SOMMAIRE DU DOSSIER -...

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SOMMAIRE DU DOSSIER :

Avant-propos………………………………………………………………………………………………………………………………..p3

Première partie : Approche culturelle du film.

I. « La victoire en chantant »1°) Le film ………………………………………………………………………………………………………p52°) J.J. ANNAUD : biographie et filmographie……………………………………..p63°) Un premier film qui annonce l’œuvre de JJ. ANNAUD…………………..p8

II. C’est l’histoire de …1°) La génèse d’un film………………………………………………………………………………...p92°) Une bataille……………………………………………………………………………………….…….p93°) Un titre…………………………………………………………………………………………………….p12

III. Le temps du récit : une histoire de colonisation1°) Repères géographiques et chronologiques……………………………………….p132°) La domination coloniale…………………………………………………………………….….p16

Deuxième partie : Eléments pour l’exploitation en classe.

I. Approche du film1°) Les personnages……………………………………………………………………………….…...p182°) La construction du film……………………………………………………………………....p20

II. Temps du film et temps du spectateur1°) Un contexte de réception défavorable…………………………………………...p212°) Un accueil très médiocre……………………………………………………………………p223°) Mais un film précurseur ?....................................................................p23

III. Propositions pédagogiques1°) Liaison avec les programmes de collège et lycée………………………….p262°) La guerre, le patriotisme et l’antimilitarisme………………………………p273°) Deux visions du colonialisme à deux périodes différentes……….p284°) Le système colonial…………………………………………………………………………….p295°) Le racisme…………………………………………………………………………………………….p296°) Représentation des colonies et Mémoires de la colonisation……p30

Conclusion …………………………………………………………………………………………………………………………………..p31

Bibliographie : …………………….…………………………………………………………………………………………………….p32

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AVANT-PROPOS

Pourquoi étudier ce film aujourd’hui ?

La 19ième édition du Festival du film d’Histoire de Pessac aborde les aspects de la Grande guerre : conflit mondial et total, dont la mémoire a été largement entretenue par les commémorations officielles, les récits collectifs et individuels, les productions cinématographiques, et les programmes scolaires d’Histoire.Les films documentaires ou de fictions qui traitent de la Première guerre mondiale, ou l’utilisent comme prétexte, sont particulièrement nombreux.

Le film de J.J. Annaud y tient une place particulière, presque décalée, pour plusieurs raisons :

• Le thème en est la « Grande Guerre » entre Français et Allemands, par indigènes interposés, dans un coin perdu du Nord Cameroun où un ruisselet presque à sec représente la Frontière. Ainsi le film apparaît plus comme une représentation du monde colonial que de la Guerre elle-même. C’est notre rapport au passé colonial de la France que J.J. Annaud interpelle, en transposant la Guerre en Afrique et en montrant le ridicule de la situation créée sur le terrain.

• « La victoire en chantant » n’est pas un film de guerre. C’est une satire anticoloniale et antimilitariste.

Quel genre filmique donc ? Une comédie ? Un drame ?L’humour, le ridicule des situations et les dialogues éclaboussent les pionniers de la colonisation : militaires, commerçants, missionnaires. Les personnages sont servis par des acteurs remarquables et connus (Jean Carmet, Jacques Dufilho, Catherine Rouvel, Jacques Spiesser, etc…).J.J. Annaud propose une approche originale, mais qui fut mal reçue en 1976.

• En effet, ce premier long métrage est presque passé inaperçu en France.Le public français aurait-il manqué de sens de l’humour ? Le film n’a pas eu de succès national lors de sa sortie, mais a obtenu l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood en 1977.

Alors quelle place pour « La victoire en chantant » dans le cadre de cette édition du Festival ?

Tout d’abord, c’est un film engagé, qui se joue des représentations de la Première guerre mondiale : le Rhin, les tranchées y font une brève mais surprenante apparition. Sur le mode de la comédie, il nous montre les ressorts d’un patriotisme revanchard et populaire jusqu’au fond de la brousse africaine. « La guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser faire à des négociants », le discours de J.J. ANNAUD reste ironique du début à la fin. La dernière partie filme néanmoins une bataille, et une défaite, comme tout autre film de guerre que l’on retrouvera dans la programmation du Festival.

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Il pourra ainsi intéresser les classes travaillant sur les représentations de la guerre, en Troisième, comme en Première. Il offre une image possible de la Grande guerre vue depuis les colonies : par les colons (regain de patriotisme) et les colonisés.

Ensuite, c’est un film sur le racisme qui justifie le système colonial. A ce titre, il a toute sa place dans la programmation scolaire d’une classe citoyenne, destinée à de nombreux niveaux de classe, vouée à une réflexion pluridisciplinaire ou dans le seul cadre de l’éducation civique en collège ou de l’ECJS en lycée.

Les problématiques que nous proposons mêlent ainsi cinéma, Histoire et citoyenneté :Quelle approche du colonialisme et des rapports fondés sur le racisme ? Ceux-ci ont conduit à exploiter et à utiliser les indigènes comme « chair à canon », pour ne rien gagner en fait (car tel est l’épilogue du film).Quelle fut, en 1976, la capacité du public français à regarder cette Histoire-là ? Qu’en est-il aujourd’hui ?

Ce dossier tente dans une première partie de présenter et contextualiser « La victoire en chantant », tandis que la seconde partie ouvre des pistes pour interpréter et analyser le film avec les élèves.Néanmoins nous disposons en fait de peu de sources directes pour appuyer nos commentaires : le film est trop ancien pour avoir accès aux articles de presse dans les médiathèques et archives web, mais trop récent et insuffisamment reconnu pour avoir fait l’objet d’une étude particulière et approfondie accessible au grand public.

Les pistes pédagogiques restent indicatives : ni obligatoires, ni exhaustives. Elles sont proposées pour un travail avec les classes suite à leur participation au Festival.La qualité des échanges avec l’intervenant est étroitement liée à la préparation effectuée en amont avec les élèves.

Un DVD sorti en 2005 donne les deux montages successifs du film, diverses interviews et d’autres documents. Il peut contribuer ainsi à une information complémentaire sur les techniques du cinéma et sur la carrière de Jean-Jacques Annaud.

Bonne lecture, bonne projection.

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PREMIÈRE PARTIE : APPROCHE CULTURELLE DU FILM

I. « LA VICTOIRE EN CHANTANT »

« La victoire en chantant » / « Noirs et Blancs en couleurs » J.J. Annaud.France – RFA - Côte d'Ivoire - Suisse Sortie à Paris 23 septembre 1976Oscar du meilleur film étranger en 1977Durée : 1h30

1°) Le film

SYNOPSISLe 5 Janvier 1915, au cœur de l'Afrique noire. Les français d'un petit comptoir isolé, au nord du Cameroun, apprennent que la Première guerre mondiale a éclaté en Europe. Portés par l'enthousiasme d'un patriotisme soudain, ils décident d'aller combattre l'ennemi. Ils attaquent les Allemands du poste voisin avec qui ils vivaient jusque là en bonne entente. Après une première défaite, ils recrutent massivement la population indigène comme « chaire à canon »...

