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ROMAN

2026 Le jour où l e footbal l e s t devenu améri ca in…

CHRISTIAN JEANPIERRE Ceci est un roman qui parle de foot, donc de passion. Il n’échappe pas aux principes qui les régissent : on y trouve du vrai, du faux et… du possible. Une certitude toutefois : les personnages – autres que les stars qui y sont citées – sont de pure fiction, comme l’intrigue.

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« Si le football est un moment de bonheur entre deux moments de souffrance,

ce roman remplit parfaitement sa mission en vous faisant vivre les moments intenses

d’une aventure incroyable »

Arsène Wenger

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CHAPITRE 1 : DERNIERE CHANCE ! - Tu es nul ! - Dégage ! - Foutez-le dehors ! Le public de l’University Stadium hurle. Tom vient de rater un touchdown immanquable dans la « end zone » de la Rodriguez high school. Le nez planté dans un gazon synthétique irritant, et sans odeur, il devine que la suite ne sent pas bon .... C’est un vendredi soir pas tout à fait comme les autres. Une soirée, qui peut vous propulser au paradis, ou vous envoyer dans le monde des ténèbres. Quelles seront les stars de demain ? Qui sera capable dans quelque temps de jouer dans le prestigieux championnat universitaire ? Un coup de sifflet strident retentit, c’est la fin du match, mais aussi le gong final d’une carrière qui n’a jamais commencé. Dans un vestiaire puant l’huile de camphre, le coach égraine par ordre alphabétique les prénoms des joueurs conservés au sein de l’effectif espoir. Ceux qui, dans deux ou trois ans, feront partie du grand cirque du championnat universitaire : Byron, John, Manu, Phil, Rick, Scott... Ulises, Vance… Tom blêmit et cherche son coach du regard : A-t-il pu oublier la lettre T ? - T’es pas fait pour être pro Tom, désolé on ne te garde pas ! La guillotine du haut niveau vient de s’abattre et de lui couper la tête. Cette sanction est une véritable petite mort :

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En une fraction de seconde, Tom vient de voir son rêve s’évanouir. Malgré une pointe de vitesse stratosphérique, il n’est pas sélectionné. Trop léger, pas assez physique ! La décision est humiliante, mais la première question n’est pas de savoir comment s’en remettre mais de savoir comment le lui dire ? Comment lui faire avaler la pilule ? Comment annoncer à son père qui attend sous la tribune principale qu’il ne sera jamais pro en NFL ? Comme un zombie, Tom remballe ses crampons, ses épaulettes de protection, et range son casque blanc dans son sac de sport. Le regard vide, il n’ose imaginer la suite : Parcourir les 10 mètres du couloir qui mène vers l´extérieur est pire qu’une tentative d’ascension de l’Everest par la face sud : sortir, ouvrir la porte des vestiaires, affronter le regard de Harry, son père... Comment faire ? Comment lui annoncer la fin brutale de son rêve américain ? Harry est un ancien joueur de deuxième zone, une véritable brute épaisse. Il n’a jamais vraiment brillé dans l’équipe de l’Arizona, et souffre de problèmes psychologiques. Mais avec des bras épais comme des cuisses, il en impose encore. Comme de nombreux anciens pros, il n’a qu’une idée en tête, voir son fils au sommet de la gloire et leur nom de famille inscrit au Hall of Fame du foot américain : FENWICK, en lettres majuscules, sur la façade du bâtiment légendaire situé à Canton dans l’Ohio. Outre la gloire, l’enjeu est de taille, aux USA. Faire partie d’un squad de 53 joueurs, c’est l’assurance d’avoir un contrat au minimum de 600 000 dollars par an, et de bénéficier d’une couverture médicale, si utile quand on pratique ce sport ! - Alors ? dit le père,

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- Alors… c’est mort papa, il ne me garde pas ! Le regard d’Harry se décompose. Les graves séquelles neurologiques depuis l’arrêt de sa carrière font craindre le pire. - Où est ton coach ? Tom ne répond pas. - Où est ton coach ? Tom ! Je vais lui parler Tom redoute cet instant, il connaît la violence inouïe de son père, surtout quand il a bu, ses crises de démence. Harry rentre dans les vestiaires et déglingue tout : les armoires, les portes, les bouteilles d’eau, le paper board, en moins de 2 minutes, tout vole en éclats... - Calmez-vous Harry ! Pat, le coach de Tom surgit au plus mauvais moment. - Calmez- vous ! En guise de réponse, le responsable du recrutement prend une droite terrible qui l’envoie au tapis ! - Si tu ne reprends pas mon fils pour le test de demain, je te tue ! Le coach, le visage ensanglanté, se relève, ne se dégonfle pas, et vient coller son visage à quelques centimètres de celui d’Harry, comme dans les westerns de Sergio Leone : - Harry, ton fils a des épaules de serpent. En défense, il est pire qu’une porte de saloon, il n’a absolument aucune chance de percer. Que ça te plaise ou non ! Le monde rêvé d’Harry s’écroule. Le regard brisé, le colosse de l’Arizona pleure comme un bébé. Un père a, paraît-il, deux vies : la sienne, et celle de son fils. À cet instant précis, les 2 sont foutues.

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CHAPITRE 2 : LE CLASH Le dîner ne s’annonçait pas des plus drôles. Il n’y a rien de pire que de croiser le regard des gens que vous n’aimez pas. Tom, depuis l’incident de l’après-midi, éprouve une haine farouche envers son père. Il voudrait disparaître, quitter cette table, fuir à l’autre bout du monde pour ne plus affronter le regard d’Harry, encore éméché. Son silence est une condamnation irrévocable. Tabasser son coach, c’est le pire crime imaginable. Les Fenwick sont installés depuis des années à Brooklyn, le quartier le plus peuplé de New York avec ses 2,6 millions d’habitants. Ils ont failli déménager il y a une dizaine d’années lors du décès de la mère de Tom et de Maddie dans l’Arizona. Andrea Fenwick, d’origine Franco-mexicaine, est morte à la suite d’une septicémie mal soignée. Elle était la poutre en chêne massif de cette famille. Ses enfants étaient ses trésors. Elle avait surnommé son petit Tom « pichoncito » (petit oiseau) et l’emmenait voir Harry jouer le week-end. Traverser l’East River, quitter Manhattan, c’est respirer un peu. Cet ancien quartier industriel est devenu à la fois vintage et créatif, loin de la vie trépidante de Manhattan. Plusieurs fois par semaine, des concerts en tout genre y sont donnés. On y sert la bière locale, la fameuse Brooklyn brassée à deux pas de chez eux. Ici, de l’autre côté du pont de Brooklyn, les gens sont plus relax. On a l’impression que les magasins ouvrent un peu quand ils veulent, et dans cette famille, c’est Maddie, la sœur de Tom, qui fait un peu ce qu’elle veut ! À 20 ans, Maddy ne doute de rien. C’est le portrait craché de sa mère. Pure New-Yorkaise au caractère bien trempé, elle est capable d’organiser une fête dans le quartier pour

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lever des fonds pour des gamins atteints de cancer. Elle peut aussi demander avec un incroyable aplomb à des propriétaires de prêter leurs façades extérieures, afin que des artistes de rues puissent les peindre. Rien ne l’arrête. Il y a désormais à Bushwick plus de 50 œuvres, des superbes graffitis. Maddie aime le street art, la vie en couleur, la salsa et le Mexique. Son QG, Roberta’s, un ancien garage reconverti en pizzeria et perdu au milieu d’une ancienne zone industrielle. Mais la vraie passion de Maddy depuis la Coupe du monde féminine en France en 2019, c’est le soccer. La victoire des USA avec Megan Rapinoe, élue meilleure joueuse de la compétition, l’a profondément marquée. La capitaine américaine, devenue star mondiale en 3 semaines, est connue pour ses cheveux courts et roses, mais surtout pour sa prise de position anti Trump. Il faut quand même avoir un culot monstre pour refuser de chanter l’hymne américain avant un match de Coupe du Monde ! Et ça Maddie, elle surkiffe ! D´autant que le père de Rapinoe, ancien soldat et entrepreneur a voté Trump en 2016 ! Ce dîner n’est pas des plus joyeux, on a vraiment l’impression que chacun a enterré son poisson rouge dans l’après-midi. Pas une mouche ne vole, on entend juste le bruit des couverts et la mastication bruyante d’Harry à l’autre bout de la table. Ce mec a de faux airs des deux Bruce les plus connus aux USA : Bruce Springsteen, et Bruce Willis, le talent en moins, la vulgarité en plus. Tom en a gros sur le cœur, quitte à prendre une droite comme son coach, il monte au créneau : - Pourquoi l’as-tu frappé ? Aucune réponse du père. - Tu peux me dire pourquoi tu as cogné mon coach ?

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L’ambiance est lourde, très lourde, et la sœur, solidaire en remet une couche. - Papa tu peux répondre ? dit Maddie dans l’aspiration de son frère. Il n’y a rien de pire que ton silence... Espèce de lâche ! Notre Bruce de deuxième zone, se mure dans un néant assourdissant.... Le regard vitreux, il n’est même plus mi-homme mi- bête, il est bête tout simplement. En clin d’œil Maddie a compris qu’elle n’obtiendrait rien, elle balance avec son insolente assurance : - Tom, tu viens jouer au soccer avec nous demain ? - Hors de question, dit Harry, piqué à vif, avec son accent à couper au couteau ! Tom, n’a même pas eu le temps de s’exprimer, la réponse fuse à l’autre bout de la table. Tiens donc, la bête se réveille, Harry est toujours un bipède vivant. - Écoute-moi bien petit gars, tu peux tout faire dans la vie, sauf jouer au soccer ou me ramener une rappeuse à la maison ! La réponse d’Harry est foudroyante. Les attitudes des gens en disent toujours plus que leurs paroles. Maddie sait décrypter mieux que quiconque le langage corporel de son frère. Malgré le scud envoyé par son père, Tom se gratte la tête avec sa main droite. Il a surtout les yeux qui brillent ! Jouer au soccer, après tout, pourquoi pas ? Tom a toujours tapé la balle au coin de la rue avec ses potes et l’arrivée de David Beckham aux Los Angeles Galaxy l’a vraiment fasciné ! Maddie ne se dégonfle pas et repart à la charge : - Papa, sais-tu que Donald Trump a dit qu’il préférait le soccer au football américain ?

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- Les meilleurs peuvent dire d’immense conneries ! répond son père. - Il a aussi dit juste avant la finale du Super Bowl qu’il voulait que son dernier fils joue au soccer et pas au foot américain. Réponse excédée d’Harry : - Écoute, tu m’emmerdes, je n’ai pas voté Trump pour que mon fils joue au soccer, j’ai voté Trump pour qu’il vire les mexicains du pays ! - ça te dérange pas d’insulter la mémoire de maman ? - Ta mère m’a épousé, elle était américaine ! - Mais bon sang, ouvre les yeux ! « Le monde change » a dit Rapinoe après la victoire en finale de coupe du monde face à l’Angleterre ! Elle a raison ! Tu vis dans une autre galaxie ! - Écoute Maddie, Ta pinoe (surnom de Megan Rapinoe aux USA) était peut-être infatigable sur le terrain, mais dans la vie, elle me fatigue ! Tu entends, elle me fatigue !!!!! Fin d’un repas glaçant. Tom file dans sa chambre, sans rien dire. Il déteste les conflits et se sent totalement responsable de l’engueulade entre sa sœur et son père. Si seulement sa mère était là ....

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CHAPITRE 3 : LE JACKPOT ! « 30 milliards de dollars pour la NFL ! » La Une du New York Times est rarement consacrée au sport, mais il était ce matin difficile pour JC Collins, le directeur de la rédaction, de faire autrement ! 30 milliards de dollars, c’est le montant astronomique signé pour l’obtention des droits TV et digitaux du football américain pour les 5 prochaines années. Jamais un sport n’a atteint un tel prix ! En grand danger depuis l’avènement des plateformes numériques comme Netflix ou Amazon qui taillent de vraies croupières en matière d’audience aux majors américaines, les grandes chaînes n’ont pas hésité à faire flamber leur carte bleue en faisant une offre commune ! Il faut dire que le Super Bowl est le seul événement aux États-Unis capable de réunir plus de 100 millions de personnes pendant 3 heures. Les spots de pubs sont vendues 5 millions de dollars les 30 secondes. Il a dès à présent l’assurance de contrats faramineux car il y aura plus de 70 annonces publicitaires pendant la finale et une quarantaine d’entreprises iront sans doute même jusqu’à s’offrir des spots de 2 minutes ! Au dernier étage de la NFL Tower, dans Manhattan, Charles Kramer, le nouveau président de la toute puissante institution sportive boit du petit lait. Sur Twitter, les dirigeants de toutes les franchises d’équipes américaines le félicitent. Affalé dans son fauteuil, sirotant son café, les pieds sur la table, ce type d’une soixantaine d’années ne doute de rien, et surtout pas de lui. C’est un négociateur redoutable, un vrai joueur de poker. Il est devenu président, car Roger

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Goodell, l’emblématique Big boss a démissionné suite à des problèmes de santé. Goodell était un homme droit, Kramer est un menteur hors pair. Son credo ? « Rien n’est trop beau pour la NFL » ! 11h15, la sonnerie de son iPhone retentit. À l’autre bout du fil, Bill Iron, le nouveau patron de NBC. - Charles, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle... - Fais-moi plaisir, commence par la bonne Bill - La Cour Suprême des États-Unis a aboli définitivement l’interdiction des paris sportifs aux USA ! - T’es sérieux ? - Je te jure, on sort l’info dans quelques minutes : la Cour Suprême à Washington a aboli la règle qui interdisait les paris dans 46 états américains. La Cour a donné raison au gouverneur du New Jersey qui se bat depuis des années pour obtenir le droit d’organiser des paris sportifs dans son Etat. J’ai parlé à Gaetano Forgues, qui touche sa bille dans le domaine des jeux en ligne. Il estime que cette décision va ouvrir la voie à un marché estimé à cent milliards de dollars pour le foot américain. - Combien tu dis ? - 100 milliards de dollars ! - T’es tombé sur la tête, C’est le montant de la fortune de Bill Gates ! - Écoute la suite. L’audience début décembre a porté sur un problème de droit presque aussi vieux que les USA : comment délimiter le pouvoir des Etats ? Autrement dit, ou s’arrête le pouvoir fédéral ? L’avocat du gouvernement a brillamment défendu la règle fédérale.

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- Tu te rends compte de ce que tu me racontes ? Ça veut dire que Trump et notre NFL sont dans le même bateau, la vie a vraiment beaucoup d’imagination... - T’as raison ! Et dire que certains joueurs, en désaccord avec la politique du Président de la République, refusent d’être debout pendant les hymnes. Kramer exulte ! - Ouawaouh, c’est la poule aux œufs d’or ! - Pour la mauvaise nouvelle, il faut que je te voie en tête à tête, c’est important. La voix blanche du patron de NBC n’inquiète pas plus que cela le big boss de la NFL. Un contrat TV en or, l’ouverture des paris sportifs… En ce début d’année, les planètes semblent toutes parfaitement alignées. Ok. J’annule mon déjeuner avec les arbitres. Retrouvons-nous au San Francisco, à 13 h, c´est au pied de la Tower Trump, tu ne peux pas le rater. D’origine italienne, Iron a grandi au cœur de New York, au cœur de Little Italy. Son grand-père a pris un bateau dans les années 20 et a enlevé le i final de Ironi pour faire plus américain, comme de nombreux émigrants italiens. Depuis, sa famille n’est jamais repartie en Europe. Mais quand il faut choisir un restaurant, il choisit toujours un Italien. Le San Francisco sert les meilleures scaloppine al limone de New York. Charles et Bill se retrouvent à 13 h comme prévu. Le patron de NBC semble vraiment préoccupé en commandant son jus de tomate. - Alors cette bad news ? - Il y a encore eu ce matin le suicide d’un ancien joueur.

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- Paix à son âme ! Mais ça ne peut pas te mettre dans un état pareil ! - Charles, l’affaire est très, très grave. Baissant d’un ton pour être sûr qu’aucun serveur ou client n’écoute la conversation, Bill poursuit : - Le malheureux a fait exactement comme Dave Duerson, l’ancienne vedette des Chicago Bears. Il s’est tiré une balle dans le cœur. Le hic, c’est qu’il a aussi laissé un message à sa femme. Tiens-toi bien. Je te la fais courte : "S’il vous plaît, faites que mon cerveau soit remis à la banque du cerveau de la NFL, pour autopsie ". Je ne peux empêcher mes équipes de reporters d’enquêter. C’est un dossier brûlant. - Tes journalistes ne me font pas peur Bill. Tu es à la tête d’une vraie brigade anti-scoop ! - Tu te trompes Charles ! Ils ont mis la main sur une étude de l’Université de Caroline du Nord qui prouve que les joueurs de NFL ont 19 fois plus de risques d’être atteints par la maladie de Charcot. La dégénérescence des neurones ne fait plus aucun doute. Nos joueurs ont à 50 ans les cerveaux de mecs de 90 ans ! Charles ! Ça craint bordel ! - Ok Bill, on va surveiller ça de près. Essaie de calmer un peu ta brigade anti-scoop. Tu as d’autres infos ? - Yes, j’ai lu dans le Time ce matin que le soccer était désormais pratiqué aux USA par 25 millions d´Américains. C’est désormais le 1er sport chez les moins de 15 ans... ça me tord le bide de lire ça… Tu connais la formule d´un humoriste français d’origine italienne qui détestait le soccer ? « Les sondages, c’est pour que les gens sachent ce qu’ils pensent ! ». Donc à toi de jouer Bill ! Je compte sur toi, les téléspectateurs de NBC ne doivent rien penser !

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- Faut quand même pas les prendre pour des nazes tempère Iron... - Mouais… Dis à ton directeur de l’info de ne pas relayer ce genre de sondage à 2 balles. Qu’il se contente de donner les résultats du tiercé !

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CHAPITRE 4 : KIF SUR LE ROOF TOP A Brooklyn, la nuit fut blanche mais a porté conseil. Pourquoi endurer plus longtemps les coups de ceinturon d’un père complètement cintré quand il a bu 10 mojitos de suite ? Ou qui a probablement plus de mojito que de sang dans le corps. Pourquoi se taire éternellement, subir quotidiennement de la violence verbale les jours pairs, physique les jours impairs. Il doit bien y avoir quelque part un coin de ciel bleu, un bout de soleil ! Tom est ravi d’aller jouer au foot avec les copines de sa sœur. Le lieu de rendez-vous est assez insolite : au pied de la Stan Mountains Tower. Stan Mountains, est un Irlandais qui a fait fortune dans la bière, la fameuse Mountains. Cet irlandais ne brasse pas que de la bière. Désormais il brasse aussi beaucoup d’argent. Père de 4 filles, toutes passionnées par le soccer, il leur a offert un terrain de jeu assez génial, un terrain de foot au 48ème étage du siège de son entreprise. Stan a fait venir l’architecte de Wembley pour avoir le meilleur terrain possible. Il a aussi fait monter au sommet de sa tour des vraies cages de foot de 7 mètres de long, car son voisin, Peggy Luyindula, ancien attaquant français qui a fini sa carrière chez les Redbull de New-York, lui a dit que des petites cages, c‘était bullshit ! Tom retrouve au pied de la tour toutes les amies de sa soeur. L’engouement pour le soccer féminin aux USA se mesure grâce à un chiffre. Selon la FIFA, 16 des 30 millions de joueuses recensées dans le monde sont américaines ! Il y a actuellement 500 équipes pour les

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joueuses de 18 à 22 ans. Pas un pays au monde ne peut offrir cela. Et un fou furieux d’Irlandais est capable d‘avoir imaginé un terrain sur le toit de New York ! Seul mec au milieu de cette vingtaine de joueuses, Tom cultive sa singularité. Bien malgré lui, il a une peur phobique des ascenseurs depuis qu’il est resté bloqué 2 h le jour de ses 6 ans dans les ascenseurs de l’Empire State Building. - On se retrouve au 48ème étage les filles. Je monte à pied ! Autant y voir une très bonne occasion de se décrasser les poumons. Tom sait que les 1576 marches des 86 étages de l’Empire State Building ont été gravies en un peu plus de 9 minutes par un Australien. Il se donne 5 minutes pour arriver au roof top. Défi. Le stage d’avant-saison du foot américain est encore bénéfique, Tom a une caisse d’enfer. Le dénivelé est avalé sans la moindre hésitation. Quand il pousse la dernière porte de l’escalier de service, il savoure. C’est toujours une petite victoire sur soi que d’arriver au sommet d’une montagne ou même d’un immeuble. Ouawaouh, dans les 2 cas, quelle vue de dingue ! A gauche, l’Hudson River, puis la Statue de la Liberté. A droite l’Empire State Building et le Connecticut. Jamais il n’aurait pu imaginer jouer un jour sur un terrain pareil. Oublié le gazon synthétique irritant et sans odeur, le Stadium Roof Top de Brooklyn a un vrai gazon qui sent bon l’herbe fraîche. Pour Tom, c’est une redécouverte car il a toujours joué avec ses potes dans les tournois de foot à 5 contre 5 qui pullulent à New-York. En réalisant quelques jongles, il se dit que les sensations sont toujours là. Les souvenirs aussi : le plaisir de faire un petit pont comme la honte d’en prendre un...

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- T’arriverais pas à dribbler un arbre Tom, heureusement pour toi qu’on joue en altitude ! Non seulement Maddie et ses potes jouent bien, mais elles ont aussi le sens de l’humour et charrier est dans leur ADN. En l’espace de quelques minutes, l’ex-espoir du foot américain comprend que sa passion est la même que David Beckham et de millions de gamins dans le monde... Sur un centre venu de la gauche, il tente, du pied droit, le même geste que Zizou du gauche en 2002 face à Leverkusen en finale de la ligue des champions. Reprise de volée et paf ! Pleine lucarne ! - Les caméras omniscientes de la NFL ne sont pas là mais peu importe. La joie de Tom est immense. Son sourire radieux n’échappe pas à sa sœur qui, avec un smartphone a immortalisé la scène ! L’image est sensationnelle, totalement surréaliste. Au premier plan, Tom en extension, avec en fond, l’Empire State Building ! Pas besoin de Photoshop ou de filtre. Cette vidéo est une pub pour le foot et pour New York avec une vue à 360 degrés. - T’es pas capable de le refaire ! - Du gauche, certainement pas. - Tu t’es trompé de sport Tom, ton truc c’est le soccer... La petite phrase de sa sœur fait un bout de chemin dans sa tête. Au fond, qui sait, elle a peut-être raison. A-t-il joué au foot américain pour faire comme papa. Ou par passion ? Tom ne sait plus trop, mais il dit reconnaître qu’il adore cette ambiance amateur : Le froid en hiver qui saisit la gorge et ces robinets d’eau en été, sur lequel on se jette en appuyant comme un malade sur le bouton pour

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finalement n’obtenir que quelques gouttes d’eau précieuse d’une canalisation oxydée. Le soleil se couche sur New York mettant fin à une après-midi de rêve. - Tu descends avec nous Tom ? Le Zizou de Brooklyn hésite et monte dans l’ascenseur, sans vraiment réfléchir. Il y a des phobies que des jolis regards, ou de belles lucarnes savent faire oublier !

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CHAPITRE 5 : LE PIÈGE 10h - Siège de NBC, dans le Rockefeller Center. Comme tous les matins, Bill Iron parcourt la presse. Les journalistes saluent cette OPA sur la NFL et la bourse d’ordinaire craintive après ce genre d’annonce, salue également l’acquisition. A l’ouverture de Wall street, NBC a pris 12 % ! Bill consulte son ordinateur. Une réunion avec le service enquête de la direction de l’info l’attend. Le nouveau big boss aime bien se tenir au courant des sujets sur lesquels enquêtent ses journalistes. - Entrez..! Mathew Moore et Natalie Michigan, les 2 plus grands reporters de NBC, s’installent dans le canapé. Ils savent que le combat va être musclé. - Quoi de beau dans les prochaines semaines ? Natalie, ancienne patineuse, a participé aux JO de Lillehammer en 1994. Elle a surtout gagné ses lettres de noblesse dans le journalisme en dénonçant un scandale à l’époque dans USA today : lors des JO de Salt Lake City en 2002, elle avait révélé, à la une du journal, l’affaire des juges corrompus qui avaient privé le couple canadien du titre olympique. Son scoop avait été repris dans le monde entier. Michigan respire un grand coup et se lance : « Enquête à l’heure du Super Bowl» Après la mort de 11 jeunes joueurs de lycée, le sport roi des États Unis doit se réinventer pour éviter la désaffection. Bill Iron explose ! Les murs tremblent à 9 sur l’échelle de la colère.

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- Non, mais vous vous foutez de moi ! Vous êtes des grands malades. On vient de signer avec la NFL ! - Et alors ? dit naïvement Natalie... - Le visage de Bill, déjà rouge de colère, vire au violet. Il y en a VRAIMENT ras le bol de ces conneries sur le foot américain. Même Will Smith s’y est mis ! - « Seul contre tous » rétorque Natalie, excellent film ! - Fais-pas la maligne ! Tu veux que je te fasse un dessin ? C’est impossible sur notre antenne, IMPOSSIBLE. Laissez cela à Hollywood ou à la presse écrite ! - Mais c’est LE sujet d’actualité et tu nous demandes toujours de surfer sur l’actualité ! - Exactement ! Et l’actualité c’est l’accident sur l’autoroute de Dallas qui a provoqué un bouchon de 100 km ! - Notre histoire est aussi une histoire de tôle froissée ! - Comment ça ? dit Bill, en s’étranglant à moitié. Il triture ses lunettes comme un étudiant stressé avant un examen. Natalie ne se démonte pas et enchaîne : - Dixit l’édito du Time : « Le football américain est brutal par définition, chaque action se clôt par un carambolage synchronisé impliquant plusieurs véhicules » - Non mais tu te fous de ma gueule en plus ? Décalez-moi ce sujet de merde, et revenez me voir avec d’autres idées. Arrêtez d’enculer les mouches ! Fin d’une réunion houleuse. Bill a vraiment la tête des mauvais jours. Il croise son assistante qui lui lâche timidement : - Euh David Clayson souhaite vous voir pour son augmentation… - Qu’il arrête d’aller aux putes et fasse augmenter sa femme !

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Du haut de son bureau situé en haut du Rockefeller Center, mâchonnant le stylo Montblanc offert par sa femme, Bill essaie de prendre de la hauteur. Il sait pertinemment que ses enquêteurs sont bons. Les conséquences d’une telle enquête seraient désastreuses pour les recettes de publicité, pour l’avenir de la Chaîne. Que faire ? Après quelques minutes de réflexion, il décide de prévenir le boss de la NFL. - Allô Charles ? Ma brigade anti-scoop enquête sur la violence de ton sport... - Quelle bande de tocards ! - Je t’interdis de dire cela. Est-ce que je traite tes joueurs de mules bourrées d’EPO ? - Vire les ! - Les virer ? Impossible ! Tu n’es pas lucide. Tu feras à nouveau la Une du New York Time, et pas pour une bonne raison… - Il faut leur filer un autre os à ronger dit Charles , un peu plus calme. - On se rappelle en fin de matinée. Charles Kramer est une personnalité fascinante. C’est un chat qui retombe toujours sur ses pattes. Il possède en toutes circonstances une intelligence situationnelle de très haut niveau. 2 heures après, il rappelle Bill. - Bill, J’ai trouvé. - Je t’écoute ! - As-tu vu dans la presse européenne ce papier sur la dangerosité du soccer ? - Allons bon, il n’y a que des Européens pour trouver ce sport de gonzesse dangereux ! Il dit quoi cet article ? - Après les résultats d’une étude, la Scottish-Youth Association a décidé de limiter au maximum le jeu de tête chez les enfants de moins de 11 ans, comme chez nous aux

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USA. D’après un certain Docteur Stewart, il y a 5 fois plus de risque de développer la maladie d’Alzheimer chez un ancien soccerman professionnel que dans la population témoin. Écoute bien la suite ! En 2016, des chercheurs de l’Université de Sterling ont fait effectuer une série de 20 têtes à des joueurs amateurs. Conclusion : leurs capacités de mémoire ont été réduites de 40 à 67 % par rapport à la normale et cela jusqu’à 24 heures après la séance. Bill exulte. - Tu vois le truc ? C’est juste génial ! Le soccer provoque des traumatismes crâniens irréversibles, le sport préféré de vos têtes blondes est nocif pour la santé ! Il faut balancer cette bombe quand le boss de la FIFA sera à New York pour l’inspection des stades ! Que dirais-tu d’une petite invitation dans une émission de télé que nous allons préparer ensemble ? - T’es un génie Charles !

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CHAPITRE 6 : POURQUOI PAS ? « T’es une star Tommy » « T’es une star !» 9h du mat, Tom est encore au fond de son lit. Il est réveillé par la voix de sa sœur, qui explose de rire ! A vrai dire, il y a de quoi ! Le but posté hier sur Instagram a été repris par un internaute à Miami qui a mis la voix du commentateur espagnol sur le but de Zizou en finale de la Ligue des champions 2002 ! Le montage est génial ! On voit Tom armer sa frappe avec en surimpression la voix du journaliste qui dit en espagnol dans un vacarme pas possible : « Je t’aime ! Bénie soit la mère qui t’a mis au monde ! » En une nuit, cette vidéo de 15 secondes a été vue plus de 10 millions de fois ! Les réseaux sociaux ont quelques avantages, et pas des moindres ! Outre les commentaires sympas et admiratifs, un certain Will, entraîneur à Manhattan, souhaite rencontrer Tom. Difficile de savoir si cette demande est bidon, mais après tout, Tom n’a vraiment rien à perdre. Le rendez-vous est pris : demain 15 h au « Pourquoi pas », situé sur Broadway. Ce bar est tenu par des Français Thomas et Clément, deux anciens cadres de Décathlon qui ont débarqué à New York il y a une quinzaine d’années pour ouvrir une salle de sport. Mais compte tenu du prix du m2, ils ont dû changer leur fusil d’épaule et ont ouvert ce bar au coin de la 42ème rue. Un succès. Arriver à Broadway, même quand on est originaire du pays de l’oncle Sam, procure de drôles de sensations ! D’abord parce qu’elle est la rue la plus longue de la ville, 21 km, mais aussi parce qu’elle concentre des dizaines de

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comédies musicales, de pièces de théâtre et de concerts. The Great white Way est l’avenue de tous les possibles. Beaucoup de célébrités ont eu droit ici à leur parade. Lindbergh, l’aviateur, Armstrong et Aldrin, les astronautes, mais aussi les plus grands sportifs américains. Mais pour Tom, l’heure n’est pas à la rêverie… A quoi peut bien ressembler ce fameux Will se demande-t-il sur le chemin. La réponse ne traînera pas. A peine met-il un pied dans le bar que son regard se pose instinctivement sur un homme, la petite cinquantaine, avec un immense sourire franc qui barre son visage. Ce mec est apaisant, c’est une force tranquille. - Hello Tom ! Will est un ancien grand pro français d’origine camerounaise qui a quitté le pays il y a 20 ans par amour pour une chanteuse américaine. Cette dernière l’a quitté mais pas sa passion du foot. Il arpente depuis des années New York et ses terrains de foot pour évangéliser ce pays, pour faire en sorte que les Américains qui ont des chromosomes en forme de ballons de football américain, aient désormais des chromosomes en forme de ballon de football! C’est une sorte de thérapie génique… des cellules de forme ovale qui deviennent rondes. Will a vécu le soccer dans son anonymat le plus total. Au cours de sa carrière d’éducateur, il a réglé des problèmes tactiques amis aussi conjugaux et parentaux. De nombreux gamins du Bronx, dont les grands frères jouent dans l’équipe du grand banditisme, sont grâce à lui sortis d’affaire et ont un avenir. Will est aujourd’hui chargé du recrutement pour la Fédération Américaine, car la Coupe du Monde arrive à grands pas.

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Tom se sent tout de suite en confiance car ce coach franco américain a un très gros charisme mais aussi beaucoup de douceur. Tout le contraire de son père. - Ton but est fantastique ! - Merci monsieur, répond poliment Tom. - On m’envoie des centaines de vidéos chaque semaine de jeunes ayant marqué des buts pas possible, mais souvent, c’est un énorme coup de cul. Là je suis vraiment impressionné par la qualité de ta frappe et ton équilibre corporel, ton positionnement dans l´espace. - Quel est ton parcours ? Dis-moi un peu plus sur toi. Tom lui explique son cursus en football américain, l’influence de son père, ses rapports actuels inexistants, mais aussi sa passion naissante pour le foot, enfin le soccer.

- Tu dois te blinder, tracer ta route, enchaîne Will. - J’ai peur de ne pas être à la hauteur au niveau tactique… - « Le football est un sport simple rendu compliqué par des

gens qui n’y connaissent rien. » C’est pas de moi mais de Bill Shankly, le mythique coach écossais de Liverpool. Ne te prends surtout pas la tête ! - On fait des tests pour recruter des jeunes, ça te dirait ? - Pourquoi pas ? Dit tom en souriant. Pourquoi pas... Comme ce bar le bien nommé ! - Parfait ! Rendez-vous demain Pier 40 au bord de l’Hudson. De retour à Brooklyn, Tom n’ose pour l’instant pas trop rêver. La vision de son père complètement bourré au rhum a 5 h de l’après-midi, écoutant en boucle Born in USA, le ramène d’ailleurs très vite sur terre. Il se réfugie dans sa chambre, mais au fond de lui, l’idée fait son chemin ! Et si ? Et s’il était possible de changer de sport pour

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reprendre l’histoire là où elle s’est brutalement arrêtée ? Les exemples ne manquent pas sur la toile… « Ces sportifs qui ont changé de discipline ». Si le titre existe sur Google… c’est déjà bon signe ! Bob Hayes, le sprinteur américain médaillé d’or sur la distance reine du 100 mètres à Tokyo en 1964 , a remporté le super bowl avec les Dallas Cowboys en 1971 ! Michael Jordan, la légende vivante du basket mondial, le mythique numéro 23 des Bulls a joué pendant une saison au baseball ! En Europe, un certain Jean Galfione, champion olympique de saut à la perche en 1996 à Atlanta avec un saut à 5 m92 pratique désormais la voile, la course au large en solitaire et n’a pas à rougir de ses performances. Rien sur le foot ? Tom insiste. Il fouille dans l’espoir de trouver un cas concernant le foot ...et Bingo ! Un nom s´affiche ! Josh Magennis. L’histoire très récente de ce Nord Irlandais est encore plus insolite : Magennis a joué gardien de but jusqu’à 18 ans, avant de devenir l’attaquant de Kilmarnock en première division écossaise. Il était tellement bon, tellement meilleur avec ses pieds qu’avec ses mains, qu’il a disputé l’Euro 2016 en France comme avant-centre avec l’équipe de l’Irlande du Nord ! Du jamais vu .... Tom ferme son Mac le sourire aux lèvres... Et pourquoi pas ?

