Spéléologie :"cette fois on y est !"

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Spelunca, revue de la Fédération française de spéléologie n°120 - 2010. Spéléologie - prévention. A partir de témoignages sur un accident réel, conduite à tenir et moyens de lutte contre le froid en cas de blocage sous terre

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« Cette fois on y est ! » - Spelunca 120 - 2010 1

Six mois après,Franck Maciejakrépondà quelquesquestions– « Franck, comment avez-vousréagi en constatant que lepassage était inondé ? »Incrédulité d’abord, car pour nousil était évident que ce boyau étaitfossile. On s’est trempés plusieursfois pour vérifier, mais il n’y avaitplus qu’à se résigner : on étaitbloqués. Le hasard a fait qu’audébut il fut possible grâce à unefissure de communiquer par la voixavec ceux qui étaient de l’autrecôté, du bon côté… Nous savionsdonc qu’ils allaient faire quelquechose sans tarder, ce qui estrassurant. Il ne restait plus qu’àattendre…

– « Et à partir de là commentavez-vous géré la situation ? »Déjà, on savait que derrière nous ily avait des cheminées, et qu’ilétait possible de grimper plusieursmètres au-dessus du siphon, doncpas de crainte de noyade si l’eaudevait monter davantage.Ce qu’elle ne s’est pas privée defaire d’ailleurs.On a fait le point sur ce qu’on avaitavec nous : trois couvertures desurvie, dix mètres de ficelle, un kilode carbure, deux bouteilles d’eau,un sandwich pour trois, une pelle etun « perfo ». Voilà, c’est tout.Puis il a fallu installer le fameux« point chaud »… Et là on étaitmal : rien de sec, rien de plat,juste une pente argileuse à45 degrés. On a creusé un peudes banquettes dans le talus avec

la pelle (plus utile que le« perfo » ici !). On a tendu laficelle, et fait une « tente »avec les trois couvertures desurvie ; enfin ça ressemblaitplus à une sorte de bulle…

– « Comment décrirais-tules conditions d’attente ? »On était vraiment à l’étroitlà-dedans ! Impossible des’allonger. Impossible de dormirplus de quelques minutes.Trois jours la tête entre les genoux,c’est douloureux et interminable.Et si une tête se levait poursoulager la nuque la bulle sedéchirait, et adieu la pourtantmodeste sensation de chaleur.Et surtout : le froid. Il fait cinqdegrés dans le gouffre ; je pensequ’à l’intérieur de « l’abri » latempérature est montée à dix. Avecnotre kilo de carbure, on a réussi àgarder une petite flamme pendantles trois jours, et de temps entemps on mettait la pression pourprofiter d’une bouffée de chaleur…En fait, on s’est emm… à claquerdes dents, recroquevillés, enregardant la montre tous les quartsd’heure…

– « Et vous avez fini par sortir devous-mêmes… »Oui. Et il était temps car on arrivaitvraiment au bout de notre pauvreréserve de carbure et notresituation allait devenir intenable.Alors, quand le siphon est apparu« presque » désamorcé, on n’a pashésité très longtemps. C’étaitglacial, mais on s’est immergéstotalement ; derrière le siphon, il a

encore fallu nager plusieursdizaines de mètres. On a viterencontré l’équipe de sauveteurs,et le bivouac de –500 m étaitalors un vrai « point chaud », avectout le réconfort qui va avec…

– « Et pour conclure ? »LE souvenir, c’est la « caillante » !Surtout les pieds. On a gardébottes et chaussons néoprène,toujours mouillés. Car pour étendreles jambes, il fallaitobligatoirement sortir les pieds dela bulle du fait de l’exiguïté del’abri. Nous avons eu les piedsankylosés (douleurs, perte desensibilité, peau qui pèle…)pendant plusieurs semaines.Franchement, je ne souhaite àpersonne de vivre cetteexpérience. Mais au cas où, il fautanticiper : trois couvertures desurvie pour trois personnes, etun kilo de carbure… C’estfranchement insuffisant !

