Saint-Herblain · 1980, et d’une chanson, figurant sur l’album Mauvaises nouvelles des étoiles...

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Le bruit de la nature

Le silence

L’art sonore

Le bruit du travail

La «pollution» sonore de la ville

Le bruit source d’angoisse

La «pollution» sonore du voisinage

Toute la «pollution» sonore

Le bruit animal

Le bruit humain

Légende graphique, en bas de page, des différentes rubriques

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Août 79 de notre ère… « Les explosions magmatiques en rafale produisaient un grondement ininterrompu qui remplissait tout l’espace et faisait frémir le sol… À l’instant où Pline l’Ancien meurt dans les bras de deux esclaves, son neveu, à trente kilomètres de là, observe l’éruption avec sang-froid… De l’univers, il reste le grondement du Vésuve et une cacophonie de cris et de chuchotements. Les enfants pleurent, des femmes les appellent en les cherchant à tâtons, les hommes crient... Le jeune homme écoute les rumeurs courir dans la foule… Enfin le soleil réapparaît, blafard comme une éclipse, éclairant un paysage inconnu de neige grise… L’Apocalypse n’est pas encore passée par là. L’apôtre Jean n’écrira ces très symboliques « révélations sur la fin du monde » que seize ans plus tard, en 95, à Patmos. » Le monde s’est arrêté au Vésuve. in Le Monde, 6 août 2006 Pline le Jeune. Éruption du Vésuve et mort de Pline l’Ancien dans Correspondance.

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« Les bruits d’insectes que l’homme moderne reconnaît le plus facilement sont les plus agaçants. Le moustique, la mouche et la guêpe sont aisément repérables » écrit Murray Schafer dans Le Paysage sonore. Le « moustique » est le surnom donné au Sonic Teenager Deterrent, ou agent sonore de dissuasion pour adolescents, invention d’un homme d’affaires britannique destiné à disperser les attroupements d’adolescents désœuvrés devant les vitrines des magasins. Cet appareil émet des ultrasons de 17 000 hertz à 80 décibels, audibles seulement par les jeunes oreilles de moins de vingt ans, qui se plaignent alors d’un sifflement lancinant. La diffusion de la musique classique à l’extérieur des magasins et dans les stations de métro en Angleterre s’est généralisée et semble obtenir le même résultat, Wolfgang Amadeus Mozart s’avérant être un répulsif particulièrement efficace.

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L’humoriste Jules Édouard Moustic, grand pourfendeur de la bêtise humaine, déclarait dans les Inrockuptibles détester le bruit de l’aspirateur (http://www.lesinrocks.com). Le pianiste virtuose Glenn Gould, qui s’est très vite tenu à l’écart du bruit des hommes, raconte dans Glenn Gould au-delà du temps, documentaire de Bruno Monsaingeon : « J’ai un grand souvenir de jeunesse. Je travaillais la fugue en Ut majeur de Mozart, quand la femme de ménage démarra l’aspirateur. C’était sans doute exprès pour m’ennuyer, mais cela me plut tant que quand elle arrêta, je le remis en marche et continuai de travailler avec l’aspirateur en fond sonore. C’était étonnant, comme si vous nagiez avec l’eau dans les oreilles, en secouant la tête et en chantant ». André-Jacques Andrieu et Bernard Dumortier. Entomophonia : chants d’insectes. Bernard Dumortier. Matériaux pour une histoire raisonnée des insectes. Dictionnaire de la vie ordinaire, spécial insolites. (informations bruitistes insolites sur les big bang, obus, pêche, plagiat, recrutement, rut, tire au flanc, zonards…). Malcolm Arnold. Grand Grand Festival Overture. (composition musicale bruyante et humoristique qui met en œuvre trois aspirateurs et une cireuse de plancher). Hergé. L’affaire Tournesol. (dans son laboratoire, le professeur Tournesol expérimente un nouveau dispositif à ultrasons).

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« Nous ne pouvons douter que les animaux aiment et pratiquent la musique. Cela est évident, mais il semble bien que leur système musical diffère du nôtre. C’est une autre école… Nous ne connaissons pas leurs ouvrages didactiques. Peut-être n’en ont-ils pas. » plaisantait Erik Satie. Un chant d’oiseau dans la forêt n’est pas seulement un fond sonore pour la promenade du dimanche. Un mâle chante pour occuper un territoire, impressionner un rival et surtout pour faire sa cour. Car si la moitié des espèces d’oiseaux se contente de crier, chez l’autre moitié seuls les mâles chantent. Les femelles canari préfèrent, au joli flûté, un motif proche de la crécelle ou du réveille-matin. Pour séduire, l’oiseau-lyre australien imite des bruits qu’il a entendu : d’autres chants d’oiseaux, mais aussi une alarme de voiture, un déclic d’appareil photo ou une tronçonneuse. En période de migrations, des milliers d’étourneaux débarquent dans des villes, provoquant dégâts dans les arbres, fientes et piaillements nocturnes. Les municipalités ont alors parfois recours à des campagnes d’effarouchement à grands coups de casseroles, instruments de musique, revolvers, imitations de cris d’oiseaux blessés ou de tap-tap (appareils imitant les applaudissements distribués à la population). Les cris des goélands étaient jusqu’ici caractéristiques des bords de mer. Aujourd’hui, ils assourdissent les citoyens. Plus de 20 000 couples ont été recensés dans une centaine de villes, y compris Paris, où l’on en compte une quinzaine. André-Jacques Andrieu et Jean-Claude Brémond. Ornithofuga : effarouchement acoustique des oiseaux. Ce disque est composé de 25 enregistrements de cris de peur des oiseaux, réalisés par le laboratoire de comportement acoustique animal de l’Institut national de la recherche agronomique et accompagné d’un livret explicatif à destination des jardiniers. Lorsqu’ils entendent les cris de détresse de leurs congénères, les oiseaux ont une tendance naturelle à s’enfuir. Ce principe est appliqué le long des pistes d’aéroports, où des haut-parleurs repoussent les oiseaux risquant de provoquer des incidents aux avions. Ce disque est qualifié de cauchemar sonore. Alfred Hitchcock. Les Oiseaux. « C’est son film le plus angoissant, dans la mesure où le postulat (l’agression des oiseaux) en demeure irrationnel. » (Dictionnaire mondial des films) Michaël Levinas. Froissements d’ailes. « Composés de son très fortement vibré et de souffle sèchement percuté, ces derniers campent une sorte de personnification du sonore (un oiseau apeuré). » Pierre-Albert Castanet. Tout est bruit pour qui a peur : pour une histoire sociale du son sale. Sound library. (ce coffret de bruitages contient des cris horribles d’oiseaux marins comme ceux qui vous signalent qu’il est temps, hélas, de quitter la bibliothèque).

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« Attendu que la poule est un animal anodin et stupide, au point que nul n’est encore parvenu à le dresser, pas même un cirque chinois ; que son voisinage comporte beaucoup de silence, quelques tendres gloussements et caquètements qui vont du joyeux (ponte d’un œuf) au serein (dégustation d’un ver de terre) en passant par l’affolé (vue d’un renard) ; que ce paisible voisinage n’a jamais incommodé que ceux qui, pour d’autres motifs, nourrissent du courroux à l’égard des propriétaires de ces gallinacés ; la cour ne jugera pas que le bateau importune le marin, la farine le boulanger, le violon le chef d’orchestre et la poule un habitant d’un lieu-dit. » Arrêt rendu par la 1ère chambre civile de la Cour d’appel de Riom le 7 septembre 1995, qui déboutait les auteurs d’une plainte pour troubles anormaux du voisinage déposée contre les propriétaires d’un poulailler. Extrait de l’article « Les cloches des vaches, mélodie des montagnes ou nuisance sonore ? » paru dans Le Monde du 7 octobre 2006.

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Onomatopées bruitistes de bandes dessinées (Comic strip), soupirs et feulements de plaisir (Je t’aime moi non plus), cris orgasmiques (Love on the beat), puis sanglots de la séparation (Je suis venu te dire que je m’en vais), émaillent les chansons de Serge Gainsbourg, lorsqu’il parle d’amour physique et sans issue. Evguénie Sokolov, titre de son unique roman publié au printemps 1980, et d’une chanson, figurant sur l’album Mauvaises nouvelles des étoiles paru en 1981, conte les mésaventures d’un artiste peintre atteint de graves problèmes intestinaux. Dans cette chanson dépourvue de paroles, trois minutes de bruitages de flatulences sont sur-impressionnées sur une rythmique reggae. Dans la version re-mixée, parue en 2003, ces bruitages ont été supprimés par le producteur qui s’en explique dans la brochure accompagnant le disque : « un gag sonore pour le moins surprenant qui a fait sauter ce morceau à bien des auditeurs dès la deuxième écoute. Les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures, voici donc un nouveau mixage sans bruitages de gaz à tous les étages, qui permettra de mieux apprécier la musique. » Moralité : brochure (- de 50 p.) ou livret (+ de 50 p.) sont indispensables à la compréhension de l’œuvre que l’on va écouter. N’oublions pas de les restituer. Serge Gainsbourg. Evguénie Sokolov, avec : Aux armes et cætera (ce disque regroupe les deux albums reggae) ou sans : Mauvaises nouvelles des étoiles. Screamin Jay Hawkins. Constipation blues. Serge Gainsbourg était un fan de cette chanson. Dans Des chansons pour le dire, une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange, au chapitre des pets, Baptiste Vignol cite Eau et gaz à tous les étages et Des vents des pets des poums de Serge Gainsbourg. Sylvia Branzei. Cradologie : la science impolie du corps humain. (matières puantes et odorantes : pets, rots…). Jean-Marc Mathis et Dylan Pelot. Victor qui pète (les aventures de Victor, de sa dulcinée et de leurs flatulences comiques). Dans Je t’aime bien moi non plus, parodie chantée par Bourvil et Jacqueline Maillan, la toux remplace les soupirs de plaisir. « Le son est à l’origine d’une infinité d’informations, le son lui-même, le son dans son rapport à d’autres sons, dans son rapport au silence, Le son crée l’espace, l’espace façonne le son. Il lui donne des formes invisibles et non moins réelles. Je vois les murs de la pièce où je suis, par l’écoute je saisis les dimensions de l’espace qui ne se voit pas mais qui existe tout autour et bien au-delà de ce que je vois… Sans le son l’espace serait-il encore espace ? Il n’en serait qu’un résumé aux dimensions limitées, à la signification restreinte. » Pierre Mariétan. L’environnement sonore. « La pratique du son, dès l’écoute, passe par le bruit de fond. L’écoute est, au sens propre, une prise au piège des sons : une remontée des sons, à la surface de l’écoute, depuis le fond de ce qui arrive à l’oreille… Le bruit de fond est-il le bruit du fond ou bien l’ensemble de tous les bruits renvoyés ou

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laissés au fond de l’écoute ?... Il est le fond sonore du sonore, parce que l’on pourrait aussi penser à un fond non sonore du sonore : une absence de sons, par exemple, un silence… Bien en deçà, au delà de la respiration ou des battements du cœur, qui, arrivent bien souvent comme tels, dans leurs décomptes et la particularité rythmique de leur source, le bruit de fond intérieur, quand il arrive, arrive encore une fois comme masse sourde indifférenciée, indénombrable, continue : le bruit de fond intérieur est une présence à l’ouïe de l’immensité sonore intérieure arrivant par le bruit de fond avec l’immensité sonore extérieure. » Jean-Luc Guionnet. Le bruit de fond. Numéro de juin 2003 de Revue & corrigée. « Pour notre part, nous avançons l’idée que le bruit de fond n’a plus lieu d’être, dès lors qu’il est écouté… Dans ce cas, lui préférant le terme de rumeur à celui de bruit de fond, nous avançons l’idée que le phénomène est identifiable par son contenu caractérisé par l’association des sources (les sons à leur origine) et la qualité des espaces dans lesquels elle se situe. » Pierre Mariétan

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Bruit : Toute émotion de l’air qui se rend sensible à l’organe auditif. (Jean-Jacques Rousseau) Francisco Lopez, compositeur de musique électronique, propose un « voyage sonore dans le noir » : faire abstraction de l’environnement et se fondre dans l’écoute de sons oubliés, dans le noir absolu. http://www.lelieunique.com « En lutte contre l’action dissipative des éléments visuels sur le matériau sonore, le compositeur entend se concentrer sur le seul son comme point d’entrée d’une expérience globale… Le refus intentionnel d’éléments visuels ouvre un monde nouveau de possibilités pour le son conçu comme une porte permettant d’accéder à des couches de perceptions qui sont normalement assoupies. » in Mouvement, janvier 2005 : http://www. mouvement. net « Ma préférence pour les sons environnementaux plutôt que pour les sons instrumentaux est totalement schaefferienne (de Pierre Schaeffer, inventeur de la musique concrète) car elle se base sur mon goût personnel des qualités de ces sons comme « objets » (ou mieux « matière »), et non sur leur origine. En même temps cette approche est non schaferienne car je ne suis pas du tout concerné par les propriétés documentaires et de représentation, que je tente même d’éviter. » Francisco Lopez. in Revue & Corrigée de juin 1999 Francisco Lopez. Untitled # 86, dans The sound of nature. The nature of sound. http://www.franciscolopez.net

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Dans les années 1970, Raymond Murray Schafer, compositeur canadien, père de l’écologie acoustique, fixe trois caractères permettant de définir un paysage sonore. La tonalité est un son que l’on entend en permanence, qui n’est pas perçu de façon consciente, et qui constitue un fond sur lequel les autres sons sont perçus (bruit de la mer dans un village de pêcheurs, bruit de la circulation automobile en ville). Les signaux sont des sons de premier plan, que l’on écoute consciemment (sirènes, klaxons). L’empreinte sonore désigne les sons uniques d’une communauté, qui ont un écho particulier pour les membres de la communauté. Cette empreinte sonore doit être protégée. Lorsque la tonalité est très intense, il est difficile de percevoir les signaux. On parle alors de paysage lo-fi. Celui-ci est apparu avec la révolution industrielle. Le bruit égal pouvoir. « Les industriels prennent le pouvoir et sont autorisés à faire, avec la machine à vapeur et les hauts fourneaux, du bruit, au même titre qu’autrefois le clergé avec la cloche de l’église, ou Jean-Sébastien Bach, libre d’ouvrir ses préludes sur le tutti de l’orgue. ». Par opposition, dans un paysage hi-fi, tous les sons se détachent clairement. « Les sons associés à un même endroit depuis longtemps, je les appelle des marques sonores. À l’instar des points d’intérêt d’un lieu, les sons définissent son essence, lui donnent son côté unique. » Depuis 1969, le Projet mondial d’environnement sonore a procédé à l’étude comparative de paysages auditifs de villes et de villages, et a contribué à définir le concept d’écologie sonore. Murray Schafer a effectué des enregistrements phénoménologiques de sons, afin de réaliser des banques de données de sons disparus. Le chercheur s’est attaché à déterminer les sons clés (keynotes), sons que n’entendent plus les natifs, mais qui ont autant, sinon plus d’importance que les sons entendus, des sons que nous n’écoutons plus mais qui sont en nous. En France, le Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain de Grenoble (Cresson) dispose d’un fonds sonore composé d’enregistrements d’environnement sonore urbain. « Il y a pollution sonore quand l’homme n’écoute plus, car il a appris à ignorer le bruit. La lutte contre cette pollution consiste aujourd’hui à chercher à en diminuer l’intensité. C’est là une approche négative. Or il faut un programme positif à l’acoustique de l’environnement. Quels sons voulons-nous conserver, encourager, multiplier ? Répondre à cette question permettra de mieux cerner les bruits gênants ou nocifs et de savoir pourquoi il nous faut les éliminer. » Au cours de son allocution à l’Ircam lors de la Semaine du son en janvier 2006 (http://lasemaineduson.org), Murray Schafer fait remarquer que l’élévation du volume sonore des sirènes des véhicules de secours est un bon moyen d’évaluation de l’évolution du niveau sonore des villes, et qu’un nouveau phénomène sonore de la ville est le bruit permanent de la reconstruction. Il plaide, avec son association World Forum For Acoustic Ecology, pour le développement de cette écologie acoustique, pour que des designers sonores, ou esthéticiens acoustiques, et des compositeurs créent les paysages sonores des différents lieux publics, pour des cours d’écologie sonore dans les universités, et pour des temples du silence. « C’est pourquoi… toutes les recherches sur les sons ne peuvent conclure que par le silence – pas le silence vide et négatif – mais le silence positif de la perfection et de la plénitude. Ainsi, de même que l’homme aspire à la perfection, tout son

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tend vers le silence et la vie éternelle de la musique des sphères. » (Le paysage sonore) « On peut donc avancer l’idée que la «ville silencieuse» se justifie par sa qualité sonore, non pas seulement par un silence qui s’imposerait comme une chape de plomb sur les habitants. » Pierre Mariétan Transports exceptionnels est un duo pour un danseur et une pelleteuse du chorégraphe Dominique Boivin. « Le contact entre le fer et la chair, le langage même de l’outil, son ronronnement, ses clics au moment de l’arrêt, ses alarmes, vibrations, sont comme des injonctions au monde ouvrier. » (Libération, 22 juillet 2006)

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« À Ostende, la grève est large. Elle descend en pente douce vers les hôtels... Vers le sud, les vagues sont dans votre oreille droite, vers le nord dans la gauche. Elles vous pénètrent de cette conscience immémoriale des pulsations liquides… Jour après jour, on marche le long de la grève, à l’écoute du clapotis indolent de la mer, de son crescendo, puis de l’armée organisée de ses rouleaux. L’esprit doit marquer le pas, s’il veut saisir les transformations innombrables de l’eau, sur le sable, sur le schiste, contre les troncs qui flottent, contre les digues. Chaque goutte sonne différemment ; chaque vague filtre à sa manière une intarissable réserve de bruits blancs. » R. Murray Schafer Léo Ferré. Ostende dans Sur la scène. Alain Bashung. Ostende dans Chatterton.