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CHAPITRE 7 : UN PONT PLUS LOIN « Tu peux tout faire dans la vie sauf jouer au soccer et ramener une rappeuse ! » Cette phrase prononcée par son père lors du dîner, juste après son éviction de la sélection NFL résonne toujours dans sa tête. Il faut dire que l’air vicié du salon entre les odeurs d’alcool et de tabac froid n’aident pas vraiment à la digestion d’un tel épisode. 8h. Le réveil sonne. La nuit a une nouvelle fois porté conseil. Tom prépare son sac à dos, connecte ses air pod… Il hésite à laisser à son père un mot… puis se ravise. ll claque la porte et part pour une nouvelle aventure totalement incertaine. Will lui a donné rendez- vous au Pier 40 River Park. Ce terrain situé au bord de l’Hudson River est accessible en bus et en métro, mais Fenwick junior a besoin de marcher ... de franchir à pied le pont de Brooklyn ! Ce pont majestueux d’un peu moins de 2 km, que l’on voit souvent dans « Il était une fois en Amérique » avec Robert de Niro, est pour lui, symbolique : De la musique dans les oreilles -The Scientist de Coldplay - il sait désormais qu’il y a bien plus de 2 km d’écart entre lui et son père. Il se sent mieux. Le soleil se lève sur Manhattan, un air nouveau fouette son visage. En haut du pont, la sensation est très agréable. Tom à l’intime conviction de marcher dans la bonne direction, d’avoir mis les voiles au bon moment, même si le vent est de face. Un immense drapeau flotte à l’entrée de l’Hudson River Park : Welcome World Cup 2026 USA. Ce terrain construit au bord de l’eau a un charme fou. On a un peu l’impression

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de jouer sur un porte-avion. L’ envie de frapper fort afin d’envoyer un ballon en mer doit trotter dans la tête de pas mal de gardiens de but ! Cette semaine, 2000 joueurs vont tenter leur chance, venus de tous horizons, Licenciés ou non, les gamins viennent chercher leur part de rêve. Il était une fois en Amérique… Pas de Will dans les parages, Tom fait comme les autres recrues. Passage obligé : le contrôle d’identité. - En rang par 2, sortez vos papiers, on contrôle votre carte d´identité ou passeport. Avant même de toucher un ballon, les présumés nés, ceux qui ont triché sur leur date de naissance, et ceux qui n’ont pas leurs papiers, sont écartés. Mike Plitz, Diego Facoudo, Mamadou Sakhi, Igor Tascu. Out ! Vous pouvez rentrer chez vous... Vos papiers sont des faux vous avez plus de 20 ans ! Le 1er écrémage est sans pitié. La Fédération Américaine n´aime pas les tricheurs. Le second tri a lieu lors des tests physiques. Là encore, il n’est pas question de style de jeu, mais d’aptitude au haut niveau. Il faut des athlètes. Sur 2000 joueurs, un groupe de 16 est conservé. Les chances sont maigres. 0,008%. Ainsi va la vie du haut niveau ! Test de Cooper, visite médicale, mesure du poids et de la taille, examen dentaire… Tom n’est pas spécialement inquiet par ce véritable contrôle technique, c´est un athlète, il est affuté et en bonne santé. Le toubib, responsable de la taille, de la longueur des segments, marque tout de même un temps d’arrêt en lisant les données de Tom... Visiblement il y a un problème. Il prévient Will par SMS, qui débarque aussitôt.

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Hello Tom ! Will et son éternel sourire. Dans ce camp de sélection, un sourire, ça fait du bien ! Même si le responsable de la sélection ne témoigne d’aucun signe d’amitié apparent. Will et le toubib discutent devant l’écran. Tom le sent. Il y a un problème... et si ? Et s’il avait une anomalie ? Un problème médical que personne n’aurait vu auparavant ! Que faire ? Rien. Attendre le verdict. Tom se sent impuissant. - C’est bon Tom. Tu peux y aller. Suivant ! Ouf… L’histoire ne s’arrête pas avant d’avoir commencé. L´après-midi est consacrée aux tests physiques. Tom est de très loin le plus rapide. 11,4 au 100m. Record de la journée ! Good job ! - Les gars, Rendez-vous demain pour le football. En quittant le centre, au volant de sa voiture, Will est intercepté par une femme d’une quarantaine d’années. Cette mère de famille d’origine africaine lui demande de baisser sa vitre... L’éducateur s’apprête à lui donner 1 ou 2 dollars. Il a horreur de cela, mais cette femme a une vraie douleur dans le regard qui l’émeut - Vous êtes bien monsieur Will, le responsable du recrutement ? - Oui. C’est bien moi. - Prenez mon fils s’il vous plaît, prenez mon fils, il est trop fort ! - Il joue quel poste ? - Attaquant, c’est le plus fort ! - Il a quel âge votre fils madame ? On ne recrute que des moins de 20 ans. - Mais il a l’âge que vous voulez monsieur Will !

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- Comment ça l’âge que je veux ?? - Vous donnez un âge et moi je fais faire le passeport avec la bonne année de naissance ! - Qui vous donne ce faux passeport ? - Un gars de l’ambassade. Mais je suis prête à payer monsieur… - Madame, surtout gardez votre argent, ce gars vous raconte des sornettes, les passeports sont infalsifiables. Etre éducateur, c’est aussi être confronté à la détresse humaine au quotidien. Avant de filer retrouver Willy son fiston, Will prend le temps de lui expliquer que son fils doit avant tout trouver un travail. Il lui donne des contacts dans la restauration rapide. Ainsi, va la vie des recruteurs. Will est toujours bouleversé par ce genre de supplique. Non loin de là, le rookie de Brooklyn marche le long du quai de l’Hudson. Une alerte sms de son opérateur téléphonique AT&T lui signale que son forfait est dépassé et qu’il ne peut plus passer ou recevoir d’appels. Qu’importe, Tom prévient sa sœur par sms, elle est folle de joie pour lui. Il est 19h. Que faire ? Où dormir ? Les odeurs printanières de poissons à la plancha, des restaurants chics donnant sur l’eau lui rappellent qu’il n’a rien dans le ventre. Le petit gars de Brooklyn trouve vite un distributeur automatique de cash. Il compose son code et tape sur la touche 100 dollars. La machine lui demande de patienter, ce qui n’est jamais bon signe. Malheureusement pour lui, la carte ressort avec un bruit caractéristique, annonciateur de mauvaise nouvelle : « plafond de retrait dépassé, désolé nous ne pouvons répondre à votre demande, veuillez contacter votre établissement bancaire. »

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- Et Merde ! Il ne manquait plus que ça dit-il en tapant du poing sur le DAB. Le téléphone, rien à foutre, mais la bouffe c’est important ! D’un naturel optimiste hérité de sa maman, Tom se souvient du fameux dicton : Qui dort, dîne. Il s’installe pour la nuit sur un banc, face au porte-avion L’Intrépid. Ce bateau opérationnel lors de la bataille de Pearl Harbor, victime d’attaques kamikazes par l’aviation japonaise, est aujourd’hui un musée. Combien de mecs de son âge embarqués pour faire la guerre sur ce gigantesque amas de tôle gris métallisé aimaient le sport ? Sans doute beaucoup. Et combien de pilotes japonais qui aimaient le foot ont joué les kamikazes, en piquant sur ce porte-avion ? ... Très certainement autant. Cela permet de relativiser une faim passagère et les violences d´un père alcoolique. La nuit n’a pas été si désagréable mais au petit matin, il fait froid . Le vent marin fait danser la cime des arbres et siffle dans les élingues qui retiennent les avions de chasse sur le porte avion. Les conditions ne sont pas optimales pour taper dans le ballon mais il va falloir être un vrai Top Gun sur le terrain. En vidant ses fonds de poche, Tom trouve de quoi s’acheter un donuts et un chocolat chaud. Contrairement au cerveau, l’estomac fait vraiment signe quand il est totalement vide. En arrivant à l’Hudson Park, Tom est frappé par la ferveur patriotique qui règne autour de ce sport pourtant inventé par des Anglais. Les 25 recruteurs arborent fièrement sur leur survêtement un écusson USA 2026. - Match dans 10 minutes... Échauffez-vous ! Le gamin de Brooklyn connaît bien ces ambiances de sélection, il sait pertinemment que certains joueurs vont se liquéfier à cause de l’importance de l’événement. Tous leurs

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doutes vont remonter à la surface et se transformer un trac incontrôlable. D’autres seront victimes de leurs parents. Ces pères qui transfèrent vers leur progéniture leurs ambitions déçues de footballeurs ratés et qui s’improvisent coach au bord des terrains. Sous prétexte d’avoir joué au même poste que leur fiston, ils s’autorisent à hurler : -Avance, recule, reviens ! déplace-toi…. Alors que le mot le plus important était sans doute : donne-la ! Au bord du terrain, Will lui glisse : - Surtout ne la joue pas perso, les recruteurs ont horreur de ça. A 11 contre 11, on touche moins de 3 minutes le ballon, Tom va devoir être fort, très fort. Avant le premier match de la journée, le coach assistant prend le micro et s’adresse aux parents. Quitte à froisser les familles, il est toujours très cash. Sa devise : « Ça va sans le dire, mais ça va mieux en le disant » : - Le premier d’entre vous qui l’ouvre, il prend son fils et va l’entrainer seul. Il sait par expérience que pour ne pas se coltiner les parents durant les trois années qui suivent, il faut montrer son autorité, marquer son territoire. Lors de ce test, Tom réalise de belles choses : 2 accélérations fulgurantes sur le côté gauche, 2 centres parfaits. Il exulte. À défaut de marquer des buts, il pense avoir marqué des points. Fin de la journée de test, les responsables du recrutement se réunissent pour les délibérations. Les discussions sont vives. Tom ne fait pas l’unanimité :

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- Techniquement pas au niveau affirme le premier recruteur - Jeu de tête déplorable ajoute le deuxième - Pied gauche nul renchérit un troisième coach assistant ! - Je ne suis pas d’accord avec vous balance Will ! Les 3 coaches interloqués regardent le Franco-Américain en se demandant ce qu’il peut bien trouver à ce raté de la NFL… Joignant les gestes à la parole, Will essaie d’être le plus convainquant possible. - Mettez de côté tous ces détails. Ça, ça se travaille. Avez vu sa vitesse de pointe ? Il a un talent que les autres n’ont pas et n’auront jamais. Ce gamin, c’est une étoile filante ! On le voit pas longtemps mais c’est toujours extraordinaire ! - T’es sûr qu’il ne sera pas plutôt une éclipse ? - Je prends les paris les gars, croyez-moi, vous verrez... Après 1h d’attente, le verdict tombe enfin. La voix du speaker dans un haut-parleur est nasillarde : - Sont sélectionnés pour le pôle USA 2026 Fitzgerald, Torp, Walsh, Fenwick… Tom éclate en sanglots. Franchement, ça valait le coup de monter à pied au 48ème étage d’une tour pour taper la balle avec les copines ! - Tom, tu es présélectionné. Tu joueras certainement pour les Red Bull de New York ou le New York FC mais ton pied gauche ce n’est pas possible ! dit Will en le retrouvant près des vestiaires. Tom devient tout rouge, regarde ses pompes comme un gamin qui a fait une bêtise et Will enfonce le clou ! - Il ne peut pas te servir uniquement pour monter dans le bus ! - Je prends jamais le bus dit Tom, avec un regard malicieux

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- Écoute petit, il n’y a que dans le dictionnaire que succès arrive avant travail. Donc tu vas le bosser tous les jours ce foutu pied gauche ! Va falloir faire des miracles pour ne pas me faire regretter ! Mais tu en es capable. - Tu as entendu parler de Tony Parker ? - Non il joue dans quel club ? Bigre, le temps passe, se dit Will avec un léger sourire, avant de se lancer dans son explication : - Tony Parker est un ancien basketteur français qui a fait une carrière monumentale aux USA. A ton âge, on lui a dit qu’il était trop petit, trop maigre et qu’il avait un mauvais tir. - Il a gagné quoi ? - Tout! Son maillot a même été retiré, il est désormais accroché au plafond de l’ATT Center, l’antre des Spurs de San Antonio ! - Ah quand même. - A demain petit... - Tom remercie, son sac de sport sur les genoux. - Ben vas-y ! Rentre chez toi ! Tom ne bouge pas. À vrai dire, il ne sait pas trop où aller... - Tu dors où ? Le regard de Tom est plein de tristesse... En un instant, Will, comprend la situation. De nombreux gamins viennent trouver refuge chez lui. - Débarque à la maison, j’ai un canapé. Ça te dépannera. Will Habite avec son fils Willy 8 ans, dans un tout petit loft à Chelsea. Un vrai appartement de mecs avec un désordre pas possible ! Après avoir pris ses marques, Tom s’aventure à poser quelques questions à son hôte : - Tu habitais où, avant de venir aux USA ? - En France

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- Où ça ? - A Paris, tu connais ? - Bien sûr que je connais, maman rêvait de me la faire découvrir, c’est la ville de la Tour Eiffel et de Kylian Mbappé ! Soudain, un schtroumpf en pyjama surgit. Le gamin est vraiment la photocopie couleur de son père, le même, en miniature. Et ce fameux sourire. Bonjour Willy ! - Tu joues au foot ? - Yes ! Quand je serai grand je serai Kylian ! Tu connais FIFA 2024 ? - Bien sûr ! - Trop cool ! Demain, on fait un match, dit le mini kid en zozotant. Avant de se coucher, Tom s´adresse une dernière fois à Will. En toute confiance, il lui raconte sa mère absente, son père violent et sa sœur, véritable pile atomique avec toujours 1000 projets en tête. Il lui confie en quelques minutes tous les secrets de famille, sans même s’en rendre compte. - Je peux te poser une dernière question ? - Tente ta chance, tu verras bien... Le regard enjoué de Will incite à la tenter, cette chance. - Pourquoi est-ce qu’hier, le toubib t’a demandé de venir lorsqu’il me mesurait ? - Tu veux vraiment savoir ? - Yes ! - Tu as un point commun avec Usain Bolt ! - La vitesse ? - Non, tu as une jambe plus courte que l’autre ! - Trop chelou !

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Le petit Willy explose de rire et jette un regard suspect sur Tom, comme s’il était un X-Men ! Will lui fait signe d’aller se coucher. Willy abdique. - Ah, j’oubliais ! ajoute goguenard l’éducateur français. Tu peux pas faire de procès à tes parents, la garantie décennale est passée, mais sache qu’Usain Bolt avait sa jambe droite plus courte d’1 cm, et cela ne l’a jamais empêché d’accélérer! - Bonne nuit, petit dahu !

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CHAPITRE 8 : TEMPÊTE SOUS UN CRÂNE - Hé les gars, vous avez écouté les infos ce matin ? Il paraît qu’il y a un barge dans New York qui scie à la tronçonneuse toutes les cages de foot qui se trouvent sur les terrains de foot américain ? - Il y a vraiment des mecs cintrés ! - Bien fait pour la gueule des manchots ! - La police ne devrait pas tarder à le choper. Il sévit à Brooklyn et au sud de Manhattan. Au sommet de NBC, on prépare le débat sur la dangerosité des sports en feuilletant la presse. Megan Rapinoe est encore à la Une du New York Times, la ballon d’or 2019 est extrêmement populaire. Et cela exaspère Bill Iron. La championne du monde s’est agenouillée lors de l’hymne national, en hommage au footballeur américain de San Francisco. Colin Kaepernick qui a effectué ce geste pour dénoncer les violences policières envers les noirs. - Elle se prend pour Mandela celle-là ! balance le boss de la chaîne. - Ces plumitifs, ils nous gonflent vraiment avec le soccer, balance le rédacteur en chef. - Les gars, demain, on se fait le président de la FIFA. Montez-moi un plateau musclé, déglinguez-moi ce sport en direct devant des millions de personnes ! Mercredi 4 décembre, jour de la Sainte Barbe, patronne des sapeurs-pompiers – 18h, NBC Show : Le plus grand carnassier de la chaîne, un journaliste véreux à la solde de la NFL, avec sa voix de grand fumeur dont il est si fier, annonce : Un invité exceptionnel, le Président de la FIFA, monsieur Ernest Metz.

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- Bonjour Président, Pouvez- vous nous donner des nouvelles rassurantes de Jack et Bobby Charlton ? Je rappelle pour nos téléspectateurs qui suivent le soccer de très très loin, que ces légendes du foot anglais, champions du Monde en 1966 souffrent de la maladie de Parkinson et d’Alzheimer à force d’avoir donné trop de coup de tête dans un ballon. Ernest, après 20 ans de foot anglais, a l’habitude des débats musclés avec la presse… mais à ce point, c’est du jamais vu ! Droit dans ses bottes, il garde son flegme alsacien. - Ne mélangez pas tout s’il vous plait. Les frères Charlton souffrent de ces maladies comme de nombreuses personnes de plus de 80 ans. - Il y a pourtant de vrais risques Monsieur Metz. Votre Zidane national n’a-t-il pas donné un énorme coup de tête à un Italien en finale de Coupe du Monde 2006 ? A Madrid la rumeur dit qu’il est à moitié fou… - Il en aussi mis 2 magnifiques en 98. C’est une blague votre débat, je suis venu parler des stades retenus pour la Coupe du Monde ! Je pensais m’adresser à des gens compétents et intègres. J’ai été mal informé apparemment. Le ton monte .... - Permettez -moi d’insister, monsieur Metz. Regardez cette photo : C’est l’IRM du cerveau d’un joueur de foot après 30 ans de carrière. En rouge, vous pouvez voir les lésions irréversibles. C’est quand même très inquiétant pour votre sport ! Ernest regarde la photo. Il a de vraies connaissances neurologiques et l’image est effectivement saisissante. Prudent, il répond : Écoutez, nos services à Zurich au siège de la FIFA travaillent sur le dossier… - Merci Président ! Tout de suite la pub !

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Pas un mot sur les stades... Welcome in USA ! 4 décembre. Impossible d ‘éteindre le feu, Ernest, furieux, quitte les locaux de NBC, non sans avoir pris en photo l’IRM du crâne. Dès son retour à son hôtel, il l’envoie par WhatsApp à Sa fille : Léa est une brillante chercheuse à Cambridge. Ca tombe bien, son mémoire traitait de la traumatologie de la boite crânienne. En attendant sa réponse, Metz commande un room service : un chicken massala, avec un verre de Bordeaux. Puis s’endort comme il peut… très peu… Tempête sous un crâne… Après 3 petites heures de sommeil, son téléphone se rallume. Le décalage horaire est violent, mais la réponse de Léa en provenance de Cambridge l’est encore plus ! « C’est l’IRM d’un crâne de singe ! » Ernest, qui pète rarement les plombs, lâche juste : - Inglorious bastard !

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CHAPITRE 9 : GUEULE DE BOIS Cela faisait bien longtemps que le président de la FIFA n’avait vécu un réveil aussi difficile. Des défaites, des lendemains douloureux, il en a connu dans sa carrière mais ce guet-apens sur NBC lui laisse un grand sentiment d’amertume. Ernest a la sale impression d’être tombé dans une embuscade digne de la télévision soviétique des années 70 ! 8h AM, son téléphone clignote. La photo de David Beckham s’affiche. Le beau David himself, toujours aussi classe, même dans un smartphone ! - Hello Mister Président ! Comment allez-vous ? - Not so bad... répond Ernest. - Vous avez vu cette histoire de dingue ? Le fou qui passait ses nuits à découper des cages de foot dans la banlieue de New York a été arrêté à l’aube, avec sa tronçonneuse à métaux, et je vous téléphone car j’avais peur qu’il s’attaque au président de la FIFA ! - Merci répond chaleureusement Ernest amusé, mais j’ai déjà été tronçonné sur un plateau télé hier ! En Floride, la reconversion de l’ancien joueur de Manchester est spectaculaire : 8 ans après avoir pris les rênes de l’Inter Miami, son club vient de perdre en finale de la Coupe du Monde des clubs face au PSG L’ex numéro 7 prouve qu’il est bien plus qu’un spice-boy, le stade qu’il a fait construire à Fort-Lauderdale affiche complet à chaque match ! - David, pourquoi as-tu mis 8 ans avant de construire ton Stade à Miami ?

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- So long, Mister Président ! Peut-être qu´ils n’aimaient pas la musique de ma femme... Plus sérieusement, Sans être parano, j’ai vécu l’enfer pour obtenir le permis de construire du stade à Fort Lauderdale. Désormais c’est de l’histoire ancienne, la communauté mexicaine se passionne pour mon équipe ! - Congratulations David ! - Thank’s and take care President. La vie à New York n’est pas facile ! Metz consulte sa montre chronographe il a 90 minutes à perdre avant son premier rendez-vous avec l’avocat de la FIFA. Il décide donc d’aller se décrasser les neurones dans Central Park malgré le froid du mois de décembre. Un petit footing de bon matin, rien de tel pour repartir du bon pied. Quels que soient ses déplacements à l’autre bout de la planète, Ernest a toujours avec lui une paire de tennis, un short, des chaussettes et un bonnet ou une casquette, selon la saison, pour avoir la certitude de ne pas être embêté tous les 10 mètres par une demande de selfie, ou d’autographe. Compte tenu des conditions météo, le choix du bonnet s’impose, et après 10 minutes de footing, quelques notes de musique réchauffent ses tympans : le président de la FIFA a toujours été fasciné par la musique et notamment les débuts de morceaux. Il entend clairement la douceur des premiers accords de « Imagine ». A 100 m de là, une centaine de personnes se recueillent devant la stèle de John Lennon, assassiné par un détraqué en 1980. C’est ici, au pied du Dakota Building, le long de Central Park, que le Beatles a été abattu de 4 balles dans le dos. Le mémorial Strawbery Fields n’a rien de luxueux mais on y ressent une force incroyable. Etonnant de voir à quel point

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un si petit monument peut dégager une émotion aussi forte. Sur un panneau vert et blanc les autorités américaines ont eu le bon goût d’écrire : « Interdit aux instruments de musique amplifiés ». Central Park ce n’est pas Woodstock. A quelques mètres de cette mosaïque gravée au sol, sur laquelle on peut lire en lettres majuscules «IMAGINE», un guitariste, assis sur un banc, chante merveilleusement bien. Ernest a l’impression très curieuse de vivre un moment unique. Grâce au pouvoir subliminal de cette chanson, Central Park est, l’espace d’un instant, une chapelle à ciel ouvert. Les regards sont embués, nous sommes un 8 décembre. C’est la date anniversaire de cet odieux assassinat. Dans cette ville, un américain totalement barge a assassiné un petit un gars de Liverpool. 44 ans plus tard, d’autres fous veulent flinguer le foot, né aussi en Angleterre, se dit, pensif, Ernest. Après avoir pris une douche bien froide le Président de la FIFA descend dans le lobby du Marriott Hôtel. Il a rendez-vous avec Bruno Le Prieuré, responsable juridique de la FIFA. Bruno est un avocat au regard bleu azur. Derrière des petites lunettes cerclées se cache une intelligence très vive. Élève de Robert Badinter, cet ancien talonneur du Barreau de Paris à deux particularités : il déteste le foot américain et possède un sens de l’humour décapant. - Alors Ernest, le roi Pelé dit parfois des conneries ? Ernest ne voit absolument pas où son avocat préféré veut en venir. - Il a toujours dit que tu étais malin comme un camion de singes !

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Le président de la FIFA éclate de rire. En 40 ans dans le foot, il a vécu des trucs rocambolesques mais la radio d’un crâne de singe en direct à la télévision... - On ne va pas y aller par 4 chemins enchaîne Bruno, capable en quelques secondes de passer d’un visage hilare à un regard de tueur. - Nous avons face à nous une petite Mafia américaine sans foi ni loi. Ne nous leurrons pas, ils vont tout faire pour torpiller notre événement planétaire ! Nous sommes victimes de notre succès. Cette organisation conjointe USA/Mexique/Canada est une machine à cash, ce sera la Coupe du monde la plus lucrative de l’histoire avec 14 millions de recettes ! C’est compliqué mais mieux vaut faire envie que pitié ! - Quelle est ta stratégie ? Pour le principe, on va demander un droit de réponse pour l´IRM du singe, qu’ils vont expédier entre 2 pubs en expliquant qu’un monteur s’est trompé de photo ! Il faut surtout alerter le NewYork Times. Ce journal est la référence. - Tu vois un autre truc ? - Il faut prévenir la Fédération Américaine de soccer, leur dire que nous sommes en guerre contre la NFL et TBS. - Tu as raison insiste Ernest. La première impression est souvent la bonne surtout quand elle est mauvaise. - On doit devenir parano, c’est une nécessité, insiste Le Prieuré. La liste des 23 joueurs américains sélectionnés pour la Coupe du monde devra être donnée sur une chaîne concurrente et il faut désormais mettre sous surveillance tout le staff responsable de la sélection américaine : intendants, cuisiniers, sécurité… Le cursus de tous ces mecs doit être passé au peigne fin. - Bien vu Bruno, Merci !

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Ernest Metz est toujours bluffé par la capacité d’anticipation de l’avocat de la FIFA.

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CHAPITRE 10 : CONSEIL DE GUERRE 10h - Siège de la NFL - Messieurs veuillez laisser vos téléphones à l’entrée. - Pour quelle raison demande le directeur financier ? - C’est une demande du big boss, répond l’ancien offensive guard des Giants de New York du haut de ses 2,06 m et de ses 125 kilos.

Ce matin-là, les visages sont fermés au siège de la surpuissante NFL car Charles Kramer a réuni un conseil restreint. Ce n’est jamais bon signe. Le hall d’entrée tout neuf, entièrement en marbre blanc, n’aide pas à réchauffer l’atmosphère. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent et donnent directement dans la salle de réunion.

Autour de la table ovale en ronce de noyer : Un ancien de la CIA, responsable des cyber attaques, le directeur de la communication et le directeur financier. Le décor est digne d’un film d’Oliver Stone : un mur en bois, un immense drapeau américain, une étagère très fine où trônent des photos de tous les Présidents ayant assisté à des matches de foot américain. Sans oublier la touche de mauvais goût signée Kramer : tous les produits dérivés de la NFL posés sur une autre étagère en formica... du mug, à la tototte pour les bébés...

- Messieurs je vous ai réunis car les nouvelles ne sont pas bonnes. Selon une étude confidentielle de notre cabinet stratégique les audiences prévues pour le premier match de Coupe du Monde de soccer USA / Angleterre sont inquiétantes !

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Nous avons toutes les raisons de penser que le public américain va soutenir les Stars and Stripes.

L’atmosphère est très lourde au sommet de l’immeuble de la NFL. - Terence, tu peux nous sortir tes chiffres ? Sur un tableau 3D, Terence Deere, le directeur de la com, sort les dernières audiences télé des grandes compétitions pour les pays hôtes : Fin 2019, lors de la Rugby World Cup, si l’on cumule les chiffres de la NHK et le public présent dans les fan zones, le Japon a réalisé un énorme carton avec près de 40 millions de personnes derrière les Brave Blossoms, alors que les Nippons n’avaient jusque-là aucune culture rugby. Toujours en 2019, les footballeuses françaises à Paris ont réunies près de 20 millions de téléspectateurs sans même se qualifier pour les demi-finales, lors de la Coupe du Monde féminine organisée en France !

- Tu n’as pas des chiffres plus récents demande Kramer ? - Si, si, pour finir, lors de la dernière Coupe du Monde de foot au Qatar en 2022, l’équipe Qatari a rassemblé 850 000 Téléspectateurs. 850 000… Dans la salle, quelques rires... - Fermez-la ! - Quel est le point commun entre ces audiences demande Charles ?

- Quelle que soit la population globale, 2 millions 4 pour le Qatar ou 120 millions pour le Japon, à chaque fois, un tiers de la population a suivi l’évènement ! C’est colossal. Si cela s’est produit au Moyen-Orient, en Asie et en Europe, il n’y a aucune raison que cela soit différent chez nous. 30% de 325 millions d’Américains…

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- 108 millions de téléspectateurs répond le directeur financier avec une voix d’outre-tombe et un regard effrayé comme si un flingue était pointé sur lui.

- Stoppez-les !! Tuez-les !!!, ordonne Charles Kramer en se levant et en tapant du poing sur la table.

L’ambiance est lugubre, pas une mouche ne vole. Kramer se tient désormais debout face à la fenêtre. Mélancolique et grave, les mains derrière le dos, il réfléchit.

Les anciens Présidents ont géré des crises. En 2011, il y a même eu une guerre interne, pour un magot : le partage du pactole des 9 milliards d’euros entre les propriétaires des clubs et le puissant syndicat des joueurs. Cette passe d’arme mémorable fut baptisée « la bataille des millionnaires contre les milliardaires ».

Plus récemment, suite à la charge de Will Smith, qui a

révélé l’un des plus grands scandale médical de l’histoire du sport, la ligue a accordé plus d’un milliard de dollars aux anciens joueurs qui ont pu prouver leurs traumatismes. Avec un peu de recul, alors que quelques flocons s’écrasent sur la grande vitre du bureau présidentiel, ces 2 crises ressemblent à des épisodes neigeux, l’avis de tempête à venir l’inquiète autrement plus !

- Avez- vous un truc à rajouter ? - Oui. Gary Claas, le responsable des prospectives se lâche : - Kramer, l’engouement pour le soccer de nos milliardaires

américains m’inquiète. - C’est pas parce que Malcom Glazer est à United et que

Mac Court est à Marseille que tu dois trembler Gary. - Ils ne sont pas les seuls...

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Le fonds d’investissement Silver Lake est sur le point de racheter entièrement Liverpool, et un Texan Dan Friedkin veut mettre 800 millions de dollars sur l’AS Roma.

- Putain mais on s’en fout, Gary. Qu’ils claquent leur pognon en Europe ces cons ! Un dernier truc ?

- Oui et ça nous concerne de près. Selon l’Institut Cervantès, en 2050, nous serons le premier pays hispanophone au monde avec 138 millions de personnes qui parleront l’Espagnol !

- Quoi ?!?! hurle Kramer. Et tu veux me faire croire que dans 24 ans près de 140 millions de latinos seront fans de soccer ?

- C’est pas moi qui le dit. C’est une étude ! - Flinguez-moi ce sport, par tous les moyens, ordonne

Kramer ! Considérez à partir de maintenant que vous êtes payés pour ça. - Roger Goodell, notre ancien Président, n’aurait jamais dit cela… marmonne Deere.

- C’est moi qui décide insiste Kramer, Bougez-vous si vous tenez à vos jobs !

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CHAPITRE 11 : SUR LE RING En prenant la route direction Gleason’s Gym, le club de boxe situé sous le pont de Brooklyn, Charles Kramer sait pertinemment qu’aucun mec présent dans la salle présidentielle qu’il vient de quitter n’aura les couilles assez grosses pour flinguer le soccer. Il espère juste qu’il n’il n’y aura pas de traîtres parmi eux, et surtout pas de fuite dans la presse. D’origine modeste, le père de Charles était un quincailler d’origine espagnole, du quartier de Flushing Meadow. Le fils Kramer a gravi tous les échelons de la société New Yorkaise à la sueur de son front. Sa devise : « If you want something done, do It yourself ». On n’est jamais mieux servi que par soi même... La salle de boxe, pas tape à l’œil pour un sous, est située au premier étage d’un immeuble dans ce quartier populaire de New York. C’est ici que Mohamed Ali venait préparer ses grands combats. C’est également dans cette salle du sud-est de Big Apple, que Raging Bull a été tourné. Robert de Niro recevra d’ailleurs un Oscar pour son rôle de Jack Lamota. Sur les murs défraîchis, des photos et des articles retraçant le fameux combat qui a opposé Cassius Marcellus Klay dit Mohamed Ali à Sonny Liston. Pour Charles, le combat qu’il s’apprête à mener est du même niveau : NFL versus SOCCER, il y aura un mort ! - Hey Charlie, que nous vaut ta visite ? Tes gonzes de la NFL manquent de testostérone ou tu as décidé de te mettre à la corde à sauter ?

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- Hector Bonaventura apparaît, fier de lui. D’origine sicilienne, ce mec d’environ 60 ans a des liens avec les grandes familles mafieuse de Big Apple : Bonnano, Colombo, Genovese et Gambino. Depuis les lois anti-racket adoptée en 1986 par le procureur de New York, un certain Rudolf Giuliani, aujourd’hui avocat personnel de Donald Trump, la mafia italo américaine est en déclin mais elle est loin d’être morte. Costume gris, chemise en soie bleue, cheveux en arrière gominés. Comme tous les matins, Hector a vidé sa bouteille de parfum sur son torse velu. Cette odeur envahissante de patchouli mettrait KO dès le premier round le premier moustique en approche. - J’ai besoin de tes compétences en matière de soccer, Hector. - Tu veux racheter un club, ou tu te lances dans les paris sportifs ? - Pas exactement mais j’ai besoin de savoir ce que vaut vraiment l’équipe américaine avant la Coupe du Monde. Hector commande 2 bières et répond du tac au tac. - C’est très moyen sur toutes la ligne, Ils ont la chance d’avoir un super gardien, Howard Junior et ils auront peut-être un super jeune qui joue attaquant et qui va vraiment super vite... un certain Tom Fenwick. Ce gamin est supersonique. - D’après toi ils peuvent passer le premier tour, sortir des poules, et se retrouver en 1/ 8 de finale ? - Bien sûr ! De nos jours tout est possible Charles, surtout avec la bonne aspirine ! - Aspirine ?

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- Sais-tu ce qu’on fait les Russes aux JO d’hiver de Sotchi en 2014 ? - Non - Les mecs étaient chargés comme des mules et ils ont raflé toutes les médailles sous les yeux de Poutine ! Au nez et la barbe du CIO, ils ont trafiqué les poches d’urine des athlètes russes contrôlés lors des tests antidopage ... - Brillant ! - Oui, enfin, ça c’est quand même plutôt mal terminé puisque la Russie a été radiée 4 ans des JO ! - Je ne vois pas la Fédération de soccer faire un truc pareil.. - Dans ton sport de gonzesse la corruption de joueurs ça existe toujours ? - En Europe, figure-toi qu’il y a quelques années, un tiers des matchs préliminaires de Champions League étaient arrangés ! - Et les arbitres ? - Évidemment, c’est dans les gênes de certains mecs! Souviens-toi, en 2002 en Corée et au Japon. Les Coréens sont sortis 1er du groupe D devant les USA et ces faces de nems sont arrivés en demi-finale après avoir sorti l’Italie et l’Espagne... hyper crédible ! - D’un seul coup, les bras de Bonaventura s’animent. Il triture nerveusement sa Rolex en or. Le Rital n’a pas digéré le sacrilège, comme tous les tifosis ! C’était il y a 20 ans, mais dans sa tête c’était hier : arbitrage maison pour les sud-coréens, but refusé à Tommasi et pour finir Totti expulsé dans des circonstances rocambolesques ... soudain il explose en tapant des 2 poings sur la table ! - VA FAN CULO ! On a été expulsé d’une salle Coupe du Monde par des FIGLIO DE PUTTANA d’arbitres et des juges de lignes achetés pour être des tueurs à gage ! - Ils ont osé recommencer ?