Puis, Damien Butaeyenous livre sontémoignage« Cette fois on y est ! ». Je ne saisplus lequel de nous trois aprononcé cette phrase, mais elle

résonne toujours dans mon oreille.C’était quelques secondes après ladécouverte du « verrou liquide »(selon l’expression des médias,nous on disait juste « p… desiphon ») qui nous bloquait aufond du Romy en cette veille deNoël. Ça voulait dire qu’on y étaitpour un moment.Personne n’était blessé, mais sinous ne doutions pas vraimentque nous en sortirions, noussavions que les prochaines heuresseraient rudes. Le boyau boueuxdans lequel nous étions bloquésfait à peu près 2 m de diamètre,penche à 45°, et il y fait froid lesamis ! Il fallait donc s’économiser.Nous avions alors trois grandsennemis : nous-mêmes, la faim, etle froid.● Nous-mêmes parce que nousdevions d’abord nous économiserphysiquement etpsychologiquement et donc avanttout ne pas paniquer. Nous étionssûrs (au moins au début) que leSSF allait être alerté, et ça inspireconfiance ! Nous avons doncmonté le point chaud, rationné lepeu de vivres que nous avions, ettout en se relayant pour contrôlertoutes les heures l’évolution des

« Cette fois on y est ! »Rémy LIMAGNE

Fin décembre 2009… Dans les Pyrénées-Atlantiques, trois spéléologues grillent la vedetteau Père Noël en restant bloqués par une crueau gouffre Romy pendant trois jours à –700 m.Témoignages, réflexions, et conseils…

Festivités de Noël pour les trois spéléologues du gouffre Romy. Cliché Damien Butaeye.

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De ces témoignages il ressort un certain nombre d’idéesfortes. Tout d’abord, rester bloqué sous terre ne génère pasune franche rigolade, cela tout le monde peut s’en douter.Mais surtout, outre l’inconfort, la faim, l’ennui… c’est à l’évi-dence le froid qui constitue l’élément le plus cruel.

« Point chaud » ou « point moinsfroid » ?

Pour réfléchir sur du concret, nous avons procédé à unepetite expérimentation sans prétention scientifique avec lematériel et les conditions suivantes.● Deux personnes, vêtements non mouillés ont passé

quelques heures dans une « tente » des plus classiquesavec trois couvertures de survie : hauteur 1 m, largeur0,8 m, longueur moins de 2 m. Soit un volume d’air approxi-matif de 1 m3, compte tenu du volume corporel des deuxcampeurs !

● Température de la grotte : 10 degrés, humidité 65 %.● La flamme acétylène était bien blanche, issue d’un bec

neuf de 14 litres.● Les bougies… modèle « de base » à quelques centimes

d’euros !● Enregistrement des gaz (CO2 et O2), de la température,

et de l’hygrométrie par un détecteur multi-gaz (MX6 d’In-dustrial Scientific) prêté par le SSF 39.

Attention à ne pas généraliser ces chiffres. Les condi-tions peuvent être très variables : entrées d’air dans la tente,type de bougies, état du bec acétylène… Mais cette expé-rience permet de formuler les observations suivantes :- tout d’abord il apparaît, et c’est bien normal, qu’avec unesource de chaleur, l’hygrométrie à l’intérieur de la tentes’élève sensiblement, et la condensation apparaît rapide-ment sur les couvertures de survie, ce qui n’est pas trèsagréable ;

- les mesures de gaz ne sont pas indiquées dans le tableau :la teneur en oxygène baisse de quelques dixièmes, laconcentration en gaz carbonique augmente de quelquesdixièmes, mais restent très loin des seuils alarmants.Pas d’inquiétude donc de ce côté-là, sauf à relever le défide bâtir un abri absolument étanche !

- ce qui apparaît très clairement, c’est que la chaleur monte !Quelqu’un l’ignorait ? Quel que soit le moyen de chauffageutilisé, la température n’augmente que de 2-3 degrés auniveau du sol. Au niveau de la tête, elle devient acceptableau bout de deux heures avec une bougie, confortable avecdeux… et étouffante avec l’acéto !

- il est tout aussi évident que compter sur la seule chaleurcorporelle pour bénéficier d’une atmosphère douillette dansl’abri procède d’une certaine insouciance qu’on pourraitêtre amené à regretter fraîchement…

