitd’un collage de projections etd’ambiances colorées, chargéde faire le bilan du mondemoderne en huit minutes, letout sur une musique«concrète» d’Edgar Varèse.Le Corbusier veut «montrer,au sein d’un tumulte angois-sant notre civilisation partieà la conquête des temps mo-dernes».

    Un grand musicien contem-porain accompagnera Le Cor-busier dans cette démarchearchitecturale : Iannis Xena-kis. Ce dernier a non seule-ment écrit une courte piècede deux minutes qui sert d’in-terlude au Poème électroni-que mais surtout, il est l’ingé-nieur du pavillon. Le Franco-Grec est, en effet, ingénieurde formation et travaille de-puis de nombreuses annéesavec le Corbusier. C’est Xena-kis qui va concevoir et «ha-

    biller» le grand espace noirprévu pour abriter le Poèmeélectronique. Xenakis va enprofiter pour expérimenterpleinement l’utilisation de co-ques minces en béton pour lacouverture. Il va réussir à ré-duire l’épaisseur à cinq centi-mètres ! Ce pavillon connaî-tra un énorme succès auprèsdu public, curieux de cetteplongée dans l’univers de la

    création musicale contempo-raine. Pour l’anecdote, le pa-villon Philips signera le «dé-but de la fin» de la coopéra-tion entre Le Corbusier et Xe-nakis. L’architecte refusait dementionner le nom de l’ingé-nieur-musicien aux côtés dusien dans les publicationsconcernant le pavillon…

    Mais l’audacieuse construc-tion n’est pas le seul endroit

    où les notes sont reines. Quece soit au grand auditoriuminstallé à l’avant des grandspalais, dans les dizaines desalles de spectacle et deconcert installées sur le sitede l’Expo ou encore au Palaisdes Beaux-Arts au cœur deBruxelles, les plus grandsnoms du classique mais aussidu jazz se succèdent. Un ré-gal pour les mélomanes etamateurs qui peuvent applau-

    dir les plus grands chefs del’époque. Si la musique estpartout, des fanfares de la Bel-gique joyeuse à la musiqueconcrète de Varèse, les autresdisciplines artistiques ne sontpas oubliées, loin de là.L’Expo, c’est aussi les plusgrands noms de l’art duXXe siècle, particulièrementau pavillon des États-Unis oudans celui de nos voisins fran-çais. Et que dire des multiples

    grandes compagnies théâtra-les qui passent également parBruxelles durant ces six moisbénis : la Comédie française,le Théâtre populaire de JeanVilar, la Compagnie Made-leine Renaud – Jean-LouisBarrault, le Piccolo teatro deMilan ou encore le très sha-kespearien Old Vic… Pourl’Expo, l’Art est bien au cen-tre du monde.

    Marie-Françoise GIHOUSSE

    Le Corbusier a imaginé un bâti-ment musical.

    Un croquis réalisé par Xenakis. le musicien est aussi l’ingénieur qui aconstruit le bâtiment. Xenakis

    Iannis Xenakis, ingénieur maisaussi musicien.

    L’audacieux pavillon Philips servait de temple au «Poème électronique» de Varèse. Il ne sera malheureuse-ment pas conservé après l’Expo. ASBL Atomium

    « Ce que l’on saitmoins, c’est le nombre etla qualité de toutes les for-mations qui se donnèrentrendez-vous à Bruxellesà la même occasion. Lacapitale avait organiséun festival musical de ni-veau mondial. On put yapplaudir les plus grandschefs venus diriger lesplus grands orchestres etinterprètes : Amalia Ro-driguez pour le fado por-tugais, la voix divine deVictoria de Los Angeles,David Oïstrakh au vio-lon, Karl Böhm à la ba-guette, pour ne citer quequelques noms. Latroupe de ballet du Bol-choï quitta Moscou pourBruxelles, le théâtre wa-gnérien vint de Bayreuth,etc. (...)

