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Mensuel - Mai 2008 - Bureau de dépôt : CHARLEROI X Belgique - België P.P. CHARLEROI X BC 1781 112 Déposez ONLINE ! CV, profils et ouverture de comptes VIP Station polaire Focus sur la Princess Elisabeth Antartica Page 5 Energie Page 22 Exposition internationale Page 25 Ingénieur Page 29

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4 – Journal des ingénieurs n°112 - Mai 2008

SommaireEdito P. 3

Station polaire P. 5

Focus sur la Princess Elisabeth Antartica, la station polaire belgezéro émission

Énergie P. 22

La Belgique et la fusion : comment notre pays prépare-t-ilsa participation à ITER

Exposition Internationale P. 25

Expo Zaragoza 2008 : rien que de l’eau !

Ingénieur P. 29

Mutation de L’ingénieur, de sa formation, de son métieret de l’entreprise

Eureka P. 19

- La BNS (Belgian Nuclear Society) : remise de prix« meilleur travail de fin d’étude 2007 ».

- Colloque A.I.Lg. : L’ignifugation

- Colloque FEBE : « Think concrete, go precast -INSPIRATION WITHOUT LIMITS ».

- L’ESA recrute de nouveaux astronautes européens

Le Journal des Ingénieurs Mensuel N°112 - Mai 2008

Rue Hobbema 2 - 1000 BruxellesTél. 02 734 75 10 - Fax 02 734 53 15

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ÉDITEURIr. Maximilien Le Begge

Tous droits réservés. Reproduction etdiffusion interdite par quelque moyenque ce soit, sans autorisation préalable

écrite de l’éditeur.

Les textes et illustrations sont publiéssous la responsabilité de leur auteur.

COMITÉ DE RÉDACTION Ir. Maximilien Le Begge

(rédacteur en chef)Pascal-Pierre Delizée(secrétaire de rédaction)

Marie Montes(coordination)

REDACTIONPhilippe CrêteurPascal Delizée

Albert De LutisIr. Olgan DurieuxIr.Valérie Farina

Ir. Vincent GobbeIr. Jean Lambelé

Ir. Christian LegrandIr. Régine Merz

Ir. Alison VincentTirage : 10 000 ex.

Distribution : personnaliséeÉdition : mensuelle, sauf janvier, juillet et août

Format : 210 x 297 mm full quadri

PRODUCTIONMARKETING - PUBLICITÉABONNEMENTS SOCIÉTÉ

Abonnement 9 N° par an : 50€ HTVAContact : Christiane Maes

Deadline pour matériel publicitaire :15 janvier, février, mars, avril, mai, août, septembre,

octobre, novembre

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L’équipe !

Ir. Maximilien Le Begge,rédacteur en chef

Philippe Créteur

Ir. Olgan Durieux

Ir.Valérie Farina

Pascal DelizéeSecrétaire de rédaction

Albert De Lutis

Ir.Vincent Gobbe

Ir. Jean Lambelé

Ir. Christian Legrand

Marie MontesCoordinatrice

Ir. Régine Merz

Ir. Alison Vincent

Avec la collaboration de :Ir. Philippe Samyn, Prof. Dr Jeroen van Beeck, Ing.Jean-Philippe Veriter, Ir. Étienne Pohl, Prof. Dr Ir.

Michael Van Schoor, Ir. Pierre-Yves Badot,Prof. Dr Ir. André L. Jaumotte

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En cette Année PolaireInternationale - la première,depuis 50 ans -, 110 ans après laglorieuse expédition de la Belgica,dans les eaux australes, laBelgique a réinvesti, de manière onne peut difficilement plusvolontariste, le sixième continent :l’Antarctique.Notre gouvernement fédéral s’esttourné vers la Fondation PolaireInternationale (International PolarFoundation – IPF) afin que celle-ciérige une nouvelle base derecherche : la station polairePrincess Elisabeth Antartica.Grâce aux précieusescontributions de quelquesingénieurs très experts en leurdomaine, Le journal desIngénieurs vous livre un dossierexceptionnel relatif à cette stationdont les travaux sont tout à faitterminés, depuis le début du moisde mars.

La nouvelle base belge enAntarctique : quelques questionsd’ingénieur

La rentrée de septembre a été marquée parun événement riche en symboles et en pro-messes : l’inauguration (provisoire) de lanouvelle station antarctique belge, exposée,en septembre dernier, sur le site de Tours &Taxis.

Vous aurez été informés par ailleurs sur lesprouesses techniques de cette station etsur les espoirs qu’elle porte dans différentsdomaines de la recherche scientifique. Il

nous a, dès lors, semblé intéressant del’aborder par le biais de quelques questionsd’ingénieur relatives à sa conception, à safabrication, à sa mise en place et à son fonc-tionnement. Questions que nous avonsposées à des interlocuteurs partenaires duprojet qui s’y sont impliqués avec compé-tence et enthousiasme.

– À Ir. Philippe Samyn[1], associé du bureauSamyn and Partners : production d’énergiedouce, zéro émission, qu’est-ce que cesmots impliquent dans le concept techni-que d’une telle station ?

– Au Prof. Dr Jeroen van Beeck[2], membrede l’Institut von Karman : dans une régioninconnue des Eurocodes, comment déter-miner les sollicitations de vent et de neigesur une construction susceptible d’abri-ter, en toute sécurité, une vingtaine descientifiques ?

– À Ing. Jean-Philippe Veriter[3], ingénieur auBureau SECO : c’est quoi, la sécuritéincendie dans un bâtiment perdu au milieudes glaces ?

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Station polaire

Focus surla Princess ElisabethAntartica,la station polaire belgezéro émission

© PROJECT : International Polar Foundation / PHOTO: SECO

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– À Ir. Étienne Pohl[4], du groupe Smet-Boring : arrimer une soucoupe volante dansun rocher instable par moins 40degrés°C… un problème à creuser ?

«Production d’énergie douce»,«zéro émission», qu’est-ce queces mots impliquent dans leconcept technique d’une tellestation ?

Par Ir. Philippe Samyn[1], associé dubureau Samyn and Partners

La Fondation Polaire Internationale, menéepar l’explorateur Alain Hubert a été manda-tée, en 2004, par le gouvernement fédéralbelge pour concevoir, construire et gérerune nouvelle station de recherche belge enAntarctique. Celle-ci est localisée à 72° S -23° E et est établie sur une crête au nordde l’Utsteinen Nunatak, dans les montagnesde Sor Rondane.

Plusieurs facteurs ont influencé la formefinale de la station développée par l’équipede conception de la Fondation dirigée parJohan Berte et Gigi Amin, en particulier :

1. les conditions environnementales : vites-ses de vent extrêmes, direction stable duvent, atmosphère très sèche, températu-res inférieures à zéro, érosion et accumu-lation de neige, et possibilité de bombarde-ment par du sable ou des projectiles depierre. Le bâtiment se tient à une hauteurmoyenne de 2 m au-dessus du sommetde la crête pour empêcher l’accumulationde neige.

2. une approche de développement durable: intégration des sources d’énergie renou-velable, optimisation des flux d’énergie,optimisation des matériaux et intégrationde systèmes de gestion globale desdéchets.

