STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

54
1 PROGRAMME DE MICROFINANCEMENT DU FONDS POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL PMF FEM/PNUD STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L’OP6 Evaluation de la situation de référence au niveau du Paysage « Haut Atlas marocain » & Documentation du processus de concertation Mars 2016

Transcript of STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

Page 1: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

1

PROGRAMME DE MICROFINANCEMENT DU FONDS

POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL

PMF FEM/PNUD

STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L’OP6

Evaluation de la situation de référence

au niveau du Paysage « Haut Atlas marocain »

& Documentation du processus de concertation

Mars 2016

Page 2: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

2

TABLE DES MATIERES

I.INTRODUCTION .............................................................................................................................. 4

I.1 Rappel du cadre général ............................................................................................................ 5

I.2. Présentation des résultats du processus de cadrage national .............................................. 7

I.2.1 Présentation des étapes clé du processus de cadrage national ...................................... 8

I.2.2 Principaux résultats du processus de cadrage national ................................................ 11

I.3 Objectifs de l’évaluation de la situation de référence .......................................................... 12

II. METHODOLOGIE D’EVALUATION DE LA SITUATION DE REFERENCE ..................... 12

III. RESULTATS DU PROCESSUS D’EVALUATION DE LA SITUATION DE REFERENCE 14

III.1 Présentation du Paysage élargi « Haut Atlas » .................................................................. 14

III.2 Résultats de l’évaluation de la situation de référence au niveau des paysages

spécifiques .............................................................................................................................. 16

III.2.1 Réserve de Biosphère Arganeraie ................................................................................. 16

a) Processus de consultation .............................................................................................. 16

b- Etat actuel à l’échelle du paysage .................................................................................... 20

c- Dynamique associative dans la région Souss Massa ..................................................... 21

a- Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie ............................ 22

III.2.2 Parc National du Toubkal et zones limitrophes .......................................................... 26

a) Processus de consultation .............................................................................................. 26

b- Etat actuel à l’échelle du paysage .................................................................................... 30

c- Dynamique associative dans la région du Parc National du Toubkal ........................ 33

d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie ................................ 34

III.2.3 Réserve de Biosphère Oasis « RBO » ........................................................................... 35

a) Processus de consultation .............................................................................................. 35

b- Etat actuel à l’échelle du paysage .................................................................................... 37

c- Dynamique associative dans l’Oasis d’El Khorbat ........................................................ 42

d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie ................................. 43

III.3 Mise en Œuvre de l’Initiative « APAC » ............................................................................. 44

IV. CADRE DE RESULTATS ET MODALITES DE MISE EN ŒUVRE ...................................... 46

Page 3: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

3

Liste des acronymes

AGIRE Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau

ANDZOA Agence nationale de développement des zones oasiennes et de l’arganier

AMR Rapport de suivi annuel

APACs (ICCAs) Aires de Patrimoine Autochtone et Communautaire

APA Accès aux ressources génétiques et partage des avantages

CBD Convention sur la Diversité Biologique

CC Changement Climatique

CooNP Coordonateur/trice National(e)

CND Comité National de Pilotage

CNEDD Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable

CPDN (INDCs) contribution prévue déterminée au niveau national

CEPF Critical Ecosystem Partnership Fund

GDF Global Diverstity Foundation

GEF/FEM Fonds pour l’Environnement Mondial

GES Gaz à Effet de Serre

GIZ Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit

HCEFLCD Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la

Désertification

INDH Initiative Nationale de Développement Humain

MDCE Ministère Délégué Chargé de l’Environnement

NBSAP Stratégie et Plan d’Action Nationaux pour l’utilisation durable de la

Biodiversité

OCB Organisation Communautaire de Base

OP5 5ème Phase Opérationnelle

OP6 6ème Phase Opérationnelle

ONG Organisation Non Gouvernementale

OSC Organisation de la société civile

ODD Objectifs de développement durable

PAM Plantes Aromatiques et médicinales

PCD Plan Communal de Développement

POT Programme de Développement Territorial Durable des Oasis du Tafilalet

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement.

PMF FEM Programme de Micro Financements du Fonds pour l’Environnement

Mondial

PMV Plan Maroc Vert

RBA Réserve de Biosphère de l’Arganeraie

RBO Réserve de Biosphère des Oasis du Sud

SIBE Site d’Intérêt Biologique et Ecologique

SNDD Stratégie Nationale de Développement Durable

UNFCCC Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques

UNCCD Convention des Nations Unies contre la Désertification

UICN Union International de la Conservation de la Nature

Page 4: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

4

Selon le rapport d’Eurostat, « Les

perturbations de l’homme sont à l’origine

d’une détérioration des divers écosystèmes et

exercent une pression insoutenable sur la

biodiversité en « Méditerranée », « l’impact

énorme du tourisme sur les écosystèmes serait

l’une des causes les plus importantes de la

dégradation de la biodiversité dans les pays

méditerranéens ».

I.INTRODUCTION

Avec plus de 2.000 espèces animales et végétales menacées d’extinction, le Maroc est le pays

du bassin méditerranéen où l’érosion de la biodiversité est -d’après les données d’un rapport

d’Eurostat/Office européen des statistiques sur la biodiversité en Méditerranée - la plus

alarmante, et ce cri d’alarme lancé par les experts d’Eurostat n’est pas sans inquiéter les

autorités compétentes marocaines.

La liste rouge de l’UICN (Union Internationale de

la Conservation de la Nature) dénombre

aujourd’hui quelque 16.120 espèces menacées

dans le monde dont 12% des espèces d’oiseaux

connues, 23% des mammifères et 32% des

amphibiens.

Dans les neuf pays méditerranéens étudiés dans le

rapport d’Eurostat (1), les pourcentages sont

encore plus élevés avec des moyennes de 14% pour les oiseaux (31% pour le Maroc), 39%

pour les mammifères (31% pour le Maroc) et 49% pour les amphibiens (27% pour le Maroc).

En chiffres absolus, c’est le Maroc qui -avec 2.183 espèces animales et végétales menacées

d’extinction- détient le triste record, suivi de l’Egypte (1.011), de l’Algérie (490), et de la

Tunisie (476). Le cas particulier de la flore nationale est le plus frappant : sur les 7.000

espèces identifiées au Maroc, quelque 1.650 espèces seraient menacées, c’est-à-dire une

espèce sur quatre.

Devant l’ampleur du phénomène, les autorités compétentes au Maroc ont dû réagir, d’autant

plus que la conservation de la biodiversité est devenue une priorité d’ordre mondial. Un

certain nombre de zones protégées ont ainsi été instaurées. Néanmoins, avec une quinzaine

de zones protégées (parcs, nationaux, réserves naturelles et réserves de biosphère) d’une

superficie de quelque 673.000 ha, soit à peine 0,95% de la superficie totale du pays, le Maroc

se situe encore très loin derrière des pays comme l’Egypte (9,83%) et fait à peine mieux que la

Palestine (0,92%). Cette situation justifie amplement l’action du PMF FEM, visant l’appui au

développement des aires protégées communautaires.

Outre les perturbations causées par l’activité humaine, l’érosion de la biodiversité se trouve

exacerbée par les effets du changement climatique. Bien que faible émetteur de gaz à effet de

serre (3,10 tonnes Eq-CO2/habitant1), le Maroc en tant que pays aride et semi-aride est en

effet fortement impacté par les effets du Changement Climatique. Selon les tendances

climatiques observées entre 1960 et 2005, le changement climatique est déjà bien entamé au

Maroc. Les températures moyennes annuelles ont augmenté de 1,0 à plus de 1,8°C et les

précipitations ont subi une diminution entre 3 et 30% avec une baisse de 26% dans la région

Nord-Ouest du pays, considérée comme la zone la plus humide du Maroc2. Conscient de

l’ampleur du phénomène et de ces impacts sur le développement futur du pays, le

1 Source : rapport de la troisième communication nationale du Maroc – janvier 2016 2 Source : Centre de compétence changement climatique du Maroc, 4 C Maroc / http://www.4c.ma/

Page 5: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

5

gouvernement Marocain s’est très vite engagé dans une démarche volontaire et réfléchie de

lutte contre les effets du changement climatique.

L’élaboration de la 3ème communication nationale et du premier Rapport Biennal Actualisé

(BUR) en 2016, de la Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN) en 2015 et

du Plan National de lutte contre le Réchauffement Climatique (PNRC) en 2009, constituent

des actes décisifs dans l’engagement du pays à lutter contre le Changements Climatique et

dans la réforme en profondeur de sa politique de développement.

Le processus engagé pour l’élaboration de la CPDN lui a permis tout en se conformant aux

engagements pris au niveau international, de tracer progressivement les contours de sa

propre vision et d’avoir l’adhésion de toutes les parties prenantes nationales au projet de

lutte contre les changements climatiques, à travers l’objectif inconditionnel de réduire ses

émissions de 14% d’ici l’horizon 20303, alors que le PNRC a été conçu pour rassembler et

converger les différentes initiatives et politiques sectorielles, et répondre ainsi aux besoins

d’une approche intégrée et d’une bonne gouvernance en matière de lutte contre les effets du

changement climatique.

Au regard de ce qui précède, il parait clairement que malgré les efforts considérables

déployés, le Maroc à l’instar d’autres pays au Sud de la méditerranée, doit doubler d’efforts

pour préserver son capital naturel. La plupart des stratégies mises en place pour freiner la

pression humaine sur les ressources naturelles se sont malheureusement avérées inefficaces ;

elles sont souvent confrontées à la réticence des populations locales disposant généralement

de très peu d’alternatives économiques pour survivre. Pour protéger la diversité biologique,

il était donc urgent d’adopter des mesures de contournement qui responsabilisent les

populations locales et les sensibilisent à l’intérêt de protéger leur environnement et leurs

ressources.

A cet effet, le PMF FEM, de par son action au profit des Organisations Communautaires de

Base (OCB) et des Organisations Non Gouvernementales (ONG), a joué depuis son

lancement un rôle déterminant dans la mise en œuvre de politiques nationales sur

l’environnement, particulièrement en matière de développement de modèles

communautaires de préservation des ressources naturelles, et offre encore aujourd’hui un

cadre idéal pour cela. Le programme reconnait en effet la nécessité d’une approche

multisectorielle pour garantir la conservation et l’utilisation durable de la diversité

biologique, comme en témoignent les orientations stratégiques et les objectifs fixés au titre de

la sixième phase opérationnelle du programme (OP6).

I.1 Rappel du cadre général

Depuis son lancement à l’échelle mondiale, le PMF/FEM a conduit -à la suite d’une première

phase dite pilote (1991-1994) à ce jour- cinq phases opérationnelles, chacune correspondant à

un cycle de quatre (4) ans. Le démarrage de la mise œuvre de chaque phase opérationnelle

est conditionné par, l’élaboration -selon une approche participative et concertée- au niveau

de chaque pays, avec le concours du Comité National de Pilotage (CNP) et du PNUD, d’un

3 Source : document de la Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN)

Page 6: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

6

document de stratégie nationale du programme. Ce document, fournit les grandes

orientations stratégiques, ainsi que les modalités d’exécution et d’octroi des subventions

locales dans le pays concerné, au cours des quatre années du cycle.

Le Programme entame actuellement sa 6ème phase opérationnelle (2015-2018)/OP6 dans

l’ensemble des pays où il est mis en œuvre, avec comme pour les exercices précédents,

l’obligation de révision de la stratégie nationale pour prendre en compte les nouvelles

priorités du FEM 6 et les orientations stratégiques de l’OP6. Un certain nombre

d’orientations et de « principes d’action » clés caractérisent en effet la mise en œuvre du

programme PMF/FEM dans le cadre de l’OP6, et doivent être prise en compte dans le cadre

du processus d’élaboration des Stratégies Pays du Programme (SPP), à savoir :

a. L’adoption et le développement de l’approche « paysages terrestres et marins » ;

b. La concentration de l’octroi des subventions locales par le programme aux paysages

terrestres et marins sélectionnés avec le comité de pilotage, le PNUD et les parties

prenantes au niveau nationale ;

c. La contribution à la mise en œuvre de l’initiative globale de supports aux « Aires et

territoires du Patrimoine Autochtones et communautaires » APACS4 ;

d. Et le renforcement du rôle de « Grantmaker + » du PMF/FEM à travers le

développement d’autres services de soutien, de réseaux et de partenariats (hors

paysages terrestres ou marins).

En lien avec ces « principes d’action », sept (7) initiatives stratégiques à caractère multifocal

sont proposées par le programme pour guider l’octroi des subventions dans le cadre de

l’OP6, à savoir : la conservation communautaire des paysages terrestres et marins ; l’agro-

écologie innovante et climato intelligente ; l’accès à l’énergie co-avantages faible carbon ; des

coalitions locales ou coalitions mondiales de gestion des produits chimiques ; la création de

plateformes de dialogues et de planifications de politiques entre le gouvernement et les

organismes de la Société Civile ; la promotion de l’inclusion sociale (implication du genre,

des jeunes, facilitation de l’accès pour les peuples autochtones) ; la diffusion à l’échelle

mondiale de pratiques citoyennes basées sur les connaissances générées par le programme

(bibliothèque numérique des innovations communautaires, échange sud-sud).

Enfin, pour établir les priorités et sélectionner parmi les sept initiatives retenues pour la

phase 6, celles qui répondent le mieux aux priorités nationales et locales, le PMF FEM global

préconise une démarche en trois étapes:

Etape 1 : Initiation de la réflexion sur la Stratégie du Programme Pays, SPP-OP6 avec les

acteurs au niveau central et cadrage du processus ;

Etape 2 : Evaluation de la situation de référence du/des paysage (s) et marin (s) ;

Etape 3 : Finalisation de la SPP-OP6 sur la base des résultats des deux premières étapes.

4 Les APACS sont des biens communs terres, eau, et ressources naturelles, gouvernés et gérés collectivement par une communauté sur la base de

décisions prises de façon collégiale et étroitement liées aux traditions et coutumes locales. Le but de l’initiative APACS est d’améliorer la

reconnaissance, le soutien et l’efficacité globale de la conservation de la biodiversité, des moyens de subsistance durables et la résilience au

changement climatique, de territoire conservés par les peuples et les communautés locales.

Page 7: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

7

L’élaboration de la SPP-OP6 a démarré au Maroc en Octobre 2015, par la réalisation du

processus de cadrage national, lui-même basé sur une large revue bibliographique, en

particulier de l’ensemble des rapports, stratégies et plans d’action relatifs à la gestion de

l’environnement global tel que la SNDD, la stratégie nationale sur la biodiversité, le plan

national sur le réchauffement climatique, la troisième communication sur le CC,

Contribution Nationale Prévue Déterminée (CNPD), et des rapports et stratégies sectorielles

telles que le Plan Maroc Vert, la stratégie 2020 du Tourisme, etc.

Ce processus de cadrage national a débouché sur l’identification des niches thématiques au

regard des priorités nationales et sur la sélection des massifs montagneux du Haut Atlas

Marocain comme zone d’intervention du programme dans le cadre de l’OP6. Avant d’aller

plus loin, la section qui suit présente une description détaillée de ce processus et des logiques

qui sous-tendent le choix du paysage élargi « Haut Atlas Marocain », et au sein de ce

paysage de trois paysages spécifiques « Réserve de Biosphère Arganeraie », « Parc National

du Toubkal et zones limitrophes », et « Réserve de Biosphère Oasis ».

I.2. Présentation des résultats du processus de cadrage national

Au rang des multiples approches et outils méthodologiques retenus par le PMF/FEM pour

parvenir à la conservation et à la gestion durable de la biodiversité, figure « l’approche

paysage terrestres et marins ». Cette approche, qui constitue un principe clé de la stratégie

OP6, est basée sur le postulat que « la conservation de la biodiversité, la gestion responsable

des ressources, et la restauration des habitats dégradés sont mieux accomplis en adoptant

une approche fondée sur les écosystèmes et les paysages ». S’agissant d’une nouvelle

approche, son adoption par les principaux partenaires et acteurs au niveau national et

territorial est donc primordiale. C’est dans cette optique, qu’un large processus de

consultation et de sensibilisation a été mis en place, impliquant les principales parties

prenantes et partenaires du programme au niveau national.

Plusieurs réunions et ateliers de concertation (plus d’une dizaine) ont été organisés avec les

acteurs clé au niveau central, notamment le Ministère Délégué Chargé de l’Environnement

(MDCE) qui est le point focal pour plusieurs conventions internationales sur

l’environnement et qui a la responsabilité de la coordination des actions en faveur de la

préservation de l’environnement global et local, et le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts

et à la Lutte contre la Désertification, qui a la charge de l’exécution sur le terrain des

programmes en faveur de la gestion durable des ressources naturelles et de la préservation

de la Biodiversité. Outre les ateliers de concertation, des entretiens individuels ont été

organisés avec entre autres, l’équipe des points focaux des conventions de RIO (CBD, LCD et

CCNUCC) et du point focal GEF, le Comité National de Pilotage (CNP), le PNUD, le WWF,

le BIT.

Dans le prolongement de ce processus, et partant du principe que l’atteinte des objectifs fixés

pour l’OP6, ne peut se faire qu’au prix d’une réelle appropriation de l’approche par les

parties prenantes nationales, un groupe de travail (Groupe National d’Appui à la

formulation de la SPP/OP6) constitué de membres du CNP et de personnes ressources clés,

s’est mis progressivement en place et a accompagné l’ensemble des étapes d’élaboration de

la stratégie.

Page 8: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

8

I.2.1 Présentation des étapes clé du processus de cadrage national

Réunion du 8 décembre 2015, locaux du PNUD Maroc

Objectif de la réunion : Présentation de l’ébauche de la SPP/OP6 aux parties prenantes au niveau national

Participants Déroulement

Mme Seloua Amaziane (MDCE/DPCC/Division du

Partenariat) ; Mme Nassira Rheyati (MDCE/DPCC/Division

de la Coopération) M. Mostafa Madbouhi (MDCE/Service

Biodiversité)

Mme Afa Dalal (membre du comité national de pilotage)

Mme Tahari Sabah (HCEFLCD/DLCDPN)

Mme Badia SAHMY, CN, PMF FEM

Mme Najwa Essiari, consultante

Mme Souhaila Mourid (Association Tanmia.ma)

Présentation par la consultante de

l’ébauche de la stratégie: approche

méthodologique, niches thématiques,

critères utilisés et paysages à fort

potentiel pour l’intervention du PMF

FEM, possibilités de partenariats et de

synergies ;

Présentation de la stratégie hors

paysages pour l’utilisation des 30% de

l’allocation du PMF FEM ;

Discussion et recommandations.