    Enfin, l’Autriche quiavait surtout axé son pa-villon sur son riche patri-moine culturel, me per-mit d’assister au plussomptueux office reli-gieux qui se puisse trou-ver. Ce jour-là, dans latrès originale église du pa-villon du Vatican, le car-dinal-primat de Vienneétait entouré à l’autelpour célébrer la «Messedu couronnement » deMozart, de la chorale desPetits chanteurs deVienne et de l’Orchestrephilharmonique deVienne dirigé par Herbertvon Karajan soi-même :que rêver de mieux?»

    André Boever, jeunejournaliste à Versl’Avenir en 1958

    KarajanL’Expo c’est aussi leplus grand rassemble-ment artistique del’année. Où la musi-que avait son tem-ple : le pavillon Phi-lips.

    Le pavillon Philips, temple de la musique

    Sans l’art, l’Expo n’est rien

    Le journal de l’Expo 58Le journal de l’Expo 58

    080408PK

    Fêtez avec nous le 50e anniversaire de l’Expo 58

    JouezJouezet gagnezet gagnez

    Le 50Le 50ee anniversaire anniversairede l’Expo 58 à l’Atomiumde l’Expo 58 à l’Atomium

    * * 2 entrées pour l’Atomium2 entrées pour l’Atomium* * 3 livres :3 livres :- Atomium 1958 - 2008 (de Diane Hennebert)- Au rendez-vous de la planète(livre pour enfants de Marie Wabbes),

    - un numéro spécial de la revue d’art belge Arte News

    50 cadeauxExpo 58

    Une proximité qui me va bien.

    Appelez dès aujourd’hui, et jusqu’au dimanche 13 avril inclus, le 0900/26 678 (0,50€/min. à partir d’un poste fi xe - maximum 1 € à partir d’un GSM) et répondez à notre question : Quel est le nom de l’ingénieur qui a conçu l’Atomium ?Rép. 1 André Waterkeyn – Rép. 2 Gaston Bardet – Rép. 3 Henri Gilis

    Un tirage au sort désignera les gagnants parmi les réponses correctes. Ils recevront leurs cadeaux par courrier.

    En participant à notre concours, vous acceptez que vos coordonnées soient reprises dans la base de données des Editions de l’Avenir (Corelio) et puissent être transmises à des tiers. Vous disposez d’un droit d’accès et de rectifi cation en vertu de la loi du 08/12/92 relative à la protection de la vie privée.

    Le Pavillon du Bonheur provisoire et son exposition « Et le bonheur… C’est pour hier ou pour demain ? »(du 18/4 au 19/10/08)Pavillon universel et démontable construit avec 33 000 bacs de boisson, cet espace insolite a pour vocation de recevoir des projections et des expositions ouvertes au grand public, relatant l’histoire des précé-dentes expositions universelles et celle de 58 en particulier, les idées, les mythes et les rêves qu’elles continuent à véhiculer.Cette exposition-spectacle invite les visi-teurs à se repérer dans l’histoire, dans «leur» histoire, à se questionner aujourd’hui et à se projeter aussi, dans un avenir «viva-ble et durable».

    Expo 58. Entre Utopie et Réalité(du 18/4 au 19/10/08)Réalisée par les Archives de la Ville de Bruxelles, les Archives Générales du Royaume et l’asbl Atomium, cette expo sera centrée sur la mémoire de l’année 58 et sera accompagnée d’un parcours thématique dans les différentes sphèresde l’Atomium.

    Balade Studio 58 Installation, le long du boulevard du Cente-naire, d’une balade photographique com-posée de plusieurs agrandissements de photos d’archives des anciens pavillons de l’Expo 58, et de photographies d’ar-tistes bruxellois contemporains relatives aux mutations urbanistiques réalisées pour l’Expo 58 (des cubes de 4 faces de 3mx3m seront installés entre l’Atomium et la place Louis Steens).

    Feu d’artifi ce d’inauguration(17/4/08 – 22h15) Un feu d’artifi ce de grande qualité sera tiré depuis les boules de l’Atomium à l’occa-sion de l’inauguration des six mois de fes-tivités. Ce feu d’artifi ce sera retransmis en direct sur le site atomium.be.

