SPÉCULATEURS VENTES ET ACHATS...

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to Aneaw. CANNES j A VENDRE, cause dé- part, Petite propriété clô- turée, située à 5 kilom. de Cannes, composée d'une Maison d'habitation meu- blée ou non avec remise hangar et basse-cour, 5000 mètres environ de terrain en plein rapport com- planté en arbres fruitiers, orangers, vignes et oli- viers. Eau à volonté. Tram. Prix très avantageux. S'adresser chez Mme Barale, épicière, 17, rue de Cronstadt. 9309 i « AVIS Suivant acte s. 3. p. du 18 courant, M. Nicolas VIANELLI a vendu son fonds de Fleuriste qu'il exploitait à Cannes, Bd. de Strasbourg. Les oppositions devront être faites dans les dix jours de la seconde inser- tion chez M. Consolât, 61 rue d'Antibes. 9427 VENTES ET ACHATS t < IN VIASEK OU COMPTANT f 0 2 V11LA8 - MAISONS DS EAPPOST BT PBOPSIâîSS DS TOUTE VALEUB *»== I* VENDRE « 8CS«0EUX LOTI DI TIIMAM •• <«> (t OTlnM finiHMj de Filament CaMlon de Pond, dfl CwnBMPOl t l : 1 : : «t Gtavu» d'Ima«ohl«t : : t : t I ilwianrd CITMI i M. QR AN l i f t : CANNK3 : 1, ECLAIRAGE f * ELECTRIQUE t i. FORCE MOTRICE Téléphone 3.47 Utt Perdu la semaine dernière une fourrure renard brune entre le Grand Hôtel et le Casino Municipal. La rapporter chez le concierge du Grand Hôtel contre récompense. 9425 On demande unebonne d'enfant de 16 à 18 ans. S'adresser à Mme Moser, à La Napoule. 9418 l'achète an comptant vieux plombs, zincs, coi- TTM, ferrailles, pneu d'au- td et chambra à ail. E. COMETTE 7, me Lonii NoaTeaa. 9354 Porte-Plume-Réservoir ONOTO a des plumes en or de toutes les grosseurs de pointes pour tous les genres d'écriture. L'ONOTO ne fuit jamais, se porte dans toutes les positions et se remplit automatiquement sans compte-gouttes en 3 secondes. - AGEIiCE EN CAR AUTOMOBILE VENTES - LOCATIONS de Villas-Appartements 10, Eue Bossu (angle Boulevard de la Croisette) - Tél. 6.31 Agence de la Terrains - Propriétés, etc. F. ÂNDRAU & C » c>« GÉNÉRAIE TRANSAILAKII9OB RENTIERS CAPITALISTES SPÉCULATEURS Pour être Vite et Bien Renseignés Abonnez-vous à_ IACOTE Grand Journal Financier Quotidien LE MEILLEUR MARCHÉ TOUS LES JOURS 12 PAEES LE PLUS FORT TIRAGE Ma G &GUM ^0 OlttJJMGm donnant en entier les Bourses PARIS * LYON MARSEILLE * LILLE BRUXELLES * LONDRES * NEW-YORK •t toutes las Nouvelles politiques et financières. Littes de Tirages, Coupons, Dividendes, Convocations, Appels de Fonds, Constitutions, Introductions, liquidations, Faillites, etc., etc. Service gratuit pendant le Semaine ABONNEMENTS TROIS MOIS SIX MOIS UN AN Seine et Seine-et-Ois« 4 » 7 » 12 » France et Colonies... 5 » 9 » 15 » Etranger 15 » 25 » 45» Ou. •'•bonne «ant frais dsni tous las Burssuz d* Poste ità PARIS, 15, Plaoe de la Bourse. USINE A GAZ DE CANNES PQQE DE LA PEYRIÈRE - TELEPHONE 1.22 - RIS: I Coke tout venant Lei 100 k. 4fr.5O Cokegrot.caisé et criblé. - - 4fr.7O Coke petit, caué et criblé. - - 4(r.8O PRIS A L'USINE COKE; Coke tout venant Les 100 k. Sfr. » Coke gros, cassé et criblé. — d° — 5fr. 20 Coke petit, cassé et criblé. — d° — 5fr. 30 UVRE ADOMICILE, dont U pérmbrt de tOdni Lei prix d-deuu Mnt tppUnblei k ptttii di g Décembre 1913, et jusqu'à nouvel avis MUILLETON DU LIHTPRAL 29 Le Lys Noir du Périgord ROHAM RÛQIOMAL NOOVBAU P u Clément ROCHBL PARTIS IDYLLE BLANCHE II y a là de tout ; du Carabin à la