Sur la base des différents entretiens et réunions avec les parties prenantes individuellement, ou

en comités restreints, 2 paysages ont été retenus dans une première phase pour supporter

jusqu’à 70% des subventions du PMF FEM. Il s’agit de la Réserve de Biosphère Arganeraie

(RBA) et dans la continuité le Haut Atlas Occidental (Parc National du Toubkal) en tant que

landscape principal (concentration des activités du PMF FEM/OP6), et de la Réserve de

Biosphère du Sud (RBO) en tant que landscape secondaire. Ce choix a été approuvé à

l’unanimité. Néanmoins un certain nombre de recommandations a été émis pour compléter et

parfaire l’argumentation, à savoir :

1. Développer plus de critères pour justifier le choix de la RBA et du Haut Atlas Occidental en

tant que landscape principal, particulièrement en mettant l’accent sur l’analyse de la

vulnérabilité environnementale et sociale de ces sites;

2. Prospecter et prendre en considération d’autres régions/acteurs pour la transposition des

bonnes pratiques et des approches réussies (comme les forêts modèles développées avec

l’appui des Eaux et Forêts) au niveau des paysages retenus ;

3. Mettre l’accent et bien souligner « la plus-value » du PMF FEM au niveau des paysages

retenus étant donné la multitude des interventions au niveau de ces zones ;

4. Le Haut Atlas Occidental représente un landscape important (pauvreté, richesse en

biodiversité, Agdals, savoir traditionnel…). Développer à cet effet des synergies avec le

programme de petites subventions de l’IUCN qui cible cette zone avec l’appui des E&F.

Pour ce qui concerne la stratégie hors landscape (devant supporter Jusqu’à 30% des

subventions), les réunions et entretiens avec les acteurs individuellement ont permis d’arriver à

la conclusion suivante: la stratégie hors landscape devrait permettre, (i) d’appuyer et de

renforcer le dialogue OSC-Gouvernement (en particulier à travers la plateforme Alliance climat

et DD), et (ii) de soutenir des projets d’APACs (aire du patrimoine autochtone et

communautaire) situés en dehors des 2 principaux paysages retenus.

Page 9: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

9

Recommandations (stratégie hors paysages) :

1. Pour les plateformes de dialogues SC -Gouvernement et les actions de renforcement de

capacités de la SC, en plus de l’Alliance Climat et DD, s’ouvrir sur les autres réseaux

existants, comme la plateforme de Tanger qui fédère des ONGs dynamiques en matière

d’environnement, le réseau ROPDAL, RARBA…Une liste des réseaux existants est

disponible auprès des E&F ;

2. Se compléter avec le programme de renforcement des capacités du département de

l’environnement qui porte sur les 7 objectifs de la SNDD ;

3. Renforcer la représentation et l’organisation de la SC régionale dans les plateformes

nationales ;

4. La perspective de renforcer les ONGs en matière de Gestion Déléguée des aires

protégées pourra préparer la SC pour une meilleure contribution à la gestion durable des

aires protégées.

Réunion du 11 décembre 2015, dans les locaux du PNUD

Objectif de la réunion : Présentation de l’ébauche de la stratégie pour validation par le CNP et le PNUD

M. Mohammed Fouad Bergigui (membre du comité national

du Pilotage et Programme Analyst PNUD) ;

Mme Oumnia Himmi, Présidente du comité national de

pilotage ;

Mme Badia SAHMY, CN, PMF FEM ;

Mme Najwa Essiari, consultante ;

Mme Souhaila Mourid (Association Tanmia.ma)

• Présentation par la consultante de l’ébauche

de la stratégie et des paysages retenus;

• Présentation de la stratégie hors paysages

pour l’utilisation des 30% de l’allocation du

PMF FEM

• Discussion et recommandations

Principales recommandations de cette réunion :

1. Le PMF FEM doit inscrire son action dans la mise en œuvre de la SNDD et se positionner

pour contribuer au processus de régionalisation avancée ;

2. La Réserve de Biosphère Arganeraie présente des possibilités de synergie avec le PNUD,

particulièrement dans le cadre du projet « Economie Circulaire » dont la composante

communautaire concerne les provinces de Taroudant, Massa, Chtouka Ait Baha, et

Imouzar Ida Outanan, identifiées sur la base d’études de reconnaissance qui pourraient

informer le processus de développement de projets communautaires par le PMF FEM dans

ces localités.

3. Le site de Ouarzazate constitue un site potentiel pour le développement de projets

« APACs ». Il a déjà bénéficié d’un grand projet GEF d’appui à la transhumance (Agdals) et

un projet transrégional d’appui aux transhumants est actuellement en cours dans cette zone

(opportunité de synergie). Le PMF FEM a également soutenu durant les phases antérieures

des projets d’Agdals dans cette zone.

Page 10: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

10

Réunion du Vendredi 4 mars 2016, Locaux du département de l’environnement

Objectif de la réunion : Présentation des grandes lignes de la SPP/OP6

Trois membres du CNP

Des représentants du MDCE (OFP, PF

Biodiversité)

Association Tanmia

CooN/PMF FEM

Consultantes

• Restitution des résultats du processus de

concertation au niveau des paysages

spécifiques ;

• Discussion et recommandations

Principales recommandations :

1. Prévoir des cartes de localisation des différents paysages ;

2. Finaliser et partager avec les partenaires un livrable provisoire de la stratégie

documentant le processus poursuivi pour la préparation de la stratégie ;

3. S’ouvrir sur le maximum d’acteurs à l’échelle du paysage en vue de favoriser la

mise à l’échelle et l’élargissement de l’approche paysage ;

4. Mettre en place des comités techniques à l’échelle de chaque paysage pour le

conseil technique au moment de la sélection des projets et pour le suivi ;

5. Prévoir des projets locaux de renforcement des capacités, d’animation de la

dynamique à l’échelle du paysage, de mobilisation des acteurs locaux et des

comités techniques autour du suivi et de la documentation de l’approche

paysage (y compris l’animation de plateformes de dialogue régionales) ;

6. Prévoir de travailler avec les communes et de promouvoir l’échange Sud-Sud.

7. Diffuser le document provisoire de la stratégie: vendredi 11 mars 2016 ;

8. Recueillir les commentaires de la part des partenaires et du CNP et du siège :

vendredi 18 mars 2016 ;

9. Finaliser le document selon les commentaires : 25 mars 2016 ;

10. Diffuser la stratégie finale.

Réunion du jeudi 31 mars, Locaux du PNUD Maroc

Objectif de la réunion : Validation finale de la SPP/OP6 Mme Fatine Najia, membre du comité national de pilotage

Mme Badia SAHMY, CN, PMF FEM

M. Mohammed Fouad Bergigui (membre du comité national

du Pilotage et programme Analyst PNUD)

Mme Oumnia Himmi, Présidente du comité national de

pilotage)

Mme Afa Dalal (membre du comité national de pilotage)

Mme Khadija Bellamkadem (membre du comité national de

pilotage)

• Présentation du document de la stratégie

• Evaluation de la stratégie sur la base de la

grille proposée par le siège

• Validation et signature de la stratégie

Résultats

Les paysages retenus et les sites

d’intervention ont été validés ;

La grille d’évaluation a été

complétée ;

Le document a été signé.

Page 11: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

11

I.2.2 Principaux résultats du processus de cadrage national

Ce processus de consultation multi-acteurs, à fort caractère de concertation et

d’apprentissage, a permis de :

Parvenir à un large consensus sur l'approche du programme de pays durant l’OP6 :

l’approche landscape/seascape a été adoptée à l’unanimité, et certains partenaires

institutionnels, en particulier le Ministère Délégué Chargé de l’Environnement, souhaitent

tester cette approche à travers leurs programmes classiques de soutien à la société civile. De

ce fait, il est prévu que le PMF établisse des complémentarités avec le MDCE, pour atteindre

le plus grand nombre d’OCB et d’ONG, et contribuer par ce biais à la généralisation de cette

approche.

Dresser et prioriser les critères de sélection des sites « paysages terrestres/marins » : suite à

différentes tentatives, l’entrée par « écosystèmes », au lieu de celle par « régions

administratives » a été retenue pour appréhender la sélection des paysages terrestres et

marins au Maroc. Quatre critères ont alors été arrêtés à cet effet :

Critère 1 : La reconnaissance mondiale de l’importance vitale des écosystèmes retenus ;

Critère 2 : L’existence au niveau de ces sites d’une bonne dynamique de OSC et des OCB ;

sont privilégiés dans ce cadre particulièrement les zones où le programme a déjà intervenu et

où il a la possibilité de consolider et de capitaliser sur les acquis en terme de « capacités » des

OSC et des OCB pour un changement d’échelle ;

Critère 3 : la possibilité de synergie avec d’autres programmes nationaux, et internationaux

en particulier du PNUD, les projets financés par le FEM dans le pays, et par d’autres agences

des Nations Unies et organismes régionaux et internationaux de développement;

Critère 4 : l’existence au niveau du site d’un écosystème naturel, porteur de valeur

significative, de biodiversité, de bénéfices écologiques et de valeurs culturelles

volontairement conservées par les populations locales et qui peut faire l’objet d’une

intervention dans le cadre de l’initiative APAC.

Identifier les possibilités de synergie : la liste des projets financés par le FEM au Maroc et

portés par les différentes agences des Nations-Unies (PNUD, FIDA, PNUE, FAO) ainsi que

ceux portés par les organisations internationales telles que la Banque Mondiale, la BAD

BIRD, ont été passés en revue. Il en est ressorti que la majorité des projets qui représente une

possibilité de synergie sont soit en clôture, soit en phase d’instruction par le FEM. Ainsi, les

projets avec lesquels le PMF FEM pourra effectivement collaborer durant la phase 6 -

particulièrement au début de l’exercice puisque d’autres pourront s’ajouter en cours de

route- sont ; a) le projet « Economie Circulaire » dans la région de Souss Massa, b) le

Programme Oasis du Tafilalet POT, c) et le projet Ksours et Kasbahs.

Et enfin sélectionner de façon concertée le(s) la zone (s) paysage (s) terrestre(s) / marin (s)

pour le focus, en tenant compte tel que mentionné dans les termes de référence, de la niche

du PMF, des opportunités, des défis et du potentiel de synergies.

Page 12: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

12

L’application des quatre critères cités ci-dessus a conduit à la sélection d’un paysage élargi

« le Haut Atlas Marocain», et de trois paysages spécifiques au sein de ce paysage, la Réserve

de Biosphère Arganeraie, le Parc National du Toubkal et zones limitrophes, et la Réserve

de Biosphère Oasis.5

Suite à ce processus de cadrage national, le PMF FEM Maroc, a entamé, tel que stipulé dans

les termes de référence, la deuxième étape de l’élaboration de la SPP-OP6, en l’occurrence

l’évaluation de la situation de référence dans les paysages spécifiques retenus. Le processus

de cadrage national aura duré trois mois ; les premières visites de terrain ont débuté en

décembre 2015.

I.3 Objectifs de l’évaluation de la situation de référence

1) Assister et orienter le choix des Coordinateurs Nationaux des Programmes Pays, et des

CNP en matière d’octroi des subventions locales aux ONG et aux OCB ; Cet appui

consiste notamment à leur fournir l’information sur l'état actuel des paysages retenus (y

compris en termes d’APACs) ; les principaux défis et problèmes environnementaux

mondiaux, ainsi que les opportunités d'actions par les communautés en lien avec les

initiatives stratégiques et les APACs ;

2) Mobiliser et assurer la participation d’un large éventail de parties prenantes au niveau du

paysage, y compris les autorités locales, la société civile, les organisations

communautaires et les autres partenaires pertinents. L’information recueillie auprès des

différents acteurs communautaires, institutionnels, et autres, constituera l’élément de

base pour fixer des objectifs et les résultats souhaités dans le cadre de l’OP6;

3) Développer sur la base des informations recueillies, le cadre de résultats qui guidera

l’octroi de subventions avec une proposition de typologie des projets (Y compris pour les

projets APACs) et l’identification d’un ensemble d'indicateurs pour les initiatives

stratégiques du PMF sélectionnées.

II. METHODOLOGIE D’EVALUATION DE LA SITUATION DE REFERENCE

Dans le but d’apprécier les changements apportés ou susceptibles d’être générés par le

programme suite à l’exécution de la SPP/OP6, il s’avère nécessaire de procéder dans la

mesure du possible à un établissement rapide de la situation initiale de référence (Baseline),

environnementale et socio-économique dans les trois paysages retenus à l’issue du processus

de cadrage national.

Outre l’établissement du cadre des résultats, cette ligne de référence permettra de mettre en

exergue les défis du programme en matière de mise en place et de dissémination de

l’approche « Paysages terrestres et marins», et d’offrir un référentiel d’évaluation des écarts

entre la situation « avant-SPP/OP6 » et la situation « après-SPP/OP6 ».

5 Dans chacun des paysages spécifiques les zones prioritaires pour la concentration des actions du programme sont définies de façon

précise (§ cartes et situations de référence). Néanmoins, d’autres zones prioritaires pourraient être retenues dans le cadre de l’Initiatives APACs (identifiés éventuellement dans le cadre de l’initiative stratégique globale d’appui aux APACs)

Page 13: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

13

Le processus d’évaluation de la situation de référence est guidé tel que mentionné dans les

termes de référence, par les orientations de l’exercice de cadrage national, et les priorités et

niches identifiées pour le PMF/FEM, et consiste en :

(i) une analyse du contexte du paysage, des principales menaces et enjeux

environnementaux globaux et locaux,

(ii) la cartographie des acteurs concernés (internes et externes au paysage),

(iii) l’identification des opportunités sur lesquelles le programme peut se greffer,

(iv) les lacunes auxquelles il faut pallier pour compléter les efforts de gestion durable de

l’environnement entrepris par les acteurs locaux au niveau du paysage.

Pour établir cette situation de base, des valeurs (qualitatives et quantitatives) des indicateurs

et cibles correspondants aux initiatives stratégiques prioritaires retenues globales sont

proposées. La comparaison de la situation avant et après permettra d’apprécier

qualitativement la contribution du programme à l’atteinte des objectifs de développement

durable, son impact et la pertinence de l’approche paysage.

Le processus d’évaluation de la situation de référence s’est déroulé dans chacun des

paysages spécifiques en trois phases :

a) La collecte de l’information auprès des départements techniques, et la

consultation individuellement de certains acteurs clés en fonction du besoin

(communautaires, institutionnels, autorités locales, société civile, ..), complétée

par une revue documentaire et bibliographique approfondie;

b) La réalisation de visites de terrains, en particulier à des expériences réussies, ou à

des initiatives communautaires innovantes en lien avec les orientations de la

SPP/OP6 ;

c) L’animation d’ateliers régionaux avec le triple objectif de l’information des

acteurs sur les orientations de la programmation OP6, et sur le bien fondé de

l’approche « paysage terrestre et marin », l’évaluation participative de la situation

de référence et l’ébauche du cadre des résultats (avec situation de base,

indicateurs et cibles), et enfin l’identification des types de projets à développer

dans le cadre du paysage et des possibilités de synergie et de partenariat. Pour la conduite des ateliers, deux techniques d’animation ont été adoptées : le

« brain-storming », et l’analyse « SWOT ».

Tel que stipulé dans les termes de références, le présent rapport est produit pour présenter

l'analyse de la situation de référence, la cadre des résultats de la stratégie du PMF au niveau

du paysage et les modalités de mise en œuvre (incluant l’intervention au niveau des

APACs).

Le rapport présente également les résultats des consultations avec les communautés locales

et les organismes de la société civile.

Page 14: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

14

III. RESULTATS DU PROCESSUS D’EVALUATION DE LA SITUATION DE

REFERENCE

III.1 Présentation du Paysage élargi « Haut Atlas »

Le Haut Atlas, pièce maitresse des étendues de haute montagne marocaine. Le Haut Atlas est

une chaîne montagneuse marocaine orientée sud-ouest/nord-est. Cette chaîne appartient au

massif de l’Atlas et constitue plus précisément, l'un des trois éléments de l'Atlas marocain,

les deux autres étant le Moyen Atlas et l’Anti-Atlas. Le Haut Atlas est le massif le plus élevé

d'Afrique du Nord, parfois surnommé le « toit du Maroc » ou encore, le « toit de l'Afrique du

Nord ». Il s’étend jusqu’en Algérie et en Tunisie, et offre de ce fait pour PMF FEM la

possibilité d’une intervention régionale.

Au Maroc, le Haut Atlas forme une immense barrière d'environ 750 kilomètres de longueur

qui délimite le Maroc Saharien, du Maroc atlantique et méditerranéen. En termes de

superficie, il constitue la pièce maîtresse des étendues de haute montagne marocaine — dont

l'ensemble couvre 100 200 km2 ; La population, principalement berbère « amazigh », vit du

pastoralisme et de l'agriculture.

Le Haut Atlas, Hot Spot Biodiversité du Bassin Méditerranéen6 avec un taux d’endémisme

des plus élevés. La répartition géographique7 de la flore endémique au Maroc met en effet en

relief l’originalité du Haut Atlas marocain comme principal foyer d’endémisme, avec un

nombre d’endémiques de 423, pour 300 dans le Moyen Atlas et 215 au niveau de l’Anti-

Atlas). M. Fennan en 2004 répertoriait 15 Zones d’Importances Prioritaires (ZIP) pour le

Maroc, dont sept (7) se situent au niveau du Haut Atlas. Enfin, selon l’Etude Nationale sur la

Biodiversité réalisé en 1995 par le HCEFLCD, le Haut Atlas abriterait un grand nombre de

SIBEs, dont les SIBE Aghbar, Jbel Krouz, Tamga, les Hauts sommets du M’Goun, deux

SIBES majeurs le Parc National du Toubkal et le Parc National du Haut Atlas Oriental, et

deux réserves de Biosphère, à l’Ouest une partie de la Réserve de Biosphère Arganeraie et

vers l’Est la Réserve de Biosphère Oasis ; ce qui atteste que plus des trois tiers de la superficie

du Haut Atlas pourraient être érigés en aires protégées si on ajoute les Agdals, aux aires

protégées officielles.