niveaux d’eau, nous avonséconomisé les mouvements.Ce qui n’empêchait pasd’échafauder tous les scénariospossibles de sortie…● La faim ? Oui… joker ! On nepeut pas tout prévoir. Nousavions sur nous un reste depique-nique et quelques barresénergétiques que nous avonsrationnés, et la conviction qu’unêtre normalement constitué peuttenir longtemps avec pasgrand-chose. Ils disent ça dansles livres ; et en fait c’est vrai.Bien sûr, j’ai le souvenir d’avoireu faim, mais cela fut beaucoupmoins pénible que le froid etl’immobilité. En rationnant etconservant un rythme normalde (maigres) repas, nous avonspu tenir sans presque souffriret même garder une petite rationà prendre deux heures avant dese mettre à l’eau.● Le froid bien sûr : 5 °C,humidité et boue partout,courant d’air glacial, impossibilitéde bouger. Nous nous étionsauparavant assez gelés pendantl’équipement des cheminées decette partie du réseau pourdeviner que nous allions souffrir.Mais nous avions sous la maintout pour construire un pointchaud, avec même le « perfo »pour les spits. Et si nous avonseu un vrai coup de chance, c’estde ne pas avoir laissé le carburedans la salle de –620 m aprèsavoir déchaulé. Partant pour uneexploration de quelques heures,il avait sérieusement été question

de s’alléger de ce poids… Nousavions tous des couvertures desurvie grande taille. Eh bien sij’ai un conseil à donner, neprenez pas plus petit : j’ai lesouvenir précis que pendantsoixante-dix heures, le moindremouvement faisait un trou dansnotre abri, malgré lesmousquetons pour solidariserles couvertures entre elles.Et avec un trou dedans, nousavons vérifié qu’un point chaudl’est beaucoup moins… chaud !

Voilà, sinon nous avons eu letemps de gamberger, bien sûr,d’échafauder tout un tas dethéories pour calculer le tempsque les secours prendraient pourvenir, puis pourquoi ils nevenaient pas. En fait ils étaientlà, mais l’eau en montantavait bouché la fissure quinous avait permis decommuniquer avec l’autreéquipe. On se disait aussi quec’était l’histoire parfaite pour unfeuilleton médiatique de Noël.Et ça n’était pas le moindre denos soucis : faire encore unefois parler de la spéléologieau travers des secours.Ça aussi c’était dansle « Cette fois on y est ».Nous nous sommes bien un peuaccrochés à l’idée que Johnny,pas très en forme à l’époque,aurait le bon goût d’aller demoins en moins bien etd’occuper un peu les médias,mais non : il pète le feu,l’animal !

La « Bulle », salle des fêtes pour trois personnes. Cliché Damien Butaeye.

Source de chaleur Température à 10 cm

Température à 60 cm Humidité

H + 1 H + 2 H + 1 H + 2 H + 1

Sans rien 10° 10,5° 12° 12° 72 %

1 bougie 11,5° 12° 14° 16° 80 %

2 bougies 11,5° 12° 17° 20° 84 %

Flamme acétylène 12° 13° 21° 26° 79 %

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Attention au retardà l’allumage !

Avoir prévu et fait le choix d’unmoyen de chauffage, c’est bien.

Encore faut-il disposer d’un outilfiable pour l’allumer.

C’est évident mais on peut toujoursle rappeler : l’eau est l’ennemie du feu.

Et dans le contexte d’un blocagepar une crue, tout risque bien d’êtretrempé! Spéléologue, vêtements, maté-riel… Voire englué d’argile, comme lelaisse imaginer la photographie ci-dessus. Bref, la situation peut êtreproche du chaos, et en tout cas loin desconditions idéales et conviviales qu’onrecherche en exercice.

Alors, on a intérêt à avoir anticipéla question, tant pour ce qui est de l’ou-til que de son conditionnement. Imagi-nez-vous débutant une attente quipourrait s’avérer fort longue, entourésde plein de bougies, et sans rien pourles allumer…● Pour une équipe munie d’un ou

plusieurs éclairages à acétylène : pasde souci. L’allumage piézo-électriquefonctionnera même après avoir étécomplètement immergé. Pour lesautres…

● Le briquet à molette : mieux vautoublier. Le pouce à peine humide etdéjà, point d’étincelle. On peuttoujours envisager de le faire sécherà l’intérieur de la sous-combinaison,si elle n’est pas complètement trem-pée, et si on est patient.

● La boîte d’allumettes : pourquoi passi elle est au dépar t emballée defaçon parfaitement étanche. Dans lecas contraire, dès que le grattoir esthumide, c’est fichu. Attention aussiau nombre d’allumettes disponibles !

