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Hydroécol. Appl. (2008) Tome 16, pp. 215–232 © EDP Siences, 2009 DOI: 10.1051 /hydro/2009003 Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies Climatic drought in Morocco during the last decades L. Stour (1) , A. Agoumi (2) (1) Professeur à la faculté des sciences et techniques de Mohammedia, BP 146, Mohammedia, Maroc e-mail : [email protected] (2) Professeur à l’école Hassania des travaux publics, BP 8108 Oasis, Casablanca, Maroc e-mail : [email protected] Résumé – La sécheresse a toujours été présente dans l’histoire du Maroc, elle s’est imposée avec force ces dernières décennies en tant qu’élément structurel du climat du pays. Le Maroc vit actuellement l’épisode sec le plus long de son histoire contemporaine, caractérisé par une diminution des précipitations et une tendance nette à la hausse des températures. La caractérisation de la sécheresse climatique au cours de la période 1961- 2004 a montré une augmentation significative de la fréquence des sécheresses, de leur sévérité et de leur champ de couverture spatiale. Cette dynamique de sécheresse s’ac- compagne d’un réchauffement important lié au changement climatique planétaire, qui rend ces années sèches de plus en plus difficiles pour différents secteurs socio-économiques du pays. Mots clés – sécheresse, réchauffement, précipitation, température, Maroc Abstract – Drought was always present in Morocco’s history. Its importance as a structural element of the country’s climate increased these last decades. Morocco lives the longest dry episode of its contemporary history, characterized by a reduction of the precipitations and a tendency to the rise in temperatures. The characterization of the climatic drought during the period 1961-2004 showed an increase in the droughts frequency, their severity and their spatial distribution. This drought dynamics is associated to an important warming up related to the global climate change that makes these dry episodes more and more difficult for different socioeconomic sectors. Key words – drought, warming, precipitation, temperature, Morocco 1 INTRODUCTION La sécheresse est l’une des ca- tastrophes naturelles qui ont marqué profondément la vie des populations à travers les âges. Elle n’a pas de définition universelle, il y a autant de définitions de la sécheresse qu’il y a d’utilisation de l’eau : la sécheresse est en effet un déficit de disponibi- lité en eau par rapport à une situation Article published by EDF and available at http://www.hydroecologie.org or http://dx.doi.org/10.1051/hydro/2009003

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Hydroécol. Appl. (2008) Tome 16, pp. 215–232© EDP Siences, 2009DOI: 10.1051/hydro/2009003

Sécheresse climatique au Marocdurant les dernières décennies

Climatic drought in Morocco during the last decades

L. Stour(1), A. Agoumi(2)

(1)Professeur à la faculté des sciences et techniques de Mohammedia, BP 146, Mohammedia, Maroce-mail : [email protected](2)Professeur à l’école Hassania des travaux publics, BP 8108 Oasis, Casablanca, Maroce-mail : [email protected]

Résumé – La sécheresse a toujours été présente dans l’histoire du Maroc, elle s’estimposée avec force ces dernières décennies en tant qu’élément structurel du climat dupays. Le Maroc vit actuellement l’épisode sec le plus long de son histoire contemporaine,caractérisé par une diminution des précipitations et une tendance nette à la hausse destempératures. La caractérisation de la sécheresse climatique au cours de la période 1961-2004 a montré une augmentation significative de la fréquence des sécheresses, de leursévérité et de leur champ de couverture spatiale. Cette dynamique de sécheresse s’ac-compagne d’un réchauffement important lié au changement climatique planétaire, qui rendces années sèches de plus en plus difficiles pour différents secteurs socio-économiquesdu pays.

Mots clés – sécheresse, réchauffement, précipitation, température, Maroc

Abstract – Drought was always present in Morocco’s history. Its importance as a structuralelement of the country’s climate increased these last decades. Morocco lives the longestdry episode of its contemporary history, characterized by a reduction of the precipitationsand a tendency to the rise in temperatures. The characterization of the climatic droughtduring the period 1961-2004 showed an increase in the droughts frequency, their severityand their spatial distribution. This drought dynamics is associated to an important warmingup related to the global climate change that makes these dry episodes more and moredifficult for different socioeconomic sectors.

Key words – drought, warming, precipitation, temperature, Morocco

1 INTRODUCTION

La sécheresse est l’une des ca-tastrophes naturelles qui ont marquéprofondément la vie des populationsà travers les âges. Elle n’a pas de

définition universelle, il y a autant dedéfinitions de la sécheresse qu’il y ad’utilisation de l’eau : la sécheresseest en effet un déficit de disponibi-lité en eau par rapport à une situation

Article published by EDF and available at http://www.hydroecologie.org or http://dx.doi.org/10.1051/hydro/2009003

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considérée comme normale pour unepériode donnée, une région détermi-née et des usages spécifiques.

