S’engager pour la planète ! Consomm’

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Témoigner • Savoir-faire • Échanger • Participer Numéro #04 2 e semestre 2019 S’engager pour la planète ! gaıa perma Gratuité Décroissance Alimentation responsable Consomm’ Les bons choix pour changer ! acteur L214 Slow Food Julien Vidal Hubert Reeves Youth for climate Claude et Lydia Bourguignon François Berléand Jean-Marc Jancovici

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Témoigner • Savoir-faire • Échanger • Participer

Numéro #042e semestre 2019

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GratuitéDécroissanceAlimentation responsable

Consomm’Les bons choix pour changer !

acteur

L214Slow Food

Julien Vidal

Hubert ReevesYouth for climate

Claude et Lydia Bourguignon

François BerléandJean-Marc Jancovici

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Numéro #042e semestre 2019

Témoigner • Savoir-faire • Échanger • Participer

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éditoC onsommateurs.

Quoi que nous en pensions et quelles que soient nos pratiques en la matière, nous répondons à cette classification. Cette façon de nous définir et, là encore,

que nous le regrettions ou non, est même devenue un critère fondamental dans notre société de… consommation.Alors, si au lieu de subir cet état de fait, nous nous en servions ? Si, au lieu de subir les injonctions du marketing, nous imposions nos propres volontés et exigences ? De consommateurs à consomm’acteurs ?Le pari n’est pas si fou, il est même très accessible. Nous le voyons déjà dans notre quotidien. Dans l’éviction des rayons de la plupart des grandes surfaces des œufs de poules élevées dans les conditions effrayantes des fermes-usines, dans l’apparition de vastes rayons bio dans les hypermarchés, dans les premiers efforts des industriels pour réduire les emballages plastique, dans l’apparition des pailles naturelles, des produits recyclables et non jetables…Petits efforts quasi invisibles d’un « consommateur » qui commence à choisir (c’est-à-dire bien souvent à exclure). Petits efforts qui, multipliés, représentent un vrai mouvement avec de vrais effets. Le summum étant de réduire les actes d’achat, voire ne pas consommer du tout ! Inventer ou retrouver des modes de vie différents : la modération, l’échange, le don, la responsabilité, l’autonomie…Le choix devient alors un vrai engagement « politique » avec des conséquences possible-ment importantes sur notre société et notre système. Nul besoin ici de grandes réformes, de lois, de bulletins de vote, de conférences internationales… Certes tout cela n’est pas inutile, mais nous semble parfois trop lourd, et surtout trop lent.

La proposition est ici très simple et accessible : devenons tous des consomm’acteurs !

élisabeth Pegeon,Directrice éditoriale de Rustica éditions

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Sommaire

03 éditorial, de élisabeth Pegeon

Réfléchir

06 Qu'est-ce que la consomm'action ? de Arnaud

Brulaire

Comprendre

10 La chaîne des produc-teurs-consommateurs en personne, de Caroline Gloton

Agir

16 Vivre avec moins pour vivre heureux ! de Romain Haonfaure et Jean-François Rochas-Parrot

S’engager

26 L214 : la condition animale défendue par Brigitte Gothière,

de Omar Mahdi

Témoignage

34 La solution énergétique de Jean-Marc Jancovici, de Philippe Blanchard

Comprendre

42 La gratuité, laboratoire du futur, de Paul Ariès

Réfléchir

48 Redonner de la valeur aux choses, de Julien Vidal

Savoir-faire

56 Le passage aux toilettes sèches, de Bernard Farinelli

S’impliquer

60 Carnet de déroute, récit d’un changement de vie, de Muriel Douru

Numéro #04 2e semestre 2019

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Comprendre

68 Mangez ! de Frédéric Denhez

S’engager

74 Qu’est-ce qu’une alimentation respon-sable ? de Linda Bedouet et Carlo Petrini

Témoignage

80 François Berléand, de Nathaly Ianniello

Protéger

89 Mission préservation des océans, de Hubert Reeves

S’engager

96 Les enfants défendent la planète ! de Caroline Gloton

Reportage

104 Les racines du bon sens : le sol expertisé par Lydia et Claude Bourgui-gnon, de Jean-Charles Gutner

Portrait

116 Sébastien Wittevert : de la haute finance au troc de semences, de Omar Mahdi

S’impliquer

120 Les youtubeurs engagés, de Coline Morin

Devenir autonome

128 Vivre sans frigo, sans poubelle… de Orlane Paquet

Devenir autonome

135 Maman, c’est quoi la permaculture ? de Mathilde Paris et Marion Tigréat

S’engager

144 Consomm'acteur urbain : comment s’alimenter autrement ? de Jean-Jacques Fasquel

Découvrir

150 Consommer mieux, mais avec plaisir ! de Caroline Gloton

156 Les applis écolos !

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Réfléchir : Qu’est-ce que la consomm’action ?

