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SUD Education Hautes-Alpes Bourse du travail 3 Rue David Martin 05000 GAP Tel : 06 43 63 43 54 [email protected] L'arnaque du numérique éducatif On cherche encore le pédagogique Petit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants... … de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel » de Juillet 2013, rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) – Propos repérés par le signe (1) … de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre ( L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée - 2012) – Propos repérés par le signe (2) Ce feuilleton est né d'une humeur survenue après la lecture du rapport (référencé ci-dessus) passé tout à fait inaperçu auprès de nos collègues enseignant-es. L'humeur a constitué le premier numéro de ce feuilleton, puis, a continué à s'exprimer à raison d'une fois par semaine jusqu'au dixième numéro, dans notre bulletin hebdomadaire (d'où la présence des références à chaque numéro). C'est une petite «lecture suivie» pour les collègues qui n'ont pas le temps de se farcir un rapport et en faire une analyse, qui plus est, comparée à un excellent ouvrage qui sent bon la réflexion profonde. La lecture est ponctuée de courts ou longs commentaires personnels repérables en gras. Il est conseillé d'imprimer pour lire

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SUD Education Hautes-Alpes

Bourse du travail 3 Rue David Martin

05000 GAP Tel : 06 43 63 43 54

[email protected]

L'arnaque du numérique éducatif On cherche encore le pédagogique

Petit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...

… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel » de Juillet 2013, rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) – Propos repérés par le signe (1)

… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée - 2012) – Propos repérés par le signe (2)

Ce feuilleton est né d'une humeur survenue après la lecture du rapport (référencé ci-dessus) passé tout à fait inaperçu auprès de nos collègues enseignant-es. L'humeur a constitué le premier numéro de ce feuilleton, puis, a continué à s'exprimer à raison d'une fois par semaine jusqu'au dixième numéro, dans notre bulletin hebdomadaire (d'où la présence des références à chaque numéro).

C'est une petite «lecture suivie» pour les collègues qui n'ont pas le temps de se farcir un rapport et en faire une analyse, qui plus est, comparée à un excellent ouvrage qui sent bon la réflexion profonde.

La lecture est ponctuée de courts ou longs commentaires personnels repérables en gras.

Il est conseillé d'imprimer pour lire

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 1er épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Tiré de (1) : « Les grands acteurs globaux du numérique et des médias investissent de façon croissante dans le secteur éducatif, identifié par certains d'entre eux comme un grand marché potentiel et il serait dommage que la France reste à l'écart de ce mouvement. » Voilà ce qui justifie ce rapport de 61 pages, pourtant comportant le mot pédagogique dans son titre, mais rassurez-vous, ce n'est guère que dans le titre et peut-être à deux ou trois reprises sur de malheureux paragraphes ne dépassant pas 10 lignes, noyés dans une prose économicocentrée. Ce morceau choisi apparaît dès la synthèse qui figure en première page. Mais il y a pire plus loin : « … l'éclatement de la demande (ref. au numérique éducatif) ne permet pas d'assurer aux entreprises qui produisent les ressources numériques une visibilité de moyen terme sur leurs recettes futures, et ainsi d'investir dans l'innovation ». (p.26)On comprend pourquoi la refondation de l'école comporte un volet « soutien de la filière numérique ».

Tiré de (2) : « La commission européenne ne s'y trompe pas. Haut lieu d'élaboration de politiques les plus libérales, elle fait du développement des technologies de l'information et de la communication un des axes majeurs de sa stratégie « Europe 2020 ». Selon elle, ce secteur contribuerait à un quart de la croissance de l'Union européenne et à 40 % de la hausse de la productivité, pour seulement... 4% des emplois. » ça calme.

Petite rétrospective, non exhaustive, toujours tirée de (2) : « Jusqu'à maintenant, les tentatives pour faire pénétrer l'informatique à l'école, comme le plan « Informatique pour tous » lancé en 1985, se sont révélées être des échecs, faute de moyens, d'une réelle volonté politique et d'un environnement social et technique favorable. »« Le contexte aujourd'hui a changé, la société s'est complètement informatisée alors que l'école reste un des derniers espaces sociaux qui n'a pas été envahi par les technologies numériques. »« 2005 : … B2I … C2I2E (obligatoire pour le concours PE depuis 2010) »... 2009 : Luc Chatel : « Il faut faire basculer (l'EN) totalement dans l'ère numérique » « Un plan de 50 millions d'euros a été lancé en 2009 par Xavier Darcos » « François Hollande, alors Président du CG Corrèze s'est distingué... pour un budget de 1,5 M d'euros par an.»« 2011 : Cahier de texte numérique.2012 : … ENT ... » « Toutes ces mesures devraient permettre à la France de « Rattraper son retard », une expression consacrée chez les libéraux et les technocrates désireux d'imposer à marche forcée les mutations sociales qui servent leurs intérêts ». Et oui, car cette « croyance » numérique opère partout en Europe car :Toujours tiré de (2) : « Depuis une vingtaine d'années, elles (les entreprises liées aux nouvelles technologies), font un travail de lobby auprès de la commission européenne et des États pour imposer les TIC à l'école et dans la formation continue.»

RDV aux prochains épisodes pour ce qui est du marketing numérique, de l'illusion pédagogique numérique et même des catastrophes cognitives du numérique, de la privatisation de l'enseignement grâce au numérique, de la clientélisation des apprenants grâce au numérique, de l'utopie de l'emploi dans le numérique et même de la destruction massive des emplois grâce au numérique, du formatage des travailleurs au numérique dès le plus jeune âge, de la disparition des savoirs au profit des compétences numériques nécessaires à l'employabilité, de la consommation et pollution démultipliées... Bref, de tous les arguments pétris de bons sentiments démontés dans ce livre. Tout ça pour qui ?

Si l'on veut les maîtriser et non l'inverse, Les technologies numériques méritent qu'on les critique avec clairvoyance et lucidité,

Non pas qu'on les laisse envahir et diriger nos vies et nos écoles avec naïveté.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique – Épisode 2Petit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Vous avez compris, la nouvelle croyance porteuse de croissance met l'EN à contribution pour permettre à la France de prendre une place sur le marché du numérique. Outre le fait que ceci ne soit pas vraiment un objectif décent pour l'EN, les naïvetés enrôlées qui croient ouvrir la voie du travail à toute une génération de jeunes, les font rêver de la même façon qu'on fait rêver avec le foot et l'opportunité de devenir un jour un Zidane. Un jour Bill Gates ? Croyez-vous ? Que néni ! Ce gros marché n'est pas pour tous. Il est même seulement pour quelques uns. Et ces quelques uns l'ont déjà accaparé. Il n'y a qu'à consulter le palmarès des 300 plus riches du monde 2013 : Les 2 premiers en sont Bill Gates et Carlos Slim qu'on ne présente plus. On trouve aussi en 13ème position Jeff Bezos (Amazon), en 19ème Larry Page (google), en 26ème Mark Zuckerberg (Facebook)... Contrairement à la croissance dont on vous rebat les oreilles, leur fortune est exponentielle (l'an dernier, Jeff Bezos n'était que 30ième. Grâce aux tablettes que les établissement feront acheter cette année, il sera rapidement 2 ou 3ème). Et tout ce beau monde a bien l'intention de booster encore votre consommation, avec le concours de l'EN et autres ministères naïfs, (ou complices ?).Mais, voilà, il y a encore des freins. Des gros freins. Et parmi les freins, il y a vous.

Tirés de (1) : « La mission a identifié un certain nombre de freins au développement d'une véritable filière du numérique éducatif, et formule en conséquence une série de propositions pour les lever... » (p.2)

Parmi 5 points, on trouve : « - Pédagogiques (s'agissant des freins) : le développement limité des usages numériques traduit un attachement au support imprimé (manuel scolaire classique, photocopies), une faible valorisation des compétences numériques au niveau des examens, une politique de recherche et d'évaluation assez peu développée à ce sujet, et une formation à l'intégration du numérique insuffisante du monde enseignant comme de son encadrement. » (p3)

Attendez-vous donc à ce que l'on vous compare à d'autres pays qui ont déjà commencé à dézinguer leur système d'enseignement public, pour sommer la France de rattraper dare dare son retard. Tout cela agrémenté des chiffres PISA ou autres... Zéro analyse de cause à effet. D'ailleurs, en introduction, ce rapport avoue : « Même s'il ne faut pas surestimer ni les impacts positifs du numérique sur la réussite éducative – il s'agit à ce stade d'un sujet assez peu documenté – ni l'ampleur des usages numériques à l'école – ils restent assez limités même dans les pays les plus en pointe – il n'y a guère de doute sur les enjeux de l'éducation au numérique et sur l'importance d'une généralisation du numérique à l'école. » Avec ZÉRO RECUL, on aura vite fait un rapprochement (inexistant en réalité) entre pédagogie « innovante », « efficaces » et nouvelles technologies. Et ça ne tarde pas, directement après la liste des freins, une page plus loin, voici :« Plusieurs pays ont en effet décidé d'imposer le passage au numérique des ressources éducatives, au travers des décisions très fortes, en introduisant le numérique dans les examens ou en fixant une échéance au-delà de laquelle les achats de ressources par l'État ne porteraient plus que sur des ressources numériques. La mission présente ces options sous forme de scénarios. » (p.4)

Souvenez-vous, au départ, les TICES n'étaient pas là pour remplacer les livres, ni pour faire apprendre des compétences de bureautique à tous !Mais aujourd'hui, il faut entretenir la consommation pour le bien de quelques-uns, et être employable pour les autres...