3. le programme fonctionnel : les espacesscientifiques et d’habitation sont prévusen fonction des programmes de recher-che envisagés dans la station.

L’Institut von Karman de Dynamique desFluides a été étroitement impliqué dansl’élaboration de la forme finale, par la déter-mination de la distribution et de l’intensitédes efforts dus au vent, via l’utilisation d’unmodèle étudié en soufflerie et de mesuresde la vitesse du vent in situ.

Le bureau d’architecture Samyn andPartners a été chargé d’étudier la concep-tion du bâtiment, en collaboration avec leBureau de Contrôle SECO.

Le délai extrêmement court pour la réalisa-tion de ce projet a mené à une approchedesign and build, et la firme Prefalux a étéintégrée dans l’équipe pour en accélérer leprocessus. Cette entreprise luxembour-geoise a déjà réalisé pour Samyn andPartners plusieurs structures en boisremarquables, dont le pont en treillis auParc des Expositions de Bruxelles. La qualitéde leur know-how dans ce domaine est lar-gement reconnue. Le bureau 3E Consultings’est chargé de l’analyse de la physique dubâtiment.

Samyn and Partners a développé une struc-ture de fondation composée de quatre por-tiques en acier, qui peuvent se dilater et secontracter indépendamment les uns desautres, et qui soutiennent la grande super-structure en bois. Les portiques sont ancrésdans la roche granitique, relativement frac-turée en surface, et sont prolongés par destirants d’une profondeur de 6 m, dimension-nés pour fournir une réaction aux impor-tants efforts de soulèvement provoqués parle vent. La fondation en acier a étéconstruite par la firme Lemants. Les ancra-ges ont été forés par Smet Boring sous lasupervision du Prof. Dr lr. P. Huergo del’Université libre de Bruxelles.

L’entreprise de construction multinationaleBESIX a joué le rôle de coordinateur géné-ral pour l’exécution : à Bruxelles pour lemontage à blanc et en Antarctique pour laconstruction finale du bâtiment.

L’enveloppe de la superstructure recouvreun réseau orthogonal de poutres en boislamellé-collé qui s’élèvent du plancher auplafond, et qui sont assemblées par desconnecteurs de type Blumer.

La conception, les plans et le prototype éla-boré ont été approuvés fin avril 2007. Lepré-assemblage et le test du bâtiment entiera été réalisé à Bruxelles, pendant le moisd’août 2007.

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Station polaire

© PROJECT : International PolarFoundation

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L’assemblage final et la construction ont eulieu pendant les mois de janvier et février2008, en Antarctique.

Quelques détailstechnologiques

Les murs et le toit de l’enveloppe se com-posent (de l’intérieur vers l’extérieur) :

- d’un revêtement mural en feutre (commedans les yourtes mongoles) ;

- d’un papier Kraft de grande résistancemuni d’un pare-vapeur en aluminium épaiset continu ;

- d’un panneau en bois multiplex de 74 mmd’épaisseur ;

- de blocs légers et isolants de polystyrèneexpansé de 400 mm ;

- d’un panneau en bois multiplex de 42 mmd’épaisseur (lié à la partie inférieure pardes écarteurs cylindriques en bois dehêtre de 6 cm de diamètre, s’adaptant avecprécision aux trous cylindriques dans lepolystyrène) ;

- d’une membrane d’imperméabilisationEPDM de 2 mm ;

- d’une natte en mousse de polyéthylène àcellules fermées de 4 mm entre les bandesd’acier inoxydable situées sous les jointsde la couverture finale ;

- de la couverture finale qui se compose deplaques d’acier inoxydable boulonnées de1,5 mm d’épaisseur.

Le plancher (continu avec l’enveloppe supé-rieure) se compose presque de la mêmemanière (de l’intérieur vers l’extérieur) :

– un revêtement de sol ;– un pare-vapeur ;– un panneau en bois multiplex de 42 mm

d’épaisseur ;– des blocs de polystyrène expansé de

400 mm ;– un panneau en bois multiplex 74 mm

d’épaisseur se reposant sur les poutres destructure du plancher ;

– un espace correspondant à la hauteur dela poutre ;

– un panneau en bois multiplex de 42 mmd’épaisseur sur lequel sont fixés :- la membrane d’EPDM ;- la mousse à cellules fermées ;- le revêtement d’acier inoxydable.

Une plaque d’acier interrompt chaquecolonne et est connectée au pare-vapeur duplancher de façon à en assurer la continuité.

Dans une région inconnue deseurocodes, comment détermi-ner les sollicitations de vent etde neige sur une construction

susceptible d’abriter, en toutesécurité, une vingtaine de scien-tifiques ?

Par le Prof. Dr Jeroen van Beeck[2] del’institut von Karman

En collaboration avec la Fondation PolaireInternationale, l’institut von Karman a effec-tué la conception aérodynamique de lafuture station de recherche antarctiquebelge. Le projet est brièvement présenté icicomme illustration d’un exemple du rôleque l’ingénierie du vent peut jouer dans leprocessus de conception d’un bâtiment.L’intervention de l’ingénierie du vent, dès laphase de conception, permet de développerun projet en symbiose avec les conditionsenvironnementales, depuis la sécurité et leconfort, jusqu’à l’efficacité énergétique et laconstruction durable.

La sévérité des conditions ambiantes,comme celles de l’Antarctique, rend l’ingé-nierie du vent d’autant plus pertinente. Laposition et l’orientation du bâtiment, ainsique sa forme, sont déterminées pour géné-rer un minimum d’incidences sur l’environ-nement, en termes de vent et de neige, etpour garantir l’exploitation, l’entretien etl’accessibilité de la base en toute sécurité.

Un modèle de la topographie de la crêterocheuse, à l’échelle 1:100, a été installédans la section d’essai de 3 m de large dutunnel aérodynamique VKI L1-B. Les simula-tions et les mesures numériques, dans letunnel, ont permis de caractériser la distri-bution du vent au-dessus de la crête.

Du point de vue des apports énergétiques,l’utilisation en Antarctique de l’énergierenouvelable est non seulement une exi-gence environnementale, mais aussi unesource très concurrentielle d’énergie, vu lecoût des moyens logistiques qui sont mis enœuvre. L’énergie éolienne est le moteurprincipal de la station. L’évaluation des res-sources apportées par le vent a été faiteavec des simulations numériques et l’analysestatistique des vents extrêmes.

Le principal souci, du point de vue de l’aé-rodynamique du bâtiment, est sa capacité àfaire face à d’intenses neiges chassantes.Pour surmonter ce problème, il est courantde construire des bâtiments surélevés quipermettent au vent de s’écouler par-des-sous, sans que la neige ne s’accumule sur lesparois de l’ouvrage. Des essais préliminairessur la formation de congères ont été effec-tués dans la soufflerie L1 de l’institut vonKarman, en utilisant le bicarbonate desoude pour simuler la neige, suivant unmodèle étalonné à partir de l’observatoirede la station japonaise de Syowa enAntarctique.