Qu’est-ce que la consomm’action ?

Le mouvement des consomm'acteurs n’est pas nouveau. On en parlait déjà il y a plus de dix ans, et je me souviens de l’engouement qu’il a provoqué chez moi et certains amis.

Le principe était fort : nous pouvons changer le monde en consommant différemment ! Devenons acteurs plutôt que simples consommateurs ! Mais voilà, dix ans après, force est

de constater que l’état de notre monde ne s’est pas amélioré, loin de là.

Par Arnaud Brulaire, ingénieur agroalimentaire et consultant(www.caquesiau-conseil.com)

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La communauté scientifique internationale ne cesse de tirer la sonnette d’alarme (comme en témoigne l’appel contre la dégradation de l’environnement signé en 2017 par 15 000 scientifiques de 184 pays), et l’idée d’un effondrement de notre société ther-mo-industrielle devient de plus en plus crédible1.

Alors pourquoi si peu d’effet ? La consomm'action est-elle un mouvement marginal qui n’a touché que quelques « bobos » parisiens ? Ou bien est-ce le concept même de consomm'action qui est défail-lant ? L’ambition ou l’éthique de la démarche n’est sûrement pas à remettre en question. Il s’agit bel et bien de mieux consommer, de manière à protéger la nature et les hommes. L’objectif de la consomm'action n’est donc pas tant de consommer que d’agir pour un monde meilleur, un monde soutenable offrant les mêmes chances de survie (et de vie agréable, soyons fous !) à tous les êtres vivants de notre planète Terre.Néanmoins, cela pose la question de la compatibilité de ces deux mots : consommer et agir. Peut-on agir en consommant ? N’y a-t-il pas une contradiction profonde entre consommation et action responsable ?

Je consomme… et après ?Pour répondre à ces questions revenons aux fonda-mentaux : que signifie « consommer » ? « Mener une action, un état à un degré d'achèvement complet, à leur accomplissement définitif », voilà ce que nous dit le Larousse. Le sens premier est donc à rapprocher de l’origine latine du mot, « consumare » : accomplir.

Au fond de moi je le sens, si je consomme, c’est bien pour accomplir quelque chose, voire « m’accomplir ». Et ce faisant, ne chercherais-je pas à donner un sens à ma vie ? Certains psychologues soutiennent l’idée que la consommation est un moyen de combler une carence identitaire, un manque de reconnaissance, et sans doute d’échapper à la mort, d’échapper au temps. Ce temps qui nous fait cruellement défaut, et nous amène souvent à consommer plus et plus vite. Retrouver du temps, organiser nos vies pour en libérer, constitue sans doute l’une des conditions primordiales d’une vie heureuse et respectueuse de la nature.

Mais alors comment atteindre cette promesse de la consommation et nous accomplir, nous épanouir, en prenant le temps de le faire bien ?Certains semblent y parvenir par une consommation de « bien-être » et autres méthodes de reconnexion à soi : yoga, méditation, bouddhisme, développement personnel, sophrologie, tai-chi… Il est aujourd’hui démontré que la quête de spiritualité est un ingré-dient indispensable de la résilience individuelle et collective. Néanmoins, la plupart n’accèdent pas à ce bien-être, et la quantité d’anxiolytiques dans la plupart des pays développés reste très élevée (1 Français sur 4 est sous psychotropes2). De nombreux philosophes et anthropologues disent qu’une solution durable ne peut être trouvée dans une démarche purement personnelle3. « L’homme est un animal social » comme disait Aristote, et notre bonheur passe par le lien avec nos semblables, voire avec les « autres qu’humains »4 (animaux, végétaux…).

Acte individuel ou collectif…Pour être responsable, la consommation doit donc passer d’un acte individuel à un acte collectif. Il y va de notre épanouissement psychologique, mais aussi de notre capacité à subvenir à nos besoins fonda-mentaux, physiologiques et matériels  : se nourrir, dormir, s’abriter, aimer et être aimé, et enfin s’ac-complir. Clairement les problèmes de batterie et de wi-fi ne sont finalement pas à la base de la fameuse pyramide des besoins de Maslow5 !Par ailleurs, le contexte de changement climatique nous impose un cadre d’actions qui n’est plus négo-ciable, sous peine de dépasser les +2°C à l’échelle planétaire d’ici 2100 (accord de Paris, COP 21) et d’entraîner de tels bouleversements que la survie de

1. Voir notamment :- Servigne Pablo, Stevens Raphaël, Comment tout peut s'effondrer : manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes, Le Seuil, 2015.- Servigne Pablo, Stevens Raphaël, Chapelle Gauthier, Une autre fin du monde est possible, Le Seuil, 2018.- Les travaux menés par l’Institut Momentum (Paris 13) sous la présidence d’Yves Cochet,- Ou encore ceux de Jean-Marc Jancovici.2. www.francetvinfo.fr/sante/medicament/la-france-consomme-toujours-beaucoup-d-anxiolitiques_2132741.html3. www.loptimisme.com/les-resultats-de-la-plus-longue-etude-sur-le-bonheur4. Cité dans Une autre fin du monde est possible, de Pablo Servigne, Le Seuil, 2018.5. https://coachingecologique.wordpress.com/2016/11/02/pyramide-besoins-maslow-genera-tions-connectees-devperso-burnout/

