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Rwanda Kigali chiffres clés Superficie en milliers de km 2 : 26 • Population en milliers (2005) : 9 038 • PIB par habitant, valorisation dollars PPA (2005) : 1 594 • Espérance de vie (2000-2005) : 43.6 • Taux d’analphabétisme (2005) : 27.3 Perspectives économiques en Afrique 2005-2006 www.oecd.org/dev/publications/perspectivesafricaines

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Kigali

chiffres clés• Superficie en milliers de km2 : 26• Population en milliers (2005) : 9 038• PIB par habitant, valorisation

dollars PPA (2005) : 1 594• Espérance de vie (2000-2005) : 43.6• Taux d’analphabétisme (2005) : 27.3

Perspectives économiques en Afrique 2005-2006 www.oecd.org/dev/publications/perspectivesafricaines

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RwandaTous les tableaux et graphiques de cette section sont disponibles au format Excel à l'adresse :

http://dx.doi.org/10.1787/725283117541

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Onze ans après le génocide qui a ravagé le pays etentraîné la mort de près d’un million de personnes, leRwanda poursuit son programme de réformeséconomiques, structurelles et sociales. Plusieurs jalonsimportants ont été franchis. Après de mauvais résultatsen 2003, en raison de conditions météorologiquesdéfavorables, la croissance du PIB en volume s’estredressée à 4 pour cent en 2004 et devrait s’établir à4.2 pour cent en 2005. La transformation structurellede l’économie rwandaise, qui repose essentiellement surl’agriculture vivrière, progresse lentement, comme entémoigne la stagnation de la part des activitésmanufacturières dans le PIB. Le Rwanda demeure l’undes pays les plus pauvres du monde, tant sur le plan dela pauvreté monétaire que du développement humain.Faute d’une météorologie propice en 2003 et en 2004,la pauvreté monétaire n’a guère reculé, en particulier

dans les zones rurales. Divers indicateurs sociauxprogressent toutefois, sous l’effet pour l’essentield’interventions ciblées. A la suitede l’accord conclu en 2005 par le G8sur l’allégement multilatéral de ladette, la soutenabilité de la detteextérieure du Rwanda devraits’améliorer significativement.Néanmoins, la forte dépendance du pays vis-à-vis del’aide reste préoccupante. Par ailleurs, la quasi-stagnationdes exportations, la fréquence des coupures d’électricitéet le cours élevé du pétrole constituent autant deproblèmes susceptibles de compromettre ledéveloppement économique du Rwanda. Si des progrèssignificatifs ont été enregistrés en termes de réconciliationpolitique intérieure et extérieure, l’instabilité régionaleconstitue toujours une menace.

Si la reprise contribue au redressement des indicateurs sociaux, la pauvreté reste encore généralisée.

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Taux de croissance du PIB réel (en pourcentage) PIB par habitant (dollars PPA)

Figure 1 - Taux de croissance du PIB en volume et PIB par habitant(dollars PPA à prix courants)

Source : Données des autorités nationales et du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

Développements économiquesrécents

Après des performances économiquesparticulièrement médiocres en 2003, dues

essentiellement à une météorologie défavorable, le PIBen volume s’est redressé à 4 pour cent en 2004, contre0.9 pour cent en 2003, grâce à la vigueur des industriesmanufacturières, des transports, du BTP et descommunications. En 2004, la croissance agricole a une

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nouvelle fois été négative en termes réels, toujours enraison des aléas météorologiques. Ces derniers ontégalement grevé les récoltes au début de 2005, mais lesconditions se sont depuis améliorées et, selon lesestimations, la croissance du PIB en volume retrouveraitson niveau de 4 pour cent en 2005, avec une légèreaccélération en 2006 et 2007, à respectivement 4.2 et4.6 pour cent. Étant donné la contraction de laproduction agricole en termes réels enregistrée en 2004,la part de l’agriculture dans le PIB est retombée à35.3 pour cent alors que celles de l’industrie et desservices grimpaient à respectivement 14.2 et 27.8 pourcent1.

Plus de 90 pour cent des 8.6 millions deRwandais vivent de l’agriculture vivrière. Sur la basedes projections démographiques actuelles, lapopulation urbaine (environ 2 millions d’individus)devrait plus que doubler d’ici dix ans, tandis que lapopulation rurale (environ 7 millions) devrait reculerlentement. La croissance démographique etl’intensification de l’urbanisation continueront demenacer la sécurité alimentaire du Rwanda, qui s’estnéanmoins améliorée en 2004 et 2005 comparé à2003, en partie à la suite de l’initiative Nerica (nouveauriz pour l’Afrique). Ces nouvelles variétés ont permisde porter l’autosuffisance en riz du pays à 65 pourcent. En 2004, quelque 600 000 personnes ontconnu l’insécurité alimentaire à une période ou uneautre de l’année et ont eu recours à l’aide alimentaire,qui a représenté 30 000 tonnes.

La stratégie agricole du Rwanda vise à transformerle secteur et à relever le revenu des populations rurales.Pour y parvenir, les pouvoirs publics encouragent lesagriculteurs à utiliser des facteurs de production modernespour les cultures prioritaires. La persistance de rendementsfaibles indique cependant que les engrais restent largementsous-utilisés. La production des cultures vivrières (bananes,racines, tubercules) s’est en partie redressée en 2004. Lesperspectives à moyen terme sont positives. Les efforts desautorités rwandaises pour i) promouvoir l’utilisationde semences améliorées ; ii) relever la productivité ; etiii) étendre les superficies cultivées, commencent en effetlentement à porter leurs fruits.

En 2004, le secteur industriel a progressé de 5.5 pourcent en termes réels, principalement sous l’effet de lavigueur des activités manufacturières, qui ont augmentéde 6.3 pour cent. Les services ont affiché une croissancede 7.1 pour cent en 2004 grâce aux transports et auxcommunications (+11.6 pour cent), ainsi qu’à lafinance, l’assurance, l’immobilier et les services auxentreprises (+11 pour cent). En revanche, le tourismeet les services publics ont quasiment stagné.

L’accélération de la croissance de plusieurs de cessecteurs d’activité a stimulé celle de la consommationdes ménages en 2004 et 2005, mais l’investissementprivé ne progresse guère. La balance des bienséchangeables et des services non facteurs mesurée enprix constants s’est améliorée en 2004 – ce qui adynamisé la croissance – mais n’a guère évolué en

1. En raison de changements récents de méthodologie, il est impossible de ventiler précisément par secteur 22.7 pour cent du PIB.