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Tirés de (2) : « Les entreprises de la nouvelle économie savent que la pénétration des outils technologiques dans les pratiques d'enseignement leur ouvrent un nouveau gisement de profits : espace numérique de travail, logiciels d'apprentissage, tablettes graphiques, ordinateurs, manuels numériques, outils nomades... et même bientôt jeux vidéos sérieux ! » (Si, si, ils sont pointés par le rapport ci-dessus référencé 1 parmi les « ressources foisonnantes »).

« Sans compter les besoins futurs en e-learning qui, si tout évolue dans le sens de l'économie de la connaissance, pourraient à moyen terme remplacer l'école en tant que lieu physique et ouvrir de nouveaux marchés. »... « Autre bénéfice indirect : en conditionnant les individus dès leur plus jeune âge, y compris dans le cadre scolaire, à l'usage des nouvelles technologies, on les prépare à être des parfaits e-consommateurs, au sens d'acheteurs, bien sûr, mais aussi d'usagers frénétiques des objets high-tech. »

Bon, le dézingage de l'école publique et des apprentissages... dans les prochains épisodes.

Si l'on veut les maîtriser et non l'inverse, Les technologies numériques méritent qu'on les critique avec clairvoyance et lucidité,

Non pas qu'on les laisse envahir et diriger nos vies et nos écoles avec naïveté.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 3ème épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Tirés de (1) : « L'e-éducation constitue l'un des huit secteurs d'intervention du FSN (Fonds national pour la société numérique). Le premier appel à projets lancé en janvier 2011 portait sur les technologies de l'e-éducation. Une enveloppe de 8,3 M d'euros a été dégagée » ... « Un deuxième appel à projets a été lancé début 2012 sur les services innovants pour l'e-éducation. 17 projets ont été sélectionnés pour une enveloppe de 18,8 M d'euros » ... « Enfin en juin 2013 un nouvel appel à projet de 10 M d'euros a été lancé ». Il porte sur les ressources pédagogiques numériques au primaire et dans le secondaire. »

Malgré tous ces sous qui nous font rêver si ils étaient investis dans l'humain, le rapport se plaint :« Pourtant la France est globalement en retard dans l'équipement et l'usage du numérique éducatif » … « Si les études européennes montrent que la France se situe globalement dans la moyenne des pays européens en matière d'équipement, deux éléments de fragilité se distinguent toutefois : la France est toujours très éloignée des meilleurs standards européens, (…) l'enseignement primaire fait apparaître un retard particulièrement préoccupant : la France est systématiquement en dessous de la moyenne européenne, avec notamment un ordinateur pour 10 élèves contre un pour 7 en moyenne au sein de l'Union européenne et même un pour 3 au Danemark »... « L'équipement en tablettes tactiles ne fait pas encore l'objet de recueil de données statistiques consolidées au niveau international. Toutefois, contrairement au chemin suivi par la France jusqu'à présent, plusieurs pays ont décidé d'engager un équipement massif des élèves en tablettes, notamment : le Royaume-Uni... (on vous passe les détails du rapport), la Corée du Sud... (on vous... ), la Turquie (on... ), la Thaïlande (...).

Alors, hein ? C'est la honte hein ? !Ben, toujours avec ZÉRO RECUL, on pourrait en déduire ce que le rapport en déduit de manière éhontée, lui, sans analyse aucune de cause à effet. Eh !!! On vous a comparé-es à la Thaïlande et la Corée du Sud, ou bien aux « meilleurs standards européens », ça vaut une thèse ! Allez, on vous livre la déduction tombée du ciel :« Il en ressort pour la France : Des configurations moins flexibles en terme d'usages et par conséquent plus favorables aux méthodes où l'enseignant (l'établissement) – et non pas l'élève – est au centre des apprentissages »....

Allez, changeons un peu de lecture, sinon, on va se fâcher et faire une explication de texte pour montrer à ces gens qui ne savent pas de quoi ils parlent, ce qu'est une vraie pédagogie où l'élève est réellement au centre. Mais on perdrait notre temps, car en fait, ils visent d'autres objectifs, en essayant de les justifier avec des mots comme « pédagogie constructiviste ». Si si ! (On reparlera de la novlangue)

Tirés de (2) qui lui aussi, regarde d'autres pays :... « La virtualisation des cours accompagne les coupes opérées dans le budget dédié à l'éducation par l'État de Floride. C'est aussi le cas au Mexique ».

Voici des propos rapportés de Patricia Cabrera, directrice d'un organisme privé (Institut Latino-américain de la Communication Educative) qui vend des programmes pour les télécollèges « modernes » et « bon marché » (ses propres expressions) et qui est soutenu par le gouvernement mexicain, qui en profite pour fermer des écoles de formation : « Nous imaginons des contenus éducatifs que le professeur pourra recevoir via son téléphone portable ou son iPad. Nous cherchons à comprendre comment diffuser ce matériel via Facebook et Twitter ; c'est le sujet de nos échanges en ce moment avec le ministère.

Toujours tirés de (2) : Citant le rapport Fourgous (car un rapport en appelle un autre) (« la classe ne se fera plus seulement dans un même lieu, au même moment, le temps extrascolaire pénètrera le temps scolaire et la relation enseignant-apprenant en sera renforcée; les élèves auront accès aux cours de n'importe où et pourront communiquer en temps réel avec leur enseignant, qu'ils soient dans la classe, dans

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le parc ou à leur domicile »), Cédric Biagini nous fait remarquer que « l'éclatement du groupe-classe et la désynchronisation des cours sera une nouvelle étape de l'atomisation de la société. ». Et il poursuit : « Aujourd'hui, la classe reste encore un des rares espaces communs où un ensemble de personnes qui ne se sont pas choisies vivent ensemble des expériences bien réelles, profondes, tissent des amitiés – et aussi des inimitiés ! - dans le cadre plus global de l'école, qui, malgré tous ses défauts, invite à composer avec l'autre, à créer du collectif, et participe en ce sens du bien commun. Situation obsolète et insupportable à l'heure des réseaux sociaux et de la société numérique. L'individualisation - concomitante à l'uniformisation des comportements – est devenue la norme, ce qui se traduit dans le cas de la numérisation de l'enseignement par la personnalisation du parcours scolaire. »

Petit retour sur (1) (après le chapitre du matraquage du soit disant retard à combler absolument) :« Parce qu'il crée une porosité entre les temps de vie de l'élève, le numérique rend possible des formes d'apprentissage nouvelles plus flexibles qui intègrent le temps scolaire et le hors temps scolaire. Les outils et services sont utilisables par tous, pour tous et partout. Les espaces dédiés aux apprentissages se diversifient, les lieux de travail et de vie sont réorganisés, ils intègrent le « dans la classe », le « hors la classe », le « hors l'établissement ou l'école », la sédentarité et la mobilité. Les lieux d'apprentissage peuvent être modulés par l'usage des équipements mobiles et les horaires peuvent être réaménagés pour intégrer les groupes de compétences et le travail à distance. Des modalités d'enseignement hybride (en présence et à distance) apparaissent et s'intègrent progressivement dans l'organisation scolaire.

L'élève client, le futur employable, l'école des compétences, l'école sans professeurs, les catastrophes sociales et cognitives (… et le matraquage publicitaire qui va avec pour nous faire basculer plus vite) dans les prochains épisodes.

Si l'on veut les maîtriser et non l'inverse, Les technologies numériques méritent qu'on les critique avec clairvoyance et lucidité,

Non pas qu'on les laisse envahir et diriger nos vies et nos écoles avec naïveté.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 4ème épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Où en étions-nous ? Ah oui, à la fin de ce que le rapport Fourgous appelle « le mode présentiel ».

Vous allez être e-formé-es pour e-enseigner afin de donner aux élèves les bases de l'e-employabilité, c'est à dire e-savoir e-caresser un e-écran qui e-dirige toutes les e-opérations du e-travail afin de e-fabriquer et de e-vendre des e-produits. Ah, mais e-attention ! Il faut aussi que vous donniez des e-reflexes de e-consommation à vos e-élèves, sinon ça e-sert à rien tout e-ça... Et tout ça, c'est pas e-rien : ce sont les milliards investis dans ce bazar en ce moment, sans compter la e-propagande. Alors, les enseignants ploucs de la vraie pédagogie sans e, mettez-vous dare dare au boulot pour soutenir la filière !!! Sinon, vous êtes e-viré-es ! (sérieusement, les e-viré-es existent dans le secteur du numérique – on en reparlera).