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« Un certain nombre d’expressions musicales du monde sont difficiles à comprendre lorsqu’elles sont extraites de leur contexte et de leur environnement sonore quotidien. Dans ce contexte global, ce que nous appréhendons comme musique s’inscrit comme un élément parmi d’autres dans l’environnement sonore dans lequel vit chacun de ces peuples : bruits de la nature et des animaux qui l’habitent, sons de la vie parmi lesquels cris, appels, paroles et chants, bruits domestiques liés au travaux, rites et cérémonies, moments de détente… » Étienne Bours. Dictionnaire thématique des musiques du monde. « Pour se défendre contre le bruit, il ne faut pas se boucher les oreilles, se plaindre ou fuir, mais commencer d’écouter. » écrit Nicolas Frize. « Le bruit dans son inquiétante étrangeté, ou dans sa plus banale familiarité, sollicite en permanence de multiples possibilités d’écoute. Faire écouter le bruit, et le cheminement de son écoute, ne serait-il pas un acte créateur en soi ? Puisque c’est aussi un acte de déplacement permanent de l’attention, un trajet ouvert vers l’autre. Le bruit, et le travail spécifique de son écoute, toujours renouvelée, toujours déplacée, du fait de la nature même du bruit, sont un des moteurs les plus stimulants et discrets du cinéma. Mais il ne faut pas oublier que le bruit n’est jamais là où on l’écoute, car écouter un bruit c’est évidemment, au delà du choc de sa reconnaissance, ne plus l’entendre comme tel. » Thierry Millet. D’une écoute l’autre : esthétique des mutations de l’écoute au cinéma : Enthousiasme de Dziga Vertov. http://cinergon.free.fr À la fin des années 1920, le son est apparu au cinéma avec le film d’Alan Crosland, Le chanteur de jazz. Dziga Vertov crée son « petit laboratoire de l’ouïe », et des cinéastes comme Jean Vigo et Jean Renoir explorent les quatre composantes du son au cinéma : le verbal, la musique, les bruitages et le silence. Pour Jean Renoir, tous les sons de l’environnement sonore ont leur place et le cinéaste fait d’emblée scandale en intégrant dans la bande son les bruits du quotidien (jusqu’au bruit de la chasse d’eau dans La Chienne). Chez Renoir, ça cause beaucoup. Tous les niveaux de langage ont droit de cité (Boudu sauvé des eaux), et dans La Grande Illusion, Carette le baratineur fait avancer la mise en scène. Dans Un journal, Philippe Beck écrit : « Á la fin de sa vie, Jean Renoir pensait à l’interdiction du cri, à la supposée impudeur du cri. Et aux bruits mécaniques autorisés, et aux efforts des chanteurs anciens, aussi difficiles que le cri, avant le microphone.» Le Crime de Monsieur Lange est la bande son des bruits de la France des années 1950. Dans son livre De Caligari à Hitler, Siegfried Krakauer analyse le film M le maudit : « L’utilisation imaginative du son faite par Fritz Lang pour intensifier la crainte et la terreur n’a pas d’équivalent dans l’histoire du film parlant ». Dans Citizen Kane d’Orson Welles, le son est un élément essentiel du récit. Jacques Tati redéfinit les rapports entre le son et l’image. Le verbal se raréfie, et la matière sonore devient une sorte de bouillie, tandis que le bruitage vient sur le devant de la scène, ne respectant pas

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la profondeur de champ sonore. Le thème musical revient comme un élément qui rythme et rappelle à sa façon l’espace temps. Jacques Tati dit à propos de la voiture des Vacances de Monsieur Hulot : « Chaque bruit est enregistré et utilisé à peu près comme une note de musique. » Thierry Jousse, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et réalisateur, parle de Jean-Luc Godard comme d’un cinéaste que l’on identifie immédiatement à l’oreille. Jean-Luc Godard joue sur la notion de mixage sonore, mélangeant les pistes au gré de ses fantaisies. Dans Les Invisibles, premier long métrage de Thierry Jousse, Bruno, le personnage central, crée de la musique électronique et ne vit que pour sa recherche musicale : armé d’un micro caché, il vole bruits, phrases et sons autour de lui. En mixant au ralenti sur la bande son de Raging Bull, la respiration d’un taureau avec le souffle du héros, Martin Scorsese double la violence des combats. David Lynch élabore son univers dans Eraserhead en utilisant le bruit dans sa matérialité même. En 2005, à Paris, Lars von Trier abandonne, dix ans jour pour jour après sa naissance, le Dogme 95, manifeste accompagné de dix commandements à suivre dans le processus de fabrication d’un film, dont pas de musique (à moins qu’elle ne soit jouée par les acteurs) et pas de travail sur le son. Michel Chion. Le son au cinéma. Jean Renoir. Le crime de Monsieur Lange. Fritz Lang. M le maudit. Orson Welles. Citizen Kane. Jacques Tati. Jour de fête. Les vacances de Monsieur Hulot. Mon oncle. Playtime. Trafic. Parade. David Bellos. Jacques Tati. François Ede et Stéphane Goudet. Playtime : un film de Jacques Tati. Stéphane Pajot. Les vacances de Monsieur Tati : Hulot à Saint-Marc-sur-Mer. Jean-Luc Godard. À bout de souffle. Thierry Jousse. Les Invisibles le film et la bande originale du film (direction musicale de Noël Akchoté, figure atypique et transversale de la jeune scène européenne des musiques improvisées et expérimentales, acteur dans le film). Martin Scorsese. Raging bull. Lars von Trier. Les idiots. Gilles Deleuze. Cinéma. Une réalisation sonore de Claire Parnet et Richard Pinhas. « À l’oreille, ce que l’on touche du doigt, c’est la matérialité d’un discours et ce avec quoi il compose : les bruits dits d’ambiance (voitures, chaises, portes, raclements organiques divers) ou le surgissement de petits personnages philosophiques. Les cours ne se déroulent pas en amphithéâtre parce que Gilles ne voulait pas. On est donc dans des baraquements jouxtant une autoroute. Il y a un combat du professeur magistral avec le bruit ambiant. » Libération, 14 juin 2006 http://www.webdeleuze.com, site fondé par le musicien Richard Pinhas.

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La modernité est l’avènement du bruit. « Haco est l’une des figures prééminentes de la scène alternative japonaise, au même titre que Otomo Yoshihide, Kazuhisa Uchihaschi ou Sachiko M, Stereo bugscope est le nom donné au système composé de microphones capteurs, qui ausculte, détecte et amplifie les oscillations électromagnétiques émises par certains matériels de notre vie quotidienne tels que les ordinateurs, téléphones portables… Le terme bugscope signifie également l’acte d’écouter ces bruits secrets des technologies, inaudibles par l’oreille humaine, car d’intensité trop faible… » (http://sonhors.free.fr, panorama des musiques électroniques) Haco. Stereo bugscope 00. http://www.japanimprov.com/haco/

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Il semblerait que les usages postiches du mobile se multiplient. Par exemple, pour fuir un bavard, on peut faire semblant de parler au téléphone pour éviter tout dialogue avec lui, en espérant seulement que le portable ne se mette pas à sonner au cours de cette conversation feinte. Maurizio Ferraris. T’es où ? Ontologie du téléphone mobile. Avital Ronnel. Téléphone book : technologie, schizophrénie et langue électrique. Alban Gonord et Jöelle Menrath. Mobile attitude, ce que les portables ont changé dans nos vies. Arno & TC Matic. Putain putain. (« Il y’ a des gens qui parlent beaucoup, mais disent rien du tout. »). Ignatus. Taisez-vous dans Cœur de bœuf dans un corps de nouille. Béèleska. « Saoûlant! » dans « Faites du brie ». (« Soûlant, tu parles tout le temps… »).

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Autrefois, dans certaines régions de France, les cloches devaient sonner gaiement lors des baptêmes, afin d’éviter aux parents d’avoir un enfant sourd et muet. « La sonnerie de la cloche, instrument reliant l’homme à Dieu, confère une antécédence symbolique à la parole de l’enfant. La clarté du son engendre l’aisance d’une parole désormais arrachée au silence et à l’embarras… Sans doute les différentes formes de clochettes miniatures ou de hochets, au delà du plaisir du jeu et de la stimulation sonore, poursuivent-ils également la même tâche symbolique d’appeler par leur exemple le langage sans anicroche de l’enfant », nous dit David Le Breton dans Du silence. En Bretagne, les fidèles sollicitaient également la roue à clochettes, scellée dans le mur des édifices religieux, dont certaines pouvaient guérir les enfants muets. Parfois, après avoir tourné à plusieurs reprises la roue, il est arrivé que le résultat soit tellement spectaculaire, qu’il faille la tourner à rebours, pour modérer le flot de paroles d’un enfant muet devenu subitement trop bavard. Pierre Jakez Hélias. Le cheval d’orgueil. (Sell ta ! Pegemend a drouz ! Tiens, quel bruit cela fait ! ). Du fait de la déchristianisation, bon nombre de clochers ont été réduit au silence, les cloches étant accusées de participer à la pollution sonore. Parfois ont éclaté des « querelles de clochers » entre plaignants et villageois attachés à l’âme de leur village. En Suisse, le droit des cloches à sonner la nuit fait partie des traditions et ne saurait souffrir aucune contestation. Pouvoirs de police du maire : les sonneries civiles et religieuses de cloches. (La gazette des communes, 24 avril 2006) Dominique Pipard et Jean-Pierre Gualezzi. Les communes et le bruit. David Le Breton. Le son comme seuil : l’exemple des cloches dans La saveur du monde. Jean-Pierre Gutton. Bruits et sons dans notre histoire : essai sur la reconstitution du paysage sonore.

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Depuis l’année 2003, chaque premier mercredi du mois, à Marseille, à midi exactement, un artiste dialogue avec la sirène mugissante de la sécurité civile juchée sur le toit de l’Opéra, dans un divertissement de 12 minutes écrit pour la ville, dans le cadre de « Sirènes et midi net », initiative de Lieux Publics, scène nationale du théâtre de rue. www.lieuxpublics.fr « La compagnie Mécanique vivante présente, avec le Chant des sirènes, le joyau de ses inventions, fruit de sept années de recherches sonores inédites : domptant le mécanisme des sirènes d’alerte de nos villes, ingénieurs et électroniciens de la compagnie ont transformé ce générateur de hurlements puissants en instrument de musique… » http://www.mouvement.net http://www.mecanique-vivante.com

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À Aulnoye-Aymeries, ville du bassin de la Sambre qui résonnait autrefois des mille bruits de l’industrie et des sirènes d’usine, au mois d’août, se tient, au cœur de la ville, un gros festival de rock gratuit ou peu cher, « Les Nuits secrètes », attirant pendant trois jours dans les rues du centre ville plus de 50 000 personnes. Pour faire encore plus de bruit ce festival est associé à la traditionnelle fête foraine, ou ducasse, à l’heure où celles-ci sont de plus en plus reléguées à la périphérie des villes raréfiant leurs emplacements festifs au cœur de la cité suite aux plaintes du voisinage, provoquant colère et manifestations des forains (http://www.lesnuitssecretes.com). Léo Ferré a tissé des liens étroits avec cette ville et a inauguré en 1983 le premier théâtre portant son nom, par ces mots lorsqu’il a dévoilé la plaque : « Putain, j’croyais que j’étais mort ». Afin de prolonger le cri du poète, l’association Centre Léo Ferré (Forum Européen de Recherches, de Ressources et d’Échanges) a pour mission la création d’un centre de ressources consultable dans les locaux de la médiathèque municipale d’Aulnoye-Aymeries, des rencontres annuelles « Autour de Léo Ferré », des soirées autour de l’œuvre chantée, écrite et musicale de l’artiste. L’association édite un bulletin, La Marge et est en lien avec le Centro Léo Ferré italien. Les Cahiers d’études Léo Ferré et la revue Les copains d’la neuille en sont partenaires ([email protected], [email protected]). « Tous ces cris de la rue, ces mecs, ces magasins… Tous ces bruits tous ces chants, et ces parfums passant… » Ton style. « Ce parfum qu’on oublie dans le bruit des odeurs. » Les souvenirs. « Que de musiques tues dans le bruit des paroles. » Mister the wind. Léo Ferré. Sur la scène.

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« Au Moyen Âge, les sonneurs de cornemuse et les tambours marchaient en tête des armées pour filer une frousse terrible aux belligérants adverses. Rufus Harley était en quelque sorte à la tête d’un gang pacifique et informel dont le seul mot d’ordre était Love supreme. » Étienne Brunet, Jazz Magazine, septembre 2006 http://www. jazzmagazine.com Rufus Harley. Sustain. En mai 1720, un navire marchand, le Grand-Saint-Antoine, accoste à Marseille avec dans ses cales la peste, qui fera en deux ans plus de 40 000 victimes. La nuit, dans la ville, des orchestres jouent aux carrefours pour que la peste recule devant le bruit de la musique « baroque ». Friedrich Wilhelm Murnau. Nosferatu le vampire. Les bergers, excédés par les attaques d’ours envers leurs troupeaux, organisent parfois des battues bruitistes dans les Pyrénées pour faire peur à l’animal et le faire fuir vers son lieu de réintroduction. (« Les ours ont-ils leur place dans les Pyrénées ? » Science & vie junior. Juillet 2006)

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Le paysage sonore du monde n’a pas cessé de se transformer. Des bruits ont disparu à jamais. L’Agence culturelle de Saint-Herblain a réhabilité, le temps d’un printemps dans les rues de la ville, un bruit disparu, le cri du crieur. À Paris, au XIIe siècle, les crieurs, fonctionnaires municipaux assermentés, crient sur les places publiques, le texte des actes officiels, les convocations aux assemblées, les mariages, les enterrements (les crieurs de trépassés), les disparitions de personnes ou d’animaux. Les cris de ces crieurs municipaux côtoient ceux des crieurs attachés à des commerçants et vantant leurs marchandises, ceux des marchands des quatre-saisons, des musiciens des rues et les cris des mendiants. Les rues résonnent alors de mille voix. Les crieurs disparaîtront à la fin du XIXe siècle et les musiciens des rues à l’aube du XXe, victimes de la lutte contre le bruit. À Saint-Herblain, le crieur, le comédien Pascal Dubois de la compagnie Le Sablier, a crié les informations, les histoires, les rumeurs, les humeurs et la parole des habitants de la ville. http://www.saint-herblain.fr/crieur/ http://www.jetfm.asso.fr, (archives sonores du crieur sur le site de la radio Jet FM). http://www.radiofrance.fr/chaines/france-inter01/emissions/instant/fiche.php?did=42906, (site de l’émission L’Instant bleu) http://joursdefete.saint-herblain.fr http://www.lesablier.org/lecrieur (Site de la compagnie Le Sablier avec les textes des criées). Clément Janequin. Les cris de Paris. Roland Becker. Jour de fête et fête de nuit. (Les faiseurs de bruit, ces sonneurs de grand air, le disputent alors aux volées fracassantes des cloches, aux voix retentissantes des crieurs de foire, au vrombissement des bassines de cuivre). Massin. Les cris de la ville : commerces ambulants et petits métiers de la rue.

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« Le hurloir (projet de Thierry Fontaine, Loz et Elli Medeiros), est un dispositif de transmission à sens unique, en temps réel, 24 heures sur 24, de paroles et de sons entre deux endroits du globe liés par une tension historique. Il est composé d’un microphone placé dans un endroit public ou privé à un endroit de la planète et d’un haut-parleur placé dans un espace de diffusion à un autre point de la terre… En l’absence d’interventions volontaires, le son ambiant et les choses dites sans être criées sont aussi des cris » peut-on lire sur le site http://www.hurloir.net. Une œuvre d'art public de l'artiste Emilio Lopez-Menchero est installée au croisement de l'avenue de Stalingrad et du boulevard du Midi, face à la gare du Midi à Bruxelles. Dans ce lieu «hybride», l'artiste propose un grand porte-voix de 4 m de long et 2 m de diamètre final, en acier inoxydable, 8 marches permettent à qui le veut d'accéder au porte-voix et de délivrer son message qui sera « comme une bouteille jetée à la mer ».

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« La radio fut le petit ruisseau par lequel tout commença. Vinrent ensuite d’autres moyens techniques pour recopier, multiplier, augmenter le son, et le ruisseau devint un immense fleuve. Si, jadis, on écoutait la musique par amour de la musique, aujourd’hui elle hurle partout et toujours, « sans se demander si on a envie de l’écouter », elle hurle dans les haut-parleurs, dans les voitures, dans les restaurants, dans les ascenseurs, dans les rues, dans les salles d’attente, dans les salles de gymnastique, dans les oreilles bouchées des walkmen, musique réécrite, ré-instrumentée, raccourcie, écartelée, des fragments de rock, de jazz, d’opéra, flot où tout s’entremêle sans qu’on sache qui est le compositeur (la musique devenue bruit est anonyme), sans qu’on distingue le début ou la fin (la musique devenue bruit ne connaît pas de forme) : l’eau sale de la musique où la musique se meurt. » Milan Kundera. L’ignorance. Bruit : sens commun : son puissant, ayant souvent un caractère désagréable, disharmonieux, non désiré. (Dictionnaire des mots de la musique) Bruit : Le bruit provoque chez la plupart des gens une sensation désagréable. C’est un ennemi à combattre… Le bruit, sous-produit de la civilisation technologique et urbaine, est capable de produire deux sortes de dommages sur l’organisme : les uns dits spécifiques portent sur l’oreille et sur les fonctions psycho-acoustiques (surdités professionnelles, brouillage des communications humaines) ; les autres dits non spécifiques sont constitués par le désagrément, la gêne, la fatigue, ainsi que par des troubles nerveux et généraux. Il suffit pour s’en convaincre, de se référer aux faits divers relatant des meurtres commis par des individus s’estimant « agressés » par des bruits. (Encyclopaedia Universalis) Lorsque l’on parle de bruit, on parle généralement de pollution sonore, de souffrance par le bruit. La notion de bruit est très subjective. Alors que les habitants d’un petit village se plaignent de ne plus entendre les cris des enfants dans la cour de l’école qui a été fermée (Récréations : un film documentaire de Claire Simon), un quartier résidentiel de grande ville se plaindra des mêmes bruits. C’est pourquoi l’étude de la pollution sonore est plus difficile que celle de la pollution atmosphérique par exemple. « La sensibilité au bruit est une question de circonstances, et surtout de la signification donnée par l’individu aux sons qu’il entend » écrit David Le Breton dans La saveur du monde. « Le bruit est une pathologie du son, une souffrance qui se développe si l’écoute est contrainte et sans possibilité de s’échapper. Il apparaît quand le son perd sa dimension de sens et s’impose à la manière d’une agression dont l’individu est impuissant à se défendre ». « Les bruits que nous produisons ne sont pas entendus comme incommodants, ils ont du sens. Ce sont toujours les autres qui font du bruit », ajoute-t-il dans Du silence. « Les bruits du voisinage constituent une des causes les plus fréquentes de plaintes… C’est toujours le bruit d’autrui qui est considéré comme gênant. L’appréciation des nuisances sonores provoquées

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par son propre chien ou sa propre télévision est sans conteste minorée en regard de celles du voisinage », écrit Alain Muzet dans Le bruit. Coups frappés sur le plancher à l’étage au-dessus, coups de sonnette ou de téléphone, insultes, lettres anonymes ou dégradation de boîte aux lettres, détritus jetés sur le balcon, plainte au tribunal (la justice est souvent favorable aux plaignants dans ce genre de litige), tel sera peut-être votre calvaire si vous souhaitez pratiquer un instrument de musique dans votre appartement. « La mauvaise isolation acoustique des habitations, l’incommunicabilité dans les grands ensembles, la montée des intolérances font le lit des chasseurs d’arpèges… Tout le monde n’a pas la même irritabilité face au bruit et à la musique. Certains s’accommodent tant bien que mal du bruit causé par la circulation mais deviennent intraitables dès qu’il s’agit de leur voisinage immédiat… Certains, qui ressentent la pratique musicale comme une frivolité se sentent agressés par des sons de flûte ou de piano, alors qu’ils seront plus tolérants pour le bruit d’une télévision, considéré comme plus normal socialement » écrivait Olivier Bellamy dans l’article « Tapage et voisinage » paru dans le Monde de la musique de septembre 1998. Les sourdines, les plots antivibratoires pour le piano, les instruments silencieux, les instruments numériques peuvent apporter une solution. Il est conseillé de faire appel à un acousticien avant de se lancer dans des travaux d’isolation assez coûteux. Le choix d’un instrument pour l’enfant est parfois dépendant de son lieu d’habitation (difficile de choisir la batterie si l’on vit en habitat collectif), les locaux de répétition sont rares. Les compromis entre voisins sont contraignants, mais peuvent être également une solution. Le saxophoniste Stéphane Spira raconte dans le numéro de mars 2006 de Jazz Magazine qu’un soir il jouait chez un élève quand le voisin du dessus téléphona, son enfant ne pouvant pas dormir, mais lui signifiant au passage qu’il jouait fort bien et lui demandant son nom. Suite à cette rencontre, ce voisin, le pianiste Olivier Hutman, l’a accompagné sur son disque First page. Jean de La Fontaine. Fables. (Le savetier et le financier). Atarah Ben-Tovim et Douglas Boyd. Musique : quel instrument pour votre enfant. Michel Portal. Chateauvallon 23 août 72. (« La clarinette est un instrument fabuleux qui peut tout suggérer, le cri, la confidence, la passion, l’état amoureux, la rêverie, le rugissement de la tempête ou la caresse du vent » dit le musicien). André Taymans et J. F. Giorgio. Bouchon et le petit rat Mitsou. Michel Beauvais. Savoir tout faire : maçonnerie, isolation. (un petit concert de perceuses et outils divers sera nécessaire pour l’isolation phonique de votre appartement). Georges Brassens. Le bricoleur, dans Il n’y a d’honnête que le bonheur. Yann Tiersen. La perceuse. Dans le disque On tour. FM Enheit & Electro Atomu. Alba. Dans le disque Ideal LU, 2003 FM Enheit fut au sein du groupe allemand de musique industrielle Einstürzende Neubauten, un des pionniers de l’utilisation de la perceuse comme instrument percussif. À qui vous plaindre des bruits de votre voisin fauteur de trouble, qui ne veut pas entendre raison,

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malgré vos protestations orales ou écrites : au bureau d’hygiène de la mairie, ou au bureau de l’Environnement de la préfecture. « Du côté des hommes troncs. Le présentateur (télé) n’est pas seulement un journaliste. C’est bien davantage. Un éclaireur, un directeur de conscience, un bruit de fond, un ronronnement, jamais de cris. » Daniel Schneidermann, in Libération, du 10 mars 2006 « Les médias ou les réseaux donnent à chacun le sentiment de s’adresser familièrement à lui. Ils sont une interruption permanente du silence de la vie, leur bruit prend la place des anciennes conversations. Leur litanie rappelle que le monde poursuit sa ronde, avec son cortège de tragédies et de tranquillité, mais qu’il n’y a encore pas trop à s’inquiéter pour soi. Le vrai drame serait le silence des médias, une panne généralisée des ordinateurs, bref un monde livré à la parole des plus proches, à la seule appréciation personnelle. » David Le Breton. Du silence. Le niveau de bruit augmente en général dans la société, et nécessite un niveau de stimulation de plus en plus élevé pour capter l’attention, ce qui accroît les difficultés d’apprentissage et de développement de capacités mentales solides chez l’enfant. Pourtant, combien d’enfants travaillent leurs devoirs avec la télévision en fond sonore et dans une ambiance bruyante ?