Dufayel ; des meubles et des tableaux meublants ; des instruments à peler les poè- mes de terre et les carottes, des manivelles à battre la mayonnaise et les omelettes... des toiles signées Carolus-Duran ! Hé I dit Peycheiras, entre une 5 toile de Carolus-Duran et une bonne omelette, mon choix est fait !... Onrit,à la boutade du sculpteur. Et le jeune peintre continua : A ce salon duMobilier, il y a une jolie collection... Les palettes de nos maîtres I Celle de Vollon porte une aiguière d'or ; celle de Leboug, un bateau-mouge... José Frappa a collé sur la sienne un superbe cardinal à barrette rouge ; Chaplin un dos riant de fem- me nue; d'autres, Jules Lefebvre, une bai- gneuse ; Détaille, uncuirassier I... Je les ai vues,fitPeycheiras. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que les maîtres se sont contentés de les marquer de leurs coulears : Ingres a, sur sa palette carrée, des tons ali- gnés militairement et sans mélange, comme Delacroix !... Et les magiciens de la lumière, hein, maître ? ajouta Gilbert, toujours en verve, leur gamme n'a pas beaucoup de tons ; Corot n'use que des blancs, des gris, des saumons, des rosés ; Diaz, des blancs, des noirs, des verts ; Puvis de Chavannes, des blancs, des rosés et des violets ; Jules Dupré, Théodore Rousseau, des bruns et des blancs, fondus, brumeux ou translucides !... C'est admirable! Ce qui prouve, mes enfants, interrom- pit Peycheiras, que les artistes simples et forts tirent des moyens restreints de grandes oeuvres !... C'est tout le secret de l'Art, que chacun de nous porte en son âme !... Et voilà !... Voilà, I Cen'était pas plus difficile que cela l'Art! Peycheiras partit d'un grand éclat de rire : Pourtant, fit-il, il y a la manière : Da- lou et Rodin ont la leur... j'ai la mi nne I tous les artistes ont leur manière. Cathille était accaparée par un groupe de femmes et de jeunes gens ; Maxime Chante- loube ne la quittait pas du regard, gêné, in- timidé cependant au point de n'oser prendre part à la conversation. Clamarault s'appro- cha de lui : Voyons, noble guerrier, dit-il, vous avez l'air tout maussade... A quel éclat, à quelle grande victoire songez-vous donc ? ^ Je songe qu'il est tard, dit le jeune hom- me, et qu'il est temps de me retirer !... !•-^ II s'inclina froidement, se dirigeant vers son père, qu'il ammena. .^ Va, mon bonhomme, murmura Cla- marault. Je lis au fond de ta pensée... de ton coeur ! Labelle Cathi te tient bien !... Mais, pour flirter avec ce papillon-là, il y a trop de monde, trop de bruit. L'amour, l'amour sin- cère, le grand amour quoi ! ajouta-t-il iro- niquement, a besoin de mystère. C'est un duo qui a son cadre : la nuit, le silence des bois, le calme de la campagne I... ou de Paris! Et il conclut : Il y a la manière !... comme pour tous les arts, la peinture ou la scupture 1... Les tendres ,les-timides, les militaires ont leur manière ; les audacieux, lesrisque-toutet les conquérants de Paris ont la leur aussi !... En attendant, je vais me retirer également... j'ai envie de rêver et de méditer quelle sera la meilleure pour moi !... Car je l'aime moi aussi, Cathi ! sans qu'elle s'en doute !... Des éclats de voix, des rires partaient du fond, où la terrible poétesse continuait à prô- ner les vers de Mme de la Roche-Guyon. Mais notre belle duchesse Mathieu du Barrh, fit-il