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centaines de millions d’humains sera compromise (source : ONU). Notre « droit à émettre » équitable-ment, réparti entre les 7 milliards d’humains que nous sommes, représente à peine 2 tonnes de CO2 par an au lieu des 12 tonnes actuelles d’un Français moyen6.Atteindre ces 2 tonnes est très facile. Il suffit de :

Faire un aller-retour Paris-New York en avion (2 tonnes par passager dans un avion plein),

Ou faire 5000 km en voiture « normale » (2500 km en gros 4x4),

Ou encore manger 60 kg de bifteck de bœuf (soit un bifteck de 150 g par jour pendant 1 an7).

Et ma liberté alors ?Dois-je y renoncer pour sauver la planète ?Le respect de la nature est souvent perçu comme un frein au bonheur (« l’écologie ça suffit ! »), une atteinte à nos libertés fondamentales…Mais de quelle liberté parlons-nous  ? Liberté de consommer ou liberté de vivre ? Et si notre liberté d’aujourd’hui compromettait celle de demain ? En réalité il ne s’agit pas de sauver la planète, elle a survécu à de nombreux cataclysmes (dont le dernier en date a provoqué la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années), donc elle nous survivra. Il s’agit plutôt de sauver l’humanité et de comprendre que nous dépendons du fragile équilibre du monde vivant dont nous faisons partie.« Ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui » dit une maxime française de l’époque des Lumières. Nous savons maintenant que cet autre inclut les animaux, les végétaux, l’eau, l’air, la terre… Tuer la nature c’est nous tuer nous, tout simplement. Le changement que nous devons opérer se fera de gré ou de force, à nous d’apprendre (ou réapprendre)

à consommer intelligemment, dans une forme de sobriété volontaire. C’est sans doute le plus grand défi du consomm'acteur d’aujourd’hui.Finalement, il est fort probable que la plupart d’entre nous doivent changer de vie pour devenir consomm'ac-teurs. Car si certaines solutions sont facilement ac-cessibles « à périmètre constant », sans changer grand-chose dans notre manière de vivre, d’autres en revanche sont plus exigeantes  : il ne suffit pas d’acheter bio et équitable pour sauver le monde, surtout si on prend l’avion ! Une profonde remise en question de nos modes de vie est nécessaire pour que l’expression « consommation responsable » ait un sens.

Reprendre le pouvoir…Le plus important est peut-être ailleurs… Et si l’ac-tion responsable nous rendait heureux ? Et si c’était dans l’action porteuse de sens que l’on trouvait la joie ? Plusieurs études récentes montrent que les ingrédients du bonheur sont les mêmes que ceux de la résilience de notre monde : la connexion entre humains, et la connexion à la nature10 !

Il s’agit au fond de reprendre le pouvoir sur nos vies grâce à une consommation qui nous rendra utiles et heureux !Nous devrons apprendre (ou réapprendre) à nous nourrir, nous loger, nous déplacer, nous habiller, nous « divertir », nous relier, pour limiter les dérè-glements en cours et permettre une vie soutenable à nos enfants. Il existe un cadre, une méthode qui peut nous guider dans cette formidable entreprise. Elle se nomme pour moi « permaculture », mais d’autres l’appelleront peut-être « bon sens », « so-briété heureuse » ou « biomimétisme ». Développons cet art de vivre, pour une vie résiliente et heureuse.

6. https://jancovici.com/changement-climatique/agir-collectivement/que-signifie-concretement-darreter-la-hausse-du-co2-dans-lair/7. http://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?repas.htm8. http://ravijen.fr/?p=440Et https://jancovici.com/changement-climatique/les-ges-et-nous/combien-de-gaz-a-effet-de-serre-dans-notre-assiette/9. http://itab.asso.fr/activites/atouts-ab.php10. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959378013000575?np=yEt https://www.loptimisme.com/les-resultats-de-la-plus-longue-etude-sur-le-bonheur/

Réfléchir : Qu’est-ce que la consomm’action ?