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Ramdam, ballet ludique de Maguy Marin, dénonce le trop-plein de bruit, d’information et de statistiques de notre société. La chorégraphe et le compositeur Denis Mariotte encouragent les danseurs à joindre à leur art du mouvement, celui du chant et de la musique. Parler n’est alors qu’un instrument de plus et donne à Ramdam un écho assourdissant. Les convenances sociales sont épinglées à travers les attitudes, les codes vestimentaires, la petite brochette de mots qui suffisent chaque jour à traverser les chemins balisés de l’existence : bonjour, pardon, bon appétit… « Pour lors, les populeuses cités me plaisent, et l’affairé bourdon des hommes. » George Friedrich Haendel. L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato. (ode pastorale, 1740, interprétée par le King’s Consort).

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En 1991, un homme politique appelé aux plus hautes fonctions de l’État tenait des propos devenus tristement célèbres sur les familles africaines. Ces propos sont donnés à entendre dans le film Le bruit, l’odeur et quelques étoiles du réalisateur Eric Pittard, opéra-documentaire qui revient sur les quatre jours de guérilla urbaine qui avaient suivi la mort d’un adolescent de dix-sept ans dans la cité du Mirail, à Toulouse, ainsi que dans la chanson Le bruit et l’odeur « le bruit et l’odeur, le bruit du marteau-piqueur…» du groupe toulousain Zebda, qui en a composé la bande son. Jean-Claude Brisseau. De bruit et de fureur. Bertrand et Nils Tavernier. De l’autre côté du périph. (ces rencontres permettent de dresser un état des lieux contradictoires des problèmes de la cité (celle des Grands Pêchers à Montreuil) : logement, expulsions, chômage, racisme, ou encore vandalisme et délinquance). Bernard Lavilliers. La Samba.

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Le rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, paru en 2006, constate une aggravation de la misère. De nombreux sans-domicile-fixe se réfugient près du périphérique à Paris (axe routier le plus fréquenté d’Europe, 1 million de véhicules par jour) dans le bruit étourdissant de la circulation routière, milieu hostile pour le piéton mais où ils se sentent plus « protégés » des agressions ou du regard blessant des autres. Certains témoignent de leur angoisse devant le silence qui s’installe lorsque le périphérique est fermé. Observatoire national de la Pauvreté et de l’exclusion. http://www.social.gouv.fr/htm/pointsur/onpes/sommaire.htm François Bon. Bruit. (« Très vite cela s’est associé pour moi à l’idée d’un bruit qui grandit, que rien n’expliquera. »).

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Pour sa chronique matinale Cartier libre sur France Inter, la journaliste Caroline Cartier écoute et enregistre les bruits et les paroles de la rue, qu’elle monte ensuite en studio. L’information ainsi traitée devient une création sonore. « Le son, c’est ce que les gens vivent, pas ce qu’ils disent vivre !... Quand je suis chez moi, j’ouvre mes fenêtres et j’écoute le bruit des gens. » in Le Monde du 19 juin 2005 http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/cartierlibre http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture-2/emissions/acr (site de l’émission pionnière l’Atelier de création radiophonique). http://www.phonurgia.org (Créé en 1983 sur une idée de Pierre Schaeffer, Phonurgia Nova est une association qui se consacre à la valorisation du son et de la radio comme support de création artistique). http://sonor.ouvaton.org Sonor, festival des écoutes radiophoniques, organisé par l’association nantaise Histoires d’ondes. http://www.novaplanet.com/radio-nova (Radio Nova diffuse les créations sonores de ses auditeurs). http://www.resonancefm.com (station de radio anglaise expérimentale). « Grincements de porte, roucoulements, pétillements… Des élèves de la Houssais à Rezé ont appris à produire des sons avec trois musiciens du groupe Man. Il en ressort une carte postale sonore du quartier. » in Presse Océan du 22 juin 2004 « Il serait relativement simple et peu onéreux d’injecter dans les haut-parleurs de l’autoradio l’onde inversée qui neutraliserait le ronronnement du moteur et permettrait d’écouter de la musique dans une ambiance silencieuse. » Bruit contre bruit. in Diapason de juin 2005 « La recherche en design sonore automobile est actuellement exclusivement tournée vers le marketing. Par contre elle est pratiquement inexistante dans une perspective d’intérêt général… Les bruits de roulement entrent pour une part importante dans le bruit de la circulation surtout au-dessus de 50 km/h et dépendent de la surface, pavé ou bitume, de la vitesse, des pneus des véhicules… On sait aujourd’hui réduire les bruits de roulement grâce à des pneus silencieux, mais on n’a pas encore réalisé de pneus à comportement sonore. Par exemple de changer de son dans les virages, pour indiquer l’adhérence à la route… La diffusion du son des voitures en dehors de leur axe de direction est inutile pour les piétons. A-t-on fait des tests pour utiliser des enceintes directionnelles type ultrason pour diriger le son à l’avant du véhicule, utiliser un détecteur infrarouge pour signaler la présence d’un piéton et orienter le son dans sa direction… » Le son des objets urbains de Roland Cahen, enseignant à l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (texte complet de son intervention à la Semaine du son 2006 sur le site http://perso.wanadoo.fr/roland.cahen). Cédric Kahn. Feux rouges (polar automobile, suspense psychologique, thriller fantastique).

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David Cronenberg. Crash (après un grave accident de voiture, un homme est obnubilé par le mélange entre la chair et l’automobile). Nicholas Ray. La fureur de vivre (scènes d’épreuves automobiles et film mythique). «Peut-être que si je travaillais huit heures par jour dans un bureau où le téléphone sonne constamment, je n’aimerais pas entendre des musiques trépidantes. Mais je ne crois pas à la nouvelle simplicité, la musique doit aussi être intellectuellement provocante.» (Susanna Mälkki, chef de l’Ensemble Intercontemporain, in Le Monde de la musique de septembre 2005). L’Agence Européenne pour la sécurité et la santé au travail lutte contre le bruit au travail, la perte auditive dûe au bruit ayant été reconnue comme l’une des maladies du travail les plus fréquemment signalées au sein de l’Union Européenne. En France, en 2005, 67% des travailleurs se disaient dérangés par le bruit sur leur lieu de travail. Sur le chantier naval de Saint-Nazaire, le test d’une hélice provoquait chez le personnel des malaises dus aux infrasons inaudibles. Une fois la cause de ces malaises établie, la vitesse de rotation de l’hélice a été augmentée et les malaises ont disparu. Puisant dans le matériau sonore des chantiers navals de Nantes et Saint-Nazaire (bruits assourdissants des machines, chant des sirènes, cris de révolte), Catherine Verhelst, compositrice et Hervé Tougeron, metteur en scène, ont créé le spectacle musical et visuel « Les sonneurs de rivets ». Au chantier, le sonneur de rivets savait à l’oreille si le rivet était correctement maté en le frappant avec un petit marteau. « La construction d’un paquebot produisait une palette extrêmement variée de sons qui fournissaient des repères sonores précis et parfois très utiles. On savait où on était au bruit sur le chantier. C’était aussi une mesure du temps », raconte Jean Relet, ancien des chantiers. Ouest-France du 21 novembre 2001 Le groupe de percussions industrielles Les Tambours du Bronx a créé à Pont-à-Mousson le spectacle « Les pulseurs de fonte » sur un gigantesque instrumentarium de 24 tuyaux de fonte de sept mètres de haut fabriqués par les hauts fourneaux des fonderies de la ville, en hommage aux hommes de la fonderie et de la métallurgie. Les Tambours du Bronx, L’ensemble vocal et instrumental Trakia de Plovdiv, L’orchestre Philharmonique des Pays de la Loire. Grandmix. François Bon. Sortie d’usine.

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Rassemblements festifs nocturnes d’étudiants le jeudi soir sur les trottoirs du centre de Rennes, mêlant éclats de voix, chants, percussions et didgeridoo (instrument aborigène dont le son vibrant est un cauchemar pour les riverains), ou bien botellon, longue beuverie nocturne peu coûteuse, à laquelle s’adonne la jeunesse dans les rues et squares de Madrid le week-end, sont interdits, suite à des plaintes des habitants excédés par le bruit. Pourtant, soulignent les sociologues, « au lieu de s’époumoner dans des pubs et discothèques où la musique est assourdissante, les botelloneros établissent une sociabilité de groupe ». Libération du 18 mars 2006 Nouvelles pratiques festives, autogérées et gratuites de la génération rave parties qui, désargentée, déserte les bars de nuit ; fermetures des cafés concerts, lieux de découvertes de jeunes talents, héritiers des beuglants du début du XXe siècle, suite à l’adoption de normes de sécurité de plus en plus contraignantes et aux plaintes du voisinage, qui laisse un vide et pousse les jeunes gens dans la rue… Les bars à musique de Nantes et de Rezé se sont regroupés en collectif et organisent tous les ans le festival gratuit Culture bar-bars (http://www.bar-bars.com). « Hurlons, crions notre joie dans la salle ou chez nous, et non sous les fenêtres de nos concitoyens ! Aidez-nous à poursuivre l’aventure d’un lieu culturel au cœur d’un quartier », pouvait-on lire dans le programme de l’Olympic daté de avril-juin 2006 (http://www.olympic.asso.fr). Problème d’espace, guerre foncière, idéologie de la peur du jeune, questionnent Christophe Moreau et André Sauvage dans Fête et jeunes : espaces publics incertains. Yoann et Eric Omond. Toto l’ornithorynque et le bruit qui rêve. Batailles judiciaires, manifestations des élus et de la population redoutant l’impact de milliers de raveurs sur l’agriculture locale, la tranquillité et la sécurité, précèdent généralement la tenue d’une rave party. Dans l’enceinte du festival, le niveau sonore de la musique est très élevé, et les protections auditives sont offertes. Tout autour, les forces de l’ordre sont omniprésentes. Lors d’un récent teknival, les contrôles de police étaient tellement musclés que disc jockeys, comme organisations humanitaires, déploraient un « Guantanamo », tandis que les gendarmes ironisaient sur le terme de Guantanatek.

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D’anciens prisonniers témoignent qu’au camp X-Ray, à Guantanamo sur l’île de Cuba où sont détenus les prisonniers « capturés » par les américains en Afghanistan, se trouve une salle d’interrogatoire surnommée « l’enfer », salle noire dans laquelle est diffusée au détenu sanglé sur un banc de contention, de la musique souvent techno à très fort volume, tandis que des spots envoient des flashes très rapides de lumière blanche. Certains détenus y seraient restés deux jours. « Il est une ville sous des cieux de paradis, que les hommes ont souillé des enfers qu’ils enfantent. » Sergent Garcia. Guantanamo city. (dans le disque Mascaras).

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Les cortèges de manifestants descendus dans la rue à l’appel de syndicats ou autres collectifs sont volontairement bruyants, pour mieux faire entendre leurs revendications. Organisée par des citoyens ordinaires, digne, absente de slogans, la marche silencieuse est devenue un mode d’expression publique. Les revendications existent, mais elles ont été formulées avant le défilé. Pure manifestation physique et spirituelle de présence, la marche silencieuse donne l’image d’une reprise de la parole par le peuple.

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Les forces de l’ordre françaises disposent de grenades assourdissantes pour disperser les manifestants. En temps de guerre, les armes acoustiques sont des infrasons insupportables dirigés vers les véhicules, les bâtiments, ou qui résonnent dans les boites crâniennes.

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« Tous nous participons au vacarme. Tous nous recherchons le silence. » Le tourisme religieux attire de plus en plus de monde. Dans les abbayes, retraités comme étudiants, croyants ou athées viennent chercher un moment de silence, de paix, de repos, ou de solitude. Le silence dans les bibliothèques a souvent fait débat. « À l’époque [années 1970] il fallait casser l’image de la bibliothèque municipale installée dans un édifice prestigieux du centre-ville, avec ses salles de lecture ou l’on n’entendait pas un bruit et dont les quelques places étaient occupées par les érudits locaux », dit Gérald Grunberg dans le dossier Bibliothèques entre les lignes paru dans la revue Vacarme de l’été 2005. Le compositeur Murray Schafer déplore le fait qu’il y ait de la musique dans certaines bibliothèques aux États-Unis. Certains responsables d’établissements de ce pays trouvent que la perte du silence est une évolution naturelle du rôle des bibliothèques qui offrent dorénavant des environnements plus participatifs : groupes de discussion, conférences, espaces de jeux pour les enfants, cafés. Ainsi trouve t’on dans ces bibliothèques un espace actif et un lieu calme pour ceux qui ont besoin de silence. « Après une discussion approfondie, il a été décidé à l’unanimité que la bibliothèque de l’Université Ezra Beesley, à Baxter, ne contiendrait ni livres ni imprimés d’aucune sorte… Il serait possible, évidemment, de faire de la bibliothèque tout électronique une institution entièrement virtuelle n’ayant pas besoin de locaux en dur. » L’un des arguments en faveur du choix de la construction d’un espace physique est d’offrir dans un environnement calme des conditions qui favorisent la concentration au travail. (in La bibliothèque tout électronique. Bulletin des Bibliothèques de France. 2006. http://bbf.enssib.fr ) Le silence, dit John Cage dans Silence, coexiste avec le son de manière contrainte et nécessaire. « Le son existe parce qu’un silence le laisse percevoir. Le silence est perceptible parce qu’un son en détermine la dimension…Trop de silence n’est pas plus acceptable que trop de bruit. » Pierre Mariétan Le silence et la parole sont l’objet d’un nombre élevé de proverbes et de citations, des plus élégants (Le silence est d’or) aux plus populaires (les tonneaux vides font plus de bruit que les pleins). Le silence devient au cours des siècles l’attribut de l’honnête homme. «Le self-control des attitudes bruyantes se poursuit jusqu’au XIXe siècle. Certes le monde n’en a pas fini de rugir ou de tinter, mais le silence est désormais un marqueur social de premier ordre. Contrairement au peuple qui vocifère, les élites savent de mieux en mieux se faire discrètes. » Mathieu Grousson. Les sons de notre vie, in Eureka de mars 2006 Se taire sans objet est aussi insupportable que de parler pour ne rien dire, écrit David Le Breton dans Du silence. « Les usages sociaux et culturels accordent à la parole et au silence une alternance qui varie d’un lieu à l’autre et d’une personne à l’autre. Face au silence les uns éprouvent un sentiment de recueillement, de bonheur tranquille, tandis que d’autres s’en effraient et cherchent dans le bruit ou la parole une manière de se défendre de la peur. » Ce livre aborde tous les aspects du silence, source de bonheur ou de terreur lorsque la parole est interdite, jusqu’au silence qui entoure la mort.

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Natalia Dmitruk est traductrice du journal télévisé ukrainien en langue des signes. Le jeudi 25 novembre 2004, à l’annonce de la victoire du candidat officiel sur celui de l’opposition, ses mains s’agitent : « On vous ment, les chiffres de la commission électorale sont faux ! » La rédaction ne se rend compte de rien, tandis que Natalia devient une héroïne de la Révolution orange à Kiev. La langue des signes a été frappée de répression pendant un siècle parce qu’elle était considérée comme un obstacle à l’apprentissage de la parole souveraine. En France, l’interdiction de la langue des signes dans l’enseignement est levée en 1991 et les parents ont alors le choix du bilinguisme, ce choix permettant à l’enfant sourd d’avoir sa propre langue et aussi de communiquer en français oral ou écrit avec les autres. David Le Breton. Surdité ou le relais du visuel. dans La saveur du monde. Emmanuelle Laborit. Le cri de la mouette. Bénédicte Gourdon, Roger Rodriguez et Alexios Tjoyas. Signes d’indiens. (les livres de la collection Signes sont des imagiers bilingues en français et langue des signes). Lorena A. Hickok. L’histoire d’Helen Keller. Didier Jean et Zad. Deux mains pour le dire. Janine Teisson. Ecoute mon cœur (« La maison du vieux Paulou est invendable : avec l’autoroute qui passe à côté, il faudrait être sourd pour y habiter ! Et si la solution était là ! »). Patricia Huet, Lamia Zadié. Dix doigts pour une voix (« Nina n’a pas de voix, mais elle a dix doigts ». Un langage beau et complet, pour les sourds et les muets). Hugo Boris. Le baiser dans la nuque. (La rencontre improbable d’une femme guettée par la surdité et d’un professeur de piano). Arte radio organise des goûters d’écoute à destination des bons et malentendants : productions traduites en langue des signes, audibles sur le site d’arts de la radio www.arteradio.com http://www.websourd.org http://www.wovafsignes.com (le projet est d’éduquer des chiens écouteurs pour guider les malentendants). Les familles regroupées dans l’ association IRIS (Institut de recherche sur les implications de la langue des signes) refusent la pédagogie de la langue orale et militent pour un enseignement bilingue en langue des signes et langue écrite uniquement. Ouest-France du 4 juillet 2006 Evelyn Glennie, percussionniste virtuose et sourde. « Beaucoup de gens imaginent que les sourds vivent dans un silence total, mais ce n’est absolument pas le cas. On entend de façon confuse. Comme une mer de sons, dont on ne distingue pas les vagues les unes des autres. Lorsque je joue en solo avec un orchestre, il ne m’apparaît que comme une grosse masse sonore… Je suis sourde, mais pas aveugle… ». Portrait paru dans Le Monde du 19 mai 1999. Joseph Schwantner. Velocities. Concerto for percussion and orchestra. New morning for the world. Daybreak of freedom avec Evelyn Glennie aux percussions.

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Le compositeur et peintre en sons new-yorkais Walter Thompson a inventé un système d’environ 750 signes (qui fait songer à l’alphabet des sourds-muets) pour sa technique de composition en temps réel basée sur de l’improvisation dirigée et appelée Sound painting. http://www.soundpainting.com Dans Le p’tit bal, le chorégraphe Philippe Découflé utilise de façon détournée la gestuelle du langage des sourds.

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« L’oreille perçoit des fréquences sonores allant de 20 à 20 000 hertz et nous différencions les sons selon qu’ils comportent une seule fréquence (sifflet) ou plusieurs (instrument de musique). Quant à la parole, il s’agit d’un mélange complexe de fréquences variant continuellement. D’où les premières manifestations de la surdité lorsque l’on n’entend pas bien ce qui nous est dit, tout en comprenant que l’on nous parle… L’intensité des sons perçus par notre oreille varie de 0 dB à 120 dB, plafond considéré comme nocif pour l’oreille et qui constitue la limite supérieure des sons de notre environnement. » La surdité, une affection mal dépistée, in Le Monde du 8 mars 2006. Faute de sons de référence, les gens ne s’aperçoivent pas de la baisse de leur audition appelée presbyacousie. En France, 10 % des malentendants ont moins de 18 ans. Les jeunes qui écoutent quotidiennement de la musique sur divers supports sont en danger. « Hein ? » est le slogan d’une campagne menée par l’association de professionnels de la musique Agi-son pour informer des dangers liés à l’exposition à de forts volumes sonores : hyperacousie ( forte douleur au moindre son), surdité, acouphènes (sifflements, bourdonnements). Dans les discothèques et salles de concert on peut considérer que le niveau est alarmant à partir du moment où il faut crier pour se faire entendre, et la législation française limite le niveau acoustique à 105 dB en niveau moyen et 125 dB en niveau de crête. Le volume maximal d’un baladeur ne doit pas dépasser 100 dB, bien que ceux vendus aux États-unis puissent monter jusqu’à 115 dB (5 de plus qu’une tronçonneuse, 5 de moins qu’un marteau-piqueur). À chaque fois que le son augmente de 10 dB, la sensation d’intensité double. Ainsi, lorsqu’on passe de 80 à 100 dB, l’intensité du son perçu est multipliée par quatre. http://www.audition-infos.org, site d’Audition-infos.