On distingue quatre grands typesde sécheresse : météorologique, agri-cole, hydrologique et socioécono-mique. Ces types de sécheressepeuvent ne pas se manifester simul-tanément, mais la sécheresse météo-rologique reste l’élément moteur desautres. Elle se caractérise par une ré-duction ou une mauvaise répartition,voir une absence des pluies dans unerégion donnée pendant une périodede temps (Bootsma et al., 1996).

La sécheresse a toujours étéprésente dans l’histoire du Maroc,des études dendrochronologiques(Stockton, 1988) ont montré que leMaroc a souvent connu dans le passédes périodes d’intenses sécheresses.Ces sécheresses revenaient de façonpériodique et amenaient parfois desfamines et épidémies. Ainsi, la séche-resse de 1597-1608 a engendré unefamine qui a exterminé le tiers de lapopulation (Safi, 1990). Les séche-resses ont été aussi la cause de mou-vements migratoires importants dansla région.

La sécheresse reste une compo-sante forte du climat contemporain duMaroc : Une étude récente (Minis-tère de l’équipement et al., 1997) amontré que depuis 1896 jusqu’à 1996le Maroc a connu onze périodes desécheresses généralisées dont l’inten-sité a été modérée à forte et d’autresmoins généralisées mais assez for-tement ressenties. Le Maroc vit ac-tuellement l’épisode sec le plus longde son histoire contemporaine (DMN,1995). Durant les cinquante dernièresannées, on est passé d’une séche-resse tout les dix ans les années50-60 à deux à trois sécheresses

par décennie (Agoumi & Debbarh,2005).

En plus du caractère structurel dela récurrence des sécheresses, cesdernières deviennent de plus en plussévères, comme en a témoigné la der-nière sécheresse de 1994-95 qui aparalysé l’économie du pays, en par-ticulier le secteur agricole qui contri-bue en moyenne par 17 % au produitintérieur brut.

Si la sécheresse prend une dimen-sion importante au Maroc c’est qu’elleconditionne un secteur clé de l’écono-mie nationale : l’agriculture dont prèsde 85 % est pluviale, soumise directe-ment aux aléas climatiques.

Les impacts de la sécheresse sontnon structurels, complexes et diffi-ciles à quantifier, contrairement auximpacts des autres risques naturels(Wilhite & Svoboda, 2000). La com-plexité de ces impacts est due à la di-versité des secteurs qui utilisent l’eaupour la production des biens et ser-vices. Ils peuvent être classés en troiscatégories : économique, social et en-vironnemental.

Différentes études et recherchesont été menées à ce jour au Marocet ont concerné les sécheresses agri-coles et hydrologiques. Ces étudesont concerné les années précédant1995. Ainsi, le comportement de cephénomène durant les dix dernièresannées n’a fait l’objet d’aucune re-cherche. Cette décennie est pour-tant singulière. Cela a été mis enexergue dans le quatrième rapport degroupe d’experts intergouvernemen-tal sur l’évolution du climat (GIEC)qui caractérise l’évolution des chan-gements climatiques au niveau plané-taire (GIEC, 2007).

La présente étude a cherché à com-bler cette lacune. Notre objectif est de

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 217

caractériser la sécheresse météorolo-gique au Maroc sur la période 1961-2004, avec un intérêt particulier pourla période 1993-2004, période durantlaquelle, les travaux de GIEC ont mon-tré que le climat planétaire a connu unréchauffement important accompagnéd’événements extrêmes aigues dontles sécheresses et les inondations.

Nous nous sommes intéressésà l’évolution des précipitations (P),des températures (T) et de l’évapo-transpiration (ETP) à travers diffé-rents indices et ce à partir de don-nées relevées par la direction dela météorologie nationale (Tilioua &Mechouary, 2006) dans sept stationsreprésentatives de la majorité deszones climatiques du pays (Minis-tère de l’équipement et al., 1997) :Tanger, Oujda, Rabat, Casablanca,Marrakech, Ifrane, et Agadir.

2 APPROCHE ADOPTÉE

Les travaux de recherche récentsles plus marquants ont étudié la sé-cheresse au Maroc sur la base deses effets. Ainsi, Barakat & Handoufe(1998) se sont basés sur une ap-proche fondée sur la production agri-cole pour caractériser la sécheresse,et ont défini un indicateur de ce phéno-mène sur la base du cumul de déficitpluviométrique du milieu de la cam-pagne agricole. Yacoubi et al. (1998)se sont intéressés à la typologie de lasécheresse agricole céréalière et ontdéfini une méthode d’alerte précoce àla sécheresse.

Notre approche ici est différente.Elle est basée sur une caractérisa-tion de la sécheresse en utilisantdes indices employés dans différentes

régions du monde. Ces indices per-mettent de déterminer le seuil in-diquant la sécheresse à différenteséchelles de temps et de définir lesclasses d’appartenance à cet événe-ment en fonction de sa sévérité.

