Risque Pays Sénégal 2016

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RAPPORT D’EXPERTISE RISQUE PAYS SÉNÉGAL Mars 2016 Andréa Arnaud - Pierre-André Arqué Sarah Boumediene - Ghita Bouzekri Alami Anna Estier - Lucas Giboin Caroline Manac’h - Kevin Orefice Yvonne Pambo - Lena Wallach

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RAPPORT D’EXPERTISE RISQUE PAYS

SÉNÉGALMars 2016

Andréa Arnaud - Pierre-André Arqué Sarah Boumediene - Ghita Bouzekri Alami Anna Estier - Lucas Giboin Caroline Manac’h - Kevin Orefice Yvonne Pambo - Lena Wallach

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Remerciements

Nous tenons à exprimer notre reconnaissance à Monsieur Jean-Philippe Berrou, Maître de conférence en Sciences Economiques à Sciences Po Bordeaux, référent de cette étude, pour sa disponibilité et pour la qualité des conseils qu’il nous a prodigués tout au long de l’avancée de nos travaux.

Nous souhaitons également exprimer nos remerciements à Madame Céline Thiriot, Maître de conférence en Sciences Politiques à Sciences Po Bordeaux, Directrice du Laboratoire des Afriques dans le Monde, pour nous avoir sensibilisés à certains enjeux politiques et sociaux au Sénégal.

Toute notre gratitude à Monsieur Cisse Kane Ndao, Secrétaire Général du Conseil Départemental de Mbacke de la République du Sénégal, pour le temps qu’il nous a accordé lors de son court séjour à Bordeaux. Son point de vue nous a permis d’appréhender au mieux la réalité des enjeux auxquels le Sénégal est aujourd’hui confronté, notamment concernant son administration publique et de ses collectivités locales.

Nos sincères remerciements à Monsieur Tanguy Bernard, Docteur en micro-économie du développement et économétrie appliquée, Professeur associé à l’Université de Bordeaux, pour l’entretien qu’il nous a accordé et pour avoir partagé avec nous son expérience de terrain et son approche analytique socio-économique du Sénégal.

Nous adressons également nos remerciements à Monsieur Ismaila Diop, Inspecteur principal des Douanes Sénégalaises et Directeur du Renseignement et des Enquêtes Douanières à Dakar, pour nous avoir accordé un entretien qui nous a davantage éclairés sur les enjeux liés aux frontières sénégalaises.

Enfin, nous tenons à exprimer notre sincère gratitude à toutes les personnes qui ont pu nous soutenir lors de l’élaboration de cette expertise risque pays sur le Sénégal, et particulièrement Monsieur Pierre Gancel, commanditaire de l’étude risque projet 2016 au Sénégal, pour sa disponibilité et sa réactivité.

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Acronymes, abréviations et sigles utilisés dans le rapport : ADIE : Agence de l'Informatique de l’Etat

AGOA: African Growth and Opportunity Act

ANAT : Agence Nationale pour l’Aménagement du Territoire

ANDI : Accords de Non Imposition

ANE : Acteurs Non-Etatiques

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

APD : Aide Publique au Développement

APE : Accords de Partenariats Economiques

APIX : Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux

APPI : Accords de Promotion et de Protection réciproque des Investissements

APR : Alliance Pour la République

ATA: Antiterrorism Assistance Program

BAFD : Banque Africaine de Développement

BCE : Banque Centrale Européenne

BCE : Bureau d’appui à la Création d’Entreprise

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest

BFAD : Bureau des Formalités Administratives Domaniales

BM : Banque Mondiale

CIAN: Conseil français des Investisseurs en Afrique

CGI : Code Général des Impôts

CGD : Code Général des Douanes

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CFPA : Centre de Facilitation des Procédures Administratives

CGU : Contribution Globale Unique

CMU : Couverture Maladie Universelle

CNRI : Commission Nationale de Réforme des Institutions

CONGAD : Conseil des Organisations Non Gouvernementales d’Appui au

Développement

CPI : Conseil Présidentiel d’Incvestissement

CPI: Cour Pénale Internationale

CREI : Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite

DDP : Direction de la Dette Publique

DIC : Division des Investigations Criminelles

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DSRP : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté

ECOMOG : Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring

Group

EFE : Entreprise Franche d’Exportation

ENAM : Ecole Nationale d’Administration et de la Magistrature

FAISE : Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur

FCFA: Franc CFA

FMI : Fond Monétaire International

GAR : Gestion Axée sur les Résultats

IADM : Initiative d’Allégement de la Dette Multilatérale

ICS : Industries Chimiques Sénégalaises

IDE : Investissement Direct Etranger

IPC : Indice de Perception de la Corruption

LGBT : Lesbiennes, Gays, Bi-e-s, Trans

MFDC: Mouvement des Forces Démocratiques

MINUSMA: Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation

du Mali

MISMA : Mission Internationale de Soutien au Mali sous conduite Africaine

MMUD : Mouvement Mondial dans l’Unicité de Dieu

OCDE : Organisation de Coopération de Développement Économique

OCRTIS: Office Central pour la Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants

OFNAC : Office Nationale de Lutte contre la Fraude et la Corruption

OI : Organisations Internationales

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

ONUC : Opération des Nations Unies au Congo

ONUDC: Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime

PAD : Port Autonome de Dakar

PAQUET :Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Équité et de la Transparence

PIB : Produit Intérieur Brut

PDS : Parti Démocratique Sénégalais

PME: Petites et Moyennes Entreprises

PNDL : Programme national de Développement Local

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PNBG : Programme Nationale de Bonne Gouvernance

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPP: Partenariat Public-Privé

PPTE : Pays Pauvre et Très Endetté

PREAC : Programme de Réformes de l’Environnement des Affaires et de la

Compétitivité

PS : Parti Socialiste

PSE : Plan Sénégal Emergent

SDE : Sénégalaise des Eaux

SENELEC : Société Nationale d’Electricité du Sénégal

SONATEL : Société Nationale des Télécommunications du Sénégal

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UA: Union Africaine

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

UNACOIS : Union Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

WAMER: Western African Marine Ecoregion

WWF WAMER: World Wide Fund for Nature Western African Marine Ecoregion

ZESI : Zone Economique Spéciale Intégrée

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Tabledesmatières

REMERCIEMENTS 2

ACRONYMES,ABREVIATIONSETSIGLESUTILISESDANSLERAPPORT: 3

INTRODUCTION 8

I.SOUTENUPARLACOMMUNAUTEINTERNATIONALE,LESENEGALPOURSUITSACONSOLIDATIONDEMOCRATIQUEMAISRESTEMARQUEPARUNEFORTEDEPENDANCEEXTERIEURE 13A. LACROISSANCEVOLATILEDUSENEGALS’INSCRITDANSUNEDOUBLEDEPENDANCECOMMERCIALEETFINANCIERE 131. UNEPRODUCTIONRELATIVEMENTDIVERSIFIEEMAISAFAIBLEVALEURAJOUTEE 132. FACEALAPERSISTANCEDEDEFICITSSTRUCTURELS,LESENEGALCONNAITUNPROCESSUSDEREENDETTEMENTRAPIDE 173. LESREMISESDELADIASPORA:UNSUBSTITUTAL’AIDEPUBLIQUEAUDEVELOPPEMENT? 264. LADIPLOMATIEECONOMIQUE:ENTREDIVERSIFICATIONDESPARTENAIRESETMAINTIENDESRELATIONSTRADITIONNELLES 28B. DESACQUISDEMOCRATIQUESMINESPARDESCONTRAINTESSTRUCTURELLESPESANTSURLESINSTITUTIONSETLESINFRASTRUCTURESSENEGALAISES 311. UNREGIMEDEMOCRATIQUESTABLEETUNESEPARATIONEFFECTIVEENTREL'ARMEEETLEGOUVERNEMENT 312. UNECONSOLIDATIONDELADÉMOCRATIEGRÂCEÀLASTRUCTURATIONDELASOCIÉTÉCIVILE 353. UNMODEDEGOUVERNANCEINEFFICACE 424. L’ENVIRONNEMENTDESAFFAIRESDEFAVORABLENESOUTIENTPASLASTRUCTUREPRODUCTIVEETPENALISEL’INVESTISSEMENT 47

II.LESENEGALPOURSUITUNMODELEDEDEVELOPPEMENTINEGALITAIRE,ACCENTUANTSAVULNERABILITEAUXCHOCSEXOGENES 59A. DESCONTRAINTESRELATIVESAUXLEVIERSDECROISSANCEQUIBLOQUENTLEPOTENTIELDEDEVELOPPEMENTDUSENEGAL 591. UNSECTEURFINANCIERENDECOLLAGEQUINEPROFITEPOURTANTPASAUSECTEURPRIVE 592. L’INEFFICACITEDESINVESTISSEMENTSFREINEL’ESSORDUSECTEURPRIVE 643. UNCAPITALHUMAINDEFICIENTMALGREDEFORTESPOTENTIALITES 67B. UNPAYSMARQUEPARDESINEGALITESSOCIALESETTERRITORIALES 711. LEDESENGAGEMENTDEL’ETATRENFORCELAFRACTURETERRITORIALE 711. DESINEGALITESRENFORCEESPARL’IMPORTANTEVULNERABILITEAUXCHOCSEXOGENES 762. LAFRAGILISATIONDESFRONTIERES:PRESENCEDEL’ETATETCAPACITEDECONTROLEDUTERRITOIRE82

DESDEFISENCORENOMBREUXSURLAVOIEDUDEVELOPPEMENT 89UNESTRATEGIED’INVESTISSEMENTADOUBLETRANCHANT 90REFORMERL’ENVIRONNEMENTDESAFFAIRESPOURLIBERERLEPOTENTIELDECROISSANCE. 91DEPASSERLESPLANSD’ORIENTATIONSSTRATEGIQUES… 92…AUPROFITDEREFORMESSTRUCTURELLES 92VERSUNECROISSANCEINCLUSIVE 93

MATRICESWOT 95

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SCENARII 96SCENARIOSTABLE 96SCENARIOOPTIMISTE 97SCENARIOPESSIMISTE 98

ANNEXE 101ANNEXE:MAPPINGDESACTEURSDELASOCIETECIVILESENEGALAISE 101

BIBLIOGRAPHIE 103

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Introduction

La République du Sénégal est « l’ « enfant gâté » face aux « bons samaritains » de la finance du développement » 1 . En effet, réputé pour sa position géostratégique en Afrique de l’Ouest, le Sénégal fait figure d’exemple de stabilité démocratique, dans une région caractérisée par l’instabilité, et bénéficie d’un large appui technique et financier de la part de la communauté internationale. Derrière cet effet d’affiche se cache une réalité plus complexe.

Le Sénégal est tour à tour qualifié de « Finistère ouest-africain » et de « Sahel maritime ». Ces deux expressions donnent une image assez claire de la situation géographique du Sénégal. Des Etats de l’Afrique de l’Ouest, il est le plus ouvert vers l’Occident et le seul pays du Sahel à jouir d’une façade maritime sur l’Océan Atlantique. En effet, le Sénégal possède un littoral de 530 km où vivent 63% des 14 millions d’habitants que recense le pays. C’est un espace inégalement peuplé et fortement urbanisé. Ses côtes concentrant la majorité des activités économiques, notamment dans sa capitale, Dakar. Pays sahélien, il se situe en zone tropicale et la pluie y est une ressource rare et inégalement répartie dans le temps et l’espace. Bordé par le Mali, la Guinée, la Guinée Bissau et au nord par la Mauritanie et le fleuve Sénégal, le pays ne semble pourtant que peu souffrir des conflits voisins. De même, la Gambie, qui 1M.Kassé.L’industrialisationafricaineestpossible,Quelmodèle pour le Sénégal?, L’Hamarttant, 2013 citantG.BECKERet J;BUCHANANcitéparM.F. JARRETet F.R.MAHIEU: La Côte d’Ivoire de la déstabilisation à larefondationp10,l’Harmattan,2002

forme une quasi–enclave à l’intérieur du territoire, ne représente pas un facteur de déstabilisation pour le Sénégal. Au contraire, le pays jouit d’une place privilégiée au sein de la région. Il préside actuellement la CEDEAO qu’il a intégré en 1975 et Dakar abrite le siège de la BCEAO qui gère les membres de l’UEMOA, que le pays a rejoint en 1962 2 . De par sa position, le Sénégal est un espace de convergence, il est à la fois une terre d’accueil et de départ.

Ancienne colonie française, le Sénégal accède à l’indépendance en 1960 grâce au sens du combat politique qu’il a développé et à son leader charismatique Léopold Sedar Senghor, premier président de la République sénégalaise. Le Sénégal fait du français sa langue officielle et contrairement à ses voisins n’a connu depuis aucun coup d’Etat. En effet, depuis son indépendance, le pays s’est inscrit dans une dynamique de consolidation démocratique, passant d’un régime à parti unique puis au multipartisme limité sous Senghor (1974), à un multipartisme sans limite sous Diouf. En 2000 il connaît sa première alternance à la Présidence avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau parti, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS). La consolidation démocratique se manifeste également par la capacité des sénégalais à instaurer le dialogue social et à influencer certains acteurs étatiques à travers divers canaux, formels et informels. Par ailleurs le Sénégal est un pays laïc dont la population à 94% musulmane,

2Deuxtraitéscoexistentaujourd’hui,celuidel’UMOAetceluidel’UEMOAcrééeen1994.

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cohabite pacifiquement avec les autres groupes religieux. L’Islam confrérique s’est imposé au Sénégal comme un facteur de légitimation réciproque entre les acteurs politique au pouvoir et les cheikhs dont la légitimité religieuse est doublée d’un rôle social. Ces maitres spirituels sont, en effet, les garants de la cohésion sociale à travers les multiples activités qu’ils développent. Présidé par Macky Sall depuis 2012, le Sénégal jouit ainsi d’une image de modèle démocratique dans la région qui lui permet de bénéficier d’appuis financiers.

Toutefois, dans un contexte de chômage sous fond de crise économique, les jeunes sénégalais sont en quête de nouveaux modèles et se tourneraient ainsi vers un Islam orthodoxe grandissant dans le pays. En effet, tous les sénégalais ne profitent pas des fruits de la croissance. Les inégalités sont donc conséquentes au Sénégal. Entre le paysan, le fonctionnaire, le commerçant de Touba et le petit commerçant informel vivant à Dakar, les écarts de revenus sont importants. Une partie de la population est privée d’un accès aux besoins sociaux de base, tels que la santé et l’éducation. De plus à ces inégalités sociales s’ajoutent des inégalités territoriales. En effet, les activités économiques se concentrant sur les côtes, la population du monde rural est la plus exposée aux inégalités et à la pauvreté. Les ruraux souffrent par ailleurs d’une agriculture fortement vulnérable aux aléas climatiques et peu productive. Ce secteur est limité d’une part, par la culture extensive et les problèmes d’accès à l’eau et d’autre part par un manque d’accès au crédit lié notamment aux problèmes fonciers. Dans une société

aussi inégalitaire, le retour à l’économie informelle apparaît comme la seule stratégie de survie. En outre, le poids du secteur informel réduit l’assiette fiscale du pays et donc sa capacité à financer par ses propres moyens les investissements nécessaires à son développement. Malgré le processus de consolidation démocratique, le pays reste aux prises avec de nombreux problèmes structurels.

Le Sénégal a pu hériter d’infrastructures industrielles développées pendant la période coloniale. De plus, entre 1960 et 1979, l’Etat s’est placé comme le moteur du développement économique du pays à travers la mise en place d’une politique sectorielle axée sur l’agriculture et l’industrie. Ce sont alors développées des industries publiques et parapubliques alimentaires, chimiques et extractives ainsi que des sociétés de raffinage du pétrole aux côtés de sociétés d’électricité, d’eau et le secteur bancaire. Le pays entendait ainsi se libérer de sa dépendance en développant un secteur manufacturier local. Toutefois, les performances économiques du Sénégal dans les décennies 1970, 1980 et 1990 ont été limitées et la productivité ne s’est guère améliorée. Le programme d’ajustement structurel que le Sénégal a dû suivre n’a pas non plus permis d’améliorer la situation. Les industries du Sénégal souffraient de sérieux problèmes de gestion qui ont affecté leur rentabilité. Ce constat est encore vrai aujourd’hui. Ainsi, la croissance du Sénégal reste fortement tributaire de l’exportation de produits primaires à faible valeur ajoutée d’origine agricole et minière. L’économie sénégalaise est donc très vulnérable et dépend de variables

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exogènes comme le climat, les cours des matières premières et la conjoncture économique mondiale. Ces chocs externes entraînent des effets néfastes sur le déficit courant, la croissance du PIB et l’endettement, comme démontré après la crise économique mondiale de 2008. Depuis, de multiples programmes et politiques industrielles se sont suivis sans résultats probants. Le Sénégal se caractérise en effet par une gestion improductive des ressources tirées de l’exploitation minière et de l’aide internationale. Par ailleurs, le revenu national finance surtout la consommation abondante en zone urbaine au lieu de soutenir l’investissement à travers l’épargne.

Au sein des pays d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal est à l’avant-garde de la construction d’une démocratie favorable au développement et à la bonne gouvernance. Le Sénégal souhaite, en effet, améliorer son environnement des affaires et son contexte économique général. Cela s’est traduit par plusieurs programmes dont le dernier en date, le Plan Sénégal Emergent, projette de faire du Sénégal un pays émergent d’ici 2035. Malgré cette volonté affichée, des dysfonctionnements subsistent et d’autres apparaissent que ce soit au niveau des institutions sénégalaises telles que la justice et l’administration, des infrastructures ou au niveau d’acteurs économiques et politiques qui résistent au changement.

Ainsi, le Sénégal est à un moment charnière de son développement et sa trajectoire de développement dépendra de sa capacité ou non à relever les défis auxquels il fait face. Le pays possède

de nombreux atouts mais qui ne sont pas bien exploités et pourraient même se transformer en obstacles. Le Sénégal doit se concentrer sur des secteurs – tels que l’énergie ou les infrastructures et la formation - susceptibles de générer des externalités positives s’ils sont performants et bien maitrisés. En outre, Le Sénégal est doté d’une population jeune mais ne trouvant pas d’emplois. Le pays, gagnerait donc à réformer le système éducatif et celui de la formation afin d’améliorer sa pertinence et son efficacité dans le but de se pourvoir de ressources humaines de qualité. Cela aura pour conséquence ultime d’accroitre la productivité et l’emploi ainsi que les salaires. Le Sénégal peut également compter sur sa diaspora comme source de revenus à travers les remises mais également à travers le transfert d’expériences pouvant contribuer à l’avenir du pays. Par ailleurs, si la façade maritime du Sénégal peut l’exposer à des vulnérabilités d’ordre climatique, elle peut également lui servir d’interface pour développer des exportations industrielles et une industrie de pêche performante. Aussi, le Sénégal gagnerait à valoriser ses ressources naturelles à travers le développement d’une industrialisation rurale et d’une industrie chimique forte grâce aux ressources en phosphate.

L’avenir du Sénégal en tant que pays émergent va donc dépendre de sa capacité et celle de ses acteurs politiques, économique et sociaux à s’unir autour d’un consensus rassemblant les différentes dynamiques du pays et créant ainsi les conditions d’un souffle nouveau pour le Sénégal.

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CARTE1:REPUBLIQUEDUSENEGAL

DIAGNOSTIC

Veillant à projeter une image de modèle démocratique, le Sénégal est un pays stable politiquement dont la société, dynamique mais inégalitaire, évolue dans un espace marqué par des disparités régionales.

Cependant, son économie peu compétitive est caractérisée par une forte dépendance extérieure et une vulnérabilité aux chocs exogènes.

Le développement du Sénégal dépendra de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent qui vise à libérer le potentiel de croissance du pays.

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SOUTENU PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, LE SÉNÉGAL POURSUIT SA CONSOLIDATION

DÉMOCRATIQUE MAIS RESTE MARQUÉ PAR UNE FORTE DÉPENDANCE

EXTÉRIEURE

1

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I. Soutenu par la communauté internationale, le Sénégal poursuit sa consolidation

démocratique mais reste marqué par une forte

dépendance extérieure

A. La croissance volatile du Sénégal s’inscrit dans une double dépendance commerciale et financière

1. Une production relativement diversifiée mais à faible valeur ajoutée

1.1 Une croissance volatile due à la rigidité de la structure productive

La croissance du Sénégal a été marquée ces vingt dernières années

par une forte volatilité (graphique 1). Cela tient notamment aux rigidités de la structure productive, peu efficiente et peu compétitive : l’agriculture repose sur des méthodes traditionnelles, le secteur secondaire est en déclin relatif depuis 1995 tandis que la croissance est tirée par le secteur des services (graphique 2).

0 1 2 3 4 5 6 7 8

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Taux

de

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ssan

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n %

du

PIB

GRAPHIQUE 1 : TAUX DE CROISSANCE DU PIB 1995 - 2014

7,10% 11,70% 8,70%

32% 23% 19%

59% 63% 67%

1990-1994 1995-2005 2006-2012

GRAPHIQUE 2 : CONTRIBUTION PAR SECTEUR À LA CROISSANCE DU PIB

Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire

Source:Banquemondiale

Source:Banquemondiale

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Le secteur primaire emploie près de la moitié de la population active mais ne contribue qu’à 16 % de la création de richesses en raison de la faible productivité et du manque de modernisation du secteur 3 . L’agriculture, composée à 90% de petites exploitations familiales, est largement dépendante de la pluviométrie et fait face à des difficultés d’accès aux facteurs de production et au faible niveau des aménagements hydro-agricoles. La production est par conséquent très vulnérable aux aléas climatiques.

Certaines branches du secteur primaire sont cependant porteuses de croissance. La pêche, qui représente environ 2 % du produit intérieur brut (PIB), a des impacts positifs sur les autres secteurs de l’économie par la transformation et la commercialisation des produits. C’est également une source importante de devises, les exportations de produits halieutiques représentant 16 % du montant total des exportations en 2014. Le secteur est source de revenus pour 600 000 personnes mais reste dominé par l’emploi informel et fragilisé par la surexploitation des ressources, la mauvaise gestion et le manque de régulation 4 . Les partenaires commerciaux étrangers qui convoitent les ressources halieutiques représentent également un facteur de fragilisation (encadré 1).

Aux côtés de l’agriculture vivrière et de l’élevage qui représentent chacun environ un tiers de la valeur ajoutée du secteur primaire, il existe des cultures de rente, à l’instar de l’arachide. Malgré la forte

3Rapportdel’OCDE(2015)4PlanSénégalEmergent(2013)

dépendance à la pluviométrie et le faible niveau d’équipement des producteurs, le secteur de l’arachide représente 2 % du montant des exportations en 2014. Enfin, l’horticulture est le sous-secteur le plus performant de l’agriculture avec une augmentation annuelle moyenne d’environ 54 % entre 2004 et 2014. Les cultures horticoles bénéficient du climat favorable du Sénégal et coïncident avec les hors-saisons en Europe, son principal marché d’exportation 5 . Si l’agriculture est une source relativement faible de croissance, elle assure toutefois l’existence d’une large partie de la population et joue un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté, la population pauvre étant concentrée dans les zones rurales.

La part du secteur industriel dans le PIB (12 %) diminue depuis 1995. L’industrie ne fonctionne qu’à 70 % de ses capacités et souffre de contraintes majeures : taille relativement faible des unités de production, sous-capitalisation chronique des entreprises, coupures d’électricité, etc. Les industries extractives sont en déclin : certaines entreprises industrielles emblématiques comme la Suneor (huiles d’arachide) ou les Industries Chimiques Sénégalaises liées au phosphate (ICS) sont sinistrées et sont en proie à d’importantes difficultés financières.

A l’inverse, le secteur tertiaire est le moteur de la croissance (62 % du PIB) grâce à des branches dynamiques comme les postes et télécommunications. L’intensification de la concurrence dans le domaine des téléphones portables et l’accès à internet ont contribué à ce

5RapportdelaBanquemondiale(2014)

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-40

-20

0

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60

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%

GRAPHIQUE 3 : CONTRIBUTION À LA VARIATION DANS LA CROISSANCE TOTALE DU PIB ENTRE 1990 ET 2012

dynamisme : la participation du secteur à la formation du PIB est passée de 6 % en 1996 à 11 % aujourd’hui6.

Concernant les moteurs de la croissance de court terme, la contribution de la consommation à la variation dans la croissance totale du PIB s’élève à 80 % entre 1990 et 2012 (graphique 3).

La consommation est notamment financée par les remises de la diaspora.

6StructureduPIB–DPEE.

Encadré1:Lapêche,uneactivitéconvoitée

Divers acteurs étrangers opèrent dans le secteur de la pêche au Sénégal. Il est possible de citer la ChinaNational Fisheries Corporation ou encore les entreprises européennes qui tirent profit des Accords dePartenariats Economiques (APE) signés entre le Sénégal et l’Union Européenne (UE), alors prévus par lesaccordsdeCotonou.Cesaccordsautorisent38naviresàpêcherdanslaZoneEconomiqueExclusiveduSénégalenéchanged’unecompensationde8690000euros.

Toutefois,lesdeuxpartiessontaccuséesd’essayerd’avoirlamainmisesurcecommerceneprofitantpasainsiauxSénégalais.D’unepart, lesentrepriseschinoisespêchentenmasse,sansrespecterlesquotas,pratiquentunepêche illégaleennerespectantpasnonplus lesespècesprotégées.D’autrepart, les«bateaux-usines»européensportentaussipréjudiceauxartisanssénégalaisopérantdanslapêcheenlespoussantàprendredesrisques importants en allant pêcher plus au large à bord de leurs pirogues. Pointés du doigt, ces APE sontappelés«accordsdepaupérisationéconomique»parl’oppositionetilscontribuentàlacréationdestensionsrégionales.

Eneffet, lesproblèmessoulevésdanscesecteurd’activitéssontd’autantplusalimentéspar laquestiondespêcheurs de Saint-Louis, au nord du Sénégal, qui ont connu quelques différends avec les autoritésmauritaniennes au sujet de leurs licences (eaux territoriales, quotas, etc.), en plus d’être confrontés à uneraréfactiondes ressourcescar les stocksdepoissonsdisponiblesdans leseauxsénégalaisess’amoindrissent.Cela engendre paupérisation des populations, facteur d’instabilité, mais aussi des migrations vers le sud(Casamance,frontièreGuinée-Bissau),unerégionoùlagestiondelapêcheetsoncontrôlesemblentmeilleurs.

Danscetteperspective, lePlanSénégalEmergent(PSE)quicompteenpartiesur lesecteurde lapêchepourdévelopperl’économiesénégalaise,nepeutatteindresesobjectifs.

Source:Banquemondiale

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1.2 Des échanges commerciaux peu profitables à la croissance du Sénégal

Le commerce extérieur a freiné la croissance du PIB depuis 2011, reflétant la dépendance aux importations et la trop faible qualité des produits exportés. Ces derniers sont en effet majoritairement des produits à faible valeur ajoutée : si les produits pétroliers exportés sont transformés à partir de l’huile brute de pétrole, l’or non monétaire et les poissons frais ou congelés figurent parmi les principales exportations (graphique 4).