FICHE TECHNIQUERéalisation : J.J. AnnaudScénario et dialogues : J.J. Annaud et Georges ConchonImages : Claude AgostiniSon : Alain CurvelierDécors : Max Douy, Henri SonnoysCostumes : Corinne JorryMontage : JC Huguet, Françoise BonnotMusique : Pierre BacheletProducteurs : Arthur Cohn, Jacques Perrin et Giorgio SilvagniCoproduction : Reggane Films, SFP, FR3 (paris)

Smartfilm Produktion (Munich)Société Ivoirienne de cinéma (Abidjan)

Distribution : AMLF (1976), Steward (1998).

INTERPRETES :Jean Carmet : sergent BosseletJacques Dufilho : Paul RechampotJacques Spiesser : Hubert FresnoyCatherine Rouvel : MarinetteDora Doll : MaryvonneMaurice Barrier : CapriceJacques Monnet : père Simon

Natou Koly : CharlotteDieter Schidor : KraftBenjamin-Michel Atchori : AssomptionPeter Berling : Jean de la CroixMarius Beugre Boignan : BarthélémyBaye Macoumba Diop : LamartineAboubacar Toure : Fidèle

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2°) JEAN-JACQUES ANNAUD : « Le plus international des cinéastes français »

Cinéaste français né le premier octobre 1943 à Draveil près de Paris.Lors d'une rencontre face aux élèves de Mérignac le 31 mars 2008, J.J. Annaud raconte que sa vocation pour le cinéma commence très tôt. Passionné par les appareils photos et de projection, il annonce à ses parents à 8 ans qu'il veut devenir cinéaste. Sa mère prend rendez-vous auprès du directeur de l'IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) qui lui dit de revenir après le bac. Il reçoit sa première caméra à 10 ans, tourne ses premiers films (fresques de St Savin) à 11 ans, et fréquente les salles de cinéma le dimanche.En 1962, il entre directement en 2° année à l'école Vaugirard (aujourd'hui Louis Lumière), avec l'avantage sur ses camarades d'avoir beaucoup filmé depuis des années. Il obtient son BTS avec mention bien, tourne son premier court métrage à 19 ans « Les 7 péchés capitaux du cinéaste ».Après une licence de lettres, J.J. Annaud intègre l'IDHEC en 1965 (actuelle Femis). En 1966, il rédige des articles pour le cinéma, et tourne des courts métrages.En 1967, il est envoyé au Cameroun pour effectuer son service militaire au titre de la coopération. Sa mission est de réaliser un « film d'éducation de base » destiné à être projeté dans les villages de brousse pour contrecarrer les effets d’une campagne publicitaire désastreuse ; les Africains s'en servaient dans leur alimentation car le slogan affirmait « Le savon c'est bon ».Affecté au service des arts du commerce et de l'industrie cinématographique de la République fédérale du Cameroun, J.J. Annaud découvre l'Afrique et en tombe amoureux « l'Afrique m'a transformé ». Il fait siennes ses valeurs. Pour développer ces trois domaines, il entreprend des recherches, fréquente les bibliothèques, rencontre de nombreuses personnes, puis réalise un court métrage collectif (35 mn, noir et blanc, en 16mm) sur la vie quotidienne à Yaoundé : « Une certaine Afrique ».C'est ce contexte qui allait lui permettre de réaliser son premier long métrage, de bouleverser sa carrière et sa vie. « La victoire en chantant » passe presque inaperçue lors de sa sortie en France. Le film obtient le succès dans sa version étrangère « Blacks and Whites in colour » grâce à laquelle il reçoit l'oscar du meilleur film étranger en 1977, qui va lui servir de tremplin pour une carrière internationale.Après le succès de « la Guerre du feu », il est invité à Hollywood, où il s'installe en 1997.

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J.J. Annaud est un passionné d'Histoire et d'Archéologie, il multiplie les recherches, se documente précisément pour chacun des ses films. Passionné de lettres, il dévore les livres qu'il accumule et signe plusieurs adaptations littéraires. J.J. Annaud éprouve beaucoup d'admiration pour les storyboard d'Eisenstein et pour Jean Renoir dont il s'inspire dans la « Victoire en chantant ». Son Pique-nique rappelle « Une partie de campagne » et « Le déjeuner sur l'herbe » d'E. Manet ou C. Monnet. Certaines scènes sont directement inspirées de « La Grande illusion » ou de « La règle du jeu ». Comme Renoir, il aime filmer les petites gens et leurs défauts.Polyglotte, il écrit lui même les différentes versions de la plupart de ses films.

En 2007, il est élu à l'académie des beaux arts sur le siège de Gérard Oury.

FILMOGRAPHIE : J.J. Annaud est réalisateur, mais aussi scénariste, adaptateur et producteur.De 1966 à 1976 : il signe plus de 500 spots publicitaires et reçoit le César du meilleur film de ce genre en 1985.1976 : « La Victoire en chantant » ou « Blacks and whites in colour ». Oscar du meilleur film étranger en 1977.1978 : « Coup de tête ».1981 : « La guerre du feu », César du meilleur film et du meilleur réalisateur 1982.1986 : « Le nom de la rose », César du meilleur film étranger 1987, primé également meilleur film en Italie et en Allemagne.1988 : « L'ours », César du meilleur réalisateur 19891991 : « L'amant », récompensé au Japon par la critique, meilleur film et meilleur metteur en scène en 1992.1994 : « Les ailes du courage » (imax 3D) ou « Wings of courage »1996 : « Sept ans au Tibet » ou « Seven years in Tibet », meilleur film en 1997, primé également en Allemagne et Pays Bas.1999 : « Stalingrad » ou « Enemy at the gates ». 2004 : « Deux frères ».2006 : « Sa majesté Minor »

Il est difficile de caractériser l'œuvre de J.J. Annaud tant elle est variée : films animaliers, adaptations littéraires... Pamphlet politique dans « La victoire en chantant », satire sociale et sportive dans « Coup de tête », polar médiéval avec le « Nom de la rose », film de guerre avec « Stalingrad » etc... Changement d'univers, de genres, de dimensions... Il visite les périodes historiques de la préhistoire au XX° siècle.Il s'intéresse souvent aux différentes formes de domination. Il décrit, de façon presque ethnographique, des mini-groupes sociaux avec un souci constant, quasi documentaire, de toucher la réalité au plus près. Il tourne indifféremment aux quatre coins du monde, de préférence dans les contrées les plus retirées. L'universalité est aussi une caractéristique de ses films.J.J. Annaud affirme qu’il « fait toujours le même film » : il y est question d'initiation, d'apprentissage, de combat contre les éléments, contre le quotidien et soi même.