Pour la période 1961-2004, l’ana-lyse faite a intégré les étapes sui-vantes :

– analyse statistique des séries deprécipitations et de températuresrelevées dans les différentes sta-tions durant cette période ;

– évaluation à partir de ces donnéesde l’ETP et analyse de son com-portement ;

– estimation des indices de séche-resse météorologique et analysede la dynamique climatique auMaroc.

3 INDICES DE SÉCHERESSEMÉTÉOROLOGIQUE UTILISÉS

Pour caractériser et identifier lasécheresse climatique, plusieurs mé-thodes et indices ont été utilisés àdifférentes échelles de temps : men-suelle, saisonnière et annuelle.

Ils permettent de déterminer le seuilde la sécheresse climatique, d’établirune classification selon la sévérité del’événement et selon sa position etd’identifier la probabilité d’occurrencede différentes classes de sévérité.

3.1 Méthode d’intervallede confiance (IC)

Cette méthode n’est applicable quepour les distributions qui suivent unmodèle normal. Pour un niveau deconfiance (1 − α) de 95 %, les

218 L. Stour et A. Agoumi

Tableau I. Méthode d’intervalle de confiance.

Table I. Confidence interval method.

Marge d’erreur (E) Limite supérieure (Ls) Limite inférieure (Li)

T1-α/2 ; n-1 ∗[s/n1/2 ] M + T1-α/2 ; n-1 ∗[s/n1/2 ] M - T1-α/2 ; n-1 ∗[s/n1/2 ]

M : Moyenne estiméeT1-α/2 ; n-1 : Valeur de la loi T STUDENT de 1- α/2 à n-1 degré de libertés/n1/2 : Erreur types : Écart type de l’échantillonn : Taille de l’échantillon

bornes inférieures et supérieures del’intervalle de confiance sont calculéescomme suit (Tab. I) :

En effet, on a considéré la limiteinférieure de l’intervalle de confiancecomme seuil de sécheresse. C’est-à-dire que toute période qui a enregistréune quantité de précipitation inférieureà cette limite est qualifiée climatique-ment sèche. Également, toute périodequi a connu une précipitation compriseentre la borne inférieure et la bornesupérieure est considérée normale.Alors qu’on dit qu’une période est hu-mide lorsque la pluviométrie dépassela limite supérieure de l’intervalle deconfiance.

En se basant sur les seuils qui in-diquent la période sèche, normale ethumide, on a déterminé la probabilitéd’occurrence de chacun de ces troisévénements pour chaque période detemps.

3.2 Rapport à la normaledes précipitations (RN)

Il est exprimé mathématiquementcomme suit :

RN(%) = (Pi/Pn) × 100

Pi est la précipitation de l’année i pourla période 1961-2004 et Pn est laprécipitation normale pour la mêmepériode de temps.

Une année sèche est une an-née dont la pluviométrie se situe au-dessous de la normale ; c’est-à-direlorsque le RN est inférieur à 100 %(Rognon, 1997).

3.3 Indice de l’écartà la normale (En)

Cet indice nommé aussi indice dedéficit pluviométrique, permet de vi-sualiser et de déterminer le nombredes années déficitaires et leur succes-sion. Elle s’exprime par :

En(%) = (Pi − Pn)/Pn × 100

Une année est dite sèche lorsquecet indice est négatif et humidequand il est positif. Le cumul del’indice de l’écart en pourcentage àla normale des années successivespermet de dégager les grandes ten-dances en faisant abstraction desfaibles fluctuations d’une année àl’autre. Quand la somme des indicescroit, il s’agit d’une tendance humide.

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 219

Tableau II. Sévérité de la sécheresse selon la méthode de nombre d’écart type.

Table II. Drought Severity according to standard deviation number method.

Classes Seuils des classes de sévérité

Extrêmement humide Pi > Pm + 2σ

Sévèrement humide Pm + σ < Pi < Pm + 2σ

Modérément humide Ls < Pi < Pm +σ

Normale Li < Pi < LsSécheresse modérée Pm – σ <Pi < LiSécheresse sévère Pm – 2σ < Pi < Pm- σ

Sécheresse extrême Pi < Pm – 2σ

Pm : Pluviométrie moyennePi : Pluviométrie de l’année iσ : Écart typeLi : Limite inférieure de l’intervalle de confianceLs : Limite supérieure de l’intervalle de confiance

La tendance est sèche, dans le cascontraire.

3.4 Indice de nombre d’écart type

Cet indice se base sur la com-paraison de la pluviométrie actuelleau nombre d’écart type comme in-diqué dans le tableau II (Aghrab,2003).