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Station polaire

© PROJECT : International PolarFoundation / DRAWING :Préfalux / Photo : Philippe

SAMYN and PARTNERS

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L’influence de la topographie de la crête surla formation des congères a été étudiéepour plusieurs configurations du bâtiment.La technique d’érosion sableuse s’est révé-lée très efficace pour mettre en évidenceles zones à risque de concentration de vent,et, en même temps, pour donner une idéedes zones prévisibles d’accumulation etd’érosion de neige. Les zones qui ne sontpas érodées, sous des vitesses de vent éle-vées, présentent une haute probabilité d’ac-cumulation de neige, tandis que les zonesérodées sous de basses vitesses de ventcorrespondent à des endroits avec érosionde la neige et une plus grande sensibilité auvent.

Le positionnement du bâtiment sur la crêteet son orientation face aux vents dominantsont été également étudiés par rapport auxsollicitations du vent. Un modèle équipéavec des capteurs de pression permet detracer le champ de pression moyen sur lesparois externes du bâtiment. Par intégra-tion, on peut alors déterminer la charge

moyenne globale de vent sur l’ouvrage. Ona alors déterminé une position optimale dubâtiment qui réduit au minimum la chargedu vent, tout en gardant sous contrôle l’éro-sion et l’accumulation de neige.

Comportant à l’origine une base carrée, lagéométrie du bâtiment a évolué vers uneforme octogonale. Ensuite, l’adjonction à cebâtiment d’un hangar à neige a été exami-née, en utilisant le sable pour simuler l’éro-sion de la neige. Ces essais ont eu commeconséquence de redessiner la face au ventdu bâtiment avec un profil d’aile, de façon àéviter l’érosion excessive autour du hangarà neige.

La conception détaillée du bâtiment envraie grandeur a été effectuée avec un logi-ciel de CFD (Computational FluidDynamics) validé sur base des mesures pri-ses en tunnel aérodynamique. Ce modèleCFD fournit, d’une façon rapide et sansgrand coût, un accès très détaillé aux infor-mations sur la simulation du champ d’écou-lement et des pressions du vent.

C’est quoi la sécurité incendiedans un bâtiment perdu aumilieu des glaces ?

Par Ing. Jean-Philippe Veriter[3]

Ingénieur spécialisé en sécuritéincendie chez SECO (Bureau deContrôle technique pour laConstruction).

De la Belgique…Pour les bâtiments (situés en Belgique) quenous contrôlons habituellement du point devue de la sécurité incendie, notre missiondébute systématiquement par une analysedu cadre prescriptif applicable au projet(lois, arrêtés, demandes particulières duService d’Incendie…). Pour y parvenir, nousdevons nous poser une série de questions :s’agit-il d’un nouveau bâtiment, d’une exten-sion à un bâtiment existant, le RGPT(Règlement Général pour la Protection duTravail) est-t-il d’application, existe-t-il desprescriptions spécifiques à l’activité du bâti-ment (magasin pour la vente au détail, hôpi-tal, maison de repos…), dans quelle régionest situé le projet… ?

C’est seulement ensuite que le volet techni-que de notre mission peut commencer. Ilconsiste à vérifier, de manière exhaustive, laconformité du projet à la totalité des pres-criptions. Ce travail suppose une granderigueur et peu (ou pas) de liberté. En tantque bureau de contrôle, nous ne pouvonspas nous substituer aux autorités pourjuger du bien fondé de l’une ou l’autre pres-cription : les exigences sont là, il faut les res-pecter ! Il existe heureusement la possibilité

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© PROJECT : International Polar Foundation / PHOTO: von Karman

© PROJECT : International Polar Foundation / PHOTO: von Karman.

© PROJECT : InternationalPolar Foundation

PHOTO : von Karman

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de déroger à la réglementation, sousréserve de justifier auprès de l’autoritécompétente que le non-respect de certai-nes exigences est compensé par des mesu-res de sécurité équivalentes.

En Belgique, c’est donc presque exclusive-ment dans ce travail de justification, d’unniveau de sécurité équivalent, qu’une certainecréativité de la sécurité incendie a sa place.Il faut comprendre le but recherché parl’exigence non respectée et proposer unealternative cohérente. Un exemple : uneréduction du degré de stabilité au feu de lastructure pourrait être justifiée par la pré-sence d’une installation de détection incen-die et d’une installation EFC (désenfumage).La première permet de diminuer le tempsentre le début d’un incendie et l’arrivée surplace du service d’incendie. La seconde per-met de sécuriser les opérations d’extinctionà l’intérieur du bâtiment. Ces deux élé-ments autorisent donc à penser que lastructure sera sollicitée thermiquementpendant un temps plus court.

… à l’Antarctique

Pour le projet de la Base PolaireInternationale, l’approche est toute diffé-rente. Le cadre prescriptif belge n’est pluscontraignant, ce qui signifie plus de liberté,

mais aussi plus de responsabilité de la partdu concepteur.

La liberté, c’est celle de la page presqueblanche. L’équipe de conception décide elle-même des mesures de prévention incendiequi seront mises en œuvre.

La responsabilité, c’est celle qui découle deschoix qui sont faits. L’équipe de conceptiondoit pouvoir mesurer, analyser et justifier laprésence (ou l’absence !) de chaque élé-ment de sécurité incendie.

En pratique, la manière de procéder a été lasuivante.

Dans un premier temps, et afin de se fixerun niveau de sécurité incendie acceptable, ila été convenu (choix volontaire) de conce-voir la Base Polaire comme s’il s’agissaitd’un bâtiment équivalent en Belgique. Lesgrands principes de sécurité incendie reprisdans les réglementations belges (stabilité aufeu, compartimentage, évacuation…) ontété confrontés au projet. Des difficultés(voire des impossibilités) techniques, maiségalement des inepties, ont été mises enévidence. Cette confrontation a permisd’élaborer une check-list relative à la sécu-rité incendie.

Dans un second temps, et sur base de cettecheck-list, l’équipe de conception a suivi unprocessus décisionnel, basé sur les principes

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DRAWING : Préfalux

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de l’analyse de risque. En voici deux exem-ples :

– La réglementation belge exige de manièreassez générale que chaque occupant d’unimmeuble dispose de deux moyens d’éva-cuation distincts. Pour les bâtiments deplus de 25 mètres (où les étages supé-rieurs ne peuvent être atteints par leséchelles des véhicules des services d’in-cendie), chaque occupant doit pouvoiraccéder à deux cages d’escalier. Pour lesautres bâtiments (bas et moyens), uncompartiment de petite dimension peutêtre desservi par un seul escalier, pourautant qu’il dispose d’une façade accessi-ble aux véhicules des services d’incendie.En Antarctique, la prise en compte d’uneintervention avec des échelles est bienévidemment exclue. Il a donc été décidéde prévoir deux sorties distinctes, malgréla taille réduite du bâtiment et le petitnombre d’occupants.

– Pour ce type de bâtiment, la réglementa-tion belge exige une stabilité au feu d’uneheure de l’ensemble des éléments struc-turaux. Le choix des matériaux de struc-ture (bois et acier) ne permet pas de ren-contrer intrinsèquement cette exigence.Pour atteindre une telle stabilité au feu, laréalisation d’une protection généraliséede la structure, au moyen de caissonsrésistant au feu, est à mettre en œuvre.Cette solution est incompatible avec lescontraintes de transport, de mise en

œuvre et de poids propre du bâtiment. Ila donc été décidé de réaliser une protec-tion partielle (mais ciblée) de la structure,sur base essentiellement de l’identifica-tion des risques potentiels d’incendie(locaux techniques, cuisine…).