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- Et comment ! En quart contre l’Espagne, La désignation du trio arbitral a été orchestrée par un ponte de la FIFA de l’époque qui est depuis tombé dans des affaires de corruption. Et crois-moi, l’Espagne aurait pu jouer 3 h, elle n’aurait pas gagné ! RAZZA DI NOIOSI ! Charles se délecte de ce genre d’histoires qu’Hector raconte si bien ! - Ton soccer adoré, c’est le far West ! Peux-tu me faire la liste des agents les plus pourris ou me mettre en relation avec un « gars sûr » ? Ces mecs-là sont souvent d’anciens joueurs de foot à la retraite ou blessés. Les longues blessures, l’inactivité, le dopage, l’addiction au jeu… Le prix pour acheter un match, dans le championnat italien, peut varier du simple au double : 60 000 à 120 000 dollars pour un match de Série B et 250 à 400 000 dollars pour un match de Série A. Le recrutement de ces mecs s’effectue souvent lors des déplacements de l’équipe, dans l’hôtel des joueurs. Dans la plupart des affaires de corruption, on estime que pour obtenir un résultat probant, il faut corrompre au moins 2 ou 3 joueurs. L’idéal, c’est de maîtriser le gardien de but, un défenseur, et le leader de l’attaque. - Tu cherches un mec pour acheter les arbitres ou un mec pour acheter les joueurs ? - Quelle est la différence ? - Le foot a changé, depuis 5 ans avec l’apparition de l’arbitrage vidéo. Avec cette fameuse VAR c’est quand même plus compliqué d’acheter des arbitres, car il faut acheter tous les mecs qui matent les images ! L’enfer. - Dernier truc important, dans ce milieu, La reconnaissance est une maladie du chien non transmissible à l’homme ! Dont Forget... Never !

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- Ciao mon ami ! - A bientôt Hector. Le Président remonte dans sa Chevrolet en se disant que dans son combat contre le soccer, il faut avoir les bons gants de boxe, et que les bons gants de boxe se trouvent ici, à Gleason’s gym.

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CHAPITRE 12 : LA SIGNATURE - Dégagez dégagez de là s’il vous plaît ! Les photographes à gauche, la presse écrite et les télévisions à droite. La conférence de presse démarre dans 10 minutes ! L’effervescence aux abords de la Red Bull Arena, est totalement inhabituelle. À deux ans de la coupe du monde, les Red Bull de New York ont réalisé un gros coup : La signature du grand espoir du football américain, Tom Fenwick, 20 ans. Dans la salle de presse de ce stade situé à Harrison à 16 km de New York, l’impatience est perceptible. Le combat entre le New York FC, situé dans le Bronx et les Red Bull de New York a été d’une violence inouïe. Tom a fait l’objet d’une surenchère qui le dépasse complètement : 100 millions de dollars, puis 200 et finalement 288 millions de dollars pour un contrat de 4 ans ! Record battu ! Pour cet événement sans précédent aux USA, Dietrich Mateschitz, le big boss de la marque aux 2 taureaux rouges, a tenu à être présent. L’autrichien qui a fait signer les plus grands noms de la Formule 1 et de la moto, réalise l’un des dernières gros coups d’une vie bien remplie! Silence s’il vous plaît ! 11h Am - La salle est plongée dans l’obscurité. Tom et Dietrich apparaissent ensemble dans un halo de lumière sur scène. Ils sont tous les deux chics et décontractés. Jean, tee-shirt et tennis pour le champion. Costume clair sans cravate pour le capitaine d’industrie. Difficile de savoir qui est le plus ému. Le jeune rookie évincé du football américain, devenu jeune star du soccer

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où le vieux patron au regard perçant ? C’est peut-être tout simplement Will. L’éducateur des bords de l’Hudson River est au fond de la salle, tiré à 4 épingles, debout dans un coin. L’ancien pro français qui a repéré le petit Tom a les larmes aux yeux, il repense au chemin parcouru, à la vidéo du fameux but marqué sur un immeuble de Brooklyn, aux nuits passées sur le canapé du salon à côté de son fils adoptif et surtout, aux moments de doute. Dieu sait qu’ils furent nombreux... à cause d’un pied gauche totalement inapte au soccer ! Quand Tom est quelque part, Willy, le frère qu’il a choisi, n n’est généralement pas très loin. Tom et Willy, c’est un peu Rox et Rookie, ou Chewing et Gum. Que de carreaux brisés, de lampes cassées dans l’appartement de Manhattan lors de match de foot indoor, mais également de crise de rire devant FIFA 2023 ! Willy, 7 ans, 1 m 32, est debout sur sa chaise. Ses yeux scintillent, il est encore plus fier que son grand frère ! Dietrich, la voix légèrement cassée par l’émotion prend la parole le premier : Merci d’être venus pour ce moment historique ! C’est la première fois que nous faisons le plein pour une conférence de presse de soccer aux USA. Il semblerait que le monde bouge ! Vous le savez depuis toujours, notre marque symbolise la vitesse, la force, l’agressivité et la vitalité. Puis, se tournant vers la nouvelle Star américaine : - Il me semble que tu incarnes tout cela Tom ! La première question fuse :

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- Pourquoi ne pas avoir signé au New York FC dont le propriétaire est également celui de Manchester City, l’un des plus grands clubs au monde ? - Mais qui vous dit que l’avenir du soccer est en Europe ? Je souhaite jouer dans notre championnat ici aux USA. Défier le club de David Beckham à Miami, c’est cool non ? - La salle éclate de rire, Tom vient sans le savoir de marquer un but en pleine lucarne, digne du roof top de l’immeuble de Brooklyn. Les Américains raffolent de ce côté patriotique. Les journalistes n’échappent pas la règle bien au contraire. Vous êtes désormais riche, vous n’avez que 20 ans. Avez-vous encore des rêves ? - Bien sûr, dit Tom, le sourire aux lèvres. Il marque une pause et lâche en prenant soin de bien poser ses mots. - Représenter mon pays, jouer la Coupe du Monde en 2026 ! La salle se lève, standing ovation pour le kid de New York visiblement aussi à l’aise en conférence de presse que sur un terrain. Dernière question - Vous venez du football américain, n’avez-vous pas peur de ce défi immense ? Surtout avec ce contrat historique qui pèse sur vos épaules… Tom regarde fixement le journaliste de la Fox assis au 3ème rang, nouvelle punch line : - Je ne sais plus qui a dit : « Il faut savoir assumer ses rêves ; Au fond de salle, Will répond avec sa douce voix : - Jacques Brel ! A famous European songwriter .

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Who is ? pensent à cet instant précis tous les journalistes américains, interloqués en se retournant vers le français. Jamais une conférence de presse pour l’arrivée d’un nouveau joueur n’a été aussi forte aux USA. Pour l’ensemble de la presse sportive, elle est du niveau de celle de Kylian Mbappé, en 2017, lors de son arrivée au PSG. Tom Fenwick a été très bon, mais il sait que le vrai jugement aura lieu sur le terrain et qu’il n’a pas le droit à l’erreur.

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CHAPITRE 13 : COUP DE TONNERRE - Tu as volé mon fils, rends le pognon ! Quand Harry débarque devant le stade, les yeux injectés de haine, Will se dit que la conférence de presse avait sans doute été bien trop parfaite, - T’es un enculé. Tu te gaves sur le dos de Tom! JE suis son père, TU ENTENDS ! JE SUIS SON PÈRE ! Crois-moi, moi vivant, il ne jouera pas cette Coupe du Monde ! Donne-moi ma part du pognon où je te casse la gueule ! La scène est surréaliste et se déroule devant tous les journalistes en train de plier leur matériel. La vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille, y compris pour la future star des Red Bull de New York. Le contentieux entre Will et Harry qui n’a pas vu son fils depuis très longtemps, date de plusieurs mois. Le père n’a jamais accepté la présence de l’éducateur Français aux côtés de son fils. Le cocktail est explosif : jalousie, rancoeur, et haine profonde de ce sport de gonzesse! L’ancien joueur de football américain de deuxième zone accuse Will d’avoir lavé le cerveau de son fils, d’être un gourou maléfique ! - Ordure ! Tu n’es qu’une ordure. - Calme-toi Harry ! - Putain de Français… - Calme-toi Harry !!! - Putain de Français, retourne dans ton pays de merde ! Putain de Français ! Harry manque d’imagination, même dans le domaine de l’insulte. La carrure de Will lui permettrait de régler le problème de manière expéditive. Combien de fois s’était-il interposé devant des parents bourrés, prenant même des coups qu’il

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ne méritait pas ? L’histoire prouve que Will n’a jamais manqué de courage, mais aujourd´hui, ce n’est clairement pas la bonne solution. Protégés pas 4 bodyguards, il monte avec Tom et Willy dans le van Ford mis à disposition par le club. Tom est vraiment effrayé. Il ne supporte plus la folie d’Harry. Le fait que des méduses aient survécu 650 millions d’années sans cerveau donne de l’espoir à pas mal de personnes, mais pas à son père biologique se dit-il. Harry est un cas désespéré. Le trajet du retour vers New York est bien long. L’atmosphère est lourde. Pour tuer ce silence, le chauffeur allume la radio «New York Live ». Hasard ou coïncidence un vieux tube de Cats Stevens sort des baffles JBL du minibus, Father and son... Its not Time to make a change, just relax take it Easy ... Ce n’est pas le moment de changer, reste calme, prends le bien ... Cette chanson aborde l’impossible dialogue entre les générations. Will fredonne l’air, en se disant que La musique a de vraies vertus thérapeutiques. L’ambiance est plus cool, Tom est passé à autre chose, Willy joue sur le téléphone. Le smartphone de Tom s’allume, Maddie appelle en face Time ! - Petit frère tu as été énorme ce matin ! - Merci Maddie ! - As-tu avoué à Dietrich « machin chose » que tu ne buvais pas de boisson gazeuse ? - Tom éclate de rire ! Non, j’ai obtenu 1 palette de Red bull par an pour ton équipe Maddie, va falloir négocier avec ta marque de bière un emplacement sur le roof top ! - T’as raison ! On pourrait appeler le terrain du 48ème étage, le Red Bull Moutain Park !

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- Chiche ! - Vous faites quoi ce soir ? - On va au RockWood écouter de la musique. Tu viens ? A 5 kilomètres de là, Harry rentre du New Jersey. Il ne décolère pas, et fonce dans l’agence bancaire située à Brooklyn. Son objectif, siphonner une partie du compte de son fils. Après tout, Tom n’est pas né sous X, s’il gagne bien sa vie aujourd’hui, il y est au moins pour 50%, le chromosome Y, c’est lui ! -Bonjour Madame, -Bonjour Monsieur, que puis-je pour vous ? -Je viens retirer 30 000 dollars en cash. -Désolé le plafond est de 10 000 dollars maximum. -OK pour 10 000. -Votre nom de famille s’il vous plaît ? -Fenwick Harry est nerveux, cela n’a pas échappé au responsable de la sécurité de l’établissement. La fille au guichet garde son calme et consulte méthodiquement son ordinateur. -J’ai plusieurs Fenwick, votre prénom ? -Tom -Pouvez-vous me montrer une pièce d’identité ? -Il s’agit de mon fils Madame. -Je ne remets pas en cause le fait qu’il soit votre fils, mais… -Mais quoi Madame ! donnez-moi cet argent ! -Désolé, votre fils doit venir en personne, c’est la règle. -Il n’a pas le temps, c’est une star du soccer. -Monsieur, votre fils est majeur, il a une carte de crédit avec un checking account, c’est à lui de venir, Harry se met à hurler, il est viré de l’agence par l’agent de sécurité, et va noyer sa peine avec une bouteille de rhum. La soirée de son fils s’annonce plus douce.

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Le RockWood est un café-concert situé en plein cœur de Big Apple. Il s’agit d’un petit complexe de 3 salles où l’on peut écouter du rock, du folk ou du jazz pour moins de 15 dollars, ce qui est rare à New York. Ce soir-là, il y a le dernier concert de Pat Benatar, l’infatigable rockeuse des années 80 dont Will été archi fan, un tribute de Bruce Springsteen, et un tribute de Coldplay dans la salle la plus petite. 22h - Tom, Will et Maddie pénètrent dans ce fameux RockWood pour écouter Coldplay. À vrai dire, il n’y a pas eu de débat sur le choix. Bruce tourne en boucle à la maison. Chez les Fenwick, overdose de Springsteen. Tom profite de ce moment où un simple sweat à capuche lui permet encore de passer incognito. Cette journée si riche en émotion va se terminer d’une drôle de façon. Sur scène, une certaine Julia, seule avec son violon interprète The Scientist, le fameux titre de Coldplay que Tom aime tant. Julia, jolie brune d’une vingtaine d’années, a une voix, mais aussi un regard qui scotche littéralement le jeune espoir américain. Cette fille ne ressemble pas aux autres. Elle semble sauvage, ce qui est rare dans ce genre d’endroit. Julia ne dédaigne pas plaire aux clients, la petite lueur d’espoir qu’elle suscite chez eux l’amuse même mais cela s’arrête là. « Come up to meet you, tell you i am sorry » en écrivant cette chanson de rupture, Chris Martin ne pouvait pas imaginer qu’elle deviendrait un soir d’avril au RockWood, une très belle chanson d’amour. Julia parcourt la salle et vient interpréter le pont de la chanson au violon à quelques mètres de Tom. « L’amour est terroriste, il fend les

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armures », dit la chanson du songwriter français JJG. Le gamin de Brooklyn n’arrive plus à détacher son regard du sien, envoûté, hypnotisé par un regard, et des notes de violons célestes. Will et Maddie observent la scène d’un regard complice, le sourire au coin des lèvres et dans ces moments-là, la sœur a toujours la bonne réplique. - Will explique moi pourquoi, vous les mecs, vous pouvez être si sensibles à 3 notes de violon ? - Euh Maddie, c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Explique-moi pourquoi vous les filles, dès qu’un mec joue 3 notes de piano ou fait gling, gling sur la guitare vous le prenez pour Justin Timberlake ? Ils éclatent de rire. 30 ans auparavant, Will avait vécu la même histoire, à quelques kilomètres de là. Il sait pertinemment qu’à ce moment précis, la terre peut trembler, le monde s’écrouler, Tom ne se rendra compte de rien ! 23h30 - Il faut rentrer. La vie des sportifs de haut niveau n’est pas compatible avec celles des oiseaux de nuit. Très chouette cette Julia, se dit quand même Tom en remontant dans le van.

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CHAPITRE 14 : ALL THE BEST ! - Madame, monsieur, veuillez accrocher vos ceintures. Notre arrivée au Georges Best Airport de Belfast est prévue dans 15 minutes. La voix du commandant de bord est limpide, limite envoûtante. Il enchaîne : - Pour les amateurs de beaux paysages, à gauche de l’appareil, nous survolons actuellement Donegal, qui est considéré par de nombreux pilotes comme le plus bel aéroport du monde. - Ouahouh ! Quelle lumière ! s’exclame Le Prieuré le nez collé au hublot. La piste se présente sous la forme d’un bras de terre cerné par la mer. L’endroit semble sauvage, balayé par les vents, avec un mélange de couleurs féerique qui incite Bruno à sortir son appareil de photo qui n’est jamais très loin. La photographie c’est sa deuxième passion. A ses côtés, Ernest met un point final au discours qu’il va devoir prononcer devant L’IFAB, l’organisme aussi discret que puissant qui gère les lois du jeu du foot depuis plus de 100 ans et dont le siège se trouve à Belfast. - Taxi, s’il vous plaît ! Le siège de l’IFAB ! - Hey Mister Metz, je vous reconnais ! Je suis un supporter de Manchester United, et j’ai assisté de sacrées rencontres contre votre club ! - Merci ! Répond sobrement Ernest. - Je vous dépose à la maison de retraite c’est bien ça ? - Non à l IFAB !

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- C’est bien ça ! Ils ont tous plus de 75 ans là-bas, vous êtes le petit jeune de la bande, dit-il en éclatant de rire. A l’intérieur de son taxi, il y a les plus grandes phrases du héros de Belfast Georges Best, l’attaquant de United. Georges, surnommé le 5ème Beatles était aussi fantasque sur le terrain que dans la vie. Collé sur la vitre, on peut lire : « En 1969, j’ai arrêté les femmes et l’alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie ». Sur le plafonnier est inscrit : « J’ai claqué beaucoup d’argent dans l’alcool, les filles et les voitures de sport… Le reste je l’ai gaspillé ». Le Prieuré se marre en lisant tout cela. Ernest, qui connaît sur le bout des doigts les buts et les punchlines du buteur irlandais, rajoute : - Tu sais que ce mec qui a été ballon d’or, est parti jouer aux USA. A l’époque c’était révolutionnaire et pour résumer sa carrière à Los Angeles, il a déclaré : « J’avais une maison au bord de la mer mais, pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer ! ». Bruno et le chauffeur explosent de rire. - Bonne chance Messieurs, dit le taxi driver en ouvrant la porte. Ernest et Bruno découvrent au même moment son accoutrement : il a un blouson en cuir noir sur lequel on peut lire dans le dos : Maradona … GOOD Pelé … BETTER Georges… BEST - Il n’y a qu’ici que tu peux voir cela, balance Ernest amusé.

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- Je peux vous donner un conseil dit l’irlandais ? - Avec plaisir, répond Bruno - Surtout ne parlez pas trop fort, vous allez réveiller les dinosaures du foot ! Autour d’un grand bureau se trouvent déjà les 4 fédérations britanniques pionnières du foot : l’Angleterre, le Pays de Galle, l’Irlande du Nord et l’Ecosse. Moyenne d’âge : 78 ans ! L’atmosphère est étrange. Cet endroit, qui est le véritable Vatican du foot, puisque c’est ici que se décident les grandes orientations du jeu et de l’arbitrage du sport le plus populaire du monde, n’a vraiment rien de tape-à-l’œil. - Messieurs, avec tout le respect que j’ai pour votre vénérable institution, je souhaite que nous mettions à l’ordre du jour l’évolution d’une loi de jeu fondamentale et d’une règle d’arbitrage. - Nous avons évoqué ici à plusieurs reprises les traumatismes cérébraux dus au jeu de tête. Désormais nous avons une étude précise à ce sujet que Bruno va vous dévoiler. Le Prieuré prend la parole avec une voix la plus neutre possible, en articulant chaque syllabe pour être sûr d’être bien compris. - Nous avons analysé les causes de décès de plus de 7000 anciens joueurs pros. Le risque d’être victime d’une maladie neuro dégénérative du type Parkinson ou Alzheimer, est 3 fois supérieur à la moyenne de la population générale. - My God, s’exclame le représentant gallois ! - Dans un premier temps nous avons cru que cela concernait les collisions lors des duels aériens.

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Regardez bien ces images, elles ne sont pas vieilles. Il s’agit de la finale de la Coupe du Monde 2014 : Argentine / Allemagne. Sur le grand écran de la salle de réunion, Bruno diffuse un résumé de la rencontre qui s’est déroulé à Rio et fait un arrêt sur image à la 14ème minute lorsque Christophe Kramer et Ezéquiel Garay se télescopent dans les airs. - Quelqu’un dans cette salle est-il capable de me raconter la suite ? Le représentant nord irlandais se gratte la tête et prend la parole. - J’étais au Maracana ce jour-là. Vu des tribunes, c’était très spectaculaire, mais il me semble que ce joueur allemand n’était pas si traumatisé puisqu’il n’est pas sorti tout de suite. Il a joué quinze minutes de plus me semble-t-il, avant d’être remplacé par André Schürrle. Enfin, si ma mémoire est bonne. - Votre mémoire est assurément meilleure que la sienne, Car Kramer n’a aucun souvenir de ce match. - Vous plaisantez ? - Malheureusement non. Quelques jours après cet ultime match du tournoi, l’arbitre de la rencontre, Nicola Rizzoli, a raconté à la presse italienne que Kramer est allé le voir après le coup reçu et lui avait demandé : - Monsieur l’arbitre, c’est bien la finale là ? Ernest voyant que ces images avaient vraiment secoué l’assistance poursuit. - Notre étude prouve que ce genre de commotions est l’équivalent d’une collision en voiture à 60 km/heure. Les

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médecins sont certains que les souvenirs de cette finale pour Christoph Kramer ne reviendront jamais. - Président, nous avons aussi dans le championnat anglais des joueurs qui ont pris des chocs violents. Je pense à Hugo Lloris ou Petr Cech, des mecs au courage exemplaire. - Exact, les gardiens ne sont souvent pas épargnés. Karius , le gardien de Liverpool est pour nous un vrai cas d’école . En finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid, ce pauvre gardien a réalisé une deuxième mi-temps calamiteuse en offrant notamment un but à Benzema .5 jours après cette finale désastreuse, deux médecins du Massachusetts General Hospital de Boston ont découvert que ce gardien allemand avait joué avec une commotion cérébrale suite à un choc avec Sergio Ramos . -Tué par Ramos, puis par les critiques, totalement injuste dit l’Ecossais -Malheureusement, ce n’est pas le seul problème. Après une enquête minutieuse, nous nous sommes rendu compte que la multiplication des petits chocs pouvait aussi être responsable de ces traumatismes irréversibles. Bruno peux-tu s’il te plait montrer les statistiques ? Sur le grand écran apparaît l’information suivante : - Un joueur professionnel qui fait 300 matches dans sa carrière fera en moyenne 2000 têtes. - Inutile de préciser qu’il faut, à cela, ajouter les têtes réalisées lors des séances d’entraînement, rajoute Bruno. - Mais avez-vous des exemples ? Des preuves ? enchaîne le gallois. - Oui, affirme Ernest. En 2002 Jeff Astle, international anglais de West bromwich Albion est décédé d’une dégénérescence du cerveau. Pour la première fois, un lien a

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été établi entre sa démence et les nombreux coups de tête donnés. - Paix à son âme ! C’est triste, mais c’est peut-être le seul cas… - Malheureusement non. - Vous vous souvenez de Dave Watson? - Dave Watson l’ancien capitaine de l’Angleterre ? Demande inquiet l’Anglais. - Oui répond sobrement Ernest. Il est aussi, au moment où je vous parle, diagnostiqué avec la même maladie. - P... C’est pas possible ! Ce mec a porté pendant 15 ans les couleurs d’Everton. C’était un roc sur le terrain. - Je le sais dit Ernest. Et il n’a pas 60 ans… Stupeur dans la salle. Les évêques du foot sont tous consternés par cette nouvelle. Le choc passé, le représentant écossais demande : - Monsieur Le Prieuré, pouvez-vous nous dire précisément combien de buts sont marqués de la tête lors d’une Coupe du Monde ? - En 2018, sur 169 buts marqués en Russie, 35 ont été inscrits de la tête. - Vous ne pouvez pas faire cela ! S´indigne le représentant anglais. Je m´y oppose catégoriquement ! Le jeu de tête fait partie de la culture britannique. Ernest reprend la parole calmement. Je comprends votre désarroi et partage votre peine, mais c’est la santé de la jeunesse mondiale qui est en jeu. Nous avons une vraie responsabilité. - Sérieusement, vous souhaitez interdire le jeu de tête monsieur Metz ? - On doit au moins l’expérimenter rapidement.

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- Mais c’est d’une violence inouïe ! Vous vous rendez compte que cela veut dire que des joueurs comme Peter Crouch et ses 2 mètres 04 ne seront plus invités ? Le représentant Nord-irlandais de l’IFAB enfonce le clou. - Crouch fait donc partie d’une race de joueur en voie d’extinction. C´est inconcevable. - Croyez-moi ! Cela ne m’enchante guère ! Réplique Ernest. - Si ma mémoire est bonne, Peter a marqué il y a quelques années 3 buts contre votre équipe, balance le représentant anglais ! - Exact, votre mémoire est excellente ! Ernest garde son calme. - N’y a-t-il pas dans cette décision, une pointe de rancœur personnelle ? - Vous plaisantez j’espère ! Vous oubliez que Peter Crouch n’était pas bon que de la tête, c’était pas une girafe, c’était un vrai bon joueur. Le débat s’enflamme, mais il y a au sein de cette institution un vrai respect entre les interlocuteurs. - Ernest, vous êtes un ancien défenseur central. Vous avez tapé des milliers de ballons de la tête. Cela ne vous pas empêché d’être polyglotte ! Votre étude est-elle vraiment sérieuse ? On a déjà viré le boxing day en 2022 à cause de la Coupe du Monde au Qatar. Franchement, nous allons finir par tuer le football ! - Les chercheurs écossais et les chercheurs américains ont travaillé chacun de leur côté. Ils sont arrivés exactement à la même conclusion : On ne doit pas tuer nos enfants ! - Concrètement, comment cela va se passer ? - Si un joueur fait une tête, il y aura coup Franc, tout simplement !

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- Et les gardiens, ils ont droit à la tête ? - Oui, évidemment - C’est vrai que nous sommes barges de naissance, rajoute le représentant écossais ancien gardien de but. La salle éclate de rire. L’atmosphère se détend. Le débat autour de cette question majeure va durer plus de 2 heures, avant que l’avocat de la FIFA, tel un juge de paix, prenne la parole. - Nous allons désormais procéder au vote. Êtes-vous prêts à titre expérimental, à supprimer le jeu de tête chez les moins de 21 ans ? L’instant est solennel. Après 2 minutes de délibérations, à l’unanimité moins une voix, celle de l’Angleterre, la loi est adoptée à titre expérimental. Après un déjeuner à l’hôtel Europa de Dublin, le débat reprend. Il concerne l’arbitrage. Le Président de la FIFA invite Bruno à développer le projet. Il se racle la gorge puis se lance : - Nous avons désormais la certitude qu’il y a un lien de cause à effet direct entre les retransmissions du foot à la télévision le samedi et la reproduction des mêmes gestes sur les terrains amateurs le dimanche. Je m’explique. Bruno réajuste ses lunettes et poursuit : - Quand vous montrez une bagarre générale ou un arbitre bousculé par un joueur en colère à la télévision, les jeunes reproduisent exactement les mêmes gestes dans les divisions inférieures. Un tacle meurtrier, un carton rouge sur le petit écran le samedi soir, c’est 20 % d’incidents en plus sur tous les terrains amateurs le dimanche !

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Ernest s’engouffre dans le sillage de l’avocat. - Sonorisons les arbitres comme au rugby ou au foot américain. La chaîne française, TF1, a fait cela dans l’émission Téléfoot et lors de la finale de la Coupe de France 2004. Comme par magie, les joueurs sont devenus polis. Regardez le résumé de la rencontre, cela vaut mieux qu’un long discours. Quand Bruno projette les images de PSG-Auxerre avec le son de l’arbitre, Bertrand Layec, un murmure d’approbation parcourt l’assemblée. Ernest enchaîne. - Je souhaite rajouter une information. Vous souvenez-vous de Nadal, le défenseur central de Barcelone ? - Bien sûr dit l’Anglais. J’étais à Wembley quand ils ont gagné la finale de la Ligue des Champions en 1992 avec Cruyff comme coach. - Et bien, son frère, Toni Nadal a été l’entraîneur de tennis de Rafael. Quand vous lui demandez quelle est la valeur la plus importante qu’il a su transmettre à Rafael, il répond : « la politesse ! ». La politesse ! C’est la base de tout. Allez messieurs, soyons un peu utopiques et courageux ! Le débat concernant l’arbitrage est beaucoup moins enflammé que celui concernant le jeu de tête. - Nous allons désormais procéder au vote, annonce Bruno, le sourire en coin. - Êtes-vous prêt à titre expérimental à sonoriser les arbitres à la télévision ? Après un court instant, à la majorité absolue, la loi est adoptée. Le moment est historique. Une nouvelle page du foot vient de s’ouvrir, Ernest le sent et souhaite marquer le coup.

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- Messieurs ! Vous avez fait preuve d’une ouverture d’esprit exceptionnelle. Quand nous sommes arrivés, notre chauffeur de taxi nous a annoncé que nous allions dans une maison de retraite. Vous venez de changer en quelques heures les 100 prochaines années de l’histoire du foot. Merci pour votre jeunesse d’esprit !

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CHAPITRE 15 : HUDSON RIVER DERBY - Ça pue la lessive dans notre chambre ! Mais tu es fou Tom, qu’est que tu fabriques ? En entrant dans la chambre 1983, le gardien de l’équipe, Howard Junior, qui fait chambre commune avec l’attaquant, n’en croit pas ses yeux. Tom est debout sur un tabouret, il a démonté les 2 câbles de la tringle à rideau et les installe à 2 mètres de haut en travers de la chambre pour étendre ses chaussettes et ses caleçons. - Mais à quoi tu joues ? - J’ai voulu faire laver mes affaires à la réception. La fille m’a demandé 25 dollars. Même pas en rêve ! - T’es pas dans un Bed and Breakfast, t’es dans un 4 étoiles! - 25 dollars pour laver 2 pauvres chaussettes et 1 slip !!! non mais ils sont tombés sur la tête dans cet hôtel ! - Et donc monsieur Fenwick étend son linge ? Il explose de rire. Je pourrais me faire un paquet de fric en envoyant cette photo à un magazine people. - Très drôle. Qu’ils aillent se faire foutre ! Regarde, j’ai lavé ça avec du savon dans le lavabo et demain matin tout sera nickel. Je t’offrirai un verre avec les 25 dollars. - Ta mère doit être fière de toi. - Elle ne m’aurait surtout jamais pardonné d’avoir dépensé 30 box pour un laundry ! ` - Ta mère n’est plus là ?

Tom soupire…

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- Non… et son sens de l’autodérision me manque…

Désormais la vie de nos 2 apprentis footballeurs est réglée comme du papier à musique, rien ne ressemble plus à une mise au vert qu’une mise au vert en sélection les veilles de match : le réveil, le repas, la séance vidéo, et dodo. Les stars du foot ont aussi un immuable train-train. Désormais, les 15 prochaines années, leurs vies auront un côté prévisible. Ce qui l’est moins c’est ce qu’ont prévu les supporters le lendemain. Ils se sont donné rendez-vous 3 heures avant le match pour un piteux combat de rue. Comme sur un ring de boxe : à gauche en bleu, la Blue Army, les supporters de NYC. À droite, en rouge les fans des Red Bull de New York. Et au milieu... La police ! Le vieux football venu d’Europe s’implante aux USA avec ses atouts et aussi avec ses dérives. Dans le Bronx, aux abords du stade des Yankee, c’est vraiment le Bronx ! Les coups partent dans tous les sens, il y a des vitres brisées, et des chaises qui volent. Quelle tristesse ! La police américaine, si paisible lors des matchs de foot américain découvre un nouveau fléau importé d’Europe. 20h Le stade est plein à craquer pour le derby de l’année New York FC / Red Bull New York. Depuis quelques années ce match est le rendez-vous de tous les New-Yorkais. Il passionne autant les émigrés qui bossent dans le bâtiment que les mecs de la City. Le 1er derby de Big Apple a eu lieu en 2015 et depuis 8 ans l’antagonisme entre les 2 clubs est de plus en plus fort. Il atteint cette année son paroxysme à cause de la signature de

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Fenwick. Outre la rivalité sportive, il y a aussi une rivalité géographique. Les habitants du New Jersey sont perçus comme les pauvres, incapables de vivre à New York. Ce match, c’est un peu les beaufs du Red Bull contre les snobs, les riches de City. Outre les bagarres tout au long de la journée, les groupes de supporters rivaux se sont allumés via les réseaux sociaux et la nouvelle recrue des Red Bull en a pris plein la tête avec des messages du style : « N’oublie pas ton casque Fenwick, ça pourrait te servir ! » Les messages sont souvent méchants mais aussi parfois teintés d’humour : « Veux-tu qu’on t’achète un ballon ? Il y a une promo en ce moment : un ballon acheté, un pied gauche offert ! ». Les supporters des Red Bull tentent de répondre comme il peuvent à cette déferlante sur la toile. « New York city, nouvelle maison de retraite de Manchester city ! Bienvenue dans le cimetière des éléphants ! ». Il est vrai que beaucoup d’anciennes gloires de Manchester terminent leur carrière ici... Pourtant à une encablure de là se déroule la plus belle scène de vie que l’on puisse imaginer entre supporters. Dans le Lebanon Hospital Center, le président de New York City, John Stills joue une rencontre difficile, un combat qu’il est peut-être en train de gagner contre une sale maladie, grâce à une infirmière totalement hors du commun. Mary, la quarantaine, ex Londonienne fan d’Arsenal, est devenue, en déménageant dans le New Jersey, une inconditionnelle des Red Bull de New York. Les venues de Patrick Vieira, comme coach, mais aussi celle de Thierry

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Henry auparavant, ont prolongé son rêve rouge et blanc. Elle ne rate aucun match à domicile et connaît toutes les chansons des Ultras des Red sur le bout des doigts. Quand, il y a quelques mois, le médecin en chef du Lebanon Hospital Center a annoncé au Président du New York FC, qu’il vivait peut-être ses dernières heures, Mary a appris par cœur l’hymne de la Blue Army, le club rival que pourtant elle déteste. Tous les matins, Mary est venue dans la chambre de John Stills lui chanter la chanson du club dont il est encore le Président. Une vraie scène de film qui n´existe dans aucune production hollywoodienne. Comment cette infirmière peut-elle ne serait-ce qu’entonner l’hymne du club que tous les supporters du Red Bull exècrent ? « We are New York Fc, win, or lose, We will always follow you… ». Ces paroles murmurées avec une infinie douceur dans le creux de l’oreille d’un patient à demi conscient ont peut-être été le meilleur des antidotes. Aujourd’hui, John Stills est en rémission, il a retrouvé le sourire et suivra le match à la télévision. Retour au stade. Pour ne rien rater de cet événement si particulier, Maddie a décidé de vivre la grande première de son petit frère aux côtés de Will et Willy. Aux abords du Yankee Stadium, des fans des Red Bull ont reconnu Will : - Merci monsieur votre gamin est extra ! - Trop fort ce Tom ! Merci Monsieur ! Les échanges de regards entre l’éducateur, Maddie et Willy, en disent long. L’émotion est palpable.

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L’heure n’est plus aux palabres, aux discussions de comptoirs, les silences sont aussi parfois importants dans ces moments-là. Dans la tête de Will, le match a commencé et une question le taraude : Tom va-t-il résister à la pression suite à son gigantesque transfert ? À 10 minutes du coup d’envoi, les 2 équipes sont alignées dans le couloir des vestiaires. Les 3 vieux briscards de la défense centrale de New York City viennent tour à tour toiser du regard, dans ce corridor, le jeune prodige des Red Bull. - Si tu passes t’es mort ! Ok petit ? Tom sait que ce genre de match peut se perdre dans ce fameux couloir. Il faut à tout prix évacuer le stress, la trouille. Il ferme les yeux et repense à un proverbe touareg raconté par Will : Le courage arrive devant une maison où habite la peur Il y a quelqu’un ? Une voix lui répond : la peur Le courage rentre et il n’y a plus personne... Quand il rouvre les yeux, Tom a le sourire. Il connaît ses capacités. Oubliées ses épaules de serpent, et les doutes qui vont avec ! Coup de sifflet strident. C’est le moment. L’arbitre invite les joueurs à rentrer sur la pelouse. Une immense banderole est déployée par le kop de City : « Bienvenue en ville les pèquenots ! » Très classe. Comme avant chaque coup d’envoi, Tom fait un petit signe en direction de son clan...