3.5 Indice standardiséde précipitation

L’indice standardisé de précipitation« SPI » (Standardised precipitationindex) a été développé en vue decaractériser les déficits de précipita-tion pour une période donnée (Mckeeet al., 1993). Il prend en considérationl’importance du temps dans l’analysede la disponibilité des ressources eneau. En effet, la période de temps surla quelle le déficit des précipitationsest accumulé devient extrêmement

importante pour séparer entre les dif-férents types de sécheresses (Mckeeet al., 1995). Il peut être calculé àdifférentes échelles de temps (1, 3,6, 12, 24 et 48 mois) afin de reflé-ter l’impact de la sécheresse sur lesdifférentes ressources en eau (Hayeset al., 1999).

La formule mathématique de SPIest la suivante :

SPI = (pi − pm)/σ

Pi : Précipitation de l’année iPm : Précipitation moyenneσ : Déviation standard ou écart type

Les classes de sévérité sont dé-finies arbitrairement (Mckee et al.,1993). En utilisant les seuils de sévé-rité établis par la méthode de nombred’écart type, (Aghrab, 2003) a établiune nouvelle classification de SPI qu’ila nommé SPI corrigé ou SPIc. Cettenouvelle classification est présentéedans le tableau III.

220 L. Stour et A. Agoumi

Tableau III. Classification de la sévérité de la sécheresse selon SPIc (Aghrab, 2003) en comparaisonavec celle proposée par (Mckee et al., 1993).

Table III. Drought severity classification according to SPIc (Aghrab, 2003) in comparison with (Mckeeet al., 1993).

Classes ClassificationSelon SPI

Seuils des classes deSévérité

Classificationselon SPIc

Extrêmement humide Plus de 2,0 Pi > Pm + 2σ Plus de 2Sévèrement humide 1,5 à 1,99 Pm + σ < Pi < Pm + 2σ 1 à 1,99Modérément humide 1,0 à 1,49 Ls < Pi < Pm+ σ 0,31 à 0,99Normale −0,99 à 0,99 Li < Pi < Ls −0,30 à 0,30Modérément sèche −1,0 à −1,49 Pm− σ < Pi < Li −0,31 à − 0,99Sévèrement sèche −1,5 à −1,99 Pm−2 σ < Pi < Pm− σ −1 à − 1,99Extrêmement sèche Moins de − 2,0 Pi < Pm−2 σ Moins de −2

4 RÉSULTATS ET ANALYSE

4.1 Évolution des précipitations

Les caractéristiques statistiques debase des séries pluviométriques dessept villes étudiées sont récapituléesdans le tableau IV. L’étude de la varia-bilité climatique interannuelle montreque la pluviométrie annuelle se carac-térise par une forte fluctuation surtoutà Agadir ou le coefficient de varia-tion atteint 50 % contre 30 % à 40 %dans les autres villes. L’écart entrele minimum et le maximum est trèsimportant.

La précipitation annuelle a connuune tendance nette à la baisse au ni-veau des sept villes étudiées (Fig. 1),en particulier au cours des douze der-nières années. La moyenne des préci-pitations au cours de cette période estgénéralement inférieure à celle de lapériode 1961-2004 (Fig. 2).

L’analyse de l’évolution de l’écartcumulé des précipitations par rap-port à la normale (Fig. 3) a mis enexergue deux périodes : une pre-mière période pluvieuse et normalede 1961 à 1972 (cumul des écartscroît principalement), puis une périodesèche très peu pluvieuse entre 1972

Tableau IV. Caractéristiques statistiques des précipitations annuelles pour la période 1961-2004.

Table IV. Statistical characteristics of the yearly precipitations for the period 1961-2004.

Caractéristiques Agadir Casablanca Ifrane Marrakech Oujda Rabat Tanger

Moyenne (mm) 255,05 418,65 968,95 236,63 307,85 539,25 736,13Médiane (mm) 228,05 408,65 890,15 237,45 297,10 508,75 714,00Minimum (mm) 45,70 148,50 605,00 80,90 109,00 249,60 412,00Maximum (mm) 670,00 991,60 1865,70 427,00 555,30 1163,60 1699,40Écart-type (mm) 128,85 154,61 305,23 86,72 100,38 181,01 237,63Coef.variation (%) 50,52 36,93 31,50 36,65 32,61 33,57 32,28Coef.asymétrie (%) 143,90 153,59 147,96 20,87 49,10 100,16 182,50Etendu (mm) 624,30 843,10 1260,70 346,10 446,30 914,00 1287,40

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 221

Précipitation annuelle d'Agadir

0,00

100,00

200,00

300,00

400,00

500,00

600,00

700,00

800,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

Pann(mm)

Linéaire (Pann(mm))

P (mm)

Année

Précipitation annuelle de Casablanca

0,00

200,00

400,00

600,00

800,00

1000,00

1200,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

P (mm)