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Craquements suspects, bruits angoissants et cauchemars peuplent les nuits de beaucoup de victimes de cambriolage de leur habitation, cédant à la peur d’une récidive. Au Laboratoire d’analyse et de traitement du signal à Écully (Rhône) sont décryptés, pour le compte de la police et des tribunaux, la bande son des enquêtes : les paroles, les bruits, les silences des victimes comme des meurtriers sont analysés, à partir de bandes enregistrées laissées par les criminels, ou d’enregistrements de messages, d’appels téléphoniques, d’agressions retransmises par un portable ouvert. Ce laboratoire travaille à l’identification des criminels par la voix, mais certains chercheurs en acoustique contestent la réalité d’une empreinte vocale chez l’homme. Zonzon, de Laurent Bouhnik, film de prison, genre traditionnellement américain, propose une vision très réaliste de la prison et des rapports entre détenus. Louis Guichard, dans Télérama, se plaint des bruitages synthétiques de la bande son, tandis que Macha Sery, écrit dans Le Monde : « Le film peut être vu (une autre fois) les yeux fermés tant la bande son est travaillée dans ses sonorités et son intensité. Cliquetis, grincements, coups sourds, cris étouffés, pulsations, soupirs participent à cette atmosphère de tension et d’enfermement où chacun est emmuré dans ses songes, sa langue, son histoire. » Laurent Bouhnik. Zonzon « Louis Malle alterne scènes muettes où le moindre bruit devient inquiétant et scènes pleines de bruits inutiles, de conversations qui gênent parce qu’elles semblent retarder l’instant où les amants pourront se voir et s’expliquer. » Philippe Piazzo, in Télérama, octobre 2005 Ascenseur pour l’échafaud. Un film de Louis Malle. « L’État construit pour votre avenir », pouvait-on lire sur une pancarte surmontant un établissement pénitentiaire en chantier. De la surpopulation dans les cellules naissent, entre autres, des tensions dès le réveil avec les réflexions de celui qui n’a pas dormi à cause des ronflements. « Il y a la télé en permanence. Elle fait un bruit de fond, ça représente l’extérieur. Souvent, t’en as un qui écoute la radio en même temps, à fond les watts, un autre qui crie par la fenêtre pour parler à un collègue. Tu deviens comme une pile », témoigne un détenu. Observatoire international des prisons. Le guide du prisonnier. Jean-Pierre Guéno. Paroles de détenus. Philippe Claudel. Le bruit des trousseaux. (l’auteur nous parle avec pudeur de son expérience d’intervenant en milieu carcéral). François Bon. Prison. http://www.genepi.fr. Site du Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées. http://www.etatsgenerauxprison.org http://prisons.fre.fr/radios.htm, Liste des radios qui proposent des émissions pour les détenus. Gomez & Dubois. Flics & hors la loi.

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Le bruit des chaînes… « La Traite, commerce d’esclaves, biens meubles selon le Code Noir, arrachés à l’Afrique par la puissance économique sans scrupule de l’Europe durant près de trois siècles, constitue un fait d’histoire d’une ampleur tragiquement colossale, dont certaines problématiques afférentes restent singulièrement contemporaines : néocolonialisme, violence, massification, marchandisation, libre-échange… Comment donner un éclairage artistique à ce sujet qui nous touche différemment en regard de notre propre histoire, de notre passé individuel, pour le transfigurer en une œuvre visuelle et musicale ? ») Thierry Pécou. Outre-Mémoire.

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« Eh chéri, dis moi chéri, dis moi… j’entends, j’entends les zavions. » Pierre Berthet, installations sonores et voix, et Frédéric Le Junter, machines sonores et voix, véritable théâtre bruitiste. J’entends les avions. Extrait du disque Pense à quoi… Thomas Belhom. Sous un hélicoptère. Extrait du disque No border. Dans Le bruit, Alain Muzet écrit : « Parmi les aéronefs, il convient de traiter de façon spécifique les hélicoptères. Le bruit généré par les rotors est constitué par une répétition rapide de bruits impulsifs : lorsque ces engins sont stationnaires, cela entraîne une gêne accrue. Dans le cas des avions et des hélicoptères, la gêne provoquée par le bruit est souvent complétée par la crainte, voire la peur, liée au risque de chute accidentelle. » « Et comme leur totem n’a jamais pu abattre, à leurs pieds ni Boeing, ni même DC quatre, ils rêvent de hijacks et d’accidents d’oiseaux. Ces naufrageurs naïfs, armés de sarbacanes, qui sacrifient ainsi au culte du Cargo, en soufflant vers l’azur et les aéroplanes. » Serge Gainsbourg. Cargo culte, dans Histoire de Melody Nelson.

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En 1965, les américains débarquent au Viêt-Nam pour mener la guerre contre les forces communistes du Viêt-Cong. Les troupes américaines vont utiliser pour la première fois massivement l’hélicoptère, et l’on va parler d’une guerre d’hélicoptères. Dans le bruit sourd des pales, ils sont les yeux, les oreilles, les combattants. Les pilotes sont considérés comme l’élite, et prétendent être la seule unité à prendre plaisir à faire cette guerre. Tout au long de cette guerre, ces hélicoptères, volant bas et détruisant tout devant eux, vont terroriser les populations. Viêt-Nam, histoire d’une guerre, film documentaire de Patrick de Gmeline. Full metal jacquet, film de Stanley Kubrick. Apocalypse now, film de Francis Ford Coppola et Voyage au bout de l’enfer, film de Michael Cimino. Black Angel, du compositeur George Crumb est un quatuor à cordes inspiré par la guerre du Viêt-Nam, qui donne à entendre les cris de cette guerre. En 1969, au festival de Woodstock, le guitariste et chanteur américain Jimi Hendrix, qui a échappé de justesse à cette guerre, témoignera dans Star spangled banner de son atrocité en faisant hurler sa guitare sur la mélodie de l’hymne américain, entrecoupée de bruits de bombardements et de sirènes d’ambulance.

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« C’est alors que je fis un rêve : je vis et entendis les musiciens du Quatuor jouant en plein vol dans quatre hélicoptères… Ce n’est qu’en 1992-1993 que je trouvai suffisamment de tranquillité pour composer le Helikopter-Streichquartett pour quatuor à cordes, quatre hélicoptères avec pilotes et quatre techniciens son, quatre émetteurs de télévision, quatre fois trois diffuseurs de son… Le 26 juin 1995, jour de la création mondiale, eurent lieu trois vols devant des publics différents... » Karlheinz Stockhausen, Helikopter-Quartett, par le Quatuor Arditti.

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En France, « les taxes dues par les compagnies aériennes sont calculées en fonction de divers critères (nombre et heures de décollage, masse et groupe acoustique de l’appareil) que les compagnies aériennes doivent déclarer tous les mois. Elles sont versées à la Direction générale de l’aviation civile, cette dernière les reversant à son tour à la Chambre de commerce et d’industrie, qui à son tour redistribue les sommes pour les aides. » « Aéroport Nantes Atlantique, soubresauts pour le plan de gêne sonore. » Presse Océan, 12 janvier 2006 Ces aides permettent de financer les travaux d’insonorisation d’établissements scolaires et d’habitations jouxtant les aéroports, ou survolés par les avions.

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Le 11 septembre 2001, au matin, un Boeing 767 décolle de l’aéroport de Boston, en direction de Los Angeles. Peu de temps après, un steward, enfermé dans les toilettes, joint sa compagnie avec son téléphone portable et raconte le détournement de l’appareil par des pirates de l’air. À huit heures quarante-huit, heure locale, à New York, cet avion transformé en bombe volante percute, dans un bruit terrible, puis une énorme explosion, la tour nord du World Trade Center, tandis qu’un deuxième avion s’enfonce dans la tour sud quinze minutes plus tard, provoquant le chaos urbain : scènes de panique, cris, pleurs, vacarme immense des sirènes des voitures de police, de pompiers et d’ambulances. Des corps tombent comme des pierres des tours en flammes. On parle d’ambiance d’apocalypse, car nous le rappelle Murray Schafer « pour les prophètes, la fin du monde doit survenir dans un bruit effroyable, plus terrible que le plus puissant qu’ils aient jamais pu imaginer… plus affreux que tous les tonnerres ». Vers 10 heures, dans un ronflement sourd, puis un énorme fracas, suivi d’un bref moment de silence, les tours s’effondrent l’une après l’autre, répandant dans les rues un immense nuage de poussière et de milliers de tonnes de débris. Des analystes voient dans cet évènement, le véritable commencement du XXIe siècle, comme a pu l’être pour le XXe siècle l’attentat du 28 juin 1914 à Sarajevo. Très vite se propage la rumeur contestant la véracité de certains faits, ou l’identité des commanditaires de ces attentats, refusant la thèse officielle et criant à l’imposture. Jonathan Safran Foer. Extrêmement fort et incroyablement près. Christophe Fiat. New York 2001 : poésie au galop. Véronique Campion-Vincent. La société parano : théories du complot, menaces et incertitudes. Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard. De source sûre : nouvelles rumeurs d’aujourd’hui. Philippe Aldrin. Sociologie politique des rumeurs. Arlette Farge. La nuit blanche. Renaud. Manhattan Kaboul, dans l’album Boucan d’enfer. « Voilà ce qu’est New York : un hurlement intérieur, un immense brouhaha, semblable au chant d’une sirène, les cris d’Ellis Island. » Jérôme Charyn. Metropolis. Voilà sans doute le meilleur livre sur New York, écrit Geneviève Welcomme, rédactrice en chef du magazine Muze dans le numéro de septembre 2006 spécial New York. Steve Reich a enregistré puis échantillonné les bruits de la ville de New York, dans laquelle il vit, et les a intégrés à sa composition pour orchestre City life. Dans le film documentaire de Manfred Waffender, City life, consacré à la composition de l’œuvre et à sa création par L’Ensemble Modern, Steve Reich se plaint de l’augmentation du niveau sonore de la ville : « … le niveau acoustique a augmenté avec la circulation, les sirènes de police ont dû être renforcées, c’est l’escalade. Aujourd’hui on prend 110, 120 décibels dans les oreilles à chaque fois que passe une voiture de pompiers. Mieux vaut ne pas oublier ses boules Quiès. »

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Stephan Crasneanski, français installé à New York, a créé, pour les touristes se rendant sur les lieux de l’attentat, un audioguide de Ground Zero, une promenade sonore (Soundwalk) faite de sons, d’anecdotes et de souvenirs collectés sous forme d’enregistrements sonores pour le projet de Sonic Memorial. L’écrivain Paul Auster en est le narrateur. http://www.soundwalk.com http://www.sonicmemorial.org, site de Davia Nilson et Nikki Silva, à l’origine du projet.

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« Dans les minutes qui suivent la catastrophe, un grand silence est réputé s’abattre sur les lieux – c’est du moins la représentation qu’en donnent, le plus souvent, les images filmées. Ainsi vit-on les millions de débris des tours jumelles retomber en pluie sur Manhattan : sans bruit. Comme si l’ampleur du désastre coupait radicalement court au commentaire, le souffle de l’effondrement balayant d’un coup toutes les paroles. » « Le roman à l’ombre des tours : comment, cinq ans après la catastrophe, la littérature s’est-elle emparée de l’évènement. » in Le Monde des livres du 22 septembre 2006.

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« En ce temps là, le monde regorgeait de tout. Les gens se multipliaient, le monde mugissait comme un taureau sauvage et le grand dieu fut réveillé par la clameur. Eulil entendit la clameur et il dit aux dieux assemblés : « Le vacarme de l’humanité est intolérable, et la confusion est telle qu’on ne peut plus dormir ». Ainsi les dieux furent-ils d’accord pour exterminer l’humanité. L’Épopée de Gilgamesh. (environ 3000 ans avant J.-C). Traduction de Hubert Comte. L’Épopée de Gilgamesh : Le grand homme qui ne voulait pas mourir. Traduit de l’akkadien et présenté par Jean Bottéro.

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Même la mort échappe au silence dans le lent processus de décomposition de la chair.

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Des acteurs de la vie artistique à Saint-Herblain parlent du rapport qu’ils entretiennent avec le bruit dans leur pratique musicale.

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« Le bruit peut avoir tellement de connotations aujourd ’ hui qu ’ il me semble difficile de distinguer ce qui est bruit de ce qui ne l ’ est pas. Les connotations esthétiques péjoratives d ’ une bonne partie de notre histoire ne le sont plus tellement aujourd ’ hui. On peut entendre parler de bruit avec une connotation valorisante. Scientifiquement, les choses paraissent plus claires. Le « bruit blanc » dont il est question en musique électroacoustique et les sons purs comme les sons sinusoïdaux permettent d ’ opérer une classification de type scientifique comme l ’ a fait Pierre Schaeffer dans sonTraité des objets musicaux, par exemple. Personnellement, quand je compose, je ne cherche pas à savoir si ce que j ’ utilise est un bruit ou un son harmonique. Ce sont les possibilités expressives du son ou du bruit dans un contexte qui m ’ intéressent. Un son pur peut ou bien devenir un bruit avec différents traitements à l ’ ordinateur ( filtres, hybridation, convolution, etc. ) ou bien un son avec un haut composant de bruit ou vice-versa. Dans une œuvre, le passage du bruit au son harmonique peut être un outil formel. En musique instrumentale par exemple, on peut demander à un flûtiste de jouer avec beaucoup de souffle. Le son traditionnel « propre » de la flûte devient alors sale, bruité. J ’ adhère parfaitement à la définition de musique de Luciano Berio qui dit que la musique est ce qu ’ on entend avec intentionnalité. C ’ est nous, avec notre sensibilité, qui distinguons ce qui est musique de ce qui est bruit, c ’ est-à-dire ce que nous n ’ écoutons pas. »

Arturo Gervasoni, compositeur.

Arturo Gervasoni. Canto de ascension y recuerdo et Circundantes. Ensemble Berlingot Musique d ’ Aujourd ’ hui.

Arturo Gervasoni. L ’ insaisissable création musicale de la fin du XXe siècle. Arturo Gervasoni. Ivan Fedele : un nouveau classicisme à la fin du XXe siècle.

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« Le bruit et la musique... Le bruit, au sens psychophysiologique du terme, définit toute sensation auditive désagréable ou gênante. Au sens plus physique, le bruit se différencie du son par sa qualité vibratoire erratique, intermittente ou aléatoire. En ce sens le bruit ne se réfère à aucune règle ou composante harmonique. Le bruit s'opposerait au silence, ce qui n'est pas le cas de la musique Pourtant John Cage, grand compositeur du XXe siècle parle et traite du "bruit du silence" en musique. Par exemple dans une de ses pièces intitulée 4'33'', il prouve que le silence véritable n'existe pas : ce compositeur enfant terrible, un poil provocateur définit simplement une tranche temporelle de 4'33'' durant laquelle les interprètes doivent garder le silence. Du coup le hasard et l'auditeur attentif se chargent de remplir le vide laissé ouvert par le non-vouloir du compositeur... D'un autre côté, le silence fait partie du langage musical. Souvent exploité par les compositeurs, le silence peut être extrêmement chargé d'émotions. On reconnaît également la qualité d'un interprète par la qualité des silences qu'il sait amener, habiter, assumer dans son interprétation, au delà de ceux qu'a écrit le compositeur. Bruit, bruitage... Avez-vous eu l'occasion de visionner une séance d'enregistrement en studio d'une musique de dessin animé de Tex AVERY ? de voir travailler un bruiteur de cinéma ? Connaissez-vous le concerto d'Hoffnung pour orchestre et trois cireuses mécaniques ? Le bruit et le musicien. Le musicien protège ses oreilles du bruit. Le bruit peut faire mal physiquement aux oreilles, ceci étant la musique aussi. J'ai le souvenir d'avoir assisté à Paris à la création en concert d'une œuvre pour Orchestre et 6 ondes Martenot ; le sextuor attaque seul Fortissimo, une violoniste de l'orchestre placée juste devant l'enceinte d'une des ondes a tout d'abord dû se boucher les oreilles… puis a fini par quitter le plateau, ne supportant plus la douleur.

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Mais le bruit peut être sensuel : j'ai plaisir à travailler mon instrument — particulièrement la technique — dans un environnement un peu bruyant, juste ce qu'il faut, avec des "bruits organisés" tels un moteur de tondeuse à gazon, un pendule à balancement un irrégulier, tic tac différent de la vitesse du tempo de travail, créant des contrepoints rythmiques incertains… J'apprécie particulièrement le lave-vaisselle qui tourne, les fréquences de celui-ci modifient la perception du timbre de la guitare, la cocotte minute, c'est trop. La musique me gène beaucoup plus, notamment pour écrire. Comment faisait Darius Milhaud, qui logeait à proximité de la foire du Trône et qui éprouvait le besoin d'ouvrir ses fenêtre pour écrire aux bruits et aux sons des manèges ? »

Jean-François Fourichon, directeur de l’École municipale de musique de Saint-Herblain.

Jean-François Fourichon est membre du quatuor de guitares de Versailles

Œuvres pour quatre guitares et orchestre. Georges Delerue, Franz Constant, Federico Moreno-Torroba.

Quatuor de guitares de Versailles et l ’ Orchestre Philharmonique des Sudètes

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« Le mercredi 7 décembre 2005, à la Maison du citoyen de Saint-Herblain, eut lieu la performance « Tap’ danse’ graph’ perform », pour ordinateurs, fanfare bruitiste, accordéon, voix et mise en couleurs. « L ’ idée a germé de l ’ atelier de l ’ École municipale de musique, la Fanfare bruitiste décentralisée à la Maison du citoyen, et des ateliers informatiques du cybercentre. Les participants de la fanfare ( g amelles, bidons, boîtes ) produisent sans connaissances fondamentales ni savoir-faire particulier des structures musicales alimentées par l ’ improvisation et la recherche collective. Les moments «parlants» de ces improvisations sont ensuite «habillés» et développés pour devenir des créations collectives, chacun s ’ exprimant avec ses qualités effectives et les développant en se réappropriant les trouvailles du groupe. L ’ ordinateur offre les mêmes possibilités d ’ invention et de recherche. Grâce à la facilité d ’ emploi des nouveaux logiciels de traitement du son, l ’ utilisateur peut à partir de banques de sons ou directement de sons captés par lui-même créer son propre univers sonore. En créant une passerelle entre la Fanfare et le Cybercentre, l ’ objectif est d ’ établir la banque son de la fanfare pour ensuite dialoguer avec elle lors du Tap’Danse’Graph’Perform, un temps fort exceptionnel réunissant des machines, la Fanfare et des musiciens invités ! »

Jean-François Daussy, coordinateur artistique de la manifestation,

professeur d ’ accordéon de l ’ École municipale de musique de Saint-Herblain.