    8 Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008TE

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    C ’est à ça que l’on voitqu’on n’est plus toutjeune. A la manièredont on vous demande, sansavoir l’air d’y toucher, «Dis,j’sais qu’t’étais pas vieux àl’époque, mais tu n’ pourraispas nous faire un truc sur ceque l’on écoutait à l’Expo58?» Cela tombe bien... toutce que je garde en souvenirdu bel événement, outre l’Ato-mium et le Sputnik, c’est unepetite photo jaunie de monpère plié en deux de rire aubord d’un ballodrome, à laBelgique joyeuse, parcequ’un collègue venait de li-vrer un oeuf à la place de laballe, et qu’un autre en faceavait frappé dessus, lors d’unmatch dont vous imaginez lecrucial enjeu. Pour vous dire.

    American graffiti

    Aujourd’hui, si on remonte50 ans en arrière musicale-ment, on évoque surtout lessauvages/dégénérés (sic) quiont changé le cours du tempset du tempo en donnant ungrand coup de rock’n’ rolldans l’establishment tradi-tionnel. Le meilleur (Hounddog, Blue suede shoes, Heart-break hotel) d’Elvis Presley,pas encore viré crooner, dontle déhanchement scandalisel’Amérique bien pensante qui

    refuse qu’on le filme sous laceinture. Good Golly, MissMolly de l’invraisemblableLittle Richard, explosivegrande folle plus efféminéequ’Amanda Lear. Great ballsof fire par Jerry Lee Lewis quiépouse carrément sa cousinede 13 ans. Johnny B Goodedu génial Chuck Berry qui seretrouve en taule pour avoirramené dans son night clubune jeune apache de 14 ans,rencontrée à Mexico...

    On imagine aussi les équi-pées adolescentes d’Ameri-can graffiti, les filles, les ba-gnoles, James Dean, la fureurde vivre, nouvelle jeunesse,nouvelle musique, nouveauxD.J., Buddy Holly, Gene Vin-cent et Eddie Cochran icônesau destin tragique. Mais on se

    gourre royalement. Rien detout ça chez nous en 58, ou sipeu. Il faut du temps pourque la révolution traverse l’At-lantique. TV balbutiante,chaîne radio unique et généra-liste, Lennon, Mc Cartney,Harrison à l’état d’embryondans un skiffle group baptiséles Quarrymen...

    Ça va bouillir

    Ceci dit, on commencequand même à sentir que celafrétille à la croisée des che-mins, d’autant qu’Ascenseurpour l’échafaud de LouisMalle et les Cousins deClaude Chabrol annoncent lanouvelle vague. Le rock et leshits US débarquent clandesti-nement via les bases militai-res en Europe qu’Elvis rejoint

    d’ailleurs cette année-là. À Pa-ris, Jean-Philippe Smet et lesautres attendent leur heuredu côté de la Trinité. BorisVian, baignant dans le jazz deSt-Germain comme le jeuneGainsbourg du Poinçonneurdes lilas, fait du rock’n’roll-mops, tandis que Salvadortransfigure son inénarrableBlouse du dentiste...

    Bien sûr, ce n’est pas çaque l’on entend régulière-ment à la radio par ici. Al’INR, ancêtre de la RTB,c’est la grande époque deJean-Claude Menessier et deLuc Varenne... surtout que leStandard est champion cetteannée-là, avant d’être à unstud d’éliminer le grandStade de Reims. On écouteRadio Luxembourg et Eu-rope 1. La Star Ac de l’épo-

    que, c’est le radio crochet .Friends et 24 heures chronos’appelent La famille Dura-ton ou Ça va bouillir, oncolle l’oreille à la TSF poursuivre leurs innombrables épi-sodes, tandis que Pierre Dacet Francis Blanche manientsubversion et absurde avec Si-gné Furax et son Gruyère quitue entrés dans la légende.