Les Agdals, autre argument fort en faveur du choix du Haut Atlas marocain pour un focus

géographique du PMF FEM durant l’OP6. L’Atlas regorge en effet d’Agdals, territoires dont

l’usage et l’accès aux ressources renouvelables sont réglementés par les communautés

locales, lesquelles déploient une grande ingéniosité pour préserver des ressources rares,

menacées et/ou indispensables dans l’économie montagnarde. Les Agdals répondent

parfaitement à la définition données aux APACs, dans le sens où il s’agit d’un mode

d’appropriation de la terre, de gestion de biens communs, d’une institution réglementant

l’accès au territoire et aux ressources, et d’un concept très lié à la culture et à l’identité des

populations montagnardes du Haut Atlas Marocain.

6 CEPF « Critical Ecosystem Partnership Fund »/UICN. 7 Mohammed Fennan, 2004, Propositions de Zones Importantes pour les Plantes au Maroc.

Page 15: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

15

Des écosystèmes uniques en dégradation continue. Malheureusement, cette chaine

montagneuse qui témoigne d’une grande richesse faunistique et floristique, est en réalité très

fragile et présente les signes majeurs d’une dégradation continue sous l’effet de la croissante

démographique, d’une forte pression anthropique (économie fortement basée sur

l’exploitation de la biodiversité locale, la dépendance de la biomasse comme source d’énergie

pour les besoins domestiques quotidiens,…), zoologique (surpâturage), d’une croissance

anarchique des activités touristiques, et du changement climatique. D’un autre côté, malgré

les efforts déployés par l’état, en l’absence d’un cadre législatif adéquat (la loi de la

montagne tarde à voire le jour), les efforts d’aménagement et de développement ne prennent

toujours pas systématiquement en compte la préservation de la biodiversité, et contribue

fortement à la dégradation du milieu.

L’agdal, une pratique ancestrale en déperdition. La pratique de l’Agdal qui a pendant

longtemps contribué à la préservation de l’espace et des ressources tend également,

malheureusement à disparaitre, faisant place à des concepts exogènes et des institutions

modernes tels que les coopératives, les associations de développement local, les collectivités

territoriales, les services déconcentrés de l’état, avec d’importantes conséquences sur l’état de

l’espace et des ressources. A travers l’appui à la réhabilitation et au maintien de cette

pratique, le programme apportera une contribution substantielle à la préservation de la

biodiversité nationale.

De la nécessité d’une intervention urgente pour inverser la tendance, et évoluer dans le sens

de la durabilité. Conscient de la nécessité et de l’urgence de préserver ces écosystèmes de

montagne, le gouvernement marocain mène un certain nombre de programmes dans

l’objectif d’améliorer la qualité de l’environnement et de renforcer la résilience et la capacité

de ces écosystèmes à fournir leurs services écosystémiques, dont le programme de

développement territorial durable du Haut Atlas.

Ce programme a pour objectif la gestion rigoureuse du patrimoine naturel du massif, à

travers la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles et la valorisation du

potentiel existant (eau, forêt, activité sylvo-pastorale, etc.), la création d’un dynamisme

territorial, par le ciblage des aiguillons de développement, permettant de favoriser une

compétitivité intra et intercommunale efficace, l’amélioration des conditions de vie de la

population locale et la qualification du capital humain, à travers la génération de l’emploi et

la création des opportunités de formation / éducation, la sauvegarde de l’image identitaire

du Haut Atlas, tenant compte de ses valeurs culturelles, écologique, environnementales et

paysagère, la mise en place d’un dispositif institutionnel adapté à la configuration spatiale

du Massif, permettant la mobilisation des acteurs, autour des projets partagés, pour assurer

une gouvernance territoriale homogène. Un tel programme constitue une réelle opportunité

pour l’ancrage et la mise à l’échelle des actions du PMF FEM.

L’ensemble des éléments décrits plus haut justifie de la nécessité d’une intervention urgente,

essentiellement basée sur une dynamique communautaire endogène, sur la réhabilitation des

pratiques ancestrales de gestion des ressources naturelles et sur l’intégration de l’ensemble

des dimensions du développement durable.

Page 16: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

16

Dans ce cadre, et afin d’optimiser l’impact et l’usage des ressources dont dispose le

programme pays pour la phase 6, le focus sera fait au niveau du paysage élargi du Haut

Atlas -d’Ouest en Est- sur trois paysages spécifiques (ou sous paysages), chacun présentant

des spécificités en termes de ressources de biodiversité, mais aussi des caractéristiques

communes en termes de pratiques locales de gestion de l’espace, à savoir : la Réserve de

Biosphère Arganeraie, le Parc National du Toubkal et zones limitrophes, et la Réserve de

Biosphère Oasis.

III.2 Résultats de l’évaluation de la situation de référence au niveau des paysages

spécifiques

III.2.1 Réserve de Biosphère Arganeraie

a) Processus de consultation

Pour l’évaluation participative de la situation de référence au niveau de la réserve de

Biosphère Arganeraie, une équipe mixte constituée d’un membre représentant le CNP, la

coordinatrice du programme, l’équipe des consultants et l’association porteuse du projet, a

effectué une mission à Agadir, chef lieu de la région Souss Massa. Des entretiens, ateliers et

réunions de travail ont été organisées avec l’appui de partenaires locaux, en particulier le

Service Régional de l’Environnement, le Réseau des Associations de la Réserve de Biosphère

Arganeraie/RARBA, le projet Economie Circulaire-Souss Massa/EC-SM (projet GEF PNUD)

et le projet « mise à jour de la stratégie et du plan d’action national de la biodiversité, projet

NBSAP /PNUD GEF) ». Le tableau ci-dessous décrit le processus poursuivi pour l’évaluation

de la situation du paysage « RBA ».

Tableau1 : Processus poursuivi pour l’évaluation de la situation du paysage « RBA »

Présentation des orientations stratégiques pour l’élaboration de la SPP/OP6 aux acteurs de

la région et réflexion autour de sa déclinaison dans la région Souss Massa (atelier organisé

par le projet NBSAP /PNUD)

Vendredi 22 janvier 2016, Agadir, Hôtel Odyssée

Réalisée dans le cadre de l’atelier organisé par le

projet « mise à jour de la stratégie et du plan

d’action national de la biodiversité »

(MDCE/PNUD/FEM), pour la présentation de la

stratégie nationale sur biodiversité réactualisée.

Profil des participants : acteurs institutionnels

(HCEFLCD, OREDD, ADA/EC-SM, Conseil de la Région,

…) et quelques acteurs de la société civile (AESVT,

AGROTECH).

Déroulé

Présentation de la nouvelle stratégie

nationale de la biodiversité

Présentation du projet « économie

circulaire »

Présentation du PMF FEM /Présentation

des objectifs et du cadre général de la

réunion de concertation autour de la

stratégie du PMF FEM durant la phase 6

Présentation du processus de

préparation de la stratégie et du choix

du landscape ;

Présentation des nouveaux axes

stratégiques

Discussion

Page 17: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

17

Principales recommandations de la séance de travail autour de la SPP/OP6

Cette rencontre a permis de faire le lien entre les orientations stratégiques nationales en

matière de préservation de la biodiversité et celles du PMF FEM au titre de l’OP6 ;

L’intervention du PMF FEM s’inscrit pleinement dans le cadre de la nouvelle stratégie

nationale de la Biodiversité. Mais il y a besoin d’examiner la nouvelle stratégie et

d’identifier les objectifs précis que le PMF FEM pourra soutenir au niveau du landscape

RBA ;

Les synergies sont importantes pour plus d’efficacité et pour l’optimisation des ressources

dont dispose le PMF FEM. Des possibilités importantes de synergie sont possibles avec : le

projet EC-SM le projet intervient au niveau de 4 zones pilotes, 2 au niveau de l’Anti-Atlas

et 2 au niveau du haut Atlas. Il a développé 4 modèles de PSE : PAMs, écotourisme,

Terrasses et ressources naturelles et a identifié 12 projets start-up, et avec l’AGROTECH

qui met en œuvre 7 projets avec des producteurs agricoles locaux incluant la certification

bio. Ces possibilités seront explorées en profondeur avec l’appui des consultants ;

L’Anti-Atlas constitue également un landscape important pour l’intervention du PMF FEM

durant l’OP6 (frontière avec le désert)

L’implication du secteur privé dans la conservation des ressources au niveau des

landscapes doit-être recherchée.

La régionalisation avancée constitue un processus important dans le cadre duquel le PMF

FEM pourra inscrire son intervention à l’échelle du paysage.

Réunion de réflexion autour des possibilités de synergie au niveau de la région

Vendredi 22 janvier 2016, Agadir, locaux de l’OREDD

Présents : L’équipe du PMF/FEM, le Directeur de

l’AGROTECH, et la Directrice de l’OREDD

Déroulé

Présentation des objectifs et du cadre

général de la réunion ;

Présentation du PMF FEM ; Présentation

du processus de préparation de la

stratégie et du choix du landscape ;

Présentation des nouveaux axes

stratégiques ;

Discussion autour des possibilités de

synergie dans la région.

Principales recommandations de la séance de travail autour des possibilités de synergies

Plusieurs partenaires interviennent à l’échelle de cette région : JICA, CTB, GIZ …mais la

coordination entre ces acteurs est très faible ;

L’ANDZOA constitue un intervenant principal que le PMF FEM doit approcher ;

L’AGROTECH est une association d’appui aux producteurs qui bénéficie d’un important

support de la Région SM, et de bailleurs de fonds internationaux dont la coopération suisse

qui apporte un appui pour compenser l’empreinte de l’eau (région de Taroudant / 36

producteurs) ; l’association appuie également l’écotourisme dans la région à travers le

renforcement de 55 gîtes ; En matière d’agro écologie climato intelligente, l’AGROTECH a

soutenu des stations météo avec un système de veille climatique et d’alerte des agriculteurs

par SMS (appuyé par le conseil de la région) ;

Possibilité d’intervenir dans la région de Souss Massa autour de 3 axes : biodiversité, eau et

énergie.

Des possibilités de synergie existent en appui au travail de l’AGROTECH et le conseil de la

région autour de l’approche paysage, l’agro-écologie et le soutien aux petits producteurs

pour la certification BIO.

Page 18: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

18

Visite terrain Projets de l’Association Anwar Tousiko pour le développement et la

coopération.

Samedi 23 janvier 2016, Matinée

Commune de Ait Amira (Chtouka Ait Baha)

Présents : RARBA et membres de l’association

Déroulé

Présentation du projet par le RARBA

Visite du réservoir d’eau et de la

fromagerie

Visite de quelques exploitations

agricoles de la zone

La zone est caractérisée par l’agriculture moderne intensive avec une forte utilisation de

pesticides et par l’urbanisation qui s’étend au profit de l’agriculture ;

Elle est également caractérisée par la dominance des pratiques de solidarité villageoise

(apport des émigrés) ;

L’association a été créée dans l’objectif de stopper l’exode, de lutter contre l’habitat

insalubre et préserver les parcelles agricoles. Dans ce cadre, elle a soutenu des projets de

mobilisation des ressources en eau pour l’irrigation, la mise en place d’une coopérative

laitière et la promotion de l’agriculture bio.

L’agriculture Bio développée consiste en des parcelles sous serre avec l’utilisation de

pesticides labélisés. La vente sera effectuée via un réseau whatsapp sous forme de panier

bio et sain : le panier issu des parcelles sous serre sera complété par des légumes issus

d’autres parcelles locales.

Recommandations :

La culture sous serre et l’usage de pesticides même certifiés ne sont pas en ligne avec les

principes de l’agriculture Bio ou de l’agroécologie ;

Afin d’évoluer vers des pratiques d’agroécologie, visiter des projets d’agroécologie à Dar

Bouazza (terre et humanisme) ou dans la région de Shoul (contacter l’association swani

tiqa). Coordination des Swani Tiqa ;

[email protected] ( [email protected]) / GSM +212 663054749 /

http://www.swanitiqa.com

Prendre connaissance également de la stratégie de vente des paniers pour s’inspirer de ces

expériences

Atelier de consultation des ONG et des organisations communautaires de base (OCBs)

Samedi 23 janvier 2016, Après-midi

Locaux du RARBA (Agadir)

Participants : membres d’ONGs et d’OCB ; Réseau

RARBA, Migrations et développement, association

résilience, Illigh, consortium APAC, Association

TIFAOUINE, Association Alouss et autres ONGs

24 Associations ont pris part à cette réunion

30 participants

Déroulé Présentation des objectifs et du cadre

général de la réunion

Présentation du PMF FEM

Présentation du processus de préparation de

la stratégie et du choix du landscape ;

Présentation des nouveaux axes stratégiques

y compris les APACs,

Travaux de groupe autour des

problématiques majeurs, freins et

opportunités du paysage (3 groupes)

Conclusion et étape à venir

Page 19: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

19

3 groupes ont été constitués pour établir la situation du paysage (problématiques majeures,

freins et opportunités). Les 3 groupes représentaient les 3 régions suivantes : Région de

Taghazout & Mesguina, Chtouka Ait Baha et Tiznit-Taroudant-Sidi Ifni et Tata.

Principaux problèmes soulevés dans le cadre du processus de consultation

Région de Taghazout & Mesguina :

Cette région est caractérisée par la dégradation de la forêt d’Arganier, le surpâturage, la

surexploitation du bois et la désertification et la sécheresse.

Les montagnes de cette région se caractérisent par la rareté des ressources naturelles, la

surexploitation des ressources en eau et l’exode rurale.

Les transformations sociales sont importantes menant à une déperdition des pratiques de

solidarité locale.

Au niveau de la mer de Taghazout, le rejet d’eaux usées non traitées est à l’origine de la

dégradation des algues et d’autres ressources marines.

Afin d’inverser cette situation, les ONGs proposent : de relancer l’agroécologie,

réhabiliter les anciennes sources d’eau en y introduisant des énergies propres (solaire

notamment) et de l’irrigation goutte à goutte, collecter les eaux pluviales (Khettaras),

relancer les Agdals selon les lois coutumières et organiser la transhumance (clôture).

Les ONGs de ce groupe ont également insisté sur le transfert des connaissances

traditionnelles, la mise à niveau des capacités et l’échange d’expériences.

Chtouka Ait Baha

Cette région contient des côtes, des plaines et des forêts.

La zone agricole se caractérise par une agriculture moderne forte utilisatrice de pesticides,

responsables de la pollution des eaux et de l’environnement et avec un impact négatif sur

la santé de la population.

Le tissu associatif peut-être le point de départ pour des expériences en matière d’irrigation

collective et d’agriculture Bio.

Les principaux freins au niveau de cette localité sont : l’abandon de la relation homme-

terre, faiblesses des moyens pour une exploitation durable des terres par les petits

agriculteurs qui se voient dans l’obligation de louer leurs parcelles à des gros investisseurs.

Au niveau des montagnes, les problèmes environnementaux dominants sont surtout liés à

la dégradation de l’arganier et à l’abandon des pratiques traditionnelles comme l’Agdal et

le Tiwizi. On note également l’existence de plusieurs coopératives d’exploitation de

l’arganier.

Tiznit-Taroudant-Sidi Ifni et Tata

Problématiques environnementales majeures : surpâturage, déperdition des

connaissances traditionnelles de gestion des forêts, transhumance non régulée qui

contribue à la dégradation de la RBA, besoin de restituer les règles de gestion traditionnelle

et de travailler sur le transfert du savoir entre les générations.

Freins : besoin d’une concertation élargie entre les acteurs de la RBA

Opportunités : (1) existence d’un savoir faire local et de connaissances traditionnelles à

capitaliser (surtout en termes de savoir féminin) / (2) existence d’un projet d’appui à la

transhumance (financement Qatari) / (3) projet « Takatouna, notre énergie » mené par le

conseil régional

Type de projets : efficacité énergétique dans les constructions, pesticides bio, sélection de

plantes résilientes.

Page 20: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

20

Conclusion et suite à donner :

Le statut « RBA » sera évalué en 2018. Les participants ont soulevé l’importance d’unifier

leurs efforts en tant que société civile et de travailler avec les acteurs institutionnels pour

maintenir ce statut après l’échéance de 2018 ;

Les associations ont exprimé le besoin en renforcement de capacités, techniques et

managériales ;

La coordination du PMF FEM partagera avec les ONGs, les présentations power point sur

les objectifs du programme durant la phase 6 ainsi que le dépliant sur les objectifs

d’AICHI.

b- Etat actuel à l’échelle du paysage

Les arganeraies, forêts uniques et importantes à l'échelle mondiale, situées à proximité du

Sahara, fonctionnent comme rempart contre l’avancée de la désertification. Elles sont

également d'une grande valeur pour les moyens de subsistance des communautés locales ; le

bois, dur et résistant, sert dans la construction et la fabrication d’outils, alimente le chauffage

et est transformé en charbon utilisé pour la cuisson, les feuilles nourrissent de grands

troupeaux essentiellement caprins, l’huile tirée des amandes est une denrée alimentaire de

base, sans compter son exploitation dans les produits cosmétiques et médicaux (l’huile

d’argan est utilisée pour produire des cosmétiques de haute qualité qui, au cours de la

dernière décennie, ont fait l'objet d’une demande croissante sur les marchés internationaux).

Mais aujourd’hui, les arganeraies sont en constante régression. La croissance rapide de la

population de la région Souss Massa et l'évolution des aspirations de cette dernière

(intensification de l’agriculture, projets structurants du tourisme, grands et nombreux

chantiers d’urbanisation, etc.) ont conduit au cours des dernières décennies à une pression

croissante sur l'intégrité des écosystèmes et de leurs services dans la région. Plusieurs

facteurs interdépendants concourent à la dégradation continue des arganeraies, à savoir (i)

l'intensification du surpâturage et de la transhumance, (ii) l'expansion et la modernisation de

l'agriculture (en plaine), (iii) la surexploitation des ressources pour le bois de chauffe, (iv)

l'exploitation non durable des plantes médicinales et aromatiques, (v) l'érosion et la perte des

sols ; (vi) et les effets du changement climatique et de la désertification.