en setournant vers Samuel Krûtz ce n'est plus une poétesse, c'est une furie, un orgue de « Barrh...barie Tu parles : répliqua le viveur. C'est un «Barrh...de» et même une « Barrh. ..be» na- tionale ! comme dirait Willy, le père sympa- thique de notre «Claudine» des salons!... Elle le « matadera », ce pauvre Mathadorèsl... Il faut le tirer de là... et partir, si on peut, hein ? Et tandis que Samuel allait chercher le reporter, Clamarault, après avoir serré la main de Peycheiras, vint porter ses homma- ges à la Cathi, et lui dit, en lui baisant le bout des doigts à voix basse : Quoi qu'il arrive jamais, belle dame l... quelle que soit la suite de votre liaison heu- reuse, le lendemain des belles soirées vous trônez en reine, n'oubliez pas que vous avez en moi un ami sûr, un ami tout dévoué et fort qui tiendra toujours Paris à vos pieds !... Sans trop comprendre le sens de ses paro- les, un peu étonnée — et émue cependant par leur imprévu, la Cathille fixa Clamarault, cherchant à deviner. Il paraissait grave, et ses yeux brillaient d'un éclat singulier. Il ne broncha pas, subît le contact de ce regard qui fouillait sa pensée ; il s'inclina profondément, sans rien ajouter, et se diri- gea, sans rien ajouter vers le hall Courtalis parlait toujours affaires à Gaston de Force- ville et à Valpinson, tandis que Krûtz et Mathadorès prenaient congé. Et, comme ils sortaient tous trois, Mme du Barrh rejoignait le sculpteur et lui disait : Un léger corps de plus peut-il compter sous (terre ? Mourir ?... c'est impossible !... Mais déjà Peycheiras l'arrêtait en riant : Ah I non, duchesse, pas de vers !... J'ai lu, le livre de votre amie !... A l'atelier, mes élèves lui ont même planté des chevilles pour faire tenir les vers de onze pieds !... Et c'est ainsi qu'ils chantent, car ils les ont mis en musique : ' Un silence enchanté Qui rend u l'eau» «l'eau» muette et la feuille (immobile ! Ou bien : L'homme « qui qui » guéris, viens me guérir (encore I Et le sculpteur, qui chargeait, mimait la scène, avec la voix et l'ahurissement^de Polin, eut un succès énorme. On riait avec lui, tout le monde s'esclafiait. Mathadorès et le petit Sam étaient reve- nus sur leurs pas pour jouir de l'esclaffement général ; Clamarault dut les ramener; et, se tournant vers le reporter ; il lui dit ce quàf' train qu'il venait de composer sur Mmejiu Barrh : O duchesse du Barrh ! ô fatale duchesse. Superbe, divine, terrible poétesse I Que c'est beau! que c'est beau ! que c'est beau l (que c'est beau ! D'entendre Blasillou flûter dans ton pipeau I... Bravo I firent les jeunes gens. C'est ma revanche ! dit le journaliste. Je vais publier ça ! Tu peux 1 dit Clamarault. Et, comme ils sortaient, en passant près de la Cathille, il lui répéta, mais si bas, qu'elle 'entendit à peine : — Sou venez-vous !... Puis, dès qu'Us se trouvèrent dehors, U s'écria : Bah ! il n'y a qu'à Paris qu'on s'amu- se !... Peycheiras le sait bien, etritde tout, même des ridicules de nos femmes de let- tres !•.. Quel dommage, ajouta-t-il, que Maxi- me Chanteloube nous ait brûlé la politesse, nous l'aurions entraîné souper au « Rocher II n'est pas d'autre remède contre la folie d'amour que la Parisienne... C'est un traite- ment que notre bel officier ne trouvera pas auprès de son père tout grand aliéniste qu'il soit ! (A suivre)