    Un pont trop loin

    Mais alors, à l’Expo 58, onécoutait quoi? Bien avant lesblousons de cuir de VinceTaylor, les fans de Gilbert Bé-caud avaient certes cassé lesfauteuils de l’Olympia. Mais,surtout, Luis Mariano venaitde triompher dans le Chan-teur de Mexico, et Tino Rossi,le Français qui a vendu leplus de disques de tous lestemps, l’avait imité dans Na-ples au baiser de feu. Voyezle genre. En vrac, Dalida sur-fait sur Bambino, les Platterssur Only you, Paul Anka pas-sait de Diana à You are mydestiny, Piaf chantait Monmanège à moi, Brassens sepromenait au Bois de moncoeur, Brel entrait en passionavec Quand on n’a quel’amour, Richie Valens dan-sait la Bamba, et Louis Primasouhaitait Buona sera.

    Avec un peu de chance, onpouvait aussi tomber de-cide-là sur Elvis, Buddy Holly,les Coasters ou les Everly Bro-thers, plutôt soft et pas par-tout. Car le numéro un ab-solu c’était, on vous le donneen mille, Hello, le soleilbrille, brille, brille, adapta-tion française du thème duPont de la rivière Kwaï par laBruxelloise Annie Cordy!

    Christian CARETTE

    I ls venaient des quatrecoins du monde. Unebonne dizaine d’orches-tres de jeunes se rassemblent,en juillet 1958, sur le site duHeysel. Une grande réunionorganisée par les Jeunessesmusicales. Alain Michel, unlecteur de Jambes, se sou-vient. « Je fréquentais lesconcerts des Jeunesses musi-cales. Je parlais l’anglais etj’ai été engagé comme béné-vole pour accompagner undes orchestres. Moi j’avais en

    charge les jeunes de la Jul-liard School de New York.»Les meilleurs musiciens dechaque orchestre avaient étérassemblés pour donner ungrand concert, dans l’audito-rium. Le chef en était Her-mann Scherchen, «je me sou-viens qu’il était particulière-ment autoritaire quand lesjeunes manquaient de disci-pline.»

    Autre souvenir d’Alain Mi-chel, l’altercation qui l’a op-posé au chef d’orchestre de laJulliard School, Jean Morel,pour un bête problème de net-toyage à sec. «Il s’était fâchésur moi et je lui ai alors expli-qué que, dans ce cas, je refu-sais d’encore m’occuper delui. Il est venu s’excuser lesoir en me disant “je ne sa-vais pas que vous étiez béné-vole…” Drôle de mentalité !»

    M.F.G.

    Les jeunes musiciens du monde entier rassemblés dans le grand audito-rium de l’Expo. Fameux souvenir.

    Si Elvis chantait déjà, en 58 à Bruxelles, c’est Jacques Brel et Annie Cordy qui cartonnent.

    Avec les Jeunesses musicales

    Vingt ans et la musiquepour bagage

    Qu’écouta i t -on àl’Expo 58? Pas forcé-ment ce que l’on ima-gine aujourd’hui. Al’Olympia, c’est pourBécaud que l’on cas-sait des fauteuils.

    Du 13 au 20 juillet1958, des centainesde jeunes musiciensse rassemblent sur lesite de l’Expo. Un lec-teur se souvient desNew-Yorkais.

    La musique à la croisée des chemins

    Le soleil brillait, brillait...

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    Supplément au journaldu jeudi 10 avril 2008 TE 9

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    Mode

    Comme pour oublier la di-sette des années de guerre, lamode féminine connaît unevéritable révolution dans lesannées 50. La femme rêve dematières chatoyantes, de ro-bes virevoltantes qui mettenten valeur les creux et les ar-rondis de sa silhouette. Dior,Yves Saint Laurent, Fath, Ba-lenciaga,… rivalisent d’élé-gance pour habiller les diffé-rents moments de la journée.Les tenues sont très codi-fiées : un tailleur le matin,une robe l’après-midi agré-mentée de bijoux ou d’uneceinture et pour le soir unerobe plus habillée. Pour allerau théâtre ou à un dîner, lafemme enfile une robe de