Cependant, le pays a nettement diversifié la gamme des produits exportés : un nouvel effort en ce sens permettrait d’accélérer la croissance7 et d’augmenter la part des exportations, ce qui favoriserait la réduction du déficit commercial (20 % du PIB). 44 % des exportations sont dirigées vers les pays d’Afrique suivis de l’Europe (29,4 %) puis de l’Asie (15,6 %).

7RapportFMI(2015)-Sénégal-Questionsgénérales

Les produis exportés vers l’Afrique sont en premier lieu destinés aux autres membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), les échanges étant facilités par l’existence de la monnaie commune (encadré 2).

Le Sénégal est largement dépendant des importations, dominées par les produits pétroliers, les biens alimentaires (riz, blé) et les biens d’équipement (graphique 5).

Il est également dépendant de ses fournisseurs : par exemple, la totalité des importations de pétrole brut provient du Nigéria ; le riz est importé d’Inde (59 %) et de Thaïlande (22,7 %)8. En outre, le riz occupe une place prépondérante dans la consommation des ménages et représente plus de 15 % des dépenses alimentaires. Le pays cherche à développer la filière rizicole pour réduire sa dépendance vis-à-vis 8Noted’analyseducommerceextérieur,p.23-25.

Produits pétroliers

12%

Or non monétaire

14%

Acide phosphoriq

ue 4%

Produits de la pêche

16% Ciment 8%

Produits arachidiers

2%

Autres produits

44%

GRAPHIQUE 4 : PRINCIPAUX PRODUITS EXPORTÉS (2014)

Source:ANSD

Produits pétroliers

finis 15%

Machines et appareils

13%

Produits céréaliers

10%

Huiles brutes de pétrole

9%

Matériels de

transport et pièces

détachées 8%

Métaux et ouvrages en métaux

5%

Autres produits

40%

GRAPHIQUE 5 : PRINCIPAUX PRODUITS IMPORTÉS (2014)

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du fournisseur indien. Ainsi, la forte part des biens de consommation et d’huile brute de pétrole parmi les importations expose le Sénégal à une forte vulnérabilité vis-à-vis du cours des

matières premières. Le pays est donc en situation de dépendance commerciale, source principale du déficit courant.

2. Face à la persistance de déficits structurels, le Sénégal connaît un processus de ré endettement rapide

2.1 La position extérieure du Sénégal est négative

-16 -14 -12 -10

-8 -6 -4 -2 0

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

% D

U P

IB

GRAPHIQUE 6 : DES DÉFICITS JUMEAUX PERSISTANTS

Solde du compte courant Solde budgétaire primaire

Encadré2:LetauxdechangeduFCFA

LeFCFA,monnaiedel’UEMOAetdoncduSénégal,s’inscritdansunsystèmedechangefixevis-à-visdel’euroetsaconvertibilitéestassuréeparleTrésorfrançais.Cetancrage,héritédesaccordsdecoopérationentrelaFranceetl’UMOA(1962),expliquedanslaconjonctureactuelleladépréciationduFCFAparrapportaudollar.

Malgré cette dépréciation, les produits sénégalais n’ont que peu gagné en compétitivité à l’export. Celas’expliquepar le faitque leSénégal réaliseprèsde lamoitiédeseséchangescommerciauxavec lespaysdel’Union Européenne et qu’il produit des biens à faible valeur ajoutée. Cela traduit donc les faiblessesstructurellesdel’économiesénégalaise.Eneffet,pourgarantirlapérennitédesacompétitivité,leSénégaldoitaméliorerlaproductivitédesesprincipalesindustriesexportatrices.Lapolitiquemonétaire,etdoncletauxdechangen’étantpasl’instrumentultimederelancedel’économieetgarantdelacompétitivité.

Deplus,l’ancrageduFCFAàl’europermetauSénégalderéduirelecoûtdesesimportations.LaconsommationétantlemoteurdelacroissanceauSénégal,laréductiondesprixdesproduitsimportéspermetdesoutenirlepouvoird’achatdesSénégalaisetdonclacroissance.

Parailleurs,toutcommepourlaBanqueCentraleEuropéenne(BCE),lacibled’inflationdelaBanqueCentraledesEtatsdel’Afriquedel’Ouest(BCEAO)estde2%.Cechoixestdéterminéparl’ancrageduFCFAsurl’euroetrestreintlesmargesdemanœuvresdelaBCEAOentermesdepolitiquemonétaire.Cettecibled’inflationn’estvisiblementpasadaptéeauxbesoinsdeséconomiesdesEtatsmembresdel’UEMOAentermesdecroissanceetderéductionde lapauvreté.Lapolitiquede laBCEAOesteneffet fondéesurunobjectifd’inflationetdemaintiendelaparitéfixeplutôtquesurunobjectifdecroissance.

Source:BCEAO

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La position extérieure9 nette du Sénégal est négative du fait de la persistance de déficits jumeaux 10 structurels (graphique 6). Le déficit courant reste aujourd’hui la principale source de vulnérabilité extérieure du pays. Extrêmement volatile, il traduit la dépendance commerciale du pays et sa vulnérabilité face à la volatilité des cours mondiaux. Le déficit courant a diminué de 14,1 % du PIB en 2008 à 4,6 % en 2010 pour augmenter à nouveau à hauteur de 10,5 % du PIB en 2013. Il est principalement imputable au déficit de la balance commerciale dont le solde était déficitaire à hauteur de 20 % du PIB en 2012 et en 2013.

Malgré la persistance du déficit courant, le taux de change du FCFA est manifestement aligné aux paramètres économiques fondamentaux. Les réserves de change sont, quant à elles, satisfaisantes et supérieures à 5 mois d’importations. Par ailleurs, ce déséquilibre extérieur reflète également des déséquilibres internes qui se traduisent par un taux d’épargne relativement limité par rapport aux besoins d’investissements de l’économie et une corrélation élevée entre le solde budgétaire et le solde courant de la balance des paiements. Au cours de ces dernières années, le financement des dépenses publiques par le déficit a largement contribué à l’apparition des déséquilibres extérieurs.

9Lapositionextérieurenetted’unpayscorrespondàsonendettementnetvis-à-visdurestedumonde,c’est-à-direàladifférenceentrelaquantitéd’actifsétrangersdétenuspar les agents économiques d’un pays et les actifsnationauxdétenuspardesétrangers.10Lesdéficitsjumeauxcorrespondentàl’associationd’undéficit budgétaire et d’un déficit du solde courant de labalancedespaiements.

2.2 La mauvaise gestion des finances publiques pèse sur les équilibres budgétaires

Le déficit budgétaire du Sénégal a considérablement augmenté au cours des années 2000. Il est effectivement passé de 2 % du PIB en 2004 à 6,7 % en 2011. Toutefois, depuis ces dernières années, le déficit budgétaire du Sénégal affiche une tendance à la baisse, signe de la volonté des autorités de le ramener au niveau du seuil de convergence fixé à 3 % dans le cadre de l’UEMOA à l’horizon 2018, soit un an avant la date officiellement prévue. Le déficit résulte essentiellement d’une augmentation des dépenses supérieures à celle des recettes et dont le niveau reste malgré tout satisfaisant. Avec 23,5 % du PIB, les recettes du Sénégal sont parmi les plus élevées de l’UEMOA et supérieures au seuil de convergence. Ces recettes sont majoritairement composées d’impôts indirects, la principale ressource de l’Etat étant la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Le Sénégal affiche de bonnes performances en matière de prélèvement des recettes fiscales. Celles-ci représentent en moyenne 19 % du PIB et plus de 80 % des recettes totales du pays, faisant du Sénégal le meilleur exemple de l’UEMOA en la matière. La mobilisation des recettes fiscales est une priorité du Plan Sénégal Emergent (PSE). Il sera en effet essentiel de préserver la soutenabilité budgétaire afin d’éviter un creusement du déficit public. Accroître les recettes fiscales s’avère nécessaire afin de dégager les marges de manœuvres destinées au financement des investissements. La stabilisation des ressources internes est un enjeu majeur puisque les flux externes représentés par les revenus

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19

d’exportations, l’Aide Publique au Développement (APD), les Investissements Directs Etrangers (IDE) et les transferts des migrants sont volatiles vis-à-vis de l’évolution de la conjoncture internationale. Pour y parvenir, le Sénégal entend s’appuyer sur les réformes du Code Général des Impôts (CGI) et du Code Général des Douanes (CGD) menées en 2013, lesquelles visent à améliorer le recouvrement des arriérés fiscaux et à élargir l’assiette fiscale. L’application du tarif extérieur commun au niveau de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2015 a répondu à ce deuxième objectif. Le nouveau CGI prévoit quant à lui un rehaussement de l’impôt sur les sociétés de 25 à 30 %, l’élimination de la TVA à la source et une baisse de l’impôt sur le revenu. Il vise également à faciliter le paiement des taxes par informatique et à mener des réformes administratives censées améliorer les contrôles et la performance des services fiscaux. La mise en œuvre du nouveau CGI s’est toutefois traduite par un recul des recettes fiscales qui sont reparties à la hausse grâce aux ajustements effectués en 2014. Les autorités entendent rationaliser l’administration fiscale à travers la création de cellules chargées des moyennes entreprises ayant une fonction de contrôle fiscal et d’une cellule en charge du recouvrement des dettes difficiles. La priorité est en effet mise sur le recouvrement des impôts impayés. La difficile traçabilité des opérations commerciales complique le recouvrement de l’impôt, enjeu de taille pour le pays.

Le système de prélèvement du Sénégal fait face à certaines contraintes dont la faiblesse des moyens alloués aux structures en

charge du prélèvement de l’impôt et la capacité de résistance des opérateurs informels. Au Sénégal, plus de 90 % des entreprises opèrent dans l’informel. Face à cela, les autorités sénégalaises oscillent entre la volonté de fiscaliser ces activités et une indulgence justifiée par le rôle de coussin social joué par ce secteur. Les autorités fiscales se concentrent au contraire sur les entreprises dont le chiffre d’affaire et la rentabilité sont élevés dans un souci de maximisation des recettes. Le secteur informel est constitué de petites entreprises mais aussi de grandes entreprises qui ne déclarent pas l’intégralité de leurs importations. Les autorités envisagent de mettre en œuvre des mesures de rationalisation de l’impôt afin de promouvoir la formalisation des activités informelles. Il s’agira notamment de faciliter les démarches pour les entreprises ou encore de promouvoir l’enregistrement des activités par le biais d’allègements fiscaux.

Le niveau de dépenses courantes du Sénégal compte toutefois parmi les plus élevés de l’UEMOA. Celles-ci ont augmenté de près de 7 points de PIB entre 2003 et 2014 et s’élèvent aujourd’hui à plus de 28 % du PIB. L’augmentation des dépenses publiques relève essentiellement d’une augmentation considérable des dépenses courantes improductives relatives à la masse salariale, à la consommation publique de biens et services ainsi qu’aux transferts et subventions. Le niveau de la masse salariale publique n’est actuellement pas viable, il représente 42% des recettes de l’Etat contre une moyenne de 29,5 % pour l’Afrique. Il dépasse ainsi le critère de convergence fixé à 35 % des recettes intérieures par l’UEMOA. Par ailleurs, plus de la moitié de la

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20

masse salariale publique relève de primes et de suppléments salariaux dont la valeur est supérieure aux salaires des fonctionnaires. La structure de ces dépenses pose la question de leur pertinence aux vues de leur absence de contribution à la croissance ces dernières années. En effet, les ressources allouées à la consommation et aux frais de fonctionnement de l’administration

publique gagneraient à être réorientées vers les dépenses d’investissement dont la valeur a certes augmenté mais de manière beaucoup moins rapide. En outre, le service de la dette pèse de plus en plus sur les finances de l’Etat. Il constitue aujourd’hui le premier titre de dépense, conséquence de l’augmentation exponentielle de l’endettement public depuis 2006.

GRAPHIQUE7:COMPENSATIONSPAYEES,DEPENSESENCAPITALDANSLESSECTEURSDELASANTEETDEL’EDUCATION,2005-2011

Source:FMI

Les subventions publiques pèsent elles aussi sur le budget de l’Etat. Celles-ci se concentrent essentiellement sur les produits alimentaires et énergétiques mais sont relativement mal ciblées et donc onéreuses (graphiques 7). Depuis une quinzaine d’années, les compensations tarifaires de l’Etat et les exemptions de taxes en faveur de la SENELEC représentent plus de 2,5 % du PIB. Ces subventions ont des effets de distorsion. Elles dépassent en effet les dépenses de santé publique et limitent les investissements dans les secteurs prioritaires. Elles ont de plus tendance à profiter aux ménages les plus riches puisque les populations pauvres en

milieu rural n’ont pas accès au réseau électrique. Ces subventions gagneraient ainsi à être réorientées au profit d’investissements dans le secteur de l’énergie afin de maximiser leur efficience. Avec la baisse des cours du pétrole, les subventions au secteur électrique devraient en théorie disparaître en 2016. Toutefois, les réformes structurelles dans ce secteur sont trop lentes et entravent ainsi la dynamique de développement économique et social du pays. En théorie, les gains relatifs à l’arrêt des subventions devraient profiter au financement d’un programme d’électrification en zone rurale.

Page 21: Risque Pays Sénégal 2016

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Les dépenses d’investissement publiques ont certes augmenté ces dernières années, mais beaucoup moins rapidement que les dépenses courantes. Le budget alloué aux investissements représente 7 % du PIB en 2014 et il est majoritairement exécuté par des agences autonomes. Les dépenses d’investissement se concentrent principalement dans les secteurs de l’urbanisme et de l’assainissement, des infrastructures de transport. Représentant respectivement 5 % et 19 % des dépenses budgétaires, la part des ressources de l’Etat allouées à la santé et à l’éducation demeurent largement inférieures aux recommandations internationales en la matière. Les dépenses d’investissement publiques financées par les ressources intérieures sont majoritairement orientées vers l’aménagement urbain tandis que les projets en termes d’accès à l’éducation et à la santé ont principalement été financés sur les ressources extérieures. Aussi, les grands projets d’infrastructures tels que la construction de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio ou de l’aéroport Blaise Diagne sont eux généralement financés par le recours à l’emprunt non concessionnel. Si le gouvernement a majoritairement orienté les dépenses d’investissement vers les infrastructures dans l’optique de favoriser l’accès aux marchés afin de soutenir le développement du secteur privé et de lutter contre la pauvreté, il faudra toutefois souligner que la cohérence de cette stratégie sera assurée uniquement si les autorités parviennent à libérer la production des contraintes qui pèsent actuellement sur la production de biens et services. Dans le cas contraire, le financement de tels projets risquerait de peser sur les finances publiques sans que les

espérances de croissance et de recettes fiscales ne se réalisent.

En matière de planification budgétaire, le Sénégal dispose de marges d’amélioration qu’il serait essentiel d’exploiter afin de mener à bien la mise en œuvre du PSE. En effet, la classification du budget ne reflète pas la véritable composition des dépenses. En 2013, les dépenses de consommation publiques représentaient 77 % des dépenses totales contre 60 % officiellement annoncées dans la loi de finance. Ainsi, les dépenses d’investissement sont en réalité inférieures à ce que laisse apparaître l’étude des documents de programmation budgétaire. Des lacunes persistent également au niveau de l’exécution du budget. Par ailleurs, afin de maintenir les engagements en matière de réduction des déficits, les révisions budgétaires sont faites au détriment des dépenses en capital alors qu’elles soutiennent la croissance. En outre, les allocations budgétaires n’étaient pas conditionnées, jusqu’à présent, à des études de faisabilité visant à en garantir l’efficience.

Pourtant, c’est bien aux études de faisabilité que devraient être subordonnés le PSE et sa mise en œuvre. La faiblesse des institutions budgétaires (graphique 8) et les dépassements de coûts récurrents liés aux projets d’investissements expliquent ainsi la faible corrélation entre les dépenses en capital et leur effet sur la croissance économique. La dépense publique est mal orientée au Sénégal et ses effets sur la croissance sont par conséquent très limités, voire inexistants. En effet, le taux de dépenses publiques du Sénégal dépasse celui affiché par les autres pays de l’UEMOA, mais la croissance y est moins dynamique. Le

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Niger, le Bénin, le Mali et le Burkina Faso – pays qui comme le Sénégal ont bénéficié d’un effacement partiel de leur dette publique en 2006 – ont combiné des niveaux de dépenses publiques stables et des taux de

croissance plus élevés durant ces dernières années. Cela s’est traduit par le maintien d’un endettement limité alors que le niveau de la dette publique du Sénégal est passé de 20 % du PIB en 2006, à 53 % aujourd’hui.

GRAPHIQUE8:COMPOSANTESDEL’INDICEDESINSTITUTIONSBUDGETAIRES

Source:FMI

La mauvaise gestion des dépenses publiques a conduit, sous l’effet d’un creusement des déficits courant et budgétaire, à une augmentation rapide de la dette. Le Sénégal a bénéficié d’un effacement d’une partie de sa dette publique au début des années 2000 dans le cadre

de l’initiative d’allégement de dette multilatérale (IADM) et des programmes en faveur des pays pauvres et très endettés (PPTE). Son taux d’endettement public calculé par le rapport dette publique/PIB est ainsi passé de 73,7 % en 2000 à 21,8 % en 2006 (graphique 9).

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2000 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Det

te p

ubliq

ue/P

IB (%

) GRAPHIQUE 9 : DETTE PUBLIQUE/PIB

Dette extérieure Dette intérieure

Néanmoins, à l’heure actuelle, le pays connaît un processus de ré endettement rapide parallèlement à l’augmentation des dépenses courantes improductives. La dette publique a ainsi atteint 50,6 % du PIB et devrait avoisiner les 53 % en 2015. Si le niveau de la dette reste aujourd’hui soutenable, l’évolution de sa structure fait peser un risque sur sa viabilité à

moyen terme. L’augmentation du ratio d’endettement résulte à la fois d’une augmentation de la dette publique extérieure et de la dette publique intérieure (graphiques 9 et 10).

La dette publique extérieure – libellée en devises – représente 39 % du PIB en 2014. Elle est détenue à hauteur de 54 % par des bailleurs multilatéraux

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GRAPHIQUE 10 : EVOLUTION DE LA STRUCTURE DE LA DETTE EXTERIEURE

Créanciers multilatéraux Créanciers Bilatéraux Dettes commerciales

Source:DirectiondelaPrévisionetdesEtudesEconomiques

Source:DirectiondelaPrévisionetdesEtudesEconomiques

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GRAPHIQUE 12: EVOLUTION DE LA PART RESPECTIVE DE LA DETTE DÉTENUE PAR LES

BAILLEURS BILATÉRAUX

OCDE PaysArabes Autres

(graphique 11) - principalement la Banque Mondiale (BM) et la Banque Africaine de Développement (BAfD)- et pour 25 % par des bailleurs bilatéraux, dont les plus représentatifs sont l’Arabie Saoudite, le Qatar et les pays de l’OCDE notamment la France 11 (graphique 12).

On note toutefois ces dernières années une augmentation de la dette contractée en dollars sur les marchés internationaux à des conditions non concessionnelles. Elle représentait en 2014 20 % de la dette extérieure totale. Le Sénégal a en effet émis plusieurs euro-obligations en 2009, 2011 et 2014. L’euro-obligation de 2009, d’un montant de 200 millions de dollars, avait une maturité de cinq ans pour un taux d’intérêt de 8,75 %. Elle a été rachetée au même taux en 2011 par une euro-obligation de 500 millions de dollars avec une maturité de dix ans. L’euro-obligation émise en 2014, pour un montant de 500 millions de dollars et avec une maturité de dix ans, a bénéficié de conditions de taux plus favorables de 2,5 points de pourcentage par rapport aux émissions

11AnalysedeViabilitédeladette,2014

précédentes. Si la capacité du Sénégal à lever des fonds sur le marché international révèle l’intérêt croissant des investisseurs pour le pays, il n’en demeure pas moins que les conditions d’endettement y sont moins avantageuses comparativement aux conditions offertes par les prêts concessionnels et pèsent ainsi sur le service de la dette. En effet, la dette concessionnelle présente des conditions avantageuses. Le taux d’intérêt moyen qui y est appliqué avoisine 0,75 % pour une maturité de cinquante ans dont dix ans de différé.

L’augmentation de la dette publique intérieure émise sur le marché régional - et largement détenue par les banques - traduit une volonté du Sénégal de s’émanciper vis-à-vis de ses bailleurs multilatéraux et bilatéraux et s’inscrit dans l’objectif recherché par l’UEMOA d’encourager les Etats à développer le marché régional des titres de dette tout en réduisant

Source:DirectiondelaPrévisionetdesEtudesEconomiques

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GRAPHIQUE 11: EVOLUTION DE LA PART RESPECTIVE DE LA DETTE DÉTENUE PAR LES

BAILLEURS MULTILATÉRAUX

Autres OPEP/BID/BADEA Banque Africaine de Développement Banque Européenne d'Investissement Banque Mondiale FMI

Source:DirectiondelaPrévisionetdesEtudesEconomiques

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l’exposition de celle-ci au risque de change. En effet, depuis 2003 les Etats membres de l’UEMOA ne peuvent plus se refinancer directement auprès de leur banque centrale, la BCEAO. La dette publique intérieure s’élève à 14 % du PIB et à 27 % de la dette publique totale du Sénégal. Celle-ci est toutefois assortie de maturités plus courtes qui pèsent sur les finances publiques. 25 %

de la dette intérieure affiche une maturité inférieure à deux ans alors que 75 % est assortie d’une maturité inférieure à cinq ans. Le Sénégal a toutefois entamé un reprofilage de sa dette publique au profit d’instruments de moyen terme et tend à cet effet à privilégier davantage les obligations au aux bons du Trésor.

Face à l’augmentation de la dette le service de la dette a connu une augmentation considérable (graphique 13) et se situe aujourd’hui à des niveaux comparables à l’avant 2006. Cette augmentation rapide du service de la dette s’explique principalement par un recours accru aux instruments non concessionnels. En effet, en 2014 le service de la dette s’élevait à 34,9 % des recettes hors dons et représentait à cet effet le premier poste de dépenses de l’Etat12, devant les salaires des fonctionnaires et les autres dépenses courantes. Si la

12LoideFinances,2014

principale composante du service de la dette est constituée du remboursement de la dette intérieure, le recours aux instruments non concessionnels sur les marchés internationaux se traduit par des pics de remboursement susceptibles de mettre les finances publiques sous pression, notamment si la croissance stagnait à son niveau actuel.

La dette reste aujourd’hui soutenable. Le taux d’endettement demeure effectivement inférieur au seuil de convergence fixé à 70 % pour les Etats membres de l’UEMOA. Le Sénégal dispose par ailleurs de

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2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

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PIB)

GRAPHIQUE 13: SERVICE DE LA DETTE/PIB

Source:AFD,FMI

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mécanismes institutionnels de gestion de la dette efficaces. La Direction de la Dette Publique (DDP) a pour mission d’élaborer, de coordonner et de suivre la mise en œuvre de la politique nationale d’endettement et de gestion de la dette publique. Elle veille également à la mise en cohérence de cette politique avec les objectifs de développement, et la capacité financière de l’Etat. Enfin, la DDP mène des analyses de la viabilité de la dette publique et de la soutenabilité des finances publiques 13 . A cet effet, le Sénégal a été classé parmi les pays à performance solide dans le cadre de l’indice EPIN14. A partir de 2016, la loi de finance prévoira en outre une trajectoire d’endettement pour les cinq prochaines années avec l’engagement des autorités de ramener la dette dans sa trajectoire initiale en cas de dérapages budgétaires en insérant des mesures à cet effet dans les lois de finances relatives aux exercices successifs.

S’il s’est fortement accru ces dernières années, le recours à l’endettement n’est pas la seule source de financement extérieur des déficits sénégalais. L’activisme du Sénégal sur le front international lui consent en effet de maintenir des flux considérables de devises par le biais de liens étroits avec sa diaspora et ses principaux bailleurs de fonds.

3. Les remises de la diaspora : un substitut à l’Aide Publique au Développement ?

13 Comité National de Dette Publique, Rapport surl’analysedelaviabilitédeladettepublique,Juin2009.14Evaluationdelapolitiqueetdesinstitutionsnationales

3.1 Les flux de remises dépassent l’APD

Les remises représentent une

source non négligeable de financement des déficits. Leur niveau augmente rapidement depuis le début des années 2000. Elles atteignent aujourd’hui près de 12 % du PIB et s’élèveraient à 19 %15 avec les remises informelles qui, par définition, ne sont pas comptabilisées parmi les flux officiels. Le faible taux de bancarisation et l’accès limité des populations rurales aux services bancaires et financiers expliquent l’importance de ces flux informels. Le taux de transferts informels tend toutefois à diminuer. Il était estimé à 60 % en 2000 contre 46 % en 200516. En termes de comparaison, les transferts privés représentent près de la moitié des exportations de biens et services, plus de cinq fois les entrées d’IDE et 70 % des réserves 17 . Ces entrées de devises financent les importations et réduisent le déficit courant. Par ailleurs, le Sénégal est - parmi les Etats membres de l’UEMOA - celui recevant le plus de transferts privés. L’évolution de ces flux dépend toutefois de l’évolution de la conjoncture dans les pays de destination des Sénégalais de l’étranger. En effet, en 2009, les entrées de remises ont diminué de 6,7 % suite à la crise financière mondiale. Cela n’a toutefois pas freiné la reprise de ces flux au cours des années suivantes. Le caractère pro-cyclique des flux de transferts privés expose donc le pays au retournement de la conjoncture internationale, accentuant ainsi sa vulnérabilité et sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur.

15Estimationpourl’année2005,sourceAFDB.16Estimation2005,sourceAFDB.17Chiffrepourl’année2013.

Page 27: Risque Pays Sénégal 2016

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3.2 L’intégration de la diaspora dans le développement socio-économique du Sénégal

Les remises jouent un rôle de filets sociaux pour les populations les plus démunies. Elles occupent une place significative dans la satisfaction des besoins des ménages. On estime que près de 600 000 ménages, soit 32 % de la population sénégalaise, reçoivent des fonds qui représentent 40 % de leurs revenus18. Sept Sénégalais sur dix auraient « un membre de leur famille qui vit à l’étranger et trois ménages sur dix reçoivent des fonds pour un montant moyen unitaire d’environ 300 USD/150 000 FCFA, à une fréquence moyenne de huit envois par an » 19 . Ainsi les transferts de fonds améliorent les conditions de vie des Sénégalais et augmentent leur pouvoir d’achat. Entre 50 % et 75 % des Sénégalais en seraient dépendants, notamment dans les zones du pays où l’Etat est peu présent. Ainsi, les transferts privés occupent une place considérable dans le processus de développement économique sénégalais. Ils constituent une source de diversification du revenu des ménages et peuvent être considérés comme une forme d’assurance face aux chocs susceptibles d’affecter à la baisse le revenu des populations encore majoritairement dépendantes des activités agricoles vulnérables aux aléas climatiques. En substance, les envois de fonds permettent de lisser la consommation des ménages. L’utilisation de l’argent reçu se fait principalement dans l’alimentaire, la 18IFAD (2014),Transferts de fonds et développement auSénégal.19IFAD (2014),Transferts de fonds et développement auSénégal.

santé et l’éducation, dans des projets de courts-termes, stimulant certes la consommation mais pas le développement économique sur le long-terme par le biais d’investissements fonciers ou encore dans la création d’entreprises. En plus d’être la manifestation d’une inégale répartition des richesses et ainsi de dysfonctionnements dans la politique socio-économique entreprise par le gouvernement sénégalais, les remises ont un effet pervers : elles maintiennent les ménages dans une position de dépendance à l’égard de la diaspora. Par ailleurs, les transferts privés pourraient contribuer activement au développement économique du pays par le biais d’un financement de projets d’utilité publique.