Tirés de (1) : « Cet usage relativement faible du numérique éducatif en France est à mettre en relation avec le moindre niveau de formation dont bénéficient les enseignants... » « L'équipement insuffisant des établissement scolaires, et, plus encore, le faible développement des usages dans les classes freinent la capacité des élèves à maîtriser les outils numériques dans toutes leurs potentialités. Cette situation est préoccupante pour la réussite des élèves à l'école comme pour leur insertion sur le marché du travail. »

Tiré de mon dérapage perso. : Non mais allô quoi !!! T'es enseignant-e et t'as pas de tablette ? Si tu tapotes pas t'es bête !!! J'en connais d'autres du même niveau de réflexion : t'as 50 ans et t'as pas de Rolex, t'as raté ta vie, ou encore t'es une fille et t'as pas de shampoing ! (J'ai pas pu m'empêcher, ça rend débile ces rapports !). Bon, on continue :

Toujours tiré de (1) : «A plus long terme, c'est également un enjeu de compétitivité pour l'économie française, le retard pris dans les usages du numérique affectant le niveau de capital humain et donc la productivité du travail des futurs salariés des entreprises nationales ».C'est pour ça que, toujours tiré de (1), dans son introduction même : « Le gouvernement a donc mandaté une mission pluridisciplinaire pour préparer le volet industriel de la stratégie numérique présentée par le ministre de l'Éducation nationale le 13 décembre 2013. » (ça vous a échappé pendant les préparatifs de Noël). Je vous épargne les détails de la stratégie nationale avec ses « Conseils Stratégique de la Filière numérique (CSF numérique)...», ses «Programmes des Investissements d'Avenir (PIA)... qui, dans ce rapport où l'on cherche encore le pédagogique, exposent sur quoi « la France peut compter » : Le «secteur de l'édition scolaire solide et qui a déjà commencé à développer une offre numérique», les « organismes et associations professionnelles investies dans le numérique éducatif », bien sûr désintéressées, seulement bienfaitrices pour le niveau culturel de nos gosses, et sur qui la France peut s'appuyer comme « le Syntec numérique (syndicat professionnel) et son comité e-éducation » (qui prônait sur France Inter il y a peu de temps, un usage des TICES dès la maternelle afin de former des futurs employés plus adaptables aux techniques de pointe), comme « le syndicat national du jeu vidéo (SNJV )» qui arrive à faire croire à l'EN que les « Sérious games » sont pédagogiques (on est bien dans le domaine de la croyance car aucun chiffre n'étaye ces propos – là où l'argent est roi, il n'est point besoin de rapport PISA.)...

Des tonnes de groupements sont cités, y compris les gros requins qui « ont une filiale en France » (go..., Micr...), sans compter ceux qui « pourraient jouer ce rôle de structuration » (de la filière) : Hachette, Orange, Vivendi, SFR, Dassault System, Ubisoft... ..., et si je continue, je ne sais pas si j'aurais la place pour (2) dans cet épisode. Bref, on va résumer par :

Toujours tiré de (1) : « Le déploiement massif du numérique dans le cadre scolaire est un grand chantier au sens où il concerne plus de 12 millions d'élèves, près de 17 millions de parents et 1 million d'enseignants et

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personnels de l'éducation, de direction et d'inspection. S'engager dans une perspective de généralisation, impose des exigences de qualité industrielle (pédagogique ? Et non, manqué ! On s'en fout) qui, pour l'instant, ne sont pas satisfaites. » Vous ne comprenez pas ? Attendez voici quelques lignes plus loin :« Le numérique éducatif est dispersé parmi les différentes structures du ministère de l'éducation nationale et n'est pas l'objet d'un pilotage stratégique unique organisé en mode projet ». Juste quelques citations encore pour éclairer votre compréhension, car je manque de place :S'agissant de la construction des programmes de l'enseignement : « ...il apparaît que la demande de « numérique » est faible parce que la place des produits, outils, ressources et services numériques n'est ni évidente ni centrale dans les programmes actuels.»

Toujours tiré de (1) : « Au lieu de prescrire une liste quasi exhaustive de situations, savoirs ou compétences, les programmes pourraient se limiter à quelques grands enjeux et mettre en avant les approches transversales et critiques, vis à vis desquelles le recours au numérique trouverait sa place. De tels programmes, construits sous la forme de référentiels de compétences de type « curriculum », sont effectivement utilisés dans nombre de pays européens dans lesquels les pratiques pédagogiques avec le numérique sont plus avancées que dans notre pays (par exemple le Royaume-Uni et l'Autriche).»S'agissant des obstacles économiques, le rapport pointe : «Un achat éclaté entre différents contributeurs publics et privés »... « une dispersion préjudiciable à la lisibilité de la demande pour les acteurs de l'offre»... « l'éclatement de la demande ne permet pas d'assurer aux entreprises qui produisent les ressources numériques une visibilité de moyen terme sur leurs recettes futures, et ainsi d'investir dans l'innovation »... « une absence de débouchés clairement identifiés au-delà de la seule sphère éducative (…) soutien scolaire et cours particuliers (…) dont le « volume d'affaires estimé entre 927 M d'euros et 1,5 Mds d'euros en France en 2011 (…) enseignement scolaire à distance (…) formation professionnelle continue ».

J'arrête avant votre e-indigestion.

Vous cherchez toujours les arguments pédagogiques là-dedans ? Nous aussi. Bon, vous avez compris, tous les échelons de la hiérarchie vont être mis à contribution pour mettre de l'ordre dans ce grand marché. Vous n'allez pas tarder à voir votre Recteur ou votre DASEN vous exposer ses grands projets de modernisation de l'éducation (peut-être que sa prime en dépendra ?).Tous ses arguments démontés dans le livre de Cédric Biagini (2), à qui, promis, je laisserai une grande place dans le prochain épisode. Pour l'heure, j'ai peur que vous ne tardiez pas à présenter le nouveau symptôme des e-lecteurs en me rétorquant : « tldr », ce qui veux dire : too long, didn't read.Et si vous êtes arrivé-es jusque là, bravo et merci.

Et toujours à venir : L'élève client, le futur employable, l'école des compétences, l'école sans professeurs, les catastrophes cognitives et sociales… dans les prochains épisodes.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 5ème épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Résumé du dernier épisode : Les grands projets numériques de votre Recteur, de votre DASEN... Et je vous avais promis une grande place à (2), l'ouvrage de Cédric Biagini. Donc, voici :

Tirés de (2) : «Le 4 juillet 2012, a été lancée la concertation « Refondons l'école » dont le volet intitulé «une grande ambition pour le numérique» montre la volonté politique de continuer à accélérer le processus de numérisation de l'enseignement.» Citant Richard Descoing, ancien directeur de l'Institut Politique de Paris (« L'utilisation du numérique constitue aujourd'hui une des conditions indispensables à l'insertion professionnelle dans les entreprises, qui se mettent, pour la plupart, à l'économie numérique »), Cedric Biagini explique que «le lien entre enseignement et exigence dans la transmission des connaissances, fragilisé depuis plusieurs décennies, est aujourd'hui en passe d'être complètement rompu par la numérisation des enseignements qui consacre une vision utilitariste de l'école ». «La formation de l'élève se doit d'être économiquement rentable.»...«Toute marchandise est obsolète à l'instant même où elle est commercialisée. Dans ce marché perpétuellement déstabilisé, les travailleurs doivent s'adapter, l'exigence de mobilité et de flexibilité les oblige à se plier à ces processus de précarisation. Ainsi la capacité d'adaptation aux transformations technologiques et économiques devient la compétence la plus valorisée.» …

«Plier l'enseignement à la « norme sociale du capitalisme » en considérant l'employabilité comme l'objectif prioritaire dans le contexte de l'économie de la connaissance que nous avons décrit, revient à placer la logique de « compétences » au coeur de l'école, et ce, à tous les niveaux, de la maternelle à l'enseignement supérieur. Il s'agit alors de produire du « capital humain », clé de la réussite dans l'économie de l'immatériel, en lui donnant les aptitudes et les dispositions psychologiques de base. C'est ce que formule très clairement l'OCDE... »

J'arrête la citation, vous connaissez les piliers du socle et leurs compétences au niveau de l'EU. « Il s'agit alors d'articuler de façon étroite et continue formation et employabilité. Dans ce processus, la numérisation de l'enseignement joue un rôle essentiel. Il faut produire des individus possédant une culture générale réduite (rappelez-vous le curriculum cité dans (1) de l'épisode 4) ; les savoirs instrumentaux et les compétences flexibles remplacent la culture émancipatrice et les connaissances nécessaires à la construction personnelle et à la vie en société. En fabriquant le travailleur-consommateur de demain, les (contre-)révolutions pédagogiques vont dans le sens de ce que demandent l'entreprise et le capitalisme. Elles formatent bien plus qu'elles ne forment. »

En effet, on attend toujours le pédagogique – je vous réserve le meilleur pour la fin.