Année

Précipitation annuelle d'Ifrane

0,00200,00400,00600,00800,00

1000,001200,001400,001600,001800,002000,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

Pann(mm)

Linéaire (Pann(mm))

P (mm)

Année

Précipitation annuelle de Marrakech

0,00

50,00

100,00

150,00

200,00

250,00

300,00

350,00

400,00

450,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

P (mm)

Année

Précipitation annuelle d'Oujda

0,00

100,00

200,00

300,00

400,00

500,00

600,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

Pann(mm)

Linéaire (Pann(mm))

P (mm)

Année

Précipitation annuelle de Rabat

0,00

200,00

400,00

600,00

800,00

1000,00

1200,00

1400,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

Pann(mm)

Linéaire (Pann(mm))

Pann(mm)

Linéaire (Pann(mm))

Pann(mm)

Linéaire (Pann(mm))

P (mm)

Année

Précipitation annuelle de Tanger

0,00

200,00

400,00

600,00

800,00

1000,00

1200,00

1400,00

1600,00

1800,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

Pann(mm)

Linéaire (Pann(mm))

P (mm)

Année

Fig. 1. Évolution des précipitations annuelles dans les sept villes au cours de la période 1961-2004.

Fig. 1. Yearly precipitations in the seven cities during the period 1961-2004.

et 2004 (cumul des écarts décroît),avec deux épisodes secs, longs etcritiques : 1972-1995 et 1997-2004.Cette seconde période (1972-2004)est entrecoupée de quelques courtespériodes à tendance humide, surtoutl’année 1996 qui était extrêmementhumide dans la majorité du territoirenationale.

4.2 Évolution de la températureet de l’évapotranspirationpotentielle

Les températures moyennes an-nuelles se caractérisent cette fois-cipar une faible variation d’une année àl’autre, le coefficient de variation fluc-tue entre 3 et 6 % (Tab. V).

222 L. Stour et A. Agoumi

0,00

200,00

400,00

600,00

800,00

1000,00

1200,00

agad

ir

casa

blanc

aifr

ane

mar

rake

chou

jdara

bat

tang

er

Moyenne 1961–2004Moyenne 1993–2004

Villes

Moyenne des précipitations

Fig. 2. Moyennes de précipitations de deux périodes 1961-2004 et 1993-2004 pour les sept villes.

Fig. 2. Precipitations averages for two periods 1961-2004 and 1993-2004 in the seven cities.

–200,00

–100,00

0,00

100,00

200,00

300,00

400,00

500,00

196119

6319

6519

6719

6919

7119

7319

7519

7719

7919

8119

8319

8519

8719

8919

9119

9319

9519

9719

9920

0120

03

agadir casablanca ifrane marrakechoujda rabat tanger

Cumul de En des différentes villes

Année

Cumul de En

Fig. 3. Évolution de l’écart cumulé des précipitations par rapport à la normale dans les sept villes.

Fig. 3. Precipitations accumulated variation in relation to the normal in the seven cities.

L’analyse de l’évolution des tempé-ratures au cours de la période 1961-2004 (Figs. 4 et 5) indique l’exis-tence de deux périodes significativesdu point de vue thermique :

– La période 1961-1972 a connu unrefroidissement progressif du cli-mat de l’ordre de 1◦C en moyenneannuelle ;

– La période 1972-2004 a connu unréchauffement important, où desrecords absolus de températuresont été battus (Agoumi & Debbarh,2005).

Au-delà du refroidissement des an-nées 70, la température moyenne aconnu une tendance nette à la hausseau niveau des sept villes : plus de 1◦C

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 223

Tableau V. Caractéristiques statistiques des températures moyennes annuelles pour la période 1961-2004.

Table V. Statistical characteristics of the yearly average temperatures for the period 1961-2004.

Caractéristiques Agadir Casablanca Ifrane Marrakech Oujda Rabat Tanger

Moyenne (◦C) 18,27 17,28 11,36 19,46 16,56 17,04 17,50Médiane (◦C) 18,21 17,38 11,27 19,49 16,45 17,02 17,51Minimum (◦C) 16,55 15,53 9,41 17,63 15,22 15,83 16,13Maximum (◦C) 19,41 18,65 12,79 20,55 18,04 18,18 18,45Écart-type (◦C) 0,65 0,67 0,75 0,65 0,73 0,51 0,51Coeff. variation (%) 3,55 3,90 6,64 3,34 4,40 2,99 2,90Coeff. asymétrie (%) −11,16 −26,55 −14,70 −56,81 −3,77 19,88 −29,71Etendu (◦C) 2,86 3,12 3,38 2,91 2,83 2,35 2,32

14,00

15,00

16,00

17,00

18,00

19,00

20,00

21,00

22,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

Tagadir Tcasablanca Tmarrakech

Toujda Trabat Ttanger

Température moyenne des différentes villesT(°C)

Année

Fig. 4. Évolution des températures moyennes annuelles au cours de la période 1961-2004.