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Les 7 commandements du consommateur responsableNotre consommation ne sera responsable que si elle permet de limiter efficacement nos émissions de gaz à effet de serre et la destruction de la biodiversité. Et pour cela, pas de solution durable sans une volonté commune, une mutualisation des ressources et une solidarité sans faille. Ainsi, à l’aune des travaux effectués par de nombreux experts, il est aujourd’hui possible de dresser les « 7 commandements du consommateur responsable », de sorte que chaque pan de notre vie d’aujourd’hui permette celle de nos enfants et petits-enfants :

1. Tu réduiras tout (sauf le bonheur).Notre conception occidentale de la réussite et du bonheur est souvent basée sur une consom-mation effrénée. Or c’est la source première de la dégradation de notre environnement. Il est donc primordial de changer notre logiciel interne et de nous questionner sur ce qui nous rend vraiment heureux. Rappelez-vous les trois plus beaux moments de votre vie…

2. Tu te nourriras d’aliments biologiques, principalement végétariens, locaux et de saison.L’alimentation représente entre 20 et 30 % de nos émissions de gaz à effet de serre8, dont la moitié issue de notre consommation de viande et poissons. L’agriculture biologique n’est pas parfaite, mais il n’y a pas mieux aujourd’hui. Elle permet une réduction du changement clima-tique et préserve la biodiversité9. À nous de la faire progresser.

3. Tu habiteras un logement bien isolé et chauffé aux énergies renouvelables.Avec 10 cm d’isolant sur les murs et 20 cm en toiture, ton logement consommera trois fois moins d’énergie.

4. Tu ne prendras pas l’avion.Si ton patron t’oblige à le faire, ce sera compliqué, certes, mais tu pourras envisager de changer de travail. Si c’est pour tes congés, peut-être peux-tu reconsidérer ta conception des vacances…

5. Tu rouleras moins (en voiture).Idéalement tu rouleras moins de 2000 km en voiture par an et par personne, car cela repré-sente environ un tiers de ton quota annuel de 2 tonnes de CO2. Si tu as besoin d’aide, rejoins le mouvement citoyen www.resistanceclima-tique.org

6. Tu feras durer tes « biens de consom-mation » (habillement, informatique, électro-nique…). Ils représentent 20 % de nos émissions de CO2, dont 10 % pour l’habillement et 6 % pour le trio « informatique- électronique-internet ».

7. Tu (re)découvriras le pouvoir de tes mains.En faisant toi-même, tu économiseras de l’argent, tu réduiras ton empreinte environnementale et… tu seras tellement content(e) de toi !

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Comprendre : La chaîne des producteurs-consommateurs en personne !

La chaîne des producteurs- consommateurs

en personne !Par Caroline Gloton, journaliste

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Portrait d’un producteurPrénom : BernardNom : PoujolÂge : 62 ansAdresse : Saint-Gilles en CamargueProfession : Producteur de riz biologique.

Bernard, vous faites partie des 200 producteurs de riz en France et vous avez choisi la culture biologique. Qu’est-ce qui vous a amené à devenir producteur bio ?Je travaille dans le riz depuis vingt ans. D’abord en tant que régisseur dans deux domaines agricoles

conventionnels. Le deuxième avait développé un petit bout de parcelle (50 hectares sur 1000) de cultures biologiques. J’ai compris que les techniques étaient intéressantes et innovantes.J’ai alors fait l’acquisition de 40 hectares à Saint-Gilles, que j’ai cultivés en bio avec la collaboration d’experts du Cirad1 et de l’INRA. Je suis installé depuis 2006 et pour le désherbage, ainsi que l’avait fait mon fils au Japon, j’ai utilisé des canards.L’agriculture biologique est un système agronomique complexe où les cultures et les espèces entretiennent entre elles un lien fort, l’objectif étant de recréer artificiellement l’équilibre parfait qu’on trouve dans une forêt.En défrichant les forêts pour cultiver les terres, nous avons perdu cet équilibre. Nous devons maintenant le retrouver dans nos cultures.Vous savez, il faut beaucoup d’expérience pour réussir en agriculture bio. Beaucoup plus qu’en conven-tionnelle. Pour ma part, il m’a fallu dix années pour trouver un bon équilibre entre les éléments.

Combien de riz produisez-vous ?J’ai produit 500 kg de riz la première année et je prévois 35 tonnes en 2019. Je cultive du riz blanc semi-complet et du riz rouge.Je stocke mon riz dans un silo de la société Biosud (mes produits sont à part) et je viens le chercher quand j’en ai besoin. En plus du riz rouge, je ne fais que du riz semi-complet car il est plus facile à cuisiner que le complet, plus tendre, mais il garde tous les nutriments.