● Le briquet électronique: là c’est beau-coup mieux. Même après avoir étéimmergé, il fonctionne au bout dequelques minutes. S’il n’est pas videde gaz bien entendu…

● Plus sophistiqué mais à envisager : lesallumettes-tempête qui s’enflammentmême mouillées, briquets-tempête, etautres systèmes d’allumage dits« tout temps », à voir sur les sitesinternet spécialisés « outdoor »…

Suggestion : la panopliedu petit campeur souterrain involontaire…

Exemple d’un lot de matériel suscep-tible de permettre à trois spéléologuesde patienter trois jours dans des condi-tions qu’on qualifiera de… convenables !L’ensemble tient dans un bidon étanchede 3 litres (« étanche » = avec un joint !).● Trois couvertures de survie épaisse

(en plus de chaque couverture quechaque spéléologue porte sur lui !).Franck est formel : il vous faut lesmoyens d’avoir de l’espace.

● Un rouleau de ficelle pour faire unevraie tente plutôt qu’une bulle. Soyezgénéreux : ça ne pèse rien du tout.Vingt mètres ou plus même…

● Une dizaine de clous qui permettrontd’amarrer la ficelle, s’il n’y a que desfissures à disposition. À défaut demar teau, on peut espérer trouverquelques pierres dans les environs.

● Une poignée de trombones et/oupinces à linge pour fixer les couver-tures sur la ficelle, pincer les trousdans les survies, fixer les bougies…

● Des sachets de chaufferettes : chauffemains, chauffe-pieds… susceptiblesd’ailleurs de chauffer aussi d’autres

par ties du corps, pendant 6 à10 heures. Poids et encombrementinsignifiants.

● Des tablettes de purification d’eau…pour ceux qui se sauraient les intes-tins fragiles. Utilisables dans quelrécipient ? Le bidon bien sûr ! Il fautattendre deux heures et avoir del’eau… Mais dans le présent scéna-rio, on ne manque ni d’eau, ni detemps !

● Les por teurs de lunettes compren-dront l’intérêt de disposer d’une piècede tissu sèche quand on ne voit plusrien à travers les vitres et que tout esttrempé autour de soi.

● Enfin, les fumeurs qui sont toujoursdes gens très prévoyants (!) trouve-ront à coup sûr encore un peu deplace dans le bidon pour…

Attention ! Rien ne se mange danscette liste… N’oubliez pas pour autantcet aspect du problème.

Ensuite, pour la température de lachambre, il faut désormais choisir :bougies ou carbure (photo ci-dessus).● La bougie la plus ordinaire (cylindrique,

15 cm de haut, 15 mm de diamètre)se consume en cinq six heures, maisfait une belle flamme de deux centi-mètres environ. Si l’on opte pour uneélévation de température d’au moins8-10 degrés (rappel : au niveau de latête !), il en faut deux… soit une tren-taine pour tenir les trois jours conve-nus. C’est un peu plus d’un kilo deparaffine, mais aussi un volume assezconséquent.

● Un mot quand même à l’attention deceux qui se promènent avec desbougies chauffe-plat… Au bout d’uneheure, la coupelle est remplie deliquide : vous avez intérêt à trouver un

La chaleur :combien,comment,pour combiende temps.NB : la pinceà linge estinusable,contrairementà la bougie.Cliché RémyLimagne.

Reliefs de réveillon à–700, Noël 2009. ClichéDamien Butaeye.

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support absolument horizontal, et ne pasla bousculer ; et la flamme devient sipetite qu’on peut laisser la main dix centi-mètres au dessus sans crier…

● Pour le carbure, avec un bec neuf de 14litres, deux kilos permettent de bénéficierd’une belle flamme durant trois jours (150grammes environ pour 5 heures), etsur tout la taille de cette flamme estréglable contrairement à celle de labougie. Mais il faut bien sûr un générateurà acétylène. Et les lampes conçues pourla progression sont volumineuses, du faitde la recherche d’une certaine autonomiedes réservoirs d’eau et de carbure. Lesfouineurs trouveront peut-être des lampesde vélo ou de champignonnière du siècledernier, sensiblement plus petites ; lesbricoleurs sauront-ils fabriquer cela dansde la tuyauterie en pvc ou autre matériau?Comme les poilus y parvenaient avec desdouilles d’obus !

● La qualité du bec est primordiale : plus ledébit est faible, plus la flamme estblanche (donc chaude), et l’autonomieaugmente. Et ce n’est pas facile à trou-ver ! Tout les utilisateurs ont remarquéque les actuels becs acétylène en céra-mique d’alumine, qu’on trouve à un prixqui se passe de commentaire, se trans-forment en cheminée d’usine au premierdébouchage. L’idéal pourrait être deréserver à cet usage un ancien bec enlaiton-céramique de 10 ou 14 litres àl’état neuf… Cherchez bien !