Toujours tirés de (2) : « Derrière le rapport Fourgous et le discours qui prône l'usage des nouvelles technologies dans l'enseignement, se trouve la puissante idéologie qu'ont développée les acteurs économiques du secteur numérique » (un petit apéro de cette idéologie en fin de cet épisode). « La privatisation de l'enseignement, déjà bien amorcée dans le supérieur ou dans les cours de préparation aux concours et examens, ne fera que s'accentuer et touchera tous les niveaux de l'école. D'autant que le retrait de l'investissement public risque de s'accentuer, notamment sur le plan du recrutement du personnel enseignant, puisque pour la France, le nombre d'enseignants recrutés depuis 2007 a diminué de moitié. Difficile de ne pas faire le lien entre ces baisses d'effectif et l'invasion numérique – processus en cours ou achevé dans tous les secteurs de la production -, même s'il n'est sûrement pas conscient pour l'instant, du moins du côté de l'Éducation nationale et des politiciens. » On pourrait peut-être leur sortir le nez du guidon de leur naïveté ? … «De plus en plus de familles ont recours à des entreprises privées de soutien scolaire, cette pratique augmentant au rythme de 10% par an en

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France. Selon l'Institut national de la recherche pédagogique, le soutien payant concerne entre 850 000 et 2 millions d'élèves. « Nous sommes entrés dans l'ère de la marchandisation de l'offre scolaire, où les élèves et leurs familles deviennent des clients comme les autres», s'inquiète Mark Bray, directeur de Centre de recherche en éducation comparée de l'université de Hong Kong.»« Les sociétés prospèrent : Acadomia, numéro un en France (110 millions d'euros de chiffre d'affaires), ou Complétude, Keepschool, Profadom, etc. Et beaucoup parient sur le soutien scolaire en ligne : Portailprof, Profexpress, Teacheo.com, Educastream, etc. Il suffit d'ordinateurs, de webcam, de Skype ou de MSN, et la leçon peut débuter. Profexpress, « n°1 de la téléassistance aux devoirs » promet même « en trois clics un enseignant de l'Éducation nationale en direct ».Et pourquoi pas 2en1 : le prof et la pizza : e-PizzaProf-Ut ?

Bon, finalement, pas de place pour (1) dans cet épisode, ça fait pas de mal de lui clouer un peu le bec.

Ah, j'allais oublier l'apéro :Un petit aperçu de l'idéologie relayée avec fierté sur le e-marché, toujours tiré de (2) : « Nous engageons nos employés sur ordinateur, ils travaillent sur ordinateur et ils sont virés par ordinateur » (John Cage, dirigeant de l'entreprise Sun Microsystems).

L'école sans professeurs (prolétarisation et réduction de liberté pédagogique), l'illusion numérique et ses catastrophes cognitives, sociales et écologiques… dans les prochains épisodes.

Si l'on veut les maîtriser et non l'inverse, Les technologies numériques méritent qu'on les critique avec clairvoyance et lucidité,

Non pas qu'on les laisse envahir et diriger nos vies et nos écoles avec naïveté.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 6ème épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Depuis ces dernières semaines, vous avez sans doute trouvé le temps sur vos week-end, ou vos nuits peut-être, de prendre connaissance de votre moderne formation m@gistère ? Votre super CV qui contrôle aussi les effets de votre e-formation dans vos classes ? Rassurez-vous, ce sera 0 effets positifs. Une formation virtuelle ne peut qu'aboutir à des effets virtuels dans la classe, c'est à dire inexistants dans la vraie vie de la vraie classe. Par contre, dans cet e-monde de la formation/enseignement/soutien publiprivés à distance, ou en mode présentiel de technicien relais, les impacts négatifs (tant sur les enseignés que les enseignants) sont réellement immondes.

Comme on ne vous demande pas votre avis, pire, on parle à votre place (en attendant de penser à votre place)... Tiré de (1) : « L'entrée de l'école dans l'ère numérique commence à être ressentie par les enseignants, non pas comme une évolution plus ou moins inéluctable, mais comme une véritable révolution éducative. » (RDV dans l'épisode des catastrophes cognitives pour cette illusion). … commençons par l'impact sur vos libertés (pédagogiques et personnelles) vous, les enseignants :

Toujours tirés de (1) : « Les plateformes dédiées devraient permettre échanges et mutualisation des bonnes pratiques » (si si ! « bonnes pratiques ») ... « La recherche pédagogique gagnerait à être relancée, associant l'Institut français de l'éducation (IFÉ), les fournisseurs de matériels, produits et services numériques, les associations de spécialistes, afin de dégager ce que seront les « standards pédagogiques de demain » ». Et vous ?Et ces plateformes, auxquelles vous aurez contribué par la livraison de vos contenus en ligne, (se renseigner sur les « approches granulaires »), en croyant profiter du grand partage de cette richesse pédagogique, nourriront-elles les boîtes à enseignement et soutien privées... Comme la presse et l'édition, vous aurez cru à la numérisation de vos contenus pour rester dans le paysage !

Tiré de (2) : « L'arrivée de ces acteurs privés, qui plus est, utilisant les technologies numériques, fragilise l'école et préfigure les transformations profondes à venir »...« L'invasion des TICES accélère la prolétarisation du professeur, c'est à dire la disparition de ses savoir-faire et de son autonomie dans le travail. » … «La généralisation des produits numériques affaiblira considérablement l'autonomie de l'enseignant. Jusqu'à aujourd'hui, il est, dans sa matière, le référent et le garant de la transmission du savoir, même si les pressions de l'institution vont crescendo pour faire appliquer à la lettre les programmes, normaliser la pédagogie et le contenu des cours. »« Il suffit de lire le rapport Fourgous (souvenez-vous, un rapport en appelle un autre), pour comprendre que nous n'exagérons pas : il est écrit au sujet des enseignants « que les technologies de l'information et de la communication pour l'enseignant (TICE) vont permettre de faire évoluer leur formation et leur statut : ils vont devenir des « guides », des « metteurs en scène », des « ingénieurs pédagogiques », des « catalyseurs d'intelligence collective ». Dans ces quelques mots, nous retrouvons la novlangue si caractéristique de notre époque. Comme on fera disparaître les librairies en leur proposant de devenir des « médiateurs numériques », on liquidera le métier des enseignants en leur donnant le titre ronflant d' « ingénieurs pédagogiques ». La dichotomie entre la réalité du travail exercé, la prolétarisation de toutes les activités, y compris celles considérées comme intellectuelles, avec leurs dénominations, montre le caractère déterminant du langage et de l'idéologie dans le déploiement des nouvelles technologies. Là où nous voyons concurrence et précarisation, les technofanatiques parlent d'économie de la contribution ; quand l'ignorance s'installe, ils saluent l'avènement de la société de la connaissance ; quand l'individualisme triomphe, ils se félicitent de la multiplication des échanges»... « L'école est de plus en plus perçue comme une source d'informations parmi d'autres, perdant ainsi une part de sa légitimité. Internet et les médias numériques deviennent des concurrents sérieux, et se transforment même en univers de référence. »... « Dans cette configuration, à quoi bon avoir suivi des études d'histoire ou de mathématiques ? Savoir animer un groupe et utiliser des logiciels éducatifs et du matériel high-tech compte plus. Quelques notions de pédagogie et des bribes de connaissances transdisciplinaires compléteront la panoplie de l'animateur

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numérique. C'est ce changement de statut et de formation des enseignants qu'évoque le rapport Fourgous. Il contient aussi en germe le fantasme d'un système d'enseignement sans enseignants, et même d'une école sans école, la fin de ce qu'il appelle « le mode présentiel ».« Il existe déjà dans quelques pays, comme les États-Unis ou le Mexique (nous en avons déjà parlé), des salles de classe sans professeur ». (Et nous en reparlerons dans un épisode futur sur les catastrophes cognitives). Mais comme le marché a besoin de vous, l'Éducation nationale va valoriser les e-pionniers pour passer l'e-cap :

Tirés de (1) :« Selon l'enquête menée par European Scoolnet, les enseignants sont « motivés, positifs et confiants dans leurs compétences digitales ».« Le temps n'est plus de convaincre mais de former et mettre à disposition des scénarios de nouvelles pratiques. » « Le numérique interroge peu à peu toutes les composantes de l'enseignement, les contenus comme les méthodes pédagogiques, l'environnement comme l'organisation de l'espace scolaire, le rôle des acteurs comme leurs relations... la technologie n'est pas neutre, les enseignants et les élèves qui font évoluer les outils voient en retour leurs comportements modifiés par les usages ». Marshall Mc Luhan avait dit dans les années 60, à travers son livre Pour comprendre les média : « Le message c'est le medium ». Mais qui sait encore le lire aujourd'hui et en tirer le recul et l'esprit critique nécessaires à l'utilisation raisonnable des TICES par les pédagogues ? Suivez bien les épisodes à venir pour savoir à quoi l'on risque de participer si l'on ne prend pas ce recul. Toujours tiré de (1) : «Là où il est intégré aux enseignements, le numérique change radicalement la donne de l'enseignement et de la formation dans quatre directions : les contenus, les méthodes, les lieux et les temps. »

Voilà, pour le dézingage de la profession, c'est dit. Les prochaines fois, le dézingage des apprentissages, des relations, de l'environnement. Car ce rapport oublie que le média change aussi la donne concernant les idéologies qu'il véhicule (particulièrement l'individualisme, le consumérisme et l'immédiateté) ainsi que le désir et les capacités à apprendre (troubles du déficit de l'attention) et à lire une lecture linéaire et de manière profonde, les capacités à se construire en tant que citoyen (rupture du véritable lien par l'absence de contact direct)... Les technofanatiques du numérique critiquent la télé (quoique pas tous), mais ce média-là, c'est le supersonique de la télé !Mais pourquoi vite vite vite mettre du numérique partout et n'importe comment ?