Le jeu des 7 différences

Dans tout le travail de conception et devalidation des mesures de sécurité incendie,les architectes, les bureaux d’étude et decontrôle ont dû revoir certaines des solu-tions qu’ils ont l’habitude d’appliquer enBelgique. Pour ce faire, ils ont dû analyserles différences essentielles qui existententre la Base Polaire et un projet équivalentqui serait construit sous nos latitudes. Pourchaque différence, des solutions adaptéesont été imaginées.Voici le résultat du petitjeu des 7 différences… et les stratégies desolution imaginées (liste non exhaustive !).

Voir ci-après.

Conclusions

L’élaboration des principes de sécuritéincendie de la Base Polaire a requis, de lapart de l’équipe de conception, de fairepreuve de créativité et d’imagination,sachant que la plupart d’entre nous n’ajamais mis les pieds en Antarctique. Malgrél’impossibilité de transposer, telles quelles,les solutions de sécurité incendie imposéespar la réglementation belge, cette dernièrea constitué une source d’inspiration bien

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utile et nous a, d’une certaine manière, ras-suré sur les stratégies élaborées.

Arrimer une«soucoupe volante» dans unrocher instable par -40 degrés°C...Un problème à creuser ?

La Belgique est de retour enAntarctique avec un audacieux projetde station polaire.Par Ir. Étienne Pohl[4] (A.Ir.Br. 1969)

Cette station, implantée à 200 km de la côtesur une petite crêterocheuse en granite, estperchée en hauteur sur unestructure métallique demanière à éviter les accu-mulations de neige et laisserpasser le vent sous la partiehabitable.

Parmi les nombreux défis àrésoudre pour mener à bience projet, la réalisation desfondations n’était certes pasdes moindres.

En effet, l’emplacement choisi pour ses qua-lités d’environnement et d’orientation vis-à-vis des vents dominants, présentait quelquesdifficultés intéressantes à résoudre auniveau du massif de fondation.

Les problèmes étaient essentiellement detrois types : logistique, géotechnique ettechnique de forage. Pour cette raison laFondation Polaire, maître d’œuvre, a faitappel le 19 juin 2007 à la firme Smet F&C,et en particulier à un ingénieur sorti del’ULB, qui a passé une grande partie de sa

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Station polaire

carrière à résoudre des problèmes de fon-dation, des plus variés.

Lors de la deuxième réunion, au début août,la mission confiée a été précisée : «Étienne,sous le niveau des plaques d’appui de lastructure métallique : c’est ton problème, àtoi de jouer !»

L’enjeu était tel, que je n’ai pas su, ni voulu,refuser ce challenge pour pimenter la der-nière année de ma carrière.

Muni d’un tableau des charges à reprendrepar les fondations, d’une série de photos dusite, et d’un rapport géologique décrivantuniquement la composition et l’origine du

massif de granite, nousavons dû en 2,5 mois, met-tre au point tant la techni-que de forage, que le typed’ancrage et de scellement,et même concevoir unmatériel de forage spécifi-quement adapté aux condi-tions de travail.

En ce qui concerne lepiment de la mission, il n’apas manqué pendant la

phase de préparation, mais c’est surtout surplace que les choses se sont corsées.

En effet, le massif granitique ne se présentaitpas comme un beau massif compact ethomogène, tel qu’on aime se l’imaginer.

Le site est en effet constitué d’une crêterocheuse dont les caractéristiques varientfortement d’un versant à l’autre.

Sur son versant est, cette crête émerge, audessus du glacier, d’environ une dizaine demètres sous forme d’un éboulis avec unepente d’environ 27 %.

DIFFÉRENCES STRATÉGIES DE SOLUTION

1. L’hostilité du milieu environnant en cas d’évacuation - Limiter le risque de devoir évacuer le bâtiment.(températures extrêmes, vent, absence de services - Ne pas utiliser de moyens d’extinction toxiques.médicaux extérieurs...). - Dans le cas d’une évacuation, prévoir les moyens

de mise en sécurité (refuge) satisfaisants.

2. L’absence de Service d’Incendie professionnel - Disposer en permanence des moyens humainsà proximité (formation) et matériels (équipements de première

intervention) efficaces.

- Ne pas tenir compte d’une aide extérieure en casd’évacuation.

3. L’absence de source d’eau inépuisable et exploitable - Prévoir des équipements de 1re intervention qui sontimmédiatement. polyvalents, efficaces et rapides à mettre en œuvre.

4. Les matériaux de construction et les moyens - Choix des systèmes et matériaux de protection Rf de mise en œuvre (techniques et humains) doivent être (stabilité au feu et compartimentage) légers et durables.transportés jusqu’en Antarctique.

5. Les équipements de sécurité incendie actifs doivent - Exclusion de certaines techniques comme l’extinction pouvoir être mis en œuvre et entretenus par par gaz inerte (nécessite une mise en œuvreun personnel polyvalent. et une maintenance hyper spécialisées)

6. Les équipements de sécurité incendie actifs - Prévoir des équipements adaptés.doivent pouvoir résister aux conditions hygrothermiques - Par défaut, réaliser un plan d’hivernage adapté.rencontrées en hiver.

7. La valeur du bâtiment et de son contenu - Prévoir des équipements de 1re intervention qui limitent (dû essentiellement à sa localisation géographique) les dégâts indirects (du fait du produit d’extinction).en font un bâtiment à caractère stratégique. - Prendre la question de la prévention incendie très au

sérieux !

Arrimer une«soucoupe

volante» dansun rocher

instable par-40 degrés°C...Un problèmeà creuser ?

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Le versant ouest, quant à lui, est constituépar une falaise d’environ 100 m de haut. Elleest comblée jusqu’à son sommet par un gla-cier. La présence de cette falaise a l’avantagede permettre la construction, au pied de lafuture station, d’un grand garage protégédes vents dominants d’est par la crêterocheuse.

L’examen plus attentif du massif, sous l’anglegéotechnique, nous a permis de découvrirles vrais problèmes à résoudre sur le site :

– à l’est, aucun des blocs constituant l’ébou-lis n’a une taille ou une assise suffisantepour reprendre les charges d’appui dessemelles ;

– à l’ouest, la falaise est formée de blocs enplace, mais ceux-ci sont hélas parcouruspar de nombreuses familles de joints, ainsique par des cassures erratiques ;

– six semelles de fondation s’appuient justesur les blocs formant la crête de la falaise,il fallait donc s’assurer de leur stabilité ;

– la position en x, y et z de chaque semelleétant imposée par la structure métallique,et immuable, il fallait résoudre tous lesproblèmes au niveau des fondations enrenforçant ou adaptant le massif rocheux,tout en respectant scrupuleusement leniveau et la position des semelles de lastructure métallique.

Problème rencontrés surle versant est

Dans la zone de l’éboulis, tout approfondis-sement du niveau d’assise des appuis, parexemple en évacuant les blocs superficielsinstables, provoquait directement unmoment renversant important du socle defondation, suite aux forces horizontales àreprendre au niveau des semelles.