Le gouvernement sénégalais s’engage, depuis ces dernières années, dans une diplomatie d’intégration économique à l’égard de la diaspora sénégalaise, en prônant notamment la « solidarité africaine et internationale »20. Il est donc important pour la diaspora de s’accomplir économiquement dans les pays d’accueil, de sorte à pouvoir investir dans son pays d’origine. Pour se faire, la diaspora sénégalaise bénéficie d’un fonds spécifique dans le cadre de leurs projets au Sénégal, le Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur (FAISE) dont le budget total, depuis sa création, s’élève à 1 milliard de FCFA (graphique 14).

Ce fonds vise à promouvoir les investissements productifs de la diaspora sur le territoire sénégalais. C’est par ce biais que le gouvernement sénégalais tente d’encourager la diaspora sénégalaise à soutenir

20 Aminata Touré, ancien PremierMinistre, lors de sondiscoursàl’AssembléeNationalele28octobre2013.

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économiquement le pays mais aussi à les y faire revenir pour investir. Cette stratégie politique mise en place par Macky Sall fait pourrait permettre à l’actuel président de s’assurer un deuxième mandat. En effet, dotés du droit de vote, les Sénégalais de l’extérieur, les bi-nationaux compris, représentent plus de 3 % de la population sénégalaise, un électorat non-négligeable.

Les flux de remises connaissent une forte augmentation depuis le

début des années 2000 (graphique 15). Elles ont ainsi dépassé les flux de l’Aide Publique au Développement (APD) alors que les IDE stagnent à un niveau proche des 2 % du PIB. Si à terme les transferts privés pourraient représenter une solution alternative à l’aide publique internationale et financer le développement du pays, le soutien de la communauté internationale reste, à l’heure actuelle, une ressource essentielle pour le Sénégal.

4. La diplomatie économique : entre diversification des partenaires et maintien des relations traditionnelles

La diplomatie économique sénégalaise a été particulièrement soutenue ces derniers mois. Le Chef de l’Etat sénégalais multiplie les participations, les rencontres officielles, mais aussi les organisations d’événements internationaux tels que le Forum Inde-Afrique ou encore le premier Forum économique de la Francophonie. Bon élève auprès des organismes internationaux, le Sénégal

joue de son image pour obtenir des fonds et pour se faire une place sur la scène internationale.

La politique extérieure sénégalaise a connu quelques changements entre Abdoulaye Wade et Macky Sall. Si le premier favorisait le panafricanisme et a réduit ses relations, notamment commerciales, avec la France, le second est parfois accusé d’appliquer une politique de voisinage à géométrie variable et de délaisser ses voisins. Sous Abdoulaye Wade, la diplomatie politique et économique visait à renforcer les liens du Sénégal avec les Etats africains, les

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GRAPHIQUE 15: EVOLUTION DU FINANCEMENT DU DÉFICIT COURANT

Remises (%PIB) APD (%PIB) IDE (%PIB)

Source:BanqueMondiale

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Etats émergents, et les Etats du Golfe. Souhaitant également trouver de nouveaux bailleurs de fonds, Abdoulaye Wade s’est appliqué à renforcer les relations sénégalaises avec ces derniers. Le rapprochement du Sénégal avec les pays arabo-musulmans a ainsi permis de développer la culture arabe et musulmane, mais aussi d’appuyer la présence et l’influence des pays du Golfe et du Maghreb, plus particulièrement le Maroc, dans la sous-région. En effet, la culture arabo-musulmane est importante tant dans la sphère politique21 que dans la sphère sociale et religieuse. Macky Sall a maintenu les relations du Sénégal avec les pays du Golfe de sorte à continuer de bénéficier de fonds importants. Dans la sous-région ouest-africaine, le Koweït a investi majoritairement au Sénégal (156 milliards de francs CFA depuis le milieu des années 1970). L’Arabie Saoudite est également un bailleur de fonds capital pour le Sénégal. Cela explique l’envoi des troupes sénégalaises au Yémen aux côtés des troupes saoudiennes afin de lutter contre les Houthis, soutenus par l’Iran, un pays avec lequel le Sénégal avait récemment renoué ses relations diplomatiques (2013).

Sous Abdoulaye Wade, la France a pâti de cette nouvelle orientation : ses relations avec le Sénégal connurent des moments de crise notamment sur le plan commercial (en 2003, 90 % des firmes industrielles étaient des filiales françaises, leur proportion a baissé de presque 80 % en 2012) mais aussi avec

21Lespersonnesreçuesauconcoursdel’EcoleNationalede l’Administration du Sénégal, pour le poste deconseiller des affaires étrangères, doivent être pourmoitiéarabisantes(5personnessur10).

les affaires du naufrage du Joola et de l’accord sur « l’immigration choisie ». C’est dans ce contexte que les banques marocaines ont pu, par exemple, s’implanter et concurrencer les banques françaises. Ce fut également le cas quant à la gestion du port de Dakar : la compagnie Dubai Ports World fut en charge de la gestion du port de Dakar, mettant ainsi le groupe français Bolloré hors de l’affaire.

Contrairement à son prédécesseur, Macky Sall s’est rapproché de la France, le premier partenaire bilatéral historique du Sénégal. Par ailleurs, la première visite officielle hors-Afrique du Président Macky Sall était très symbolique puisqu’il s’est rendu en France où il fit un discours aux côtés de Nicolas Sarkozy. Pour Macky Sall, la coopération avec le gouvernement français est primordiale, et ce, dans différents domaines. L’aide financière que peut apporter la France dans le développement des projets sénégalais ou encore les investissements des entreprises françaises sont, pour Macky Sall, des moteurs contribuant à la croissance et au développement du pays. C’est pourquoi, après le refus d’Abdoulaye Wade d’accorder la gestion du port de Dakar au groupe Bolloré, Macky Sall a attribué la gestion de l’aéroport de Dakar au groupe français.

En adoptant ce schéma du « donnant-donnant » et en s’appuyant sur son image de « bon élève » auprès des organismes internationaux et de ses pairs, le Sénégal espère ainsi obtenir les fonds nécessaires pour développer son économie.

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Image1:MackySallenvisiteofficielleauKoweït(2012)

Le Sénégal est le pays ouest-africain qui reçoit le plus de fonds de la part du Koweït.

Source:www.resussirbusiness.com

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B. Des acquis démocratiques minés par des contraintes structurelles pesant sur les institutions et les infrastructures sénégalaises

1. Un régime démocratique stable et une séparation effective entre l'armée et le gouvernement

1.1 Une consolidation démocratique par le tissu politique

La présentation du Sénégal

comme un pays dans lequel les principes de bonne gouvernance sont appliqués est un des éléments importants du Plan Sénégal Emergent. Le pays cherche à se présenter comme une zone propice à l’implantation de nouvelles entreprises et à montrer une image favorable aux bailleurs de fonds internationaux. C’est pour cela que les deux alternances, de 2000 et 2012, sont mises en avant dans le PSE. L’objectif est de montrer que, depuis quinze ans, le pays connaît des élections non contestées par le perdant. En effet, le Président sortant peut être battu sans remettre en cause le résultat et sans bloquer les institutions.

La dynamique de consolidation de la démocratie est un processus qui a structuré le pays depuis son indépendance. Ainsi, le Sénégal est passé d’un régime à parti unique au multipartisme limité sous Léopold Sedar Senghor (1974), puis à un multipartisme sans limite sous Abdou Diouf. En 2000, le pays a connu sa première alternance à la présidence.

L’élection de 2000 s’est déroulée dans un contexte tendu : la

Côte d’Ivoire connaissait une période de fortes tensions qui ont alors généré des révoltes. Dès lors, la population sénégalaise s’inquiétait de l’incapacité d’Abdou Diouf d’accepter sa défaire aux élections présidentielles.

Les élections de 2000 et 2012

ont été les théâtres de deux alternances similaires : la formation de grandes coalitions électorales dont l’unique accord est de provoquer l’élimination du président sortant, la rhétorique du changement (Sopi en Wolof, le slogan de campagne de Wade en 2000), ou encore l’espoir suscité par l’élection.

Cependant, le mandat de Macky Sall connaît des complications : la majorité au pouvoir, même si elle semble forte, est précaire, et cela se traduit par plusieurs changements de Premier Ministre et des remaniements ministériels. Le dernier en date était en 2014, à l’occasion de la défaite subie par la coalition au pouvoir lors des élections municipales ; si le « Benno » l’a emporté dans 70 % des communes, il a en revanche perdu les grandes villes du pays. Plusieurs ministres s’étaient portés candidats et ont perdu, ce qui a entraîné leur limogeage. Aminata Touré, Premier Ministre de l’époque, a subi ce sort après sa défaite à Dakar face à Khalifa Sall, maire sortant de la capitale et grand rival de Macky Sall pourtant membre de la coalition Benno Bokk Yakaar.

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De plus, au sein même du « Benno », des tensions sont apparues entre le Parti Socialiste (PS) et l’Alliance Pour la République (APR), tensions qui ont pour cœur la rivalité grandissante entre le Président de la République et le maire de Dakar, Khalifa Sall (PS). Ces tensions font apparaître des problèmes d’équilibre du rapport de forces entre les deux partis les plus importants de la coalition ; le pouvoir est monopolisé par l’APR et le PS voudrait présenter un candidat aux prochaines élections présidentielles : il souffre actuellement de se tenir dans l’ombre de l’APR.

La Constitution sénégalaise de 2001 a donné lieu à certaines réformes, notamment au sujet de l’Assemblée nationale, du Sénat et de la durée du mandat présidentiel. En 2008, Abdoulaye Wade rétablit le septennat. Par ailleurs, le nombre de députés, réduit de 140 à 120 par la Constitution de 2001, est augmenté pour atteindre 150 élus ; 90 sont élus par le biais d’un scrutin majoritaire tandis que les 60 restants accèdent à l’Assemblée par un scrutin proportionnel, ce qui a permis la présence à la chambre basse de petits partis représentés par un, deux ou quatre députés, même si la majorité absolue est détenue par le Benno Bokk Yakaar, avec 79 % des sièges dont 87 sièges sur les 90 distribués au scrutin majoritaire. On voit donc que le scrutin majoritaire a clairement avantagé la grande coalition électorale de Macky Sall trois mois après sa victoire aux élections présidentielles tandis que le scrutin proportionnel permet la présence de partis annexes sein de l’Assemblée. À titre d’exemple, le Parti Démocratique

Sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade a obtenu douze sièges dont neuf grâce à la proportionnelle. Les trois sièges qu’il a obtenu au scrutin majoritaire sont les trois seuls qui ont été raflés au « Benno » sur ce mode de scrutin. On peut donc en conclure que le scrutin aux élections législatives avantage le parti remportant les présidentielles, d’autant que leur tenue trois mois avant les législatives biaise également le résultat en faveur du parti vainqueur. Notons cependant la forte abstention (près de 67 %), qui peut être expliquée par leur tenue trois mois après les présidentielles ou encore la désaffection.

GRAPHIQUE16:RESULTATSDESELECTIONS

LEGISLATIVES2012

Source:GouvernementduSénégal

Un autre aspect de la politique

sénégalaise est la forte transhumance des personnalités politique. Les frontières entre partis politiques semblent poreuses et les acteurs politiques gravitent d’un parti à l’autre au grès des rapports de force et des intérêts au niveau national ou dans leurs circonscriptions électorales. L’un des facteurs explicatifs du phénomène est la faible teneur idéologique des partis politiques. Ainsi, une personnalité politique appartenant à un parti n’est pas fortement marqué par l’orientation de sa formation politique, d’autant

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plus que beaucoup de partis sénégalais se réclament du libéralisme sans approfondir et préciser outre mesure.

Ceci permet d’ouvrir sur la

trajectoire de Macky Sall en politique. Il était parmi les proches d’Abdoulaye Wade avant d’être progressivement écarté : il a été Premier Ministre sous Abdoulaye Wade pendant trois ans (2004-2007), puis Président de l’Assemblée Nationale jusqu’à sa destitution par l’ancien Président de la République. Par la suite, Macky Sall crée alors l’Alliance Pour la République (APR) en 2008 avec la claire volonté de se démarquer d’Abdoulaye Wade : il démissionne de ses mandats de maire de Fatick et de député pour s’éloigner du Parti Démocratique Sénégalais, alors présidé par Abdoulaye Wade. L’hostilité grandissante entre Abdoulaye Wade et Macky Sall répond à la perception négative du second mandat de l’ancien président de la part des Sénégalais. Dès lors, Macky Sall a su en jouer des valeurs démocratiques qu’il pensait incarner, face à la personnalisation du pouvoir et les dérives clientélistes du régime de « Maître Wade ».

Le procès du fils d’Abdoulaye Wade, Karim, n’est donc finalement que le dernier épisode d’une forte rivalité personnelle arrivant sur le terrain de la justice. Ce procès a effectivement remis sur le devant de la scène la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), où Karim Wade a été jugé. Il illustre également une volonté de lutter contre l’enrichissement illicite et les biens mal

acquis, mais la question de l’instrumentalisation de la justice demeure.

Pendant la présidence d’Abdou Diouf, la CREI a été créée pour lutter contre la corruption. Or, ici, la question se pose de savoir si la CREI est un véritable organe indépendant, ou si, au contraire, il obéit aux ordres de l’exécutif. Cette question est d’autant plus soulevée dans la mesure où les procureurs, nommés par le Conseil Supérieur alors présidé par le Chef de l’Etat, sont contrôlés par le Président de la République.

En voulant écarter le fils d’Abdoulaye Wade, Macky Sall a peut-être utilisé la justice afin d’évincer un rival potentiel, plus précisément un opposant médiatique qui avait un réel impact sur la société sénégalaise. De son côté, Abdoulaye Wade l’a interprété comme une attaque contre sa personne par le biais de son fils. Cette rivalité structure la vie politique sénégalaise depuis 2007-2008.

Il faut d’ailleurs souligner

qu’Amnesty International a émis de fortes critiques sur le caractère « peu équitable » de ce procès et sur l’impossibilité de déposer un recours après le verdict dudit procès. Amnesty International avance qu’à travers cette condamnation, il y a une non conformité aux principes basiques du fonctionnement de la justice. Ces critiques sont un écho aux contestations plus générales sur la politisation de la CREI, et dont les décisions ne sont pas susceptibles d’appel. C’est donc sans surprise que le recours interposé par les avocats de

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Karim Wade a été rejeté par la Cour Suprême.

Le verdict de ce procès, loin d’éloigner la menace politique du « Clan Wade » et du PDS, l’a galvanisé et lui a fourni des arguments pour dénoncer « l’absence de l’Etat de Droit au Sénégal » selon Samuel Sarr, ancien ministre et membre du PDS. La CREI a été mêlée à une autre affaire qui a suscité la controverse et a ébranlé le pouvoir exécutif : l’affaire de la confiscation des avoirs de Bibo Bourgi, un homme d’affaires sénégalais qui a été condamné par la CREI pour biens mal acquis. Néanmoins, le problème réside dans le fait que ses biens lui furent confisqués avant que le verdict officiel ne soit rendu, ce qui a généré une vague de réprobations dans le paysage journalistique et politique sénégalaise.

1.2 L’implication de l’armée sénégalaise dans les conflits extérieurs

L’armée sénégalaise fait figure

d’exception dans la région. En effet elle n’a jamais tenté de faire irruption sur le terrain politique et a toujours respecté sa subordination au pouvoir du chef de l’Etat depuis l’indépendance du pays. Loin de représenter un élément d’agitation du pays, elle est une composante essentielle de sa politique internationale puisque l’armée sénégalaise est très présente dans les missions sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies (ONU), tant sur le continent africain qu’en dehors.

IMAGE2:LESFORCESARMEESSENEGALAISES

Source:Seneweb

Sa première mission de maintien

de la paix dans le cadre d’une opération pilotée par l’ONU date de 1960, soit l’année de son indépendance : elle est intervenue dans le cadre de la mission des Nations Unies au Congo (ONUC) avec un contingent de 600 hommes. On compte en total vingt-trois interventions du Sénégal dans le cadre de missions de l’ONU, la dernière étant la Mission Internatioanle de Soutien au Mali sous conduite Africaine (MISMA) au Mali en 2013, mission qui fut par la suite remplacée par la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA).

Mais le Sénégal intervient aussi dans le cadre d’accords régionaux comme celui de la CEDEAO. Il a ainsi envoyé un contingent de 1 500 hommes au Liberia de 1991 à 1993 dans le cadre de l’Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group, l’ECOMOG (traité visant à faire respecter les cessez le feu au sein de la CEDEAO).

En dehors de ces cadres institutionnels, l’armée sénégalaise a

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aussi collaboré à des opérations avec la France, il faut notamment citer l’Opération Turquoise au Rwanda en 1994 au moment du génocide des Utus sur les Tutsis.

Enfin, l’armée a été utilisée par l’Etat sénégalais en Gambie en 1981 pour empêcher la réussite de la tentative de coup d’Etat contre le Président gambien Daouda Diawara. Cette intervention donna naissance à la confédération de Sénégambie, dont l’existence perdura jusqu’en 1989, période durant laquelle Abdou Diouf affichait une volonté de rapprochement des deux pays. Toutefois, son homologue gambien manifestait certaines réticences. Cela conduisit alors à la séparation des deux pays.

Cette optique de maintien et de consolidation de la paix à l’international est garantie dans la Constitution de 2001, preuve qu’il s’agit d’un axe majeur de la présence internationale du Sénégal.

Le cas de l’intervention des troupes sénégalaises au Yémen mérite une attention particulière : le Sénégal a récemment envoyé 2 100 soldats au Yémen pour lutter contre la rébellion chiite. Cette intervention est réalisée dans le cadre d’une coopération internationale menée par l’Arabie Saoudite, voisin du Yémen. Le Président Macky Sall met donc en avant la demande personnelle du roi du Yémen ainsi que l’appartenance à l’Islam sunnite pour justifier l’opération militaire, qui voit l’envoi de trois fois plus d’hommes qu’au Mali voisin.

Cette intervention est à considérer comme un resserrement des relations entre le Sénégal et l’Arabie Saoudite, des relations qui étaient relativement froides sous Abdoulaye Wade et que Macky Sall tente de maintenir. Toutefois, dans le cas de l’envoi de troupes au Yémen, le Président sénégalais est peu soutenu à l’intérieur de son pays. En effet, selon la majorité, l’envoi de troupes devrait plutôt se concentrer sur le continent africain et surtout sur la région. L’opération militaire qui est uniquement destinée à recevoir d’importants financements de la part du royaume d’Arabie Saoudite, notamment dans le but de financer le PSE, est pointée du doigt.

2. Une consolidation de la démocratie grâce à la structuration de la société civile

La consolidation démocratique passé aussi par la capacité de mise en œuvre d’un dialogue social au sein de la société sénégalaise. Les Sénégalais ont su développer des stratégies de positionnement et d'influence par rapport aux acteurs étatiques. Ces stratégies passent par des canaux formels et informels, mais qui permettent de structurer solidement le tissu social sénégalais. Cependant, la trop grande diversité des modes d’actions, couplée à l’hétérogénéité de la société mène à considérer l’existence de plusieurs sociétés civiles qui parviennent à s’organiser et à investir le champ politique au Sénégal. L’exemple du M23 et de “Y’en a marre”, deux mouvements contestataires datant de la présidence d’Abdoulaye Wade, illustre

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parfaitement la marge de manœuvre dont disposent les Sénégalais.

2.1 Les tentatives de prolifération du syndicalisme

Parmi les organisations de la société civile, il est possible de distinguer notamment les syndicats, dont la création et le fonctionnement sont encouragés par l’Etat. Les quatre premiers syndicats sénégalais sont la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal, historiquement liée avec le Parti Socialiste et hégémonique dans les chemins de fer et les télécommunications, la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal, l’Union démocratique des travailleurs du Sénégal, et dans une moindre mesure, l’Union libre des travailleurs du Sénégal. En réalité, les syndicats sont beaucoup plus nombreux dans le pays car l’histoire des syndicats sénégalais remonte aux années 50, avant même l'indépendance du pays. L’histoire des revendications salariales, quant à elle, est encore plus lointaine. De fait, le processus d’institutionnalisation du syndicalisme est largement entamé même si les syndicats sont en trop grand nombre par rapport au nombre de travailleurs du secteur formel qui pourraient potentiellement se syndiquer.

Il existe dix-huit organisations ayant légalement le statut de centrales syndicales au Sénégal, disposant d’un fonctionnement autonome. Mais le sur-nombre de syndicats s’explique par le manque de démocratie au sein des centrales qui

renouvellent rarement leurs instances, ainsi que par le manque d’intérêt de la part des travailleurs pour les problèmes interprofessionnels et qui préfèrent se rabattre sur des syndicats liés à une entreprise, un secteur ou une profession. L’intérêt de la question syndicale réside principalement dans le fait que les centrales syndicales, dans un pays où près de 70 % de la population travaille dans le secteur informel , ont du mal à intégrer la majorité des travailleurs au sein d’un système de fonctionnement à l’usage des travailleurs du secteur formel. Cette question est de plus en plus prise en compte dans les stratégies des centrales qui tentent d’intégrer les travailleurs de l'informel et surtout les agriculteurs. Cette dynamique est conjuguée à la la volonté de l’Etat de juguler les potentielles contestations sociales. Des efforts sont ainsi faits pour ouvrir les portes du dialogue social, grâce notamment, au travail des Organisations Non-Gouvernementales (ONG) telles que Freedom House qui sensibilisent les populations à leurs droits.

2.2 La prévalence des Organisations Non-Gouvernementales et des associations au Sénégal

Cette question syndicale permet de faire le lien avec un autre vecteur de l’organisation du tissu social sénégalais : les ONG et les associations. Ces deux entités distinctes partagent la même ambition de contribuer au développement du Sénégal, avec des moyens allant de l’action ponctuelle et locale à la mise

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en œuvre de politiques publiques de développement. L’article 12 de la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001 stipule que « tous les citoyens ont le droit de constituer librement des associations, des groupements économiques, culturels et sociaux […], sous réserve de se conformer aux formalités édictées par les lois et règlements ». De ce point de vue, la liberté de se constituer en ONG ou en association est garantie dans le pays sous réserve du respect de la loi.

Le statut des ONG n’est cependant pas figé, il a évolué au Sénégal depuis les années 70. Entre les années 70 et les années 90, le nombre d’ONG au Sénégal avait en effet connu une croissance exponentielle, ajoutée à une expansion des domaines couverts par leur action. Dès lors, cela entraînait des questionnements sur la gouvernance des ONG au Sénégal et la capacité de l’Etat à impulser des politiques publiques de lui-même . Cependant, depuis la présidence d’Abdoulaye Wade, d’importants efforts de la part de l’Etat ont été observés, notamment dans la régulation de l’action des ONG sur le territoire sénégalais, tout en mettant en œuvre des plateformes d’échanges inter-ONG, et ce, dans le but d’optimiser leurs actions. A ce titre, il est possible de citer la plateforme des ONG européennes au Sénégal , la Fédération des ONG du Sénégal , et enfin, le Conseil des Organisations Non Gouvernementales d’Appui au Développement (CONGAD) , plateforme créée en 1982, qui regroupe 178 ONG nationales, étrangères et internationales et qui a vocation de coordonner l’action des

membres. Sous la houlette de toutes ces plateformes, les ONG peuvent donc agir librement au Sénégal, à la condition de produire régulièrement des rapports d’activité pour le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Il s’agit pour l’Etat de mettre en place une stratégie pour conserver son monopole administratif et sécuritaire.

Enfin, il existe une myriade d’associations au Sénégal, qui sont également soumises en théorie au contrôle de ce même ministère, mais en réalité, toutes sont loin d’être déclarées. La majorité des quartiers de Dakar compte une association locale. Cette nébuleuse associative présente l’avantage de créer de solides réseaux de solidarités et permet de tisser une structure sociale dense, qui prémunit de l’exclusion dans un pays qui compte 46,7 % de la population sous le seuil de pauvreté national .

2.3 La question des respects des libertés fondamentales et des droits humains

Le pays dispose d’un arsenal juridique suffisamment élaboré pour être considéré comme un modèle dans la sous-région. Le rapport 2015 de Freedom House estime que les droits humains sont, dans l’ensemble, respectés. De fait, les contestations sociales sont possibles et ne sont pas nécessairement réprimées par la violence. Toutefois, il faut simplement apporter une nuance concernant la liberté de presse et des médias. Il existe plusieurs groupes médiatiques au Sénégal, tels que Le Soleil, journal

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quotidien proche du pouvoir, ou encore Walfadjri, groupe de médias indépendant, qui suit une ligne éditoriale plus critique envers l’Etat. Ainsi, même si la liberté de presse est théoriquement respecté, l’existence d’un possible “délit journalistique”, ainsi que de “ l’offense au Chef de l’Etat”, obligent la presse à une forme d’auto-censure qui fait baisser le Sénégal dans le classement des pays en matière de liberté de presse selon Reporter Sans Frontières. Il est classé à 71e place, sur 180 pays. En juillet 2015, Alioune Badara Fall, directeur directeur de publication du journal L’Observateur, et son journaliste Mamadou Seck ont été accusés d’avoir publié des informations concernant le déploiement des troupes sénégalaises au Yémen et sont, à ce titre, accusés de "violation de secret défense". Cet exemple illustre bien l’ambivalence qui existe encore au Sénégal concernant les droits humains.

Le respect des droits humains et des libertés fondamentales concerne aussi la société civile. Ces libertés touchent divers domaines tels que la liberté de la presse ou encore la liberté de culte. Ce dernière est un enjeu important dans un pays où la majorité de la population est musulmane.

2.4 Un espace multi-ethnique avec une grande tolérance religieuse et une empreinte caractéristique de l’Islam

« L’une des grandes caractéristiques du Sénégal réside dans la grande tolérance dont font preuve les

différentes communautés religieuses les unes vis-à-vis les autres » . En effet, la population sénégalaise, à majorité musulmane, font preuve d’une grande tolérance les uns à l’égard des autres. L’Etat sénégalais qui garantit la liberté religieuse dans l’article 23 de sa Constitution, voit la coexistence entre ses différentes communautés : la communauté musulmane est majoritaire à hauteur de 94 % de la population, tandis que seulement 4 % de la population est chrétienne et 2 % animiste. Les Chrétiens sont environ 300 000 parmi le peuple des Sérères et (Dakar et Petite Côte) et le peuple des Diola (Casamance). L’Islam existe dès le Xe-XIe siècle dans le Nord du pays, pourtant l’islamisation de masse ne s’opère qu’à partir du XIXe siècle. L’islam au Sénégal est structuré autour des confréries soufies. La Qadriyya, la plus ancienne confrérie est peu importante numériquement comptabilisant 15 % des musulmans ; il en va de même pour le Hamallisme qui ne réunit que quelques milliers d’adeptes ou encore la confrérie Layène, très minoritaire et également peu influente sur le plan politique. Deux confréries sont avant tout à l’origine de la structuration de l’espace religieux et public. La confrérie Tidjaniyya, représentée par Sidi Chérif Abdelmoutateb Tijani, est la plus importante numériquement avec 54 % des musulmans. Son siège se situe à Tivaouane. Enfin, il y a la Mouridiyya, la plus active et la plus influente du fait de ses multiples activités économiques. Elle concentre ses activités religieuses à Touba. Depuis 2010, Cheickh Sidi Al Moukhtar Mbacke est le représentant des

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Mourides. Touba a tacitement le statut d'extraterritorialité. Cela signifie que les lois de l’État sénégalais ne s'y appliquent pas ; il y est par exemple interdit d’y boire de l’alcool et d’y fumer .