Pourquoi ? Retour à l'épisode 2 :Tiré de (1) : « Même s'il ne faut pas surestimer ni les impacts positifs du numérique sur la réussite éducative – il s'agit à ce stade d'un sujet assez peu documenté – ni l'ampleur des usages numériques à l'école – ils restent assez limités même dans les pays les plus en pointe – il n'y a guère de doute sur les enjeux de l'éducation au numérique et sur l'importance d'une généralisation du numérique à l'école. » Un poil de

recul imposerait la question suivante : Quels enjeux ? À la première lecture, ce léger recul critique peut nous échapper. Il suffit de voir l'expression « réussite éducative » en début de phrase pour en conclure que les enjeux concernent cette réussite. Attendez... Faites fonctionner ce qui est en jeu dans la lecture linéaire, retournez en arrière... Et bien, tout est comme ça dans ce rapport. La société de l'urgence dans laquelle nous propulse l'utilisation frénétique de ce média empêche des lecteurs aguerris de savoir lire des documents de plus de trente pages linéaires, et bientôt, de comprendre comme il se devrait, une phrase de trois lignes contenant une parenthèse. Bienvenus dans l'e-lecture !!!

L'illusion du numérique pédagogique et ses catastrophes sociales, cognitives et écologiques … dans les prochains épisodes.

Si l'on veut les maîtriser et non l'inverse, Les technologies numériques méritent qu'on les critique avec clairvoyance et lucidité,

Non pas qu'on les laisse envahir et diriger nos vies et nos écoles avec naïveté.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 7ème épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

L'essentiel des deux paragraphes évoquant la pédagogie dans ce monde de bits et de fric, tiré de (1) : « L'utilisation des outils numériques, notamment nomades, commencent à apporter de nouvelles modalités d'apprentissage privilégiant l'activité de l'élève (mise en situation concrète, recherche par essai/erreur, démarches d'auto évaluation) en permettant plus de confrontation entre pairs et l'activation du processus de métacognition nécessaires à l'apprentissage. » Je vous avais avertis que l'on vous ferait le coup de la pédagogie constructiviste en novlangue ! « Les outils mis à disposition ou personnels (équipements mobiles, de production personnelle et d'échanges collaboratifs) favorisent l'autonomie, la créativité et la valorisation du travail individuel et collectif. ». Naannn ! Ce sont pas les personnels mis à disposition, ce sont les outils personnels ! Faut suivre hein !!! « En donnant accès à une offre large, les contenus et services numériques (fonds des grands établissements culturels, service d'échange et de communication à distance) constituent une formidable opportunité d'ouverture sur la culture et les cultures.» «Les matériels et services mis à disposition de l'enseignant (ENT, classes mobiles, TNI, baladodiffusion, logiciels et applicatifs, ressources) permettent de repenser la relation pédagogique et d'apporter plus de variation et de modularité dans la relation à la classe et aux élèves.L'émergence de nouvelles formes pédagogiques et surtout la personnalisation et le traitement des besoins particuliers des élèves progressent. Le potentiel des outils numériques facilite la mise en oeuvre de la différenciation pédagogique, la prise en compte des spécificités des différents handicaps, dans des situations d'inclusion scolaire, les dispositifs d'accompagnement personnalisé et de remédiation pédagogique. Après les grands mots (mon préféré, c'est la baladodiffusion, et vous ?), les gros mots : Le suivi des élèves est amélioré grâce à l'utilisation des livrets numériques de compétences et la relation aux parents est renforcée.»

Tirés de (2) : « le processus éducatif n'est pas d'abord une affaire d'accès au savoir, mais bien plutôt une manière de poser la question, fondamentale, du désir de savoir » (Philippe Breton).« … on fournira des services individualisés, sapant ainsi ce qui constitue la base de repères fixes communs, préalables à la vie en société ».« Beaucoup de défenseurs de l'usage des TICE, convaincus ou simplement démagogues, estiment que pour lutter contre l'échec scolaire et construire une école de l'égalité, il faudrait briser les modes classiques de transmission des connaissances et favoriser le recours aux gadgets électroniques dont les enfants et les adolescents, de tous les milieux sociaux, seraient familiers. » Je vous passe la citation psycho de comptoir de Peillon en ce sens. Pour capter l'attention des élèves, l'EN veut « faire pénétrer en son sein ce qui sape déjà son travail... ». « La perte d'habituation au livre papier rendra probablement difficile la lecture statique, longue, attentive. » (Charles Tijus, chercheur au laboratoire Lutin, cité dans ce livre). « L'esprit linéaire, capable de s'extraire d'un environnement de distractions et de se concentrer sur un texte long, à l'argumentation complexe, dont l'utilité de certains développements n'apparaît pas immédiatement, se marginalise au profit d'un esprit perpétuellement connecté aux réseaux numériques, aspirant à diffuser et à recevoir des informations, sans vraiment pouvoir définir de priorité quant à leur intérêt. » « Cette mutation profonde des manières de penser se retrouve jusque chez des personnes censées exercer une activité intellectuelle sur la lecture approfondie. » Cédric Biagini cite Nicholas Carr, parlant de lui-même, et d'autres personnes témoignant dans son article : Google nous rend-il stupide ? Outre le témoignage d'un étudiant en philosophie, qui, dans sa « logique utilitariste de la lecture », avoue que « lire un livre de la première à la dernière page n'a aucun sens », il y a le témoignage « d'un blogueur qui lui a décrit comment internet avait altéré ses habitudes intellectuelles : « j'ai aujourd'hui presque totalement perdu ma capacité à lire et à absorber un article un peu long, que ce soit en ligne ou sur papier ». Il lui raconte que sa pensée a pris un rythme saccadé. « Je ne peux plus lire « guerre et paix », j'en suis incapable. Même un post de blog, au delà de trois ou quatre paragraphes, est trop indigeste, je le lis en diagonale ». Et Cédric Biagini de rebondir : « Nicholas Carr et son ami blogueur souffrent d'un syndrome nouvellement apparu, conséquence du déferlement numérique et de la profusion de données et de sollicitations : le trouble du déficit de l'attention. Dans les environnements numériques, l'attention se trouve sans cesse dispersée, l'esprit

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incapable de se fixer sur un objet, alors que de tous côtés surgissent des raisons de se laisser distraire. Mais ce besoin de distraction ne s'arrête pas à la frontière des écrans, à force d'être plongé dans cet état par un usage immodéré des TIC, le cerveau cherche sans cesse des sources de divertissements. Par exemple, dans une classe, même sans ordinateurs, les élèves ont de plus en plus de mal à rester concentrés, ils s'agitent et cherchent une stimulation. À moins de tomber sur un professeur qui se livre à un véritable show déclenchant des montées d'adrénaline, très vite, ils décrochent complètement... » Vous vous reconnaissez quand vous donnez une consigne ? « l'attention est l'objet d'une lutte d'influence permanente entre les distractions qui produisent une satisfaction immédiate et une écoute attentive ou un travail soutenu qui s'inscrivent dans des objectifs à long terme ou des perspectives de gratifications différées. Pourtant, l'attention est un processus cognitif indispensable à l'apprentissage qui est mis en danger par les nouvelles technologies ». Alors ? On continue.

Toujours tirés de (2) : « Les béni-oui-oui des nouvelles technologies tentent de construire le mythe de la génération multitâche, c'est à dire être capable de jongler entre plusieurs médias en même temps, le professeur en étant un parmi d'autres. » … « Pourtant, comme l'affirme Michel Desmurget, chercheur en neurosciences : « le multitaskin (multitâches) n'existe pas. Il est antinomique de notre fonctionnement cérébral. Placé en demeure de faire plusieurs choses à la fois, le cerveau se contente de passer d'une activité à l'autre, séquentiellement. Chaque transition coûte des erreurs et du temps. Par ailleurs, une bonne partie des ressources cognitives est alors happée par la gestion du processus multitasking... Il n'est dès lors pas étonnant que les mécanismes d'apprentissage soient altérés au niveau neuronal le plus basique. »

Outils de l'industrie de loisirs dans l'école, gâchis scolaire, gâchis social, gâchis écologique… dans les prochains épisodes.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 8ème épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Tiré de (2) : « l'école se retrouve avec des élèves dont les capacités à mémoriser et à assimiler ont été profondément altérées par les industries culturelles, c'est-à-dire par l'industrialisation et la diffusion massive d'une production culturelle qui ne cherche pas à émanciper, mais à uniformiser les modes de vie. »… « le discours qui accompagne ces technologies numériques entretient la confusion entre information et connaissance »... Alors que « la saturation informationnelle empêche d'assimiler les connaissances propres à une discipline...» (...) « Se cultiver et s'instruire relèvent en outre d'une démarche, d'un cheminement qui nécessite du temps, des repères et des références, mais aussi des structures de médiation, un certain engagement et même des... efforts ! Sans doute un vilain mot à l'heure où le rapport Fourgous estime que « l'utilisation de la 3D et des jeux sérieux dans le cours permettront un enseignement plus attractif et plus motivant... ». Bref, l'école doit se comporter comme un parc d'attraction sous peine d'être has been.«Il faut rendre l'enseignement amusant, fun, « mettre un peu de ludique dans l'apprentissage des savoirs et savoir-faire », martèle encore Fourgous. » Comme si le vrai monde n'était pas en 3D et comme si les humains n'étaient pas capables de rendre ludiques leurs cours sans jeux numériques.