Tableau 1 - Composantes de la demande (en pourcentage du PIB)

Source : Données des autorités nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Formation brute de capital 13.8 16.9 18.4 20.5 20.6 22.0 23.1Publique 8.3 4.9 5.6 8.5 8.9 10.1 10.6Privée 5.6 12.0 12.8 12.0 11.7 11.9 12.5

Consommation finale 104.1 100.0 100.8 97.6 99.2 98.2 96.8Publique 9.6 11.8 15.1 12.9 13.8 14.1 13.9Privée 94.5 88.1 85.7 84.7 85.3 84.1 83.0

Solde extérieur -17.9 -16.9 -19.3 -18.1 -19.8 -20.2 -19.9Exportations 7.8 7.7 8.3 10.3 9.3 9.4 9.3Importations -25.7 -24.5 -27.6 -28.4 -29.1 -29.6 -29.2

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2005, exerçant ce faisant un effet limité sur la demande.Dans le même temps, les autorités ont abandonné lapolitique budgétaire expansionniste menée en 2003 et2004 pour une attitude plus restrictive en 2005.

En comparaison avec l’année 2003, laconsommation globale s’est accrue de 2.5 pour cent

en termes réels en 2004, sous l’effet d’une viveaccélération de la consommation du secteur privé,tandis que la consommation publique s’est contractée,même en termes nominaux. Ainsi, la part de laconsommation dans le PIB est retombée à 97.6 pourcent en 2004 alors qu’elle était censée atteindre, selonles estimations, 99.2 pour cent en 2005 avant de

Agriculture

Mines Industries manufacturières

BTP Énergie

Services financiers et aux entreprises

Services publics

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Commerce de gros et de détail;hôtels et restaurants

Tourisme

Figure 2 - Ventilation sectorielle du PIB en 2004 (en pourcentage)

Source : Estimations des auteurs sur la base des données des autorités nationales.

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Agriculture

Mines

Industries manufacturières

Énergie

BTP

Transports et communications

Tourisme

Services financiers et aux entreprises

Services publics

Autres services

PIB aux coûts des facteurs

Commerce de gros et de détail;hôtels et restaurants

Figure 3 - Contributions à la croissance du PIB en 2004 (en pourcentage)

Source : Estimations des auteurs sur la base des données des autorités nationales.

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redescendre à nouveau. La part de l’investissementintérieur total est passée de 18.4 pour cent du PIBen 2003 à 20.5 pour cent en 2004, ce qui traduitune augmentation de plus de 50 pour cent del’investissement public, en partie annulée par unelégère contraction de l’investissement privé en termesréels. La part de l’investissement public dans le PIBdevrait progresser encore en 2005, tandis que cellede l’investissement privé devrait continuer de sereplier. Par conséquent, la composition des dépensess’est nettement orientée vers l’investissement privé etpublic et cette tendance devrait se poursuivre en2006 et 2007.

Politique macro-économique

Politique budgétaire

Les immenses besoins de développement du Rwandase reflètent dans l’excédent des dépenses publiques parrapport aux recettes. Ces dépenses sont en grande partiefinancées par d’importantes entrées d’aide, qui revêtentaujourd’hui essentiellement la forme de dons. Sur lapériode 2001-04, 39 pour cent du budget ordinairedu Rwanda et 78 pour cent de son budget dedéveloppement ont été financés par l’aide extérieure.

La part des dépenses publiques totales dans le PIB s’estaccrue, de 24.1 pour cent en 2003 à 26.1 pour centen 2004 ; elle devrait ressortir à 26.3 pour cent en2005. En 2004, l’augmentation s’explique par l’envoléedes dépenses de capital, qui sont passées à 8.5 pour centdu PIB, contre 5.6 pour cent en 2003, tandis que lesdépenses courantes ont reflué, de 18 pour cent en2003 à 15.9 pour cent en 2004. Pour 2005, lesestimations tablent sur une légère progression de cesdeux catégories de dépenses.

Parmi les dépenses courantes, la part de la défenseet de la sécurité a continué de reculer, depuis un pic à3.3 pour cent du PIB en 2001. Elle représentait 2.3pour cent du PIB en 2004 et devrait régresser légèrementen 2005. La part de la masse salariale dans le PIB s’estégalement contractée, de 4.9 pour cent en 2003 à 4.6pour cent en 2004 ; cette tendance devrait se poursuivreen 2005. Le repli des dépenses courantes en 2004 étaiten grande partie imputable aux fortes compressionsopérées dans les dépenses exceptionnelles (2.3 pour centdu PIB, contre 4.1 pour cent l’année précédente)2.

La part des recettes publiques totales (hors dons)dans le PIB est passée de 13.5 pour cent en 2003 à13.8 pour cent en 2004 et devait atteindre 14.6 pourcent en 2005. Cette augmentation a été soutenue par

Tableau 2 - Opérations financières de l’État (en pourcentage du PIB)

a. Seuls les principaux postes de recettes et de dépenses sont détaillés.Source : : Données des autorités nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Recettes totales (avec dons)a 17.2 19.4 21.6 25.9 25.7 25.9 25.0Recettes fiscales 9.8 11.5 12.7 12.8 12.9 13.0 13.2Dons 6.8 7.2 8.1 12.0 11.7 11.9 10.8

Dépenses totales (et prêts nets)a 19.6 21.3 24.1 26.1 26.3 27.1 27.1Dépenses courantes 11.5 16.3 18.0 15.9 17.2 16.9 16.4

Sans les intérêts 10.2 15.3 16.8 14.8 15.9 16.2 16.0Salaires 5.1 4.9 4.9 4.6 4.5 4.5 4.4Paiements d’intérêts 1.2 1.0 1.2 1.1 1.3 0.8 0.4

Dépenses en capital 8.3 4.9 5.6 8.5 8.9 10.1 10.6

Solde primaire -1.2 -0.9 -1.3 0.9 0.8 -0.4 -1.6Solde global -2.5 -1.9 -2.5 -0.2 -0.5 -1.1 -2.0

2. Le poste des dépenses exceptionnelles est apparu en 1998 pour couvrir l’aide aux victimes du génocide, la démobilisation et la réinsertion

des soldats, la réforme de la fonction publique, le soutien éducatif aux réfugiés revenant au Rwanda et la création d’institutions de gouvernance.