Afin de freiner la perte et la dégradation de l'écosystème de l’Arganeraie, le gouvernement

du Maroc a mis en place en 1998, dans le cadre du programme Man and Biosphère Reserve

(MAB) de l'UNESCO, la Réserve de biosphère de l’Arganeraie (RBA). Mais le statut de

réserve de biosphère n’a pas pour autant régler le problème des arganeraies. D’où la

naissance de l’Agence de Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganeraie.

Aujourd’hui se pose donc pour la région Souss Massa, le défi énorme de (i) réhabilitation de

l’arganeraie, de (ii) réhabilitation des pratiques ancestrales de gestion des ressources

naturelles, qui ont pendant longtemps contribué à la préservation de l’écosystème arganier et

qui ont permis aux polutions de s’adapter à des

conditions climatiques extrêmes, ainsi que (iii) la L’arganeraie ne doit pas uniquement

sa réputation à l’arganier, mais aussi à la ″civilisation agraire″ qu’elle a suscitée, résultat d’un long processus d’adaptation1, aujourd’hui en déperdition.

Page 21: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

21

réhabilitation des pratiques de solidarité tel que l’Agdal et Tiwizi, qui ont de tout temps

soutenu le maintien d’une véritable cohésion sociale dans l’arganeraie.

c- Dynamique associative dans la région Souss Massa

Dès le début des années 90, une nouvelle approche de développement rural a été adoptée au

Maroc énonçant la nécessité de renforcer les organisations de base des populations rurales et

de promouvoir de nouvelles règles de fonctionnement dans le cadre de la décentralisation,

de la régionalisation et de la promotion de rapports de contractualisation et de partenariats.

De nombreuses organisations de développement ont ainsi vu le jour ; leur principal souci

étant de désenclaver les zones rurales, tout en développant le travail associatif déjà existant

(on souligne ici le travail communautaire caractérisé essentiellement par le collectif (jemâa)).

De ce fait, l’action collective de ces associations rurales s’inspire de deux registres, tradition

et modernité, qui semblent en apparence contradictoires, mais qui répondent socialement à

des aspirations complémentaires, combinant ainsi des missions du service public (école,

mosquée, eau potable, électricité, pistes, etc.) et des missions de type caritatif (distribution de

paniers de nourriture, Zakat, fournitures scolaires, soins élémentaires, etc.).

Ces associations sont appelées communément Associations de Développement local (ADL).

Devenues un interlocuteur obligé pour et par les pouvoirs publics, aujourd’hui tous les

douars et villages ruraux disposent d’une association de développement local. Dans la

grande majorité des cas, les membres de ces associations sont les mêmes membres des

Jemâas (anciens du village, généralement analphabètes ou très peu lettrés), mais sont parfois

gérés par des jeunes (qui ont pu suivre des études), pour la facilitation de la communication

avec les autorités locales et les services de l’état. Dans le cadre du programme, elles sont

dénommées « OCB ».

Au niveau de la région Souss Massa Drâa, la naissance du mouvement associatif rural vers la

fin des années 90, a coïncidé avec la succession des années de sécheresse, ce qui a poussé les

habitants à trouver des solutions par leurs propres moyens et initiatives. Région connue

historiquement par sa culture de solidarité sociale, la région de Souss Massa a vu sa

dynamique sociale traditionnelle renforcée grâce à l’apport du mouvement associatif.

Aujourd’hui, le tissu associatif est très développé dans la région, et est incontournable et très

concerté dans le processus de développement régional. A côté des ADL, sont nées les ONG,

associations intermédiaires intervenants comme relai entre les services de l’Etat et les ADL

avec un rayonnement plus large (province, région, national), ainsi que des réseaux

associatifs fédérant des ONG et des ADL. Le cas le plus illustratif pour le Souss Massa est

celui du RARBA, qui présente aujourd’hui de nombreuses antennes dans l’ensemble des

provinces de la région Souss Massa et au-delà.

La plupart des ONG et réseaux de la région sont nés de la nécessité d’accompagner un

programme d’envergure de la région comme c’est le cas du RARBA (programme de

développement de la RBA) ; AGROTECH (contrat de nappes), Réseau de Développement du

Tourisme Rural (Stratégie 2010 du Tourisme) etc. témoignant de l’importance du rôle joué

par la société civile dans la région en accompagnement des efforts de l’Etat et des

Page 22: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

22

collectivités territoriales (institutions nées d’un besoin et non en réponse à des exigences

externes, ce qui est rarement le cas dans d’autres régions du Maroc).

a- Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie

Au niveau de la région Souss Massa, s’offrent pour le programme une multitude

d’opportunités et de possibilités de synergie et de partenariats. Concernant les programmes

de l’Etat, il convient de citer le PMV (pilier II), la stratégie 2020 du tourisme qui se veut au

niveau de la région, développer à côté du balnéaire, le tourisme dans l’arrière Pays, en

particulier l’écotourisme, l’INDH, le Plan de Développement de la Région, etc. Concernant

les acteurs étatiques, nous nous arrêterons sur les possibilités de partenariat avec

l’ANDZOA.

L’Agence Nationale de Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganeraie

(ANDZOA), a été créée en février 2010, sous tutelle du Ministère de l’Agriculture et des

Pêches Maritimes. Elle a pour mission d’élaborer dans le cadre d’un processus intégré

impliquant l’ensemble des acteurs concernés (acteurs institutionnels, élus,…), un programme

global de développement de ces zones d’intervention (Oasis et arganeraies), qui prendrait en

compte les dimensions sociale, économique, environnementale et culturelle, et d’en assurer

l’exécution, le suivi et l’évaluation.

Concernant l’Arganeraie, l’agence veille principalement à la protection, à la préservation et

au développement des zones de l’arganier à travers notamment la mise en œuvre de projets

de développement socio-économiques, réalise des opérations d’extension des peuplements

de l’arganier conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur,

supervise des projets sur la valorisation, la commercialisation, et la labellisation des produits

de l’arganier, structure les filières de production et de commercialisation des produits de

l’arganier, et enfin encourage la recherche scientifique relative la préservation et au

développement de l’arganier, et à la valorisation de ses produits. Ses missions, ses

programmes, et les moyens financiers et humains dont cette agence dispose en font un

partenaire privilégié du programme au niveau de la région.

Plusieurs Organisations Internationales interviennent dans la région, dont la coopération

Suisse, la GIZ et le PNUD. La GIZ intervient dans la région dans le cadre de deux

programmes, Projet Gouvernance Environnement et Climat, et le projet Tourisme Durable,

avec des possibilités de synergies avec le PMF FEM dans les deux cas. Le projet EC-SMD,

avec le PNUD et l’Agence de Développement Agricole de Souss Massa, sur lequel nous nous

arrêterons plus longuement.

Le projet EC-SMD vise la conservation de l’agro-biodiversité dans le Souss Massa Draa

(SMD). L’objectif à long terme proposé par ce projet est d’introduire le Payement pour les

Services Ecosystémiques (PSE) en tant que mécanisme innovant pour inverser la perte et la

dégradation de l’écosystème Arganier. Ceci, en association avec la valorisation (labellisation

et commercialisation) de 2 produits de terroir issus de cet écosystème, à savoir l’huile

d’Argan et le miel.

Page 23: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

23

Le projet agit aux travers de 4 composantes interconnectées. La composante 1, concernera la

création d’un environnement habilitant pour l’introduction des PSE au Maroc en adressant

les changements institutionnels, politiques et légaux nécessaires à la mise en place et le

pilotage d’un tel mécanisme dans le SMD. A travers la composante 2, le projet renforcera les

capacités techniques pour la mise en œuvre de modèles PSE dans le SMD et préparera ainsi

le terrain pour une réplication nationale des concepts et des outils PSE via la dissémination

des leçons apprises et l’échange d’expériences avec d’autres projets et programmes. Les

activités de la composante 3 permettront de promouvoir une production organique, durable

et respectueuse de la biodiversité via un schéma de labellisation et de commercialisation

adaptées aux produits de l’écosystème Arganier. En capitalisant sur les 3 premières

composantes, le projet entamera un investissement pilote de type PSE à travers la

Composante 4 en tant que moyen de promotion, de conservation et d’exploitation durable de

la biodiversité et les services ecosystémiques qui y sont associés dans l’écosystème Arganier.

Comme mentionné plus haut, le projet projette de développer 4 modèles de PSE : PAMs,

écotourisme, Terrasses et ressources naturelles et a identifié 12 projets start-up. Dans ce

cadre, une collaboration est nécessaire entre ce projet et le PMF FEM. Pour favoriser cette

synergie, qui offre au PMF FEM, l’opportunité de contribuer à la promotion et au

développement de modèles PSE (une première pour le Maroc), les zones d’intervention du

PMF FEM/OP6 seront celles retenues par ce projet, en particulier dans la zone Haut Atlas.

Autres éléments à préciser pour ce projet, ce sont les critères retenus pour la sélection des

sites d’intervention, et qui comportent : (i) la large distribution d’importantes étendues

d’arganeraies sur une grande partie du site, (ii) les menaces sévères pesant sur les ressources

de l’agro-biodiversité, en particulier sur le thym et d’autres PAM, aujourd’hui soumises à un

taux alarmant d’exploitation incontrôlée, (iii) la présence de sites potentiels pour la

réhabilitation des terrasses et la promotion de l’agro-biodiversité locale, (iv) des opportunités

réelles de réhabiliter la pratique traditionnelle du système traditionnel “Agdal” de pâturage

en rotation associé parfois à la conservation des PAM, (iv) la présence de caractéristiques qui

peuvent constituer une base pour la future vente groupée des SE, comme les circuits

touristiques de valeur potentiellement élevée ou les barrages fournissant l’eau pour l’

irrigation.

Zone du Haut-Atlas

(1) Bassin d’Oued Tamaraght - Imouzzer Ida Outanane (route du miel).

Le site couvre les communes rurales d’Idmim, de Bigoudim, d’Aquesri, d’Immousser,

de Tiqqui et d’Argana. La zone abrite un circuit touristique, de valeur potentielle

élevée, lié au miel et à l’apiculture traditionnelle et comprenant l’un des plus grands

ruchers traditionnels du monde (vallée du paradis).

(2) Bassin versant de Chakoukane (sous-bassin d’Aouziwa).

Le site couvre les communes rurales d’Ounaen, Tizrasse, Ouzioua et Assaki. Deux

barrages importants contribuent à l’approvisionnement en eau de boisson et

d’irrigation pour la région SMD. Le lac Ifni présent aussi dans la zone constitue un

circuit touristique de valeur potentielle élevée.

Page 24: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

24

Figure 2. Sites prioritaires de la zone d’intervention du projet (source : étude PPG).

Autre possibilité de partenariat qui a influencé le choix des sites d’interventions du

programme au niveau de la région, c’est celle avec l’AGROTECH. L’agriculture moderne au

niveau de la partie plaine pose des problèmes environnementaux et sociaux très importants,

nécessitant la conjugaison de plusieurs interventions. C’est pourquoi, le programme se

propose de répondre à la demande pressante des associations locales en intervenant

également dans la partie plaine du Souss, dans le cadre d’un partenariat avec l’AGROTECH,

en particulier pour la promotion de l’agro-écologie

D’autres possibilités de partenariats s’offrent bien sûr au programme au niveau de la

région, outre celles développées plus haut ; l’ensemble est résumé dans le tableau qui suit.

Tableau 2 : présentation des parties prenantes et des possibilités de partenariat et de

synergie au niveau du paysage spécifique « RBA »

.

Parties prenantes Fonctions et responsabilités Agence pour le

développement agricole

(ADA) du Ministère de

l'Agriculture et de la Pêche

maritime (MAPM)

L'agence est chargée de participer à la mise en œuvre du Plan Maroc

Vert (PMV) à travers l'élaboration et la mise en œuvre de plans

d'action pour soutenir le développement d’entreprises agricoles à

haute valeur (Pilier I) et des projets de soutien des petits agriculteurs

(premier Pilier II).

Haut-Commissariat aux Eaux

et Forêts et à la Lutte contre la

Désertification (HCEFLCD)

Le Haut-Commissariat est responsable de l'élaboration et de la mise

en œuvre des politiques du gouvernement relatives à la

conservation et à l'utilisation durable des ressources forestières, la

chasse, la pêche intérieure, parcs et réserves naturels et la lutte

contre la désertification.

Ministère Délégué Chargé de

l'Environnement

Les principales fonctions du ministère sont de faciliter, promouvoir

et coordonner avec d'autres ministères toute action

gouvernementale pour protéger l'environnement et suivre sa mise

en œuvre.

Page 25: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

25

Parties prenantes Fonctions et responsabilités

Agence nationale pour le

développement des zones

oasiennes et d’Arganiers

(ANDZOA)

Dans les écosystèmes oasiens et d'Arganiers, l'agence est chargée, en

coordination avec d'autres autorités gouvernementales, d’élaborer

un programme de développement global et d'assurer son suivi et

l'évaluation de sa mise en œuvre.

Conseil régional du SMD

Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration d'un plan

de développement économique et social pour la région, (ii) la

collecte de taxes, redevances et autres impôts perçus pour le compte

de la région, (iii) la promotion de l'investissement privé, (iv) la prise

de toutes les mesures pour protéger l'environnement, (v) l'adoption

de mesures visant à rationaliser la gestion des ressources en eau.

Agence du bassin

hydraulique du SMD

Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration d'un plan

intégré des ressources en eau et assurer sa mise en œuvre, (ii) la

délivrance de permis et de licences pour l'utilisation des ressources

publiques en eau, (iii) l'établissement d'infrastructures de

prévention des inondations et de lutte contre les inondations.

Observatoire régional de

l'environnement et du

développement durable

(OREDD)

L’Observatoire régional fournit l'évaluation et la surveillance des

données environnementales nécessaires à la prise de décision et

l'amélioration continue des politiques.

Direction régionale de

l'agriculture pour le SMD

La DRA est chargée du développement et de l'adoption de plans

régionaux de développement agricole basés sur les politiques

sectorielles nationales.

Agence de développement

social (ADS)

L’action de l’ADS est dédiée à la réduction de la pauvreté et la

promotion du développement social, en collaboration avec d'autres

entités gouvernementales opérant dans le même domaine.

Division des affaires rurales

(DAR) de la wilaya

Responsable des affaires rurales et des projets connexes au niveau

régional.

Réseau des associations de la

réserve de biosphère de

l'Arganier (RARBA)

Les fonctions principales du RARBA comprennent : (i) le soutien à

l'action communautaire pour la conservation et la bonne gestion des

ressources naturelles, (ii) le maintien et la valorisation du

patrimoine culturel, (iii) la facilitation et l’opérationnalisation de la

Réserve de biosphère de l'Arganier (RBA), (iv) l’appui technique et

institutionnel aux associations membres.

Association AgroTech Association d’institutions dont le but est de soutenir des solutions

agro- technologiques de pointe dans la région SMD et d’aider les

entreprises dans le domaine de la recherche et/ou le développement

de la biotechnologie alimentaire et l'agro-industrie.

Associations de

développement local (ADL)

Associations locales (municipalités ou douars) œuvrant pour

soutenir le développement local.

Programme des Nations

Unies pour le développement

(PNUD)

Projet Economie Circulaire Souss Massa

GIZ Projet Gouvernance Environnement et Climat, et le projet

Tourisme Durable

Page 26: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

26

III.2.1 Parc National du Toubkal et zones limitrophes

a) Processus de consultation

Le Parc National du Toubkal n’a pas été dès le départ retenu comme site prioritaire

d’intervention du PMF FEM, dans la mesure où il ne présente pas de possibilité de synergie

avec le PNUD. Néanmoins, suite au processus de cadrage national et aux réunions de

concertation avec le CNP et la coordination du projet, ce paysage s’est révélé intéressant,

compte tenu des acquis en termes de renforcement des capacités, de projets innovants et

porteurs, de la dynamique créée autour des réalisations du PMF FEM durant les phases

antérieurs, et des bonnes pratiques qu’il est judicieux de capitaliser dans le cadre d’une mise

à l’échelle. Par ailleurs, le parc se prête parfaitement à la mise en application de l’approche

Landscape.

Des contacts ont donc été pris avec un certain nombre de partenaires et parties prenantes, et

deux ateliers, le premier essentiellement d’information sur le programme et ses nouvelles

orientations stratégiques, et le second de réflexion plus approfondie sur une éventuelle

contribution du programme dans la région du parc, ont été tenus. Suite à ces ateliers, et après

restitution au comité de suivi national, le Parc a été retenu comme zone prioritaire

d’intervention du programme au même titre que les deux autres paysages spécifiques « RBA

et RBO ».

Résultats du processus de concertation

Atelier d’information des partenaires au niveau du Haut Atlas Occidental (Parc National

du Toubkal sur les nouvelles orientations du PMF FEM

Jeudi 21 janvier 2016 à 10H00

Marrakech, locaux de la Fondation du Haut

Atlas

Direction du Parc, Fondation du Haut Atlas,

consortium APAC, CDRT, OCBs.

Déroulé

Présentation des objectifs et du cadre

général de la réunion

Présentation du PMF FEM

Présentation du processus de

préparation de la stratégie et du choix du

landscape

Présentation des nouveaux axes

stratégiques y compris les APACs

Discussion autour des zones prioritaires,

du type des projets, et des possibilités de

synergies et de partenariat

Conclusion et étape à venir

Principaux points discutés

Les priorités d’intervention suivantes ont été soulevées par les participants :

Le Haut Atlas occidental est caractérisé par une diversité des paysages à conserver.