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3°) Un premier film qui annonce l’œuvre de J.J. ANNAUD

Nombre des grands thèmes de l’œuvre d’Annaud sont donc déjà présents dans « La victoire en chantant »:

• L’espace, le paysage, la frontière :L’espace est une donnée récurrente de ses films, qui s’ouvrent sur des immensités sauvages, vides d’hommes. Ces paysages sont à l’échelle de continents, plus que de pays.Le personnage principal de La victoire… est un géographe, un explorateur qui collectionne et consigne ses observations. « Tu es peut-être géographe, mais ici on fait l’Histoire » lui fait remarquer un des négociants, cependant il prend en main la destinée de la guerre.Dans La victoire… la frontière n’est pas tracée, ce n’est qu’une limite imposée par la distribution des terres entre les Européens. Annaud cherche à en montrer toute la bêtise : la marche des protagonistes vers la « frontière » avant la bataille, ce ruisseau traversé qui symbolise le Rhin, les tranchées, sont les instruments de sa démonstration.La frontière est aussi linguistique…

• Le langage :Ici le langage est un instrument d’acculturation, de pouvoir et d’oppression. Le premier dialogue est le fait de deux Africains qui parlent allemand. Les situations de traduction sont nombreuses dans le film : par exemple pour obtenir des chefs de village les hommes à convertir en « chair à canon », ou lorsque les anglais prennent possession du territoire à la fin du film… « Les nègres vont tourner anglais » comme dit alors Dufilho.

• L’Histoire :La Première guerre mondiale vient perturber la vie tranquille du microcosme des « petits colons blancs ».Elle transforme les rapports sociaux et les individus : le jeune intellectuel, Fresnoy, devient un maître de guerre et un stratège. La guerre redistribue les rôles, elle « est une chose trop sérieuse pour être laissée à des négociants ».Elle transforme la hiérarchie coloniale puisque le noir Barthélemy se permet de tenir tête à un blanc.Mais la guerre permet une plus grande manipulation des Africains : ils deviennent des soldats anglais, français, ou allemands, se battent dans les tranchées. Ils sont instrumentalisés par l’Histoire occidentale.

Si la qualité du film fait débat, il est indéniable que J.J. Annaud se révèle déjà un cinéaste contestataire.

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II. C’EST L’HISTOIRE DE …

1°) La genèse du film

Le film aborde de nombreux thèmes :- il décrit l'Afrique, ses paysages, son rythme, sa civilisation.- il émet ensuite un regard critique sur la colonisation et le racisme.- il dénonce le patriotisme, l'absurdité de la guerre et des hiérarchies.- il fait une satire sociale des blancs, décrit la société Française d'alors...

Le séjour de J.J. Annaud dans une Afrique depuis peu indépendante a été déterminant, « l'Afrique m'a transformé », dit-il. Il y est scandalisé par le comportement de la communauté blanche vis à vis la population noire. Il s'inspire de faits vécus et d’anecdotes : évangélisation, portage des pères missionnaires accompagnés des chants africains, scènes de gifle, démonstration de bicyclette, déjeuners... Il se sert aussi des nombreuses photos prises lors de son séjour dans la coopération, dans un souci du détail et de précision.

Il mit sept ans pour en rédiger le scénario. Il écrit entre deux films publicitaires, et pendant les vacances. N'y parvenant pas, il s'adjoint l'aide de Georges Conchon, prix Goncourt pour « L'état sauvage » et rédacteur de la constitution de République Centre Afrique. En trois week-ends le scénario était finalement rédigé. Les six à sept semaines de tournage se déroulèrent avec leur cortège de difficultés : incendie du décor en début de tournage, rites funéraires africains qui empêchaient les prises de son direct, scènes tournées mais non enregistrées, chaleur accablante...

C'est le premier film sur l'Afrique noire à avoir été récompensé d'un oscar.

Financement :C'est toujours la partie la plus compliquée dans la mise en œuvre d'un film. Pour la « Victoire en chantant » J.J. Annaud obtient un contrat avec la société de pub pour laquelle il travaille. Celle-ci s'engage à financer les repérages et le scénario en contrepartie d'une exclusivité pour deux ans. Puis il reçoit d'un responsable de FR3, l'avance maximale de 10% de son budget. Au final se sont sept financiers qui participèrent au film, dont les pays africains (50% la Côte d'Ivoire), des chaînes de télévisions, J. Perrin.

2°) Une bataille : la bataille de Mora

En 1967, alors qu'il fréquentait les bibliothèques pour la réalisation de son documentaire sur l’Afrique, J.J. Annaud tombe sur une page de l'ouvrage du Père Mueng « Histoire générale du Cameroun ». Il découvre l'incroyable histoire de la bataille de Mora. Avec l'autorisation de son supérieur hiérarchique, il est envoyé en mission dans le nord du Cameroun pour recueillir des informations et des témoignages sur le siège de Mora.

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Le capitaine Von Rabben écrit dans son rapport que le poste allemand fut attaqué par des soldats anglais (80 hommes) en Août 1914. En octobre 191, les Français (30 à 40 hommes) attaquèrent à leur tour. En décembre 1915, fut amené un canon, après plusieurs mois de siège, le poste allemand finit par tomber. Les troupes indigènes furent largement recrutées : plus de 300 du côté allemand, plus d'un millier du côté français. De nombreux morts et blessés furent comptabilisés dans chaque camp. Les Allemands devinrent très impopulaires après avoir exercé de sanglantes représailles sur les Africains.Lorsque J.J. Annaud rencontra les témoins indigènes qui avaient vécu cette bataille, ils lui demandèrent pourquoi les Européens avaient choisi Mora comme lieu de déroulement de la première Guerre mondiale !

(Image indisponible en attente de l'autorisation de l'éditeur)

Un témoin de Mora. Il avait 26 ans, dit-il, à l’époque de Von Rabben. Lorsque J.J. ANNAUD l’a rencontré, il se souvenait des événements

comme si c’était hier.(Livret d’accompagnement du DVD)

Au départ J.J. Annaud n'a pas l'intention de réaliser une simple reconstitution historique, il souhaite s'intéresser à quelques personnages, la bataille servant de décor et de contexte historique.Finalement, il transforme l'histoire d'une campagne militaire officielle décidée par deux nations en guerre, par l'initiative privée de civils en mal de patriotisme. Plusieurs années plus tard, alors qu'il faisait des repérages au Gabon pour les décors, il découvrit dans un ouvrage sur « La conquête du Cameroun » un épisode authentique, similaire à son scénario, qui s'était déroulé dans un poste allemand à M'Birou. La réalité rejoignait la fiction.Pour des raisons économiques, le film fut tourné en côte d'Ivoire au grand regret du Gabon à qui appartenait l'anecdote. C'est le village de Niofouin en région Sénufo qui servit de décor.

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Carte allemande : Région de Mora, Cameroun, début du XXième siècle(Geographische Verlagshandlung Dietrich Teimer (Ernst Voshen) Berlin)

(Image indisponible en attente de l'autorisation de l'éditeur)

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3°) Un titre

« La victoire en chantant… » ou « Chant du départ » : un hymne de guerreParoles de MJ ChenierMusique de Méhul, Interprété par G Till

« La victoire en chantant nous ouvre la barrière« La liberté guide nos pas« Et du Nord au Midi la trompette guerrière« A sonné l'heure des combats« Tremblez ennemis de la France« Rois ivres de sang et d'orgueil !« Le peuple souverain s'avance« Tyrans, descendez au cercueil« La République nous appelle,« Sachons vaincre ou sachons périr !« Un Français doit vivre pour elle,« Pour elle un Français doit mourir .... »bis repetita

Chantée à plusieurs reprises dans le film : sur les images du générique (chant très patriotique, envolée lyrique), puis à la fin lorsque les troupes noires l'entonnent. Sur la chorale militaire, la surimposition d'une voix singulière qui chante faux lui donne un côté pathétique et absurde. La victoire en chantant célèbre finalement une défaite militaire, celle du sergent Bosselet, mais aussi la fin de la guerre et l'absurdité de celle-ci.