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« k142 : cartographie sonore autour du quartier Bellevue. » Ce que l'on qualifie de “ bruit ” au quotidien est en fait la matière première de mes travaux sonores : pour composer une pièce sonore, je débute mon travail par un enregistrement consciencieux des sons présents dans un lieu, et, dans ces sons là, il y a ce que beaucoup considèrent comme du “ bruit ” . Ainsi dans le langage courant, le bruit c'est le dérangement, l ’ agression, l'ennui, le désagrément, la pauvreté sonore... Pourtant, le « bruit n’est qu ’ une sensation perçue par l’oreille », au même titre que le son, selon la définition donnée par le Robert de poche. C ’ e st comme cela que je l’ e nvisage. Pour kdi dctb 142, qui sera présenté du 24 janvier au 10 février 2007 à ONYX-La carrière, conjointement avec les travaux graphiques de Dom & Jean Paul Ruiz, j'ai enregistré tout ce que je pouvais entendre dans les rues du quartier de Bellevue à St Herblain au fil de mes promenades. Ces sessions, par le biais de plusieurs méthodes ( parcours repéré, marches d ’ écoute, hasard, oreille-œil… ) ont permis un repérage des éléments constitutifs et caractéristiques des paysages sonores possibles du quartier. Circulation automobile, trams qui glissent, clacs de portières, avions dans le ciel, rocade au sud, ventilations à plein régime, rideaux de fer qui grincent, cris du marché et jeux dans les cours... autant de sources dites "bruyantes" qui pourtant, si l ’ on donne la peine d'y prêter l'oreille, ne sont pas si pauvres et « désagréables » que l'on pourrait le penser… de plus elles constituent la vie sonore du quartier. Le tout est justement de prendre la peine d'écouter afin de les transformer dans son oreille – car comme le dit Michel Chion « L'enregistrement permet la fabrication du paysage » ; c ’ est là que j ’ interviens, en mémorisant, écoutant et sculptant ces sources sonores afin de mettre en avant leurs caractères, au sein de mon travail de composition sonore réalisé dans ce cas à partir de, et uniquement à partir de, cette matière sonore captée au sein du quartier. http://www.ingeos.org

Toy Bizarre. Kdi dctb 79b et Kdi dctb 066b dans Compilation et Kdi dctb 28e dans Pas attendre.

Seth Nehil et Toy Bizarre. Le Piémont dans The sound of nature, the nature of sound. Brume et Toy Bizarre. Zee.

Interview de Toy Bizarre dans Revue & Corrigée de septembre 1998

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L’art des bruits, ou le son sale de la musique savante Dans le livre Science de la musique (collection Marc Honegger) le bruit est défini comme un « son complexe, produit par des vibrations irrégulières, apériodiques. Les bruits s’opposent aux sons musicaux en ce qu’ils résultent de la superposition de vibrations diverses, souvent amorties, et qui ne sont pas harmoniques les unes des autres. Tandis que le son, où prédominent une vibration fondamentale et ses harmoniques, possède une hauteur définie qui le situe dans une échelle ou gamme et le rend susceptible de notation précise, le bruit, de hauteur indéterminée, ne peut entrer dans une gamme et se prête mal à la notation. Pourtant, entre le son et le bruit, il y a une différence de degré dans la complexité et non de nature. Le son musical est un bruit domestiqué, purifié, mais incomplètement puisqu’il conserve toujours une certaine part de bruit. « Les sons se caractérisent par leur fréquence et leur intensité. La fréquence d’un son représente le nombre de vibrations de ce son par seconde, elle s’exprime en hertz. On parle souvent de la hauteur d’un son : un son aigu possède une fréquence élevée tandis qu’un son grave est un son de basse fréquence (le moustique émet 510 Hz, la mouche 250 Hz, l’abeille 190 Hz)). L’intensité d’un son correspond à l’amplitude des variations de pression qui sont générées et se mesure en décibels, unité de niveau sonore qui tient compte des particularités de perception de l’oreille humaine. » Alain Muzet. Le Bruit. « Le son se propage à 340 mètres par seconde dans l’air, 1 420 mètres par seconde dans l’eau, 5 600 mètres par seconde dans l’acier… Il arrive que les sons émis soient tellement aigus qu’on ne les perçoit pas. On les appelle les ultrasons. À l’inverse, les infrasons ont des fréquences inférieures à celles qui sont audibles par l’homme. » Michèle Mira Pons. Le Bruit. Le compositeur Michel Redolfi donne des concerts subaquatiques (« Les ondes transmises sous la surface mettent délicatement en vibration tout le corps des participants, les oreilles externes ne fonctionnent plus et c’est la structure osseuse qui entre en résonance pour capter le son. »). La musique de l’un peut être le bruit de l’autre, tout comme le bruit de l’un peut être la musique de l’autre. « Si l’homme primitif mimait la pluie pour faire cesser la sécheresse, l’homme moderne mime le chaos pour revendiquer sa liberté dans le sens ou le stoïcien se suicide pour se libérer de la mort. »

François-Bernard Mâche, compositeur « Je pense aux quatre coups du destin de Ludwig aboyé par le chien de Pierre Schaeffer. Réalisé sur bande magnétique, ancêtre de l’échantillon : un bruit de chien transformé en gamme. De nos jours, les

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outils électroniques permettent de déshabiller un son, toucher, voir, entendre ses particularités et son sexe. » Étienne Brunet, in Jazz Magazine, février 2006, http://www. jazzmagazine. Com « La musique constitue le meilleur document permanent capable d’évoquer les sons du passé : elle sera un guide utile dans l’étude des habitudes et des perceptions auditives », dit Murray Schafer. Rudimentaire à ses débuts, le bruit a fait partie de la mise en scène dès le théâtre grec, lorsque le chœur imitait le chant des oiseaux, ou par des onomatopées diverses, évoquait toutes sortes d’éléments naturels. Au Moyen Âge, sont apparus les moyens artificiels et le bruitage est largement utilisé dès le XVIe siècle (appeaux, armes à feu, machine à faire le vent, timbale énorme pour le tonnerre…). La part important de l’artillerie dans La bataille de Victoria de Beethoven hérite de cette tradition déjà longue. Au XIXe siècle, l’orchestre, par l’augmentation du nombre des instruments, reflète la densité des villes et est capable de rivaliser, sur le plan de l’intensité, avec le bruit de l’usine, à qui il ressemble dans son organisation. À la fin du XIXe siècle, Erik Satie, dont l’œuvre se caractérise par sa simplicité mélodique et contrapunctique et son humour, imagine une musique qui ferait partie des bruits de notre environnement, qui les prendrait en considération, qui adoucirait le bruit des couteaux et des fourchettes sans le dominer, ou qui meublerait les silences pesant parfois entre les convives, leur épargnant les banalités courantes. « J’ai composé un fond à certains bruits », dit ce compositeur à propos de Parade. « Il ne s’agit pas de savoir si Satie est valable. Il est indispensable » dit John Cage. Erik Satie, l’inconnu d’Arcueil, création radiophonique. Au siècle dernier, des inventions techniques sont réalisées par des musiciens et des ingénieurs, tentant de produire des sons « inouïs » par des moyens synthétiques. Ainsi voient le jour les Theremin (1919), Trautonium (1928) ou les Ondes Martenot (1928)… Issu du mouvement futuriste italien, Luigi Russolo publie, en 1913, le manifeste L’Art des bruits, prise de conscience de l’environnement propre à la civilisation industrielle. Démontrant l’absence de fondement de l’opposition entre son et bruit, les futuristes organisent des concerts de bruits. « Toutefois, il s’agit peut-être moins pour les futuristes de produire des sons inouïs que d’insister sur l’unité du phénomène acoustique et de disposer du plus large éventail des modes de production sonore… » écrit le compositeur Eric Bosseur. L’exposition Sons & lumière, une histoire du son dans l’art du XXe siècle qui s’est tenue au Centre Pompidou proposait des reproductions des instruments (Ululatore, Crepitatore, Gracidatore) utilisés lors de ces concerts. Jean-Yves Bosseur. Musique et arts plastiques : interactions au XXe siècle. An anthology of noise & electronic music - first a-chronology volume #1. Pierre Henry. Futuristie : manifestation sonore et visuelle en hommage à Luigi Russolo. Aux États-Unis, Henry Cowell explore ses inventions sonores (clusters, notes attaquées simultanément au piano avec la main à plat, le poing, l’avant-bras ou le coude). George Antheil écrit

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Ballet mécanique pour huit pianos, cloches électriques, xylophones, trompes d’auto, enclumes, scies circulaires, hélices d’avions, et Lou Harrison, dans Canticle # 3, utilise tuyaux de fer, blocs de bois. Edgar Varèse définit la musique comme un art-science et déclare « je me suis toujours senti attiré par la mystérieuse union des mathématiques et de la musique ». Il va composer Ionisation (1929-1931), pour ensemble de 37 instruments de percussion, parmi lesquels vélo, cloches, trompettes, sirènes et un piano utilisé comme percussion, les clusters produisant, par leurs accords chargés, dissonants, des sonorités proches du bruit. Densité 21,5, pour flûte seule (1936) explorera le côté percussif de l’instrument, tandis que Déserts, œuvre mixte pour orchestre et interpolation de bande magnétique (à partir de documents sonores enregistrés dans des fonderies, des scieries et des usines à Philhadelphie) fera scandale lors de sa création à Paris en 1954. Lors de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958, Le poème électronique, musique électro-acoustique, composée pour le pavillon Philips imaginé par Le Corbusier et réalisée par Iannis Xenakis, sera diffusée sur 425 haut-parleurs, en alternance avec Concret PH, musique pour bande à partir de crépitements de braises, de Iannis Xenakis. Edgar Varèse a lancé une bombe qui a laissé entrer par la brèche tous les sons qu’alors on appelait bruits. Maths et musique. (Hors-série n°11 de la revue Tangente). Varèse, Xenakis, Ligeti…[et al.]. His master’s noise : the institute of sonology. « Le silence est une idée, l’idée fixe de la musique. La musique n’est pas une idée : elle est mouvement, sons qui marchent dans le silence. » Octavio Paz à propos de John Cage. Je n’ai rien à dire et je le dis est le titre d’un film documentaire de John Cage. John Cage est l’un de ceux qui cultivent le mieux ce mélange d’ironie, de provocation et de réflexion philosophique qui caractérise une partie de la pensée de ce siècle. « Il est plus important de connaître les champignons que la musique, car on peut mourir en mangeant des champignons. » John Cage. Le livre des champignons (extrait). « John Cage considère l’acte musical, non comme une prise de pouvoir sur le son, sur l’interprète et le public, mais comme une manière de laisser une situation être et croître d’elle-même » écrit Jean-Yves Bosseur. Le compositeur ne considère plus les sons comme sa propriété, mais s’efforce seulement de les rendre présents. La musique devient une organisation du son, le mot son étant pris dans son acceptation la plus large, comprenant les évènements musicaux ainsi que tout type de bruits. En 1938, John Cage reçoit commande d’une musique pour le ballet Bacchanales. Le compositeur pense à un ensemble de percussions, mais la scène étant trop petite, il invente le piano préparé, afin d’obtenir de nouveaux timbres, en posant, sur et entre les cordes, différents objets et matières (limaille, gomme, vis, chiffons) produisant des sons complexes allant jusqu’au bruit. Il introduit ainsi l’indétermination au niveau du matériau et du résultat sonore. En 1942, John Cage s’installe à New York et collabore avec le chorégraphe Merce Cunningham et le pianiste David Tudor,

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les compositeurs Morton Feldman, Earle Brown, Christian Wolff, et les peintres. Marcel Duchamp, Robert Rauschenberg et Jasper Johns. En 1949, paraissent les sonates et interludes pour piano préparé. Guidé par l’esprit dada et la fréquentation des peintres d’avant-garde, soucieux de composer avec non-intention, il va utiliser les procédés de hasard. Il compose Music of changes (1951), déferlement de sons et de silences en appliquant la méthode I Ching, recueil d’oracles de la Chine ancienne que l’on consulte en jetant des pièces de monnaie ou des dés. John Cage libère ainsi la musique de la forme fixe, et accepte le son comme un organisme autonome, qui ne doit pas servir l’expression humaine. Il poussera l’indétermination jusque dans l’exécution à partir de Concert pour piano (1957). Ainsi l’enregistrement d’une œuvre de John Cage reproduit une version de l’œuvre, jamais l’œuvre. La partition elle-même est révolutionnaire (points de différentes grosseurs remplaçant les notes, graphismes…) « L’on prétend imposer silence aux bruits de l’ambiance, mais sans jamais y parvenir… Alors nous appelons silence les bruits dont nous ne voulons pas et musique les bruits que nous désirons, et que nous organisons » dit John Cage (Pierre Albert Castanet). Ayant fait l’expérience d’une chambre sourde dans laquelle on entend très vite les bruits de son corps (pulsations cardiaques, bruits intestinaux), le compositeur imagine en 1952 la pièce 4’33’’, pour n’importe quel instrument, dans laquelle aucun son ne doit être produit. « Et même en l’absence totale de sonorités (il n’y a pas de non-œuvre) une musique provient de l’ambiance que crée la performance : le bruit de l’air conditionné, les programmes que l’on feuillette, le raclement des pieds, les rires du public… Cage considère que tout son est musique (il s’est prononcé pour la musique de tous les sons) et qu’il serait fou de l’organiser selon des structures précises. » Jean-Noël von der Weid Si le bruit court que des collectionneurs possèdent des enregistrements sur disques de performances du mime Marceau, il existe au moins un enregistrement studio de 4’33’’. Mimetic Mute. 4’33’’(composed by John Cage and interpreted by you) En janvier 1981, a lieu à Paris, à l’Ircam, la création mondiale de Roaratorio : an Irish Circus on Finnegans Wake, pour chanteur, récitant, instruments et bande de Roaratorio, « sorte de parcours textuel et sonore dans le grand œuvre de James Joyce » comme l’écrit Christian Tarting dans l’entretien qu’il eut alors avec le compositeur, et que la revue Mouvement a réédité dans le n° 39 d’avril 2006. http://www.mouvement.net James Joyce. Finnegans Wake. John Cage. Roaratorio. Pierre Lartigue. Rrose Sélavy, et caetera (Robert Desnos, Marchel Duchamp et John Cage). John Cage. Silence : discours et écrits. Richard Kostelanetz. Conversations avec John Cage. Jean-Yves Bosseur. John Cage. Dans cette interview, John Cage raconte : J’habite actuellement à New York, dans un loft. C’est l’appartement le plus musical que j’ai jamais fréquenté ! Il y a tout le temps du bruit car il donne en pleine avenue ; c’est à deux pas d’une caserne de pompiers ; les ambulances, quand elles sont

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particulièrement pressées, passent par cette avenue ; les bruits sont fantastiques !… Moi, au cinquième étage, j’écoute la musique ! C’est d’ailleurs la seule musique que j’écoute aujourd’hui car je n’ai plus ni piano ni électrophone. Je l’écoute constamment, même quand je dors ; je traduis alors le son en images qui hantent mes rêves – et le bruit vit comme une sculpture sans fin de Brancusi. » Vers la fin des années 1940, en Europe, apparaissent deux courants de musique expérimentale liés aux recherches menées dans les studios radiophoniques, la musique concrète et la musique électronique. La musique concrète implique prises de sons et manipulations d’éléments préexistants empruntés à un matériau sonore quel qu’il soit, aussi bien bruit que son musical proprement dit. Pierre Schaeffer, polytechnicien travaillant au club d’essai de la Radio Télévision Française, va explorer toutes sortes de bruits. Avec l’apparition du magnétophone en 1951 l’électro-acoustique qui était surtout destinée à graver, à conserver, va permettre de faire des sons, ou après avoir capté les sons naturels sur la bande, puis les avoir manipulés, modifiés, transformés, répétés, dans une vocation compositionnelle, va créer une musique originale. « L’objet est sonore avant de devenir musical », et la constitution d’un catalogue de bruits peut être considérée comme l’établissement d’un solfège. Rejoint par Pierre Henry, ils composent ensemble la Symphonie pour un homme seul (1950), faite de bruits et de notes, d’éclats de texte parlé ou musical. Pierre Henry, pour qui « la musique n’a rien à dire, doit être une expression du corps, profération, cri » se tournera, en solitaire et en marge du mouvement, vers la musique électronique. Pierre Schaeffer fondera le Groupe de Recherches Musicales (GRM), qui comptera parmi ses membres, répartis en divers courants, Luc Ferrari, François Bernard Mâche, François Bayle, Bernard Parmeggiani, Claude Ballif, Ivo Malec, Guy Rebel ou Michel Chion. Pierre Schaeffer. L’œuvre musicale intégrale et Solfège de l’objet sonore et Traité des objets musicaux. Pierre Henry. Deux coups de sonnette. (création radiophonique pour appréhender l’œuvre du compositeur). Groupe de Recherches Musicales. La musique électroacoustique. http://www.ina.fr/grm/ Cultures électroniques. 30e concours de musique et d’art sonore électroacoustiques Bourges 2003. http://www imeb.net Michel Chion. L’art des sons fixés ou la musique concrètement. Lionel Marchetti. Train de nuit (Noord 3-683). (Musique concrète pour un haut-parleur). Leigh Sauerwern. L’électroacoustique, Loulou & Pierrot-la-lune et les drôles de sons. « Pierre Schaeffer, relayé par Michel Chion, a travaillé à ce que l’on peut appeler une véritable pédagogie de l’écoute. Leur réflexion s’intéresse à l’essence de la matière sonore en partant de la réduction phénoménologique : ils portent leur attention sur « l’objet sonore ». Il n’est pas étonnant que cette pédagogie s’origine et s’appuie sur le bruit comme substrat et référence du concept d’objet sonore. Les bruits sont bien les éléments premiers de cette révolution perceptive et esthétique fondatrice de la musique concrète. Mais les auteurs ont très vite oublié cette origine, pour faire des

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bruits un « objet musical ». Ce renversement de perspective va nécessairement exclure le bruit du vocabulaire musical puisqu’il perd de fait son caractère singulier, spécifiquement dans le domaine du cinéma. » Thierry Millet « La musique électronique, née en 1953, n’utilise pour sa composition, sa réalisation ou son exécution, que des appareils électroniques (magnétoscopes, générateurs, synthétiseurs, ordinateurs) ou alors des sons de synthèse… « Jean-Noël von der Weid. La musique du XXe siècle. Karlheinz Stockhausen va créer sous l’impulsion de Herbert Eimer le Studio de musique électronique de Radio Cologne, le WDR (West-deutscher Rundfunk). Il devient un grand maître de la musique classique, composant les premières œuvres aléatoires puis de nombreuses œuvres pour orchestre, des œuvres mixtes pour orchestre et bande, tout en continuant ses créations d’œuvres électroniques. Il fonde en 1964 un groupe d’interprètes versés dans le « live electronic », les instruments électroniques se substituant à la lutherie traditionnelle. Hymen (1966-1967), œuvre de musique électronique, vocale et instrumentale est un véritable cataclysme sonore, tandis que Stimmung est une œuvre proche du silence, suscitant une impression d’envoûtement, de méditation, d’écoute à l’intérieur du son. Karlheinz Stockhausen. Kathinkas Gesang. Cologne – WDR, early electronic music. OHM : the early gurus of electronic music, 1948-1980. http://www.stockhausen.org http://www.ircam.fr (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique). Cet organisme voit le jour en 1976 dans le cadre du Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou, à Paris, et est dirigé à sa création par Pierre Boulez. Après sa rencontre avec Stockhausen à Cologne, György Ligeti se lance dans l’aventure électronique, qu’il délaisse vite (les bandes polluent par le souffle le son à chaque manipulation). L’électronique sera déterminante pour la suite de son œuvre, dans la volonté d’adapter à l’orchestre une technique acquise en studio, « la combinaison d’un grand nombre de couches en une micropolyphonie ». Dans Atmosphères (1961), musique électronique pour orchestre, il utilise la technique du cluster, les instruments jouant un réseau restreint de quelques notes, aboutissant à une musique statique, aux surfaces de timbres, parfois proche du bruit blanc. Stanley Kubrick utilisera sans l’accord du compositeur Atmosphères, Lux aeterna et Requiem dans la bande son de son film 2001 : a space odyssey, permettant à des millions d’auditeurs de découvrir ces chef-d'œuvres. Ligeti découvre aussi les vertus de l’absurde, du dadaïsme, des canulars et de Marcel Duchamp. Aventures, Nouvelles aventures fait appel à des techniques de collage et de construction phonétique (cris, râles). Selon l’auteur, Poème symphonique for 100 métronomes ironise sur l’idée des happenings, très en mode dans les années 1960. « À cette époque j’étais sans l’avoir voulu, membre de Fluxus (fondé en 1961