    cocktail, courte et très décol-letée. Toujours longues, re-haussées de broderies, dentel-les et de plumes, les robes dusoir sont époustouflantes.Chaque tenue se porte avecdes accessoires assortis(gants, sac et escarpins). Bibi,béguin, canotier, capeline,…le chapeau est de rigueurquelle que soit la tenue. Letailleur-pantalon fait une ti-mide apparition mais ne seporte qu’en de rares occa-sions bien déterminées : pourfaire du sport, en vacances,…À la fin des années 50, lamode s’assouplit. Les robes

    sans taille font leur appari-tion et s’arrêtent juste en des-sous du genou. Bardot a déjàenfilé son bikini en vichy roseet blanc. Cette année-là, YvesSaint Laurent révolutionne lamode en créant pour Dior laligne Trapèze.

    Littérature

    58 est une année charnièreen littérature. En France, onbaigne en plein début de ceque le critique Émile Henriota baptisé négativement, dansLe Monde, l’année précé-dente, La nouvelle vague. Etc’est en 58 qu’est publié, aux

    Éditions de Minuit, une desœuvres littéraires les plus po-pulaires de ce nouveau cou-rant littéraire, Moderato Can-tabile, de Marguerite Duras.En 1960, Peter Brook en ti-rera d’ailleurs un film avecJean-Paul Belmondo. L’autrelivre culte de l’année est sansconteste La modification deMichel Butor.

    Mais 58 c’est égalementl’année où l’écrivain russe Bo-ris Pasternak reçoit le PrixNobel de Littérature. Un prixqu’il devra refuser sur la pres-sion de l’Union des écrivainssoviétiques.

    Et comment ne pas citerles mémoires d’une jeune fillerangée de Simone de Beau-voir, Le lion de Kessel, Lanuit d’Elie Wiesel. C’est aussi

    cette année-là que deux Bel-ges vont s’illustrer. HenryBauchau publie son premierrecueil de poésie, Géologietandis que le Goncourtéchoit (un peu par hasard) àl’écrivain bruxellois FrancisWalder pour un roman histo-rique, Saint-Germain ou lanégociation. Enfin les deuxpoids lourds de la littératurefrançaise restent Sartre et Ca-mus. Ce dernier serad’ailleurs appelé, par le Géné-ral de Gaulle, tout nouveauprésident de la Ve Républiqueen France pour une missionen Algérie.

    CinémaGigi, de Vincente Minnelli

    avec Louis Jourdan et LeslieCaron, reçoit l’Oscar dumeilleur film. Mon oncle, deJacques Tati, décroche la sta-tuette du meilleur film en lan-gue étrangère. Plusieurs chefs-d’œuvre sortent cette an-née-là : Ascenseur pourl’échafaud de Louis Malle,Hiroshima mon amourd’Alain Resnais, Les amantsde Louis Malle, Les tricheursde Marcel Carné, Témoin àcharge de Billy Wilder ou en-core Sueurs froides d’AlfredHitchcock. 1958 voit aussi lanaissance de futures stars du

    cinéma : Sharon Stone, Mi-chelle Pfeiffer, Isabelle Mer-gault, Kevin Bacon, LambertWilson, Madonna, Tim Bur-ton, Tim Robbins et AlainChabat.

    Bande dessinéeLes Schtroumpfs font leur

    apparition dans La flûte à sixschtroumpfs, une aventure deJohan et Pirlouit prépubliéepar le journal Spirou. Lesêtres bleus inventés par Peyoseront tant plébiscités par leslecteurs qu’ils vivront ensuiteleurs propres aventures. C’estaussi en 1958 que sort le 19ealbum de Tintin, Coke enstock, et qu’Uderzo et Gos-cinny lancent une série paral-lèle à Astérix, l’éphémèreOumpah-Pah.

    M.F.G., C.D. & Mi.D.

    Jacques Tati dans un de sesmeilleurs films, «Mon oncle ».

    Boris Pasternak devra