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to Aneaw. CANNES j

A VENDRE, cause dé-part, Petite propriété clô-turée, située à 5 kilom. deCannes, composée d'uneMaison d'habitation meu-blée ou non avec remisehangar et basse-cour, 5000mètres environ de terrainen plein rapport com-planté en arbres fruitiers,orangers, vignes et oli-viers.

Eau à volonté. Tram.Prix très avantageux.S'adresser chez Mme

Barale, épicière, 17, ruede Cronstadt. 9309

i « AVISSuivant acte s. 3. p. du

18 courant, M. NicolasVIANELLI a vendu sonfonds de Fleuriste qu'ilexploitait à Cannes, Bd.de Strasbourg.

Les oppositions devrontêtre faites dans les dixjours de la seconde inser-tion chez M. Consolât, 61rue d'Antibes. 9427

VENTES ET ACHATSt < IN VIASEK OU COMPTANT f

02 V11LA8 - MAISONS DS EAPPOSTBT PBOPSIâîSS DS TOUTE VALEUB

*»== I* VENDRE «8CS«0EUX LOTI DI TIIMAM •• <«> (t OTlnMfiniHMj de Filament — CaMlon de Pond, dfl CwnBMPOlt l : 1 : : «t Gtavu» d'Ima«ohl«t : : t : t I

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: CANNK3 : 1,

ECLAIRAGEf * ELECTRIQUEt

i.

FORCE MOTRICETéléphone 3.47Utt

Perdu la semaine dernièreune fourrure renard bruneentre le Grand Hôtel etle Casino Municipal.

La rapporter chez leconcierge du Grand Hôtelcontre récompense. 9425

On demande une bonned'enfant de 16 à 18 ans.S'adresser à Mme Moser,à La Napoule. 9418

l'achète an comptantvieux plombs, zincs, coi-TTM, ferrailles, pneu d'au-t d et chambra à ail.

E. COMETTE7, me Lonii NoaTeaa.

9354

Porte-Plume-RéservoirONOTO

a des plumes en or de toutes les grosseursde pointes pour tous les genres d'écriture.

L 'ONOTO ne fuit jamais, se porte dans toutesles positions et se remplit automatiquementsans compte-gouttes en 3 secondes.

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de

Villas-Appartements 10, Eue Bossu (angle Boulevard de la Croisette) - Tél. 6.31Agence de la

Terrains - Propriétés, etc. F . Â N D R A U & C » c>« GÉNÉRAIE TRANSAILAKII9OB

RENTIERSCAPITALISTES

SPÉCULATEURSPour être Vite et Bien Renseignés

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IACOTEGrand Journal Financier Quotidien

LE MEILLEUR MARCHÉ TOUS LES JOURS 12 PAEESLE PLUS FORT TIRAGE

Ma G &GUM ^0 OlttJJMGm donnant en entier les Bourses déPARIS * LYON • MARSEILLE * LILLE • BRUXELLES * LONDRES * NEW-YORK

•t toutes las Nouvelles politiques et financières.Littes de Tirages, Coupons, Dividendes, Convocations, Appels de Fonds, Constitutions,

Introductions, liquidations, Faillites, etc., etc.

Service gratuit pendant l e SemaineABONNEMENTS TROIS MOIS SIX MOIS U N A N

Seine et Seine-et-Ois« 4 » 7 » 12 »France et Colonies... 5 » 9 » 15 »Etranger 15 » 25 » 45 »

Ou. •'•bonne «ant frais dsni tous las Burssuz d* Poste

ità PARIS, 15, Plaoe de la Bourse.