1. Centre de coopération internationale en recherche agronomique.

“ Chacun de nos achats, du plus petit au plus gros, implique non seulement des ressources minérales et végétales planétaires mais aussi des ressources humaines. Derrière chaque produit il y a une histoire. „

L ors d’un achat, vous arrive-t-il de penser au producteur ou l’artisan qui travaille de longues heures, qui se demande la

tête sur l’oreiller comment il pourra livrer dans les temps un produit de qualité tout en priant pour qu’aucun événement climatique, un outil cassé ou une invasion d’insectes ne vienne réduire à néant le travail de plusieurs années ?Vous arrive-t-il de penser au transformateur qui doit jongler entre plannings de fournisseurs, variation des coûts et différences de qualité des matières premières, plannings de clients, entre périodes de travail creuses et périodes de travail pleines notamment près des fêtes car personne ne veut lisser ses achats sur l’année, et qui encourt le risque de pénalités de retard ?Quant à l’acheteur d’une grande société de distribution, vous arrive-t-il de vous demander pourquoi il négocie des prix si bas avec ses fournisseurs ? Son service marketing a fait la promotion de prix bas et il doit se débrouiller pour atteindre l’objectif de marge attendu. D’autant que lui-même n’est payé qu’au résultat. Il lui arrive peut-être de ne pas comprendre le sens de son travail.Et le livreur ? Celui qui est payé petitement en fonction de sa tournée, qui fait des kilomètres et des horaires à rallonge, sans même avaler un sandwich pour livrer à temps ses clients pressés ?

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À qui vendez-vous votre riz ?Principalement à des particuliers et également à quelques professionnels, comme Transgourmet qui revend à des restaurateurs haut de gamme.

Comment voyez-vous la consomm'action ?Du côté des consommateurs, il y a en ce moment une véritable prise de conscience, qu’à mon avis nous devons largement aux enquêtes montrant que la nour-riture à base de pesticides pouvait être dangereuse. Les agriculteurs bio ne sont plus considérés comme des hippies mais comme des techniciens du vivant.En revanche, je ne saisis pas pourquoi certains consom-mateurs résistent encore et ne changent pas leurs habitudes. Ils ne comprennent pas que leur rôle est essentiel. Il faut qu’ils passent au bio. Un acte d’achat est une action politique. Cela nous concerne tous.

Ressentez-vous des changements environnemen-taux sur votre propriété ?Oui, aujourd’hui on peut semer le riz jusqu’au 10 juin alors qu’il y a trente ans, le 10 mai, c’était terminé. Et je peux récolter jusqu’à fin août ou début septembre. Ce qui pour moi est positif.

Quel est votre propre rapport à la consommation ?Nous achetons nos produits à des petits producteurs

bio de Saint-Gilles et faisons un peu de troc. Nous allons très rarement au supermarché.

Que souhaitez-vous dire aux consommateurs ?Je suis un agriculteur qui vit bien de son travail. Et mes clients disent que mon riz est délicieux. C’est gagnant-gagnant !

Portait d’une maraîchèrePrénom : ManonNom : MougenotÂge : 36 ansAdresse : éguilles (région d’Aix-en-Provence)Profession : Maraîchère et responsable de son ex-ploitation depuis sept ans, Manon a pris la suite de ses parents. Sa société s’appelle Le jardin de Manon. Elle avait déjà pris l’habitude d’aller sur les marchés avec ses parents.

Quels sont les aspects positifs et les aspects négatifs de votre travail ?Aspects positifs : l’agriculture bio, c’est important pour la santé. Les agriculteurs bio ont été des précurseurs dans la région. J’aime cultiver, l’air libre, le lien avec la terre, le contact avec les clients.Aspects négatifs : La surcharge de travail : 80 à 90

Comprendre : La chaîne des producteurs-consommateurs en personne !

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heures de travail par semaine. Financièrement, je vis correctement. Mes revenus me suffisent à couvrir mes charges.

La consomm'action pour vous, c’est quoi ? [Elle ne connaît pas le terme, je lui explique...]On sent un changement réel chez les consommateurs. De plus en plus de jeunes font attention, reviennent avec des sacs en papier, cherchent des circuits courts. J’en ai de plus en plus comme clients. Ils sont sou-cieux de leur santé et également sensibilisés à celle de la planète.Je vends tout en direct au marché, j’ai également un magasin sur www.lejardindemanon.com, et compte environ 500 clients réguliers de la région.

Votre propre rapport à la consommation ?Je fais très peu de courses : je pratique beaucoup le troc sur le marché et trouve presque tout sur place. Je me procure pâtes, riz, lait, fromage à l’épicerie de ma ferme. Et une fois par mois, un laboratoire biologique vient au magasin et me fournit mes pro-duits cosmétiques et d’hygiène. Je vais dans des petits magasins uniquement pour le sopalin et le papier toilettes. J’ai des poules, donc des œufs, mon père fait de l’élevage de porcs et de chèvres (et des fromages). Je trouve mon poisson au marché et j’achète le bœuf par un ami dans le Tarn.

Votre plus grand rêve ?Qu’on arrête les désherbants. Stopper Monsanto.

Portrait d’un chef de fabricationPrénom : MaribelNom : DarbelinÂge : 47 ansAdresse : Passy, Haute-SavoieProfession : Chef de fabrication de la conserverie au

sein de la société familiale créée il y a 40 ans par la famille Darbelin : Les confitures de la Création www.confituresdelacreation.net.Les Darbelin étaient initialement des ramasseurs de myrtilles, auxquels les clients demandaient des tartes et des confitures. L’histoire est partie de là. La société compte aujourd’hui 8 employés dont 4 personnes de la famille. Sa production est de 3000 pots par jour. Maribel est la belle-fille des fondateurs.