La version étrangère s’intitule « Noirs et blancs en couleur ». J.J. Annaud explique ce titre par les conditions du montage effectué sur bande noir et blanc.

Le générique est composé de cartes postales glanées aux puces évoquant le patriotisme : soldats, Alsace, Lorraine, allégories, symboles militaires, drapeaux ....S’il introduit les personnages du film (soldats, femmes, prêtres...), il ne propose aucune image de soldat colonial, ou d'image évoquant la colonisation.

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III. LE TEMPS DU RÉCIT : UNE HISTOIRE DE COLONISATION

1°) Repères géographiques et chronologiques

La présence française en Afrique résulte de la reprise des conquêtes européennes au XIXème siècle.

Couverture de cahier scolaire par G. Dascner, vers 1900 :les soldats de France ont apporté « Progrès, civilisation et commerce »

Cette colonisation « moderne » se déroule sur les XIXe et XXe siècles, jusqu’aux décolonisations qui vont de 1945 à 1975.

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Les missionnaires, les explorateurs, les géographes sont aux premiers rangs des découvertes, car la colonisation procède autant de la curiosité scientifique que de l’évangélisation. Puis vient le temps de l’appropriation et l’occupation des territoires : militaires, administrateurs, civils s’y installent.

La colonisation est l'établissement d'une domination sous trois formes :- économique (la terre étant, par des procédés divers, arrachée à ceux qui la cultivaient ou y faisaient paître des troupeaux, ou, en tout état de cause, la production étant orientée en fonction des intérêts de la puissance colonisatrice) ;- politique (instauration, avec des modalités variées, d'un système d’assujettissement) ;- culturelle (la métropole imposant sa civilisation, sa langue, voire sa religion).L’exercice de cette domination entraîne de multiples formes de violence (d’autant plus s'il y a résistance) et la destruction des types de société qui font obstacle à la colonisation ou qui ne peuvent s'y adapter.

Carte : le partage de l’Afrique en 1914.( « Le temps de colonies », Les collections de l’Histoire, HS n°11, avril 2001, p20)

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La France et le Royaume-Uni conquièrent les deux plus vastes empires coloniaux de l’époque contemporaine. Les colonies françaises ajoutent 11 millions de km2 à l’hexagone et groupent 50 millions de ressortissants.

Cette appropriation massive de territoires a alimenté les concurrences entre Etats européens. La « course aux colonies » est particulièrement vive après 1870 ; elle est un élément du contexte qui conduit à la Première guerre mondiale. La « Pacification » est réalisée en 1914, même si des résistances ponctuelles n’ont jamais cessé. Pendant le conflit, les colonies servent de réservoir de matières premières et d’hommes, un des outils de la victoire attendue.

Carte postale de 1916 : soldat sénégalais.Sur les 134 000 qui ont combattu dans l’armée française, 30 000 sont morts au combat.

Repères chronologiques :

1815 : Fin du règne napoléonien. Le congrès de Vienne réduit le domaine colonial français à la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, St Pierre et Miquelon, la Guyane, les cinq comptoirs de l’Inde, Saint-Louis et Gorée au Sénégal.1830 : Début de la conquête de l’Algérie. Prise d’Alger.1857 : Création des « tirailleurs sénégalais », soldats coloniaux au service de la conquête coloniale.1897-1911 : L’Union indochinoise constituée d’une colonie (la Cochinchine), de trois protectorats (l’Annam, le Laos, le Cambodge) et d’un semi-protectorat (le Tonkin), reçoit ses structures administratives.1898 : Crise de Fachoda, au Soudan entre la France et la Grande –Bretagne, au bénéfice de cette dernière.1904 : Création de l’Afrique occidentale française (Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Haute-Volta, Dahomey, Soudan, Niger). Echange de territoires franco-britannique (Egypte/Maroc).1906 : Organisation de la première exposition coloniale à Marseille.1910 : Création de l’Afrique équatoriale française (Gabon, Tchad, Oubangui-Chari, Congo).1911 : Crise franco-allemande à propos du Maroc.1914-1918 : 607 000 coloniaux ont été mobilisés pendant la Première guerre mondiale. On compte 61 500 morts parmi les Algériens, les Sénégalais, les Malgaches et les Indochinois appelés sous les drapeaux.1920 : La France reçoit de la SDN un mandat sur la Syrie, le Liban, le Togo et le Cameroun. Apogée de la colonisation européenne.

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Carte : L’Afrique équatoriale française au début du XXe siècle.(« Le temps de colonies », Les collections de l’Histoire, HS n°11, avril 2001, p40.)

2°) La domination coloniale

La domination coloniale crée des relations inégalitaires. Elle est justifiée par une vision raciste de l’humanité.

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Les populations indigènes sont considérées comme arriérées politiquement.Ainsi les Européens leur appliquent des systèmes d’autorité proches de l’Ancien régime monarchique en contradiction avec les principes proclamés : les indigènes sont davantage considérés comme des sujets de l’Empire que comme des citoyens. On refuse aux colonisés la modernité politique que représentent les droits de l’homme et la représentation démocratique.

Dans l’empire français, la citoyenneté est théoriquement accessible à tous. (Appliqué dans les anciennes colonies touchées en 1848 par le suffrage universel. En 1870, le décret Crémieux accorda aux Juifs d’Algérie la citoyenneté.)La citoyenneté pouvait être demandée individuellement mais avec des conditions nombreuses :- service dans l’armée, lire ou écrire le français, être propriétaire ;- elle supposait l’abandon du droit coutumier traditionnel ce qui impliquait de se couper de la communauté.

Sinon, c’est le statut de l’indigénat qui s’applique : les non citoyens des colonies ne sont pas soumis aux juridictions ni aux mêmes lois que les citoyens, mais à l’autorité de l’administration locale (le gouverneur) et au droit coutumier. Remarque : Le maintien du droit coutumier et religieux n’était pas une tolérance mais plutôt une manifestation de condescendance. Ce qui revient à considérer que les traditions locales, jugées frustres, restent nécessaires pour les indigènes.

Cette inégalité juridique et politique se double, on le sait, d’une inégalité économique et sociale.

Publicité pour la lessive Sodex, 1910.

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DEUXIÈME PARTIE :ELÉMENTS POUR L’EXPLOITATION EN CLASSE

I. APPROCHE DU FILM ?

1°) Les personnages

« La victoire en chantant » reconstitue une micro société dans laquelle sont représentés l'Armée (un sergent de la coloniale), l'Église (deux pères blancs), la petite bourgeoisie coloniale (les trois épiciers et deux femmes) et un intellectuel (le jeune normalien géographe en voyage d'étude). Les colons reproduisent la société, « le monde des petits blancs » de l'époque. Les personnages sont brossés à gros traits, entre portrait et caricatures pour mieux symboliser les institutions, leur organisation, leur fonctionnement.