Ces dépenses exceptionnelles devraient, d’après les prévisions, être ramenées à environ 1 pour cent du PIB d’ici 2007.

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la hausse des recettes fiscales résultant d’un certainnombre de réformes, dont l’élargissement de l’assiettede la TVA, le relèvement de son taux (porté de 15 à18 pour cent en juillet 2002) et la réorganisation del’administration fiscale rwandaise. De surcroît, lesautorités intensifient le recouvrement systématique desarriérés et des dividendes des entreprises publiques,ainsi que des avances à d’autres entreprises.

Le déficit budgétaire (hors dons) s’estsignificativement creusé en 2004, à 12.2 pour centdu PIB, soit près de deux points de pourcentage de plusqu’en 2003. Il devait s’aggraver encore en 2005 et2006, avant de s’améliorer en 2007. En revanche, avecles dons, le déficit représentait seulement 0.2 pourcent du PIB en 2004 (en repli par rapport aux 2.3 pourcent de 2003) et 0.5 pour cent en 2005.

Politique monétaire

Depuis une dizaine d’années, le Rwanda s’est lancédans des réformes de grande envergure, en vued’accroître l’efficacité de sa politique monétaire. Il a,entre autres, assaini les finances de la BNR (Banquenationale du Rwanda), adopté une nouvelle loi relativeà la banque centrale et introduit des instrumentsindirects de politique monétaire. L’objectif premier dela politique monétaire est de réduire un taux d’inflationrelativement élevé en faisant preuve d’une certaineprudence. Néanmoins, les agrégats monétaires ontfortement gonflé en 2003 et 2004, car le financementdu déficit budgétaire par le secteur bancaire a été plusimportant que prévu et les crédits bancaires destinésaux entreprises publiques et aux projets d’investissementont été plus nombreux. Conjuguée à la baisse de laproduction agricole et à la flambée du pétrole,l’expansion de l’agrégat monétaire M2 (derespectivement 15.2 et 12.1 pour cent en 2003 et2004) s’est traduite par une poussée de l’inflation, à7.7 pour cent en 2003 et à 10.2 pour cent en 2004.Si M2 a continué de progresser vivement au début del’année, la BNR a engagé des mesures pour freinerl’inflation en diminuant l’excédent de réserves dusecteur bancaire et en encadrant la croissance du créditdans le secteur privé. Associées à une hausse de laproduction alimentaire, ces mesures devaient ramener

le taux d’inflation du Rwanda à environ 6 pour centfin 2005. La BNR cible un taux d’inflation inférieur,d’environ 4 pour cent, pour 2006 et 2007.

Depuis 1995, le Rwanda s’oriente vers des tauxd’intérêt et de change de plus en plus déterminés parle marché. Une séance hebdomadaire d’adjudication desdevises a été introduite en janvier 2001, au cours delaquelle la BNR propose un volume donné de devisessur la base d’un prix marginal et intervientponctuellement pour lisser les fluctuations excessives.Toutefois, la fragilité de certaines banques commercialeslimite leur participation aux marchés interbancaire,des titres et des changes. L’État a par conséquent prisdes mesures pour renforcer le secteur bancaire. Il aainsi cédé ses parts majoritaires dans la BCR (Banquecommerciale du Rwanda) et dans la Bacar (Banquecontinentale africaine du Rwanda), respectivement augroupe britannique Actis et au groupe bancaire kenyanFina. Depuis mai 2005, la BNR autorise les banquesà prêter en devises aux exportateurs. Les pouvoirspublics cherchent également à renforcer l’efficacité dela banque centrale et redoublent d’efforts pour que lesbanques commerciales respectent les règles prudentielles.Ainsi en mai 2005, le président d’une banque a étésuspendu de ses fonctions pour des infractions répétéesà la réglementation prudentielle. Si le niveau des réservesofficielles est tombé de l’équivalent de six moisd’importations en 2002 à cinq mois en 2003, sousl’effet de la hausse des importations et de la baisse desexportations liées à la sécheresse, ainsi que dudécaissement tardif de l’assistance budgétaire accordéepar divers bailleurs, il s’est lentement redressé en 2004pour atteindre près de six mois d’importations fin juin2005.

Position extérieure

Son régime commercial relativement ouvert exposele Rwanda aux variations considérables des prixmondiaux des importations et des exportations. Tiréesdans une large mesure par la flambée des cours dupétrole, les importations rwandaises (exprimées endollars) ont progressé de 4 pour cent en 2003, de12.5 pour cent en 2004 et devraient augmenter de33.3 pour cent en 2005, conséquence d’une

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dépendance accrue vis-à-vis de l’énergie thermique.Les importations de biens ont été portées à 14.9 pourcent du PIB en 2004 et devraient atteindre 15.8 pourcent en 2005. Dans le même temps, les exportations(exprimées en dollars) se sont contractées de 6.3 pourcent en 2003, avant de rebondir de plus de 50 pourcent en 2004. Pour 2005, leur croissance ne devraittoutefois pas dépasser 2.1 pour cent. La part desexportations dans le PIB est passée de 3.7 pour centen 2003 à 5.3 pour cent en 2004, avant de retomber,selon les estimations, à 5.1 pour cent en 2005. C’estpourquoi, si le déficit du compte courant asignificativement reculé de 2003 à 2004, on tablait surune hausse en 2005, à 22 pour cent du PIB horstransferts officiels et à 9 pour cent transferts compris.La situation ne devrait pas s’améliorer significativementdans les prochaines années. Le Rwanda a observé undoublement de ses entrées nettes d’IDE (investissementsdirects étrangers), passant de 1.5 pour cent de la FBCF(formation brute de capital fixe) en 2003 à 3 pourcent en 2004. Ces flux d’IDE restent toutefois parmiles plus faibles d’Afrique.

Les principales exportations du Rwanda sont lecafé, le thé et le coltan. Les cours mondiaux du caféont continué de grimper en 2004, induisant une haussede la production. Ainsi, le volume des exportations decafé, principale culture de rapport du Rwanda, aprogressé de plus de 80 pour cent entre 2003 et 2004.En outre, les caféiculteurs rwandais poursuivent leursefforts qualitatifs, afin d’obtenir des prix supérieurs. Ence qui concerne le thé, deuxième culture commercialedu pays, les volumes exportés ont diminué d’environ9 pour cent entre 2003 et 2004, car le prix du thérwandais n’a que légèrement augmenté en 2004, incitant

certains agriculteurs à s’orienter vers le café. Lesconditions météorologiques ont été globalementfavorables en 2005, mais le prix du thé et du café astagné, ce qui a découragé les exportateurs d’étendreleur production. On estime ainsi que les volumes decafé et de thé exportés restent globalement au niveaude ceux de 2004. A la suite du redressement des coursmondiaux du coltan en 2004, le Rwanda a réussi àdoubler ses exportations entre 2003 et 2004. Maiscompte tenu des coûts d’extraction plutôt élevés ducoltan rwandais, les perspectives à moyen terme sur lesmarchés mondiaux ne sont pas favorables.