USINE A GAZ DE CANNES P Q Q E DE LA PEYRIÈRE - TELEPHONE 1.22 -

F» R I S : ICoke tout venant Lei 100 k. 4fr.5OCokegrot.caisé et criblé. - d° - 4fr.7OCoke petit, caué et criblé. - d° - 4(r.8O

PRIS A L'USINE

COKE;Coke tout venant Les 100 k. Sfr. »Coke gros, cassé et criblé. — d° — 5fr. 20Coke petit, cassé et criblé. — d° — 5fr. 30

UVRE A DOMICILE, dont U pérmbrt de tOdni

Lei prix d-deuu Mnt tppUnblei k ptttii di g Décembre 1913, et jusqu'à nouvel avis

MUILLETON DU LIHTPRAL

N« 29

Le Lys Noir du PérigordROHAM RÛQIOMAL NOOVBAU

P u Clément ROCHBL

PARTIS

IDYLLE BLANCHE

II y a là de tout ; du Carabin à laDufayel ; des meubles et des tableauxmeublants ; des instruments à peler les poè-mes de terre et les carottes, des manivelles àbattre la mayonnaise et les omelettes... destoiles signées Carolus-Duran !

— Hé I dit Peycheiras, entre une5 toile deCarolus-Duran et une bonne omelette, monchoix est fait !...

On rit, à la boutade du sculpteur.Et le jeune peintre continua :— A ce salon du Mobilier, il y a une jolie

collection... Les palettes de nos maîtres ICelle de Vollon porte une aiguière d'or ; cellede Leboug, un bateau-mouge... José Frappaa collé sur la sienne un superbe cardinal àbarrette rouge ; Chaplin un dos riant de fem-me nue; d'autres, Jules Lefebvre, une bai-gneuse ; Détaille, un cuirassier I...

Je les ai vues, fit Peycheiras. Ce qu'ily a d'intéressant, c'est que les maîtres se sont

contentés de les marquer de leurs coulears :Ingres a, sur sa palette carrée, des tons ali-gnés militairement et sans mélange, commeDelacroix !...

— Et les magiciens de la lumière, hein,maître ? ajouta Gilbert, toujours en verve,leur gamme n'a pas beaucoup de tons ; Corotn'use que des blancs, des gris, des saumons,des rosés ; Diaz, des blancs, des noirs, desverts ; Puvis de Chavannes, des blancs, desrosés et des violets ; Jules Dupré, ThéodoreRousseau, des bruns et des blancs, fondus,brumeux ou translucides !... C'est admirable!

— Ce qui prouve, mes enfants, interrom-pit Peycheiras, que les artistes simples etforts tirent des moyens restreints de grandesœuvres !... C'est tout le secret de l'Art, quechacun de nous porte en son âme !... Etvoilà !...

Voilà, I Ce n'était pas plus difficile que celal'Art!

Peycheiras partit d'un grand éclat de rire :— Pourtant, fit-il, il y a la manière : Da-

lou et Rodin ont la leur... j'ai la mi nne Itous les artistes ont leur manière.

Cathille était accaparée par un groupe defemmes et de jeunes gens ; Maxime Chante-loube ne la quittait pas du regard, gêné, in-timidé cependant au point de n'oser prendrepart à la conversation. Clamarault s'appro-cha de lui :

— Voyons, noble guerrier, dit-il, vousavez l'air tout maussade... A quel éclat, àquelle grande victoire songez-vous donc ? ^

— Je songe qu'il est tard, dit le jeune hom-me, et qu'il est temps de me retirer !... !•-̂

II s'inclina froidement, se dirigeant versson père, qu'il ammena. .^

— Va, mon bonhomme, murmura Cla-marault. Je lis au fond de ta pensée... de toncœur ! La belle Cathi te tient bien !... Mais,pour flirter avec ce papillon-là, il y a trop demonde, trop de bruit. L'amour, l'amour sin-cère, le grand amour quoi ! ajouta-t-il iro-niquement, a besoin de mystère. C'est unduo qui a son cadre : la nuit, le silence desbois, le calme de la campagne I... ou de Paris!

Et il conclut :— Il y a la manière !... comme pour tous

les arts, la peinture ou la scupture 1... Lestendres ,les-timides, les militaires ont leurmanière ; les audacieux, les risque-tout etles conquérants de Paris ont la leur aussi !...En attendant, je vais me retirer également...j'ai envie de rêver et de méditer quelle serala meilleure pour moi !... Car je l'aime moiaussi, Cathi ! sans qu'elle s'en doute !...