Le jeune géographe Fresnoy : C'est un peu le regard de J.J. Annaud sur lui même. Il pose un regard critique sur le jeune homme qu'il était à son arrivée en Afrique en 1967 : un « intellectuel rigide, un pur esprit qui a peur de ses émotions », dit-il. Fresnoy apparaît d'abord comme un antimilitariste par conviction, un socialiste qui lit l'Humanité. Un jeune homme très lisse, très soigné. On s'attend à un héros humaniste, mais il change de registre pour organiser de façon rigoureuse l'armée en déroute. Il domine de façon méprisante, se comporte avec cynisme envers les colons, et s'affiche avec sa maîtresse noire. Il se démarque des autres dans ses relations avec les Africains (lettre à son professeur, soins aux blessés, son aide de camp et sa maîtresse).(Image indisponible en attente de l'autorisation de l'éditeur)

Le sergent : militaire sans expérience. Solitaire, taciturne, il préfère les contemplations dans son verre d’absinthe, la morosité à l'action... Contraint par ses compatriotes d'organiser la guerre, il mène à la fois son premier combat et sa première défaite. Il devient le subordonné du jeune stratège Fresnoy.(Image indisponible en attente de l'autorisation de l'éditeur)

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Les épiciers : caricaturés à l'extrême, bien franchouillards (attitudes, costumes, dialogues...). À la fois patriotes, racistes, hypocrites, couards... Attachés à leur confort, à leurs biens, à leurs valeurs, ils n'hésitent pas à cacher les provisions pour se soustraire aux réquisitions. Le patriotisme a ses limites !(Image indisponible en attente de l'autorisation de l'éditeur)

Les missionnaires : très importants dans la colonisation, ils ont une fonction évangélisatrice (scène de l'évangélisation collective avec le vélo), éducatrice. Ils procèdent à l'acculturation des populations colonisées (scènes d'échanges de masques et d'objets de l'artisanat noir qui sont finalement brulés).

Les femmes : deux blanches, frivoles, inconsistantes, sans pouvoir de décision. Une femme noire, belle, qui change de situation dans la hiérarchie sociale par sa liaison avec Fresnoy. Elle devient « respectable », celle que l'on salue par convention.Les autres femmes noires vaquent à leurs occupations traditionnelles dans le village.

La population noire : Les figurants sont les villageois qui jouent leur propre rôle. Ils n'ont pas été prévenus pour les scènes de marché, de fête, de mobilisation, ils étaient filmés dans leurs activités habituelles. Ni les chefs, ni les interprètes, ni les recrues, ne sont des comédiens.Le boy de Fresnoy est un acteur ivoirien. Il pense avoir changé de statut en devenant son aide de camp. Il croit pouvoir s'opposer au blanc.... qui le gifle !(Image indisponible en attente de l'autorisation de l'éditeur)

L'ennemi : Trois soldats allemands stéréotypés, reconnaissables à leur casque à pointe, leur médaille militaire, leur drapeau, leur rigueur, leur discipline. Ils sont d'abord débiteurs des épiciers avant d'être leurs ennemis pour finalement être vaincus par les Alliés.

Mais le film ne retrace pas seulement la société, il met en scène également les valeurs, les mentalités de la France à la veille de la Première guerre mondiale, le racisme et le patriotisme.

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2°) La construction du film.

Toute la première partie du film est descriptive : par des panoramiques, des fondus enchaînés, des plans longs qui dévoilent le poste allemand, le village, la savane arbustive, les populations, la mission française dans un rythme lent.L'ambiance est à la sieste, torpeur, inertie, ennui, chaleur...Tout paraît endormi.Les animaux vaquent librement, cochons, poules, chiens, moutons, chèvres…Les femmes noires sont actives, elles effectuent les tâches quotidiennes : elles filent la quenouille, pilent le mil, passent le grain au tamis...Le jeune géographe rédige une lettre : il décrit son nouvel environnement à son professeur. L’ennui règne.

L’action commence comme une comédie portée par quelques effets satiriques : pères missionnaires portés par les noirs et moqués dans leurs chants, les colons sont caricaturaux (gros plans sur le sergent Bosselet).

L’élément déclencheur est l’arrivée du colis qui annonce la guerre avec six mois de retard.

La deuxième partie du film est plus rythmée :- élan patriotique et cocardier, il faut défendre la mère patrie !- regain d'activité dans l'organisation des troupes, la mobilisation obligatoire des indigènes.- premières difficultés (manque d'armes, soldats refusant de marcher chaussés).- première expédition militaire, comme une joyeuse « partie de campagne »...Mais le film prend une tournure dramatique : défaite militaire, morts, blessés. D’où la prise en main des opérations par le jeune Fresnoy. Uniformes, entrainements, combats, une tranchée dérisoire, des conditions difficiles : cette guerre est absurde ....Le dénouement inattendu est amené brutalement avec l’arrivée des troupes anglaises qui annoncent la fin du conflit et la défaite allemande.La colonie allemande du Cameroun passe sous mandats français et anglais.

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II. TEMPS DU FILM ET TEMPS DU SPECTATEUR

1°) Un contexte de réception défavorable

En 1976, la décolonisation de l’Empire français est achevée depuis plus de 10 ans : L’Etat français a connu une longue et difficile période de décolonisation, tant le pays était attaché à son Empire.Tout d’abord par la Guerre d’Indochine qui dure de 1946 à 1954 et qui donne l’indépendance aux Cambodge, Laos, Vietnam Nord et Sud.Les indépendances de la Tunisie et du Maroc sont finalement acceptées par la négociation en 1956. Les colonies d’Afrique noire doivent attendre 1960 (dès 1958 pour la Guinée).La guerre d’Algérie est la plus traumatisante : longue de 8 ans (1954-62) et plus proche géographiquement. Elle implique plus directement les français par l’envoi des appelés à partir de 1956. Elle provoque des déchirements politiques (chute de la IVème République…). Une guerre dont la violence s’est exportée sur le territoire de la métropole (FLN et OAS).La décolonisation est vécue pendant les années qui suivent comme une humiliation, dont la mémoire est occultée. Elle est un sujet qui divise, qui subit censure ou autocensure, autant de blessures que l’on cherche à refermer.Il en est de même pour la contribution des colonies aux efforts de guerre français : faible reconnaissance des « tirailleurs sénégalais » et combattants d’Afrique du nord.

Au tournant des années 1970, l’histoire coloniale est absente des préoccupations françaises :Le passé colonial et les guerres appartiennent aux générations précédentes. Les préoccupations des années 1960 et 1970 étaient tournées vers l’Amérique latine (Che Guevara, Chili…), la cause palestinienne, ou la contestation de la guerre américaine au Vietnam. Mais elles ignoraient ou méprisaient le sort des immigrés issus des anciennes colonies.Le temps des années 1960 était à la croissance économique, à la consolidation de la puissance française orientée et confortée par la politique de de Gaulle : modernisation économique et grands équipements, puissance nucléaire, velléités d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis dans le contexte de la Guerre froide….Le film de J.J. Annaud sort dans un nouveau contexte. La forte croissance a laissé la place à un ralentissement économique et aux premiers signes d’inflation, le choc pétrolier de 1973 a introduit inquiétudes et incertitudes économiques. Cette nouvelle situation n’est guère propice à un retour sur le passé.Les revendications des nouvelles générations portent essentiellement sur l’émancipation des individus et la libéralisation des mœurs, ou contestent la « société de consommation bourgeoise ». « La victoire en chantant » ne trouve donc guère de résonnance en 1976. Les relations avec l’Afrique noire passent alors par les liens de coopération qui ne remettent guère en cause l’image traditionnelle que les français se sont construite de ce continent. Les expériences, en Afrique, telles que celle de J.J. Annaud restent individuelles.