Étant donné l’importance des exportations pourl’avenir économique du Rwanda, il est vital que le paysredouble d’efforts pour renforcer et mettre en œuvresa stratégie pour le commerce international. Initialementdéveloppée en 2004, cette stratégie fait actuellementl’objet d’un ajustement sur la base des résultats d’undiagnostic effectué pour les besoins du Cadre intégrépour l’assistance technique liée au commerce en faveurdes pays les moins avancés. Des démarches ont étéengagées pour la création d’une zone franched’exportation et des négociations sont en cours à proposde l’adhésion du Rwanda à la CAE (Communauté del’Afrique de l’Est) et à la SADC (Communauté dedéveloppement de l’Afrique australe).

En avril 2005, le Rwanda a atteint le pointd’achèvement dans le cadre de l’initiative PPTE (enfaveur des pays pauvres très endettés) renforcée. Autotal, l’ensemble des créanciers du Rwanda devraientconsentir un allégement de la dette estimé à 1.4 milliardde dollars en termes nominaux. Cette assistance équivautà une réduction de 695.5 millions de dollars VAN

Tableau 3 - Comptes courants (en pourcentage du PIB)

Source : Données des autorités nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Balance commerciale -10.0 -9.7 -10.7 -9.6 -10.7 -11.1 -10.8Exportations de biens (f.o.b.) 5.0 3.9 3.7 5.3 5.1 5.1 5.0Importations de biens (f.o.b.) -15.0 -13.6 -14.5 -14.9 -15.8 -16.2 -15.8

Services -8.8 -7.2 -8.5 -8.5Revenu des facteurs -1.8 -1.1 -1.8 -1.9Transferts courants 15.5 11.2 13.3 17.1

Solde des comptes courants -5.0 -6.7 -7.8 -2.9

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(valeur actualisée nette). Pendant les dix ans qui suiventl’atteinte du point d’achèvement, le Rwanda devraitéconomiser environ 48 millions de dollars par an encoût du service de la dette. Étant donné que près de90 pour cent de la dette extérieure du Rwanda sontdus à des créanciers multilatéraux, la récente annulationde l’intégralité de la dette due au FAD (Fonds africainde développement), à l’IDA (Association internationalede développement) et au FMI (Fonds monétaireinternational) améliorera significativement lasoutenabilité de la dette extérieure rwandaise.

Questions structurelles

Développements récents

Le Rwanda s’est attaqué au problème critique dela pérennité du développement rural. Une nouvelle loifoncière qui renforce les droits d’occupation des solset de propriété a été votée par le parlement mi-2005et est entrée en vigueur en novembre de la même année.Si elle est bien appliquée, cette loi permettra de définirles futurs régimes fonciers, ce qui est essentiel pour unclimat d’investissement plus propice au développement

agricole. Pour que la nouvelle loi produise le maximumd’avantages économiques, une formation spécifiquesera nécessaire dans certains domaines, comme lestransactions sur le marché, les hypothèques, les élémentsjuridiques de l’établissement et de l’enregistrement desactes de propriété, le règlement des différends et leplan d’occupation des sols. Afin que la stratégie dedéveloppement rural protège l’environnement, lesautorités rwandaises ont instauré le Rema (Officerwandais de gestion de l’environnement). Celui-ci estchargé de mettre en œuvre la politique nationale deprotection de l’environnement, en donnant la prioritéau développement d’un système d’information et aurenforcement des dispositifs institutionnels de gestionde l’environnement.

Soucieux d’accroître l’efficacité de toutes les agencesde services publics, le Rwanda poursuit la mise enœuvre de la réforme engagée en 2003. Cette stratégieprécise de vastes obligations fonctionnelles et constitueun cadre solide pour l’identification des besoins, labudgétisation, la gestion et l’évaluation des programmesde renforcement des capacités. Ce renforcement descapacités du secteur public fait partie intégrante de laréforme. Néanmoins, c’est le secteur privé qui est

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Figure 4 - Part de l’encours de la dette extérieure dans le RNBet ratio du service de la dette sur les exportations (en pourcentage)

Source : Banque mondiale et FMI.

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considéré comme le moteur de la croissance économiquedu Rwanda et les autorités s’attachent à instaurer unenvironnement propice à son développement. Parmiles mesures stratégiques engagées figurent la créationd’un « guichet unique » pour les investisseurs,l’optimisation du code de l’investissement, larestructuration du Capmer (Centre d’appui aux petiteset moyennes entreprises), la création d’un centred’arbitrage pour les différends commerciaux, d’unechambre de commerce et de trois tribunaux decommerce, ainsi que la rédaction d’une nouvelle loicomptable. Les pouvoirs publics sont en train de mettrela touche finale à une commission comptable nationaleet à une agence de réglementation de la profession.L’Agence rwandaise de régulation des services d’utilitépublique (RURA) et l’Office national de normalisationsont, quant à eux, pleinement opérationnels.

L’activité économique est considérablement entravéepar l’insuffisance des ressources humaines et certainsgoulets d’étranglement structurels, en particulier descoûts de transport élevés et des problèmesd’approvisionnement énergétique. Le rapport de laBanque mondiale La Pratique des affaires en 2006 : créerdes emplois classe le Rwanda à la 139e place sur les155 pays étudiés et à la 22e sur les 36 pays d’Afriquesubsaharienne considérés. Sur les dix domaines traitésdans ce rapport, les principaux problèmes querencontrent les entreprises au Rwanda et qui contribuentau mauvais classement de ce pays ont trait aux difficultésà obtenir des crédits, à effectuer des échangestransfrontaliers et à fermer les entreprises qui ont faitfaillite.