Les ancrages verticaux, initialement prévus,ne pouvaient reprendre ces moments sup-plémentaires. D’autre part, la taille des blocsde roche en surface, ne permettaient pas dereprendre les efforts horizontaux dessemelles.

Pour résoudre ces difficultés, seuls des che-valets, formés par des pieux inclinés travail-lant en traction ou en compression, permet-taient une reprise des efforts horizontauxsans surcharger les ancrages verticaux (lesancrages orange à la figure 2).

Pour réaliser ces forages verticaux et incli-nés à 45° dans toutes les directions, nousavons dû construire des échafaudages spé-ciaux permettant de gagner du temps pourfixer le mât de forage (figure 3).

Vu la solution retenue, la transmission desefforts des semelles vers les pieux et ancra-ges ne pouvait, dès lors, se faire simplement,que grâce à des petits massifs en béton

armé. Un problème résolu en posait évi-demment un autre : la réalisation de bétonarmé dans des conditions antarctiques !L’impossibilité de reprendre les efforts parles blocs en surface, était donc remplacéepar une difficulté de bétonnage. Grâce à desprécautions particulières et beaucoup d’ef-forts cette difficulté a pu être surmontée.

Problèmes rencontrés en crêtede falaise

Comme déjà esquissé plus haut, les princi-pales difficultés à résoudre pour stabiliserles 6 semelles situées en crête de falaiseétaient la stabilité même des blocs formantcelle-ci.

Une analyse détaillée des blocs en place dumassif rocheux nous a permis de découvrirune famille principale de joints qui affectel’ensemble de la zone de construction(figure 4 et 5)

Nous avons donc repéré les 11 bancs situésdans la zone des fondations et mesuré lapuissance (épaisseur) et la position précisede chacun d’eux.

Hélas, tous ces bancs sont déversants vers laface avant de la falaise, et donc les surchar-ges verticales apportées par les 6 semelles,situées en crête, ont tendance à faire bascu-ler les blocs vers le vide.

Notre étude s’est concentrée en particuliersur le bloc b3 situé juste dans l’axe de la sta-tion.

Ce bloc de taille importante paraissait àpremière vue stable. Hélas, les joints situésà sa base accentuent l’effet déversant et l’in-stabilité.

Grâce à un calcul en 3D, nous avons pudéterminer la force à appliquer à ce blocpour garantir sa stabilité, même en prenanten compte la presque totalité des forcesd’appuis des semelles.

Comme les barres disponibles sur le chan-tier avaient une longueur maximum de 6 m,nous n’avons pu stabiliser que la partie gau-che du bloc b3 par des ancrages traversanthorizontaux. La partie droite a dû être sta-bilisée à l’aide de barres verticales travaillanten cisaillement. Les efforts horizontaux àreprendre au niveau des semelles, combinésaux problèmes évoqués ci-dessus rendaientles problèmes de stabilité en crête de falaisepresque insolubles. Nous avons donc décidéde reprendre les efforts horizontaux per-pendiculaires à la falaise par des ancragessupplémentaires plongeant à 45° dans lemassif vers l’est.

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Station polaire

Figure 1 : Éboulis de blocsgranitiques à l’est

Figure 3 : Échafaudage pourfaciliter la fixation des mâtsde forage sur l’éboulis.

Figure 2 : vue en 3D des ancrageset pieux réalisés

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Reprise des effortsd’arrachement verticaux

La reprise de ces efforts était envisagéedepuis le début, les 40 ancrages verticaux de6 m prévus ont été réalisés. Pour 3 d’entreeux cependant, suite au déversement desroches, ces ancrages réapparaissaient sousle bloc supérieur avant de replonger dans lemassif sous-jacent. Les risques d’instabilitédes deux fondations concernées ont étérésolus à l’aide de deux blocs en bétonarmé. Les barres Dywidag de liaison dubéton au massif rocheux ont été toutes pré-tendues pour optimiser leur efficacité.

Étude et essais réaliséssur place

Nous avons mesuré l’évolution de la tempé-rature en fonction de la profondeur dansplusieurs forages. Un forage de 13 mètres amême été réalisé uniquement à cet effet. Ila été équipé d’un tube de protection en sur-face pour permettre aux scientifiques de

suivre à l’avenir l’évolution de cette tempé-rature en fonction des saisons (graphiquede la figure 6).

La connaissance de ces températures étaitprimordiale pour décider du mode de scel-lement des ancrages à mettre en œuvre.

De nombreux essais de traction ont égale-ment été réalisés sur site pour contrôlerl’incidence de la température de mise enœuvre des résines de scellement des barresd’ancrage (figure 7), et pour contrôler lavaleur de la résistance par mètre de scelle-ment utilisée dans les calculs.

Mesure du coefficientde frottement entre blocs

Pour faire les calculs de stabilité des blocsde la falaise, il était essentiel de connaître lecoefficient de frottement interne des jointsentre blocs.

Heureusement, j’ai découvert un bloc avecun joint bien plan qui était en train de glis-ser.

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Station polaire

Figure 5 : Bancs rocheux, familleprincipale de fracture du massif,

et bloc b3.

Figure 4 :Vue en élévation de la falaise : implantation des semelles, blocs à stabiliser, et bancs rocheux.

Température dans le sol en fonction de la profondeur

Mesure faite le 15/12/07 le matinDonnées : Forage de 13 m / Ø 60 mm

Température Profondeur°C mètre

-7.00 -1

-12.00 -2

-14.00 -3

-17.00 -4

-19.00 -5

-20.00 -6

-20.00 -7

-21.00 -8

-21.00 -9

-21.00 -10

-21.00 -11

-21.00 -12

Figure 6

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Grâce à ce bloc, je disposais d’un essai envraie grandeur me donnant la valeur de rup-ture de l’angle de frottement (figure 8).

Il suffit souvent de bien ouvrir les yeux pourcomprendre ce que la nature nous raconte.

Choix du type de scellement

Compte tenu des températures négativesexistant dans le sol, le scellement des ancra-ges à l’aide de coulis de ciment, a étérepoussé dès le début.

Il ne subsistait dès lors que les types descellement suivants :

– scellement mécanique (pièces auto-coin-çantes ou ancrage à frottement acier/roche de type Swellex) ;

– scellement chimique (résine) ;

– scellement à l’eau, c’est-à-dire à la glace.

Vu les incertitudes relatives à la polymérisa-tion des résines à faible température, seulsles scellements mécaniques ou à la glace ontété étudiés avant le départ.

Ce dernier type de scellement à la glace,avait de grands avantages du point de vue dela mise en œuvre,mais aussi des détracteurssuite aux problèmes de fluage de la glacesous charge permanente. Le comportementdes scellements à la glace sous chargeconstante est encore mal connu de nosjours.

Le scellement d’un tube dans le granite àl’aide de glace, se réalise facilement en rem-plissant le trou de forage avec de l’eau parl’intérieur du tube en acier. L’eau gelant aucontact du rocher assure le scellement, pro-bablement plus par formation de micro-biellettes en compression, que par cisaille-ment de la glace. Des essais ont été faits enchambre froide, chez Vinçotte, entre –20 et–30 °C. Ces essais ont démontré l’extraor-dinaire résistance de ce type de scellement.