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Par ailleurs, les préoccupations tiers-mondistes (dénonçant les problèmes de développement, le néo-colonialisme) ne touchent guère l’opinion publique française.

2°) Un accueil très médiocre

Un échec auprès de la presse et du public français :Alors qu’il avait difficilement rassemblé les financements le film est un échec commercial (36000 entrées seulement sur la région parisienne).

J.J. Annaud reconnaît lui-même les faiblesses de son premier long métrage, notamment dans les cadrages et le montage (effectué à la Société Française de Production, en noir & blanc, par Annaud lui-même par manque de disponibilité de techniciens). La plupart des mouvements sont filmés caméra à l’épaule par manque de temps pour installer le travelling (en contre-plongée du fait de la petite taille du caméraman raconte le réalisateur lui-même).Mais sa production prolifique dans la publicité a aussi généré des critiques : reproches concernant les éclairages et dénonçant une « esthétique de publicitaire ».Claude Michel Cluny écrit, dans la revue « Cinéma » n°214 d’octobre 1976 (p131), « Jean-Jacques Annaud affronte ici et pour la première fois le long métrage : s’il domine par la suite ce rythme différent et s’il ne cède pas à la facilité, il pourra peut-être se tailler une place dans le désert : celui de l’insolence. »

Mais c’est certainement le contenu du film qui a éloigné le plus les spectateurs. Les thématiques sont en fait multiples : la guerre à travers un discours antimilitariste, le système colonial et tous ses acteurs, la satire sociale donnant une piètre image du monde des « petits colons blancs ». Ce film n’est pas valorisant pour les français et les autres pays colonisateurs, ils n’ont pas envie de s’y reconnaître. Les critiques lui ont reproché de « ne pas aimer les français ».

Un succès international pourtant :La version proposée à l’exportation a subi un autre montage, néanmoins très similaire au premier, elle est diffusée sous un autre titre « Noirs et blancs en couleur ». Elle obtient le succès aux EU qui ont soutenu les mouvements de libération des pays colonisés. Le public américain a apprécié ce film français, comme une dénonciation du colonialisme européen. Le film est alors reconnu et primé aux Oscars : Oscar du meilleur film étranger en 1977.Il reçoit également un accueil favorable en Afrique du Sud où il sert à soutenir la lutte contre l’apartheid.

L’accueil américain a fait comprendre à Annaud qu’il pouvait être mieux perçu à l’étranger que dans son propre pays. Nombre de ses grands films ont depuis été produits aux Etats-Unis.

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3°) Mais un film précurseur ?

Aujourd’hui, le regard sur l’expérience coloniale a changé, la France renoue avec cette mémoire :

On assiste désormais à une confrontation des mémoires de la colonisation.Dans un premier temps, le retour sur le passé esclavagiste de la France a sensibilisé les français. Puis les mémoires de la colonisation réapparaissent dans le débat politique et au sein de la société française.La mémoire des Harkis ressurgit par les manifestations de l’été 1991, le rôle de ces combattants est enfin officiellement reconnu par Jacques CHIRAC et son gouvernement en septembre 2001.En janvier 2005, un collectif de chercheurs et de militants associatifs clame « La France a été et reste un Etat colonial ! ». C’est la situation en France même des anciens colonisés et de leurs enfants qui est dénoncée par ceux qui se désignent comme les « indigènes de la République », en référence au statut de l’indigénat imposé dans les colonies françaises jusqu’au sortir de la Seconde guerre mondiale. Ainsi les signataires de l’«Appel pour les assises de l’anticolonialisme postcolonial » entendent montrer comment « les stéréotypes hérités du passé dictent les pratiques d’aujourd’hui ».

En face, « le lobby pied-noir et une frange du FN pèsent pour réhabiliter le modèle colonial » explique Benjamin Stora (L’Histoire n°302, p87) pour expliquer le vote de la loi du 25 février 2005 qui prône l’enseignement du « rôle positif de la présence française outremer ».En raison de la diversité des héritages, la « fracture coloniale » reste vive. Elle suscite ces affrontements mémoriels entre besoin de réhabilitation ou reconnaissance et occultation des responsabilités héritées, entre effets positifs et négatifs, entre culpabilité et refus de la logique de repentance.

Cette évolution se manifeste dans la filmographie plus récente :

« La victoire en chantant » s’inscrit dans une évolution plus générale qui correspond au passage d’un cinéma colonial à un cinéma postcolonial.Le cinéma « colonial » était avant tout au service de la propagande. Le cinéma « postcolonial » fut fort hésitant, la thématique n’a guère attiré les réalisateurs les plus en vue. Mais lors de la sortie du DVD en 2005, le regard sur « La victoire en chantant » n’est plus le même. Pour Arte actualité, Olivier Bombarda présente surtout le film dans son caractère antiraciste et antimilitariste, en le saluant comme l’œuvre la plus engagée de J.J. Annaud.Depuis 2006, deux films sur la Guerre d’Algérie, novateurs dans leur point de vue, ont eu un retentissement nouveau : « La Trahison » (Philippe Faucon, 2006) et « L’ennemi intime » (Florent Emilio Siri, 2007).

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On peut ainsi resituer le 1er long métrage de J.J. ANNAUD, en évoquant quelques exemples plus remarqués de cette évolution :

« La Bataille D’Alger » (Gillo Pontecorvo, 1965) :

Tourné en 1965, le film reconstitue dans le genre de cinéma-vérité l’occupation française de la ville, de 1954 jusqu'à sa libération en 1962. Pour la première fois, Pontecorvo réécrit une histoire jusqu’alors présentée unilatéralement. Il confronte deux points de vue : celui de la France coloniale et celui des combattants algériens.

« Coup de torchon » (Bertrand Tavernier, 1981) :

Tavernier raconte l'histoire d'une décadence collective : C'est l'histoire de Lucien Cordier, le chef de la police d'une sale bourgade, pauvre flic lâche, crasseux, traînant sa faiblesse et son alcoolisme parmi ses compatriotes, tous bêtes, tous amoraux, tous inconséquents. Ici, les Français sont mis à terre. En cela, 5 ans après Tavernier fait suite à une des thématiques du film de Annaud.Là où, en 1981, Tavernier osait montrer les colons en dégénérés, victimes consentantes de leur propre inutilité sur ces terres étrangères, le colonisé demeure peu représenté. La date de sortie du film de Bertrand Tavernier, 1981, révèle que si certains réalisateurs étaient prêts à jeter un nouveau regard sur ces années coloniales, le moment n'était pas encore venu d'en écrire une histoire commune.