Tiré de (1) : « le numérique va accroître la diversité des outils pédagogiques. À côté des manuels scolaires traditionnels, plus ou moins enrichis et interactifs, apparaissent de nouveaux outils plus centrés sur les élèves, plus ludiques et encourageants, qui prennent en compte la diversité de leurs besoins et de leurs fonctionnements cognitifs, et organisent un parcours éducatif constructif sur la trace de leurs réussites, hésitations et difficultés...

Sous prétexte de ce joli fantasme illusoire, le rapport (1) présente (s'agissant du premier degré) : « Le troisième appel à projet e-Education du PIA consacré aux apprentissages fondamentaux (qui) énonce, parmi les objectifs poursuivis, celui de « développer des plateformes et des outils simples permettant le travail collaboratif ou coopératif des élèves, l'évaluation ou l'auto-évaluation et le travail individuel en autonomie, dans l'établissement, à distance et/ou en mobilité. » Ceci traduit une ambition réellement innovante en ce sens que les solutions recherchées incluent le travail individuel et collaboratif, mais aussi la mobilité qui est une modalité d'accès à privilégier aujourd'hui en raison du développement des tablettes tactiles et de leurs usages sociaux. Les solutions à rechercher ne se limitent pas à la mise en place d'ENT, car il devient dans ce cas indispensable d'envisager l'usage par les élèves de matériels individuels (tablettes) dotés d'une connexion à distance, soit en 3G, voire en 4G, soit en wifi (la connexion en wifi présentant plusieurs avantages tels que la réduction du coût de connexion ou le travail au domicile, la plupart des familles étant équipées en boîtiers Tripple Play fonctionnant en wifi.) » C'est votre cas non ? Et ce rapport préconise que « les tablettes doivent être intégrées à toute réflexion en matière de déploiement numérique destiné aux élèves. »... « une réflexion devra sans doute être engagée sur le partage de l'effort entre les contributeurs publics et les ménages privés (en particulier s'agissant des terminaux individuels des élèves) d'une part, et entre les différents contributeurs publics d'autre part. »

Si t'es pas pour la tablette, tes mômes en auront une quand-même. Sauf si tu as la chance d'être un pauvre habitant dans une commune/un département pauvre. Pour une fois que ça peut être un avantage !!! Si si, la preuve :

Tiré de (2) : « De nombreux cadres des sociétés high-tech de la Silicon Valley envoient leurs enfants dans des écoles appliquant la pédagogie dite Waldorf, dans laquelle les nouvelles technologies n'ont pas de place puisqu'elle repose avant tout sur l'éducation physique et le travail manuel. Ainsi, nous explique un article du New-York Times consacré à la Waldorf School of the Peninsula : « Les partisans de la pédagogie Waldorf estiment que les ordinateurs inhibent la créativité, le mouvement, les interactions sociales et la capacité d'attention »... « Ainsi, le directeur technique d'eBay, des cadres supérieurs de Google, Yahoo, Apple... envoient leurs enfants dans des écoles déconnectées : « seulement du papier, des stylos, des aiguilles à tricoter, parfois de la terre glaise. De bons vieux tableaux noirs, des pupitres en bois et des encyclopédies sur

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des étagères contribuent à l'ambiance rétro. » Et pour cela, ils sont prêts à payer très cher puisque les frais de scolarité annuels vont de 17 500 à 24 000 dollars. Thierry Klein, gérant d'une société qui développe des logiciels d'e-learning, analyse ce phénomène : « Il y a bien sûr, la conviction, étayée maintenant par de nombreuses études, que la technologie n'améliore pas, ou pas beaucoup, le niveau des élèves. Mais le facteur clé, (…) est la conviction qu'ont les parents que (la technologie) divertit les élèves, les détourne du savoir.Celui qui va sur internet (…) a toutes les chances de se retrouver à faire autre chose que de la recherche (lire la bourse, les résultats sportifs, chatter sur MSN...) ».Ce qui n'empêche pas les patrons de ces entreprises de faire le forcing pour vendre des tablettes par tous les canaux, y compris l'EN. Il faut bien payer les études de leurs gosses et des gosses de leurs cadres ! Rassurez-vous, le rapport se questionne sur les contenus :

Tiré de (1) : « Les opérateurs privés généralistes comme Google, Amazon ou Apple ont d'ores et déjà mis en place des portails et disposent d'un savoir-faire indéniable en terme d'attractivité ; en toute hypothèse, ils se développeront. Mais souhaite-t-on laisser cette fonction, et la marge associée, entièrement entre les mains d'opérateurs privés dont les centres de décision et la domiciliation fiscale sont situés à l'étranger ? »Oh ??? Un éclair de lucidité !!! Bon ça dure pas, il faut vous mettre à la page :

Toujours tiré de (1) : « Elles (les résistances) s'expliquent en partie par une rupture générationnelle forte engendrée par les transformations radicales des modes de formation, des modes de pensée, induites par l'arrivée de la première génération d'élèves nés avec le numérique. »... « Alors que la formation continue des enseignants évolue de plus en plus vers des offres de formation en ligne, la plupart d'entre eux n'ont jamais suivi un cours en ligne durant leur formation initiale. On peut attendre des ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation) qu'elles proposent à distance une partie de leurs formations. Il faut sans doute profiter de l'apport important des nouveaux enseignants qui seront recrutés dans les cinq prochaines années pour constituer un vivier de professeurs convaincus par le numérique et capables d'entraîner leurs pairs dans les changements de pratiques. »

Tiré de (2) : « Bill Joy cofondateur de Sun Microsystems, ancien manitou des nouvelles technologies, entre-temps repenti, a déclaré, en parlant de l'équipement des universités américaines en appareils numériques : « Si j'étais en compétition avec les États-Unis, j'adorerai que les étudiants avec lesquels je suis en compétition passent leur temps avec ce genre de merdes » ». Sans commentaire.

Gâchis sociaux (le monde de demain) et écologiques … dans les prochains épisodes.

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 9ème épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Pour cet épisode, tout sera tiré de (2), car (1) fait l'impasse dans son meilleur des mondes :« Les industries de loisirs ont (donc) pénétré le système éducatif. Marc Prensky, gourou de l'école numérique et concepteur de jeux vidéo pour qui « l'école de demain doit ressembler au monde d'après-demain », martèle dans les nombreuses conférences internationales qu'il donne depuis des années, que le jeu vidéo peut être le moyen permettant à l'école de s'adapter aux nouvelles façons de penser des jeunes générations». Par conséquent, dans l'esprit des promoteurs du numérique « éducatif », l'école n'a plus à transmettre une culture et à inscrire les élèves dans une filiation : c'est elle au contraire, qui doit s'adapter aux destructions cognitives engendrées par les mutations technologiques. Ce renversement de perspective atteste du triomphe des industries culturelles. Jean-Claude Michéa, professeur de philosophie écrivait en 1999, dans son livre nommé L'enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes : « Il est assez clair, qu'en dehors du sabotage des apprentissages fondamentaux pour lequel elle est peut-être irremplaçable, l'école capitaliste, si modernisée qu'on l'imagine, ne sera jamais en mesure de rivaliser un seul instant avec les dispositifs scintillants et sans cesse renouvelés de l'omniprésente culture jeune. »« En devenant un nouvel internaute, on ne devient pas seulement un utilisateur d'informatique, on pénètre aussi dans un autre monde social. »

Observons un peu ce monde :

Destruction du vivre au présent : « le vécu ne prend du sens que lorsqu'il est enregistré »... « le présent se vit comme un souvenir »... « À quoi ça sert d'être venu jusqu'ici si t'as oublié l'appareil photo ? » (anecdote d'un mari s'énervant sur sa femme). « Ne pas poster de photo sur Facebook ou sur twitter, c'est comme si on n'y était pas allé ».... « Ce souci de la représentation conditionne le vécu »...