Un prototype de scellement mécanique aété mis au point pour l’occasion. Il consistaitsoit en un tube fendu, soit en une série debarres entourant un gonfleur central. Ce gon-fleur (de type Swellex), mis sous pression àenviron 200 à 300 bars, permet par frotte-ment de bloquer le tube fendu ou les barrescontre le granite. Un essai fait aux carrièresde Quenast, grâce à l’amabilité de la firmeGralex, a pu démontrer l’efficacité de ceprototype.

Malgré le fait que ces deux types de scelle-ment aient donné des résistances tout à faitacceptables, les barres ont étés scellées enAntarctique à l’aide de résine chauffée, etce, pour les raisons suivantes :

1) problèmes insolubles de fourniture duseul représentant des gonfleurs de typeSwellex dans les délais imposés ;

2) la réticence importante de certains spé-cialistes consultés vis-à-vis du fluage de laglace ;

3) enfin, la mise au point sur chantier d’uneméthode de chauffage de la résine, aprèsmise en place de l’armature.

Choix et constructiondu matériel de forage

Les choix du matériel et du mode de forage,ont été déterminés par nos spécialistespour répondre aux conditions extrêmes del’Antarctique, ainsi qu’aux limitations sévè-res de poids pour le transport en avion. Lematériel, construit à cette occasion parSmet F&C, a été mis à l’épreuve en réalisantdes tests de forage dans le granite des car-rières de Quenast. Le choix de cette car-rière a été fait suite à la ressemblance duporphyre de Quenast avec le granite del’Antarctique.

Une telle campagne d’essais était indispen-sable pour éviter les problèmes liés auxmaladies de jeunesse en Antarctique.

Cette campagne d’essais a en particulierpermis d’optimiser le choix du compres-seur à transporter sur place.

Défis humains

Ce projet fou ne pouvait être réalisé quepar des hommes également un peu fous.

Il fallait des hommes qui n’aient pas peur dedormir sous tente en Antarctique, ni de tra-vailler 12 heures et plus par jour dans desconditions parfois difficiles. Des hommesqui acceptent de travailler en équipe, qu’ilssoient wallons ou flamands, des hommesprêts à s’isoler du monde pendant quelquesmois, prêts à casser des cailloux et lesdéplacer à la main et travailler dehors quelque soit le temps.

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Figure 8 : Mesure de la pente

Figure 7 : Essai de traction surbarres scellées

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Ces hommes devaient être solides poursupporter le stress dû au planning et auxproblèmes journaliers.

Il faut croire que la Belgique possède suffi-samment de gens un peu fous, car nousétions 22 hommes et une femme pourforer, installer des éoliennes, construiredeux grands garages et préparer le sitepour les équipes suivantes.

Cette expérience nous aura tous enrichis.Les liens d’amitié entre collègues, la simpli-cité de la vie du camp et la beauté des pay-sages restera gravée pour toujours dans nosmémoires.

Ce projet aura pour le moins démontré queWallons et Flamands pouvaient releverensemble les défis les plus fous et réaliserun projet commun pour les générationsfutures.

Dossier coordonné par Ir.Vandenboschet Pascal-P. Delizée

Project © INTERNATIONAL POLARFOUNDATION Engineering and

Technical Design for the Structure andthe Shell © Philippe SAMYN and PART-

NERS

Ir. Étienne Pohl[4],mécaniciendes roches sur«l’île d’Utopie…»Du 4 novembre au 20 décembredernier, notre confrère Ir. ÉtiennePohl - qui nous livre, par ailleurs,une précieuse contributionscientifique (voir plus haut) - asupervisé l’ensemble des travauxde forage dans la roche préalablesà l’édification et à l’arrimage de lastation. Dès son retour, il nous aaccordé un entretien. Rencontreavec un Ingénieur Humaniste.

Le Journal des Ingénieurs (JI) : – C’estun de ces hasards de l’existence quivous a conduit à Utsteinen, enAntarctique…

Ir. Étienne Pohl (EP) : – Le 19 juin, pourêtre précis, je reçois un coup de téléphonede mon confrère Philippe Samyn, qui étaiten réunion avec la Fondation Polaire et quiconstatait qu’il y avait, alors, de réels problè-mes au niveau des fondations. Il m’ademandé de participer à la réunion et dem’occuper de tout ce qui avait trait aux fon-

dations.Vient, ensuite, la deuxième réuniondu début du mois d’août 2007, visant à biendéfinir ce qui était attendu de moi. Enrésumé, tout ce qui était situé sous le niveaudes plaques d’appui de la station devenaitmon problème et il m’était demandé dem’en occuper. Ce projet constituait un chal-lenge fou. Nous disposions de peu de don-nées. Mais, j’ai pris la balle au bond et je mesuis dit : « pourquoi pas ? ». Le projet m’in-téressait beaucoup. Certes, je ne savais pas,à l’époque, que j’allais même aller sur placeet que je devrais tout préparer.

JI : – En tous points, cette missionreprésente également un formidablechallenge, pour vous…

EP : – Oui, cela a été un défi personnel.Certainement. Il y a de cela plusieursannées, j’avais rêvé d’accomplir du travail enAntarctique ou en Arctique. Le hasard de lavie s’est présenté et je suis parti là-bas.Mais, la vie n’est qu’une succession de défis.Celui-ci revêtait des conditions un peu par-ticulières, il faut bien l’avouer. Le premierchallenge résidait dans l’obligation de met-tre au point le type d’ancrage, le type deforage et la méthode de forage, dans le mas-sif rocheux, en deux mois et demi, seule-ment. Il fallait concevoir les machines deforage et les réaliser, les construire dans nosateliers, les tester ensuite, en Belgique.Toutcela, avant de partir, le 4 novembre, dateultime.

JI : – Comment avez-vous procédé ?

EP : – Comme je le fais d’habitude. Nousavons débuté par un brainstorming, avecquelques spécialistes de la firme, en expli-quant, dès le départ, les conditions deforage là-bas. Il fallait un matériel extrême-ment souple, déplaçable à la main, pouvantforer dans n’importe quelle position dansun matériau pas très bien connu mais quiest formé, essentiellement, de granit. Nousdisposions de ces quelques paramètres,c’est à peu près tout.

JI : – Quel itinéraire avez-vousemprunté pour vous rendre sur le sitede la station ?

EP : – Le matériel a été pris en charge parBrucargo, sous forme de grosses caisses quine pouvaient pas peser plus de 600 kiloschacune. Il est allé jusqu’à Cape Town, là oùnous l’avons rejoint. De là, nous sommespartis avec un gros porteur russe(Iliouchine) à destination d’une stationrusse qui s’appelle Novo. Là, nous avonstout débarqué et nous avons emprunté unBasler, avion dérivé du DC-3, sur skis, à héli-ces, qui nous a permis de parcourir les 400derniers kilomètres, jusqu’au site. C’est lapremière fois que je montais à bord d’un tel

Ir. Étienne Pohl

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avion. C’était très original, très nouveaupour moi.