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C’est mon grand frère ! fanfaronne Willy en criant assez fort pour s’assurer que toute la tribune l’entende bien ! Ses voisins les plus proches, pourtant supporters de City éclatent de rire ! - Papa c’est quoi un péquenot ? - C’est nous ! dit Will mort de rire ! - Ah ! C’est cool d’avoir mis une banderole pour nous accueillir dit Willy ! Avec un grand sourire, il check avec son voisin. Ce dernier porte un maillot Bleu. Personne ne sait si Tom va briller mais pour l’heure, la vedette de La Tribune c’est Willy ! Le coup d’envoi est donné, Les grands joueurs doivent faire la différence dans les grands matchs. À peine 2 minutes de jeu - Tom part à la limite du hors-jeu comme un dragster. Les vieux briscards, si prétentieux avant la rencontre, sont aux abois. Fenwick, ajuste sa frappe, 1-0 pour les Red Bull! En 10 minutes chrono tom réalise un triplet avec un but du pied gauche. Du jamais vu pour le 1er derby d’un gamin en Major League Soccer. Le commentateur de Fox Sport exulte : Tom Fenwick ! Retenez bien ce nom ! TOO FAST ! Le rookie de Brooklyn, le vilain petit canard du football américain est la nouvelle coqueluche des fans de soccer, il a déjà son sobriquet. Soulagé et le sourire aux lèvres, Tom est interviewé par tous les médias américains et étrangers. - Aimez-vous votre surnom Too Fast ? - Pourquoi pas. Il me dérange pas. - Quel est votre prochain objectif ? -‘Je l’ai déjà dit en signant dans ce club. Je rêve de participer à la Coupe du Monde 2026 ...même sur le banc de touche !

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A 2 kilomètres de là, dans le Lebanon Hospital Center, John Stills appelle Mary : - Congratulations Mary, il y a dans votre équipe une pépite, ce Tom Fenwick ne mérite-t-il pas une chanson ? - Peut être sourit-elle...

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CHAPITRE 16 : SUEUR FROIDE C’est le grand jour ! À un mois de l’ouverture de la Coupe du Monde, Jack Loves, le sélectionneur américain, doit donner la liste des 23 joueurs sélectionnés pour porter le maillot des États-Unis d’Amérique. Loves a 56 ans. Cet anglais, ancien coach de West Ham a ferraillé sur les terrains de Premier League, il aussi beaucoup baroudé en Afrique et au Nigeria. Il a donc une bonne expérience internationale. La dernière réunion avec son comité de sélection a été plutôt houleuse. L’ascension fulgurante de Fenwick ne plaît t pas à tout le monde au sein de la Fédération. Avant son rendez-vous médiatique en fin d’après-midi, Loves souhaite consulter le président de la FIFA. Quand il arrive à l’hôtel, Ernest prend son petit déjeuner en short en parcourant la presse américaine.... - Hello Jack, how are you? - C’est le pire jour de ma vie répond Jack. - Je vais devoir dire à certains de mes joueurs qu’ils suivront la coupe du monde à la télévision ! - Je te comprends. Notre job est spécial. Toutes les semaines on doit dire à des mecs qu’ils ne joueront pas le week-end. - Je déteste ce moment ! - Rassure toi, moi aussi ! As- tu des doutes sur certains postes ? - Oui ! Répond le coach, cela concerne l’attaque Mon comité de sélection préconise de prendre Mark Mallow, l ‘ attaquant du Miami FC. Mes gars trouvent que le petit Fenwick est trop tendre, pas assez expérimenté, il n’est pas

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très bon de la tête et son pied gauche est encore un peu faible. - Eh bien ils sont optimistes tes recruteurs ! Tu connais la phrase d’Einstein ? « Tenez- vous loin des gens négatifs, ils ont un problème pour chaque solution » ! Jack sourit et enchaîne : - Il parait en plus, que son père est complètement barge ! - Écoute Jack, c’est pas son père qui va jouer! Depuis Kylian Mbappé, je n’ai jamais vu un joueur aussi rapide! Arrête de te torturer. Prends-le ! Jack Loves quitte le Marriott Hôtel avec un problème en moins. Ernest l’a convaincu. Reste à convaincre son comité de sélection. Quelle bagarre ! Ces réunionnites aiguës exaspèrent l’exaspère. Les caciques des Fédérations aiment faire de la politique. Cette sélection n’échappe pas à la règle. On se croirait même revenus au temps de la vieille Espagne où il fallait autant de joueurs de Barcelone que du Real Madrid dans la sélection. - Jack, nous manquons de joueurs issus de la Côte Ouest, tu devrais prendre un mec des Los Angeles Galaxie. - Instaurons des quotas tant qu’on y est ! s’énerve Loves - Non, mais prends Mark Mallow ou Ferguson à la place de Fenwick ! renchérit un des vieux. - Je ne suis pas là pour faire de la politique ! Répond sèchement Loves. Cette réunion est terminée. Merci messieurs. 18 h - Le sélectionneur américain rejoint la FOX. Le président de cette chaîne est un visionnaire. Il a signé contre l’avis de son directeur de l’information fan de NFL, les droits des 2 prochaines Coupe du Monde de soccer. Louis Orezza, d’origine corse, est très éclectique. Il

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s’intéresse à tout. Actuellement au Japon, il étudie de près la progression du rugby en Asie. A 2 heures de l’annonce de la liste, Jack Loves,, accompagné de Bruno Le Prieuré est reçu par le directeur de l’information. Depuis l’incident de l’IRM de singe, l’avocat de la FIFA tient à venir sur tous les directs de télévision. Il redoute les mauvais coups. - Pouvez -vous nous donner votre clef USB avec la liste des 23 joueurs afin que nous préparions un joli tableau pour le 20h ? demande Tony, le boss de l’info. Jack lui tend la fameuse clef USB. - On est bien d’accord, pas de fuite avant l’annonce officielle, demande calmement Bruno. Merci de respecter l’embargo. -Aucun risque promis! assure un secrétaire de rédaction. - Merci messieurs pour la clef USB. A bientôt et surtout bonne chance pour la Coupe du Monde, dit le directeur de l’info ! Surpris, Le prieuré intervient poliment. - Pardon mais ce n’est pas le deal convenu avec votre président! Jack Loves doit intervenir au moins 7 minutes dans votre journal, pour donner lui-même la liste et expliquer ses choix. - Ah non, rétorque Tony, le visage complètement fermé. Bret, notre présentateur va faire cela très bien tout seul, ne vous inquiétez pas ! - Si je comprends bien votre présentateur est le sélectionneur ! Je souhaite parler à Orezza votre président, est-il là ?

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- Non, Orezza est Au Japon ! Répond Tony, visiblement très agacé. - Écoutez : soit vous prenez le sélectionneur en direct, soit on annule tout et on met en ligne la liste des 23 sur le site de la FIFA. On vous laisse 20 minutes pour décider tranche l’ avocat. L’immense malaise est perceptible dans le salon de la direction de l’information. Tony et Bret s’isolent dans la cabine de maquillage. - Tony, j´en veux pas en plateau de ce coach. Il ressemble à rien ce Jack Loves, avec sa chemise de Tom Sawyer et son costume de bal du dimanche ! - On va prendre un bouillon d’audience! C’est certain mais on ne peut pas faire autrement. On est diffuseurs. Si on perd l’annonce de la liste on va se faire dézinguer. Il n’a pas l’air de rigoler Le Prieuré… Après 10 minutes de réflexion, revirement de situation. - Ok passez au maquillage. - Merci dit Bruno le sourire en coin. Le coach lui, n’a rien capté du cynisme de ces gens-là. Loves est dans son monde. Il essaie de joindre par politesse les joueurs non sélectionnés, afin qu’ils ne l’apprennent pas à la télévision. - Antenne dans 2 minutes ! L´ambiance est tout simplement glaciale sur le plateau mais cela ne perturbe pas outre mesure le sélectionneur américain. Loves fait le job et répond à toutes les questions, y compris la dernière, d’une bêtise absolue. - N’avez- vous jamais rêvé d’être sélectionneur d’un grand sport comme le basket ? Le football américain ou le hockey sur glace ?

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- Absolument pas. Ma passion c’est le foot. Puis il donne la liste en égrenant les noms .... - … attaquants… TOM FENWICK... A l´autre bout de Manhattan, devant son poste de télévision, TOM exulte et tombe dans les bras de Will qui a toujours cru en lui. - Yes yes yes ! J’y suis, j’y suis ! Je vais jouer la Coupe du Monde ! Le loft de l´ancien pro français explose ! Le petit Willy qui pour l’occasion avait mis le maillot de foot des USA se met au garde à vous devant la télévision en regardant son père puis entonne l’hymne américain, comme font les grands à la télévision. The star splanged banner… Tom a gagné son incroyable pari ! - Will, as-tu déjà assisté à un match de Coupe du Monde ? - Jamais ! - Pour le premier que tu verras, je serai sur le terrain. - Will, les larmes aux yeux prend le prodige dans ses bras, Il est tellement fier. Pour bien d’autres raisons, certains se frottent aussi les mains. Le lendemain à 9h10, quand les audiences tombent, les Cadors de la Fox bombent le torse ! Record d’audience pour le 20h de Bret avec l’annonce de la liste des 23. Ce pauvre Jack Loves passe sans le savoir de dernier des ringards à héros d’une chaîne de télé ! Bret et Tony se félicitent mutuellement. Savoir retourner sa veste, toujours du bon côté, est le sport pratiqué en studio, par des vedettes qui n’en sont pas.

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CHAPITRE 17 : PARADISE Ce record d’audience a fait du bruit et hérisse encore plus le poil du big boss de la NFL. Déjà à fleur de peau, Kramer découvre le classement annuel Forbes des 10 sportifs les mieux payés au monde : Il y a un boxeur, deux tennismen , 3 soccermen, deux golfeurs, deux pilotes de F1… Aucun footballeur américain. Ce classement est bidon ! Le boss de Forbes va devoir m’expliquer sa méthode de calcul fulmine-t-il en composant son numéro. - Nick , c’est Kramer - Bonjour Charles, comment vas-tu ? dit avec sa voix posée le dirigeant du puissant média américain ? -Mal ! Je découvre ton classement des sportifs les mieux au monde et je voudrais que tu m’expliques pourquoi il n’y aucun footballeurs américains… A l’autre bout du fil, Tavernsky reste courtois. Il sait prendre de la hauteur du haut de son mètre 90 m et de son bureau situé sur la 5ème avenue. Tavernsky est un grand carnassier des médias. Il a le plus beau carnet d’adresse de New York. Nick a l’habitude de gérer les humeurs des grands de ce monde. Pas une semaine ne se passe sans qu’un boss d’une multinationale ne l’appelle pour se plaindre d’un papier ou demander un service. - Kramer, calme toi et écoute moi. - Je suis très calme éructe le président de la NFL, vas-y explique-moi, où plutôt explique toi ! -Ce classement Forbes n’est pas un sondage, c’est une étude très sérieuse. Nous avons pris en compte le salaire annuel de chaque sportif auquel nous avons ajouté leur

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recettes sponsoring, partenaires, pub, etc. C’est mathématique. -Es tu veux me faire croire qu’un mec qui joue en NFL n’est pas invité dans ton classement ? - Ça fait presque 10 ans que c’est comme ça Charles. Ton premier mec arrive à la 19ème place. C’est un fait. Désolé. - Je te crois pas dit Kramer en raccrochant net. Le président consulte ensuite son agenda électronique car il gère comme il peut un emploi du temps qui lui échappe parfois. Ça fait 2 mois qu’il avait promis à sa fille chanteuse qu’il ne voit jamais qu’ils déjeuneraient ensemble. Raté ! Il doit assister à une réunion d’anciens joueurs de la NFL, le genre de colloque qu’il déteste! Ces repas d’anciens combattants, c’est à la fois la pension mimosa et le bureau des pleurs ! Toutes les vieilles branches du football américain viennent demander des subventions, des indemnités. Ils viennent aussi faire constater leur infirmité ! Depuis août 2013, après une décision du tribunal fédéral de Philadelphie, la Ligue Nationale du Football Américain doit verser 675 millions de dollars en dédommagement à 4000 anciens joueurs malades ou blessés. L’affaire est tellement sensible que la NFL s’est engagé à dédommager lors des 65 années à venir les anciens joueurs qui souffrent de problèmes neurologiques en raison des chocs répétés tête contre tête lors de leur carrière. Charles a également été obligé de sortir le chéquier : 10 millions de dollars pour la recherche médicale. - 10 millions de dollars pour des neuneus qui souffriront d’Alzheimer et qui ne se rappelleront de rien, c’est 10 millions qui partent en fumée, peste -il !

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A 2 kilomètres de là, Harry prend également la même direction. Enfin, il ne la prendra pas seul. Arrêté en État d’ivresse la semaine dernière, il est privé de permis et doit donc prendre un taxi. - Central park s’il vous plait ! Radio à fond, le taxi obtempère. Le chauffeur avec son look à la Eddie Murphy est totalement déjanté. Il écoute une radio latine : thème du débat, les USA peuvent-ils passer le 1er tour de la Coupe du Monde de soccer ? - Of course ! Yes ! Il commente en direct toutes les analyses des chroniqueurs, puis se tourne vers Harry ! - Vous aimez le soccer ? - Je déteste ! répond en criant Harry pour couvrir le son de la radio - Vous devriez vous y mettre ! Nous avons une nouvelle pépite un certain Fenwick il n’a pas 20 ans le gamin! Il va tout déchirer. - C’est le rookie qui vient du football américain ? - Oui c’est ça dit enthousiaste le Eddie Murphy dans son taxi jaune ! - Ce mec est une ordure. Il parait qu’il a été viré des jeunes espoirs de la NFL car il se chargeait. Il était dopé comme un cheval ! - Vraiment ? - véridique Le chauffeur baisse le son de la radio. Parfois, les discussions avec les clients sont plus intéressants que le son FM. Vous êtes sûr de vous ? - Oui, je connais très bien un ami de son père. - Les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus aucune valeur !

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- Surtout dans le soccer ! Ce tom Fenwick est une vraie saloperie humaine, il ne file pas un centime à son père qui crève la dalle ! Harry semble se prendre du plaisir à mentir ouvertement. Oh le salopard ! dit le chauffeur, en laissant son drôle de client. Mon frère tient un petit blog sur le foot, je vais lui donner l’info. « Bienvenue aux anciennes gloires de la NFL » À l’entrée du Sofitel Central Park, personne ne peut manquer le panneau. Le service communication de la NFL a bien fait les choses. Les vétérans sont accueillis par des jolies hôtesses et par le président en personne qui sert la main de tous les invités sans exception. C’est un peu un dimanche de Pâques à Lourdes, une véritable cour des miracles. Il y a des fauteuils roulants, des crânes endommagés, des côtes cassées et des hanches démolies. C’est une superbe équipe de bras cassé ! Tous les sports du monde ont des sections d’anciens combattants. Celle-ci n’est pas la plus belle à voir. Près de la réception, Kramer feuillette le listing pour essayer de mettre des noms sur des visages. C’est une vraie angoisse. Impossible de reconnaître tout le monde. En revanche, tous les anciens joueurs le connaissent. - Bonjour Président ! - Bonjour - Je me présente. Fenwick, vieille tige de l’Arizona.

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- Ah c’est vous le père du Fenwick qui a déserté pour jouer au soccer ? - Oui, malheureusement… ! Répond embêté Harry. - J’aime pas les traîtres ! - Moi non plus ! - On en parlera plus tard. Kramer comme un homme politique en campagne, sert des mains à tour de bras. Au bar, Billy, un ancien Maori d’une cinquantaine d’années et avoisinant les 140 kilos. Le Pacifique sud a toujours fourni des joueurs talentueux en NFL. Il sirote un gin tonic. Soudain il aperçoit Harry et l’interpelle. - Oh Fenwick, tu me reconnais ? Harry regarde cette armoire à glace de haut en bas, sans trouver la moindre référence dans un petit coin de sa mémoire. - Euh désolé, non ! Ton visage devrait me dire quelque chose ? - Regarde-moi bien en face ! Billy est vraiment impressionnant. Outre sa carrure et ses faux airs de Charles Branson, il a un truc extrêmement perturbant : il ne cligne pas des yeux et vous regarde fixement. Il tourne légèrement sa tête vers la droite et Fenwick découvre alors que son interlocuteur a une oreille atrophiée. Il lui manque carrément un bout du lobe de l’oreille gauche. En un éclair de seconde les souvenirs remontent à la surface : ce match disputé en pleine chaleur dans l’Arizona… Cette bagarre générale en fin de match qui se transforme en pugilat… Harry se souvient…

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Après avoir réalisé une passe, il avait été violemment plaqué par ce maori. Harry avait alors pété un câble et lui avait arraché son casque en le rouant de coups. Le féroce Maoris avait aussitôt répliqué en lui mordant le cou. C’était l’une des bagarres les plus mythiques de football américain à l’époque. Les 2 joueurs avaient été expulsés. Le Arizona Republic avait titré le lendemain à la une « Le bal des vampires ». Suspendu 6 mois, Harry avait aussi été condamné à des travaux d’intérêt général. - Il est où ? - De qui tu parles ? répond Harry un peu perdu. - Tu l’a mis où ? insiste froidement Billy - De quoi tu parles ? répond. Harry de plus en plus décontenancé. - De sa main droite l’ex joueur maori montre son oreille atrophiée. - Je vais te dire la vérité, dit blême Harry, comme si les fantômes de cette rencontre remontaient à la surface. Il boit cul sec une vodka citron, puis passe aux aveux. Lors de ce fameux bal des vampires pour éviter de se faire pincer par les arbitres, il n’avait pas trouvé de meilleure idée que d’avaler le morceau d’oreille qu’il avait arraché à son adversaire. A l’époque, personne n’avait retrouvé ce bout d’oreille sur la pelouse synthétique. Harry incline la tête et ouvre ses bras, comme pour s’excuser. - Désolé…

Billy regarde fixement Harry, sans rien dire. Ces 2 grands gaillards face à face ressemblent à des vieux fauves qui auraient combattu toute leur vie. Billy pose son verre. Harry, tétanisé, redoute de prendre un immense coup de poing en pleine gueule… Mais contre toute attente, Billy se jette dans ses bras et l’enlace.

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La fraternité des anciens combattants sans doute. L’image est stupéfiante.

Dracula a finalement peut-être un cœur...

A 50 km de là, Tom ne sait pas que ces oreilles sifflent du côté de Central Park. Il arrive au centre national d’entraînement. Il est convoqué pour le premier stage de préparation de la sélection américaine. Jack Loves accueille un à un tous les joueurs sélectionnés, en ayant toujours un mot sympa. Les poignées de mains sont sincères. C’est peut- être le début d’une formidable aventure humaine. Tonio, l’intendant de l’équipe, remet à Tom son paquetage : le survêtement bleu à la bannière étoilée et le sac officiel de la sélection. Tom savoure chaque instant. - Pour le maillot, Tom, tu auras le numéro 22, tu es le dernier arrivé . Ca te va ? Tom murmure timidement… - Euh on peut changer ? Le 23 par exemple ? - Tu te prends pour Michael Jordan ? - Non, non... - Tom, le 23 comme le 1 et le 16 sont réservés pour les gardiens. Ce n’est pas comme dans le basket ou le foot américain. Ça te pose un problème ? - Non non tout va bien! Tom connaît les codes des vestiaires de haut niveau. Une meute de loups affamés. À aucun moment il ne faut montrer un soupçon de fébrilité. Il va devoir jouer avec le numéro 22. Le numéro de son père dans l’Arizona. Ce numéro 22 celui d’un obscur joueur de 2ème zone de

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football américain sera sur son dos. Il avait un nom à porter, il aura aussi un nombre. Tonio, qui ne connaît rien de cette histoire comprend au quart de tour que ce numéro pose un problème... Il se rapproche de tom en le prenant par les épaules. - Tom, la superstition c’est la religion des faibles ! L’attaquant américain acquiesce du regard avec le sourire au coin des lèvres. - As-tu préparé une chanson pour ton bizutage à la fin du déjeuner ? - Non ! - Tu dois y penser ! Dans 40 minutes tu passes à la casserole devant tous les joueurs et le coach... - C’est filmé ? - Tout est filmé de nos jours Tom. Tu peux compter sur les copains, tu auras 22 téléphones portables braqués sur toi. Il éclate de rire. Ce sera Hollywood ! Dans la famille Fenwick, les histoires de bizutages sont aussi célèbres que les histoires de tempête pour un marin ou de chasse pour un chasseur, Harry racontait souvent 2 histoires célèbres en NFL à l’époque où il était encore sobre. En 1998, un joueur des Saints avait dû traverser le couloir de l’hôtel avec une taie d’oreiller sur le visage, puis les joueurs les plus âgés de l’équipe l’avait frappé à grand coup de polochon. Bilan : une hospitalisation pour trouble de la vision et une mise au repos forcé alors que la saison n’avait pas commencé ? Pas super malin. Autre histoire célèbre qui tournait en boucle chez les Fenwick et qui montre la différence de traitement suivant les clubs : un rookie drafté à Seattle avait dû payer un repas

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à tous les anciens : les mecs avaient été cool. C’était des donuts Poppies. Côté Patriots, la note était montée à 35 000 dollars pour un rookie qui n’avait même pas eu le droit de manger. Bon, à cet instant précis, la mise en danger de Tom semble donc très relative. Reste à savoir quel titre chanter. Forcément un Coldplay ! L’album Every Day Life, sorti en 2019 dont il avait suivi en direct sur You Tube la sortie grâce à un live en direct de Jordanie, est top ! mais trop dur à chanter. Banco pour une valeur sûre : Paradise ! Le déjeuner est plutôt cool, Jack et les assistants coach sont à un bout d’une table rectangulaire immense et le moment fatidique approche. Les poings tapent sur les tables, les voix s’élèvent au moment du dessert. "Tom une chanson ! Tom une chanson !" Le rookie ne se dégonfle pas et monte debout sur sa chaise. - Vous aimez Coldplay ? - Yesssss , répond en cœur le squad et ils entonnent en choeur le refrain super célèbre : AND DREAM OF PARA PARA PARADISE PARA PARA PARADISE ! C’est à mourir de rire car complètement faux mais tous les joueurs enchaînent le refrain en faisant : OOOOHHOOOOH ! Mission accomplie ! Dans une ambiance assez géniale, le coach à l’autre bout de la table ne rate pas un instant et se félicite de ce moment qui sert aussi à solidifier un groupe. Sa prestation part sur les réseaux sociaux. Chris Martin peut dormir sur ses 2 oreilles, à priori, Tom dans le stade, ne fera que courir après un ballon… et peut être quelques filles.

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CHAPITRE 18 : UN TOIT POUR 2 ! Au Red Bull Moutain park du 48eme étage de la tour Brooklyn, Maddie et ses copines n’ont rien raté de la prestation de Tom. Ça balance à tout va sur le WhatsApp de l’équipe. « Quel carnage ! « « Mets ta capuche, il va pleuvoir ! » « Tom, ta voix est pire que ton pied gauche ! » Au même instant dans une salle de sport située en plein cœur de Manhattan, Julia s’oxygène l’esprit. Pour évacuer les vapeurs d’alcool du RockWood, elle court sur un tapis de course en regardant CNN. Le bizutage de Tom sur Paradise, tourne en boucle et fait marrer le présentateur. À son tour, Julia éclate de rire devant cette voix de fausset, jamais Paradise n’a autant ressemblé à l’enfer ! La jeune et jolie chanteuse ralentit le rythme de son tapis afin de se concentrer sur l’image. Dans sa tête tout s’éclaircit. C’est bien lui ! Elle reconnaît le mec plutôt pas mal qui était venu il y a quelque temps au RockWood lors du Tribute Coldplay. Elle a une bonne mémoire des visages. A quoi tient une rencontre ? Si je lui envoie un message, comment va-t-il le prendre ? Il est tout de même pas mal ce joueur, il a un chouette sourire. Comme une bouteille à la mer, Julia se lance sur les réseaux sociaux : Es-tu déjà venu au RockWood bar pour un Coldplay Tribute ? Quand Tom reçoit ce message, il est dans sa chambre au centre de sélection lors de la sacro sainte sieste.

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- Oui ! oui ! C’était moi répond Tom sans réfléchir ! - Désolée de ne pas t’avoir reconnu. Le soccer et moi ça fait 2 ;-) ! - Aucune importance, renvoie Tom avec son emoji mort de rire. Julia a plutôt un bon feeling et balance. - Tu travailles chez Tefal ? - Non Répond tom interloqué. Pourquoi ? - Tu chantes vraiment comme une casserole ? Julia 1 Tom 0 Tom adore ce genre de fille qui ne minaude pas! Julia rajoute : - J’y connais rien en soccer mais je supporte les Giants ! - Incroyable , répond tom. Tu connais le Metlife Stadium alors ? - Oui bien sûr ! - On s’ y retrouve mercredi soir après mon entraînement vers 20 h ? Tom se jette à l’eau. - Ok répond Julia ! Quel drôle d’endroit pour une première rencontre se dit- elle. Ça ne l’arrange pas vraiment car elle donne des cours de violon jusqu’à 19h30 et il doit prendre ensuite un train pour le New Jersey. L’américaine se demande vraiment quel plan Tom peut avoir en tête. Autour de ce stade, ce n’est pas vraiment la zone, mais ce n’est pas Broadway non plus. Ce n’est pas l’endroit idéal pour boire un pot. Qu’à cela ne tienne. Ce stade construit dans les marais de Jersey a été financé par 2 franchises, les Giants et les Jets. ll sert également pour les grands concerts et accueillera certains matchs de la Coupe du Monde 2026.

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Mercredi - 20h Temps printanier pour ce drôle de rendez-vous. New York à cette saison est vraiment agréable, Tom a terminé son entraînement. Tous les joueurs filent après la douche dans des voitures rutilantes, par forcément adaptées à l’empreinte carbone! - À demain Tom! Jack Loves est le dernier à partir. Tom regarde sa montre. Le temps tourne. Pas de Julia à l’horizon. Son téléphone est sur messagerie. Et si elle lui avait posé un lapin? Ou pire, oublié le rendez-vous ? Il en profite pour discuter avec le gardien du stade, un ancien joueur de NFL. Ce vieux monsieur, dont personne ne connaît le nom, est surnommé Gepetto. La référence est criante, il ressemble vraiment au papa de Pinocchio. Une notification WhatsApp : Julia peut être ? Non c’est Will. - On t’attend pour dîner ? - Non, j’ai un dîner avec les joueurs répond Pinocchio. - Ok. Ne rentre pas trop tard ! 30 minutes plus tard, à cause d’un accident voyageur dans le train, Julia arrive, en jean tennis, son violon sur dos. - Excuse-moi… Tom ne répond rien, ou plus exactement, il bafouille 3 mots dans le désordre. Le remake de coup de foudre à Nothing Hill avec Julia Roberts et Hugh Grant. Hypnotisé par le naturel de Julia, Too fast est… à l’arrêt ! La chanteuse de Coldplay est encore plus belle de jour que de nuit. Son visage est lumineux, sa silhouette athlétique, son jean moulant lui sculpte un cul admirable et ses seins se laissent deviner sous un joli pull Tommy Hilfiger.

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- Sympa comme endroit dit Julia, on va où ? Son regard balaie les 19 hectares du parking désert, digne de Death Valley ... - Tu m’as donné rendez-vous ici pour jouer à la marelle ? On devrait juste avoir assez d’espace, il y a au moins 28000 places de parking! Tom éclate de rire . - Non, tu vas voir un truc que tu n’as jamais vu ! Les yeux de Julia s’illuminent. Etrange sensation, car elle n’a généralement aucune attirance pour les footballeurs qu’ ils soient américains ou de soccer. Le soleil disparaît peu à peu derrière le virage ouest du Metlif Stadium et Tom présente Julia à Gepetto. - Gepetto je te présente Julia… euh... une amie... Tom est d’une maladresse infinie mais sa fraîcheur est touchante. Au RockWood Julia est branché en permanence par des relous aussi lourd que leurs 4/4 customisés. La candeur de ce petit Tom est rafraîchissante. En un regard, le vieil homme a tout compris... - Vous voulez visiter le stade dit Gepetto ? Ça doit rester entre nous. Rien sur les réseaux sociaux ! Sinon la police débarque et je suis viré ! - Avec plaisir dit Julia enthousiaste ! Gepetto, gardien de nuit, exerce la surveillance du stade depuis une régie ultra moderne : 28 caméras de sécurité, filment les moindres recoins : les entrées, les couloirs...

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Tom ne se prend pas pour Brad Pitt, mais sa notoriété naissante l’inquiétait un peu... Franchement, où pouvait-il aller ce soir pour avoir la paix ? Chez lui ? Euh pardon chez Will ? Impossible avec Will et Willy dans les pattes .. Chez elle ? Impossible Julia vit ses chez parents. Dans un hôtel ? Tous les concierges, malgré leurs jolis sourires d´accueil sont de mèche avec la presse people… Le rencard le plus simple était donc dans l’endroit le plus gros : le stade de la Coupe du Monde. Merci Gepetto ! Le lieu est super original, pour faire connaissance. Tom décide de commencer la visite par les 200 loges VIP, ces grands salons d’un luxe infini sont pour le commun des mortels assez étonnants... mais pas pour Julia ! Elle regarde Tom et lui dit - C’est le seul endroit que je connaisse ! - Comment ça ? ..... - Ben papa est président de la Ligue de Football Américain, - Sans déconner ! - Je t’assure, il a une loge à l’année ici ! - Dingue répond tom scotché. Si j’avais été pro en NFL, j’aurais joué devant lui ! - Et moi j’aurais peut-être hurlé « Fenwick ! Je t’aime ! » Tom devient rouge pivoine et change de sujet. - Tu as dû voir plein de matches d’anthologie ici ! - J’ai surtout vu Coldplay jouer à la mi-temps de la finale du Super Bowl! J’avais 14 ans, c’est vraiment là que j’- ai décidé de me lancer dans la musique ! - Je comprends mieux le tribute de RockWood maintenant ! Bon tu connais les loges mais pas forcément les cuisines ! dit- il en ouvrant l’ immense porte de saloon.

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Devant eux , une cuisine rutilante de 1000 m2 digne de ratatouille. Il faut bien cela pour servir 10 000 repas lors des matches. Au-dessus des éviers bien rangés une batterie ,d’ustensiles, de poêles, d’écumoires et une centaine de casseroles de toutes tailles... - Ah ! C’est donc là que tu as appris à chanter dit-elle en éclatant de rire! La visite très très privée de l’un des plus beaux stade du monde enchante ce drôle de duo. Tom, grâce au pass magnétique prêté par Gepetto ouvre toutes les portes et montre pendant 2 h durant, toutes les coulisses de cette enceinte ultra moderne qui dispose même d’une prison , pour les comparutions immédiates des mecs qui pourraient être totalement éméchés. Sur 80 000 personnes il y a toujours quelques abrutis, c’est une donnée statistique ! La lune fait son apparition au-dessus du stade quand ils descendent sur la pelouse. « On peut toujours trouver plus con que les supporters. Y’a les sportifs., parce que les supporters ils sont assis, les autres, ils courent... » A dit Coluche, un humoriste français. Et ici ils courent désormais sur une vraie pelouse. Pour les besoins de la Coupe du Monde, on a viré le synthétique. Le bonheur est dans le pré ! Tom et Julia s’allongent sur le dos au centre du terrain. Le plafond de la plus grande chambre du monde à ciel ouvert est infini, orné d’ un tapis d’étoiles magnifiques. - Quel âge as-tu ? .... Elle sourit un brin mystérieuse. - Quel âge me donnes-tu ? Au RockWood, je pensais que tu en avais 26 .... là je t ´en donne 22 Max… Je vais dire 23 ans !

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- Dans le mille ! Tom 1 Julia 1 L’heure est aux confidences. La fille du président de la NFL, et le jeune banni du foot américain, improbables tourtereaux, commencent à se raconter leurs vies. Il aime sa voix, son sourire, sa peau, ses yeux., son rire… - Regarde le ciel et choisis une étoile filante. Il y en a une toutes les 4 minutes. Et fais un voeu, il se réalisera, tu peux être sûr… Gepetto qui a suivi jusque-là le parcours de Tom et Julia par caméras interposées coupe sa régie de surveillance, avec beaucoup de pudeur. Derrière ses petites lunettes rondes son regard est à la fois tendre et malicieux. - Bonne nuit mes amis ! La vie n’est pas faite de hasard mais de rencontre a dit Bertrand Piccard lorsqu’il a survolé ce stade et New York avec Solar impulse. A l’abri des regards indiscrets, ce jeune couple américain savoure cette nuit magique. Au petit matin, Tom va chercher 2 thés goût citron sans sucre à la machine à café située dans les coursives du stade. Julia kiffe ce petit déjeuner original. En voyant le soleil se lever, la musicienne pense au clip de Coldplay : Sunset tourné en Jordanie à l’Aube... Après tout, pourquoi ne pas faire pareil ? L’occasion est unique, L’américaine sort son violon et joue l’introduction de « Daddy ». L’instant semble irréel. Julia joue dans l’un des plus grands stades du monde le titre écrit par Chris Martin. C’est un concert très très privé avec un seul spectateur ! « Daddy » évoque l’absence d’un père :

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Daddy Daddy, are you out there? Papa, es-tu là ? Daddy, won't you come and play? Papa, tu ne viens pas jouer? Daddy, do you not care? Papa, ça ne te fait rien? Is there nothing that you want to say ? Tu ne veux rien dire… Tom est bouleversé. Ses sentiments sont confus mais aussi d’une incroyable densité : Il pense à son père… à cette fameuse phrase « Je t’interdis de jouer au soccer et de ramener une rappeuse…» Il a au moins respecté la seconde règle… et ça, grâce au soccer. Si Harry savait…

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CHAPITRE 19 : CARTON ROUGE - Willy, as-tu vu Tom ce matin ? - Non, j’ai pris mon petit déjeuner tout seul. Cela fait quelques jours que l’éducateur français trouve que la nouvelle petite vedette américaine a changé de comportement. Et à 3 jours d’un match de préparation face au Brésil, cela n’a rien de rassurant ! Quand Willy monte dans la chambre, il devine que Tom n’a pas dormi là. Allons bon, il est amoureux. Il va falloir aussi gérer cela. Il regarde sa montre. 9h 30. Will envoie le sms le plus basique possible. « T OU ? » La réponse fuse : « Chez le coiffeur. J’arrive dans 30 min chrono ! » 10h - Comme prévu, la porte s’ouvre. Will est à 2 doigts de tomber à la renverse. - T’as pas fait ça ?????? - Pas mal non ? Répond Tom, visiblement très fier de lui. Il apparaît sur le pas de la porte, les cheveux rouge pétard, une raie sur le côté gauche, et un dégradé sur la tempe droite. Le comble du mauvais goût ! - T’es trop un canon ! s’exclame Willy, toujours prêt à défendre son frère d’adoption. - Ça claque non ? - T’es Red Bull ! Willy éclate de rire mais s’arrête aussitôt en voyant le regard noir de Will. - A non ! C’est un VRAI rouge Ferrari. Un seul salon de coiffure le possède dans Litlle Italy. - On peut savoir pourquoi ? demande Will dépité. Tom hésite à balancer la véritable raison, mais Will insiste. - Tu veux concurrencer Neymar ?