Diversité menacée par le pâturage, la surexploitation et l’usage des pesticides

Ce paysage est également caractérisé par sa diversité culturelle et traditionnelle

notamment en ce qui concerne l’irrigation ancestrale, la pratique des terrasses et de

l’Agdal qui est malheureusement en déperdition

Page 27: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

27

L’agro-biodiversité, l’agro-écologie, la valorisation des produits locaux, La

réhabilitation des ourtens (jardins maraichers), la réduction des pesticides constituent

des axes d’intervention à l’échelle de ce paysage

L’éducation des jeunes et le transfert des connaissances et du savoir traditionnel

constituent une alternative pour lutter contre la déperdition des pratiques

traditionnelles

La filière de valorisation de la pomme (production du vinaigre) est un exemple de

filière à développer dans la zone tout en éliminant l’usage des intrants chimiques

fortement utilisés pour la culture des pommes

Conclusion et étapes à venir :

Afin de développer une vision commune et de définir les axes d’intervention prioritaires

au niveau du paysage, les participants ont décidé d’organiser une 2ème réunion le 12

février 2016 qui sera élargie aux autres acteurs de la zone (DREF, DPA, autres ONGs et

OCBs…) pour :

Définir les zones d’intervention prioritaires au niveau du paysage du Haut Atlas

(prendre en considération la zone d’intervention du projet GDF ) ;

Définir les problématiques environnementales et socio-économiques dominantes au

niveau de es zones (les grandes problématiques) ;

Définir les potentialités et les opportunités au niveau de ces zones du paysage ;

Lister les projets / acteurs existants dans es zones et les possibilités de

complémentarités (prendre en considération le projet GDF) ;

Définir les types de projets à développer en lien ave les initiatives stratégiques du

PMF FEM/ PNUD.

Atelier de réflexion sur la contribution du PMF FEM au titre de l’OP6 au niveau du Parc

National du Toubkal et zones limitrophes

29 février 2016

Jenane Tamesna/Marrakech, Locaux du

GDF

Participants (15 personnes) : Principaux acteurs

associatifs et institutionnels intervenants à

l’échelle du Parc national de Toubkal : Direction

du Parc, Fondation du Haut Atlas, consortium

APAC, CDRT, GDF, RESING.

Déroulé :

Bref Rappel des orientations et initiatives

stratégiques du PMF FEM durant l’OP6;

Brève présentation du processus de

consultation des acteurs au niveau du Haut

Atlas et des résultats des 2 premières réunions

Présentation de l’objectif de conservation au

niveau du paysage et des zones qui se prêtent à

l’intervention du PMF FEM durant la phase 6

Présentation de la GDF et de ses interventions

(actuelles et futures) au niveau du haut Atlas

Présentation de l’intervention actuelle et

future des principaux acteurs (Resing, HAF,

Parc…) au niveau du Haut Atlas

Définition des possibilités de convergence et

de synergies

Conclusion : présentation de l’étape à venir

Page 28: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

28

Résultats de l’atelier :

L’atelier a démarré par un rappel par la consultante N.Essiari, des objectifs et des initiatives

stratégiques de la phase6, la présentation des 3 paysages spécifiques retenus, ainsi que les

critères qui ont guidé ce choix, et enfin la présentation pour validation avec les partenaires

du PNTB de l’objectif proposé pour le paysage du parc national de Toubkal et zone

limitrophe, et qui est formulé comme suit :

Promouvoir la mise en œuvre d’approches communautaires de gestion de la biodiversité à

l’échelle du paysage : Parc National du Toubkal, à travers notamment :

• Le développement de chaines de valeur inclusives durables en tant qu’outil de

conservation de la biodiversité;

• La valorisation et réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes de

gouvernance ancestraux dans la gestion des espaces naturels.

Ensuite les participants représentant les différentes parties prenantes au niveau du paysage

ont pris la parole pour faire part des résultats de leur concertation avec les OCB et de leurs

activités respectives à l’échelle du paysage.

• Mr Al Ifriqui, membre du consortium APACS, et personne ressource locale, a présenté les résultats de l’atelier

organisé avec les COBs en vue d’identifier les types de projets à retenir dans le cadre de la stratégie OP6 du

PMF Maroc. Cet atelier a permis de sensibiliser/informer les OCBs sur les nouvelles approches d’intervention

du PMF FEM durant l’OP6. Les besoins s’orientent plus vers la mise en place d’aménagement pour l’irrigation

des différentes cultures (puits, canalisations…).

• M. Ben-Meir de la HAF, a présenté les résultats de la réunion participative organisée par la fondation du haut

atlas en faveur des communautés locales et des OCBs autour de la planification des priorités du territoire. Les

résultats de cette réunion ont mis en avant des besoins en lien avec le développement de l’infrastructure

agricole et autres (comme l’irrigation, la plantation d’arbres, la création d’entreprises sociales…).

• Mr Messouli, représentant du CDRT a évoqué l’importance de s’appuyer sur des logiciels comme Cristal pour

la planification des priorités. Il a également informé les participants sur le projet mené par le CDRT dans la

région dans le domaine des changements climatiques (accompagnement massif des communautés sensibles au

changement climatique).

• Mme Mokhtari, directrice du Parc national de Toubkal a présenté les projets du Parc en soulignant les 2

objectifs poursuivis à l’échelle de ce paysage à savoir la conservation de la biodiversité et l’atténuation des

risques d’érosion. Elle a également évoqué le cas réussi de la coopérative CADEFA (qui regroupe 9 villages) et

avec laquelle le parc a signé un contrat de gestion d’un massif de PAMs. La coopérative a obtenu la

labellisation « Ecocert » et commercialise ses produits à l’étranger. Le parc entreprendra très prochainement

une évaluation pour savoir si cette gestion contribue à la régénération des massifs de PAMs.

Les membres de la coopérative assurent un gardiennage communautaire de ce massif. Le Parc a également

abordé une nouvelle approche qui s’appuie sur plus de concertation avec la population. Le Parc va lancer le

processus d’élaboration de son plan d’aménagement et veillera à impliquer les communautés et les ONGs dans

ce processus. Une étude sur les parcours sera également lancée cette année y compris les cartes des parcours,

des ayants droits, le calendrier…

Mme Mokhtari a informé l’assistance sur un programme de formation avec l’appui du RADD, réseau africain

du développement durable sera lancé (formation sur le tourisme durable, l’agriculture durable,

l’environnement….). Il serait bien de développer des synergies avec les projets du PMF FEM dans la zone. • Les représentants de Global Diversity foundation « GDF » ont présenté les projets qu’ils développent dans la zone avec

l’appui de l’initiative Darwin et la fondation MAVA. Ils travaillent en partenariat avec l’association « moroccan biodiversity

& livelihoods association » et Resing (bureau d’études spécialisé en hydrologie). GDF et ses partenaires s’attachent à

promouvoir la triple approche : agro écologie, hydrologie et conservation de la biodiversité à l’échelle du paysage du haut

atlas qui est un hot spot en biodiversité méditerranéenne. 2 actions majeures guident leur intervention : la réalisation d’un

livre rouge pour le haut atlas et l’évaluation de l’effet des Agdals en termes de conservation de la biodiversité.

Page 29: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

29

En partenariat avec la MAVA, GDF vient de lancer en janvier 2016 un nouveau projet intitulé « approche intégrée pour la

conservation des PAMs dans le Haut Atlas ». Parmi les activités de ce projet : la création d’une carte « SIG » de la distribution

et de conservation du paysage du haut atlas, la formation des jeunes diplômés sur le monitoring écologique, la documentation

des pratiques communautaires pour la conservation de la biodiversité incluant celle en déperdition en ce qui concerne la

gestion durable des PAMs, l’élaboration de plans participatifs pour les espèces menacées (ex. pyrèthre, lavandula…)et les

écosystèmes, l’identification du potentiel pour le renforcement des Agdals, l’adoption d’une approche intégrée de

dissémination (brochures, vidéos…).

Une académie régionale (10 jours) sera organisée en 2017 au Maroc pour les représentants méditerranéens autour de la gestion

des paysages et un réseau d’acteurs sera mis en place en vue de favoriser la mise à l’échelle de l’expérience des Agdals. GDF

souhaite transposer l’expérience de gestion communautaire des paysages à l’échelle de la vallée du ZAT (Larba Tighdouine).

GDG a également présenté son expérience au niveau de la vallée de l’Ourika en permaculture introduite dans « dar Taliba »

avec la formation d’un réseau de jeunes filles qui servent d’agents multiplicateurs de l’approche dans leurs villages d’origine.

• Le représentant de Resing a présenté leur expérience en matière de « contrats de nappe » et de gestion intégrée

des ressources en eau au niveau des bassins et des sous bassins (Haouz-Mejjate), ainsi que la possibilité de

tester cette approche à l’échelle de micro-bassins.

Tous les acteurs présents ont apprécié l’initiative de cette réunion et ont exprimé le souhait

de développer des synergies et de convergence.

Conclusion et recommandations :

Veiller à intégrer les OCBs/ ONGs partenaires du PMF FEM dans les dialogues

relatifs à la réactualisation du plan d’aménagement et de gestion du Parc et dans les

formations prévues par celui-ci ;

Travailler avec le parc pour la coordination des projets à l’échelle du paysage ; le

parc doit-être partenaire de tous les projets à l’échelle du paysage ;

Le cas de la CADEFA pourra être renforcé par le PMF durant l’OP6 : consolidation,

capitalisation et diffusion de ce cas de bonnes pratiques incluant la possibilité de

réplication :

Des synergies importantes se présentent avec GDF, le parc et la FHA. Le PMF FEM

pourra soutenir des projets communautaires qui complètent les études et les

différentes actions menées par GDF (renforcement des Agdals, valorisation

communautaires de PAMs, plan de gestion participatifs des PAMs), du parc :

conservation participative de la biodiversité, lutte contre l’érosion) et HAF

(valorisation des espèces locales à travers la promotion de chaines de valeurs

inclusives, et des pratiques communautaires comme les cultures en terrasses) ;

Prendre en considération l’aspect culturel, social, politique, religieux dans le travail

sur les Agdals pour l’appui aux APACs.

Etapes à venir :

La stratégie du PMF sera validée en mars 2016. Un appel à propositions sera diffusé. Un

délai de 2 mois sera prévu pour permettre la préparation des projets. Pour veiller à la

complémentarité entre les projets à soutenir à l’échelle de ce paysage, une réunion

d’information des parties prenantes sera organisée un mois après le lancement de l’appel à

projets pour mieux orienter le processus.

Page 30: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

30

b- Etat actuel à l’échelle du paysage

Le Parc National de Toubkal (PNTb) s’étend sur la partie centrale du Haut Atlas, entre la

vallée du N’Fis à l’Ouest et celle de l’Ourika à l’Est. Il s’agit du premier parc national au

Maroc, créé en 1942, pour protéger la biodiversité et les paysages pittoresques offerts par les

plus hauts massifs montagneux de toute l’Afrique du Nord, au milieu desquels jbel Toubkal

ou Adrar N’Dern (la montagne des montagnes) culmine à 4.167 m.

Ce parc de montagne se démarque par un relief puissant, des paysages d’une beauté

exceptionnelle et par une diversité biologique remarquable. Le Parc est en effet très riche en

endémiques marocaines (58 espèces et sous espèces) dont 16 spécifiques au site. Il se

caractérise également par une multitude d’habitats spéciaux : pozzines, prairies d’altitude,

steppes ligneuses à xérophypes épineux, gorges et falaises. Enfin, de nombreuses rivières

prennent naissance dans la zone du parc et vont assurer l’irrigation dans les vallées et les

plaines du piémont : le Nfiss, le Rherhaya, l’Ourika et le Souss.

Sur le plan culturel, le site du parc se caractérise par ses populations humaines aux traditions

ancestrales des hautes vallées et son patrimoine architectural et culturel marqué par la

présence de nombreux sites de gravures rupestres datant de plus de 5.000 ans. Le patrimoine

culturel, les paysages naturels pittoresques et la richesse de la faune et la flore, ainsi que la

présence du lac d'lfni à une altitude de 2.600 m, confèrent au parc national de Toubkal un

grand potentiel écotouristique.

Les principaux points ou activités recherchés par les visiteurs du parc sont : le sommet de

Toubkal, la découverte des paysages de haute montagne, la culture berbère de haute

montagne et les activités sportives (randonnées et escalade). Le site connaît actuellement une

grande fréquentation touristique. Avec environ 40.000 visiteurs par an, le parc national de

Toubkal reste le site privilégié pour le tourisme de montagne au Maroc. La présence d’un

réseau de chemins de mule et de réseaux organisés d’accompagnateurs touristiques (guides,

muletiers et porteurs) facilite l’accès des visiteurs aux différents points d’intérêts au niveau

du Parc.

La zone périphérique du Parc, ou zone tampon, où des actions de développement local

respectueuses de l’environnement sont tolérées comptabilise plus de 130 douars. Cette

population, en grande majorité pauvre et vivant en situation de précarité, puise l'essentiel de

ses besoins en énergie et en unité fourragère de la forêt, engendrant malheureusement un

amenuisement de la biodiversité.

Les ressources naturelles étant au cœur de l’économie locale et constituant la base de survie

des populations riveraines, le développement de ce parc était donc inconcevable sans une

prise en compte de toutes les interactions fonctionnelles avec le développement social. C’est

ainsi que dans l'objectif de concilier les exigences de conservation aux impératifs du

développement socioéconomique local, la direction du Parc déploie depuis 1995 des efforts

considérables dans le développement et la mise en œuvre d’une approche participative et

partenariale pour la gestion de son espace.

Page 31: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

31

Compte tenu que durant plus d’une décennie, différentes approches de gestion participative

et intégrée des ressources naturelles ont été testées, attestant de différentes phases de

développement de la coopération avec les populations riveraines, nous avons jugé utile de

revenir dans le cadre de ce rapport sur l’historique de la GPRN dans ce parc.

La première phase a consisté en l’intégration de l’approche participative, à travers

notamment la réalisation selon la MARP, de diagnostics participatifs à l’échelle « douar » et

l’élaboration des Plans de Développement de douar. Après avoir élaboré un certain nombre

de Plans de Développement de Douar (diagnostics à l’échelle du village), la DPNT a pu

amorcer la mise en œuvre de plusieurs activités issues de ces plans visant essentiellement

l’appui à l’organisation de la population locale en ADL, le développement d’activités

génératrices de revenus (AGR), la recherche de solutions alternatives pour la diminution de

la pression sur la ressource bois, la conservation des sols (lutte contre l’érosion et protection

des agglomérations), la préservation des eaux et l’amélioration de leur gestion et de leur

qualité.

Cependant, malgré les moyens et les efforts déployés durant environ cinq années, et compte

tenu des difficultés à atteindre les objectifs fixés en terme de préservation des ressources

naturelles et de développement local (activités ponctuelles sans véritable impact socio-

économique et de conservation ; programme trop ambitieux vu le nombre de douars que

compte la zone périphérique du PNTb), la Direction du Parc National de Toubkal s’est vue

dans l’obligation d’engager une réflexion stratégique, qui devrait lui permettre de recadrer

son action, et de l’articuler plus autour de la gestion des ressources naturelles.

Avec l’appui de nombreux partenaires institutionnels et associatifs, l’équipe du parc a donc

entrepris des actions de terrain, en vue de dégager progressivement les éléments d'un

modèle à suivre en matière de Gestion Participative des Ressources Naturelles (GPRN). La

DPNT a donc procédé selon une approche progressive et une logique de projets intégrés par

vallée (ou « approche vallée »).

Ces projets intégrés s’articulent notamment autour des trois axes stratégiques suivants :

(i) l’engagement du processus de gestion durable des ressources naturelles à travers

des actions pilotes et la recherche de solutions alternatives,

(ii) le renforcement des capacités d’intervention des acteurs locaux en particulier

communautaires et les amener à se prononcer sur des questions qui les

concernent,

(iii) et enfin, l’élaboration de plan d’aménagement et de gestion de ressources

naturelles au niveau de la vallée qui reflète les résultats d’un diagnostic et d’une

planification concertée.

Considérant la vallée comme unité d’intervention, l’approche vallée vise surtout la mise en

synergie des douars et la préparation du réseau des associations villageoises à prendre les

rênes dans la gestion du processus de GPRN. Ceci étant, l’échelle « douar » n’est pas

occultée pour autant : le travail de proximité, de diagnostic et de négociation, étant un

contournable dans le processus de développement territorial durable.

Page 32: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

32

Par ailleurs, pour concilier gestion durable des ressources naturelles et amélioration des

conditions de vie des communautés locales, l’approche qui s’est révélée la plus appropriée

est l’approche chaine de valeur autour de la valorisation de la biodiversité locale. Une des

filières retenue est celle des plantes aromatiques et médicinales (dont la majorité des vallées

du parc sont riches, mais qui connaissent une exploitation anarchique).

Ainsi, dans le cadre du projet « Appui à la mise en place d’une stratégie participative de

gestion des ressources naturelles dans la région d’Al Haouz et le PNTb », développé à

partir de 2003 dans la vallée de l’Agoundis, selon ces deux approches (vallée et filière), la

population locale, limitrophe au Parc National de Toubkal, a pu commencer à s’organiser

autour du secteur porteur de valorisation des plantes aromatiques et médicinales et à en tirer

profit, notamment à travers la création de la Coopérative de l’Agoundis pour le

Développement de l’Environnement Forestier et Agricole ou CADEFA (qui regroupe 70

adhérents dont 15 femmes, et vend une partie de sa production au niveau de l’écomusée du

Parc National de Toubkal) et la signature d’une convention de partenariat entre cette

dernière et la Direction Provinciale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification

du Haut Atlas, pour une exploitation durable et participative des massifs à Thym.

Forte de cette expérience, la direction du parc a contribué à une expérience intéressante

initiée par la Fondation Haut Atlas, autour de la valorisation de la filière de production de

l’huile de noix, avec comme pour les PAM, l’appui à la régénération de la ressource en

amont (plantation du noyer) et l’appui à la commercialisation et à la labellisation des

produits à l’aval de la chaine de valeurs. Ce projet a été en partie cofinancé par le PMF FEM

durant l’OP5. L’idée serait donc dans le cadre de l’OP6 de poursuivre cette collaboration

pour développer d’autres projets pour promouvoir les « chaines de valeur de valorisation de

l’agrobiodiversité » inclusives, sensibles au Genre et durables en tant qu’outil de

conservation de la biodiversité; (au moins 3 espèces à l’échelle du paysage).

Autres expériences sur lesquelles il ya lieu de capitaliser et qui justifient également le choix

du Parc National comme paysage spécifique 2, sont celles de la GDF, qui consiste à

développer des approches intégrées et novatrices de gestion des ressources naturelles. Il

s’agit en l’occurrence de la triple approche de conservation Biodiversité - gestion intégrée des

ressources hydriques - agroécologie, et de l’application du principe de contrat de nappe à

l’échelle de micro bassins dans le cadre de la gestion durable des sols et de la biodiversité

locale.