En 1996, le Rwanda a adopté une loi relative auxprivatisations et à l’investissement public, qui autorisel’État à liquider, restructurer et vendre tout ou partiedes entreprises publiques non performantes. Leprogramme de privatisation a commencé en 1998 avec90 entreprises. Fin octobre 2005, 53 d’entre ellesavaient été privatisées dont, dernière en date, l’opérateurde télécommunications RwandaTel ; sept étaientpratiquement vendues, sept autres avaient été liquidéeset 23 restaient à privatiser (dont la compagnie minièreRedemi, l’imprimeur et papetier Imprisco et la sociétéde transport Onatracom). Si les privatisations

concernent tous les secteurs d’activité, les efforts seconcentrent actuellement sur le tourisme. Dans cetteperspective, les hôtels auparavant détenus par l’Étatsont rénovés avant privatisation ou placés sous gestionprivée. C’est le cas notamment des hôtels Diplomate(aujourd’hui hôtel Intercontinental), Izuba (hôtel KivuSun) et Akagera.

La stratégie de modernisation des infrastructures estprincipalement axée sur l’eau, l’énergie et les transports.Le gouvernement lance actuellement des projetsspécifiques pour développer l’approvisionnement en eausalubre des zones urbaines. L’objectif consiste à renforcerl’approvisionnement et l’accès à ce service public vital.Parmi les avancées récentes, on note un projet de loisur la protection des réserves hydriques et l’instaurationd’un SIG (système d’information géographique) pource secteur. Le réseau d’adduction d’eau nécessiteraencore d’importants travaux d’amélioration et de remiseen état si l’on veut qu’il porte le taux d’accès à l’eaupotable de près de 60 pour cent actuellement à 85pour cent en 2015, conformément à l’objectif à longterme des pouvoirs publics. Les autorités rwandaises ontcommencé à conclure des contrats avec des entreprisesprivées en vue d’assurer la pérennité des systèmesd’adduction d’eau en milieu rural tout en renforçantla décentralisation de la gestion des sources hydriques.D’ici 2007, le programme UWSS (adduction d’eau etassainissement en zone urbaine) devrait porter lacouverture de 73 à 78 pour cent et ramener les fuitesde 43 à 23 pour cent. Un autre programme, visant àsensibiliser aux problèmes d’assainissement et d’hygiènedans les écoles et dans les foyers, a également été lancé.

Dans le secteur de l’énergie, la flambée des prix dupétrole a aggravé la pénurie chronique d’électricité en2004 et 2005. Les autorités rwandaises ont pris desmesures pour améliorer l’électrification des zones ruralesen construisant des micro-centrales et/ou en étendantle réseau de distribution, grâce notamment à l’énergiesolaire. La solution à long terme à cette pénurie chroniqueconsiste à accroître la production d’électricité et àexploiter des sources d’énergie nouvelles et renouvelables.Dans le même temps, à court et moyen termes, leRwanda est contraint d’importer de l’énergie et ducarburant à des prix élevés. Même si la crise énergétique

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actuelle a été en partie résolue par l’acquisition degroupes électrogènes en 2004, l’achat et le stockage ducarburant permettant de les faire fonctionner continuerad’avoir des conséquences pour l’avenir. Le coût del’électricité devrait également augmenter, ce qui influerasur la politique d’électrification des zones rurales. Lesautorités envisagent de subventionner un tarif minimalpour les petits consommateurs. L’énergie du boisreprésente environ 94 pour cent des sources énergétiquesdu Rwanda. Il s’agit de la ressource la plus accessible pourla majorité de la population, dont le pouvoir d’achat restetrès faible. Les négociations avec des entreprises privéessur l’extraction de méthane en sont à leur stade final etla production d’électricité et de produits gaziers connexesdevrait débuter en 2006. En mars 2005, l’État a forméune co-entreprise avec un consortium étranger pourexploiter les immenses réserves de méthane du lac Kivu.

Infrastructures des transports

L’enclavement et le relief très accidenté du Rwandarendent le développement des infrastructures destransports plus difficile que dans la plupart des autrespays africains, tant pour les liaisons intérieuresqu’internationales, en particulier depuis que la guerreet le génocide de 1994 ont fortement dégradé lesinstallations. Des quatre modes de transport (route, rail,air et eau), c’est de la route dont dépend le plus leRwanda. Le transport ferroviaire est inexistant, tandisque les voies navigables et le transport aérien sontmarginalement utilisés. Depuis une dizaine d’années,le Rwanda engage des réformes et réalise desinvestissements de grande envergure qui jettent desfondations solides pour l’optimisation de sesinfrastructures des transports. Principalement financéspar les bailleurs, la construction et l’entretien des routesaméliorent la fourniture de services au niveau nationalet l’accès aux marchés intérieurs.

Le réseau routier du Rwanda compte 14 000kilomètres de routes, qu’empruntent quelque 34 500véhicules pour une moyenne de 2.5 voitures parkilomètre et une densité routière moyenne de1.7 kilomètre pour 1 000 habitants. Si seulement19 pour cent du réseau classé sont revêtus, le transportroutier représente 90 pour cent de l’ensemble du

système de transports du pays. Bien qu’il existe unréseau sommaire de routes, reliant en particulier Kigalià d’autres grandes villes, d’importantes lacunes persistentdans les campagnes, qui freinent le développementagricole. Deux axes routiers relient le Rwanda au restedu monde : le corridor nord et le corridor central. Lepremier relie le pays au port de Mombasa (Kenya) vial’Ouganda sur une distance de 1 800 kilomètres. Lesecond relie le Rwanda au port de Dar-es-Salaam(Tanzanie) sur une distance de 1 400 kilomètres. L’étatde ces deux axes s’est dégradé ces dernières années fauted’un entretien adapté au volume croissant de trafic, cequi renchérit les coûts du transport, déjà élevés. L’intérêtdes autorités nationales pour le corridor central s’estrécemment renforcé à la suite de l’amélioration desservices offerts dans le port de Dar-es-Salaam. LeRwanda projette de créer un terminal pour conteneursà la jonction ferroviaire d’Isaka en Tanzanie, à450 kilomètres de Kigali. A long terme, l’accès à lacôte tanzanienne devrait être moins coûteux, grâce auprolongement de la liaison ferroviaire.