Des éclats de voix, des rires partaient dufond, où la terrible poétesse continuait à prô-ner les vers de Mme de la Roche-Guyon.

— Mais notre belle duchesse Mathieu duBarrh, fit-il en se tournant vers Samuel Krûtzce n'est plus une poétesse, c'est une furie, unorgue de « Barrh...barie !»

— Tu parles : répliqua le viveur. C'est un«Barrh...de» et même une « Barrh. ..be» na-tionale ! comme dirait Willy, le père sympa-thique de notre «Claudine» des salons!...Elle le « matadera », ce pauvre Mathadorèsl...

— Il faut le tirer de là... et partir, si onpeut, hein ?

Et tandis que Samuel allait chercher lereporter, Clamarault, après avoir serré lamain de Peycheiras, vint porter ses homma-ges à la Cathi, et lui dit, en lui baisant lebout des doigts à voix basse :

— Quoi qu'il arrive jamais, belle dame l...quelle que soit la suite de votre liaison heu-reuse, le lendemain des belles soirées où voustrônez en reine, n'oubliez pas que vous avezen moi un ami sûr, un ami tout dévoué etfort qui tiendra toujours Paris à vos pieds !...

Sans trop comprendre le sens de ses paro-les, un peu étonnée — et émue cependant parleur imprévu, la Cathille fixa Clamarault,cherchant à deviner. Il paraissait grave, etses yeux brillaient d'un éclat singulier.

Il ne broncha pas, subît le contact de ceregard qui fouillait sa pensée ; il s'inclinaprofondément, sans rien ajouter, et se diri-gea, sans rien ajouter vers le hall où Courtalisparlait toujours affaires à Gaston de Force-ville et à Valpinson, tandis que Krûtz etMathadorès prenaient congé.

Et, comme ils sortaient tous trois, Mme duBarrh rejoignait le sculpteur et lui disait :

Un léger corps de plus peut-il compter sous(terre ?

Mourir ?... c'est impossible !...

Mais déjà Peycheiras l'arrêtait en riant :— Ah I non, duchesse, pas de vers !... J'ai

lu, le livre de votre amie !... A l'atelier, mesélèves lui ont même planté des chevillespour faire tenir les vers de onze pieds !...Et c'est ainsi qu'ils chantent, car ils les ontmis en musique : '

Un silence enchantéQui rend u l'eau» «l'eau» muette et la feuille

(immobile !Ou bien :

L'homme « qui qui » guéris, viens me guérir(encore I

Et le sculpteur, qui chargeait, mimait lascène, avec la voix et l'ahurissement^dePolin, eut un succès énorme. On riait aveclui, tout le monde s'esclafiait.

Mathadorès et le petit Sam étaient reve-nus sur leurs pas pour jouir de l'esclaffementgénéral ; Clamarault dut les ramener; et, setournant vers le reporter ; il lui dit ce quàf'train qu'il venait de composer sur MmejiuBarrh :

O duchesse du Barrh ! ô fatale duchesse.Superbe, divine, terrible poétesse IQue c'est beau ! que c'est beau ! que c'est beau l

(que c'est beau !D'entendre Blasillou flûter dans ton pipeau I...

— Bravo I firent les jeunes gens.— C'est ma revanche ! dit le journaliste.

Je vais publier ça !— Tu peux 1 dit Clamarault.— Et, comme ils sortaient, en passant près

de la Cathille, il lui répéta, mais si bas, qu'elle'entendit à peine :

— Sou venez-vous !...Puis, dès qu'Us se trouvèrent dehors, U

s'écria :— Bah ! il n'y a qu'à Paris qu'on s'amu-

se !... Peycheiras le sait bien, et rit de tout,même des ridicules de nos femmes de let-tres !•.. Quel dommage, ajouta-t-il, que Maxi-me Chanteloube nous ait brûlé la politesse,nous l'aurions entraîné souper au « RocherII n'est pas d'autre remède contre la folied'amour que la Parisienne... C'est un traite-ment que notre bel officier ne trouvera pasauprès de son père tout grand aliéniste qu'ilsoit !

(A suivre)