● On prendra en compte également le faitque le corps de la lampe dégage aussi dela chaleur que le corps du spéléologuesaura apprécier…

Et bien sûr, en dehors du bidon, onaura à disposition tout ce qui fait par tiede l’équipement personnel. Les spéléo-logues habitués aux cavités froides consi-dèrent comme indispensables la cagouleet les gants en laine ou polaire. D’autres« naufragés » de l’hiver précédentconseillent de glisser dans chaque kit unebande de « karrimat », qui en progressionaméliore la flottaison et le confort du dos,et qui peut se révéler d’une grande douceursi l’on doit attendre des heures en positionassise !

La pluspetite lampe

à carbure ?Comme unboîtier de

piles, montéeà l’arrière du

casque(non EPI…).

ClichéRomainTurgné.

Une fois admis que « cette fois ony est », on va songer à s’installer…

Selon le manuel, il faut trouver unemplacement « plat / horizontal / sec /à l’abri des courants d’air / et non inon-dable » Si ces cinq critères sont réunis,alors là bingo! C’est finalement votre jourde chance. Mais de façon plus pragma-tique, il faudra dénicher l’emplacementle moins hostile du coin…

On a le temps de peaufiner l’instal-lation du « point chaud » : l’habitacle doitêtre le plus spacieux possible.

Il faudra tenter de le garder le pluspropre possible : la place des bottes,du harnais, de la quincaillerie… c’estdehors ! Et allumer le chauffage… Ouf,le bidon de trois litres est bien là !

Tout ce qui fait une flamme doit êtrejudicieusement disposé : une flamme debougie fait un trou dans la survie à vingtcentimètres, une flamme d’acéto àcinquante si elle s’emballe ! Aussi biencalé que possible également, car durantdes heures, les gestes maladroits nemanqueront pas.

Se sécher est une priorité despremières heures. À l’intérieur de l’abri,retirer la combinaison, et surtout chaus-settes et chaussons néoprène ! Relisezles témoignages ci-dessus…

On sera bien sûr, et très justementamené à sortir régulièrement de l’abri,pour satisfaire quelque besoin physiolo-gique, mais pas seulement.● Il faudra surveiller l’évolution du niveau

d’eau : envisager un déménagements’il monte, ou une sor tie rapide s’ilbaisse (et si on s’en sent capable,attention ce choix doit être mûrementréfléchi).

● On pourra ou tenter de gratter ou esca-lader ici ou là (mais avec prudenceévidemment), c’est le moment de fairede la première si elle permet de shun-ter le « p… de siphon ».

● S’il y a du courant dans le siphon, dansle bon sens, peut-être les sauveteurstenteront-ils de vous faire parvenirquelque chose : faire un « barragefiltrant » à l’endroit opportun (avec descailloux et des cordes) pourrapermettre de ne pas laisser passerd’éventuels objets flottant entre deuxeaux…

● Penser qu’une sortie à deux pendantdeux heures peut permettre au troi-sième de s’allonger et de trouver unpeu de sommeil… les pieds surélevéssi possible pour procurer ainsi un peu

plus de chaleur à ces extrémités sisensibles !

Reste la question du moral à entre-tenir. Et là, comme l’écrit Damien :confiance. Le SSF – si tant est qu’il estprévenu – n’a jamais abandonné larecherche de spéléologues bloqués !

Certes le contact peut prendre dutemps, beaucoup par fois. Mais on n’oubliera pas le conseil formulé parStéphane Jaillet dans « La crue sousterre » : le moindre doute quant à laqualité de l’équipement, aux possibilitésd’évolution de la crue ou de ses proprescapacités conduira plutôt l’équipe àl’abstinence et à l’attente (*).

N’oublions pas cependant qu’ilest de loin préférable de faire en sorteque l’improbable ne se réalise pas…

(*) JAILLET Stéphane, 1999 : « La crue sousterre », les cahiers de l’EFS n° 10 (page 72).

Merci pour leur contribution àDamien Butaeye, Franck Maciéjak,Didier Pasian, Laurent Mangel,Sophie Hohler.

Les titres auxquels vous avez échappé :« Ça chauffe au Romy »« Noël au siphon, Pâques en chaussons »« Neige qui fond fait beau siphon »« Bouchon dans le boyau, Noël à l’acéto »

Et si l’improbable se produit…

Et pour ne pas compter les heures qui passent,prévoyez une lecture saine et pleine d’humour.Cliché Rémy Limagne.