Surexposition, exhibition égotique : « L'anxiété semble naître aujourd'hui de la perspective de n'être pas exposé en permanence au regard de l'autre » … « Une étude sur les étudiants américains et les réseaux sociaux concluait que la majorité d'entre eux les utilisent pour assurer leur auto promotion, 40% étant d'accord avec l'idée que « faire sa promotion, être narcissique, manifester une confiance en soi exagérée et rechercher l'attention d'autrui aident à réussir dans un monde compétitif. » « Un monde où chacun se transforme donc en entreprise et où il faut adopter les mêmes stratégies que les marques. »

Sabotage de la vie privée : Outre tous les flicages volontaires au profit des marques d'un réseau qui vous suit à la trace par géolocalisation pour vous vendre n'importe quoi, il y a «En France, un rapport parlementaire (qui) révèle que de nombreux collégiens n'osent même plus aller aux toilettes dans leur école de peur d'y être photographiés et de retrouver ensuite la photo en ligne ». « L'intériorité disparaît... juste une intimité surexposée ». « L'individu en ligne ne doit plus avoir de secret. Cette évolution paraît naturelle aux yeux de beaucoup. Certains s'en félicitent même, comme Bill Thompson, éditorialiste à la BBC : « Il faut repenser ce qu'est un être humain... » » ... « Eric Schmidt, le PDG de Google, fait ainsi dans la provocation : « seuls ceux qui ont quelque chose à cacher posent la question de la confidentialité de Google » ».

Destruction du lien social, disparition de l'amitié : (Facebook) « dénature les relations humaines et exacerbe le besoin de se sentir perpétuellement en lien avec ses amis. » « les salles d'étudiants du supérieur font parfois froid dans le dos : tous équipés d'ordinateurs portables ou de smartphones, les yeux rivés sur leurs écrans, ils suivent les dernières nouvelles de leurs contacts virtuels sans se soucier de ce qui peut se passer autour d'eux, ni de ce que fait leur voisin immédiat. Obnubilés par leurs machines et par le fait que Mélanie achète en ce moment une petite robe pour se consoler de sa rupture avec Romain, ils oublient que des personnes vivent à leurs côtés... qu'un professeur donne un cours ! »

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« La société est caractérisée par la fragmentation sociale, la « destructuration générale des organisations » et l'isolement des individualités ». (Pierre Musso). « Quand l'amitié n'habite plus le coeur de l'homme, quand on n'a plus d'authenticité dans un groupe, alors s'y substituent les techniques de la relation humaine et de la dynamique de groupe, qui imitent parfaitement de l'extérieur ce qui devrait seulement être l'invention du coeur de l'homme » (Jacques Ellul). Cas significatif : « Simone Back, âgée de 42 ans, s'est suicidée à Noël 2010 après avoir envoyé un message à ses 1048 amis sur Facebook : « pris tous mes médicaments, serai bientôt morte bye bye tout le monde » Aucun ne lui a téléphoné ni n'a appelé les secours alors que 148 commentaires ont été envoyés sur son post... » «L'amitié n'a plus aucun sens, elle relève d'une vision comptable du rapport humain ».

Crise de l'engagement, du militantisme, du politique :« Les moments de rencontre se raréfient, plus personne n'est disponible pour organiser des réunions en chair et en os ou penser collectivement les mobilisations et les alternative. »« Plus globalement, les nouvelles technologies ont renforcé la polarisation, comme l'explique Philippe Breton : « Le recours systématique à la communication aujourd'hui produit deux effets apparemment contradictoires : une uniformisation planétaire des goûts, des normes et des comportements, la construction d'un espace public universel, et en même temps, un repli de l'individu sur lui-même. » » « L'engagement apparaît de plus en plus comme un enfermement, un manque d'ouverture alors que la société du zapping nous offre tant de possibilités ». Lieu de « polarisation », de « durcissement des propos » mais aussi du slaktivism (qui) désigne l'activisme mou qui se limite à signer des pétitions en ligne... » « Ce qui compte alors n'est plus la cause défendue mais les moyens utilisés. Moins ils prennent de temps et nécessitent d'efforts, plus ils sont valorisés . »Quant aux dites révolutions facebook... Lisez plutôt le livre de Cédric Biagini, qui consacre tout un chapitre au « mythe de l'e-révolution » et à la « liquidation du politique ».

Incitation à la surconsommation, contre la culture et l'autonomie : (Facebook) « exacerbe la fougue consommatrice qui sont le propre de la culture adolescente aujourd'hui. » « L'esprit mercantile et la folie consumériste ne se sont jamais aussi bien portés qu'à l'heure de l'e-commerce . » « Tout le monde veut faire des affaires, tirer profit de tout ce qui est possible, acheter tout et n'importe quoi au plus bas prix . » « la société numérique offre aux marques des outils de captation de l'attention du consommateur d'une puissance exceptionnelle (…) transformé en acheteur compulsif, prêt à se jeter sur le nouveau produit à la mode. » « Pour continuer à écouler des marchandises et des services sans cesse renouvelés, il faut stimuler la soif de consommation et développer des pulsions infantiles. Rien de pire pour la croissance qu'un adulte réfléchi, posé, engagé dans la vie de la cité, prenant des décisions après mûre réflexion, acceptant certains renoncements et sachant apprécier ce qu'il a. » Il veut « accumuler » et de préférence, de manière « illimitée ». « La culture adulte est ringardisée par les nouvelles technologies, les séries télés, les jeux vidéos, les sports extrêmes... L'industrie du divertissement, l'entertainment, propose les mêmes activités pour tous et une culture identique, à quelques nuances près, de 7 à 77 ans. Fini les cycles de la vie successifs avec leur phase d'apprentissage, leurs valeurs et leur imaginaire. » ... « Les différences d'âge se sont effacées dans cette culture djeune qui fait de plus en plus ressembler la vie à une cour d'école : dureté des rapports humains, omniprésence du ludique, esprit grégaire...» » « Être associé à la vieillesse est devenu une insulte.... les préoccupations des adultes sont ridiculisées» ... « Maintenant, ce sont les adultes qui cherchent à s'identifier aux adolescents », explique Tony Anatrella, psychanaliste. Voici venue l'ère des « adulescents » et des « kidults » (jargon marketing) Et en même temps :Citant les cybercrèches, les téléphones portables, véritables doudous pour adolescents, Cédric Biagini note que le refus des parents de voir leurs enfants avoir une vie en dehors d'eux, l'impression que ce dernier puisse se sentir sans cesse observé ou suivi à la trace, empêche la séparation d'exercer sa fonction structurante. »

Accélération du temps, affranchissement des limites, au profit du libéralisme : « Les médias numériques portent en eux la promesse d'échapper aux contingences matérielles et aux contraintes collectives ». « Nous assistons à une accélération générale des modes, des objets de consommation, des rythmes de vie, des images, du travail, car la vitesse constitue l'espace-temps favori de l'infantilisation. » (Benjamin Barber, auteur de Comment le capitalisme nous infantilise).

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… « Nous n'avons plus de temps alors que nous en gagnons toujours plus », résume le sociologue Hartmut Rosa pour qui l'accélération est devenue le nouveau visage de notre aliénation ». Cette « course effrénée contre le temps qui est à l'origine de la frustration de ne pas réussir à faire tout ce que l'on veut et de l'insatisfaction de mal faire ce que l'on fait. »... « Bien que l'accélération technique n'implique pas réellement (…) une augmentation du temps libre, la plupart des individus continuent à être convaincus que les nouvelles technologies vont leur en donner, alors qu'ils font systématiquement l'expérience du contraire et qu'ils souffrent de l'accélération considérable de leur rythme de vie. »...

L'Espace et le temps, « ces deux notions fondamentales font l'ossature de notre législation sociale et économiques créant des contraintes et des précautions qui sont « autant de freins à la création de richesses et d'emplois » ». Les conditions de travail et la cadence de mise sous pli des commandes chez Amazon devraient nous éclairer sur cette société du bel emploi ! « jusqu'à 140 consoles à l'heure par employé ».

Pour celles et ceux qui voient encore un argument pour le déferlement numérique à l'école et dans nos vies : Catastrophes écologiques … dans le prochain et dernier épisode.

Si l'on veut les maîtriser et non l'inverse, Les technologies numériques méritent qu'on les critique avec clairvoyance et lucidité,

Non pas qu'on les laisse envahir et diriger nos vies et nos écoles avec naïveté

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L'arnaque du numérique éducatif – On cherche encore le pédagogique - 10ème et dernier épisodePetit feuilleton de morceaux choisis puisant ses sources dans deux documents pétillants...… de balivernes pour l'un (« La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel », rapport cosigné par le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de l'économie et des finances, le Ministère du redressement productif) (1)… de finesse d'analyse et de lucidité pour l'autre (L'emprise numérique – Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies – Cédric BIAGINI – Éditions l'Échappée) (2)

Encore une fois tout est tiré de (2) pour ce dernier épisode. Trop à dire. Lisez le livre, vous verrez.