Enfin comme autres types de projets à développer dans le PNTB, ce sont les projets de

valorisation et de réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes de gouvernance

ancestraux dans la gestion des espaces naturels (agdals pastoraux, agdals forestiers, gestion

de l’eau, bois de feu).

L’ensemble des approches de cogestion des ressources naturelles citées plus haut sont à

combiner dans le cadre de l’approche Landscape, pour en développer une version adaptée

au contexte rural de la haute montagne marocaine, à généraliser sur l’ensemble du paysage

et dans d’autres régions du pays.

Page 33: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

33

c- Dynamique associative dans la région du Parc National du Toubkal

Composé en grande partie de petites associations de proximité à rayonnement local, le tissu

associatif local de la province d’Al Haouz constitue aujourd’hui un levier incontournable du

développement territorial de par, notamment, son dynamisme et sa richesse ; l’expérience

associative à Al-Haouz peut servir de modèle et de source d’inspiration indéniable pour

d'autres régions du Royaume.

Selon la répartition géographique des associations dans le Royaume, la région de Marrakech-

Tensift-Al Haouz arrive en deuxième position après celle de Souss-Massa et devant le Grand

Casablanca. L’Espace provincial d'Al-Haouz compte aujourd'hui quelque 2.300 associations.

Cet espace a consenti des efforts important depuis sa création, notamment en ce qui concerne

le renforcement des capacités des ADL et la consécration de l’approche participative.

Comme partout dans le monde rural marocain, les premières associations de développement

local du Parc National du Toubkal (province d’Al Haouz), ont vu le jour dans les années 90.

Depuis lors, le tissu associatif a littéralement explosé à la faveur d’un certain nombre de

programmes de l’Etat (UNICEF/CRS/projet d’alimentation en eau potable

FIDA/développement des zones de montagnes, le projet de Gestion des aires protégées,

l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), etc.

Grâce à ces programmes de développement local qui se sont succédés dans la région,

aujourd’hui pratiquement l’ensemble des douars disposent d’une association de

développement local (soit 130 ADL dans la région du PNTb), servant de relai entre les

communautés locales et les acteurs institutionnels porteurs de ces programmes (agricultures,

Eaux et Forêts, etc).

Contrairement à ce qu’on peut penser, les associations « modernes » ne concurrencent pas les

jemâa (institutions traditionnelles villageoises) qui restent encore opérationnelles au niveau

de la zone du parc. Ces deux institutions agissent plutôt dans la grande majorité des cas en

complémentarité, et très naturellement, une répartition des responsabilités s’est faite ; la

jemâa continue de statuer dans les affaires concernant la communauté (répartition et gestion

des ressources, mosquée, école, eau potable, …,), l’association est l’outil reconnu

officiellement pour concrétiser et pour servir de relai avec les services de l’Etat.

Une particularité de la province d’Al Haouz : les autorités locales ont pendant longtemps

assuré l’encadrement et l’appui à l’organisation des ADL ; la province d’Al Haouz a été la

première province au Maroc à disposer d’une division en charge de l’action associative, avec

pour principales missions le renforcement des capacités des ADL, et la levée de fonds.

Enfin, il convient de noter que dans la région du PNTb, un certain nombre d’ADL a pu

profiter d’un accompagnement et d’un appui financier du parc pour des projets conciliant

développement local et gestion des ressources naturelles. Ces appui ont été possible grâce

aux projets de la GIZ (AGRN et PRONALCD) et au projet Gestion des Aires Protégées du

FEM/BM. Parmi les vallées les plus touchées par ces projets, la Vallée de l’Agoundis, la

Vallée de Reghaya/Ait Mizane, et la Vallée de Tifnout.

Page 34: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

34

Comme pour la région de SM, les capacités des ADL comportant une majorité de membres

analphabètes ou de niveau d’éducation très bas, restent insuffisantes pour assurer la

formulation, la gestion des projets et la levée de fonds, et pour constituer un interlocuteur de

poids des pouvoirs publics. Elles restent dépendantes d’appuis extérieurs, assurés dans la

plupart des cas par la Province et par des ONG (associations à rayonnement plus large).

d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie

Outre les acteurs institutionnels cités dans le tableau qui suit, le programme pourrait

développer des partenariats, avec possibilité de cofinancements, avec des ONG

internationales telles que l’IUCN particulièrement dans le cadre du CEPF « Critical

Ecosystem Partnership Fund », la Fondation pour la Diversité Mondiale (Global Diversity

Foundation/GDF), la Fondation Haut Atlas, le consortium APACs sur les aspects de

préservation de la biodiversité et APACS, IDE-E sur les questions Energie-Climat, et le

RIAM et Terre et Humaniste en ce qui concerne la promotion et de développement de

l’agroécologie à l’échelle du paysage.

Tableau 3 : présentation des parties prenantes et des possibilités de partenariat et de

synergie au niveau du paysage spécifique « Parc National de Toubkal et zones

limitrophes »

Parties prenantes Fonctions et responsabilités Agence pour le développement

agricole (ADA) du Ministère de

l'Agriculture et de la Pêche maritime

(MAPM)

L'agence est chargée de participer à la mise en œuvre du

Plan Maroc Vert (PMV) à travers l'élaboration et la mise en

œuvre de plans d'action pour soutenir le développement

d’entreprises agricoles à haute valeur (Pilier I) et des projets

de soutien des petits agriculteurs (premier Pilier II).

Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts

et à la Lutte contre la Désertification

(HCEFLCD)/Parc National du

Toubkal

Le Haut-Commissariat est responsable de l'élaboration et

de la mise en œuvre des politiques du gouvernement

relatives à la conservation et à l'utilisation durable des

ressources forestières, la chasse, la pêche intérieure, parcs et

réserves naturels et la lutte contre la désertification.

Agence du bassin hydraulique

Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration

d'un plan intégré des ressources en eau et assurer sa mise

en œuvre, (ii) la délivrance de permis et de licences pour

l'utilisation des ressources publiques en eau, (iii)

l'établissement d'infrastructures de prévention des

inondations et de lutte contre les inondations.

Observatoire régional de

l'environnement et du développement

durable (OREDD)

L’Observatoire régional fournit l'évaluation et la

surveillance des données environnementales nécessaires à

la prise de décision et l'amélioration continue des

politiques.

Direction régionale de l'agriculture La DRA est chargée du développement et de l'adoption de

plans régionaux de développement agricole basés sur les

politiques sectorielles nationales.

Associations de développement local

(ADL)

Associations locales (municipalités ou douars) œuvrant

pour soutenir le développement local.

La province d’Al Haouz et les

collectivités territoriales

Les CT ont la responsabilité du développement territorial

durable.

Page 35: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

35

III.2.3 Réserve de Biosphère Oasis « RBO »

a) Processus de consultation

L’évaluation de la situation de référence du paysage RBO a été réalisée au niveau de l’Oasis

de Ferkla. A cet effet, un atelier participatif et une visite de projets sur le terrain ont été

organisés avec l’appui du Programme Oasis Tafilalet (projet PNUD) et de l’Association de

développement El Khorbat.

L’atelier qui a eu lieu au niveau du Ksour El Khorbat, a regroupé une soixantaine d’acteurs

locaux de l’oasis, à savoir : des représentants des institutions publiques (ANDZOA,

Agriculture), des associations et OCB locales dont l’Association des Usagers de l’Eau, les

représentants des différentes lignées (institutions traditionnelles), des associations et

coopératives féminines. Les femmes étaient très bien représentées lors de cet atelier, plus

d’une vingtaine de femmes de différents âges. Compte tenu du nombre important et de

l’hétérogénéité des participants, dès le démarrage, des groupes de travail ont été constitués.

Il s’agit des 4 groupes suivants :

Groupe 1 : les représentants des institutions traditionnelles,

Groupe 2 : les membres de l’association des Usagers de l’Eau (AUEA),

Groupe 3 : les acteurs institutionnels,

Groupe 4 : les associations et coopératives féminines.

Des questions d’orientation ont été proposées à chaque groupe, et un animateur ou

animatrice a été désigné pour chacun des groupes. Cette façon de faire a permis de mieux

gérer les participants et de donner l’opportunité de s’exprimer à l’ensemble des acteurs.

Ensuite, dans le cadre de la séance plénière, les rapporteurs des différents groupes ont

restitués les résultats de leurs travaux qui portaient essentiellement sur des informations sur

la situation dans l’Oasis, les principales problématiques et défis de développement durable,

et les solutions à promouvoir pour parer à la situation. Ces résultats sont présentés dans le

tableau ci-dessous.

Tableau 4: Résultat du processus poursuivi pour l’évaluation de la situation du paysage

« RBO – Oasis de Ferkla »

De l’avis de l’ensemble des acteurs, l’Oasis est très fragilisée sous l’influence de divers

facteurs anthropiques et climatiques, et elle se prête parfaitement, pour sa sauvegarde à la

mise en pratique de l’approche Landscape. Les faiblesses sont constatées sur les plans socio-

économique et physique.

Sur le plan socio-économique, les faiblesses évoquées par les acteurs locaux concernent les

aspects liés au niveau de vie de la population (pauvreté et précarité, chômage, exode,

manque d’infrastructures et de services de base) et la faible dynamique de l’économie locale

dont la cause essentielle, selon les acteurs, reste la non valorisation des potentialités de la

région, notamment sur le plan touristique. Sur le plan physique, l’Oasis de Ferkla est

fragilisée et fortement impactée par les effets du changement climatique qui ne font

qu’accentuer sa vulnérabilité.

Page 36: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

36

En termes d’opportunités, les acteurs locaux ont évoqué trois points essentiels, à savoir : (i)

la présence de terres agricoles fertiles, (ii) l’existence de potentialités touristiques, (iii) et la

présence d’une cohésion communautaire. Ces trois potentialités ne sont néanmoins pas

valorisées pour donner un élan qualitatif à la dynamique de développement local.

En termes de solution à mettre en place, selon les acteurs consultés, la préservation de cet

écosystème oasien passera par une meilleure utilisation des ressources en eau ; les faibles

disponibilités de la ressource eau sont d’autant plus ressenties lors des années sèches ou

suite à la succession d’années de sécheresse, comme c’est souvent le cas ces dernières

années. A ce titre, la rationalisation de l’utilisation des ressources en eau est possible à

travers la restauration de la gestion communautaire, et l’utilisation de techniques modernes

économes en eau, telles que le goutte-à-goutte.

Le secteur agricole, pilier de l’économie oasienne, est également à redynamiser. Cet aspect

est largement en lien avec la gestion durable des ressources naturelles dans l’Oasis. Ce

secteur peut être redynamisé à travers une meilleure valorisation des produits locaux, ce

qui peut se faire par la création de coopératives spécialisées et leur orientation vers des

productions du type « produits de terroir ». Cette composante est à lier avec le secteur

touristique et permettra, en plus de la création d’une plus value pour les produits, de

renforcer l’identité et de créer une image du territoire, valorisable sur le plan touristique. La

promotion des potentialités touristiques de la région pour en faire le deuxième pilier de

l’économie locale, peut se faire également à travers la réhabilitation des connaissances et du

savoir faire traditionnel en déperdition, et à travers la réhabilitation appropriée des ksours et

des kasbah..

Pour le cas spécifique de Ferkla, il est important dans un premier temps de réhabiliter le rôle

« des habitants de l’Oasis » dans le processus de gestion durable des ressources naturelles et

de développement local. Cette réhabilitation passera d’abord par le renforcement des

capacités des acteurs locaux, la redynamisation des pratiques et institutions traditionnelles

de gestion des ressources de l’Oasis, le renforcement de l’implication de la société civile et

l’intégration des populations vulnérables. Le renforcement des capacités des acteurs locaux,

se fera dans la perspective de réconcilier l’Homme et son écosystème, et de

renforcer/réhabiliter les modes de gestion communautaire de l’Oasis.

Parmi les solutions proposées dans ce cadre, les acteurs locaux ont également soulevé

l’importance de doter les oasis de structures socio-éducatives et culturelles suffisantes pour

permettre aux jeunes, aux femmes et aux hommes, de participer activement à la

réhabilitation des savoirs faire et des connaissances traditionnelles relatives à la gestion de

l’Oasis.

Enfin, l’intégration des populations vulnérables dans une optique de développement

humain favorisera un meilleur épanouissement de cette frange de la population et lui

donnera les moyens pour jouer pleinement son rôle dans la dynamique locale dans le cadre

d’une démarche « gagnant – gagnant ».

Page 37: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

37

b- Etat actuel à l’échelle du paysage

L’Oasis du Grand Ferkla est situé au sud de la province d’Errachidia. Sa population

représente environ 22 722 personnes, et se caractérise par une faiblesse de l’activité

rémunératrice chez les femmes, qui ne représentent que 14,1% de la population active de

l’Oasis.

L’Oasis d’Al khorbat (une des oasis importantes dans la grande oasis de Ferkla) représente un

modèle pour l’ensemble des oasis de Ferkla, en ce sens qu’elle abrite une population

dynamique ayant su préserver une culture ancestrale de solidarité et de gestion

communautaires des terres et des eaux. Elle compte une population de 2889 habitants. Les

villages sont répartis en cercle autour de l’oasis, chacun ayant accès à une partie de la

palmeraie.

L’oasis de Ferkla se caractérise par la richesse de sa biodiversité et de ses ressources

naturelles. La diversité paysagère de l’oasis comprend des agrosystèmes oasiens de Feija

(steppe à acacia Raddiana), de regs, de dunes, de zones d’épandage, de montagnes de l’ère

primaire. La biodiversité terrestre steppique compte plus de 159 espèces végétales

caractérisant la steppe à Acacia Raddiana (espèce emblématique des oasis), 114 espèces

animales au niveau de la steppe dont 74 espèces d’Oiseaux, 22 espèces de Mammifères, 16

espèces de Reptiles et 2 espèces d’Amphibiens.

Par ailleurs, l’agrobiodiversité de l’oasis se caractérise principalement par l’abondance du

palmier dattier, espèce clé structurante avec environ 10 variétés autochtones, et 2 500 pieds,

de l’arboriculture fruitière (essentiellement 7 espèces) , des cultures sous- jacentes (céréales

avec une dizaine de variétés, des légumineuses, des fourrages avec 13 variétés de luzerne, du

maraîchage avec 5 variétés beldi et le henné), de la race locale d’élevage (Dman, poulet beldi,

race caprine Dra, Race ovine locale, camelin, équidés).

Concernant les activités économiques, la nature oasienne de l’espace lui confère une vocation

principalement agricole. Mais, l’existence de potentialités paysagères ainsi que des richesses

historiques et un patrimoine bâti conséquents sont autant d’atouts pour la dynamisation de

l’économie de l’oasis à travers le développement d’activités écotouristiques.

L’Agriculture dans l’Oasis de Ferkla. L’agriculture dans l’Oasis de Ferkla constitue une

activité traditionnelle à fort potentiel. Elle est la principale activité économique de l’Oasis,

mais ne peut à elle seule subvenir aux besoins des populations locales de plus en plus

exigeante d’un mode de vie meilleur. Elle s’appuie sur des cultures vivrières à rendements

limités en raison des techniques de production restées traditionnelles et de la faible

disponibilité en eau. La superficie agricole utile de la commune s’élève à 3 377 ha, dont 1 337

ha irrigués. Seuls les produits de l’arboriculture (dattes, olivier, etc.) sont en partie

commercialisés. Les autres cultures, notamment les produits maraîchers, sont destinés en

majorité à l’autoconsommation. L’élevage constitue également une activité importante dans

la région.

Pour parer à la pénurie d’eau, les agriculteurs de l’Oasis ont pu mettre au point des

techniques de mobilisation, d’utilisation et de gestion communautaires de l’eau et ont

Page 38: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

38

cumulé un savoir-faire indéniable dans ce domaine. De ce savoir faire, on peut citer, la

réalisation d’ouvrages de mobilisation des eaux (digues de dérivation, seguia, Khettaras,...), et

l’organisation et la distribution des eaux selon les règlements communautaires.

La gestion des ouvrages hydro-agricoles selon les saisons, et la mobilisation des eaux

d’irrigation au niveau de l’oasis mérite une attention très particulière et bien justifiée vu son

rôle vital dans la sauvegarde de l’oasis et de la population. Le système des Khettaras, les

digues fusibles pour capter l’eau de résurgence et des crues le long des oueds, l’utilisation

des eaux de sources témoignent d’un savoir faire confirmé et d’une ardeur au travail

exceptionnel. La mobilisation se fait selon des règles instaurées par la communauté (Jmeaa

de la palmeraie) en utilisant le principe des ayant droits. Un cheikh (ou Amghar) est à la tête

de la Jmaa pour régler et installer l’ordre et programmer des séances de curage et d’entretien

des seguias et des ouvrages hydro- agricoles.

En 2000, à l’initiative de l’association des usagers des eaux agricole (qui regroupe 70

agriculteurs possédant des parcelles à l’oasis Alkhorbat), un puits collectif a été créé pour

assurer un complément d’irrigation aux khettaras en déclin et aux eaux pluviales de plus en

plus rares. Actuellement, l’extension de ce réseau collectif (associatif) d’irrigation est

envisagée pour permettre à d’autres agriculteurs de remettre en culture la partie sèche de la

palmeraie.

En terme de production agricole, la région est connue principalement par le palmier dattier

et la céréaliculture. Le palmier est en voie de dégradation face aux ravages causés par le

bayoud qui affecte les meilleures variétés de la région, à savoir El Majhoul et Boufegouss.

La majorité des agriculteurs exploite le palmier-dattier et leur production est vendue sur les

marchés locaux ou sur le marché national (grands souks des villes). La datte constitue une

source de revenu monétaire non-négligeable pour les ménages et une source de trésorerie

sûre.

En ce qui concerne la production animale, les conditions naturelles de la zone n’ont pas

empêché le développement d’un élevage assez important au regard de l’effectif du cheptel

existant dans l’oasis. Cette importance est également due à la disponibilité des aliments de

bétails.

La gestion du palmier : clé de voûte pour l’économie locale.

La gestion des rejets est un paramètre essentiel de la production des palmiers

dans l’oasis d’Al khorbat. Elle influe directement sur la vigueur des pieds-mères

et leur production de dattes, par un phénomène de compétition. On peut

mentionner aussi que ces rejets peuvent gêner les opérations de pollinisation,

élagage (enlever les palmes sèches) ou récolte. C’est également le cas lors des

opérations de labour des parcelles.