Quels sont vos clients ?Les petits magasins de stations de ski, épiceries, crè-meries, jardineries, quelques petits supermarchés Sherpa et des particuliers. Ils se développent chaque année grâce au bouche-à-oreille. Notre société a fait le choix d’éviter la grande distribution car elle n’a pas les moyens de gérer les pénalités liées à des retards éventuels ou des erreurs de livraison, ni de payer un avocat à temps plein. Elle sait que ces pénalités peuvent coûter très cher aux transformateurs. C’est un choix : pas de grande distribution.

Quelles sont vos matières premières ?Notre société fait au mieux  : il n’y a pas de pro-duits additifs. Les recettes changent mais pas trop. Jonglent entre le souhait d’acheter en France et le plus souvent des fruits sauvages mais ce n’est pas toujours possible. Nous achetons les fruits à un grossiste en Ardèche, un autre dans les Vosges, des citrons et oranges en Espagne et des châtaignes en Italie. C’est beaucoup plus cher mais la société veut faire attention. Certaines fois les fruits sont bio mais pas toujours vu les quantités et nous ne voulons pas payer le label. Notre objectif est de faire des choses bonnes et continuer à proposer un emploi à huit personnes. Ne pas trop grossir. Garder une entreprise à taille humaine.

La consomm'action pour vous ça sert à quoi ? [Elle ne connaît pas le terme, je lui explique...]À garder du savoir-faire en France.

Quel est votre propre rapport à la consommation ?Plus ça va et plus je cuisine. J’achète moins de choses. En plus je déteste faire les courses. Alors, je vais dans des petits magasins bio ou dans une ferme qui vient d’ouvrir et je fais avec ce que j’ai. Je réutilise plusieurs fois le même ingrédient. J’invente des choses. Cela me permet de moins gâcher. Je fais comme mes parents faisaient.

“ En faisant attention à ses achats, on se nourrit d’un lien qu’on avait perdu avec des centaines de producteurs et d’artisans et on apprend beaucoup de choses. „

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Par ailleurs, nous recyclons nos emballages, faisons du compost et du terreau.

Portrait d’une consommatricePrénom : SégolèneNom : GoubeauxÂge : 55 ansAdresse : Aix-en-ProvenceProfession : Infirmière

Ségolène, vous considérez-vous comme consom’ actrice ?Oui, je suis une consommatrice de plus en plus consciente, mais qui a encore beaucoup d’habitu-des à changer.

Comment cette prise de conscience s’est-elle opérée ?Ce sont des amies qui m’ont amené à réfléchir.Avant je consommais « facile ». Je suis de la génération des « plats tout prêts », du pratique. Je ne me posais aucune question. Les enfants adoraient les nuggets. Et on ne parlait de rien dans les médias. Puis j’ai lu

des articles, rencontré des personnes engagées.Je vendais des produits [elle était visiteuse médi-cale] à des médecins spécialisés en endocrinolo-gie (principalement pour des malades du diabète et de la thyroïde). J’ai découvert que la nourriture avait une influence majeure sur la santé. J’ai assisté à une conférence du professeur Joyeux, intitulée « Comment avoir tous les cancers de la terre », et cela m’a marquée.

Comment le changement s’est-il manifesté dans votre quotidien ?J’ai commencé par un panier biologique acheté dans le village où je vivais à l’époque. Je prenais alors le reste dans une petite épicerie.Aujourd’hui, mon appartement est situé juste en face d’un gros hypermarché et en pratique, il me serait plus facile d’y faire toutes mes courses. Mais j’ai décidé de me servir chez un primeur, un petit boucher et une boulangerie que je connais et auprès desquels je peux savoir ce que j’achète. Nous faisons une fois par mois le reste des courses à l’hypermarché. J’avance au gré de mes trouvailles.

Quels sont vos principaux critères de choix ?La provenance géographique : je privilégie le local

ou l’histoire des produits.L’utilité des produits dans ma cuisine.

Selon vous, quelles sont les actions les plus impor-tantes du consomm'acteur ?

Se poser des questions sur ce qu’il consomme : d’où ça vient et s’il en a vraiment besoin,

Rester raisonnable. Ne pas gaspiller,Penser aux emballages. Privilégier le vrac,Encourager les petits producteurs.

Selon vous, quels sont les principaux freins pour devenir consomm'acteur ?

Les prix encore élevés,L’ignorance ou la méconnaissance,L’intérêt individuel [elle pense qu’il est bien trop

important en France].

Quel est votre plus grand rêve ?Avoir une maison la plus écologique possible et devenir la plus autonome possible. Vivre à plusieurs.

Comprendre : La chaîne des producteurs-consommateurs en personne !