2.5 Les confréries et le pouvoir : un rôle historiquement pacificateur et stabilisateur

L’Islam confrérique s’est imposé comme facteur de changement et de renouveau à partir de la colonisation avec un important glissement vers le maraboutisme. Sous l’ère coloniale s’est instauré ce qu’on appelle le « contrat social sénégalais ». Il s’agit d’un deal de légitimation réciproque et d’un double leadership de partage du pouvoir entre l’administration coloniale et les marabouts , au point d’évoquer un “Etat à deux têtes” . En effet, les administrateurs français avaient vite compris que pour pouvoir capter les masses et s’assurer du soutien de la population, il fallait absolument passer par les marabouts. Personnalités très influentes et très respectées au sein des populations les marabouts étaient méticuleusement choisis.En contrepartie, le même réalisme politique guidait les marabouts qui avaient alors compris la nécessité d’une coopération avec l’administration. Le poids des marabouts était tel qu’ils parvinrent à renverser l’aristocratie guerrière et transformer les esclaves en petits paysans.

Le résultat de cette appropriation des institutions étatiques était donc la mise en place de la culture d’arachide par le biais d’une

petite paysannerie. Les anciens esclaves, protégés par les marabouts, trouvèrent refuge dans cette paysannerie nouvellement créée . Dès lors, l’immixtion du pouvoir religieux dans la vie politique est devenue une constante historique et tous les présidents ont fait recours à l’appui des grands marabouts. Léopold Sédar Senghor, pourtant catholique, était le premier à avoir su mobiliser le soutien des marabouts avec lesquels il a su nouer des liens d’amitié.

Les marabouts interviennent encore à l’heure actuelle pour apaiser les tensions entre les acteurs politiques, pour régler une situation critique ou pour donner un mot d’ordre en faveur d’un homme politique . Ils sont donc garants d’une cohésion sociale. Ceci se passe notamment avec le ndiguel, c’est-à-dire la traditionnelle consigne de vote où les leaders maraboutiques vont se prononcer en faveur d’un parti ou d’un candidat.

2.6 La mouvance d’un Islam politique hétérodoxe et son influences dans l’espace public : une remise en cause du « contrat social sénégalais »

Le « contrat social sénégalais » est partiellement remis en cause depuis les années 80 avec la prolifération des mouvements extra-confrériques. Dans un contexte socio-économique où le Sénégal fait face à une hausse du chômage, à des difficultés économiques, et où les jeunes sont de plus en plus en proie à une autonomisation, des mouvements religieux de réforme voient le jour,

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prônant alors un Islam orthodoxe. Une nouvelle génération de jeunes musulmans à la recherche d’alternatives et de nouvelles grilles de lecture prend forme et n’hésite plus à se démarquer de l’affiliation confrérique de leurs parents. Le premier signe de ce renouveau entre le pouvoir temporel et religieux se manifeste dans l’abandon du .

En 2000 le ndigel ne fonctionnait pas. Bien qu’Abdou Diouf ait bénéficié de plusieurs consignes de vote au second tour, il n’obtint que 41 % des voix. Cela traduisit une prise de conscience, et notamment chez les jeunes, de l’importance symbolique du vote en tant qu’acte citoyen et individuel, et non une obéissance totale à leur marabout. Cette dynamique contredit donc la particularité sénégalaise du « disciple électeur » que la littérature abordait fréquemment . Cette reconfiguration du religieux devint plus manifeste avec Abdoulaye Wade, « le président talibé », qui avait réservé son premier déplacement lors de la campagne aux élections en 2012 à Touba. Ayant défini le politique et le religieux comme “deux cornes sur la tête d’une même vache” , le religieux entra vraiment dans l’arène politique. Sous sa présidence, se sont davantage manifestées des stratégies plus subtiles pour séduire l’électorat. Abdoulaye Wade lui-même avait par exemple bénéficié de sa première entrée au gouvernement en 1991 en gérant le dossier des recouvrements des dettes dues à l’Etat de la part des marabouts. A la fin de son mandat, il avait par ailleurs promis des investissements pour des projets de modernisation des villes

religieuses de Touba et de Tivaouane (actuellement en cours). Le budget alloué à ces projets s’élevait ainsi à 100 milliards FCFA.

Les faveurs ne s’arrêtèrent pas là : elles comprenaient également des facilités de voyage, des équipements pour la résidence secondaire ou du village-satellite ou encore des exonérations douanières. .

Les marabouts, eux aussi, ont modifié leurs comportements. Ils ne se contentent plus de jouer leur rôle de stabilisateur. Ils sont désormais de véritables entrepreneurs politiques. Ces aspirations politiques pourraient probablement mettre en péril le « contrat social sénégalais ».

Du côté des confréries, des branches autonomes voient peu à peu le jour et offrent à une jeunesse apolitique et touchée par le chômage, une alternative via un retour aux origines de l’Islam. C’est effectivement l’approche de Moustapha Sy, leader spirituel du mouvement néo-confrérique des Mustarchidines. Véritable guru, Moustapha Sy est parvenu à regrouper près de 700.000 adeptes, principalemnt des jeunes citadins. Dans les années 90, le leader des Mustarchidines ne cachait pas sa défiance à l’égard du régime d’Abdou Diouf. C’est en ce sens qu’il émit son voeu quant à une éventuelle candidature pour les élections présidentielles de 2000 – qu’il retira au dernier moment.

Les marabouts qui avaient tenté de créer des partis ne parvenaient pas à drainer des masses et ainsi à se positionner comme une sérieuse alternative au pouvoir en place .

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Toutefois, le marabout Ahmed Khalifa Niasse qui a créé son parti et a soutenu Abdoulaye Wade, est parvenu à occuper des postes importants dans le système politique sénégalais. Cela est d’autant plus préoccupant que ce marabout œuvre en faveur d’une rupture avec les confréries. Cela pourrait mettre ainsi en danger les acquis d’un Islam confrérique pacificateur. En effet, financés et influencés par les discours wahabbites de l’Arabie Saoudite certains mouvements néo-confrériques pourraient créer un environnement d’exclusion avec des risques de confrontation. La question de la sécurité reste aujourd’hui un enjeu central, garant pour la stabilité sociale du pays, et plus particulièrement dans la région ouest-africaine. Dans la perspective où la majorité des organisations religieuses sénégalaises réfuterait ce radicalisme et prendrait ses distances face à un sunnisme anticonfrérique armé , le risque d’une radicalisation de la société sénégalaise serait relativement faible. Néanmoins, il y a une nécessité de formation quant à la jeunesse urbaine musulmane, qui est aujourd’hui confrontée aux difficultés de la vie que les agendas politiques ne parviennent pas à résoudre et qui chercherait des solutions dans un Islam politique, dont elle ne possède que de vagues connaissances.

2.7 Les confréries et l’économie : un pouvoir substitutif face à un Etat inefficace

Au-delà du politique, les

confréries et leurs marabouts exercent

une influence économique très importante. Leur forte implication s’explique en partie par une logique inhérente à leur organisation. Ce sont notamment les Mourides qui ont endoctriné un savoir-vivre expliqué dans une œuvre posthume de Bamba intitulé La doctrine du travail. Cette doctrine avance que chaque talibé devrait « travaille[r] comme s’[il] n’allait jamais mourir et prie[r] comme s’[il] allait mourir demain » . Le travail a une dimension du sacrifice pour le talibé. Par l’argent, il exprime son attachement au marabout et la politique de la « charité » envers les groupes vulnérables est donc un principe fondateur des Mourides. Les « Baol Baol » (acteur économique mouride qui effectue des petits métiers) opèrent surtout dans le secteur informel et dans le milieu rural où ils contrôlent notamment les services des taxis, l’agriculture, les babioles, les transports. Les tidianes, de leur côté, se situent plutôt dans le secteur formel, urbain et dans l’administration. Plus le secteur et les investissements deviennent importants, moins le lien confrérique est structurant. Les grands investisseurs vont seulement maintenir des rapports purement symboliques avec les grands marabouts . Or, il est impossible d’avancer qu’une confrérie particulière puisse exercer un monopole dans un corps de métier.

Le rôle des confréries est d’autant plus important et structurant sur divers plans, dans la mesure où les institutions confrériques apparaissent là où l’État se retire en finançant des projets pour la population (construction d’écoles, d’hôpitaux,

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etc.). A titre d’exemple, pour souligner le poids économique des confréries, la ville de Touba à elle seule détient un budget annuel de 2,7 milliards de FCFA . La ville est le reflet d’une croissance économique portée par les investissements des Mourides du Sénégal et de la diaspora, comme c’est le cas aujourd’hui avec la polyclinique financée par les Mourides, pour un montant de 100 milliards FCFA.

On considère que les chiffres d’affaires des entreprises des self-made-men mourides, avec une irruption rapide dans le monde des affaires encore inconnu il y a dix ans, sont parmi les plus élevés du pays. Depuis 2000 et la réforme de la loi sur le caractère laïc de l’ éducation nationale, l’Etat reconnaît l’éducation arabo-islamique et ses écoles coraniques au même titre que l’éducation française. Contrairement aux écoles publiques, les daaras sont extrêmement bien implantées sur le territoire entier. Pour permettre « l’Education Pour Tous », élaboré par l’UNESCO à la conférence de 1990, les confréries comblent un vide étatique et fournissent des services sociétaux cruciaux.

Tous ces acteurs contribuent à la diversité du paysage politique sénégalais et renforcent donc la stabilité démocratique exceptionnelle du pays dans la région. Néanmoins, ce système est fragilisé par un environnement administratif et un climat des affaires défavorables.

3. Un mode de gouvernance inefficace

3.1 Mécanismes de la gouvernance sénégalaise

L’Etat de la gouvernance au

Sénégal est mesuré sur la base de plusieurs critères, par des indicateurs nationaux et internationaux22. Pour la plupart, un bilan assez mitigé était posé sur les capacités institutionnelles et administratives du pays, conséquence, entre autres, des résultats chaotiques des politiques d’ajustement structurel. La plus grande faiblesse recensée était certainement celle d’une résistance de certains acteurs au changement, résistance émanant principalement du haut et qui conduit inconditionnellement à une difficile appropriation par les citoyens des logiques de bonne gouvernance. Malgré les lourdes faiblesses dénombrées, la promotion d’un climat social et politique paisible pour une bonne mise en œuvre des réformes institutionnelles et administratives reste un des atouts des acteurs politiques sénégalais, qui ne cessent de mettre en place des stratégies pour renforcer les capacités des administrations et des institutions, en vue de répondre aux mieux aux exigences énoncées par les organismes internationaux.

Comme présenté dans le diagnostic général, la dépendance du

22 Notre diagnostic s’est appuyé entre autres sur lesmesures d’acteurs tels que l’IndiceMo Ibrahim pour laBonne Gouvernance, les indicateurs de bonnegouvernancedelaBanqueAfricainedeDéveloppement,et les indicateurs de perception qualitative del’Afrobarometer.

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Sénégal face aux aides bilatérales et multilatérales impose une bonne mise en place des logiques de bonne gouvernance afin d’améliorer l’environnement des affaires, de promouvoir un Etat de Droit et un régime stable pour, in fine, contribuer au développement économique du pays et à la réduction des inégalités et de la pauvreté. Malgré de nombreuses inadéquations en termes de gestion des deniers publics, le pays parvient cependant à renforcer les capacités des Acteurs Non-Etatiques (ANE) qui dénoncent au mieux les défaillances du pouvoir central. Ces derniers, sur recommandations des bailleurs de fonds, ont été institutionnalisés et intégrés aux processus de contrôle et de gestion du pouvoir à travers une plateforme normalisée23.

A travers la mise en place du

Programme Nationale de Bonne Gouvernance 24 (PNBG), l’Etat sénégalais entend faire un état des lieux des différentes instances administratives et institutionnelles en vue de renforcer leurs capacités. Il se dote notamment de nouveaux modes de gestion axés sur les résultats de développement (GAR) ou encore les nouvelles stratégies de suivi et d’évaluation des politiques publiques. Les principaux points sur lesquels il est important de revenir sont l’indépendance et la séparation des pouvoirs, la fragilité des institutions de 23 Le suivi des accords de Cotonou a principalementguidé l’institutionnalisation des Acteurs Non-Etatiquessénégalais.Leurrôleet leursmissionssontrecenséssurle site suivant : http://www.plateforme-ane.sn/-L-Accord-de-Cotonou-.html24Il s’agit d’un document-cadre orientant les réformespourlapromotiondela«BonneGouvernance»danslepays, financé par l’Union Européenne et le ProgrammedesNationsUnispourleDéveloppement(PNUD)

la République et l’inefficacité du système de gestion et de planification des politiques publiques de développement.

La particularité du régime de Abdoulaye Wade a été de changer continuellement le paysage institutionnel du pays. De nombreuses institutions telles que le Sénat ou le conseil économique et social ont disparu pour des raisons souvent très sombres, supposément issues d’un rapport de force et de confrontation entre le pouvoir central, les organes de l’opposition et certains opérateurs économiques et les bailleurs de fonds. Une des failles recensées résidait également dans la question de la formation des administrateurs civils normalement issus de l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), école héritée de l’Empire colonial avec comme objectif la formation des fonctionnaires de l’Etat. Le diagnostic révèle qu’un flou s’est installé dans le système de recrutement et que des logiques de cooptation ont primé sur le recrutement des agents de la haute fonction publique. Ceci participe donc pour une grande partie au manque de compétences et de performance de l’appareil bureaucratique, qui n’est souvent pas apte à régler les contentieux qui lui sont présentés.

Comme le démontre le PNBG, les stratégies d’accompagnement de la Banque Mondiale - à travers la GAR - préconise une mise en place d’agences publiques autonomes visant à déconcentrer certaines responsabilités des ministères vers des structures jugées plus flexibles. Le but de cette opération est de réduire les

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ingérences des politiques dans la gestion des affaires publiques et de primer sur une efficacité dans la prise en compte des attentes citoyennes. Finalement, la multiplication de ces agences n’est pas parvenue à assurer un transfert de compétences vers des structures annexes. Il n’y a pas eu au Sénégal une substitution des agences aux prérogatives des ministères. Au contraire, elles ont simplement accentué le poids majeur que joue maintenant la Présidence de la République qui est passée de station de commandement à gestionnaire de projets et de programmes. Les régimes de Abdoulaye Wade et de Macky Sall, ont opéré une concentration des structures jugées «stratégiques» en faisant accroître les sphères d’actions de la Présidence de la République au détriment de ministères techniques dont les budgets n’ont pas non plus été considérablement réduits mais les prérogatives fortement tronquées. On rencontre donc de manière très visible des collusions d’intérêts et des résistances qui freinent le bon fonctionnement des agences et/ou directions générales stratégiques, ce qui piétine a posteriori la mise en œuvre effective des politiques publiques.

3.2 Des institutions à faibles capacités

La fréquence de remaniement

ministériel affecte également l’action de l’Etat. L’instabilité structurelle dans la composition du gouvernement - dont la taille reste beaucoup trop importante - et la répartition changeante des services de l’Etat -

entre ces agences et ces ministères qui sont supposés être désengorgés - freine le développement du pays. Les échéances et le calendrier des réformes ne sont quasiment jamais respectés. Ceci questionne donc le schéma décisionnel de l’Exécutif, qui occupe une grande place dans le paysage institutionnel sénégalais et qui contribue quelque fois au ralentissement des initiatives que lui-même entreprend.

Le rapport de la Commission Nationale pour la Réforme des Institutions (CNRI) recommande dans son communiqué annuel de 2013 une meilleure séparation des pouvoirs au Sénégal et déplore amèrement la prégnance du pouvoir exécutif sur les autres organes de l’Etat. Le constat est donc le suivant : le Sénégal possède un fonctionnement du pouvoir judiciaire très inefficace et le pays ne parvient pas à palier son manque d’indépendance. En effet, le Conseil Supérieur de la Magistrature est censé garantir l’indépendance de la Justice, mais les faits montrent une réalité différente. Il est présidé par le Président de la République ou le Ministre de la Justice en l’absence du Chef de l’Exécutif, ce qui entre en contradiction avec son rôle initial. En cela, l’arrivée au pouvoir d’Abdoulaye Wade a suscité un grand espoir d’amélioration de la qualité de la justice. Dans les faits, les mauvaises pratiques ont perduré et ont donc renforcé les connivences entre les politiques et la Justice qui étaient déjà dénoncées sous la gouvernance du Parti Socialiste.

Le Sénégal connaît également de nombreux problèmes quant à la couverture géographique de la

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Justice. Au nombre de ces difficultés, on peut citer l’insuffisance de cours et de tribunaux mais surtout leur inégale répartition sur le territoire national. La différence est flagrante entre les villes et en particulier entre la capitale et les régions rurales et reculées. A titre d’exemple, en 2009, on comptait 250 avocats basés à Dakar pour un seul dans toute la région de Kolda. L’accès à la justice est une des composantes de la fracture territoriale.

Sur la question parlementaire, plusieurs incohérences sont répertoriées, notamment celle de la mauvaise formation des assistants parlementaires - quand ils existent - ou encore la très faible connexion entre les différents organes supposés réguler et réglementer l’action de l’Exécutif. Il existe par exemple une très faible connectivité entre la Cour des Comptes, l’Office National Anti-Corruption (OFNAC) et le Parlement, qui ont pour missions de veiller ensemble à la bonne démarche des actions de l’Etat et recevoir des compte-rendus des dépenses et des finances publiques. Une nécessaire modernisation du service public demeure. Malgré la mise en fonction de l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE) dont l’objectif est la rationalisation et l’informatisation des procédures administratives, le Parlement est l’un des organes de l’Etat le moins informatisé. Ceci contribue donc au manque de visibilité de son travail n’étant, pour la plupart du temps, pas retraçable.

La séparation non-effective des pouvoirs, qui se matérialise par une forte prégnance de l’Exécutif sur les sphères de l’Etat, l’inefficacité parlementaire et judiciaire pose la

question de la qualité des services publics et également celle de la reddition des comptes au Sénégal. En effet, malgré la volonté d’intégrer les ANE dans la dénonciation du manque de transparence et de la corruption, ce souci reste majeur au Sénégal. Avec un Indice de Perception de la Corruption (IPC) à 43 %, situant ainsi le pays au 69e rang sur 175, le Sénégal accumule un retard dans les stratégies de lutte contre la corruption et de transparence. Cela a sans aucun doute de fortes conséquences sur l’environnement des affaires.

Cette problématique permet d’ouvrir sur la question de l’accountability au Sénégal. En effet, le pays a perdu une place dans l’indicateur composite Civil Liberties du Freedom House révélant que derrière la supposée stabilité du régime se cache de nombreuses zones d’ombres. La perception de la qualité de la police et de la bonne sécurité intérieure est partagée au Sénégal. La police dépend étroitement du pouvoir exécutif et la population associe son fonctionnement à une forme de violence et d’impunité, notamment lors d’événements à d’ampleur politique comme des manifestations ou des élections.

Ces pratiques sont exécutées par la Division des investigations criminelles (DIC), division de la police nationale utilisée comme une véritable police politique par le régime d’Abdoulaye Wade. Amnesty international indique dans son rapport de 2015 que les tortures se maintiennent comme pratique courante durant les gardes à vue pour obtenir des aveux de la part des

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suspects. La question également de l’incarcération des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres (LGBT) et la récurrence de la mendicité chez les enfants s’avère être une problématique à laquelle le pouvoir semble porter peu de considération.

3.3 Vers une meilleure gouvernance économique et financière ?

En plus de préconiser la déconcentration de l’administration publique, la GAR veut également garantir la mise en place d’un système performant de planification. Cette méthode repose sur un ensemble de procédure et de méthodes mises en œuvre pour atteindre des résultats jugés prioritaires. Cet outil se veut novateur car il est basé sur des contrats de performance entre les différentes structures de l’Etat. Le Sénégal s’est engagé au moment de sa mise en place à acquérir une meilleure gouvernance économique et financière, ce qui passe par une plus grande transparence budgétaire dans la mise en oeuvre de ses politiques publiques. L’objectif final étant de répondre aux attentes des citoyens et à celles des bailleurs de fonds, s’alignant pour la plupart aux prérogatives de la Déclaration de Paris25 sur la gestion efficace de l’aide internationale. Le constat au Sénégal est que la majorité des documents produits dans

25 http://www.oecd.org/fr/developpement/efficacite/34579826.pdf

le cadre de ce système de gestion et de planification du Document de la Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) au DSRP II en passant par la PNBG et tout autres documents-cadres n’ont été que partiellement exécutés au bénéfice des populations et de l’économie. Même si la production de document-cadres est devenue systématique, le gouvernement sénégalais ne parvient pas à donner suite à un bon nombre de projets et d’actions qu’il est supposé mettre en œuvre sur une durée determinée, faute d’une bonne gestion des dépenses et des finances publiques. Les collectivités locales et territoriales, par exemple, ne détiennent que très peu de moyens pour la réalisation des actions et des investissements que ces documents contiennent, ce qui réduit l’effectivité d’un ensemble de politiques de développement supposées soutenir l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’horizon 2015. En effet, une très faible sectorialisation des politiques publiques et des enjeux de gouvernance faussent la mise en place de toutes les stratégies de développement que le pays entreprend. C’est ce qui explique principalement la raison pour laquelle le Sénégal accuse un retard concernant les politiques visant à soutenir sa structure productive.

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4. L’environnement des affaires défavorable ne soutient pas la structure productive et pénalise l’investissement

4.1 L’implantation des entreprises étrangères encouragée par une politique de promotion de l’investissement

La liberté d’implantation et les régimes fiscaux incitatifs à l’investissement au Sénégal constituent une véritable opportunité pour les investisseurs étrangers. L’Etat souhaite soutenir l’investissement de manière pérenne et pratique une politique incitative s’appuyant sur des dispositifs légaux, fiscaux et douaniers. L’APIX, l’Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux, créée en juillet 2000, propose un service aux entreprises, un accompagnement des investisseurs, et s’inscrit dans une démarche d’amélioration de l’environnement des affaires que ce soit au niveau de l’élaboration des politiques publiques, de la

réglementation en matière d’investissements et de la mise à niveau des infrastructures.

L’avantage comparatif du Sénégal se trouve dans sa facilité d’entreprendre : la liberté d’implantation y est complète. Les délais de création d’entreprise ont été raccourcis et la simplification des procédures est aboutie. En effet, selon le classement Doing Business 2016 de la Banque Mondiale, seulement 6 jours sont nécessaires pour créer une entreprise au Sénégal contre 26,8 jours nécessaires en moyenne pour les pays d’Afrique subsaharienne, et 8,3 jours en moyenne pour les pays appartenant à l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Il n’est pas obligatoire pour les investisseurs de nouer un partenariat avec une personne de nationalité sénégalaise pour créer son entreprise, le

Encadré3:l’ANSD,uneagencestatistiqueperformanteMalgré la lenteur que le pays accusedansdivers domainesde la gouvernanceéconomiqueet financière, leSénégalest l’undesseulspaysde l’Afriquede l’Ouestàavoirsumettreenplaceunsystèmedestatistiquesfiable et performant. L’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) est un acteurincontournabledans laproductionet ladiffusiondedonnées relativesaudéveloppementsocio-économiquedupays.Sonsystèmedecollectededonnéesetlapluralitédesoutilsvalorisantparticulièrementlesenquêtesménagescontribuentàl’orientationetàl’évaluationdespolitiquespubliques.Cependant, malgré une volonté d’acquérir un fichier statistique complet avec des informations couvrantl’ensemble du territoire, un certain nombre de points sont encore défaillants tels que les chiffres relatifs àl’économieinformelle.

Source:http://investinsenegal.com/

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capital peut être à 100 % étranger, sauf dans certains secteurs 26 réservés aux nationaux où une participation obligatoire d’un Sénégalais à plus de 50 % dans le capital social est nécessaire. Par ailleurs, une structure spécifique a été créée pour aider et simplifier la création d’entreprise : le Bureau d’Appui à la Création d’Entreprise (BCE). Ce Bureau se trouve au sein du Centre de Facilitation des Procédures Administratives 27(CFPA) de l’APIX, créé en juillet 2007. Ce Centre se positionne comme l’interlocuteur privilégié des investisseurs et des créateurs d’entreprises au Sénégal en ce qui concerne toutes les formalités administratives : cela leur permet de réaliser l’ensemble des procédures nécessaires à la création d’entreprise dans un même lieu en seulement 24 heures28. D’autre part, a été créée en 2001 une Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) afin de lever les contraintes qui pèsent sur le développement des PME grâce notamment à la facilitation les relations entre l’Administration et les PME. Des mesures incitatives pour les investissements ont été implémentées, comme le démontre la création en novembre 2002 du Conseil Présidentiel de l’Investissement (CPI) par le Président Abdoulaye Wade 29 . L’objectif du CPI est de réduire les délais, simplifier les procédures administratives et de mettre en place progressivement une conformité des normes nationales à

26 Ces secteurs sont le mareyage, le transport et laboulangerie.27 Il regroupe également le Bureau des FormalitésAdministrativesetDomaniales(BFAD).28Hormis l’obtention du casier judiciaire, l’établissementdesactesnotariésetlaconstitutionducapital.29Avecl’appuidelaBanqueMondiale.

celles des standards internationaux afin d’améliorer la qualité de l’environnement des affaires. L’Etat s’est engagé dans une politique d’attraction des investissements privés : il a comme priorité de protéger les investisseurs, comme le montre sa politique d’adhésion aux Conventions Internationales en matière d’investissements étrangers (Accords de Promotion et de Protection réciproque des Investissements30 (APPI) et de Non Imposition31 (ANDI)).

4.2 Des régimes avantageux d’incitations fiscales existent pour encourager l’investissement au Sénégal

Des mesures d’allègement fiscal

et diverses garanties sont conférées aux investisseurs dans le Code des Investissements (loi du 06 février 2004). Ce Code prévoit des garanties traditionnelles telles que la liberté de transfert des capitaux et l’égalité de traitement entre nationaux et étrangers, mais également des avantages douaniers et fiscaux pour les entreprises nouvelles, comme l’exonération des droits de douane, la suspension de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la réduction du taux d’imposition sur les bénéfices.