JI : – Lorsqu’on évoque l’Antarctique, onpense inévitablement au froid…EP : – Ce qu’on savait, c’est qu’on allait dor-mir sous tente, en Antarctique. Tout lemonde me disait que c’est odieusementfroid. Certes, il n’y fait pas chaud. Mais, c’estbeaucoup moins dur qu’on ne le pense : de–10° à –20°, sous la tente. Avec un bon sacde couchage, c’est supportable. J’avais l’habi-tude de faire du camping en montagne. Évi-demment, les conditions étaient un peu plussévères que celles que j’ai connues précé-demment. Mais, lorsqu’il fait soleil, on peutarriver aux alentours de zéro degré. Quandil y du vent, le –20° donne une impressionde –40°. Le matin, entre 4 et 5 heures, lesoleil redonnant sur nos tentes fermées,nous avions même trop chaud et nous sor-tions de nos sacs de couchage, chose éton-nante. Je ne portais qu’un pyjama classique.

JI : – Le froid est-il handicapant pourcertains outils ?EP : – Il ne l’est pas trop. Évidemment, toutle matériel utilisé est spécialement choisi etadapté à ces froids. A titre d’exemple, nousavons utilisé des huiles spécifiques pour nosmachines hydrauliques.

JI : – Bien évidemment, il n’y a pasd’eau courante, sur place…EP : – Nous avions à notre disposition unetente réfectoire bien spacieuse, qui étaitplus vaste que nos petites tentes d’une oudeux personnes dans les-quelles nous dormions, etnous avions une petite tentebureau où je pouvais travail-ler sur mon ordinateur.Dans chacune des deux ten-tes, se trouvait un chauffageà mazout. L’eau que nousconsommions et dont nousnous servions était de laneige fondue, évidemment.Elle fondait au-dessus dupoêle à mazout de la tente réfectoire. Il yavait là une grande cuve où nous mettionsdes mètres cubes de neige qui nous donne-raient des litres d’eau. Bien sûr, nousn’avions pas de salle de bains, juste deuxpetits endroits pourvus d’une tablette, àl’arrière de la tente bureau, où nous pou-vions nous laver en amenant notre brocd’eau chaude.

JI : – Vous mangiez du pain frais. C’est àpeine croyable…EP : – Nous avions de la farine. Nous avonsdonc cuit du pain. Il n’y avait pas de boulan-

ger dans les environs, puisque les habitantsles plus proches étaient à 400 km, à Novo,la ville la plus proche étant à 4.500 km(Cape Town). Il n’y avait donc rien. Nousétions approvisionnés en énergie électriquegrâce à un groupe électrogène et à des pan-neaux solaires, outre une éolienne.

JI : – Le climat entre vous était-iltoujours au beau fixe ?EP : – Tout s’est bien passé. C’est clair qu’ily a du stress, parfois, quand il y a des mar-teaux « fond de trou » qui cassent, quandune panne majeure survient, quand le com-presseur connaît une perte d’huile, quandun étau se casse… Il y a dix mille raisonsd’avoir des problèmes. Le stress monte, iné-vitablement, parce que le délai d’exécutionest très court. Il fallait qu’avant le début del’hiver austral, c’est-à-dire début mars der-nier, tout soit fini, fondations comprises. Ilne fallait donc pas perdre de temps.

JI : – Vous avez bien relevé le défi tech-nologique qui vous concernait…EP : – Pour tout le matériel qui me concer-nait et qui avait trait au forage - puisqu’il yavait d’autres travaux comme la construc-tion d’éoliennes et la réalisation de garages,notamment - nous avons relevé ce challengeterrible. Heureusement, j’ai été aidé par unetrès bonne équipe, au sein de ma société.Elle m’a beaucoup aidé en établissant lescheck-lists de matériel, en mettant tout encaisse, en en numérotant minutieusementtout le contenu… Moi, je suis venu avec unforeur de la firme SMETS. Mais, il y avait des

volontaires dans l’équipe.Nous les avons formés surplace comme foreurs oucomme aides foreur. Et, leresponsable de toutel’équipe c’était AlainHubert, évidemment.

JI : – Précisément, com-ment était le dialogueentre Alain Hubert etvous ?EP : – Alain Hubert est

quelqu’un d’assez spécial comme nous tousd’ailleurs. A certains moments, il ressentaitbeaucoup de stress. Parfois, il déversait cetrop plein de pression sur moi. Ce qui créaitcertaines tensions. Mais, tout cela s’est vitedissipé et nous avons pu terminer la missioncorrectement, en bonne amitié.

JI : – Vous êtes parvenus au terme devotre mission, avec brio…EP : – Ma mission était donc de réalisertout ce qui était forages et ancrages sous leniveau des plaques d’appui de la station.Nous sommes parvenus, un jour avant la

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Station polaire

« Ensemble,Flamands et

Wallons, noussommes capablesde faire beaucouppour mener à bienun projet pour le

futur ».

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date fixée pour la fin des travaux, à terminertous les forages. Nous étions partis avecl’idée que nous réaliserions 40 forages ver-ticaux, afin d’éviter que la station ne s’en-vole sous l’effet du vent. En fait, nous avonsprocédé à 70 forages, en vertu de problè-mes de stabilité au niveau de la falaise.Notre mission a donc été accomplie et, fortheureusement, réussie. Ce qui a soulagétout le monde. Hélas, il n’y avait plus unegoutte de vin sur place pour fêter cetteréussite. Nous n’avons donc rien bu et nousétions contents comme ça.

JI : – Vous avez vécu une rude épreuve,en dehors du temps…

EP : – Pendant un mois et demi, on est sanscontact avec l’extérieur. On est en dehorsdu temps. Le temps ne compte plus. Il n’y aplus de samedi, plus de dimanche. On tra-vaille de 12 à 14 heures par jour, samedi etdimanche compris. Il n’y a plus de nuit puis-que, même à minuit, il fait parfaitement clair.En plus, on a le plaisir de travailler avec deséquipes wallonnes et flamandes - à l’époquede l’expédition, vous comprendrez que celaavait beaucoup d’importance -, pour unmême projet, dans un but commun. Ceséquipes n’ont pas eu le moindre problème.Vu de l’Antarctique, ce qu’on entendait desnouvelles et des difficultés communautaires,en Belgique, paraissait vraiment risible, ridi-cule. Nous n’avions pas la radio. Mais, grâceaux téléphones satellitaires, nous pouvionsrecevoir des E-mails. Donc, nous savionstout de même ce qu’il se passait en Europe.

JI : – Étiez-vous entouré d’autres confrè-res ingénieurs ?

EP : – Étant le seul ingénieur sur place ayantdes connaissances en mécanique desroches, je n’avais de collègue avec qui pou-voir discuter de solutions à envisager. Donc,le dialogue avec un confrère - ce qui estéminemment intéressant - manquait.Certes, Alain Hubert est ingénieur. Mais, ilest davantage devenu explorateur que spé-cialiste en fondation. On ne peut pas luidemander non plus d’être mécanicien desroches. Il a donc fallu que je me «repose»sur moi-même, que je m’appuie sur ma pro-pre science. Que je me fasse confiance. Ilfaut…

JI : – Vous n’avez jamais laissé tomberles bras ?