Les agriculteurs sont intimement liés à leurs arbres et ont du mal à déraciner un

jeune rejet, même s’il est néfaste à la production.

Page 39: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

39

Selon des agriculteurs de Kasbat, « les ancêtres mettaient deux palmes bout à bout pour estimer la

distance entre deux rejets à replanter ». Le savoir ancestral prenait déjà en compte ces

phénomènes de compétition entre palmiers. Cependant, suite à une réorganisation

communautaire les agriculteurs semblent avoir pris conscience de la nécessité d’installer de

manière ordonnée leurs plantations de palmiers.

La pollinisation se fait d’une manière collective et par des agriculteurs spécialisés qui

effectuent l’opération lorsque les inflorescences femelles sont mûres afin d’y coincer une tige

d’inflorescence mâle.

Cette opération nécessite un savoir–faire

important et une bonne technicité. La maîtrise

de la production passe également par le

nombre de régimes que l’on pollinise.

A El khorbat, une quinzaine de spécialistes

réalisent cette opération dont des femmes. C’est

pourtant un travail pénible et dangereux, car la

chute de l’arbre peut être fatale. Actuellement,

les récoltes sont réalisées manuellement, de

manière traditionnelle.

Pollinisation manuelle Tige d'inflorescence mâle

La palmeraie irriguée présente différentes zones.

Photo 1: Palmeraie à deux strates

A l’Ouest, on rencontre deux strates, palmiers et céréales

(orge, blé dur). La densité de palmier est relativement faible

par rapport au reste de la palmeraie.

Photo 2 : Palmeraie à trois strates

Plus à l’ouest, la densité de palmiers augmente. De plus, on

rencontre trois strates : palmiers, fruitiers, céréales. On peut

émettre une hypothèse quant à la différence de densité de

palmiers entre les deux zones. Des fruitiers étaient

probablement présents dans la partie Est (2 strates

actuelles).

Page 40: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

40

Photo 3 : En périphérie de la palmeraie, des cultures

maraîchères et fourragères.

L’effet de la sécheresse (avec l’assèchement des

khettara et la baisse du niveau de la nappe sous cette

partie de la palmeraie) a pu être plus marqué qu’à

l’Est et entraîner la mort des fruitiers (enracinement

moins profond que les palmiers) et de certains

palmiers. La disparition de certains arbres pourrait

donc expliquer cette variation de densité.

Sur la bordure Nord de la palmeraie, les densités de

palmiers sont beaucoup plus faibles et les cultures

basses sont la luzerne et le maraîchage (carottes,

fèves, choux…). Ces dernières cultures nécessitent de

plus d’ensoleillement que les céréales, ce qui explique

leur positionnement périphérique.

L’écotourisme, autre pilier de développement dans l’Oasis de Ferkla. L’oasis de Ferkla

comprend un patrimoine naturel et culturel à valoriser dans le cadre de l’écotourisme. Les

ksours de d’Al khorbat, comme la majorité des ksours oasiens, sont entourés par des murs de

protection avec quelques tours de guet et une ou plusieurs grandes portes d’entrées. Ils sont

conçus en hauteur de manière à répondre à trois objectifs qui sont la sécurité, l’économie de

l’espace constructible et l’adaptation aux conditions climatiques. A l’origine, les habitations

s’élèvent à la hauteur des murs de protection du ksar afin de mieux surveiller les alentours.

L’utilisation verticale de l’espace obéit également aux activités économiques des oasis. A titre

d’exemple, la pratique de l’élevage à l’étable favorise une meilleure ventilation des maisons.

Cet héritage culturel et humain nous rappelle que l’homme oasien a pu par exemple meubler

sa maison selon des critères précis adaptés à son environnement.

L’abandon progressif de la vie à l’intérieur du ksar et le recours à des constructions à

l’extérieur des ksours, utilisant des matériaux modernes, sont interprétés par certains comme

étant les causes de la crise environnementale et sociale que vivent les oasis aujourd’hui. Il

faut aujourd’hui, plus que jamais, préserver cet héritage et le restaurer afin de maintenir la

vie à l’intérieur. Cependant, malgré l’abandon progressif de la vie à l’intérieur des ksours,

l’urbanisme de la commune n’enregistre pas de réelle amélioration qualitative. En effet, la

répartition des habitations par type fait ressortir, comme dans le reste des zones rurales du

Maroc, l’importance des habitations individuelles.

L’oasis de Ferkla doit relever d’importants défis environnementaux et de développement

durable. Les oasis du Sud du Maroc sont des agroécosystèmes originaux et un élément

important du patrimoine agronomique, écologique et culturel du monde rural

méditerranéen. Mais de nombreuses menaces pèsent sur ces oasis qui mettent en péril leur

durabilité. En effet, malgré son potentiel de terres agricoles, l’oasis de Frekla est en déclin.

Plus d’un tiers de la palmeraie traditionnelle est abandonné, le reste subissant une

dégradation préoccupante. La question majeure de l’oasis est l’amoindrissement de la

ressource en eau avec la baisse inquiétante des nappes phréatiques notamment due au sur-

pompage.

Page 41: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

41

Les échanges avec la population ayant pris part à l’atelier de concertation a permis de classer

les contraintes au développement du territoire de la palmeraie en trois catégories : des

contraintes liées au milieu physique, d’autres à l’environnement socio-économique et des

contraintes de natures diverses, classées dans la catégorie « autres ».

D’une manière générale, ce sont les contraintes liées à l’environnement socio-économique qui

représentent la préoccupation majeure de la population. Ces dernières occupent 79% des

réponses données par les habitants du Ksar Al khorbat. Les contraintes de natures diverses

ont été évoquées en deuxième position, mais avec une moindre importance que les

premières. Quand aux contraintes liées au milieu physique, elles constituent des

préoccupations moindres pour la population.

La faiblesse de la dynamique économique est la contrainte la plus importante à ce niveau.

Elle concerne les problèmes du chômage, l’absence d’opportunités d’emploi et exode, le

manque de projets générateurs de revenus et la pauvreté des ménages d’une manière

générale. La marginalisation de la femme de la dynamique économique locale a également

été soulevée. La faible dynamique économique a été constatée au niveau de tous les ksours.

En suite la faible valorisation des produits et des potentialités locales sont aussi des

éléments qui peuvent jouer un rôle primordial dans la dynamisation de l’économie de

l’oasis. Il s’agit notamment de la faible valorisation des dattes par manque de coopératives

de traitement et d’emballage, la faible dynamique du souk local, malgré son importance,

l’abandon de certains métiers traditionnels et surtout la faible valorisation des potentialités

touristiques de la palmeraie.

La dégradation de la palmeraie est le problème le plus important à ce niveau. Il concerne

notamment la destruction des palmeraies suite à la prolifération du bayoud et le non

renouvellement des palmeraies. La population du Ksar Al khorbat à également évoqué, avec

une moindre importance, sa crainte à propos du phénomène d’ensablement.

La sécheresse et la mauvaise gestion des ressources en eau est le constat établi par la

population, suite à la succession des années de sécheresse, dû au changement climatique, fait

ressortir un déficit important en ressources en eau pour l’irrigation des cultures ainsi que la

mauvaise gestion de ces ressources. Ce problème se pose avec plus d’acuité lors des années

sèches. Il est d’autant plus sensible quand ont sait que les besoins en termes d’irrigation

agricole (soulevés au niveau de l’analyse de l’environnement socio- économique) sont très

importants.

Palmeraie sèche Encroûtement salin dans la palmeraie

Page 42: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

42

La vulnérabilité et les risques climatiques. Aujourd’hui les oasis font face au défi additionnel

du changement climatique, avec des risques plus importantes et des conséquences

dramatiques. Cette situation engendre l’abandon d’oasis entières, aggrave les phénomènes

de paupérisation et de migration et risque d’engendrer des crises et des conflits autour de

l’eau, du sol et de la sécurité alimentaire.

En effet, une dizaine d’oasis du sud marocain ont déjà perdu plus de 40% de leur surface

végétale : 208 ha de terrains agricoles ont été ensablés dans la zone d’Errachidia. Les

sécheresses récurrentes exacerbent le problème : les nappes d’eau ont connu une chute d’une

moyenne de 20m. Le tiers des sources d’eau par oasis est totalement tari ou a un débit

insignifiant. En outre, ces dix dernières années l’espace oasien marocain a connu une baisse

de 34% de sa production de dattes, due notamment à la propagation de maladies telle que la

fusariose et une réduction de 20% de la superficie céréalière.

Si l’on ajoute les problèmes de salinité des sols, de l’érosion hydrique et de l’ensablement de

plus en plus grave des terrains agricoles, on se rend mieux compte des problématiques

relatives à la paupérisation des populations oasiennes.

c- Dynamique associative dans l’Oasis d’El Khorbat

Les populations locales disposent de savoirs et savoir-faire ancestraux concernant la gestion

de l’écosystème oasien, que l’on peut considérer comme un patrimoine précieux. La

palmeraie en elle-même représente un pivot de l’organisation sociale des communautés

oasiennes. La gestion complexe des facteurs de production agricole (travail, eau, terre)

implique de nombreux réseaux sociaux d’entraide, d’association, mais aussi d’échanges

monétaires (location d’eau, achat de tour d’eau, emploi d’ouvriers spécialisés, location ou

achat de terres…).

L’oasis de Ferkla se caractérise par l’existence d’un important tissu associatif actif dans divers

domaines, notamment le développement local et l’environnement. Presque tous les ksours

ont leurs associations. Exemple de l’association des Usagers des Eau Agricole qui comprend

aujourd’hui 70 adhérents. L’adhésion est ouverte uniquement aux propriétaires de parcelle

et qui entretiennent leur terre et le plamier. Les initiatives privées (creusement de puits et

créations de jardins) ont donc été relayées par des dynamiques collectives. Cependant, cette

action est limitée à un groupe restreint.

Cette dynamique associative reste cependant confrontée à des activités cloisonnées du fait

des faibles capacités des cadres associatifs mais également du manque de moyens humains et

financiers.

Plusieurs coopératives agricoles existent également sur le territoire de Ferkla. Ces dernières

sont essentiellement agricoles et concerne la gestion de l’eau ou encore l’élevage ovin.

Pour les priorités de ce tissu associatif, elles portent sur la création d’opportunités d’emploi

et des activités génératrices de revenus ainsi que la valorisation des potentialités et produits

locaux. D’autres priorités ont été évoquées par les populations ayant pris part à l’atelier. Ces

dernières concernent par ordre d’importance l’augmentation de l’aide de l’Etat, la

Page 43: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

43

réhabilitation des ksours et l’amélioration de l’efficacité des affaires communautaire et le

renforcement des capacités.

d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie

Les principaux acteurs avec lesquelles des possibilités de partenariat peuvent-être

développés son t présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 5 : présentation des parties prenantes et des possibilités de partenariat et de

synergie au niveau du paysage spécifique « RBO-Oasis de Ferkla »

Parties prenantes Fonctions et responsabilités

Programme Oasis Tafilalet Ce programme s’inscrit dans le cadre d’un partenariat multilatéral qui

lie, d’une part, des acteurs du gouvernement marocain : Ministère de

l'Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire (MUAT), Direction

Générale des Collectivités locales (DGCL) ainsi que l'Agence du

Développement Social (ADS) et, d’autre part, des bailleurs de fonds

internationaux : PNUD, principauté de Monaco, Fonds Français pour

l'Environnement Mondial (FFEM). Il est mis en œuvre par la Direction

de l'Aménagement du Territoire (DAT).

Agence nationale pour le

développement des zones

oasiennes et d’Arganiers

(ANDZOA)

Dans les écosystèmes oasiens et d'Arganiers, l'agence est chargée, en

coordination avec d'autres autorités gouvernementales, d’élaborer un

programme de développement global et d'assurer son suivi et

l'évaluation de sa mise en œuvre.

Agence pour le

développement agricole

(ADA) du Ministère de

l'Agriculture et de la Pêche

maritime (MAPM)

L'agence est chargée de participer à la mise en œuvre du Plan Maroc

Vert (PMV) à travers l'élaboration et la mise en œuvre de plans d'action

pour soutenir des projets de soutien des petits agriculteurs (premier

Pilier II).

L’Office Régional de Mise

en Valeur Agricole de

Tafilalet (ORMVAT )

L’ORMVAT est un établissement public, crée par Décret n° 828-66 du 7

Rajeb 1386 (22 Octobre 1966), et placé sous la tutelle du Ministère de

l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

Il encadre le secteur agricole des Oasis est totalement favorable pour un

renforcement des capacités des filières agricoles traditionnelles dans le

cadre de son programme Maroc Vert Pilier II, destiné à l’agriculture

paysanne.

Direction régionale de

l'agriculture

La DRA est chargée du développement et de l'adoption de plans

régionaux de développement agricole basés sur les politiques

sectorielles nationales.

Agence du bassin

hydraulique

Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration d'un plan

intégré des ressources en eau et assurer sa mise en œuvre, (ii) la

délivrance de permis et de licences pour l'utilisation des ressources

publiques en eau, (iii) l'établissement d'infrastructures de prévention

des inondations et de lutte contre les inondations.

Faculté des Sciences et

Techniques d’Errachidia

(FST)

Le FST a ouvert ses portes aux bacheliers scientifiques et techniques en

septembre 1994. Elle offre plusieurs licences, masters et doctorat

notamment un doctorat en Ressources phytogénétiques des oasis du

Maroc et un doctorat en Valorisation des Plantes médicales et

aromatiques de la région de Meknès-Tafilalt.

Page 44: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

44

Présentation du Programme Oasis Tafilalet

Initié en 2006, le Programme de développement territorial des Oasis de Tafilalet (POT) a été

développé sur la base des résultats de la Stratégie Nationale d’Aménagement et de

Développement des Oasis du Maroc. Il constitue une tentative de créer les conditions locales

d’une dynamique provinciale qui puisse aboutir à la constitution d’une plate-forme

territoriale de développement durable sur la base d’actions concrètes de proximité.

L’objectif global du Programme a été de lutter contre la désertification et contre la pauvreté

en sauvegardant et en valorisant les territoires oasiens du sud marocain. Le Programme

intervient au niveau de 29 communes des oasis du Tafilalet.

Le POT est un partenaire incontournable à l’échelle de ce paysage. Il assurera la mobilisation

des OCBs et des acteurs institutionnels autour du développement de projets

communautaires. Il assurera également la coordination des projets et la facilitation des

processus d’appui à l’ancrage des nouvelles approches pour le renforcement de la gestion

communautaire et la revitalisation des pratiques traditionnelles de développement humain

durable des oasis.

III.3 Mise en Œuvre de l’Initiative « APAC »

Parmi les principales orientations stratégiques PMF FEM pour la phase 6 figure sa

contribution à la mise en œuvre de l'initiative de soutien mondial aux Aires et Territoires du

Patrimoine Autochtones et Communautaires (APAC). Cette initiative, portée par le

Programme de Micro-Financement du FEM-PNUD, concerne plusieurs régions du monde

avec une concentration particulière au niveau de 26 pays, dont le Maroc. Elle poursuit

l’objectif d’appuyer des initiatives communautaires de gestion durable et de conservation de

territoires, en vue de leur maintien, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs d’Aichi.

Les « Objectifs d'Aichi » (au nombre de vingt), constituent le nouveau "Plan stratégique pour

la conservation de la diversité biologique à l’échelle de la planète", 2011-2020, adopté par les

Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en octobre 2010. L’Initiative APAC,

contribue en particulier à la réalisation des Objectifs A.11, A.14, et A.18, relatifs

respectivement à la conservation des paysages terrestres et marins, à la participation

communautaire (avec un accent particulier sur le Genre), et à la valorisation du savoir faire,

des connaissances et des pratiques locales en matière de préservation de la biodiversité et de

gestion durable des écosystèmes naturels.

Dans ce contexte, le Maroc a signé le protocole de Nagoya en décembre 2012 qu’il a

promulgué en 2013. Il a également procédé à la mise à jour de sa stratégie et son plan

d’action sur la préservation de la biodiversité (NBSAP) pour l’aligner sur le plan stratégique

de la biodiversité 2011-2020 et sur les objectifs d’Aichi. La nouvelle stratégie biodiversité

accorde une considération importante à l’impact des changements climatiques, aux services

éco-systémiques, et au savoir traditionnel dans la conservation de la biodiversité. Le

nouveau « NBSAP” inclut en effet des objectifs spécifiques en lien avec la préservation du

Page 45: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

45

savoir faire traditionnel et des pratiques communautaires locales, et avec l’accélération de

l’expansion des aires protégées (officielles et communautaires/APAC), pour couvrir 17% des

zones terrestres et 10% des zones marines et côtières.

Les APAC sont définies comme des “biens communs”, - terre, eau et ressources naturelles-

gouvernés et gérés collectivement par une communauté de personnes. Ce sont des

écosystèmes naturels ou modifiés, porteurs de valeurs significatives, de biodiversité, de

bénéfices écologiques et de valeurs culturelles, historiques, volontairement conservées par

les communautés locales par l’intermédiaire du droit coutumier et art ou autre moyen

efficace. Les APAC possèdent généralement un dispositif institutionnel efficace : des

structures pour prendre des décisions et les faire respecter, des relations internes, des règles,

une “culture locale”…..

Pour le cas du Maroc, cette définition renvoie inéluctablement à la gouvernance de la gestion

des espaces sylvo-pastoraux/ Agdals8, dont les plus paradigmatiques sont ceux du Haut

Atlas (Auclair et al, 2007), et à la gestion des ressources hydriques dans les Oasis. Mais, il en

existe peut-être d’autres que l’intervention à l’échelle des paysages spécifiques du Haut Atlas

pourrait contribuer à identifier, car comme développé plus haut, les communautés rurales

que ce soient dans les arganeraies, les oasis, ou la haute montagne, continuent de mettre en

œuvre et de maintenir des formes variées de gestion collective d'un certain nombre de

territoires et de ressources naturelles.

Cependant, ces modes d'organisation coutumiers sont aujourd’hui de plus en plus

confrontés à d’importants défis.