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« Chocolat » (Claire Denis, 1988) :

Ce film autobiographique capture deux regards distincts sur la colonisation et la décolonisation à deux périodes différentes de la vie d’une femme. Il récapitule les dernières années du colonialisme ouest africain à travers la mémoire de la jeune femme, France, et témoigne par les procédés cinématographiques de l’expérience subjective du colonialisme : du point de vue incarné par Protée le serveur noir de la famille, et du point de vue de la petite fille qui le traite doublement comme ami et subalterne. Vers la fin du film, on retrouve France, sortie de ses souvenirs d’enfance, qui retourne au Cameroun dans les années 80 ; elle est alors incapable de retrouver ses traces. Comme pour le film de Pontecorvo, il y a assez de place, à travers le temps pour que le spectateur s’identifie aux colonisés et aux colonisateurs.

« Indigènes » (Rachid Bouchareb, 2006) :

Ce film fut un des événements cinématographiques en France : il a recueilli un grand succès, mais surtout il a provoqué de vifs débats et les commentaires du Président de la République Jacques Chirac reconnaissant les manquements de la France vis-à-vis des combattants coloniaux. Le film retrace la vie de quatre hommes d’Afrique du Nord, Saïd, Yassir, Messaoud et Abdelkader, les Indigènes, qui s’engagent dans l’armée française de 1943, jusqu’au début de l’année 1945, et qui participent aux combats de la libération de l’Italie et de la France.Trente plus tard, ce film répond à « La victoire en chantant » :- même thématique historique, la guerre européenne impliquant les populations coloniales, mais ici il s’agit de la Seconde guerre mondiale et le terrain est européen.- même volonté d’interpeler le spectateur sur le statut donné au colonisé.

Ainsi, les films d'aujourd'hui, montrant la diversité des mémoires de la colonisation, les confrontant, ou évoquant les rêves de mixages ethniques ne dénotent-ils pas les espoirs de construire, enfin, une histoire commune, apaisée et plus contemporaine ?

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III. PROPOSITIONS PÉDAGOGIQUES

1°) Liaison avec les programmes de collège et lycée

• En 3ième histoire : La Première guerre mondiale et ses conséquences• En 3ième ECJS : La défense et la paix, défense nationale, sécurité collective• En 2de, ECJS : Droits de l’Homme et du citoyen, droits de la personne, droits

sociaux et politiques, nationalité, intégration/exclusion, des communautés à une communauté citoyenne …

• En 1ière, ECJS : le devoir de défense• En 1ière L/ES, Histoire :

- L’Europe et le monde dominé : échanges, colonisation, confrontations. « On s’interroge sur les causes de l’expansion européenne et la diversité de ses formes (économiques, politiques et culturelles) …»- Première guerre mondiale et les bouleversements de l’Europe : caractère total du conflit et ses conséquences…

• En 1ière S, Les français dans la première guerre mondiale• En Terminale S, Colonisation européenne et le système colonial

Ces thèmes peuvent être élargis à d’autres problématiques comme le devoir de mémoire, la lutte contre la discrimination et le racisme (LICRA, SOS racisme, LDH…) etc.

RAPPEL :Il est nécessaire de préparer les élèves avant la projection en leur donnant quelques pistes de réflexion afin qu’ils puissent :

• Concentrer leur attention pendant le temps de projection.• Repérer les temps forts du film, les scènes importantes…• Mettre en perspective cinéma et histoire.• Enrichir les échanges avec les intervenants.• Eventuellement préparer des questions…

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2°) La guerre, le patriotisme et l’antimilitarisme

On pourra mettre en évidence la façon dont J.J. ANNAUD ridiculise et rend grotesque la transposition de la Première guerre mondiale de l’Europe en Afrique, par le contenu, par l’image, par la bande son.

Valorisation de la guerre etglorification de l’armée …

…et leur contre-point

Le prestige de la France

- volonté collective des colons de démontrer la puissance impériale et militaire de la France

- impuissance individuelle du commerçant

Les symboles patriotiques

exemples :- contre-plongée (drapeaux…), gros plans (insignes militaires…)

- chants patriotiques : Marseillaise par les petits colons blancs…

- petits postes militaires isolés et insignifiants

- Chant du départ par les troupes coloniales

L’institution militaire et son organisation

exemples :- ordre, discipline dans le camp allemand- hiérarchie militaire

- la préparation de la bataille

- discours anti-« boches »

- distribution aléatoire des grades- déplacements des « officiers » en chaise à porteur

- recrutement de la « chaire à canon »- hétérogénéité des uniformes, manque d’armement- entraînement succinct des troupes

Le frontexemples :- le symbolique franchissement du Rhin- campagne militaire, la bataille initiale du film

- la tranchée

- un petit ruisseau…

- une « partie de campagne » : un déjeuner sur l’herbe, fuite des « spectateurs » face à la défaite et au carnage…

- pluie inattendue qui rappelle les difficiles conditions des poilus sur le front européen

etc…

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3°) Deux visions du colonialisme à deux périodes différentes

Une étude comparative avec « Tintin au Congo » d’Hergé semble pertinente. D’une part parce que c’est un document source (1930) qui témoigne des mentalités racistes et impérialistes de l’époque, d’autre part parce qu’il est devenu aujourd’hui polémique. Il est retiré de la vente en Afrique du sud en 1976 (date de sortie du film), des rayons enfants dans certaines librairies du Royaume-Uni en 2007, et en procès en Belgique depuis. Les différents remaniements de la BD témoignent également de l’évolution des mentalités. La BD est raciste, le film est antiraciste. Rappelons que le racisme « n’est pas une opinion mais un délit ».

(Image indisponible « Tintin au Congo » d’ Hergé indisponible)

Cette comparaison des deux supports peut se faire en pluridisciplinarité.• On pourra par exemple demander aux élèves de relever les aspects comiques,

ironiques, grotesques, ridicules, cyniques des 2 supports…. Quel sont les ressorts du comique ?

• On peut proposer la lecture comparée de l’image d’une vignette et d’une séquence du film. Ex : défilé militaire, ou bien la représentation des pères missionnaires, celle des noirs, chefs et villageois (cadrage, plan, angle de vue, action, etc)

(Image indisponible « Tintin au Congo » d’ Hergé indisponible)

• On peut également choisir une pub de l’époque afin de mettre en avant les stéréotypes, préjugés raciaux….

L’étude des thèmes proposés en suivant peut être menée parallèlement sur le film et la BD.

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4°) Le système colonial

La domination européenne s’exerce à la fois dans les domaines politiques, économiques, militaires, culturels. Le film de J.J. Annaud montre ces divers aspects, mais il donne une place importante à la domination culturelle et religieuse avec les deux pères missionnaires particulièrement caricaturaux. La mission civilisatrice est traitée de façon très critique :

• Acculturation : scène du village, les pères collectant des statuettes, des masques et autres objets de la culture africaine en échange de statues de la vierge. Dans une scène d’autodafé, on les voit brûler ces objets.

• Evangélisation : scène du vélo pour expliquer la supériorité du Dieu des chrétiens !

• Education : scène de la « baïonnette » / « bannette ». (Remarque : S’agit-il également d’une allusion de J.J. Annaud au journal satirique créé en 1915 ?).

• Enrôlement et entraînement militaire soutenu par la distribution d’alcool comme « potion magique ».

• Aspects vestimentaires, uniformes, chaussures (nombreux plans).• Prénoms chrétiens.