EP : – Quand un compresseur, qui est l’élé-ment principal de notre installation deforage, connaît une fuite qui l’empêche detourner, il est indispensable de le réparer,pour ne pas occasionner un grand retarddans la réalisation du chantier. Or, nousavons connu cette panne. Heureusement,nous sommes parvenus à résoudre le pro-

blème. Au pire, c’était toute la constructionqui était décalée d’un an.

JI : – Vous n’avez pas connu trop de tra-cas, trop d’angoisse ?

EP : – Il y a toujours des hauts et des bas,dans la vie comme dans les chantiers. Et,certainement, quand on est là-bas. Il y a desmoments plus durs mais on les surmonte.Dans l’ensemble, les souvenirs qui restentsont certainement très positifs.

JI : – Le fait d’avoir accompli cette mis-sion vous a-t-il… grandi ?

EP : – Cela m’a enrichi très fortement.D’une part, la réalisation technique du chan-tier était très intéressante, voire passion-nante. D’autre part, l’Antarctique est une îled’utopie, comme je l’appelle. C’est une îledifférente des autres du globe. En effet, c’estle seul endroit de la terre où un grand nom-bre de pays – pas moins de 35 ! – ont décidéqu’ils ne se battraient jamais, là. Où ils ontdécidé de collaborer dans le cadre d’un pro-gramme scientifique qui ne comporte aucundébouché militaire. C’est vraiment une uto-pie mais, cependant, une réalité. Plus j’évo-lue, plus je me dis qu’il s’agit d’un endroitd’où on peut regarder le monde extérieur,celui qui nous entoure sous nos latitudeshabituelles, avec beaucoup de recul.Regarder, observer ce qui se passe dans nosdémocraties actuelles. Et il y a, là, beaucoupde matière à réflexion.

JI : – Vous êtes conseiller industriel duProfesseur Verbrugge, à l’ULB (en 4e et5e années).Vous leur avez parlé decette mission exceptionnelle ?

EP : – Oui, bien sûr. Ils sont évidemmenttrès heureux de voir de telles réalisations etde prendre connaissance des problèmesque l’on peut être amené à devoir résoudre,en tant qu’ingénieur, pour des chantiersdivers.

JI : – Pensez-vous, aujourd’hui, que vouscontribuez à la sauvegarde de la pla-nète ?

EP : – Oui, certainement. On va là pourconstruire quelque chose qui n’a pas pourbut de détruire les hommes mais, aucontraire, de regarder l’univers et de pou-voir mieux les protéger, dans le futur. C’estcapital. Revenir pour la Belgique et que laBelgique soit présente, là-bas, est tout à faitfondamental. Il y a là un point d’appui avecune station qui est la première zéro pollutiondans l’Antarctique. Donc, nous allons à lapointe du progrès. Certains collègues dirontque je ne construirai pas deux stations, aucours de mon existence. Mais, ce n’est pascela l’important.

Propos recueillis par Pascal-P. Delizée

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Station polaire

Ir. Philippe Samyn[1] M. Philippe Samyn esttitulaire de nombreuxdiplômes :

- Ingénieur civil desConstructions (ULB1971),

- Master of Science inCivil Engineering (MIT1973),

- Ingénieur civil urbaniste(ULB 1973),

- Architecte (ENSAAV –La Cambre 1985),

- Post-gradué en gestion(ULB 1985),

- Docteur en SciencesAppliquées (ULg 1999).

Associé fondateur etgérant du bureau SAMYNand PARTNERS, il est encharge de la conception deprojets. Ses nombreuxdéplacements dans lemonde entier pour donnerdes cours et des conféren-ces, ou participer à descommissions, lui ont forgéune démarche philosophi-que basée sur le question-nement.

Dans cette optique, laStation polaire PrincesseElisabeth lui a donné l’oc-casion d’exercer pleine-ment son art et sa maîtrisetechnique.

Chargé de cours dans plu-sieurs universités, il estmembre de l’AcadémieRoyale des Sciences.

Prof. Jeroen van Beeck[2] M. Jeroen van Beeck est professeur àl’Institut von Karman, depuis 1997. Il estdocteur en Physique appliquée, diplôméde l’Eindhoven University of Technology. Iltravaille dans la technologie du vent etdes écoulements diphasiques (bulles,gouttes, neiges, aérosols ou sable). Il aétudié les effets de la force du vent etle risque d’enneigement pour la nou-velle station polaire belge ainsi quepour d’autres projets, par simulationsnumériques et, à titre expérimental,dans la plus grande soufflerie de Belgi-que, la soufflerie L1 de l’Institut vonKarman. Le microclimat et la pollutiondans le milieu urbain sont étudiés de lamême façon.

Ir. Étienne Pohl[4] Ir. Étienne Pohl a choisi Rhode-Saint-Genèse comme lieu agréable de rési-dence. Il est Ingénieur civil desConstructions, diplômé de l’UniversitéLibre de Bruxelles (ULB), en 1969. Enoutre, ce brillant ingénieur a obtenuson certificat d’informatique, à l’ULB,en 1972. Et de 1974 à 1976, il a suiviune formation d’ingénieur civil techni-cien, toujours à l’ULB.

De 1969 à 1987, Ir. Pohl a œuvré pourle Groupe C.F.E. (importante entre-prise de construction), successivementen qualité d’ingénieur, de chef de projetet de chef de service. Depuis 1987, ilest au service du Groupe Smet Boring,dont il fut, à l’origine, ingénieur chef deprojet. Étienne Pohl est actuellementdirecteur régional de cette entreprisebasée à Bruxelles.

En marge de cette activité principale,M. Pohl est, à la fois, collaborateurindustriel de l’ULB, collaborateur scien-tifique de la Faculté universitaire deGembloux et collaborateur de l’Uni-versité de Liège dans le cadre d’un DESInternational en Environnement.

Parmi les principaux projets qu’il a réa-lisés, Ir. Étienne Pohl a mis au point uneméthode de creusement et des calculsde stabilisation pour des entrées d’untunnel autoroutier à Liège. Il a réalisél’appontement du terminal gazier deZeebrugge. Sur le site de Zeebrugge, ila également réalisé la digue ouest. Ila travaillé dans le cadre de l’édificationdu métro de Singapour. Il a réalisédes travaux d’alimentation, d’ancrage etde forage pour la Communauté euro-péenne.Toujours à Bruxelles, il a effec-tué les travaux de fondation et d’ali-mentation du théâtre KVS. Étienne Pohlparticipe aux chantiers du RER àBruxelles ainsi qu’à Ottignies. Il a prispart, avec brio, à l’édification de la sta-tion polaire Princesse Élisabeth.

Ing. Jean-Philippe Veriter[3] M. Jean-Philippe Veriter est Ingénieurindustriel en Construction, sorti del’ECAM, en 1998. Ingénieur spécialiséen Sécurité Incendie au Bureau deContrôle SECO, il a suivi le cours supé-rieur de prévention incendie à l’ANPIet obtenu le certificat CFPA Europe.Outre ses missions de contrôle dela conception et de l’exécution desconstructions, du point de vue de lasécurité incendie, il est membre dugroupe de travail désenfumage au NBN,administrateur à l’ANPI et chargé decours chez Afirst et à l’IVPV.

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