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- N’importe quoi, rien à foutre du Ney - C’est Lady Gaga qui t’inspire ? Parce que là, si l’idée vient de toi, c’est grave ! - Grave canon ! lâche Willy qui se prend aussitôt une tape sur la tête. - C’est un rouge Ferrari car après la Coupe du Monde je vais rouler en Ferrari 812 ! - Pardon ? Dit Will à 2 doigts de s’étouffer. Willy ne tient plus en place. - Je l’ai commandée. - Tu plaisantes ? - Elle sera disponible fin août ! - Je pourrai faire un tour avec toi ? Will fait signe à son fils de la mettre en veilleuse. Willy se cache les yeux mais son sourire le trahit. - Tom, comment peux-tu acheter une bagnole à 300 000 dollars alors que tu n’as même pas le permis de conduire ! - T’inquiète, je vais le passer après la Coupe du Monde. - T’as vraiment pété un câble ! - Ça va, c’est juste une Ferrari Super Fast de 800 chevaux. Willy, à ses risques et périls murmure « Too fast, super fast » en pouffant de rire. Et s’éclipse aussitôt pour éviter toute réprimande. - Écoute on a le temps d’en reparler. - Euh… dit Tom encore plus gêné, j’aimerai bien aussi prendre un appart pour moi tout seul. Après un long silence, Will un peu triste lui répond : - T’es pas heureux chez nous ? - Si, si, je passerai toujours vous voir. - T’as changé Tom - Non - Si je t’assure… - Non

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- Regarde toi dans une glace ! - Il n’a pas changé papa ! - Toi Willy, la ferme ! Écoute moi bien Tom. Lors du Hudson River derby, tu pendais des chaussettes dans ta chambre d’hôtel parce que le laundry était trop cher et ce matin tu arrives avec une tête de clown et tu me parles de Ferrari. Will savait pertinemment que ce moment devait arriver, mais ça reste tout de même un peu difficile à admettre pour le papa de substitution qu’il est devenu. Il respire un grand coup, boit une tasse de café et répond calmement : - On verra tout cela après la Coupe du Monde. On va prendre les choses dans l’ordre. La prochaine étape c’est le match face au Brésil, n’oublies pas. - Ok ! Obtempère Tom - Euh tu comptes jouer avec cette couleur de cheveux ? - Oui ! - Tu as intérêt à être bon sinon tu vas vraiment passer pour un guignol. Cette phrase était sans doute prémonitoire. Comment Will a-t-il senti que cette coloration était annonciatrice de gros nuages ? Que ce rouge ne sentait pas bon du tout ? 3 jours plus tard face au Brésil, lors de l’avant dernier match de préparation, Tom restera en tout et pour tout 30 secondes sur le terrain, pas une de plus. Il établit ainsi un nouveau record. Jamais un joueur américain ne s’était fait expulser aussi rapidement d’un terrain ! A la suite d’un tacle sévère du latéral droit brésilien, Tom s’est relevé et lui a asséné un violent coup de pied en plein thorax. L’arbitre a vu rouge, la Ferrari numéro 22 est rentrée directement au stand sous les sifflets du public.

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Dans les vestiaires, Tom n’est pas fier. Il se repasse le film de la faute, les crampons sur son tibia, et ce mauvais réflexe. Abattu, il allume son téléphone et découvre la rafale d’insultes sur les réseaux sociaux. « Enculé ! » « Fils de pute ! » « Retourne en NFL, ton sport de bourrins ! » C’est d’une violence inouïe. Lors de ce match amical, les États-Unis s’inclinent 1-0, rien d’infamant, mais la violence des commentaires prouve que de nombreux parieurs américains avaient misé sur un nul. La sortie prématurée de Tom a changé la donne. Les parieurs en ligne, qui jouent souvent des fortunes, auront du mal à lui pardonner. Dès qu’il est question d’argent, les gens deviennent fous et sans scrupules. A la fin du match, Jack Loves est interviewé en direct à la télévision. - Pas trop déçu par le résultat ? dit le reporter au bord du terrain. - Vous avez déjà vu un sélectionneur heureux après une défaite ? - L’expulsion de Fenwick a-t-elle été préjudiciable ? - Jouer contre le Brésil à 11, c’est déjà difficile. Imaginez à 10 ! - Vous allez le sanctionner ? - L’arbitre l’a déjà fait, son coiffeur aussi ! - Mais vous êtes d’accord que son geste est inadmissible ? Vous avez joué à 10 pendant 89 minutes…

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- Je connais bien Tom, ce n’est pas un joueur violent. Il a eu peur de se faire casser la jambe, c’est un mauvais réflexe. Même si ça ne l’excuse pas. Jack a pour règle d’or de ne jamais critiquer violemment ses joueurs dans les médias. De retour dans les vestiaires, l’ambiance est pesante. Loves rumine contre son attaquant vedette. Pendant que les joueurs filent sous la douche, il convoque Tom dans son bureau, situé juste à côté des vestiaires. - T’as pas le droit de faire ça ! - Excusez -moi coach ... - Tu fais cela en Coupe du Monde, tu prends 5 matches de suspension ! Tu en as conscience ? Tom est super mal à l’aise. Debout, son sac sur les épaules, on dirait un enfant de 5 ans. Il mâchonne nerveusement un touillette à café. - T’as Chopé le cigare Tom. T’es pas Zizou, t’es pas Beckham ! - J’ai jamais dit ça coach - T’es pas Kylian non plus ! L’ambiance est électrique. Ne sachant que faire, Tom murmure timidement : - Excusez-moi coach, je ne recommencerai plus. Il s’en va en prenant soin de fermer la porte du bureau. Le moral au fond des chaussettes, il va s’installer tout au fond du car. Son téléphone sonne. C’est Will. Tom ne décroche pas. Il n’a pas envie de parler. Il sort ses airpods et se réfugie dans sa musique.

En tribune de presse, les journalistes sont déchainés. Le comportement de Too Fast est jugé inadmissible. Le blog

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USA 2026 a déjà publié un article. Les commentaires sont terribles. « Ce mec est un sale con, il ne file pas un centime de pension à son père » Sur les radios, les débats sont d’une violence inouïe et donnent la parole aux auditeurs. Un chauffeur de taxi balance à l’antenne, avec un ton péremptoire. - Fenwick se dope ! C’est pour cela qu’il a été viré du foot américain et c’est pour ça qu’il a pété les plombs ». Les rumeurs vont bon train. - D’où tenez-vous ces infos ? demande le journaliste. Vos accusations sont très graves. - Je suis très ami avec un de ses amis que je transporte régulièrement, il m’a tout raconté. D’autres commentaires à la radio font même allusion au passif de son père : « Les chats ne font pas des chiens. Quand le père est cannibale, le fils l’est aussi ! ». Les supporters sont amnésiques. Le Tom qu’ils encensaient il n’y a pas si longtemps est devenu la pire ordure humaine. A l’autre bout de la tribune de presse, un commentateur anglais compare ce coup de pied à celui d’Eric Cantona condamné à 120 heures de travaux d’intérêt collectif et à une amende de 40 000 livres pour avoir allumé un supporter de Crystal Palace. Ce dernier l’avait traité d’ « enculé de bâtard de français ». Après ce clash, Éric the King n’avait plus jamais porté le maillot de l’équipe de France. Plus le temps passe plus un sentiment de honte semble s’abattre sur les épaules encore fragiles de Fenwick Junior.

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En arrivant à l’hôtel, l’ambiance est lugubre. Chacun file dans sa chambre. Tom, incapable de trouver le sommeil, redescend au bar et tombe sur le président de la FIFA. Ernest aime bien prendre une camomille avant de se coucher. Pour Tom, c’est le premier regard apaisant de cette foutue soirée. - Tu veux une bière ? - Non une eau minérale, ce sera très bien. Tom est très impressionné par cet homme dont il connaît le parcours en Angleterre. Il essaie de cacher son émotion mais c’est peine perdue. Ernest sait lire l’âme de ses interlocuteurs, il se trompe rarement sur la nature humaine. - Tom, si je puis me permettre. Tu dois te blinder. Des provocations, tu en vivras des centaines si... - Si quoi ? - Si tu deviens un joueur de très haut niveau - J’en rêve président ! - Tu veux vraiment savoir le fond de ma pensée ? - Oui - Tu es prêt à tout entendre ? - Bien sûr - Tom, le haut niveau, c’est un TGV lancé à 300 kilomètres/heure, et quand tu es expulsé de ce train à grande vitesse, c’est impossible de remonter dedans ! - Vous pensez que je vais être suspendu à vie pour un simple coup de pied ? - Non, mais tu dois déterminer si tu veux être un brillant intermittent du spectacle comme Neymar, ou un monstre sacré comme Léo Messi ! Tom et sa tignasse rouge n’en mène pas large. - Mais je travaille beaucoup Président ! Je peux vous poser une question ? - Je t’écoute, dit généreusement Ernest

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- Qu’est -ce que je dois faire pour passer un cap ? - Tu dois progresser dans la maîtrise du ballon, la prise de décision et l’exécution. Un grand joueur dompte toujours le ballon, d’où qu’il vienne, il devient son ami. En moyenne, un défenseur a 2 secondes pour prendre une décision quand il récupère le ballon. Pour un milieu, cela tombe à un peu moins d’une seconde. Quant à l’attaquant, dans les vingt derniers mètres, il n’a qu’un ou deux dixièmes de secondes. - Vous avez dirigé des méga stars. C’est quoi leur point commun ? - Ces joueurs sont capables de choisir la solution optimale ou de la créer dans les très grands matches. Tom, hypnotisé par le speech, aurait envie de prendre un papier et un crayon pour tout noter. - Un dernier point avant de te laisser. Retiens bien ceci : dans la carrière d’un grand joueur pro il y a 2 poisons. Tu les connais ? - Non je ne vois pas trop… - La notoriété et l’argent ! N’oublie jamais ça ! - Merci président ! En regardant la silhouette longiligne du président disparaître dans le lobby de l’hôtel, Tom se dit qu’il a une chance folle d’avoir croisé en tête à tête un homme de ce niveau-là. - Tom, une dernière chose ! Ernest est revenu sur ses pas. - Quand on est footballeur, mieux vaut être créatif sur le terrain plutôt qu’avec sa coupe de cheveux ! Bonne nuit !

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CHAPITRE 20 : LA MACHINE À LAVER - Il y un traitre parmi nous ! Au sous-sol de l’un des plus grands hôtels de Singapour, pas une mouche ne vole. - Je ne sortirai pas de cette salle tant que je n’aurai pas trouvé le coupable ! Taï Taï, fait partie d’un syndicat criminel puissant. Il est le fils spirituel du célèbre Dan Tan, un mafieux notoire qui avait un mandat d‘arrêt international contre lui au début des années 2000. Tan est surnommé dans le milieu le « Al Capone » du football. Face à Taï Taï - au sous-sol du Marina Bay Sand, un 5 étoiles constitué de 3 tours, avec une piscine sur son toit -sa garde rapprochée : Yu, ressortissant de Macao, mathématicien hors pair. Koggi, Japonais, joueur de poker, incollable sur le foot. Fanfan, chinois de 24 ans, informaticien de haut niveau. - Qui a acheté dans mon dos, le numéro 22 des USA pour qu’il prenne un carton rouge dès la première minute ? Répondez ! L’ambiance est glaciale. Aucun membre du gang de Singapour, ne répond. - Je veux le nom du Juda, insiste furieux le responsable mafieux. Je partirai pas d’ici sans avoir le coupable. C’est un nom ou vous ressortez d’ici les pieds devant. - On te le jure, nous n’avons rien fait sur ce coup-là. Ce petit con a agi tout seul. - Et moi je suis Mickael Jackson! Combien avez-vous touché bordel ? Face à ce Caïd, Koggi le japonais de 35 ans, mais qui fait 10 ans de moins, se lance timidement dans une explication...

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- Putain Taï Taï, tu le sais aussi bien que nous, il arrive que des joueurs pètent les plombs. Souviens-toi la coupe du monde 2018, face au Japon ! Un p’tit génie de Colombien a été expulsé après 2 minutes 59 de jeu, je m’en souviens comme si c’était hier. 2 minutes 59 ! C’est Kagawa qui a transformé le penalty, dit-il, en esquissant un demi sourire pour détendre l’atmosphère. - Un colombien ? Et tu veux me faire croire qu’il n’était pas acheté ? Tu te fous vraiment de ma gueule ! Taï Taï, ne connaît pas grand-chose au foot. Il suit uniquement ce sport à travers les cotes du live betting sur des écrans d’ordinateurs. Yu, dont le courage n’est pas la qualité première, se jette tout de même à l’eau. - J’ai lu qu’en 1986, un arbitre français avait même expulsé un joueur après 56 secondes, c’était sur Ecosse / Uruguay je crois… - J’espère au moins qu’il a pris du fric ! Pour convaincre son boss, Koggi brandit une preuve irréfutable. - Regarde, on avait mis 5000 dollars sur la victoire des USA avec un but de Fenwick en première mi-temps. Fais nous confiance, merde ! Taï Taï authentifie la pièce à conviction, puis se calme. Il est semble-t-il apaisé par la preuve. Ce puissant syndicat est né dans les années 90, lorsque les triades ont compris que les paris sportifs, pouvaient devenir des sources de profits au même titre que la drogue ou la prostitution, avec des risques bien moins élevés. Ces triades sont des familles criminelles extrêmement bien organisées qui opère dans des grandes capitales de Shanghai à Bogota,

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de Pékin à Rio en passant par Tokyo. La plaque tournante se situe à Singapour car les opérations de trucage sont beaucoup plus simples avec ses ressortissants. Les habitants de Singapour ont un double avantage : Ils parlent bien l’anglais et ils sont moins contrôlés que les chinois aux frontières. 140 milliards d’euros, soit 10 % des recettes d’argent sale du crime organisé à travers le monde sont blanchis chaque année dans les paris sportifs. Selon des estimations, il s’agit d’une machine à laver planétaire. Les sites proposent en moyenne 92 % de taux de retour aux joueurs. C’est à dire que pour 1000 euros mis en jeu, vous récupérez en moyenne 920 euros. - Si je puis me permettre, notre activité dans le foot est quand même très bénéfique insiste Yu. C’est notre meilleur taux de rentabilité en matière de blanchiment, les autres activités pour lessiver nous ont rapporté cette année moins 60 %. -Vous êtes sûr que La Coupe du Monde aux USA peut faire cracher du pognon ? - Affirmatif ! Nos équipes sont en place. - On doit pouvoir faire un carton, assure Fanfan. Cette organisation mafieuse fait appel à tous les corps de métier. A la base de cette entreprise pyramidale se trouvent les petites mains qui parient sur des sommes presque indétectables. On les surnomme les petits bateaux. Ils sont des milliers, à Hong Kong, en Chine... Ils notent les paris, et collectent l’argent pour les banquiers des organisations criminelles. En général, ils ne connaissent que leur supérieur hiérarchique et rien d’autre, car les cloisons de cette pègre sont étanches. Il est d’ailleurs fortement

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déconseillé aux « petits bateaux », de jouer avec le feu en essayant de court-circuiter leur patron. Tous les mois, en Angleterre, en France ou en Belgique, des ressortissants chinois assistent à des matches de divisions inférieures le téléphone collé sur l’oreille, pour donner des informations. Lors de l’été 2008, un fait divers a choqué toute l’Angleterre : Deux étudiants chinois ont été retrouvés sauvagement assassinés dans leur appartement de Newcastle. Une jeune femme, les mains et les pieds attachés dans le dos, frappée à mort à coups de marteau, le jeune homme gisant à côté la gorge tranchée. L’enquête menée par Scotland Yard révéla qu’ils avaient voulu outrepasser leur rôle d’intermédiaire. Impossible de se faire de l’argent sur le dos des caïds. On ne rigole pas avec la mafia asiatique. Dans cet hôtel de luxe, Le manège est assez drôle : Au sous-sol, Taï Taï surveille les championnats du monde entier dans un atelier clandestin bourré d’ordinateurs, digne de la planque d’Oliver Queen dans The Arrow. Chaque machine donne, en temps réel, l’évolution des cotes des rencontres. Quelques étages plus haut, des ressortissants étrangers eux, profitent du tourisme sans se douter de rien. Ces touristes qui viennent d‘Indonésie, de Malaisie, de Thaïlande, ou d’Australie, paient 450 euros la nuit. Leur kif ? Siroter un mojito sur le roof top, dans la piscine à débordement latéral qui ne déborde jamais car personne ne nage. Comme souvent dans ces grands hôtels, les moniteurs nageurs sauveteurs s’ennuient à mourir. Assis sur des chaises d’arbitres de tennis, au bord de l’eau, ils attendent un éventuel noyé, et se rince l’œil sur un éventuel petit cul de passage.

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Singapour surnommée la Gibraltar de l’Extrême Orient par ses colons britanniques est devenue la plaque tournante du commerce mondial. Chaque mois Taï Taï doit rendre des comptes à son big boss, l’énigmatique docteur Ming. Pour cela il doit traverser Singapour. C’est à bord d’un gros 4x4 américain équipé à l’avant d’un pare buffle, au cas où un gecko traverserait la route, que Taï Taï décide de s’y rendre. Dans cette ville calme, au sud de la Malaisie, les mafieux ont la vie tranquille. Singapour est réputée pour avoir un taux de crime l’un des plus bas au monde. Il y a d’ailleurs des affiches dans la rue qui rappelle aux habitants, que ce n’est pas parce qu’il y a peu de crime, qu’il n’y en a pas du tout. « Low crime, doesn’t mean no crime » Ici, les policiers roulent dans des Chevrolet aux couleurs du pays. Leurs moyens sont limités. Le siège du CID, Criminal Investment Department, ressemble à celui de toutes les polices du monde : un immeuble triste, au murs jaunis par le temps, avec des fenêtres grillagées. Ces flics sont comme les moniteurs nageurs sauveteurs du grand hôtel : peinards, car dans le code de la mafia, on se fait justice soit même. Le fameux Docteur Ming habite un quartier très calme. Les demeures au style colonial bénéficient des meilleurs jardiniers. Ces propriétés privées sont magnifiques. Officiellement, ce petit homme chauve est à la tête d’une société d’import-export, mais tout le monde sait que Ming a fait fortune à Hong Kong dans les courses hippiques en étant le premier à doper les chevaux de course. Devant sa demeure, des hommes en noir avec des Katanas. Ces sabres de 70 centimètres munis de lames courbées, portent les armoiries de monsieur Ming. Pour arriver devant sa villa cossue, après avoir montré patte blanche, il

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faut parcourir une longue allée à la végétation luxuriante. De part et d’autre du chemin, des crocodiles, à moitié assoupis, se baignent dans une eau marécageuse. L’odeur est pestilentielle, c’est le passage obligé pour rencontrer le patron. Ce Petit homme chauve est très élégant. On est loin, du cliché de la mafia sicilienne : costume Versace, Ray Ban, Rolex en or. Ming, lui adore le luxe à la française. Il porte exclusivement des costumes Lanvin taillés sur mesure, une montre Christian Dior et des lunettes de soleil Chanel qu´ il porte quelle que soit l’heure de la journée. Impossible de voir son regard, de percevoir ses émotions. - Taï Taï . Un thé vert du Sri Lanka ou un thé blanc de chine ? - Thé Vert avec plaisir Docteur. Avant de parler de 2026, je peux vous poser une question ? - Oui mais je ne suis pas obligé d’y répondre... - L’histoire qui circule dans le milieu, sur votre coup de maître en Angleterre, c’est vrai ? -Quelle histoire ? il y en a plusieurs. - 1997, la plus dingue. - Ça ne me rajeuni pas ! Je ne me souviens même plus du score… D’un seul coup, son regard s’illumine. - On a soudoyé des techniciens d’un stade anglais pour qu’ils éteignent le projecteur pendant le match. Ça nous a permis d’arrêter la rencontre sur le score qu’on voulait. Tout simplement ! Il fallait juste y penser, dit-il en rigolant. - Et surtout oser ! Ajoute Taï Taï admiratif. - Honnêtement c’était un jeu d’enfant ! - Vous avez demandé à me voir Docteur Ming ?

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- Oui. Avez-vous les coordonnées du brillant stratège qui a permis à Leicester de devenir champion d’Angleterre à la surprise générale en 2016 ? Taï Taï sait qu’il doit répondre du tac au tac. Ming a horreur des informations approximatives. - Ils étaient plusieurs sur le terrain : Jamie Vardy, Ngolo Kanté, Ryad Marhez… - Imbécile, je te parle pas des joueurs ! Taï Taï est totalement perdu, il ne comprend rien au film. Il pense que son boss veut monter une équipe. - Je te parle du mec qui a truqué la fin de saison. - Mais personne n’a truqué la fin de saison ! Leicester champion sans tricher ? impossible à ses yeux. A vrai dire, personne n’y croyait en Angleterre. Ce titre improbable a coûté 25 millions de livres aux sociétés de paris britanniques, le plus grand déficit jamais causé par un événement sportif. A l’époque Leicester maintenu d’extrême justesse l’exercice précédent, avait une cote de 5000 contre 1. Une cinquantaine de fans des Foxes, avaient misé des petites sommes. La plus haute était de l’ordre de 20 livres. Elle avait rapporté 125 000 euros à l’irréductible supporter. - C’est louche ton histoire ! - Docteur, je vous jure que c’est vrai ! - Ok, le sport a vraiment beaucoup d’imagination. Rentrons dans le vif du sujet. - Rassurez-moi, on ne va se mettre à parier sur la couleur des cheveux de Fenwick sur le prochain match des USA ? - Non, mais j’enquête sur lui. Dis-moi tout que tu sais à son sujet. Ce gamin semble insaisissable. - Totalement Imprévisible, sur le terrain aussi. Après quelques minutes d’échange, le téléphone sonne. Un appel de New- York. Il y a 13h de décalage.

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- Docteur Ming, ici Chou, j’avais promis de vous téléphoner pour vous tenir informé. - Vous avez du nouveau ? - Oui, je ne me serais pas permis de vous déranger sinon. - Allez- y. - Je suis dans l’hôtel de l’équipe américaine. - Et alors ? - J’ai vu Fenwick discuter tard au bar de l’hôtel avec le président de la FIFA. - Ernest Metz… dit songeur le chef de la mafia. Le mec le plus incorruptible de la planète. J’ai tout tenté pour le faire croquer sur un match de Ligue de Champions en Italie, il aurait pu gagner beaucoup d’argent, et moi aussi... - Docteur Ming, ce Fenwick semble être une bonne cible. - Faut pas trop qu’il traîne avec Ernest, il va finir par en faire un mec honnête ! - Pour l´instant, il a surtout l’air extrêmement perturbé. - Alors, c’est sans doute le bon moment pour le harponner-- Tu penses que l’on peut monter un coup ? - A priori, c’est jouable. Son père est à moitié barge et sa mère est morte, il a l’air un peu pommé. - Ok on fonce ! - On met quelle équipe sur le gamin ? - Mets l’équipe Z sur le coup, ils ne sont pas trop loin de New York. - Ok boss !

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CHAPITRE 21 : A PRENDRE OU A LAISSER Si Atlantic City a des allures de Deauville, c’est sans doute à cause de sa promenade de planches longeant l’océan. Cette ville en 1929, était un lieu de rendez-vous prisé par la pègre New-Yorkaise et par le boss de Chicago, un certain Al Capone. Bizarrement, 100 ans plus tard, la promenade de planches en bois est toujours là... Les voyous aussi ! Située à 200 km au sud de New York, cette ville constitue une parfaite base arrière pour monter des coups. - Tu as logé le gamin que l’on doit faire chanter ? - Oui, franchement, on a monté des coups bien plus compliqués, en Europe certains de nos amis se sont fait des couilles en or avec des soccermen ! - On prend combien sur une affaire comme celle-là? - 100 000 dollars payés d’avance, que cela fonctionne … ou pas. 50 000 dollars par tête de pipe, Honnête non ? - C’est le club Med ton histoire! Face à la mer dans une paillote made In USA, deux truands évoquent la prochaine sortie à la périphérie de Big Apple. Zetor est le cerveau, le plus vieux, mais également le plus petit, comme chez les Dalton. C’est lui qui a eu le plan par un intermédiaire de Singapour. Cet homme de 50 ans environ coche toutes les cases du parfait parrain : Cheveux teintés, chaîne en or autour du cou, Zetor pourrait être DJ dans la boîte de nuit la plus malfamée de Naples, où tenir un bordel à Macao. Il détaille le scénario : - On doit proposer 1 million de dollars à l’attaquant des USA et au gardien de l’équipe pour qu’ils ne mettent pas un

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pied devant l’autre durant la Coupe du Monde. Vu le montant, il y a de grandes chances pour qu’ils acceptent ! J’ai étudié le parcours de Fenwick. C’est réglé comme du papier à musique : Tous les jours d’entraînements un Van Ford noir grand voyager vient le chercher devant chez lui pour l’amener au club. Le trajet dure environ 40 minutes. Globalement un jour sur deux, le dénommé Tom fait arrêter le Van dans la même station-service : une Shell située à la sortie du Holland Tunnel. Le van des Red Bull ne s’arrête pas pour faire le plein, il s’arrête car notre gibier achète des M&M’s au beurre de cacahuète ! Ne rigole pas, il n’y en a pas partout des M&M’s au beurre de cacahuètes ! - Après c’est un jeu d’enfant : Nick, à l’extérieur, tu discutes "piston et soupape" avec le chauffeur qui sera très fier de te parler de son vaisseau 6 cylindres hybride et moi j’opère le petit à l’intérieur. - Brillant ! On peut même dire lumineux, acquiesce Nick. 9h - Manhattan South, le lendemain Il fait grand beau. Tom qui a déposé Willy à l’école située à 100 mètres de l’appartement monte dans le Van, direction le Red Bull Training Center. La vie est enfin belle. Il a trouvé un sport dans lequel il s’éclate et une chérie sympa. - On s’arrête chez Shell ? Ça roule bien, on n’est vraiment pas à la bourre, l’entraînement est à 10h30. - Ok obtempère le chauffeur. - Tu prends de l’essence ? - Non pas aujourd’hui. - Attends-moi 2 minutes, j’arrive ! Tom fonce à la caisse de la station - Hello, 2 paquets d’M&Ms peanut butter please ! Un client surgit

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- Vous êtes tom Fenwick, lui dit un homme avec un magnifique sweat-shirt à capuche des Red Bulls, on peut faire un selfie ? - Bien sûr dit Tom ! Je rêvais de vous rencontrer pour faire une photo mais aussi pour vous parler d’un projet. Peut-on juste boire un café ? Tom regarde sa montre et voit le chauffeur du club en grande discussion à l’extérieur devant le capot du Van avec un autre mec. Il sait que tout retard à l’ entraînement est sanctionné par une amende. Le coach ne rigole pas avec la ponctualité : c’est 100 dollars par minute de retard. Il hésite. - Ok , vous avez gagné ! Je vous donne 5 minutes chrono. - Vous inquiétez pas, on va faire ça vite ! J’adore votre club. - Merci ..... - Vous jouez vraiment Comme un dieu. - Euh, faut peut -être pas pousser dit Tom. Soudain, Le visage du Rapetou devient beaucoup moins avenant et le ton change. - Écoute bien Fenwick junior, si tu joues comme une brêle avec ton pote gardien pendant la Coupe du Monde, on te file 2 millions de dollars! Tu entends 1 million de dollars pour toi, et 1 million de dollars pour le mec qui garde la cage ! - Tom regarde autour de lui, personne ne prête attention à leur discussion. - Bien joué les gars ! Il y a combien de comédiens dans la station-service pour la caméra cachée du MTV show ? - Petit, c’est pas une caméra cachée et notre sport à nous c’ est le baseball! - Le Baseball ? Tom est complètement déboussolé !

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- Oui... des grands coups de batte de baseball dans les genoux des mecs qui ne nous écoutent pas ! On a brisé la carrière de pas mal de mecs.... - Qui êtes-vous ? - Qu’est que tu en as à foutre ! - Qui vous envoie ? - Ça te regarde pas. Un dernier conseil : pas un mot au flic sinon ta jolie frangine aura des problèmes... pigé ? - Ok répond Tom apeuré. Rendez-vous demain 13h - même endroit. Livide, Tom remonte dans le Van. Que faire ? Que dire ? Prévenir les flics ? Le coach ? Will ? Harry ? Le gardien ? Tom choisi le silence et s’entraîne pendant 2 heures sans broncher. - Il y a un truc qui va pas Tom ? Le coach a vu que l’attaquant était passé à côté de son entraînement. Il n’a pas marqué un but, pas fait un appel de balle ! - Une migraine passagère, rien de grave coach. - À demain ! Lors du trajet retour, Fenwick junior, toujours interloqué, se demande qui peut être derrière un truc pareil... Doit- il en parler à Will ce soir ? Ou à Avto, le gardien ? En rentrant chez lui, Tom sait que Will n’est pas là. Il a une réunion des éducateurs de football. Cela Tombe plutôt bien. Il fait 3 parties de FIFA 2023 avec Willy pour se changer les idées… - Je t´ai battu Tom hurle Willy ! 3 fois de suite, t’es vraiment nul ! Je peux te remplacer à la Coupe du Monde ? Battu et abattu surtout, Tom file dans sa chambre. Allongé sur le lit, il est plongé dans un abime de perplexité... Qui veut lui empêcher de réaliser le rêve de sa vie ? Pour quelles

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raisons ? Il n’en a pas la moindre idée. Doit-il mettre Maddie dans la confidence ? Lui dire qu’elle est peut -être en danger ? Tom ouvre son ordinateur et tape : "corruption football " sur Google. Il obtient instantanément 80 millions de résultats, « bienvenue au club » se dit-il ! A quelques jours de l’ouverture de la Coupe du Monde, le gamin de Brooklyn découvre ce fléau tentaculaire. En Europe, tous les pays sont touchés : Achat de joueurs, d’arbitres, chantage divers et variés. Il y en a pour tous les goûts. En Asie, la corruption a tué le football partout. C’est effrayant. En Malaisie, à Singapour, à Hong Kong… Pire, en Chine ,il y a quelques années , Le principal sponsor « Pirelli » a rompu son contrat avec la Ligue Chinoise et le diffuseur national «Chine Central Télévision » a refusé de retransmettre les rencontres ! Des membres de la Fédération Chinoise de Football ont même été arrêtés, y compris le président ! Qui est à la tête de cette organisation tentaculaire ? Mystère et boule de gomme. Tom redescend dans la cuisine. L’attaquant prend une banane et 2 yaourts à la vanille, histoire d’avoir un truc dans le ventre avant de dormir ! 13h - le lendemain Après l’entraînement, comme prévu, le Van s’approche de la station-service et ralentit. - Tu veux des M&Ms Tom ? - Non ça ira, merci ! Le gamin de 20 ans vient de planter magistralement son rendez-vous avec la mafia. A l’intérieur

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les 2 Marlous, voient le minibus passer sans s’arrêter. Échec et mat. - L’enculé, disent-ils en stéréo ! - Extrêmement perturbé par cette histoire, Tom éprouve le besoin d’en parler et aussi bizarre que cela puisse paraître, il choisit d’en parler à son père. Cela fait longtemps qu’ils ne sont pas vus et plutôt que d’envoyer un sms maladroit, le kid décide d’aller le retrouver sur place, chez lui. A cette heure-là, c’est facile, Harry prend toujours l’apéro au « T Drink » de l’autre côté du pont de Brooklyn. Tom s’y fait dropper. - A demain dit-il au chauffeur ! Le T drink est un rade bien pourri. La bouffe y est tellement dégueulasse et le café aussi d’ailleurs, qu’il est toujours désert. - Oh, voilà la starlette du sport de gonzesse ! Qu’est-ce que tu fous là ? Les premiers mots d’un père à son fils sont charmants et plein d’affection. Accoudé au comptoir, Harry sirote le premier mojito de la journée ... - Hello papa ! Que cette phrase lui semble drôle, elle est sortie toute seule de sa bouche mais sonne faux. Sensation étrange. Un papa alcolo et violent, certes… mais peut-être sera-t-il de bons conseils pour une fois. À cette heure-là, généralement, il n’est pas encore complément bourré ! - On peut se voir au fond de la salle ? - Pourquoi ? T’as oublié tes slips à la maison ou tu as du linge à laver ? Harry regarde son fils de bas en haut, de haut en bas. il a quand même de l’allure dans le survêtement de la sélection nationale.

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- On vient de me proposer 2 millions de dollars pour saboter un match... Les yeux d’Harry s’allument - 2 millions de dollars ! ‘T’as dit oui j’espère? Tu veux m’en filer un peu ? J’ai toujours su que tu étais un bon fils ! Face à cette réaction, Tom ne ressent même pas de haine… juste de la pitié ! - Papa, c’est 2 millions de dollars offerts par la mafia ! Je ne sais pas qui est derrière tout ça... J’ai juste besoin de conseil. Ils ont menacé Maddie… Harry respire un grand coup, boit son mojito cul sec et aligne une droite en plein visage de son fils ! Tom recule de 2 mètres, à moitié sonné. - Pauvre petit con !, Dans la vie, on prend l’oseille ! Casse -toi ! Le visage tuméfié, l’œil gauche à moitié fermé, Tom abasourdi, demande un taxi au barman interloqué. Harry est dans un état second. Le cocktail antidépresseur et alcool c’est dangereux. C ‘est même une véritable grenade et elle vient d’exploser. Quelques minutes plus tard, Un taxi jaune immatriculé KO NYC se gare près du jeune boxeur. - Je vous dépose où ? - A Chelsea Manhattan - Le chauffeur regarde dans son rétroviseur intérieur le visage de son client... Bon sang c’est bien lui ! Il comprend néanmoins à la mine paniquée de Tom que quelque chose de grave vient de se passer. Durant les 20 minutes du trajet pas un mot n’est échangé dans le taxi... Tom règle sa course 22 dollars et disparaît avec son sac de sport en bandoulière.