La réforme du Code Général des Impôts, adopté par la loi du 31

30En vigueur avec l’Allemagne, les Etats-Unis, la France,l’Ile Maurice, l’Inde, l’Italie, les Pays-Bas, le Qatar, laCorée,laRoumanie,leRoyaume-Uni,laSuèdeetlaSuisse.Encoursdenégociationavecd’autrespays.31En vigueur avec la Belgique, le Canada, la France, l’IleMaurice, l’Italie, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, laNorvège, le Qatar et la Tunisie. En cours de négociationavecd’autrespays.

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décembre 2012 32 , s’inscrit dans un objectif d’amélioration du civisme fiscal, de simplification et d’allègement des procédures et d’encouragement des investissements privés. En ce sens, une Contribution Globale Unique33 (CGU) a été instaurée en 2004. Ce régime de fiscalité global, synthèse de six différents impôts, a comme objectif d’inciter le secteur informel à entrer dans le cadre légal. Avec la CGU, les PME peuvent payer en une seule fois leurs obligations fiscales, ce qui amoindrit les coûts de gestion de l’impôt et favorise le civisme fiscal 34 . L’Impôt sur le revenu des Sociétés (IS) a été fixé à 30 % avec la révision du Code de 2012 (25 % en 2004). Pour l’Entreprise Franche d’Exportation 35 (EFE), le statut instaure une réduction attractive et préférentielle de l’Impôt sur les Sociétés fixée à 15 %. D’autres régimes incitatifs ont été mis en place, tels que le régime de l’entreprise agréée au Code des Investissements36.

Un autre point attractif concerne la pression fiscale sénégalaise sur les entreprises, qui est conforme aux normes internationales. Selon le rapport d’Oxfam et du Forum civil de décembre 2015 qui a révélé le « Baromètre de la fiscalité équitable au Sénégal », le Sénégal aurait le meilleur taux de prélèvement fiscal sur le PIB

32IlsesubstitueauCodeissudelaloidu9juillet1992etquiavaitétéréforméparlaloidu6février2004.33 5

http://investinsenegal.com/IMG/pdf/les_impots_directs_au_senegal.pdf.34Le montant de la CGU est déterminé en fonction duchiffred’affaireréaliséaucoursdel’annéeprécédente35 Ce statut est accordé aux entreprises dont leurproductionestexportéeàaumoins80%.36 Le régime diffère fonction de la hauteur del’investissementengagé(àpartirde15millionsdeFCFAouàpartirde100millionsdeFCFA).

dans l’espace communautaire de l’UEMOA, soit de l’ordre de 19,5 %. Cependant, la pression fiscale reste à parfaire et le système sénégalais ne remplit pas encore toutes les conditions pour aboutir à l’équité fiscale. En effet, la pression fiscale reste tout de même élevée et concentrée sur les grandes entreprises. Les difficultés subsistent toujours quant à la culture fiscale en lien avec la bonne gouvernance sénégalaise, où l’amélioration des recettes fiscales et l’élargissement de l’assiette des contribuables paraissent essentiels. La transparence des finances publiques, l’inefficacité de l’administration fiscale et les dépenses fiscales disproportionnées sont ainsi autant d’obstacles auxquels le gouvernement sénégalais doit faire face pour améliorer la fiscalité des entreprises et l’efficacité du cadre juridique et fiscal.

4.3 Le Sénégal, pays caractérisé par un état global de son environnement des affaires préoccupant

Le Sénégal fait partie pour la deuxième année consécutive des dix meilleurs pays réformateurs de leur environnement des affaires en 2014-2015 dans les domaines couverts par le rapport Doing Business de la Banque Mondiale. Ce classement est justifié du fait que le Sénégal a mis en place quatre réformes pour améliorer son environnement des affaires, dans les domaines suivants : créer une entreprise, le raccordement à l’électricité, le transfert de propriété, et l’exécution des contrats. Par ailleurs, selon le Rapport sur la compétitivité

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dans le monde37 2015-2016, le Sénégal se situe dans les quinze meilleurs pays africains, avec un léger progrès de deux places de son rang au niveau mondial par rapport à l’année dernière, se situant à la 110e place sur 140 pays. Le score du Sénégal est établi à 3,73 sur 7 selon l’Indice mondial de la compétitivité, ce qui lui vaut d’être classé deuxième des pays les plus compétitifs de la CEDEAO après la Côte d’Ivoire.

Le Sénégal occupe la 153e place sur 189 économies dans le rapport Doing Business 2016. Il gagne trois places par rapport à l’année précédente. A noter que le Sénégal a fait un bond de 25 places dans le classement, puisqu’en 2014, il était classé à la 178e place. Pourtant, en dépit des efforts mis en place et d’une variation positive dans le classement, le Sénégal obtient des résultats faibles voire médiocres en ce qui concerne le raccordement à l’électricité (170e/189), l’exécution des contrats, le transfert de propriété – une réforme importante du foncier serait primordiale du fait que la partie cadastrée du territoire sénégalais reste limitée - la protection des investisseurs minoritaires, le recouvrement des impôts, et enfin l’octroi de permis de construire.

Ainsi, malgré des efforts consentis pour améliorer le cadre fiscal, le délai pour payer les taxes et impôts au Sénégal correspond pourtant au double nécessaire par rapport à la moyenne de l’Afrique Subsaharienne (620 heures nécessaires au Sénégal pour préparer, déclarer et payer ses impôts contre

37World Economic Forum, Global Competitiveness Index2015-2016.

308,6 heures pour l’Afrique subsaharienne), une réalité qui vaut au Sénégal d’être classé seulement 183e/189 pour la facilité de paiement des impôts et des taxes dans le rapport Doing Business, contre une moyenne régionale pour l’Afrique subsaharienne située à 131e/189.

De ce fait, le Sénégal est caractérisé par une faible implémentation des réformes structurelles malgré un interventionnisme étatique élevé. La capacité d’impulsion de l’Etat est donc insuffisant. Elle est accompagnée d’une bureaucratie qui complique les tâches administratives ainsi que des difficultés de mise en œuvre institutionnelles, y compris la résistance au changement des acteurs du jeu politique et économique.

Source:DoingBusinessSénégal2016,BanqueMondiale

Selon le baromètre 38 du Conseil français des investisseurs en Afrique

38LebaromètreduCIANest un indice de référencepourles investisseurs et analyse la perception du climat desaffairesdesentreprises implantéesenAfriquegrâceàunsondageadresséàtousleschefsd’entreprisesenposteenAfrique. Dans l’enquête, l’entreprise sondée doit donnersa perception sur l’environnement des affaires enqualifiantseptpostes, répartissur39critèresdemauvais(1), moyen (3) à satisfaisant (5). Les postes considéréssont: les infrastructures, l’administration, l’économie et

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(CIAN), le Sénégal obtient pour son environnement des affaires la note moyenne de 2,45 sur 5 en 2014, pour une moyenne de l’Afrique de l’Ouest de 2,31 sur 5. Sa note a légèrement augmenté puisqu’en 2013, elle était de 2,34 sur 5. Le Sénégal est tout de même situé favorablement par rapport à la moyenne du continent africain (2,39 sur 5) et à la moyenne de l’Afrique de l’Ouest.

4.4 L’octroi préférentiel des marchés aux investisseurs étrangers ne permet pas d’encourager le développement du secteur privé national

Si le fait que le Sénégal entretienne une politique d’accès préférentiel aux marchés européens – particulièrement français - et qu’il s’agisse indéniablement d’un atout pour les investisseurs étrangers, cela se fait au détriment des finances publiques et des entreprises sénégalaises. Dans le cadre de cette politique d’accès préférentiel aux marchés français dans le pays, le Sénégal a notamment signé à Dakar avec la France un Accord bilatéral sur la promotion et la protection réciproque des investissements (APPI) le 26 juillet 2007. Les partenariats public-privé (PPP) sont très présents au Sénégal, et ce, avec des entreprises essentiellement étrangères, particulièrement des multinationales françaises. De nombreuses entreprises françaises détiennent des parts d’action majoritaires dans des sociétés au

lesfinances,lesocial,lesocio-culturel,lecoûtdesfacteursetledéveloppementdurable.

Sénégal. C’est le cas avec la Sénégalaise des Eaux 39(SDE), qui a la responsabilité exclusive de la production et de la distribution d’eau potable au Sénégal, dont le groupe français Bouygues a détenu historiquement la part majoritaire 40(51 %). Bien que le contrat avec la SDE ait été signé au terme d’un appel d’offres international, beaucoup de marchés sont octroyés par ententes directes 41 . C’est le cas avec l’attribution du marché de l’extension de 16,5 kilomètres de la première autoroute à péage entre Dakar et Diamniadio à la société française Eiffage en 2014, pour la conception, la construction, le financement, l’exploitation et l’entretien de l’extension de la dite autoroute qui permettra de relier Dakar à son nouvel aéroport en construction Blaise Diagne de Diass.

De même en termes de PPP, c’est une société chinoise, China Road & Bridge Corporation, qui a signé le contrat de gré à gré avec l’Etat sénégalais pour la construction de ce tronçon d’autoroute à péage Thiès/Touba. Le contrat commercial s’est conclu par commande directe de l’Etat sénégalais, d’un montant de 405 milliards de FCFA, qui est par ailleurs soupçonné de surfacturation (le contrat était initialement facturé à 300 milliards de FCFA). De surcroît, le Sénégal a également octroyé des facilités fiscales

39 La SDE est une filiale de la société Finagestionspécialisée dans les PPP dans les pays africains,notamment dans l’affermage des services publics en eauetélectricité.40 En juillet 2015, Bouygues a revendu ses parts à lasociétéfrançaiseAxaAssurances.41 Selon le Code des Marchés (article 75 et 76), «lesmarchés sont dits par entente direct lorsque l’autoritécontractante engage directement les discussions qui luiparaissentutiles avec les candidats et attribue lemarchéaucandidatqu’ellearetenu».

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et douanières considérables puisque l’entreprise n’a pas été soumise aux taxes, impôts et droits de douane en vigueur. Pourtant, ce type de contrat est absent de la réglementation des marchés publics au Sénégal. Le financement du projet sera réalisé via des prêts concessionnels accordés par l’Etat chinois à travers l’Exim-Bank China. Par ailleurs, l’entreprise chinoise figure sur la liste noire de la Banque Mondiale42 du fait de corruption avérée et du fait qu’elle ait fait objet de diverses mesures d’exclusions à cause de délits de fraude, ce qui rend de facto inéligible la société chinoise à concourir dans tous projets de construction routière qui pourraient être financés par la Banque Mondiale, et ce, jusqu’au 12 janvier 2017 43 . Ainsi, le gouvernement sénégalais n’a pas préféré lancer un appel d’offres pour ouvrir la compétition à tous, ce qui peut questionner l’impact des commissions et de la corruption accompagnant les contrats octroyés de gré à gré et par entente directe. Le Port autonome de Dakar (PAD) est aussi affecté par des passations de marchés qui échappent de façon floue à la réglementation des marchés publics. En 2007, la multinationale Dubai Ports World a obtenu la concession pour 25 ans du terminal à containers du port, notamment grâce à l’appui de l’ancien Président Abdoulaye Wade. Bien que l’octroi du marché se soit fait par appel d’offres, les conditions requises excluaient d’office les entreprises

42 http://www.worldbank.org/en/news/press-release/2011/07/29/world-bank-applies-2009-debarment-to-china-communications-construction-company-limited-for-fraud-in-philippines-roads-project43Autermedehuitansd’exclusion.

sénégalaises spécialisées dans la manutention. Par ailleurs, ce marché n’a pas bénéficié au secteur privé sénégalais du fait que l’entreprise dubaïote n’a pas rétrocédé les 15 % de ses activités dans le PAD qu’elle devait au secteur privé sénégalais. Cet accord a marqué la percée sans précédent des entreprises des Etats du Golfe au Sénégal.

4.5 L’état alarmant des infrastructures : un sérieux obstacle au développement du pays

Bien que le Sénégal bénéficie d’une position stratégique et privilégiée au sein de l’Afrique de l’Ouest, son territoire souffre d’un certain enclavement à cause de la médiocrité de ses infrastructures routières et ferroviaires. Cela pénalise le port de Dakar, neuvième à l’échelle du continent africain et deuxième port d’Afrique de l’Ouest après Abidjan, qui est dans l’incapacité de desservir l’intérieur du continent du fait à la fois d’un réseau routier inégalement réparti et en piteux état, et à la fois de lignes de chemins de fer vétustes. 14 800 kilomètres de routes sont carrossables au Sénégal, dont seulement 4 800 kilomètres sont bitumés, soit seulement 32 % de routes bitumées au total. Cette faiblesse infrastructurelle handicape fortement les échanges avec les pays de la sous-région à cause d’une absence d’intégration des modes de transport routier, ferroviaire, maritime, fluvial et aérien au niveau national mais aussi au niveau des pays limitrophes. Cela pénalise la compétitivité des entreprises qui ne

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53

profitent pas de l’ouverture du marché de l’UEMOA, soit 70 millions de consommateurs. En ce qui concerne les activités portuaires, celles-ci sont presque exclusivement concentrées à Dakar avec un développement du port de Dakar contraint par les congestions urbaines et par une concurrence avec les ports de la sous-région qui se modernisent progressivement. A cela s’ajoute le faible niveau d’activités des ports secondaires. Enfin, le transport fluvio-maritime, en particulier sur le fleuve Sénégal, est assez limité par les obstacles liés à la navigabilité (ensablement, absence de drainage, etc.).

IMAGE3:PORTAUTONOMEDEDAKAR

Source : West African Trading & Transit (WATT), http://www.watt.sn/

L’Etat sénégalais a impulsé une politique de grands projets d’infrastructures, lancée d’abord par le Président Abdoulaye Wade, et poursuivie par les projets du Plan Sénégal Emergent. En effet, depuis 2000, le Sénégal s’est tourné vers une politique d’économie libérale orientée vers le développement des infrastructures, grâce notamment au renforcement du partenariat entre les secteurs public et privé.

Le Programme de Réformes de l’Environnement des Affaires et de la

Compétitivité44 (PREAC) Le PREAC ambitionne de réformer l’environnement des affaires du Sénégal pour lever les contraintes liées au développement des entreprises en améliorant la productivité des facteurs, la qualité de service de l’Administration et du cadre juridique et fiscal, et en développant l’investissement à fort impact social. L’objectif stratégique du PREAC est d’exécuter à temps 90 % des 56 mesures adoptées à l’horizon 2016.

Les projets novateurs du gouvernement sénégalais qui peuvent être cités sont les suivants : • la construction du nouvel Aéroport

International Blaise Diagne de Diass, travaux achevés 45 à ce jour à 85 % ;

• la construction 46 de la première

autoroute à péage entre Dakar et Diamniadio, dite Autoroute de l’Avenir, et desservant le nouvel aéroport Blaise-Diagne ;

• la création d’une zone économique

spéciale intégrée (ZESI), située à 45 kilomètres de Dakar, et visant à devenir un pôle de compétitivité et à positionner le Sénégal comme le « hub » des affaires pour l’Afrique de l’Ouest ;

44Ceprogrammetriennal(2013-2015)aétéadoptélorsdela11èmesessionduConseilPrésidentieldel’Investissementle14décembre201245Le constructeur Saudi BinLadin Group refuse toujoursactuellementdeterminer l’ouvragesansunrallongementdu délai et une augmentation financière de la part dugouvernementsénégalais.46Inauguréele1eraoût2013

Page 54: Risque Pays Sénégal 2016

54

• le projet de port 47 sec de Kaolack ; • la construction du port minéralier de

Bargny, qui a comme objectif de contribuer à la réduction du trafic vers le port de Dakar et donc de désengorger la capitale ;

• le projet de voie ferrée de 50

kilomètres à écartement standard entre Dakar et l’Aéroport International Blaise Diagne de Diasse ;

• le projet de construction d’une

nouvelle ligne de fer 48 Dakar-Tambacounda-Kedougou-Bamako. La réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako – qui ne circule plus depuis 2009 - est un enjeu clé dans l’intégration et l’essor du commerce dans la sous-région. Loin de se limiter uniquement au transport de voyageurs, la rénovation de cette infrastructure est majeure pour le développement de l’Afrique de l’Ouest et pour la question du transport de marchandises et de l’intégration régionale. Les déraillements fréquents et la vétusté des wagons étaient problématiques pour le fret. Le défi actuel - encore non résolu - auquel se confrontent les gouvernements maliens et sénégalais est la viabilité financière du projet et la mise en place d’un contrat de concession entre les différentes parties.

4770hectaresde superficie,avecun terminal céréalieretunterminalàconteneurs483000kilomètresdevoieprévus.

4.6 La crise énergétique : un frein à l’essor de la compétitivité du pays

Le défi du Sénégal reste l’accès égal à l’électricité et l’amélioration qualitative de sa fourniture. En effet, l’accès à l’électricité pour tous les sénégalais à un prix abordable reste plus que problématique et les nombreuses difficultés rencontrées par le secteur énergétique entravent le développement du secteur privé et exercent une forte pression sur les finances publiques sénégalaises. En 2012, 56,5 % de la population sénégalaise a accès à l’électricité, avec un important écart d’accès entre l’urbain et le rural (90 % de taux d’électrification en zone urbaine contre 24 % en zone rurale).

Cette faiblesse du secteur s’explique par la situation financière et technique de la Société Nationale d’Electricité du Sénégal49 (SENELEC), qui est confrontée à des problèmes structurels et qui entache par ailleurs sa crédibilité. L’Etat est responsable du maintien convenable du parc électrique existant ainsi que du réseau de distribution qui est au demeurant peu performant. En outre l’Etat doit également investir dans de nouveaux outils de production énergétique afin de faire face à l’augmentation constante de la demande en énergie des ménages sénégalais (graphique 17).

49 La SENELEC s’occupe de l’électrification en milieuurbain, contrairement à l’Agence Sénégalaise del’Electrification Rurale (ASER) qui s’occupe de celle enmilieurural.

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55

GRAPHIQUE17:CONSOMMATIOND’ELECTRICITEAUSENEGAL(Kwh/PERSONNE)

Source:BanqueMondiale,UniversitédeSherbrooke

La SENELEC est caractérisée par une gestion inefficace, une détérioration de la qualité de service due notamment à des défauts d’entretien et un déficit de production. La société a une dette évaluée à plus de 150 milliards de FCFA. La corruption et les branchements électriques illégaux pèsent cruellement sur le déficit de la SENELEC. L’Etat subventionne pour combler le déficit : ces subventions mal ciblées sont autant de dépenses qui pourraient être allouées à des dépenses prioritaires, telles que l’éducation, la santé ou les infrastructures.

Le coût de production de l’électricité au Sénégal est l’un des plus élevés d’Afrique de l’Ouest, avec un tarif de vente 50 parmi les plus élevés d’Afrique (118 FCFA par kWh, graphique 18). Pourtant, le coût de production s’élève à 170 FCFA par kWh : la SENELEC vend l’électricité à perte.

50 A titre comparatif, la Côte d’Ivoire vend son électricitéàpresquelamoitiéduprixsénégalais(63FCFAparkWh).

GRAPHIQUE18:COÛTETPERCEPTIONDELAQUALITECOMPARESDEL’ELECTRICITE

Source:BanqueMondiale,FMI

Les raisons des faiblesses du secteur électrique sénégalais sont notamment imputables à des pertes lors du transport entre la production et la distribution et à un parc de production vétuste, dominé par une énergie à 90 % d’origine thermique51, ce qui génère des coûts de production très élevés. La production électrique dépend quasi-exclusivement du pétrole importé par le Sénégal : cette dépendance aux cours des produits pétroliers a un impact considérable sur les coûts de production électrique. Ainsi, la diversification progressive du mix énergétique sénégalais est une stratégie adoptée par le gouvernement afin de réduire les coûts de production électrique et réduire la dépendance aux produits pétroliers. D’ici 2017, le gouvernement souhaite réduire de 30 % la part du combustible dans le mix de production en développant davantage des sources d’énergies moins coûteuses, telle que l’électricité produite à partir de gaz (objectif à hauteur de 20 %) et l’électricité à partir

5199,7% de l’électricité produite au Sénégal est faite àpartir de combustibles fossiles en 2010 (source:http://www.statistiquesmondiales.com).

Page 56: Risque Pays Sénégal 2016

56

d’énergies renouvelables (à hauteur de 25 %). Un Plan d’urgence de restructuration et de relance du secteur de l’Energie a été mis en place début 2011, le plan « Takkal », afin de résorber les délestages électriques qui ont entraîné un fort mécontentement social pendant l’été 2010 52 . Ce plan avait comme objectif de rétablir l’équilibre de l’offre et de la demande et de restructurer financièrement la SENELEC. Des résultats ont été atteints bien que perfectibles, comme le montre la réduction du nombre de coupures d’électricité à Dakar, comptabilisées à moins de 100 heures en 2014 contre plus de 900 heures en 2011. La perception par les ménages sénégalais de la

52 La crise du secteur électrique a coûté 1,4 points de croissance sur l’année 2010.

qualité de fourniture de l’électricité reste très faible, et est inférieure à la moyenne de la CEDEAO (graphique 18).

Encadré4:L’essorsdesnouvellestechnologiesdel’informationetdelacommunicationLes télécommunications constituent au Sénégal une opportunité de développement et sont en constantecroissance au Sénégal. Il s’agit d’unmarché porteur pour les investisseurs, notamment sur le secteur destélé-services.Letauxdepénétrationdelatéléphoniefixeestestiméà2,53%enjuin2013,cequicorrespondàuntauxfaible.En2010,lenombred’abonnésàlatéléphoniefixeatteint341857,cequiclasseleSénégal14esur54pays africains. Ce segment de marché est dominé par la Société nationale des télécommunications duSénégal (SONATEL) qui détient 84 % des parts demarché en termes de ligne, et est le seul opérateur àintervenirsurlemarchédeslignesprofessionnelles.Cependant, lemarché de la téléphoniemobile connaît une croissance fulgurante au Sénégal. Le taux depénétrationduparcdelignesmobilesestestiméà93,6%enjuin2013(soit12661913lignes).Lemarchédelatéléphoniemobileestlargementdominéparlesoffresprépayéesà99,3%.En2011,9352868abonnésmobilessontcomptésauSénégal,luivalantlaplacede19esur54paysafricains.Anoterquelemarchédelatéléphoniemobileestpartagéentretroisopérateurs:Orange(opérateurdominantavec58%despartsdemarchéen2013),Tigo(21,17%)etExpresso(20,67%).En2014,99personnessur100seraientabonnéesàlatéléphoniemobile.L’Internetconnaîtuneimporteévolutiondufaitdudéveloppementdel’Internetmobile.Eneffet, l’accèsàInternetàpartirde réseaux fixesconcerneseulement11,3%desparcsdes lignes, contre88,7%pour lesaccèsparlesmobiles.Leparcs’établità1220738abonnésenjuin2013,correspondantàuntauxglobaldepénétrationde9,02%.Lesegment«internetmobile»estlapartprédominantedansceparc,représentant79,8% du parc internet global et le segment «clé internet» représentant 8,9% du parc internet global.Enfin,lenombretotald’internautesestestiméen2011à2234322,cequiclasseleSénégal12esur54paysafricains.En2014,18personnessur100seraientutilisatricesd’InternetauSénégal.

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57

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58

UN MODÈLE FRAGILISÉ PAR DES CONTRAINTES STRUCTURELLES

ET DES INÉGALITÉS SOCIO-SPATIALES

2

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59

II. Le Sénégal poursuit un modèle de développement inégalitaire, accentuant sa vulnérabilité aux chocs exogènes

A. Des contraintes relatives aux leviers de croissance qui bloquent le potentiel de développement du Sénégal

1. Un secteur financier en décollage qui ne profite pourtant pas au secteur privé

1.1 Un système financier développé mais dominé par un secteur bancaire peu profond

Le secteur financier du Sénégal est en décollage. Il se positionne à la seconde place parmi les pays de l’UEMOA avec 20,4 % du total des bilans agrégés de l’union, juste derrière la Côte d’Ivoire qui en compte 27,5 %. En 2014, sur 24 établissements financiers, 22 sont des banques

concentrées dans les trois plus grandes villes sénégalaises et 14 de ces banques sont détenues par des capitaux étrangers. Le secteur financier du Sénégal est donc dominé par les banques (graphique 19), et plus particulièrement par les filiales de banques françaises, marocaines et nigériennes. Sur les cinq premières banques qui représentent 66 % des actifs en 2014, quatre sont étrangères : la CBAO du groupe marocain Attijariwafa Bank, la Société Générale du Sénégal (France), ECO BANK du groupe bancaire panafricain, et la BICIS du groupe BNP Paribas. Cela traduit donc l’attrait du secteur bancaire au Sénégal.

85,00%

7,00%

4% 4%

GRAPHIQUE 19 : STRUCTURE DU SYSTEME FINANCIER EN 2014

Banques

Institution de microfinance

Fond de pensions

Etablissements financiers non collecteurs de dépôts

Source: FMI

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60

0

5

10

15

20

25

30

35

40

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Cré

dits

au

sect

eur p

rivé

(% P

IB)

GRAPHIQUE 20: CRÉDITS AU SECTEUR PRIVÉ

Néanmoins, la taille du secteur financier sénégalais reste limitée par rapport à son potentiel de développement, notamment en comparaison à d'autres pays africains comme le Maroc. La taille des actifs bancaires est contenue et ne représente que 56,1 % du PIB. Par ailleurs, le faible taux de bancarisation – 16,4 %53 de la population – traduit la faible intermédiation bancaire. Ce taux s’élève toutefois à 24 % si l’on inclut les 234 institutions de microfinances du Sénégal, qui représentent 30 % des établissements de ce type au niveau de l’UEMOA. En 2013, les actifs détenus par la plus grande institution de microfinance en font la 7ème banque du Sénégal. Le pays poursuit depuis 2009 ses efforts pour améliorer l'accès des populations non bancarisées aux services financiers et ce notamment à travers le soutien au développement du mobile banking, avec l’offre « Orange Money », mise en place par le Groupe ORANGE. Cependant, ces efforts restent limités par rapport aux performances enregistrées au Kenya.

53Noted’informationdelaBCEAOdu4etrimestre2014

Malgré cet effort de diversification des sources de financement, le secteur bancaire reste la principale source de financement du secteur privé au Sénégal. Le secteur de la microfinance participe à hauteur de 7,8 % du financement bancaire. Le financement des entreprises sur le marché financier reste très faible. Seulement trois entreprises sénégalaises54 contre trente entreprises en Côte d’Ivoire sont cotées à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) commune aux pays membres de l’UEMOA.

1.2 Un secteur privé bloqué par un faible financement des banques

L’accès au crédit du secteur privé s’améliore depuis les années 2000 (graphique 20) : la part des crédits au secteur privé dans le PIB est passé de moins de 20 % du PIB en 2000 à 33,4 % du PIB en 2014. Il reste néanmoins faible au vu de ses besoins de financement.

54 Ces trois entreprises sont: Total Sénégal, Bank ofAfricaSénégaletSonatel.

Source:BanqueMondiale

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Encadré5:Lesobstaclesaudéveloppementdusecteurfinancier

§ Asymétried’information:Dueà la taille réduitedusecteur formeletdu faitque lesétats financiersnesontpas toujoursdisponibles. La BCEAO a mis en place des bureaux d’information sur le crédit pour améliorerl’information financière disponible à destination des banques, et réduire l’asymétried’information.