Le transport aérien joue un rôle double au Rwanda :il accélère l’intégration économique sur les marchésrégionaux et mondiaux et promeut le tourisme. Sesinfrastructures se composent d’un aéroport internationalqui dessert la capitale, Kigali, et de cinq terrainsd’aviation, dont trois sont pleinement opérationnels.L’aéroport international de Kigali a une capacité annuellede 500 000 passagers mais n’en accueille actuellementque 140 000 en moyenne. Il est desservi par cinqcompagnies internationales et un transporteur national.En raison de la faiblesse de la concurrence et de la taillerestreinte du marché, le coût du transport aérien auRwanda est supérieur à la moyenne internationale.Soucieux d’améliorer son secteur aérien, le Rwandavient d’achever la remise en état de l’aéroport de Kigali :pose d’un nouveau revêtement et prolongement de lapiste, création d’une nouvelle voie de circulation,renforcement de la capacité de parking des appareils,nouvelles aides à la navigation, équipements anti-incendieet nouveau système d’éclairage. Il prévoit également derénover l’aéroport de Kamembe, dans le sud-ouest dupays, pour en faire le second aéroport international duRwanda. Les plans d’aménagement de la ville de Kigali,en pleine expansion, prévoient sur le long terme la

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construction d’un autre aéroport, plus important, àBugesera, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale.

Le Rwanda compte plusieurs lacs et fleuves, maisseul le lac Kivu est entièrement navigable, tant pour letransport des personnes que des marchandises. Il s’étendsur 120 kilomètres et dessert trois villes : Gisenyi aunord, Kibuye au centre et Cyangungu au sud. Avecl’amélioration des conditions de sécurité et les promessesde paix en RDC (République démocratique du Congo),le transport sur le lac Kivu a suscité un certain intérêt,ce qui a conduit les autorités à lancer un programmede promotion et d’encouragement des investissementsprivés. Ce projet se heurte toutefois à l’absence d’atelier

pour l’entretien et la réparation des bateaux, desremorqueurs et des barges. Une étude préalable sur laviabilité économique de cet investissement seraindispensable pour pouvoir exploiter tout le potentieldu transport sur le lac Kivu.

L’État est propriétaire de l’ensemble desinfrastructures des transports du pays, y compris lesaéroports et terrains d’aviation. Cependant, la politiquede décentralisation a confié aux autorités locales laresponsabilité du développement et de la maintenancedes routes locales non revêtues et des routes communales.Par ailleurs, les routes inter-provinciales et urbaines sontgérées par des entreprises privées via un fonds d’entretien

Rwanda : le projet de développement local à haute intensité de main-d’œuvre (PDL-HIMO)

En novembre 2003, le président du Rwanda a lancé un nouveau programme dont l’objectif était decontribuer à la lutte contre la pauvreté en réalisant des investissements rémunérateurs à forte intensité demain-d’œuvre reposant sur les ressources locales. L’approche HIMO i) crée des emplois en cherchant à réduirele chômage endémique ; ii) construit les infrastructures dont le développement rural a un besoin urgent ;iii) protège et préserve l’environnement ; iv) permet la démobilisation et la réinsertion des soldats ; et v) relève le revenu et le pouvoir d’achat des habitants des zones rurales. Cette approche semble un moyensûr de stimuler la demande de biens et de services non agricoles, demande qui peut induire l’apparition d’activitésnon agricoles et la création d’activités non primaires dans les zones rurales.

Les initiatives HIMO sont également conçues pour accroître le revenu des femmes, des jeunes et despauvres et pour favoriser l’épargne et la capacité d’investissement dans les zones rurales. Par conséquent,toutes ces activités sont complétées par d’importants programmes de formation et d’épargne. Les économiesaccumulées par les participants à un projet HIMO peuvent alors servir de capital de démarrage pour desinvestissements rémunérateurs une fois ce projet achevé. Le programme HIMO, d’une durée de cinq ans,devrait créer quelque 322 000 emplois directs et 564 000 emplois induits sur la période couverte. Le salairetype des participants à l’un de ces projets se monte à 400 francs rwandais (soit environ 0.80 dollar) par jour.Selon les prévisions, le coût total du programme PDL-HIMO se chiffre à environ 220 millions de dollars,dont 90 pour cent doivent provenir de bailleurs par le biais du CDF (Fonds commun de développement)du Rwanda.

Concernant les infrastructures des transports, HIMO a plusieurs objectifs : construction de ponts ; remiseen état, modernisation et entretien des routes rurales ; et revêtement de la chaussée dans les quartiersdéfavorisés des villes et des banlieues. Le premier projet d’infrastructure HIMO a consisté à venir en aide àMudasomwa, l’un des districts les plus pauvres du pays, en réhabilitant une piste rurale de 12.5 kilomètresreliant trois centres ruraux (Gasarenda, Mushishito et Gakoma). Les travaux ont débuté le 26 novembre2004 et se sont achevés le 14 octobre 2005. Le projet a fait appel à quelque 600 ouvriers, pour un coût totald’environ 120 000 dollars (61 millions de francs rwandais).

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des routes financé par les taxes d’immatriculation desvéhicules, les taxes sur le carburant et les amendes surles dépassements des limites de charge par essieu. Uneagence d’entretien des routes a été créée et devrait entreren service en 2006. La politique des transports duRwanda incombe au ministère des Infrastructures, quia deux missions : i) renforcer l’intégration du pays dansl’économie régionale ; et ii) améliorer la disponibilitéet la qualité des infrastructures locales des transports.Ce ministère a lancé de nombreuses initiatives,notamment dans le but de trouver une solution decomplément au transport routier, largement dominant.Le Rwanda joue un rôle actif dans les programmesrégionaux du Nepad (Nouveau partenariat pour ledéveloppement de l’Afrique), qui donne un cadre à sastratégie d’intégration régionale. Même si la stratégierelative au transport routier met l’accent sur laconservation des routes existantes, le réseau rwandaisactuel a besoin d’être étendu. A cet égard, diverses étudestechniques se sont penchées sur la construction denouvelles routes. Parallèlement, le processus dedécentralisation doit prévoir des financements adéquatspour la construction et l’entretien des routes de desserteet des routes communales.

En comparaison avec la situation observée fin 1994,le Rwanda a réalisé des progrès remarquables grâce àla générosité de ses partenaires au développement. Il anéanmoins commencé à chercher d’autres sources definancement pour ses investissements d’infrastructuresà moyen et long termes. Il a ainsi mis en place desdispositifs de promotion et d’encouragement desinvestissements privés, ainsi qu’une initiative ingénieuse,le PDL-HIMO (Projet de développement local à hauteintensité de main-d’œuvre ; voir encadré). Ce derniera pour but la construction de routes communales et deponts. Mais c’est à l’État central qu’il appartient aumoins de coordonner le développement desinfrastructures des transports.