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Le chauffeur de taxi prévient immédiatement par radio le frapadingue de soccer de la compagnie qui ressemble tant à Eddie Murphy ! - Hey Samy, tu ne devineras jamais qui je viens d’avoir comme client ! - Julia Roberts ? Bruce Willis ? répond au tac au tac Samy! - Non Tom Fenwick ! - Tu plaisantes ? - Je ne sais pas s’il est bon au soccer mais la boxe c’est visiblement pas son truc. Il vient de prendre un coup de poing dans la tronche je te dis pas la gueule qu’il avait ! - Tu l’as chargé où ? - De l’autre côté du pont de Brooklyn, au T drink. À tous les coups c ‘est son père ! Il paraît qu’il ne lui file pas un centime… Quand Tom, ouvre la porte de l’appartement de Will, il a la désagréable impression d’être un repris de justice, un mec peu fréquentable. A cette heure-là Willy est encore à l’école, c’est sans doute le bon moment pour tout raconter à Will, son « gars sûr »… En ouvrant la porte, Will voit le visage fracassé de Tom qui lui tombe dans les bras en pleurs. Tom Fenwick le jeune footballeur qui fait rêver l’Amérique ne fait à cet instant rêver personne. Durant 1h, Tom raconte tout à son père adoptif ses peurs, les possibles représailles… Will écoute, réfléchit. Il est évidemment super déçu de ne pas avoir été mis dans la confidence mais c’est ainsi. Désormais, mieux vaut regarder devant. Le gamin paumé qu’il avait rencontré au bord de l’Hudson semble une nouvelle fois perdu. Ce milieu attire les convoitises, Il y a

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des personnes malveillantes qui cherchent à profiter des joueurs, pour leur faire croire qu’une seule décision peut changer leur vie. Cette histoire rocambolesque lui en rappelle une autre qu’il choisit de ne pas raconter à Tom, afin de ne pas l’effrayer : Gianfranco Zola , légende de Chelsea , avait échappé à une tentative d’enlèvement alors qu’il évoluait à Parme. En 1994, les faits s’étaient curieusement aussi déroulés dans une station-service. Maiello, ancien pro, passé par la case prison était devenu homme de main de Marcello Colafigli, une figure du grand banditisme italien. Sa mission : enlever l’une des grandes stars du foot italien. Zola, en faisant le plein de sa voiture, avait repéré très vite un tatouage identitaire sur le bras de Maiello, symbole de son appartenance à un gang. En lui parlant du club de Naples dans lequel il avait évolué avant de signer à parme, Gianfranco Zola avait totalement déstabilisé son agresseur, qui avait abandonné son projet. - Tu veux un café ou tu préfères un double whisky ? demande Will. Il arrache un demi sourire à Tom, en se préparant un robusta italien bien serré puis met un peu de musique en fond, pour alléger l’atmosphère. Sa Play List est en mode aléatoire. Il a une cinquantaine de morceaux, des tubes anglais, américains mais aussi des trucs qu’il écoutait en France. Une vieillerie passe. Ce titre qu’il a emmené avec lui quand il a quitté Paris il y a 25 ans tombe à pic « say it ain’t so, joe » de Murray Head. Cette fameuse intro avec cet arpège à la guitare et les paroles tellement de circonstances.... Will, sans être un intellectuel, a cette intelligence situationnelle. Il sait rebondir sur un événement, une petite phrase…

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- Sais-tu a quoi fait allusion Murray Head dans cette chanson ? - Non, dit Tom avachit dans le canapé un œil dans le vague, l’autre fermé. - Ça devrait te rassurer. - Je vois pas trop pourquoi... - Ton histoire existait déjà il y a 100 ans. En 1919, un énorme scandale a frappé le baseball, 8 joueurs des « Chicago White Sox » ont été accusés d’avoir abandonné un match face aux Cincinnati Reds en échange de fric. - T’es sérieux ? - Oui, ce fut un traumatisme national et la grande star Joe Jackson a été bannie à vie pour ne pas avoir dénoncé la corruption. Le titre de cette chanson, cette fameuse phrase, est celle d’un jeune supporter qui a croisé Joe Jackson à la sortie de son témoignage devant le tribunal et lui a dit : « Say it aint so Joe! « Tom est abasourdi, il vient de comprendre que son histoire de corruption n’ est pas la première et malheureusement pas la dernière non plus. Le sport attire l’argent et l’argent attire les voyous. C’est vieux comme le monde. 17h - Le petit Willy rentre de classe et voit son frère amoché. - Ouawouh Tu as fait de la boxe ? - T’inquiète c’est juste un coup de coude ! Répond Tom. - Pfff, c’est naze, rétorque Willy visiblement déçu.

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CHAPITRE 22 : BIENVENUE EN ENFER! - Désolé pour le déjeuner jeudi dernier ma chérie, j’étais dans une réunion d’anciens combattants de la NFL et cela n’en finissait pas. Pas de problème papa, répond Julia en entrant dans l’immense salon familial. A vrai dire ce n’est pas la première fois que son père lui fait faux bond ! - Ça avance bien ta récompense à 1 millions de dollars ? Kramer est scotché, cloué sur place ! Comment sa fille peut-elle au courant ? Comment peut-elle balancer un truc aussi lourd avec un ton aussi léger ? Le président tout puissant est sidéré. - Bravo, renchérit Julia, Je trouve vraiment que c’est une bonne idée ! - Merci répond sobrement le père médusé. - Mais 1 millions de dollars tu trouves que c’est assez. Tu ne pouvais pas donner plus ? - C’est quand même beaucoup d’argent pour un truc qui prend peu de temps ! - Tu plaisantes j’espère ! lui balance sa fille à la figure, un brin énervé. c’est un boulot colossal. Un jour, il faudra quand même que tu respectes les mecs qui travaillent pour l’avenir de ton sport et donc pour notre avenir papa ! Pour notre avenir ? Charles Kramer percute enfin ! Le Quiproquo qu’il est en train de vivre avec sa fille dépasse l’entendement. Il est tellement obnubilé par cette histoire de corruption, qu’il en a oublié l’annonce de son service recherche et développement dans la presse cette semaine. 1 million de dollars c’est la somme que propose la National Football League à celui qui imaginera le casque du futur.

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300 ingénieurs issus des plus grandes écoles américaines planchent en ce moment sur le sujet. La Ligue a lancé Le « Helmet Challenge », un concours d’innovation pour développer des nouveaux casques plus sûrs. Derrière la volonté de protéger l’intégrité physique des joueurs se cache aussi un formidable business. Le marché des casques estimé à 20 millions de dollars aujourd’hui devrait passer à 150 millions dans les 5 prochaines années, rien que ça! Rassuré, car sa fille n’a pas vu qu’il s’emmêlait les pinceaux, le tout puissant président de la NFL reprend son activité hebdomadaire. Il se débat comme il peut sur un rameur dernier cri. Tous les samedis matin, la jeune chanteuse observe son père avec beaucoup de compassion car l’image n’est vraiment pas terrible. Kramer, dans une tenue moulante dernier cri, essaie de perdre ses kilos en trop en ramant comme une bête de façon désordonnée. La cadence, la synchronisation des bras et des jambes… C’est visiblement pas son truc ! En revanche il a devant lui 3 portables allumés. Kramer possède le parfait costume du sportif occasionnel qui est un dérivé du sportif du dimanche en plus déguisé et plus riche : des chaussures Nike fluo, éditions limitées, toutes options à 350 dollars, une montre connectée pour surveiller son rythme cardiaque, sans oublier le tee-shirt hyper moulant dernière génération conçue par la NASA pour les spationautes. Sur ce tissu ultra léger, anti transpirant, anti odeur, hyper moulant, tout est livré… sauf l’oxygène ! Fagoté ainsi, Kramer est un pantin ridicule car cela fait longtemps qu’il ne transpire même plus ! - J’ai un petit copain papa, il est super ! Tu le connais peut-être, c’est…

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Au moment où Julia s’apprête à prononcer le nom de Fenwick junior l’un des trois téléphone de son père sonne, dans toute la pièce. . Les Kramer habitent depuis des années dans l’ Upper East Side, surnommé le district des bas de soie : Silk Stocking District. C’est une revanche sociale incroyable pour le fils de quincailler. Ses plus proches voisins sont maintenant la famille Rockefeller mais également Madonna et Spike lee. L’Upper East Side n’est pas que le quartier le plus riche de New York, c ´est également le quartier le plus riche des États-Unis ! Allô ! Oui, c’est bien moi, je vous rappelle dans un instant. Comme Donald Trump, le président de la NFL possède 3 téléphones, 3 Iphone XVIII : 1 réservé à Twitter, le deuxième crypté pour éviter les écoutes téléphonique et le 3ème pour son usage personnel. Il sert aussi de carnet d’adresse. Et dire que Barak OBAMA, n’avait pas de téléphone personnel lors de son premier mandat ! Pour la petite histoire, Lors de son passage dans l’émission de Jimmy Fallon en 2016, Obama avait raconté l’anecdote suivante : « Lors de mon deuxième mandat, j’ai reçu un Smartphone, mais je ne pouvais pas l’utiliser pour téléphoner. C’était un super portable, à la pointe de la technologie mais il ne prenait pas de photos, on ne pouvait pas envoyer de SMS, pas moyen d’écouter de la musique non plus ou de passer un appel... En gros, c’était le même téléphone que celui de votre enfant de 3 ans ! »

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Charles Kramer prend le Téléphone crypté offert par son ex agent de la CIA et rappelle son contact. - T’es sérieux ? Ce TOO FAST de mes couilles a refusé ? Il est vraiment aussi con que son père ce Fenwick junior. Qu’il aille au diable ! Dans la tête de Julia, ça mouline aussi vite que les services secrets de la NSA ! Machine arrière toute ! Dans cette baraque on est vraiment très très loin de Paradise...c’est plutôt « bienvenue en enfer » ! En raccrochant, Kramer est tellement énervé, tellement centré sur lui, qu’il a même oublié que sa fille allait lui lâcher le nom de son petit copain... et en l’occurrence, ça fait l’affaire de Julia ! Son Tom chéri n’a pas l’air en odeur de sainteté dans cette maison qu’elle déteste de plus en plus. D’ailleurs toutes ces photos accrochées dans des cadres dorés sur les murs sont ridicules. Son père avec Trump, son père avec Michael Jordan, Son père avec Tom Cruise, son père avec Di Caprio… une vingtaine de clichés pour immortaliser son réseau et sa puissance. Il ne manque que le pape à ce tableau de chasse égocentré... Quelques minutes plus tard, l’interphone du portail sonne, une Mercedes Noire classe S entre dans la propriété privée. - Ne bouge pas ma chérie, c’est pour moi .... - Sans blague, tu penses que mes potes roulent dans ce genre de caisse ? Lui balance Julia. Charles Kramer, sort pour accueillir ces mystérieux visiteurs du samedi matin. Le contraste est assez drôle, la Mercedes est super classe et le pape de la NFL dans son costume de sportif de pacotille a la palme du mauvais goût.

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- Attendez moi là un instant...

À travers les vitres fumées de la voiture, Julia distingue deux personnes. Visiblement son père n’a pas nécessairement envie de faire les présentations. Kramer disparaît au fond de la maison, et ouvre son coffre-fort , situé derrière « un trompe l’œil » dans lequel il y a des montres de luxe et une montagne de dollars en liquide. On peut vivre dans le quartier de bas de soie et avoir des bas de laine. A l’abri des regards, le boss de la NFL sort des milliers de dollars en petites coupure et revient sur le perron. Avec, ses chaussures de tennis qui clignotent, on croirait un avion en phase d’atterrissage. Pas un avion de chasse ! Un vieux bombardier tout décati. 2 mots sont échangés avec les visiteurs du samedi et la Mercedes repart aussitôt en toute discrétion. Ni vu, ni connu. Kramer souhaite reprendre la conversation avec sa fille. - A propos, tu as vu sur Twitter la gueule du rookie qui s’essaie au soccer ma petite Julia ? - Non, répond-elle en essayant de laisser paraître aucun sentiment. - Ce petit con s’est engueulé avec à son père, un ancien de la NFL un peu chtarbé. Il a pris un point dans la gueule, je te dis pas ! Julia, rallume son smartphone et découvre la tête bien amochée de son Tom! Elle a envie de crier, mais ne peut absolument pas. Elle essaie de donner le change à son père en gardant une certaine contenance. - C’est qui ce Tom dit- elle ? - Un jeune mec que nous n’avons pas gardé en football américain.

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- Pourquoi ? - Il n’était pas courageux, il est parti faire du soccer. Il parait qu’il est chargé comme une mule ! Incapable de cacher ses sentiments Julia file dans sa chambre pour mettre fin à ce grand moment de solitude. Son père repart lui pour une tentative de la traversée de l’Hudson sur son rameur. Pas gagné À chacun ses galères !

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CHAPITRE 23 : BRAS DE FER La réunion s’annonçait à nouveau musclée, très musclée. En prenant l’ascenseur pour retrouver son boss, Natalie Michigan savait que l’accueil serait glacial. Les pieds sur le bureau, le boss de NBC a devant lui un mur d’écran avec toutes les chaînes d’infos en continue, toutes en direct du centre d’entraînement des USA, car Donald Trump est passé ce matin souhaiter bonne chance à l’équipe. - Même CNN se met à faire des directs avec l’équipe nationale américaine de soccer. Affligeant. Franchement, ton ami Trump, il n’a que cela à foutre en ce moment? Fumasse, Natalie, comme à son habitude, met les pieds dans le plat. - 1 - C’est pas mon ami. 2- Aucune équipe de reportage de chez nous n’a couvert l’événement, c’est un scandale ! -MICHIGAN ! Quand Bill Iron appelle Natalie par son nom de famille, c’est jamais bon signe. -Trump qui sert la louche d’un coach pour toi c’est une info capitale ? - Oui, dit-elle en le fusillant du regard ! - MICHIGAN, on peut ne pas être d’accord avec la plus grande enquêtrice du monde ex-meilleure patineuse de la planète ? Le ton cynique d’Iron, cette dictature de la pensée exaspère Natalie. La journaliste est une grande admiratrice d’Albert Camus. Elle a découvert l’auteur français grâce à un steward d’Air France lors de ses multiples aller / retour entre les USA et l’Europe quand elle patinait. Natalie a passé des heures sous la lumière tamisée des cabines d’avions à lire l’œuvre

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du prix Nobel de littérature. Sa devise est celle du journaliste français : « Résister, ce n’est pas tolérer le mensonge ». Dans le contexte actuel de course à l’info aussi futile que stupide, relire Camus c’est un manuel de résistance. Ce livre écrit par un homme qui a été élevé par une mère qui ne savait ni lire ni écrire, est pour elle une vraie source d’inspiration. Elle balance pour changer de sujet : - Tu sais ce que fait Lebron James ? - Le basketteur ? - Non, l’homme de ménage… - Ahah ! Que vient foutre un basketteur dans notre discussion ? - Il a mis une fortune dans une Start up qui bosse sur le développement d’un casque transparent avec le designer Victor Salomon. Leur société s’appelle « uninterrupted ». - Tu te fous vraiment de moi ! Je t’ai demandé une enquête sur le soccer et tu me balances une enquête sur le football américain en mêlant l’une des plus grandes stars du basket... Tu vas finir au placard ! - C’est déjà un peu le cas… - Tu as vraiment les files qui se touchent MICHIGAN ! - ça t’arrive de laisser les gens parler ? Lebron James, est super malin, il veut améliorer la sécurité des joueurs mais aussi surfer sur le business. Il a raison de développer cela. Pour l’instant, le prix des casques homologués NFL est de 300 dollars. Ils devraient atteindre en 2028, 950 dollars ... rien que ça ! - Écoute moi bien MICHIGAN, t’es tombé combien de fois sur la tête durant ta carrière de patineuse ? Tu laisses tomber ces histoires de NFL et intéresse toi aux vrais problèmes. As-tu vu la tête de Fenwick junior ?

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- Non... Bill Iron lui suggère de regarder la télé sur les chaînes de sport en continue, - On m’a dit qu’il s’était battu avec un coéquipier et qu’il était dopé ! Natalie fulmine. - On m’a dit que... pour toi c’est une info ? Tu veux un titre bidon bien accrocheur et hop 15 millions de vues. Tu veux que je fasse la « pute à clique » quoi, c’est ça ? JAMAIS ! Écoute Michigan, jusqu’à nouvel ordre, je suis le boss de cette chaîne, et là tu fais vraiment chier. Natalie a parcouru la Russie de Poutine, l’Amérique du Sud, la Corée du Nord… Elle sait que les plus belles médailles s’accrochent dans l’âme et pas sur la veste. - Bill, personne ne m’empêchera de faire mon métier correctement ! - Tu sors une enquête sur le soccer ou…? - Ou quoi ? Elle fixe Iron droit dans les yeux. L’atmosphère est très lourde dans le bureau du boss. Les deux fortes têtes ne s’adressent plus la parole. Natalie, écœurée, regarde toutes les images en provenance du centre d’entraînement des USA. Il y a un monde fou. Pour cet entraînement ouvert au public, la Fédération a invité toutes les écoles du coin. Tom Fenwick est vraiment la star montante. À chaque accélération, à chaque dribble, les gamins l’acclament et comme il a, en plus, le sens du spectacle, le public est ravi ! Fenwick ! Fenwick ! scandent les jeunes. Cette Coupe du

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Monde semble vraiment bien lancée. Après 90 minutes, Jack Loves siffle la Fin de l’entraînement. Tom reste un moment le long de la Main courante pour signer des autographes quand un imprévu vint gâcher sa journée. En posant pour une énième photo face à La Tribune, il aperçoit, en haut des escaliers, le fameux Dalton de la station-service. Le faux supporter des Red Bull qui lui a proposé un million de dollars. Dingue ! Que fait ce mec ici ? Pourquoi est-il venu ? Qui lui a permis de rentrer ? Tom regagne les vestiaires, extrêmement perturbé. Dans sa tête, le cauchemar continue. Pendant qu’il prend sa douche, Jack Loves répond aux diverses sollicitations. C’est une sorte de parcours du combattant car le terrain est miné. À quelques jours de l’ouverture de la Coupe du Monde, cette journée d’entraînement, ouverte à la presse est extrêmement codifiées. Jack Loves a une sainte horreur de ces rendez-vous avec les journalistes mais il doit faire avec. Ça fait partie du job. Juché sur une estrade sous une grande tente blanche, il va devoir faire face à un flot de questions. - Peut-on savoir ce que vous a dit le président Trump ce matin lors de sa visite ? - Il nous a demandé d´arriver en quart de finale. - Vous pensez que c’est jouable ? - Sur le papier les anglais sont plus forts que nous mais on peut terminer deuxième et sortir de la poule. - Il vous a dit autre chose ? - Oui il nous a également dit que son fils baron adorait le soccer.

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Après 20 minutes de conférence de presse, le chef de la délégation annonce : Une dernière question ? Une centaine de bras se lèvent ! - Pourquoi Tom a un œil tuméfié ? - Rien de grave, répond Jack, cela prouve que le soccer est un vrai sport. Les journalistes rigolent, l’ambiance est plutôt bon enfant. En fin d’après-midi, Tom est dans sa chambre. Après avoir consulté les réseaux sociaux, il allume machinalement la télé. Il y a un match de football américain. Son sentiment est étrange : Que de chemin parcouru se dit-il. Il se sent totalement étranger en regardant ce sport qu’il a pourtant tant aimé ! La rencontre oppose les Dodgers de Brooklyn aux Stapeltons de Staten Island. Il regarde cela avec un œil plutôt amusé mais une image furtive le sidère : Au deuxième plan lors de l’interview d’un joueur, Tom aperçoit le président de la NFL. A ses côtés, Zetor le fameux Dalton et… son père Harry. Surréaliste . Tom est dans un brouillard total. Qui commandite quoi ? et au profit de qui ? Le jeune prodige se met à douter. Son entourage est-il en relation avec la mafia ? Que peut faire un mafieux aux côtés de son père et du patron de la NFL ? Au même moment, son téléphone sonne. C’ est la sonnerie de Paradise, sonnerie personnalisée dédiée à Julia. Tom ne sait plus à qui faire confiance. Est-il tombé dans les bras d’une espionne ? Il hésite à décrocher mais fini quand même par le faire, car il déteste être paranoïaque. - Hello Tom ! Ça va ? - Oui oui...

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-On dîne ensemble avec mes parents la semaine prochaine avant ton départ pour la Coupe du Monde ? Tom répond ok. Il est perdu.

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CHAPITRE 24 : UN DINER DE CONS Quand la sonnerie du portail sonne vers 20h dans le quartier des bas de soie, Charles Kramer appuie sur l’interphone machinalement, sans regarder et surtout sans se douter une demi seconde de la nature de l’invité. - Julia, ton ami est là ! - Ok je descends ! Julia dévale les marches de l’escalier et retrouve son père dans le couloir de l’entrée. La chanteuse a la voix douce et des doigts de velours quand elle joue du violon, mais sous ses aspects délicats se cache un caractère en acier trempé. - Papa, si tu dis un mot de travers ce soir, tu perds ta fille ! Je me casse ! Charles Kramer ne se doute pas un instant qu’il va avoir face à lui un ancien rookie New Yorkais mais il comprend dans les yeux de Julia qu’il va devoir faire un sans-faute, un peu comme un funambule dans le Yosemite Park avec 200 mètres de vide sous ses pieds. Que peut-il avoir de spécial ce guest ? Est-ce un branquignole musicien ? Un petit bourgeois de Manhattan? Quand il ouvre la porte, il n’en croit pas ses yeux ! - Bonsoir monsieur, dit Tom timidement ! Gros silence. Julia pose la main sur l’épaule de son père et lui enfonce les ongles dans la peau. - Entrez jeune homme, rétorque Charles coincé, sans même le regarder. Tom veut lui serrer la main, mais prend un vent magistral, car Kramer a déjà tourné les talons. - Ça alors quelle bonne surprise ! Enchaîne la femme de Charles , ravie de découvrir le chéri de sa fille chérie.

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- On prend l’apéro dit Julia avec un grand sourire pour détendre l’atmosphère. Charles prend un double whisky, et Tom une Ginger beer. L’ambiance est vraiment spéciale dans ce grand salon impersonnel, avec des canapés en cuir blanc d’une laideur absolue. Julia voit bien que son père ne veut faire aucun effort et Tom ne semble pas particulièrement à l’aise !

- Que fais-tu dans la vie ? demande la mère. - Je joue au foot ! - Oui mais quel est ton métier ? - Je joue au foot… - Ah, mais tu en vis répond la mère étonnée ? - Ben oui ! - J’ai aussi travaillé à deux pas de chez vous, dit-il pour essayer de se trouver un point commun avec cette famille. - Où ça ? - Dans un KFC, enchaîne Tom sentant bien que le foot dans cette maison, n’a pas vraiment la côte. - C’est un bon plan si un jour tu te blesses lance Kramer, soudainement inspiré. Julia lui inflige aussitôt un gros coup de pied sous la table. Il échappe un petit couinement étouffé qu’il camoufle en faisant semblant de tousser. - Alors cette Coupe du Monde, elle approche à grands pas ajoute Kramer avec un parfait sourire faux cul ! - - Oui msieur, ça va être un événement génial ! - Ou pas… Ce murmure n’a pas échappé à Julia qui réitère avec force son coup de pied. Kramer fait tout pour ne pas croiser son regard et intériorise la douleur. - La préparation physique n’est pas trop dure, demande la mère ?

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- Objectivement non, c’est vraiment beaucoup plus cool que les stages d’avant saison de NFL. - Normal pour jouer au foot américain il faut être un sacré athlète et ce n’est pas donné à tout le monde. Julia le fusille du regard. Dans une bande dessinée, elle aurait le visage tout rouge et son père une gros nuage de fumée au sortir des narines et des oreilles, prêt à exploser. La maman de Julia, qui est profondément gentille, comprend que sa fille ait pu craquer pour ce Tom au sourire d’ange. - Ma chérie, tu vas aller voir des rencontres ? - Le match d’ouverture, dit-elle avec les yeux qui brillent. On annonce un show immense pour l’ouverture mais pas moyen de savoir pour l’instant qui sera sur scène. Le secret est bien gardé. - Comment est votre sélectionneur, l’anglais qui ressemble à pas grand-chose, dit Kramer ? - Pourquoi dis-tu cela papa ? - Il a le même styliste que Tom Sawyer, lâche Bernard ! Julia soupire, désespérée par l’attitude son père qui se comporte comme un ado mal luné. - Ici, on ne dit pas de mal des «Tom», balance Julia en regardant son amoureux, et en donnant à nouveau un grand coup de pied sous la table en direction des jambes de son père. Cette fois-ci elle vise le genou… Tant qu’à faire… Kramer recule sa chaine d’un mètre et feint de prendre ses aises. Tom rigole un peu jaune et enchaîne : - Jack Loves est vraiment un super coach. En quelques mois, il est devenu notre père adoptif, tous les joueurs l’adorent.

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Kramer lève les yeux au ciel excédé. - Il a des enfants ? - Non je crois pas. Sa vie est entièrement dédiée au foot. Il a été pendant des années l’entraîneur de West Ham à Londres. Il a aussi entraîné en Afrique, au Niger ou Nigeria… Je crois que c’est la même chose. Tom répond à toutes les questions plus ou moins naïves ou stupides avec une certaine bonhomie, en se disant que la mère de Julia est vraiment sympa et que le père est vraiment très froid. Sitôt le dessert avalé, il n’a aucune envie de jouer les prolongations et repart. Il s’accorde tout de même quelques minutes de temps additionnel avec Julia, les meilleures de la soirée. Pendant que la maman de Julia débarrasse, Charles, extrêmement préoccupé, sort un gros cigare et s’isole dans son bureau pour téléphoner à son responsable de la sécurité et des cyber- attaques, John Mac Cormick. Charles Kramer a cette capacité de savoir rebondir à la seconde sur la moindre info, le moindre indice, pour monter un stratagème. Dans sa tête, le scénario est limpide, il faut changer de cible ! - Allô John ? - L’ancien de la CIA, corvéable à merci, répond instantanément. - J’ai une bonne information pour toi : Le maillon faible de la sélection américaine, c’est Jack Loves. - Je croyais que c’était Fenwick Junior ? -Laisse tomber le petit gars de Brooklyn, il faut se faire l’anglais ! - Le coach ? Pourquoi lui boss ?

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- Un sélectionneur célibataire de 50 balais qui n’a pas d’enfants et qui a entraîné en Afrique est forcément un mec louche… - Vous êtes sûr ? - Oui, cherche bien, je suis sûr qu’il n’est pas net.

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CHAPITRE 25 : LE DEAL Rendez-vous à 20h devant la grande roue à Coney Island. 10 mots pas un de plus. Voici le lieu rendez-vous au sud de Brooklyn, envoyé par sms sur le portable de Mac Cormick. Il est assez énigmatique, mais il en faut beaucoup plus pour troubler un ex-agent de la CIA. Ce soir-là, l’ambiance est assez féerique dans ce parc d'attractions. La mermaid's parade est un festival qui célèbre le début de l’été : des sirènes toutes plus loufoques les unes que les autres défilent dans les rues de Coney Island. Mac Cormick fait le pied de grue devant la grande roue de 45 mètres de haut. Des vieux tubes des années 2000, Shakira, black Eyed Peas sortent des haut-parleurs. Soudain l’énigmatique monsieur Zetor apparaît. Il a vraiment une sale tronche se dit l’agent de la NFL. - Prenez place monsieur Mac Cormick ! - Vous souhaitez faire un tour de grande roue ? s’étonne l’ex agent de la CIA ? - Oui, New York est magnifique de nuit n’est-ce pas? Et c’est aussi le plus sûr moyen de ne pas être entendu. Les 2 hommes s’installent dans la nacelle face à face. C’est parti pour un tour, dit Zetor dans un éclat de rire vicieux. Ne vous inquiétez pas, j’ai une vingtaine de ticket au cas où la négociation serait un peu longue ! - Comment vont votre épouse Mary et vos 2 enfants Charline et Floyd ?

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Mac Cormick est déstabilisé. Le service de renseignements de la mafia est bon. Il hésite à rentrer dans ce petit jeu mais choisi finalement de répondre. - La famille va bien ? Lâche-t-il sobrement.

Quand leur nacelle arrive au sommet, à 30 mètres de haut Zetor lance : - Alors que puis- je faire pour la toute puissante NFL, votre vénérable institution ? - Vous connaissez Loves le coach de soccer ? - Bien sûr, à Singapour on adore ce sport. Il rapporte d’un fric fou… à conditions d’avoir les bons tuyaux bien sûr. - On veut lui Balancer une fille dans les pattes, jouable ? - Dieu avait promis aux hommes qu’ils pourraient trouver des femmes parfaites aux quatre coins de la terre puis il fit la terre ronde, dit- il avec un vrai regard de pervers. - Excellent acquiesce Mac Cormick qui prend cette tirade plus ou moins appropriée pour un oui. On veut aussi acheter des témoignages vous savez le faire ? - Oui mais les compétences ont un prix, c’est cher ! - Très cher ? - Ça dépend. C’est pour quand ? - D’ici 10 jours… - Alors c’est encore plus cher ! 100 000 dollars payés en cash à exécution du boulot. Mac Cormick s’étrangle ! - Ça va pas non ? - C’est un travail de nuit, extrêmement risqué. On double les tarifs à New York, un peu comme les taxis ! A prendre ou à laisser.

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- 100 000 dollars pour balancer une petite cyber attaque et des faux témoignages, jamais de la vie !!! Je te propose 50 000. - Sérieux ? 50 000 c’est le prix d’un carton rouge en Angleterre ! - Mais, je ne comprends pas… Vous achetez des joueurs de soccer en Europe ? - Bien Sûr ! Les Anglais parient sur tout, donc on se met d’accord avec un joueur pour qu’il prenne un craton à un moment précis du match. Et on le paie. Tu veux les tarifs ? 25 000 un jaune, 50 000 un rouge. La nacelle a terminé sa rotation et regagne le sol . - Au revoir monsieur Mac Cormick ! - Non attendez. Repartons pour un tour... Zetor sourit comme s’il savait que ça allait se passer ainsi. Dans cette atmosphère de fête foraine la négociation se poursuit. Le contraste entre la tension qui règne dans cette nacelle exiguë et le monde extérieur enchanté de la fête foraine est assez saisissant. - Je te propose 70 000 dollars uniquement pour un faux témoignage, propose l’agent de la NFL. -Vous osez m’insulter ?, dit froidement Zetor, avec un regard de tueur ! La nacelle étant déjà à 4 mètres de haut Mac Cormick est coincé, il ne risque pas de sauter... Zetor plante ses yeux soudain plein de haines dans ceux du responsable des cyber attaques de la NFL, Ce dernier a la désagréable sensation d’être hypnotisé par ce maître de la roue qui ne cligne jamais des yeux. 4 tours plus tard, et une âpre négociation le marché est conclu. - Mes hommes vont s’occuper de monsieur Loves. Vous ne serez pas déçu.

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- Merci. C’est pour cela qu’on vous paye… La déception n’est pas envisageable. - Faites en sorte, de ne pas nous décevoir non plus , il ne doit pas manquer un dollar dans la valise de billets la semaine prochaine. Ils descendent de la grande roue et se serrent la main. Cette poignée de main est saisissante. Mac Cormick est réputé pour broyer les paluches des personnes qu’il rencontre au siège de la NFL. Le temple de la testostérone a trouvé un vrai client en la personne de Zetor. Les 2 briscards s’attrapent les mains avec une intensité déconcertante : phalanges blanches, mâchoires serrées, visages crispés. Un remix de la célèbre poignée de main entre Donald Trump et Emmanuel Macron en 2017 qui à l’époque, avait fait le tour du monde. - Bonne chance monsieur, dit Mac Cormick vainqueur de ce bras de fer improvisé.

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CHAPITRE 26 : LE GRAND DÉBAT

J-30 - Siège de CNN Atlanta. Une sirène stridente retentit, puis une voix annonce : « Nous prions le personnel de bien vouloir quitter les lieux, nous venons de découvrir un colis suspect. Je répète, évacuation générale requise ». - Et merde ! s’exclame le producteur du talk-show de début de soirée. Pouvez-vous dire à nos invités d’aller boire un café dans le Starbuck d’à côté et de revenir dans 1 heure ? Dans le grand hall de la principale chaîne d’infos des USA, l’hôtesse d’accueil s’exécute : - Monsieur Kramer, monsieur Metz, nous sommes désolés mais une brigade de déminage va intervenir à cause d’un colis suspect. Le direct est retardé. Nous devons tous évacuer les locaux. La sonnerie d’évacuation générale retentit. Le bruit est strident et déchire les tympans. - Franchement ça me gonfle ces alertes. Un coup attentat, un coup incendie… Hors de question de se barrer. Viens dans les toilettes Mark, on va préparer l’émission. Tu vas pouvoir fumer ta clope tranquille. Pour éviter de descendre 25 étages, Thomas Alphe et Mark Zani, présentateur et producteur de du Grand Débat, rentrent dans les chiottes près du studio télé et débranchent le détecteur de fumé. Ce duo cathodique est redouté par tous les milieux américains. Quand un sujet est traité dans leur émission, les invités passent souvent un sale quart d’heure. Le thème du jour : Football américain et soccer,

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attention danger ! Dans un nuage de fumé de cigarette, digne du Fog londonien un matin de janvier, Mark, le producteur donne les dernières consignes à son présentateur vedette. Il est aussi bon pour vous fournir des informations précieuses que pour vous empoisonner ses Marlboro light. - Réunir le boss de la NFL et le Boss de la FIFA dans la même émission, c’est un coup de maitre. Ce soir, tu ne laisses rien passer Thomas ! - T’inquiète ! C’est prévu. Quand je pars à la chasse je reviens jamais bredouille. A 500 mètres de là, dans le Starbuck d’Atlanta, Bruno et Ernest fourbissent aussi leurs armes. Cette émission, à quelques jours de l’ouverture de la Coupe du Monde, est une super vitrine. Mais ils ont conscience que cela peut être dangereux. L’avocat de la FIFA, si à l’aise pour plaider lors des grands procès, est tendu comme un string. Il déteste vivre ces débats par procuration. Il faut dire que la dernière intervention de son président en direct aux USA fut un sacré guet-apens. Ni Ernest ni lui n’ont oublié le piège de TBS et cette IRM bidon du crâne de singe. Bruno sort un papier de sa poche et dresse le portrait de Charles Kramer. - Ernest, tout est faux chez ce mec : son CV, comme sa gueule. C’est d’ailleurs assez fascinant. Il a fait de la chirurgie esthétique, il s’est fait relever les paupières et retendre les joues. Ce mec n’a plus aucune expression du visage. On dirait Ken ! - Je vais donc débattre avec un mec aussi expressif qu’une momie ! C’est noté. - Oui, et écoute bien la suite ! Kramer prétend avoir été un bon joueur de foot américain, or il était nul. Il dit aussi

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avoir fait partie de la Seventh US Army et quand tu consultes les archives militaires, il est inconnu au bataillon ! - Comme Donald Trump et le golf ? - Oui il triche et il ment comme il respire ! - Tu te souviens du livre Commander In Cheat (commandant en chef de la tricherie) de Rick Reilly ? - Oui, répond Bruno, la photo du livre c’est Trump avec un club de golf ? - Exactement. Ce mec est allé dans les clubs de golf partout aux USA pour interviewer les gens afin de savoir si réellement Trump avait gagné des tournois. Et tout est faux ! A l’écouter, il aurait même prétendu avoir gagné 2 tournois le même jour ! - Il a vraiment peur de rien ! Ernest consulte sa montre. Allez c’’est l’heure ! CNN n’a visiblement pas explosé. L’alerte doit être levée. - Go, on y va ! Après une séance de maquillage rapide, un chef de production annonce : « Antenne 5 minutes, Merci de couper vos téléphones ». Sur un fond rouge et blanc, les couleurs de CNN, Thomas relie ses notes, confortablement installé dans son fauteuil. Face à lui, les interviews sont parfois de vraies séances de torture. De nombreux hommes politiques ou businessman sont repartis de CNN avec le goudron et les plumes. En régie, Bruno s’est installé à côté du producteur. L’avocat de la FIFA est complètement stressé. On dirait un père de famille venu accompagné sa fille au casting de "la nouvelle star". Désormais, il ne peut plus rien faire. Son Président est dans l’arène, face à un journaliste très incisif. Bruno regarde envieux le dispositif micro-oreillette qui relie

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le producteur à l´animateur. Il aimerait tant être lui aussi relié à Ernest. Le Générique est lancé. La musique est angoissante. Elle ressemble un peu à celle du film « Les dents de la mer ». L’orchestration avec ces grosses percussions et des cordes appuyées n’est pas très moderne mais fout vraiment la frousse. Elle met en tension le téléspectateur et les intervenants. En plateau, Thomas annonce le thème de l’émission, présente ses invités et rentre dans le vif du sujet : - Messieurs, on est là ce soir pour parler de protection de cerveaux. Je voudrais attaquer par une remarque qui ne concerne pas uniquement vos sports : La première coquille protectrice des testicules a été utilisée au hockey sur glace en 1874 et le premier casque de moto protecteur en 1974. Cela a donc pris 100 ans aux hommes pour enfin comprendre que leur cerveau est aussi important que leurs parties intimes. Mark, Le producteur en régie jubile, il sent que son présentateur est en très très grande forme ! Sur le plateau, Kramer semble totalement désarçonné par cette entrée en matière. Le président de la FIFA, lui, ne se démonte pas et prend le premier la parole. - Vous avez des enfants Thomas ? - Oui, 2 répond le journaliste interloqué. - Vous savez, on peut faire le procès du sport, mais on découvrira peut-être bientôt que les écrans, la dictature des téléphones, des iPad, des ordinateurs imposés aux enfants dès leur plus jeune âge, crée de manière insidieuse des dégâts irréversibles à leurs cerveaux.