§ Environnementréglementaireetjudiciairedéfavorable:Les délais pour l’exercice des garanties par le système judiciaire sont élevés. Les jugementsrendus seraientmotivéspardesconsidérations socialescela traduitnotammentunmanquedeformationdes jugesauxaffaireséconomiques. L’absencededroitdepropriété formelexpliquequ’ilsoitdifficilededonnerdesterresengarantie.Cetteincapacitéàrecouvrerlespertesàdescoûtsraisonnablesdécouragel’octroideprêts.

§ Régimefiscalinadéquat:Lecoûtdesservicesfinanciersestélevé.

§ Problèmederéglementationetdesupervision:

Certainsratiosréglementairesnesontpasconformesauxmeilleurespratiquesinternationalesoune sont pas adéquats aux vues des besoins du secteur financier national. Ainsi, bien que leSénégal soit à l’avant-garde de la réforme du secteur financier, la nécessité de développer laréglementation au niveau régional peut ralentir le processus de réforme. En 2013, le ratio detransformationestpasséde75%à50%cequiapermisunplusgranddéveloppementducrédit.Par ailleurs le ratio de structure de portefeuille a été supprimé, il n’était observé par aucunebanque.

§ Inadéquationdescompétences:

Les ressources humaines manquent de formation et d’expertise en gestion des risques. CelaexpliquenotammentpourquoicertainesinstitutionsdemicrofinancesontpourclientsdesPME,etnondesmicroentreprises.Ilyaparailleursunmanquedeculturefinancièrequisetraduitparlefaiblerecoursdesentreprisesaumarchéfinancier.

Page 62: Risque Pays Sénégal 2016

62

De plus, si les taux d'intérêt débiteurs du Sénégal sont les plus bas de l'UEMOA55 (6,01 % en contre 6,45 % en Côte d’Ivoire en 2014 selon la BCEAO), les taux appliqués aux particuliers et aux entreprises individuelles sont élevés. Ainsi, le développement du secteur privé se trouve limité par un coût de financement élevé et un accès au crédit difficile. Cela s’explique notamment par le fait que les banques sont plus frileuses à accorder des crédits aux PME, et ce pour deux raisons. D’une part, elles estiment que le risque de défaut de paiement des PME et particuliers est plus important, d’autre part, elles prêtent surtout à des emprunteurs disposant de garanties solides et sur lesquels elles disposent d’informations. En conséquence, les banques se tournent majoritairement vers les prêts aux grandes entreprises (particulièrement à court terme) et vers la négociation de titres publics au détriment des PME. Ainsi en 2014, les

55Celas’expliquenotammentparlefaitquelesbanquessénégalaises ne prêtent qu’aux clients considérés lesplussolvables.

prêts aux cinq plus gros emprunteurs représentaient 137,9 % du total de fonds propres56.

Par ailleurs, les prêts bancaires vont essentiellement au secteur des services (42,1 % du total des prêts), puis à l'industrie et au commerce (graphique 21).

Cependant, les crédits octroyés sont majoritairement tournés vers la consommation ou les besoins de trésorerie des grandes entreprises et ne soutiennent que très peu l'investissement en faveur des PME et les branches les plus productives du secteur privé. Le manque de développement du secteur financier au Sénégal fait qu’il est plus difficile pour les entreprises et les ménages d’avoir accès à des services financiers, ce qui ne permet pas le lissage de la consommation et affecte donc la croissance à travers le frein posé à l’investissement.

56Ce tauxestdoncsupérieurà limite fixépar laBCEAOetquiestde75%de fondspropresd’unebanque.Parailleurs, les normes internationales fixent la limite à 25%.

SourceFMI,ArticleIV2014

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

100%

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

% d

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tal d

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rêts

GRAPHIQUE 21: RÉPARTITION SECTORIELLE DES PRÊTS

Industrie Commerce Services, transports et communication Autres

SourceFMI,ArticleIV2014

Page 63: Risque Pays Sénégal 2016

63

1.3 Un secteur bancaire fragilisé

Tout cela révèle un certain nombre d'obstacles entravant l'accès au crédit des PME et le développement du secteur financier, ce qui pèse sur la qualité des actifs bancaires.

Le système financier du Sénégal est relativement bien capitalisé avec un ratio de fonds propres des banques qui se situe à 16,4 %, donc supérieur aux exigences réglementaires de 8 % imposées par la réglementation Bâle II. Toutefois, il faut prendre en considération l'augmentation de la négociation des titres publics par les banques, en lien avec le recours de plus en plus constant de l’Etat au marché régional pour son financement. En effet, la part de créances accordées à l’Etat est en augmentation, elle est passée de 8 % du total des crédits bancaires en 2012 à plus de 14 % en 2014. Or, ces titres publics étant affectés d’un risque nul, cela peut contribuer à la fragilisation de la solidité du système bancaire si des tensions se font ressentir au niveau de la liquidité du Sénégal. Ainsi, la qualité des actifs bancaires est le principal problème affectant la solidité du secteur bancaire. Cette situation est aggravée par la forte concentration des prêts et le fort taux de prêts non-performants, qui a augmenté après la crise des Industries Chimiques Sénégalaises et du fait de l’augmentation de la négociation de titres publics au détriment des prêts au secteur privé (graphique 22).

Toutefois, les titres publics

détenus par les banques sénégalaises sont encore à un niveau inférieur au seuil réglementaire de 35 % du total des actifs fixé par la BCEAO. Au vu du développement actuel du système financier, le risque systémique ne semble pas être une source de préoccupation majeure aujourd’hui. Les principaux risques pour le secteur financier seraient donc liés à l’inexécution des réformes devant soutenir la croissance au niveau prévu par le PSE.

Les interactions entre le système

bancaire et le reste du système financier doivent être surveillées. Les compagnies d’assurance utilisent en effet, les dépôts bancaires comme moyens d’investissement et les institutions de microfinances placent aussi leur argent dans les banques. Par ailleurs, il faut également surveiller l’inter-connectivité entre les banques dans le cadre du développement du

0,00% 5,00%

10,00% 15,00% 20,00% 25,00%

GRAPHIQUE 22 : RATIO DE FONDS PROPRES, CRÉANCES IMPRODUCTIVES ET CRÉANCES SUR LE SECTEUR PUBLIC

Ratio de fonds propres

Créances improductives/total des prêts

Créances des banques sur le secteur public/total des prêts

Source:FMI,ArticleIV2013et2015

Page 64: Risque Pays Sénégal 2016

64

marché interbancaire, du marché de la dette publique et des banques panafricaines.

Les autorités sénégalaises ont

mis en place en 2013, trois institutions financières censées remédier au manque d’accès au financement des PME. Ces institutions sont la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE) qui a notamment participé à la relance de la Nouvelle Société Textile Sénégalaise de Thiès, le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP), dont l’objectif est de réduire les taux d’intérêts débiteurs appliqués aux PME grâce à un système de garantie mutuelle, et enfin, le Fonds souverain d’Investissement Stratégique (FONSIS), qui a pour rôle de fournir une aide directe aux PME en leur accordant des crédits. Ces institutions rencontrent encore des difficultés quant à leur fonctionnement : elles peinent notamment à obtenir des financements. Toutefois, ces institutions ont pour but de lever les contraintes pesant sur le levier de l’investissement et donc sur le potentiel de croissance du Sénégal.

2. L’inefficacité des investissements freine l’essor du secteur privé

L’accès limité aux financements, notamment dans le secteur informel, pèse sur l’investissement. Le taux de croissance annuel moyen des investissements privés a diminué de 14,8 % sur la période 1995-2005 à 3,8 % sur la période 2006-2011 (graphique 23).

Les investissements publics se

sont quant à eux légèrement intensifiés, mais demeurent globalement mal orientés. Il apparaît que 40 % des investissements publics ne contribuent pas à la formation de capital. Une allocation plus judicieuse des investissements publics par le biais d’une meilleure sélection et gestion des projets permettrait d’améliorer leur efficacité.

Toutefois, les possibilités d’investissements publics tendent à se réduire compte tenu de l’envol de la dette publique. La faiblesse et l’inefficacité des investissements n’ont pas permis d’améliorer la productivité de manière significative.

Le taux d’investissement au

Sénégal demeure en effet inférieur au seuil nécessaire pour engendrer des gains de productivité susceptibles

14,8

3,8

5,4

6,8

1995-2005 2006-2011

croi

ssan

ce e

n %

ann

uel m

oyen

GRAPHIQUE 23: TAUX DE CROISSANCE

DE L'INVESTISSEMENT

Investissement privé Investissement public

Source:BanqueMondiale

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65

d’avoir un effet positif sur la croissance du pays. A l’instar de l’agriculture, certains secteurs de l’économie souffrent d’un sous-investissement chronique à l’origine d’un blocage de la productivité. La productivité totale des facteurs a été négative sur la période 2006-2012, ce qui a pénalisé la croissance économique du pays. Cela s’explique notamment par les faibles performances des secteurs traditionnels tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière ou le commerce de gros et de détail.

La faiblesse des investissements ne favorise pas l’expansion du secteur privé, trop peu développé au Sénégal. Le tissu productif est composé à 90 % de PME et de PMI, mais la contribution de celles-ci à la formation du PIB n’est que de 33 %. Les petites et moyennes entreprises et industries sont confrontées aux carences de l’environnement des affaires ainsi qu’aux difficultés d’accès au marché et aux besoins en équipements technologiques. De plus, il existe un nombre limité de grands acteurs, les grandes entreprises souffrant souvent de problèmes de trésorerie ou de sous-capitalisation, comme par exemple la Suneor, leader dans la production d’huile brute d’arachide.

Le secteur industriel est particulièrement exposé aux difficultés résultant du manque d’investissements et du déclin de la production. La base industrielle est fragile et la taille des unités de production relativement faible. Les coûts des facteurs de production, et ceux de l’énergie en particulier, sont élevés. Les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) illustrent

les difficultés rencontrées par les industries : malgré une première recapitalisation en 2008, la mauvaise gestion de l’entreprise ne permet pas d’améliorer la situation financière et de réduire l’endettement auprès des banques locales. Les ICS ne fonctionnent qu’à 50 % de leurs capacités entre 2009 et 2014. Le rachat en 2014 par le groupe asiatique Indorama devrait permettre de relancer la production. Mais la mauvaise gestion des ICS et la production en sous-régime alimentent la contestation de la part des 1800 employés de l’entreprise, dans un contexte de chômage élevé au niveau national.

Cependant, le Sénégal reste peu attractif aux investissements directs à l’étranger qui sont estimés à 1,6 % du PIB en moyenne entre 2000 et 2011. Les IDE, qui proviennent de la France (50 %), d’Inde (10 %) et de Suisse (7 %), sont essentiellement tirés par les secteurs des BTP, des industries manufacturières et de l’hôtellerie. Le pays s’efforce d’établir de nouveaux partenariats commerciaux afin d’attirer de nouveaux investisseurs étrangers et renforcer le secteur privé (encadré 3). A travers la mise en œuvre du PSE, l’objectif affiché du gouvernement est de stimuler les investissements étrangers afin de libérer le potentiel de croissance du pays.

La croissance à court terme est tirée par la consummation : la contribution de cette dernière à la variation dans la croissance totale du PIB s’élève à 80 % entre 1990 et 2012 (graphique 24).

Page 66: Risque Pays Sénégal 2016

66

Elle est soutenue par une inflation relativement modérée bien que volatile car majoritairement importée (graphique 25), ainsi que par les remises.

En effet, plus de 70 % des fonds reçus sont destinés à la consommation courante des ménages. En outre, la consommation connaît une dynamique ascendante : son taux de croissance était de 3,1 % entre 1995 et 2005 contre 4,4 % entre 2006 et 2011. De par la faiblesse du PIB/habitant, la

croissance doit ralentir afin de fournir plus de place à l’épargne et à l’investissement : le taux d’épargne intérieur brut n’est que de 6,8 % en 2014 et constitue l’un des plus bas niveaux des pays de l’UEMOA. Comme la consommation, l’épargne est soutenue par les transferts de la diaspora qui permettent de financer par exemple les investissements en immobilier.

GRAPHIQUE26:TAUXD’INFLATION(%)

-40

-20

0

20

40

60

80

100

Consommation (C + G) Investissement Exportations Importations

Con

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n de

la c

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%

GRAPHIQUE 24: CONTRIBUTION À LA VARIATION DANS LA CROISSANCE TOTALE DU PIB ENTRE 1990 ET 2012

Source:BanqueMondiale

Source:AFD

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67

L'inefficacité des investissements ne permet pas d'améliorer la productivité dans les secteurs traditionnels. La faible productivité dans l'agriculture ou l'industrie manufacturière est également corrélée à la pénurie de main d�œuvre qualifiée et au capital humain trop peu développé.

3. Un capital humain déficient malgré de fortes potentialités

Le développement du capital humain est l’un des défis majeurs du pays et une condition nécessaire pour accélérer la croissance. Le pays dispose certes d’une population jeune

Encadré6:Diversifiersespartenairescommerciauxpourstimulerlesecteurprivé

Le Roi du Maroc, Mohamed VI, et le président sénégalais Macky Sall, le 21/05/2015 à Dakar. Crédits : AFP

LeSénégalachoisid’établirdespartenariatsbilatérauxavecdespaysémergentspourdiversifiersessourcesde financements. Cette stratégie de diversification des partenariats a été inaugurée sous le mandatd’AbdoulayeWade.

Cetactivismeéconomiqueauniveau international s’illustreau traversdedifférentesactions tellesque lesrencontresentrepersonnalitéspolitiquesouencorelaparticipationduSénégalàdiversforumséconomiquesorganiséspardespaysémergents telsque l’Indeavec leForum Inde-Afriqueou encore laTurquieavec leForumsurleclimatdesaffairesetlesopportunitésd’investissementauSénégal.Lorsdecesévénements,leSénégal tente d’obtenir des soutiens économiques pour mener à bien ses projets dans le cadre du PSEcomme le financement d’un train rapide par la Turquie, mais aussi d’engager des négociations afin deprendredesmesuresfavorisantlecommercenotammentparl’exemptiondetaxesdouanièresmaisaussilacoopérationentrelesdeuxpays.

LaChine renforce ses liens avec le Sénégal par le biais deprêts et dedons. Les entreprises chinoisess’implantent et investissent dans le secteur des travaux publics ou encore dans le commerce de gros. EninvestissantauSénégal,laChinebénéficiedel’accèsprivilégiédupaysauxmarchésinternationauxgrâceàsapositiongéographiqueetàsonappartenanceauxorganisationsrégionalesquivisentàfaciliterlecommerceaveclesautresEtatsmembres.Elletireégalementprofitdesaccordscommerciauxavecl’UnionEuropéenneet les Etats-Unis. L’African Growth andOpportunity Act (AGOA), signé initialement pour la période 2001-2015avecunetrentained’EtatsafricainsdontleSénégal,aétérenouveléjusqu’en2025.Ilavaitpourbutdediminuer la dépendance des économies africaines à l’aide extérieure en stimulant la croissance par lesexportations.Or,contrairementauGhanaouauNigéria,cetaccordn’apasréellementprofitéàl’économiesénégalaise,etce,endépitdelalevéedesbarrièresdouanières.Celaestprincipalementdûàlafaiblessedel’offresénégalaise.

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68

mais elle n’est pas assez formée, ce qui explique le manque de main d’œuvre qualifiée, notamment dans l’industrie. La problématique du chômage et du sous-emploi des jeunes perdure malgré les différentes stratégies mises en place par l’Etat sénégalais.

Le marché du travail sénégalais est caractérisé par un faible accès aux

emplois décents, particulièrement pour les primo-demandeurs. Il est également caractérisé par une forte disparité dans l’accès à un travail décent entre hommes et femmes. Aujourd’hui, presque 60 % de la population sénégalaise a moins de 20 ans et les jeunes en âge de travailler dans la tranche d’âge 15-34 ans représentent la moitié de la population active.

3.1 La formation au Sénégal : entre faiblesse et inadéquations

Au-delà de ces chiffres

caractérisant particulièrement la faible insertion des jeunes dans le marché du travail sénégalais, un problème demeure au Sénégal : celui de l’éducation et de la formation, supposée garantir une force de travail et ainsi soutenir la structure productive du pays. Bien que le Sénégal a augmenté les dépenses de l’éducation de 3,2 % à 5,7 % du PIB, ce qui a permis une croissance de la scolarisation dans l’enseignement primaire, aujourd’hui 66 % des jeunes de 15-24 ans au Sénégal n'achèvent pas l'école primaire et se retrouvent

sans qualification, soit un total de 1,7 millions de personnes, dont 73 % de femmes et 59 % d’hommes. Les structures éducatives et professionnelles disponibles pour dispenser aux jeunes les compétences nécessaires afin d’intégrer le marché du travail sont limitées, notamment en dehors de Dakar. Les formations offertes par la plupart des écoles sont remises en cause par les entreprises qui les jugent insuffisantes pour les niveaux de qualification recherchés et pour le manque de concordances entre la formation et les besoins du marché du travail. Cela amplifie donc le taux de dépendance ou l’adhésion à des emplois vulnérables ne garantissant pas une possibilité de sortie de

Encadré7:Quelqueschiffressurl’emploidesjeunes

Letauxd’emploichezlesjeunesestestiméàseulement33%,loinderrièreceluidesadultesévaluéà56%cequidémontreunefaiblecapacitépourlesjeunessénégalaisdes’insérersurlemarchédutravail.Letauxdechômageestplusélevéchezlesjeunes–àlahauteurde12,2%en2011–contreuntauxdechômagede10,1% pour les adultes, ce qui est également sujet à la particularité du genre. Les femmes sont plusexposéesauchômageautantenmilieuurbainquerural.D’unemanièregénérale,onnoteauSénégalunedurée moyenne d’inactivité deux fois plus importante en milieu urbain qu’en milieu rural. Elle varieégalementenfonctiondesniveauxd’instructiondespersonnesrecensées.Eneffet,lechômagedelongueduréeestde74%chezlesdiplômésdusupérieur,52%chezlesdiplômésdusecondaire,62%pourceuxquiontunniveauprimaireetenvirons41%pourceuxquin’ontpasétéscolarisé.Lescaractéristiquesdel’emploivarientconsidérablementsuivant lemilieuderésidence:enmilieurural, l’emploides jeunesestconcentré autour du secteur primaire (95% des emplois), alors qu’enmilieu urbain, le principal secteurpourvoyeurd’emploisestceluidesservices(63%desemplois).

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69

pauvreté. Ces jeunes, pour la plupart désorientés, se tournent vers de nouvelles stratégies pour répondre aux besoins d’assurer à eux-mêmes et à leurs familles une situation sociale décente.

La faiblesse du secteur privé et l’absence de perspectives pour une large part de la population contribuent à l’expansion du secteur informel. Le secteur informel non agricole, pour lequel les conditions de travail sont précaires, représente près de la moitié des emplois et près de neuf entrepreneurs sur dix. Les entreprises informelles se situent principalement dans les branches du commerce, des BTP et des industries manufacturières. Si le secteur informel représente environ 58 % de la valeur ajoutée non agricole, les unités de production sont toutefois confrontées à l’inadéquation des circuits de commercialisation, aux difficultés d’écoulement de leurs produits ainsi qu’aux difficultés d’approvisionnement en matières premières. La place centrale accordée au secteur privé dans le PSE a pour corollaire la réduction de la part de l’informel dans l’économie et des contraintes qui y sont liées.

3.2 Les conséquences d’un faible niveau d’emploi sur le solde migratoire

Le faible niveau d’emploi

constitue la première cause d’émigration des Sénégalais. Autrefois considéré comme un pays d’immigration, le pays de la téranga57

57«Téranga»ouhospitalitéenwolof

est aujourd’hui davantage une terre d’émigration, affichant un solde migratoire négatif (-1,59 pour 1000). Cela n’est que le reflet de problèmes sociaux et économiques régissant la société sénégalaise. En effet, même si le taux annuel moyen de flux de migrants internationaux a diminué durant ces deux dernières décennies – - 1,6 entre 1990 et 2000 contre - 0,7 entre 2000 et 201358 – les Sénégalais continuent de quitter leur pays sans envisager de retour, ce qui se traduit par une baisse de plus de 30 % entre 2002 et 2013 concernant les retours des migrants sénégalais.

Le départ des Sénégalais et leur insertion dans les sociétés d’accueil sont facilités par la mise en place de réseaux, notamment des confréries mourides organisées en dahiras, et de nombreuses associations à l’étranger. Il existe également des réseaux officieux présents au Sénégal qui sont impliqués dans l’organisation des flux migratoires et qui financent les départs de certains émigrants sénégalais.

D’après les études menées par l’ANSD et les organismes internationaux tels que la Banque Mondiale ou encore l’Organisation Mondiale des Migrations (OIM), il est possible d’observer de nouvelles tendances dans les migrations internationales sénégalaises. Il y a de plus en plus de femmes parmi ces migrations, et les migrants, mieux qualifiés, diversifient leurs destinations. En se référant au stock de migrants, l’Europe et l’Afrique sont les premières destinations des migrants, mais les Etats-Unis, le Canada et l’Australie

58DonnéeOIM,ONUpour2013

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70

représentent de nouveaux pays d’accueil, et plus particulièrement pour les Sénégalais qualifiés et les femmes59. Les politiques de ces pays sont davantage en faveur de l’accueil de migrants qualifiés, venus principalement des grandes villes comme Dakar et Saint-Louis. Par ailleurs, le marché du travail y semble plus flexible, ce qui permet aux migrants d’avoir une meilleur perspective de carrière. Ainsi, en 2000, les Etats-Unis n’accueillaient que 8 % des migrants sénégalais mais recevaient 26 % du total des migrants qualifiés, contrairement à l’Italie qui accueillait 28 % des migrants, et seulement 6 % des migrants qualifiés.

« Barça ou Barzakh 60»

Face au protectionnisme de la politique européenne en matière de migrations avec la mise en place de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (FRONTEX), ou encore les accords bilatéraux en matière de « gestion concertée des flux migratoires 61 », les migrations illégales, par voie terrestre ou par pirogue, sont aujourd’hui plus périlleuses mais ont aussi augmenté. Les pays européens reprennent également l’argument de la lutte contre le terrorisme pour justifier leur politique migratoire. Ces mesures drastiques de contrôle des flux

59DonnéesBanqueMondialeetOCDE60Expressionsouventutiliséeparlesmigrantssénégalaispour signifier qu’il faille rejoindre Barcelone (Barça),image pour l’Europe. Dans le cas échéant, la seulealternativequis’offriraitàeuxestdemourir(barzakhestun terme désignant, dans la tradition islamique, le lieud’attenteentrelamortetleJugementDernier).61Article13desaccordsdeCotonou.

migratoires sont imposées par les bailleurs de fonds internationaux qui font alors pression sur le gouvernement sénégalais. L’Union Européenne, en « extra-territorialisant 62 » sa frontière, a étendu et matérialisé sa politique migratoire aux postes de frontières sénégalais, en passant par le Maroc.

GRAPHIQUE27:DIFFERENTESRAISONSEXPLIQUENTLECHOIXDELAPIROGUE

L’évaluation de l’émigration illégale est particulièrement complexe. S’il n’est pas possible d’avoir des données récentes sur ce type de migrations, il est néanmoins possible d’en dégager l’importance : en 2006, sur les 30 000 migrants illégaux ayant été interceptés, la moitié était sénégalaise. Même si leur part a diminué par la suite, elle reste significative (graphique 28).

62Choplin,Lombard(2010)«Suivrelaroute».Mobilitéset échanges entre Mali, Mauritanie et Sénégal», inEchoGéo[Enligne]

Migra{onpar

pirogue

Fermeturedesfron{ères:

CeutaetMelilla

Encouragementetsou{en

financierdelafamille

Essoufflementdesréseauxorganisateursdesdéparts

Traverséepluspérilleusedu

Sahara

Durcissementpoli{ques

européennes

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71

L’absence d’emploi et l’inadéquation entre l’offre et la demande de travail sont la première cause de départ des Sénégalais. Le secteur informel

représente également une voie de sortie de pauvreté, dans un pays marqué par de fortes inégalités entre les zones urbaines et rurales.

B. Un pays marqué par des inégalités sociales et territoriales

1. Le désengagement de l’Etat renforce la fracture territoriale

Depuis l'indépendance, l'un des

principaux enjeux du Sénégal est l’appropriation institutionnelle de son territoire. Le pays compte 14 régions réparties sur 196 722 km2. Héritage de l’époque coloniale, qui a impulsé le développement du littoral Sénégalais, l’organisation territoriale du pays est le reflet d’une trajectoire historique guidée par les intérêts économiques de la métropole. Avant la colonisation, le Sénégal, loin d’être homogène, était caractérisé par une grande diversité de territoires et de gouvernances. Le Nord-Ouest a été le

premier territoire conquis, dont Dakar et Saint-Louis en sont toujours les reliquats. Mais depuis cette époque, le pays a su évoluer, en gardant comme préoccupation principale, l’homogénéisation de son territoire, qui n’a jamais été véritablement couronné de succès.

Depuis la mise en place du projet de régionalisation en 1997, les inégalités initiales entre les régions ont été l'objet d'une certaine attention politique, avec notamment la mise en place d'un Programme National de Développement Local, dont le budget de 27 millions de FCFA pour l’année 2015, est dévolu à la réduction de la pauvreté et à la garantie de l'accès aux besoins socio-économiques de

31, 31%

5, 5%

29, 29%

5, 5%

7, 7%

5, 5%

7, 7%

11, 11%

GRAPHIQUE 28: NATIONALITÉ DES MIGRANTS CLANDESTINS ORIGINAIRES D'AFRIQUE DE L'OUEST

INTERCEPTÉS EN ESPAGNE, EN ITALIE, À MALTE ET EN GRÈCE, 2008 - 2011

Sénégal

Côte d'Ivoire

Nigéria

Guinée

Mali

Gambie

Ghana

Autres

Source:Eurostat

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72

base pour toute la population sénégalaise. Malgré les efforts entrepris, la fracture entre Dakar, et le reste du pays est criante. Les régions côtières, ainsi que Dakar et ses périphéries, restent les centres économiques majeurs. Seul 18 % du territoire national accueille 63,4 % de la population du pays, alors que les autres 36,6 % sont disséminés sur les 82 % de la superficie restante. Ce déséquilibre entre les régions creuse des inégalités qui sont renforcées par l'exode rural. Les mauvaises politiques d'investissement et de développement des régions ont motivé le départ des jeunes actifs des régions périphériques vers les centres urbains de la côte,

pourvoyeurs d'emplois rémunérateurs. De même, tous les jeunes diplômés vont chercher du travail à Dakar, ce qui prouve l’incapacité de l'administration à développer l'attractivité régionale. En 2013, seules

les villes de Dakar et Diourbel affichaient un solde migratoire positif63.