Contexte politique et social

Le Rwanda est un pays relativement sûr au seind’une région mouvementée, qui doit constammenttrouver un équilibre entre son besoin de sécurité

intérieure et extérieure et la démocratisation et ladécentralisation indispensables à son développementdurable. Au niveau régional, la paix progresse depuisla signature en août 2004 d’un accord entre l’Ouganda,la RDC et le Rwanda, dans le but de pacifier la régionen désarmant tous les groupes armés opérant dans cestrois pays. Le 20 novembre 2004, les dirigeants deonze pays des Grands Lacs ont également signé untexte de portée plus large, la déclaration de Dar-es-Salaam. Soutenue par les Nations unies, cette déclarationdélimite un cadre pour la paix dans cette région. Lamilice rwandaise Interahamwe (« ceux qui combattentensemble »), qui agissait en RDC et qui est accuséed’avoir participé au génocide de 1994, reste activemalgré l’accord de désarmement. Le renforcement dela stabilité dans la région des Grands Lacs seraindispensable pour que le Rwanda réalise pleinementson potentiel de développement.

Le Rwanda a bien avancé dans l’ouverture de la viepublique aux citoyens. Des mesures et des institutionsfavorisant cette évolution ont été instaurées, avecnotamment une politique de décentralisation etl’adoption d’une nouvelle constitution en mai 2003.Le scrutin présidentiel et les premières électionslégislatives multipartites qui ont suivi ont vu la victoiredu président Kagame et un taux record de 49 pour centde sièges parlementaires remportés par des femmes.Avant l’adoption de la nouvelle constitution et dans unsouci d’apaisement et de réconciliation nationale, lesautorités ont remis en liberté environ 25 200 détenusqui, pour la plupart, avaient reconnu leur participationau génocide. En 2005, 30 000 autres personnes quiavaient avoué avoir joué un rôle dans le génocide ontégalement été relâchées, au moment où le systèmetransitoire de tribunaux populaires, appelés Gacaca,était étendu au territoire national après deux années deprojets pilotes.

Même si des femmes ont été élues à des postes deresponsabilités, les inégalités entre les sexes restentimportantes, en particulier dans les zones rurales. LeRapport mondial sur le développement humain 2005 duPnud (Programme des Nations unies pour ledéveloppement) classe le Rwanda à la 122e place sur140 pays pour l’ISDH (indicateur sexospécifique du

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développement humain). Les revenus professionnels desfemmes équivalent à 62 pour cent de ceux des hommes.Les autorités œuvrent activement pour l’égalité entreles sexes et l’émancipation des femmes. Un ministèredu Genre et de la promotion de la femme a ainsi étécréé, qui est chargé de mener la lutte contre les inégalitésentre les sexes dans tous les secteurs. De plus, desconseils nationaux de femmes dotés d’antennes localesont récemment été constitués. Une loi sur les régimessuccessoraux et matrimoniaux est venue renforcer lesdroits de propriété foncière des femmes. En marge dela ratification de la Convention internationale surl’élimination de toutes les formes de discrimination àl’égard des femmes, des campagnes de sensibilisationaux questions d’égalité entre hommes et femmes ontété organisées à travers tout le pays. Une politiquenationale pour l’égalité entre les sexes a fait del’émancipation et de l’intégration des femmes unimpératif constitutionnel. De nombreuses institutionsdu secteur public ont commencé à repenser leurorganisation, leurs pratiques et leur gestion des ressourceshumaines pour se mettre en conformité avec lesdispositions de la constitution relatives à l’égalitéhommes/femmes.

Le Rwanda participe activement aux programmesdu Nepad et, avec le Ghana, est l’un des deux premierspays à se soumettre à un examen externe dans le cadredu mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Unprojet de rapport étayant cet examen a été présentélors de la réunion du Forum des chefs d’État et degouvernement à Abuja (Nigeria) en juin 2005. L’examenproprement dit devait être engagé en janvier 2006.Tout au long de l’année 2005, le gouvernement n’acessé d’encourager les fonctionnaires à s’acquitter de leurobligation de rendre compte, tout en lançant desinitiatives budgétaires expérimentales visant à comprimerles dépenses publiques. Ainsi, une nouvelle dispositiona été adoptée début 2005 pour supprimer l’intégralitédu parc automobile de l’administration publique.Plusieurs services publics ont également été externalisésà des entreprises privées. La politique de décentralisation,elle aussi révisée en 2005, a ramené le nombre deprovinces de 12 à 5 et celui des districts de 106 à 30.Les sous-districts, qui forment le point d’ancrage dudéveloppement local, sont passés de plus de

1 000 à environ 400. Toutes ces mesures sont censéesaméliorer la responsabilité budgétaire et libérer desressources pour le développement économique. Ladécentralisation budgétaire au bénéfice des autoritéslocales s’est néanmoins révélée relativement décevante.L’objectif d’affectation de 10 pour cent du revenuintérieur net au CDF (Common Development Fund),qui constitue l’une des principales sources de revenudes autorités locales, est loin d’être atteint.

Achevé en juin 2002 après d’intenses consultationsavec la société civile, le premier DSRP (document destratégie pour la réduction de la pauvreté) du Rwandarepose sur six piliers stratégiques : i) développementrural et transformation agricole ; ii) développementhumain ; iii) infrastructures économiques ; iv) bonnegouvernance ; v) développement du secteur privé ; etvi) renforcement des capacités institutionnelles. Al’avenir, il importera de renforcer le suivi et lacommunication des avancées au sein des différentssecteurs et d’améliorer les analyses reposant sur desfaits afin d’établir un ordre de priorité entre les objectifsde développement. Une analyse détaillée des progrèsdans la lutte contre la pauvreté menée en consultationavec d’autres partenaires sera en effet nécessaire pourétayer le nouveau DSRP, dont la formulation en est àla phase finale. La pauvreté reste néanmoins généraliséeau Rwanda, même si l’enquête en cours sur lesconditions de vie des ménages devrait révéler certainesaméliorations par rapport aux dernières donnéesnationales en date, remontant à 2000. Le Rapportmondial sur le développement humain 2005 du Pnudclasse le Rwanda 159e sur 177 pays en termes dedéveloppement humain, même si l’IDH (indicateur dudéveloppement humain) du pays s’est considérablementamélioré, passant de 0.34 en 1995 à 0.45 en 2003.