→ La perte de plus en plus importante du savoir faire traditionnel en matière de

conservation des ressources naturelles (le transfert des pratiques entre générations

est en déperdition) ;

→ La pauvreté et la dégradation des moyens de vie sont les principaux facteurs derrière

cette déperdition ;

→ Un important besoin de renforcer les moyens locaux de subsistance pour assurer la

continuité de ces pratiques ;

→ Une faible valorisation et reconnaissance de ces pratiques de la part des institutions

publiques ;

→ L’absence d’une législation nationale spécifique pour la reconnaissance des pratiques

traditionnelles de conservation de la biodiversité.

Dans un contexte de fortes mutations, face aux institutions modernes ainsi qu'aux nouvelles

stratégies publiques de gestion des ressources naturelles et de développement rural, l'un des

principaux défis à relever pour ces zones est de réussir à conserver « l'efficacité » des modes

de gestion traditionnels des ressources naturelles, tout en assurant un certain « équilibre »

8 Le terme Agdal “provient d’une racine berbère vivante au Maroc et chez les Touaregs de l’Aïr (Lefébure, 1979), désigne dans la montagne

marocaine un espace sylvopastoral dont l’accès et (ou) les usages sont soumis à la loi du groupe. Il s’agit le plus souvent des mises en défens temporaires avec des dates d’ouverture et de fermeture bien précises (fixes ou annuellement négociées). Mais dans la réalité, la pratique dépasse largement le registre pastoral (Auclair, Al Ifriqui, 2012). C’est dans le Sud Ouest du Maroc que l'Agdal atteint le plus haut degré de diversification et de raffinement. L'Agdal concerne dans ce cas, une gamme diversifiée de ressources et de milieux écologiques.

Page 46: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

46

entre les intérêts de développement économique qui animent les différents acteurs en jeu sur

ces territoires.

De ce fait, l’appui à l'initiative de soutien mondial aux Aires et Territoires du Patrimoine

Autochtones et Communautaires (APAC), est à envisager dans le cadre des trois sous-

paysages décrits plus haut. Par ailleurs, cette initiative pourra couvrir en plus des trois

paysages spécifiques retenus pour l’OP6, d’autres APACs emblématiques au niveau du Haut

Atlas oriental (zone d’Imilchil / Parc National du Haut Atlas Oriental à fort potentiel de mise

en place d’APACs), cad la partie du Haut Atlas non couverte par les paysages spécifiques, et

ainsi permettre au PMF FEM de couvrir l’ensemble du paysage élargi du Haut Atlas.

Le lien pour la question des APAC à l’échelle des paysages spécifiques, sera donc à faire

avec le projet de « Soutien stratégique aux aires et territoires du patrimoine autochtone et

communautaire»/PSS_APAC, dont l’objectif est de contribuer à la création d’un cadre

national favorable à la reconnaissance et à la protection appropriée des APAC. Les projets

sur les APACs seront bien sûr mis en œuvre en collaboration avec les personnes ressources

et institutions membres du Consortium APAC œuvrant au Maroc.

(www.iccaconsortium.org).

IV. CADRE DE RESULTATS ET MODALITES DE MISE EN ŒUVRE

Ce cadre de résultats a été élaboré sur la base des ateliers de concertation et d’évaluation des

situations de référence à l’échelle des paysages spécifiques. Il a été élaboré en étroite

collaboration avec la CooNP et présenté pour validation au comité de suivi national.

Objectifs du programme par paysage spécifique

Haut Atlas Promouvoir des approches intégrées (biodiversité, changement climatique

et gestion des terres) inclusives et novatrices de conservation du

patrimoine naturel, incluant la valorisation des connaissances

traditionnelles liées à la biodiversité, et le soutien aux initiatives APACs à

l’échelle du paysage élargi.

Réserve de

Biosphère

Arganeraie

Contribuer au maintien des bienfaits découlant des services

écosystémiques (soutien à l’émergence de Payement pour les services

écosystémiques), à travers l’adoption de pratiques communautaires qui

intègrent conservation de la biodiversité et développement économique et

social. (Montagne)

Promouvoir une agro-écologie innovante et résiliente au climat à l’échelle

du paysage (plaine côtière).

Parc national Mettre en œuvre –dans le cadre d’un processus de recherche-action- des

approches communautaires de gestion de la biodiversité à travers

Page 47: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

47

du Toubkal

et zones

limitrophes

notamment :

1) L’adoption de la triple approche de conservation9: Biodiversité_gestion

intégrée des ressources hydriques_ agroécologie; (application du

principe de contrat de nappe à l’échelle de microbassins);

2) Développement de « chaines de valeur » inclusives durables en tant

qu’outil de conservation de la biodiversité; (au moins 3 espèces à

l’échelle du paysage);

3) Valorisation et réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes

de gouvernance ancestraux dans la gestion des espaces naturels,

incluant le soutien aux APACs.

Réserve de

Biosphère

Oasis

Développer un modèle de gestion durable du patrimoine naturel oasien,

basé sur les connaissances et les pratiques de gouvernance traditionnelle

de l’espace (évolution vers une APAC).

9 Cette approche a été développée par GDF (Global Diversity foundation) au niveau du Haut Atlas avec des résultats très

concluants qu’il serait intéressant de consolider à travers la phase 6.

Page 48: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

48

Tableau 6 : Présentation du cadre de résultats de la SPP/OP6

10 Le nombre estimé de projets OP6 doit faire la distinction entre l'utilisation des subventions CORE de l’OP6 (qui peuvent s’appliquer dans tous les domaines focaux du FEM) et les ressources STAR du FEM (qui doivent-être directement liés aux

domaines d'intervention pertinents du FEM). Conformément à la décision du Comité directeur du FEM (Mars 2010), jusqu'à 20% des ressources du FEM non essentiels mobilisés peuvent être utilisés pour les domaines d'intervention secondaires.

CIBLES DU CPS ACTIVITÉS INDICATEURS SOURCES DE

VÉRIFICATION

1. Approche Landscape

* Un paysage élargi faisant

partie du Hot spot

méditerranée « Haut Atlas »

comportant

* 3 paysages terrestres :

• la Réserve de biosphère de

l’Arganeraie, • le Parc national

du Toubkal et les zones

limitrophes, •la Réserve de

biosphère Oasis.

NB : Pour la concentration de

presque la totalité de

l’allocation pays ;

Seuls deux projets hors

Nombre approximatif de projets : 20 projets dont un projet

national de renforcement des capacités et un projet sur les

APACS (hors landscape)

Typologie des projets10

i/ Paysage spécifique n°1 : Réserve de biosphère Arganeraie :

Montagne

Projets de contribution au maintien des bienfaits

découlant des services écosystémiques à travers

l’adoption de pratiques communautaires (soutien à

l’émergence de Payement pour les services

écosystémiques : PSE écotourisme, PSE terrasses, PSE

Gestion intégrée des ressources en eau, PSE

biodiversité….) ;

b) Plaine côtière :

Projets de promotion de l’agro-écologie innovante et

résiliente au climat à l’échelle du paysage ; réduction de

Nombre d'hectares

cibles : au moins 1000

hectares par paysage.

Nb d’espèces conservées

(au moins une dizaine

par paysage)

Types d’écosystèmes

ciblés (au moins 7

écosystèmes)

Nombre de PSE

développés (au moins 2

PSE)

Nb d’agriculteurs

(au moins 20 par

Rapportage de

projet individuel

par les équipes

pays du PMF

Comparaison

des écarts entre

les données de la

situation de

référence et les

cibles atteintes

Rapport de suivi

annuel (AMR)

Page 49: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

49

landscapes (le premier pour le

développement des capacités et

le second sur les APCS) seront

soutenus par le programme

dans le cadre de l’OP6 à

l’échelle nationale.

Typologie des paysages :

Haute montagne :

Pelouses humides, Pozzines et

hauts plateaux, forêts, zones

humides.

Oasis.

l’utilisation des pesticides, organisations des

agriculteurs, certification des produits, facilitation de

l’accès au marché et aux consommateurs bio, gestion

efficiente de l’eau dans l’irrigation combiné à la

promotion du pompage solaire ; promotion de chaines

de valeur.

ii/ Paysage spécifique n°2 : Parc National du Toubkal et

zones limitrophes

Projets de mise en œuvre de processus de recherche-

action autour des approches communautaires de gestion

de la biodiversité : adoption de la triple approche de

conservation Biodiversité_gestion intégrée des

ressources hydriques_ agroécologie; application du

principe de contrat de nappe à l’échelle de micro bassins

dans le cadre de la gestion durable des sols et de la

biodiversité locale ; Projets de développement de

« chaines de valeur » inclusives durables en tant qu’outil

de conservation de la biodiversité; (au moins 3 espèces à

l’échelle du paysage); Projets de valorisation et de

réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes

de gouvernance ancestraux dans la gestion des espaces

naturels (agdals pastoraux, agdals forestiers, gestion de

paysage)

et Superficie des

parcelles appliquant

l’agro-écologie (au moins

20 hectares par paysage)

Nb et types d’APACS

soutenus (au moins

quatre APACS)

Nb de chaines de valeur

agrobiodiversité

Développées (au moins 3

chaines)

Nb de produits certifiés

(au moins 3 produits)

Modèle de gestion

durable du patrimoine

oasien développé

Nb de modèle : 1

Revues

régulières

d’examen de la

stratégie de

Programme

pays (apport du

CNP)

Rapports

d’évaluation des

projets (projet

global paysage

élargi et projets

Page 50: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

50

l’eau, bois de feu).

iii/ Paysage spécifique n°3 : Réserve de biosphère Oasis

Projets de recensement et de réhabilitation des pratiques

traditionnelles de gestion de l’eau (Khettaras), de la terre

et de l’agrobiodiversité oasienne, Projets en faveur des

jeunes et visant le transfert du savoir faire traditionnel

en matière de gestion des oasis, projets d’empowerment

et d’autonomisation des femmes oasiennes autour de la

gestion des ressources naturelles ; Projet transversal

pour le développement d’un modèle de gestion durable

du patrimoine naturel oasien, basé sur les connaissances

et les pratiques de gouvernance traditionnelle de

l’espace (évolution vers une APAC).

ONG APEX)

2. Agro-écologie climato-

intelligente

Au moins 10 pratiques testées

Banque de semences locales ;

mix de cultures,

compostage/fumiers

organiques, lutte naturelle

contre les maladies, audit agro-

Nombre approximatif de projets : 6 projets /Au moins deux

projets par paysage

Formation : Appui à la création de lieux pédagogiques et

de formation (Création de jardins dans les écoles ou

autres lieux publics), Formation d’animateurs et

d’agriculteurs sur les techniques d’agro-écologie et sur

les mesures d’adaptation au CC; Amélioration des

connaissances des communautés locales sur l’agro-

biodiversité locale ; Evaluation de l’application des

principes de l’agro-écologie à l’échelle des paysages

Rapportage de

projet individuel

par les équipes

pays du PMF

Indicateurs de

résilience socio-

écologiques pour

les paysages de

production

Page 51: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

51

écologiques des parcelles,

introduction des énergies

propres, pratique des

impluviums, cultures

résilientes, maintien des

corridors forestiers ; paillage

pour réduire

l’évapotranspiration.

Soutien au actions innovantes en matière d’agroécologie

climato-intelligente :Promotion au niveau des paysages,

des pratiques d’agro-écologie et appui et

accompagnement d’agriculteurs qui souhaitent

s’engager dans l’agro-écologie ; Mise en place de

pépinières pour la production de semences et de plants

autochtones et résilients et appui à la promotion des

pratiques d’agro-écologie; Recherche et test de

techniques innovantes d’agro-écologie dans un contexte

de CC; Appui à la création de fermes modèles agro-

écologiques résilientes au climat ; Accompagnement des

agropasteurs en matière de pâturage résilient/alternatif

Valorisation : Appui à la mise en place de réseaux de

partenariat entre producteurs et consommateurs de

produits issus de l’agro-écologie; Appui à des chaines de

valeur agro-écologique sensible au genre (Analyse de

genre, appui à l’autonomisation des femmes, appui à

l’amélioration de leur rang dans ces chaines de valeur,

autonomisation des femmes).

Nombre d'hectares

cibles

20 hectares par paysage

Nombre d’agriculteurs

pratiquant l’agro-

écologie: au moins une

vingtaine par paysage.

Nombre de pratiques

testées.

Au moins trois pratiques

par agriculteur

(SEPLs)

Rapport annuel

de suivi (AMR)

Examen de la

stratégie du

programme Pays

(apport du

CNP)

3. L’accès à l’énergie co-

avantages faible carbone

Au moins une typologie

innovante de solutions adaptées

aux conditions locales

Nombre approx. de projets : Des solutions d’accès à

l’énergie communautaire faible carbone sont intégrées

dans au moins 2 projets par paysage

Mise en œuvre de solutions d’accès à l’énergie

communautaire faible carbone : secteurs productifs au

Nombre et typologies de

solutions

communautaires,

d’accès à l’énergie

localement adapté avec

des démonstrations

AMR, Rapports

de pays

AMR, base de

données globale,

rapports de

Page 52: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

52

démontrée et documentée

niveau des paysages, agro-écologie, valorisation et

transformation de produits locaux, infrastructure

écotouristique, efficacité énergétique dans les

constructions, promotion des fours améliorés auprès des

bergers, test de l’outil novateur Gestion Energie Climat

Communal (catalogue de mesures appliqué à la

planification et à la mise en œuvre ) développé par IDE-e

au niveau d’un paysage pilote

réussies pour la mise à

l’échelle et la réplication.

pays,

Examen de la

stratégie du

programme pays

(apport du CNP)

4. La gestion des produits

chimiques

Au moins 2 actions de

sensibilisation pour la réduction

de l’utilisation des pesticides

par paysage

Nombre approximatif. de projets Un projet intégrant cette

initiative par paysage spécifique

Le programme interviendra surtout en appui à la

promotion de l’agro-écologie et de l’agriculture

biologique. Il interviendra également à travers des

actions de plaidoyer en vue de :

• La réduction de l’utilisation des produits chimiques

et de la pollution liées à ceux-ci, en particulier dans

l’agriculture ;

• La réduction de l’usage inapproprié des pesticides;

• Promotion de l’agriculture biologique et de

l’agroécologie à titre alternatif ;

• Renforcement des capacités, la sensibilisation et le

partage des connaissances

Nombre d’agriculteurs

(hommes, femmes,

jeunes) sensibilisés

Rapport de

projet individuel

par les équipes

pays du PMF

Partenariat

stratégique avec

les pays

partenaires de

l'IPEN

Rapport de suivi

annuel (AMR)

Examen de la

stratégie du

programme pays

Page 53: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

53

Modalités de mise en œuvre. Pour veiller à l’atteinte des objectifs fixés à l’échelle des

paysages spécifiques et à la mise en place de synergies entre l’ensemble des projets qui

seront subventionnés par le programme à l’échelle de chacun des paysages spécifiques

retenus, le programme procédera à l’identification d’une ONG Apex, selon des modalités à

définir ultérieurement avec le CNP.

Cette ONG devrait mettre en œuvre un projet transversal à l’échelle du paysage qui

s’articulera principalement autour du:

(i) renforcement de capacités des organisations communautaires bénéficiant de l’appui

du programme au sein du paysage,

(ii) la promotion de l’approche paysage terrestres et marins, y compris auprès des acteurs

institutionnels, des collectivités territoriales et autres acteurs qui viennent en

appui aux OCB,

(iii) la coordination des actions et la mobilisation des acteurs pertinents autour de

l’objectif fixé pour le paysage (incluant la mise en place d’une plateforme

régionale et l’organisation de deux ateliers de cette plateforme, de revue

stratégique à mi-parcours et à la fin du programme),

(iv) l’apport du conseil technique et la réalisation du suivi-évaluation des projets

communautaires,

(v) et enfin la documentation du processus et des bonnes pratiques.

Outre les projets/ONG Apex au niveau des paysages, le programme identifiera également

une ONG nationale pour porter un projet global à l’échelle du paysage élargi. Cette initiative

sera conçue pour accompagner et servir d’épine dorsale au travail stratégique à l’échelle du

paysage élargi et s’articulera autour de :

a) la documentation du processus et des résultats à l’échelle du paysage élargi (pour avoir

une idée globale sur l’intervention et les résultats du programme durant l’OP6),

b) l’élaboration d’un guide méthodologique sur l’approche paysage à l’usage des acteurs

locaux OSC et des collectivités territoriales (communes rurales),

c) l’organisation d’une foire des connaissances pour communiquer largement sur les

produits du programme (exposition des produits de terroirs, présentation des

technologies et approches testées, échanges, ..),

d) l’identification des thèmes pertinents en rapport avec les priorités nationales et

l’organisation de plateformes de dialogue à l’échelle nationale Gouvernement-Société

Civile (influence des politiques, mise à l’échelle, changement de marché,…),

e) l’organisation d’au moins un événement qui regroupera les ONG/Apex et OCB

intervenants dans les trois paysages pour faciliter l’échange, la mise en réseau

(communautés de pratiques), et pour l’évaluation participative des activités du

programme à l’échelle du paysage élargi (cet évènement sera organisé de préférence à mi-

parcours du programme pour favoriser d’éventuels recadrages).

f) La mise en place de projets de coopération Sud-Sud

Dans ce cadre, les organisations compétentes (ONG ou réseau d’associations) seront

encouragées à soumettre leurs candidatures sur la base d’un appel à projet développé de

façon concertée avec les partenaires clé du programme et le CNP.

Page 54: STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L'OP6 Evaluation ...

54

Enfin, grâce aux deux projets transversaux (hors Landscapes) décrit dans la section 3.1, les

OSC et OCBs soutenus au niveau des trois paysages spécifiques retenus par le programme,

pourront profiter de programmes de formation, de visites d’échanges, intégrer des réseaux

nationaux et internationaux, et faire partie de communautés de pratiques.

Ces projets leur permettront également d’avoir l’information et les capacités nécessaires pour

accéder à d’autres sources de financement et consolider leurs actions à l’échelle de leurs

paysages respectifs. Elles pourront également dans le cadre du projet national « APACs »

contribuer, grâce à leurs expériences sur le terrain, à influencer les politiques nationales en

faveur de la mise en place d’un cadre favorable pour le maintien et la reconnaissance des

pratiques et droits coutumiers de gestion des ressources naturelles.