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par George Maciunas qui n’hésitait pas à maltraiter puis détruire son violon ou un piano lors de performances)… Le dernier tic tac de métronome laissa place à un silence pesant, bientôt suivi de hurlements de protestation menaçants. » Fluxus dixit. Une anthologie vol. I. Dans les années 1950, Iannis Xenakis, utilisant les mathématiques et la physique, va composer une musique parfois proche du bruit, faite de masses sonores (le son perdant son individualité au profit de l’ensemble), de glissandi dans ses grandes œuvres orchestrales telles que Metastasis. Pithoprakta travaille sur un son qui naît complètement du bruit (sons blancs obtenus près du chevalet des violoncelles) lequel s’enrichit petit à petit d’harmoniques distinguées. Helmut Lachenmann veut casser ce qu’il appelle l’aura de l’instrument. Recherchant les sons déformés, les bruits, il rend l’instrument méconnaissable, comme dans Pression, pour violoncelle seul. On parle de musique concrète instrumentale. Le compositeur dit que « le craquement d’un escargot que nous écrasons nous effraie bien plus que le hurlement subit d’un moteur ». Anton Webern, John Cage, Morton Feldman, père de la musique minimaliste, ont beaucoup étudié la place du silence dans la musique. Salvatore Sciarrino compose avec le silence, c’est du silence que naît la musique. Ses opéras sont des opéras de silence. Infinito Nero, pour voix et instruments, est représentative de son univers. Comme Helmut Lachenmann, Salvatore Sciarrino veut obtenir de ses instruments une musique concrète instrumentale. Anton Webern. Complete works. Morton Feldman. Triadic memories et Why patterns ? et Crippled symmetry. Philip Gareau. La musique de Morton Feldman ou le temps en liberté. (« Faite de sons choisis au hasard selon la règle de la libre intuition, cette musique inimitable semble baigner dans un silence perpétuel »). Morton Feldman a développé tout au long de son œuvre une esthétique de la lenteur et dit que l’auditeur n’a pas besoin de se projeter dans l’avenir, ni de se souvenir de ce qu’il a entendu auparavant. Le compositeur japonais Toru Takemitsu dit : « Je voudrais atteindre un son aussi intense que le silence… car faire vivre le vide du silence, c’est faire vivre l’infinité des sons ». Dans le silence reviennent ces flots de sons énigmatiques qui mugissent et ne cessent de s’écouler, et le compositeur transforme ce silence, par magie, en couleurs fascinantes qui rendent le son presque tangible » Toru Takemitsu. Quotation of dream. Les deux manifestations extrêmes que sont le silence et le bruit déterminent depuis toujours la musique du Japon, dans laquelle ne règne aucune hiérarchie entre les sons, comme en témoignent les musiques traditionnelles. Il y avait, au Moyen Âge, des concerts de silence. Les japonais ont

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sélectionné les cent plus beaux paysages sonores de leur pays et les touristes viennent les visiter pour écouter les yeux fermés, disait Murray Schafer lors de son allocution à la Semaine du son. La scène noise (bruit) japonaise, festive et radicale (musique = bruit, bruit = musique, la transe dans le son) a vu certains de ses membres (Taku Sugimoto, Toshimaru Nakamura, Otomo Yoshihide, Tetuzi Akiyama, Taku Unami ou Ami Yoshida) glisser vers le silence dans l’onkyo music, musique improvisée où chaque musicien est à l’écoute du silence, se laisse guider par le son seul pour une musique de son pur sans intention et sans affect. Les musiciens avaient coutume de se retrouver dans la galerie Off Site, vieille maison en bois, et se voyaient dans l’obligation de jouer à très faible volume, pour ne pas gêner le voisinage. Le contexte du lieu a influencé un style musical. Taku Sugimoto. Opposite et Chamber music. Ami Yoshida. Tiger trush. Chroniqueur dans le magazine Revue & Corrigée, Michel Henritzi a réalisé de nombreux interviews d’acteurs de cette scène musicale japonaise. [email protected] « Demain, les oreilles pleines de musique électronique, nous entendrons la liberté. » John Cage Les ouvrages documentaires sur l’histoire de la « techno », dont les différents courants sont regroupés sous le vocable de « musiques électroniques », soulignent parfois la filiation qui existerait entre les DJ et les « précurseurs » que seraient Karlheinz Stockhausen, Pierre Schaefer, Pierre Henry, John Cage, Iannis Xenakis… Ceux-ci s’en sont parfois défendus. L’article Stockhausen et les idiots électroniques paru dans le numéro 24 de la revue Accents revient sur la rencontre manquée entre le compositeur et des acteurs de la scène électronique. Modulations. Une histoire de la musique électronique. Techno. Anatomie des cultures électroniques. Ariel Kyrou. Techno rebelle. Sonic process. Une nouvelle géographie des sons. Emmanuel Grynszpan. Bruyante techno, réflexion sur le son de la free party. (La techno cumule toutes les dimensions du bruit, comme une provocation ultime au postulat conventionnel de la musique). World traveller adventures. DJ Shadow. In tune and on time. Laurent Garnier. Unreasonable live Doug Pray. Scratch : le sillon de la culture hip hop. Eric Denut. Musiques actuelles, musique savante : Quelles interactions ? Circus maximum. Radio Jet FM. http://jetfm.asso.fr « Parmi les influences diffuses et globales devenues arrière fond de la création sonore au vingt-et-unième siècle, Edgar Varèse se trouve encore aujourd’hui régulièrement cité comme une des principales figures tutélaires dans laquelle se retrouvent nombre d’artistes du son… Le geste varésien

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demeure celui de cet affranchissement de la musique, de cet effort pour la porter au-delà de ses propres règles : plus loin que la note vers la beauté de la matière sonore, plus loin que l’espace harmonique vers les promesses de l’espace myriaphonique de l’écoute. » Le musicologue Sylvain Marquis. http://www.sylvainmarquis.com Sylvain Marquis propose de classer de la façon suivante les différents courants qui constituent les arts sonores et les musiques expérimentales aujourd’hui : le conceptuel, pour qui l’œuvre est l’illustration d’une idée (installations, performances). Chez le bricoleur, l’objet physique vaut autant que le produit (invention d’instruments, orchestres de machines, automates, par exemple : La symphonie mécanique , création de François Delarozière et Mino Malan : quelque 25 machines musicales jouant aux côtés de musiciens du CNR de Nantes). Le compositeur construit des œuvres selon des règles qui ne sont pas forcément le solfège. L’audiophile prône l’écoute comme expérience ou rituel du phénomène sonore, dans l’environnement naturel ou urbain. Le kinesthésique privilégie l’aspect gestuel, l’activité physique prévaut sur le plaisir de faire, l’oubli dans l’action, avec comme mot clé la scène, le bruit (extrémismes sonores du Japon, exploration des sons parasites, bruitisme, laptop performers). Enfin le narratif évoque des images, touche par le sens, met en jeu les références de celui qui écoute, utilise la radio comme lieu théâtral des arts sonores (message, mise en scène, voix parlée). Ubuweb. http://www.ubuweb.com, une mine de documents sur la musique contemporaine et expérimentale. Musicworks, the journal of sound exploration. (Canada). http://www.musicworks.ca Halana. (USA). http://www.halana.com Résonances. (UK). http://www.l-m-c.org.uk The Wire. http://www.thewire.co.uk http://www.thesoundprojector.com http://www.errantbodies.org/main.html Octopus. http://www.octopus-enligne.com, le journal en ligne des musiques libres et inventives. Revue & corrigée. [email protected] Les quotidiens Le Monde (http://www.lemonde.fr) et Libération (http://www.liberation.fr) rendent compte des diverses manifestations de l’art sonore. Soundscape, nature recordings, paysage sonore, sur les sites http://www.chriswatson.net, http://www.sittelle.com (label d’enregistrements de concerts d’oiseaux et d’environnements), http://www.earthear.com, http://www.acousticecology.org, http://www.naturesounds.org (association américaine militant pour la préservation et l’usage créatif des sons naturels). http://www.fennec.ouvaton.org ( Association du Fennec pour les musiques créatives). http://www.vibrofiles.com (revue pluri-format d’art sonore, Vibrö est à la fois magazine, compilation audio, et plate forme en ligne pour les arts sonores contemporains). http://www.cdmc.asso.fr (Centre de documentation de la musique contemporaine).

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http://www.apo33.org, collectif d’artistes, dont le souci est de créer les conditions de développement de toutes les musiques et pratiques qui font avancer l’histoire du son. Apo 33 a créé le label Fibrr records. http://mediatheque.cite-musique.fr, http://mediatheque.ircam.fr http://www.irma.asso.fr (Centre d’Information et de Ressources pour les Musiques Actuelles). http://www.d-i-r-t-y.com (musiques électroniques). Michael Nyman. Experimental music. http://bimbo.tower.free.fr (disquaire parisien spécialisé en musique expérimentale). David Toop. Ocean of sound : ambient music, mondes imaginaires et voix de l’éther. (le journaliste de l’art sonore) Gérard Nicollet et Vincent Brunot. Les chercheurs de sons. Musiciens de l’étrange. Un film de Bruno Lemesle. Musique action, festival international des musiques nouvelles, organisé par le Centre Malraux, scène nationale de Vandœuvre-Lès-Nancy. (http://centremalraux.com ; http://www.musiqueaction.com) Résonances : évènements autour des musiques d’aujourd’hui proposés par le théâtre Athénor de Saint-Nazaire, scène conventionnée musique contemporaine et jeune public (http://www.athenor.com) Pascal Comelade, topographie anecdotique. Un film de Cécile Patingre. (Voici un film qui aura contraint son cher sujet à pratiquer ce qu’il exècre : l’impudeur de la parole). Step across the border. Un film de Nicolas Humbert et Werner Pentzel, musique de Fred Frith. Un film qui fait écouter les images et regarder les bruits de tous les jours. http://www.metamkine.com (catalogue et éditions). http://www.orkhestra.fr (catalogue et éditions). http://www.dsa-shop.com (Les Disques du soleil et de l’acier, label). Gravichords, whirlies and pyrophones : experimental music instruments. Anthology of noise and electronic music, vol. 1, 2, 3, 4. Vibrö, the inside out issue No. 1. Vibrö, The broken tales issue No. 2. Vibrö, The citizen band issue No. 3. Clicks & cuts 2. Dehors. Radio Jet FM. http://jetfm.asso.fr Xavier Charles. La neige attend la neige. (Pièce pour surfaces vibrantes, où différents objets choisis pour leurs qualités sonores, sont déposés, additionnés, soustraits aux vibrations de haut-parleurs. http://www.abruitsecret.com 30 ans d’agitation musicale en France. Luc Ferrari. Presque rien. Dominique Petitgand. Le point de côté. Ici d’ailleurs. 2002 (cartes postales sonores). Pierre Bastien. Pop et Musiques paralloïdres. Frédéric Le Junter. Les massifs de fleurs. Sonic Youth. Goodbye 20th century. Pour clore le vingtième siècle, le groupe de noisy rock revisite les

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compositions de John Cage, Cornelius Cardew, George Maciunas, Steve Reich, James Tenney, Christian Wolf... « La part croissante que prend le bruit dans la musique savante atteste l’irruption d’un élément plébéien refoulé et révèle la mauvaise conscience des détenteurs du pouvoir symbolique…Ainsi, l’impureté sonore qui, aux yeux de l’auteur, est un mode de constitution spécifique de l’art populaire, envahit-elle également le champ de la musique savante, sans que celle-ci soit trop consciente ou véritablement avertie des conflits qui la minent… Le son sale, c’est une forme de revendication sociale à l’état latent ou à l’état inchoatif… Le bruit se situe au plus bas degré de l’échelle des êtres musicaux. La prise en considération de ces êtres sonores inférieurs conduit à associer la critique sociale au déchiffrement esthétique des œuvres. » Le compositeur Hugues Dufourt, préfacier du livre de Pierre-Albert Castanet. L’évènement qui marque le début des années 60 dans le monde du jazz est la sortie de Free jazz d’Ornette Coleman. Les bruits parasites, les modes de jeu instrumentaux, tout est bon, tout fait sens dans cette manière de jouer le jazz… « Horace [Silver], c’est le jazz des noirs, parce qu’il joue le vrai truc de Bud Powell avec tout ce que cela comporte de physique, de sale et de nouveau dans l’attaque. » (Jazzman, juillet 1999). On parlera de bruit et de fureur à propos du free jazz. Ornette Coleman. Free jazz. Philippe Carles et Jean-Louis Comolli. Free jazz, black power. John Coltrane. The Olatunji concert. « Coltrane peut se laisser entraîner dans des solos sans garde-fous avec une intensité et une furie sans limite. Coltrane est free. » (Jazz magazine. Octobre 2006). Albert Ayler. Spiritual unity. (le disque d’Albert Ayler, celui du chant, de l’extase et du cri). Les musiques improvisées sont les héritières du free-jazz. Peter Kowald. Duos. (Les voix crient, les instruments grincent, les cordes sont frappées, grattées, pincées, triturées). Joëlle Léandre. At the Le Mans Jazz Festival. Daunik Lazro, Thierry Madiot, Dominique Répécaud, Camel Zékri. Rekmazladzep. Derek Bailey. Lace. (Le guitariste improvisateur ouvrait la porte de la musique tempérée au monde du bruit). « L’exutoire de la jeunesse s’incarne toujours dans le bruit et la fureur, l’exhibitionnisme et l’anticonformisme », notait le philosophe grec Aristote mort en 322 avant J.-C. « Le bruit c’est la vie, ou plutôt, c’est la preuve d’un monde en mouvement que l’on oppose à un monde minéral, sans activité, et par conséquent sans vie ! » écrit Alain Muzet. Dans les concerts de hip-hop une des expressions qui reviennent c’est : « faites du bruit ».

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Le rock fort bruyant qui déclancha dès sa création hurlements de la foule et crises d’hystérie, va développer tout au long de son histoire, des courants bruitistes tels que le metal « décrasseur d’oreilles », le punk, la musique industrielle, le grunge ou le noisy « des groupes de rock qui se retranchent derrière un mur de larsen, de hurlements et de saturation pour se faire entendre dans le vacarme général du monde moderne » Jean-Marie Leduc. Le dico des musiques. La chanson française a également développé une scène festive et bruyante issue du rock alternatif des années 80.

Faites plus de bruit : la scène française dans tous ses états. Gerald Potterton. Métal hurlant.

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Généralités www.infobruit.org et http://www.cidb.org et http://www.bruit.fr, sites du Centre d’information et de documentation sur le bruit dont la mission est d’informer, sensibiliser, documenter et former sur le thème de la protection de l’environnement sonore. Gary Gibson. Sons et bruits. David Le Breton. Anthropologie du corps et modernité : une esthésie de la vie quotidienne. Les bruits : Barnabé et les bruits de la vie. Ann Rand et Paul Rand. Écoute ! Écoute ! (Il y a des bruits énervants, et il y a des bruits charmants). Marion Bataille. Bruits. L’ouïe et la musique. (Pourquoi les gros bruits nous dérangent ? Pourquoi nos oreilles aiment la musique ?). http://www.fne.asso.fr (site de l’association France nature environnement). L’Étude du bruit – Le bruit et la science Alicia Rodriguez. Son et lumière. Debussy, Vivaldi, Saint-Saëns. In utero : éveil de l’enfant à naître. (Dans le liquide amniotique, le fœtus est dans une audition permanente du cœur de la mère dont il entend la voix et celle de ses proches. La médecine traque les bruits du corps et le stéthoscope est l’emblème du médecin qui ne s’en sépare jamais. Quelques douceurs musicales pour le futur bébé à naître dans un cri). Vincent Malone. Le roi des papas à Hollywood. (Les voisins nous cassent les pieds, avec leur nouveau bébé). Matmos. A chance to cut is a chance to cure. ( Le duo y a samplé des bruits de salle d’opération).

Bibliographie & discographie complémentaires

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Louis Malle. Le souffle au cœur. Michel Tremblay. L’homme qui entendait siffler une bouilloire. (« Il se souvint d’avoir lu quelque part que Van Gogh se serait peut-être coupé l’oreille à cause d’un acouphène, justement… »). Michel Honaker. L’oreille absolue. (Larry Nelson souffre d’entendre trop). Les bruits de la nature et de l’homme La nature Dossier multimédia du Big bang présenté par le CNRS pour un large public : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbig/ (Le cosmos est né dans une fulgurante explosion). D’un big bang à l’autre. Un film documentaire de Jean-Claude Pecker. Denis Fortier. Les mondes sonores. Gérard Grisey. Le noir de l’étoile. (le sextuor des Percussions de Strasbourg intègre au discours sonore la musique figurée par la vitesse de rotation de deux pulsars : Vela, déjà enregistré et un second capté en direct par radio-télescope). Ridley Scott. Alien, le 8e passager. (« Soudain l’ordinateur de bord avertit le commandant de faire route vers un astéroïde inconnu, pour y enquêter sur l’origine d’un mystérieux signal. »). Guide du tourisme temporel : voyager différent. Une sélection documentaire de La Bibliothèque http://la-bibliotheque.saint-herblain.fr Haroun Tazieff. Les volcans : Etna et Niragongo. Pierre Chiesa. Tremblements de terre et raz de marée. Jean-Pierre Dupuy. Petite métaphysique des tsunamis. Roberto Rossellini. Stromboli. (« Murée dans la solitude, elle décide de s’enfuir en escaladant le volcan endormi, au-delà duquel elle pourra embarquer. Mais le volcan se réveille »). Comprendre les déserts. En bougeant le sable dunaire chante. Ce type de chant apparaît lors d’une avalanche assez grande de sable sur le flanc d’une dune. C’est un son puissant, envoûtant, de basse fréquence et monotone. « Lorsqu’on parle de nuit polaire, on imagine aisément le silence, le sifflement

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du vent… Mais les membres d’équipage ont surtout été surpris par le vacarme. La violence des éléments est telle que le silence n’existe pas. » Tara dans le bruit de la nuit polaire. Libération, 24 novembre 2006 Jean-Louis Étienne. Banquise. « Le silence intérieur de chacun est le premier acte d’apaisement du chaos collectif. » Jean-Louis Étienne Yusa. Breathe. (Pour tenter d’expliquer sa musique, la chanteuse cubaine dit avoir été façonnée par la musique classique, le jazz et le bruit de la mer). Claude Nougaro. La pluie fait des claquettes. La neige. Si la ville est plus bruyante sous la pluie, la neige étouffe les bruits. Les hommes Joëlle Bouvier et Régis Obadia, dans leurs films de danse La chambre ou La lampe exploitent le bruit des corps, et des souffles des danseurs. Dans la chorégraphie Danse Danse Danse : Piano di Rotta, les souffles, les bruits des pas et des corps des danseurs sont également très présents. Dans le ballet La femme à la cafetière de Robert Wilson, chaque petit bruit est amplifié, du bonbon croqué à la cuillère qui touille le café. Valery Larbaud. Les borborygmes, extrait de Les poésies de A. O. Barnabooth. Thomas Fersen. Borborygmes. Dans La cigale des grands jours. Christine Murillo, Jean-Claude Leguay, et Grégoire Ostermann. Le baleinié. (« Qu’est-ce qu’un dreps ? Un fou rire avec bronchite. »). Keith Faulkner et Jonathan Lambert. L’ours qui ne pouvait plus dormir. (« Un bruit étrange a réveillé le petit ours au beau milieu de la nuit. Mais qui peut bien faire ce bruit ? »). Paule Brière, Christine Battuz. C’est la nuit… drôles de bruits ! (« Mais c’est papa qui ronfle comme un animal endormi sous son journal. »). C’est le bruit de la biscotte qui craque dans la bouche d’un autre que je ne supporte pas, dit Valérie Lemercier. « Est-il sensible aux odeurs de pain grillé ? » dans la chanson Quand je l’ai vu.