Malgré les efforts significatifs déployés, avec lesoutien des bailleurs, pour développer les services auxmalades dans tout le pays, le Rwanda continue de payerun lourd tribut au VIH/Sida. Fin 2004, quelque 48centres spécialisés proposaient des conseils et undépistage volontaire (CDV) et 59 autres un programmePTME (prévention de la transmission mère-enfant), soitune augmentation d’environ 20 pour cent depuis fin2003, le nombre de centres CDV devant être porté à

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180 fin 2005. Selon les chiffres de l’Onusida(Programme conjoint des Nations unies sur le VIH/Sida)pour décembre 2005, l’épidémie semble s’être stabiliséeau Rwanda au niveau agrégé national (avec un tauxofficiel de prévalence du VIH pour les adultes de5.1 pour cent), mais des tendances locales divergentessont visibles. Ainsi, la prévalence du VIH chez lesfemmes enceintes augmente par endroits, reste stabledans d’autres et recule dans quelques-uns (comme àGikondo, une banlieue de Kigali). Dans l’ensemble, elleest plus de deux fois plus élevée dans les zones urbaines(prévalence médiane de 6.4 pour cent en 2003) quedans les zones rurales (2.8 pour cent), Kigali étant deloin la région la plus affectée malgré une baisse destaux d’infection sur 1998-2003 chez les femmesenceintes de moins de 35 ans. Le prix des traitementsanti rétroviraux ne cesse de baisser et le nombred’individus qui en bénéficient a grimpé de 8 700 en2004 à plus de 13 200 en juin 2005 et à 17 500 à lafin de cette même année. Des signes de progrès sontévidents, comme en attestent les résultats préliminairesd’une enquête démographique et sanitaire (DHS+)communiqués en novembre 2005 : le taux deprévalence national chez les adultes, en baisse, serait de3 pour cent.

Un certain nombre d’indicateurs sociaux témoignentd’améliorations, notamment dans l’éducation et lasanté. Bien que les indicateurs sanitaires aientbrutalement chuté au début des années 1990, desprogrès considérables sont réalisés depuis 1995, mêmesi certains indicateurs n’ont toujours pas retrouvé leurniveau de 1990. A titre d’exemple, le taux de mortalitédes enfants de moins de 5 ans était de 141 pour 1 000naissances vivantes en 1990 ; il a grimpé à 219 durantle génocide, pour s’établir à 196 en 2000. A la mi-2005, ce taux était retombé à 152. Après le redémarragede la campagne de vaccination en 1995, le taux decouverture était voisin de 70 pour cent en 1997 ;faute de supervision et de suivi, il était redescendu endeçà de 50 pour cent en 1999. Face à la soudainerecrudescence des cas de rougeole, l’organisation d’unenouvelle campagne de vaccination et l’amélioration dusuivi ont permis d’atteindre des taux de couverture de87 pour cent en 2004-05. La couverture vaccinaleDCT (diphtérie, coqueluche et tétanos) s’améliore

depuis quelques années, avec un taux proche de 93 pourcent en 2004. Grâce au PEV (programme élargi devaccination), le taux de couverture du vaccin DCTdevait atteindre 97 pour cent en 2005. Le paludismereste néanmoins la principale cause de mortalitéinfantile, suivi des infections respiratoires aiguës et desmaladies diarrhéiques. La malnutrition et les carencesen micro-nutriments demeurent également trèspréoccupantes au Rwanda, en dépit du recul de lamalnutrition aiguë, dont le taux chez les enfants demoins de cinq ans est tombé de 29 pour cent en 1990à environ 24 pour cent en 2000, avant d’enregistrerune amélioration régulière pour s’établir à 19.2 pourcent à la mi-2005.

Sur le front de l’enseignement, le pays progressesensiblement : le taux net de scolarisation en primaireest passé de 73.3 pour cent en 2001 à 74.5 pour centen 2002, 80 pour cent en 2003, 84 pour cent en2004 et 93.3 pour cent en 2005 ; le nombre d’écolesprimaires a été porté de 2 143 en 2001 à 2 191 en2004. Dans le secondaire, les taux de scolarisation sontégalement en hausse et les taux de passage entre leprimaire et le secondaire sont encourageants : 43 pourcent en 2002, 54 pour cent en 2003, 57 pour cent en2004 et 60 pour cent en 2005 (établissements publicset privés confondus). Si, dans le primaire, la paritéfilles/garçons est atteinte, la proportion de filles estlégèrement moindre dans le secondaire (48 pour cent).La qualité médiocre de l’enseignement dispensé dansles établissements du primaire et du secondaire s’expliquepar la pénurie d’enseignants qualifiés, la lourdeur desprogrammes et le manque de supports pédagogiquesappropriés. Bien que la proportion d’instituteursqualifiés soit passée de 81 pour cent en 2002 à 85 pourcent en 2003 et 87 pour cent en 2004, le manquepersistant d’enseignants compétents se traduit par desclasses aux effectifs pléthoriques et un système d’écolealternée. Ces problèmes de qualité transparaissent dansles écarts notables entre les taux d’inscription, defréquentation et d’achèvement. En 2003, les tauxd’abandon et de redoublement atteignaientrespectivement 14.2 et 32 pour cent, avant de tomberà 19 pour cent en 2005. Le ministère de l’Éducationa pris deux grandes mesures en 2003 : il a supprimétous les frais de scolarité dans le primaire et finalisé son

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plan stratégique sectoriel 2003-08. Ce plan dedéveloppement tourné vers l’avenir vise à rendre lapolitique éducative opérationnelle.

Dans l’enseignement supérieur, les principalesévolutions récentes sont l’adoption d’une nouvelle loiportant organisation de l’enseignement supérieur auRwanda et la création de l’Afer (Agence de financementdes étudiants du Rwanda). Ces mesures devraientaméliorer la gouvernance dans l’enseignement supérieurtout en encourageant la participation du secteur privéet en élargissant l’accès aux étudiants de milieux

défavorisés. En complément des six établissementspublics, cinq établissements privés ont ouvert leursportes depuis 2003, portant le nombre d’établissementsprivés à neuf. La plupart des CFJ (centres de formationdes jeunes) pour la formation professionnelle nedisposent pas d’un financement adéquat et ont besoind’être remis en état. La stratégie à long terme pourl’éducation a défini une grande priorité : chaqueprovince doit avoir une école technique bien équipéeet dotée d’un personnel suffisant, et chaque district aumoins un centre de formation professionnelle.