La géographie sénégalaise est donc caractérisée par une double fracture, à la fois inter-régionale, mais aussi entre les villes et les campagnes. Elle est d'autant renforcée par la dynamique actuelle de renforcement de la macrocéphalie64 dakaroise qui illustre parfaitement ce rôle d'interface que joue la capitale sénégalaise entre son territoire et le reste du monde. La concentration des universités, des centres de formations de haute technologie, des services de santé performants et de services administratifs particuliers dans la région

63 Agence Nationale de la Statistique et de laDémographie,Sénégal,201364Conceptdéveloppédans “ Les régionsà l’épreuvedelarégionalisationauSénégal”deDjibrilDiop.Lamacro-céphalie est une métaphore désignant le rôleprépondérant de la capitale dans le tissu socio-économiquedupays.

CARTE2:PROPORTIONDEPAUVRESAUSENEGAL,NOMBREMOYENSUR10PERSONNES

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73

de Dakar, et dans une moindre mesure celle de Saint Louis, a crée un déséquilibre réel avec le reste du pays ou l'accès à l'éducation et à la santé sont parfois difficile d’accès, et de moindre qualité. Même sur des indicateurs qui font du Sénégal un bon élève du développement, par exemple, le taux de pénétration d’Internet, qui est de 53,72 % au deuxième trimestre 201565 connaît des disparités énormes entre Dakar, qui concentre la majeure partie des connections à Internet, et le reste du pays. Dakar s’érige donc en véritable interface sur le reste du monde. Si des efforts sont entrepris dans le sens de la déconcentration sur l'ensemble du territoire, ils restent inégaux d'une région à l'autre. Le contraste est d'autant plus visible dans les régions les plus orientales du pays qui forment la frontière avec le Mali ou la Guinée.

Des régions contrastées qui ne

répondent pas toujours aux besoins sociaux des populations

L’article 1 de la Constitution

sénégalaise adoptée le 7 janvier 2001 établie que : “La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances.” Ainsi, la République considère la nation comme une entité unique, sans faire cas des particularités ethniques et linguistiques. Dès lors, le rôle des régions est de faire respecter la loi, pour un seul peuple, sans distinction d’origine, de culture, d’ethnie ou de

65DakarActu,13août2015

religion. Celles-ci sont un échelon administratif intéressant pour la mise en place des politiques locales qui répondent à des problématiques particulières. Conscient de la grande disparité régionale et de la nécessité de mettre en œuvre des politiques de développement, l’Etat crée en 2009 l’Agence Nationale pour l’Aménagement du Territoire (ANAT) afin d’optimiser la gestion du territoire national en partenariat étroit avec les régions. Les objectifs communs sont la réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’accès aux soins et à la santé et le développement des infrastructures tels que l’assainissement, le réseau électrique ou encore l’irrigation pour l’agriculture dans les régions sahéliennes, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) définis par le PNUD en 2000. En 2012, les Objectifs n’étaient pas encore atteints. Néanmoins, les inégalités se vivent dans certaines régions avec beaucoup d’acuité, notamment sur la vie quotidienne.

1.1 Un système éducatif performant selon la zone géographique

La constitution du Sénégal

consacre dans l’article 8 le droit à l’éducation. L’Etat détient selon l’article 22 « le devoir et la charge de l'éducation et de la formation de la jeunesse par des écoles publiques. Tous les enfants, garçons et filles, en tous lieux du territoire national, ont le droit d'accéder à l'école » 66 . Le Sénégal fait également partie de la plupart des traités internationaux

66Constitution2001

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74

consacrant des dispositions sur le droit à l’éducation. Au niveau régional, le pays fait partie de la Charte africaine des droits de l’homme et des Peuples (1981), qui dans son article 17, pose le droit de chaque enfant à l’éducation67.

Si le Sénégal possède une certaine force concernant la qualité de son enseignement par rapport à d’autres pays d’Afrique subsaharienne, l’éducation reste un sujet très sensible avec des écarts considérables entre les différentes régions. En effet, l’Université de Dakar est académiquement reconnue sur l’ensemble de la région, cependant, l’accès à l’éducation, puis la poursuite des études est fortement corrélée aux facilités d’accès des élèves aux structures scolaires. Or, le gouvernement sénégalais admet lui-même qu’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en ce qui concerne l’éducation primaire pour tous à l’horizon 2015 s’éloigne de plus en plus68.

Le taux brut de scolarisation au primaire s’est stabilisé à 93,0 % en 2013, contre 83,4 % en 200669. Néanmoins, les fractures territoriales restent marquantes : tandis que Dakar (115%), Ziguinchor (98%) ou encore Diourbel (61%) atteignent des scores assez élevés, l’éducation est encore loin d’être réalisé pour tous. Plus généralement, l’UNICEF a établie que sur la période 2008-2012, le taux brut de scolarisation était de 80,6 % en milieu urbain contre 49,8 % en milieu

67Conseildesdroitsdel’hommedel’ONU,201168RépubliqueduSénégal,201369Ibid.

rural70. De plus, force est de constater que les abondons scolaires restent importants. On estime qu’en 2013 les abondons affichaient un score de 9,3 % 71 . Un autre défi majeur reste la mauvaise qualité de l’enseignement ainsi que l’insuffisance des matériaux. Les taux de fréquentation et la couverture en zone rurale sont moins bons qu’en zone urbaine. A titre d’exemple, à l’intérieur du pays, les enseignants franco-arabes sont surchargés, compte tenu d’une inadéquation de l’offre par rapport à la demande au niveau des infrastructures72. L’accès à une école secondaire en fonction du temps de marche est également révélateur : il faudra entre 0 et 14 minutes pour 41,4 % pour les élèves de Dakar contre plus de 60 minutes pour 67 % des élèves de Tambacounda73.

1.2 L’accès à la santé

La santé constitue un défi quotidien pour les Sénégalais. Le pays a développé des stratégies de politiques de santé qui ont parfois su se montrer efficaces, ainsi que le montre la faible prévalence du paludisme de 3 % seulement, ainsi que la faible

70Effectif des inscrits du groupe ayant l’âge officiel defréquenter un niveau d’éducation exprimé enpourcentagedelapopulationcorrespondante.Définitionde l’Institut d'étude Statistique de l’UNSECO pour lesNationsUnies. Le tauxnet de scolarisationDéfinition:Effectif des inscrits du groupe ayant l’âge officiel defréquenter un niveau d’éducation exprimé enpourcentage de la population correspondante. / Tauxbrut de scolarisation : Total des inscriptions dans unniveau spécifique d’éducation, sans distinction d’âge,expriméenpourcentagede lapopulationofficiellementscolarisable au même niveau pour une année scolairedonnée.71RépubliqueduSénégal,201372Conseildesdroitsdel’hommedel’ONU,201173AgenceNationaledelaStatistique,Sénégal,2012

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75

prévalence du VIH, de 0,5 %. Le suivie médicalisé des femmes enceintes a été nettement amélioré, avec 93,3 % des femmes ayant accès à des soins prénatals et 65 % d’entre elles bénéficiant d’un accouchement avec du personnel soignant qualifié74. Ainsi, les OMD 5 et 6 en terme de réduction du VIH et d’amélioration de la santé maternelle ont été accompli. De même, de grands progrès ont été réalisé en terme d’accès à l’eau potable (devenu un droit humain en 2010). Néanmoins, le budget alloué à la santé en part du PIB reste en-deçà des recommandations de l’OMS 75 avec seulement 4,2 % du PIB consacré aux dépenses de santé en 2013. De même, la carte sanitaire reste insatisfaisante avec un hôpital pour 500 000 habitants, alors que l’OMS préconise un hôpital pour 150 000 habitants, ce qui peut être un facteur explicatif des difficultés rencontrées dans le pays en dépit de bons indicateurs apparents. Ainsi, le taux de mortalité infantile avant l’âge de 5 ans reste élevé, avec 47,2 morts pour 1000 76 . Néanmoins, ces données doivent tenir compte des importantes inégalités d’accès aux soins, surtout entre les villes et les campagnes. La dégradation du niveau de vie dans les zones rurales est due en partie aux

74DonnéesUNICEFpour201275 L’OMS préconise une restructuration instutionnelledes dépenses pour “cibler particulièrement desmécanismesd’incitationetde correctiondumarchédutravail en milieux urbain et rural, de promotion desactivités génératrices de revenus, d’accélération de laconstruction d’infrastructures économiques et sociales,deréductiondesinégalitésdegenreetd’accèsàlaterre,aux intrants et à la formation et d’accorder plusd’attention aux régions périphériques touchées parl’insécurité.”76DonnéesBanquemondiale,2015

difficultés des populations d’accéder à du personnel de santé qualifié.

Le Sénégal dispose d’un

système de santé pyramidale répartie sur trois niveaux, national, régional et local. Le niveau national comprend sept hôpitaux nationaux à des niveaux spécialisés, tous situés à Dakar. Mais les principaux risques se trouvent surtout dans les campagnes et dans les territoires en marge, particulièrement là ou la faible productivité agricole et les prix des produits de première nécessité mettent en danger la sécurité alimentaire. De plus, ces territoires sont davantage exposés aux maladies infectieuses (paludisme, chikungunya, etc.) couplées à un manque de moyens matériels (vaccins, moustiquaire, médicaments, etc.) et humains (personnel soignant qualifié) surtout dans la santé publique, les médecins spécialisés préférant généralement exercer dans le privé.

Malgré les difficultés, le pays poursuit ses progrès, même si les objectifs en 2015 ne sont pas tous atteints. Les efforts se concentrent notamment sur la création d’un accès à la sécurité sociale pour toute la population. Avec la forte prépondérance du secteur informel, seulement 20 % de la population 77 dispose d’une couverture sociale. S’il existe déjà des mutuelles de santé communautaires, leur pénétration reste faible. Depuis 2012, Macky Sall mène une réforme pour l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et

77RapportduGIPSPSISurl’étatdelasécuritésocialeauSénégal

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76

l’instauration d’une Couverture Maladie Universelle (CMU) visant 75% de la population d’ici 2017.

1. Des inégalités renforcées par l’importante vulnérabilité aux chocs exogènes

La vulnérabilité des populations

les plus démunies est renforcée par la variabilité climatique. Situé à l’extrémité Ouest du continent africain, le Sénégal est le pays côtier le plus avancé sur la façade occidentale de l’Océan Atlantique. Il est de ce fait relativement exposé au phénomène de l’élévation du niveau des mers et donc de l’érosion côtière. D’autre part, le Sénégal est un pays de la bande sahélienne et il bénéficie d’un climat de type soudano-sahélien qui se caractérise par une relative aridité due à la baisse de la pluviométrie et à la hausse des températures.

Le climat soudano-sahélien est caractérisé par l’alternance entre deux saisons (une saison sèche de novembre à juin et une saison des pluies de juillet à octobre), une pluviométrie irrégulière et insuffisante selon les années au niveau national et aléatoire au niveau local, une végétation qui varie entre le Sud (steppe herbacée) et le Nord semi-aride (arbustes). De fait, de grandes surfaces de sols infertiles et fragiles interdisent la plupart des cultures d’exportation et rendent incertain les résultats économiques des pratiques d’intensification. La variabilité du climat se mue aujourd’hui en une véritable insécurité du fait des changements climatiques

qui risquent d’entraîner une augmentation de l’intensité et de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes tels que sécheresse, inondation ou érosion côtière. Ce phénomène est en outre aggravé par les activités humaines liées à la dynamique démographique, aux activités pastorales ainsi qu’à l’expansion des pratiques extensives et sur brûlis provoquant la disparition du couvert végétal. Outre leurs conséquences économiques, risques climatiques et environnementaux affectent également les populations les plus démunies, et cela tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Par conséquent, l’amplification de ces phénomènes sape en partie les efforts en matière de lutte contre la pauvreté.

Face à cette situation, un projet d’Intégration de l’Adaptation aux Changements Climatiques (INTAC) a été mis en œuvre entre 2010 et 2012 sous la tutelle du Ministère de l’Environnement. Si le projet a réalisé des avancées en matière de recherche sur les phénomènes climatiques et de planification et stratégies d’adaptation, le processus enclenché doit désormais s’inscrire dans la continuité sous l’égide du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable.

2.1 Un secteur agricole tributaire des conditions pluviométriques

Les cultures pluviales

représentent 96% des surfaces cultivées, contre seulement 4% de terres irriguées. Ainsi la baisse de la production agricole enregistrée ces vingt dernières années est liée à la

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77

baisse de la pluviométrie observée : le Sénégal a connu une diminution significative des ressources en eau entre les périodes 1950-1965 et 1970-1995 qui s’illustre par une baisse de la pluviométrie de 35% en moyenne 78 . D’autre part, les températures qui gouvernent les périodes culturales sont déjà aujourd’hui optimales ou sub-optimales. Par conséquent, toute augmentation de ces températures aura des effets néfastes sur les rendements agricoles. Les revenus des exploitations agricoles sont donc négativement affectés par une diminution future de la pluviométrie et par une augmentation future des températures. Toutefois, la baisse de revenu des populations rurales les plus pauvres s’accompagne également d’une hausse des prix des produits alimentaires pour les consommateurs en zones urbaines et enfin, d’un afflux de devises vers des importations de produits alimentaires. Il faut donc distinguer d’une part, les effets directs (baisse de la productivité globale des facteurs - l’utilisation de la terre – entraînant une baisse de la valeur ajoutée sur les secteurs concernés et pression sur le demande), et d’autre part, les effets indirects (modification de la production générant une modification de la distribution des revenus et modification des prix à la consommation générant une modification des comportements des ménages).

Par l’effet des relations inter branches, c’est donc tout le tissu économique qui est affecté : dans le

78RapportduPNUD(2010),DéveloppementHumainauSénégal

bassin arachidier par exemple, qui domine le secteur agricole, l’épuisement des sols et la dégradation du couvert végétal ont largement contribué à la fragilisation du milieu naturel et de l’économie locale. Or, un choc négatif sur la branche « arachide » qui constitue l’intrant principal de l’huilerie, a des effets négatifs non seulement sur l’industrie agro-alimentaire mais également sur le secteur des transports. La zone agro-écologique du Sénégal oriental (le bassin arachidier) est la zone la plus touchée par la pauvreté rurale : le taux de pauvreté représente 86,6 % de la population. Elle situe juste devant la zone sylvo-pastorale, où le taux de pauvreté représentent 69,1 % de la population et la zone de la Casamance où le taux de pauvreté représente 68,8 % de la population. La dépendance du secteur agricole aux changements climatiques souligne le risque d’insécurité alimentaire.

Ainsi, l’impact d’une sécheresse comme la « grande sécheresse » de 1968-1972, se ressentirait à la fois sur la production mais également sur la demande de facteurs et l’augmentation des prix à la consommation affecterait les ménages travaillant dans différentes branches de l’économie accentuant les poches de pauvreté. Les ménages les plus pauvres sont en effet les plus durablement affectés par les effets néfastes des changements climatiques. La perte de revenu subie par ces populations est

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78

proportionnellement la plus importante79.

2.2 La salinisation des eaux est un frein à l’accès à une ressource en eau de bonne qualité

La baisse de la pluviométrie

entraîne également la remontée des eaux de mers dans les cours d’eau et les rizières rendant une partie des terres impropres aux cultures. Le long du littoral, l’intrusion d’eaux salées menace l’agriculture ainsi que l’approvisionnement en eau douce. En effet, on observe dans les régions agricoles, une dégradation progressive 79Auseinduquintilelepluspauvres(caractériséparunrevenu très faible, souvent inférieur à 1,25$ par jour)troisquartsdesrevenusoudesactivitésgénératricesderevenussontvulnérablesauxchocsclimatiques.Celaestlié au fait que 56% du quintile le plus pauvre travailledansl’agricultureoul’élevagedesubsistance.Orcesontles activités les plus vulnérables en cas d’absence deprécipitationsoudeprécipitationsplus faibles.Lapertederécoltesoud’unseulanimalpeutencecasavoirdesconséquences relativement graves puisqu’il n’existeaucunemargepourcesménages.

des sols en raison de la disparition d’une grande partie de la végétation

confrontée à un déficit d’eau. Ce déficit d’eau est en partie lié à un phénomène de salinisation par intrusion d’eau de mer et à l’évaporation excessive générant une précipitation des sels à la surface des sols. Ce phénomène peut entraîner une acidification extrême des sols jusqu’à parler de « sols sulfatés acides », particulièrement redoutée dans les deltas du Saloum et de la Casamance. La salinité des sols dans les zones côtières pose ainsi un problème supplémentaire en termes de sécurité alimentaire.

D’autre part, la salinisation entraîne la diminution des ressources en eau douce puisque l’élévation du niveau des mers va conduire à une diminution de la recharge des nappes phréatiques et une très nette progression de l’intrusion saline. Toutes les ressources hydriques, souterraines ou superficielles sont affectées. L’estuaire de Saloum, dont la principale nappe phréatique est le

0 10 20 30 40 50 60 70 80

GRAPHIQUE 28 : POURCENTAGE DE LA POPULATION AFFECTEE PAR LES CHANGEMENTS ECOLOGIQUES, PAR SECTEUR ET PAR SOURCE DE REVENUS

Quintile le plus pauvre Quintile le plus riche

Source:BanqueMondiale

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Continental Terminal, est particulièrement affecté par ce phénomène.

Ainsi l’impact climatique sur les

ressources en eau est bien une réalité vécue au Sénégal. Il est accentué par d’autres dynamiques liées aux activités humaines comme une démographie en hausse qui entraîne un accroissement de la demande rapide, ou encore l’aménagement du territoire mal appliqué à l’urbanisation spontanée, la pollution des eaux due à l’absence d’assainissement urbain et aux rejets des eaux usées agricoles ou industrielles. La raréfaction de la ressource en eau risque d’entraîner un véritable stress hydrique pour le pays qui concernerait 250 millions de personnes en Afrique 80 . Couplé à la hausse de la demande, cette situation pourrait avoir des effets néfastes sur les moyens d’existence : aggravation des problèmes d’accès à l’eau, insécurité alimentaire. Enfin, la hausse du niveau des mers risque d’entraîner un coût d’adaptation très élevé notamment pour les côtes basses à forte population. Or la zone côtière est déjà confrontée aux effets de l’urbanisation et à la dégradation des ressources (impact des inondation et surexploitation des ressources marines)

2.3 Les inondations, un risque majeur en zone urbaine qui affectent les populations les plus pauvres vivant dans les zones d’habitats informels

Les inondations sont une source de préoccupation considérable. Elles

80GIEC,2010

constituent le principal défi auquel les villes du Sénégal sont confrontées, et ce particulièrement dans la zone urbaine de Dakar, où 49 % des logements sont concernés par les dommages. Dans la capitale, la menace d’inondation s’est amplifiée depuis les années 1970 jusqu’à devenir une réalité permanente pour les populations les plus pauvres. Les périodes de sécheresse ont entraîné un exode rural vers les centres urbains. Cette urbanisation galopante a donné lieu à l’émergence de zones d’habitats informels dans les quartiers les plus vulnérables et inondables à faible élévation. L’habitat informel concerne 25 % de l’habitat urbain et plus particulièrement 30 % des superficies habitées de Dakar81. Enfin, cette urbanisation a entraîné une demande élevée de construction d’édifices et d’infrastructures routières qui ont compromis le système de drainage de la ville. En effet, la mise en place d’équipements publics et d’infrastructures comme l’installation de réseaux, nécessite des démolitions d’habitations et des déplacements de personnes. Couplé à l’habitat informel, le manque d’assainissement des lieux de vie (65 % en milieu urbain et 34 % en milieu rural82) et la faible gestion et évacuation des eaux, favorisent la recrudescence des maladies hydriques (choléra) et parasitaires (paludisme). Seulement sept centres urbains sont fournis en assainissement collectif des eaux usées et seules

81ComitéNationalHabitatIIetONU-Habitat,200482 Donnée Banques Mondiales, 2015. Le tauxd’installations d’assainissement amélioré est calculé en%delapopulationyayantaccès.LeSénégalseplaceàlaseconde place de la région après la Gambie mais celareprésente tout de même 20 points de moins que lamoyennemondiale(47,5%vs67,5%)

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80

Dakar et la station balnéaire de Saly sont dotées d’installations complètes d’assainissement collectif83. En 2009 par exemple, les inondations de Dakar ont touché plus de 360 000 personnes dont 33 000 familles de la banlieue de Dakar, soit 11 % de la population de la région. Elles ont causé des dommages et des pertes estimées à 103 millions de dollars. Les secteurs les plus affectés par les inondations sont le logement, la santé, l’agriculture, l’éducation et le transport. Les inondations de 2009 ont entraîné une baisse du taux de croissance estimée à 0,07 %. L’impact économique des inondations est particulièrement dans les collectivités locales qui ont subi une perte de plus de 10 % du budget prévisionnel de 2009. De plus, les villes sénégalaises n’ont pas les moyens de financer le développement urbain malgré le transfert de compétences. Elles font face à un véritable déficit non seulement en matière d’infrastructures de drainage de eaux pluviales et d’assainissement des eaux usées mais également en matière d’équipements sociaux (école, structures de santé, marchés, cimetières).

« Le financement de l’urbanisation au Se ́ne ́gal est entrave ́ par le fait que

l’informel, dominant les activite ́s e ́conomiques, est faiblement fiscalise ́.

Aussi, la de ́centralisation se caracte ́rise par un transfert de compe ́tences de l’E ́tat vers les collectivite ́s locales, qui n’est pas accompagne ́ d’un transfert

conse ́quent de ressources ».

ONU-Habitat, 2012

83 Installation complète d’assainissement collectif :réseaux,stationsderelèvement,stationsdetraitement.

2.4 Le secteur du tourisme face à l’urgence de l’érosion côtière

Aujourd’hui, avec l’élévation du niveau marin, 25 % du littoral sénégalais est considéré comme étant à haut risque d’érosion côtière. Avec l’urbanisation croissante et l’extraction de sable, rendant le littoral encore plus vulnérable, ce chiffre devrait tripler pour atteindre 75 % du littoral à haut risque à l’horizon 2080. L’industrie touristique connaît aujourd’hui une difficulté majeure : la disparition des plages, attraction touristique la plus importante du pays. La disparition des plages est majoritairement liée à l’érosion côtière et à l’accroissement des constructions sur le littoral. De plus, il n’existe que peu de mesures de protections du littoral. Durant la dernière décennie, l’arrivée de touristes n’a cessé de diminuer84.

C’est le cas de la petite station balnéaire de Saly, dont l’activité économique dépend entièrement de la plage. Une étude commandée par le Ministère de l’Environnement et de la Préservation de la Nature datant de 2011, a souligné la vulnérabilité du secteur touristique de la villes : la baisse de l’activité touristique ne nuit pas seulement à l’économie locale mais également à l’économie nationale. Par ailleurs, la pêche, pilier de l’économie sénégalaise et élément essentiel tant sur le plan social

84Néanmoins, en l’absenced’études fiables et fautededonnées publiques, il est difficile de conclure quel’érosionest,dansune largemesure, responsabledu ledéclindutourismebienquelacorrélationsembletoutàfaitepertinente.

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qu’alimentaire, est également très largement affecté du fait de la surexploitation des ressources halieutiques et de l’élévation du niveau marin. L’érosion côtière, le réchauffement des eaux océaniques et la modification des processus de remontée d’eau contribuent à la destruction des habitats côtiers (submersion des estuaires à mangroves, zones marines côtières de basse profondeurs) qui ne peuvent plus remplir leur fonction nourricière pour de nombreuses espèces (sardinelles, ethmaloses, pomadasys, mérous, etc.).

2.5 Déforestation et pollution marine : l’Etat sénégalais face à la dégradation de l’environnement

L’économie sénégalaise est très

fortement marquée par sa vulnérabilité aux chocs exogènes. Si le pays a connu une croissance importante entre 2006 et 2009 avec un taux de croissance de 5 % par an en moyenne, les crises financières, énergétiques et alimentaires ont ralenti la croissance du PIB en 2011. Les secteurs énergétique et agricole, comme cela a été expliqué en première partie, sont primordiaux mais ils sont également les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre : 49 % pour le secteur énergétique et 37 % pour l’agriculture 85 . Ils sont donc stratégiques dans le cadre de la résilience économique et sociale de l’Etat et présentent d’importantes opportunités dans le contexte d’une économie verte.

85MEPN,Communicationnationale,2010.

Dans le domaine énergétique, ce sont les sous secteurs de ménages, des industries et des transports qui émettent le plus de gaz à effet de serre et contribuent donc le plus à la dégradation de l’environnement. Les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole sont principalement générées par l’industrie forestière. Elle représentait en 2007, 37 % des émissions globales du pays86. La lutte contre la déforestation et la dégradation des terres est donc une priorité au Sénégal qui est dans la région, l’un des pays les plus émetteurs de dioxyde de carbone 87 après le Nigéria et le Ghana et l’un des pays dont la tendance à la déforestation ces quinze dernières années, est la plus importante88. A cet égard, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable a mis en place plusieurs instruments notamment grâce à plusieurs programmes d’aménagement participatifs de forêts 89 . Dernièrement, lors du lancement de la première Conférence nationale sur le développement durable, Macky Sall a annoncé l’interdiction officielle de l’abattage des forêts sur tout le territoire national, jusqu’au rétablissement du couvert végétal aujourd’hui surexploité. D’autre part, la pollution marine représente également un important problème : l’écorégion WAMER (Western African Marine Ecoregion) est

86GIEC,200787DonnéesBanqueMondiale,201388DonnéesBanqueMondiale,201389LeProgrammedeGestionDurableetParticipativedesEnergies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDE),Programme pour la protection des énergiesrenouvelables, de l’électrification rurale et del’approvisionnementencombustible(PERACODE),etc.

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l’une des zones les plus poissonneuses du monde. Au Sénégal, compte tenu du fait que deux tiers de la population du pays vit sur le littoral, ce réservoir halieutique joue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire : le poisson constitue l’apport principal en protéine animal. Néanmoins, la surexploitation des ressources, du fait de la mauvaise gestion et conservation des ressources maritimes et côtières pose un véritable problème. Cette situation accentue donc la pauvreté en menaçant la sécurité alimentaire d’une grande partie de la population. Face à cela, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable a mis en place plusieurs zones marines protégées90. Elles ne constituent pas un espace où l’exploitation des ressources est interdite mais un espace de restriction visant à respecter une exploitation durable des ressources. En parallèle, le PNUD et WWF WAMER ont développé en 2012 un projet portant sur la gouvernance, les politiques de gestion des ressources maritimes et la réduction de la pauvreté dans l’écorégion.

2. La fragilisation des frontières : présence de l’Etat et capacité de contrôle du territoire

3.1 Vers une résolution du conflit en Casamance

Le conflit en Casamance est un

conflit armé qui, depuis 1980, oppose

90 "Tout espace intertidal ou infra tidal ainsi que des eaux sus-jacentes, sa flore, sa faune et ses ressources historiques et culturelles que la loi ou d’autres moyens efficaces ont mis en réserve pour protéger en tout ou en partie le milieu ainsi délimité" (UICN)

l’Etat sénégalais à un mouvement séparatiste revendiquant l’indépendance de la Casamance. Ce conflit de basse intensité persiste depuis 30 ans, ce qui en fait le conflit le plus long que n’a jamais connu le continent. Aujourd’hui, si le gouvernement prétend être prêt à entamer des négociations de paix, le conflit se trouve dans un état « de ni paix ni guerre » 91 , bloqué dans l’impasse et sans véritable solution en vue.