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- Bien joué ! s’exclame Bruno dans les coulisses. Sur ce ring cathodique, comme en boxe, tous les points vont compter. - Monsieur Kramer, le football Américain a des chiffres très inquiétants. La dernière étude publiée par le journal of the American Médical association ( JAMA ), indique que sur 202 anciens joueurs, professionnels, semi professionnels ou universitaire, 177 d’entre eux souffrent d’une encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Cette pathologie se caractérise par une difficulté à gérer ses émotions et des comportements agressifs. - Ras le bol de vos études bidons éructe Kramer ! On investit des fortunes chaque année pour la protection des joueurs. Vous entendez ! Des millions de dollars, dit-il en tapant du poing sur la table ! - Calmez-vous président ! - Mais vous n’en parlez jamais ! Vous voyez le mal partout ! - Du calme ! ordonne Thomas. Il poursuit : - Charles, Les plus grands chirurgiens américains disent ouvertement que votre sport est dangereux mais vous continuez de fermer les yeux. - Tu es vraiment un bidon… Thomas n’entend pas vraiment ces attaques, il écoute les consignes de son producteur à l’oreillette : - Regarde, Kramer a des chaussettes dépareillées. C’est quand même énorme... En bon chien de chasse, les yeux du présentateur s’illuminent. Thomas hésite un instant, mais se lance car l’occasion est vraiment trop belle ! - Vous avez une chaussette bleu clair et une chaussette bleu foncé. Rassurez-nous, vous ne souffrez pas, d’encéphalopathie traumatique ? Le visage de Kramer se fissure en deux. Malgré les injections de Botox, il devient tout rouge, soulève le bas de

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son pantalon et constate les dégâts. Sous l’ourlet de son pantalon gris, il y a bien une chaussette bleu clair à gauche et une autre bleu foncé à droite. - euh… je… euh… Pas un mot compréhensible ne sort de sa bouche. - Il est supporter du Havre, s’exclame Ernest, volant à son secours ! - Havre dans le Montana ? demande Thomas un peu perplexe. - Non en Europe ! A 200 kilomètres de Paris. Et figurez-vous que ce club appartient à un américain, Denis Volpe qui adore le soccer comme des millions de vos concitoyens ! Thomas ne peut s’empêcher d’éclater de rire, puis reprenant son sérieux, il change de cible : - Monsieur Metz, le soccer est également montré du doigt aux USA, mais également en Ecosse. Le jeu de tête est désormais interdit chez les moins de 13 ans, vous confirmez ? - C’est exact, cela provoquerait peut-être Alzheimer, on travaille sur le sujet et... Ernest n’a pas le temps de finir sa phrase. Kramer lui tombe dessus avec une violence inouïe. - Votre soccer fait 300 morts par an ! - De quoi parlez-vous ? Répond avec flegme Ernest. - Dites-le que des centaines de joueurs perdent la vie sur les terrains de foot ! - Vous mélangez tout ... - Non !

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- Si, à l’échelle de la planète, nous comptons 300 millions de pratiquants et il y a malheureusement des décès à la suite de crises cardiaques chaque année. En coulisse, Bruno qui connaît son président par cœur, se dit que ce pauvre Charles n’aurait jamais dû le provoquer ainsi. Ernest se tourne vers Thomas, ignorant totalement son adversaire. - Vous me donnez 1 minute ? Je souhaite vous lire un témoignage d’une fille qui a perdu son père, un ancien de la NFL. - Allez-y, autorise Thomas. - En 2017, mon père s’est pendu avec ses draps dans la prison de Shirley dans le Massachusetts. Agé de 27 ans, il y croupissait depuis 2 ans. Il était condamné à la perpétuité pour le meurtre du petit ami de sa sœur. Par pitié, arrêtez ce massacre, ne fabriquez plus des orphelins ! Sur le plateau, l’ambiance est glaciale. Le présentateur se tourne vers Kramer. - Ce témoignage vous inspire quoi ? Avec une mauvaise foi sans nom, il balance : - Je connais cette affaire. Ce mec était déficient psychologique avant même de jouer au foot américain. Thomas connaît aussi cette histoire et repart à l’attaque : - Les résultats de l’autopsie ont quand même confirmé qu’il souffrait d’une ETC de stade 4. Il était atteint de démence Chronique... - Et alors ! Rien ne dit que c’est à cause du foot américain. Notre pays est peuplé de barges qui n’ont jamais couru dans un stade...

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- Vous ne pouvez nier que la famille de ce joueur prisonnier a décidé d’assigner la National Football League devant un tribunal civil fédéral. Ce n’est pas rien ! Kramer est dans les cordes, il est KO, Thomas change alors de cible. - Monsieur le président de la FIFA, vous êtes aussi conscient d’un éventuel problème dans le soccer… - Oui. Mais vous savez, dans le monde actuel, on investit cinq fois plus en médicaments pour la virilité masculine, et en silicone pour les femmes, que pour la guérison d’Alzheimer. - Et alors ? - Et alors, d’ici quelques années, nous aurons des vieilles aux gros seins et des vieux au pénis bien raide mais aucun d’entre eux ne se souviendra à quoi cela sert... Le présentateur de CNN est sidéré par l’éloquence et l’insolence du président de la FIFA. Kramer est dépassé et n’arrive plus à reprendre le dessus. - C’est bien dit, mais vous n’avez pas répondu à ma question ! - Je vais y répondre. Nous avons adopté à titre expérimental, à Belfast, au siège des lois du jeu, une loi visant à supprimer le jeu de tête. - Quoi ? s’exclame Thomas, sentant bien que cette annonce est une bombe atomique dans le monde du sport ! - La coupe du monde qui se déroule ici, dans quelques jours est peut-être la dernière avec des coups de tête autorisés ? - C’est en effet du domaine du possible.

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- Mais c’est une révolution ! On ne va pas refaire l’histoire mais avec un tel règlement, Zidane n’aurait pas marqué 2 buts en finale face au Brésil en 1998 ! - Il aurait marqué autrement, réplique malicieusement Ernest. - Pour la FIFA, c’est une décision lourde de sens ! - Vous savez, la pire décision de toutes est celle que l’on ne prend pas. Le foot est pratiqué par des millions de personnes sur la planète. En tant que président de la FIFA, c’est une énorme responsabilité. - Merci ! C’est la fin de cette émission spéciale. Monsieur Kramer, monsieur Metz, merci pour votre présente sur ce plateau. Dès les premières notes du générique de fin Kramer se lève furieux et menace physiquement Thomas. - Vous m’avez tendu un piège, c’est une honte. Vous m’avez tendu un p... de piège ! - Non ! C’était un débat, un vrai s’exclame Thomas ! - Je connais Ted Turner, votre Big boss, vous avez aimé ce débat ! Et bien savourez, c’était le dernier ! Kramer se lève, et se barre furieux. - Le micro monsieur Kramer, vous êtes parti avec le micro HF, crie la scripte en le poursuivant. Kramer se retourne, arrache son micro et le balance par terre. Le joli Sennheiser HF explose en mille morceaux. - On vous enverra la facture balance Mark. Thomas entre en régie et félicite toute son équipe. - Génial ce plan sur ses chaussettes Mark ! Qu’il est con ce mec. Il braille pour prendre la parole, et quand enfin, tu lui donnes, il ne sait pas quoi en faire. La NFL a du souci à se faire.

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Ernest sort du plateau extrêmement décontracté, il a été brillant. - Bravo président ! Vous avez été très bon dit Mark. Quand vous parlez on écoute, même vos silences ! C’est de l’art ! Sur son téléphone, Bruno voit que les déclarations d’Ernest sont déjà reprises sur tous les sites d’infos. - Restons vigilant, Ernest. Ce Kramer est vraiment capable de tout. - Tu as raison, c’est même écrit sur la peau du lapin, dit Ernest songeur.

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CHAPITRE 27 : LOVES STORY J-12 - Tu viens avec nous coach ? - Pas ce soir je suis crevé. - Allez ! Juste un verre ! - J’ai le dos en compote. Vous m’avez achevé ! - Allez papy fait un effort ! C’est notre dernière soirée. Jack accepte cette dernière petite virée, il aime vraiment son staff , sa garde rapprochée et sent que cela leur fait un plaisir immense. Pour oublier les odeurs de pommade chauffante rien ne vaut les arômes d’une bonne Guinness. Jack sort en compagnie de ses 2 entraîneurs adjoints Alpha et Michael et Mike, le coach des gardiens. « Nous ne servons plus les clients qui sont au téléphone, nous ne voulons pas les déranger » Quand Loves pénètre dans « The Corner », il trouve que le panneau à l’entrée du restaurant est super bien vu. Il a la phobie des téléphones, Il est alors très loin de se douter qu´un smartphone va le trahir. Jack est aussi loin d’imaginer qu’il aura face à lui, dans l’anonymat général, l’une des plus grandes organisations mafieuses ... The à New York c ‘st un peu comme les 3 Obus à Paris, ou dans un style différent, le Riley’s sport bar près de Trafalgar Square à Londres. C’est l’endroit de New York où les journalistes, les agents mais aussi les fans de soccer et de nombreux européens se retrouvent. Ici on parle exclusivement de la dernière recrue de City ou des déboires

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de Liverpool qui ne sait jamais vraiment remis du départ de Jurgen Klopp. Jack Loves aime bien cet endroit, car il y a en permanence, sur les écrans, des images de foot de tous les pays du monde. Finalement, il profite à fond de sa dernière soirée avec son staff car ensuite, ce sera le sprint final. La grande aventure de la Coupe du Monde sans sortie nocturne possible. Pour cette dernière virée Jack s’est installé au fond de la salle sur un grand canapé noir, bien fatigué. À ses côtés, le coach des gardiens, Mike, commande une corona. Ce dernier ressemble à s’y méprendre à Will Grigg. Si, si, souvenez- vous. En 2016, en France, ce joueur remplaçant était devenu la coqueluche des supporters nord irlandais. Les fans avaient transformé la chanson de gala, Free From Desire en.... Will Grigg on Fire! Un hymne chanté à tue-tête par des cohortes de fans dans les métros parisiens lors de l’Euro. - Et les gars, regardez qui est là ? Un jeune étudiant irlandais a reconnu Jack Loves et son staff. La similitude du coach des gardiens avec Will Grigg lui donne des idées. Il lance à capella : - Na Na Na Na Na Na Na Will Grigg on fire! En une fraction de seconde tous les clients reprennent : Na Na Na Na Na Na Na Will Grigg on fire! Le bar est en feu, 3 bières plus tard, Mike enchaîne. - Et les gars, j’ai une idée ! On fait une chanson à la gloire de notre coach qui va battre l’Angleterre lors du premier match ! - Na Na Na Na Na Na Na Jack Loves on fire - Na Na Na Na Na Na Na Jack Loves on fire !

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Difficile de faire preuve d’originalité quand on est à 4 grammes. The Corner ressemble à cet instant à une vraie salle de concert. Les 300 clients mettent l’ambiance. Jack Loves mesure enfin la popularité du foot, de son équipe, mais aussi la sienne. Ernest Metz a toujours dit qu’une équipe ressemblait à son entraîneur. Celle des USA est sympa, généreuse, pas calculatrice pour un sou… En somme, le portrait de Loves ! - On peut faire une photo Jack ? Spontanément, tout le monde appelle le sélectionneur par son prénom tant il a l’air cool. - Jack, tu peux signer mon maillot ? Comment refuser ? Loves a horreur de ce genre de situation mais il se prête au jeu. À vrai dire, il n’a pas vraiment le choix. Pendant 20 minutes, il va se prendre pour Lady Gaga ou Bradley Cooper. Autographe, vidéos, selfies… L’anglais sait pertinemment qu’il ne faut rien refuser, surtout avec des fans qui ont 3 grammes dans chaque bras et des portables qui tournent en continu. Il tourne une vidéo pour l’anniversaire d’un cousin, signe une casquette pour l’oncle de Californie fan de West Ham, refuse une demande en mariage d’une fille complètement bourrée… Bref. - C’est vrai que vous trouvez que les joueurs de la Côte Ouest sont des branleurs ? - Je n’ai jamais dit ça ! - On va battre les rosbif ? - On va essayer répond le coach...

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- Fenwick peut-il être le meilleur buteur de la Coupe du Monde ? - Ce serait top ! mais le chemin est encore long, répond prudemment le coach anglais, qui a en mémoire la liste des jeunes joueurs qui auraient pu faire une carrière stratosphérique et qui sont restés d’éternels espoirs : Martin Odegaard, le jeune norvégien du Real Madrid, mais aussi Bojan et Keirisson au Barça. La liste est longue ! - Mais ce Tom, il peut devenir un jour le premier ballon d’or américain ? Surenchérit un autre client. - Oh calmez-vous les gars, souvenez- vous de Freddy Adu ! - Putain, c’est vrai. Qu’est-ce qu’il est devenu celui-là ? - Rien… ou pas grand-chose. Un énorme gâchis. DC United l’avait recruté, ce qui lui avait permis de devenir le plus jeune joueur de la MLS. Des clubs comme Madrid, Manchester United, l’Inter de Milan avait commencé à s’intéresser à lui. Finalement Freddy n’a jamais percé, de Benfica à Monaco en passant par la Turquie et la Grèce, l’américain a tout bonnement raté sa carrière. - Terrible, acquiesce le supporter américain soudain triste comme s’il avait perdu un proche. 1 h du matin - fin d’une soirée plutôt réussie. Jack et son staff regagnent leurs pénates, sans se douter un seul instant que le réveil sera beaucoup plus douloureux…

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CHAPITRE 28 : LE KO 6h du matin Bruno le Prieuré ne dort pas, il fait déjà les 100 pas dans l’attente d’un document de 10 pages concernant la signature d’un nouveau partenaire qu’il fait imprimer à la réception de l’hôtel par les 2 réceptionnistes jamaïquains. Pour l’avocat de la FIFA, la nuit a été très courte. Le décalage horaire avec l’Europe ne l’’aide vraiment pas à passer des nuit paisibles. En regardant sa tête , dans le grand miroir doré situé à l’entrée du Marriott, il se dit que les vacances en Australie avec sa jolie femme et son fils expatrié sont déjà bien loin... - Quelle tronche de merde, s’exclame-t-il ! Pourtant, les emmerdes n’ont pas encore commencé… - Hey, pas mal la meuf du coach des USA s’exclame, soudain un des 2 réceptionnistes ! - T’as raison, lui répond le second, en regardant une photo de Loves en charmante compagnie sur un site internet !

Bruno soudain plus pale qu’il ne l’était déjà, jette un œil par-dessus l’épaule du réceptionniste : blême, il prend son dossier imprimé et remonte dans sa chambre en courant. En regardant sa tête dans l’ascenseur, il se dit une nouvelle fois qu’il a vraiment une mine cadavérique ! En deux temps trois mouvements, il trouve sur son ordinateur toute la saga et les photos du scandale : Jack Loves en compagnie d’une jeune fille dans un bar de New York. Il n’y a pas encore de témoignages, mais cela ne saurait tarder. Cette Tonia va tout raconter.

- Et merde, mais quel con ce coach ! A 10 jours de

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l’ouverture de la Coupe du Monde, on avait vraiment pas besoin de ça ! Le Prieuré regarde sa montre. 6h 30 Am. Il décide de prévenir le président de la FIFA par sms. Ernest, déjà réveillé , lui répond aussitôt, les messages du boss de la FIFA sont toujours courts et précis : « Rendez-vous 7h30 dans ma chambre, essaie de contacter Chris Ford (le Président de la fédération de Soccer) et dit lui de se joindre à nous dès qu’il peut ». Toujours très calme dans les avis de tempêtes médiatiques, Ernest ne change rien à ses habitudes. 1h de sport, savamment orchestrée : fractionné, abdos stretching japonais, et quelques minutes de médiation pour finir . Il enfile un short rouge et blanc, une vieillerie datant des années anglaise, puis sort de sa chambre, torse nu, pour aller récupérer dans un sac en plastique 4 kilos de glaçons de la machine à glace située près des ascenseurs. L’homme le plus puissant du foot, à moitié à poil dans un couloir de l’hôtel ne tourne pas au whisky coca , mais au bain glacé. Ernest balance la glace dans la baignoire et fait couler de l’eau froide : 5 minutes à 10 degrés, cela permet de refroidir le moteur avant une journée qui s’annonce chaude bouillante.. - Entrez, dit-il, quand la sonnerie de la suite 2707 retentit.

Le prieuré et Ford s’installent dans le petit salon. Ernest arrive en tenue de sport. - Un café messieurs ? Il pose 3 tasses de café sur la nappe blanche de sa petite table basse. Chris Ford est blanc comme un linge. A côté, Le prieuré a presque l’air en forme.

- C’est super grave messieurs ! Ça me rappelle l’affaire

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Biles. Ernest et Bruno relèvent la tête au même moment.

Ford enchaîne : - Elle a été victime d’un prédateur sexuel, Larry Nassar, ancien médecin de l’équipe américaine de gymnastique. Ce naze a été condamné à la prison à perpétuité. Simon à l’époque a même été soutenue par Michèle Obama ! - On va pas comparer les affaires, Rien ne dit que Jack est coupable rétorque Bruno.

- Comment une mineure a-t-elle pu rentrer dans un bar en plein cœur de New York ?

- C’est une dénommée Tonia. Elle était Habillée en pétasse de luxe. Sur les photos, elle fait 4 ans de plus. On sait qu’elle est entrée avec la carte d’identité de sa grande sœur qui lui ressemble comme 2 gouttes d’eau.

- Votre pays est bizarre, on peut conduire à 16 ans mais on a pas le droit de boire avant 21 ans ? C’ est fascinant ! rétorque le Prieuré.

- En Angleterre, vous avez déjà eu ce genre de truc ? - Bien sûr répond Ernest très sérieusement, y compris dans

le milieu du foot : les témoignages d’une vingtaine d’anciens joueurs et la tentative de suicide d’un ex entraîneur Barry Bennell coach de crewe ont ému le Royaume Uni, il y a 25 ans, et puis en France, à la même époque, il y a eu l’affaire Zahia… La réunion improvisée dans cette suite 2707 va durer toute la matinée. La cellule de crise minimaliste de la FIFA est opérationnelle. Il faut étudier le dossier en détail, savoir par qui sont tenus ces forums et surtout convoquer Loves immédiatement. - Réveille le et dis -lui de venir déjeuner ici.

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Ernest est dubitatif. Il a du mal à croire à cette histoire. Il connaît Jack pour l’avoir affronté à de multiples reprises dans le championnat anglais. Le président de la FIFA a un truc extraordinaire, il croit profondément en l’humain. Malgré de nombreuses déceptions, il n’a jamais perdu sa foi en l’autre et croit comme personne en la bonté des hommes, même dans ce milieu sans foi ni loi. - Tu en penses quoi Bruno ?

Cette coupe du monde est la plus lucrative de l’histoire. Nous avons annoncé un bénéfice de 11 milliards de dollars. Ça crée bien plus que de la jalousie… Je ne t’apprends rien.

- Tu penses à un complot dit Ford ? - Oui, ça commence à faire beaucoup… le piège tendu sur

TBS, cette histoire qui nous pète à la gueule… Ça me rappelle la phrase de mon père spirituel Robert Badinter. L’avocat se lève. Il ne ressemble plus du tout au Touriste franchouillard à moitié endormi dans le lobby 2 heures plus tôt. En marchant dans le petit salon du boss de la FIFA, il déclame brillamment le théorème de Badinter l’un des plus grands pénalistes du monde :

- « Plus l’histoire que vous diffusez est incroyable, plus elle a de chance d’être crue ». Goebeels, le grand responsable de la propagande nazie le disait déjà : Tant qu’à mentir, mieux vaut que le mensonge soit énorme, c’est plus crédible. Il n’il n’y a donc rien de nouveau dans ce phénomène, sauf que les techniques modernes de communication et les réseaux sociaux permettent d’atteindre immédiatement un public considérable. Le péril est là.

Ford est impressionné par l’éloquence de l’avocat de la FIFA. À 12h Am, Jack Loves arrive lui aussi la mine totalement défaite.

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L’anglais sait que l’emballement médiatique d’une telle affaire à quelques jours du plus grand rendez-vous sportif planétaire peut être cataclysmique. Lors de son passage au Nigeria, il y a 20 ans, il avait déjà été accusé de pédophilie par des fans du club de Lagos. Jack, célibataire endurci, avait accueilli dans sa maison, à Abuja, pendant plusieurs semaines, des jeunes cadets nigérian en rupture familiale. Des simples photos de Jack tout sourire avec ces gamins dans la piscine, diffusées sur le net, avaient fait beaucoup de bruit. Ne supportant pas cette calomnie, c’est en partie pour cela que Jack était revenu à Londres du côté de West Ham. - Bonjour Ernest, bonjour messieurs , La poignée de main de Jack a toujours été franche, elle l’est encore ce matin. West a toujours considéré que ce geste, qui peut paraître anecdotique était le miroir de notre personnalité. Il déteste les mains guimauve. Ces gens-là te trompent toujours un jour ou l’ autre, c’est écrit sur la peau du lapin ! - Comment ça va Jack ? - Pas bien. Je me suis fait avoir comme un bleu, dit-il en gardant une certaine contenance. Loves raconte sa soirée, ce tourbillon de supporters, les selfies, les chansons, sa chanson et cette fille dont il a un vague souvenir. Elle était brune, tatouée, le genre de fille qui tourne au shit et au rhum toute la nuit. La photo a été faite par son prétendu petit ami. Ford, Metz et Le Prieuré ne le lâchent pas du regard. Il s’agit de savoir si Jack est sincère... Ford, ne joue pas les procureurs de bas étage, mais il veut savoir.

- Tu lui as roulé une pelle ?

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- Ça va pas non ! Et ces rumeurs sur les forums africains de vos liaisons avec

de jeunes ados au Nigeria il y a 20 ans ? Loves, le regard hagard, vomit dans la petite poubelle de

bureau. Il est consterné. Ses mains sont moites. Pour la première fois de sa vie, il est traversé par une sensation de terreur et de dégout.

- Ces saloperies ressortent ? - Oui , il y a des photos qui traînent ... - Le seul crime que j’ai commis au Nigeria c’est d’avoir

battu le club du Président de la République 3/0 et croyez-moi, on avait une super équipe car l’arbitre nous a bien entubé ce jour-là à Lagos !

L’atmosphère se détend dans la suite 2707. Bruno commande 4 room services. Ernest Metz raconte sa mésaventure du même style lors de la Coupe du Monde au Brésil en 2014. Invité à faire un foot volley sur la plage de Copacabana, il s »était retrouvé à la une de la presse people en Angleterre, entre 2 paires de nichons de sémillantes joueuses brésilienne grâce à un savant montage Photoshop avec cette légende : « En plein mercato, Metz se prélasse au Brésil ».

A la fin du déjeuner improvisé, il n’ y a plus de doute sur la probité du coach anglais. Reste tout de même à le sauver.

- On fait quoi demande Ford ?

- Je ne vois qu’une solution, ma démission dit sobrement Jack.

- A 10 jours de la Coupe du Monde ? Même pas en rêve. - Quand a lieu ton dernier match de préparation face au

Mexique ? - Dans 3 jours à Los Angeles.

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- Ça nous laisse un peu de temps, souffle Ernest. « A la cinquantaine on ne reconnaît plus les lettres de près mais on reconnaît les cons de loin » a dit Gabin. Et des cons, il y en a dans toutes les rédactions, mais il y a aussi des bons journalistes. Bruno, tu peux passer quelques coups de fil via ton réseau pour calmer les pitbulls de l’info ? - Je m’en occupe tout de suite. - Méfies toi de TBS, la seule crédible dans cette chaîne, c’est Michigan, le reste, ça ne vaut pas un coup de cidre.. - Ok ! L’avocat déchaîné enchaîne :

- on a une jurisprudence qui joue en notre faveur : Souvenez-vous l’affaire du « Washington Post » » fin 2017. Ce journal a démasqué une fausse informatrice qui a accusait d’agressions sexuelles sur mineure un certain Roy Moore, magistrat ultra conservateur. Ce candidat républicain au Sénat s’est retrouvé piégé par une femme qui affirmait avoir eu une relation sexuelle à l’âge de 15 ans !

- Comment ça s’est terminé ? - L ´histoire a été démantelée par le service police justice du

Washington Post. Les enquêteurs ont piégé la fille en question. Jack Loves termine son café. Il retrouve des couleurs et un peu d’espoir. Avant de laisser le président de la FIFA, il lui demande un dernier conseil : -Que dois-je dire à mes joueurs ? La vérité, répond Ernest. La vérité. - Ne fais Aucun communiqué ajoute Bruno, je te donnerai la marche à suivre le jour du match face au Mexique pour ta conférence de presse. - Bonne chance !

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CHAPITRE 29 : LE MEA CULPA J-7 Sur la route qui mène au Rose Bowl de Pasadena, à 16 kilomètres de Los Angeles, Tom, installé au fond du bus décoré aux couleurs «USA 2026 » repense au speech du coach avant de s’envoler pour la Californie. Jack Loves a écouté les conseils du président de la FIFA et a joué la transparence totale envers ses joueurs. Hier soir, Après le dernier dîner à New York, le sélectionneur anglais a réuni tous les gens concernés par la préparation de la Coupe du Monde : des analystes vidéos aux kinésithérapeutes, des cuisiniers au responsable du matériel… il n’a oublié personne. Au total, une soixantaine de personnes se sont installées dans la salle de projection vidéo, dans laquelle les joueurs étudient d’ordinaire le jeu des adversaires. L’exercice est périlleux, lui qui a tant demandé aux joueurs depuis 2 ans, instauré des règles de vie drastique sur l’utilisation des téléphones, imposé des amendes pour les retards à l’entraînement… va devoir s’expliquer sur une sortie nocturne digne d’un adolescent. Pas facile. Loves se racle la gorge, cherche ses mots. On lui tend un micro mais il le refuse. Il souhaite s’exprimer de vive voix sans le moindre filtre. Son instinct va être son meilleur allié. - Messieurs, nous sommes réunis dans une belle salle de projection mais je vous épargnerai ce soir l’analyse vidéo de ma sortie nocturne, vous n’aurez droit à aucun ralenti. Le squad éclate de rire ! - Plus sérieusement, suite à cette histoire, j’ai proposé ma démission au président de la Fédération Américaine. Elle a

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été refusée et dans le fond je suis satisfait car parfois, résister, c’est rester ! Vous êtes jeunes, méfiez-vous ! Ayez bien à l’esprit que le mal, pour séduire, offre toujours une entrée gratuite à la première séance. Je tiens à m’excuser devant vous car je sais à qui je m’adresse. Les faibles ne peuvent jamais pardonner, le pardon est l’attribut des forts. Merci » Quand Jack termine son speech les larmes aux yeux, la salle se lève et lui réserve une standing ovation. La sincérité, du coach anglais a fait mouche. Parfois, certaines humiliations ont des goûts de victoire. À 2 h de ce dernier match de préparation face au Mexique, Tom, Airpod enfoncées dans ses oreilles, écoute les premières compositions musicales de Julia en se disant qu’ il a eu une chance folle de tomber sur une fille bien. Jouer un match, même amical, dans ce stade est loin d’être anodin. Le Rose Ball est un lieu emblématique du foot américain ou se déroule le 1er janvier chaque année, la finale universitaire. Ne pas avoir participé, il y a 6 mois, au plus ancien bowl universitaire, surnommé Granddady of Them All (le grand père de tous), ne lui laisse aucun regret, pas même l’ombre d’une amertume. Au fond, la vie est bien faite. Il n’était pas fait pour ce sport pense-t-il songeur en voyant les palmiers Californiens défilés. Ce dernier grand rendez-vous avant l’ouverture de la Coupe du Monde est à guichet fermé. Des milliers de supporters américains et mexicains affluent vers l’enceinte californienne. Willy a fait ce long déplacement en laissant, son fils a new- York, car il avait école le lendemain. Il a choisi de vivre

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cette rencontre de préparation tout seul. Il prend un vrai plaisir égoïste à sillonner les villes américaines, à écouter les commentaires des fans. Il a le contact facile. De nombreux supporters américains arborent le maillot de Tom avec le numéro 22 dans le dos. C’est une vraie fierté intérieure. Will ne peut s’empêcher de penser à sa première rencontre avec Tom, ses premières nuits sur le canapé du salon. Après tout, puisque Willy répète dans la cours de récréation, à ses copains que Tom est son frère, Will a le droit de penser qu’il est un peu son père. Il n’a d’ailleurs jamais oublié les paroles d’une chanson de Johnny Hallyday qu’il écoutait il y a 30 ans, en France et qui aborde ce thème : Ton fils. " Je voudrais que ton fils vive mieux que toi. Qu’on le respecte mieux, qu’on le vouvoie comme un homme, un monsieur qui ne baisse pas les yeux, pareil à tous ces gens qui parlent sans accent. Je voudrais que ton fils vive mieux que toi, Qu’il ait toutes ses chances, ses droits Qu’il ait une signature, des mains blanches une voiture Et des papiers d’identité à perpétuité. Soudain, un bruit de fin du monde vient perturber la jolie petite musique intérieure de Will. Au-dessus de sa tête, à très basse altitude, les Blue Angels, la célèbre patrouille américaine arrive plein badin. Les F18, grâce aux fumigènes disposés sous leurs ailes dessinent le drapeau du Mexique : vert – blanc - rouge. Les supporters de la Tricolore (surnom de l’équipe mexicaine) exultent. Dans un ciel californien bleu azur, ce tableau est splendide. Le sport sera toujours un formidable

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ambassadeur de paix. Vingt-deux jeunes en short sur un terrain, valent mieux qu’une palanquée de diplomates à l’ONU se dit il ! Au Rose Bowl de Pasadena, le 20 juin 2026, le mur de Trump entre les 2 pays voisins n’est plus qu’un mauvais souvenir. - Allô Michigan, c’est Iron. - Bonsoir Bill - T’es au Stade ? - Dans 10 minutes, répond-elle avec le téléphone coincé entre l’épaule et l’oreille. - On est bien d’accord, ce soir, après le match, tu bombardes de questions l’anglais coureur de jupons sur ses fréquentations. - Tu ne vas pas m’apprendre mon métier… - Demande aussi aux joueurs si cette rumeur concernant le coach ne les déstabilise pas trop. - Va te faire foutre ! Michigan raccroche au nez de son boss, elle ne le supporte plus. - Quel âne ! Dans les vestiaires, Tom, à un peu plus d’une heure du match, ouvre son sac et découvre sous ses crampons une enveloppe avec son prénom Tom, écrit en gros. Il reconnaît l’écriture de Wilfrid : A-t-il le temps de la lire avant l’échauffement ? La tentation est trop grande. Bizarre, jamais son père adoptif ne lui a écrit le moindre mot, en dehors de la liste des courses à faire au Chelsea Market. Le titre de la bafouille écrite à la main est : L’envol ! « Cher Tom, L’éducation que j’ai essayé de te donner est sans doute bien incomplète. Tu vas désormais voler de tes propres ailes. Si

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par bonheur, les jours ne te paraissent pas assez long, c’est que ce que tu exerces ta passion, qui est également la mienne. Sache que c’est une immense fierté de te voir ce soir porter le maillot des USA. J’aurai adoré partager ce moment avec ta mère. Elle devait être une femme admirable. Bon match, Je t’embrasse, Will ». Après avoir lu ces lignes, Tom file dans le vestiaire qui mène au douche et craque à l’abri des regards. Un trop plein d’émotion légitime. Ce match face l’autre pays hôte de la Coupe du Monde démarre on ne peut plus mal. Après 35 minutes de jeu les Américains sont menés 2/0 Les mexicains ; à quelques kilomètres de leur frontière, semblent jouer à domicile, sans la moindre pression. Les Américains eux, sont totalement stressés par l’événement. Pas un ballon n’arrive dans leurs pieds. C’est consternant. En revenant aux vestiaire, Tom aperçoit en tribune officielle, son père aux côtés de Kramer et Zetor. Ce drôle de trio est hilare, Le score peu flatteur ne semble pas les perturber, bien au contraire. Tom est dégoûté. Cette attitude le débecte au plus haut point. Il en fera une source de motivation supplémentaire pour la seconde période. - Lâchez vous les gars ! On joue au football comme on joue de la musique. Ce verbe est important. JOUEZ ! La consigne de Loves à la pause est simple et efficace !

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La deuxième mi-temps est d’un bien meilleur niveau technique, et la pointe de vitesse de Tom va clouer sur place son adversaire direct. 2 buts en 10 minutes ! Sur chaque réalisation tous les joueurs, titulaires comme remplaçant se précipitent sur le coach pour célébrer. Les Américains sont une équipe unie. Score final 2 partout. Quand l’arbitre anglais siffle la fin du match, le reporter TV se précipite sur Jack Loves pour avoir une première réaction. Il ne sera pas déçu : - Je tiens à féliciter mes joueurs qui ont su revenir face à un très bon adversaire. Et sans même laisser le temps au journaliste de poser une deuxième question, il poursuit : j’ai accepté de prendre la sélection américaine, car j’ai une image excellente de votre pays. Je respecte votre histoire, j’aime votre passé. J’ aimerai également, dans les prochains jours, être respecté à mon tour pour ne surtout pas être déçue par votre formidable nation. Imparable ! Du grand art ! Jack, devant des millions de personnes, vient de tuer dans l’œuf sa sale histoire, en respectant au mot près, les consignes du président de la FIFA. Il a maintenant tout un pays de son côté. - P..... Mais tu es nul, pourquoi ne l’as-tu pas relancé ? Le journaliste resté bouche bée devant les propos de Loves, se fait incendier dans son oreillette par le producteur assis dans le car régie. - Rattrape le ! Trop tard, le sélectionneur anglais a déjà regagné les vestiaires. Loves attend les derniers joueurs puis ferme la porte. Aucune caméra. Aucun téléphone ne tourne au moment où il prend la parole : - Les gars, bravo et merci pour votre engagement. Dans 6 jours on y sera pour de vrai. Jeudi prochain vous aurez

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quartier libre de 10h à 17h. Juste un conseil : n’allez pas à « The Corner ». Les joueurs explosent de rire et reprennent en cœur le titre de gala : Na Na Na Na Na Na Na Jack Loves on fire Na Na Na Na Na Na Na Jack Loves on fire A quelques mètres au-dessus, dans La tribune principale, Kramer, qui n’a pas raté une miette, tire une tête de 6 pieds de longs... - Mais où est ce connard de Zetor ? Quel pied nickelé ! Il peut toujours courir pour avoir son pognon ! Derrière lui, tapis dans l’ombre, Harry assiste discrètement à la scène.