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Pierre Enckell et Pierre Rézeau. Dictionnaire des onomatopées. (Shebam ! Pow ! Blop ! Wizzzzz !). Drôle de sire. Onomatopées. György Palfi. Hic (de crimes en crimes). (Bruits de la nature et des humains qui vivent à la campagne sont la bande son d’un film sans dialogue). Liu Fang. Le son de la soie. (Les cordes les plus grosses résonnent telle une pluie soudaine, les plus fines comme un soupir étouffé. Les silences ont plus d’énergie que les notes, dit le poète Bai Juyi). Yvon Marciano. Le cri de la soie. (Un plaisir sensuel et intense pour les étoffes). Mattotti & Zentner. Le bruit du givre. (« et Alice dit : Je voudrais un enfant de toi, Samuel. Je m’en souviens très bien : c’est à ce moment-là que ma tête fut envahie par le bruit. Le bruit… le bruit. »). Marianne Oswald. Les bruits de la nuit dans L’art de Marianne Oswald. (la simulation du plaisir et autres bruits de la rue). Catherine Breillat. Romance. (un bruit explosif). Véronique Olmi. La pluie ne change rien au désir. (bruits du sexe : râles, cris, bruit de la pluie sur les vitres). Gilbert Rouget. La musique et la transe. (Transe, bruit et fureur). Ingmar Bergman. Cris et chuchotements. (« Jamais peut-être la maladie et la mort n’avaient été, au cinéma, traitées avec autant d’acuité »). George Romero. La nuit des morts vivants. (Les zombies, souvent, gémissent). Milos Forman. Amadeus. (Les théâtres d’opéra à cette époque étaient des lieux extrêmement bruyants ou l’on pouvait apporter son manger, boire, jouer. Aujourd’hui, au concert classique, l’écoute est silencieuse troublée seulement par la toux. Selon Benoît Duteurtre, le taux de toux peut être un bon indicateur de qualité musicale). Benoît Duteurtre. Requiem pour une avant-garde. Thomas Vincent. Karnaval. (À Dunkerque, le carnaval bat son plein jour et nuit…). Lisa Bresner et Batia Kolton. Misako. (Les mots bruits de Misako) .

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Jean Gourounas. Wadaï. (sooo ho ! za¨ ! wadaï ! chluirk !). Tanquerelle. Shakabam. Rémi Courgeon. Bouche au vent. (« Par jour de tempête, le petit Giacomo découvre qu’on peut faire de la musique avec le vent. Penché en arrière, il laisse siffler l’air dans sa bouche comme dans le goulot d’une bouteille. Bientôt cette manie devient une passion, cette passion un art, et cet art toute sa vie. »). Anne Brouillard. Le bain de la cantatrice. (« Puisqu’il en est ainsi, je m’en vais chatouiller les nuages avec des sons qu’ils emporteront, qu’ils bousculeront, qu’ils éternueront, qu’ils oublieront. »). Hergé. Les bijoux de la Castafiore. (le « bruit » de la Castafiore est de 100 décibels). Wolf Erlbruch. Léonard. (Léonard aboie !). Michel Boucher. Hoquets, fous rires et gargouillis. (« Notre corps nous joue parfois des tours bizarres »). Rire à Saint-Herblain. Une sélection documentaire de La Bibliothèque. Anne Brouillard. Le grand murmure. (« Plus vite que le train, plus vite que le vent, plus vite que les oiseaux, s’en vont les mots qu’on dit au téléphone. Quel est ce chuchotement ? Quel est ce grand murmure ? »). Mandana Sadet. L’écho du bout du monde. (« Il se met à courir sur l’écho, il court de toutes ses forces »). Klaktonclow. Du silence et du bruit. (« Ils passent sans un bruit dans le fracas du monde… »). Cornu. Dans le bruit. Extrait de l’album A3 (« Dans le bruit des sourires faux… »). Georges Aperghis. Avis de tempête. (« Un son abstrait devient la voix d’un acteur, un phonème devient de l’eau qui coule, un personnage peut être parcellisé puis reconstitué ailleurs. Je travaille sur deux mondes électroniques, un univers harmonique fait d’octaves faussées et un univers de bruits infimes amplifiés qui grossissent et emportent tout. »). Aperghis, tempête sous un crâne. Un film de Catherine Maximoff. Maurice Ohana. Cris. (Les possibilités les plus diverses de la voix humaine y sont présentes, des

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bruits vocaux aux slogans politiques). Les Cris de Paris. Capitolo novo. (Vincent Manac’h ou Maria-José Sanchez filtrent le matériau poétique initial (sonnets de Rilke) à travers un « meta-discours » fait d’onomatopées ou de bruits). Albert Camus. La chute. (Presque aussitôt, j’entendis un cri, plusieurs fois répété, qui descendait lui aussi le fleuve, puis s’éteignit brusquement). Peter Watkins. Edvard Munch. (On doit à Edvard Munch, peintre et graveur norvégien, le tableau Le Cri (1893). Laurent Graff. Le Cri (Histoire inspirée du vol du tableau d’Edvard Munch, Le Cri, avec pour thème, la fin du monde ). Isodore Isou. Musiques lettristes. (Interview de l’artiste dans le numéro 46 de Revue & Corrigée). Paul Dutton. Oralizations. Annick Nozati dans Le Jeu des anges. Lauren Newton et Joëlle Léandre dans Face it. Mike Patton dans Adult theme for voice, Makigami Koichi dans Koedarake, les chanteuses de jazz Patty Waters dans College tour et Greetje Bijma dans Sit down listen… explorent tous les registres de la voix y compris le cri. Volker Schloendorff. Le tambour (Oscar brise les verres par son cri). Fantazio. The sweet little mother fucking show. (Le chanteur et contrebassiste Fantazio (qui pensait qu’Elephant Man était un super héros qui se transformait en éléphant) décrit sa musique comme un accident sonore et tire de son instrument des contrebarrissements). Barbatuques. Barbapapa’s groove sur Brazilian beats : 60’s soul, funk and samba pop (Le corps comme jouet sonore : « Ces percussionnistes originaires de Sao Paulo donnent à l’expression human beat box toute son envergure : sons produits par tapements ou frottements du corps ou encore claquements de langue. » in Vibrations d’avril 2006. http://www.vibrations.ch Snoop Dogg & Pharrel Williams. Drop it like it’s hot, stupéfiante installation phonique à base de claquements de langue sur l’album Snoop Dogg. R & G.

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Édouard Levé. Autoportrait. (« Dans une piscine au bord de la route, je transformais en vagues le bruit des voitures... Il ne semble pas que je ronfle »). Jacques Brel. Ces gens-là. (« Et ça fait des grands chloup. »). Jacques Higelin. Cigarette dans Bbh 75 (quinte de toux). Emmanuel Chabrier. Enfin je me sens mieux : air de l’opéra L’Étoile. (« Atch !... Atch !... Atch… Atchi ! la triste chose qu’un rhume de cerveau. »). Cyrz. Un morceau de mon avenir. (Après le silence de fin… quelques bruits !). Si Perry Blake ouvre et clôt The crying game par quelques craquements de vinyle, Milan Knizak, dans Broken music raye, fait des trous, casse, colle du ruban adhésif, peint, brûle, découpe et rassemble des morceaux de ses disques avant de les poser sur la platine. Gotlieb. Pervers pépère. (Le héros fait de l’art sonore destiné à être diffusé dans les toilettes publiques). Les animaux Virginie Aladjidi, Caroline Pellissier et Marc Daniau. Le cri des bêtes. Noé Carlain. Prout de mammouth et autres petits bruits d’animaux. (« Prout de mouette… avis de tempête. »). Ian Whybrow et Russell Ayto. Cacophonie. (« Les canes, les canetons, et les canards ont beau se précipiter pleins d’espoir croyant que c’est l’heure du repas, bébé ne regarde même pas. »). Jean-Claude Denis. L’île aux mainates. (« Alors pour se distraire, ou pour se venger, il se mit à imiter le bruit des moteurs, celui des vitesses qui changent, des coups de freins, des avertisseurs… »). Miguel de Cervantes. Don Quijote de la Mancha. Romances y musicas. (« De temps en temps, un baudet se mettait à braire, des porcs à grogner, des chats à miauler, et toutes ces voix aux sons variés prenaient de l’ampleur avec le silence de la nuit… C’est ainsi que le Quichotte est plein de musiques de sons et de silences… »). Isabelle Autissier et Erik Orsenna. Salut au grand Sud. « Le manchot pue et braille ». Victoria de Los Angeles et Elisabeth Schwarzkopf. Le duo des chats. (miaou !).

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Dionysos. La métamorphose de Mister chat dans Monsters in love. (« Ta gueule le chat ! »). Le bruit souffrance L’environnement Sensations urbaines : une approche différente à l’urbanisme. Catherine Faber et Marie-Françoise de Pange-Talon. Guide de l’écocitoyen. Jacqueline Morand-Deviller. L’environnement et le droit. Lucie Guchet. Le bruit : comment y faire face. The noise & the city. (30 artistes ont arpenté leur ville de Moscou à Nantes et collecté les échantillons sonores nécessaires à la composition d’un morceau. Autres directions in music est un label de moulins et de moulinettes basé à Nantes). http://www.autresdirections.net/inmusic Procédé Rodesco Letort. Mégapoles. Jean-Michel Delacomptée. La vie de bureau (« …le rodéo des bicyclettes dans la nuit, le déchaînement des marteaux-piqueurs dès l’aube, la tronçonneuse du dimanche matin le rendent fou furieux. »). Linda England et Letizia Galli. Le rythme de la rue. (« Et si toute la ville n’était qu’une gigantesque boîte à musique. »). Lionel Tran, Ambre et Valérie Berge. Une trop bruyante solitude. Robert Altman. Short cuts. ( Un ballet d’hélicoptères dans le ciel de Los Angeles… ). Don DeLillo. Bruit de fond. ( Et c’est la vie de tous les jours, dans l’Amérique profonde, sur un bruit de fond d’automobiles, de machines à laver, de slogans publicitaires, et de cris de gosses qui jouent dehors. Franz Kafka. Journal). Emmanuel Bex et Monica Passos. À une passante dans Organsong. « La rue assourdissante autour de moi hurlait. » Charles Baudelaire Michael Walker. Insomnies. (« La maison semble réagir à cette disparition, résonnant de bruits inquiétants »).

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Kitty Crowther. Scritch scratch dip clapote. (« Tous les soirs Jérôme a peur lorsque papa et maman le laissent seul dans le noir. Il entend des drôles de bruits sous son lit… »). Neil Gaiman et Dave McKean. Des loups dans les murs. Thierry Lenain et Serge Bloch. Silence, les monstres ! (« Les parents se disputent très fort, ils crient très fort, comme si leurs enfants n’existaient pas. »). Alberto Manguel. Journal d’un lecteur. (« Les bruits de la rue, le maire et les cloches, cependant que l’histoire contemporaine poursuit son chemin de bruit et de fureur. »). Pascal Zavaro. Flashes. ( Suite d’évocations urbaines). Rome : escale familière et inconnue. Une sélection documentaire de La Bibliothèque. (La première législation contre le bruit est l’œuvre de Jules César, 44 ans avant J.-C., interdisant la circulation des véhicules à Rome entre le coucher et le lever du soleil). Le nomadisme : ici, ailleurs… Une sélection documentaire de La Bibliothèque. Le voisinage Jill Murphy. Enfin la paix. (« RRR, ronflait maman ours. Tic tac, tic tac, comptait la pendule. Hou hou hou, faisait le hibou. »). Jonas Geirnaert. Flatlife. (« La vie de 4 personnes ordinaires, de leurs activités quotidiennes : accrochant une peinture au mur, regardant la télé, construisant un château de cartes et faisant la lessive. Le pire étant qu’ils sont voisins. »). Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Délicatessen. (Le lit grince). Les Voisins du dessus. Variété de chanteurs. (« Mes voisins d’à côté faisaient gémir leur lit… »). Amos Gitai. Alila (« L’arrivée de nouveaux voisins qui agrandissent leur appartement sans permis et la présence d’un homme et de sa maîtresse viennent troubler la quiétude des lieux. »). Anaïs Massini. Hurlovent. (« Il était une fois un petit homme appelé Hurlovent, qui criait tout le temps… Avec ses cris, Hurlovent ennuyait tout le monde. Alors que faire ? Les gens de la ville cherchèrent des solutions. »). François Vallejo. Vacarme dans la salle de bal. (Pour faire taire la musique de danse de son voisin, le

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narrateur lui explique qu’il a besoin de calme pour écrire une thèse sur la danse). Leonard Cohen. Paper-thin hotel, dans le disque Death of a ladies man. (Unique collaboration du chanteur avec le producteur Phil Spector, inventeur du mur du son Wall of sound). Ariel Denis. Le dossier Meyer-Devembre. (Dans un immeuble ancien à Paris, deux résidents entendent, derrière la porte ordinairement silencieuse, des bruits troublants). Enrique Vila-Matas. Mastroianni-sur-Mer. (« Dans Détectives sauvages, les multiples voix ou bruits des voisins remplissant les histoires d’Arturo Belano et Ulises Lima semblent inépuisables. »). Roberto Bolaño. Détectives sauvages. Marie Darrieussecq. Le voisin, nouvelle tirée du recueil Zoo. (« La guitare, les cris, passe encore. Mais ils se sont fait livrer un piano. Un piano à queue blanc, monstrueux. »). John Lennon. Working class hero : the definitive Lennon. (John Lennon est abattu devant chez lui à New York en décembre 1980 de 3 coups de revolver). Prima Carezza. Salon music at Schumann’s bar. (Ambiance réaliste : bruits de couverts ou de conversations transportent l’auditeur dans le café munichois). Lila Downs. La cantina. (Les cantinas sont les tavernes mexicaines ou l’on consomme la téquila et où l’on hurle, on siffle et on interpelle la chanteuse interprétant sa cancion ranchera). Le bruit de la colère, de la révolte Philippe Godard. Les rebelles : figures de la rébellion aux XIX et XXe siècle. Cash from chaos : the complete punk collection. Jacques Tardi. Le cri du peuple. (La rumeur de la révolte gronde). Le bruit et l’angoisse Godfrey Reggio. Naqoyqatsi. (« La violence civilisée… Le pouvoir des images et de la musique de Philip Glass nous plonge au cœur de la frénésie du XXIe siècle »). Spôjmaï Zariâb. Ces murs qui nous écoutent.

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Le poil. Une sélection documentaire de La Bibliothèque. (« Aujourd’hui, tous les fondamentalistes islamiques de la planète font du port de la barbe une obligation impérative, mais seuls les talibans d’Afghanistan l’ont poussé au stade de la caricature avec la barbe de cinq doigts. »). Michael Curtiz. L’aigle des mers. (« Canonnades, cliquetis d’épées, musique à nulle autre pareille d’Erich Wolfgang Korngold. »). Joe Sacco. Quand de bonnes bombes tombent sur des méchants dans Journal d’un défaitiste. Louis Andriessen. Writing to Vermeer. (« Dehors, pourtant, se déroulent des guerres (notamment de religion), des attentats, des catastrophes… dont nous percevons les échos grâce aux effets électroniques réussis de Michael van der Aa. » Claude Glayman, in Opéra magazine, septembre 2006). The Residents. The third Reich n’roll. Sergueï Bodrov. Le prisonnier du Caucase. (« Dans certaines scènes, le réalisateur n’a pas souhaité sous-titrer le dialecte caucasien des villageois, afin de mettre le spectateur dans la même situation d’incompréhension que les deux soldats russes. »). Pete Travis. Omagh. (« Samedi 15 août1998, ville d’Omagh en Irlande du nord, à 15 heures 10 une bombe de 250 kilos explose. »). Bang ! Bang ! : Trafic d’armes de Saint-Étienne à Sète est une exposition pensée et organisée conjointement par le Musée International des Arts Modestes de Sète et le Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne qui explore l’univers des armes et la fascination des hommes pour ces objets pulsionnels. http://www.miam.org Gus Van Sant. Elephant. (Avec des armes achetées sur Internet, deux élèves organisent une véritable tuerie dans un lycée.). Spike Lee. Summer of Sam. (« Une déflagration de calibre 44 et il disparaît. »). Johnnie To. The mission. (Film de gangsters dont les nombreux gunfights sont servis par une mise en scène nerveuse et rythmée). Nicholas Ray. Traquenard. (« Entre le rugissement des mitraillettes et le bourdonnement des clubs de jazz, traquenard offre une combinaison détonante de sexe et de violence. »). Au berceau des sociétés : le meurtre. Une sélection documentaire de La Bibliothèque.

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Alejandro Gonzalez Inarritu. Amours chiennes. (« Ce film reflète avec réalisme et crudité le chaos de la ville de Mexico. »). Fernando Meirelles. La cité de Dieu. (« Filmé de manière très réaliste, la violence des enfants des favelas est insupportable. L’image de douceur du pays de la bossa-nova est écrasé par le vacarme des armes à feu. » Georges Moustaki, in Libération du 11 mars 2005). Barbet Schroeder. La vierge des tueurs. (Medellin, une plongée vertigineuse au cœur du chaos). Metaxu. Rumors of war. (Conçu autour du thème de la guerre, associant à chaque morceau un lieu et une date, le duo a mis en scène des témoignages électro-acoustiques faisant intervenir différents éléments informatifs et identifiables (sirènes, mitraillettes, trains, hélicoptères…). http://www.autresdirections.net Serge Reggiani. Les loups sont entrés dans Paris. Scott Walker. The drift. (La chanson Clara évoque le fascisme à travers les derniers jours de Mussolini et de sa femme Clara Petracci. Sur ce morceau, le percussionniste Alasdair Malloy frappe très fort jusqu’à en crier, à main nue, sur de la viande de porc). Scott Walker. Sons & visions d’un outsider... in Mouvement n°39. Avril-juin 2006. http://www.mouvement.net Ice Cube. Laugh now, cry later. (Le parrain du gansta rap, qui au sein de NWA lançait des brûlots sur fond de coups de feu et de sirènes de police, garde sa rage intacte dans cet album). Claude Nougaro. Y’avait une ville dans Grand angle sur Nougaro. Lulu Borgia. Un temps médiéval dans Tohu bohu. Cancans, bobards, le bruit et la rumeur François Ploux. De bouche à oreille : naissance et propagation des rumeurs dans la France du XIXe siècle. Anne Salem-Marin et Simon Kroug. La rumeur. Ben Harper and the Blind boys of Alabama. Live at the Apollo (Parce qu’il jouait toujours assis, la rumeur l’a décrit paralytique).

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Georges Brassens. La Marguerite. Harry Mathews. Ma vie dans la CIA (« À cause d’une étonnante série de quiproquos et malentendus, il était largement admis, au début des années soixante-dix, que Harry Mathews était un agent de la CIA »). Henri-Georges Clouzot. Le corbeau. Jean-Yves Le Naour. Le corbeau, histoire vraie d’une rumeur. Claude Chabrol. La fleur du mal. Jerry Lewis. Le zinzin d’Hollywood. La Rumeur. À nous le bruit dans Regain de tension. (« On nous écoute dans le doute, c’est ça la rumeur, amuse-toi à lui barrer la route, je vois des gouttes de sueur… »). La représentation et l’utilisation du bruit dans l’art Karine Delobbe. La bande dessinée. (Les bruitages en BD : rendre le son et le mouvement. Idéogrammes et onomatopées : les bulles). Joann Sfar. Klezmer. (« L’idée de faire une bande dessinée musicale m’intéresse énormément parce que la bande dessinée, c’est le monde du silence. »). Michel Rosen et Helen Oxenbury. La chasse à l’ours. (« Retraversons la neige ! Criss criss ! Criss criss. Retraversons la forêt ! Hou hou ! Hou hou. Retraversons la boue ! Plaf plouf ! Plaf plouf. »). Jacques Attali. Bruits : essai sur l’économie politique de la musique. (« La musique a toujours été prophétique, annonciatrice de l’évolution des sociétés. »). Bernhard Günter. Un peu de neige Salie. (Une musique de sons pure). Michel Blanc. Le passage éclair. « Sons additionnels : pas dans la neige, sons de l’usine P…..r, sons d’un portail, sons de la rue de New Delhi, Cracovie, Lausanne, Mende, brame de cerfs des Cévennes, sons électroniques… ». En 2005, Émilie Simon travaille sur une chanson Ice girl, « une petite bande-son du froid ayant pour ingrédients des bruits de glaçons, de verre ou de métal », quand le réalisateur Luc Jacquet la contacte pour la musique de son film La Marche de l’empereur. Ce titre figure sur la bande originale.