Fig. 4. Yearly average temperatures during the period 1961-2004.

de réchauffement entre 1972 et 2004(32 ans).

Le réchauffement a été fort aucours des douze dernières années. Lamoyenne des températures au coursde cette période est supérieure àcelle de la période 1961-2004, ellela dépasse de plus de 0,6 ◦C pour

la ville d’Agadir (Fig. 6). Cette ten-dance est conforme au réchauffementglobal planétaire enregistré durant lescinquante dernières années avec l’ac-célération de ce processus durant lapériode 1993-2005 qui figure au pal-marès des épisodes les plus chauds(GIEC, 2007).

224 L. Stour et A. Agoumi

Température moyenne annuelle d'Ifrane

8,00

9,00

10,00

11,00

12,00

13,00

14,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

Tmoy Linéaire (Tmoy)

T(°C)

Année

Fig. 5. Températures moyennes annuelles d’Ifrane au cours de la période 1961-2004.

Fig. 5. Yearly average temperatures in Ifrane during the period 1961-2004.

L’évapotranspiration potentielle(1)

fortement influencée par la tempéra-ture de l’air a connu logiquement aucours de la période 1961-2004 unetendance à la hausse (Figs. 7 et 8).Cette augmentation de l’ETP associéeà la diminution relevée des précipita-tions a eu certainement un effet né-faste sur les potentialités en eau duroyaume (Agoumi & Debbarh, 2005).

4.3 Caractérisationde la sécheresse météorologique

La méthode d’intervalle de con-fiance appliquée à notre base de don-nées a permis d’estimer les seuils qui

(1) Pour l’estimation de l’ETP, nous avons uti-lisé la formule de Blanney-criddle : ETP = P(0,46 Tmoy + 8) ; ETP : Evapotranspiration po-tentielle journalière (mm/jour) ; Tmoy : Tempéra-ture moyenne journalière (◦C) ; P : Pourcentagejournalier moyen des heures annuelles de lu-mière diurne, il varie en fonction de la latitudede la région et du mois considéré.

indiquent la sécheresse climatique an-nuelle dans les sept villes (Tab. VI).Ces seuils calculés oscillent entre876 mm à Ifrane et 210 mm à Marra-kech. Ils ont permis de déterminer lesseuils relatifs aux indices de l’écart àla normale et du rapport à la normale(Tab. VI).

L’analyse de ces résultats montre lagrande vulnérabilité du versant occi-dental du moyen-atlas (Ifrane avec unseuil de 876 mm) et de l’extrême nord-ouest du Maroc (Tanger avec un seuilde 663 mm) vis-à-vis de la séche-resse.

En utilisant les seuils de séche-resse calculés ci-dessus, on a pudéterminer pour chacune des sta-tions étudiées les fréquences des an-nées sèches, normales et humides(Tab. VII).

Les années sèches représentententre 46 % et 39 % respective-ment à Oujda et Casablanca. Lessécheresses les plus persistantessont survenues au cours de deuxdernières décennies, elles sont for-mées de trois, quatre et cinq années

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 225

0,00

5,00

10,00

15,00

20,00

25,00

agad

ir

casa

blanc

aifran

e

mar

rake

chou

jdara

bat

tang

er

Moyenne 1961–2004

Moyenne 1993–2004

Villes

Moyenne des températures

Fig. 6. Moyenne des températures annuelles de deux périodes 1961-2004 et 1993-2004.

Fig. 6. Average of yearly temperatures of two periods 1961-2004 and 1993-2004.

1450,00

1500,00

1550,00

1600,00

1650,00

1700,00

1750,00

1800,00

1850,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

agadir casablanca marrakech

oujda rabat tanger

Evapotranspiration potentielle des différentes villes

Année

ETP (mm)

Fig. 7. Évolution de l’évapotranspiration potentielle au cours de la période 1961-2004.

Fig. 7. Potential evapotranspiration during the period 1961-2004.

226 L. Stour et A. Agoumi

ETP annuelle (Ifrane)

1150,00

1200,00

1250,00

1300,00

1350,00

1400,00

1450,00

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

ETP(mm) Linéaire (ETP(mm))

ETP (mm)

Année

Fig. 8. Évolution de l’évapotranspiration potentielle de la ville d’Ifrane au cours de la période 1961-2004.

Fig. 8. Potential evapotranspiration in Ifrane during the period 1961-2004.

Tableau VI. Seuils de sécheresse correspondants aux différents indices au cours de la période 1961-2004.

Table VI. Drought limits corresponding to different index during the period 1961-2004.