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CHAPITRE 30 : LE RAPT Taxi ! « Le Pourquoi pas » à Manhattan, s’il vous plait ! A 3 jours, du premier gros choc face à l’Angleterre dont le monde entier parle, Tom quitte le centre d’entraînement «USA 2026». La permission de sortie accordée aux joueurs est minime mais elle permet quand même de se vider la tête. Le sablier de cette journée particulière va couler très vite. A 16h, Tom doit être de retour au centre d’entraînement, et cela ferait désordre d’arriver en retard. - On va gagner samedi ? - On va tout faire pour répond Tom en vissant sa casquette. Le chauffeur de taxi, dingue de foot ne peut s’empêcher de poser des questions. - Qui va gagner la Coupe du Monde, La France, l’Angleterre ? - Tom essaie de répondre pour être sympa, mais son esprit vagabonde. - Vous me faites kifer, Elle est trop cool votre vie ! Le décalage entre la réflexion du chauffeur de taxi, et la situation familiale de Tom est immense. Il donnerait bien quelques milliers de dollars pour retrouver un père paisible. Outre une César salade avec Julia, Tom a d’ailleurs fini par accepter une invitation de son père, pour un café, à 14h sans vraiment savoir pourquoi. Une réconciliation est peu probable, mais c’est son père. Tom a besoin de savoir. « Au pourquoi pas », le temps défile trop vite. Tom et Julia ont 20 000 trucs à se raconter. Julia a rencontré un producteur qui souhaite financer ses premiers titres.

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- Tu en as parlé à ton père ? - Non, le producteur est anglais et fan de soccer. Elle éclate de rire. Tom Sourit, regarde sa montre, et la mort dans l’âme, abandonne Julia pour partir voir son père. Il est 13h30. - A 15h, je serai là pour passer une dernière heure avec toi… - Ok, je bouge pas ! L’attaquant saute dans un taxi. La dernière fois que Tom a vu son père dans un bar, il a pris un poing dans la gueule. Il s’attend donc à tout. Mais cette fois-ci, il l’attendra… en vain ! Devant un jus de citron, planté comme un imbécile, Tom a perdu son temps. Harry n’est jamais venu. Son père a-t-il oublié ? Est-il encore bourré? Son téléphone est sur répondeur, impossible de le joindre. Tom est furieux. Son crétin père qui lui pose un lapin, c’est 1 h de perdu avec Julia. Il ne peut s’empêcher de balancer un sms bien senti "Merci pour le plan bien foireux", avant de prendre un taxi pour retrouver Julia. A 15h, comme prévu, Tom est de retour mais Julia n’est plus là... Etrange. Elle n’a laissé aucun message Toutes ces affaires ont disparues. A-t-elle eu un truc urgent à régler ? Tom est inquiet. Il laisse un message, puis deux, puis trois... La mort dans l’âme il décide de partir. Sur le chemin du retour, le chauffeur tente de le rassurer. Vous n’imaginez le pas le nombre de vol de portable en moment ! C’est dingue.

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- C’est parce qu’il fait beau et qu’on laisse les téléphones sur les tables en terrasse ? - Pas du tout, cette putain de Coupe du Monde de soccer nous a amené une faune dont on n’a vraiment pas besoin... Cette explication limite raciste ne convainc pas la jeune star Il a envie d’appeler le service client, de demander une localisation ou n’importe quoi qui pourrait permettre de savoir où est Julia.. Il déteste ne pas être maître de la situation, Là il n’a pas le choix, il doit patienter. En revanche son père ne perd rien pour attendre ! Au centre d’entrainement, à 48 h du premier grand rendez-vous de l’histoire, pour cette jeune équipe l’ambiance est détendue. Lors du dîner, le staff a fait préparer un Apple crumble avec 30 bougies pour l’increvable milieu défensif de l’équipe, Ô’Malley. Les téléphones sont interdits à table mais Tom a mis le sien dans la poche de son survêtement, en mode silencieux, juste au cas où. Malheureusement a aucun moment, sa poche ne vibre. Son inquiétude grandit. - Tu viens jouer à FIFA 26 ? - Non j’attends un coup de fil. Dès la dernière bouchée avalée, Tom file dans sa chambre. Pas moyen de joindre Julia ! Que faire ? Qui contacter ? Il essaie de se rassurer, peut-être a-t-elle un concert non prévu ce soir au RockWood. Il lui arrive de faire des remplacements quand les chanteurs tombent malade. Mais elle aurait prévenu. Tom devient fou. Il essaiera de la joindre plus tard. 23h - sms, Minuit – appel face Time… Rien à faire, Julia ne répond pas. Impossible de trouver le sommeil. Allongé sur son lit Tom allume la télévision.

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Toutes les chaînes d’infos ne parlent que du match d’ouverture et des chances de la sélection américaine. Tom en a ras le bol de voir sa tronche sur tous les écrans ! Il zappe encore et tombe sur la rediffusion de Fargo, le film des frères Cohen. Quelle erreur, quelle horreur surtout ! Le film commence par un bandeau explicite : « Ceci est une histoire vraie, les faits ont eu lieu dans le Minnesota. » Ce film Anglo-américain salué par la critique est l’histoire sordide du directeur commercial d’une concession automobile qui engage 2 malfrats pour faire enlever sa femme afin de demander une rançon à son beau-père richissime. L’histoire se termine dans un bain de sang. Idéal pour faire des cauchemars. Il est 2 heures du matin. La seule journée de détente s’est transformée en une vraie journée de merde se dit Tom, incapable d’éteindre sa lampe. Son coup de tel quotidien avec Julia lui manque terriblement. Il se sent bien seul, face à la réalité, face à la solitude aussi. Dans ces moments-là, sa mère lui manque énormément. Réveillé à l’aube, Tom, n’est pas vraiment parvenu à fermer les paupières. Le visage de Julia a tourné en boucle dans sa tête. Il a cherché toute la nuit à dénouer le mystère, sans succès. À 8h30, Tom trouve enfin un semblant de sommeil mais son téléphone sonne ! Enfin des nouvelles se dit-il ! - Tom, c’est Charles Kramer. Ma fille a disparu. Tom n’en croit pas ses oreilles ... - Vous pouvez répéter ? - Julia a disparu hier, son téléphone est coupé. Elle a été enlevée. La mafia demande une rançon.

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- Je ne te crois pas ! Espèce de gros connard. Comment pouvez-vous être aussi tordu. Faire enlever votre fille. C’est pour que je rate mon match, c’est ça ? Parce que j’ai refusé votre argent sale ? - Tom, ce que tu dis est absurde pourquoi veux- tu que j’organise le rapt de ma propre fille ? Bernard essaie de le calmer, de s’expliquer mais Tom repart de plus belle : - Ça te fait chier qu’elle sorte avec un footballeur ? Ben tu vas devoir t’y faire gros con, car je l’aime ta fille ! Il raccroche. Ils ont osé toucher à Julia, lâche Tom, interloqué. Le petit déjeuner étant prévu à 9h, Tom, a 10 minutes pour prévenir sa sœur. Pour lui le scénario est limpide. Son père et Kramer sont complices. Harry lui a posé un lapin et les hommes de mains de Kramer ont kidnappé Julia. Ils sont prêts à tout pour que les USA perdent ce match. Il sait que ce n’est pas la première fois qu’une telle histoire se produit. Au Brésil la mère de Robinho a été enlevée pendant 40 jours avant que les ravisseurs n’obtiennent 80 000 dollars. Jack Loves, lors des longues soirées de stage lui a aussi raconté la folle histoire de John Obi Mikel : L’excellent milieu de Chelsea, vainqueur de la ligue des champions en 2012, a dû gérer à distance l’enlèvement de son père au Nigeria. Ce patron d’une société de transport avait disparu dans la nature et son fils avait lancé un appel à témoin lors d’une conférence de presse émouvante à Londres : « J'ai toujours tenté d'aider mon pays, c'est maintenant le moment pour le pays de m'aider, quiconque sait où est mon père, s'il vous plait, contactez moi. »

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L’histoire s’était bien terminée 10 jours après, son père avait été retrouvé sain et sauf et les ravisseurs arrêtés. Tom sous le choc, décide d’appeler sa sœur. - T’es sérieux ? Quel salopard, hurle Maddie au téléphone ! Je vais lui faire payer, compte sur moi. Faisant confiance à sa frangine, Tom décide de ne rien dire à personne et descend prendre son petit déjeuner en masquant ses sentiments et son état de fatigue. Coup de bol, l’entraînement prévu est léger, il ne s’agit que d’une mise en place tactique. À 24 h d’un match, on ne force pas sur la machine. Heureusement, car Tom est mort de fatigue. A quelques kilomètres de là, Maddie débarque chez son père comme une furie. Elle était partie s’installer temporairement dans l’appartement d’’une amie pour retrouver un peu de réconfort. - Il va payer, cette fois, il va payer pour de bon se dit-elle. Elle ouvre la porte et tombe nez à nez avec lui. - Tu n’as rien à me dire ? - Tu veux que je te dise quoi ? Harry n’a pas le temps d’esquisser le moindre geste qu’il prend un énorme coup de batte de baseball en pleine tronche ! L’ancien colosse de l’Arizona est au sol, KO comme un boxeur dès le 1er round. - Maman aurait tellement honte de toi ! Honte d’avoir pu aimer un déchet comme toi. J’espère qu’elle n’assiste pas à tout cela. Tu as déjà perdu ton fils, tu viens de perdre ta fille !. Va mourir en enfer, disparais de nos vies ! Maddie claque la porte. Elle se promet de ne plus jamais remettre un pied dans cette maison qu’elle ne peut plus voir en peinture...

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CHAPITRE 31 : HUMAN TOUCH H-8 15 dollars le programme ! 18 dollars le tee-shirt collector USA/England, 25 dollars les deux ! Aux abords du stade, les vendeurs s’époumonent pour séduire les premiers supporters bien souvent anglais. Depuis 3 jours des charters en provenance de Londres déversent des milliers de supporters. 8 heures de vol, pour un fan britannique, c’est de la rigolade. C’est faire Paris/Marseille en voiture pour un Français. Un couple de Portsmouth âgés de 70 ans a traversé l’Atlantique à la voile à bord d’un Ketch de 10 mètres. Après 6 semaines de navigation et quelques belles frayeurs, ils ont fini par arriver dans la baie de New York. La mairie a bien fait les choses. Pour saluer cette performance, le couple de retraités a eu droit au quai d’honneur et à 2 places pour la finale dans le carré VIP. Au-dessus du stade, deux hélicoptères tournent en permanence, un pour les images, l’autre pour la sécurité. La coupe du monde commence enfin. Tom hésite à jouer le match. Il est prêt à s’inventer une blessure. Voilà 2 jours qu’il ne dort pas, 2 jours qu’il n’a pas la moindre nouvelle de Julia. Il ne peut pas imaginer son père lui faire du mal, mais tout de même. La situation l’angoisse. A Brooklyn, Harry, lui non plus n’a pas fermé l’œil de la nuit. Il sait qui a monté le coup. Kramer a oublié que les représailles de la mafia lors d’une dette non honorée

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peuvent être terrible. Le boss de la NFL aurait dû payer Zetor. En descendant l’escalier, comme un boxeur groggy, Fenwick, encore imbibé d’alcool, déclenche à distance la lumière et la radio. Sur une radio FM, « Human Touch » de Bruce Springsteen : "I ain’t lookin’ for proyers or pity Je ne cherche ni les prières ni la pitié , I ain’t comin’ round searchin for a crutch Je n’attends pas une béquille I just Want someone to talk to Je veux seulement parler avec quelqu’un And a little of that human touch Et partager un peu de chaleur humaine Just a little of that human touch Juste un peu de chaleur humaine" Une chanson, si belle soit elle, ne peut changer le monde, mais elle peut parfois amener un homme à réfléchir. Harry se regarde dans la glace. Le mec qu’il a en face de lui est une ordure. Il n’est même plus l’ombre du joueur de l’Arizona. C’est une épave. Un mec pathétique. Dans un ultime éclair de lucidité, il repense à la phrase de sa Maddie : « Tu as perdu ton fils et ta fille, Maman doit avoir honte de toi ». Insoutenable. Boum... Le coup est part vite ! Dans un énorme fracas les murs de la maison tremble ! D’un uppercut du droit, aussi violent que celui donné il y a 10 ans pratiquement jour pour jour au pauvre coach qui lui avait annoncé que Tom ne serait pas professionnel de football américain, Harry explose le miroir du salon !

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La main en sang, il s’écroule en sanglot. L’ancien joueur de l’Arizona réalise qu’il a tout perdu. Ce Bruce de deuxième zone aimait ses deux enfants à la folie mais n’a jamais su leur montrer. On a deux vies. La deuxième commence quand on a conscience qu’on en a qu’une… En moins d’une seconde, il choisit de prendre la décision d’une vie, de sa vie. Fenwick saisit maladroitement son téléphone de la main gauche et appelle en « masqué » la rédaction de TBS. - Passez-moi Michigan s’il vous plait. - Allo Michigan ? - Oui, enfin Natalie, c’est plus sympa. Qui êtes-vous ? - Peu importe ! - Non monsieur ! Natalie insiste. - Natalie, Dites juste à Tom Fenwick que tout va bien, dites -lui de jouer cet après-midi. La journaliste a l’habitude des blagues douteuses mais, sans trop savoir pourquoi, au son de la voix enraillée à l’autre bout du fil, elle décide de prendre l’appel au sérieux. - Pourquoi vous ferais-je confiance ? - Pour authentifier ce message dites-lui simplement : « Pichoncito, tu dois jouer. Tout va bien se passer ». Michigan n’en revient pas , - Pichon quoi? - Pichoncito, petit oiseau en espagnol. Au revoir madame. Pardon, Natalie. Michigan, est perturbée. Ne sachant que faire, elle décide d’aller fumer une clope à l’extérieur. « Tu as replongé », lui répète inlassablement son chéri. Difficile à admettre, mais il n’a pas tort.

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Est-elle condamnée à tout raconter à Bill ? Non se dit-elle en écrasant sa clope après 2 tafes. Ce mec est odieux, parfaitement lugubre. L’ADN de Michigan a toujours été le sport et ce petit Tom a une jolie frimousse. C’est d’ailleurs la première fois qu’un soccerman retient son attention. C’est pour cela qu’elle avait accepté de faire le portrait de sa sœur pour « Elle USA ».. A 20 km de là, Harry balance la fin de son café froid dans un évier dégueulasse. Personne n’est venu nettoyer la cuisine depuis le départ de sa fille. Fenwick hésite à téléphoner à Kramer, puis se ravise. Il veut avoir une discussion « face to face», droit dans les yeux, de père à père. Incapable de conduire ce matin, il choisit l’option métro. La ligne 4 est directe. - Kramer, c’est Fenwick, bégaie-t-il dans l’interphone. - Le grand portail de la baraque du quartier des bas de soie s’entrouvre. L’arrivée de Fenwick à pied est assez pitoyable. L’ancien colosse de l’Arizona pénètre dans cette villa luxueuse en traversant péniblement la cours en gravier. Les 2 vieux mecs s’installent ensemble dans un salon sans âme. Un alcoolique tente de psychanalyser un bouffon sous anti dépresseur depuis 3 jours. Pathétique. - On est vraiment de grosse merdes, attaque Fenwick - Pourquoi dis-tu ça ? - Écoute moi bien, dit Fenwick avec un vrai regard de fou -toi, tu es le premier responsable de toutes ces conneries en refusant de payer… - Et toi, tu es la blanche colombe ? - Non. J’ai aidé Zetor à enlever ta fille, dans le dos de Tom. - Quoi ? Kramer, à bout de nerf, est à deux doigts de l’emplâtrer, mais Harry enchaîne.

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- Ils m’ont promis du fric. Mais ma fille m’a fait réaliser qu’il n’y pas que le pognon dans la vie ! - C’est important la thune ! Ces mecs sont tarés, ils veulent une fortune ! Hurle Kramer. - Qu’ est que tu en as à foutre de ton blé ? Si cette histoire sort dans la presse, t’es mort ! - Et toi ? - J’irai me pendre ! - Menteur ! - Kramer, tu n’as plus le choix ! Le président de La NFL est décomposé. Dans son fauteuil électrique, il ne ressemble à rien. L’alcoolique a gagné sa joute verbale, Le dépressif, aux abois cherche une porte de sortie. - Tu as une solution ? - Ecoute-moi bien. On n’est pas Jack Bauer, on n’a pas 24h, on en a deux ! 2 petites heures, Et la crois moi , il n’y a pas de plan B ou de plan C… Kramer n’est plus à cet instant précis, le président de la toute puissante NFL. Il est un père de famille ébranlé. - Charles, reprends-toi ! Tu as le pognon ? - J’ai la recette des 5 derniers dîners de gala et des tombolas des anciens de la NFL dans mon coffre-fort, dit-il en retrouvant un brin de fierté vraiment mal placé. - Espèce d’enflure, t’as même pas été capable de redistribuer les gains de la tombola pour les joueurs gravement blessés… - Je comptais le faire.... - C’est ça… Bon, tu le files ce pognon ? - Laisse-moi un peu de temps…

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CHAPITRE 32 : LA FUGUE H-7 Dormir. Dormir 10 ou 12h n’importe où… mais DORMIR ! Voilà le rêve de Tom en ce matin d’ouverture de Coupe du Monde. Alors que l’ambiance est paisible au camp d’entraînement de la sélection, dans la tête de Tom, c’est un cataclysme. La nuit fut une nouvelle fois épouvantable, pas moyen de fermer l’œil. Un match de foot, même en ouverture de la coupe du monde, lui semble tellement dérisoire, futile. Hanté par le regard de Julia, Tom n’a aucune envie de jouer ce soir. A qui confier ses doutes ? Maddie ? Will ? Loves ? Il ne sait pas, il ne sait plus... Totalement écœuré par ce milieu, la corruption, les tentatives de déstabilisations, il se dit que plus il découvre ce sport, plus il le déteste. Ce matin, c’est limpide, il ne jouera pas. Qu’importe les conséquences, la vie de Julia est plus importante que tout . Tom décide de quitter la sélection, sans prévenir personne. Comment garder secret son départ, comment fuir cette fourmilière où l’on mijote ensemble toute la journée… où l’on passe son temps, selon ses humeurs à s’épier ou se chambrer… Autant empêcher le jour de se lever ! - Tu vas où Tom? Tu as peur d’être en retard ? - Je vais faire un tour, prendre l’air... - Laisse ton sac à dos, personne ne te le piquera tu sais !

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- T’as raison dit Tom, un peu gêné, en posant son sac dans la salle du petit déjeuner. - N’oublie pas le dernier briefing vidéo à 11h30, lui dit Tonio l’intendant de l’équipe. Dehors, il fait déjà chaud et les oiseaux s’en donnent à cœur joie, planqués dans la longue allée ombragée qui mène vers la sortie. Ils forment une véritable haie d’honneur, et semblent saluer à leur façon le départ du rookie. Dans 200 mètres Tom sera libre. 10 ans après avoir franchi le pont de Brooklyn pour fuir son père et jouer au soccer, Tom s’évade à nouveau. Bizarre de voir à quel point parfois, l’histoire se répète. C’est un nouveau grand saut vers l’inconnu. Il n’a plus que 50 mètres à parcourir. - Vous n’avez pas le droit de sortir du centre ! En arrivant devant la grande barrière, Tom est interpellé par les gardes qui surveillent les allers et venues devant l’entrée. Ils n’ont pas l’air de plaisanter. - Je vais faire un petit tour, je reviens. - Désolé Fenwick. Les consignes sont strictes. Aucun membre de l’équipe ne peut sortir du centre. Sécurité oblige. Tom ne se sent pas bien. Il n’a envie de parler à personne. - Je fais juste 500 mètres pour oxygéner mes neurones. - Les consignes sont strictes, vraiment désolé ! Vous êtes mieux ici de toute façon. Plus loin, il y déjà des cars régie et des journalistes qui font les premiers directs de la journée. - Vous plaisantez ? - Non ! Les journalistes anglais sont arrivés à 6 h du matin pour être en direct dans les journaux de la mi-journée en Europe. Vous avez envie de leur parler ?

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- Non pas vraiment… Il aurait pourtant tant de choses à raconter… La tentative de corruption dans la station-service, la violence de son père, l’enlèvement de Julia... Ce départ n’a pas été préparé, c’est un coup de tête. Tom n’arrive plus à maitriser ses émotions. Tout se mélange : la colère, l’angoisse, la tristesse, l’incompréhension… Il se sent terriblement fébrile. Devant les 2 gardes médusés, il craque et explose en sanglots ! Le gamin de Brooklyn est si mal en point que les responsables de la sécurité le font rentrer dans leur petite cahute. Tom se réfugie dans un coin, recroquevillé sur lui-même, comme un camé en manque. Son cœur bas trop vite, il a du mal à respirer. Pour la première fois de sa vie, le jour le plus important de sa vie… Il perd pied. - Respire petit. Ça va aller… on va prévenir le coach assistant, d’accord ? Tom ne peut ni acquiescer ni contester, il est KO. Quelques minutes plus tard, le sosie de Will Grid arrive en voiturette. Mike a déjà vécu des situations rocambolesques, notamment avec la sélection anglaise. Comme juste avant la Coupe du Monde 2010 où une aventure extra conjugale digne d’un soap, entre John Terry et Wayne bridge avait pourri l’ambiance au sein de la sélection. - Mais qu’est que tu fous là Tom ? Tom ne répond pas. En voyant son regard perdu, il comprend qu’il doit s’y prendre autrement. - Parle-moi Tom… Après quelques minutes de silence, Tom bafouille quelques mots… - Je peux plus…

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- Je dois partir Mike… - Mais tu es taré ? - C’est grave… - Bon ! Monte ! Quoiqu’il arrive, tu n’as pas le droit de trahir Loves, tu le sais ! Tu dois au moins lui parler avant de partir ! En 2 minutes à peine, la voiturette atteint la salle de vidéo où Jack Loves analyse une dernière fois la position des attaquants anglais sur les coups de pieds arrêtés. En voyant le visage de Tom, il lui faut 1 quart de seconde pour comprendre que son attaquant à la tête à l’envers. Ce n’est pas la première fois qu’il doit gérer ce genre de situation. Suite à des décès le jour où la veille des matchs il a toujours laissé le choix au joueur de jouer ou pas... Mike les laisse en tête à tête. - Tu as perdu un proche demande-t-il en le prenant dans ses bras ? Tom suffoque et explose en sanglots. - Non, mais c’est tout comme. - Ton père est malade ? - Non… mais je dois partir maintenant… Il faut me croire. - Tom tu vas jouer dans quelques heures pour ton pays. C’est la plus grande compétition du monde. Tu réalises ? - Tu peux me remplacer, on est 23… - Écoute moi bien ! Il prend le visage de Tom entre ses mains. - Tu connais Johan Cruyff ? - Oui coach ! Il a remporté 3 fois le ballon d’Or… - Bien Tom ! Je connais pas ton histoire, mais je connais la sienne et crois-moi elle est rocambolesque !

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Tom fixe son coach et boit ses paroles. Avant la coupe du monde 1978, Cruyff a été séquestré et ligoté avec un fusil sur la tempe à Barcelone avec sa femme et ses enfants ! Loves garde les mains serrées sur le visage de Tom et ne le lâche pas du regard. - Tom ! Il a eu tellement la trouille qu’il a refusé de jouer la coupe du monde en argentine pour rester près de sa famille à Barcelone. Je te jure que c’est vrai, il a raconté cette histoire avant de mourir. Les pays bas ont perdu en finale contre l’Argentine de Maradona 3-1… Avec lui, les Néerlandais seraient probablement devenus champions du monde…

Un long silence parcourt la salle vidéo. Jack se demande s’il a réussi à lui retourner le cerveau. Il ne le lâchera pas tant que ses larmes ne s’arrêteront pas de couler… Tom, perturbé, ne sait plus quoi penser. - Je… Son téléphone vibre. - Je dois… - Ok… dit Loves Tom regarde son téléphone. Son visage se décompose. - C’est grave ? - Pichoncito ! murmure Tom En dehors de son père et de sa sœur personne ne connaît ce joli surnom donné par sa maman quand Il avait 4 ans, alors qu’il picorait dans tous les paquets de pop-corn des voisins dans les stades... Une séance de torture digne de James Bond n’aurait pu être plus efficace. - Je vais jouer coach… je vais jouer.

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CHAPITRE 33 : PICHONCITO ! H-5 - Tu ne devineras jamais ce que je viens de voir ! - Une pute sortir du centre d’entraînement ? - Arrête de déconner. Pas le matin d’un match ! Au téléphone, l’un des 2 gardes du centre d’entraînement a comme un besoin viscéral de raconter la scène à laquelle il vient d’assister : La vision de Tom déboussolé occupe une place bien trop importante dans son cerveau. Il sait que son meilleur pote dingue de foot va adorer cette histoire. - Surtout, tu le dis à personne, mais ce matin Fenwick a pété un câble devant nous ! - Je te crois pas ! - Je te jure que c’est vrai ! - Il a cassé la gueule de quelqu’un ? - Ah ça non. Il ne ferait pas fait de mal à une mouche. - Pourquoi alors. Il est pas titulaire ce soir ? - Non, ça à l’air bien plus grave… - Ah merde ! Il s’est engueulé avec loves ? Il a perdu un proche ? - Pas impossible… en tous cas, il avait qu’une envie, s’était de se barrer… Une rumeur, c’est souvent une information déformée et amplifiée Mais quand un potin concerne l’attaquant vedette de la sélection américaine, cela peut vite devenir un baril de poudre. A quelques kilomètres de là, Harry entre dans un bar. The Stumble Inn est situé à côté de la maison des Kramer. Bernard doit l’y rejoindre dans une petite heure.

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Harry, qui n’a jamais tiré sur personne est parti de chez lui armé. Il a, comme de nombreux américains, une arme à feu, un Beretta model 92, un cadeau de son père reçu le jour de ses 21 ans. Il espère ne pas avoir à s’en servir. Il n’est d’ailleurs même pas sur de savoir comment ça fonctionne. Mais quand on affronte la mafia, mieux vaut être armé. Conscient que sa vie est foutue si Tom ne joue pas Fenwick se bat contre ses démons. Un rendez-vous dans un bar, quelle mauvaise idée ! Il commande un jus de tomate alors que son cerveau réclame un bloody mary. Pour la première fois depuis bien longtemps, il essaie d’être courageux, fier de son choix... quelle galère. Ce manque d’alcool est un round tellement difficile à gagner. Il essaie de se concentrer mais les bouteilles de vodka semblent lui faire de l’œil… 11h15 - Après avoir compté et recompté l’argent qu’il avait en liquide dans son coffre-fort , Kramer arrive à 48 000 dollars. Il lui manque donc 52 000 dollars. Une paille. Il décide de téléphoner à son précieux conseiller, au courant de toute l’histoire. - John, peux-tu me trouver 52 000 dollars en liquide ? - C’est une blague ? - Non c’est pas une blague du tout. Et il me les faut pour hier ! - Impossible Charles , on est en plein week-end. Je suis pas magi… Kramer ne le laisse pas terminer sa phrase.

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- Putain, j’ai une idée ! Je vais demander à un producteur de cinéma un coup de main, je l’invite chaque année à la finale du Super Bowl , il me doit bien ça. - C’est qui ce mec ? - Tu l’as forcément croisé dans ma loge, C’est un petit mec chauve super discret. Il fait imprimer les faux billets pour les tournages de film. Ils sont plus vrais que natures. Tu te souviens des scènes dans Le loup de Wall Street avec plein de pognon ou de Rush Hour 2 avec ce milliard de dollars qui part en fumée dans les rues de las Vegas ? - Mais t’es complètement barge. Le papier est plus épais. - Si je mets les faux billets au fond de la mallette, ils n’y verront que du feu. - Charles , je t’interdis de faire ça. - On peut donc avoir travaillé à la CIA et n’avoir aucun courage… - Charles , les mecs face à nous, c’est pas de la petite racaille, c’est un énorme réseau mafieux. - Tu flippes Mac Cormick ? - Oui j’ai la trouille ! Pour ta fille et ma famille aussi. Zetor connaît les prénoms de mes enfants, il sait où j’habite. Et crois moi on ne rigole pas avec la mafia de Singapour - Alors démerde toi ! Peu importe la méthode. Je peux pas croire qu’un mec de la CIA ne soit pas foutu de trouver 52000 ridicules dollars un samedi matin. Je te laisse 30 minutes pour me trouver une solution, pas une de plus. Sur le blog soccer USA, la rumeur est lancée : Fenwick forfait pour le premier match ? Ce blog souvent très bien informé quand il s’agit de la sélection américaine, annonce que Tom n’est pas en état de jouer. Il serait forfait pour l’ouverture de la Coupe du Monde. Dans le bar plutôt cossu du quartier des Bas de Soie, l’info est au centre des

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discussions entre les clients. Cela n’échappe pas à Harry. C’est bien la première fois de sa vie qu’il s’intéresse à une composition d’équipe de soccer, et il ne s’est jamais senti aussi mal ! Les yeux boursouflés par un manque de sommeil, il inspire par le nez et essaie de garder le contrôle de sa respiration. Son physiothérapeute lui a toujours dit quand il était joueur, que c’était la base de tout. Surtout quand il est question de gérer ses émotions. Est-ce le manque d’alcool ou le stress ? Son cœur s’emballe, ses mains sont moites. Il devait déjà résister l’alcool. Le voilà obligé de ravaler ses pulsions de violence. Une torture. 13 H - Bernard, j’ai trouvé une solution, s’exclame Mac Cormick ! - Top ! Tu as les 52 000 dollars ? - Oui - Comment t’as fait ? - Une officine de la CIA. Ne me pose pas plus de questions. J’ai le pognon, point barre. 14 H – The Stumble Inn Harry n’en peut plus d’attendre. Il est clairement en manque. Enchaîner les jus de tomates, ça ne vaut pas une verticale de bloody mary. Kramer devrait déjà être là. Il décide d’aller le chercher chez lui. Il est excédé et prêt à lui mettre son flingue sur la tempe pour qu’il donne le fric. Il sonne à l’interphone, personne ne répond. L’attente est bien trop longue, Harry consulte sa montre. C’est un chrono série limitée offert par la NFL. La trotteuse semble

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traîner et les minutes passent à la vitesse des heures, Plus le temps ralenti, plus l’angoisse grandit. Harry jette un œil sur son flingue. Si Kramer ne paye pas autant se tirer une balle toute de suite. Soudain une Mercedes blanche, vi apparaît et s’arrête sur le trottoir d’en face. Une des vitres teintées descend. Kramer apparaît. - Ben qu’est-ce que tu fous Harry, je t’attends ! Kramer essaie tant bien que mal de détendre l’atmosphère. Fenwick, lui, n’a qu’une envie, l’emplâtrer. - Allez monte Jack Bauer ! J’ai le pognon. 17h Jour J Le bus de la sélection américaine fend à 5 kilomètres à l’heure une véritable marée humaine. La foule, de plus en plus compacte hurle : USA, USA, USA ! Jamais ce sport créé en Angleterre n’a suscité un tel engouement au pays de l’Oncle Sam. Les Télévisions du monde entier suivent la progression du bus américain comme s’il s’agissait du couronnement de la Reine d’Angleterre. Sur la chaîne privé anglaise ITV, Gabriel Clarke, 62 ans, déjà reporter lors de la Coupe du Monde 1994 aux USA annonce en direct à des millions de téléspectateurs anglais : « Aujourd’hui, c’est une certitude, le Football est devenu Américain ! » Invités dans la loge des Red Bull, Will, Willy et Maddie arrivent ensemble. Willy est trop fier. Il s’amuse à serrer la main à tout le monde, comme s’il était qu’un de très important. Ils portent tous les 3 le maillot 22. Ils ont fait graver au-dessus du numéro en lettre majuscule : TOM. Ces 3 lettres ne valent rien au Scrabble mais elles sont moins lourdes à porter que les 7 de Fenwick.

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Tom et ses coéquipiers vont défier, en ouverture de cette 23ème Coupe du Monde, une redoutable équipe anglaise qui attend un titre de champion du monde depuis 1966 ! Dans son éditorial, Henry Winter, célèbre journaliste anglais du Times écrit : « Gagnez là ! 60 ans d’attente, ça suffit ! » Le clan de Will s’installe dans la loge. - Papa pourquoi les fans anglais ont le roi lion ? - Où vois-tu ça ? - Sur leur maillot, Dit Willy ! - C’est pas le Roi Lion ! Les 3 lions, c’est le blason de l’Angleterre espèce d’andouille... On est pas à Disneyland ! - Akuna Matata, crie Maddie en éclatant de rire ! A 1 heure du coup d’envoi, La cérémonie d’ouverture commence en présence de Meghan Markle et du Prince Harry. Le plus célèbre couple anglo-américain installé aux USA depuis 2020, a accepté de donner le coup d’envoi de cet Angleterre /USA historique. Isolée dans son vestiaire ,la sélection américaine écoute religieusement les dernières consignes de Jack Loves : - N’ayez pas peur les gars, lâchez-vous et prenez du plaisir. Jouer une coupe du monde à domicile cela n’arrive qu’une fois dans une vie. Quand les équipes rentrent sur le terrain, les 85 000 spectateurs hurlent. Dans un vacarme assourdissant un tifo géant représentant le blason des 2 équipes est déployé face à la tribune présidentielle. Tom extrêmement concentré jette un regard dans La Tribune d’honneur. Il y a du beau monde : Georges Clooney, Lionel Messi, Cristiano Ronaldo… Les ballons d’or, ont déposé, quelques minutes

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auparavant, la Coupe du Monde au bord du terrain. Les deux frères ennemis, durant une décennie en Europe, plaisantent, une coupe de champagne à la main. Soudain, Le regard de Tom s’arrête sur 2 visages familiers. Est-il en train de rêver ? Julia est là. A côté d’elle, Harry. Julia, les larmes aux yeux ne peut s’ empêcher de lui faire un petit signe de la main. Harry le bras droit bandé se contente d’un mouvement de tête. L’hymne anglais retentit dans le stade. Jack Loves craque en entendant God Save the Queen. Dans un instant, ce fils et petit-fils de militaire va devoir battre son pays alors que son grand-père a débarqué en Normandie avec les hommes du Général Eisenhower. L’hymne américain est le moment le plus fort que Tom ait connu dans sa jeune carrière. Il ne l’oubliera jamais. Ernest Metz, tiré à 4 épingles descend sur le terrain pour saluer les joueurs en compagnie du Président Américain et du Prince William., Instinctivement, Tom regarde une dernière fois la tribune d’honneur. Julia est toujours là. Mais son Père a disparu. Il ne le reverra jamais.

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REMERCIEMENTS Ce livre, c’est 30 ans de passion, de rencontres, de discussions avec des champions d’exception et des spécialistes dans de nombreux domaines. Merci à tous les sportifs qui m’ont inspiré : Didier Deschamps, Aimé Jacquet, Kylian Mbappé, Nathalie Péchalat, Arsène Wenger et Zinédine Zidane. Merci pour leurs précieux conseils : Marc Ambrosiano, Ninon Bardel, Laurent Beccaria, Niall Bickersteth, Bruno Cavalié, Hugo Cavalié, Mathias Dosne, Jean Dujardin, Robert Goldman, Luc Jeanpierre, Christian Kalb, Fayza Lamari, Wilfrid Mbappé, Patrice Parmentier, Anne-Sophie Stefanini et Anne Tricaud.