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Cocorosie. Noah’s ark. Sierra Casady et sa sœur Bianca ont utilisé en guise d’instrumentation chats, moutons, vaches et tout un bric à brac. « Nos chansons sont des petits mondes, avec des paysages, des sons venus de la nature… Nous avons accentué notre travail sur l’espace sonore (soundscape). » Travail commencé sur La maison de mon rêve. Metallic falcons. Desert doughnuts. « Une nuit, quelque part en Allemagne, nous avons arpenté avec notre enregistreur les rives d’une rivière, des buissons aux arbres, écoutant le flot de l’eau. C’est comme ça que j’aime écrire des chansons, une sorte de détective à la recherche des sons, des mélodies qui ne demandent qu’à être entendues. Le métal répond à la soif de nos oreilles pour le tonnerre et nous donnons des ailes à ce tonnerre. » Sierra Casady et Matteah Baim, artiste peintre, réunis sous le nom de Metallic falcons. (Libération, 8 août 2006) Lipitone. Bougouni. (Transcription sonore de la sonorité d’un village malien visité la nuit, accroché à quelques suggestions électroniques par les musiciens Marc Chalosse et Frédéric Galliano). Kristoff K. Roll. Le petit bruit d’à côté du monde. (Musique acousmatique faite de sons ramenés d’un voyage en Afrique par Carole Rieussec et Jean-Christophe Camps mêlée aux improvisations instrumentales). Matmos. The rose has teeth in the mouth of a beast. (Chaque composition est un portrait sonore, et chacun des portraits est construit à partir de bruits d’objets liés aux personnes). Le bip : la voix des machines, un poème sonore de Guillaume Ollendorf mis en ondes par Samuel Hirsch. Sur le CD Objectif 2006 vol. 1 des Inrockuptibles, n°530 de janvier 2006. Noze. Craft sounds and voices. (Audacieux cocktail de sons… papiers froissés, bouteilles frottées). Alfredo Costa Monteiro. Paper music. (Le compositeur explore toutes les possibilités sonores du papier). The [User]. Symphony #2 for dot matrix printers. (Symphonie pour imprimantes matricielles). Roisin Murphy. Ruby blue. (Parlant de Matthew Herbert, « seuls les bruits l’intéressaient. Pour Ramalana, il a utilisé ma bombe de laque et ma brosse à cheveux, et pour Dear diary, un réveil. Je n’avais vraiment écouté le monde de cette façon auparavant !). Matthew Herbert. Plat du jour. (Sur le thème de la malbouffe, l’artiste s’est baladé dans tous les maillons de la chaîne alimentaire pour y recueillir les sons ). « Le public, qui a rempli une petite moitié du Bataclan, ne laisse, il est vrai, que peu de chances aux agréables mélodies d’Herbert, produisant un bruit de fond quasi permanent de conversations. » Sylvain Siclier, in Le Monde du 3 juin 2006

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Pour le ballet Umwelt de Maguy Marin, le compositeur Denis Mariotte symbolise le temps qui passe par une bobine se déroulant le long de la scène et grattant les cordes d’une guitare posée à plat. Alain Bashung. La tournée des grands espaces. (Le chanteur aime les accidents sonores, le bruit blanc, la déstructuration, les rythmes en ruptures ou bien se joue des silences). Gilles Chabenat et Édouard Papazian. Le traité des songes. (Gilles Chabenat et Édouard Papazian marient le son de la vielle à roue au bruit répétitif et lancinant des rotatives d’imprimeries). Harry Partch. The H.P. collection. Vol.2 (Harry Partch était un grand inventeur d’instruments et de sculptures sonores). Woudi, compositeur – couturier – danseur, et collaborateur de Philippe Découflé lors des Découfleries d’Albertville, a inventé un spectacle cousu de bruits. Des gestes naît la musique grâce à des costumes – instruments nommés sapophone à mercure, charnièrophone, velcrophone. Aubrey Powell. Dein Perry’s Tap Dogs. (Claquettes). Luke Cresswell et Steve McNicholas. Stomp out loud. (Danse et percussions industrielles). Fan club orchestra. Sun papa and the Fan club orchestra.Vol.1 & Vol.2. (Big band de game boy). Maurizio Nichetti et Guido Manuli. L’amour avec des gants. (Maurizio est timide et farfelu, et bruiteur de dessins animés). Pink Floyd. The dark side of the moon. ( Ajouts sonores : battements de cœur, bruits de pas, bruits de tiroir-caisse). Vincent Malone. Ultimate : le roi de la trompette. (Disque plein d’humour regorgeant de bruitages divers). Alvin Curran. Maritime rites. (« Des paysages sonores maritimes oubliés revivent dans un dialogue avec dix grands solistes jazz ou contemporains. » in Les Inrockuptibles du 9 mars 2005). Laurent Dailleau. Supersternal notch. (Laurent Dailleau y joue tu Theremin). Fausto Romitelli. An index of metals. Cyprès. 2005 (« Cet italien, mort en 2004 à l’âge de 40 ans, s’est immergé toujours plus profondément dans les entrailles glauques du son sous la double influence du mouvement spectral et de la pop psychédélique… un compositeur en quête de son sale ? » Pierre Gervasoni, in Le Monde).

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Le silence Pascal Quignard. La haine de la musique. (« Le silence est devenu le vertige moderne. »). Albane Gellé. Aucun silence bien sûr. Jasmine Viguier. Sahara. (Le silence : aspiration au silence absolu, minéral du désert). Capucine Ruat. Celle qui ne parle pas. (La narratrice a trente ans, elle ne parle pas, garde des choses secrètes au fond d’elle-même). Comès. Silence. (« Silence est un simple d’esprit muet dont profite un fermier ignoble. »). Herman Merville. Bartleby le scribe. André Paléologue. Le Mont Athos, merveille du christianisme byzantin. Pan Bouyoucas. Anna pourquoi. (Dans l’île grecque de Léros vivent la none Nicoletta et la novice Véroniki dans une chapelle isolée du reste du monde, priant Dieu et tentant d’apprivoiser le silence). Chant grégorien : le chant su silence. Jacques Doyon. La Recluse. Jeanne-Martine Vacher. Silence. (« Lors d’un référendum, la population de Mongour a choisi de bannir la musique de la vie publique. »). Jean-Louis Bertucelli. Remparts d’argile. (Ce film se fait témoin muet et sans concessions d’un mode de vie qui change sans évoluer). Mohsen Makhmalbaf. Le Silence. (« Khorsid, petit garçon aveugle est très attentif aux sons : l’eau, la rue, la colère,la peur, la beauté… C’est par la musique du monde qu’il apprend à connaître la vie. »). Dominique Mainard. Leur histoire. (« Merlin, enseignant dans une école pour malentendants, va employer toutes ses forces pour donner la parole à Anna. »). John Burnside. La maison muette. (« Ce texte d’une violence clinique exceptionnelle est le récit d’une «expérimentation» sur deux enfants élevés sans contact avec la parole humaine. »). Mathilde Monnier. Bruit blanc, Autour de Marie-France. La chorégraphe fait danser une jeune autiste.

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Dominique Bagouet. Silence. (La critique de danse Chantal Aubry parle du « grand silence bagouetien ».). Claire Diterzi a créé la bande son de Iris, chorégraphie de Philippe Découflé. Elle se dit fascinée par la « sensualité et la façon d’installer le silence des danseurs ». Claire Touzi Dit Terzi. Iris. Catherine Golovine. Miroirs et contemplation. (La danse comme expression silencieuse de ses convictions ou plus spécialement ici, expression de sa foi). Nathalie Léger. Les vies silencieuses de Samuel Beckett. (L’homme était un passionné d’ Anton Webern qui a ajouté le silence comme treizième note au dodécaphonisme, écrit Gilles Macassar). Eduardo Mallea. Chaves. (« Et dès le début, un tel silence a le don de déclencher la fureur des autres, de l’autre. »). Paolo Sorrentino. Les conséquences de l’amour. (« Rien ne semble pouvoir atteindre cet homme muré dans son silence… »). Leslie Patricelli. Silencieux – Bruyant. (La bibliothèque c’est silencieux, la cour de récréation c’est bruyant). Moëbius. Arzarch. Hanna Johansen et Jacky Gleich. Fais moins de bruit !... (« Chut, fais moins de bruit ! laisse-moi écouter la mouche sur la vitre… »). Nadine Brun–Cosme et Yan Nascimbene. Alex et le silence. (« Alex est fier, il sait maintenant le silence et tous les petits sons qui le percent en mosaïque. »). Lois Lowry. Le garçon qui se taisait. (« Comme il ne dit rien, tout le monde croit qu’il ne souffre pas et beaucoup l’appellent le débile ou le détraqué. »). Anne Herbauts. Silencio.05. (« Silencio est blanc et silencieux. Il est nommé par son père, le roi, ministre du silence. Mais Silencio trouve le bruit si beau… »). Elisabeth Duval et François Soutif. Silence !… (« Quelle cacophonie dans la basse-cour ! Personne n’écoute personne, tout le monde s’affole »). Luigi Dallapiccola. Piccola musica notturna. « La tentation du vide hanta longtemps Dallapiccola… Et cette Piccola musica notturna, dont la raréfaction va jusqu’à l’angoisse avec une douceur inquiétante,

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n’hésitez pas à l’écouter la nuit, sous casque, pour ne laisser aucun obstacle s’interposer entre la musique et l’âme. » Jean-Charles Hoffele, in Diapason de janvier 2005 Keith Jarrett, piano solo. The Carnegie Hall concert. (Manfred Eicher, créateur du label ECM sur lequel est enregistré ce disque, a toujours cherché à créer le son le plus beau après le silence. Un absurde bruit malveillant poursuit le pianiste : il serait capricieux, caractériel, goujat, mais ce ne sont là que rumeurs). La sieste : 60 minutes de rêves party. (Le sommeil est perturbé si le bruit ambiant dépasse 45 dB (35 dB pour l’Organisation mondiale de la santé)). La Gazette Hermelandaise. Dossier spécial 16 septembre 2006. Une sélection documentaire sur le thème de l’île de La Bibliothèque. Mark Hollis. Mark Hollis. (Lorsque nous en aurons fini avec le vacarme ambiant d’une époque résolument déjantée, lorsque le silence aura enfin repris sa place dans nos univers respectifs, l’album éponyme de Mark Hollis sera l’un de nos seuls réconforts). in http://www.chronicart.com L’oreille musicale serait ourlée et évasée du haut (La musique adoucit les mœurs). Catalogue. Pénétration. (Une musique contemporaine brute et sauvage, impulsive et directe, baroque et décalée, cultivant l’inattendu et s’abreuvant à la source d’une anarchie voluptueusement perverse…). Kaiji Haino. New rap. (Mélange unique de rock psychédélique, de musique médiévale et d’improvisation jusqu’au boutiste). Black dice. Broken ear record. (Disque de l’oreille cassée). Dustbreeders and Junko. Mommy close the door. (Feedback et hurlements, entre noise et free musique). Mono. You are there. (« L’œuvre recèle de coups de boutoirs hautement jouissifs, d’explosions soniques déchirantes. Chaque accalmie existe uniquement pour être malmenée l’instant d’après par des guitares furieuses, une batterie en pétard et une basse percutante. »). http://www.autresdirections.net Pat Metheny. Zero tolerance for silence. (Disque expérimental et bruitiste du grand guitariste de jazz. En 2003, il enregistre à la guitare sèche cette fois un disque beaucoup plus proche du silence One quiet night).

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The Nihilist spasm band. Vol. 2 (Groupe précurseur de la noise music). Nine inch nails. With teeth. (Le bruit est politique, il perturbe, il dérange). Bullet for my Valentine. The poison. (« BFMV devrait trouver aisément une armée de tympans volontaires par chez nous, prête à saigner au rythme des tueries de ce premier album. »). Rock sound : http://www.myspace.com/rocksoundfrance Todd. Come to your house. (Musique noise, son extrême, mélodies broyées, saturations maltraitées, fureur sonique). Enhancer. Electrochoc. (« Lorsque vous allez introduire Electrochoc dans votre platine, prenez bien soin de baisser quelque peu le volume de la chaîne, car la magnitude du séisme sonore que vous allez prendre en pleine poire a été estimé à plus de neuf sur l’échelle de Nowhere. »). Rock Sound : http://www.myspace.com/rocksoundfrance Motorhead. Kiss of death. (« Le seul résumé possible est Aaaaaaarrrgglllhhhhhheeuuu ! » Rock & folk de septembre 2006). Alec Empire. The destroyer. (Ce musicien de techno, qualifié de terroriste sonique, pour qui le bruit est politique parle de sa musique en la comparant au « bruit d’une bagnole s’écrasant à toute blinde dans un mur. »). Wolf eyes. Burned mind. (Infra basse, larsen, fréquences sur aigues et hurlements vocaux, orgie sonore). Noxagt. The iron point. (Groupe norvégien de noise, dans lequel figure un violoniste). Jesu. Jesu. (Groupe de drone-doom, mur du son incroyablement épais mené par Justin Braodrick, ex membre de Godflesh, pionnier du metal industriel, musique assourdissante et brutale). Fabrice Eglin et Jérome Noetinger. Psychotic reactions & lightnin’rag. http://www.abruitsecret.com Anla Courtis. Tape works. « Objet de convoitise outre-manche, la masse sonore, ou le bruit sous toutes ses formes, est également une marque de fabrique du travail d’Anla Courtis. » Cyrille Lanoë, in Revue & corrigée, n° 70 Tony Conrad. Fantastic glissendo. (Le compositeur nous mène aux portes du bruit blanc).

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Max Neuhaus. Fontana mix–Feed 1965-1968 : six realizations of John Cage. (Déflagration sonore renversante. Une heure de bruit blanc). Exemple de spectre aléatoire (spectre dont les composants sont quelconques et n’ont aucun rapport entre eux), le bruit blanc est la somme de toutes les fréquences à un même niveau d’intensité (B. Girer. Aide-mémoire de la musique contemporaine). Association France acouphènes : http://www.france-acouphenes.org Association de prévention des Traumatismes auditifs (Arrêtons le massacre aux décibels !). http://www.audition-prevention.org William Shakespeare. Beaucoup de bruit pour rien.

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Autres confidences relevées dans le journal Libération en 2006 :

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Un rêve récurrent ? « J’entends des pas sur un quai. C’est mon père qui vient me chercher à la descente d ’ un train. Le bruit de ses pas se confond avec les battements de mon cœur. Ce sont eux qui m ’ ont tirée du sommeil. Depuis que mon père est mort, je rêve qu ’ i l vient à ma rencontre. Fanny Ardant, 4 août Dans cette interview, l ’ a ctrice française dit aussi « Je n ’ ai pas vu le coup de boule de Zidane, mais j ’ entendais les bruits de la rue. Comme je travaillais sur l ’ Antiquité, ils se confondaient avec la vox populi qui monte du Colisée. Grâce au foot, j ’ ai enfin compris cette phrase si courante dans les romans : Elle ouvrit sa fenêtre et elle entendit la clameur de la ville. » Olivier Séguret analyse le travail du son dans le documentaire « Zidane, un portrait du XXe siècle » de Douglas Gordon et Philippe Parreno : « …le son invente des thèmes imprévus. Son brutal des clameurs du stade, lâché en foudres fracassantes ; son intime du corps-Zidane, de ses spasmes, ses râles, ses morves, ses souffles, ses crachats ; son lourd, sourd et craquant de la pelouse mâchée par les crampons ; sons parasites, diffractés, sans source identifiable, puisés dans les multiples poursuites créées par cet espace-temps clos sur lui-même ( commentaires télé, insultes et hourras des spectateurs, chocs du ballon, sifflets… ) . Dernier son et pas le moindre, le rock ferme et distancié de Mogwai, qui vient émettre son onde consonante à intervalles réguliers. » Zidane à l ’ épreuve du son, in Libération, 23 mai 2006 Mogwai. Zidane, a 21th century portrait. Même si leur musique s ’ est adoucie, le groupe a un penchant à générer des explosions sonores. Deux techniciens du son en témoignent : «Ils arrivent en se vantant d ’ avoir joué à 120 dB à Londres. Mais, ici, ça n ’ est pas possible légalement de dépasser 103 et ils se plaignent. De toute façon il y a un limiteur et au-delà de 105, ça va couper automatiquement. Mais 120 dB, c ’ est inhumain. À la longue, tu ne peux pas t ’ en sortir sans séquelles. Au pire, c ’ est un concept ». Libération, 13 avril 2006

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Un pur moment de bonheur ? « Le bruit de la première porte qui claque. J ’ ai eu le privilège d ’ entendre ce claquement. Qu ’ o n y songe, personne n ’ avait conçu, pensé, une porte. C ’ était la première. La première fois de la première porte. Avant Platon, avant Wittgenstein, avant Woody Allen, avant Lapeyre, avant Jacob et Delafond, avant Maillot, La Chapelle ou Vanves avant les murs même. J’ é tais là. J ’ ai entendu. Et j ’ ai vu le sourire modeste et fier de Georges Porte qui contemplait son œuvre. Un pur moment de bonheur. » Le dessinateur . Claude Ponti, 27 juillet Claude Ponti, L ’ écoute aux portes. Pierre Henry. Variations pour une porte et un soupir . Praline Gay-Para et Rémi Saillard. Le pou et la puce. ( « Tu ne sais donc pas ? Le pou est tombé sur la cuisinière, il s ’ est brûlé le derrière. La puce pleure : bou bou bou ! ,et moi je claque : clac clac clac ! . Puisque c ’ est çà, moi je vais grincer : iiiiiiiiiiiiiiiiii ! » ) . Éteignez les klaxons. Tous les véhicules motorisés seront désormais équipés d ’ un avertisseur « ding-ding » du type sonnette de vélo. L ’ usage du klaxon est réservé aux cas d ’ urgence…ça paraît absurde mais les autobus sont déjà équipés de ce système d ’ avertisseur. Bon, évidemment, le problème c ’ est que les automobilistes n ’ accepteront jamais. Ils diront qu ’ i l n ’ y a que les gens polis pour s ’ en servir. Et c ’ est vrai, on imagine mal un concert de « ding-ding » dans un embouteillage et encore moins un « ding-ding » suivi du traditionnel « dégage, pédé ! » Le réalisateur et scénariste Gilles Marchand. Qui a tué Bambi ; Ressources humaines ; Harry un ami qui vous veut du bien, 12 août György Ligeti. Le Grand macabre. (l’opéra débute par le prélude) aux klaxons Luc Ferrari. Music promenade. Georges Milton. Pouet pouet.

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« Celui qui parle ne sait pas. Celui qui sait ne parle pas. J ’ y pense constamment quand je suis interviewé. C ’ est une phrase qui m ’ a tourmenté toute la vie. » Le chanteur Alain Souchon, 6 août Alain Souchon, Poulailler’ s song. Un projet en suspens ? « Un jour, un homme m’ a dit : « Promettez-moi de vous taire pendant plusieurs jours ». C ’ était à la fin d ’ une conférence pleine de blagues et de connivence. Il avait raison. C ’ est trop facile d ’ avoir du brillant… Ce que je n’ a i jamais réussi, c ’ est de partir en retraite dans une abbaye. Il y a une part de l ’ expérience humaine qui ne s ’ expérimente que dans la solitude et le silence… On est trop évalué sur ce qu ’ on produit, et pas assez sur ce qu ’ on est. Je sais pertinemment que ça n’ a aucun sens de travailler autant. Pour accumuler quoi ? Faire plaisir à qui ? Je viens de relire les Elégies de Duino de Rilke. Elles sont issues d ’ un silence de plusieurs mois. » L ’ écrivain Marie Desplechin, 10 août Rainer Maria Rilke, Élégies de Duino.

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Cette sélection documentaire est une publication de La Bibliothèque, Ville de Saint - Herblain.

Rédaction : Étienne Labbé

© La Bibliothèque, janvier 2007

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médiathèque Hermeland Rue François Rabelais – BP 133 44817 – Saint-Herblain cedex Tél. 02 28 25 25 25 Fax 02 40 95 27 69 [email protected]

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