Villes Seuil de la sécheresse(Li de l’IC) (mm)

Seuil de sécheresse del’écart à la normale

Seuil de sécheresse durapport à la normale

Agadir 215,87 -15,36 % 84,64 %Casablanca 371,62 -11,23 % 88,77 %Ifrane 876,12 -9,58 % 90,42 %Marrakech 210,26 -11,15 % 88,85 %Oujda 277,32 -9,92 % 90,08 %Rabat 484,19 -10,21 % 89,79 %Tanger 663,86 -9,82 % 90,18 %

Tableau VII. Fréquence des années sèches, normales et humides dans les sept villes au cours de lapériode 1961-2004.

Table VII. Dry, normal and humid years frequency in the seven cities during the period 1961-2004.

Villes Fréquence des annéessèches

Fréquence des annéesnormales

Fréquence des annéeshumides

Agadir 43 % 32 % 25 %Casablanca 39 % 34 % 27 %Ifrane 45 % 30 % 25 %Marrakech 43 % 14 % 43 %Oujda 46 % 18 % 36 %Rabat 43 % 23 % 34 %Tanger 41 % 32 % 27 %

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 227

Indice de l'écart à la normale (Agadir)

–100,00

–50,00

0,00

50,00

100,00

150,00

200,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

En(%)

En (%)

Année

Indice de l'écart à la normale (Casablanca)

–90,00

–60,00

–30,00

0,00

30,00

60,00

90,00

120,00

150,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

En(%)

En (%)

Année

Indice de l'écart à la normale (Ifrane)

–60,00

–40,00

–20,00

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

En(%)

En (%)

Année

Indice de l'écart à la normale (Marrakech)

–80,00

–60,00

–40,00

–20,00

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

En(%)

En (%)

Année

Indice de l'écart à la normale (Oujda)

–80,00

–60,00

–40,00

–20,00

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

En(%)

En (%)

Année

Indice de l'écart à la normale (Rabat)

–80,00

–60,00

–40,00

–20,00

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

120,00

140,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

En(%)

En (%)

Année

Indice de l'écart à la normale (Tanger)

–60,00

–40,00

–20,00

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

120,00

140,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

En(%)

En (%)

Année

Fig. 9. Écart à la normale au cours de la période 1961-2004 dans les sept villes.

Fig. 9. Variation from the normal during the period 1961-2004 in the seven cities.

sèches consécutives, tandis que lessécheresses des années 60 et 70 ontété souvent isolées (Fig. 9).

L’analyse de différentes séche-resses vécues au niveau de septvilles présentée sur la figure 10

permet de confirmer une fois de plusl’assèchement accru qu’a connu la pé-riode 1972-2004 :– avant 1972, les sécheresses étaient

peu fréquentes et touchaient rare-ment l’ensemble des villes ;

228 L. Stour et A. Agoumi

Pourcentage des régions touchées par les différentesannées de sécheresse à l'échelle nationale

0

20

40

60

80

100

120

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

% des régions touchées

Année

Pourcentage des régions touchées

Fig. 10. Pourcentage des régions touchées par les différentes années de sécheresse à l’échellenationale.

Fig. 10. Percentage of regions touched by drought on a national scale.

– après 1972, on a eu de plus en plusde sécheresses touchant souventla majorité des villes ;

– sur les 44 ans étudiés, 36 ont vu lasécheresse toucher au moins unedes sept villes. Cinq sécheressesont concerné l’ensemble des villes ;

– les douze dernières années ontconnu dix années de sécheressepartielles dont deux généralisées,ce qui en fait la décennie la plussèche.

Sévérité de la sécheresse

En vue de caractériser les séche-resses vécues et leur niveau de sévé-rité, nous avons calculé pour les dif-férentes villes au cours de la périoded’étude l’indice standardisé de préci-pitations et l’indice de nombre d’écart

type (Fig. 11). Il en résulte que lafréquence des sécheresses modéréesvarie entre 20 % à Marrakech et 34 %à Ifrane et Agadir. Celle des séche-resses sévères oscille entre 23 % et9 % au sein des mêmes villes. Lapériode 1961-2004 n’a pas connu desécheresses extrêmes (Tab. VIII).

La probabilité d’occurrence d’uneannée sévèrement sèche varie d’uneannée sur quatre pour Marrakech àune année sur onze pour Casablancaet Agadir, par contre celle d’une annéemodérément sèche varie d’une annéesur cinq pour Marrakech à une annéesur trois pour le reste des villes. Ainsila probabilité d’occurrence de types desécheresse diminue avec l’augmenta-tion de sa sévérité (Fig. 11).