Pour comprendre le conflit, il faut remonter à la fin des années 1970, qui étaient marquées par une explosion démographique, une sécheresse importante et une crise financière, accompagné par des Plans d’ajustement structurel du FMI avec comme effet un exode rural massif vers Dakar. Ces conditions ont surtout eu un effet dévastateur en Basse Casamance, une terre pourtant fertile (« le grenier du Sénégal »), travaillée par des riziculteurs. Face à un sous-emploi important, au vide politique et au silence du gouvernement, le mécontentement des Casamançais se tourne vers les « Nordistes » et le PS et se nourrit d’un discours identitaire casamançais, une terre principalement habitée par l’ethnie des diola. En effet, jusqu’en 1939, la Casamance a été gérée en tant que colonie à part entière et n’était rattachée au territoire sénégalais qu’après la Deuxième Guerre Mondiale. Les Casamançais sont connus pour leur rébellion contre la mainmise de l’administration coloniale française. C’est pour cela que le conflit a longtemps été abordé

91Musila,2015

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comme un conflit ethnique. Or, en réalité, il n’existe pas de consensus interethnique dans la région, mais l’identité casamançaise se définit plutôt par rapport à l’appartenance à un territoire séparé (coupure gambienne) et par sa marginalisation, victimisant les groupes casamançais92.

En 1980, la région est ébranlée par des manifestations lycéennes qui se traduisent par des grèves contre les insuffisances des infrastructures scolaires. Le conflit armé éclate en 1982 : suite à une marche à Ziguinchor, le Mouvement des Forces Démocratiques (MFDC) réclame l’indépendance de la Casamance. Cette marche est réprimée et entraîne l’arrestation de l’Abbé Diamacoune Senghor, leader du MFDC. Après des affrontements violents en 1990 entre l’armée et les séparatistes dans toute la Casamance maritime (pays Joola) se sont enchaînés plusieurs cessez-le-feu qui n’ont pourtant pas contribué à la fin du conflit. Aujourd’hui, la Casamance reste une région marginalisée avec une faible emprise des structures étatiques.

Comment s’explique cette persistance du conflit et les obstacles à la paix ?93

Premièrement, il s’agit

aujourd’hui d’une rébellion affaiblie. D’une part, le MFDC a perdu ses soutiens intérieurs. Le mouvement indépendantiste a largement perdu la connexion avec les préoccupations quotidiennes des populations qu’il veut pourtant présenter. Le MFDC propose comme unique solution

92Dramé,200693Marut,2014

l’indépendance. Les comportements des maquisards eux-mêmes, la corruption, et les divisions sanglantes internes ont discrédité le MFDC. D’autre part, le MFDC a perdu ses soutiens extérieurs. Après le règlement du contentieux territorial entre Bissau et Dakar dans les années 1990, le MFDC a perdu le soutien de la Guinée-Bissau, qui soutenait le mouvement à cause du contentieux. Ensuite, le soutien de la Gambie s’explique par l’expérience malheureuse d’une confédération séné-gambienne imposée par le Sénégal dans les années 1980. Néanmoins, le soutien de la Gambie reste limité à cause de sa taille et de l’enclavement du pays. Ensuite, le conflit apparaît aujourd’hui comme une guérilla isolée. Aujourd’hui, seul le groupe de Salif Sadio et un groupe de dissidents (sous la direction de Gnantang Diatta) résistent à l’armée sénégalaise. Enfin, le mouvement est divisé : la division du mouvement entre « modérés » et « rebelles » reste un vrai problème.

En deuxième lieu, l’Etat sénégalais profite d’une position de force. Il bénéficie d’une maitrise militaire : il s’agit d’un conflit asymétrique. Les forces gouvernementales continuent de contrôler la plupart de la Casamance, aucun objet stratégique n’a jamais été véritablement menacé (les villes ou Cap Skirring). L’Etat a joui d’une maitrise politique : il réussit à délégitimer le discours indépendantiste en soutenant des rebelles qui n’étaient pas convaincus. L’investissement dans des infrastructures et les moyens de communication contribuent également au renforcement de l’Etat.

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Il bénéficie également d’une aide extérieure conséquente. Dakar a su se positionner dans une situation stratégique pro-occidentale.

CARTE3: CARTEDELACASAMANCE

Source:CourrierInternational

3.2 La position géostratégique du Sénégal, pays de transit, impose un contrôle nécessaire des frontières

L’Afrique sub-saharienne est

l’une des régions les plus exposées au terrorisme. Néanmoins, près de 80 % des attaques terroristes qui ont eu lieu dans cette région se sont déroulées principalement dans deux pays : le Nigéria et la Somalie (AON).

Récemment, le Mali, pays limitrophe, a subi une attaque terroriste dans sa capitale alors qu’habituellement, les groupes terroristes agissaient surtout au nord du Mali, une région reculée et à la frontière algérienne. Dès lors, le Sénégal est un pays exposé à ces

menaces, et ce, en dépit d’un Islam confrérique bien ancré dans la société civile sénégalaise. En effet, le terrorisme demeure un risque exogène car présent dans des pays de la région (Nigéria), voire limitrophes (Mali). Le Sénégal est une cible potentielle : l’action des terroristes s’étend de plus en plus vers ses frontières. Régulièrement, patrouilles sénégalaises et patrouilles maliennes surveillent la zone frontalière pour prévenir de toute entrée de terroristes et de toute attaque. Le terrorisme ambiant au Mali menace d’autant plus le Sénégal qu’il est son premier partenaire commercial de la région. La situation du Mali impacterait donc aussi sur l’économie sénégalaise. Par ailleurs, pour ne pas provoquer de nouveau une crise diplomatique comme ce fut le cas avec la Guinée lors de l’épidémie d’Ebola, le Sénégal aurait intérêt à ne

Encadré8:Chronologiedesévénements1980 : grèves contre les insuffisancesd’infrastructurespédagogiques1982:leMFDCrevendiquel’indépendance31/ 05/ 1991 : premier cessez-le-feu entre legouvernementetleMFDCàBissau10/1995:quatretouristesfrancaisesdisparaissentenCasamance→accusationréciproque26/12/1999:2èmecessez-le-feuàBanjul16/03/2001:3èmecessez-le-feu30/12/2004 : « accord de paix » signé entre leMinistre de l’Intérieur Ousmane Ngom etDiamacouneSenghor→accalmie17/01/2007 : l’abbé Diamacoune Senghor meurt àParis06/10/2009:sixmilitairestuésdansuneembuscadeprèsdelafrontièreguinée-bisauénne2015:groupederéflexionpourlapaixenCasamance(GRPC)misenplaceparMackySall

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pas fermer ses frontières avec le Mali qui fait aussi partie de la CEDEAO et qui défend la libre circulation des biens et des personnes.

Dans sa stratégie d’endiguement de la menace terroriste, le chef d’Etat sénégalais appelle au soutien des chefs religieux, de sorte à pouvoir « encadrer » la population, il appelle également à plus de coopération entre les Etats africains, mais aussi à l’adoption d’une « sécurité préventive ».

Dans le cas du Nigéria par exemple, l’action du groupe terroriste Boko Haram se focalise surtout à l’échelle locale, souhaitant ainsi miner l’autorité du gouvernement nigérian. Cependant, le groupe étend son action dans les pays voisins comme le Niger ou le Tchad. Quant à la question malienne, elle constituait un des axes du gouvernement sénégalais dans sa politique de lutte contre le terrorisme, via l’application d’une « sécurité préventive » ou encore l’organisation du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique. Le Sénégal a par ailleurs contribué à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Le Sénégal a effectivement été menacé en 2013 par les groupes terroristes actifs au nord du Mali.

Cette intervention, s’inscrit pleinement dans le droit international que le gouvernement sénégalais s’efforce d’appliquer, notamment via la Charte des Nations Unies. En envoyant ses troupes au Mali en 2013, un « pays frère », dans le cadre de la

mission MINUSMA, le Sénégal prône des valeurs universelles et participe au « [maintien] de la paix et de la sécurité internationales » et peut ainsi faire valoir le respect et l’application du droit international dans sa politique extérieure. Il s’agit effectivement d’une stratégie permettant au gouvernement sénégalais de rayonner tant sur la scène internationale, de se positionner au sein des Organisations Internationales (OI) et ainsi, de légitimer par exemple sa candidature en tant que membre non-permanent du Conseil de Sécurité des Nations-Unies.

Ces valeurs universelles, le Sénégal les prônent également en se plaçant au premier plan du procès de l’ancien Président tchadien, Hissène Habré, accusé de crimes contre l’humanité. En effet, le Sénégal est à l’initiative de l’instauration d’un tribunal spécial alors en accord avec l’Union Africaine (UA), alors que, habituellement, ce genre d’affaires est géré par la Cour Pénale Internationale (CPI).

Pour pouvoir endiguer le

terrorisme transnational qui sévit dans lé région, la coopération militaire entre les pays limitrophes mais aussi entre ensembles communautaires est primordiale. Par ailleurs, le partage et la circulation des informations des Etats touchés et menacés par le terrorisme sont le pendant de cette coopération. La Commission du Bassin du Lac Tchad et du Bénin (coopération entre armées tchadiennes, nigérianes, nigériennes et camerounaises) est à ce titre un exemple pertinent de coopération interétatique.

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Le gouvernement sénégalais a également mis en place le plan « Kaaraange » dans lequel la police et la gendarmerie sénégalaises travaillent conjointement avec l’aide de la France afin de détecter et prévenir les actes terroristes. Dans la lutte contre le terrorisme, le gouvernement sénégalais collabore aussi avec les Etats-Unis qui, à travers son programme d’aide à la lutte contre le terrorisme (Antiterrorism Assistance Program, ATA), fournissent du matériel et forment les forces armées. ATA a permis la création d’une unité d’enquête sur la cybercriminalité en travaillant conjointement avec la police sénégalaise.

Néanmoins, il demeure des points de passage aux frontières qui peuvent échapper à la surveillance des autorités, facilités par le piteux état des infrastructures transfrontalières.

Le Sénégal est une zone de transit pour les flux de toutes sortes depuis quelques années (i.e trafics d’armes entre la Gambie et la Casamance). Malgré une certaine stabilité et un contrôle des frontières, le Sénégal pourrait rencontrer quelques tensions avec ses pays voisins, facteurs d’instabilité pour le pays. Malgré la présence et l’action des autorités compétentes en matière de criminalités transnationales organisées, les frontières sénégalaises demeurent relativement poreuses.

C’est effectivement par le Sahel que les drogues sud-américaines, comme la cocaïne, transitent afin de pénétrer le marché européen. En

moyenne, près de trente tonnes passeraient par cette zone chaque année. D’après l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC - Dakar), en 2012, le trafic de cocaïne représentait 900 millions d’euros de bénéfices en Afrique de l’Ouest. En tant que point de passage, l’aéroport de Dakar voit par exemple de la cocaïne en provenance du Brésil, transitant par le Cap Vert (2,23 tonnes recensées par l’ONUDC en 2012), avant d’être acheminée vers les pays européens.

La Casamance est également un point de passage pour les drogues venues de Guinée-Bissau, principal comptoir régional de la cocaïne, par le biais de « mules » et de passeurs (maliens, nigérians, bissau-guinéens, etc.). La frontière entre les deux pays fait l’objet d’une surveillance particulière par l’Office Central pour la Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS), en coopération avec la police et la gendarmerie. Les brigades de l’ORCTIS sont ainsi présentes aux frontières : deux à Rosso, deux à la frontière avec la Gambie, une à Kounkané et une autre à l’aéroport de Dakar. Par ailleurs, le Sénégal, et plus particulièrement la Casamance et la région de Kédougou, dans l’Est du Sénégal, est aussi producteur d’une drogue appelé le « chanvre indien » qui est exporté dans les pays voisins comme la Gambie. La proximité de la région casamançaise avec l’Etat enclavé facilite le trafic transfrontalier, dans lequel participent des pêcheurs.

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87

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EVALUATION DES RISQUES

ET SCENARII 3

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Des défis encore nombreux sur la voie du développement

Notre diagnostic et notre grille de notation ont pu illustrer les efforts considérables que l’État sénégalais entreprend pour semer les germes du développement. Il n’en demeure pas moins que les contraintes structurelles, trop importantes, fragilisent toutes les tentatives supposées conduire le pays vers une croissance pérenne.

MATRICE1:MATRICEDECRITICITE

Le Sénégal est aujourd’hui un pays stable au potentiel de développement élevé. Il se situe à un moment crucial de sa trajectoire de développement. Le Sénégal reste cependant marqué par de profondes contraintes structurelles qui entravent

son processus de décollage et qui maintiennent le pays à un niveau de risque élevé pour les investissements. La crise énergétique, le manque d’accès aux financements, la persistance de la pauvreté accentuée par de profondes inégalités et

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l’absence d’un tissu productif de qualité sont autant de freins à la croissance.

Une bonne partie des sources de criticités auxquelles le pays est exposé ne sont pas pour le moment en mesure de le déstabiliser de manière durable mais nécessitent la plus haute attention. Le pays reste particulièrement vulnérable aux chocs exogènes vis-à-vis desquels il dispose de peu de marges de manœuvre. L’exposition aux aléas climatiques et à la volatilité des cours des matières premières constitue un facteur de risque à même de ralentir sensiblement la lutte contre la pauvreté et le processus de développement économique.

Contrairement à ce que donne à voir la stratégie promue par le gouvernement – et par les régimes successifs au cours des dernières décennies – le processus de développement n’est ni automatique, ni linéaire. Il s’agit en revanche d’une dynamique de long terme reposant sur des vecteurs d’émancipation vis-à-vis de la dépendance extérieure qui aujourd’hui demeure la principale source de vulnérabilité du pays. Au-delà des objectifs affichés par le Plan Sénégal Émergent l’évolution des facteurs de risques pesant sur le pays dépendra de sa capacité à pérenniser une dynamique de croissance inclusive dans le temps long. Cela nécessite donc de recontextualiser, aux vues des risques identifiés, la trajectoire du pays et les défis auxquels il se trouvera probablement confronté à moyen terme.

Une stratégie d’investissement à double tranchant

La stratégie de développement du gouvernement actuel repose sur une concentration de l’investissement public durant la période initiale de mise en œuvre du PSE. Cette stratégie pourrait mettre en péril l’équilibre des finances publiques à moyen terme si les objectifs de croissance ne se matérialisaient pas. En effet, la dynamique de croissance sera essentielle afin de garantir à l’Etat les ressources nécessaires au financement des investissements ultérieurs tout en maintenant ses engagements en termes de réduction des déficits et de maintien de la trajectoire d’endettement. En outre, au Sénégal les projets d’investissement sont généralement assortis de surcoûts. Or, la stratégie d’investissement du PSE s’accompagne d’une politique budgétaire restrictive du fait de l’engagement des autorités visant à maintenir l’endettement du pays à un niveau viable, il y a donc là un facteur de risque. Cet engagement repose sur un certain nombre de mesures budgétaires dont la mise en œuvre sera nécessaire mais probablement insuffisante en cas de dérapage des dépenses associé à une croissance trop faible. Le gel des dépenses courantes en termes réels ainsi que l’élargissement de l’assiette fiscale escomptés de la réforme du Code Général des Impôts sont censés permettre de dégager les marges de manœuvre nécessaires au financement des investissements.

Par ailleurs, les projets d’investissement ne se concrétiseront pas immédiatement sous forme de

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capacité productive. En effet, les multiplicateurs budgétaires et la capacité d’absorption sont relativement limités au Sénégal. Les effets des investissements publics sur la croissance y sont donc structurellement limités. Bien que la mise en place d’une réserve de précaution vise à conditionner le financement des projets à l’obtention d’études de faisabilité sérieuses afin de limiter les dépenses inefficaces, le PSE – comme les précédentes stratégies de développement - ne semble pas tenir pleinement compte de ce paramètre récurrent. Les gains de croissance escomptés devraient être limités tant que des contraintes pèseront sur l’offre et les facteurs de production. L’expansion du secteur informel, le manque d’accès aux financements, la faiblesse du capital humain, la mauvaise qualité des infrastructures de transports et d’énergie sont autant de facteurs qui ralentiront les projets ambitieux du gouvernement.

Ainsi, des rentrées fiscales inférieures aux prévisions du fait d’une croissance moins dynamique qu’espérée tout comme les éventuels surcoûts que pourraient comporter les investissements publics pourraient déstabiliser l’équilibre des finances publiques et raviver les risques d’instabilité extérieure. Dans un tel cas, le Sénégal se trouverait contraint de recourir à l’emprunt – notamment non concessionnel - risquant ainsi de déroger à l’ancrage sur la dette. Le pays a par ailleurs notifié au FMI sa volonté d’émettre deux nouvelles euro-obligations en 2015 - 2016 pour un montant d’un milliard de dollar. Toutefois, cela suppose que le Sénégal puisse continuer à se refinancer sur les marchés. Or, si les investisseurs

venaient à perdre confiance dans la capacité du pays à honorer ses engagements cela se traduirait par un renchérissement du coût de l’emprunt et exposerait davantage le pays à un risque de surendettement. Aussi, la situation mondiale a-t-elle une influence sur les conditions d’accès du Sénégal aux marchés financiers. L’arrêt des politiques monétaires non conventionnelles dans les pays avancés pourrait ainsi se traduire par un durcissement des conditions d’endettement du Sénégal sur les marchés internationaux compte tenu de son caractère de novice face à ce type d’instruments.

Réformer l’environnement des affaires pour libérer le potentiel de croissance.

La poursuite des réformes visant une amélioration de l’environnement des affaires sera donc essentielle afin de pouvoir attirer davantage d’IDE et libérer ainsi le potentiel de croissance du pays. Ces réformes ne pourraient être efficaces sans une amélioration qualitative et quantitative de l’offre de services de transport et du secteur électrique. A ce sujet, la diversification du mix énergétique s’avère être une priorité afin de réduire le coût de production de l’électricité, aujourd’hui dépendant des énergies fossiles. Le développement des énergies renouvelables permettrait de prendre en compte l’impact des changements climatiques tout en réduisant la vulnérabilité du pays à l’évolution des cours du pétrole et ainsi, à l’Etat, de réaffecter les économies à des secteurs prioritaires. La privatisation de la SENELEC pourrait par ailleurs être un défi pour les autorités compte tenu de leur incapacité à gérer techniquement

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et financièrement cette société. Toutefois, la mise en œuvre de telles réformes d’envergure nécessite du temps. De fait, l’objectif affiché d’une croissance durable à hauteur de 7-8% du PIB ne sera probablement pas rempli à l’horizon 2018. Le gouvernement estime que la concentration des projets phares sur la période initiale conduira à un sursaut immédiat de l’économie grâce à un regain de l’investissement privé et des IDE, ce qui est relativement peu probable.

Dépasser les plans d’orientations stratégiques…

Le Sénégal est attaché aux effets d’annonce et à la production incessante de documents-cadres qui s’enchaînent sans réellement poser les bases qui permettront à l’économie du Sénégal de prospérer de manière durable. Même si le Programme National de Bonne Gouvernance (PNBG) a su cataloguer les failles de l’administration publique sénégalaise, l’État ne promeut pas réellement une gouvernance sectorielle, notamment dans les domaines clefs comme l’éducation, la santé ou encore l’environnement. En effet, le PAQUET dont l’objectif est de mettre en place une réelle transparence et diffuser des questions d’éthique dans différents secteurs considérés comme moteurs du développement se contente de répertorier plusieurs stratégies sans réellement déterminer la marche à suivre pour pallier les difficultés qui piétinent les avancées dans ces domaines. Il faudrait donc que le Pays se dote d’une stratégie qui ne serait pas seulement le produit d’accords et de compromis avec les bailleurs de

fonds et les organisations internationales mais qui pourrait être appropriée par l’ensemble de la société et des entreprises sénégalaises tant les objectifs et les résultats seraient à la portée de tous.

…Au profit de réformes structurelles

Dans cette optique, les réformes promues par le PSE se concentrent essentiellement sur des aspects administratifs et se contentent de donner de grandes orientations pour le développement du pays. Il perd ainsi de vue la dimension microéconomique qui s’avère pourtant centrale dans le processus de transformation structurelle qu’il entend promouvoir. Les PME, qui représentent 90% du tissu productif sénégalais bénéficient seulement au titre du PSE d’une baisse de l’impôt sur les sociétés de 5 points et d’un accès privilégié aux fonds mis en place afin de faciliter l’accès de ces entreprises aux financements. Or l’émergence du pays dépendra en partie de la participation et de la capacité de la population et des entreprises nationales à s’approprier la stratégie de développement mise en œuvre par le gouvernement. Des réformes structurelles s’avèrent nécessaires afin d’associer les entreprises au processus de l’émergence. Le Sénégal doit s’atteler à lever un certain nombre d’obstacles pesant sur le développement du secteur financier. Ainsi, les banques pourront financer de façon plus importante les PME et le secteur privé, en général.

Il est important que les industries locales participent à ce changement.

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Or, la majorité des grandes entreprises opérant aujourd’hui au Sénégal sont étrangères. Il serait ainsi intéressant d’envisager la formation de joint-ventures entre entreprises locales et étrangères afin de favoriser notamment les transferts de technologies, sur le modèle des dragons asiatiques. Aussi, Etant donné la place importante que le secteur privé tient dans la stratégie d’émergence du Sénégal, la place des partenariats Public-Privé dans les marchés sénégalais devrait être maintenue et encouragée.

Cependant, il apparaît que la bonne mise en œuvre des PPP est conditionnée à la transparence des appels d’offre pour favoriser un climat de confiance pour les investisseurs nationaux et étrangers. Les financements par les PPP semblent être une alternative intéressante face à la baisse tendancielle des aides publiques au développement et aux limites des prêts concessionnels. Ainsi, un accroissement de l’investissement privé au Sénégal est intrinsèquement lié à la nécessité de réformer l’environnement des affaires.

L’émergence sera ainsi conditionnée aux politiques industrielles mises en œuvre et à la volonté du gouvernement d’accompagner les entreprises nationales vers le développement.

Vers une croissance inclusive

Il est primordial de mettre en place des logiques de gouvernance plus inclusives, prenant en compte les doléances réelles de la population et intégrant chacun des citoyens sénégalais dans le processus de

développement. Pour cela, l’État sénégalais devra redoubler d’effort en ce qui concerne l’alphabétisation de tous, la procuration d’un emploi décent et l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base comme la santé. Cela pourrait ouvrir les perspectives d’éradication de la pauvreté dans un horizon un peu plus certain. Que ce soit au niveau local ou au niveau national, des disparités bien trop alarmantes sont encore recensées à tous les niveaux ce qui met la barre très haute en matière d’implémentation des réformes et de suivi de leur bonne exécution.

L’un des principaux défis pour le Sénégal consiste à réduire la fracture territoriale. Pour cela il faut que le gouvernement et les administrations parviennent à coordonner les politiques publiques d’amélioration notamment des conditions de vie des populations. Dans certaines régions du Sénégal les OMD ne sont pas remplis en termes de pauvreté, d’éducation, d’accès à la santé et aux infrastructures de base tels que l’assainissement. Pour atteindre l’Éducation Pour Tous, le gouvernement devrait œuvrer en faveur d’une meilleure qualité d’éducation et notamment à travers la formation des enseignants et faire en sorte à ce que l’accès dans des milieux ruraux soit garanti. Enfin, il faudra s'assurer d'une adéquation entre l'offre et le besoin de formation pour le marché du travail sénégalais.

Concernant la santé, il est souhaitable qu’une extension de la sécurité sociale et de la Couverture Maladie Universelle puisse être élargie

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aux travailleurs du secteur informel, qui sont majoritaires au Sénégal. De plus, le pays doit poursuivre sa trajectoire en termes de réalisation des objectifs du millénaire pour la santé (OMD 4, 5 et 6), notamment par des efforts de déploiement d’un meilleur maillage sanitaire du territoire, ainsi que par l'augmentation du nombre de personnels soignants formés. Il faudra porter une attention particulière à l’évolution de la mortalité infantile à moins de 5 ans par des mesures concrètes de protections des mères et des enfants, ainsi qu’aux deux risques fondamentaux que sont l’insécurité

alimentaire et les maladies infectieuses telles que le paludisme ou le VIH.

Enfin, pour résoudre le conflit en Casamance, il faudra une vraie volonté politique de la part de l’État sénégalais. Le groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC) mis en place par Macky Sall cette année va dans le bon sens mais les étapes à franchir pour parvenir à un compromis restent nombreuses.

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Matrice SWOT

MATRICE2:SWOT

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Scenarii

Scénario stable

Le scénario stable, que nous

estimons à 70% envisage une

réélection de Macky Sall pour un

second mandat. L’implémentation des

réformes est assurée sur la base du

calendrier prévu et l’endettement est

maîtrisé. Malgré son volontarisme,

l’Etat parvient difficilement à gérer la

crise énergétique et la vulnérabilité

environnementale qui a des

répercussions négatives sur

l’agriculture et les conditions de vie

des populations freinant ainsi la lutte

contre la pauvreté. Aussi, à moyen

terme, les réformes permettent

difficilement de lever les contraintes

qui pèsent sur les potentiels de

croissance du Sénégal et à générer

des effets d’entraînement positifs sur

l’économie ne favorisant pas, ainsi, la

réduction des inégalités.

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Scénario optimiste

Le scénario optimiste, que nous estimons à 10%, prévoit une tendance durable des cours pétroliers à la baisse, permettant ainsi de limiter le déficit courant et de soutenir le commerce extérieur. Ces évolutions contribuent à stimuler la croissance du Sénégal et donnent lieu à un arrêt des subventions à l’électricité. Grâce à une meilleure maîtrise des finances publiques, des ressources sont dégagées pour les investissements.

A plus long terme, la réussite des réformes poursuivies par le PSE permettent l’amélioration du climat des affaires et le déblocage du potentiel de croissance par une plus grande productivité de l’économie. Ainsi, le Sénégal réussit à réduire les inégalités sociales et territoriales. Il s’engage alors dans un cercle de croissance vertueuse qui lui permet de s'affirmer en tant que modèle de réussite au niveau régional et de poursuivre sa stratégie de rayonnement à l’international.

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Scénario pessimiste

Le dernier scénario, estimé à 20% envisage que plusieurs obstacles se dressent contre la bonne conduite du PSE. Les acteurs du jeu politique au Sénégal résistent au changement. Les réformes entreprises tardent ainsi à être mises en œuvre et la croissance reste inférieure aux objectifs poursuivis par les autorités. Le Sénégal peine alors à se refinancer et accumule les arriérés de paiements aussi bien sur ses créanciers nationaux qu'internationaux. La contestation sociale monte au Sénégal

principalement alimentée par la montée des inégalités et la frustration des jeunes sans emplois.

Les confréries peinent alors à maintenir leur rôle stabilisateur et se retrouvent en proie à une concurrence accrue venant des nouveaux mouvements néoconfrériques prônant un islam plus orthodoxe. Cela ouvrirait potentiellement la porte à des mouvances d’islam radical transnational bien installées dans la région qui pourraient remettre en cause la poursuite de la consolidation démocratique du pays.

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ANNEXES

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Annexe

Annexe : Mapping des acteurs de la société civile sénégalaise

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