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Caroline Glotonwww.lechangelab.fr

E n 2010, j’ai entamé mon chemin de consom’ actrice. Avant cette période, je pensais de temps en temps à mes choix de

consommation parce que j’avais entendu parler de l’exploitation des gens dans les usines au Bangladesh ou parce que je savais que les plats cuisinés contenaient des arômes artificiels et des matières premières à bas coût, mais je n’avais jamais vraiment agi, changé quoi que ce soit.Je me trouvais mille excuses pour ne pas commencer.Ce sont des missions auprès de producteurs dans des filières équitables de produits ali-mentaires dans le monde qui m’ont vraiment ouvert les yeux sur mon rôle d’acheteuse et sur l’urgence d’utiliser mon pouvoir.Du côté des producteurs, je découvrais tout le travail derrière chaque produit. La difficulté des conditions de travail, la pollution non maîtrisée de plusieurs activités. Mais je découvrais aussi la simplicité, le partage et la joie, dans des régions de la planète pourtant considérées comme les plus pauvres. Je me sentais bien dans cette simplicité. Là-bas, j’achetais mes produits sur le marché et le choix limité me simplifiait la vie.Du côté des transformateurs (conserveries) et des distributeurs, je découvrais le chemin compliqué que suit un produit, la pression sur les délais, le nombre d’intermédiaires et l’iné-gale répartition des gains. Je ne voulais plus cautionner certaines pratiques. Je voulais au contraire donner mon soutien à d’autres. La seule façon était de passer à l’acte.Chacun de nos achats, du plus petit au plus gros, implique non seulement des ressources minérales et végétales planétaires mais aussi des ressources humaines. Derrière chaque produit il y a une histoire.En travaillant sur des missions transversales, je me rendais compte que, même si chacun

pensait bien faire dans son coin, c’étaient la multitude et la différence des intérêts qui perdaient le sens dans l’histoire.Et ces producteurs, transformateurs, livreurs, acheteurs… ils pouvaient être des voisins, des amis.En faisant attention à ses achats, on se recon-necte à tout ça. On se nourrit d’un lien qu’on avait perdu avec des centaines de producteurs et d’artisans et on apprend beaucoup de choses. J’ai complètement renoncé aux hypermarchés car je souhaite privilégier le lien direct, connaître l’histoire de mes achats.Entre 2010 et 2018, j’ai réduit mon budget d’achats alimentaires, de détergents et de cosmétiques de 30 % en achetant des produits bio à des petits producteurs.En désertant les grandes surfaces, j’ai réduit le nombre des produits que j’achetais (« loin des yeux, loin du cœur »). J’ai aussi mieux utilisé mes produits. Le même légume peut être utilisé pour trois à quatre plats dans la semaine. Je n’achète plus de vinaigrettes, de mélanges d’épices, de chapelure, de plats préparés, je les fais moi-même. J’achète des meubles re-cyclés ou faits par des artisans. J’ai beaucoup de nouveaux amis producteurs.Désormais, je ferai des compromis mais je ne subirai plus. Je choisirai.

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PermaGaïa : 2e semestre 2019

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Vivre avec moins pour

vivre heureux !

Comprendre, simplifier et transmettre : le minimalisme pour faciliter

la transition personnelle de chacun

Propos des écoloHumanistes recueillis par Jessica Bordeau

Aujourd’hui, on consomme plus de 2 planètes par an en France. Pour respecter l’environnement et l’humain, il faut forcément

décroître, être plus sobre…

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Le blog des écoloHumanistes existe depuis 2014. Comment le projet est-il né ? Comment choisissez- vous les sujets à traiter ?

Jeff : Tout a commencé en 2010, lors d’un cours sur le développement durable que j’ai suivi au Canada. La prof expliquait qu’il fallait hiérarchiser trois piliers : l’environnement, qui est une nécessité, l’humain, qui est un objectif, et enfin l’économie, qui doit re-devenir un moyen.

Romain : Dès le début, l’idée a été de valoriser des initiatives existantes respectant ces trois critères. Nous avons choisi de les présenter sous forme d’infographies via un blog. On s’est donné un rendez-vous mensuel pour être sûrs de créer quelque chose régulièrement. La grille de lecture écoloHumaniste nous a servi de tamis : ce projet est-il bon pour l’environnement ? L’humain en est-il bien l’objectif ? L’économie est-elle au service de l’humain ?

Jeff : Petit à petit, nous avons traité tout un tas de su-jets qui nous intéressaient ou dont on entendait parler dans l’actualité. Au début, c’était presque une manière personnelle de digérer l’information et de rencontrer des gens pour la comprendre. Notre leitmotiv était, et est toujours, de comprendre, simplifier, transmettre.