Pour mieux appréhender la séch-eresse et sa dynamique à l’échelle

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 229

–3,00

–2,00

–1,00

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

SPI

2

1

0,3

–0,3

–1

–2

Indice standardisé de précipitation (Agadir)

Année

SPI

–3,00

–2,00

–1,00

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

SPI

2

1

0,3

–0,3

–1

–2

Indice standardisé de précipitation (Casablanca)

Année

SPI

–3,00

–2,00

–1,00

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

SPI

2

1

0,3

–0,3

–1

–2

Indice de précpitation standardisé (Ifrane)

Année

SPI

–2,50

–2,00

–1,50

–1,00

–0,50

0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

SPI

2

1

0,3

–0,3

–1

–2

Indice de précipitation standardisé (Marrakech)

Année

SPI

–2,50

–2,00

–1,50

–1,00

–0,50

0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

3,00

SPI

2

1

0,3

–0,3

–1

–2

Indice standardisé de précipitation (Oujda)

Année

SPI

–3,00

–2,00

–1,00

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

SPI

2

1

0,3

–0,3

–1

–2

Indice standardisé de précipitation (Rabat)

Année

SPI

–3,00

–2,00

–1,00

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

SPI

2

1

0,3

–0,3

–1

–2

Indice standardisé de précipitation (Tanger)SPI

Année

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

1961

1963

1965

1967

1969

1971

1973

1975

1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

Fig. 11. Évolution de l’indice standardisé de précipitation au cours de la période 1961-2004 dans lessept villes.

Fig. 11. Standardized precipitation index evolution during the period 1961-2004 in the seven cities.

saisonnière, une évaluation de l’in-dice standardisé de précipitation a étéfaite à cette échelle. Les résultats pré-sentés sur la figure 12 indiquent que

les sécheresses d’automne et de prin-temps sont les plus fréquentes, suiviesde celles d’hiver et de printemps. Onse retrouve alors souvent avec des

230 L. Stour et A. Agoumi

Tableau VIII. Fréquence de différentes classes de la sécheresse au cours de la période 1961-2004.

Table VIII. Different drought classes frequency during the period 1961-2004.

Villes Fréquence dessécheresses modérées

(%)

Fréquence dessécheresses sévères

(%)

Fréquence dessécheresses extrêmes

(%)

Agadir 34 9 0Casablanca 30 9 0Ifrane 34 11 0Marrakech 20 23 0Oujda 30 16 0Rabat 30 14 0Tanger 30 11 0

Pourcentage des régions touchées par lessécheresses saisonnières

05

1015202530354045

Automne etprintemps

automne ethiver

hiver etprintemps

automne, hiveret printemps

Pourcentagedes régionstouchées %

Saisons

Pourcentage des régions touchées

Fig. 12. Analyse des sécheresses saisonnières au niveau des sept villes pour la période 1961-2004.

Fig. 12. Seasonal droughts during the period 1961-2004 in the seven cities.

années à deux saisons au lieu dequatre (hiver – été).

5 CONCLUSION

Ce travail de recherche a permis defaire ressortir ce qui suit :– la sécheresse s’est imposée avec

force ces dernières décennies entant qu’élément structurel du climatdu Maroc ;

– les précipitations ont connu globa-lement une tendance à la baisse :

l’occurrence d’années humides gé-néralisées sur l’ensemble de terri-toire devient une exception ;

– un réchauffement du climat signifi-catif accompagne cette installationde la sécheresse au Maroc avecune évapotranspiration correspon-dante qui croît aussi. Il en ré-sulte un déficit hydrique de plus enplus marqué qui fragilise l’équilibreoffre-demande ;

– à l’échelle saisonnière, on perçoitune diminution de l’importance deprintemps et de l’automne. On

Sécheresse climatique au Maroc durant les dernières décennies 231

s’oriente vers un climat bi-saison :hiver-été ;

– dans ce comportement de la sé-cheresse dans notre région, lesdouze dernières années se sontdistinguées et ce en conformitéavec ce qui a été noté au niveauplanétaire (GIEC, 2007) ;

– l’ensemble des constats faits danscette recherche conforte à l’échellenationale les résultats des travauxdu quatrième rapport de GIEC(GIEC, 2007) et nous permettentde mieux préciser le poids dela sécheresse dans le climat denotre région. Il reste maintenant às’adapter à ce nouveau contexteclimatique et aux sécheresses as-sociées, surtout que les travauxde GIEC (GIEC, 2007) ont indiquéque cette tendance au réchauffe-ment et à l’assèchement devraitcontinuer ;

– la grande question qui reste poséeest de savoir comment cette ten-dance à l’assèchement de la régiondu Maroc risque d’évoluer durantce siècle en relation avec les chan-gements climatiques prévus. Dansce sens, cette recherche a étépoursuivie en recourant à des mo-dèles de circulation générale pourprévoir le réchauffement et la dy-namique de sécheresse attendusau Maroc en 2050. Les résultatsde cette recherche ont été publiésdans la revue marocaine de géniecivil (Stour & Agoumi, 2007).

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