Croire qu'un progrès technologique ne peut qu'apporter du progrès social...Retour à la fin de l'épisode 9, s'agissant du temps gagné/perdu : « Quand il existe une telle dichotomie entre un point de vue et un vécu (…) c'est que nous sommes entrés dans l'ordre de la croyance ».« Le fantasme absolu de la société capitaliste, ce à quoi toutes ses forces tendent, est en train d'advenir : faire fusionner marketing et culture ». L'éducation, on l'a vu, va participer à cette fusion, alors que, rappelons-le : « Pour le moment la lecture numérique dans le cadre des lectures industrielles bloque la pratique de la lecture en tant qu'exercice culturel. »Pour ce faire, le dernier argument que vous entendez de plus en plus : l'argument écologique.Allons-y !!! Bienvenus dans le monde du « greenwashing : le terme désigne toute tendance à peindre en vert par des allégations écologiques ou par la 1001 techniques de manipulation publicitaire, un produit ou un service pour mieux le vendre. »... : « Objectif zéro papier » « zéro déplacement » « remplacer une réunion par une visioconférence, c'est aussi protéger un iceberg »...

Pourtant, des « nuisances réelles » correspondent à ces « économies virtuelles ». «La dématérialisation d'une partie de l'économie n'empêche pas la production de biens matériels, au contraire. Elle engendre même beaucoup de nuisances, pour le coup bien réelles, sur le plan énergétique et dans l'extraction des matériaux, tout en produisant beaucoup de déchets. »...« La demande énergétique des NTIC progresse rapidement, de l'ordre de + 10 % par an dans un pays comme la France. »...« L'étude Remodece montre que l'arrivée des NTIC dans la vie quotidienne des Français s'est traduite par un énorme accroissement de consommation : + 635 Kwh/ménage/an, soit près de 20% de la consommation totale de 2008.» … «La demande en électricité domestique ne cesse d'augmenter. En 2009, l'Agence internationale de l'énergie estime qu'elle représentait l'émission de 500 millions de tonnes de CO2 et que si elle continue d'augmenter à ce rythme, il faudra pouvoir fournir en électricité en 2030 l'équivalent de ce que peuvent produire 200 réacteurs nucléaires ! À elles seules, les TIC sont responsables en France de 5% des gaz à effet de serre et gaspillent 13,5 % de la consommation électrique. Le coût de l'électricité, qui comptait pour 10 % du budget informatique global, pourrait monter à 50 % d'ici quelques années. »« Se dire qu'une recherche sur Google utilise autant d'énergie qu'une ampoule basse consommation pendant une heure permet de matérialiser ce qui semblait intangible.» «le rapport Ecotic nous apprend qu'en ce qui concerne les courriels, l'étude Bio IS estime qu'un message accompagné d'une pièce jointe de 1 Mo produit l'émission de l'équivalent de 20g de CO2. 20 mails par jour et par personne représenteraient annuellement les émissions de CO2, équivalentes à plus de 1000 km parcourus par voiture, soit, pour une entreprise de 100 personnes, l'équivalent de treize allers-retours paris-New-York.»« Selon les sites et les pages que l'on visite, le coût énergétique n'est pas le même. Plus ils contiennent d'images, de vidéos ou de publicités, plus ils occupent la bande passante et nécessitent de l'électricité. Dans un jeu de réalité virtuelle comme Second Life, très à la mode il y a quelques années, on estime que maintenir en vie un avatar pendant un an consomme autant d'énergie qu'un Brésilien moyen, soit 1752 kWh. D'après Siegfried Berhendt, chercheur de l'institut de recherche berlinois IZT, télécharger la version électronique d'un quotidien consomme autant d'électricité que de faire une lessive....Une étude suédoise montre qu'au-delà de vingt minutes de lecture de textes sur le web, ce média consomme plus d'énergie qu'un journal papier.»« En ayant recours au monde virtuel, le consommateur ne se doute pas que ce sont de gigantesques infrastructures qui lui permettent d'avoir accès à l'information dans l'instant. Les data centers en sont le coeur... »...« Il existe déjà des dizaines de millions de serveurs dans le monde, et leur nombre ne cesse de croître... »...« Le centre Apple iData de caroline du Nord consomme autant que 80 000 foyers américains !»... « Le plus gros data center de Google (Oregon) consomme la même quantité d'énergie qu'une ville de 200 000 habitants. » … « L'énergie nécessaire pour l'ensemble des data centers et tous les

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ordinateurs est responsable pour 2 % des émissions de dioxyde de carbone, soit l'équivalent du trafic aérien mondial ! »... « Si le « cloud » était un pays, il se classerait (en 2012) au 5ème rang mondial en terme de demande en électricité, et ses besoins devraient être multipliés par trois d'ici à 2020 ». « Greenpeace prévient : « Si les énergies high-tech continuent de dépendre de sources d'énergies polluantes, le cloud pourrait finir par avoir un impact désastreux sur notre planète et ses habitants. » »...«Des bateaux appelés câbliers partent régulièrement du port de Calais à travers le monde pour aller poser au fond des océans ces tuyaux qui permettront de « désenclaver » les pays non encore connectés. Inox, cuivre, polyéthylène, plastique... l'élaboration de cette fibre optique se fait à partir de matières premières bien réelles. » … « Des câbles bien réels donc, comme le sont les appareils qui permettent de se connecter aux réseaux. Ces derniers sont très divers, ordinateurs, smartphones, iPod, etc., mais tous ont en commun d'utiliser des matières premières en grande quantité et qui, pour certaines, se raréfient. Contrairement à ce qu'avancent les chantres de l'économie de l'immatériel, la consommation annuelle de matières premières n'a cessé de croître pour atteindre 60 milliards de tonnes. On consomme 50 % de ressources naturelles en plus qu'il y a 30 ans. »...« le rapport Ecotic signale que « pour un téléphone portable seul - les chargeurs, batteries, accessoires, réseaux sont hors périmètre - de 90 grammes et utilisé pendant 2,5 années, et dont les impacts sont pris en compte sur l'ensemble du cycle de vie, l'empreinte écologique obtenue oscille entre 104 115 m2 par téléphone et par année ...»...« La fabrication d'un ordinateur est aussi très vorace en ressources, elle nécessite 1500 litres d'eau, 240g de combustibles fossiles et 22 kg de matériaux différents. Dont des matières premières comme le cuivre, l'aluminium, le plomb, l'or, le zinc, le nickel, l'étain, l'argent, le fer, le platine, le palladium, le mercure et le cobalt.»« Cette dépendance accrue à certains minerais bouleverse les équilibres mondiaux et pourrait entraîner, à long terme, des conflits armés. » … « On estime à plus de 3,5 millions le nombre de personnes tuées dans les guerres pour le contrôle des ressources ».... « Le collectif Pièces et mains d'oeuvre rappelle à ce propos que le coltan, matériau utilisé dans les téléphones portables, « est acheté aux rebelles et à des compagnies minières hors la loi par des sociétés internationales, dont Cabot Inc. Aux États-Unis, UH Starck en Allemagne (filiale de Bayer), et Ningxia en Chine. Ces sociétés transforment le minerai en une poudre qu'elles vendent à Nokia, Motorola, Ericsson, Sony, Siemens et Samsung »... Tout ceci ne figurant pas « sur la notice de votre portable.» ... « ...Le gigantesque bond de la demande en ressources minérales provoqué par l'explosion des TIC pose de graves problèmes écologiques et sociaux qui prouvent qu'elles dépendent, comme les vieilles technologies, de ressources épuisables, et contrairement à certaines d'entre elles, comme les supports papier, difficilement recyclable. Jamais autant de déchets n'ont été produits. »... « En bout de chaîne, les chiffonniers des temps modernes accomplissent un travail pénible et dangereux qui n'exclue ni femme ni enfant, exposés sans protection aux vapeurs toxiques des métaux lourds et des dioxines émises par le brûlage des déchets. » … « Le livre, recyclable, qui fonctionne sans énergie, devient une véritable usine à gaz quand on le transforme en e-book. »...

À travers le soutien de la filière numérique est-ce à ça qu'entend participer l'éducation nationale ?

Alors que, dans ce monde hyperconnecté, « ce délire technologique » du tout numérisé, cette « copie du monde », «réalité augmentée » pour les technofanatiques... on peut se demander : « Où trouverai-je le désir d'apprendre, de faire connaissance, quand ma machine m'indiquera sur tout, d'elle-même, d'avance, toujours déjà tout ? C'est la fin d'apprendre. Et la fin de la surprise, d'être surpris. Et c'est la fin de l'inquiétude. »

Clientélisation des apprenants, précarisation des enseignants et des futurs travailleurs, destructions cognitives, catastrophes sociales, uniformisation des modes de vie, frénésie de consommation, vitesse, puissance, avidité, accumulation, addictions et aliénation marketing, crise de l'engagement et de l'effort, destruction environnementales... Une e-monde version du monde à laquelle, nous, nous préférons une vision décidément trop moderne pour ne pas être taxée de rétrograde !

Car enfin, la modernité n'est pas là où l'on croit !

Si l'on veut les maîtriser et non l'inverse, Les technologies numériques méritent qu'on les critique avec clairvoyance et lucidité,

Non pas qu'on les laisse envahir et diriger nos vies et nos écoles avec naïveté.