Romain : L’ensemble de nos infographies (voir pages suivantes) a été retravaillé et, dans chacune d’elles, les éléments de langage ont bougé. On a évolué sur deux échelles à la fois : d’un côté, notre vision d’ensemble est devenue plus large, de l’autre, notre vision concrète est devenue plus précise. Finalement, ça nous a appris qu’on était cohérents avec ce que l’on voulait dire. C’est bien !

Quels choix faites-vous au quotidien pour rendre votre vie plus écoloHumaniste ?

Romain : À nos débuts, il y a cinq ans, on avait une vision environnementale et sociale de la société mais on n’avait pas forcément beaucoup d’idées d’actions concrètes à mener. Progressivement, on a avancé nous-mêmes, par petits pas. On ne veut pas voir l’écologie comme une espèce d’utopie ayant un but trop lointain ou trop difficile à atteindre. Notre vision de l’écologie humaniste, c’est de se dire que peu importe d’où on part : à n’importe quel moment de notre vie, on peut toujours faire mieux et avancer.

“ Notre leitmotiv était, et est toujours, de comprendre, simplifier, transmettre. „

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Jeff : Dans la vie de tous les jours, on parle de la méthode BISOU (voir encadré)  ; une interrogation constante sur nos besoins. Personnellement, je ne fais plus rien sans me demander pourquoi je le fais. Par exemple, je viens d’être papa, donc il faut trouver une nounou à plein temps. Pourquoi ? Parce qu’il faut faire garder ma fille toute la journée. Pourquoi ? Parce que je travaille à plein temps. Pourquoi ? Finalement, je me suis mis en congé parental à temps partiel et je la garde moi-même. Cette méthode, c’est prise de tête, tu pètes parfois les plombs de toujours t’inter-roger, mais tu avances et tu fais plein de petits pas.

Romain : Par culture, on fait tous beaucoup de choses de manière automatique. Par exemple, tout le monde a un frigo, mais finalement, on peut se demander à quoi il sert. Nos habitudes sont apparues petit à petit, mais à quoi sert encore chacune d’elles ? C’est ce qu’il faut réinterroger.

Jeff : La sobriété heureuse prônée par Pierre Rabhi n’a jamais été notre objectif initial, mais à force de questionner l’utilité de tel ou tel objet, on en arrive au même point. Dès qu’on réinterroge ce qui nous entoure, on abandonne beaucoup de choses car elles n’ont pas de sens. Ce que je trouve important, c’est qu’on n’est pas dogmatiques. Même si nos infographies présentent le blanc et le noir, la réponse est souvent au milieu  ; on arrive à mettre un peu de nuances.

La méthode BISOU1 : B comme besoin : à quel besoin cet achat répond-il ? Est-ce vraiment moi qui désire cet

objet ou mon envie est-elle dictée par une stratégie marketing bien élaborée ?

 I comme immédiat  : L’immédiateté est la meilleure copine de l’achat compulsif. Mon budget peut-il intégrer cet achat. J’attends quelques jours avant de l’acheter (ou pas) et je réponds au questions suivantes.

 S comme semblable : Ai-je déjà un objet qui a cette utilité ? Certains produits sont poly-valents (robots ménagers par exemple).

 O comme origine : Qu’elle est l’origine de ce produit ? A-t-il été créé dans des conditions qui me conviennent ?

U comme utile : Cet objet va-t-il m’être utile ? Va-t-il apporter un confort primordial dans mon quotidien ? Comment je faisais pour m’en passer avant ?

1. Ce mini-questionnaire a été inventé par Marie Duboin Lefèvre et Herveline Verdeken (J’arrête de surconsommer ! 21 jours pour sauver la planète et mon compte en banque, Eyrolles, 2017).

Agir : Vivre avec moins pour vivre heureux !

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gaıaperma

PermaGaïa est le premier « magazine-book » des éditions Rustica !

Publication engagée mêlant grands reportages et enquêtes approfondies, ce semestriel

s’implique dans le respect de l’environnement, l’écologie, la permaculture et propose

des solutions concrètes pour agir.

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Au cœur des problématiques écologiques d’aujourd’hui :

Réfléchir à la notion de consomm’action, avec Arnaud Brulaire

Témoigner des actions possibles au quotidien, avec François Berléand

S’engager à défendre la condition animale, avec L214

Prendre conscience des changements de vie nécessaires, avec Muriel Douru

Protéger les océans de notre planète, avec Hubert Reeves

Devenir autonome en redonnant de la valeur aux choses, avec Julien Vidal

S’impliquer et trouver une solution énergétique, avec Jean-Marc Jancovici

Comprendre la richesse de nos sols pour les préserver, avec Lydia et Claude Bourguignon

Découvrir le vrai sens de l’alimentation, avec Frédéric Denhez et Slow Food

Savoir faire des actions de sensibilisation par la vidéo, avec Benjamin Carboni et Nicolas Meyrieux

Aider chacun à devenir acteur du changement. Trouver sa place. S’inscrire, en tant qu’êtres humains,

dans notre environnement.

www.rustica.fr

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