Mais la « mission civilisatrice » rencontre quelques résistances, les Africains ne sont pas si malléables et ils affichent un conformisme de façade :

• Scène du gardien de la mission qui continue de pratiquer le culte musulman en cachette.

• Contestation véhémente de l’homme noir qui n’a pas reçu la statuette de la vierge qu’il voulait.

• Chant satirique lorsqu’ils portent les missionnaires sur les chaises à porteur• Importance des chefs de tribus et de la langue locale.• Refus de prononcer le mot « baïonnette ».• Difficulté à porter des « gants de pieds » … chaussures finalement portées sur

le paquetage.

5°) Le racisme

A partir du film on peut proposer aux élèves de : • Relever les hiérarchies entre les noirs et les blancs, à la fois dans les domaines

civil et militaire. Quelles tâches sont attribuées à chacun (chef/subalternes, gradés/recrues, maîtres/boys, patrons/employés…) Décrire les comportements des uns vis-à-vis des autres.

• Relever toutes les scènes de violence (gifle, coup de pied, bousculade, enchaînement…) qui révèlent le racisme, le mépris, l’atteinte à la dignité humaine. On pourra proposer un traitement particulier des scènes de gifle qui se répètent dans le film : injustifiées, soudaines, humiliantes, infantilisantes.

• Etudier la scène du recrutement pour l’armée : marché aux esclaves (ou foire au bétail ?). Les hommes y sont enrôlés de force, traités comme des prisonniers : contrôle de leur dentition, prise d’empreintes, nouvelle identité avec prénom chrétien, distribution du paquetage…

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• Etudier le traitement de l’image : cadrages, angles de prises de vue (plongée ou contre-plongée…). Le traitement diffère-t-il selon la couleur des personnages filmés ?

Définir racisme et xénophobie, et leurs manifestations. Mettre ce thème en relation avec l’actualité plus récente : discriminations, dégradations de lieux publics, profanations revendiquées par des mouvements racistes et antisémites, agressions de personnes (couleur de peau, religion, différences…). Sensibiliser aux difficultés d’intégration des populations noires en France : par exemple à travers la lecture d’extraits du roman-témoignage de Fatou Diome, « Le ventre de l’Atlantique », paru en 2003.

6°) Représentation des colonies et Mémoires de la colonisation

Le film de J.J. Annaud est un film engagé qui porte un regard très critique sur la colonisation : Quel regard aujourd'hui sur le passé colonial ? Nous proposons plusieurs approches pour aborder l’évolution considérable de la perception du colonialisme.

• Comparaison de supports diversifiés dans le temps : - Déclarations de J. Ferry justifiant la colonisation française fin XIXème- Textes politiques ou littéraires de la première moitié du XX° siècle qui justifient la colonisation- Textes représentatifs de la montée extrémiste du racisme et du nationalisme des années 1930-1940 (on retrouve « Tintin au Congo » d’Hergé…)- Pour les années d’après guerre, documents exprimant l’éveil des consciences nationalistes, par exemple sur le thème de la « négritude » par L.S. Senghor- La loi de 2005 évoquant l’enseignement de la colonisation réveillant « l’amnésie nationale sur son passé colonial »

• Recherche des élèves sur le débat repentir-réparation : - Quelles commémorations ou reconnaissances ?- Retrouver des déclarations ou écrits de Ch. Taubira, députés et ex-candidate aux élections présidentielles.- Origine, but, contenu, et contestations de la loi en 2005 et déclarations de N. Sarkozy alors ministre de l’intérieur pour « en finir avec la repentance ».

Extrait de la Loi de février 2005 sur le rôle positif de la colonisation :« La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. » « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. »

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CONCLUSION :

Deux remarques au fil de l’Histoire pour conclure ce dossier :

Au film de J.J. Annaud engagé et mal reçu dans les années 1970 répondent donc les polémiques des années 2000 dont les débats ne sont toujours pas clos :- Quelles relations nourrit la France à l’égard de ces anciennes colonies ?- Quelle place dans les programmes d’enseignement ?- Quelle place pour les populations originaires de ses ex-colonies et leurs enfants dans la société française actuelle ?- Quelle discrimination positive envisagée ?…

Une autre réflexion s’impose sur ce même sujet :Quel rôle et quelle influence le cinéma peut-il avoir sur la perception de nous-mêmes et sur les décisions politiques ?Pour rappel, le 27 septembre 2006, le gouvernement Dominique de Villepin annonce que les 80 000 anciens combattants de l'Empire français encore vivants percevront les mêmes retraites que leurs compagnons d'armes français. Cette décision répond au succès du film de R. Bouchareb. Un cinéma engagé et militant, relayé par une campagne médiatique efficace, a ainsi permis de réparer une injustice, même si la question du paiement des arriérés (sur une période de plus de 40 ans) et des intérêts demeure en suspens.Mais le contexte est alors bien différent de celui des années 1970…

Pour prolonger cette approche, une petite sélection d’autres réalisations cinématographiques sur l’engagement militaire des colonies :

« Goumiers algériens en Belgique » court-métrage d’actualités tourné en 1915 par Alfred Machin.« La Trahison » de Ph. Faucon, 2006 « Indigènes » de R Bouchareb, 2006 « La couleur du sacrifice », documentaire, Mourad Boucif, 2006

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BIBLIOGRAPHIE

Sur la colonisation :Bernard MOURALIS, République et colonies. Entre histoire et mémoire., Présence africaine, 1999. Le temps des colonies, Les collections de l’Histoire, H.S. n°11, avril 2001. La colonisation en procès, L’Histoire n°302, octobre 2005.

Sur Histoire et cinéma :Joseph DANIEL, Guerre et cinéma, Cahiers de la fondation nationale des sciences politiques, A. Colin, 1972.Marc FERRO, Analyse de film, analyse de sociétés, Pédagogies de notre temps, Classique Hachette, 1975.Marc FERRO, Cinéma et Histoire, Folio-Histoire, Gallimard, 1993.Cinéma et histoire, Histoire du cinéma, Revue d’Histoire du cinéma n°35-36, Institut de Recherche et d’Animation sur l’Histoire du Cinéma, automne 1982.

Sur le film et JJ. Annaud :Nicolas BONNAL, Jean-Jacques Annaud, un cinéaste sans frontières, Michel de Maule, 2001.Critiques de presse :Jean-Luc POUILLAUDE, « Bleu, blanc, rouge et noirs (Critique de La victoire en chantant) », Positif n°182, novembre 1976.Jacques GRANT, « Surtout pas d’accord sur… La victoire en chantant », Cinéma n°216, décembre 1976.Claude Michel CLUNY, « La victoire en chantant (critique) » Cinéma n°214, octobre 1976.Antoine DE BAECQUE et Stéphane BRAUNSCHWEIG, « Jean-Jacques Annaud, au nom du spectacle », Les cahiers du cinéma n°369, mars 1985.DVD :La victoire en chantant : versions originale et étrangère, commentaires de JJ. Annaud, Galeries photos, DVD Pathé, 2005.

Sites web :

http://www.jjannaud.com, le site de J.J. Annaud.WWW .crid1418.org , le site du Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre 1914-1918.cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr, le site de la Bibliothèque du film.www.fluctuat.net/2454-Cinema-et-memoire-coloniale magazine culturel en ligne.

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